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UNIVERSITE D’ DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GEOGRAPHIE PARCOURS ESPACE ET TERRITORIALITE

La diversification de la pêche traditionnelle dans le District d’ et l’implication de la politique bleue

MEMOIRE POUR OBTENIR LE DIPLOME DE MASTER

Présenté par RANDRIANAVALONA Fanaja Nambinintsoa

Sous la direction de

Mme le Professeur Joséphine RANAIVOSON, Professeur Titulaire

04 février 2019

UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GÉOGRAPHIE PARCOURS SOCIETE ET AMENAGEMENT

La diversification de la pêche

traditionnelle dans le District

d’Ambanja et l’implication de la

politique bleue

MEMOIRE POUR OBTENIR LE DIPLOME DE MASTER II

Présenté par RANDRIANAVALONA Fanaja Nambinintsoa

Membres du jury : - Président : Mme Jacqueline RAKOTOARISOA, Professeur de la Mention Géographie.

- Rapporteur : Mme Joséphine RANAIVOSON, Professeur Titulaire de la Mention Géographie.

- Juge : Mme Dabe RAKOTONAVALONA, Docteur en Géographie

04 février 2019

REMERCIEMENTS Rendons grâce à Dieu Tout Puissant et Jésus Christ notre seigneur, pour leurs bienfaits, leur grande miséricorde, leur bonté, leur soutien et leur protection dont j’ai été l’objet durant mes études et jusqu’à aujourd’hui.

J’adresse aussi mes humbles remerciements et mes sincères reconnaissances envers les personnes suivantes :

 Madame RAHARINJANAHARY Rindra, Chef de Département de la mention Géographie.  Monsieur RASOLOFOMANANA René, chef de la circonscription des ressources halieutiques et de la pêche dans le District d’Ambanja retraité.

Je remercie particulièrement les membres du jury qui, en acceptant d’y participer, ont fait preuve d’intérêt à l’égard de mon travail. Je souhaite exprimer toute ma gratitude envers :

 Madame RAKOTOARISOA Jacqueline, Maître de Conférence-HDR au sein du département de la géographie, qui fait l’honneur de présider cette soutenance. Madame, veuillez trouver ici l’expression de nos vifs respects les plus sincères.  Madame RAKOTONAVALONA Dabe, Docteur en géographie, qui a bien voulu siéger ici en tant que juge et apporter son appréciation à ce travail. Une profonde gratitude est à adresser à vous Madame.  Madame RANAIVOSON Joséphine, Professeur Titulaire dans la mention géographie, qui, malgré ses lourdes responsabilités, a fait preuve de dévouement, tout au long de notre recherche. Qu’elle veuille bien agréer l’expression de notre gratitude.

Enfin, j’adresse un grand merci à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont soutenue et m’ont aidée tout au long de mes études :

 A mes parents, ainsi à mes sœurs qui n’ont pas ménagé leur force et leurs moyens pour m’aider et m’encourager tout au long de la préparation de ce travail.  A Monsieur RAKOTONDRANIVONIRINA Rado et Madame RAKOTONIRINA Mamy qui ont participé et collaboré avec nous pour la réalisation de ce mémoire.  Les enseignants et les personnels du département de géographie, qui m’ont apporté leur collaboration.  A ma famille à Ambanja qui m’a bien accueillie pendant mes séjours, à la CirRHP d’Ambanja qui nous a procuré des documents très utiles et aux pêcheurs locaux qui ont répondu sans hésitation à toutes les questions posées.  A tous mes amis et les étudiants de la promotion TALIO, pour leurs conseils et le soutien dans la réalisation de cet ouvrage.

i

SOMMAIRE : REMERCIEMENTS ...... i SOMMAIRE : ...... ii ACRONYMES ...... iv LISTE DES ILLUSTRATIONS...... vi GLOSSAIRE : ...... viii RESUME ...... ix INTRODUCTION GENERALE ...... 1 PARTIE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DEMARCHE D’ETUDE ADOPTEE: ...... 6 CHAPITRE I : LE DISTRICT D’AMBANJA ...... 6 I.1. Délimitation administrative et situation géographique : ...... 6 I.2. Contexte géographique d’Ambanja : ...... 7 I.3. Contexte humain du District d’Ambanja : ...... 13 CHAPITRE II : DEMARCHE ET METHODE ...... 24 II.1. La documentation et analyse bibliographique : ...... 25 II.2. La collecte d’informations : ...... 26 II.3. Les travaux de rédaction : ...... 29 PARTIE II : CONCEPT DU SECTEUR PECHE ET LEUR PLACE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 32 CHAPITRE III : CONCEPT DU SECTEUR PECHE A : ...... 32 III.1. Présentation générale de la pêche maritime traditionnelle à Madagascar : ...... 32 CHAPITRE IV : LA PECHE TRADITIONNELLE MARINE, UNE ACTIVITE PREPONDERANTE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 40 IV.1. Mode d’exploitation : ...... 40 IV.2. Zones de pêche : ...... 52 PARTIE III : RESULTATS DU DYNAMISME DE LA PECHE TRADITIONNELLE DANS CETTE REGION : ...... 66 CHAPITRE V : LES ENJEUX DE LA STRATEGIE DE LA POLITIQUE BLEUE: ...... 66 V.1. Cadre législatif et règlementaire existant sur la gestion durable de la pêche : ...... 66 V.2. Mise en œuvre du Plan d’Aménagement de la Pêcherie (PAP) par rapport à la politique bleue : 72 CHAPITRE VI : LES RESULTATS DE L’APPLICATION DE LA POLITIQUE BLEUE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 76 VI.1. Les problèmes liés aux activités de pêche traditionnelle dans le district d’Ambanja : ...... 76 VI.2. Perspectives du cadre de développement de la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja : ...... 82

ii

CONCLUSION GENERALE ...... 87 BIBLIOGRAPHIE ...... 89 ANNEXE I ...... 93 ANNEXE II ...... 98 ANNEXE III...... 100 TABLE DES MATIERES : ...... 101

iii

ACRONYMES AMP : Aire Maritime Protégée

BD : Bases de Données

BATAN : Baie d’Ambaro, Tsimipaiky, Ampasindava et archipel de Nosy-Be

CirRHP : Circonscription des Ressources Halieutiques et de la Pêche

CLB : Communauté Locale de Base

Cv : Chevaux

CR : Commune Rurale

CRADES : Comité de Réflexion et d’Action pour le Développement et l’Environnement du Sambirano

CSP : Centre de Surveillance de Pêche

CITES : Convention on International Trade of Endangered Species ou Convention sur le commerce International des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction

CTOI : Commission de Thon de l’Océan Indien

CU : Commune Urbaine

FUP : Fédération des Unions de pêcheurs

GELOSE : Gestion Locale Sécurisée

IEC : Information-Education- Communication

INSTAT : Institut National de la Statistique

MRHP : Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche

ODD : Objectifs de Développement Durable

PAP BATAN : Plan d’Aménagement de la Pêcherie dans la Baie d’Ambaro, Tsimipaiky, Ampasindava et archipel de Nosy-Be

PIC : Pôle Intégré de Développement

PIB : Produit Interne Brute

PFOI : Pêche et Froid de l’Océan Indien

PND : Politique Nationale de Développement

PRD : Plan Régional de Développement

PSAEP : Programme Sectoriel Agriculture, Elevage et Pêche

iv

RNR : Ressources Naturelles Renouvelables

SIRAMA : Sucrerie de Madagascar

UNCLOS : United Nations Convention on the Law of the Sea ou Conventions des Nations Unies sur le Droit de la mer

WCS : Wildelife Conservation Society

ZEE : Zone Economique Exclusive

v

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Liste des croquis :

Croquis n°1 : Localisation du District d’Ambanja ...... 5 Croquis n°2 : Hydrographie du District d’Ambanja ...... 12 Croquis n°3 : Répartition de la population dans les communes d’Ambanja ...... 18 Croquis n°4 : Occupation du sol du District d’Ambanja ...... 20 Croquis n°5 : Répartition des petits pêcheurs à Madagascar ...... 34 Croquis n°6 : Flux des produits hors du District d’Ambanja ...... 64 Croquis n°7 : Zone concernée par le PAP BATAN ...... 73 Croquis n°8 : Localisation des villages des pêcheurs et leurs villages enclavés ...... 78 Liste des Tableaux : Tableau N° 1: Nombre de populations du district d’Ambanja de 2010 à 2015 ...... 13

Tableau n°2: Répartition de la population par commune ...... 14

Tableau n°3 : Répartition de la population par ethnies ...... 15

Tableau n°4: Echantillonnages des pêcheurs enquêtés ...... 28

Tableau N° 5: Situation des pêcheurs et pirogues dans la région Diana ...... 34

Tableau N° 6: Nombre de pirogues pour la pêche par rapport à l’ensemble de pirogues dans les quinze communes littorales ...... 41

Tableau N° 7: Production pour l’année 2016 et 2017, unité en tonnes ...... 56

Tableau N° 8 : Comparaison de productions du District d’Ambanja par rapport à la production totale de la région Diana pour l’année 2015 ...... 57

Tableau n°9: Quantité de production par la zone de destination pour le mois de février 2015, ...... 63

Tableau n°10: Estimation des revenus de pêcheurs avec et sans intermédiaires ...... 79

Liste des photos :

Photo N°1 : Fleuve du Sambirano ...... 11

Photo n°2 : Polyculture au bord du fleuve Sambirano ...... 18

Photo n° 3 : Elevage bovin dans les champs de culture ...... 21

vi

Photo N° 4: Plage de Nosy-Faly ...... 24

Photo n°5 : Site de dépôt du carburant dans le port d’ ...... 24

Photo n° 6: Pirogues dans quelques villages de pêcheurs ...... 42

Photo n°7 : Quelques engins de pêches aux poissons ...... 44

Photo N° 8: Engins de pêches aux crevettes ...... 45

Photo n°9 : Techniques de pêches aux holothuries ...... 45

Photo n° 10 : Famille de Sardinella (Malanisaja) et Rastelliger Kanagurta (Mahaloky) ...... 48

Photo n°11 : Produits de crevettes ...... 49

Photo n°12 : Engins rudimentaires des crabes ...... 49

Photo n°13 : Terrier de mangrove ...... 50

Photo n°14 : Quelques espèces des holothuries capturées dans les villages de pêcheurs d’Ambanja ...... 51

Photo n°15 : Production de poisson pour une pirogue ...... 55

Photo n°16 : Grillage pour faire le fumage ...... 59

Photo n°17 : Pirogue balancière avec un appareil frigorifique ...... 60

Photo n°18 : Dégradation de mangrove dans la CR Ambohimena ...... 81

Photo n°19 : Méthode de la plantation d’une mangrove ...... 84

Photo n°20 : Quelques infrastructures dans le District d’Ambanja ...... 100

Liste des figures :

Figure n°1 : Valeurs moyennes de la température et de la précipitation ...... 10 Figure n°2 : Evolution de la population du District d’Ambanja 2013- 2018 ...... 13 Figure n°3 : Répartition par ethnie de la population Sambiranaise ...... 15 Figure n°4 : Répartition des confessions religieuses ...... 17 Figure n°5 : Résumé de la démarche méthodologique ...... 30 Figure n°6 : Les quatre Baies dans le District d’Ambanja ...... 53

Figure n°7 : Répartition des productions de la petite pêche dans le District d’Ambanja ...... 54 Figure n°8 : Taux de production de la petite pêche en 2016 et en 2017 ...... 57 Figure n°9: Schéma du circuit commercial destiné au marché local...... 62

vii

GLOSSAIRE :

Ampanjaka : chef spirituel et temporel et considéré comme un Prince.

Andro Fady : jour interdit pour travailler ou de faire une cérémonie.

Chévaquine : crevette à petite taille

Manantany : Adjoint du Chef spirituel qui est issu du peuple.

Mareyeur : personnes exerçants les activités de collecte et vente de produits halieutiques à l’intérieur d’un District.

Maille : boucle de fil entrelacée à d’autres boucles semblables, dont l’ensemble forme un filet.

Plan d’aménagement de la pêcherie (PAP) : est un instrument principal de la gestion d’une pêcherie. Il s’inscrit dans le cadre de la préservation de l’écosystème marin et côtier ainsi que l’amélioration de la pêche traditionnelle dans l’objectif d’un développement local.

Petit pêcheur : pêcheurs qui pratiquent la pêche traditionnelle dans les eaux continentales ou dans les eaux territoriales.

Politique Bleue : lettre de recommandation publié par le Ministère tutelle pour la valorisation des travails de pêcheurs et la préservation des écosystèmes marins

Projet SWIOFish II : est un projet du ministère des ressources halieutiques et de la pêche financé par la Banque Mondiale avec une durée de 15 ans. Il a pour objectif d’améliorer l’aménagement des pêcheries prioritaires au niveau régional, national et communautaire, et l’accès aux activités alternatives pour les pêcheurs cibles. La région Diana (Baie d’Ambaro à Ampasindava) est l’une des zones ultra- prioritaires pour la mise en œuvre de ce projet.

Tx : appellation des poissons juvéniles dans la région Diana

viii

RESUME

Ce travail de recherche essaie de décrire les potentialités du District d’Ambanja en matière de pêcherie traditionnelle et la place importante de la politique bleue à la gestion durable de ce secteur. Le District d’Ambanja est connu sous le nom de « la vallée du Sambirano ». Il détermine toutes ses conditions naturelles et ses activités humaines. Les conditions physiques (climat, réseaux hydrographiques, végétation, zone de nurserie) jouent les grands rôles de la capacité de production d’un site.

La pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja est très diversifiée à travers les différentes ressources halieutiques, l’objet de différents types de capture. Elle est amplifiée par l’immensité des villages des pêcheurs formés de quinze Communes littorales. Ces dernières ont chacune leur type de pêcherie et leurs modes d’exploitation qui expliquent la rentabilité de la pêche traditionnelle à la vie quotidienne des petits pêcheurs.

Face à cette situation, la mise en place de l’aménagement de la pêcherie est un bon moyen pour gérer durablement les ressources halieutiques d’Ambanja. C’est selon le code de la pêche et des conventions internationales acceptées au nom de l’Etat Malagasy. Cette balise a favorisé le transfert de gestion des ressources halieutiques et écosystèmes aquatiques au niveau des communautés des pêcheurs. Cela réfère à la loi du transfert de gestion des ressources renouvelables (loi GELOSE) n°96025 en septembre 1996 et l’arrêté ministériel n°29211/2017 fixant le transfert de gestion des ressources halieutiques.

Malgré tout, les difficultés rencontrées par les pêcheurs dans leur site à Ambanja et le secteur pêche en général freinent la gestion durable des ressources halieutiques et les apports de développement sur la pratique de la petite pêche. Pourtant, l’implication de la politique bleue est remise en question.

Mots clés : Ambanja ; pêche traditionnelle ; Politique bleue ; professionnalisation ; valorisation, plan d’aménagement.

ix

INTRODUCTION GENERALE La pêche est une activité liée à l’histoire de l’humanité tout comme la chasse et la cueillette. Aujourd’hui, la pêche est touchée par l’évolution de la technologie et des recherches scientifiques. C’est une activité qui marque la culture d’un pays ou d’une région surtout dans les régions littorales. La pêche se distingue en trois parties : pêche traditionnelle ou petite pêche, pêche artisanale, pêche industrielle.

La pêche traditionnelle est celle qui est réalisée par des pêcheurs individuels ou associés par deux, ou occasionnellement par petits groupes, capturant les ressources halieutiques, à pied ou à bord de pirogues non motorisées ou motorisées moins de 25 CV, dans un rayon d’action limité à 15 km de la côte. Dans ce sous-secteur la pêche traditionnelle maritime représente la moitié des captures annuelles : 23.084 tonnes sur la production totale annuelle de 40 484 tonnes1 et apparaît ainsi comme un levier de développement à ne pas négliger.

La demande et le taux de consommation des produits de la pêche augmentent, mais les ressources diminuent de plus en plus à cause, entre autres, du contexte de la croissance démographique, du changement climatique, de la mondialisation, entraînant la dégradation sévère des environnements marins. La pêche est un secteur avec des défis importants pour la sécurité alimentaire mondiale et la réduction de la pauvreté, en raison de son dynamisme et de sa place dans le développement économique. Pour Madagascar, île-continent bordé par 5 000 km de côtes, incluant des zones de mangroves, des récifs coralliens, des herbiers et autres écosystèmes marins et côtiers2, la potentialité en ressources halieutiques est apparemment non négligeable avec une estimation de 200 000 tonnes des produits marins et estuariens (2014).

Le secteur de la Pêche est un porteur non négligeable de l’économie Malgache après le secteur minier et le secteur du tourisme et peut créer plus de cinq mille emplois et 7% de PIB par an (citation dans la lettre de la politique bleue). La pêche traditionnelle tient la quasi-totalité de la pratique de ce secteur à Madagascar, elle contribue 60% des productions et la moitié de la richesse crée par ce secteur3. Toutes ces opportunités demandent une politique de gestion et d’orientation fiable. Alors, l’inauguration de la politique bleue en 2015 prospère la gestion durable et l’harmonisation de l’exploitation des ressources halieutiques. Cette lettre de

1 Lettre de Politique BLEUE ANNEXE, Situation de référence 2014 2Vallette, Christine Causse, « Madagascar l’île océan », ed autrement/Nausicaa Mare Nostrum, 94 p. 3 Lettre de la politique bleue, 2015

1 référence est un outil de développement de la pêche Malgache pour mettre en exergue l’interconnexion de l’exploitation des ressources, l’homme et l’écologie marine.

La région Diana qui inclut le District d’Ambanja est une zone riche en ressources halieutiques marines, si on se réfère à la pêche industrielle de thon (marqué par la société de pêche industrielle PFOI siégée à Diego) et des crevettes qui spécifient cette région. Mais, la pêche traditionnelle tient également une grande place sur la pratique des pêches dans cette partie Nord de Madagascar. Géographiquement, le climat (climat du Sambirano) et les écosystèmes marins bordant le canal de Mozambique sont favorables pour les êtres vivants marins comme les crustacées, les holothuries, les poissons, les crabes… Alors, elle présente beaucoup des pêcheurs traditionnels qui dépendent de cette potentialité naturelle. La pratique des pêches maritimes est liée à la tradition de la population dans ce district qui compte quinze villages littoraux.

Tout cela nous incite de choisir le thème de projet de recherche intitulé : «LA DIVERSIFICATION DE LA PECHE TRADITIONNELLE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA ET L’IMPLICATION DE LA POLITIQUE BLEUE.» Ce thème a été formulé suite à la question principale que nous nous sommes posée sur la potentialité de la pêche traditionnelle et les recommandations de la politique bleue pour gérer durablement les ressources halieutiques.

« Quel sont les impacts des activités d’aménagement programmées pour le développement de la pêche traditionnelle très diversifiée dans le District d’Ambanja? »

On a choisi le thème concernant la pêche traditionnelle pour essayer de voir l’état de santé et d’équilibre de la pêche à M/car, un secteur porteur de l’économie Malgache mais encore mal connu. On va évoquer dans ce thème le rôle primordial de la Politique bleue sur la gestion durable de ce secteur pour préserver la potentialité économique de la pêche traditionnelle surtout (estimée à 60 % du revenu du secteur à Madagascar, pour l’ensemble du secteur). On a choisi ce thème pour mettre en évidence aussi que l’exploitation de l’environnement marin à M/car est quelque peu négligée par rapport à celle de l’espace terrestre. Or il y a des richesses renouvelables susceptibles de résoudre le problème de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté si elles sont gérées rationnellement.

Et pourquoi on a choisi cette zone d’étude : Ambanja ? C’est en raison de la diversité des ressources halieutiques et de la production, l’une des plus importantes parmi celles de

2 l’ensemble des districts de l’espace Nord-Ouest de Madagascar. Elle présente en outre le plus grand nombre de pêcheurs traditionnels sur le même espace littoral (Enquête Cadre National, 2012, Lettre de référence de la Politique bleue4). Elle figure également parmi les districts touchés en premier par la mise en place du Plan d’Aménagement de la Pêcherie (PAP) et actuellement en cours au niveau du ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche (MRHP).

