MAGMA Conversation Avec Klaus Blasquiz
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1977 MAGMA - Rock & Folk n° 120 – Janvier MAGMA Autre affaire à suivre, et l'on commence à en avoir l'habitude. Magma qui a été de nouveau réduit à l'état de duo est, de nouveau en train de se reconstituer. Au concert de Spheroe, il y avait Klaus et Georges Letton ostensiblement venus là pour recruter; il a même été un temps question que Magma ait deux batteurs. Les musiciens de Spheroe ont décliné l'offre que d'autres, parfois récidivistes, ont acceptée. Nous en reparlerons. En attendant, il est fortement question d'un album solo de Vander. Rock & Folk n° 120 - Janvier 1977 Conversation avec Klaus Blasquiz - ATEM n° 9 – Avril Conversation avec Klaus Blasquiz MAGMA A JAMAIS. Un silence long de quelques mois a suivi le départ de Janick Top, un retrait volontaire de la scène musicale mise à profit par Christian Vander et Klaus Blasquiz pour réunir autour d'eux de nouveaux musiciens afin de porter encore plus loin - et d'une manière sensiblement différente - leur ENERGIE, de communiquer partie ou totalité de la FOI qui les anime… C'est la Bretagne que MAGMA a choisi pour présenter son nouveau visage, et c'est là que Klaus Blasquiz s'est gentiment prêté au jeu des questions réponses… Atem : Etes-vous satisfait de votre tournée avec la nouvelle formation ici, en Bretagne ? KB : Au niveau de la Bretagne, c'est certainement nouveau, mais c'est nouveau aussi à notre niveau. Le groupe est pratiquement neuf et original, à part le pianiste qui était déjà là il y a 2 ans. Atem : Avez-vous eu des problèmes pour former le nouveau groupe ? KB : Il y a toujours des problèmes ! Atem : Surtout en si peu de temps. KB : En si peu de temps, oui… Après les départ de Janick Top, on a immédiatement commencé à chercher des gens et à travailler. Il y avait plusieurs solutions qui se sont présentées, et ça s'est fait plus vite qu'on ne pensait. On n'a évidemment pas assez travaillé, alors on a monté une partie des morceaux qui étaient joués avant, et puis toute une série de petits morceaux qui sont un peu la carte de visite du nouveau groupe. En attendant les grandes pièces de musique qu'on fait régulièrement. Mais ce n'est pas nécessaire de jeter tout les temps les grandes pièces de musique à la tête des gens s'ils ne sont pas prêts. On leur a donné Köhntarkösz, Theusz Hamtaahk, ça ne servait à rien. On les jouait, ça passait au dessus des têtes. Atem : Crois-tu que Theusz Hamtaahk passait au dessus des têtes ? KB : Ah oui ! Peut être moins que Köhntarkösz, mais le disque Köhntarkösz a été complètement incompris ; quant à Theusz Hamtaahk, on le jouait sur scène, les gens attendaient la fin; ils attendaient le chorus de batterie, Mekanïk…, alors ce n'est pas la peine de les faire attendre. On va attendre qu'ils aient envie qu'on le joue, simplement. Atem : Donc l'enregistrement de Theusz Hamtaahk n'est pas pour demain ? KB : Si, si mais il y aura d'abord Ptäh, et Ehmëhntëht-Rê. Atem : Ehmëhntëht-Rê est donc toujours prévu ? KB : Il est fait, il est monté. Simplement on n le joue pas, parce que l'on a pas de choristes, parce que c'est trop long, ça fait 45 minutes. Si on commence à jouer des morceaux comme ça, les gens vont décrocher; alors il faut faire des compromis. On ne le fait pas forcément au niveau de la musique, mais du programme, au niveau du choix des morceaux. Atem : Oui, ce soir, c'était à peu près cela, mais les gens ont très bien réagi. KB : Voilà, c'est ça. Il y avait des grandes pièces de musique, typiquement symphoniques dans l'esprit de Magma, et aussi des morceaux de musique quotidienne, qui sont quand même Magma (et on reconnaît à la première seconde que c'est Magma) ; mais ce sont des petits morceaux tassés, plus faciles, avec des thèmes plus exploités que dans une grande pièce de musique où il y a des thèmes et des thèmes qui se suivent. Les gens n'ont pas une vision d'ensemble, tu comprends, il n'ont pas de grand angle, ils ont simplement une vision microscopique. Alors ce n'est pas la peine de leur donner un ensemble à voir au microscope ; ils ne le verront pas. Alors, on leur donne des petits morceaux, qui sont à leur niveau de vision. Et petit à petit, on les