Stella Vander - Denis Desassis - Décembre 1998 À Février 2000
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2000 Stella Vander - Denis Desassis - Décembre 1998 à Février 2000 Stella VANDER : une interview pour le Web Stella accorde peu d'interviews. Ce fut pourtant le cas durant l'année 1999, où elle accepta de faire le point sur 30 ans de la vie de Magma. Cet entretien est par ailleurs disponible sur un site indépendant. DD : Pouvez-vous nous parler de votre enfance : avez-vous évolué d'emblée dans un milieu où la musique avait de l'importance ? Quelles sortes de musiques écoutiez-vous ? Avez-vous eu très tôt la certitude que votre vie serait consacrée à la musique ? Stella : j'ai eu la chance d'avoir un jeune oncle - nous avons 14 ans de différence - qui m'a fait découvrir le jazz vers l'âge de 8 ans. Il me faisait écouter Miles Davis, Dave Brubeck, Stan Getz , entre autres... Je n'ai jamais cessé d'écouter du jazz depuis. À l'adolescence j'ai écouté aussi beaucoup de rhythm'n'blues et j'étais une grande fan de la Tamla Motown. J'ai écouté aussi du classique mais je ne sais plus comment j'y suis venue ; je n'ai pas le souvenir d'y avoir été initiée par quelqu'un. Je ne me suis jamais dit "ma vie sera consacrée à la musique". J'en ai toujours fait. J'ai pris des cours de piano étant enfant puis vers l'âge de 12 ans, j'ai continué à travailler seule et j'ai eu envie de travailler d'autres instruments. Ce fut la guitare, puis la flûte traversière. Je n'ai jamais travaillé le chant avec un professeur mais je me souviens très bien des cours de musique à l'école primaire. Nous chantions en chorale dans la classe et je m'amusais à chanter par intermittence pour écouter la différence de son avec et sans moi ; je trouvais que la chorale sonnait mieux quand je chantais !!! J'ai revu une camarade de classe dans les années 70 qui m'a affirmé que, déjà à l'époque, je ne m'intéressais vraiment qu'à la musique. Je n'ai pas de souvenirs aussi précis ; je crois que cela devait me sembler normal. DD : Vous avez eu, avant l'aventure Magma, une première carrière sous le nom de Stella. Trente ans après, quel regard portez-vous sur cette époque ? Stella : Pendant des années, j'ai totalement occulté cette période. J'avais le sentiment de m'être bien amusée mais d'avoir fait des choses sans intérêt. Et récemment, j'ai rencontré plusieurs fans de la "Stella" des années 60 (y compris à Los Angeles et à New York !). Cela m'a donné envie de ré-écouter les chansons... et en fait , en se replaçant dans le contexte de l'époque, ce n'était pas mal du tout. C'était vraiment décalé et rigolo. En tous cas, c'est là que j'ai appris les bases de ce métier. DD : Ces enregistrements semblent assez éloignés de la "Zeuhl" ; aviez-vous déjà à ce moment le besoin de participer à une expérience musicale plus aventureuse, plus absolue ? Stella : C'est pour cette raison que, à l'age de 17 ans, j'ai stoppé cette carrière, qui allait ma foi très bien. J'avais beaucoup d'amis musiciens, ou plutôt, je n'avais que des amis musiciens, et j'ai continué la musique, pas le show business. DD : Il me semble avoir aperçu récemment un CD regroupant ces enregistrements. Avez-vous été impliquée dans cette réédition ? Stella : Pas du tout. Je l'ai reçue une fois terminée. J'étais très étonnée, je ne voyais pas qui cela pouvait intéresser. Apparemment, les chiffres de vente prouvent que cela intéresse pas mal de gens ! DD : Votre album solo, "D'épreuves d'amour", révélait chez vous une personnalité beaucoup plus "humaine", plus sensible aux émotions du coeur que ne le révélait votre présence dans Magma. Etait-ce une manière de dire des choses qu'il vous était impossible de retraduire à travers le groupe dans la mesure où ce dernier véhiculait un message beaucoup plus mystique, voire cosmique ? Stella : Il y a tout dans la musique de Magma : une dimension mystique, cosmique, humaine. Tout ce qu'il y a de plus humain ! Pour moi on y trouve toutes les "émotions du coeur" du monde ! Dans mon album, j'ai essayé de réunir des choses différentes qui me touchent aussi. J'étais également plus exposée que dans Magma, où je n'avais pas vraiment un rôle de soliste. DD : Quel regard portez-vous sur la production musicale actuelle ? Stella : Quel désert ! Que des reprises, ou des trucs basés sur des gimmicks d'anciens tubes. Quelle manque d'imagination ! Et ils chantent tous de la même façon. Comment auraient-ils fait