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EN ÎLE-DE- a Dans « aden » : tout le cinéma et une sélection de sorties Demandez notre supplément www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17674 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Afghanistan : les débats de l’après-guerre b Quels étaient les buts de la guerre, quel rôle pour les humanitaires ? b « » donne la parole à des intellectuels et à des ONG b Conférence à Berlin sur l’avenir de l’Afghanistan, sous l’égide de l’ONU b Le reportage de notre envoyée spéciale en territoire taliban

SOMMAIRE formation d’un gouvernement pluriethnique. Les islamistes étran- BRUNO BOUDJELAL/VU b Guerre éclair, doute persistant : gers de Kunduz encerclée risquent Dans un cahier spécial de huit d’être massacrés. Kaboul retrouve a REPORTAGE pages, Le Monde donne la parole à le goût des petites libertés, mais un spécialiste du droit d’ingéren- une manifestation de femmes a ce, Mario Bettati, et à deux person- été interdite. Notre envoyée spé- Une petite ville nalités de l’humanitaire, Rony ciale en territoire taliban, Françoi- Brauman et Sylvie Brunel. Ils disent se Chipaux, a rencontré des popula- leur gêne ou leur inquiétude tions déplacées qui redoutent l’Al- POINTS DE VUE en Algérie devant le rôle que les Etats-Unis liance du Nord. p. 2 et 3 font jouer aux ONG. Des intellec- L’ÉCRIVAIN François Maspero tuels français, Robert Redeker, b La coalition et l’humanitaire : Le Cahier a passé le mois d’août dans une Jean Clair, Daniel Bensaïd et Willy Pentagone compte sur l’Alliance petite ville de la côte algéroise. Il a Pelletier, Edgar Morin, ravivent les du Nord pour achever la conquête vécu la vie quotidienne d’une controverses sur le sens de la des villes afghanes. Les Etats-Unis spécial famille amie. Il raconte « deux ou guerre. Le linguiste améri- envisagent d’envoyer des renforts trois choses » qu’il a vues de l’Algé- cain Noam Chomsky dénonce l’am- de forces spéciales ou de marines. Intellectuels critiques, personnalités rie : la confusion et la corruption nésie d’une Amérique qui ne Vingt-deux pays se penchent sur la engagées dans l’humanitaire, ils sont ordinaire d’un pays où, après tant retient rien de son passé. reconstruction du pays. Washing- neuf à revenir, pour Le Monde, sur ce de massacres, nul ne sait plus où Notre cahier spécial ton s’engage dans une aide sur le qui ne va pas de soi dans les « explica- trouver des responsables, l’absen- long terme. L’hiver s’installe et la tions » des attentats terroristes du b ce de travail, la démission des servi- Le conflit en Afghanistan : Une route humanitaire par le nord res- 11 septembre ou dans les justifications ces publics. conférence entre les principales te aléatoire. L’opinion américaine factions afghanes se réunira à par- reproche à la presse son manque alléguées de leurs suites guerrières. Au Lire pages 14 et 15 tir du lundi 26 novembre à Berlin, de patriotisme. p. 4, 5 et 36 cœur du débat : l’hyperpuissance sous l’égide de l’ONU. Elle sera américaine, fragilisée mais toujours f www.lemonde.fr/algerie chargée de lancer le processus de f www.lemonde.fr/dossier-special « impériale ». Notre cahier spécial M. Chevènement Les nuits divines de avec les Pères de l’Eglise ON LE SAVAIT « protestant athée ». Le pre- vait pour la France des difficultés d’ordre constitu- Il était donc temps de calmer tout le mon- au procès Bonnet mier ministre se décrit désormais, dans un entre- tionnel et mettait en cause le caractère universel de dans La Croix. « Je suis laïque, mais je suis tien à La Croix, mardi 20 novembre, comme un des valeurs et des droits » du texte. M. Jospin pré- en même temps sensible au fait religieux », L’ANCIEN MINISTRE de l’in- « laïque (…) sensible au fait religieux ». Une con- cisait que « le contenu des deux entretiens télépho- explique le premier ministre, rappelant que a térieur Jean-Pierre Chevène- version ? Non. Lionel Jospin est simplement niques », le sien et celui de M. Chirac, avec ses « deux parents étaient, lorsqu’[il était] ment et deux conseillers de Lionel ennuyé que, à l’approche de l’élection présiden- Roman Herzog, président de la convention char- enfant, profondément croyants, l’un et ROSINE MAZIN Jospin, Alain Christnacht et Clotilde tielle, la France catholique le voie en agnostique gée d’élaborer le texte, « a été identique ». l’autre », et que « cela a marqué leur vie », Valter, seront interrogés en qualité militant et en antireligieux obtus, tandis que « J’ai pris bonne note de ces précisions et j’ai été comme la sienne. Il explique aussi « la paren- VOYAGES de témoin au procès de l’affaire des va à la messe et que sa femme, très sensible au fait que vous ayez voulu me les don- té entre les valeurs judéo-chrétiennes et la paillotes corses incendiées. Mardi Bernadette, raconte sa foi dans Conversation, ner vous-même », avait répondu Alain Juppé. morale laïque ». 20 novembre, le tribunal d’Ajaccio a son livre à succès. Mais voilà que, le 20 juillet, un billet publié en Le premier ministre détaille son souci du Souvenirs de ordonné leur comparution – fixée L’alerte est venue au printemps, à la lecture du « une » du Figaro impute à Lionel Jospin la res- « compromis », qu’il préfère au « conflit » lors au 30 novembre –, apparue indis- livre d’entretiens d’Alain Juppé avec Serge July, ponsabilité d’une opposition de la France «àce du débat sur l’école privée, en 1981, puis, en l’île Bourbon pensable après les mises en cause Entre quatre z’yeux (Grasset). Alain Juppé relevait que la face libre de la monnaie euro-vaticane com- 1988, lorsqu’il veille à ce que la réforme des Deux mille cinq cents kilomètres carrés de l’entourage du premier ministre chez le premier ministre « quelques relents de sec- porte un motif religieux ». Nouvelle indignation rythmes scolaires n’affecte pas le catéchisme. de pitons, futaies, cascades et lagons… par l’ancien préfet Bernard Bonnet. tarisme anticlérical ou antireligieux », par exem- de l’intéressé, qui réfute, dans le courrier des lec- Pour ceux qui douteraient encore, Lionel Jos- la Réunion ne manque pas d’atouts M. Chevènement avait indiqué au ple lorsqu’il « s’oppose à ce qu’il soit fait mention teurs du Figaro, cette « allégation ». « Ni mon pin confie que sa femme, , tribunal qu’il était « à la disposition de notre héritage “religieux” » dans la Charte gouvernement ni moi-même n’avons pris position travaille sur « le masculin et le féminin chez les touristiques. Elle redécouvre désormais de la justice » mais suggéré qu’il européenne des droits fondamentaux procla- sur les faces nationales des pièces en euro », écrit le Pères de l’Eglise ». Le futur candidat « croise son passé colonial, du temps où elle n’était pas « le seul ancien ministre à mée le 7 décembre 2000, au sommet de Nice. premier ministre. Puis, en décembre 2000, Témoi- donc tous les soirs les vies de Tertullien, de Clé- s’appelait encore île Bourbon, ses gros- pouvoir témoigner ». Quelques semaines plus tard, M. Jospin répon- gnage chrétien, hebdomadaire proche de la gau- ment d’Alexandrie ou de saint Augustin ». Et ses villas blanches et ses « cases créo- dait à l’ancien premier ministre. « Je suis surpris che, publie un appel de soixante-dix personnali- rêve de patristique, c’est-à-dire de la doctri- les » exiguës ou spacieuses, où s’élabo- Lire page 8 que vous soyez si mal renseigné sur les circonstan- tés, dont , Paul Ricœur et des évê- ne des Pères de l’Eglise. Nuits divines. ces exactes de cet épisode des négociations. La réfé- ques, en faveur d’une ouverture de l’Europe aux ra l’art de vivre propre à ce départe- f www.lemonde.fr/corse rence à l’inspiration religieuse de l’Union (…) soule- « apports spirituels et humanistes des religions ». Ariane Chemin ment ultramarin. p. 28-29 Benetton L’Allemagne, conquérant grande puissance réticente À UN MOMENT, la semaine der- les Français ou les Britanniques nière, Gerhard Schröder s’est sen- pour « sécuriser » des aéroports ti dans le rôle de Jacques Chirac ou la distribution de l’aide humani- en 1997, avant que le président de taire. Si des unités allemandes la République ne dissolve l’Assem- sont envoyées en Asie centrale, ce blée nationale. Gerhard Schröder seront des unités sanitaires ou a caressé l’idée d’élections législa- logistiques. Dès les attentats du MCCULLIN/CONTACT tives anticipées, sans attendre 11 septembre, le chancelier avait l’échéance d’octobre 2002 et une affirmé sa « solidarité sans réser- PHOTOGRAPHIE dégradation redoutée de la situa- ve » avec les Etats-Unis et, quel- LUCIANO BENETTON tion économique, pour prendre ques semaines plus tard, il s’était aussi de vitesse une opposition en déclaré prêt à mettre 3 900 soldats Don McCullin LE PATRON du groupe italien pleine confusion. Il lui aurait suffi à la disposition de la coalition afin d’habillement explique, dans un de laisser quelques députés de la d’aller au-devant d’une requête de en noir entretien au Monde, pourquoi et coalition SPD-Verts voter selon Washington… qui n’avait rien La Maison européenne de la photogra- comment il veut reconquérir un leur conscience et contre la ques- demandé. marché français trop longtemps tion de confiance qu’il avait posée L’enjeu n’est pas militaire, mais phie, à , consacre une rétrospec- négligé. L’aîné des Benetton justi- au Bundestag. Finalement, il a symbolique, donc politique. tive à Don McCullin, reporter sur tous fie aussi les diversifications menées renoncé et s’est battu pour arra- Gerhard Schröder appartient à les champs de bataille du monde, de par sa famille hors du textile. cher une majorité qu’il a obtenue cette génération née après la Chypre et d’Irlande du Nord au Cam- avec une petite marge de deux deuxième guerre mondiale qui ne bodge et à l’Ouganda. « Je veux être le voix. Comme il avait lié la ques- connaît pas les inhibitions de ses Lire page 20 photographe de guerre le plus dur, le tion de confiance à une résolution aînés. Cette génération veut une Afrique CFA 1 000 F CFA, Algérie, 35 DA, Allemagne, 3 DM (1,53 ¤); sur l’engagement de la Bundes- Allemagne émancipée, souverai- plus cru, le plus violent qui soit », Antilles-Guyane, 10 F (1,52 ¤); Autriche, 25 ATS (1,82 ¤); Belgique, 49 FB (1,21 ¤); Canada, 2,50 $ CAN ; Danemark, wehr en Afghanistan, il en allait ne, en un mot « normale », qui, affirme-t-il. p. 34 15 KRD ; Espagne, 250 PTA (1,50 ¤); Grande-Bretagne, 1 £ ; de la « fiabilité » de l’Allemagne comme tous les autres grands Grèce, 500 DR (1,47 ¤); Irlande, 1,40 £ (1,78 ¤); Italie, vis-à-vis de ses alliés. « Fiabilité » pays du monde, sache défendre 3000 L (1,55 ¤); Luxembourg, 46 FL (1,14 ¤); Maroc, 10 DH ; International...... 6 Carnet...... 26 Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL (1,50 ¤); Portugal cont., et « crédibilité », deux mots qui ses intérêts – d’une manière 300 ESC (1,50 ¤); Réunion, 10 F (1,52 ¤); Suède, 16 KRS ; Suisse, France...... 8 Aujourd’hui ...... 27 reviennent régulièrement dans les « éclairée », avait dit Gerhard 2,40 FS ; Tunisie, 1,5 DT ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 11 Météorologie-Jeux...... 31 débats de politique étrangère Schröder en arrivant au pouvoir Régions ...... 13 Culture ...... 33 E depuis la création, en 1949, de la en 1998. M 0147 - 1122 - 7,90 F - 1,20 Horizons ...... 14 Guide culturel ...... 35 République fédérale. Entreprises...... 20 Kiosque ...... 36 Drôle d’engagement pourtant. Daniel Vernet Communication...... 22 Abonnements ...... 36 Il n’est pas question que des sol- 3:HJKLOH=UU\^U\:?b@b@c@m@k; Tableau de bord ...... 23 Radio-Télévision ...... 37 dats allemands aillent rejoindre Lire la suite page 16 2 LE CONFLIT EN AFGHANISTAN LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

GUERRE La conférence d’entente novembre à Berlin. Les diverses fac- RE dirigé par « une personne recon- phases. b A KUNDUZ, la reddition la poche de résistance. b LA CAPTU- nationale sous l’égide des Nations tions afghanes formant l’Alliance du nue comme symbole d’unité nationa- en cours de négociations des tali- RE d’Oussama Ben Laden et des unies en vue de rechercher les bases Nord et l’ancien roi Zaher Chah ont le » y sera élu pour former une admi- bans butte sur le sort des combat- chefs d’Al-Qaida reste la priorité de d’un futur gouvernement en Afgha- donné leur accord de participation à nistration de transition pour deux tants islamistes étrangers, que les Washington avec une prime à la clé nistan devrait s’ouvrir lundi 26 la réunion. b UN CONSEIL PROVISOI- ans selon un plan de l’ONU en cinq Etats-Unis refusent de voir partir de de 25 millions de dollars. La conférence sur l’Afghanistan tentera d’imposer un régime transitoire Les Nations unies sont parvenues à arracher l’accord de l’Alliance du Nord pour sa participation à la réunion qui doit rassembler, lundi 26 novembre, à Berlin, diverses factions afghanes pour élaborer un régime post-talibans. Les pourparlers se veulent « aussi représentatifs que possible » de la diversité ethnique du pays

