LA VIE EST BELLE – Vie en société de faits réels ou historiques monde duspectacle. sujetssontencoreCertains considéréscommetabousdansle La vieestbelle Présentation Buongiorno principessa LA VIE ESTBELLE à laFiche Films Génocide Thèmes l’innocence deGiosuèreste intacte. n’est qu’unjeu. Grâceàl’imaginationdébordante deGuido, de luifaire croire quel’horreur ducampdeconcentration concentration. Détenu avec son filsde5ans, Giosuè, iltente heures, avec estdéporté toutesafamillevers uncampde Dans l’Italiefasciste, Guido, unlibraire juifetpoèteàses Synopsis du jury à Cannes et l’Oscar du meilleur film étranger. à la renommée avec 1983 son premier long-métrage sous la direction de Bernardo Bertolucci, avant de réaliser en succès au théâtre et à la télévision. Il fait ses débuts au cinéma son visage de clown et son physique élastique lui valent tôt des Benigni naît en 1952 et grandit dans l’Italie rurale. Autodidacte, Personnalité fantasque et atypique du cinéma italien, Roberto Réalisation rôles ducomiqueestjustementdeviolercestabous.

; crimes de guerre – Identités estlepremier filmcomiquesurl’holocauste.

; conditions socio-économiques –

La vie est Belle La vieestbelle – Poésie , qui obtiendra le Grand prix nousrappelle que l’undes

; différences , fantasmagorie. . En 1998, il accède VV2941 - VV2942 inspiration

; racismes

Éducation par le cinéma

Pistes de réflexion quant au contenu Avec ce film audacieux, revient sur le tragique épisode de la Shoah, l’extermination des juifs orchestrée par Hitler durant la Deuxième Guerre mondiale. Benigni et son fidèle scénariste, l’écrivain Vincenzo Cerami, ont rédigé l’histoire à partir des témoignages de deux survivants d’Auschwitz. Bien qu’il ne soit pas juif, Benigni a également beaucoup appris sur les camps de concentration via son père qui fut interné.

La guerre n’est-elle qu’un jeu ? Dans La vie est belle, le cinéaste tourne en dérision les règles et la discipline d’un camp de concentration. La pédagogie ludique devient l’unique remède face à l’atrocité de la situation. Ce faisant, il soulève une question : et si tout ceci n’était qu’un jeu ? Le com- portement rationnel et inhumain des soldats, qui agissent selon des règles strictes, sans se poser de question, peut être mis en relief face à la fantaisie et à la créativité du poète Guido.

La vie est belle aborde ici un sujet sensible : l’extermination en masse des peuples. Le film n’est cependant pas connoté religieu- sement et développe peu le judaïsme de ses personnages. En proposant une histoire d’amour et familiale, Benigni propose une lecture davantage universelle des événements.

Pistes de réflexion quant à la narration Un diptyque Le film est divisé en deux épisodes distincts : dans le premier, l’anti-sémitisme croît mais notre attention est focalisée par la ro- mance entre les deux personnages principaux. L’arrivée au camp de concentration marque le début du deuxième épisode. Le ton du récit change alors avec un brusque virement vers la tragédie. Ces deux parties correspondent également à deux objectifs différents dans le chef du protagoniste Guido. Son objectif initial est de séduire la jeune femme incarnée par . À partir de la rafle, il n’a plus comme objectif que la survie et la préservation de sa famille.

La comédie s’invite dans le drame « Le comique, explique Benigni, n’existe pas sans le drame, juste- ment à cause du contraste produit par deux concepts opposés. »

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Cet esprit d’autodérision, de pathétique dans le comique, est caractéristique de la comédie à l’italienne, dont Benigni est le prin- cipal représentant contemporain. Le cinéma de Benigni rappelle celui de Chaplin. Comme ce dernier, il ne se contente pas de faire rire. Son humour comporte toujours une dimension sociale. « Le peuple, en général, est satisfait de voir les gens riches avoir la plus mauvaise part », explique Chaplin. Lorsque Benigni fait tomber un pot de fleur, il atterrit immanquablement sur la tête de l’horrible fonctionnaire qui courtise sa « princesse ». Benigni semble s’en prendre ainsi particulièrement aux figures d’autorités. Elles sont nombreuses à être parodiées : le bureaucrate, l’inspecteur de l’école élémentaire, le sergent du camp allemand,…

Face au film Peut-on tout traiter avec humour ? En utilisant la dérision et le deuxième degré pour traiter un thème tragique, Benigni a fait un pari risqué, celui de choquer la communauté juive. Il est vrai que La vie est belle est loin d’être un film parfait. La représentation des Allemands est fort caricaturale, la dimension spirituelle du judaïsme est absente, la réalisation est re- lativement pauvre… Malgré ces critiques - dont celles de Spielberg en concurrence avec Benigni du fait de son propre film sur l’holo- causte, La liste de Schindler - La vie est belle connut un immense suc- cès international, et ce également auprès de la communauté juive. En tout, le film décrocha 58 prix internationaux, dont le grand prix du jury de Cannes et 3 oscars (meilleur film en langue étrangère, meilleur acteur et meilleure musique originale), sans compter les prix dans son pays d’origine. « À partir de maintenant, tu es juif ho- noris causa », déclarera le maître du comique Yiddish, Moni Ovadia, interprétant le sentiment de reconnaissance avec lequel la culture israélite a accueilli La vie est belle. En ce sens, le film peut nourrir un débat sur les tabous dans le monde du spectacle.