si Stevie Wonder n'avait pas existé ? Quant au jazz, ce n'est pas très gai non plus. Bien sûr il y a d'excellents musiciens, de formidables chanteuses. Mais je m'ennuie vite. Je suis ravie d'entendre un truc qui sonne mais malheureusement, ce n'est pas souvent. Où alors c'est un titre ou deux… rarement un album. Dans l'ensemble c'est "bien propre sur soi". On a envie que ça rue dans les brancards ! DD : En dehors des musiciens qui enregistrent sur Seventh Records et de leurs proches, quel genre de musique écoutez-vous ? Quels sont vos derniers "coups de coeur" ? Stella : Je n'écoute plus beaucoup de musique à la maison. Des ré-éditions CD de ce que j'écoutais avant. Du jazz surtout. Mes derniers "coups de coeur" remontent à bien longtemps. Je les re-découvre. DD : Comment s'est réalisée la connexion entre votre première "carrière" et votre entrée dans l'univers de Christian Vander ? Stella : Il n'y a pas eu de connexion, j'avais mis un terme à cette carrière. DD : Si l'on s'en tient à la seule discographie, vous n'entrez dans l'histoire du groupe qu'à compter de "Mekanïk Destruktiw Kommandöh". Mais vous étiez déjà aux côtés de Christian Vander. Quel était votre rôle lors de cette première phase ? Stella : Je faisais, comme beaucoup de femmes de musiciens, bouillir la marmite. J'ai fait les éclairages pendant un certain temps. Sans matériel et sans aucune expérience de ce métier, mais avec la foi et un sens du tempo et de la mise en place qui forçait le respect ! DD : Un nombre incroyable de musiciens sont passés dans Magma : à quoi attribuez- vous ce "turn over" ? Stella : Des raisons très diverses. L'envie de faire son chemin en tant que leader pour les uns, la fatigue et l'usure pour les autres ; l'envie de passer à autre chose d'une manière ou d'une autre. DD : Il est assez souvent arrivé que des musiciens quittent Magma en claquant la porte ; est-ce si difficile de travailler avec Christian ? Stella : Je n'ai aucun souvenir de musiciens quittant Magma en claquant la porte. Cela s'est toujours passé sans heurts. Souvent pas sans tristesse pour nous. Mais on s'habitue. Maintenant je suis blindée ! Les deux ou trois dernières fois, cela ne m'a fait ni chaud ni froid ! A part une grande fatigue... C'est toujours ennuyeux. C'est tout un travail qu'il faut recommencer avec un, ou une autre. Il n'est pas difficile de travailler avec Christian. Il apprend énormément aux musiciens qui travaillent avec lui. Il est très indulgent et privilégie toujours l'envie, la foi et la bonne volonté. Il laissera le temps qu'il faut pour faire ses preuves à un musicien s'il sent que l'envie est là et qu'il y a un potentiel. Il est très patient. DD : Selon vous, quelle a été la formation la plus proche de ce dont Christian rêvait ? Et de ce que vous rêviez, vous ? Stella : Le groupe avec Jannick, bien sûr. Puis le groupe avec Didier et Bernard. Pour Offering, la formation avec Simon, Guy Khalifa, Abdu M'Boup... C'était magique! DD : Quels sont vos souvenirs les plus forts (bons ou mauvais...) dans toute l'histoire de Magma ? Stella : Difficile question... En presque 30 ans, il y a des tonnes de bons souvenirs et quelques mauvais aussi... J'ai tendance, comme la majorité des gens je crois, à me rappeler plutôt les bons souvenirs ; les concerts d'abord (beaucoup de fantastiques concerts !) et les festivals comme Le Castelet, Reading en Angleterre, Roskilde au Danemark... et un concert à la Roundhouse de Londres ou le public hurlait si fort que l'on entendait même plus, sur scène à 2 mètres, la batterie de Christian... Et puis, en vrac, les nuits dans le camion, à rouler des centaines de kilomètres, craquant nerveusement de fatigue, ce qui débouchait toujours sur un fou rire général qui n'en finissait plus... L'enregistrement de Wurdah Itah, en 4 jours, l'enregistrement de Köhntarkösz chez notre ami Milou à Valbonne, avec le baffle de l'ampli SVT de Jannick enfermé dans un petit local au fond du jardin, et qu'on entendait à des centaines de mètres à la ronde... Les différents enregistrements faits au studio d'Hérouville aussi, où nous habitions, sur place, dans cet endroit génial, malheureusement à l'abandon aujourd'hui. Les mauvais souvenirs je préfère prétendre qu'il n'y en a pas. DD : Avez-vous, à un moment ou à un autre, été tentée de "jeter l'éponge", car il est évident que le quotidien de la vie au sein de Magma n'a pas toujours été facile ? Stella : Jeter l'éponge, non.