LES PRINCIPALES factions duz où les talibans restent maîtres veau, un cinéma a rouvert ses por- Les militaires ont interdit un ras- bre, une première rencontre sur utilisés pour la traque d’Oussama afghanes ont donné leur accord à du terrain. Les bombardements tes et la musique emplit les rues semblement féministe (lire page 3). les besoins de l’Afghanistan. Ben Laden. Pour obtenir des infor- une conférence d’entente nationa- américains se poursuivent et le d’une capitale à la liberté retrou- b La reconstruction du pays. « Nous avons l’énorme obligation mations sur l’endroit où il se le qui devrait se dérouler à partir Pentagone s’est dit prêt à une pau- vée. Certes, il y a encore beaucoup La communauté internationale a de ne pas abandonner [le peuple cache, les forces américaines ont du 26 novembre, à Berlin, sous se à Kunduz. Les combattants de zones d’ombre, notamment en également marqué son intention afghan] comme nous l’avons fait largement diffusé une offre de l’égide de l’ONU. Elle aura pour étrangers, considérés comme le fer ce qui concerne les femmes qui de participer à la reconstruction dans le passé », a affirmé le secré- récompense de 25 millions de dol- principal objectif la recherche de lance de la milice islamique, n’ont pas encore retrouvé vérita- économique du pays en entamant, taire d’Etat américain Colin Powell lars (lire page 4). d’une formule pour constituer un apparaissent comme la raison blement leur place dans la société. à Washington, mardi 20 novem- en ouvrant cette conférence. Des b L’aide humanitaire. Les Amé- gouvernement multiethnique desti- majeure du blocage de la situation. représentants de 22 pays et d’orga- ricains veulent montrer que leur né à mettre un terme à vingt-trois Les Etats-Unis se refusent à laisser nisations multilatérales y partici- engagement humanitaire est ans de violences et d’instabilité partir ces combattants qu’ils consi- Les quatre journalistes tués ont été lapidés pent. sérieux et durable. L’aide promise dans ce pays. Les Tadjiks, Ouzbeks dèrent comme des terroristes et b Les hésitations britanni- de 310 millions de dollars est et Hazaras, qui forment l’Alliance les chefs talibans ont refusé de pas- Les corps des journalistes tués, lundi, en Afghanistan, sur la route ques. Après l’envoi d’une centaine modeste puisque la Croix-Rouge du Nord, ainsi que des représen- ser un accord avec l’Alliance du menant de Jalalabad à Kaboul, ont été ramenés, mercredi 21 novem- d’hommes à l’aéroport de Bagram, américaine va reverser 543 mil- tants de l’ancien roi Zaher Chah, Nord qui ne garantirait pas la sécu- bre, au Pakistan, où ils devraient être remis à leurs ambassades res- les Britanniques ne prévoient pas lions de dollars aux victimes du ont déja donné leur accord. Selon rité de ces combattants étrangers. pectives, a rapporté un correspondant de l’AFP. Ils ont été transpor- l’envoi de nouvelles troupes en World Trade Center. Reste pour le un plan de l’ONU en cinq phases, Lakhdar Brahimi, représentant spé- tés depuis Jalalabad (est de l’Afghanistan) à Torkham, ville frontaliè- Afghanistan tant que la situation moment à faire parvenir cette aide la conférence doit d’abord élire un cial pour l’Afghanistan, a indiqué re dans le Nord-Ouest pakistanais, à bord de véhicules du Comité ne sera pas clarifiée. Londres et notamment dans le nord du pays conseil provisoire dirigé par « une que les Nations unies n’étaient international de la Croix-Rouge (CICR). « Ils ont été brutalement assas- Washington ont démenti qu’il y ait qui semble être dans une situation personne reconnue comme un sym- absolument pas en mesure d’enca- sinés », a déclaré un responsable du CICR sous couvert de l’anony- eu un désaccord, comme l’affir- critique. Pratiquement deux semai- bole d’unité nationale ». Ce conseil drer une reddition des forces tali- mat, indiquant que les corps portaient des traces de lapidation et mait la presse britannique, sur l’ex- nes après la chute de Mazar-e-Cha- devra ensuite proposer une admi- banes à Kunduz. étaient criblés de balles, notamment au torse. Maria Cutuli (italien- pédition de soldats supplémentai- rif, il n’y a qu’une dizaine de tra- nistration de transition, d’une b Le sourire retrouvé des ne, Corriere della Sera), Harry Burton (australien, Reuters), Julio Fuen- res. Le Pentagone a annoncé dispo- vailleurs huamanitaires dans cette durée de deux ans au maximum. Kaboulis. Une semaine après la tes (espagnol, El Mundo), et Azizullah Haidari, photographe afghan ser d’environ 2 300 Marines améri- ville. En revanche, la frontière avec b Les talibans résistent. La chute du régime des talibans, de Reuters, ont été abattus lundi par des inconnus alors qu’ils ten- cains en cas de besoin pour interve- l’Iran a été rouverte et Téhéran a situation est toujours bloquée à Kaboul retrouve les couleurs de la taient de gagner Kaboul. Azizullah Haidari devait être enterré mer- nir en Afghanistan mais il a été de nouveau une ambassade à Kandahar et dans l’enclave de Kun- vie. La télévision fonctionne à nou- credi à Islamabad. – (AFP.) démenti que ces renforts seraient Kaboul (lire page 5). Les nouveaux maîtres de Kaboul veulent faire valoir leur prééminence Les islamistes étrangers de Kunduz LES REPRÉSENTANTS des res étrangères de l’Alliance du par le monarchiste Pir Sayed ricains, les Occidentaux se sont dits diverses factions afghanes autres Nord, le Dr Abdullah Abdullah, qui Ahmad Gailani, qui siège à Pes- prêts à intervenir militairement en risquent de se faire massacrer que les talibans devraient se réunir, participait à la conférence de pres- hawar, au Pakistan. La représenta- Afghanistan dans deux autres à partir du lundi 26 novembre, à se au côté de M. Vendrell, a indi- tion pachtoune paraît ainsi devoir buts : l’accompagnement des LES MILLIERS de combattants car ils ont engendré une calamité Berlin pour engager, sous l’égide qué que la délégation de l’Alliance être essentiellement composée secours humanitaires et, dans un islamistes étrangers encerclés avec humanitaire en Afghanistan », a-t-il de l’ONU, des pourparlers sur l’ave- du Nord à Berlin serait elle-même d’Afghans en exil. Le représentant deuxième temps, la sécurisation du les talibans dans leur bastion de averti, dans la ville de Mazar-e-Cha- nir du pays et les institutions sus- « représentative de toutes les compo- de l’ONU a convenu que ce n’était pays. Les soldats envoyés à titre Kunduz, assiégé par les troupes de rif (Ouest de Kunduz). ceptibles de le faire émerger de santes de l’Alliance », laquelle ras- peut-être pas parfait, « mais c’est la « humanitaire » devaient en fait l’Alliance du Nord, risquent de Comme en écho à ces propos vingt-trois années de guerre. Pour semble des minorités tadjike, ouz- première étape, a-t-il dit, pas l’étape être les précurseurs d’autres sol- subir un carnage. Le sort réservé à alarmistes, le secrétaire américain arriver à ce rendez-vous, les repré- bèke et hazara. finale ». dats appartenant à une force de ces fidèles d’Oussama Ben Laden, à la défense, Donald Rumsfeld, a sentants de l’ONU, Lakhdar Brahi- Pour les Pachtounes, ethnie la L’objectif final est la mise en pla- maintien de la paix, les zones de venus d’Arabie saoudite, d’Ouzbé- déclaré, mardi au Pentagone, qu’il mi d’abord puis son adjoint Fran- plus nombreuse en Afghanistan, ce d’un gouvernement démocrati- déploiement des premiers préfigu- kistan, du Pakistan ou de Tchétché- serait « extrêmement malheureux » cesc Vendrell, ont dû déployer M. Vendrell a promis « une repré- que et d’institutions représentati- rant les « secteurs » de cette future nie, semble en effet exclu des négo- que les combattants étrangers d’Al- d’énormes efforts de persuasion. ves de toutes les composantes de la force multinationale. ciations de reddition engagées, mar- Qaida à Kunduz « soient laissés L’annonce de la réunion de Berlin a société afghane, moyennant des Les Britanniques sont allés un di 20 novembre aux environs de la libres et autorisés à rejoindre un été faite lundi à Kaboul par M. Ven- « Le fait qu’ils soient phases transitoires qui devront peu trop vite en besogne en choisis- ville, entre les commandants tali- autre pays et à provoquer le même drell, qui venait d’obtenir à l’arra- être acceptées par tous. Cet objec- sant le secteur de Kaboul et en bans et ceux de l’Alliance du Nord. genre d’actes terroristes», rapporte ché l’accord de l’Alliance du Nord prêts à se rendre tif paraît assez lointain. Il n’y a annonçant qu’ils étaient prêts à y Du côté de ces derniers, le général notre correspondant à Washing- pour y participer. néanmoins pas d’autre méthode, faire venir 2000 hommes, sans dou- Mohammed Daoud a souligné que ton, Patrick Jarreau. La veille, L’Alliance (ou Front uni), qui a à l’étranger est un aux yeux des Occidentaux, pour te pour apparaître dans un second les mercenaires étrangers, alliés des M. Rumsfeld avait déjà mis en gar- repris aux talibans le contrôle de avancer y compris sur le volet temps comme le pays leader d’une talibans, ne sont pas représentés de l’Alliance du Nord contre de plus de la moitié du territoire signal de flexibilité » humanitaire et sur celui de leur future force de paix. On n’en est dans les pourparlers. «Si les tels arrangements : « Les Etats- afghan dont Kaboul, avait en effet engagement militaire en Afghanis- pas du tout là et la Grande-Breta- Nations unies ou certains pays sont Unis ne sont pas enclins à négocier résisté pendant plusieurs jours à Francesc Vendrell, tan. Aussi s’est-on félicité lundi, à gne doit réfreiner ses ambitions. prêts à recevoir ces milices étrangè- des redditions. Et nous ne sommes l’idée que des pourparlers puissent Paris comme à Washington, de ce L’Alliance du Nord qui tient res, nous leur permettrons de quitter pas non plus en mesure, vu le peu de se tenir ailleurs que dans la capitale envoyé spécial de l’ONU premier pas qu’est le rendez-vous Kaboul n’était pas du tout désireu- le pays », a-t-il ajouté, mardi à Talo- forces que nous avons sur le terrain, afhane, où elle est de fait installée de Berlin. Le secrétaire d’Etat Colin se de voir ainsi se déployer une for- qan (Est de Kunduz), en notant que d’accepter des prisonniers. » depuis le 13 novembre. C’était Powell a déclaré que « non seule- ce étrangère à laquelle elle aurait « ceux qui ont commis des crimes Egalement inquiétantes sont pour les nouveaux maîtres de sentation équitable » à Berlin, en ment les Etats-Unis mais l’ensemble eu des comptes à rendre. Les Fran- seront présentés à la justice ». apparues les déclarations émanant Kaboul une façon de signifier qu’ils soulignant que cette équité n’était de la communauté internationale se çais, bien qu’ils aient été plus de l’ONU, dont le représentant spé- entendaient aborder en position pas incompatible avec le fait que le sentiront l’énorme devoir de ne pas modestes en choisissant la zone de ÉCHO AMÉRICAIN cial pour l’Afghanistan, Lakhdar de force toute négociation sur un mouvement taliban - « en passe de tourner le dos et abandonner le peu- Mazar-e-Charif, constatent eux Un bain de sang est d’autant plus Brahimi, a confirmé mardi avoir partage du pouvoir, et qu’ils s’effondrer » - n’ait pas été convié. ple afghan comme ce fut le cas par le aussi que l’accord des pouvoirs redouté pour ces éventuels prison- été approché la veille par «des n’étaient pas disposés à renoncer à L’ex-roi d’Afghanistan Moham- passé », mais qu’ils ont besoin pour locaux n’est pas acquis d’avance, niers étrangers proches d’Al-Qaida commandants talibans qui vou- ce qu’ils considèrent comme leur med Zaher Chah enverra une délé- aider à la reconstruction d’une loin de là, même pour une mission qu’ils auraient tiré, selon des témoi- laient se rendre sans condition mais prééminence. gation de huit personnes. Francesc autorité de transition conduisant à humanitaire. gnages de réfugiés de Kunduz et de voulaient le faire auprès des « Le fait qu’ils soient prêts à se ren- Vendrell a indiqué que participe- un gouvernement représentatif. A ce stade, personne n’envisage responsables de l’Alliance du Nord, Nations unies ». S’exprimant en dre à l’étranger est un signal de flexi- raient également les membres des La confusion qui règne depuis une future opération multinatio- sur des talibans afghans de la ville marge d’une réunion avec le Con- bilité », a déclaré, lundi, le Catalan deux groupes qui ont tenté par le quelques jours à propos du déploie- nale de sécurisation de l’Afghanis- qui voulaient se rendre à leurs assiè- seil de sécurité à New York, M. Bra- Francesc Vendrell, sans pour passé de dégager les bases d’un ment de soldats français et britanni- tan qui devrait se déployer en geurs. Comme d’autres dirigeants himi a déploré : « Il est évident que autant afficher un excès d’optimis- règlement de paix pour l’Afghanis- ques en Afghanistan ne peut guère milieu hostile, sans l’accord de de l’Alliance du Nord avant lui, le les Nations unies ne peuvent pas, me pour la suite. « Cette réunion, tan : l’un est connu sous le nom de se régler non plus sans le début tous les intéressés, qui ne s’ap- commandant Mohammed Atta a n’ont pas les moyens, ne sont pas a-t-il poursuivi, sera aussi représen- « processus de Chypre » parce qu’il d’un accord politique interafghan. puierait pas sur un règlement poli- redit mardi qu’il n’y aurait pas de présentes sur le terrain et sont mal- tative que possible ». Toutes les eth- est basé dans ce pays, l’autre est Indépendamment de l’opération tique négocié. pitié pour les islamistes étrangers : heureusement dans l’incapacité nies afghanes devraient y être « l’Assemblée pour la paix et l’union anti-Ben Laden et antitalibans « Nous ne pouvons pas garantir la d’accéder à leur demande ». représentées. Le ministre des affai- nationale en Afghanistan », dirigée menée essentiellement par les Amé- Claire Tréan sécurité des combattants étrangers - (AFP, AP, Reuters.) En zone talibane, des réfugiés racontent les bombardements SPIN BOLDAK sant les protéger et, dit-il, « c’est des éclats ont atteint deux de mes lent pas politique. Visiblement (province de Kandahar) quand je suis venu le matin que j’ai enfants. » Rashid, deux ans et Saqi- choqués par ce qu’ils ont vécu, ils de notre envoyée spéciale découvert tout le monde sous les na, trois ans, sont morts. « Tous les ne veulent plus qu’une chose : la Fazel Mohammed a encore les décombres ». Juste arrivé dans le petits pleuraient... Je ne savais plus fin de leur malheur. yeux rougis et l’air hébété. Servi- camp, Fazel Mohammed ne veut quoi faire ; j’ai décidé de partir, Les réfugiés de la guerre conti- plus savoir ce qui se passe et ne poursuit Abdul Shakur. Beaucoup nuent d’arriver. La prise de REPORTAGE pense qu’à se faire attribuer une de gens sont enterrés sous les décom- Mazar-e-Charif par l’Alliance du tente pour abriter sa vieille mère bres de leur maison. » Malgré la Nord, coalition des minorités eth- « L’Alliance malade. proximité, Abdul Shakur n’a niques tadjike, ouzbèke et hazara, du Nord ne nous Abdul Shakur, lui aussi, a fui les jamais vu le mollah Omar et ne a provoqué un visible exode des apportera jamais bombardements de Kandahar. «Il sait pas si quelqu’un habitait la Pachtounes des régions nord. la paix » n’y a pas de paix à Kandahar, dit-il. maison ces derniers jours. Saido, un fermier, a quitté Toute la nuit, tout le jour, ils bom- Mazar-e-Charif peu avant sa chu- bardent. Le jour où je suis parti, EXODE VISIBLE te, en compagnie de trente et une teur au bureau des douanes de cela a duré pendant vingt heures », L’intensité des bombardements autres familles. « Nous sommes Kandahar, il a, dans une nuit de affirme cet homme d’une soixan- de Kandahar, chaque réfugié, venus par Bamiyan et Kaboul. cauchemar, il y a cinq jours, perdu taine d’années, réfugié sous une interrogé en toute liberté, la Alors, les talibans étaient là, et nous à la fois sa femme, ses trois tente avec ses deux femmes, dont confirme. « Je pense que ce n’est n’avons pas eu de problèmes », enfants et ses beaux-parents. la veuve de son frère, et ses neuf plus ma tête, que c’est celle de quel- raconte-t-il. Pourquoi a-t-il quitté « Deux bombes sont tombées sur enfants. qu’un d’autre », affirme Kamela, Mazar-e-Charif ? « Parce que je la maison de mon beau-père à Abdul Shakur, qui vendait des échouée ici avec son mari en chai- suis pachtoune. Juste à cause de ma 11 heures du soir », raconte-t-il, colifichets sur une charrette dans se roulante depuis un bombarde- langue, les hommes de Dostom dans le camp de réfugiés Moham- la rue, vivait en face de la maison ment de l’ex-armée rouge au m’auraient tué », dit-il. med Bin Rachid al-Maktoum, à la du chef suprême des talibans, le temps du djihad. « Je n’ai pas dor- Marchand de bestiaux, Abdul sortie de Spin Boldak, sur la route mollah Mohammed Omar, à Loya mi depuis des nuits. Les bombarde- Waheed, quarante ans, est venu de Kandahar. Fazel Mohammed, Wala. « Par crainte, nous dormions ments américains et britanniques avec soixante-dix autres familles la trentaine, avait envoyé sa dehors, raconte-t-il ; mais, dans la détruisent tout. » pachtounes de Shebergan, un bourg famille chez son beau-père, pen- nuit, des bombes sont tombées et Ces réfugiés de Kandahar ne par- au sud-ouest de Mazar-e-Charif. LE CONFLIT EN AFGHANISTAN LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 3 EMMANUEL DUNAND/AFP a KABOUL. Pour la première fois depuis plus de cinq ans, quelque deux cents femmes se sont promenées en groupe dans Kaboul sans leurs burqas. Mais elles n’ont pu défiler jusqu'au bâtiment de l'ONU, le pouvoir leur ayant imposé de différer leur manifestation d'une semaine. Les militantes de la Coalition des femmes d'Afghanistan réclament le droit de retourner travailler, voire d’intégrer le futur Conseil de l'unité afghane. Cinéma, musique, télévision : Kaboul retrouve le goût des (petites) libertés KABOUL le 13 novembre dans la capitale dix-sept salles fermées sur ordre festation d’une semaine. Les mili- de notre envoyé spécial afghane. des talibans, le cinéma Bakhtiar a tantes, déçues, racontent qu’elles Kaboul a retrouvé le goût de Question : « Que pensez-vous des été le premier à convier les Kabou- ne réclament que le droit de retour- l’image et du son, une semaine talibans ? » Réponse : « Oh, ils sont lis à une projection. Là aussi, le ner travailler, une mesure annon- après la chute des talibans. La musi- terribles ! Des serviteurs de l’ennemi, patriotisme moudjahidin est de cée par le Front uni (Alliance du des marionnettes du Pakistan ! » mise. Une foule d’impatients s’est Nord), mais pas encore appliquée. REPORTAGE Question : « Comment jugez-vous la presque battue pour voir ou revoir Soria Parlika, chef de file des mani- situation ? » Réponse : « Oh, nous Ouroudj (L’Ascension), un classique festantes, est plus exigeante : « Le temps sommes très reconnaissants, car des films de guerre afghans qui évo- « Nous souhaitons intégrer le futur des ténèbres est fini ; nous sommes libres. Nous avons que le djihad contre l’armée soviéti- Conseil de l’unité afghane. Sinon, nous allons maintenant désormais un véritable Etat islami- que. qui entendra notre voix ? Je vous en apprécier la vie ! » que. Nous sommes très heureux. » prie, puisque nous ne pouvons pas Puis vient la question « critique » : DÉFILÉ INTERDIT aller voir les gens des Nations unies, « Il y a des rumeurs sur des problè- Le vent de libération qui souffle dites-leur de venir ici ! » que se répand de gargotes en mes de sécurité à Kaboul. Est-ce sur la capitale afghane a parfois ses Interpellé sur le rôle politique échoppes, la télévision offre trois vrai ? » Réponse : « Oh non, pas du limites. Ainsi, alors que la radio des femmes en Afghanistan, Fran- heures de programmes chaque tout. Tout va bien. Allah nous a sau- avait annoncé le jour même de l’ar- cesc Vendrell, l’envoyé spécial de soir, et le cinéma Bakhtiar a rou- vés des Pakistanais et des Arabes ! » rivée des moudjahidins à Kaboul l’ONU, a paru ennuyé par la ques- vert ses portes, provoquant une Le reportage se conclut par la que les femmes retrouveraient leur tion. Non, il n’a pas vu de femmes émeute populaire. afghanes. Non, aucune femme n’a « Cinq ans ! Il y a cinq ans que j’at- été conviée à la réunion des chefs tendais ce moment ! dit Asef en sor- Une femme dans la délégation de guerre à Berlin pour évoquer tant un vieux téléviseur et un l’avenir du pays. Non, il ne verra magnétoscope du placard où ils de l’ex-roi afghan à Berlin pas de femmes afghanes, puisqu’il étaient cachés. Sous les talibans, quitte Kaboul « demain matin »,au nous ne pouvions regarder que d’an- Une femme fera partie de la délégation de l’ex-roi d’Afghanistan, terme d’une visite de quatre jours. ciennes vidéos, et presque sans le Mohammed Zaher Chah, qui se rendra à Berlin la semaine prochai- A deux pas de la maison de Soria son, au cas où un voisin entendrait. ne à la conférence de l’ONU, a indiqué, mardi, Margherita Boniver, Parlika, des adolescents bavardent Un cauchemar ! Un ennui… » sous-secrétaire d’Etat italienne aux affaires étrangères. « Il s’agit sur un banc public. Ils ne boivent Si les Kaboulis ont renoué avec d’une authentique victoire, d’un événement révolutionnaire. Pour la pas le thé ni ne fument, pour cause la liberté d’allumer le téléviseur, la première fois, une femme siègera aux côtés de tant d’hommes de ramadan. Ils regardent les fem- liberté d’obtenir une information afghans », a déclaré Mme Boniver, sans vouloir dévoiler le nom de cet- mes qui se dispersent. « Ce serait juste sera pour plus tard. « Peu te personne. important que les femmes aient la importe ! » tranche Asef. Le chef Un porte-parole de l’ancien souverain, qui vit en exil à Rome parole en Afghanistan, pense Naser, des programmes télévisés, Sham- depuis 1973, a indiqué à l’AFP que huit personnes, dont il n’a pas pré- un étudiant en médecine. Je crois suddin Hamid, apparaît à l’écran, cisé les noms, feront partie de la délégation royaliste à la conférence que tout ira bien, très vite. J’ai con- caché derrière ses éternelles lunet- interafghane organisée par l’ONU à Berlin. Pour Mme Boniver, la par- fiance en ceux qui ont chassé les tali- tes noires. « Chers téléspectateurs, ticipation d’une femme à ces négociations sur l’avenir du pays repré- bans. » félicitations. Nous avons vaincu ! TV sente « un signe d’espoir pour toutes ces femmes afghanes qui ont subi, Naser parle de « révolution » à Kaboul est de retour, le temps des jusqu’à présent, toutes sortes de privations et d’humiliations ».– (AFP.) Kaboul ; il confie ses espoirs en ténèbres est fini, nous allons mainte- l’avenir. Un soldat approche : «Ne nant apprécier la vie ! Merci à vous, parle pas aux étrangers ! » Naser chers téléspectateurs, d’être de question « innocente » : « Quel place dans la société, les militaires est décontenancé : « Pourquoi ? » retour après cinq années sous les tali- pays a interféré dans les affaires de ont interdit mardi un rassemble- Le moudjahidin fronce les sour- bans, et merci au Front uni d’avoir l’Afghanistan ? » Réponse d’une ment « féministe ». Les deux cents cils : « Parce que c’est interdit ! » libéré Kaboul ! » jeune femme vêtue d’une burqa dames se contentaient pourtant Naser murmure en souriant : Après que Mariam Shakebar, bleue, un doigt accusateur émer- d’apparaître sans leurs burqas et « Bon, il y aura peut-être encore une jeune femme portant un fou- geant du voile intégral : « Le Pakis- de vouloir défiler jusqu’au bâti- quelques problèmes, mais je me sens lard fleuri, a informé les « chers tan ! Le Pakistan et d’autres pays ! ment de l’ONU afin de faire enten- libre quand même. Lui, c’est juste un téléspectateurs » du menu de la soi- Ceux-là doivent prendre garde main- dre leur voix au-delà des frontières idiot. » Et il ajoute, l’air soucieux : rée et qu’un mollah a lu des versets tenant ! » Place sur l’écran à la de l’Afghanistan. « L’unique souci, c’est qu’il y a beau- du Coran, la chronique « Vie de la musique : des chants de guerre des Pour d’obscures « raisons de sécu- coup d’idiots comme ce soldat en cité » fait sourire en coin les Kabou- moudjahidins ! rité », le pouvoir a prié les effron- Afghanistan. » lis. Ce télé-trottoir est évidemment La télévision n’est pas la seule à tées de la Coalition des femmes à la gloire des moudjahidins entrés effectuer un retour fracassant. Des d’Afghanistan de différer leur mani- Rémy Ourdan de Kandahar et les exactions contre les Pachtounes à Mazar-e-Charif « Nous savions que les talibans « L’Alliance du Nord ne nous appor- Pour Amanullah et la dizaine dont les traînées blanches strient étaient faibles à Mazar-e-Charif ; tera jamais la paix », affirme Ama- d’hommes qui se sont rassemblés le ciel, sont là pour le rappeler. alors, quand l’Alliance du Nord nullah, qui avoue : « Nous sommes autour de lui, « seules les Nations Dans cette zone encore sous s’est rapprochée, nous avons décidé tous des tueurs des uns et des unies peuvent jouer les intermé- contrôle taliban, à deux heures de de partir. Quand ils voient un Pach- autres. Si un Tadjik arrive au pou- diaires. Si l’ONU choisit quelqu’un, route de Kandahar, difficile d’ima- toune, quel qu’il soit, ils disent que voir, les Pachtounes n’accepteront on acceptera. Nous voulons juste la giner un pays en guerre. A la fron- c’est un taliban, et ils le tuent », pas. Si c’est un Pachtoune, les Tad- paix. » tière, les quelques talibans en affirme-t-il. jiks refuseront. Avec les talibans, on La paix est sans doute encore loin- charge du bureau des passeports vivait en paix. » taine, et les avions américains, gardent ceux-ci pour être sûrs « TOUS DES TUEURS » qu’aucun journaliste ne puisse Visiblement, le seigneur de s’éloigner seul. Mazar-e-Charif, le général ouzbek Un camp « pour les victimes de la guerre américaine » Rachid Dostom, n’a pas laissé de MARCHÉ OUVERT bons souvenirs chez ces Pach- Le camp de réfugiés de l’ « organisation charitable Mohammed Bin Les responsables talibans ne tounes. « Sous les talibans, nous Rachid al-Maktoum » – du nom de la famille régnante de l’émirat de veulent pas prendre de risques vivions tous en paix – Pachtounes, Dubaï – a été ouvert au début des frappes américaines, le 7 octobre, après l’assassinat de quatre de nos Ouzbeks, Tadjiks, Hazaras –, mais selon le mollah Najibullah, responsable taliban du ministère des confrères, retrouvés morts, mardi quand Dostom est venu ils ont com- affaires étrangères. Il abrite plusieurs dizaines de milliers de person- 20 novembre, sur la route entre mencé à se battre contre les Pach- nes. « Le Commandeur des croyants, le mollah Omar, a demandé aux Jalalabad et Kaboul. tounes », explique Amanullah, Nations unies de venir dans ce camp, mais ils ne viennent pas », souligne Le marché de Spin Boldak est autre marchand de bétail de She- le mollah Najibullah. ouvert et, dans les containers qui bergan, qui a tout abandonné à Ce camp de réfugiés est l’un des trois qui ont été installés à Spin servent d’échoppes, les affaires se l’annonce de la chute de Boldak, à environ 10 kilomètres de la frontière entre l’Afghanistan et poursuivent. Les talibans sont Mazar-e-Charif. « Même avec des le Pakistan. Celui du Al-Rasheed Trust, organisation pakistanaise de encore ici chez eux et, pour l’ins- garanties, si Rabbani ou Dostom Karachi mise, après les attentats du 11 septembre contre New York et tant au moins, personne de l’inté- sont au pouvoir, je ne retournerai Washington, sur la liste des organisations terroristes par les Etats- rieur ne les menace. pas à Mazar-e-Charif », explique Unis, affiche la couleur : « Pour les victimes de la guerre américaine : Abdul Waheed. nouveau camp. » Françoise Chipaux 4 LA COALITION ET L’HUMANITAIRE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 Le Pentagone compte sur l’Alliance du Nord pour conquérir les dernières villes A Washington, la priorité reste la traque d’Oussama Ben Laden. Dans cet objectif, le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld a laissé entendre qu’un renfort important des forces spéciales ou des marines était envisagé, essentiellement pour des missions de surveillance et de renseignement

WASHINGTON per. Le secrétaire à la défense, veillance et de renseignement. les dont elle s’est emparée, sans cussion avec le Pakistan au cas où te de ne pas entrer dans Kaboul, de notre correspondant Donald Rumsfeld, est revenu à plu- Cependant, le Pentagone a aussi parler des routes, et pour maîtriser, les dirigeants talibans et ceux d’Al- M. Rumsfeld avait déclaré, le lende- Confuse sur le terrain et sur le sieurs reprises sur ce point, laissant donné, mardi, des informations sur si elle le peut, ses rivalités internes. Qaida traverseraient la frontière main, en substance, qu’elle ferait plan diplomatique, l’étape actuelle entendre que la recherche du mil- l’entraînement suivi par des unités M. Rumsfeld redoute même que afin de se cacher dans ce pays. ce qu’elle voudrait et qu’il fallait de la guerre menée en Afghanistan lionnaire ex-saoudien pourrait d’infanterie dans le Vermont, au pour assurer ses positions, le Front De l’Alliance du Nord, le secrétai- seulement espérer que prenant le contre l’organisation terroriste de nécessiter un renfort important nord-est des Etats-Unis, pour se uni ne soit prêt à échanger la reddi- re à la défense attend donc qu’elle contrôle de la capitale, elle le ferait Oussama Ben Laden et contre ses d’éléments des forces spéciales ou préparer à affronter l’hiver afghan. tion des places fortes talibanes con- achève la conquête des villes afgha- sans commettre d’exactions. alliés talibans ne paraît pas très clai- de marines. De source officieuse, Certes, ces unités peuvent être Dans le partage des tâches qui re, politiquement, à Washington. appelées à remplir des missions de est en vigueur depuis deux mois, Personne ne semblait avoir, mardi maintien de la paix dans des condi- 22 000 pistes, mais aucune sérieuse c’est au secrétaire d’Etat, Colin 20 novembre, dans la capitale amé- Les Américains tions climatiques difficiles, mais le Powell, qu’il revient de plaider ricaine, une idée arrêtée de la plus probable est quand même Le Bureau de la sécurité diplomatique américain a enregistré plus pour un accord politique, permet- manière dont il serait possible de admettent qu’ils qu’elles se préparent dans l’hypo- de 22 000 pistes en réponse à un appel lancé au public pour aider à la tant la formation d’un « gouverne- conjuguer la poursuite de l’entrepri- thèse où elles devraient affronter capture d’Oussama Ben Laden, a déclaré mardi 20 novembre le porte- ment à base large ». Recevant, mar- se de destruction du réseau Ben ne peuvent compter une guérilla ou bien mener des opé- parole du département d’Etat, Richard Boucher. « La plupart des infor- di, son homologue allemand, Josch- Laden, la mise en place d’un gou- rations de recherche et de confine- mations nous sont venues par courrier diplomatique ou par téléphone », ka Fischer, ministre des affaires vernement viable et la prise en char- sur les anti-talibans ment durant l’hiver. a-t-il précisé. Aucune de ces pistes ne s’est révélée concluante. « Nous étrangères, et annonçant la réu- ge de l’aide humanitaire et même Au reste, la tactique choisie par n’avons pas encore identifiée une information particulière qui ait pro- nion de Berlin, M. Powell a souli- d’un début de reconstruction. pour chasser Washington pour en finir avec Ben duit un résultat particulier », a-t-il dit. gné la nécessité d’un « partenaire Une chose était affirmée avec for- Laden suppose l’intervention de Le Pentagone a aussi indiqué, mardi, que les militaires américains afghan » pour l’aide humanitaire ce, la priorité donnée à la recherche le chef d’Al-Qaida troupes. En offrant une récompen- diffusaient « depuis quelques jours » en Afghanistan une offre de et pour la reconstruction. Le secré- et à la capture de Ben Laden. La se de 25 millions de dollars à qui récompense de 25 millions de dollars pour la capture de Ben Laden et taire d’Etat a réaffirmé sa convic- chute du régime taliban et l’encer- dans les montagnes leur permettra de le localiser et de d’autres dirigeants du réseau Al-Qaida. Le secrétaire d’Etat, Colin tion qu’une « autorité intérimaire » clement d’une partie des troupes s’emparer de lui, les dirigeants amé- Powell, a précisé pour sa part qu’« il autorisait » une telle récompen- – sous-entendu : extérieure – est d’Al-Qaida à Kunduz, au nord du ricains admettent qu’ils ne peuvent se. Le mois dernier, le Congrès l’avait autorisé à porter de 5 à 25 mil- nécessaire avant que puisse se pays, privent le chef terroriste de mardi soir, le chiffre de plusieurs compter sur les forces afghanes lions de dollars la prime pour la capture de ben Laden. – (AFP.) constituer un gouvernement ses protections et font donc de lui centaines d’hommes était évoqué. anti-talibans pour se lancer à la afghan représentatif des différen- et de son état-major la cible logi- Le ministère de la défense poursuite d’Al-Qaida dans les mon- tes ethnies. Le Pentagone, attentif que des actions menées à présent démentait que ces troupes soient tagnes. Alors que les trois quarts tre la vie sauve et la liberté de leurs nes et qu’elle continue à affaiblir à son entente avec l’Alliance du par les forces américaines. Le Penta- appelées à pourchasser Ben Laden du territoire afghan échappent défenseurs. Il a exclu catégorique- Al-Qaida et ses alliés talibans. A ce Nord, paraît disposé à comprendre gone a une deuxième raison de se dans les montagnes où il est suppo- désormais aux islamistes, selon ment l’idée que la bataille de Kan- prix, M. Rumsfeld paraît disposé à l’hostilité de celle-ci à l’arrivée de concentrer sur cet objectif, c’est la sé se cacher et dans les « grottes et l’évaluation du contre-amiral John dahar se termine par la fuite du se désintéresser du problème politi- forces étrangères limitant le crainte que celui qui est considéré tunnels », hérités de la guerre con- Stufflebeem au cours de la confé- mollah Omar, chef des talibans. que posé par la suprématie acquise pouvoir qu’elle vient de gagner de comme l’organisateur des attaques tre les Soviétiques, qui pourraient rence de presse quotidienne du « Nous ne le laisserons pas quitter par le Front uni. Déjà, lorsque haute lutte. du 11 septembre sur New York et lui servir longtemps d’abri. Il s’agi- Pentagone, l’Alliance du Nord a Kandahar », a-t-il prévenu, ajou- George Bush, le 10 novembre, Washington ne parvienne à s’échap- rait seulement de missions de sur- assez à faire pour contrôler les vil- tant qu’il y aurait une sérieuse dis- avait demandé à la coalition nordis- Patrick Jarreau

