Mémoires D'outre-Tombe
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CChhaatteeaauubbrriiaanndd MMÉÉMMOOIIRREESS DD’’OOUUTTRREE--TTOOMMBBEE ((ttoommee IIII)) 11884488 ééddiittéé ppaarr llaa bbiibblliiootthhèèqquuee nnuumméérriiqquuee rroommaannddee eebbooookkss--bbnnrr...ccoomm Table des matières PREMIÈRE PARTIE ................................................................. 4 LIVRE VII .................................................................................... 4 LIVRE VIII ................................................................................ 98 LIVRE IX ................................................................................. 158 DEUXIÈME PARTIE CARRIÈRE LITTÉRAIRE 1800-1814 ..............................................................................205 LIVRE PREMIER .................................................................... 205 LIVRE II .................................................................................. 260 LIVRE III ................................................................................. 364 LIVRE IV ................................................................................. 412 APPENDICE ......................................................................... 482 I LE COMTE DU PLESSIX DE PARSCAU, BEAU-FRÈRE .......... DE CHATEAUBRIAND ........................................................... 482 II LE MARIAGE DE CHATEAUBRIAND. ............................. 484 III FONTANES ET CHATEAUBRIAND. ................................ 487 IV COMMENT FUT COMPOSÉ LE « GÉNIE ............................. DU CHRISTIANISME ». ......................................................... 490 V LA RENTRÉE EN FRANCE. ............................................... 497 VI LE GÉNIE DU CHRISTIANISME. .................................... 499 VII CHATEAUBRIAND ET MME DE CUSTINE. .................... 505 VIII LA MORT DE LA HARPE. .............................................. 515 IX LES QUATRE CLAUSEL. .................................................. 523 X LE CAHIER ROUGE ........................................................... 531 XI LE CONSEILLER RÉAL ET l’ANECDOTE DU DUC .............. DE ROVIGO ............................................................................. 536 XII LA COMTESSE DE NOAILLES ....................................... 540 Ce livre numérique ................................................................ 544 – 3 – PREMIÈRE PARTIE LIVRE VII1 Je vais trouver ma mère. – À Saint-Malo. – Progrès de la Révolution. – Mon mariage. – Paris. – Anciennes et nouvelles connaissances. – L’abbé Barthélemy. – Saint-Ange. – Théâtre. – Changement et phy- sionomie de Paris. – Club des Cordeliers. – Marat. – Danton. – Camille Desmoulins. – Fabre d’Églantine. – Opinion de M. de Malesherbes sur l’Émigration. – Je joue et je perds. – Aven- ture du fiacre. – Madame Roland. – Barère à l’Ermitage. – Seconde fédération du 14 juillet. – Préparatifs d’émigration. – J’émigre avec mon frère. – Aventure de Saint-Louis. – Nous passons la frontière. – Bruxelles. – Dîner chez le baron de Breteuil. – Rivarol. – Départ pour l’armée des princes. – Route. – Rencontre de l’armée prus- sienne. – J’arrive à Trêves. – Armée des princes. – Amphithéâtre romain. – Atala. – Les chemises de Henri IV. – Vie de soldat. – Dernière représentation de l’ancienne France militaire. – Commen- cement du siège de Thionville. – Le chevalier de la Baronnais. – Continuation du siège. – Contraste. – Saints dans les bois. – Ba- taille de Bouvines. – Patrouille. – Rencontre imprévue. – Effets d’un boulet et d’une bombe. – Marché du camp. – Nuit aux fais- ceaux d’armes. – Chiens hollandais. – Souvenir des Martyrs. – Quelle était ma compagnie. – Aux avant-postes. – Eudore. – Ulysse. – Passage de la Moselle. – Combat. – Libba sourde et muette. – At- taque sous Thionville. – Levée du siège. – Entrée à Verdun. – Ma- ladie prussienne. – Retraite. – Petite vérole. – Les Ardennes. – Fourgons du prince de Ligne. – Femmes de Namur. – Je retrouve mon frère à Bruxelles. – Nos derniers adieux. – Ostende. – Passage 1 Ce livre a été écrit à Londres d’avril à septembre 1822. Il a été revu en février 1845 et en décembre 1846. – 4 – à Jersey. – On me met à terre à Guernesey. – La femme du pilote. – Jersey. – Mon oncle de Bedée et sa famille. – Description de l’île. – Le duc de Berry. – Parents et amis disparus. – Malheur de vieillir. – Je passe en Angleterre. – Dernière rencontre avec Gesril. J’écrivis à mon frère, à Paris, le détail de ma traversée, lui expliquant les motifs de mon retour et le priant de me prêter la somme nécessaire pour payer mon passage. Mon frère me ré- pondit qu’il venait d’envoyer ma lettre à ma mère. Madame de Chateaubriand ne me fit pas attendre, elle me mit à même de me libérer et de quitter le Havre. Elle me mandait