Lettres & Manuscrits Autographes
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LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES Jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019 DIVISION DU CATALOGUE LITTÉRATURE Nos 1 à 195 MUSIQUE ET SPECTACLE Nos 196 à 266 BEAUX-ARTS Nos 267 à 323 MÉDECINE, SCIENCES ET TECHNIQUES Nos 324 à 358 HISTOIRE Nos 359 à 511 Abréviations : L.A.S. ou P.A.S. : lettre ou pièce autographe signée L.S. ou P.S. : lettre ou pièce signée (texte d’une autre main ou dactylographié) L.A. ou P.A. : lettre ou pièce autographe non signée Expert : Thierry BODIN Les Autographes Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art 45, rue de l’Abbé Grégoire - 75006 Paris Tél. : + 33 (0)1 45 48 25 31 Fax : + 33 (0)1 45 48 92 67 lot 471 [email protected] Vente aux enchères publiques À l’étude, Salle des Ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris Jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019 à 14 h Exposition publique Chez l’expert 45, rue de l’Abbé Grégoire 75006 Paris Sur rendez-vous À l’étude 3, rue Favart 75002 Paris Mercredi 19 juin de 11 h à 18 h Expert : Thierry BODIN Responsable de la vente : Marc GUYOT Assisté de Clémentine DUBOIS [email protected] Tél. : 01 78 91 10 11 Téléphone pendant l’exposition : 01 53 40 77 10 Catalogue visible sur LETTRES www.ader-paris.fr & Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com MANUSCRITS AUTOGRAPHES En 1re de couverture, est reproduit le lot 83 En 4e de couverture, est reproduit le lot 246 2 1 2 LITTÉRATURE 1. Alphonse ALLAIS (1854-1905). 3 L.A.S., [Honfleur vers 1898-1900], à son ami FernandL EMONNIER ; 4 pages in-8. 700/800 AMUSANTE CORRESPONDANCE À PROPOS D’UNE CHÈVRE ET D’UN BOUC. [Allais habitait alors la Villa Baudelaire à Honfleur ; Lemonnier avait à Gonneville un bouc nommé Taupin.] Villa Baudelaire, Honfleur. « La trompette de la Renommée m’avise que vous êtes détenteur d’un bouc, vaillant agent de reproduction. Or, j’ai chez moi une chèvre dont le désir de perpétuer sa race (ou peut-être simplement une odieuse sensualité) incite en mille folies pénibles. Croyez-vous pas qu’un accouplement s’impose entre ces deux capridés ? Alors, soyez assez gentil pour me dire si vraiment vous avez ce bouc et si et quand je pourrai diriger vers vous ma voluptueuse bique »... Il renvoie le « vaillant reproducteur dont la persistance ici déterminerait mille tempêtes au sein de mon personnel syndiqué contre lui. Cet animal a fait tout son devoir et probablement un peu plus que son devoir, mille donc remerciements à vous, son maître (sic vos non vobis) »… Jeudi 20 juin 2019 à 14 heures « Ci-incluse l’amante. Cette dernière, doublée d’une mère de famille remarquable, a conservé des habitudes de lactation qu’il ne serait peut-être pas prudent d’abolir trop vite. Je compte donc que vous voudrez bien faire entretenir chez elle cette touchante fonction »... Cher Monsieur vous-même ! Correspondance, nos 75-77. 2. Louis ARAGON (1897-1982). 2 MANUSCRITS autographes (un signé), Issoire, [1961] ; 3 pages in-4 et 3 pages et demie in-4, reliées en un volume cartonné, plats de papier marbré, dos de cuir noir lié par une cordelette. 1 500/2 000 TRÈS BELLE ÉVOCATION DE L’ÉGLISE SAINT-PAUL D’ISSOIRE, publiée dans le premier numéro d’Art de France, revue annuelle de l’art ancien et moderne, en 1961. Le brouillon de premier jet, très raturé et surchargé de corrections, est suivi de la mise au net, présentant encore quelques corrections, et signée ; tous deux sont écrits à l’encre bleue. « Comme si, à cette dernière étape au cœur de la Limagne, avant de se mésallier avec l’Allier, l’eau volcanique du lac Pavin avait déposé la lave noire de ses origines, une sorte de merveille sombre y surgit, prise dans une ville plate et pavée et qui ne semble par rien d’autre se souvenir d’un passé terrible et sanglant : c’est Saint-Paul d’Issoire qu’on appelle aussi Saint-Austremoine »… Aragon rappelle la forme de cette église romane d’Auvergne, « assurément celle dont le plan a le plus d’audace et d’ampleur ». Reconnaissant les altérations dues à l’architecte Malley, tant décrié pour la façade et le clocher qu’il fit bâtir en 1841, il clame son admiration pour l’entrée : « je lui trouve cette beauté mâle d’une poitrine de géant, de lanceur de javelot, qu’on s’étonne de ne pas voir soulevée par une respiration puissante, par le feu profond de la terre dont ses schistes sont à jamais noircis, et qu’est-ce pour eux que sept ou huit siècles de plus ou de moins ? »... Le « gros œuvre diabolique » le prend à la gorge, tel « un théâtre volcanique encore léché de flammes récentes. [...] Je