Plus de vingt nations de liaison à Tampa depuis 1991. Cette représentation a été Le Royaume-Uni ne prévoit pas représentées au commandement central augmentée et rehaussée après le déclenchement des frappes Le commandement central, installé L’officier interrogé par Le Monde, aériennes en Afghanistan, le l’envoi de nouvelles troupes dans la région sur la base aérienne MacDill, à mardi 20 novembre, refuse de 7 octobre. La mission française, Tampa, en Floride, est l’un des neuf donner un chiffre précis, de même dirigée aujourd’hui par un général « NOUS N’ALLONS PAS mettre des forces en place défense, que le déploiement des troupes était repor- commandements unifiés que la liste de ces pays. « Certains de corps d’armée, comprend une sans l’accord des Etats-Unis et une entente claire sur té en raison de désaccords entre Londres et Wash- – c’est-à-dire réunissant les d’entre eux n’ont aucune réserve dizaine de personnes. La mission ce que nos troupes feront dans le cadre de la coalition ington sur le rôle de ces troupes. différentes composantes des forces contre le fait que leur présence ici britannique en a compté jusqu’à militaire », a déclaré, mardi 20 novembre, le chef de armées – du système de défense soit mentionnée, mais d’autres quatre-vingts. la diplomatie britannique, Jack Straw, à la commis- UNE SITUATION « DANGEREUSE » américain. préfèrent que cela ne se sache pas », b Le commandement central est sion des affaires étrangères du Parlement. Il a Interrogé sur les réticences de l’Alliance du Nord En activité depuis 1983, il couvre explique-t-il. L’ensemble de ces chargé des opérations militaires, reconnu que la situation en Afghanistan « ne cesse face au déploiement de troupes françaises à vingt-cinq pays, allant de la corne représentants sont réunis du renseignement et de l’action de changer ». « Nous devons donc continuer à étu- Mazar-e-Charif, toujours bloquées en Ouzbékistan de l’Afrique au Proche-Orient, au régulièrement pour être informés humanitaire. Sont donc dier le type de forces qui pourrait convenir et à déter- depuis le début de la semaine, et de renforts britan- Moyen-Orient et jusqu’à l’Asie des opérations qui se préparent, et représentées aussi, auprès de lui, miner qui doit les envoyer », a ajouté le ministre, niques à Bagram, M. Straw a affirmé : « Le monde centrale. Il emploie neuf cents pour pouvoir proposer une l’Usaid (Agence des Etats-Unis pour pour qui la question se pose « de savoir si des forces les [les dirigeants de l’Alliance du Nord] regarde. Le personnes placées, depuis juillet éventuelle participation. le développement international), de l’extérieur [au pays] pourraient s’adapter en Afgha- monde les écoutera ». 2000, sous la direction du général b Des missions permanentes. A les agences des Nations unies nistan » en même temps que le lancement d’une Pour sa part, le ministre britannique de la défen- des marines, Tommy Franks. côté de cette structure formelle et les organisations non administration civile. se, Geoff Hoon, a estimé que la situation en Afgha- b Une vingtaine de pays fonctionnent des groupes de travail gouvernementales intervenant La Grande-Bretagne et les Etats-Unis avaient nistan « paraît vraiment dangereuse », notamment représentés. Les forces armées des de formats différents. Certains dans l’aide alimentaire ou médicale auparavant démenti tout désaccord ou tout retard pour ce qui est de la sécurité des commandos du pays alliés des Etats-Unis au sein de alliés des Etats-Unis sont d’ailleurs et dans l’assistance aux réfugiés. sur le déploiement éventuel de quelque 4 000 à Special Boat Service (SBS), relevant du Royal Mari- la coalition contre le terrorisme représentés auprès du Un centre de coordination, 6 000 militaires britanniques supplémentaires, don- nes, à Bagram. « S’ils ont terminé leur travail, a indi- sont représentées à Tampa. Selon commandement central de façon associant ces acteurs et les pays né pour imminent après l’arrivée d’une centaine de qué M. Hoon, nous les rapatrierons. Nous ne les lais- le département des affaires permanente depuis la guerre du alliés concernés, fonctionne, à forces spéciales à l’aérodrome de Bagram. Deux serons pas là-bas pour le principe. S’ils disent qu’ils publiques du commandement Golfe. C’est le cas de la Tampa, en liaison avec une quotidiens londoniens, le Times et l’Independent, ont amassé suffisamment d’informations, ils partiront central, le nombre des pays Grande-Bretagne ; c’est aussi celui structure proche du terrain, au ont affirmé mardi, en citant des sources britanni- et, ensuite, nous verrons alors qui ira finalement ». présents approche la vingtaine. de la France, qui avait un officier Pakistan, à Islamabad. ques diplomatiques et proches du ministère de la – (AFP.) Vingt-deux pays se penchent sur la reconstruction de l’Afghanistan QU’ON NE DISE PAS que les la communauté internationale, et Etats-Unis sont tentés de laisser « pas seulement les Etats-Unis », tomber l’Afghanistan dès les affai- ont « l’énorme obligation » de «ne res militaires terminées : alors que pas laisser tomber l’Afghanistan » le conflit est loin d’être fini et que et de ne pas « s’en détourner com- les chefs islamistes d’Al-Qaida me cela a été le cas dans le passé », sont loin d’être arrêtés, le départe- une sorte d’autocritique pour le ment d’Etat américain a accueilli comportement américain de mardi 20 novembre à Washington désengagement après le retrait une conférence de vingt-deux soviétique de 1989. pays destinée à préparer la recons- « Une vaste majorité des Afghans truction du pays. se réveillent chaque matin affamés Convoquée en urgence, à l’initia- et transis de froid. Une génération tive des Etats-Unis et du Japon, entière d’Afghans n’ont jamais con- elle a réuni les représentants des nu la paix, ni le sentiment d’avoir ministères des finances ou du déve- l’estomac plein, ni une éducation loppement de Grande-Bretagne, digne de ce nom, et ils ne se savent d’Allemagne, d’Arabie saoudite, pas ce que c’est que la liberté »,a entre autres pays donateurs, ainsi ajouté M. Powell. Dans la foulée que des fonctionnaires des de la campagne actuelle de Wash- Nations unies et de la Banque ington en faveur des Afghanes, M. mondiale – organisations qui Powell a invité les donateurs à seront chargées de la gestion des veiller à ce que les femmes jouent aides promises. « un rôle de premier plan » dans la Le directeur du Programme des distribution de l’aide ou son orga- Nations unies pour le développe- nisation. ment (UNDP), Mark Malloch Les donateurs ont prévu de pré- Brown, n’a pas caché qu’il s’agis- parer un plan d’action concret et sait de profiter de ce que l’atten- de se revoir en janvier au Japon. tion planétaire est portée sur Certains participants ont estimé à l’Afghanistan pour « engranger des 1 milliard de dollars par an le coût engagements » qui porteront leurs de la reconstruction nécessaire fruits pendant plusieurs années. dans ce pays de 25 millions d’habi- Les organismes d’aide voudraient tants où l’espérance de vie est de éviter le scénario désormais classi- quarante ans : une opération bien que dans les drames ou conflits plus considérable que celles qui médiatisés, où l’engouement ont eu lieu au ou au Timor- humanitaire initial fait place à des Oriental, territoires moins peuplés périodes de désintérêt complet. ou dévastés. Selon la Banque mon- En ouvrant la réunion, Colin diale, le seul déminage de l’Afgha- Powell, le secrétaire d’Etat améri- nistan coûterait quelque 500 mil- cain, a rappelé les mots du prési- lions de dollars soit le budget dent George W. Bush, selon lequel entier de l’opération timoraise. LA COALITION ET L’HUMANITAIRE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 5

DÉPÊCHES

Alors que l’hiver s’installe, la route a SOLDATS FRANÇAIS. Les négociations se poursuivaient toujours, mercredi 21 novembre, avec les dirigeants de l’Alliance du humanitaire par le nord reste aléatoire Nord de la région de Mazar-e-Charif (nord de TERMEZ (Ouzbékistan) ouvrir sa frontière. A moyen terme, passer leurs marchandises stockées l’Afghanistan), pour le déploiement de notre envoyé spécial Termez devrait devenir la tête de à Termez sous couvert des rares du contingent français, indiquait « Il neige à Mazar-e-Charif, mais pont humanitaire espérée, tout le ONG accréditées. Mais le retour en l’état-major des armées à Paris. les couvertures sont encore ici, à Ter- monde en est convaincu. Mais pour Afghanistan de leurs personnels Les 58 Français arrivés il y a trois mez. » La brutale offensive de l’hi- les dizaines de milliers de familles expatriés demeure un casse-tête. jours à Khanabad, près de Karchi, ver, mardi 20 novembre, a ravivé afghanes qui croupissent dans des Beaucoup sont repartis à Tachkent attendent dans cette base militaire l’amertume de Jérôme Combès, camps de fortune, l’avenir se comp- pour tenter d’obtenir un visa turk- ouzbèke les résultats de la chef de mission d’Action contre la te en jours. Pour les plus fragiles, en mène (une rareté !) ou tadjik, voire « concertation » avec les dirigeants faim (ACF), l’une des organisations heures. iranien. Cela prendra des jours, des de l’Alliance du Nord. non gouvernementales bloquées à « Avant le 11 septembre, il y avait semaines peut-être. La présence de a ANTHRAX. Une nonagénaire, la frontière ouzbèke. Il vient de déjà urgence dans le nord de l’Afgha- ces experts étrangers est pourtant habitant le Connecticut, dans le prendre connaissance du rapport nistan, rappelle Cédric Petit, chef indispensable pour remettre en nord-est des Etats-Unis, pourrait d’évaluation effectué deux jours de mission de l’ONG française Soli- ordre de marche leurs équipes loca- avoir été contaminée par la plus tôt par ses collègues de Save darités. L’aide prévue à l’époque les et procéder enfin à la distribu- maladie du charbon, a indiqué, the Children et de Médecins sans pouvait à peine répondre aux tion de l’aide. mardi 20 novembre, John frontières-Belgique. Un homme de En désespoir de cause, certaines Rowland, gouverneur de cet Etat. 35 ans est mort de faim à Sar-e-Pol, ONG en appellent à CNN : « Si l’on Il a précisé qu’elle avait été au sud-ouest de Mazar-e-Charif. Pour les dizaines montrait des images chocs des camps hospitalisée en présentant des Ce cas, même s’il s’avérait uni- de déplacés, peut-être que le gouver- symptômes ressemblant à la forme que, en dit long sur la santé très de milliers de familles nement ouzbek prendrait conscience respiratoire de la maladie du détériorée des populations du nord du problème. » D’autres comptent charbon et que des examens de l’Afghanistan. « Nous sommes ter- afghanes qui croupissent sur l’appui des forces armées inter- étaient en cours. riblement inquiets, insiste Gilles nationales pour faciliter l’achemine- a Des bacilles de la maladie du Gonzalès, le porte-parole d’ACF. dans des camps ment en personnels et en matériels. charbon ont été découverts, en Généralement, ce sont les enfants qui Des avions gros porteurs pour- faible quantité, dans les bureaux de souffrent de malnutrition. » de fortune, l’avenir raient ainsi se poser directement à deux sénateurs américains, dont le Plus de dix jours après la chute de Mazar-e-Charif lorsque les soldats démocrate Ted Kennedy. « Il s’agit Mazar-e-Charif, les personnels se compte en jours français auront réparé et sécurisé de cas isolés », a indiqué le humanitaires internationaux pré- l’aéroport. Mais travailler ensuite porte-parole de la police chargée de JAN BAUER/AP sents dans la ville se comptent sur sous protection militaire divise les la sécurité du Congrès, Dan a NUREMBERG. Devant les délégués du Parti social-démocrate les doigts des deux mains. Deux besoins. La situation n’a pu qu’empi- humanitaires. Les Américains y Nichols, à la suite de tests effectués allemand réunis en congrès, le premier ministre britannique Tony Blair membres de Solidarités sont arri- rer depuis. » Lundi 19 novembre, seraient assez favorables. Les Euro- le week-end dernier. a apporté mardi tout son soutien au chancelier Gerhard Schröder, dont vés, mardi 20 novembre, depuis le au cours d’une réunion de travail, péens, et surtout les Français, très Elles ont été découvertes dans un le visage apparaît en arrière-plan sur un écran vidéo géant. Turkménistan, par une piste désor- le ministre des situations d’urgen- réservés. immeuble, le Russell, où se trouvent mais « enneigée et très boueuse ».La ce, Ravchan Khaidarov, a douché Pour Solidarités, présente en les bureaux des sénateurs, qui est veille, une équipe d’Acted avait les derniers espoirs d’une ouvertu- Afghanistan depuis vingt ans, ce adjacent au Capitole, le siège du emprunté une route, encore très ris- re rapide par un ferme rappel des serait contre-productif : « Ceux qui Congrès américain. La bactérie a Tony Blair et Gerhard Schröder quée, depuis le Tadjikistan. Certains règles du jeu ouzbek. « Le franchis- croient pouvoir reproduire ici un également été découverte dans les pourraient venir d’Iran, bien que le sement de la frontière par des person- schéma de type Kosovo font un lourd bureaux du sénateur démocrate du trajet ne soit pas sécurisé. De nels internationaux, qu’ils soient des contresens, la situation est autrement Connecticut (nord-est) Christopher au diapason devant le congrès du SPD l’Ouzbékistan, pourtant à une Nations unies ou des ONG, n’est pas plus complexe, avertit Cédric Petit. Dodd. soixantaine de kilomètres par une à l’ordre du jour, commente Cédric Travailler avec des militaires, ce a PUBLICITÉ. George W. Bush a NUREMBERG imposant l’épreuve de la motion route droite et goudronnée, encore Petit. De plus, seules les ONG enregis- serait nous assimiler à une faction accepté de participer à un spot de notre envoyé spécial de confiance ; à Nuremberg, le pré- rien ni personne. trées en Ouzbékistan pourront faire armée. » La seule méthode, selon télévisé parrainé par l’industrie du Pour Gerhard Schröder, la crava- sident Schröder a repris le contrô- Les Etats-Unis ont annoncé 5 mil- passer du matériel sur les barges. » lui, c’est la discussion « avec les com- tourisme aux Etats-Unis, pour te était rouge. Pour Tony Blair, elle le de ses troupes en appelant au lions de dollars d’aide à destination Problème : la plupart des ONG qui mandants, grands et petits, et avec inciter ses concitoyens à était bleue. Mais tous deux, dans patriotisme de parti. La résolution des provinces septentrionales de travaillent habituellement en les shuras, les assemblées tradition- surmonter leurs peurs, à voyager l’enceinte de la foire de Nuremberg de politique étrangère que les l’Afghanistan. Mais, pour l’humani- Afghanistan n’ont pas d’accrédita- nelles des villages et des vallées ». Et et à visiter leur pays. A la veille du où le Parti social-démocrate alle- représentants de la gauche du SPD taire, la route du nord reste aléatoi- tion ouzbèke, et pour l’obtenir, le pour seule arme, la patience. long week-end de mand (SPD) tient congrès, avaient voulaient présenter au vote des re, en particulier à cause de la réti- délai est de deux à six mois. « Thanksgiving », le spot alterne le même costume sombre et, sur- délégués, et qui mettait en cause cence du gouvernement ouzbek à Certains ont déjà décidé de faire Jean-Jacques Bozonnet des images du président invitant tout, le même langage. Tony Blair, l’intervention allemande en Afgha- les Américains à prendre l’avion et invité de marque d’un congrès nistan, a été promptement retirée à profiter en famille des sites taillé sur mesure pour faire connaî- de la discussion, Gerhard Schröder touristiques de l’Amérique, avec tre que Gerhard Schröder est le ayant fait valoir qu’il avait besoin Les Etats-Unis s’engagent dans une aide sur le long terme des encouragements de chef incontesté de son parti, a vite d’unité et d’une « grosse majorité » restaurateurs, d’hôteliers, compris en quoi il pouvait être uti- au sein du congrès pour pouvoir WASHINGTON relativement modeste : 310 millions de dollars, alors d’hôtesses de l’air. « On atteint la le. En quelque vingt-cinq minutes gouverner. de notre envoyé spécial que la seule Croix-Rouge américaine va reverser grandeur lorsque le caractère de discours, il n’a manqué aucune Dès le premier jour des bombardements, les Améri- 543 millions de dollars de dons aux familles des victi- américain, le courage américain occasion de rendre hommage à son RÉSOLUTION SUR L’EUROPE cains larguaient au-dessus de l’Afghanistan des dizai- mes du World Trade Center. Mais les Américains souli- surmontent les défis américains… et « ami Gerhard », dont il a vanté le La résolution sur la politique nes de milliers de rations alimentaires. On devait sur- gnent que depuis vingt ans ils sont de loin les plus nous y arriverons », souligne cette « courage » et « l’intégrité ». extérieure et de sécurité adoptée tout en retenir qu’elles contenaient du beurre de caca- grands pourvoyeurs d’aide à l’Afghanistan. publicité. Tony Blair sait y faire. Vigoureu- par les délégués assure que le SPD huètes. Cette action de propagande, critiquée par des Leur préoccupation majeure est désormais de per- a VOYAGES. Les milieux sement applaudi par les militants soutient la décision du gouverne- responsables d’ONG dans la région, confortait ceux mettre l’acheminement de la nourriture vers les d’affaires ont réduit leurs pour chacune de ses bonnes paro- ment d’envoyer des soldats alle- qui voyaient alors dans l’aide humanitaire un sous-pro- régions les plus sinistrées, celles du Nord, souvent pro- budgets voyages à la suite des les à l’égard de leur président, le mands en Afghanistan. « Les déci- duit très médiatisé des opérations militaires. Les criti- ches des frontières turkmène, ouzbèke et tadjike, expli- attentats du 11 septembre aux premier Britannique, en réalité, sions gouvernementales, poursuit la ques ont redoublé quand il est apparu que ces petits que Andrew Natsios, administrateur d’US AID. Ces Etats-Unis, selon une étude rendue s’est tressé ses propres couronnes, résolution, sont utiles à la nécessai- containers jaunes étaient de la même couleur que les frontières demeurent fermées ou difficilement franchis- publique mardi 20 novembre par louant sa prévoyance, ses convic- re coopération internationale pour explosifs dispersés par les bombes à fragmentation uti- sables. M. Natsios a bon espoir que les « bureaucraties l’Association internationale du tions, son modernisme en même combattre le terrorisme internatio- lisées par l’armée américaine – mais pas dans les locales » finiront par obéir aux consignes données par transport aérien (IATA). 36 % des temps que sa fidélité aux valeurs nal et assurer plus de sécurité dans mêmes zones, a précisé le Pentagone. « les responsables au plus haut niveau » qu’il a rencon- hommes d’affaires interrogés après éternelles de la social-démocratie la monde. » Le texte précise cepen- Les largages se sont poursuivis. Au total, un million trés au cours d’une récente tournée en Asie centrale. le 11 septembre ont indiqué qu’ils qui, seules, peuvent faire de la dant que ces initiatives doivent et demi de repas « sûrs, végétariens, culturellement non comptaient réduire leurs budgets Grande-Bretagne « un pays prospè- être accompagnées d’une vigou- sensibles, qui contiennent tout ce qu’il faut, sauf si vous LE GRAIN A ÉTÉ MANGÉ consacrés aux voyages. Seulement re, fier de son identité nationale reuse politique de développement avez besoin de goût », a expliqué récemment un porte- Le chef de l’US AID estime tout de même que « plu- 10 % avaient encore l’intention de mais aussi un partenaire authenti- et d’une implication plus grande parole de la défense. Ces rations seraient très appré- sieurs semaines » pourraient s’écouler avant que les accroître. Cependant, le millier que en Europe ». des Nations unies dans le règle- ciées par les Afghans. Les enfants découperaient même l’Ouzbékistan n’accepte d’ouvrir le « Pont de l’Ami- de responsables de sociétés Le premier ministre a apporté ment des conflits. l’emballage pour s’en faire des pochettes pour leurs tié » par où 40 % de l’aide pourrait être acheminée. Par d’Europe, d’Amérique du Nord et son soutien à la politique du chan- Le congrès, qui prépare les élec- livres de classe. Quant à la couleur, il est toujours ques- contre, aucun problème ne se pose avec l’Iran. 65 000 d’Asie interrogés dans cette celier en Afghanistan. « Gerhard et tions de l’automne 2002, a égale- tion d’en changer (on passera au bleu), mais pas avant tonnes de nourriture venue des Etats-Unis ont ainsi été enquête se sont montrés moi, a notamment assuré Tony ment adopté la fameuse résolution que toutes les rations jaunes aient été utilisées. débarquées dans un port iranien pour être acheminées optimistes sur une reprise rapide, Blair à la tribune, comprenons que sur l’Europe qui avait suscité tant Il s’agit maintenant de faire tout autre chose. Les par train vers le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tad- une large majorité pariant pour un nous devons rester au coude à cou- de débats, notamment en France, Américains veulent montrer que leur engagement jikistan. retour à la normale d’ici un an. de pour combattre le terrorisme. » lors de sa publication en avril par humanitaire est sérieux et durable. Le côté « propagan- Selon US AID, la famine menace le nord de l’Afgha- a RUSSIE. Le président Vladimir Cette journée a été consacrée la direction du SPD sous la prési- de » n’a certes pas disparu : un récent point de presse nistan, des gens meurent, le grain nécessaire aux semen- Poutine a réaffirmé, mardi essentiellement à la situation inter- dence de Gerhard Schröder. Modi- du Pentagone sur l’aide humanitaire a été largement ces a été mangé. Toute l’aide est distribuée par l’inter- 20 novembre, que la Russie était nationale et à l’Europe. Alors que fiée pour tenir compte de la nouvel- consacré à dénoncer « la litanie des péchés » commis médiaire d’ONG, occidentales mais aussi locales, avec prête et capable de monter, si le Parti travailliste avait envoyé le le situation politique et économi- par les talibans. Mais le désir d’aider les Afghans à se lesquelles, a affirmé M. Natsios, les Américains ont une nécessaire, des opérations de premier de ses ministres, les socia- que, cette résolution reprend en relever de leur misère semble réel. excellente coopération. Même la Croix-Rouge, dont sauvetage et de secours de soldats listes français s’étaient en revan- revanche les propositions contro- Ouvrant, mardi 21 novembre à Washington, une con- quatre entrepôts ont été bombardés à Kaboul ? «Ily américains au Tadjikistan et en che faits discrets. Le secrétaire versées sur la renationalisation de férence consacrée à la reconstruction de leur pays, le avait des véhicules militaires talibans à proximité immé- Afghanistan. La Russie ferait appel, international du PS, l’ancien minis- la politique agricole commune et secrétaire d’Etat Colin Powell a parlé de « l’énorme obli- diate », répond l’administrateur de l’US AID, sans recon- dans ce cas, à ses « relations tre Henri Nallet, malade, avait fait l’adoption du système fédéral alle- gation, pas seulement pour les Etats-Unis, mais pour tou- naître explicitement qu’il s’agissait d’une opération déli- spéciales » avec l’Alliance du Nord. faux bond. mand comme modèle pour te la communauté internationale, de ne pas laisser le peu- bérée. « Et puis la Croix-Rouge ne devrait pas trop se Le président a cependant insisté Au Bundestag, quelques jours l’Union européenne. ple afghan dans le besoin, de ne pas [se] détourner com- plaindre, 20 % de son budget provient des Etats-Unis. » sur le fait que la Russie n’avait plus tôt, le chancelier Schröder me cela a été fait dans le passé ». aucune intention d’envoyer des avait rassemblé sa majorité en lui Georges Marion L’aide promise à ce jour par le président Bush est Jan Krauze troupes en Afghanistan. 6 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 INTERNATIONAL Israël et l’Autorité palestinienne placés devant de douloureuses contradictions La colonisation des territoires palestiniens occupés, l’un des credos du premier ministre Ariel Sharon, n’est plus marginale. Elle s’est même institutionnalisée alors que la lutte contre les factions extrémistes palestiniennes devient pour Yasser Arafat non plus une affaire de volonté, mais de capacité Israël et l’Autorité palestinienne vont ricain, Colin Powell. La fin de la colonisa- culté côté israélien. La lutte contre l’extré- des deux envoyés spéciaux des Etats-Unis International a déploré, mardi 20 novem- devoir résoudre de douloureuses contradic- tion des territoires de Cisjordanie et de misme et le « terrorisme » demandée au dans la région, est un ancien militaire rom- bre, devant le Comité de l’ONU contre la tions s’ils souscrivent aux exigences du ces- Gaza, qui s’est quasi institutionnalisée président de l’Autorité palestinienne Yas- pu aux affaires proche-orientales dont le torture à Genève, le recours par Israël à des sez-le-feu et de la désescalade définies lun- depuis l’arrivée au pouvoir du premier ser Arafat met à l’épreuve la capacité à la sens de la négociation et du compromis est méthodes d’interrogatoire et des pratiques di 19 novembre par le secrétaire d’Etat amé- ministre Ariel Sharon, est la principale diffi- conduire de ce dernier. Anthony Zinni, l’un largement reconnu. Par ailleurs, Amnesty contraires à la Convention sur la torture.