Ainsi, notre travail de recherche vise principalement à faire connaître la diversification et les enjeux dans la pratique de la pêche traditionnelle dans la vallée du Sambirano. Il y a donc des objectifs à atteindre pour cette étude :

 Objectif général : - Mettre en exergue l’impact de la politique bleue pour la valorisation de la petite pêche (pêche traditionnelle)  Objectifs spécifiques : - Connaître les conséquences de l’aménagement de la pêcherie (PAP BATAN) dans ce district sur le développement économique de la région Diana et les autres secteurs liés à la pêche (tourisme, transport, commerce) - Dans quelle mesure la politique bleue apporte-t-elle des avantages pour répondre aux besoins de la population locale ?

Pour atteindre ces objectifs, nous essaierons de répondre aux questions suivantes :

- Quels sont les grands axes de la Politique bleue destinés à valoriser réellement la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja? - Quelles sont les parties de l’activité de pêche touchées par la valorisation de la pêche traditionnelle ? (production, commercialisation) - En quoi l’aménagement de la pêcherie est-il opportun ?

Pour un meilleur cheminement de nos idées, nous allons adopter ici la méthode déductive, face à l’analyse socio-économique d’une activité. Ce qui va nous amener dans le cadre de notre étude, à considérer l’impact de la diversification de la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja.

4 Enquête cadre Nationale 2012, MRHP 3

Pour essayer de répondre au mieux aux objectifs énoncés, le présent livre de mémoire se structure en trois grandes parties. La première se consacre à la présentation de la zone d’études et à la méthodologie d’approche du sujet. Quant à la deuxième partie, elle est réservée au cadre conceptuel du secteur pêche et de sa place dans le District d’Ambanja. Dans la troisième partie, on va commenter également les résultats du dynamisme de la pêche traditionnelle dans cette région et émettre des observations pour des perspectives de réel développement.

Croquis n°1 : Localisation de la zone d’étude

4

PARTIE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DEMARCHE D’ETUDE ADOPTEE: CHAPITRE I : LE DISTRICT D’AMBANJA

I.1. Délimitation administrative et situation géographique :

La région Diana se trouve à l’extrême Nord de Madagascar, elle est composée de cinq District dont I, Antsiranana II, , Ambanja et Nosy-Be et subdivisée en 61 communes. Elle a deux façades littorales, baignées à l’Ouest par le Canal de Mozambique et à l’Est par l’Océan Indien. En d’autres termes, une grande partie de sa population vit de la mer.

Le district d’Ambanja est situé à 48°27 de longitude Est et 13°40 de latitude Sud. Il fait partie des cinq districts de la Région Diana et s’étend sur une superficie de 610 km2 soit 1,4 % de la superficie total de Madagascar. Le chef-lieu du District se situe à 250 km de la ville de Diego-Suarez et est desservi par la RN6 qui est bitumée. Le district d’Ambanja est délimité :

- Au Nord par district d’Ambilobe - Au Sud par le district Bealalana et Analalava - A l’Est le district d’Andapa - A l’Ouest par le Canal de Mozambique

Il est composé de 23 communes dont la commune urbaine d’Ambanja. Sur ces 23 communes, les 15 sont des communes littorales notamment , , , Ambalahaonko, Ambanja, Ambohimena, , , Antranonkarany, , Ankingameloka, Ambaliha, Antsirabe, Bemanevika Ouest, Anorontsangana.

Historique de la ville d’ambanja :

Avant la colonisation, Ambanja portait le nom de « ANTANATSIMANAJA AMBODIMANGA», à cause des manguiers aux pieds desquels les bovins s’assoupissaient sous les ombrages quand il faisait chaud. A l’arrivée des Français dans le Sambirano vers le début du XXème siècle, ils ont découvert l’existence d’un gisement de « poudre de canon » et

5 l’exploitèrent comme les arabes d’autrefois. Et jusqu’à nos jours, la poudre se trouve encore entre la résidence de la sous-préfecture et le bureau de la subdivision des travaux publics d’Ambanja. A cette époque, le chef-lieu de district, sous forme de fonction administrative, sociale et économique était à Ambato « Nosy Faly ».Lors d’une visite du chef district, dans le but d’évaluer les possibilités d’exploitation de la poudre, l’administrateur LAMAINDOR réalisait que le site avait un bon emplacement. Il décida donc d’y transférer le centre administratif. Les travaux d’aménagement commençaient dès 1896. Le chef du district LAMAINDOR baptisa alors le site : Ambanja qui signifie l’endroit où se trouve la poudre (vanja).5

I.2. Contexte géographique d’Ambanja :

I.2.1. Relief : Le relief est caractérisé par un ensemble de plaines alluviales et de montagnes : à l’Est, l’imposant Tsaratanana que domine le sommet de Maromokotra (2876 m), point culminant de Madagascar et à l’Ouest c’est le Manongarivo (1876 m). Mais en majorité, la zone est constituée par des plaines qui favorisent tous types de culture, et sa fertilité est considérable. D’où son appellation : « plaine du Sambirano ».6

I.2.2 Géologie : La géologie de la zone du Sambirano fait partie du système de Vohibory avec ses schistes cristallins, gneiss à pyrogène, quartzites de Beankana migmatite. Parfois l’on rencontre des intrusions des roches volcaniques anciennes ou récentes : granites ou basaltes, phonolites. Ainsi le sous-sol n’est pas sensible à l’érosion.

I.2.3. Pédologie et formation végétale : La présence ou l’absence de couvertures végétales détermine le profil pédologique. En général, les sols dans cette région sont des ferralitiques jaunes et rouges assez peu profonds mais on distingue quatre types de sol dans cette région de Sambirano :

 Les sols ferralitiques : Ce type de sol se rencontre sur un socle, sur les zones montagneuses. Les sols fortement rajeunis sont plus riches en éléments minéraux mais plus sensibles à l’érosion une fois que la couverture végétale disparait. Il est dessaturé

5 Monographie Ambanja, 2000 6 www.libertalia-aventure.com

6 en éléments minéraux à cause des fortes précipitations. On les rencontre dans les zones d’altitudes où on peut distinguer les sols ferralitiques sous forêts et sous savanes. On y trouve souvent des bananiers ou « katakata » après la dégradation de la forêt.

 Les sols hydromorphes : Fréquemment rencontrés dans les vallons encaissés du versant des massifs montagneux et dans la plaine d’Ifasy. Ce sol à texture argileuse est souvent utilisé pour la riziculture ; c’est le cas de la rizière d’Antsakoamanondro où presque toutes les rizières sont encore sous le statut de « réserves indigènes. »

 Sols de « Baiboho » : Ce sont des alluvions récemment apportées par le ruissellement et déposées sur les plaines sillonnées par le grand fleuve Sambirano. Ce type de sol est riche en éléments minéraux (sablo-limoneux, limono-sableux et limono-argileux). Ces sols sont intensivement exploités pour les cultures industrielles (cacao, café, ylang- ylang).

 Sols des mangroves : Ils se trouvent dans les dépressions littorales et sont caractérisés par l’abondance des matières organiques et par la présence de sulfure. Mais, ils deviennent des terrains agricoles et rizicoles à cause des pressions démographiques7.

En outre, on rencontre trois types de formation végétale dans ce site :

 Forêts naturelles : formées par les forêts rupicoles et les forêts secondaires. Les forêts rupicoles longent le Sambirano et se rencontrent aussi dans les vallées encaissées. Ainsi, les forêts secondaires (comme Lauracées, Eugenia ou rotra) se présentent sous plusieurs aspects selon la dégradation ou l’état de restitution.

 Les broussailles ou savanes :

De belles formations forestières de basse altitude se trouvent sur la rive droite de Sambirano telles que des savanes arbustives (les goyaviers, les bruyères, les Helychrysum ou Anjavidy) et des savanes herbeuses qui sont très localisées dans les terroirs villageois de la commune. Sous cette broussaille, le sol est en général couvert des graminées qui assurent la protection du sol.

 Les mangroves :

Les mangroves sont rencontrées dans les zones tropicales de l'ensemble du globe et ses arbres les plus caractéristiques sont les palétuviers avec leurs racines échasses qui leur

7 www.libertalia-aventure.com

7 permettent de s'ancrer au fond des dépôts vaseux des estuaires aux eaux saumâtres, et de résister au balancement des marées.

Les mangroves hébergent aussi une importante faune de poissons, crustacés, mollusques et d’oiseaux rares. Ces faunes marines notamment les crustacés, les mollusques et les poissons, sont importantes pour les communautés littorales. Elles sont non seulement des sources de revenus mais également de protéines.

Ils se situent dans la dépression littorale comme dans la dépression littorale d’Antsahampano dans la Commune Urbaine d’Ambanja. Le District d’Ambanja a une couverture totale environ 40.000 ha8 des mangroves et leurs tannes.

I.2.4. Climat : Le climat à Madagascar varie selon la région c’est-à dire la position géographique, le système orographique (position ou proximité d’un relief), l’influence marine, le régime du vent. La zone d’étude se trouve dans la partie Nord de Madagascar, elle appartient au climat tempéré d’altitude ou semi-tempéré. La vallée du Sambirano constitue un ensemble complexe et original de par son relief et climat. Grâce au condensateur de Tsaratanana : massif le plus haut de Madagascar qui se trouve à l’Est d’Ambanja (2876 m d’Altitude), à l’influence marine et aux Alizés, elle jouit d’un climat dont l’humidité contraste avec l’aridité de la façade occidentale. Pour les géographes, le domaine du Sambirano désigne cet « îlot d’humidité » unique dans l’Ouest malgache. Il offre un climat tropical humide similaire à celui de la côte Est9. Ainsi, elle est caractérisée par l’alternance d’une zone fraîche et sèche du mois d’Avril au Novembre et d’une saison pluvieuse à partir du Décembre jusqu’au mois de Mars avec une pluviométrie moyenne de 254 mm par an. Les précipitations y sont supérieures à celles habituellement relevées dans le nord-ouest même si la saison sèche y est assez marquée. A part sa situation dans la zone de convergence intertropicale, elle est soumise à un régime cyclonique pendant cette saison pluvieuse.

L’humidité relative en saison sèche est assez faible le jour mais remonte la nuit d’une manière significative. Elle est due à des conditions géographiques locales qui empêchent le régime d’Alizé desséchant de s’installer dans le fossé du Sambirano. Les massifs de Tsaratanana et de Manongarivo, dont les sommets culminent à plus de 2000 m, empêchent

8 ONG CRADES : «Comité de Réflexion et d’Action pour le Développement et l’Environnement du Sambirano. » 9 Revue de géographie Alpine, 1980-2 TOME LXVIII

8 l’installation des alizés et permettent au vent local de s’installer. Des brises marines soufflent pendant plusieurs heures chaque jour et sont arrêtées par les reliefs et les alizés. La brise de terre qui s’établit en retour n’est pas desséchante grâce aux grandes masses boisées.

Figure n°1 : Les valeurs moyennes des températures et précipitations :

Source : https//www.meteoblue.com/fr/meteo/prevision/archive/Ambanja

La "maximale moyenne quotidienne" (ligne rouge continue) montre la température maximale moyenne d'un jour par mois pour Ambanja. De même, la «minimale moyenne quotidienne" (ligne bleue continue) montre la moyenne de la température minimale. Les jours chauds et les nuits froides (lignes bleues et rouges en pointillé) montrent la moyenne de la plus chaude journée et la plus froide nuit de chaque mois des 30 années (1985-2015).

I.2.5. Hydrologie : Dans la plaine d’Ambanja, il existe deux grands cours d’eau : le Sambirano et son affluent la qui se jette dans le Sambirano en avant du Bemaneviky à Ambodimanga Ramena.

Il prend leur source au pied de Maromokotra (le plus haut sommet du Tsaratanana, 2875m d’altitude). Sambirano se jette dans le canal de Mozambique au niveau de la baie d’Ampasindava, à l’Ouest d’Ambanja. Il a été jaugé à Ambanja ; pour le plus faible débit, la hauteur mesurée a été de 1m 92 ; la côte observée a été de 6m 12. Pour le cas de Ramena, le

9 plus faible débit mesuré a été de 10,2m3 par seconde, le plus fort de 75,9m3 par seconde qui correspond à une côte de 1,44m, et la plus haute côte observée était de 8m10.

Photo n°1 : Photo du fleuve Sambirano :

Source : cliché de l’auteur, septembre 2017.

Les autres fleuves qui traversent le District d’Ambanja sont :

- Source Tsaratanana : Ramena, Sambirano, Mahavavy, Ifasy, Mahevarano, Bemarivo - Source Manongarivo : Andranomalaza, Manongarivo, Djangoa, Ambahatra, Antsahakoàtana.

On va voir toutes les fleuves et les affluents qui traversent cette zone dans le croquis n°2.

10 Croquis n°2 : Hydrographie du District d’Ambanja

11

I.3. Contexte humain du District d’Ambanja :

I.3.1. Contexte démographique : Comme dans tout le delta du Sambirano, le peuplement de la ville d’Ambanja est cosmopolite. Elle est composée essentiellement de Sakalava et de migrants venant de plusieurs régions de Madagascar, mais aussi quelques Antakarana et d’étrangers (Comoriens, chinois, français et autres).

Les autochtones Sambiranaises sont marquées par des Sakalava venu de Boina, les Antakarana, les Makoa qui sont des esclaves venus de l’Afrique travaillant dans les concessions françaises à base d’exportation depuis 1841- 1842.

Tableau n°1: Variation numérique de la population du district d’Ambanja de 2010 à 2015

ANNEE 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Nombre de population 190 435 195 598 200 879 206 266 211 773 217 391

Source : INSTAT MADAGASCAR, projection 1993-2030

Figure n°2 : Évolution de la population de ce District de 2013 à 2018 :

EVOLUTION DE LA POPULATION 220 000 217 391 215 000 211 773 210 000 205 000 206 266 200 000 200 879 195 000 195 598 190 000 190 435 185 000 180 000 175 000 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Source : Conception de l’auteur, INSTAT MADAGASCAR, PROJECTION 1993-2030

12 I.3.1.1. Répartition spatiale de la population dans le District d’Ambanja : Tableau n°2: Répartition de la population par commune

SITUATION DES NOMS DES COMMUNES NOMBRE DENSITE PAR COMMUNES D'HABITANTS KM2 Ambanja 37 189 460 Ambohimena 4 575 77 Antsatsaka 4 702 163 COMMUNES 9 564 96 LITTORALES Djangoa 5 268 12 Antsakoamanondro 6 995 37 4 386 92 Ankingameloka 5 727 117 Ambodimanga ramena 10 418 17 Antafiambotry 5 732 68

Maherivaratra 5 169 29

Ankatafa 3 658 56

Ambaliha 2 581 17

Bemaneviky ouest 6 830 17

Anorontsangana 8 423 12

Antsirabe 7 622 37

Ambohimarina 7 509 43

Bemanevika haut sambirano 11010 109 COMMUNES Benavony 2564 34 INTÉRIEURES Marotolana 11 734 8 Maevatanana 7167 29 Marovato 8 623 82 Ambohitrandriana 5 358 8 TOTAL 182 804 Densité moyenne 75,3 hab/km2 Source INSTAT 2012

I.3.1.2.Répartition ethnique : L’importance de la population sakalava est un fait majeur à l’époque pré – coloniale jusqu’à nos jours, elle regroupe statistiquement 70% de la population de la ville d’Ambanja dont 25% travaillent comme main-d’œuvre dans les compagnies agricoles du milieu, ce qui donne l’importance au nombre des migrants attirés par la main-d’œuvre et la fertilité de ce delta de Sambirano.

13 L’attraction des immigrés vers la ville d’Ambanja est due d’abord à la particularité du milieu: la fertilité du sol, l’existence des diverses sociétés et compagnie agricoles, l’assurance commerciale (commerces ambulants et illicites) et les divers métiers (administration et petits métiers).La population concernée comprend surtout les Tsimihety, les Antandroy et les originaires du Sud – Est (Antemoro, Antefasy, Antesaka), ainsi que les Merina, les Betsileo et enfin les étrangers. Nombreuses sont les raisons à l’origine de ces déplacements. Mais cela est dû surtout à l’appel de main-d’œuvre par les sociétés agricoles, conjuguées à des situations économique et sociale difficiles dans les régions d’origine. Et on constate que ces causes d’immigration de diverses ethnies d’Ambanja sont associées à des étapes de flux migratoire.

Tableau n°3: Répartition de la population par ethnies

Ethnies Sakalava Tsimihety Antaimoro Merina Betsileo Antandroy Autres

Pourcentage 79% 8% 2% 4% 2% 3% 2%

Source : Délégué du bureau de la Commune Urbaine d’Ambanja

Figure n°3: Histogramme de la répartition par ethnies dans le District d’Ambanja

REPARTITION PAR ETHNIES 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 1

Sakalava Tsimihety Antaimoro Merina Betsileo Antandroy

Source : Délégué du bureau de la Commune Urbaine d’Ambanja

I.3.1.3. Situation socio culturelle : L’organisation sociale est bipolaire et est caractérisée par la structure sociale de type féodal Sakalava et par celle dénaturée par les migrants. La structure sociale Sakalava connaît

14 une hiérarchie coutumière à la tête de laquelle se trouve l’Ampanjakabe (Ambanja). Au niveau local, les vassaux ou Ampanjaka sont à la fois chef spirituel et temporel. Chaque Ampanjaka est secondé par un Manantany qui est issu du peuple, pour la discussion, des décisions de leurs réalisations et de la participation du peuple à la collecte de fonds, à la prière et aux travaux communautaires. Le Fahatelo ou troisième de la hierarchie, quant à lui est proche de l’Ampanjaka et est issu du peuple. Il est le gestionnaire des biens et des intérêts de ce dernier. Cette structure persiste jusqu’à nos jours. Elle influence l’activité économique. Par exemple, le mardi et le jeudi sont consacrés au respect du prince. On ne doit pas travailler la terre ni pêche pendant ces deux jours.

Les pratiques traditionnelles peuvent se manifester par la contestation du modernisme. Face à la dénaturation de la tradition par les vagues de migrants, une frange importante de la population se replie sur le Tromba pour sauvegarder son identité pour faire face à diverses maladies, pour conjurer le sort, pour rechercher la bénédiction des ancêtres et pour les remercier face à un événement heureux. Enfin les Bemazava, Bemisatra, ancien peuple pasteur, met en exergue le rôle des bœufs dans la société car le cheptel bovin est un facteur de respects sociaux (le rang social dépend du nombre des bœufs) et de cohésion sociale (la solidarité sociale se manifeste par le sacrifice des bœufs lors des cérémonies. Les boeufs sont souvent fournis par les plus aisés).

I.3.1.4. Religion : Les adeptes de l’Islam sont présents depuis le 19ème siècle mais n’influencent pas d’une façon fondamentale la culture des autochtones. En outre, Les communautés chrétiennes se développent dans les villages, mais leurs membres ne se désolidarisent pas totalement des cérémonies traditionnelles respectant les interdits et craignant comme tous, la colère des ancêtres.

Les adeptes de l’animisme sont marqués par leur attachement aux cultes traditionnels, les Zanahary, les Tsiny (génies) et les Razana constituent leur pôle de convergence. Tous les individus dans le cadre de leur vie sociale se préoccupent constamment des puissances de l’au- delà et s’y réfèrent régulièrement pour s’attirer leur bienveillance ou, au contraire, conjurer leur malédiction.

15 La diversité des pratiques culturelles a pour conséquence la multiplication des « jours interdits» ou «andro fady » pour le travail. Ainsi, le dimanche jour interdit par la religion chrétienne, s’ajoute au mardi et jeudi, précédemment évoqués10.

Figure n°4 : REPARTITION DES CONFESSIONS RELIGIEUSES DANS CETTE ZONE D’ETUDE :

CONFESSIONS RELIGIEUSES

0% 24% 32%

7%

7% 5%

9% 13% 3%

EKAR ANGLICAN FJKM FLM ADVENTISTE JESOSY MAMONJY AUTRES CHRETIENS MUSULMANS AUTRES

Source : Monographie Diana 2013, conception de l’auteur

D’après ce diagramme, on constate que 75% de la population d’Ambanja sont des pratiquants chrétiens avec la diversité des confessions religieux . Ainsi, les musulmans tiennent la deuxième place qui explique la place importante de cet adepte dans la partie Nord et Nord- Ouest de Madagascar.