que Lucile était près d’elle avec mon oncle de Bedée et sa famille. Ces ren- seignements me décidèrent à me rendre à Saint-Malo, où je pourrais consulter mon oncle sur la question de mon émigration prochaine. Les révolutions, comme les fleuves, grossissent dans leur cours ; je trouvai celle que j’avais laissée en France énormément élargie et débordant ses rivages ; je l’avais quittée avec Mira- beau sous la Constituante, je la retrouvai avec Darlon sous la Législative. Le traité de Pilnitz, du 27 août 1791, avait été connu à Paris. Le 14 décembre 1791, lorsque j’étais au milieu des tempêtes, le roi annonce qu’il avait écrit aux princes du corps germanique (notamment à l’électeur de Trêves) sur les armements de l’Allemagne. Les frères de Louis XVI, le prince de Condé, M. de Calonne, le vicomte de Mirabeau et M. de Laqueuille2 fu- 2 Jean-Claude-Marin-Victor, marquis de Laqueuille, né à Château- gay (Puy-de-Dôme) le 2 janvier 1742. Élu député de la noblesse de la sé- néchaussée de Riom le 25 mars 1789, il se démit de son mandat le 6 mai 1790, émigra, rejoignit l’armée des princes et commanda, sous le comte d’Artois, le corps de la noblesse d’Auvergne. Il fut décrété d’accusation le 1er janvier 1792. Rentré en France sous le Consulat, il vécut dans la re- traite jusqu’à sa mort, arrivée le 30 avril 1810. – 5 – rent presque aussitôt mis en accusation. Dès le 9 novembre, un précédent décret avait frappé les autres émigrés : c’était dans ces rangs déjà proscrits que j’accourais me placer ; d’autres au- raient peut-être reculé, mais la menace du plus fort me fait tou- jours passer du côté du plus faible : l’orgueil de la victoire m’est insupportable. En me rendant du Havre à Saint-Malo, j’eus lieu de remar- quer les divisions et les malheurs de la France : les châteaux brûlés ou abandonnés ; les propriétaires, à qui l’on avait envoyé des quenouilles, étaient partis ; les femmes vivaient réfugiées dans les villes. Les hameaux et les bourgades gémissaient sous la tyrannie des clubs affiliés au club central des Cordeliers, de- puis réuni aux Jacobins. L’antagoniste de celui-ci, la Société monarchique ou des Feuillants, n’existait plus3 ; l’ignoble dé- nomination de sans-culotte était devenue populaire ; on n’appelait le roi que monsieur Veto ou mons Capet. Je fus reçu tendrement de ma mère et de ma famille, qui cependant déploraient l’inopportunité de mon retour. Mon oncle, le comte de Bedée, se disposait à passer à Jersey avec sa 3 Le 16 juillet 1791, à propos de la pétition pour la déchéance rédi- gée par Laclos, une scission se produisit dans la Société des Amis de la Constitution, séante aux Jacobins. Barnave, Duport, les Lameth et tous les autres membres de la société qui faisaient partie de l’Assemblée cons- tituante, à l’exception de Robespierre, Petion, Rœderer, Coroller, Buzot et Grégoire, abandonnèrent les Jacobins et fondèrent une société rivale, qui se réunit, elle aussi, rue Saint-Honoré, en face de la place de Louis-le- Grand (la place Vendôme), dans l’ancienne église des Feuillants. Les journaux jacobins crièrent haro sur ce club monarchico-aristocratico- constitutionnel ; ils demandèrent que cette société turbulente et pestilen- tielle fût chassée de l’enceinte des Feuillants. Le 27 décembre 1791, l’Assemblée législative décréta qu’aucune société politique ne pourrait être établie dans l’enceinte des ci-devant Feuillants et Capucins. Voir au tome II du Journal d’un bourgeois de Paris pendant la Terreur, par Ed- mond Biré, le chapitre sur la Société des Feuillants. – 6 – femme, son fils et ses filles. Il s’agissait de me trouver de l’argent pour rejoindre les princes. Mon voyage d’Amérique avait fait brèche à ma fortune ; mes propriétés étaient presque anéanties dans mon partage de cadet par la suppression des droits féodaux ; les bénéfices simples qui me devaient échoir en vertu de mon affiliation à l’ordre de Malte étaient tombés avec les autres biens du clergé aux mains de la nation. Ce concours de circonstances décida de l’acte le plus grave de ma vie ; on me maria, afin de me procurer le moyen de m’aller faire tuer au soutien d’une cause que je n’aimais pas. Vivait retiré à Saint-Malo M. de Lavigne4, chevalier de Saint-Louis, ancien commandant de Lorient. Le comte d’Artois avait logé chez lui dans cette dernière ville lorsqu’il visita la Bre- tagne : charmé de son hôte, le prince lui promit de lui accorder tout ce qu’il demanderait dans la suite. M. de Lavigne eut deux fils : l’un d’eux5 épousa Mlle de la Placelière. Deux filles, nées de ce mariage, restèrent en bas âge orphelines de père et de mère. L’aînée se maria au comte du Plessix-Parseau6, capitaine de vaisseau, fils et petit-fils d’ami- raux, aujourd’hui contre-amiral lui-même, cordon rouge et 4 M. Buisson de la Vigne, ancien capitaine de vaisseau de la Com- pagnie des Indes. Il