JÉRUSALEM titue l’un des credos politiques du des ministres de l’équipe de M. Sha- lo, mais seulement de geler en l’état joue souvent un double jeu assez zèle. Ce membre éminent de l’Auto- de notre correspondant premier ministre, Ariel Sharon qui, à ron vivent dans des colonies. La la carte des colonies, sans que l’on trouble, en annonçant des arresta- rité palestinienne, mécontent de la Le secrétaire d’Etat américain peine élu le 6 février, avait assuré création de nouvelles implanta- sache si les programmes de dévelop- tions non suivies d’effets. Mais de conduite des opérations et opposé à Colin Powell s’est adressé lundi publiquement qu’il n’entendait pas tions, en octobre, a été célébrée en pement en cours seraient ou non plus en plus, la lutte contre des fac- des arrestations de plus en plus déli- 19 novembre aux Israéliens et aux démanteler une seule colonie exis- présence d’autres membres du gou- visés, ou si ce gel ne toucherait que tions extrémistes devient, côté pales- cates à mener, a même présenté sa Palestiniens en demandant à chacun tante, pas même dans la bande de vernement. Comme l’a fait remar- de nouvelles tranches. tinien, non plus une affaire de volon- démission, que M. Arafat a choisi de prendre des décisions difficiles. Il Gaza. Les réserves émises par le gou- quer M. Powell dans son discours, La demande américaine adressée té, mais de capacité. A Jénine, une pour l’instant d’ignorer. a invité les premiers à mettre un vernement israélien, lors de la publi- la colonisation est pourtant à Yasser Arafat place ce dernier ville autonome toujours partielle- Dans l’entourage du chef de l’Auto- frein à la colonisation des territoires cation des recommandations de la d’autant plus cruciale que son déve- dans une situation autrement plus ment réoccupée par les troupes rité palestinienne, on estime qu’à occupés et aux seconds de fournir commission internationale présidée loppement pèse et pèsera sur la phy- délicate. Principalement parce que israéliennes depuis le 17 octobre, moins de réelles perspectives politi- un effort encore plus important par l’ancien sénateur américain, sionomie d’un éventuel accord. Les M. Powell n’a pas évoqué en regard l’arrestation du responsable du Dji- ques, la lutte contre les radicaux ne pour lutter contre les violences éma- George Mitchell, concernaient faits accomplis sur le terrain ne les mesures prises unilatéralement had islamique, le 14 novembre, par pourra pas être menée efficacement. nant de leur camp. d’ailleurs l’invitation au gel des colo- seront pas neutres au moment du par les Israéliens, depuis mainte- Les interrogations portent désormais Cette double exhortation place les nies et les représentants des colons tracé des frontières. Pour autant, il nant plus d’un an : les assassinats sur l’exigence des sept jours de «cal- deux parties en face de douloureu- ont été les seuls, mardi, à critiquer n’est pas demandé aux Israéliens de extra-judiciaires et les incursions en A la lumière des me total », pratiquement impossible ses contradictions. En dépit des vivement le discours de M. Powell. remettre en cause une partie existan- zone autonome palestinienne, pour- à obtenir sur le terrain dans le contex- apparences, elle n’est cependant pas La colonisation, autrefois margi- te de ce réseau, qui s’est d’ailleurs tant dénoncés régulièrement par dernières déclarations te actuel, à laquelle s’accroche tout à fait égale. La colonisation des nale, pèse aujourd’hui son poids. développé pratiquement sans aucu- l’administration américaine. Au M. Sharon et que M. Powell n’a pas territoires palestiniens occupés cons- Elle s’est institutionnalisée. Deux ne entrave pendant les années d’Os- nom de la lutte contre le terrorisme, américaines, mentionnée ; sur la volonté des Etats- ces mesures, très populaires en Unis de se comporter sur le terrain Israël, sont en passe d’acquérir une M. Sharon s’estime comme un juge de paix, en donnant PROFIL dans l’ancienne Union soviétique, Tiré de l’atmosphère studieuse d’un certaine légitimité. Il y a six mois, la leurs propres appréciations ; sur la puis dans le Kurdistan irakien, et « think-tank » américain par son première incursion dans une zone en bien meilleure possibilité d’imposer une reprise du ANTHONY ZINNI, enfin en Somalie lui permettent de fai- camarade Colin Powell, Anthony Zin- autonome palestinienne, à Gaza, dialogue en dépit d’incidents jugés re éclore un véritable talent politique ni arrive en Israël et dans les territoi- s’était conclue par un retrait piteux posture que M. Arafat sporadiques. UN NÉGOCIATEUR et de découvrir l’importance croissan- res palestiniens avec un mandat mal de l’armée israélienne, après une A la lumière des dernières déclara- te des questions humanitaires. défini et avec une marge de manœu- condamnation très ferme de tions américaines, M. Sharon s’esti- RECONNU Après la guerre du Golfe, que con- vre encore difficilement appréciable. M. Powell. Les incursions qui ont les forces de la Sécurité préventive me en bien meilleure posture que duit Colin Powell en tant que chef Sa personnalité ne le prédestine sans fait suite à l’assassinat du ministre que dirige Jibril Rajoub en Cisjorda- M. Arafat. Le premier ministre israé- Lorsqu’il avait pris sa retraite il y a d’état-major, il s’investit intensément doute pas à un rôle de simple supervi- israélien du tourisme démissionnai- nie, a suscité l’opposition de plu- lien doit effectuer début décembre plus d’un an, Anthony Zinni avait expri- dans les affaires proche-orientales, seur pour les questions sécuritaires, re, Rehavam Zeevi, le 17 octobre, se sieurs centaines de manifestants, une visite aux Etats-Unis, au cours mé le souhait de rester « actif ». Nom- apprend l’arabe et multiplie les voya- attaché au maintien d’un statu quo. sont étendues sur plusieurs semai- membres des factions nationalistes de laquelle il rencontrera le prési- mé lundi 19 novembre émissaire des ges et les contacts, en prévision de sa Attendu comme le messie par les nes, sans que l’administration améri- ou islamiques palestiniennes et un dent George W. Bush qui lui, n’a Etats-Unis au Proche-Orient, l’ancien nomination comme commandant en Palestiniens, qui se désespèrent de caine ne soit en mesure d’y mettre face-à-face périlleux avec les forces pas consenti à croiser le chef de général des marines ne devrait pas être chef des troupes américaines dans cet- l’absence sur le terrain d’une vérita- un terme. de sécurité. Par précaution, l’intéres- l’Autorité palestinienne dans les déçu. Fils d’un émigré italien, Anthony te zone stratégique pour les Etats- ble volonté américaine, il pourrait Ces actions unilatérales, dont l’ef- sé a d’ailleurs été transféré immédia- couloirs des Nations unies, au Zinni a effectué toute sa carrière dans Unis. Pendant ces années, il supervise par ailleurs jouer de son passé et de ficacité sur le long terme reste discu- tement vers la ville voisine de début du mois. l’armée. Sorti sous-lieutenant de l’éco- les bombardements réguliers de l’Irak sa barrette de décorations, pour tée, remettent en outre en cause Naplouse. le militaire de Villanova, en 1965, il sert par l’aviation américaine et britanni- imposer à un autre général en retrai- l’autorité de M. Arafat. Certes, les A Gaza, le chef de la Sécurité pré- Gilles Paris tout d’abord au Vietnam, où il est bles- que. Pour autant, il n’hésite pas à fai- te, le premier ministre israélien Ariel Israéliens ne se privent pas de souli- ventive, Mohamad Dahlan, observe sé et évacué. Il est versé ensuite dans le re savoir, contre la doctrine officielle, Sharon, un sens reconnu du compro- gner que l’Autorité palestinienne quant à lui une véritable grève du f www.lemonde.fr/-palestiniens corps des marines, où il gravit méthodi- que l’opposition en exil, portée à mis et de la négociation. Son âge et quement les échelons. bout de bras par Washington, n’a ni son statut lui permettent d’avoir les Malgré des allures de militaire soli- poids politique ni perspectives. Antho- mains libres. A condition, cependant, dement charpenté qui ne s’en laisse ny Zinni a par ailleurs largement con- que telles soient bien les intentions Israël continue de pratiquer la torture, pas compter, le soldat n’est cepen- tribué à asseoir l’autorité politique de de Washington. dant pas un simple chien de guerre. A l’actuel chef d’Etat pakistanais, le la fin des années 1980, ses missions général Pervez Moucharraf. G. P. déplore Amnesty International L’ORGANISATION de défense des gne que la démolition d’habitations de 2 000 Palestiniens dont une grande droits de l’homme Amnesty Interna- palestiniennes constitue également majorité d’enfants. Rien ne justifie ces tional a accusé mardi 20 novembre « un traitement cruel, inhumain et centaines de tragédies humaines », les forces de l’ordre israéliennes de dégradant en vertu de l’article 16 de la s’indigne l’organisation, qui dénonce recourir de plus en plus fréquem- Convention contre la torture » et rap- également d’autres formes de « puni- ment à la torture, lors d’interrogatoi- pelle que la Cour européenne des tion collective », infligées aux Palesti- res de Palestiniens arrêtés en Cisjor- droits de l’homme a elle aussi con- niens par les autorités israéliennes, danie et dans la bande de Gaza. damné la Turquie pour de telles prati- dont « le bouclage de villes, de villages Dans un exposé devant le Comité ques qualifiées d’« inhumaines » et et de zones entières, déniant ainsi la des Nations unies contre la torture à contraires à l’Article 3 de la conven- liberté de mouvement aux Palestiniens, Genève, Amnesty International a tion européenne des droits humains. de même que les couvre-feux prolon- affirmé que malgré une décision de Or, souligne Amnesty, « plus de gés », contraires à l’article 16 de la la Haute Cour de justice remontant à cinq cents maisons ont été détruites Convention sur la torture. 1999 et qui interdit les méthodes d’in- dans les territoires occupés en l’espace terrogatoire relevant de la torture, il d’un an, jetant à la rue un minimum Mouna Naïm (avec Reuters) existe de fortes preuves que les enquêteurs israéliens ont à nouveau recours à de telles méthodes, dont la privation de sommeil pour des déte- nus souvent maintenus dans des posi- tions douloureuses ou encore de lon- gues stations accroupies. Un bref compte rendu de cet expo- sé a été rendu public par Amnesty, au moment où le comité des Nations unies, composé de dix experts indé- pendants, commençait à étudier le cas d’Israël lors de sa réunion semes- trielle à Genève. Le délégué israélien, Yaakov Lévy, a réfuté les accusations d’Amnesty, soulignant que, bien que partagé entre le souci de respecter les droits de l’homme et celui de pro- téger ses concitoyens contre le terro- risme, Israël s’interdisait la torture. M. Lévy a reconnu que, dans certains cas limités, l’usage de la force avait pu causer des désagréments ou des insomnies, mais affirmé que la tortu- re n’était pas pratiquée, même lors- qu’elle pourrait empêcher un atten- tat sanglant.

MÉTHODES D’INTERROGATOIRE Amnesty « déplore » le refus par les autorités israéliennes de reconnaî- tre que ces méthodes d’interrogatoi- re sont « illégales en vertu de l’arti- cle 1 de la Convention contre la tortu- re », déni qui, selon elle, a contribué à encourager de telles pratiques, en particulier au cours de l’année pas- sée, c’est-à-dire pratiquement depuis le début de la nouvelle Intifada pales- tinienne. Des détenus ont fréquem- ment été maintenus au secret pen- dant des périodes de plus de vingt jours, n’ayant accès ni à leurs avocats ni à leurs familles, ajoute Amnesty, rappelant que le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture avait déjà qualifié une telle pratique de « traitement cruel, inhumain et dégra- dant ». Déplorant une autre pratique, cel- le de la détention administrative sans accusation ni procès, Amnesty souli- INTERNATIONAL LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 7 Gibraltar : vers un accord entre Madrid et Londres en 2002 Nette victoire des partis de centre droit BARCELONE. Les ministres des affaires étrangères britannique et espagnol, Jack Straw et Josep Piqué, qui se sont rencontrés, mardi aux élections législatives au Danemark 20 novembre à Barcelone, pour décider de l’avenir de Gibraltar (la colonie britannique située dans le sud de l’Espagne et que Madrid revendique depuis trois cent ans), ont annoncé dans un communiqué Au pouvoir depuis neuf ans, les sociaux-démocrates essuient un revers cinglant qu’ils étaient décidés à « conclure un accord global d’ici à l’été 2002, couvrant toutes les questions importantes y compris celles de la coopéra- Au Danemark, un Rasmussen chasse l’autre… La di 20 novembre, sonne le glas de la coalition de . Le Parti du peuple tion et celle de la souveraineté ». victoire d’Anders Fogh Rasmussen, chef de file centre-gauche en place depuis neuf ans et diri- danois (extrême droite) de Pia Kjaersgaard dispo- Aucune rencontre de ce type n’avait eu lieu depuis 1998. Toutefois, du Parti libéral, aux élections législatives du mar- gée par son homonyme, le social-démocrate sera de vingt-deux sièges au Parlement. au-delà de cette volonté nouvelle et réelle de parvenir à un règlement, les divergences subsistent, notamment sur le rôle que Gibraltar - qui STOCKHOLM crates, qui ne recueillent que 29,1 % 3 %, bien moins que dans d’autres tin, le chef de file libéral a modéré n’était pas représenté à Barcelone - pourra jouer dans le processus de de notre correspondant des voix, soit 6,8 % de moins qu’en pays européens. son propos devant la presse étran- décision : les Britanniques ne veulent rien faire, sans un référendum à en Europe du Nord 1998. Hormis le fait que les sociaux- La relative bonne tenue des indi- gère. « Les Danois ne sont pas xéno- Gibraltar ; les Espagnols estiment que Gibraltar ne doit pas disposer Premier ministre depuis jan- démocrates ne sont plus la première cateurs économiques, le haut phobes, a-t-il dit. Mais pour que les de droit de veto. – (Corresp.) vier 1993, le social-démocrate Poul formation du pays, pour la première niveau des prestations sociales, les étrangers bien intégrés puissent Nyrup Rasmussen avait convoqué fois depuis 1920, ce scrutin révèle efforts financiers consentis en mieux vivre et pour que les Danois se des élections anticipées au motif une progression spectaculaire de la matière d’intégration ont jusqu’ici sentent en sécurité en présence des M. Steiner, conseiller de M. Schröder, que le vote du budget 2002 serait droite populiste : le Parti du peuple écarté les phénomènes de violence étrangers, nous devons réduire l’af- hypothéqué par une longue campa- danois (DFP), emmené par Pia et de « ghettoïsation » observés flux de nouveaux immigrés. C’est gne électorale dans un contexte de Kjaersgaard, a décroché 22 sièges ailleurs en Europe, en France ou en l’avenir de l’Etat-providence qui est contraint à la démission tassement de l’activité économique (+ 9). Grande-Bretagne. Le problème est, inquiète les Danois, pas les étran- et sur fond de guerre en Afghanis- reconnaît-on – tant à droite qu’à gers. » BERLIN. Accusé par la presse d’avoir eu un comportement inadmis- tan. Les dernières projections du THÈSES XÉNOPHOBES gauche – que les Danois et les Dans les pays voisins, les com- sible avec des subordonnés lors de la récente tournée de Gerhard gouvernement, révisées à la baisse, Le futur premier ministre, étrangers ne se rencontrent jamais mentaires sont rudes. En Suède, le Schröder en Asie et en Russie, Michael Steiner, le conseiller de la fixent la croissance pour 2001 à Anders Fogh Rasmussen, a certes vraiment, et vivent dans l’indiffé- quotidien Sydsvenska Dagbladet chancellerie pour la politique extérieure, a remis sa démission mar- 1,2 % et à 1,7 % en 2002. exclu d’offrir un portefeuille au rence mutuelle en communautés mettait en garde contre un scénario di 20 novembre. Spécialiste des Balkans et francophone, il était Au pouvoir depuis neuf ans, DFP, mais il pourra difficilement se séparées. à l’autrichienne et écrivait dans son l’un des architectes de la nouvelle aspiration allemande à jouer un M. Rasmussen pensait être recon- passer du soutien de ce dernier à la En concédant « une part de véri- édition de lundi : « A l’issue d’une rôle plus affirmé sur la scène internationale. Ses rapports avec ses duit dans ses fonctions mais il a per- Chambre, et son maintien au gou- té » aux thèses de l’extrême droite, campagne électorale détestable, interlocuteurs français étaient souvent difficiles. « Il confond les du son pari : avec 55,3 % des suffra- vernement dépendra en fait de l’ap- les partis traditionnels les ont « ins- l’image du Danemark comme un négociations européennes avec des tractations avec Milosevic », ges, le bloc dit « bourgeois » (libé- pui d’un groupe parlementaire qui titutionnalisées », estiment les pays tolérant et hospitalier est à disaient ses détracteurs. raux, conservateurs, centristes et dénonce « l’invasion des immi- mêmes observateurs, au même jamais ternie. » Naser Khader, pre- Le 2 novembre, le chancelier Schröder avait fait escale à Moscou pour extrême droite) obtient 98 sièges grés », désignés comme les fos- titre que les impôts, l’éducation ou mier Danois d’origine étrangère élu s’entretenir avec le président Vladimir Poutine. Resté sur le tarmac, sur les 179 du Folketinget, le Parle- soyeurs « de l’identité danoise ». la santé. Anders Fogh Rasmussen député, sur la liste des radicaux, esti- Michael Steiner, qui plaide la fatigue, a reconnu avoir pris à partie ment de Copenhague. Les libéraux, De nombreux observateurs s’inter- dénonce lui-même « les voyous me au contraire que son élection trois soldats allemands qui, trop lentement à son goût, refaisaient le désormais première force politique rogeaient, mardi soir, sur les raci- étrangers qui ne respectent pas les montre « que le Danemark n’est pas plein de l’avion. L’affaire s’était étalée, lundi, dans le quotidien popu- du pays, décrochent 56 sièges (+ 14). nes du mal. Les étrangers ne repré- valeurs et principes du pays » et pro- si hostile aux étrangers. On peut réus- laire Bild.–(Corresp.) De son côté, la gauche (sociaux- sentent que 4,9 % des 5,3 millions pose de n’octroyer d’aides sociales sir son intégration si l’on saisit les démocrates, radicaux de gauche et d’habitants du royaume et la com- qu’aux étrangers (non européens) opportunités ». extrême gauche) disposera de 77 siè- munauté musulmane, principale ayant passé plus de sept ans sur le L’ancien président argentin, ges, dont 52 pour les sociaux-démo- cible de la campagne, autour de territoire danois. A la veille du scru- Boris Lévy Carlos Menem, est remis en liberté BUENOS AIRES. L’ancien président Carlos Menem (1989 -1999 ), détenu depuis près de six mois pour sa participation présumée dans une affaire de ventes d’armes illégales à la Croatie et à l’Equateur, a été remis en liberté, mardi 20 novembre. La Cour suprême de justice a rejeté l’accusation d’« association illicite » qui avait été retenue contre l’ancien chef de l’Etat. Les neuf juges ont rendu leur verdict par six voix contre trois. Cinq d’entre eux avaient été nommés sous l’ancien- ne administration péroniste et le président du tribunal suprême, Julio Nazareno, a toujours été considéré comme un proche de M. Menem. La Cour a durement critiqué l’instruction menée par le procureur Car- los Stornelli, accusé d’avoir « voulu satisfaire l’opinion publique » large- ment défavorable à la remise en liberté de M. Menem. L’affaire de contrebande d’armes entre 1991 et 1995 porte sur la livrai- son de 6 500 tonnes d’armements à la Croatie, engagée dans la guerre des Balkans, et de 75 tonnes à l’Equateur. – (Corresp.)

DÉPÊCHES a ESPAGNE : une bombe cachée derrière une pancarte annon- çant « Policiers assassins, ETA tue-les ! », a explosé, mardi soir 20 novembre, dans un parc du centre de Bilbao au moment où des policiers tentaient de l’enlever. Deux d’entre eux ont été blessés et hospitalisés, mais sont hors de danger. En revanche l’explosion très puissante a fait de nombreux dégâts matériels. Le dernier attentat meurtrier de l’ETA contre la police basque remonte au 14 juillet, dans un village près de Saint-Sébastien, où le policier Mikel Uribe, chargé d’une unité d’inspection, avait été tué par balles en sortant de voiture. – (Corresp.) a ALGÉRIE : le dernier bilan de l’explosion d’une bombe mardi matin 20 novembre à la gare routière Tafourah d’Alger était, dans la soirée, de vingt-neuf blessés, dont quatre ont dû être gardés en obser- vation à l’hôpital, a indiqué la télévision d’Etat algérienne. La bombe « artisanale », placée dans un cartable, avait été déposée au milieu de la foule, près d’un arrêt fréquenté par des étudiants. Elle a explosé à 8 h 45 (7 h 45 GMT). – (AFP.) a TUNISIE : le procès de l’homme d’affaires Kamel Eltaief, devait reprendre mercredi 21 novembre à Tunis. Incarcéré le 5 novembre, cet ancien allié du président Ben Ali a été remis en liberté provisoire vendredi soir. Il est poursuivi pour « outrage à un agent dans l’exercice de ses fonctions » mais son arrestation est intervenue après qu’il eut accordé une interview au Monde, le mois dernier, dans laquelle il accu- sait le pouvoir tunisien de corruption, d’étouffement croissant des libertés, et dénonçait une action d’intimidation à son encontre. a MADAGASCAR : des scellés ont été posés, lundi 19 novembre, sur l’ensemble des usines agro-alimentaires appartenant à Marc Rava- lomanana, maire d’Antananarivo et candidat à l’élection présidentiel- le du 16 décembre. L’Etat lui reproche des « impayés fiscaux ». Le prin- cipal challenger du président Didier Ratsiraka, lequel refuse le déploie- ment d’observateurs étrangers au prochain scrutin, dénonce « une machination politique ».–(AFP.) a MALAISIE : le sultan Salahuddin Abdul Aziz Chah, roi de Malai- sie, est mort, mercredi 21 novembre à Kuala Lumpur, à l’âge de soixante-quinze ans, a déclaré sa famille. Le souverain avait été cou- ronné onzième roi de Malaisie, un pays dont l’indépendance remonte à 1957, le 23 septembre 1999. Il laisse dix fils et quatre filles nés de qua- tre mariages. Il avait épousé en 1990 celle qui devait devenir la reine, Siti Aishah, âgée de vingt-neuf ans. Le nouveau roi devrait être le sul- tan Mizan Zainal Abidin de Terengganu, âgé de trente-neuf ans. – (AFP.) Six maires ont été enlevés en Colombie BOGOTA. Les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), milices anti- guérilla, ont reconnu lundi 19 novembre avoir pris en otage six maires du département d’Antioquia, dans la région de Medellin au nord de la capitale. Les six hommes faisaient partie d’un groupe de vingt-trois élus qui avaient décidé en octobre 2000 de rencontrer les chefs locaux des mouvements armés, et notamment ceux de l’Armée de libération nationale (ELN, la deuxième guérilla du pays). Ces contacts, qui avaient pour objectif de réduire les niveaux de violence et l’impact du conflit armé pour la population civile, avaient débouché sur un début d’accord avec l’ELN. Le communiqué des AUC, diffusé sur Internet, précise que « les maires ont été enlevés alors qu’ils s’apprêtaient à tenir une de ces étranges réu- nions de négociation ». Jusqu’à présent le gouvernement s’est opposé à la tenue de dialogues de paix régionaux, en rappelant que « seul le président de la République a compétence en la matière ».–(Corresp.) 8 FRANCE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

CORSE Mardi 20 novembre, Jean- dans le cadre du procès des paillotes. le cabinet du premier ministre et le tre. Il laisse entendre que Matignon ment avait annoncé qu’il se tenait Pierre Chevènement et deux con- b LE TRIBUNAL devrait les entendre, ministère de l’intérieur. b LE PRÉFET se serait servi de l’affaire des paillo- « à la disposition de la justice », seillers du premier ministre, Alain le 30 novembre, en qualité de a, depuis sa sortie de prison, le tes pour changer de cap en Corse. mais suggéré qu’il n’était « pas le Christnacht et Clotilde Valter, ont été témoin, pour évoquer les liens hié- 2 juillet 1999, plusieurs fois mis en b DANS UNE LETTRE adressée au tri- seul ministre ou ancien ministre à convoqués par le tribunal d’Ajaccio rarchiques unissant Bernard Bonnet, cause l’entourage du premier minis- bunal, le 13 novembre, M. Chevène- pouvoir témoigner ». M. Chevènement et des conseillers de M. Jospin témoins au procès des paillotes L’ancien ministre de l’intérieur sera interrogé le 30 novembre devant le tribunal d’Ajaccio, ainsi qu’Alain Christnacht et Clotilde Valter, chargés du dossier corse à Matignon. Au premier jour de l’audience, lundi, le préfet Bernard Bonnet avait mis en cause le cabinet du premier ministre