10 ANTILAHY Antoine de Padou (2009), Projet de création d’une unité de production de crevette d’eau douce dans le District d’Ambanja, pour l’obtention du diplôme de maîtrise ès scientifique de Gestion, Université d’ Antananarivo

16 Croquis n°3 : Répartition de la population dans le District d’Ambanja

17

I.3.2.Contexte économique : Les activités dominantes dans ce District sont : l’agriculture, l’élevage, le commerce, l’artisanat, le tourisme et la pêche.

I.3.2.1. Secteur primaire: La population est essentiellement rurale (environ 85%) et tire principalement ses revenus des cultures de rentes. Sur les 240 000 ha des terres cultivables, seules 90 000 ha sont effectivement cultivés dont 42% en riziculture et 21% en cacaoyers. La production de cacao est d'environ 6 000 tonnes par an, représentant une fraction minime de la production mondiale. Si le riz et le cacao occupent la plus grande part des terres cultivées, les paysans produisent également des épices (vanille, poivre, baie rose), et des plantes à parfum (ylang-ylang, vétiver, patchouli). Les revenus des cultures de rente sont complétés par du maraîchage et du petit élevage, ainsi que par la pêche11.

Photo n°2 : Polyculture au bord du fleuve Sambirano

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2018

11 www.latribune.cyber.diego.com 18

L’occupation du sol cultivable s’effectue comme suit12 :

63% pour les cultures vivrières 36% pour les cultures des rentes 1% pour les cultures industrielles

12 PRD Diana, (2008), 107 p. 19

Croquis n°4 : Occupation du sol

20

Cette carte nous montre, la dominance de la grande culture : culture des ylangs ylangs, des cacaoyers, des cafés qui se situent au contour du chef-lieu de district (CU Ambanja). Puis, la présence de l’immensité des forêts denses dans la partie Sud-Ouest et la partie Sud-Est de ce District est très marquante d’après cette carte car on y trouve le parc réservé du Manongarivo et Tsaratanana.

En outre, l’élevage tient une activité inséparable de la vie quotidienne de la population dans ce District. La situation est caractérisée par l’élevage à caractère extensif et contemplatif. Les animaux sont laissés en divagation, dans les rues, dans les champs des cultures et au marché surtout (cas des caprins), entraînant des conflits au niveau de la société, mais surtout entre éleveurs et agriculteurs.

Les bovins tiennent la seconde place après les volailles. L’élevage est thésaurisé. Les bovins sont des capitaux ambulants, une épargne vivante, il sert à la tractation de charrettes et charrue, de sacrifices pendant les cérémonies rituelles, de festin, lors des évènements familiaux et traditionnels.

Les principaux problèmes rencontrés sont le vol de bœufs, insuffisance de surface de pâturage, inexistence de marché destiné à la commercialisation des bétails, pratique des techniques traditionnelles, conditions climatiques inadéquates (chaleur et humidité) à l’élevage.

Photo n°3 : Elévage bovin dans les champs de culture

Cliché de l’auteur, septembre 2018

21

Enfin, la pêche constitue la principale source de revenus des habitants à la bordure directe du littoral et la population qui vit au bord du fleuve Sambirano et ses affluents. La population pratique la pêche traditionnelle qui fournit la plus grande gamme de produits halieutiques.

I.3.2.2.Secteur secondaire : L’artisanat n’occupe que 2% de la population vit dans ce secteur. En outre, Le secteur secondaire est caractérisé par les industries de transformation liées à l’agriculture telles que la transformation des plantes aromatiques en huiles essentielles et la transformation primaire des produits de rentes ou des produits forestiers. Ces industries de transformation et d’extraction des huiles essentielles sont des anciennes compagnies des colons et quelques compagnies malgaches comme le CNIA (Compagnie Nosybéenne d’Industrie Agricole).

I.3.2.3. Secteur tertiaire : Commerce :

Le commerce appartient une grande place dans ce secteur. La concentration des grossistes étrangers, les commerçants venant des hautes terres dans les communes urbaines et les communes rurales périphériques marquent le dynamisme commercial dans ce district. Mais il ne représente que 4% de la population13.

Tourisme :

Le secteur tourisme est une des priorités du Plan Régional de Développement (PRD) de la région DIANA. Le développement du tourisme constituerait un atout particulier. L’objectif est qu’Ambanja ne soit pas seulement un lieu d’escale, mais une destination. Pour y parvenir, des efforts consistants sont indispensables14.

Le District d’Ambanja possède 7 principaux sites touristiques :

- Ile Ambariotelo (vestige arabe)

- Ambodimanakana

- Nosy Faly

13 ANDRIANONY N.M, (2009), Culture de rente et de développement socio-économique dans la ville d’Ambanja, mémoire pour l’obtention de maîtrise en géographie. 14 PCD CU Ambanja en 2007 22

- Antsahampano,

- Ampasindava

- Hermitage

Photo n°4 : Plage à Nosy Faly

Source : cliché de l’auteur, septembre 2018

Ambanja devrait saisir comme opportunité pour le développement du tourisme, l’implantation du PIC à Nosy-Be.

Malgré un potentiel non négligeable, le tourisme reste assez peu développé. La région souffre en effet de la concurrence de l'île de toute proche, haut lieu du tourisme à Madagascar. Si toutefois peu d'infrastructures aux normes internationales sont présentes, des hôtels de petites et moyennes catégories permettent l'accueil de tout type de clientèle. Entre Diégo-Suarez et Nosy Be qui proposent un tourisme essentiellement balnéaire, la région du Sambirano peut mettre en avant la pratique de l'agrotourisme et de l'écotourisme.

Transport :

Ambanja étant à la fois un carrefour et un centre de relais commercial, possède à l’exception du transport ferroviaire et aérien, tous les autres types de transport. La ville a un quai (embarcadère d’Antsahampano) des infrastructures routières et fluviales. Cependant, l’aménagement d’une nouvelle gare routière est pressant.

Avant l’aménagement du port d’Ankify, l’embarcadère d’Antsahampano jouait un rôle économique considérable. Depuis quelques années, l’infrastructure portuaire se dégrade

23 l’ensablement du chenal gène les bacs et les bateaux d’accoster librement ; il n’y a pas eu dragage depuis plus d’une trentaine d’années, la chambre de commerce de Nosy Be ne pouvant plus assurer la maintenance. Mais un bac assure encore la liaison quotidienne d’Antsahampano vers Nosy-be avec une possibilité de transporter de grosses marchandises, des véhicules.

Les moyens de transport utilisés sont les charrettes, bicyclettes, pousse-pousse, tuc-tuc, motos, bacs, Botry (embarcation à voile en bois parfois non motorisée), automobiles.

Photo n°5 : Site de dépôt du carburant dans le port de l’Antsahampano

Source : cliché de l’auteur, septembre 2018

CHAPITRE II : DEMARCHE ET METHODE Pour la réalisation de ce projet de recherche, on a adopté la démarche déductive qui consiste à faire une analyse exhaustive du domaine de la pêche traditionnelle pour bien justifier l’énoncé du titre. L’adoption de cette démarche dans notre projet fait appel à une armature de trois étapes bien déterminées :

Première étape : Documentation et Analyse bibliographique

Deuxième étape : Collecte d’informations

Troisième étape : Synthèse générale et Rédaction

24

II.1. La documentation et analyse bibliographique :

II.1.1. La documentation : Cette étape est marquée par une phase préliminaire de ce travail de recherche. On a consulté beaucoup de documents, s’est renseigné auprès des organismes et des personnes comme mes condisciples, des enseignants... Ainsi, on a discuté avec des techniciens des pêches ou bien on a eu une petite interview afin d’obtenir le maximum d’informations qui nous serait utile par la suite pour mieux développer notre sujet. Par ailleurs, l’analyse du code de la pêche à Madagascar et la Politique bleue du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche nous ont permis de formuler de nombreuses questions et dégager la problématique de ce dossier de recherche.

On a fait aussi une recherche bibliographique qui a été effectuée auprès des différentes bibliothèques et des centres de documentation comme la bibliothèque de la mention géographie, le CITE Ambatonankanga, la bibliothèque de la sociologie, le centre de documentation de l’IRD Ambatoroka, l’INSTAT, la direction de la statistique du ministère des Ressources halieutiques et de la Pêche (MRHP). Elle se caractérise par la consultation des ouvrages : généraux et spécifiques, la consultation cartographique pour bien cerner le thème et la zone d’étude.

II.1.2. Synthèse bibliographique: On a consulté trois ouvrages généraux et quatre ouvrages spécifiques pour la zone d’étude et developper le thème à traiter. On a retenu les idées suivantes :

Premièrement, l’ouvrage écrit par JAMET et Y LAGOUIN intitulé « Manuel des pêches maritimes tropicales » a mis en relief la présentation en général de la pêche dans le monde. On peut tirer trois idées générales dans ce livre : l’océanographie appliquée de la pêche, les techniques des pêches et les engins de pêche utilisés selon les types de pêche existants dans le monde. Les auteurs ont mis en exergue le taux de production mondiale du secteur pêche surtout dans la zone tropicale. JAMET et LAGOUIN nous ont aidés à cerner l’étude de ce secteur d’activité.

Deuxièmement, « la pêche et l’aquaculture à Madagascar »écrit par Zbigniew KASPRZYK, et al, 2000, 94pages. Cet ouvrage montre le plan directeur de la gestion des ressources halieutiques dans les années 2000, c’est une orientation de la politique de ce secteur pendant quatre ans qui a pour objectifs principaux :

25

- L’autosuffisance alimentaire - L’équilibre de la balance commerciale - l’augmentation du niveau de vie de la population - la création d’emploi

L’auteur a mis en évidence le programme à court terme, à moyen terme et à long terme du ministère à cette époque pour atteindre ces objectifs durant quatre années successives.

Ainsi, on a consulté aussi un livre écrit par LAGOUIN en 1961 « la pêche maritime à Madagascar » qui évoque les différents problèmes liés à la pêche Malgache surtout sur la faiblesse au niveau professionnel des acteurs prenants, sur les infrastructures et sur l’enclavement des certaines régions productrices des ressources halieutiques.

Pour la présentation du District d’Ambanja, on a consulté la Monographie de la région DIANA, monographie d’Ambanja en 2000. En outre, il y a aussi un autre mémoire à exploiter qui montre la pêche traditionnelle dans la région Nord de Madagascar : « pêche traditionnelle et développement de la communauté locale dans le district d’Antsohihy », mémoire M1 présenté par RANDRIANANTOANDRO Tsarahary : ce travail de recherche a mentionné la gestion responsable des ressources halieutiques dans une localité en vue d’assurer la pérennité des petites pêches.

II.2. La collecte d’informations :

II.2.1.Travaux de pré-terrain : Les travaux de pré-terrain suivent immédiatement l’analyse bibliographique pour bien cerner la zone d’étude et pour minimiser la difficulté pendant le travail ultérieur sur terrain. Donc c’est une phase préliminaire de notre recherche pour avoir une vérification de la réalité sur terrain. L’interview auprès du bureau de la Circonscription de la pêche est une phase primordiale pendant cette période afin d’obtenir toutes les informations liées au secteur pêche dans le District d’Ambanja surtout l’implication de la Politique bleue et la mise en œuvre de la PAP BATAN.

II.2.2. Travaux de terrain : Le travail sur terrain s’est déroulé pendant deux semaines du 22 septembre au 06 0ctobre 2018. C’était un travail assez précipité, car la saison de pluie a commencé tôt dans cette région, ce qui a rendu difficile l’accès à certains villages enclavés. On a choisi cinq sur quinze

26 communes littorales dans le District d’Ambanja : CR Maherivaratra (village d’Ankigny, Ampampamena), CR Antafiambotry (NosyFaly, Ampasimena), CU Ambanja (village d’Antsahampano), CR Ambohimena (village d’Andohaomby, Ambohimena, Doany et Ambalahonko), CR Ankingameloka (Ampasibe). Le choix de ces communes s’explique par lenombre des pêcheurs (masculin et féminin), par l’importance des productions des ressources halieutiques, par le nombre d’engins et par le nombre des pirogues. Enfin, la dominance du secteur pêche dans ces communes est marquée par l’activité pêche laquelle est l’activité principale de la population locale. Ensuite, elles sont parmi les zones concernées par le PAP BATAN (Plan d’Aménagement de la Pêcherie).

II.2.2.1.Questionnaire: Le questionnaire a été adressé aux autorités locales hiérarchisées : Maire, chef fokontany, président du CLB (Communauté Locale de Base) afin d’avoir les données statistiques des activités dans chaque commune et les nombres de la population. Puis, la discussion auprès de ces institutions a orienté aux problèmes rencontrés par des pêcheurs, à la relation entre ces institutions et les pêcheurs et la collaboration avec les partenariats financiers publics ou privés. Cette interview se focalise aussi sur les ristournes ou taxes des produits ou matériels de pêche dans chaque fokontany, mais la plupart des taxes sont sous forme de droit de stationnement des pirogues payé par jour.

En général, la gestion des ressources halieutiques et les ressources forestières comme les mangroves avec leurs différentes espèces animales sont assurées par le CLB. Alors ce dernier a mis en place des règlements intérieurs pour la gestion de ces ressources et le maintien de sécurité dans leur zone. Il connaît les problèmes entre les pêcheurs migrants et les autochtones.

Ensuite, le deuxième questionnaire concernant les groupes cibles (pêcheurs, mareyeurs, collecteurs) a mis en relief la réalité de la diversification de la pêche traditionnelle dans le district d’Ambanja. Pourtant, cette discussion consiste aux matériels de pêche, aux modes d’embarcations, aux productions journalières par pêcheur, aux traitements des produits, au lieu de destination des produits exportés hors district et aux problèmes rencontrés par ces parties prenantes.

Enfin, on a fait un interview auprès des responsables de la circonscription des pêches dans cette zone d’étude pour avoir le maximum des données et les caractéristiques de la petite pêche dans le District d’Ambanja par rapport aux autres districts dans la région Diana. En plus, on a insisté sur les enjeux de la mise en œuvre du plan d’aménagement de la pêcherie dans cette

27 région, sur le transfert de gestion des ressources halieutiques aux communautés des pêcheurs, sur l’efficacité de l’application de la politique bleue au niveau de ces communautés de base.

Le formulaire des questionnaires et l’enquête auprès de ces différents acteurs sont présentés dans l’Annexe n° 1. Cela a été réalisé sous forme d’approches multi scalaires pour mettre en exergue la démarche déductive que nous avons adoptée.

II.2.2.2Taux d’échantillonnage : On doit atteindre le taux d’échantillonnage de 10% par rapport au nombre total de la population ou de ménage. Alors, durant notre enquête sur terrain, on a enquêté 239 individus (pêcheurs) qui se répartissent dans ces cinq communes.

Tableau n°4 : Echantillonnages des pêcheurs enquêtés :

COMMUNES VILLAGES DES NOMBRES NOMBRES NOMBRES PECHEURS DE LA DES DES POPULATION PECHEURS INDIVIDUS ENQUETES CU Ambanja Antsahampano 1183 126 40 CR Ankingameloka Ampasibe 408 89 27 CR Maherivaratra Andilamboay 207 15 6 Ampampamena 504 87 31 CR Antafiambotry Antafiambotry 431 78 52 Ampasimena 354 59 15 CR Ambohimena Andohaomby 190 36 18 Ambohimena 437 22 10 Doany 184 18 6 Ambalahonko 123 15 4 TOTAL 10 4021 545 209 Source de données : enquête cadre 2012, conception de l’auteur

TE= NIE*100/NP

NIE : Nombres des individus enquêtés

NP : Nombres des pêcheurs

TE : Taux d’Échantillonnage

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 TE par rapport au nombre total des pêcheurs dans les communes visitées :

TE= 209 *100/545

TE=38,34%

 TE par rapport au nombre total des pêcheurs dans le District d’Ambanja :

NP = 2848 (source enquête cadre 2012)

TE= 239*100/2848

TE=8,40%

II.3. Les travaux de rédaction :

C’est la phase terminale du travail de recherche, elle consiste à mettre de côté les informations nécessaires, à les reclasser selon leur correspondance à chaque titre et sous-titre. Cette étape consiste à la réorganisation des informations déjà traitées, à la conception du plan, au regroupement des croquis, des photos, des documents de synthèse, des données statistiques. On a évoqué tout ce qu’on a retenu dans les deux phases précédentes.

29

Figure 5: Résumé de la démarche méthodologique :

DOCUMENTATION ET ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE Recherche bibliographique : ouvrages synthèse des ouvrages spécifiques et physiques, ouvrages ouvrages généraux numériques,consultation des cartes

COLLECTES D' INFORMATIONS Travaux du terrain: enquête auprès des Travaux du pré-terrain : phase préliminaire groupes cibles et les autorités locales de l'enquête sur terrain hiérarchisées.

TRAVAUX DE REDACTION

Traitement de tous les donnés colléctés : Rédaction finale : après la correction finale reclassement des donnés nécessaires

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Conclusion de la première partie :

Nous avons passé en revue les caractéristiques physiques, humaines et socio- économiques des lieux pour avoir le contexte général environnemental du site. On a vu que le District d’Ambanja présente une gamme de richesses naturelles avec un climat semi-tempéré par rapport aux autres zones nordiques de notre île. Alors la plupart des activités humaines dans ce District dépendent de cette condition naturelle comme la culture des rentes (le cacao, poivre, café, anacarde ou « mahabibo »), la riziculture, l’élevage…Les ressources halieutiques, les ressources minières et forestières tiennent une grande place dans le secteur primaire de la population Sambiranaise. Ces ressources sont des atouts pour le développement économique de la région Diana, mais non seulement pour le District d’Ambanja. À part les activités primaires, Ambanja possède quelques industries de transformation des cultures d’exportation qui offrent des emplois à la population active et créent une retombée économique pour cette région.

Une synthèse bibliographique pour appuyer le cadre de notre méthodologie et justifier notre démarche conceptuelle est également donnée. La démarche déductive a été adoptée pour l’élaboration de ce travail de recherche. Cette démarche permet d’y aller aux généralités aux particuliers des faits à traiter : la phase de documentation a été une phase préliminaire de ce travail de recherche. Ainsi, les travaux sur terrain consistent à la justification des synthèses bibliographiques, des hypothèses proposées et à la réponse de la problématique de ce thème de recherche. La technique d’échantillonnage et les questionnaires sont les outils incontournables à la réalisation des collectes de donnés au niveau des groupes cibles sur terrain.

31

PARTIE II : CONCEPT DU SECTEUR PECHE ET LEUR PLACE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA :

CHAPITRE III : CONCEPT DU SECTEUR PECHE A MADAGASCAR :

III.1. Présentation générale de la pêche maritime traditionnelle à Madagascar :

Madagascar, la quatrième grande île du monde, située à environ 400 km de la côte africaine est séparée par le canal de Mozambique. Elle possède une nature exceptionnelle15. Les récifs coralliens, l’immensité des plages de sable et la présence des petits îlots sont des atouts importants pour le secteur pêche, une activité qui fait vivre de nombreux Malgaches surtout dans les côtes.

III.1.1. Concept et définition : La petite pêche est une activité praticable dans les zones côtières qui existent depuis des générations. Ainsi, les petits pêcheurs utilisent des engins simples et les pirogues motorisées inférieures à 15cv ou non motorisées comme la pirogue monoxyle à balancier propulsée à la voile, à la pagaie sur une zone restreinte. Pour cela, la pêche traditionnelle est caractérisée par une dépendance presque totale aux conditions atmosphériques et aux états de la mer. Par exemple, sur la côte Ouest, le régime des vents alternants quotidiennement (le vent souffle de la terre vers la mer dans la matinée et s’inverse au début de l’après-midi) et leur force modérée favorisent la navigation à voile des pirogues pour aller aux zones de pêche et en revenir16.

Le secteur traditionnel se situe au niveau d’autosubsistance, et la pêche n’est plus souvent qu’une activité complémentaire de l’agriculture et/ou en élevage sauf pour la population Vezo. Cela veut dire que la petite pêche Malgache englobe la commercialisation et la pêche de subsistance. Les pêcheries commerciales à petite échelle sont celles axées sur les exportations et/ou l’approvisionnement des marchés intérieurs.

