L'implication Des Pouvoirs Publics Dans Les Projets De Logiciels Libres Rapport Final Du Projet OSSPA TA 11
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L’implication des pouvoirs publics dans les projets de logiciels libres Rapport final du projet OSSPA TA 11 - 024 Open Source Software and Public Authorities Logiciels libres et pouvoirs publics financé par La Politique Scientifique, programme Société et Avenir Marc Zune (coord) Didier Demazière François Horn Adinda Vanheerswynghels Janvier 2011 Centre de recherche METICES Campus Solbosch - Institut de Sociologie, Avenue Jeanne 44, CP 124 , B-1050 Bruxelles 32(0)2 650 34 51 – 33 61 [email protected] http://metices.ulb.ac.be Table des matières Introduction 4 Des produits à l’énigme des processus de production 4 Sur la piste de l’organisation du travail : répartir les tâches, canaliser les engagements 6 L’implication des pouvoirs publics dans le développement des logiciels libres 8 L’objet de la recherche 9 Chapitre 1 : Fabriquer du logiciel : l’hétérogénéité des mondes de production 10 A. Panorama des mondes de production de logiciels 12 1. Le monde interpersonnel 12 2. Le monde fordiste 14 3. Le monde de la création 15 4. Le monde de la production flexible 16 B. Les évolutions dynamiques de l'économie du logiciel. 17 1. Du monde interpersonnel au monde fordiste : l’industrialisation 18 2. Du monde fordiste au monde de la production flexible : la flexibilisation 19 3. Du monde interpersonnel au monde de la production flexible : l’objectivation 20 4. Du monde de la création au monde de la production flexible : la valorisation 20 Chapitre 2 : Enquêter sur les usages : approches existantes et dispositif méthodologique 24 A. Les enquêtes sur les contributeurs et les usages par les pouvoirs publics 24 1. Les enquêtes sur les contributeurs 24 2. Les enquêtes sur l’usage des logiciels libres par les administrations publiques 26 B. Les dynamiques d’introduction des logiciels libres dans les administrations 29 C. Dispositif méthodologique d’enquête 32 1. Le projet Spip et sa variante Spip-Agora 33 2. Le projet CommunesPlone/Gov 34 3. Le projet Claroline/Dokeos 34 4. Le projet PMB 35 5. Le projet Applaws 35 Chapitre 3 : Etudes de cas. 37 A. Spip/Agora : une tentative – vaine – de réappropriation d’un projet communautaire par une instance publique 37 1. La régulation de la communauté Spip 38 1.1. Origines et émergence 38 1.2. Structuration et organisation 39 2. Des trajectoires et des engagements différenciés 40 2.1. Un militantisme politico-idéologique 41 2.2. Un ludisme technologique 42 2.3. Un professionnalisme marchand 43 3. Le projet Agora et la greffe rejetée 44 3.1. Une impulsion publique innovante, un prestataire contraint 45 3.2. Difficultés de coordination, multiplication et structuration des acteurs 46 3.3. L’abandon du fork et le retour à Spip 49 B. De CommunesPlone à PloneGov : de l’émergence à l’institutionnalisation d’un projet porté par des acteurs publics 50 1. CommunesPlone : hybridation d’acteurs hétérogènes 51 1.1. Légitimation et diffusion par les acteurs publics 53 1.2. Visibilisation et intégration au sein de Plone par les acteurs privés 55 2. Développement du périmètre du projet et émergence de tensions 56 2.1. Un ministre de tutelle réticent et concurrent … 56 2.2. … des services régionaux enthousiastes et contributeurs 57 2.3. Intégration de nouveaux niveaux institutionnels 59 3. L’épreuve à venir : l’institutionnalisation ? 61 C. Claroline et Dokeos : une greffe problématique d’une logique entrepreneuriale sur un projet communautaire 63 2 / 97 1. Satisfaire les demandes de services : de la spin-off au fork 64 2. Dokeos : Articuler besoins de clients et développement générique du logiciel 66 3. Une segmentation progressive des modes d’engagement des parties 68 3.1. La constitution d’un acteur communautaire alternatif 68 3.2. Chamilo un nouveau fork 69 Chapitre 4 : Une forme de gouvernance spécifique 71 A. L’hétérogénéité des registres d’implication 73 1. Des principes structurants différents 74 2. Des logiques argumentaires d’implication 76 B. La régulation des collectifs 80 1. Des collectifs sans frontières organisationnelles claires 80 2. Une capacité de décision indexée à la valeur des contributions 81 3. Des règles de fonctionnement explicites limitées, une prévalence de normes diffuses 83 4. Un pilotage par repérage, facilité par l’adhésion au projet idéologique du libre 84 5. Des mécanismes de sanction basés sur la différenciation de statuts 85 C. L’hypothèse d’une « alter-organisation » 86 Conclusions et recommandations 88 A. L’opportunité des logiciels libres pour l’administration publique 89 B. Des scénarios multiples de soutien 90 Mode 1 : l’orientation de la commande publique 90 Mode 2 : la mutualisation 90 Mode 3 : le soutien à l’implication effective et à l’usage avancé 91 C. Les démarches d’implications