AJACCIO M. Christnacht, conseiller du pre- des conseillers de Matignon, « pour ministres ou membres de cabinet, à sur la Corse –, de l’ancienne garde lité des prévenus, à commencer par de notre envoyé spécial mier ministre pour les affaires in- faire la vérité sur la chaîne des res- l’époque des faits, était requise par des sceaux, Elisabeth Guigou, du celle du colonel Mazères. Ce fils de Si Bernard Bonnet cherchait à fai- térieures, au premier jour de ponsabilités ». les différentes parties. ministre chargé des relations avec gendarme, « né en gendarmerie » re de son procès un événement poli- l’audience (Le Monde du 21 novem- Enfin sortie des multiples deman- La plupart des intéressés avaient le Parlement, Jean-Jack Queyranne, selon lui, titulaire d’un diplôme d’in- tique, c’est chose presque faite. A la bre). Accusant M. Christnacht des de renvoi du procès et autres déjà fait savoir par écrit qu’ils n’en- qui ont tous adressé la même lettre- génieur des télécoms, collectionnait demande du d’avoir « financé le Rainbow-War- questions de procédure, l’audience tendaient pas déférer à la convoca- type, a indiqué le président du tribu- les dithyrambes. Sa hiérarchie, président du rior » – c’est-à-dire le sabotage du s’est donc longuement attachée à tion des parties, sauf si le tribunal nal. Et de Jean-Pierre Chevène- avant l’affaire, louait ses « gigantes- tribunal navire de Greenpeace, coulé par des ment, candidat à l’élection présiden- ques qualités », son « sens de l’inté- d’Ajaccio, agents secrets français, en Nouvelle- tielle, finalement seul ancien rêt supérieur », son « dynamisme Dominique Zélande, en juillet 1985 –, M. Bon- Le tribunal veut le rapport disciplinaire des gendarmes membre du gouvernement invité à sans faille ». Le parcours de l’« offi- Ferrière, deux net avait lancé : « C’est lui qui gère se déplacer. cier brillant » devait mener tout conseillers du les services secrets à Matignon », lais- Le président du tribunal correctionnel d’Ajaccio, Dominique Ferriè- Présentant le calendrier des droit, de l’avis de ses supérieurs, au premier minis- sant ainsi planer le doute sur la natu- re, a indiqué avoir demandé – en vain – au ministre de la défense, débats, le président Ferrière a ensui- grade de général. PROCÈS tre – Alain re de l’affaire des paillotes. Le dos- , dans une lettre datée du 27 septembre, l’avis du con- te rassuré Bernard Bonnet, souvent « Un chef exigeant et perfectionnis- Christnacht et Clotilde Valter, char- sier d’instruction a cependant cir- seil d’enquête de la gendarmerie, qui avait été chargé d’examiner les trépignant sur son fauteuil et dési- te », a estimé le préfet Didier Cul- gés du dossier Corse à Matignon conscrit la prévention, après deux responsabilités, au plan disciplinaire, des gendarmes impliqués dans reux de prendre une parole qui ne tiaux, ancien directeur général de la depuis 1997 – ainsi que Jean-Pierre ans d’enquête, à l’action stricte- l’affaire des paillotes. « Je n’ai pas eu de réponse. Je sais que ce courrier lui est pas donnée. Le magistrat a police nationale, qui fit sa connais- Chevènement, qui était ministre de ment personnelle, qualifiée de a été reçu », a déclaré M. Ferrière, qui semblait déterminé, mardi, à indiqué au préfet qu’il aurait tout sance en Seine-et-Marne. « Un chef l’intérieur au moment de l’affaire « dérive », de l’ancien préfet : «Un obtenir ce document. loisir de s’exprimer lun- rigoureux et humain, a témoigné le des paillotes, sont conviés à rallier homme qui se voulait tout-puissant et Evoquant un contact téléphonique, le juge a indiqué que l’avis avait di 26 novembre, devant être con- général de corps d’armée Jean- l’île de Beauté le vendredi infaillible », selon l’accusation. été transmis à la présidence de la République. L’Elysée devait être fronté à ses accusateurs directs, son Claude Gilot. Un homme de réflexion 30 novembre, pour être interrogés « Eu égard à l’évolution du système interrogé pour savoir s’il pouvait être communiqué au tribunal. « S’il ancien directeur de cabinet, Gérard et d’action. Pas une tête brûlée. » Qui en qualité de témoins. A cette date, de défense [de M. Bonnet], je m’asso- faut écrire au président de la République, je le ferai », a indiqué M. Fer- Pardini, et le colonel Henri Ma- mit pourtant le feu lui-même, de le tribunal devrait évoquer les liens cie aux demandes de comparution rière. « L’avis du conseil d’enquête est non motivé, mais les comptes ren- zères, qui commandait la légion de son propre aveu, à une paillote, le hiérarchiques qui unissaient l’an- qui ont été faites », a indiqué le pro- dus sont actés », a-t-il précisé. gendarmerie en Corse, et indirects, 7 mars 1999, et actionna le comman- cien préfet de Corse au cabinet du cureur Patrick Mathé, qui n’estimait les cinq gendarmes du groupement do de cinq gendarmes qui en détrui- premier ministre et au ministère de cependant pas nécessaire le témoi- de pelotons de sécurité (GPS) qui sit une autre, six semaines plus tard. l’intérieur. gnage d’Olivier Schrameck, direc- régler la question de la comparu- en décidait expressément autre- ont avoué leur participation – « sur Une question a été posée : «Que Ces comparutions, décidées teur du cabinet de Lionel Jospin, tion de la cinquantaine de témoins ment. C’était ainsi le cas du premier ordre du préfet » disent-ils – à l’in- veut dire rigoureux pour un officier mardi 20 novembre, apparaissaient également réclamé par la défense cités tant par le procureur de la ministre, Lionel Jospin, du ministre cendie volontaire de la paillote de gendarmerie ? » Réponse du quasi inévitables après que l’ancien du préfet – et déjà entendu au République que par la défense et les de la défense, Alain Richard, du « Chez Francis », illégalement ins- général : « Il reçoit des directives, les préfet, reprenant d’anciennes atta- cours de l’instruction. Les avocats parties civiles. Outre celle de plu- ministre de l’agriculture, Jean Glava- tallée sur une plage près d’Ajaccio. exécute et rend compte. » ques déjà formulées dans ses livres, de la partie civile, pour leur part, sieurs militaires de gendarmerie de ny – qui présidait en 1998 la com- Entrant dans le vif du sujet, le tri- eut publiquement mis en cause ont, eux aussi, réclamé la présence haut rang, la présence d’anciens mission d’enquête parlementaire bunal a ensuite abordé la personna- Jean-Michel Dumay Une stratégie élaborée pour impliquer Deux ans et demi d’affrontements au sein du gouvernement MATIGNON contre l’Intérieur, l’Intérieur selon lui, des initiatives trop importantes. L’atti- tère de l’Intérieur. « C’est lui ou moi », dit les collaborateurs du premier ministre contre l’Intérieur… De la nomination du préfet tude de Philippe Barret, officieux « M. Corse », M. Barbeau à M. Chevènement, en évoquant le Bernard Bonnet en Corse, le 11 février 1998, jus- qui, en liaison avec Matignon, et notamment cas de Philippe Barret. Le ministre choisit et LE PRÉFET Bernard Bonnet ne même n’avait aucune responsabili- qu’à la démission de Jean-Pierre Chevènement, Clotilde Valter, conseillère de M. Jospin pour la M. Barret quitte la place Beauvau fin juillet. s’est pas toujours donné autant de té personnelle dans l’incendie des le 29 août 2000, les frictions entre le cabinet du police, plus disponible que son supérieur, Alain M. Barbeau, lui, fait valoir un peu plus tard ses mal pour impliquer l’entourage du paillotes. Premier ministre et celui du Ministre de l’Inté- Christnacht, conseiller pour les affaires intérieu- droits à la retraite. premier ministre. Au contraire. Il Officiellement, le préfet Bonnet rieur ont été si vives qu’elles ont projeté sur le res, le préoccupe. Ce dernier s’entretient « une Les tensions recommencent moins d’un an serait « indécent de prétendre faire demandait uniquement la saisie des devant de la scène des hommes qui, d’ordinai- fois par jour », selon le rapport de la Commis- plus tard. Le 6 septembre 1999, à Ajaccio, une affaire d’Etat » de l’histoire des cahiers de Mme Valter, qui notait re, sous la Ve République, restent dans l’ombre. sion parlementaire du Sénat – avec le préfet devant l’Assemblée territoriale, M. Jospin rend paillotes, avait-il écrit, le 7 mai 1999, scrupuleusement tout ce qui se La Corse en est responsable. Elle tient aussi, Bonnet. Lors des réunions de cabinet, M. Barret encore « hommage » au préfet Bonnet et au du fond de la prison de la Santé, disait dans les réunions. Mais il sug- sans doute sans doute, une particularité propre apporte son soutien total à M. Bonnet, même « courage dont il a fait preuve en acceptant la dans ce qui constituait sa première gérait du même coup que les con- au gouvernement pluriel de Lionel Jospin et à la lorsqu’il tient des propos hautement politiques, succession du préfet assassiné ». Mais il critique déclaration publique. « Elle seillers du premier ministre étaient personnalité du président du Mouvement des comme le soir des élections territoriales du « la pratique »,le« ton », le « style » du préfet. [l’affaire] ne concerne ni de près ni de parfaitement et intégralement infor- citoyens : alors que Matignon avait réussi à 14 mars 1999, lorsqu’il conteste la poussée des Les mots tournent dans la tête de M. Bonnet, loin le gouvernement de la Républi- més de ce qu’il faisait en Corse, et imposer au ministère de l’environnement, chez nationalistes en expliquant que 84 % des Corses qui ne les oubliera jamais et décide de poursui- que. Les hommes d’Etat de tous bords que sa chute pourrait être lourde de puis , ou encore ont voté contre l’indépendance, appuyé par un vre de sa vindicte, non le premier ministre, mais l’ont bien mesuré, si les politiciens conséquences pour Matignon. chez les ministres communistes, des directeurs communiqué du ministère de l’Intérieur. son cabinet. Le 6 février 1999, Lionel Jospin n’ont pas su résister à la médiocrité Convoquée le 9 juillet 1999, Clotil- de cabinet proches ou venus du PS, Jean-Pierre M. Bonnet rencontre alors régulièrement Oli- reçoit les élus de l’Assemblée de Corse dont les de s’en emparer. » Le procureur de Valter indiquait alors au juge Chevènement a constitué seul son équipe. vier Schrameck, en compagnie de M. Christ- nationalistes à Matignon, pour un dialogue d’Ajaccio avait confirmé, deux jours d’instruction qu’elle ignorait tout de Il s’était entouré d’hommes dévoués qui par- nacht. « En moyenne tous les deux mois », expli- « sans tabou » et sans préalable. M. Chevène- plus tard, qu’« en l’état actuel des l’affaire des paillotes, en déplorant tageaient sa vision de la République ou, à tout que M. Schrameck dans son livre, Matignon rive ment a été mis devant le fait accompli. investigations, aucun élément ne le caractère « évasif » des informa- le moins, sa conception classique de la haute gauche (Seuil). « Au cabinet du ministre de l’Inté- Lorsque, le 2 avril 2000, M. Jospin offre aux permet[tait] de remonter plus haut tions fournies par le préfet après l’in- fonction publique, et sur lesquels Matignon, et rieur, le conseiller privilégié du préfet Bonnet était élus corses de lui faire des « propositions »,en que le niveau local ». cendie des restaurants. Alain Christ- notamment Olivier Schrameck, le directeur du Phlippe Barret », qui s’entretient avec lui « pres- se réunissant tous les lundis à Paris autour de C’est en sortant de prison, le nacht, entendu à son tour le cabinet du Premier ministre, pestait d’avoir que quotidiennement, une vingtaine de fois », lit- Jean-Pierre Lacroix, nouveau préfet de Corse, 2 juillet 1999, que Bernard Bonnet a 15 juillet, jugeait, lui, « hautement avait si peu de prise. on dans le rapport de la Commission d’enquête Jean-Paul Proust, nouveau directeur du cabinet attaqué pour la première fois le gou- improbable » que le colonel Mazè- Les premiers incidents surviennent avec l’acci- du Sénat. M. Barret est destinataire de copies de M. Chevènement, et M. Christnacht, il croit vernement, et d’abord Elisabeth res ait décidé tout seul d’incendier dent opératoire de M. Chevènement, qui, le des notes de synthèse adressées par M. Bonnet tenir les affaires en main. Dans une note remise Guigou, alors ministre de la justice, les paillotes. 2 septembre 1998, le plonge dans le coma et – à la demande de Matignon – au procureur de au premier ministre et annotée de sa main, le qu’il accusait d’avoir « bafoué avec l’écarte jusqu’au mois de janvier 1999. Jean- Paris, Jean-Pierre Dintilhac. Il est aussi en con- 8 juin, le ministre livre ses propositions pour la (…) impudence la présomption d’in- « VOLONTÉ DE NUIRE » Jack Queyranne assure l’intérim, sans jamais tact étroit avec Ms Valter. Pas plus que les Corse « dans l’extrême limite de là où il peut nocence ». Il est monté d’un cran en Puis Bernard Bonnet, qui avait occuper le bureau du ministre. Jean-Marc Sau- autres conseillers de l’intérieur ou de Mati- aller ». C’est trop pour les élus, songent conseillant ensuite au juge d’instruc- demandé en vain à être confronté vé, le secrétaire général du gouvernement, sou- gnon, ces deux confidents de M. Bonnet ne MM. Christnacht et Lacroix, qui rédigent leurs tion, dans un courrier daté du aux deux conseillers de Matignon, haite « démissionner » l’ancien cabinet au Jour- relaient les alertes lancées de toute part, par contre-propositions, soutenus par M. Schra- 5 juillet, d’interroger Alain Christ- déclarait qu’Alain Christnacht lui nal officiel, pour en nommer un nouveau. Char- des membres du corps préfectoral corse ou des meck. Jean-Paul Proust ne prend pas toute la nacht, conseiller du premier minis- avait demandé de « couvrir » les Barbeau, le directeur du cabinet, s’y oppo- hauts fonctionnaires – en passant par Emile mesure de ce qui se prépare. Son ministre tre pour les affaires intérieures, et Gérard Pardini, son incendiaire se : « je suis directeur du cabinet de M. Chevène- Zuccarelli, ministre de la fonction publique et découvre qu’on « transfère les pouvoirs législa- sa collaboratrice à Matignon, Clotil- directeur de cabinet. Matignon ment, je ne suis pas celui de M. Queyranne ». ex-maire de Bastia, qui s’en ouvre à M. Schra- tifs » à l’Assemblée de Corse. Après la démis- de Valter, pour prouver que lui- répondit, par un bref communiqué, Dès cette période, M. Barbeau, archétype du meck. Personne, ni à Matignon, ni à l’Intérieur, sion de M. Chevènement, il héritera d’un joli que « les imputations de M. Bonnet haut fonctionnaire soucieux de s’effacer derriè- ne réagit. poste : la préfecture de police de Paris. relèvent de l’affabulation et d’une re son ministre, s’inquiète de « court-circuits » Après la mise en examen de M. Bonnet, le volonté de nuire ». menaçants. Le cabinet de M. Jospin prend, 5 mai 1999, une vive explication à lieu au minis- Ariane Chemin A l’automne 1999, le préfet Bon- net, dans son premier livre, Préfet en Corse (éd. Michel Lafont) a populari- sé cette nouvelle version : Alain L’ancien ministre de l’intérieur déplore être « le seul ministre » convoqué Christnacht, familier des services de renseignement, lui aurait demandé JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT, supérieures » en cours, à l’époque, M. Chevènement. Puis, évoquant vier Schrameck, avaient tous été de préserver Gérard Pardini, ancien ancien ministre de l’intérieur et selon lui, dans l’entourage de le « contexte », le « poids de la vio- cités à comparaître par les avocats de la DGSE, et Matignon se serait candidat à l’élection présidentielle M. Jospin. lence » et « la peur qui imprègne de M. Bonnet. Leur ligne de con- servi de l’affaire des paillotes pour a immédiatement réagi à sa convo- Pour sa part, M. Chevènement l’île » : « Peut-être qu’après 16 mois duite, fixée par Matignon, était de changer de cap en Corse. Pour en cation par le tribunal correctionnel s’est fait discret. Dans une déclara- de fonction, la perception se ne répondre qu’à une convocation avoir le cœur net, le juge d’instruc- d’Ajaccio. Son audition aura lieu le tion lapidaire à l’AFP, mardi soir, il brouille, c’est possible. Je peux l’expli- du tribunal. tion entendit Olivier Schrameck, 30 novembre, lorsque sera évoqué a indiqué n’avoir « rien à retran- quer de cette manière. » L’absence de citation de directeur du cabinet du premier le fonctionnement de la chaîne de cher aux dépositions faites en M. Chevènement, qui avait refu- M. Queyranne, ministre de l’inté- ministre, le 20 octobre 1999, puis commandement au sein de la pré- 1999 devant les deux commissions sé de répondre à une citation des rieur par intérim entre septem- son homologue au ministère de la fecture de Corse, au moment de d’enquête parlementaire du Sénat avocats du préfet Bonnet, a encore bre 1998 et janvier 1999 – soit dans défense, puis des membres du cabi- l’incendie des paillotes, au prin- et de l’Assemblée nationale ».Le fait observer qu’il avait, lui-même, la période précédant immédiate- net de Jean-Pierre Chevènement… temps 1999. Les deux conseillers 22 juin 1999, interrogé par le prési- par lettre datée du 13 novembre ment l’incendie des paillotes – fait Rien n’a permis, pour les magis- chargés de la Corse à Matignon, dent (PS) de l’Assemblée nationa- adressée au président du tribunal grimacer l’entourage de M. Chevè- trats, d’étayer la thèse du préfet. Qui Clotilde Valter et Alain Christ- le, Raymond Forni, sur l’éventuelle d’Ajaccio, informé « qu’il se tenait nement. « On a au moins appris persistait pourtant, dans son second nacht, doivent être entendus le « dérive » du préfet, il avait déclaré à la disposition de la justice pour une chose aujourd’hui, ironisait-on, livre : « Oui, l’affaire des paillotes est même jour. que ce dernier « n’a pas avoué contribuer, autant que possible, à la mardi soir, dans l’entourage du un coup tordu. Où le cabinet de Lio- Dans sa défense, le préfet Bon- avoir donné cet ordre imbécile de manifestation de la vérité ». Mais il candidat à la présidentielle. Jean- nel Jospin et une partie de la haute net n’a jamais attaqué M. Chevène- brûler la paillote ». Il avait enchaî- a aussi fait valoir qu’il n’était pas Jack Queyranne n’a jamais été minis- hiérarchie de la gendarmerie nationa- ment mais a semblé chercher à pré- né : « C’était un homme courageux « le seul ministre ou ancien ministre tre de l’intérieur. » M. Forni a, lui, le sont impliqués (…). Oui, cette affai- server la neutralité bienveillante (…) un homme incontestablement à pouvoir témoigner ». Le tribunal fustigé les « égarements » du pré- re, construite de toutes pièces, sert les de l’ancien ministre de l’intérieur à travailleur qui s’était voué à sa n’a, en effet, pas sollicité les quatre fet Bonnet et estimé que son cas intérêts du système politico-mafieux son égard. Il a en revanche mis en tâche d’instauration de l’Etat de ministres, Alain Richard, Elisabeth « relevait davantage de la psychia- corse et ceux du gouvernement. » cause les conseillers de Matignon, droit. » « Je ne sais pas comment il Guigou, et Jean-Jack trie que de la justice ». particulièrement M. Christnacht, a pu se laisser emporter, peut-être Queyranne, qui, comme le direc- Franck Johannès en dénonçant les « barbouzeries par son élan » avait, enfin, ajouté teur de cabinet de M. Jospin, Oli- Christine Garin FRANCE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 9 M. Chirac exalte l’« espace privilégié de la nation » pour contrer le succès de M. Chevènement à droite Le président, favorable à l’Europe et à la décentralisation, hésite à venir sur le terrain souverainiste En ouvrant, mardi 20 novembre, le 84e congrès « espace historique, politique, spirituel ».En cours sur la décentralisation. Ce changement de de l’Association des maires de France, Jacques revanche, le chef de l’Etat a renoncé à pronon- pied répond à l’inquiétude provoquée à droite Chirac a fait un vibrant plaidoyer pour la nation, cer, comme il en avait d’abord l’intention, un dis- par la percée de M. Chevènement.

IL Y A encore quelques semai- champ de la mondialisation ou de la « C’est au sein de la nation que doi- ont pris les devants. Nicolas Sarko- nes, Jacques Chirac envisageait de construction européenne et l’apparte- vent se renforcer notre cohésion et zy plaide pour faire monter au cré- tenir un de ces grands discours en nance de chacun à telle communau- l’union de notre peuple », a-t-il ajou- neau l’ancien anti-Maastrichien Phi- faveur de la décentralisation qu’il té, qu’il s’agisse d’un terroir, d’une té, rejetant tout « particularisme », lippe Séguin. Les sénateurs RPR décline depuis 1998 : droit à l’expéri- religion ou d’une origine, il y a en « féodalité » et autre « communau- ont convaincu l’Elysée de la nécessi- mentation, intercommunalité, res- effet un espace historique, politique, tarisme ». té de mener un baroud d’honneur ponsabilité des maires. Un œil sur spirituel : celui de l’Etat et de la contre le processus de Matignon ces sondages qui signalent tous l’évi- nation, l’horizon de la France ». « CEINTS DE VOTRE ÉCHARPE » sur la Corse. Les bureaux politiques dente percée de Jean-Pierre Chevè- S’adressant tout particulièrement du RPR ont été ces derniers mois le nement l’a convaincu de revoir ses aux 6 500 maires présents au con- lieu d’intenses débats sur la sécuri- projets. Invité, mardi 20 novembre, Le programme du chef grès de l’AMF, M. Chirac s’est aussi té. Mais le président, qui s’enor- à ouvrir le 84e congrès de l’Associa- pris à exalter quelques symboles de gueillit d’avoir fait progresser la tion des maires de France (AMF), le de l’Etat sera publié la patrie et de la République. construction européenne et vou- président de la République a donc « Ceints de votre écharpe tricolore, a drait faire de la décentralisation la truffé son plaidoyer de ces mots- au début de 2002 lancé le chef de l’Etat, quand reten- grande ambition d’un éventuel clés qui paraissent avoir tant de suc- tit notre hymne national, quand vous second mandat, rechigne à venir cès : la « Nation »,la« Républi- Ce sont les éditions Odile Jacob célébrez le souvenir des Français sur le terrain souverainiste et jaco- que »,la« cohésion nationale ». qui ont raflé la mise. « Réputée morts pour la patrie, quand vous pré- bin qui fait une partie du succès de Revenant tout d’abord sur les pour verser des à-valoir deux fois sidez les cérémonies du 14-Juillet, M. Chevènement. attentats du 11 septembre, le chef supérieurs à ses concurrents », quand vous avez la joie de marier Les sondeurs qui travaillent pour de l’Etat a souligné combien, « dans assure le site Internet de l’Expan- nos concitoyens et chaque fois que l’Elysée ont pourtant noté à l’inten- les années à venir, la mission fonda- sion, qui a publié l’information, vous devez prendre des décisions tion du président que « pour l’ins- mentale de ceux qui croient en la mardi 20 novembre, la maison pour la sécurité et la tranquillité tant, il n’y a pas d’enthousiasme pour démocratie et qui portent son éten- d’édition vient de signer un publiques, vous dites la souveraineté le duel attendu Chirac-Jospin ». Etu- dard va être de défendre nos valeurs, contrat avec Jacques Chirac pour et l’unité du peuple français, de des qualitatives en main, ils ont de conforter leur exemplarité, de les la publication de son programme manière concrète, réelle, vivante et montré au président combien la per- faire vivre ». Or, estime-t-il, ces prin- de campagne, qui paraîtra au symbolique. » Jean-Pierre Chevène- sonnalité épique du fondateur du cipes essentiels « doivent d’abord début 2002. En 1995, M. Chirac ment aurait-il prononcé un dis- MDC et les mots qu’il emploie retrouver tout leur sens et toute leur avait publié La France pour tous, cours plus vibrant ? séduisent même un électorat UDF force dans l’espace privilégié de la (éditions NIL), qui était devenu Depuis quelques semaines, en pourtant réputé à l’opposé de l’an- nation ». Usant à six reprises des ter- l’un des best-sellers de la campa- tout cas, plusieurs conseillers de cien ministre. C’est sur ce champ mes de « cohésion » et « cohésion gne. Les éditions Odile Jacob ont, M. Chirac l’engagent à ne pas lais- symbolique que M. Chirac a, mardi, nationale » et prononçant sept fois pour leur part, publié Jacques ser l’ancien ministre de l’intérieur tenté de pénétrer. le mot de « nation », M. Chirac a Delors, en 1992, et François Mit- venir labourer les terres de la droi- notamment expliqué qu’« entre le terrand, en 1994. te. Déjà, plusieurs barons du RPR Raphaëlle Bacqué Les députés socialistes réclament à leur tour une modification de la « loi Guigou » L’ASSEMBLÉE NATIONALE a décidé de sions des cours d’assises. Effets recherchés de la une telle évaluation, en expliquant que « si on peut reprendre en main la loi sur la présomption d’inno- loi, le nombre de garde à vue a baissé de 9 % par simplifier par exemple des procédures administrati- cence. Face aux critiques des policiers, qui accu- rapport à 2000, tandis que le nombre de place- ves, qui sont peut-être inutilement compliquées, sent la loi de désarmer les forces de l’ordre au pro- ment en détention provisoire a chuté de 23 %. alors pourquoi pas ». L’entourage de l’actuelle gar- fit des délinquants, les députés socialistes vont Depuis son entrée en vigueur, la loi est pourtant de des sceaux, , affirme que la engager une évaluation de l’application du texte, l’objet de vives critiques des policiers, qui l’ont ministre « n’est pas opposée au principe d’une éva- entré en vigueur le 1er janvier. Déjà annoncée aux qualifiée de « loi pour les voyous ». Leurs syndicats luation parlementaire qui concernera ainsi les sec- syndicats de policiers, lundi 19 novembre, par le l’ont ainsi accusée – à tort – d’être à l’origine de la teurs de la police, de la justice et de la gendar- ministre de l’intérieur, , le principe remise en liberté du truand Jean-Claude Bonnal, merie ». de cette évaluation a été définitivement arrêté, en décembre 2000, lequel est soupçonné d’être Les parlementaires se défendent de vouloir mardi 20 novembre, en concertation avec Lionel l’auteur du meurtre de plusieurs policiers. Dans la remettre en cause le principe de la loi. « Il ne s’agit Jospin. D’essence parlementaire, les modalités de foulée, l’opposition avait réclamé, le 22 octobre, pas de refondre la loi, mais de regarder à partir de cette évaluation n’étaient pas encore fixées, mer- l’abrogation de la loi, bien qu’elle en ait approuvé faits concrets ce qui peut poser problème », expli- credi 21 novembre au matin. Elle pourrait être le principe lors de son élaboration, en 2000. que ainsi Jean-Marc Ayrault. « Il y a des dysfonc- conduite par une mission d’information créée par tionnements, liés à des lourdeurs de la procédure, l’Assemblée ou bien être confiée par le premier CORRECTION DES « DYSFONCTIONNEMENTS » qui peuvent décourager les policiers et les magis- ministre au président de la commission des lois, Moins d’un mois après, et alors que les discus- trats, et qui peuvent être interprétés abusivement Bernard Roman (PS, Nord). sions entre les syndicats de policiers et le gouver- par les délinquants. » Les parlementaires pensent Les critiques récurrentes des policiers ont donc nement piétinent, la majorité a décidé de lâcher notamment au droit au silence, désormais rappelé eu raison des réticences de la majorité à remettre du lest. Raymond Forni, président de l’Assemblée systématiquement aux personnes mises en garde la loi en chantier. A l’origine consensuelle, la loi nationale, , porte-parole du Parti à vue, ou bien à l’enregistrement audiovisuel des sur la présomption d’innocence a peu à peu cristal- socialiste et Jean-Marc Ayrault, président du grou- gardes à vue des majeurs, dont l’entrée en vigueur lisé tous les mécontentements. Le texte, dit « loi pe PS à l’Assemblée nationale, se sont ainsi succé- est prévue pour juin 2002. L’évaluation devrait Guigou », a réformé en profondeur de larges dé, mardi 20 novembre, pour demander un prendre quelques semaines afin que des modifica- aspects de la procédure pénale : il a modifié les « bilan » de l’application de la loi, préalable à une tions puissent être décidées avant les élections pré- conditions des gardes à vue, enlevé au juge d’ins- correction de ses « dysfonctionnements ». Malgré sidentielle et législatives. truction le pouvoir de placer les mis en examen en de premières réticences, l’ancienne ministre de la détention provisoire et créé un appel des déci- justice, Elisabeth Guigou, s’est elle aussi rallié à Cécile Prieur 101 députés veulent relancer la réforme des tribunaux de commerce Les rapporteurs des projets de loi devaient rencontrer, mercredi, le directeur du cabinet de Lionel Jospin

UN CANDIDAT à l’élection prési- vier Schrameck. « Le rendez-vous ne printemps, la proposition de résolu- dénonçant différents types de cor- dentielle, Noël Mamère (Verts), et préjuge de rien », dit-on à Matignon, tion visant à poursuivre Jacques Chi- ruption dans la justice consulaire. A cinq anciens ministres, dont Domini- même si le député appartient rac devant la Haute Cour de justice. l’époque, « DSK », ministre de l’éco- que Strauss-Kahn : au total, depuis peu au groupe de parlemen- Autour de ce premier cercle, Chris- nomie, et Elisabeth Guigou ministre 101 députés soutiennent la pétition taires chargés de riposter à la droite tian Bataille (Nord), la vice-présiden- de la justice, saluaient le « travail d’ (PS, Saône- (Le Monde du 15 novembre). Mais, te de l’Assemblée, Christine Lazer- considérable » des députés et annon- et-Loire) visant à réinscrire à l’ordre à six mois de la présidentielle, ges (Hérault), le questeur Serge Jan- çaient « un projet de réforme ambi- du jour du Parlement les trois pro- M. Montebourg veut croire que son quin (Pas-de-Calais), le chef de file tieux ». Ce texte finit par être adopté jets de loi sur la réforme des tribu- slogan « Cent députés, c’est 10 mil- de la gauche socialiste, Julien Dray en conseil des ministres, en naux de commerce (Le Monde du lions d’électeurs » – puisqu’un dépu- (Essonne), ou encore les anciens juillet 2000. Son examen à l’Assem- 26 octobre), adoptés en première té représente en moyenne ministres Laurent Cathala (Val-de- blée fut reporté au lendemain des lecture, à l’Assemblée nationale, le 108 000 habitants – va faire mou- Marne), (Calva- municipales de mars 2001. Depuis 28 mars. che. dos), Kofi Yamgnane (Finistère) ont son adoption en première lecture, Mercredi 21 novembre, vers Les socialistes représentent les rallié la cause d’une réforme de la plus rien : en octobre, la réforme 18 heures, les trois rapporteurs trois quarts des signataires (78 PS et justice consulaire. avait disparu de l’ordre du jour du socialistes de ces textes, François 2 apparentés). Une quinzaine d’en- A cette liste, s’ajoutent neuf radi- Parlement. Colcombet (Allier), Jean Codognès tre eux, comme Jean-Pierre Blazy caux de gauche, dont Alain Tourret Ses partisans continuent de (Pyrénées-Orientales) et M. Monte- (Val-d’Oise), Monique Collange (Calvados), six communistes, com- mener campagne : dans une « lettre bourg devaient rencontrer le direc- (Tarn) ou René Mangin (Meurthe- me Maxime Gremetz (Somme), ouverte » au premier ministre, l’ex- teur de cabinet de Lionel Jospin, Oli- et-Moselle), avaient soutenu, au cinq chevénementistes, dont Geor- policier Antoine Gaudino, auteur de ges Sarre (Paris), et deux Verts : La Mafia des tribunaux de commerce Marie-Hélène Aubert (Eure-et-Loir) (Albin Michel, 1998) écrit : « La droi- et M. Mamère. Sans souscrire à la te ne réalisera jamais cette réforme « pétition de la gauche », Christian (…). Renoncer, c’est être lâche ou Martin (UDF, Maine-et-Loire) a complice. » La Confédération natio- adressé une lettre à la garde des nale des entreprises à taille humai- sceaux pour lui demander d’inscrire ne, qui assiste les petits commer- à l’ordre du jour, « au minimum », çants en difficulté, a déjà rencontré la réforme « très attendue » du sta- des candidats à la présidentielle : tut des administrateurs judiciaires. Jean-Pierre Chevènement (MDC), (DL) et Noël Mamè- DISPARUE DE L’ORDRE DU JOUR re. Tous se disent « très convain- Les deux autres projets de loi pré- cus », mais ajoutent que ce n’est pas voient, pour l’un, l’introduction de un dossier « grand public ». En clair, magistrats professionnels dans les qui rapporte peu de voix. « Tu peux tribunaux de commerce (échevina- faire état de mon soutien si tu trouves ge) et, pour l’autre, le recrutement cela utile », a écrit DSK à M. Monte- de conseillers de cour d’appel. En bourg. Il en aura sans doute besoin. juillet 1998, la commission d’enquê- te parlementaire publiait un rapport Clarisse Fabre 10 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 FRANCE