15 http://www.ecologie.gov.mg 16 CNRO, (Mars 1996) Développement international des jardins, « La pêche traditionnelle maritime à Madagascar » projet PATMAD, 46pages. 32

En réalité, la région Diana fait partie de la grande zone de la pêcherie à Madagascar grâce à son environnement marin extraordinaire et la tradition liée à ce secteur. Puis le district d’Ambanja a beaucoup de zones riches en ressources halieutiques, car c’est une ville littorale qui a 15 communes littorales et une vaste zone de mangroves où il y les crabes.

III.1.1.1. Comment se caractérisent les pêcheurs traditionnels ? Les pêcheurs traditionnels sont les personnes qui accomplissent la véritable opération de capture ou de culture d’une ressource aquatique :

On distingue différents types de pêcheurs

 Selon leur Statut-Ménage : Père, mère, fils…  Selon leur stabilité : sédentaires ou migrants  Selon leur possession ou nom d’embarcations :

-pêcheurs propriétaires,

-pêcheurs assistants,

-pêcheurs à pied

 selon la périodicité ou la fréquence de l’activité : - pêcheurs à plein temps : constitués par la population sédentaire vivant le long du littoral et pratique la pêche de manière permanente (suivant le climat) - pêcheurs occasionnels : constitués par la population vivant en retrait de la côte et qui s’adonnent principalement aux activités agricoles et qui descendent vers les côtes pour pratiquer la pêche selon les circonstances.

Les pêcheurs dans notre zone concertée représentent le plus grand nombre des petits pêcheurs par rapport aux autres districts dans la région Diana. La statistique du ministère des Ressources halieutiques et de la Pêche (MRHP) en 2015 et la carte des pêcheurs dans la lettre de la politique bleue confirment bien cette situation.

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Tableau n° 5: Situation des pêcheurs et pirogues dans la région Diana

DISTRICT EFFECTIFS DE LA NOMBRE DE NOMBRE DE POPULATION PECHEURS PIROGUES Antsiranana II 8524 1687 1111

Antsiranana I 891 117 73 Ambilobe 17886 2200 1348 Nosy be 6059 728 527 Ambanja 23715 2848 1882 TOTAL 57075 7580 4941 Source : Enquête cadre 2012, MRHP

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Croquis n°5 : Répartition spatiale (par district) des petits pêcheurs à Madagascar.

Source : Enquête Cadre nationale, 2012 tirés dans « la lettre annexe de la politique bleue en 2012 »

35

Ces deux illustrations de nombre des pêcheurs montrent que la majorité des pêcheurs traditionnels dans cette région se trouve dans le district d’Ambanja. Par contre, à partir de cette statistique, on constate que l’activité « petite pêche » ne représente que 12% de la population active. C’est un pourcentage assez faible par rapport aux autres activités existantes dans cette zone.

III.1.1.2. Mode d’embarcation et engin de pêche :  Engin de pêche utilisé :

Les engins de pêches sont les instruments permettant d’emprisonner les animaux pour les extraire de l’eau.

Les engins de pêche utilisés le long de la côte malgache sont les suivants17 :

- Palangrotte : C’est le mode de pêche la plus utilisée et la plus importante pour la pêche traditionnelle. On l’utilise partout, pour la pêche de fond, sur substrat de roche ou de récif corallien. - Ligne dérivante : C’est une variante de la palangrotte où l’on n’utilise pas le lest. Elle capture des « carangidae, des Carcharinidae, des Istiophoridae, des Scombridae et des Sphyraenidae. » - Filet maillant de fond : Il est utilisé sur des fonds « propres », à proximité des récifs, des roches, etc. - Filet maillant dérivant : « jarifa » - Senne de plage : Elle est tirée depuis la côte, sur des fonds sableux. - Pêche à la traîne : Ellen’ est pratiquée qu’occasionnellement dans la majorité des cas en allant ou en revenant de la zone de pêche.

- Nasses (à poissons) : Elles sont utilisées sur la côte Nord-Ouest (Nosy-Be) et sur la côte Est (île Ste Marie).

17 Classification de la FAO, 2015 36

- Nasses (à langoustes) Elles sont déposées sur des fonds rocheux et coralliens. - Valakira : Elles capturent les crevettes, les poissons et les crabes. - Épervier : Ils sont utilisés pour la pêche à pied, en eaux peu profondes ou très proches du bord de la mer. - Moustiquaire : Elles sont utilisées dans les eaux peu profondes des embouchures, estuaires. - Balances à crabe : Elles sont utilisées pour capturer les crabes en se servant des appâts. - Barrage à poissons - Foëne : Elle est utilisée pour pêcher à pied à marées basses, ou le plus souvent pour assurer les grands poissons capturés à la ligne ou au filet maillant. - Capture à la main : Elle se pratique beaucoup à marée basse .Il s’agit de collecter à main tous types de mollusques, holothuries, algues, et aussi les crabes. - Pêche avec torche : - Pêche sous-marine :

 Mode d’embarcation 18:

L’embarcation utilisée pour la pêche traditionnelle est la pirogue, à balancier ou monoxyle (sans balancier).

La pirogue à balancier est utilisée exclusivement tout au long de la côte Ouest et Nord- Ouest. Elle sert à la pêche, mais quelquefois au transport des marchandises légères, des produits agricoles, au transport des passagers, et au transport des captures de la pêche traditionnelle aux points de vente. Elle est fabriquée à partir d’un tronc d’arbre que l’on évide. Sur les pirogues à balancier, on ajoute des planches de bois des deux côtés pour surélever les parois.

18 Rapport annuelle du MRHP, 2014-2016 37

Le système de propulsion utilisé est la pagaie avec :

- la voile carrée (type cingalais) qui permet de naviguer avec le vent en poupe ou légèrement de côté (avec une grande dérive) - la voile latine ou arabe, qui améliore la variation et la précision de leur navigation.

III.1.2. Concept de l’économie bleue et politique bleue :

III.1.2.1. L’économie bleue : C’est un modèle économique qui prétend aux besoins de base en valorisant ce qui est disponible localement en s’inspire du vivant. « Bleue » renvoie ici à la couleur du ciel et des océans pour s’opposer à l’économie verte.

Elle a pour but de :

- remplacer un processus chimique par un processus physique. Ce dernier est plus efficace et moins polluant pour éliminer aussi les produits toxiques. - Rendre chaque écosystème autosuffisant et revenir au plein emploi. Ainsi, elle vise à une qualité totale nommée les « cinq zéros » : zéro défaut, zéro panne, zéro gaspillage, zéro accident et zéro stock. Il y a d’autres exigences à part ces cinq buts qualitatifs comme zéro pollution et zéro conflit en répondant aux besoins fondamentaux de tout le monde19.

L’économie bleue offre une occasion pour impliquer la création d’emplois de qualité grâce à une diversification de l’économie et à des stratégies explorant les nouvelles frontières du développement. On ajoute aussi que le monde bleu est un paramètre de l’économie appartenant au patrimoine géographique, social et culturel d’une région, d’un pays et même au monde. Pourtant, avant la mise en place de l’économie bleue, plusieurs entités sont concernées comme le développement durable, l’influence géopolitique et la réflexion environnementale. En effet, cette économie transforme la structure d’un pays pour avoir la croissance économique durable et le développement social20.

A Madagascar, l’économie bleue a été un processus vers la mise en œuvre d’une stratégie nationale. Alors, on a marqué la coordination entre toutes les parties prenantes, la mobilisation

19 https://fr.wikipedia.org/economie_bleue 20 Lettre de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique 38 des ressources financières nécessaires, la communication ainsi que les orientations stratégiques en vue de la mise en œuvre d’une stratégie nationale de l’économie bleue. L’État a souligné l’alignement du projet de développement de l’économie bleue au document stratégique comme la PND (Politique Nationale de Développement) et les objectifs de Développement Durable (ODD)21. À part les secteurs traditionnels comme le tourisme, la pêche, l’aquaculture et le transport maritime qui sont tous considérés comme porteurs de l’économie bleue, d’autres secteurs innovants comme la biotechnologie marine et l’exploitation des énergies renouvelables marines devraient être développés à Madagascar. En effet, cette stratégie consiste à la lutte contre la pauvreté de la population Malgache tout en préservant l’écosystème marin et côtier.

III.1.2.2.La politique bleue : On ne peut pas confondre à l’économie bleue, car la politique bleue est l’une des stratégies pour mettre en œuvre l’économie bleue dans le secteur pêche. C’est une cadre d’orientation du développement du secteur pêche à Madagascar. Leur principe touche sur les ressources, la gouvernance et le mode d’intervention pour gérer durablement les ressources halieutiques c’est-à-dire harmonisation de l’exploitation avec préservation des ressources pour répondre aux besoins de la population.

Il y a trois entités à préserver et gérer dans ces principes pour éviter l’excès et l’insuffisance : l’espace, l’homme et les ressources naturelles surtout les ressources halieutiques. Cet outil de développement de la pêche a mis en primordial la place des petites pêches, car c’est l’un des piliers de la création des richesses nationales. Alors, la professionnalisation des petits pêcheurs est incontournable dans ces principes pour assurer la gestion durable des ressources halieutiques.

Il y a des objectifs à atteindre qui justifient ces principes, car la pêche en général génère un avenir économique pour notre pays22 :

Garantir la gestion durable des exploitations et la préservation des ressources halieutiques. Accroître la productivité et la contribution économique du secteur Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des pêcheurs et des aquaculteurs, et renforcer leurs résiliences aux aléas et catastrophes.

21 Midi Madagascar publié le 07 Mai 2018 22 Lettre de la politique bleue, 2015 39

Satisfaire les besoins du marché national en poisson et pour l’autosuffisance alimentaire, et accroitre significativement l’exportation. Promouvoir une gouvernance transparente et responsable.

CHAPITRE IV : LA PECHE TRADITIONNELLE MARINE, UNE ACTIVITE PREPONDERANTE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA :

IV.1. Mode d’exploitation :

Le mode d’exploitation de la pêche traditionnelle marine se distingue : tout d’abord par le mode d’embarcation (pirogues motorisées ou non motorisées), puis par les engins de pêche.

IV.1.1. Mode d’embarcation : Par définition, la pêche traditionnelle est caractérisée par l’utilisation des pirogues non motorisées (monoxyle et balancier) ou motorisées inférieures à 15CV. Les embarcations sont utilisées pour s’éloigner de la côte, le long de cette zone. En général les pirogues balancières sont essentiellement utilisées dans le District d’Ambanja. Elles sont construites selon les techniques traditionnelles, tronc d’arbre évidé muni de bordé en planche23.

On a vu dans la partie précédente que le système de propulsion se présente par l’utilisation de la pagaie avec voile (arabe ou carrée) qui permet de naviguer avec le vent en poupe ou légèrement de côté (avec une grande dérive). Puis, dans la baie de Tsimipaiky, Ampasindava, un petit nombre de pirogues utilisent la voile latine ou arabe pour préciser leur navigation et pour améliorer la variabilité.

Outre, une pirogue à voile peut atteindre, par vent favorable, une vitesse importante, qui a été estimée à 6-7 nœuds. Leur taille varie selon leur destination finale, qu’elle soit pour le transport des marchandises, soit pour la pêche. Pour ce dernier, la taille des pirogues se limite entre 7 à 10m de longueur alors le tonnage des produits dans chaque pirogue varie entre 300kg à une tonne de poissons.

Les pêcheurs locaux fabriquent les pirogues à l’aide d’un bois léger « Bonara » : un type d’arbre qui a un tronc d’arbre large et une hauteur considérée. Donc, ils n’importent pas des pirogues hors de leur site, car les matières premières sont là. D’après l’enquête auprès des

23 Rey J.C, (1982), « La pêche maritime à Madagascar », projet régional pour le développement et l’aménagement des pêches dans le sud occidental, édition FAO et SWIOP, 119p. 40 pêcheurs et les responsables de la circonscription de pêche, 75% des pirogues ont un marquage délivré par le Ministère tutelle (MRHP). Cela veut dire que le contrôle des matériels des pêches comme la pirogue à pêche est presque assuré afin d’éviter la pêche illicite.

Tableau n°6: nombre de pirogues pour la pêche par rapport à l’ensemble des pirogues dans les quinze communes littorales :

COMMUNE LITTORALE PIROGUE A TOUT USAGE PIROGUE PECHE POURCENTAGE Ambanja 68 51 75 Ambohimena 155 155 100 Antsatsaka 18 18 100 Antranokarany 73 72 98,63 Djangoa 54 54 100 Antsakoamanondro 91 80 87 Ambalahonko 108 108 100 Ankingameloka 130 130 100 Antafiambotry 467 421 90 Maherivaratra 217 191 90,14 Ambaliha 39 39 100 Bemanevika ouest 157 119 75,79 Anorontsangana 397 378 95,21 Ankatafa 83 66 79,51 Total 2057 1882 91,50 Source : Enquête cadre 2012, conception personnelle

D’après ce tableau, en moyenne les pirogues pour la pêche occupent 91,50 % de la totalité des pirogues dans le District d’Ambanja. Cela montre le dynamisme de l’activité pêche dans ce site. Par exemple dans la commune Ankingameloka, le nombre de pirogues est au total 130. Or ces pirogues embarquent pour la pêche.

Le nom local des pirogues se spécifie par la forme de la pirogue, surtout la tête de ce matériel. Ce sont :

- Draho : - Jilo - Jiraoro

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Photo n°6 : Photos des pirogues dans quelques villages de pêcheurs

Pirogue en construction pirogue immatriculée

Draho Jilo avec une tête un peu longue

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2018

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IV.1.2. Techniques et engins de pêche utilisés : Les engins de pêche utilisés dépendent des espèces cibles, alors plusieurs engins peuvent rencontrer dans notre zone d’étude. Généralement, on distingue deux types de pêche : pêche à a ligne et pêche à pied. Les engins utilisés dépendent du type de pêche. Dans le District d’Ambanja, on y trouve :

IV.1.2.1. La pêche au poisson : - Des sennes tournantes appelées kaokobe : fréquemment utilisées par tous les villages de pêcheurs. Ces sennes ont une maille entre 10 à 20 c’est-à-dire inférieur à la norme qui est de 20 à 30 mailles. - Des filets maillants entre 15 à 25, ce sont :  periky, on en a rencontré dans la baie d’Ambaro et quelques villages dans le Baie de Tsimipaiky comme à Antsahampano.  Filet verre à soi, utilisé fréquemment dans la baie de Tsimipaiky.  Harato fandrika qui a une maille supérieure à 25 mm. - Il y a quelques villages qui utilisent les nasses ou « vovo ». - Des pêches à la ligne appelées « vintana » - Des moustiquaires qui ont une maille inférieure à 10 mm :  pour la pêche au poisson on les appelle « horoba ». Ce sont des engins destructifs de l’écosystème marin. Ils diminuent les ressources halieutiques surtout les poissons juvéniles.  Pour les crevettes et les chévaquines ou « Acetes curythracus » appelés « sihitra »

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Photo n° 7: Quelques engins de pêche au poisson

Vintana (fintana) Senne tournante appelée Kaokobe

Source : Cliché d’auteur,septembre 2017

IV.1.2.2.La pêche au crabe : La technique de ce type de pêche varie selon les zones de pêches. La balance et le casier appâtés par un morceau des poissons, sont immergés dans les chenaux de mangroves et en estuaire. Le crochet, par contre, est utilisé pour la pêche au trou qui s’effectue à pied dans les zones exondées.

Alors, on y emploie :

- Des crochets en bois et en fer - Palangrotte des crabes (lignes) ou « vinta » - Des balances ou « garigary » - des torches (pêche nocturne à la lampe)

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Photo n°8 : Engins de pêche au crabe appelé « garigary » ou balance et crochet en bois

« Garigary » crochet en bois

Source : cliché de l’auteur, septembre 2017

IV.1. 2. 3. La pêche aux holothuries : C’est une forme de pêche à pied qui constitue la pratique de pêche traditionnelle. Donc, on rencontre deux techniques de capture avec quelques engins, ce sont :

- ramassage en apnée ou « mijibika »en utilisant le tubât, les palmes, etc. - Pêche à pied ou « mihaka » : la plupart des femmes pratiquent cette technique Photo n°9 : Technique de pêche aux holothuries Ramassage à la main ramassage en apnée

Source : www.blueventures.com

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Les engins de pêche recensés dans le District d’Ambanja étaient dominés par la pêche à la ligne qui varie entre 30% à 45% des engins utilisés24. L’application de la politique bleue s’explique donc par la réglementation des engins utilisés comme le contrôle de la longueur des filets, des profondeurs. D’après l’enquête sur terrain, on a rencontré des engins qui ont une longueur de filet jusqu’à 600m de longueur avec 30 m de profondeur. Cela marque l’apparition des engins destructifs et non règlementés.

IV.1.3.Les ressources capturées : La capture des espèces cibles se différencie selon les engins utilisés, alors ils se répartissent comme suit :

IV.1.3.1.Poissons : Le type de poissons capturés dépend de la maille, de la longueur, de la profondeur des engins et surtout de la zone de pêche. En général, les poissons capturés dans la zone tropicale se distinguent en deux types selon l’habitat de ces espèces, ce sont :

- les poissons pélagiques où les poissons marins viva au-dessous de -200 mètres de profondeur.

- les poissons démersaux : ce sont des poissons qui vivent au fond de la mer.25

Ainsi, la qualité des poissons s’explique par la période de pêche, la marée haute et basse, le climat. Pour le District d’Ambanja, la période de pêche se définit par la loi de l’ouverture de la saison de pêche depuis le 1er avril jusqu’au 31 octobre. À part la saison de pêche, il y a aussi le temps de pêche pour chaque village des pêcheurs : la capture diurne et la capture nocturne. La plupart des pêcheurs dans les villages des pêcheurs travaillent la nuit afin d’avoir les gros poissons et en bonne qualité surtout pendant la fermeture de la saison de pêche. Ils partent à la mer à minuit et reviennent à 8h du matin. Ensuite, pour la capture en journée : les pêcheurs travaillent à partir de 5h du matin et ils reviennent à la fin de l’après-midi entre 13 à 16h.

En plus, la situation géographique de la mer varie selon le climat, le vent, la marée haute et basse. Le District d’Ambanja se situe au bord du canal de Mozambique à l’Ouest de Madagascar, en général la mousson qui souffle de l’Ouest à l’Est domine le climat dans cette

24 Enquête cadre 2012 25 LAGOUIN Y., Manuel de pêche tropical, Tome I, 349 p. 46 région, mais il y a une partie de ce site qui est touchée par un vent violent appelé « Varatraza 26». Cela détermine la qualité et la quantité des poissons capturés.

En outre, une marée a une durée environ 6h qu’elle soit montante ou descendante. Durant ces 6 heures de marées, la mer va monter ou descendre d’une certaine hauteur d’eau, qui varie en fonction du coefficient, c’est le marnage. Pourtant, la marée haute commence à la fin de l’après-midi jusqu’au début de la matinée. Alors, la quantité des poissons pendant cette période est beaucoup plus élevée par rapport à la marée basse.

Enfin, d’après l’enquête dans les villages de pêcheurs, on a fait une moyenne de capture :

-haute saison : mois d’avril jusqu’au juin : une pirogue a une capture moyenne de 50 à 250kg par jour. Cela veut dire qu’un petit pêcheur peut avoir 15 à 50kg par jour, car une pirogue possède deux à quatre pêcheurs, mais il y a aussi un pêcheur sur une pirogue.

- basse saison : vers mois d’août : la capture moyenne varie entre 10 à 45kg par jour. Mais, il se peut qu’un pêcheur n’a aucun produit.

