L'ÉTHIQUE DE L'ESCALADE LIBRE dimension dogmatique des conflits normatifs Jean Pierre MALRIEU Docteur en Sciences Politiques et Sociales
[email protected] Nous voudrions éclairer d'un point d'histoire – la transition d'une éthique californienne vers une éthique française en escalade libre – les mécanismes par lesquels certains signes de la modernité triomphent de certains autres. Immergés dans ces signes et ces images, nous en connaissons les mutations de masse. Pour ce qui concerne l’escalade, la concomitance de ces mutations affectant les représentations a même été bien étudiée (Pociello 91, Corneloup 93). La thèse centrale de ces travaux est que l’escalade moderne, sport “californien”, est née d’une rupture avec l’alpinisme classique. S’appuyant sur une enquête de terrain menée sur les grimpeurs de Fontainebleau, leurs auteurs ont proposé une typologie des grimpeurs (Pociello & Corneloup 93) reflétant la fracture entre escalade californienne et alpinisme classique, mais aussi les différenciations successives de l’escalade californienne en ses tendances “aventure”, “hédoniste” et “sportive”. A l’intérieur de ces approches d’ordre structuraliste, où chaque pratique ne prend son sens que rapportée à la position des acteurs au sein d’un système, on met à jour des rapports d’homologie entre les distinctions observées dans le champ de l’escalade et celles observées dans la société. Enfin, une étude sémiotique du champ de communication symbolique (média à diverses échelles) qui double le champ des pratiques, a pu établir que l’escalade reflète l’air du temps, ici conceptualisé comme post-modernité (Corneloup 93). Bien qu’il représente une avancée considérable dans le domaine de la sociologie de l’escalade, on pourrait faire trois critiques à cet ensemble de travaux.