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Ligne du temps historique Ligne du temps artistique

Invasion de la Pologne par l’Allemagne et début de la Seconde Guerre mondiale – 1939 Entre 5 et 6 millions de juifs périrent entre 1940 et 1945 Défaite des forces nazies - 1945 1955 - Nuit et Brouillard d’Alain Resnais. 1985 – Shoah de Claude Lanzmann. Dissolution du Parti Communiste Italien (PCI) - 1991 1993 - La Liste de Schindler de Steven Spielberg. 1997 - La vie est belle de Roberto Benigni. 1998 – Train de vie de Radu Mihaileanu. 2002 - Amen de Costa Gavras ; Le pianiste de Roman Polanski.

Contexte politique Le terme « Shoah » désigne l’extermination de près de six millions de victimes par l’Allemagne nazie. Outre les juifs, le troisième Reich a aussi exterminé les Tziganes (Porajmos), les homosexuels, les handicapés mentaux et les dissidents politiques en général (commu- nistes en particulier). Le terme « Shoah », néanmoins, se réfère plus particulièrement au génocide des juifs. On lui substitue également le terme « holocauste ».

Un point de vue neuf Réalisé par un non juif dans un pays catholique, La vie est belle offre un point de vue neutre sur les événements. Encore de nos jours, la Shoah est un sujet risqué susceptible de déclencher le scandale. Pour- tant, l’un des rôles du comique est précisément de violer ces tabous, ce que réussit Benigni en toute indépendance. Ses gags comportent également toujours une notion idéologique « de gauche ». Benigni reste imbibé de l’idéologie communiste de la Toscane de sa jeunesse.

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Contexte artistique Un mentor La rencontre de Benigni avec le réalisateur Giuseppe Bertolucci, au début des années 70, sera décisive pour le développement de sa carrière. Le cinéaste le pousse à lire et à digérer des auteurs comme Collodi, Schopenhauer, Whitman, Dostoïevski, Rabelais. Roberto développe une soif de littérature. Il se nourrit également de classiques du cinéma, fréquentant avec assiduité les ciné-clubs romains. Il visionne des films de Chaplin, Harold Lloyd et surtout Buster Keaton. « Je crois que c’est le maître qui m’a le plus influen- cé », expliquera-t-il par la suite. Il l’admire pour son impassibilité, pour ses gags qui naissent de la mélancolie de l’existence.

Un duo de charme Dans les années 70, son scénariste et ami Vincenzo Cerami reprend le rôle de Bertolucci, qui l’avait guidé dans les premières années de sa carrière. Une collaboration décrite comme fusionnelle par le critique Stefano Masi : « L’alchimie avec le monde expressif de Cerami est par- faite, même si la route prend une direction différente de celle suivie jusqu’alors et s’oriente vers des architectures raffinées de comique pur. Entre les mains de Cerami, Benigni devient un Chaplin de plus en plus moderne qui, d’un côté, travaille sur les gags, et de l’autre, veut exprimer des contenus et des émotions fortes, dans la tradition de la comédie à l’italienne. » Des collaborations majeures avec Cerami, on retiendra Le petit diable (1988) ainsi que (1992). Dans ce film construit dans la plus pure tradition de la comédie à l’italienne à quiproquos, Benigni interprète un double rôle : un méchant et un gentil, comme Chaplin dans Le dictateur.

La Shoah au cinéma Le traitement cinématographique de la Shoah est d’abord passé par l’approche documentaire : Nuit et brouillard (1955) d’Alain Resnais et Shoah (1985) de Claude Lanzmann. En 1993, Spielberg brise un tabou et se saisit du thème pour réaliser une fiction : La Liste de Schindler (1993). Fort critiqué par les tenants d’une certaine sacrali- sation de l’holocauste, ce film a cependant ouvert la voie à d’autres fictions commeLe Pianiste (2002) de Roman Polanski ou Amen (2002) de Costa Gavras. La vie est belle est cependant particulière- ment audacieux pour son approche comique qui sera aussi celle de Train de vie du roumain Radu Mihaileanu sorti en 1998.