La liste des espèces de poissons capturés dans les villages de pêcheurs d’Ambanja sont :

- les Rastelliger Kanagurta (Mahaloky) : ce sont les espèces de poissons les plus dominantes dans les baies d’Ambanja surtout au Nord de la baie de Tsimipaiky (Nosy Faly : capital de Mahaloky) - les carangidae - les Sardinella - les Lutjanidae - les Serranidae…

26 « Varatraza » : c’est un type d’Alizé, vent un peu fort qui souffle permanent dans la région Diana. 47

Photo n°10 : Famille de Sardinella (Malanisaja) et Rastelliger Kanagurta (Mahaloky)

Sardinella melanura (Malanisaja) Rastelliger Kanagurta (Mahaloky)

Source : cliché de l’auteur, septembre 2018 source : MRHP, 2018

IV.1.3.2.Crustacés : Les crustacés sont l’ensemble des crevettes, des langoustes, des crabes… La capture de ces espèces dépend aussi de l’engin utilisé, zone de pêche et condition physique du biotope naturel. Notre zone d’étude se trouve sur le large de côte Nord-Ouest Malgache et les villages de pêcheurs se situent au cœur des vastes mangroves. Alors, la capture et le rendement de ces espèces sont très forts par rapport aux autres sites dans cette région. La famille des crustacés dans la vallée de Sambirano (Ambanja) est classée comme suit :

a- Penaeus ou Crevettes pénéidés, « Makamba » :

Ces espèces dominent dans la Baie d’Ambaro Sud qui se situe dans la commune Maherivaratra au Nord du District d’Ambanja. Alors la population des pêcheurs dans les autres baies ne la fait pas comme activité principale. Les moustiquaires et les filets maillant moins de 25 mm sont les engins employés pour la capture des crevettes selon la technique traditionnelle.

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Photo n°11 : Photo des produits de crevettes ou Tsitsika:

Source : cliché de l’auteur, septembre 2018

Photo n°12 : Engins rudimentaires des crevettes :

Tulle de moustiquaire ou sihitry filet maillant -25 mm

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2018

b- Scylla serrata ou Crabes de mer, « Drakaka » :

Ce sont les espèces les plus prisées partout dans ce site grâce à l’emplacement géographique d’Ambanja et la présence des millions de tanne de mangroves. Les pêcheurs traditionnels des crabes pratiquent la pêche à trou et à la ligne, le rendement des captures varie selon l’efficacité des engins utilisés, la saison haute des productions et la phase lunaire.

D’après l’observation et l’enquête auprès des pêcheurs aux crabes, les captures sont plus élevées lors des vives eaux c’est-à-dire pendant la phase de pleine lune et de nouvelle lune.

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Ainsi, pendant la période pic de production vers le mois d’avril, la capture moyenne est de 40 à 50 kg par jour de pêche. Elle est de 10 à 15 kg par jour pendant la saison intermédiaire. En gros au modo, la pêche aux crabes est pratiquée le jour. Le départ et l’arrivée des pêcheurs dépendent de la marée. Ils quittent, généralement, le village et y retournent au commencement de la marée haute. La durée de pêche est de 5 à 6h ce qui correspond au demi-cycle de marée (semi-diurne).

La capture dépend aussi des engins utilisés, par exemple dans le village d’Antsahampano, les pêcheurs des crabes utilisent beaucoup plus des balances et les crochets. Ils disent que les crochets peuvent avoir 8 à 15kg par jour tandis qu’aux balances ils ont 3 à 4 crabes à chaque capture d’où 5 à 10kg par jour. Ces deux engins peuvent être appliqués parallèlement, car la zone ciblée est différente, l’un au trou, l’autre dans les chenaux de mangroves. Alors, le rendement des captures dépend de la zone fréquentée des crabes en vue que le crabe de palétuvier passe par différents biotopes, au cours de son cycle de développement. Par exemple, les crabes juvéniles se rencontrent dans la mangrove, ils restent dans ce biotope quand la marée se retire. Les adultes, par contre, migrent dans la zone intertidale à marée haute, et la grande partie se retire avec la marée basse27.

Photo n°13 : Terrier de mangrove (zone fréquentée par le crabe adulte)

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2017

27 Rapport final de l’évaluation de stock de crabe de mangrove scylla serrata exploite par la pêche traditionnelle de Madagascar par le ministère de l’élevage. 50

IV.1.3.3.Les autres espèces capturées :

 Les holothuries ou concombres de mers :

La capture de ces espèces se pratique au ramassage à main à la marée basse ou aux plongées dans les eaux profondes proches du récif. Le ramassage à main est un travail pour les enfants et pour les femmes, le cas dans le village d’Ambiky illustre bien cette situation, car la majorité des femmes capturent les holothuries. En général, Ambanja a un habitat (récif corallien) favorable pour ces espèces. Alors ces espèces occupent 6 à 10 % des productions annuelles de cette zone d’étude. On distingue deux espèces les plus prisées ; ce sont : holothurie du sable et holothurie à mamelle.

Exemple :

- Holothuria nobilis – Microthele nobilis ou Benono - Holothuria scabra ou Zaga Fotsy - Holothuria atra ou Stylo noir - Bohadschia marmorata ou Bemangovitra -

Photo n°14: quelques espèces d’holothurie capturées dans les villages de pêcheurs d’Ambanja

Holothuria nobilis /benono Holothuria scabra/zanga fotsy

Source : MRHP, 2017

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 Les chévaquines :

Les pêcheurs ne les font pas comme une activité principale. La capture de ces espèces dépend des engins de pêche utilisés à savoir les tulles de moustiquaires. C’est une espèce de petite taille et fine alors les engins fins et maillant -10 mm peuvent les capturer.

IV.2. Zones de pêche :

La zone de pêche dans les villages enquêtés ne dépasse pas les 10km vers la côte, cela aussi a été limité par la possibilité d’avancée de pirogue. En outre, cette zone varie selon la saison climatique (pluvieuse ou sèche), l’état de la marée. On distingue trois types de zone de pêche dans ce site :

IV.2.1.Les baies : La zone de pêche étudiée inclue quatre baies : baie de Tsimipaiky, baie d’Ambaro Sud, baie de Rafaralahy et baie d’Ampasindava. La population des pêcheurs dans cette région se répartit dans ces baies. Pourtant, les pêcheurs dans les villages à l’intérieur rejoignent les villages littoraux à proximité. Le cas d’Andilamboay et d’Ambaliha dans la commune Maherivaratra illustre bien cette situation. La plupart de leurs populations locales ont pratiqué la pêche maritime traditionnelle comme activité principale même si ces deux villages se situent à l’intérieur de la commune. Donc, les pêcheurs dans ces deux communes rejoignent le village des pêcheurs d’Ankigny ou d’Ampampamena.

En plus, on y rencontre des ressources halieutiques abondantes par rapport aux autres zones, car c’est une zone qui ne connaît pas des phénomènes naturels dévastateurs comme le vent violent « Varatraza » sauf dans la partie de la Baie d’Ambaro Sud.

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FIGURE N° 6: les quatre baies du district d’ambanja :

Source : Image Google Earth Pro 2018

IV.2.2. La mangrove : Ce site se situe au cœur d’une immense couverture du palétuvier ou de la mangrove qui occupe 250 km de la côte du District d’ Ambanja, soit 2/3 de cette côte. Alors, la quasi-totalité des villages des pêcheurs est bordée de centaines d’hectares de mangroves et de mangrove proprement dite. C’est un lieu le plus fréquenté de la majorité des crustacés surtout les crabes, car elle est considérée comme zone de nurserie pour ces espèces. C’est pourquoi, les pêcheurs aux crabes travaillent dans cette zone pour avoir le bon rendement de leur capture et surtout les crabes à grande taille. Généralement, ces pêcheurs captent des crabes adultes dans les chenaux de mangroves. Le biotope est fréquenté par d’autres ressources halieutiques comme les petits poissons. On y rencontre aussi différentes espèces d’oiseaux.

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IV.2.3.Le large : Les pêcheurs qui utilisent des pirogues motorisées moins de15 CV et les pirogues à voiles peuvent s’aventurer sur le large. Ainsi, ils choisissent cette zone pendant les saisons mortes où les productions des ressources captivantes sont faibles dans les autres zones. La diminution des ressources halieutiques est l’un des facteurs majeurs de ce déplacement très loin de certains pêcheurs. Aussi, ils veulent avoir aussi de gros poissons de fonds et de bonnes qualités. Bref, la minorité des pêcheurs dans cette région vont pêcher sur le large comme quelques pêcheurs du village d’Andohaomby durant la période de fermeture de pêche aux poissons vers le mois de décembre.

IV.3. Production et commercialisation :

IV.3.1. La production : La production de la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja se présente par des différents types de pêcherie : poissons, crabes, trépangs, chévaquines… Ainsi, la mesure de production de ces types de pêcherie se distingue aussi non seulement à la quantité, mais aussi par la qualité de l’espèce capturée. Cela est possible dans ce site grâce à la diversité d’habitats naturels des ressources halieutiques. Le tableau ci-dessous met en exergue la distinction par production de ces ressources dans ce site à confronter.

Figure n°7 : Répartition de la production de la petite pêche dans le District d’Ambanja

Crevette Répartition de la production Holonthurie 1% 6% de la petite pêche (pêche traditionnelle) Varilava 1% Chevaquine 4%

Poisson 46% Crabe 42%

Poisson Crabe Chevaquine Varilava Crevette Holonthurie

Source : CirRHP Ambanja, 2015

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La répartition de production dans ce site est marquée par l’abondance de la production des crabes et de poissons.

En plus, la saisonnalité de la production de ces pêcheries n’est pas identique ; elle sera déterminée par la base de types d’information, à savoir :

 La collecte mensuelle d’un produit  Leur vente mensuelle  La haute saison et la basse saison de chaque type de pêcherie

Les pêcheurs enquêtés ont déterminé comme haute saison de la pêche aux crabes, la période entre janvier et mai. Cette période correspond aussi à la haute saison pour les captures des crevettes et des poissons et coïncide avec la culture du riz (janvier à mars). Cette saisonnalité de la production s’explique aussi par le changement climatique, car des fois, le site connaît une chute de production à cause des grands vents comme le Varatraza ou lors du passage d’un cyclone.

En outre, la spécificité de la zone de pêche et l’emplacement géographique de chaque village des pêcheurs déterminent le taux de production des différents types de pêcherie. Cela veut dire que chaque zone de pêche et village des pêcheurs ont respectivement leur propre concentration de produits halieutiques comme le village des pêcheurs à NosyFaly, connaît la plus grande concentration de poissons.

Photo n°15 : Exemple de la production de poisson par une pirogue

Cliché de l’auteur, septembre 2018

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Cette photo montre l’abondance de la production de poissons d’une pirogue dans le village de NosyFaly, CR Antafiambotry. Elle montre en outre la collaboration entre différents statuts de personnes (pêcheurs, tireurs et pousseurs de pirogues sur la plage, mareyeurs…) sur la pratique de cette activité.

Tableau n°7: Production pour l’année 2016 et 2017, unité en tonnes

PRODUITS 2016 2017 Calmars 0,13 0,68 Poissons 1280,95 2324,81 Crabes 235,19 398,906 Chevaquines 81,26 108,82 Varilava 25,4 66,43 Crevettes 127,9 225,08 Trépangs 63 261,04 Vessies 0,12 0,01 Requins - 0,14 TOTAL 3829,95 5402,916 Source : MRHP, 2017

Ce tableau nous montre l’évolution de la production des différents produits dans le District d’Ambanja. La production des poissons tient la première place suivie de la production des crabes. On a remarqué aussi que le District d’Ambanja ne présente pas beaucoup de crevettes par rapport au District d’Ambilobe qui connaît une place importante à la production de cet « or rose ». Cette augmentation atteint jusqu’à 20% de la production totale des produits pour l’année 2017. On a estimé que l’augmentation du visa de conformité délivré par la circonscription de pêche dans ce District entraîne cette augmentation, car cette statistique est formulée à partir de ce visa délivré au collecteur et au mareyeur. Pour l’année 2016, certains produits n’ont pas d’information pendant quelques mois à cause de cette circonstance. Après la signature du contrat avec le partenaire financier « SWIOFish II », les personnels de la circonscription ont les moyens pour faire des collectes de données surtout pour la production par pêcheur, par village et par Commune dans la région toute entière. Ce partenariat est dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’Aménagement de la pêcherie et aussi pour l’implication de la politique bleue dans la région Diana.

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Figure n°8: Taux de production de la pêche traditionnelle en 2016 et en 2017

2500 2000 1500 1000 500 0

Production 2016 Production 2017

Source : MRHP 2018, confection de l’auteur

Le graphique n°8 est un diagramme qui représente le taux de production des produits en 2017(Barre bleue) et en 2016 (Barre verte). Ce taux de production est confectionné à partir du donné de la projection du service statistique du ministère de la Pêche et ressources halieutiques. C’est pour montrer graphiquement l’évolution considérable de la production annuelle entre deux années successives. Cette évolution est très remarquable pour la pêche au poisson.

Tableau n°8 : Comparaison de productions du District d’Ambanja par rapport à la production totale de la région Diana pour l’année 2015

PRODUITS REGION DISTRICT D'AMBANJA DIANA En Kg En % - Crevettes 618,59 - 0 - Crabes 857,84 344,8 40,20 - 54,94 - 0 Langoustes - Poissons 2845,49 692,25 24,32 - Trépangs 522,89 369,47 70,66 - Ailerons de 1,75 - requins - Calmars 39,83 -

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- 958,89 113,29 11,82 Chevaquines - Poulpes 539,98 - - Thons 0,04 - - Varilava 92,55 27,5 29,72 - Vessies 110,06 0,38 0,34 TOTAL 6642,85 1547,69 24 MOYENNE 553,6 258 46,6 Source : MRHP, 2017 et confection de l’auteur

Ce tableau a mis en relief la comparaison de production entre la région Diana sur la pêche traditionnelle et le District d’Ambanja. C’est une échelle différente mais on tire quelques remarques à partir de ces chiffres :

- La production de la pêche traditionnelle à Ambanja a été 24% de la production totale de la région Diana. - La moyenne de production par mois de ce District a été 46,6% de la production moyenne de la région.

On constate qu’il y a certaines espèces capturées dans cette région qui n’existent pas dans le District d’Ambanja (poulpes, thons) ou on n’a pas d’information pour ces espèces comme les crevettes, les calmars et les ailerons de requins. La moitié de la production des trépangs dans la région Diana est assurée par le District d’Ambanja.

IV.3.2.Traitement des produits : C’est un système de conservation des produits avant d’être commercialisés lorsqu’ils ne sont pas vendus directement après la capture (produits frais). Suivant l’état de produits, il faut avoir 3 à 4 kilos de produits frais. Les procédés de traitement utilisés sont :

IV.3.2.1.Le séchage : La quasi-totalité des villages des pêcheurs pratiquent cette méthode pour conserver leurs produits car les pêcheurs n’ont pas d’autres moyens comme l’utilisation des appareils frigorifiques. D’après l’enquête, le prix de produits asséchés est trois fois plus élevé que celui des produits frais mais le poids de produits diminue. Ce procédé est surtout utilisé pour les crevettes naines ou chévaquines, les poissons pélagiques et aussi les poissons démerseaux. On étale les produits sur une natte ou sur des claies d’arbres. Ce traitement ne dure pas plus de trois

58 jours pour avoir de produits plus secs et après ils sont placés dans un panier pour expédier dans le chef-lieu du district ou hors district. Et aussi il y a des collecteurs qui collectent seulement des produits secs.

IV.3.2.2.Le fumage : C’est une méthode pratiquée dans quelques villages des pêcheurs comme dans le village d’Ampasibe (CR Ankingameloka), Ampampamena (CR Maherivaratra). Le fumage est en quelque sorte les grillades de gros poissons ou de poissons à moyen taille éviscérés ou non mais bien nettoyés. Ils sont placés sur un grillage au-dessus d’un brasier. La durée de conservation est courte, de quatre à cinq semaines en climat sec, mais ce délai est d’autant plus court lorsque l’humidité ambiante augmente. Alors la destination de ces produits se concentre dans le marché d’Ambanja et quelques Districts proches comme Antsohihy, Nosy-Be.

Photo n° 16: Grillage pour faire le fumage

Cliché de l’auteur, septembre 2018

IV.3.2.3.La cuisson : Ce traitement est surtout appliqué aux holothuries. Il s’agit de tremper les produits dans de l’eau bouillante et de les faire sécher ensuite au soleil. Après le traitement, ils sont destinés directement au marché international en particulier en Chine.

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IV.3.2.4. L’utilisation des machines frigorifiques : C’est une méthode de conservation de tous les produits halieutiques sauf les holothuries. Lorsque les produits sont bien congelés, les produits sont acheminés dans le chef-lieu de District, des districts périphériques et même vers quelques régions lointaines comme à Antananarivo, Vakinakaratra, SAVA … Cette méthode est pratiquée par les grands collecteurs et quelques villages de pêcheurs qui ont obtenu un don de débarcadère comme dans le village d’Ampampamena, CR Maherivaratra. Il y a aussi des collecteurs surtout les Chinois, qui ont des pirogues motorisées ou non motorisées avec un appareil frigorifique qui collectent directement à la mer. La photo n° 17 illustre bien cette situation.

Photo n°17 : Une pirogue balancière avec un appareil frigorifique

Source : cliché de l’auteur, septembre 2017

IV.3.3. Commercialisation et écoulement des produits : La destination des produits de la pêche maritime traditionnelle consiste à la consommation intérieure Malgache qui alimente deux secteurs :

 Secteur de subsistance ou autoconsommation  Secteur commercial

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IV.3.3.1. Autoconsommation : Ce niveau correspond à une situation de subsistance où la production est consommée par le pêcheur lui-même 28:

Fréquemment la production d’un pêcheur tend à subvenir aux besoins alimentaires du pêcheur lui-même et de sa famille. Une fois satisfait de ces besoins, le pêcheur destine le reste à la vente dans le circuit commercial surtout au marché local. Ce secteur est une pratique banale pour les pêcheurs traditionnels car la pêche traditionnelle fait partie du secteur primaire qui assure la sécurité alimentaire au niveau local.

PRODUCTEUR = CONSOMMATEUR

IV.3.3.2. Secteur commercial : En général, le débouché des produits de pêches traditionnelles domine dans le marché intérieur à cause de l’insuffisance des moyens et du problème des voies de communications. Le secteur commercial des produits dans le District d’Ambanja se divise en deux parties :

- Marché local - Expédition hors District Marché local :

Les produits commercialisés se présentent sous formes de produits transformés (produits séchés, congelés, fumés) ou sous forme de produits frais. Les parties prenantes dans ce circuit sont les mareyeurs à l’intérieur de chaque commune ou d’autres, les femmes des pêcheurs et les petits collecteurs. Ces acteurs collectent les produits auprès des villages des pêcheurs et les vendent dans les autres communes littorales ou intérieures et surtout au marché d’Ambanja. Les mareyeurs transportent les produits par bicyclette et les vendent un peu partout dans la ville d’Ambanja ou dans toute la commune. Le prix des produits varie selon les acteurs c’est-à-dire les mareyeurs obtiennent beaucoup plus de bénéfice par rapport aux producteurs. Chaque commune a un jour de marché par semaine ; pour le District d’Ambanja c’est le jeudi (une fois par semaine), c’est pourquoi la commune urbaine d’Ambanja est le centre de commercialisation de tous les produits venant des communes littorales. Alors, à part des produits transportés par

28 Rey J.C, (1982), « La pêche maritime à Madagascar », projet régional pour le développement et l’aménagement des pêches dans le sud occidental, édition FAO et SWIOP, 119p. 61 les mareyeurs, les produits sont commercialisés sur les deux places de marché de la commune urbaine d’Ambanja : Bazar Tsaramandroso et Bazar Be.

Figure n°9: Schéma du circuit commercial destiné au marché local (à l’intérieur du District)

pêcheur

mareyeur

marché local et aux communes intérieures

Consommateur

Source : Confection de l’auteur

Expédition hors District :

Ce secteur est assuré par les grands collecteurs qui ont des permis de collecte. Ces acteurs collectent les produits soit directement au village de pêcheur soit indirectement : par l’intermédiaire des mareyeurs. En général, ils viennent de l’extérieur de ces villages des pêcheurs et ils se répartissent partout dans les communes littorales. Un permis de collecte est délivré pour un seul produit, par exemple un permis de collecte de poissons est destiné seulement aux produits de poissons, il ne permet pas de collecter d’autres produits. D’après l’enquête auprès de service de la pêche à Ambanja, on a compté environ 29 collecteurs qui ont de permis légal et à jour.