Le Conseil d’orientation des retraites pousse Le gouvernement entrevoit à engager des réformes de grande ampleur une sortie de conflit pour L’organisme mis en place par Lionel Jospin remettra son rapport au premier ministre le 6 décembre les intermittents du spectacle Le Conseil d’orientation des retraites (COR) met énumère seront au cœur de la campagne prési- tionnaires sur celle du privé. Il suggère de réser- la dernière main au rapport qu’il rendra à Lionel dentielle à venir. Le COR propose notamment ver les départs anticipés « au vu de l’état de san- Jospin le 6 décembre. Les pistes de réforme qu’il l’alignement de la durée de cotisation des fonc- té de l’assuré » et non en fonction du métier. Une proposition de loi sera débattue le 12 décembre

LA MISSION du Conseil d’orien- té, ne changent pas sensiblement 30 % le taux de cotisation en 2020 pour les salariés ayant déjà acquis LA MINISTRE de la culture et de délégation a été reçue à Matignon tation des retraites (COR), installé les choses pour le COR. Pas même et à 34,9 % vingt ans plus tard ! Le 40 ans de cotisations, chère à la la communication, Catherine Tas- et les conseillers de Lionel Jospin par Lionel Jospin en mai 2000, arri- la remontée de l’âge moyen de ces- rapport « estime qu’un recours plus CFDT, ne semble guère enchanter ca, est sur tous les fronts sociaux : lui ont assuré, selon la CGT, que ve à son terme ; du moins, celle sation d’activité, qui se situe, en ou moins grand à [un] ensemble de le COR, du fait de son coût « éle- elle se heurte depuis le 8 octobre à « le principe d’une mesure législative qui consiste, pour ce Conseil com- France, à 58 ans, du fait de l’utilisa- mesures (…) sera nécessaire et qu’il vé ». « Un droit au départ précoce des grèves sporadiques des person- permettant de combler le vide juri- posé de syndicalistes, d’experts et tion importante des préretraites. est important que l’opinion le com- ne saurait constituer la seule répon- nels de la culture réclamant une dique était acquis ». Quatre jours de parlementaires, à « éclairer » le En décalant d’un an l’âge moyen prenne aussi rapidement que possi- se donnée aux travailleurs soumis à renégociation des modalités d’appli- plus tard, le groupe PS déposait sa gouvernement, à travers un nou- de liquidation des pensions, le rap- ble ». de fortes contraintes ». D’ailleurs, cation des 35 heures ; elle doit aussi proposition de loi et, le soir même, veau rapport, sur la réforme des port entre actifs et retraités reste s’agissant de ceux qui bénéficient faire face à la fronde des intermit- dans un communiqué commun, Eli- retraites. Une dernière réunion défavorable. « Le décalage néces- ALIGNEMENT PUBLIC-PRIVÉ de régimes spéciaux, le COR affi- tents du spectacle. De ce côté, elle sabeth Guigou et Mme Tasca souhai- devait avoir lieu mercredi saire à l’équilibre (…) serait de six Progressivement, le COR en che sa préférence pour un départ à devrait cependant trouver une taient son examen rapide. 21 novembre avant la remise du ans dans une hypothèse de la législa- vient donc aux solutions plus lour- la retraite anticipée «au vu de issue positive – provisoirement du La CGT-spectacle « se félicite de document au premier ministre, tion actuelle » et de « neuf ans » des. L’alignement de la durée de l’état de santé de l’assuré ». En sou- moins. l’arbitrage du premier ministre » et prévue le 6 décembre, à l’issue lignant l’inégalité de traitement, L’Assemblée nationale doit exa- juge qu’il a pris « une mesure coura- d’une ultime séance en présence peu compatible avec le droit euro- miner, le 12 décembre, une proposi- geuse ». « Pour nous, cette initiative de la ministre de l’emploi et de la Le gouvernement veut alléger les mécanismes péen, entre infirmières du public tion de loi sur le régime spécifique est une avancée très importante, re- solidarité, Elisabeth Guigou. A par- et du privé, le conseil plaide « pour d’assurance-chômage des profes- lève son secrétaire général, Jean tir de là, la « première réforme de la de sanctions des médecins libéraux une approche dans laquelle on tien- sionnels du spectacle. Déposée le Voirin. D’autant que c’est une pre- prochaine législature », selon l’ex- ne davantage compte du poste effec- 19 novembre par le groupe socia- mière dans l’histoire de l’assurance- pression de Mme Guigou, entrera A la veille de la reprise de la discussion en deuxième lecture à l’As- tivement occupé que du secteur liste, elle prévoit de « proroger, à chômage. » L’Unedic est, en effet, de plain-pied dans la campagne semblée nationale, mercredi 21 novembre, du projet de loi de finance- d’activité ou du métier ». titre conservatoire, le régime actuel » un régime conventionnel créé et pour l’élection présidentielle. «En ment de la Sécurité sociale pour 2002, le gouvernement a déposé un Face à ces contraintes, le COR dont ils bénéficient. Les députés géré par les partenaires sociaux tout cas, nous, on y veillera », souli- amendement qui vise à réformer le système de régulation des soins. pose le problème de la dégrada- communistes ont à leur tour dépo- dans lequel l’Etat intervient assez gne Jean-Marie Toulisse, secrétai- Selon cette proposition, un accord-cadre serait conclu avec les prtai- tion du taux de remplacement (le sé, mardi 20, une proposition de loi peu. Le groupe socialiste a appelé re confédéral de la CFDT. ciens libéraux, puis un second accord porterait sur les engagements ratio de la pension par rapport au pour la « pérennisation » du régime le patronat et les représentants des collectifs et individuels. Des contrats individuels, dans lesquels les revenu d’activité). Selon ses cal- des intermittents. Ceux-ci se intermittents du spectacle à ouvrir REDÉPLOIEMENT DES RESSOURCES médecins s’engageraient sur de bonnes pratiques, seraient assortis culs, ce taux, estimé aujourd’hui à trouvent en effet dans une situa- des négociations « afin d’assurer la Après onze séances plénières, d’un bonus sous forme de rémunération forfaitaire. Les sanctions en 78 %, tous régimes confondus, pas- tion de vide juridique : même s’ils pérennité de ce régime spécifique ». les travaux du COR se sont en effet cas de dépassement des objectifs de dépenses (« lettres-clés flottan- serait à 64 % en 2040… Pour le continuent de percevoir leurs allo- L’ouverture de telles discussions accélérés, et pas moins de sept ren- tes ») ne seraient maintenu que « pour les professions qui ne concluent maintenir, il faudrait un finance- cations de chômage, les an- est loin d’être acquise. La Fédéra- contres, consacrées à la rédaction pas de convention » avec la Caisse nationale d’assurance-maladie. ment supplémentaire équivalant à nexes VIII et X de l’ancienne tion des entreprises du spectacle, du rapport, se sont succédé depuis 15 points de cotisations. Il est convention Unedic les protégeant de l’audiovisuel et du cinéma le 4 septembre. Dans la version, donc proposé de mieux prendre n’ont plus d’existence légale puis- (Fesac), qui regroupe l’essentiel des encore provisoire, qui devait être d’ici à 2040… Le redéploiement des cotisation des fonctionnaires en compte les situations individuel- qu’elles n’ont pas été reconduites employeurs du secteur, a bien négo- examinée mercredi, le COR, prési- ressources – les excédents de l’as- (37,5 ans) sur celle des salariés du les et, notamment, les périodes de par le patronat et les syndicats dans cié et signé, en juin 2000, avec la dé par Yannick Moreau, énumère surance-chômage, de la branche privé (40 ans) figure clairement chômage ou de formation. Enfin, la nouvelle convention entrée en CGT, la CFDT et la CGC, un accord déjà des pistes de réforme, sur la famille ou le prolongement, dans le document. Cette réforme le COR s’engage en faveur d’une vigueur le 1er juillet. sur une proposition de réforme. base de constats sévères. Ainsi, les au-delà de 2014, de la contribution devrait s’accompagner de mesures revalorisation des retraites. Redoutant que le Medef ne profi- Mais le Medef s’est refusé à la besoins de financement, dans pour le remboursement de la dette d’« accompagnement », parmi les- Pour Jean-Christophe Le Dui- te de cette occasion pour remettre prendre comme base de discussion, l’« hypothèse de retour au plein- sociale (CRDS) – a également été quelles le COR suggère l’intégra- gou, responsable de ce dossier à la en question leur statut, les intermit- estimant qu’elle ne ferait qu’aggra- emploi en 2010 » dessinée par envisagé. La hausse des cotisa- tion « partielle » des primes dans CGT, rejoint par Jean-Louis tents se sont mobilisés, ces derniè- ver le déficit du régime des inter- M. Jospin, avec un taux de chôma- tions, elle, paraît exclue. A législa- le calcul des pensions des fonction- Deroussen (CFTC), le COR n’est res semaines, pour alerter le gouver- mittents. Denis Kessler, le vice-pré- ge de 4,5 %, sont estimés entre 4 et tion inchangée d’ici à 2040, il fau- naires, ou encore une meilleure « en rien un lieu de négociations ». nement. En vain jusqu’au 15 novem- sident de l’organisation patronale, 6,5 points de PIB. Les variables drait augmenter, pour les seuls gestion des ressources humaines C’est avec le gouvernement qu’el- bre, quand ils ont manifesté, à Paris en juge déjà le coût « totalement d’ajustement examinées, telles salariés du privé, les cotisations de de la fonction publique, qui facilite- les doivent s’engager. et en province, à l’appel de la CGT- exorbitant ». que la croissance, le taux de fécon- 4 points en 2020 et de 9,2 points rait la mobilité et la promotion spectacle, largement majoritaire dité, l’immigration, la productivi- en 2040, ce qui porterait à près de interne. La retraite avant 60 ans Isabelle Mandraud dans la profession. Ce jour-là, une Laetitia Van Eeckhout Les dépenses de consommation ont reculé de 0,4 % en octobre LES DÉPENSES de consommation en produits manufacturés ont baissé de 0,4 % en octobre, après avoir reculé de 0,1 % en septembre, selon les chiffres publiés par l’Insee mercredi 21 novembre. En un an, elles ont pro- gressé de 3 %. Les achats de biens durables (automobiles, équipement du logement…) sont les seuls à avoir augmenté en octobre (+1,7 %) mais ils avaient reculé en août et en septembre. Tous les autres postes de dépen- ses, au premier rang desquelles les achats de textile-cuir (- 3,3 %), recu- lent. Pierre Poujade apporte son soutien à la candidature de M. Chevènement PIERRE POUJADE a décidé de se « ranger » derrière le député et maire de Belfort. Jean-Pierre Chevènement « pourrait être digne de la fonction présidentielle », a déclaré, dans Libération du 20 novembre, le président fondateur de l’Union de défense des commerçants et artisans, ajoutant : « Il n’est ni pourri ni utopiste. » M. Chevènement voit dans ce soutien «un signe des astres », rappelant en plaisantant que M. Poujade « soutient tou- jours les candidats qui vont être élus ». L’ancien ministre gaulliste de gauche Jean Charbonnel, maire de Brive-la- Gaillarde (Corrèze) de 1962 à 1995, a également annoncé, lundi 19 novem- bre, sur France 3 Limoges, qu’il avait l’intention « d’aider, dans la mesure de [ses] moyens » M. Chevènement, qui, dit-il, « se situe dans le droit fil de ce qu’a été le gaullisme ». M. Jospin entendu par le juge chargé de l’affaire Destrade LIONEL JOSPIN a été interrogé, lundi 19 novembre, à son domicile pari- sien, par le juge d’instruction Thierry Pons. Le premier ministre a été entendu en qualité de témoin dans l’affaire des malversations attribuées à l’ancien député socialiste Jean-Pierre Destrade et du financement occulte du PS par les groupes de grande distribution entre 1988 et 1992. L’Hôtel Matignon, qui a annoncé cette audition mardi, s’est refusé à dévoiler le contenu de cette audition. Par ailleurs, , ministre délégué aux affaires européennes, a été entendu, mardi 20 novembre, en tant qu’ancien trésorier du PS.

DÉPÊCHES a JUSTICE : les avocats d’une association de défense des contribuables de Haute-Garonne ont cité, mardi 20 novembre, Lionel Jospin à comparaî- tre comme témoin, le 13 décembre, devant le tribunal correctionnel de Toulouse, dans le cadre d’une affaire dans laquelle pèsent des soupçons d’emplois fictifs. « Le premier ministre sera représenté à l’audience du tribu- nal qui statuera sur cette citation », a indiqué l’Hôtel Matignon. L’associa- tion avait déjà déposé une plainte au printemps, mais le parquet de Tou- louse n’y avait pas donné suite (Le Monde du 25 avril). a BUDGET : les députés ont adopté en première lecture, mardi 20 novembre, l’ensemble du projet de budget 2002, par 297 voix contre 245 et 9 abstentions. A l’exception du MDC, qui s’est abstenu, toutes les composantes de la gauche, dont le PCF, ont appelé à voter pour. Le déficit budgétaire s’établit à 30,438 milliards d’euros (199,66 milliards de francs) à l’issue de la première lecture de ce dernier budget de la législature, qui est aussi le premier en euros. 11 SOCIÉTÉ LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

ÉDUCATION Les écoles de est très variable. b SELON UNE tant l’éducation comme un axe lité, tout en versant une subvention communes rurales du nord du dépar- France ne sont pas logées à la même ENQUÊTE rendue publique mercredi majeur de leur politique. b AU SEIN annuelle moyenne, a fait de l’éduca- tement n’ont pas cette chance : leurs enseigne : l’engagement éducatif des 21 novembre à l’occasion du congrès DU MÊME DÉPARTEMENT, la Drôme, tion « une priorité très clairement écoles ne subsistent que grâce aux communes, qui en 2000 ont assuré de l’Association des maires de Fran- deux exemples illustrent ces inégali- affirmée » et offre de multiples activi- parents d’élèves et au regroupement 38 % des dépenses du premier degré, ce, 96 % des maires considèrent pour- tés : à Bourg-lès-Valence, la municipa- tés aux écoliers ; ceux de trois petites pédagogique intercommunal. Ecole riche, école pauvre : derrière la réalité sociale, le choix des maires Dévoilée lors du congrès de l’Association des maires de France, une enquête mesure l’engagement éducatif des communes, objet de fortes disparités. Une grande majorité des élus considèrent l’éducation comme une priorité, mais ils réclament une clarification des responsabilités de chacun