concrètes dans les projets 92 1. des préconisations méthodologiques 92 2. des préconisations organisationnelles 93 3. des préconisations de produits 93 Bibliographie 94 3 / 97 Introduction Le développement des logiciels libres constitue, pour de nombreux chercheurs, mais également pour de nombreux décideurs et utilisateurs, une innovation dont les contours et logiques restent encore largement à documenter et à conceptualiser. Comme toute innovation, le modèle de développement et la socio-économie qui accompagne la diffusion des logiciels libres ont comme particularité de provoquer une série de ruptures par rapport aux modèles désormais plus classiques et éprouvés, en premier lieu celui du logiciel dit propriétaire. La licence juridique qui accompagne les logiciels libres a comme principale caractéristique d’accorder à tout utilisateur le droit d’utiliser, de modifier et de redistribuer tout logiciel libre, tout en contraignant celui-ci à conserver cette forme juridique, suivant le principe de la licence virale. Elle implique de facto la libre disposition des logiciels libres – s’apparentant à la gratuité – et à l’impossibilité d’une appropriation privée et de revente sous forme de licences, tout en permettant la vente de services associés à leur installation et usage. De ce fait, la création d’une écologie économique nouvelle développant des solutions suffisamment crédibles pour entrer en compétition avec des logiciels produits à partir de principes opposés, ne manque pas de capter l’attention de tout observateur. Des produits à l’énigme des processus de production Toutefois, le développement de ces nouvelles formes de logiciel suscite également de nombreuses interrogations. Car si l’accent placé sur les questions de gratuité des logiciels libres, de leurs attributs juridiques, ou de l’émergence d’acteurs économiques développant une offre de services nouvelle, oriente l’attention sur les caractéristiques différenciées des logiciels libres en tant que produits (plus ou moins compétitifs, robustes, complets, aboutis, etc. que leurs concurrents propriétaires), il s’avère tout aussi intéressant de chercher à mieux comprendre leur émergence sous l’angle de leurs processus de production. Le principe de liberté d’usage des logiciels libres implique en effet la liberté de disposer du code source du logiciel aux fins de transformation et d’ajustement à de nouveaux besoins. Cette caractéristique est à la base du principe de libre implication dans l’activité de développement collectif : tout développeur, souhaitant améliorer le logiciel – pour autant qu’il dispose des compétences techniques suffisantes – est invité à partager ses modifications et apports. Ce faisant, il participe à l’élaboration collective d’un bien commun. Ce mode de production revendiqué comme alternatif, s’oppose au modèle classique de production par « protection interne » des secrets de fabrication qui, une fois mis au point, constitue la boîte noire du produit, jamais révélée, mais exploitée sous la forme de licences d’utilisation. A l’inverse, le modèle du libre, présenté sous le qualificatif de « modèle du bazar » par la littérature indigène, repose quant à lui sur l’existence d’un réseau égalitaire de développeurs réputés affranchis de toute organisation hiérarchisée et de tout contrôle centralisé. En publiant régulièrement les versions du logiciel, et en mobilisant de façon continue le réseau des contributeurs suivant la formule emblématique dans le monde du Libre : « distribuez vite et souvent, déléguez tout ce que vous pouvez déléguer, soyez ouverts 4 / 97 jusqu’à la promiscuité », l’idée est de profiter d’un effet de masse des développeurs volontaires afin de provoquer l’émergence de tests variés (« étant donnés suffisamment d’observateurs, tous les bogues sautent aux yeux »), de critiques, d’ajouts, d’apports d’idées venant d’autres projets concurrents. Ce modèle d’innovation par « imitation externe », conduisant, à des systèmes stables, cohérents, et plus performants que le modèle classique, opère autant comme un ensemble de préconisations de gestion de projet que comme un discours caractérisant et légitimant un esprit de participation communautaire. Sociologiquement, de telles configurations organisationnelles constituent cependant une source d’énigme, tant elles semblent cumuler, a priori, un nombre d’obstacles et de difficultés de départ qui devraient rendre toute coopération, a fortiori désintéressée, très difficile. Plusieurs raisons peuvent être mises en évidence : Tout d’abord, un logiciel est un produit complexe dont la mise au point nécessite de nombreuses opérations précises et des interdépendances multiples. Il s’agit d’un texte numérique actif – au sens d’un texte qui agit dans la mesure où il se compose d’un ensemble d’instructions qui seront exécutées automatiquement par une machine – ce qui nécessite une cohérence