La destination des produits se répartit dans les districts voisins (Nosy-Be, Antsohihy) et dans quelques régions de Madagascar comme Analamanga, Vakinakaratra, SAVA, Boeny, Sofia… Les produits commercialisés vers les autres régions sont tous transformés à cause des longs trajets. Pour les trépangs, la commercialisation du trépang est surtout destinée à l’exportation vers le marché Asiatique : la société d’exportation envoie les produits soit à Antananarivo soit à Nosy-Be pour les expédier directement par avion en Chine.

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Tableau n°9: Production halieutique acheminée vers les régions pour le mois de février 2015, unité en kg :

REGION DE QUANTITE POURCENTAGE DESTINATION EN KG en % - Analamanga 48650 83,34 -Vakinakaratra 1600 2,74 - Diana 3995 6,84 - Sava 0 0 - Sofia+ Boeny 490 0,84 - Toliara 3640 6,23 TOTAL 58375 100 Source : CirRHP Ambanja, 2017

Antananarivo est la première zone de destination des produits de pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja. Les districts voisins dans la région Diana tiennent la deuxième place de l’expédition hors district de ces produits d’après l’information dans ce tableau n°9 et la carte ci-dessous qui nous montre les quatre principales régions de destination des produits halieutiques dans les zones productrices. Enfin, la région Atsimo-Andrefana tient une place importante d’une région de destination des produits halieutiques vers Ambanja surtout les holothuries car cette région connaît une pénurie de ces espèces.

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Croquis n°6 : Flux mensuels de destination de produits vers les autres régions de Madagascar :

Source : rapport 2015 CirRHP Ambanja, réalisation et conception de l’auteur, Novembre 2018

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CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE :

On considère comme pêche traditionnelle celle qui est réalisée par des pêcheurs, solitaires ou associés par deux, ou occasionnellement par petits groupes, utilisant des modes de pêche traditionnelles, à pied ou à bord de pirogues non motorisées, au rayon d’action limité. Le secteur traditionnel se situe souvent au niveau d’autosubsistance et concerne aussi les secteurs complémentaires tels que d'agriculture et élevage; or le 1/3 des villages littoraux dans ce site pratique la pêche comme activité principale. Alors la production est considérable à Ambanja, elle valorise la pêche traditionnelle en générale dans la région Diana. Tout cela s’explique par la maîtrise du milieu, la connaissance des comportements des ressources cibles, des conditions climatiques et de l’état de la mer.

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PARTIE III : RESULTATS DU DYNAMISME DE LA PECHE TRADITIONNELLE DANS CETTE REGION :

CHAPITRE V : LES ENJEUX DE LA STRATEGIE DE LA POLITIQUE BLEUE:

V.1. Cadre législatif et règlementaire existant sur la gestion durable de la pêche :

V.1.1. Les conventions internationales en rapport avec l’activité de pêche: Madagascar a ratifié plusieurs conventions internationales, pour illustrer son engagement dans la promotion sociale, la protection de l’environnement et surtout la gestion durable des ressources naturelles renouvelables ou non renouvelables. On prend comme exemple :

- La convention de Montego-Bay : convention des Nations-Unies sur le droit de la mer ; - La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) ; - La convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto - La convention pour la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l’Afrique de l’Est. - La convention africaine pour la conservation de la faune et des ressources naturelles (convention d’Alger)

En général, concernant les lois sur l’environnement marin et la gestion durable de ces ressources en se réfère à ces différentes conventions Internationales et à la constitution.

V.1.2. Le cadre règlementaire du secteur pêche à l’échelle nationale : La loi n°2015-053 portant le code de la pêche et de l’aquaculture est un nouveau code de la pêche qui n’a pas encore des textes d’application. Elle a remplacé l’Ordonnance n°93-022 du 4mai 1993 portant la règlementation de la pêche et de l’aquaculture. Ce nouveau code indique des motifs qui soutiennent à la fois la protection de l’environnement marin et côtier, la

66 gestion durable des ressources halieutiques qui garantit l’environnement de leur biotope et la promotion du bien-être social provenant des ressources halieutiques importantes :

« Les communautés locales doivent être associées au processus de la bonne gouvernance du secteur pour devenir un acteur à part entière en tant que citoyen devant jouir ses droits d’accès aux ressources halieutiques et en tirer les avantages.

Par ailleurs, le secteur pêche et aquaculture doit servir de levier de développement et contribuer ainsi à la croissance économique malagasy. Il doit participer également à la réduction de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

La présente loi fixe que les ressources halieutiques font partie du patrimoine national et que le renforcement de l’autorité de l’Etat doit être instauré à travers les dispositions ci-après :

- l’exercice de la pêche commerciale dans les eaux sous juridiction malagasy réservé aux navires immatriculés à Madagascar et aux personnes de droit malagasy ;

- l’importance accordée à la petite pêche ;

- les conditions auxquelles doivent répondre les navires de pêche battant pavillon d’un Etat étranger désirant exercer la pêche dans les eaux sous juridiction malagasy ;

- les modalités de délivrance de licence et l’autorisation de pêche (pour ces navires étrangers) ;

- l’établissement des plans d’aménagement de la pêcherie et de l’aquaculture par le Ministère chargé de la Pêche et de l’aquaculture avec l’implication des communautés des pêcheurs et des parties prenantes ;

- la reconnaissance de la gouvernance communautaire dans la gestion des ressources halieutiques et de l’écosystème aquatique ;

- les mesures de protection de la biodiversité marine et l’application des conventions internationales et régionales relatives à la protection de l’environnement marin ;

- la sécurité sanitaire des produits de la pêche et de l’aquaculture ;

- le renforcement des sanctions ;

- la mise en place de la commission de la transaction.

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Les visions citées ci-dessus s’alignent sur la Lettre de Politique Bleue, au Programme Sectoriel Agriculture-Elevage-Pêche (PSAEP/CAADP), à la Stratégie nationale du développement durable de l’aquaculture, et à la stratégie nationale de bonne gouvernance de la pêche maritime, ainsi qu’aux conventions et principes internationaux reconnus par Madagascar, notamment la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (UNCLOS), le Code de conduite pour la Pêcherie Responsable de la FAO, le cadre de politique et stratégie de réforme de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, et les résolutions de la Commission des Thons de l’Océan Indien (CTOI).29

Autres textes promulgués sur ce secteur pêche :

A part ce nouveau code de la pêche, il y a des textes promulgués antérieurement concernant les divers aspects du secteur dans divers domaines comme :

Zone maritime :

• Code Maritime EXTRAITS (Loi n°99028 de la 03/02/2000 portante refonte du code maritime).

• Ordonnance n°85-013 du 16 septembre 1985 fixant les limites des zones maritimes (Mer territoriale, Plateau Continental et Zone Économique Exclusive) de la République Démocratique de Madagascar.

• Décret n°63-131 du 27 février 1963 fixant la limite de la mer territoriale de la République Malagasy.

Gestion des pêcheries :

• Décret n°94-112 du 18 février 1994 portant organisation générale des activités de pêche maritime.

• Arrêté n°1613/2002 du 31 juillet 2002 portant adoption d’un système de suivi satellitaire à bord de tout navire opérant dans le secteur de la Pêche.

• Arrêté n°1708/09 du 06 février 2009 fixant les modalités de conversion des unités d’engin de pêche artisanale en unités d’engin de pêche industrielle.

29 La loi n°2015-053 portant code de la pêche et de l’aquaculture 68

• Arrêté Interministériel n°3835/2010 du 17 mars 2010 portant définition de l’activité multi pêche et de ses conditions d’exercice.

• Décret n°61-091 du 16 février 1961 réglementant les conditions d’octroi des permis scientifiques de pêche dans les eaux du domaine public ou privé d’État.

• Arrêté n°7779/96 du 30 octobre 1996 fixant les conditions d’octroi d’une autorisation de pêche dans les eaux maritimes malagasy.

• Arrêté n°49898/09 du 26 novembre 2009 portant le marquage des pirogues et les embarcations utilisées pour une activité de pêche.

Identification des petits pêcheurs (carte de pêcheur) et immatriculations des pirogues :

L’article 22 du code de la pêche 2015- 053 parle de ces deux mesures pour la gestion durable de la pêcherie et surtout le contrôle des pêcheurs et de leurs embarcations qui circulent dans les zones de pêche du littoral malgache. Cet arrêté n°49898/09 du 26 novembre 2009 insiste donc sur le marquage des pirogues et les embarcations utilisés pour une activité de pêche. Ce sont des mesures inscrites dans la Lettre de la Politique bleue car l’identification des pêcheurs est un moyen pour atteindre l’objectif de la professionnalisation de tous les acteurs de la pêche dont surtout la traditionnelle. Le ministère de tutelle représenté par la Circonscription de la pêche assure la distribution des cartes de pêcheurs et le marquage des pirogues. Cette loi a mis en exergue que tous les pêcheurs traditionnels en permanence doivent :

- être en possession d’une carte pêcheur ;

- avoir une embarcation immatriculée ;

- avoir des engins de pêche marqués donc règlementaires.

Dans les zones concernées par le transfert de gestion, le Dina et les membres de la communauté de base appuient les contrôles des pêcheurs clandestins et des pirogues non immatriculées pénétrant dans leur zone de pêche. Les pêcheurs titulaires de cartes doivent intégrer une association ou coopérative car c’est un processus pour jouir du régime d’accès à la pratique de la pêche traditionnelle.

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V.1.3. La modalité du Transfert de Gestion des Ressources Naturelles (TGRN) Renouvelables au niveau de la communauté de base :

Le processus de la mise en place de cette modalité doit se référer au Décret n°2000-027 du Janvier 2000 relatif aux communautés de base chargées de la gestion locale des Ressources Naturelles renouvelables (loi GELOSE) et à l’arrêté ministériel n°29211/2017 fixant les modalités de transfert de gestion des ressources halieutiques et écosystème aquatiques. Le transfert de gestion à la communauté des pêcheurs consiste à une délégation de pouvoir du Ministère tutelle de la gestion des ressources halieutiques et écosystème aquatiques aux membres des communautés des pêcheurs formés en groupement. Ensuite, la délimitation de la zone de gestion qui est une zone clairement définie car le transfert de gestion des ressources halieutiques ne peut se faire qu’au niveau des zones disposant d’un Plan d’aménagement de la pêcherie (PAP)30. Notre zone d’étude à confronter est incluse dans la zone délimitée par le transfert de gestion alors relatifs au plan d’aménagement de la pêcherie appelé PAP BATAN.

Au vu de la subsidiarité des communautés par rapport aux ressources, la politique Bleue favorise la mise en place d’une gouvernance communautaire locale participative, à travers un processus réglementé de transfert de gestion, encadré par des plans de gestion concertés31. Cela veut dire que la politique bleue reconnaît la gestion communautaire locale pour la gestion de ressources halieutiques. Ainsi, les modes de gestion des ressources aquatiques par les groupements des pêcheurs sont fixés par des règlementations communautaires notamment le « Dina 32».

 Les objectifs de cette modalité sont : - La gestion durable des ressources naturelles renouvelables qui doit être socialement équitable et viable. - Facilité de la commercialisation des produits, la stabilité des prix, le respect de la norme et la qualité des produits en général. - Préservation des milieux aquatiques : les pêcheurs sont obligés de structurer et de restaurer les forêts mangroves lorsqu’ils acceptent le contrat du TGRN.

30 Arrêté ministériel n°29211/2017 fixant les modalités de transfert de gestion des ressources halieutiques et écosystème aquatiques 31 Lettre de la politique bleue, 2015 32 Droit coutumier 70

 La réalité du transfert de gestion au niveau de la zone d’étude :

La présence des structures locales de gestion communautaire (CLB, Association, Coopérative) illustre bien que l’Ambanja est délimité dans la zone de transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables surtout sur la gestion des zones de pêche. D’après l’article 5 de l’arrêté n°14191/2017/MRHP portant la mise en œuvre du Plan d'Aménagement des Pêcheries pour les Baies d'Ambaro, de Tsimipaika, d'Ampasindava et l'archipel de Nosy Be (PAP BATAN), les pêcheurs doivent créent une structure :

- Un groupement au niveau de chaque fokontany. - Une union des groupements au niveau de la commune. - Une Fédération au niveau de chaque Zone - Une plateforme au niveau de BATAN (FUP BATAN ou Fédération des Unions des Pêcheurs dans la Baie d’Ambaro, Tsimipaiky, Ampasindava et archipel de Nosy-Be)

C’est pourquoi, à l’échelle de notre zone d’étude, les trois premières structures doivent être créées pour la mise en place d’une mode de gestion des pêches à petite échelle compatible à l’aménagement de pêche. En réalité, 2/3 des fokontany dans les communes littorales d’Ambanja ont chacun leur groupement de pêcheurs. Aussi des CLB (VOI, Vondron’olona Ifotony) ont été créés par CRADES par financement ONE/SAGE en 1999/2001, qui, ont été mis en place dans le cadre de la mise en œuvre de la PNAE (Politique Nationale de l’Environnement). Ces COBA (Communauté de Base) tiennent le pouvoir de gérer les ressources naturelles de leur terroir. En voici quelques exemples des CLB dans des villages de pêcheurs du district d’Ambanja :

 CLB FIZAMITI Antsahampano,  CLB MIRAY HINA Ambiky, Ambalahonko, Ambolokapiky  CLB TSARALAZA Ankingabe  CLB AMPIJOROA Andilamboay

La mission de ces CLB est d’assurer les activités d’organisations, les activités de contrôles et de suivi ; enfin, les activités techniques comme le reboisement, reconstitution de nouvelle technique de pêche.

71

Ainsi, l’union des pêcheurs d’Antsahampano, au niveau de la commune urbaine d’Ambanja, se présente sous une forme de coopérative dénommée SAMBIRAVO. Après, une fédération au niveau de chaque zone a été mise en place dans le District d’Ambanja, une fédération des pêcheurs « MIARAMIENTAGNA » pour maintenir la gestion durable, en prenant compte les mesures suivantes :

- Introduction du système de suivi communautaire sur l’exploitation des ressources en initiant les pêcheurs à remplir régulièrement la fiche de capture et de vente des productions. - Les pêcheurs sont contraints de respecter les normes, l’hygiène et la qualité des produits. - Les pêcheurs sont obligés de structurer et de restaurer les forêts de mangroves.

V.2. Mise en œuvre du Plan d’Aménagement de la Pêcherie (PAP) par rapport à la politique bleue :

V.2.1.La recommandation de la politique bleue sur la promotion de l’aménagement de la pêcherie : La lettre de la politique bleue énonce les principes qui devraient sous-tendre l’action à long terme, et fournit les principales orientations jusqu’en 2025. Elle a pour ambition d’assurer une cohérence entre les approches, les stratégies et les modalités de gestion et de promotion du secteur. Sur la question de gestion durable des exploitations halieutiques, la politique bleue a visé cette durabilité par la limitation des exploitations abusives et illicites des types de pêcherie phares en donnant plus de valeurs ajoutées. Puis, elle vise d’assurer la participation de l’ensemble des acteurs pour la préservation du capital. Pourtant, elle sera déclinée en sept options stratégiques comme l’élaboration des plans d’aménagements concertés avec une approche écosystémique et la mise en œuvre des activités prévues par ce plan. Ces plans étaient établis prioritairement sur les zones sensibles, sur la base d’un calendrier défini par le plan de développement des filières prioritaires du secteur. Ainsi, ils doivent décliner les pêcheries importantes sous forme opérationnelle et ils doivent inclure les programmes de développement du secteur33.

33 Lettre de la politique bleue, 2015 72

Donc, la mise en œuvre du plan d’Aménagement de la Pêcherie dans la zone BATAN ou baie d’Ambaro, Tsimipaiky, Ampasindava et archipel de Nosy-Be (cf. carte n°7) est une stratégie pour l’application de la politique bleue qui s’oriente à la préservation des ressources halieutiques et la promotion de l’aménagement concerté

Croquis n°7: Zone concernée par le PAP BATAN

Source : WCS, avril 2017

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Cette carte publiée par WCS (ONG mandatée par le MRHP sur l’élaboration de ce plan) a montré les zones concernées par ce plan qui se situe dans la région de Diana. En particulier, le District d’Ambanja est le cœur de la zone BATAN, les trois baies sur le pourtour de ce District étant classées comme zones sensibles à préserver dans ce PAP BATAN. Plan d’aménagement : Baie d’Ampasindava, Baie de Tsimipaiky et une partie de la Baie d’Ambaro Sud (dans la Commune Maherivaratra). Dont trois baies ont chacune leurs spécificités : Tsimipaika est marquée par la pêche aux poissons démersaux, en particulier le mahaloky (Rastrelliger sp) ainsi que d’autres petits pélagiques appartenant à la famille de Caesionidae ; la baie d’Ampasindava riche en récif corallien que de mangroves, quant à elle, se caractérise par la capture des gros pélagiques (Carangues, Baracuda) ; la baie d’Ambaro Sud riche en mangroves abritent les crabes de mangrove (Scylla serrata) et plusieurs espèces de crevettes (Penaeus sp) et de nombreuses espèces marines. Aussi, Ambanja a une AMP « AKIVONJY » dans la commune de Bemanevika Ouest.

V.2.2. Objectifs du PAP BATAN: Un plan d’aménagement de la pêcherie permet de renforcer le cadre réglementaire général existant. Il permet également d’adresser la question régalienne à l’accès aux ressources pour tous les segments de pêche concernés par la pêcherie faisant l’objet du plan d’aménagement. Cela veut dire que la démarche de la mise en œuvre d’un plan d’aménagement est une réforme du système de gouvernance actuel des pêches maritimes34. Les objectifs du PAP BATAN sont référés aux objectifs d’aménagement, souvent appelés aussi les grands objectifs de la pêcherie. Ce sont :

- Maintenir la qualité des services offerts par les écosystèmes producteurs des ressources halieutiques en préservant les habitats sensibles qui assurent le renouvellement des ressources halieutiques comme les zones de mangroves. - Assurer l’instauration d’une exploitation durable des ressources halieutiques permettant l’amélioration des conditions de vie des acteurs clés (pêcheurs) et de la population côtière. - Assurer une distribution plus équitable des richesses générées par les pêcheries en améliorant la part des populations locales à travers l’intérêt économique communal, régional et national pour promouvoir des organisations communautaires plus sociables, respectueuses et mieux organisées.

34 Stratégie nationale de bonne gouvernance des pêches Maritimes à Madagascar, publié par le MRHP, juin 2012 74

- Souligner la stratégie de bonne gouvernance des pêches malagasy qui cherche surtout à garantir la durabilité des ressources halieutiques – à contribuer à la préservation de l’environnement marin et côtier – et augmenter la disponibilité et améliorer la qualité des produits halieutiques en accord avec les besoins alimentaires de la population malagasy.

- Le maintien de l’équilibre des écosystèmes et la gestion durable des ressources sont des impératifs. Ainsi, la mise en place des modes de gestion traditionnelles compatibles avec l’aménagement des pêches est concertée par tous les acteurs et entités locaux et régionaux.

V.2.3. L’efficacité de la mise en œuvre du PAP BATAN sur le secteur pêche dans la zone d’Étude : La durée de validité du plan a été fixée à 5 ans (2017 à 2022) après son adoption comprenant les phases suivantes35 :

 Phase de démarrage : c’est l’année1 dont une partie est dédiée à la préparation de la mise en œuvre : mobilisation du financement, vulgarisation du plan. Les activités jugées prioritaires où ayant un caractère de continuité avec les initiatives déjà en place au niveau de la zone ciblée par le PAP seront également lancées durant cette phase. ;  Phase croisière : c’est à partir de l’année 2 portant sur l’application effective des mesures non-initiées durant la phase de démarrage.