IL N’Y A PLUS une école, mais vient de mettre au point un « référen- sont gratuites et la part de gâteau coû- L’enquête – qui, selon les des écoles. L’affirmation n’est pas tiel » intégrant une batterie de critè- te 1 franc ». Toutes deux, situées auteurs, porte sur un échantillon nouvelle. Elle résulte, entre autres, res, qui permettra d’établir une grille dans la même ville, perçoivent une « significatif du milieu local fran- de ce que certains considèrent de comparaison. En partenariat avec subvention municipale identique, çais » de près de 5 millions d’habi- comme un « effet pervers » de la l’Association des maires de France précise Yves Careil. « Pourtant, la tants (soit environ 400 000 élèves décentralisation, qui, en transfé- (AMF), elle mène aussi, depuis juin, seconde aura, dès le deuxième trimes- du premier degré) –, apporte un rant aux communes « la construc- une enquête de grande ampleur tre, des difficultés à acheter du papier début de position commune concer- tion, l’équipement et le fonctionne- pour mesurer l’effort que les commu- et des crayons, tandis que la première nant l’aide au fonctionnement, si ment » des établissements du pre- nes sont prêtes à consentir en matiè- n’aura aucun problème de fonctionne- mal définie : les maires acceptent mier degré, a ouvert la porte à re d’éducation. Les conclusions de ment et placera même son excédent de prendre en charge le raccorde- tous les particularismes. cette étude devaient être dévoilées de trésorerie en sicav. » ment à Internet, le forfait d’abonne- L’engagement éducatif des com- mercredi 21 novembre, lors du con- Ces situations extrêmes se déve- ment et les consommations télépho- munes, qui, en 2000, ont assuré grès annuel de l’AMF à Paris. loppent d’autant plus que l’engage- niques ; mais ils refusent d’assurer 38 % des dépenses (hors trans- Pour l’instant, le chiffre sur ment communal ne suffit pas à cou- la maintenance informatique. ports) du premier degré, est donc lequel se fondent les tentatives vrir les besoins. Pourtant, l’enquê- devenu en vingt ans une question d’évaluation est celui des crédits te AMF-Andev – qui a aussi été CLARIFIER LES RESPONSABILITÉS centrale. « L’inégalité première est pédagogiques accordés annuelle- commandée pour apporter un con- En outre, l’étude pointe le besoin à rechercher dans les financements ment par la mairie, dont le mon- trepoint aux critiques régulière- de remise à plat des prérogatives attribués par les communes », affir- tant n’est connu qu’à travers des ment émises envers les municipali- étatiques et communales. «Onne me Yves Careil, ancien instituteur études de terrain. Une enquête tés – indique que 96 % des maires peut plus continuer comme cela, aujourd’hui chercheur en sciences Sofrès, réalisée en mai et juin 2000 interrogés, toutes tendances con- insiste Francis Oudot, président de de l’éducation, auteur de plusieurs pour l’association d’éditeurs scolai- fondues, considèrent l’éducation l’Andev. On s’enferme dans des ouvrages sur le sujet. res Savoir livre, établissait une comme un axe majeur de leur poli- incantations réciproques et on blo- Mais la comparaison des moyens moyenne nationale à 237 francs. tique. « En ce domaine, leur engage- que le système. » Les maires récla- mis à la disposition des écoles est Selon le SNUipp, principal syndi- ment est plus volontaire que subi, ment massivement (près de 80 %) une entreprise délicate, voire impos- cat enseignant du premier degré, commente Jean-Paul Delevoye, « une clarification des responsabili- sible. D’abord parce qu’une multipli- qui s’appuie sur des questionnai- président (RPR) de l’AMF. C’est tés de chacun » à travers de nou- cité de paramètres sont à prendre en res remplis par les écoles, l’échelle une confirmation qui dépasse ce que veaux textes. Et souhaitent notam- compte, comme par exemple l’ac- va de 1 à 10, de 70 francs à je pressentais. » Cela se traduit, ment que l’Etat « assure les moyens cueil avant et après l’école, l’ex- 700 francs par élève et par an. ou deux ans, assure Nicole Geneix, association de parents d’élèves). Ces pour la majorité des communes indispensables à la mise en place des istence d’un contrat éducatif local, secrétaire générale du SNUipp. « financements librement consentis », (51 %), par une « prévision d’effort dispositifs qu’il impulse ». « L’infor- les transports mis à disposition ou le OBLIGATION IMPRÉCISE Certes, la qualité de l’enseignement pour reprendre l’expression du cher- budgétaire croissant ». matique et l’ouverture à la culture niveau d’implication des parents. Mais l’indicateur est imparfait ne se résume pas à une question cheur Yves Careil, accentuent encore sont indispensables, conclut Ensuite, les ressources mêmes accor- puisque, contrairement aux obliga- matérielle. Le rôle de l’enseignant les disparités entre écoles. Et ACTIVITÉS PÉRISCOLAIRES M. Oudot. Mais il faut s’assurer que dées par les mairies sont difficile- tions de construction ou d’entre- demeure essentiel. Mais l’école se M. Careil de citer l’exemple, rencon- Globalement, c’est dans le domai- tout le monde est au même niveau. » ment quantifiables. Jusqu’à une épo- tien (les bâtiments) et d’équipe- voit confier de nouvelles missions en tré lorsqu’il était enseignant dans la ne des activités périscolaires que les Pour de nombreux spécialistes, que récente, la comptabilité commu- ment (le mobilier, le chauffage, informatique, en langue vivante, en région nantaise, « d’une école dont la maires estiment devoir le plus agir l’intercommunalité apparaît comme nale ne faisait pas ressortir de dépen- l’éclairage), qui sont bien définis arts, par exemple, que certaines fête de fin d’année rapporte plus de dans les années à venir, pratique- une des pistes susceptibles de pallier ses scolaires proprement dites, qui par la loi, l’obligation de subvenir communes ont peine à assumer. 40 000 francs, qui tire 10 000 francs ment à égalité avec les moyens de les insuffisances et d’éroder les iné- apparaissaient sous diverses lignes au fonctionnement de l’école est C’est l’égalité devant l’accès aux de bénéfices des traditionnelles photos fonctionnement matériel de l’école. galités. Mais « le cheminement sera budgétaires (aide sociale, transports, résiduelle et imprécise. Chaque savoirs qui peut être atteinte. » de classe mais aussi des photos indivi- En revanche, l’aide aux activités long », pronostique M. Oudot. Les personnel…). Les choses devraient mairie en a donc une lecture diffé- En conséquence, le principe de gra- duelles, qui sont interdites, et dont la pendant le temps scolaire (sorties, maires, très attachés à « leur » éco- s’améliorer avec la mise en place, rente. Photocopies, maintenance tuité de l’école publique est sans ces- bibliothèque fonctionne entièrement classes transplantées) et l’emploi de le, sont souvent réticents à déléguer depuis 1997, de la nouvelle comptabi- informatique, manuels scolaires, se mis à mal et les parents sont appe- grâce à une vingtaine de mères personnel semblent moins suscepti- la compétence éducative à une struc- lité « M14 » ; les premières données abonnement Internet, logiciels lés à compenser la pénurie de “professionnelles” », et d’une autre, bles d’amélioration. Parmi les ture supracommunale. devraient être exploitables d’ici un éducatifs, etc. sont autant de moyens. L’enquête Sofrès indique implantée dans un quartier populai- actions les plus citées, apparaissent ou deux ans. Par ailleurs, l’Associa- domaines dépendant strictement que près de 20 % des ressources re, « où la vente des photos rapporte notamment l’équipement informati- Marie-Laure Phélippeau tion nationale des directeurs de l’édu- du bon vouloir municipal. pédagogiques proviennent des 2 500 francs et la fête de fin d’année que et la mise en œuvre des classes cation des villes de France (Andev) « Les écarts se creusent depuis un familles (coopérative, fête de l’école, 300 francs parce que les activités y à projet artistique ou culturel. f www.lemonde.fr/education Dans la Drôme, certaines écoles sont choyées… … quand d’autres se regroupent pour subsister BOURG-LÈS-VALENCE (Drôme) l’anglais à partir du CE1, les deux temental de l’éducation nationale, CLAVEYSON (Drôme) D’un point de vue pédagogique, me » dans le pré d’à côté, cross de notre envoyée spéciale semaines de classe de mer en Ven- car nous ne sommes pas capables de de notre envoyée spéciale les enseignants y trouvent leur dans les bois « jusqu’à Noël »,se A mi-séance, les grimpeurs en dée pour les plus grands, les cycles juger totalement de l’intérêt pédago- Dans les collines au nord de compte : moins de niveaux par clas- retrouvent dix fois par an au gym- herbe troquent leur baudrier de sport au choix de l’enseignant gique des demandes. » Au quoti- Valence, les écoles doivent leur se, plus de moyens. Et une certaine nase de La Motte… contre une raquette. Et cèdent la encadrés par un moniteur munici- dien, les contacts sont très directs salut à la fois aux parents d’élèves émulation entre communes, au pal – escalade, badminton, mais aus- et les coups de fil fréquents. « Les début tout au moins : « Chaque CONCOURS DE BELOTE REPORTAGE si escrime, rollers, gymnastique petites choses qui enquiquinent, il REPORTAGE mairie a voulu faire aussi bien que Le vrai plus, c’est le Sou qui l’of- (avec de vrais agrès !), vélo… –, les faut qu’elles soient résolues très ses voisines, estime M. Bonnet. L’ali- fre. L’association de parents, au Les relations entre rencontres sportives entre écoles vite », résume Mireille Sandoz. L’association gnement s’est fait par le haut. » prix de concours de belote, fête la mairie et ses écoles deux ou trois fois par trimestre… « Si on aide tant, c’est aussi parce de parents fournit En plus du coûteux financement d’école et autres soirées loto, finan- ne se résument pas à pour ne citer que cela ! qu’on sent les enseignants très moti- des fonds devenus d’une partie des transports (le ce le salaire de la personne qui pré- des questions d’argent Plantée il y a trente ans dans un vés », indique l’adjointe aux affaires indispensables conseil général assume le reste), pare les repas à la cantine, prend quartier fait d’austères immeubles scolaires. A Jean-Moulin, richement ces trois communes éminemment en charge les 9 000 francs annuels années 1970 et de pavillons hétéro- dotée en informatique, c’est notam- rurales – leur taxe professionnelle (1372 ¤) de photocopies, paie la place au pied du mur d’escalade clites, l’école Jean-Moulin n’est ment la passion d’un maître qui a et au regroupement pédagogique est proche de zéro – versent cha- location du bassin de la piscine flambant neuf à leurs copains, qui, pas une école de riches. Les contribué à de telles avancées. «Je intercommunal (RPI). « Sans le que année 360 francs (55 ¤) par huit fois par an, offre à chaque élè- tout à l’heure, s’appliquaient à tenir parents sont d’ailleurs peu sollici- ne compte pas mon temps. Et je me RPI, on n’existerait plus. Et sans le enfant pour le fonctionnement ve un dictionnaire, abonne les clas- l’échange avec leur partenaire. Esca- tés financièrement. « Dix francs suis formé tout seul », indique Yvan Sou des écoles, l’association de pédagogique. Une somme supé- ses à une revue… Autant de fonds lade, badminton… : vendredi matin pour participer au billet d’entrée Imbert, instituteur de CM2, qui, parents d’élèves, faire fonctionner rieure à la moyenne nationale, devenus indispensables au fonc- ordinaire pour ces enfants de CM2, quand on emmène les enfants au depuis la rentrée, s’occupe à nos classes serait très difficile », affir- mais qui, souvent, s’arrête là : les tionnement de l’école. à l’école Jean-Moulin de Bourg-lès- théâtre. » Leurs multiples activités, mi-temps de l’accompagnement me sans détour Daniel Bonnet, crédits exceptionnels, quand ils Le maire de Claveyson l’a bien Valence (Drôme). les enfants les doivent à la mairie, informatique de toutes les écoles directeur de l’école de Claveyson. sont accordés, sont faibles. « Les compris. Il a adressé en septembre La subvention annuelle obliga- qui a fait de l’éducation une « prio- du district. « Les demandes doivent Il y a dix-sept ans, il s’est mobilisé dépenses éducatives représentent un courrier à tous les parents, trop toire versée par une commune à rité très clairement affirmée depuis être justifiées et les projets pédagogi- pour que ce bourg de 700 âmes 15 % du budget communal, on peut peu nombreux à se porter candi- son école ne donne qu’un indica- de longues années », selon Bruno ques portés avec force », insiste la marie au plus vite son école à son difficilement aller au-delà », estime dats au bureau du Sou, pour leur teur bien imparfait du quotidien de Boisgelin, le directeur de cabi- directrice de la maternelle. Et de homologue de La Motte-de-Galau- le maire de Claveyson, Pierre rappeler leur « devoir » de béné- des élèves et des enseignants. Avec net du nouveau maire, le sénateur souligner le caractère déterminant re (600 habitants), distante de trois Baboin, dont le conseil municipal vole. Une génération de jeunes 222 francs (34 ¤) par an et par (PS) Bernard Piras, élu en mars. de la stabilité de l’équipe pédago- kilomètres, formant ainsi l’un des de droite met un point d’honneur parents, nouvellement installés enfant, Bourg-lès-Valence le prou- « Bourg-lès-Valence va bien gique. « Rien de pire que les tout premiers RPI de la Drôme. à verser à l’école privée exacte- dans la région, ont répondu à la ve, qui accorde moins que la moyen- au-delà de ses obligations scolai- demandes qui se contrarient au fil Cinq ans plus tard, la classe unique ment la même chose qu’à l’école semonce. Prêts à œuvrer pour ne nationale. Pourtant, dans cette res », estime Mireille Sandoz, des ans. Les élus se méfient de ces de Fay-le-Clos (190 habitants), publique. leurs écoles qui sont le sel de leurs commune sans cachet de près de adjointe chargée des affaires sco- incohérences. » situé à trois kilomètres de La Mot- Au final, la marge de manœuvre villages, mais disposés aussi à faire 19 000 habitants, ni riche ni pauvre, laires depuis 1989. En 2000, la Ce fort engagement en faveur de te, se joignait au regroupement. est réduite pour les enseignants : davantage évoluer les priorités des collée à la préfecture de la Drôme, municipalité a ainsi, selon M. de l’école et de l’enfance en général Le principe est simple : chaque ils achètent cahiers, crayons et municipalités vers la sphère éduca- la vie à l’école semble friser la per- Boisgelin, dépensé 4 millions de contribue à tisser un lien social municipalité conserve la gestion gommes, « de la peinture tous les tive. fection. « Quand je suis arrivée de francs (4 % du budget) en sus des important. « Il n’y a pas que de l’ar- des murs de son école, mais les deux ans », quelques livres pour la Seine-et-Marne, raconte Danièle, charges légales pour les 16 écoles gent derrière tout cela, mais aussi de moyens sont mis en commun. bibliothèque… Ils font « athlétis- M.-L. P. maîtresse de CE1, je n’en croyais pas de Bourg (8 maternelles, 8 primai- l’humain », considère Bruno de Bois- L’école devient multisite : l’élève mes oreilles. » « C’est simple, résume res). Sans compter un investisse- gelin. Le soutien massif aux activités de maternelle commence sa scolari- la directrice de la maternelle, j’ai ment exceptionnel de sportives – la ville emploie à plein té à La Motte, « monte » à Fay-le- l’impression de pouvoir faire tout ce 500 000 francs en informatique. temps cinq moniteurs à disposition Clos pour apprendre à lire et achè- que je veux. » Et de raconter l’année des écoles – participe de la même ve ses cycles élémentaires six kilo- où sa classe est allée douze fois au « RISQUE INFLATIONNISTE » idée. « Le sport fédère les écoles. Les mètres plus au sud, à Claveyson. musée, la cour entièrement redessi- Les relations entre la mairie et rencontres organisées permettent de Le tout au prix d’un savant va-et- née, les ordinateurs et les photoco- ses écoles, que certains ensei- contrer une topographie éclatée de la vient d’autobus, qui, quatre fois pies payés par la mairie, la piscine gnants n’hésitent pas à qualifier ville, qui n’est qu’une juxtaposition de par jour, relie les deux extrémités dès la moyenne section (jusqu’en d’« optimales », ne se résument quartiers », précise Mireille Sandoz. de l’écheveau à l’épicentre, La Mot- CE2), le projet environnement par- pas à des questions d’argent. La difficulté, désormais, vient de ces te, où se situe aussi la cantine. «Ça ci, le projet chorale par-là… A côté, « Nous ne voulons pas être seule- succès. « Il nous faut veiller au risque donne à La Motte l’allure d’une gare dans l’école primaire, c’est encore ment des financiers, précise inflationniste, prévient M. de Boisge- de triage ! », commente une plus vertigineux : la salle informati- Mme Sandoz. Le contenu des projets lin. L’enveloppe des demandes en pro- maman, dont les trois enfants sont que haut de gamme, l’ordinateur en nous intéresse. Le débat sur l’infor- jets pédagogiques et en transports répartis dans les trois écoles. Les réseau dans toutes les classes, l’in- matisation des écoles a été très hou- pour les classes découverte a doublé élèves, eux, ne se laissent pas tervenant musique tous les quinze leux, même si, au final, tout le mon- cette année. C’est sûr, on ne fera pas démonter par cette chorégraphie jours, les trois sorties ski chaque de a voté pour. Pour nous aider que des heureux ! » routière : « De toute façon, le bus, année, les bus communaux à dispo- dans nos choix, nous travaillons en faudra bien le prendre pour aller au sition pour les excursions proches, partenariat avec l’inspecteur dépar- M.-L. P. collège ! » 12 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 SOCIÉTÉ Les syndicats de police demandent La défenseure des enfants souhaite une réforme l’arbitrage de Lionel Jospin PLUSIEURS SYNDICATS de police en appellent à l’arbitrage du premier des services chargés de la protection des mineurs ministre, après l’annulation, par Daniel Vaillant, le ministre de l’intérieur, de la réunion qui, mardi 20 novembre, devait examiner des revendica- tions salariales et d’effectifs. M. Vaillant avait rencontré la veille pendant Claire Brisset, nommée en mai 2000, a remis son deuxième rapport d’activité au chef de l’Etat sept heures l’ensemble des syndicats de police, à l’exception du SGP-FO et du SNPT (gardiens de la paix), qui ont boycotté le rendez-vous. Mardi, Claire Brisset, la défenseure des enfants, a remis, plaintes concerne l’organisation des visites et de ments de l’Aide sociale à l’enfance et plaide pour trois nouvelles organisations ont fait de même : le Syndicat des commis- mardi 20 novembre, son second rapport d’activité l’hébergement des enfants après la séparation des un renforcement des moyens de la pédopsychiatrie saires et hauts fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN, majoritai- au président de la République. La majorité des parents. Mme Brisset dénonce les dysfonctionne- et une meilleure protection des mineurs incarcérés. re chez les commissaires), Alliance et Synergie, seconds syndicats chez les gardiens de la paix et les officiers, ont « exigé un arbitrage du premier MILLE DEUX CENTS demandes tions mises en cause (52 % des pays », souligne Claire Brisset, «en quatre mois en psychiatrie et ministre ». Mercredi, le SCHFPN, Alliance et Synergie appelaient à des d’aide en dix-huit mois d’activité. plaintes). « Les familles dénoncent violation de la Convention internatio- pédopsychiatrie pour tous les étu- manifestations à Paris et en province. Jeudi, le Syndicat national des poli- Preuve est désormais faite que la le manque de communication […], nale des droits de l’enfant ». Il n’y a diants en médecine. ciers en tenue (SNPT) et le Syndicat général de la police (SGP-FO), nomination, en mai 2000, d’un écrit Mme Brisset. Dans de nombreux pas de quartier spécifique pour les En ce qui concerne les mineurs organisent un défilé parisien. défenseur des enfants, nouvelle dossiers, l’Aide sociale à l’enfance garçons mineurs à Besançon étrangers, elle souhaite qu’à leur autorité administrative indépen- est ressentie comme menaçante. Il (), ni à Ajaccio (Corse-du- arrivée en France, la police des DÉPÊCHES dante chargée de défendre les n’est pas rare que des parents qui Sud). Et la vingtaine de jeunes filles frontières les retienne dans une a POLICE : un homme, apparemment sous l’emprise de la drogue, a droits de l’enfant, n’était pas un ont demandé de l’aide et se voient mineures incarcérées le sont toutes zone spécifique, à l’écart des adul- foncé, mardi 20 novembre, à Marseille, sur des voitures de police en luxe en France. Claire Brisset a retirer leurs enfants, quelquefois avec des femmes adultes. Pour tes, pendant quarante-huit heures tentant d’échapper à un contrôle, blessant légèrement cinq gardiens de la remis, mardi 20 novembre, à l’occa- sans explications, regrettent de s’être tous ces adolescents, la défenseure au maximum, durant lesquelles le paix, avant d’être interpellé par les gendarmes à Bandol (Var). Agé d’une sion de la Journée européenne des confiés aux services sociaux. » La préconise un plus fort recours aux procureur saisirait conjointement trentaine d’années, il avait attiré l’attention en commettant de nombreu- droits de l’enfant, son second rap- défenseure plaide pour une réfor- alternatives à l’incarcération (répa- le juge des enfants et celui des tutel- ses infractions dans les quartiers sud. port d’activité au président de la me profonde des services de protec- ration pénale, placement en centre les. Les jeunes ne souhaitant ou ne a BANLIEUES : huit personnes, dont trois mineurs, soupçonnées République. tion de l’enfance. Une requête, de placement immédiat ou centre pouvant regagner leur pays d’origi- d’avoir participé aux violences urbaines qui ont éclaté ces dernières Il en ressort que la majorité des déjà formulée dans le rapport éducatif renforcé). ne seraient protégés jusqu’à leur semaines dans des cités du Havre (Seine-Maritime), ont été interpellées vingt nouveaux dossiers indivi- 2000, qui semble avoir été enten- majorité par une tutelle d’Etat. L’ac- mardi 20 novembre. Plusieurs actes de vandalisme ont eu lieu depuis le duels reçus en moyenne chaque due : lors des Etats généraux de la LA PÉDOPSYCHIATRIE EN CRISE cès aux formations en apprentissa- début de l’année dans les quartiers de Mont-Gaillard et de Mare-rouge semaine concerne l’organisation protection de l’enfance, qui se sont La pédopsychiatrie, souli- ge leur serait en outre ouvert. (Le Monde du 20 novembre). des visites et de l’hébergement des tenus à Paris le 15 novembre (Le gne-t-elle encore, est en crise. Les Globalement, moins de deux a RÉFUGIÉS : une bagarre, mardi 20 novembre, entre demandeurs d’asile enfants après la séparation des Monde du 17 novembre), le gouver- moyens ne sont pas à la mesure années après la promulgation de la afghans et kurdes du centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais) a parents ; ainsi que la contestation nement a fortement incité les des besoins. « On ne s’étonne plus loi instituant un défenseur des fait 29 blessés, dont 2 graves. Le centre héberge actuellement un millier de de décisions de placement. Les diffi- départements à faire évoluer leurs que neuf jeunes suicidants sur dix ne enfants (6 mars 2000), Claire Bris- demandeurs qui attendent de passer vers l’Angleterre. En juillet, 11 personnes cultés avec l’école arrivent en troi- pratiques. Et s’est engagé à publier soient pas hospitalisés lors de leur set s’estime entendue, du président avaient été blessées au cours de bagarres entre réfugiés afghans et kurdes. sième position. Ces plaintes concer- avant la fin de l’année un décret première tentative, et que la France de la République comme du gou- a VIOLENCE : un jeune de treize ans a été violemment battu dans la nent prioritairement des enfants garantissant aux familles un accès détienne le taux de suicide le plus éle- vernement. Mardi 20 novembre, cour du collège Pierre-de-Coubertin du Luc (Var), le 13 novembre, par en âge d’être au collège. La défen- direct à leur dossier d’assistance vé d’Europe chez les 15-24 ans, Marylise Lebranchu diffusait une une dizaine d’élèves au cours d’un « jeu de la canette » (réunis en cercle, les seure est d’abord saisie par les éducative. notamment du fait des récidives. » circulaire fixant très officiellement joueurs lancent une canette, celui qui échoue à la bloquer est exclu et frap- parents, en couple ou plus souvent Autre sujet d’inquiétude, la pri- La défenseure suggère d’« instituer un cadre de collaboration entre la pé). L’élève, victime d’un hématome au foie, « a été presque lynché par ses individuellement (56 % des requê- son, où 616 mineurs étaient incar- des prises en charge thérapeutiques défenseure et les magistrats. Un camarades », selon le principal. Ses parents ont porté plainte. tes), puis par les enfants (13 %) et cérés au 1er janvier (dont 64 avaient par des psychologues cliniciens, rem- tiers des plaintes reçues concer- a JUSTICE : l’ancienne employeuse d’une femme maintenue recluse leurs grands-parents (11 %). moins de seize ans). Le droit de l’en- boursées par la Sécurité sociale et nent, il est vrai, ce que les particu- pendant trente ans dans le cabanon d’une propriété de Chatou (Yveli- C’est l’Aide sociale à l’enfance fant de ne pas être emprisonné sur prescriptions de psychiatres ». liers considèrent comme des « dys- nes) a été condamnée, mardi 20 novembre, par la cour d’appel de Ver- (services des conseils généraux avec des adultes mais dans des Elle demande également que soit fonctionnements » de la justice. sailles, à six mois de prison avec sursis pour « non assistance à personne en chargés de la protection de l’enfan- « quartiers » séparés n’est « pas augmenté le numerus clausus en danger ». L’avocat général avait demandé la confirmation de la peine d’un ce) qui arrive en tête des institu- encore respecté partout dans notre psychiatrie, et institué un stage de Pascale Krémer an de prison avec sursis prononcée le 25 janvier par le tribunal de Ver- sailles. a Un avocat de nationalité belge a été élu mardi 20 novembre bâton- nier de Lille : c’est la première fois dans l’histoire des barreaux qu’un res- La Commission du secret-défense répond aux accusations de manque de transparence sortissant étranger est élu bâtonnier. Me Patrick Delbar, né à Mouscron (Belgique) en 1952, a été élu « dauphin » du bâtonnier par 284 voix contre LE PRÉSIDENT de la Commission consultati- ministre de comprendre pourquoi nous préconi- apparue publiquement entre les membres de la 224 à son principal adversaire. Elu tous les deux ans, le dauphin succède ve du secret de la défense nationale (CCSDN), sons la levée du secret ou pourquoi nous nous y commission et le ministre de l’économie et des un an plus tard au bâtonnier à la tête du barreau. Pierre Lelong, a présenté, mardi 20 novembre, opposons », a-t-il ajouté. A l’origine classé lui- finances, . Ce dernier avait a SOCIAL : la Fédération nationale des accidentés du travail et des le premier rapport d’étape de cette instance même confidentiel-défense, ce relevé d’observa- annoncé « la déclassification de la totalité des handicapés (Fnath) souhaite élargir les droits des conjoints survi- administrative créée en juillet 1998. Depuis cet- tions ne l’est plus depuis environ un an. « Nous pièces relatives à l’instruction en cours », affir- vants et demande que les concubins et partenaires d’un pacs d’une victi- te date, tout magistrat qui se heurte, dans le l’avons déclassifié afin que le ministre qui en est mant se conformer en cela à l’avis de la CCS- me décédée bénéficient du droit à rente et que soit supprimée la condi- cadre d’une instruction, à des documents cou- destinataire puisse rendre public ce document et DN, alors que cette dernière avait jugé la tion d’antériorité de deux ans du mariage. La fédération se réjouit par verts par le secret-défense doit demander leur couper court à une éventuelle controverse. » Tou- demande des magistrats trop « imprécise » ailleurs de l’amélioration de l’indemnisation des victimes d’accidents du déclassification à la CCSDN. Les demandes tefois, à ce jour, aucun relevé d’observations pour pouvoir y répondre favorablement (Le travail et de maladies professionnelles prévue dans le projet de loi de transitent toutefois par le gouvernement, qui n’a jamais été communiqué par les différents Monde du 17 novembre 2000). financement de la Sécurité sociale. n’est pas tenu de suivre les avis, uniquement ministres ayant eu à se prononcer sur des Mardi, M. Lelong a d’ailleurs une nouvelle consultatifs, rendus par la commission. Le prési- demandes de levée du secret-défense. « Pour les fois déploré « l’imprécision » de certaines requê- dent de la CCSDN a cependant relevé avec ministres, c’est une tentation peu élégante mais tes adressées par les juges. « Il serait souhaita- satisfaction que les ministres avaient « toujours fort compréhensible de rejeter sur la CCSDN l’in- ble que les magistrats comprennent que mieux ils choisi de se ranger aux préconisations de la suffisance de communication qu’ils sont pourtant motivent leurs demandes, plus grandes sont leurs commission ». les seuls à pouvoir assurer », a ironisé M. Lelong. chances d’obtenir communication des docu- Interrogé sur le manque de transparence de ments qui les intéressent. » Depuis son premier la procédure prévue par la loi – qui dispose « L’IMPRÉCISION » DES REQUÊTES DES JUGES avis, rendu en février 1999, la commission a été notamment que la commission, dont les avis La commission a décidé de déclassifier les saisie de 23 demandes, de l’affaire Ben Barka à sont publics, n’a pas à les motiver –, M. Lelong relevés d’observations à la suite de la polémi- l’Angolagate en passant par les écoutes de l’Ely- en a renvoyé la responsabilité à l’autorité politi- que apparue à la fin de l’année 2000 dans le sée. Elle a rendu 6 avis défavorables à la déclas- que. « Lorsque nous rendons un avis, nous faisons cadre de l’affaire Elf. A l’occasion d’une deman- sification et 17 avis favorables – dont six à une parvenir un relevé d’observations au ministre con- de de levée du secret-défense présentée par les déclassification partielle. cerné », a-t-il expliqué. « Ce document est une juges Eva Joly, Renaud Van Ruymbeke et Lau- sorte de résumé de nos travaux, qui permet au rence Vichnievsky, une contradiction était Fabrice Lhomme 13 RÉGIONS LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 Le port de Marseille de nouveau pris dans des remous sociaux Les terminaux pétroliers sont bloqués par des salariés CGT. Ce conflit, qui fragilise la position concurrentielle de la première place portuaire de France, révèle un choc des cultures sur la gestion des personnels