entraîne. S'ils ne suivent pas, tant pis, c'est qu'ils ne pourront jamais suivre. Mais ceux qui suivent, suivent petit à petit et agrandissent leur champ de vision. Et c'est comme çà qu'il faut faire pour tout. Il ne faut pas immédiatement apprendre le chinois à quelqu'un; il faut qu'il apprenne à dire "Bonjour Madame" d'abord. Ce n'est pas répugnant de d'abord savoir dire "Bonjour Madame" en chinois avant de savoir dire l'espace, l'infini, les astres. On apprend bien un jour à le dire de toutes façons. Atem : Mais le prochain disque de Magma, quel sera-t-il ? KB : C'est un disque solo de Christian Vander avec Ptäh, c'est à dire une partie du chorus de batterie. Avec Zombies comme introduction du chorus, mais en fait Zombies, ça s'appelle Udü Wüdü. Il y a Zombies au départ, c'est un séquence qui fait 20 minutes et qui enchaîne sur Udü Wüdü, qu'on a monté aussi avec des choristes. Puisqu'on n'a pas les choristes, on ne le joue pas. On le joue en introduction du chorus de batterie. Mais le chorus de batterie - à partir du moment où il est tout seul avec la cloche - là commence un morceau qui s'appelle Ptäh. C'est musical, on ne joue pas. Il va faire 20 minutes, et puis d'autres petits morceaux sur le disque, un morceau qui est une évocation de Tamla Motown, Temptations et autres, des choses qui nous tiennent à cœur. Atem : Après, ce sera Ehmëhntëht-Rê ? KB : Après, c'est certainement Ehmëhntëht-Rê, mais peut être qu'avant, il y aura un autre disque, avec des petits morceaux. Ptäh va être fait dans le mois qui suit, c'est à dire Février Mars, il sortira en Avril Mai. Atem : Les chœurs posent-ils vraiment des problèmes ? KB : C'est un peu le même problème que celui des musiciens; c'est à dire que des musiciens qui ont éventuellement de la bonne volonté, il y en a, des musiciens qui ont des capacités, il y en a, mais des musiciens qui ont envie de le faire avec tout ce que ça comporte, il n'y en a pas beaucoup. Alors l'idée, c'est ça qui compte. Parce qu'il ne s'agit pas de venir jouer avec Magma. C'est pas ça le problème. Mais seulement, ceux qui ne viennent pas jouer avec Magma ne font rien. Il n'y a rien; je suis désolé, c'est dur à dire, mais on est les seuls faute de combattants. Et nous, on ne demanderait que ça d'être suivis, pas suivis, mais… Atem : Je pense quand même que Magma a eu une influence sur certains groupes. KB : Oui, mais ce n'est pas une bonne influence, pas forcément. C'est une influence superficielle, ils n'ont pas l'idée. Je ne citerai pas de noms… Atem : Oui, mais il faut leur communiquer ce qu'il y a par dessus la musique. KB : Oui, mais il faut qu'ils le comprennent aussi. Même pas, il faut qu'ils le sentent. Parce que tu peux expliquer tout ce que tu veux, s'ils ne le sentent pas… Je peux t'expliquer n'importe quoi musicalement, si tu ne le ressens pas, ça ne sert à rien. Tu vas avoir des formules logiques et intellectuelles qui ne te serviront à rien. Atem : Mais quels sont les groupes à l'heure actuelle, qui pour toi, représentent un intérêt ? KB : Henry Cow. Seulement, il y a beaucoup d'erreurs qui sont faites. Des erreurs non musicales, c'est à dire qu'ils n'ont pas encore fait un choix définitif de ce qu'ils veulent faire. Atem : Leur aspect un peu free… c'est peut être un peu gênant ? KB : Voilà, ça ce sont des erreurs à mon avis. Il ne s'agit pas de jouer du free, il s'agit de composer un spectacle musical. Pour l'instant, c'est un peu un catalogue. Alors un catalogue c'est bien - catalogue de manufactures d'armes de Saint Etienne, c'est bien, elles sont efficaces les armes, mais ça ne fait une armée. Bon, je pourrais prendre n'importe quoi d'autre, un catalogue de fleurs, ça ne fait un jardin. Le jardin, il faut avoir l'idée de le faire; ce n'est pas en plantant des fleurs qu'on va faire un jardin, c'est en faisant un jardin. Et eux, ils ne font pas la musique, ils font… Atem : Oui, mais c'est peut être un manque de maturité aussi. KB : Oui, mais c'est pour ça, il vont mettre du temps. Parce que la maturité, à un certain niveau, ils l'ont. Mais à ce niveau là, ils ne l'ont pas, c'est sûr. Et on ne l'avait peut être pas nous, pendant un certain temps. C'est à dire qu'on a peut être été trop extrémistes dans un certain sens.