L’évaluation de l’efficacité du PAP sera menée lors de l’année 4 de sa période de validité. Or, le District d’Ambanja n’adopte ce plan que l’année dernière (2017). Cette zone d’étude se situe dans la phase croisière: phase d’application des mesures non initiées durant la phase de démarrage. Après, l’enquête auprès de CirRHP a permis de dire que la descente sur les villages des pêcheurs était initiée en mars 2018 pour avoir toutes les informations sur le secteur pêche grâce au financement du projet appelé « deuxième Projet de Gouvernance des Pêches et de Croissance Partagée dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien (SWIOFISH II). »

35 ARRETE N°14191 portant mise en œuvre du Plan d'Aménagement des P6cheries pour les Baies d'Ambaro, de Tsimipaika, d'Ampasindava et l'archipel de Nosy Be (PAP BATAN) 75

CHAPITRE VI : LES RESULTATS DE L’APPLICATION DE LA POLITIQUE BLEUE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA :

VI.1. Les problèmes liés aux activités de pêche traditionnelle dans le district d’Ambanja :

VI.1.1.Problèmes socio-économiques :

VI.1.1.1. Enclavement des villages des pêcheurs à haute potentialité : Le district d’Ambanja est traversé par la route nationale n°6, c’est-à-dire les communes intérieures sont plus bénéfiques par la présence de cette infrastructure routière qui favorise un dynamisme de relation spatiale. Or, les 2/3 des villages des pêcheurs sont plus ou moins enclavés à cause de l’inexistence des routes praticables toute l’année, les villages des pêcheurs dans cette région étant dispersés. Tout cela explique la faiblesse de taux de production et la mauvaise répartition des produits, car le disfonctionnement des flux de ressources exploités est inévitable à cause de l’inaccessibilité des villages à haute potentialité en ressources halieutiques. En plus, il y a certains villages inaccessibles lorsque le marais haut arrive comme dans le village d’Ampasibe (CR Ankingameloka) surtout en saison de pluie. Puis, les pêcheurs restent vains face à cette situation et même les institutions locales n’ont pas de moyens pour résoudre ce problème. En plus, plusieurs villages des pêcheurs, enclavés en permanence se situent dans la presqu’île d’Ampasindava « Antanibeandrefa », longeant les côtes des deux CR littorales de Bemanevika-Ouest et d’Anorotsagana, qui illustrent bien cette situation. La chaîne de valeurs des produits issus de ces deux communes se présente sur les cas suivant :

1- Produits autoconsommés ou seulement vendus sur le marché du village ; 2- obligation de traiter les produits en salage-séchage et/ou fumage ou conditionnés en glace alimentaire approvisionné dès la ville d’Ambanja, de Maromandia ou de Befotaka,..) ; 3 - passage des mareyeurs/collecteurs équipés par des moyens matériels : embarcation motorisée avec glacière à bord, etc,… profitant l’éloignement et la cherté de leurs déplacement, les produits sont achetés à bas prix.

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Le croquis de la localisation des villages des pêcheurs a mis en évidence les communes littorales enclavées dans la zone d’étude : Bemaneviky Ouest, il n’y a pas des voies de communication reliant aux autres communes. Les infrastructures routières se concentrent dans la commune urbaine d’Ambanja et l’Axe de la RN6. Alors, les pistes, les routes inter-communales, le fleuve de Sambirano et le canal de Mozambique sont les voies de dessertes des communes plus ou moins enclavées pour écouler leurs produits.

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Croquis n°8 : Localisation des villages des pêcheurs et leurs villages enclavés

Nosy Faly

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VI.1.1.2. Faible revenu des pêcheurs : En général, l’instabilité du prix des produits de la pêche frais ou non entraîne le faible revenu des pêcheurs. Cela est favorisé par la présence des acteurs intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs. Ils imposent souvent le prix selon la saison des produits (haute saison et basse saison).On a calculé les estimations de bénéfices des producteurs coopérant avec les mareyeurs et celles des autres qui vendent leurs produits directement au consommateur, pour illustrer cette situation :

- Prix des poissons au marché : 4000ar/kg - Prix en gros des poissons collectés par les intermédiaires : 2500ar/kg - Manque à gagner des pêcheurs : 4000ar-2500ar = 1500ar/kg

Tableau n°10 : Estimation des revenus de pêcheurs avec et sans intermédiaires :

Production journalière Prix total sans Prix total avec Revenu mensuel Revenu mensuel intermédiaire intermédiaire sans avec intermédiaire intermédiaire 5KG 20000 Ar 12 500 Ar 600 000 Ar 375 000 Ar

10KG 40 000 Ar 25 000Ar 1 200 000 Ar 750 000 Ar

Source : Analyse personnelle

VI.1.1.3.Manque d’alternative et de sécurité sociale pour les pêcheurs : - Insuffisance de formation professionnelle pour la pratique de l’aquaculture, holothuriculture, conservation des produits… - Manque d’accès aux sécurités sociales. - Précarité de l’emploi au niveau des sociétés dans le District d’Ambanja et la région Diana : SIRAMA, COROA. Cela entraine l’augmentation des pêcheurs informels (Pêcheurs non détenteurs des cartes de pêcheur). - Insécurité sociale générée par le conflit d’intérêt entre les pêcheurs résidants et les passagers surtout pendant la saison de Mahaloky dans la baie de Tsimipaiky et entre les pêcheurs de concombre de mer dans la baie d’Ampasindava.

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VI.1.2. Problèmes environnementaux :

VI.1.2.1.Surexploitation et diminution des ressources halieutiques : - Baisse de capture constatée à cause du nombre de la population galopante. - Non-respect et méconnaissance de la réglementation en vigueur en matière de pêche : non-respect de la fermeture des pêches (crevettes, mahaloky, holothuries et crabe) … - Persistance de l’utilisation et méthodes de pêche destructifs : mailles non réglementaires des filets, longueur et chute dépassant le norme (hozobe, pêche aux mahaloky nocturne, profondeur 35 à 40 m et ayant une longueur de 300 à 400 m » ; utilisation des engins non sélectifs destructifs (voire prohibés) comme : bouteilles de plongée (ramassant les géniteurs d’holothuries à haute valeurs commerciales) et d’un autre côté pêche à pieds par les femmes et des enfants ramassant les juvéniles « Tx » des espèces (Holothuria scabra) et des autres holothuries de toutes espèces ; senne de plage « kaokobe » petits et gros poissons pélagiques ; moustiquaire (maille : -10 mm) entrainant la destruction des juvéniles de plusieurs espèces de poissons (henjy, kotrokotro,…) ; la pêche nocturne de crabe et l’utilisation des crochets détruisant leur habitat, pêche sans tri, non-respect des taille + de 10 cm, ovées et mous). - Certaines espèces marines menacées de disparition (holothuries, …) - Manque de formation : sur l’utilisation des nouvelles technologies de pêche (garigary, pour la pêche au crabe, traîne pour la pêche au poisson…

VI.1.2.2. Destruction de l’écosystème : - Défrichement par des migrants et même des résidents du bois mangrove pour la fabrication bois de chauffe et de construction. D’après l’entretien auprès des différentes ONG, la superficie de la mangrove détruite dans une dizaine d’années atteint jusqu’à 15.000ha alors que la totalité des couvertures de palétuviers est 40 000 ha36 environ. La photo n°18 illustre la dégradation de la zone de mangrove. - Non-délimitation des zones de nurserie. - Ensablement des habitats critiques en saison de pluie (estuaires, herbiers, récif corallien), cas de la CR de Maherivaratra, village Ampampamena.

36 CRADES Ambanja 80

Photo n° 18: Dégradation de mangrove dans la commune rurale Ambohimena

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2017

VI.1.2.3.Impact du changement climatique : - Le changement climatique est inévitable dans cette zone, cela exacerbe la diminution des produits chaque année. - Les catastrophes naturelles comme le cyclone définissent un impact négatif sur l’activité de pêche traditionnelle.

VI.1.3.Problèmes techniques :

VI.1.3.1. Faible capacité d’implication des structures de contrôle et de surveillance : - Insuffisance de contrôle et de surveillance, absence des moyens financiers, humains et matériels pour la (CIRRHP d’Ambanja). circonscription des ressources halieutiques et de pêche dans le District d’Ambanja. - L’application de Dina est souvent non adaptée au secteur pêche, car les entités et les décisions de groupement des pêcheurs sont masquées par les activités du CLB : empiètement (ambiguïté) de pouvoir entre les groupements locaux.

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VI.1.3.2. Désorganisation des activités de pêches à tous les niveaux : local, communal et régional : Il y a une faible capacité organisationnelle des pêcheurs, formations en gestion des ressources non satisfaisantes. Ainsi, la méfiance entre les membres sur la comptabilité des associations ou communautés de base favorisant la réticence des pêcheurs locaux vis-à-vis de ce groupement est incontournable. Il y a aussi un manque de concertation entre tous les acteurs concernés. L’appui de l’Etat (appui financier, appui matériel) sur la création des groupes de pêcheurs pour motiver les acteurs principaux à intégrer dans une association ou fédération des pêcheurs locaux est insuffisant. C’est un grand obstacle pour la mise en place du transfert de pouvoir de la gestion durable des ressources naturelles.

VI.2. Perspectives du cadre de développement de la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja :

Face à ces différentes difficultés qui freinent l’implication de la politique bleue (gestion durable des ressources halieutiques pour le maintien du bien-être humain ou la population locale dans la zone concertée), on va voir quelques suggestions pour atténuer l’impact négatif des dégradations flagrantes des ressources halieutiques et les problèmes humains liés à la petite pêche.

VI.2.1.Suggestion sur le plan socio-économique :

VI.2.1.1.Promotion effective du transfert de gestion au niveau de la communauté de base: Il y a quelques villages des pêcheurs dans le District d’Ambanja qui n’ont pas de communautés des pêcheurs même si ces zones se situent dans la zone BATAN. Ainsi, le problème de confusion entre le CLB et les communautés des pêcheurs doit être réglé pour promouvoir la gestion durable et responsable des pêches traditionnelles. La stratégie de la bonne gouvernance de la pêche a souligné les mesures pour atteindre les visions de la mise en œuvre du transfert de gestion équitable au développement du secteur pêche en général. Le transfert de gestion de la zone de pêche adopte l’approche spatialisée, décentralisée et participative pour la gestion des pêches traditionnelles, en s’appuyant sur les initiatives en cours. Il passe en matière de définition les règles locales (Dina) pour un meilleur usage des

82 espaces littoraux du point de vue de la gestion des ressources halieutiques et de la préservation de l’intégrité des écosystèmes littoraux.

L’organisation de réunion avec les parties prenantes et les autorités locales pour établir le protocole de convention est une mesure pour régulariser les conflits internes des groupements des pêcheurs à part l’application de « Dina », car la plupart des pêcheurs résidents dans les baies d’Ambanja ont un conflit d’intérêts avec les pêcheurs passagers surtout pendant la saison de Mahaloky.

VI.2.1.2. Création des richesses et développement local au sein de la communauté des pêcheurs : La création des richesses et le développement local sont favorisés par le meilleur fonctionnement des flux des productions c’est –à dire le développement local décolle au désenclavement d’une zone à haute potentialité même une zone intermédiaire (zone à faible potentialité). La lettre de recommandation a mis en relief ce désenclavement des zones de pêche importante à la production des ressources halieutiques : « contribuer aux efforts de désenclavement en terme d’accès et d’énergie, des pôles halieutiques(…) »

La valorisation et la conservation des captures sont incontournables pour maintenir la création des richesses au niveau local. Alors, on doit réaliser une étude de faisabilité de la mise en place des infrastructures plus appropriées à cette valorisation et cette conservation. Cela veut dire qu’on doit développer les infrastructures d'exploitation des ressources halieutiques (production), tout en tenant compte des normes de Changement climatique. La mise en place des débarcadères au niveau des villages des pêcheurs illustre bien cette situation.

Enfin, la sensibilisation des pêcheurs pour vendre leurs propres produits est une solution pour éviter l’instabilité des prix de production et surtout ils peuvent imposer les prix aux consommateurs pour avoir la rentabilité de cette activité. Les revenus vont augmenter et il peut contribuer au développement par l’intermédiaire des ristournes et des taxes qu’il doit payer au niveau des institutions hiérarchisées. Cette sensibilisation est accompagnée de la formation sur la démarche auprès des structures de prévoyance sociale aux produits adaptés aux communautés des pêcheurs (assurance; caisse de prévoyance...)

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VI.2.2.Suggestions sur le plan environnemental :

VI.2.2.1. Préservation et restauration des écosystèmes aquatiques : La promotion de la préservation des écosystèmes aquatiques est une solution primordiale pour remédier à la diminution de la production chaque année. Quelques ONG et les groupements de pêcheurs dans le District d’Ambanja organisent une à trois fois par an une période de restauration des mangroves afin de réduire la dégradation en mille hectares de palétuviers. En général, les migrants sont les premiers responsables de ces délits, aussi les résidents qui ignorent le droit de jouissance sur les ressources sensibles comme ces mangroves. Alors, il faut sensibiliser la population locale sur le texte réglementant l’exploitation des mangroves, or c’est la responsabilité des membres du CLB de conserver les ressources halieutiques renouvelable selon la loi GELOSE promulguée en février 2001.

La matérialisation des AMP (Aire Protégée Marine) est un moyen pour préserver durablement les ressources marines. Pour le District d’Ambanja, il a une AMP d’Ankivonjy qui se situe dans la commune Bemaneviky Ouest mais les moyens matériels sont insuffisants pour contribuer à la préservation effective des habitats sensibles et leurs ressources.

Photo n° 19 : Restauration d’un palétuvier :

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2017

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VI.2.2.2.Mise en place des mesures d’accompagnement face à l’application des textes règlementaires : La sensibilisation et la formation des pêcheurs face à l’ignorance des textes règlementaires concernant toutes les activités autour de la pêche traditionnelle à Madagascar est l’une des mesures d’accompagnement pour les acteurs concernés avant l’application de la loi à savoir la sensibilisation sur les impacts des engins prohibés, l’installation du Central d'achat des matériels et d'engins de pêche qui suivent les normes (maille supérieure à 25mm), la sensibilisation sur les textes interdisant la pêche nocturne aux Mahaloky.

VI.2.3. Suggestions sur le plan technique :

VI.2.3.1.Renforcement des systèmes de suivi et d’information sur la pêche : Les structures de contrôle et de surveillance sont redynamisées par le renforcement du contrôle et de surveillance par le CSP (Centre de Surveillance de Pêche) siégée à l’administration centrale. Puis, l’augmentation des personnels au niveau des circonscriptions de pêche au niveau du District et les communes favorise le système de suivi et de formation sur la pêche. La mise à jour, l'homologation du « Dina » conforme aux textes en vigueur est un moyen pour renforcer le contrôle des zones de pêches traditionnelles transférées au niveau de la communauté des pêcheurs.

VI.2.3.2. Professionnalisation des pêcheurs à travers l’accès aux différents services : La lettre de recommandation du ministère tutelle a pour objet de la professionnalisation des pêcheurs afin de valoriser la petite pêche avec la préservation des ressources marines. Ainsi, c’est une condition essentielle au différent service et fonction de l’aménagement à l’amélioration du dispositif de contrôle et surveillance de l’activité de pêche traditionnelle.

Les actions-clés à prévoir en vue de la professionnalisation devraient inclure37 :

• la généralisation de la carte de pêcheur professionnel

37 Stratégie nationale de bonne gouvernance des pêches Maritimes à Madagascar, publié par le MRHP, juin 2012 85

• la structuration et le développement des organisations professionnels spécifiques par pêcherie et/ou par zones, en veillant à leur légitimité et représentativité ; • la facilitation de l’accès des communautés des pêcheurs traditionnels aux services et aux infrastructures de base (éducation, santé, sécurité …) ; • les actions IEC (Information-Education-Communication) en faveur des opérateurs de la pêche sur l’aménagement des pêches, avec un accent particulier sur les problématiques liées à la question du libre accès, sur le cadre juridique et sur la bonne gouvernance des pêches.

Conclusion de la troisième partie : La dernière partie de notre travail de recherche essaie de citer les cadres règlementaires existants et applicables dans toutes les activités de pêche à Madagascar. La politique bleue est une politique alignée avec la politique nationale du développement (PND) et l’objectif de développement durable (ODD). Alors, les recommandations dans cette lettre doivent être adaptées aux cadres législatifs du secteur pêche. Ensuite, la modalité de transfert de gestion des ressources halieutiques a été en parallèle à la question de durabilité et de la préservation de l’environnement marin. Pour le District d’Ambanja, cette modalité est presque achevée mais elle est masquée par les rôles de la CLB (Communauté Locale de Bases) qui tient le pouvoir de gérer les ressources naturelles notamment les mangroves. Le mode de gestion de ses ressources est fixé par le Dina dûment homologué par le tribunal compétent du lieu de mise en place. On a parlé aussi de la démarche de la mise en œuvre du plan d’Aménagement de la Pêcherie dans la zone BATAN, de ces objectifs et ses impacts sur le développement de la pêche traditionnelle, de la gestion des stocks et les mesures pour atteindre ces objectifs. Les problèmes rencontrés par les pêcheurs traditionnels et les perspectives cadres sont également mentionnés pour montrer les taux d’évaluation de la mise en place du plan d’Aménagement de la pêcherie PAP BATAN et pour voir l’efficacité de la politique bleue dans la zone concertée.

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CONCLUSION GENERALE La pêche traditionnelle est considérée comme celle qui est réalisée par des pêcheurs individuellement ou associés par deux, ou occasionnellement par petits groupes (de 4à 10 personnes). On y utilise des modes de pêche traditionnelle, à pied ou à bord de pirogues non motorisées, avec un rayon d’action limité. C’est une activité liée fondamentalement à la sécurité alimentaire, au développement rural, à la réduction de la pauvreté et à la création d’emploi.

La pratique des pêches traditionnelles joue un rôle primordial dans les pays en voie de développement comme Madagascar. Les revenus créés par ce secteur sont très marquants dans le développement et la croissance économique Malgache. L’abondance des produits halieutiques à exporter augmente la rentrée de la devise et stabilise la balance commerciale nationale. Alors la pêche est l’un des piliers de notre économie après la mine et le tourisme. Cela est un facteur crucial de la mise en œuvre dans la cadre du développement de ce secteur présenté sous forme de lettre de recommandation appelée politique bleue. Elle a pour but de gérer durablement les ressources halieutiques et les exploitations vis-à-vis des besoins de la population et en même temps de la préservation de l’environnement. C’est une vision à long terme pour rassurer le développement durable de ce secteur. On trouve des cartes des zones de pêche dans cette lettre pour connaître les zones cibles à ces principes.

On a vu que le District d’Ambanja est une zone importante à l’application de cette politique, son opportunité sur les ressources halieutiques est très marquante dans ce dossier de recherche. On a évoqué que ce ne sont pas seulement les cultures des rentes comme le cacao qui spécifient cette fameuse vallée du Sambirano, mais la pêche traditionnelle a aussi un bel avenir dans cette zone d’intervention.

L’idée générale sur ce travail de recherche consiste à l’impact de la politique bleue pour la valorisation de la petite pêche. Pour mieux valoriser une activité, on doit savoir ses caractéristiques, ses apports sur l’économie et sur la vie humaine. Pourtant, la petite pêche tient un grand rôle sur le développement local dans les villages des pêcheurs et participe au développement des communes littorales (sous forme des ristournes payés dans les communes ou dans les fokontany) jusqu’au niveau national grâce à l’exportation des crevettes, des trépangs, des crabes, des requins,… La position de ce site à propos de la production des ressources halieutiques est très considérable dans la région de Diana : 25% des productions annuelles de la pêche traditionnelle sont assurées par les quinze communes littorales

87 d’Ambanja. Le taux de production varie selon la saison, les engins utilisés, le mode d’embarcation, les zones de pêche, l’état de la mer et la météorologie dans chaque village.

Le MRHP a mis ce district dans le projet de l’emplacement du plan d’aménagement de pêcherie. Ce projet a pour objectif d’arranger et de gérer la pêcherie, le stock des produits et l’environnement marin. C’est l’un des grands impacts attendus de la politique bleue qui a été déjà placé dans ce District. Le plan d’Aménagement de la pêcherie dans la zone BATAN touche la quasi-totalité de la zone de pêche importante dans le District d’Ambanja comme la baie de Tsimipaiky, baie d’Ampasindava et une partie de la baie d’Ambaro Sud. Les impacts positifs apportés par cette forme d’aménagement de la pêcherie facilitent à l’atteinte aux objectifs de la bonne gouvernance de la pêche et les recommandations de la politique bleue grâce à des différentes mesures d’aménagement dans le PAP BATAN. On a mis en exergue la modalité de transfert de gestion et ses effets dans la gestion durable des ressources halieutiques et les écosystèmes aquatiques pour valoriser la pêche traditionnelle. Cela demande plusieurs concertations entre les acteurs prenants pour éviter les chevauchements de pouvoir et des droits aussi. Ainsi, la mise en place de ce plan d’aménagement doit s’aligner à des différentes lois concernant les activités liées à la pêche maritime, les conventions Internationales et surtout la constitution de la République Malagasy.

