Vie Et Pensée D'un Exégète Catholique Au Temps Du Modernisme (1898-1914)
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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUYAIN FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES PAULIN LADEUZE (1870-1940) Jeunesse et formation (1870-1898) Vie et pensée d'un exégète catholique au temps du modernisme (1898-1914) I Dissertation présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en philosophie et lettres — Histoire par Luc Courtois Louvain-la-Neuve, 1998 BGSH-BMAG Lv 38006 A mon père (t 18 octobre 1995). A ma mère (f 17 août 1996). A ma sœur (t 18 janvier 1998). Remerciements La présente dissertation n'aurait pas vu le jour sans la patience éclairée du chanoine Roger Aubert, qui a accepté d'en être le promoteur et l'a suivie avec une constante attention. Ayant commencé notre enquête avant son éméritat, nous avons euleprivilège d'être son dernier doctorand. Nous sommes conscient d'avoir ainsi été le dernier d'une longue série d'élèves pour qui il a été, dans tous les sens du terme, un maître. Notre vive gratitude s'adresse aussi à Messieurs Jean Pirotte et Claude Soetens, membres du Comité d'encadrement, qui ont relu très attentivement tout ou partie des chapitres qui suivent. A dire vrai, nous devons à Monsieur Jean Pirotte une reconnaissance toute particulière pour sa fidèle amitié : compagnon des bons et des mauvais jours, son soutien chaleureux et fraternel nous a rendu le chemin moins austère. Mes remerciements émus vont également à notre femme, Véronique Burg, et à nos deux filles, Adèle et Marie. Ce travail leur a coûté à elles autant qu'à nous, au point qu'il est certains jours où nous nous interrogeons encore sur sa légitimité. Qu'elles puissent nous pardonner d'avoir souvent manqué à nos devoirs familiaux et trouver dans la finale de l'aventure la force d'oublier le temps de l'épreuve. Nous nous envoudrions de nepas dire ici notre gratitude aux archivistes qui nous ont introduit dans les arcanes de leur dépôt, ettout particulièrement : au Père Metzler, préfet aujourd'hui émérite des Archives vaticanes, qui nous a guidé dans le maquis des fonds et inventaires romains ; à Messieurs Jan Roegiers et Marc Derez, de la K.U. Leuven, où est conservé l'essentiel des archives de l'Université de Louvain, et qui ont mis tout en œuvre pour nous en faciliter l'accès ; à Monsieur Albert d'Haenens et à Madame Remerciements 5 Françoise d'Arras, du Service des archives de l'U.C.L., qui nous ont initié aux subtilités du classement des archives universitaires tel qu'il résulte de la « splitsing » des deux universités catholiques et du partage de l'ancienne bibliothèque centrale ; et enfin au chanoine Albert Milet, ancien archiviste du séminaire de Bonne-Espérance et archiviste du séminaire de Tournai, qui a très aimablement accepté de mettreà notre disposition la documentation personnelle qu'il a accumulée sur les prêtres de son diocèse depuis un demi-siècle. Cette dissertation n'aurait pu êtremenée à biensans l'aide matérielle et l'appui moral que nous a constamment apportés Monsieur le professeur Philippe Godding, notre patron à la Faculté de droit alors que nous étions jeune assistant. L'efficacité de son aide n'a eu d'égale que sa discrétion et nous voudrions qu'il sache ici combien nous lui en sommes redevable. Notre reconnaissance va de même à la Fondation wallonne Pierre- Marie et Jean-François Humblet, notre actuel employeur, pour la compréhension dont elle a toujours fait preuve à notre endroit, notamment en matière d'aménagement des horaires. Sans sa souplesse bienveillante, il nous eût été difficile de poursuivre avec quelque chance de succès le travail commencé. Nos remerciements les plus vifs vont enfin à Madame Nadine Wampach, qui a relu patiemment notre manuscrit avec l'œil exercé d'un correcteur d'épreuves professionnel. Son mérite est d'autant plus grand que, ayant procédé nous-même à la dactylographie du travail, la matière à corrections était abondante... Introduction La présente recherche est consacrée à la figure de Paulin Ladeuze, professeur de théologie à l'Université de Louvain de 1898 à 1909 et recteur de cette institution de 1909 à 1940'. Né le 3 juillet 1870 à Harveng, dans une vieille famille de fermiers hennuyers, il fit de très brillantes études d'humanités (1881-1887) et de philosophie (1887-1889) au petit séminaire de Bonne-Espérance. Après un premier cycle d'études théologiques au grandséminaire de Tournai (1889-1892), il fut envoyé à l'Universitéde Louvain pour y prendre le grade de docteur en théologie (1892-1898). D'abord attiré par la théologie spéculative, il s'orienta bientôt vers l'antiquité chrétienne et prépara une Etude sur le cénobitismepakhômien pendant le IV^ siècle et la première moitié du V (1898). Partiellement dépassée aujourd'hui en raison de la découverte de nouveaux documents, cette thèse de doctorat était cependant un modèle de critique historique et valut à son auteur d'être nommé immédiatement à la succession de sonmaître, Adolphe ' Pour une première information, voir