m’arrête dans le narthex comme un homme excommunié, je regarde cet acheminement devant moi vers le chœur, sous cette voûte de cécité, ce pavement d’arkose à tomber à genoux, et le flèchement du jour entre les piliers, qui semble destiné au sol seul, à cet impitoyable porphyre obscur. Et je comprends enfin ce qui procure à tout cela cet air de tragédie, ce silence criard » : le badigeon dû à un certain Dauvergne en 1862, qui indispose les « amateurs éclairés » aujourd’hui. On sait bien pourtant « qu’en ce fameux douzième siècle français où tout a été inventé de la poésie et de l’amour, il devait y avoir ici du haut en bas des pierres un coloriage qui ne tenait nul compte de leur ascétisme des yeux. Plus sauvage sans doute que ce qu’imagina ce peintre, l’année de l’expédition du Mexique, et tout encore comme cet art d’Auvergne inspiré par les flammes d’un enfer terrestre, en ce pays d’invasions et de reflux d’armées »... Il défie tout ce monde de préférer le « vaisseau démâté » du XVIIIe siècle ; Malley et Dauvergne n’ont pas restauré Saint-Austremoine, ils l’ont achevé. Déjà « n’admirons-nous pas des églises gothiques, qui furent faites du massacre d’une architecture gothique, ne trouvons-nous pas naturelles à Chartres les parties Renaissance surajoutées, déjà ces dernières années nous avons cessé de nous indigner de l’immixtion du baroque jésuite dans les cathédrales flamboyantes »... Un jour on admirera le XIXe siècle d’avoir amené le rêve à maturité : « là-haut, dans les chapiteaux, centaures, oiseaux d’Orient, arums, racontent des histoires dont le sens est perdu, mais les [...] crimes contre Dieu dont ils témoignent se marient aux péchés modernes, et les draperies peintes retombent à la fois sur les paradis Napoléon III et les luxures de la Terre promise, sur les bosquets d’Armide et les jardins d’hiver de Nana... » ON JOINT une photographie d’Aragon, signée au dos. 3. Antonin ARTAUD (1896-1948). L.A.S., [Marseille 3 août 1918], à Georges de SOLPRAY, à La Haye ; demi- page in-12, carte-lettre avec adresse au verso, cachets Ouvert Autorité Militaire et étiquettes du Contrôle postal militaire. 1 000/1 200 RARE LETTRE DE SES DÉBUTS AU DIRECTEUR DE LA REVUE DE HOLLANDE, QUI, LA PREMIÈRE, PUBLIA DES VERS D’ARTAUD (n° 8, février 1916). « Si vous les avez conservés je vous prie de faire brûler les vers que je vous avez adressés. C’est comme si un mort vous l’avait demandé. Vous respecterez ma volonté pour le repos de mon cœur »… 4. Antonin ARTAUD. L.A.S., vendredi ; 1 page in-8. 400/500 « Lundi je tourne. Je ne quitterai certainement pas le studio avant 7 heures et ne pourrai être à Paris avant 8 heures ½. ». Il fixe rendez-vous après le dîner vers 9 h ½ « au Select des Champs-Élysées »… 3 5 5. Maurice BARRÈS (1862-1923). 49 L.A.S. (une incomplète) et 17 L.S., 1911-1923, à Henry COCHIN ; 100 pages in-4 ou in-8, nombreux en-têtes Chambre des Députés, enveloppes. 1 000/1 500 BELLE ET INTÉRESSANTE CORRESPONDANCE À SON AMI HENRY COCHIN (1854-1926), son collègue à la Chambre (député du Nord, 1893-1914), écrivain et spécialiste de la Renaissance italienne, collaborateur dans diverses œuvres pendant la Guerre, et ami très estimé. Nous ne pouvons en donner ici qu’un rapide aperçu. 1911. [Charmes 24 décembre]. Il loue la clarté, l’agrément, et « ce dosage exquis de poésie et de science » des Jubilés d’Italie… 1912. 6 janvier. Son PÉTRARQUE ravive l’admiration qu’on témoignait jadis, dans l’entourage d’Anatole FRANCE (« où j’étais jeune disciple »), pour les premières études italiennes de Cochin, « modèle du travail français, attrayant et savant, discutant les textes comme il faut qu’ils le soient, mais respectant leur âme et les faisant épanouir », à la différence du travail des Allemands, à qui manque cette union de « solidité d’esprit critique et parfaite courtoisie du cœur, de l’esprit et des mœurs »… 7 octobre, à propos de l’étude de Cochin sur LAMARTINE : « Ah ! si l’on avait le temps ! Oui, ce serait joli une suite d’articles pour rechercher et pour justifier ce qui demeure en nous de vivant et de fécond du grand amour qu’à vingt ans nous avions pour les maîtres romantiques »… 1913. 8 août. Recommandation de son ami le bénédictin Dom PASTOUREL ; réflexions sur MONTALEMBERT qu’il admirait dans sa jeunesse à travers le livre parfumé de Mme de Craven, qu’il a fait lire au petit-fils de Renan… 17 août, au sujet de ses articles sur LAMARTINE : n’y est donnée « que la couleur de mon sentiment »… 27 octobre 1913, remerciant Cochin pour son discours Pour les églises populaires, arrivé alors qu’il met en ordre son récit de « la campagne pour les vieilles églises »… 1914.