Même s’il y a les différentes actions ou mesures à prendre pour améliorer et valoriser la production de la pêche traditionnelle dans cette zone d’étude, plusieurs problèmes liés à la croissance démographique au développement local, aux activités des pêches traditionnelles ne sont pas encore résolus jusqu’à maintenant. L’absence des infrastructures de base, en particulier les voies routières est le problème majeur dans les villages des pêcheurs d’Ambanja. Cela entraîne le blocage de circulation des productions d’où la surproduction dans la zone productrice.On espère que la corruption qui gangrène à tous les niveaux les secteurs productifs du pays sera résolue progressivement et permettra de mettre fin à la mafia qui touche profondément le secteur halieutique38. Par ailleurs si la Politique bleue est bien appliquée et le Ministère des Ressources Halieutiques bien appuyée par la volonté politique des autorités nationales, le secteur devrait répondre en tant que l’un des premiers leviers économiques du pays, lequel en a grand besoin actuellement.

38 Bakoly RAHERIMANANA, « Le secteur pêche est devenu un terrain mafieux » nocomment.fr du 5septembre 2018 page 64-67 88

BIBLIOGRAPHIE  Ouvrages spécialisés :

1. Bakoly R., « Le secteur pêche est devenu un terrain mafieux » nocomment.fr du 5septembre 2018 page 64-67. 2. Brigitte D., « géographie humaine des littoraux, activités liées à la mer » édition du temps, 239 p. 3. Bruno Day, « Madagascar, Guide de piste Nord » ed le Harmattan, 85p. 4. Collart A. (Août 1969), « Situation de la Pêche maritime à Madagascar » FAO, 165p. 5. Conand C. 1999 « Manuel de qualité des holothuries commerciales du Sud-Ouest de l’Océan Indien. Commission de l’Océan Indien » 39 p. 6. CNRO, (Mars 1996) Développement international des jardins, « La pêche traditionnelle maritime à Madagascar » projet PATMAD, 46 p. 7. CURY P. et ROY C., (1995), « Pêcherie Ouest-Africaine : variabilité instabilité et changement », édition de l’ORSTOM, Paris, 525 p. 8. GASCUEL D, (2000), « Les espaces halieutiques », colloques et séminaires, IRD, 636p. 9. JAMET J. ET LAGOUIN Y., « Manuel d’intervention et de perfectionnement des agents des services des pêches maritimes des pays tropicaux » TOME I et TOM II ,473p. 10. KIENER A. « Poissons, pêche et pisciculture à Madagascar »CTFT, Nogent sur Marne, N° 24, 90p. 11. LAGOIN Y., (1961), « La pêche maritime à Madagascar », 264 p. 12. MIOSSEC A., « les littoraux entre nature et aménagement » édition SEDES, 192p. 13. MOA R., 1966, « Etude des problèmes posés par le développement de la pêche maritime à Madagascar » édition SCET, 346p. 14. Mongi BOURGOU, MIOSSEC J.M., « les littoraux : Enjeux et Dynamique »édition PUF, 296 p. 15. Monographie de la Commune Urbaine d’Ambanja, 2000, 65p. 16. Monographie 22 régions, 2012, 107p. 17. MRHP, République Malagasy « Condition d’établissement d’un plan de développement des pêches maritimes traditionnelles à Madagascar » en Juin 1954, 105 pages 18. P. COUTY : « Pêche et commerce des produits de la mer à Madagascar, septembre 1969

89

19. P.VALLETTE, Christine Causse « Madagascar l’île Océan Indien » édition autrement/Nausicaa / Mare Nostrum, 94 p. 20. PCD Ambanja, 2007, 108p. 21. PRD Diana, 2008, 107p. 22. Rey J.C, (1982), « La pêche maritime à Madagascar », projet régional pour le développement et l’aménagement des pêches dans le sud occidental, édition FAO et SWIOP, 119p. 23. Zbiegniew KASPRZKY, C ANDRIANAIVOJAONA, G DASYLVA « Pêche et aquaculture à Madagascar (Plan Directeur) » 64 p.

 Lois, textes réglementaires et autres textes (revue, magazine) : 1. Arrêté n°14191/2017/MRHP portant la mise en œuvre de la PAP BATAN 2. Classification de la pêche selon la FAO, 2015. 3. Décret n°200-027 du janvier 2000 relatifs aux communautés de base chargées de la gestion locale des ressources naturelles renouvelables. 4. Enquête cadre nationale 2012, MRHP 5. Loi n°2015-053 portant le code de la pêche et l’aquaculture 6. Loi GELOSE n°96025 en septembre 1996 portant le transfert de gestion des ressources renouvelables 7. Lettre de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Avril 2015. 8. Lettre de la politique bleue, 2015 9. Lettre annexe de la politique bleue, situation de référence 2014 10. Rapport annuelle du MRHP 2014, 2016 11. Revue de géographie Alpine, 1980, TOME LXVIII. 12. Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance des Pêches Maritimes à Madagascar, Juin 2012  Mémoire et thèse : 1. ANTILAHY Antoine De Padou, (2009), « Projet de création d’une unité de production de crevette d’eau douce dans le District d’Ambanja » mémoire pour l’obtention du maîtrise ès scientifique de Gestion, Université d’Antananarivo. 2. ANDRIANONY Nomenjanahary Miora, (2009), « Cultures de rente et de développement socio-économiques dans la ville d’Ambanja » mémoire pour l’obtention du diplôme de Maîtrise en Géographie.

90

3. ANDRIANTSOA Mamy Hyacinthe (1985), « Contribution à l’étude socio-économique de la pêche maritime traditionnelle et artisanale à Madagascar, l’exemple de la région de » mémoire de fin d’étude, Ecole supérieur des Sciences Agronomiques, département élevage. 4. MAHAFINA J, (2011), « Perception et Comportement des pêcheurs pour une gestion durable de la biodiversité et de la pêcherie récifale : application au niveau des réserves marines temporaires du Sud-ouest de Madagascar ». Thèse de doctorat en Biologie marine, Institut Halieutique et des Sciences Marines (IHSM), Université de Toliara, Université de la Réunion. 5. RAKOTONDRASOA Marcel Joseph (1981), « Pêche maritime traditionnelle à Mahajanga, perspective de développement de la pêche artisanale » mémoire pour l’obtention de maîtrise Ecole supérieure des Sciences Agronomiques, Département élevage. 6. RANDRIANANTOANDRO Tsarahary (2012), «pêche traditionnelle et développement de la communauté locale dans le district d’Antsohihy », mémoire pour l’obtention de maîtrise MI en Géographie. 7. RANDRIANARIVONY T.N, (2016), « La pêche traditionnelle sur le littoral de la Commune Rurale de Belo sur Mer (Région Menabe), Mémoire de fin d’étude pour l’obtention de diplôme MASTERII, Université d’Antananarivo, Mention Géographie. 8. RANAIVOSON F.T, (septembre 2010), « Les ressources halieutiques et la pêche maritime traditionnelle sur le littoral de la région Androy », Mémoire de maitrise Université d’Antananarivo, Département de Géographie 9. RAZARASOA RAHARIMANANA A. Timoty, (2001), « l’activité de pêche crevettière traditionnelle et son impact sur le développement de Madagascar, cas du village d’Ankazomborona » mémoire de maîtrise, département Sociologie, Université d’Antananarivo. 10. RAZAFINDRALAMBO Angelo, (2008), « Plan d’Aménagement et de gestion pour la préservation des poissons endémiques Malagasy menacés d’extinction : cas de Damba dans la région Boeny » Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Ingéniorat, école supérieure des sciences agronomiques département des eaux et forêts.

91

 WEBOGRAPHIE : 1. YouTube 2. www.wikipédia.org/economiebleue. 3. www.blueventures.com 4. www.univd’antananarivo.com 5. www.destinationdiana.com 6. www.dggfpe.mg 7. www. Latribune.cyber.diego.com 8. www.libertalia-aventure.com 9. www.nocomment.fr 10. http//www.meteoblue.com/fr/meteo/prevision/archive/Ambanja

92

ANNEXE

ANNEXE I FICHE D’ENQUETE ET QUESTIONNAIRE

I- ZONE DE LOCALISATION : - Commune : - Fokontany : - Hameau ou village :

II- MENAGE : 1- Référence ménage : M1

Sexe Enfant: Jeune: Adultes : Personnes 0-5 ans 16-30 ans 30- 60ans âgées : +61ans

Homme

femme

Observations

2- Age du chef de ménage :

3- Sexe : - homme

- femme

4- Profession du chef de ménage 5- Taille de ménage :

93

6- Groupe ethnique :

 Natif :  Migrant : - Lieu de provenance : - Date d’arrivée : - Motif : 7- niveau d’étude :

Membre de la Niveau atteint Année d’arrêt motifs

famille Père de famille Mère de famille Enfants

8- activité économique : a- Quelle est la profession du chef de foyer ? b- Pouvez-vous me dire votre revenu mensuel ?

< 50 000Ar 1

50 000 à 100 000Ar 2

100 000 à 150 000Ar 3

150 000 à 200 000Ar 4

200 000 à 250 000Ar 5

250 000 à 300 000Ar 6

300 000 à 350 000Ar 7

350 000 à 400 000Ar 8

400 000 à 450 000Ar 9

450 000 est plus 10

94

c- Pouvez-vous me dire toutes vos sources de revenu au sein du foyer ? d- Avez-vous d’autres sources de revenu ? D’autres activités ? Si OUI, est ce que cette source de revenu est significative dans votre vie quotidienne ?

III- QUESTIONNAIRE AUX AUTORITES LOCALES POUR CHAQUE COMMUNE : 1- Comment se présente l’intervention de l’Etat dans la Commune ? 2- La pêche contribue-t-elle au développement de la Commune ? 3- Autres activités dans la Commune ? 4- D’autres informations :  Superficie  Nombre de fokontany  Nombre de population par fokontany  L’activité principale de la commune  Les infrastructures de base  Les problèmes de la commune  Historique de la ville surtout la ville d’Ambanja

IV- PECHEURS : 1- Quels sont les types de produits capturés ou espèces cibles ? Type d’activité Production

Poissons

Ecrevisses

Aquacultures

Holothuries

2- A qui les pêcheurs vendent-ils les produits de la pêche ?  Collecteur  Mareyeur  Vente direct

95

 Marché locale  Vers les grandes villes  Autres….

3- Quelle est la quantité journalière des produits ?  5kg  15kg  20kg et plus 4- Êtes-vous membre d’une association ? Si OUI, est-ce que l’association est rentable pour vous?  Oui : raisons :  Non : raisons :

5- La pêche peut-elle subvenir aux besoins de chaque ménage ?  Education  Soins médicaux  Transport  PPN  Budget ménage  Autres….

6- Quels sont les problèmes rencontrés par les pêcheurs?  Engins  Commercialisation  Débouché  Energie  Climat  Autres V- MAREYEURS OU COLLECTEURS: 1- Quels sont les différents types de produits collectés?  Produits frais  Produits Congelés  Produits asséchés

2- Où sont les destinations de leurs produits ?

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 Marché local  District périphérique  Autres régions  A l’étranger 3- Pouvez-vous expliquer la fluctuation des prix sur le marché ? 4- Avez-vous des clients fixes ? 5- Combien de fois par mois collectez-vous ces produits ?  Hebdomadaire  Deux fois  Trois fois  Autres

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ANNEXE II Récapitulation de l’espèce capturée selon leur famille et leur nom vernaculaire :

Famille Noms scientifiques Nom français Nom local

- Carangoides - carangue - Kikao

- Elagatis bipinmulata - saumon - Angoho

- Lerognathus equulus - Lutianadès - Salelo midina Poissons

- Mugil cephalus - mugil - Bika

- Psettodes crumei - Tsimananila

- Rastrelliger kanagurta - Mahaloky

- Sardinella gibbosa - Karapapaka

- Sardinella melanura - Malanisaja

- Epinephelus - Mérou gris - Alovo chlorostigma

- Sillago sihama - Ambotso

- Lethrinus - Capitaine - Kotrokotro rubriopeculatus

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- Holothuria nobilis - Benono

- Holothuria scabra - Zanga fotsy holothuries - Holothuria fuscogilva - Kojapa

- Holothuria atra - Stylo noir

- Bohadschia - Bemangovitra marmorata

- Penaeus Crevettes pénéidés - Makamba crustacés - Scylla serrata Crabes de mer - Drakaka

- Paranapenaeus chévaquine - Patsa fotsy longirostris

Source : MRHP et enquête personnelle

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ANNEXE III PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES :

Photo n°20 : infrastructures dans le District d’Ambanja

Pont Sambirano Commune urbaine d’Ambanja

Commune Rurale d’Antafiambotry bâtiments ruinés du port d’Antsahampano

Source : cliché d’auteur, septembre 2018

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TABLE DES MATIERES :

REMERCIEMENTS ...... i SOMMAIRE : ...... ii ACRONYMES ...... iv LISTE DES ILLUSTRATIONS...... vi GLOSSAIRE : ...... viii RESUME ...... ix INTRODUCTION GENERALE ...... 1 PARTIE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DEMARCHE D’ETUDE ADOPTEE: ...... 6 CHAPITRE I : LE DISTRICT D’AMBANJA ...... 6 I.1. Délimitation administrative et situation géographique : ...... 6 I.2. Contexte géographique d’Ambanja : ...... 7 I.2.1. Relief : ...... 7 I.2.2 Géologie : ...... 7 I.2.3. Pédologie et formation végétale : ...... 7 I.2.4. Climat : ...... 9 I.2.5. Hydrologie : ...... 10 I.3. Contexte humain du District d’Ambanja : ...... 13 I.3.1. Contexte démographique : ...... 13 I.3.1.1. Répartition spatiale de la population dans le District d’Ambanja : ...... 14 I.3.1.2.Répartition ethnique : ...... 14 I.3.1.3. Situation socio culturelle : ...... 15 I.3.1.4. Religion : ...... 16 I.3.2.Contexte économique : ...... 18 I.3.2.1. Secteur primaire: ...... 18 I.3.2.2.Secteur secondaire : ...... 22 I.3.2.3. Secteur tertiaire : ...... 22 CHAPITRE II : DEMARCHE ET METHODE ...... 24 II.1. La documentation et analyse bibliographique : ...... 25 II.1.1. La documentation : ...... 25 II.1.2. Synthèse bibliographique: ...... 25 II.2. La collecte d’informations : ...... 26

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II.2.1.Travaux de pré-terrain : ...... 26 II.2.2. Travaux de terrain : ...... 26 II.2.2.1.Questionnaire: ...... 27 II.2.2.2Taux d’échantillonnage : ...... 28 II.3. Les travaux de rédaction : ...... 29 PARTIE II : CONCEPT DU SECTEUR PECHE ET LEUR PLACE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 32 CHAPITRE III : CONCEPT DU SECTEUR PECHE A MADAGASCAR : ...... 32 III.1. Présentation générale de la pêche maritime traditionnelle à Madagascar : ...... 32 III.1.1. Concept et définition : ...... 32 III.1.1.1. Comment se caractérisent les pêcheurs traditionnels ? ...... 33 III.1.1.2. Mode d’embarcation et engin de pêche : ...... 36 III.1.2. Concept de l’économie bleue et politique bleue : ...... 38 III.1.2.1. L’économie bleue : ...... 38 III.1.2.2.La politique bleue : ...... 39 CHAPITRE IV : LA PECHE TRADITIONNELLE MARINE, UNE ACTIVITE PREPONDERANTE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 40 IV.1. Mode d’exploitation : ...... 40 IV.1.1. Mode d’embarcation :...... 40 IV.1.2. Techniques et engins de pêche utilisés : ...... 43 IV.1.2.1. La pêche au poisson : ...... 43 IV.1.2.2.La pêche au crabe : ...... 44 IV.1. 2. 3. La pêche aux holothuries : ...... 45 IV.1.3.Les ressources capturées : ...... 46 IV.1.3.1.Poissons : ...... 46 IV.1.3.2.Crustacés : ...... 48 IV.1.3.3.Les autres espèces capturées :...... 51 IV.2. Zones de pêche : ...... 52 IV.2.1.Les baies : ...... 52 IV.2.2. La mangrove : ...... 53 IV.2.3.Le large : ...... 54 IV.3. Production et commercialisation : ...... 54 IV.3.1. La production : ...... 54 IV.3.2.Traitement des produits : ...... 58 IV.3.2.1.Le séchage : ...... 58

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IV.3.2.2.Le fumage : ...... 59 IV.3.2.3.La cuisson : ...... 59 IV.3.2.4. L’utilisation des machines frigorifiques : ...... 60 IV.3.3. Commercialisation et écoulement des produits : ...... 60 IV.3.3.1. Autoconsommation : ...... 61 IV.3.3.2. Secteur commercial : ...... 61 PARTIE III : RESULTATS DU DYNAMISME DE LA PECHE TRADITIONNELLE DANS CETTE REGION : ...... 66 CHAPITRE V : LES ENJEUX DE LA STRATEGIE DE LA POLITIQUE BLEUE: ...... 66 V.1. Cadre législatif et règlementaire existant sur la gestion durable de la pêche : ...... 66 V.1.1. Les conventions internationales en rapport avec l’activité de pêche: ...... 66 V.1.2. Le cadre règlementaire du secteur pêche à l’échelle nationale : ...... 66 Autres textes promulgués sur ce secteur pêche ...... 68 V.2. Mise en œuvre du Plan d’Aménagement de la Pêcherie (PAP) par rapport à la politique bleue : 72 V.2.1.La recommandation de la politique bleue sur la promotion de l’aménagement de la pêcherie : ...... 72 V.2.2. Objectifs du PAP BATAN: ...... 74 V.2.3. L’efficacité de la mise en œuvre du PAP BATAN sur le secteur pêche dans la zone d’Étude : 75 CHAPITRE VI : LES RESULTATS DE L’APPLICATION DE LA POLITIQUE BLEUE DANS LE DISTRICT D’AMBANJA : ...... 76 VI.1. Les problèmes liés aux activités de pêche traditionnelle dans le district d’Ambanja : ...... 76 VI.1.1.Problèmes socio-économiques : ...... 76 VI.1.1.1. Enclavement des villages des pêcheurs à haute potentialité : ...... 76 VI.1.1.2. Faible revenu des pêcheurs : ...... 79 VI.1.1.3.Manque d’alternative et de sécurité sociale pour les pêcheurs : ...... 79 VI.1.2. Problèmes environnementaux : ...... 80 VI.1.2.1.Surexploitation et diminution des ressources halieutiques : ...... 80 VI.1.2.2. Destruction de l’écosystème : ...... 80 VI.1.2.3.Impact du changement climatique : ...... 81 VI.1.3.Problèmes techniques : ...... 81 VI.1.3.1. Faible capacité d’implication des structures de contrôle et de surveillance : ...... 81 VI.1.3.2. Désorganisation des activités de pêches à tous les niveaux : local, communal et régional : ...... 82 VI.2. Perspectives du cadre de développement de la pêche traditionnelle dans le District d’Ambanja : ...... 82 VI.2.1.Suggestion sur le plan socio-économique :...... 82

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VI.2.1.1.Promotion effective du transfert de gestion au niveau de la communauté de base: .... 82 VI.2.1.2. Création des richesses et développement local au sein de la communauté des pêcheurs : ...... 83 VI.2.2.Suggestions sur le plan environnemental : ...... 84 VI.2.2.1. Préservation et restauration des écosystèmes aquatiques : ...... 84 VI.2.2.2.Mise en place des mesures d’accompagnement face à l’application des textes règlementaires : ...... 85 VI.2.3. Suggestions sur le plan technique : ...... 85 VI.2.3.1.Renforcement des systèmes de suivi et d’information sur la pêche : ...... 85 VI.2.3.2. Professionnalisation des pêcheurs à travers l’accès aux différents services : ...... 85 CONCLUSION GENERALE ...... 87 BIBLIOGRAPHIE ...... 89 ANNEXE I ...... 93 ANNEXE II ...... 98 ANNEXE III...... 100 TABLE DES MATIERES : ...... 101

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