les notices biographiques des grandes encyclopédies : R. AUBERT, Ladeuze (Paulin), dans Catholicisme. Hier, aujourd'hui, demain, t. VI, Paris, 1967, col. 1587-1590 ; ID., Ladeuze (Paulin), dans Dictionnaire de théologie catholique. Tables générales, IP Partie, Paris, 1967, col. 2847-2849 ; G. COPPENS, Ladeuze, Paulin, dans Enciclopedia cattolica, t. VIT, Florence, 1951, col.797-798 ; J. COPPENS, Ladeuze (MgrPaulin), dansDictionnairede la Bible. Supplément, t. Y, Paris, 1957, col. 229-231 ; ID., Ladeuze, Paulin, dans Lexikon fur Théologie und Kirche, t. VI, Fribourg, 1961, col. 728 ; M.DEGOEYSE, Ladeuze, Paulin, dans Encyclopédie van de Vlaamse beweging, 1.1, Tielt, 1973, p. 814 ; A. FEDERER, Ladeuze (Paulin), dans Biographie belge d'Outre-Mer, t. Vil, Bruxelles, 1973, col. 319-321 ; F.X.MURPHY, Ladeuze, Paulin, dans New Catholic Encyclopedia, t. VIII, Washington, 1967, p. 309 ; N.NlETTl, Ladeuze Paolino, dans Dizionario ecclesiastico, t. II, Turin, 1955, p. 573-574. La plus complète et la plus récente est celle d'A.- L. DESCAMPS, Ladeuze (Paulin-Pierre-Jean-Marie-Joseph), dans Biographie nationale, t. XXXIX, Bruxelles, 1976, col. 541-563. Introduction 7 Hebbelynck, qui venait d'être promu au rectorat (octobre 1898). A l'enseignement dela patrologie et de la langue copte, il ajouta bientôt, lorsque le titulaire, Mgr Lamy, fut admis à l'éméritat (1900), l'exégèse néo-testamentaire, matière qu'il venait d'enseigner à la schola minor pendant deux ans. Avec Van Hoonacker pour l'Ancien Testament et Gauchie pour l'histoire ecclésiastique, Ladeuze fut l'un des trois artisans dece que le chanoine Aubert a appelé «le grand tournant de la Faculté de théologie de Louvain »2. En patrologie, où ses devanciers s'étaient contentés d'un bon manuel, il s'attacha à faire du cours une véritable initiation personnelle à l'étude critique des documents. Commencé en 1898- 1899 avec un cours sur les Pères apostoliques, son enseignement poursuivit ensuite l'analyse systématique de la littérature chrétienne jusqu'à Origène (1906-1908) et Hippolyte (1908-1909). En exégèse du NouveauTestament, Ladeuze s'attacha à rétablir à Louvain le contact des études avec les recherches critiques modernes, domaine qui avait été totalement délaissé par son prédécesseur. Il aborda successivement les Épîtres de saint Paul (1900-1902), les Évangiles synoptiques (1902-1904), les Épîtres catholiques (1904-1905), le lY'Évangile (1905-1907) et les Actes des apôtres (1908- 1909). On notera que si peu dechoses decetravail a été publié, c'est que Ladeuze était en outre absorbé par le secrétariat de la revue orientaliste Le Muséon, qu'il assura de 1898 à 1901, par la direction de la Revue d'histoire ecclésiastique, qu'il avait fondée avec Gauchie en 1900, et par la présidence du Collège du Saint-Esprit, une « pédagogie » destinée aux étudiants-prêtresS. Il publia pourtant deux articles remarquables sur le Magnificat et le IV® Évangile dans lesquels il fut, à notre connaissance, le premierauteurcatholique à introduire la critique littéraire dans l'étude du Nouveau Testament^. C'est que, admirateur de Lagrange, Ladeuze s'était engagé avec optimisme dans les voies de l'école progressiste et défendait l'idée que la part 2 R. AUBERT, Le grand tournant de la Faculté de théologie de Louvain à la veille de 1900, dans Mélanges offerts à M.-D. Chenu, maître en théologie (Bibliothèque thomiste, XXXVII), Paris 1967 p. 73-109. 3 A Louvain, le terme désigne un établissement universitaire accueillant les étudiants dans des conditions assez proches de celles d'un pensionnat d'humanités. ^ P. LADEUZE, De l'origine du Magnificat et de son attribution dans le troisième Évangile àMarie ou à Élisabeth, dans Revue d'histoire ecclésiastique, t. IV, 1903, p. 623-644, et ID., L'origine du quatrième Évangile. Apropos du livre de M. Lepin, dans Revue biblique internationale, nouv. sér., t. IV, 1907 p. 559-585. Introduction humaine dans l'élaboration des textes sacrés doit être étudiée systématiquement à l'aide des principes de la critique historique. La carrière professorale et scientifique de Ladeuze prit fin à la rentrée de 1909, avec sa nomination au rectorat. Proposée par Mgr Hebbelynck, qui souhaitait, entre autres pour des raisons de santé, démissionner, sa candidature fut défendue par Mgr Mercier, contre l'avis de certains évêques, inquiets de ses hardiesses exégétiques, et sans l'approbation de Rome, qui le suspectait de modernisme. Renonçant à ses chères études, le nouveau recteur allait s'appliquer à sa nouvelle tâche avec la même détermination et le même soin que ceux qu'il avait mis à exercer son enseignement. Avant la Première Guerre mondiale, il introduisitde nouveaux cours dans les grades non légaux, réforma le programme des ingénieurs, réorganisa la bibliothèque universitaire et entama le dédoublement linguistique de son institution. Au lendemain du conflit, il entreprit courageusement de faire renaître l'université de ses ruines et, parla suite, de l'adapter sans cesse aux nouveaux développements scientifiques et techniques.