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Un parfum de théâtre Les récits de Benigni ressemblent à une succession de « one man show ». Essentiellement centrés sur sa personne, ils révèlent certaines lacunes au niveau de la mise en scène, des personnages ou du décor. Cette apparente négligence de la technique s’efface cependant devant la force et la poésie de ses histoires. Ses acolytes Giuseppe Bertolucci, puis Vincenzo Cerami, construisent pour lui (et avec lui) un univers qui se rapproche du conte où la simplicité de la mise en scène est un atout bien davantage qu’un défaut. « Le cinéma de Benigni est joyeux et bidimensionnel, explique Stefano Masi, il n’a jamais la prétention d’être vrai. Ainsi, on supporte très bien le man- que de tridimensionnalité de la mise en scène. Dans ses films, on ne trouvera jamais de déplacements ou de mouvements compliqués de la caméra, ou bien une utilisation raffinée de la profondeur de champs. Tout comme Chaplin, Benigni a besoin d’un langage ciné- matographique linéaire, il a besoin de sentir la caméra proche de lui, stable, comme une amie. » Le langage corporel de Benigni doit également beaucoup à la pantomime ou « l’art de s’exprimer par les attitudes ou les gestes sans recourir au langage ».

Une mécanique du rire Le personnage du serveur est un prétexte pour plonger Benigni dans toutes sortes de situations embarrassantes. À l’instar d’un Charlot avec sa canne et son chapeau, le serveur incarne une certaine image de la dignité, dignité que Benigni s’amuse à tourner en dérision selon la même mécanique du rire que celle utilisé par un Chaplin ou un Buster Keaton. Dans la scène du banquet, il est témoin du baiser entre sa princesse et le fonctionnaire. Troublé, il trébuche et tombe à la renverse, puis se relève en dressant un cani- che sur son plateau, avant de s’éclipser de façon très solennelle. Un instant plus tard, Benigni fera à nouveau une entrée très théâtrale à cheval, afin d’aller kidnapper sa princesse et la sauver des griffes du « méchant » qui, une fois de plus, est tourné en ridicule puisqu’il réceptionne un œuf d’autruche sur le crâne.

Films à la Fiche - La vie est belle 6 Éducation au cinéma

Entrée et sortie de scène Dans le même ordre d’idée, les entrées en scène de Benigni sont souvent majestueuses et solennelles et se soldent généralement par des fuites catastrophiques. Dans une scène à l’école élémentaire, Benigni apparaît en faux inspecteur scolaire. Il se lance alors dans une improvisation enjouée, bondit sur le bureau devant un public d’enfants médusés, avant de s’éclipser par la fenêtre, à l’arrivée du « vrai inspecteur ». De même, l’examen de serveur, que Benigni passe face à son oncle, donne lieu à une succession de saynètes dans la tradition de la pantomime. Cette dualité entre un public et un homme en représentation se retrouve également dans la scène où Benigni se lance dans une traduction fantasque des règles du camp énoncées par un antipathique sergent allemand. On peut noter qu’encore une fois, le sérieux y est tourné en ridicule.

Pédagogie de tournage Sur le lieu d’un tournage, les animaux et les enfants sont ceux qui donnent le plus de fil à retordre aux metteurs en scène. Mais Beni- gni sait s’y prendre avec les enfants. Stefano Masi relate une histoire concernant le petit Giosuè, interprété par Giorgio Cantarini. Après quelques semaines de tournage, le jeune acteur était complètement épuisé. Alors Benigni, risquant le tout pour le tout, alla lui parler en tête à tête et lui dit : « Ecoute Giorgio, je comprends que tu n’en puisses plus. Tant pis, tout le monde n’est pas capable de faire du cinéma, c’est un métier fait pour les battants. Cela signifie qu’à partir de demain, un autre enfant prendra ta place. Mais comme il ne te ressemble pas du tout, il devra rejouer tout ce que tu avais tourné. » Quelques heures plus tard, Giorgio était de retour. Cette situation et cette anecdote permettent d’évoquer la question du travail des enfants dans le milieu du spectacle.

Films à la Fiche - La vie est belle 7 Informations complémentaires

Fiche technique Film italien / 1997 / Couleur / 116’ Réalisation : Roberto Benigni. Scénario : Vincenzo Cerami et Roberto Benigni. Musique : Nicola Piovani. Acteurs : Roberto Benigni, Nicoletta Braschi, Giorgio Cantarini, Giustino Durano, e.a. Photographie : Tonino Delli Colli. Production : , Elda Ferri.

Références Bibliographie Stefano Masi, Roberto Benigni, Gremese, Rome, 1999, 78 p. Marcel Martin, Charlie Chaplin : présentation par Marcel Martin ; propos de Charles Chaplin, Seghers, 1996, Paris, 194 p. Audiovisuel Drôles, tendres et méchants. La Comédie à l’Italienne de Toto à Roberto Benigni, documentaire français de Jorge Dana, Kanpaï Productions, Arte, 1999.

Filmographie sélective 1983 : Tu me troubles (Tu mi Turbi) ; 1988 : Le Petit Diable (Il Piccolo Diavolo) ; 1992 : Johnny Stecchino ; 1994 : Le Monstre (Il Mostro) ; 1997 : La vie est belle (La vita è bella) ; 2002 : Pinocchio ; 2005 : Le Tigre et la neige (La Tigre e la neve).

Signalétique Tous âges.

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