MARSEILLE vée d’un nouveau bras destiné à direction quasi hebdomadaires. quotidiennement dans l’organisa- de notre correspondant régional pomper les produits chimiques et Depuis le printemps, le port a tion des tâches. Une nouvelle fois, le port de le départ anticipé à la retraite pour connu des débrayages, accompa- Au cours d’une conférence de Marseille est secoué par un mou- les ouvriers exposés aux émana- gnés parfois de violence sur le presse tenue lors d’un récent vement social. La grève qui a tions toxiques. matériel, et des déclarations syndi- conflit, la CGT s’insurgeait contre commencé jeudi 15 novembre sur Vendredi 16, un conciliateur, cales de plus en plus dures. En le fait qu’il y ait désormais « quin- les terminaux pétrochimiques des accepté par les deux parties et le août, une délégation cégétiste ze directeurs et quatre-vingt-dix bassins ouest du port de Marseille, ministère des transports, Samy- avait envahi les bureaux du PAM cadres » : « Le nombre de rameurs à Fos et Lavéra, devait être re- Marc Saadia, recevait les représen- pour protester contre des menaces a diminué, le nombre de barreurs a conduite mercredi 21 novembre. tants des salariés avant d’ouvrir de sanction concernant des faits augmenté », lançait son secrétaire Lundi et mardi matin, les salariés une négociation bipartite, à 18 heu- ayant eu lieu lors d’une grève pré- général. Le directeur du port, Eric avaient même bloqué l’ensemble res. A minuit, il rédigeait un relevé cédente. Les responsables syndi- Brassart, accepte le diagnostic. des activités portuaires, à l’excep- des nouvelles propositions de la caux avaient alors tenu des propos Selon lui, le PAM souffre en effet tion des trafics passagers. Une tren- direction : dix embauches supplé- très virulents contre le directeur de sous-encadrement et d’un man- taine de pétroliers et chimiquiers mentaires à l’exploitation des ter- du port, nommément accusé de que de formation flagrant des étaient restés au large de Fos, tan- minaux pétroliers et six et demi à clientélisme. Lors d’un meeting hommes. « On vit un profond chan- dis que la raffinerie Esso de Lavé- la maintenance, l’ouverture de la tenu sur les quais, en défense de la gement d’organisation, il nous faut ra, dont l’existence est menacée discussion sur les retraites antici- réparation navale, lui et sa hiérar- plus de cadres, plus de maîtrise, par la diminution des capacités de pées et un accord pour un second chie avaient encore été accusés, en avec des gens capables de donner raffinage en Europe, avait été con- médecin du travail. octobre, de diverses turpitudes et des instructions, de former, de trainte de réduire sa production de Concernant l’exploitation du de vouloir privatiser des services conseiller. » Bref, un vrai chan- moitié dès lundi 19 novembre. Les bras privé, la direction, qui se du port. gement de culture, dans lequel réserves de pétrole devaient suf- disait liée par contrat à Atofina, l’adhésion du personnel est deve- fire à approvisionner le complexe rappelait que la CGT en avait RAMEURS ET BARREURS nue vitale et qui bouleverse les pétrochimique de Berre-Fos jus- accepté le principe au conseil d’ad- Ces tensions révèlent un change- habitudes et positions acquises. qu’à ce mercredi. Au-delà, les pou- ministration d’avril 2000. La CGT ment profond dans la gestion des C’est certainement pourquoi, voirs publics pourraient être demandait une suspension de grève pour des effectifs en janvier vistes, la direction en comptant personnels. Jusqu’alors la direc- lundi 19 au matin, juste après que contraints de réagir. séance et annonçait, une heure mais pour des effectifs immédiate- « 45 % au mieux » et dénonçant tion du port s’occupait des mar- la CGT eut tenu son assemblée Ce conflit entre les salariés du après, qu’elle prolongeait le mou- ment. » Et il nie, contre l’évidence « les violences et les pressions » chés et du matériel et le syndicat générale, la direction du port avait port autonome de Marseille vement. Son porte-parole, Ray- du procès-verbal de l’époque, que exercées sur le personnel ayant majoritaire, la CGT, des hommes. elle-même convoqué les salariés, (PAM) affiliés à la CGT et leur mond Maldacena, explique que le vote d’avril 2000 ait porté sur un manifesté son désir de travailler. La fluidité des échanges, la capa- par tract, afin de lui dispenser direction est la conséquence d’une c’est à la demande de ses « man- équipement dédié à une entreprise Elle décidait de porter plainte cité des armateurs à détourner les « une information équilibrée et très sérieuse dégradation du cli- dants », consultés par téléphone, privée. Sa mission ayant échoué, le contre le syndicat, estimant illégal navires à la moindre difficulté, la directe ». On y vit même le direc- mat depuis le printemps. Le mou- que la décision a été prise de ne conciliateur repartait, samedi, par le blocage des marchandises. Le concurrence féroce entre les teur des bassins ouest, debout sur vement porte aujourd’hui sur les pas aller jusqu’au bout de la conci- le premier TGV pour Paris. blocus du port était levé, mais la places portuaires obligent à revoir le toit d’une voiture, haranguer les conditions d’application de la liation. Il ne conteste d’ailleurs pas Lundi 19, la CGT appelait à un grève maintenue. tous les processus de travail et à personnels. réduction du temps de travail, l’ex- le nombre d’embauches annoncé, arrêt de travail généralisé sur le Le climat social s’est alourdi, les rendre plus souples. La direc- ploitation par une entreprise pri- mais il affirme : « On n’est pas en port : elle annonçait 75 % de gré- malgré des réunions personnel- tion est donc amenée à s’immiscer Michel Samson Gênes, Anvers et Rotterdam en embuscade Des avances de travaux MARSEILLE n’est pas seulement le premier C’est dire l’extrême vulnérabilité commer- De notables efforts d’équipement ont été port de France, c’est aussi un grand port de ciale des ports français et les risques graves entrepris depuis 1990. Aujourd’hui, en dehors de pour les sinistrés de Toulouse Méditerranée, dont les voisins sont redou- qu’ils encourent – ainsi que toute l’économie ceux déjà engagés, comme Port 2000 au Havre, tables : à part quelques trafics captifs, comme locale environnante – lorsque leur fiabilité pour l’accueil des grands navires porte-conte- JEAN-CLAUDE GAYSSOT, ministre des transport et de l’équipement, le traitement du pétrole brut par les raffineries sociale, technique ou économique est en cause. neurs, il n’y a plus besoin de beaucoup d’investis- a déclaré, mardi 20 novembre à Toulouse, que les sinistrés de l’explo- locales ou l’utilisation du minerai importé par Les grands armateurs transocéaniques comme sements maritimes lourds pour mettre à niveau sion de l’usine AZF auront la possibilité de faire effectuer les répara- les aciéries de Fos, les autres marchandises des- le géant danois Maersk, numéro un mondial, les ports français. Ce sont bien davantage la tions de leurs logements « sans produire un devis d’assurance ou faire tinées à l’Europe centrale – notamment les con- les compagnies chinoises, taïwanaises, grec- modernisation des accès terrestres, notamment l’avance des travaux ». M. Gayssot a rappelé que 27 000 logements teneurs, qui génèrent le plus de valeur ajou- ques ou le français CMA-CGM, qui exploite ferroviaires, et la mise en place de plates-formes avaient été touchés, dont 11 000 gravement. « Aujourd’hui, 80 % du tée – peuvent transiter indifféremment par une flotte ultra-moderne de 87 unités, veulent, logistiques polyvalentes qui manquent. parc public est réparé, soit de manière définitive, soit mis hors d’eau et Gênes, Barcelone, voire Trieste… De même, au lorsque leurs navires font escale dans un port, Le directeur général du port de Marseille, Eric hors d’air », a-t-il indiqué. M. Gayssot a évalué à 95 millions de francs nord de l’Europe, Dunkerque et Le Havre sont qu’ils y restent le moins longtemps possible. Brassart, expliquait récemment qu’il existait un (14,5 millions d’euros) les financements exceptionnels débloqués par directement « exposés » à la puissance de Rot- « axe lourd » de transports Rotterdam-Gênes, les pouvoirs publics pour les actions menées en faveur de la réhabilita- terdam, Hambourg et, surtout, d’Anvers. RÉSISTANCES SOCIALES via les autoroutes et les tunnels suisses, et que tion de l’habitat. Le collectif Plus jamais ça a de nouveau appelé les Ces derniers ports bénéficient d’excellents Depuis une dizaine d’années, le climat social, Marseille-Fos, en s’appuyant sur une politique Toulousains à descendre dans la rue, mercredi 21 novembre. Enfin, le atouts, vis-à-vis des « outsiders » français : grâce à la réforme de 1992 du statut des doc- commerciale offensive, devrait pouvoir essayer comité d’entreprise de la Société nationale des poudres et explosifs réseaux d’autoroutes, entreprises de groupage kers, progressivement devenus salariés d’entre- de récupérer quelque 100 000 conteneurs (SNPE) a voté à l’unanimité, mardi 20, le « redémarrage au plus tôt » de marchandises de tous genres et pour toutes prises privées, s’est sensiblement amélioré, « européens » qui actuellement lui échappent. du site voisin de celui d’AZF. destinations, voies fluviales à grand gabarit notamment à Dunkerque, Nantes-Saint-Nazai- Quant à la réparation et à l’entretien des navi- qui prolongent naturellement les dessertes re et Rouen. Mais des poches de résistance res, c’est là aussi une carte qui manque de plus DÉPÊCHES maritimes jusqu’au cœur de l’Europe via le n’ont jamais pu être totalement éradiquées, en en plus dans le jeu français, face à une concur- a PARIS : le projet de la section sud du tramway a été approuvé canal Rhin-Main-Danube. Il y a quelques raison de rapports de forces jaloux et de crispa- rence désormais mondiale. Un port qui ne serait par le Conseil de Paris, mardi 20 novembre. Cette ligne de 7,9 kilomè- jours, à Paris, le président des autorités du tions des partenaires sociaux au détriment qu’un sas reste un demi-port. Il doit être aussi tres devrait être mise en service en 2006 sur les boulevards des Maré- port d’Anvers, le baron Delwaide, expliquait d’une volonté commune de créer une « commu- un « garage », ouvert vingt-quatre heures sur chaux entre le pont du Garigliano (15e arrondissement) et le pont que, sur 130 millions de tonnes de trafic, 21 mil- nauté portuaire ». Ce fut le cas au Havre, cela vingt-quatre, aux petits soins pour ses clients. d’Ivry (13e arrondissement). Un vœu des élus communistes a égale- lions étaient destinés à la France ou en l’est encore à Marseille, chez les agents du port ment été adopté, malgré l’opposition des Verts, pour étudier la réou- provenaient. un jour, les marins des ferries un autre jour. François Grosrichard verture de la ligne de petite ceinture au trafic de fret. a ZONES À RISQUES : près d’un terrain de camping français sur deux est situé dans une zone présentant des risques, qu’ils soient naturels ou technologiques, selon un rapport du ministère de l’envi- La Cour des comptes épingle la communauté urbaine de Nancy ronnement. Les inondations constituent le risque le plus fréquent. a MARSEILLE : sept communes proches de l’aéroport de Mar- seille ont décidé d’organiser un référendum, dimanche 2 décem- Les magistrats relèvent des infractions et des surcoûts dans la mise en œuvre du tramway bre, sur l’opportunité du projet d’extension de la deuxième piste sou- tenu par la chambre de commerce pour accroître le trafic. Ce chantier, LES NANCÉIENS n’ont pas de courir. La Cour laisse ainsi enten- Dans sa réponse, annexée au régionales des comptes, entre qui empiéterait sur l’étang de Berre, suscite le tollé de plusieurs asso- chance avec leur tramway. Inaugu- dre que la définition des besoins a rapport, la communauté urbaine 1998 et 2000. Créées par la loi de ciations de riverains et de défense de l’environnement. ré par le maire de la ville, André pu être influencée par l’offre des de Nancy impute le retard pris par 1966, les communautés urbaines, a CHAULNES : le projet de troisième aéroport de Paris « sera calé à Rossinot (UDF), en décem- prestataires en lice. Elle reproche le projet à l’organisation des con- au nombre de quatorze aujour- la mi-février », a indiqué, lundi 19 novembre, le préfet de la Somme, bre 2000, en présence de Bernadet- également à l’entreprise maître sultations avec les Nancéiens. Elle d’hui, ont toutes mis en place des Daniel Cadoux. Le représentant de l’Etat aura pour mission de détermi- te Chirac, ce qui devait être un pro- d’œuvre, Bombardier transport, indique qu’elle a lancé la procédu- actions en matière de transport en ner l’emprise exacte sur le terrain du futur équipement, dont le contour totype révolutionnaire circulant de ne pas avoir respecté les perfor- re officielle d’appel d’offres avant commun, visant à réduire la place comporte actuellement une marge d’incertitude de 10 kilomètres. en site propre n’a connu que pan- de l’automobile dans les villes. nes et retards. A peine commen- cée, son exploitation a été suspen- « Imbrication irrégulière des compétences » DÉFICIT D’EXPLOITATION due le 10 mars, après que des pas- Cette politique de longue halei- sagers eurent été blessés lors de La Cour des comptes critique l’intervention des communautés ne ne se traduit pas toujours immé- manœuvres sur les rails. Depuis, urbaines dans l’enseignement, domaine qui ne relève pas de leur diatement. En vingt-cinq ans, la les Nancéiens voient passer leur compétence, mais où l’Etat a tendance à se désengager : la commu- communauté urbaine de Lille a tramway à vide, pour des essais, nauté de Nancy accorde des aides à la recherche, celle de Strasbourg modernisé ses autobus, son tram- dans l’espoir d’une remise en circu- finance des programmes scientifiques ; celle de Dunkerque a été way et créé un métro, le VAL. Pour- lation, prévue en janvier. chargée de la maîtrise d’ouvrage de l’université du Littoral. Lille a tant, le nombre de voyages par En attendant, la Cour des comp- engagé 166 millions de francs, entre 1992 et 1997, pour le finance- habitant a diminué de 10 % sur la tes, dans un rapport rendu public ment d’enseignements publics ou privés. Enfin, celle de Lyon avait période 1993-1997. mercredi 21 novembre, relève des prévu, en 1998, de verser 22 millions de francs pour la création de A Cherbourg, en revanche, le infractions au code des marchés l’université catholique de Lyon. La délibération a été annulée par le réseau des autobus a enregistré publics dans l’achat de matériel tribunal administratif, jugeant que les communes ne pouvaient pas une augmentation de 6 % de la fré- pour cet équipement. Elle note éga- transmettre une telle compétence à la communauté. quentation entre 1993 et 1997. lement l’absence de procédure con- La Cour des comptes dénonce l’« imbrication irrégulière des Mais, sur la même période, les char- currentielle pour la désignation de compétences et des financements » entre l’Etat, les communes et les ges d’exploitation ont augmenté la société destinée à exploiter le communautés. de 20 %. Ce sont les collectivités tramway. La Cour critique le qui supportent cette hausse. A la retard pris dans le déroulement de différence du réseau parisien, qui l’enquête publique, qui s’est soldé mances techniques exigées dans l’élaboration finale du program- bénéficie de subventions de l’Etat, par une hausse de 9 % du coût des l’appel d’offres pour la vitesse me pour pouvoir disposer des l’usager de ces métropoles régiona- études préalables. Par ailleurs, sou- minimale des véhicules, ce qui « engagements précis des construc- les prend en charge, en moyenne, lignent les magistrats, les appels « aurait dû conduire à écarter ce teurs en matière de coût ». Enfin, 50 % du coût de fonctionnement d’offres pour la fourniture de véhi- candidat », indique le document. elle estime que Bombardier a satis- en achetant son billet : « Le déficit cules ont été lancés avant que le Enfin, les magistrats déplorent fait, sinon à tous, du moins aux d’exploitation par voyageur est de projet d’ensemble ne soit terminé. que la Compagnie générale françai- principaux critères de performan- 3,60 francs dans les agglomérations Le principe d’un véhicule guidé et se de transport et d’entreprise ces exigés. de plus de 300 000 habitants », cal- le tracé des trois principales lignes (CGFTE), filiale de Vivendi, qui Nancy est une des huit commu- cule le rapport. n’ont été arrêtés que huit mois exploite le réseau, ait été désignée nautés urbaines passées au crible après le lancement de la consulta- dans des conditions « dissuasives » par la Cour des comptes sur la Béatrice Jérôme tion des entreprises appelées à con- pour « d’éventuels concurrents ». base d’enquêtes des chambres avec Monique Raux à Nancy 14 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 HORIZONS REPORTAGE

Cet été, les pluies n’avaient pas Deux ou trois choses encore dévasté Alger. Au contraire, c’était que j’ai vues de l’Algérie la sécheresse ; mais, déjà, ON hôtesse se trouve au centre d’Oued-Baïra comme en signe de bienvenue. dans la plaine, l’Algérie peut apparaî- l’on se baignait dans la rivière. Mais, se lève au (par respect pour la vie privée de La maison de Mériem est vétuste. tre comme un grand chantier. Signe avec l’implantation d’industries, les maisons chant du ceux qui m’ont accueilli, j’ai changé Un couloir, deux pièces, dont l’une de prospérité ? pour beaucoup aujourd’hui sinis- muezzin, le nom de la ville, qui pourrait être sert de salle commune ; l’autre m’a Pourtant, il y a le chômage qui trées, la réputation de puanteur de la mal finies, passé 4 heu- n’importe laquelle de celles qui se été attribuée d’autorité, parce que atteint quelque 30 % de la popula- rivière d’El Harrach a depuis long- res du succèdent sur la côte algéroise, de rien n’est assez beau pour recevoir tion active, les salaires dérisoires, la temps franchi les frontières de l’Algé- l’absence matin, Tipaza à Boumerdès), qui, avec ses l’invité que toute la famille appelle grande pauvreté… Certes, il y aussi rie, et il n’y a plus d’orangeraies. quand tou- quarante mille habitants, face à la ammou, diminutif affectueux d’on- les petits boulots parallèles, le traben- Tout est urbanisé. d’Etat, te la mai- mer et tournant le dos à la plaine de cle paternel. Cette maison est coin- do – le trafic de tout ce qui ne se trou- Mériem a été mariée à seize ans, sonnée dort encore. Elle prépare la la Mitidja, garde des vestiges de ce cée entre d’autres, qui cernent sa ve pas sur le marché officiel –, toutes en 1956. Pendant la guerre, la famille la corruption Mpâte, allume le four en tôle de la cour qui fut une petite agglomération de cour où s’enchevêtrent figuier, les combines pour obtenir quelques a fait « comme tout le monde » dans et fait cuire une centaine de pains colons et une station balnéaire rosiers odorants, cactus, géraniums, dinars. Mais ce n’est pas cela, la pros- la campagne de Reghaia : pas de ordinaire et ronds. Tout au long de la matinée, accueillante. En août, en contrebas dahlias, jasmin, basilic, menthe, et périté. C’est juste la survie. Pour résistance active, un soutien logisti- on viendra frapper à la porte de fer d’une pente abrupte recouverte de deux bananiers dont les fruits fon- ceux du moins qui n’ont pas, par leur que aux combattants du FLN. Les la confusion menant à la rue pour en prendre déchets déversés au fil des ans, on ne dent dans la bouche avec un goût statut social ou une proximité plus liaisons, des caches, la récolte de livraison dans les sacs en plastique voit plus le sable de la plage tant sauvage. Jadis, la cour était plus gran- ou moins grande du pouvoir, la pos- médicaments… Le père a été arrêté à d’un pays où, noir, les seuls en usage dans les maga- sont serrés les parasols et les corps de. Mais une partie est occupée par sibilité de vivre dans les beaux quar- plusieurs reprises. Un cousin a été sins algériens. Les pains sont desti- des amateurs de bains de soleil. Cris la nouvelle maison en construction. tiers qui dominent Alger, voire au tué au combat. Un autre cousin éloi- après tant nés aux fast-foods d’Oued-Baïra. et rires se mêlent à la cacophonie Commencée il y a dix ans, déjà Club des Pins, zone refuge des digni- gné est devenu harki : il était jeune Mériem a soixante et un ans. Elle des musiques. Tard la nuit, des deux étages s’élèvent. Il y en aura un taires où il faut montrer patte blan- et impatient, il voulait en découdre de massacres, est la sœur aînée de mon ami Bachir, enfants y jouent encore. troisième. Plusieurs enfants de che. Tout se passe comme si, dans la avec les Français, mais on a tardé à qui m’a invité à passer le mois d’août Le bruit ne cesse jamais à Oued- Mériem s’y installeront en famille. grande tourmente, celle des assassi- l’envoyer au maquis ; les Français nul ne sait en famille. Il fallait, pour cela, que Baïra, sur fond de grondement de Pour le moment, les briques n’ont nats aveugles comme celle du naufra- l’ont pris, ils l’ont retourné. Il a été règne entre nous la confiance d’une camions et de voitures qui forment pas été crépies, mais les fenêtres du ge des services publics élémentaires, exécuté. plus où forte amitié. Recevoir un étranger une file continue dans la rue principa- rez-de-chaussée sont posées, ce qui les familles algériennes n’avaient Le mari de Mériem, Menouar, qui inconnu, un Français ? Quand le. Musique dans les cafés, musique permet d’y dormir à plusieurs sur plus, pour garder leurs repères, que est mort et dont la photo voisine trouver des Bachir a posé la question à sa sœur, partout. Plusieurs fois par jour, la des matelas à même le ciment. Qui le repli sur ce rêve qui les soude : une avec des souvenirs de La Mecque, elle a répondu avec cette ferme dou- sono d’une voiture annonce le passa- sait quand elle sera terminée ? Les maison à elles, construite brique à était lui aussi cultivateur, à la sortie responsables. ceur qui est sa nature profonde : «Je ge d’un cortège nuptial fleuri, scandé deux fils présents y travaillent. Sans brique et sou à sou, même si c’est d’Oued-Baïra. Pendant la guerre, il a sais que tu ne m’amènerais pas n’im- de cris joyeux, d’appels d’avertis- emploi, ils ont le temps. Encore faut- pour dans dix, vingt ans. fait de la prison, il a été torturé, mais L’écrivain porte qui. » Je sais, moi, ce que repré- seurs et de youyous. Il y a affluence il avoir l’argent pour acheter les il n’a jamais reçu le statut de moudja- sente pour Bachir le geste de m’invi- sur les trottoirs ombragés de ficus, matériaux : sac de ciment après sac VEC des portes solides que ne hid. Ce titre d’ancien combattant François ter chez lui, chez ses proches et dans devant les marchands de fringues, de ciment, et tout à l’avenant. Et aus- pourront franchir des tueurs donne des droits, tant à ceux qui le son peuple. Bachir enseigne en Fran- de fruits ou de poisson, dans les bou- si les trouver : ce n’est possible qu’au Aanonymes. Un intérieur d’une détiennent qu’à leur descendance. Il Maspero a ce. Il a quitté l’Algérie il y a dix ans, tiques de « taxiphones » et le cyber- marché parallèle. Ou par relations, propreté parfaite, même chez les y avait quelque 80 000 moudjahidins après avoir vécu la trahison de tant café. Des brochettes rôtissent, des parce qu’en Algérie on n’a rien sans plus humbles. Une cour ou un bal- reconnus en 1962. Il y en a 400 000 passé le mois d’espoirs et de luttes contre la toute- jeunes gens veillent sur un étal de relations. con avec quelques plantes amoureu- aujourd’hui. Bon moyen pour les puissance du FLN, parti unique, et sement soignées pour conjurer ce pouvoirs successifs de se ménager d’août au sein des militaires, suivi des années de ter- monde extérieur où la pollution une clientèle. A l’indépendance, on a reur aveugle où nombre de ses Partout, la jeunesse du pays semble s’être empêche, les jours de chaleur, d’aper- attribué à Mériem et Menouar une d’une famille meilleurs camarades ont été assassi- cevoir les montagnes, tandis que les maison spacieuse, un « bien nés. Bachir sait, lui, ce qu’est pour fixé rendez-vous dans la rue pour y bavarder ordures qui volent dans la poussière vacant ». Ils en ont été vite délogés amie, dans moi l’Algérie. Je l’ai connue adoles- empêchent de voir la terre. Et l’anten- par un responsable du nouvel Etat cent, avant l’indépendance, quand au soleil. Ce n’est pas par goût du farniente. ne parabolique ; terminée ou pas, pour être recasés dans les deux piè- une petite rien ne pouvait me laisser deviner chaque maison en porte une : c’est la ces de l’actuelle demeure où ils ont qu’elle marquerait ma vie. Il n’y a pas de travail pour la jeunesse du pays grande évasion par le ciel. élevé leurs huit enfants. Ex-proprié- ville de la côte J’ai connu, durant la guerre colo- Pendant mon séjour, il y a eu un tés de riches colons ou luxueuses vil- niale, des Algériens en France : nous grand événement : on a raccordé l’ar- las nouvelles sont ainsi, aujourd’hui, algéroise. les appelions frères. Ils voulaient cartouches de cigarettes de contre- La construction de la maison de rivée d’eau dans la future cuisine. les résidences des dignitaires du régi- effectivement une Algérie fraternel- bande. Des barbus en djellaba con- Mériem n’est pas un cas isolé. Mais je ne l’ai pas vue couler avant me. Menouar a travaillé dans une Après le le, celle de la Charte de la Soum- versent à deux pas de la boutique de Autour d’Alger, la Mitidja agricole se mon départ. L’eau arrive tous les entreprise nationale. Tout était natio- mam, élaborée en 1956 par les chefs « Vins & Spiritueux ». Sous les pal- hérisse d’immeubles et de maisons deux ou trois jours, et de préférence nalisé, les effectifs des entreprises 11 septembre, historiques, aujourd’hui presque miers filiformes du square poussié- nouvelles. Mais partout aussi règne aux petites heures de la nuit. Jusqu’à pléthoriques ; et puis l’Etat, qui tous disparus : socialiste et laïque, reux, des hommes jouent à la pétan- l’inachevé. Murs de briques ébau- maintenant, c’était au robinet de la aurait dû être providence, est deve- il les a laissant leur place à toutes les com- que. Des femmes vêtues de robes chés, promesse d’étages futurs, mais cour. Et comme le débit est faible, il nu l’Etat faillite, chasse gardée et posantes de la société vivant sur sa légères passent en compagnie quand ? Il y a les nouvelles cités, faut plusieurs heures pour remplir, foire d’empoigne. Aujourd’hui, les rappelés. Il terre. Je n’ai pas été de ceux à qui le d’autres qui portent le hidjeh. Près œuvres des promoteurs qui ont spé- seau après seau, les tonnes en plasti- seules ressources de Mériem vien- départ des Algériens français, des de la place des Martyrs, les minibus culé sur la privatisation des terres. que bleu. Souvent, elle tarde, la réser- nent de la vente de ses pains et de la raconte pour Algériens juifs, n’a inspiré qu’indiffé- attendent les voyageurs, et leurs con- Les milliers d’habitations familiales ve s’épuise. Les plus fortunés ont ins- location des deux garages aménagés rence. Plus tard, j’ai continué de con- trôleurs crient la destination. Par- qui poussent dans le désordre. Et aus- tallé des systèmes de stockage. Mais, côté rue dans la construction inache- « Le Monde », naître l’Algérie par des êtres de tout, la jeunesse du pays semble si les cités de transit et les bidonvil- en général, la vie des Algériens est vée. Des marchands de fringues en culture et de conscience. Taos s’être fixé rendez-vous dans la rue les, sur lesquels des mains vengeres- scandée jour et nuit par une épuisan- ont fait des boutiques. « son » Amrouche et sa mère Fadma, chan- pour y bavarder au soleil. Ce n’est ses ont badigeonné le mot qui dit te manipulation de seaux. L’espoir de la famille, c’est peut- tres de la mémoire de leur peuple, pas par goût du farniente. Il n’y a pas tout : hogra, la honte de ceux qui Quand Mériem est venue habiter être l’aîné, Hamid, qui a quarante- Algérie Mostefa Lacheraf et Mohammed de travail pour la jeunesse du pays. usent de leur force pour mépriser les ici, elle avait déjà deux enfants. Son trois ans et travaille pour l’heure à Sahli, historiens exigeants, Mouloud Je ne vois jamais d’étranger dans autres. père était cultivateur, à Reghaia. Londres. Il y a retrouvé des émigrés Mammeri, érudit discret et militant, les rues d’Oued-Baïra. D’ailleurs, Alger a toujours été surpeuplée. Tout le voisinage était alors occupé d’Oued-Baïra. Autrefois, il était Kateb Yacine, porteur du nif (l’hon- quand je vais à Alger, je n’en vois Mais l’exode rural a connu un par d’autres branches de la famille. employé comme ses frères dans l’en- neur) berbère au point de s’en laisser pas davantage. Au début, je m’éton- paroxysme au cours des Puis il y a eu l’extension de la zone treprise communale de menuiserie mourir. Bachir sait aussi qu’il m’arri- nais de ne jamais attirer le regard. Je années 1990. Avec la terreur des industrielle – c’était encore l’Algérie et faisait partie de l’équipe de foot- ve parfois d’écrire dans un journal, sais maintenant que ce n’est que de groupes islamistes, beaucoup d’habi- française et c’est à Reghaia que ball locale. En 1980, quand le prési- Eté 2001. Dans le quartier sans être pour autant journaliste, la discrétion. Car je ne crois pas, tants de la Mitidja ont quitté leur ter- furent installées les usines Berliet, dent Chadli a introduit l’ouverture de Bab el-Oued, à Alger, des sans autre obligation que celle qui quoi que prétendent certains amis, re pour se rapprocher de la capitale, fleuron du Plan de Constantine – et, du marché, les entreprises commu- jeunes vendent au marché me pousse à parler des gens et des que l’on puisse me prendre pour et beaucoup d’habitants des zones en 1959, le père a été exproprié. Il est nales ont été liquidées. Elles étaient noir des vêtements achetés lieux que j’ai aimés. quelqu’un du cru, même si à plu- montagneuses sont venus peupler la allé vivre à El Harrach, plus près d’Al- déficitaires. Pour ceux qui les diri- à l’étranger (à gauche). Bachir et Mériem appartiennent à sieurs reprises on m’a traité respec- Mitidja. On voit même des baraques ger, d’où il allait travailler comme geaient, « elles ne servaient qu’à se Beni-Messous (à droite), une famille de neuf enfants. Mériem tueusement de hadj. D’ailleurs on héberger les déracinés autour d’an- menuisier au Gué de Constantine. servir ». Il y a une chanson populai- dans la banlieue de elle-même en a huit. Frère et belle- me parle en français. Au marché, ciens « camps de regroupement », Bachir a la nostalgie de l’El Harrach re qu’affectionne Mériem : une la capitale : « Partout règne sœur, sœurs et beaux-frères, lorsque le marchand de figues qui se construits il y a quarante ans par l’ar- de son enfance. Dans les mère rêve du beau mariage que fera l’inachevé. Murs de briques enfants, petits-enfants, cousins et penchait sur ses paniers m’a enten- mée française lorsqu’elle y concen- années 1950, c’était encore la campa- son fils quand il reviendra au pays. ébauchés, promesse d’étages cousines, neveux et nièces, l’été, plus du dire quelques mots à Bachir, il trait les habitants des « zones interdi- gne, vignes et champs d’orangers, Dans la nouvelle maison, il y aura futurs, mais quand ? » que jamais, la maison déborde. Elle s’est relevé et m’a offert un fruit, tes ». Il reste que, pour qui circule les gens se rappelaient du temps où un appartement pour Ahmed. BRUNO BOUDJELAL / VU HORIZONS-REPORTAGE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 15

Août 1999, corvée d’eau ket des voyageurs, et même une à Bab el-Oued. « L’eau arrive mosquée pillée – voire des exactions tous les deux ou trois jours, qui font fuir une population pour et de préférence aux petites laisser le champ libre, curieuse coïn- heures de la nuit. cidence, à des opérations immobiliè- La vie des Algériens est res ? Surtout, ce maintien de l’insécu- scandée par une épuisante rité, cette menace d’un retour à la manipulation de seaux. » terreur généralisée ne permettent- ils pas aussi à l’armée d’exercer une pression constante sur un pouvoir lence, la question « qui tue qui, en officiel vacillant ? Algérie ? » ne débouche plus que sur De la lecture des journaux algé- un abîme insondable. « Indicible », riens, on retire l’étrange impression c’est bien ce qu’exprime le profes- d’un président Bouteflika entravé seur Fadhila Chitour-Boumendjel, dans ses tentatives de réformes, pri- qui, dans un quartier d’Alger, fait vé de contrôle sur le pouvoir qu’il partie des animateurs d’un centre de est censé exercer, et perdant parfois la fondation Mahfoud-Boucebci, du son propre contrôle, quand il tente nom d’un psychiatre assassiné en de résister à cette tenaille dans 1992. Praticiens hospitaliers de tou- laquelle il se débat : d’un côté, la cas- tes disciplines, dit-elle, ils se sont te des militaires sans qui il ne serait donné pour tâche d’y soigner les vic- rien et qui voudraient le cantonner times de la violence, dont nulle ins- dans un rôle d’homme de paille ; de tance officielle ne s’occupe. Parce l’autre, les islamistes. Modérés agis- que, dans les années 1990, ils n’en sant au grand jour, tel le mouve- pouvaient plus, au petit matin, de se ment Ennahda, qui vient d’obtenir le retrouver seuls face au poids des hor- report de la réforme de l’enseigne- reurs d’une nuit de garde, des mor- ment, ou le MSP – ex-Hamas –, ceaux qu’ils ne pouvaient plus recol- représenté au gouvernement. Et inté- ler, morceaux de corps, morceaux gristes œuvrant dans l’ombre – mais d’esprits. Soigner les victimes, et dont les prêches enflammés, diffu- d’abord leur permettre de parler. Et sés par haut-parleurs sur le marché avant tout les femmes, rendues d’Oued-Baïda, m’ont rappelé la pré- muettes par la honte. Mais aussi les sence constante. Dans la lutte pour bourreaux, car c’est un membre de la propriété exclusive du pays entre la sécurité militaire qui confie : «Ce les deux clans rivaux, généraux et que j’ai fait, ce que j’ai vu, jamais je islamistes, tous les coups semblent BRUNO BOUDJELAL / VU ne pourrai le raconter. » Autant dire, permis – terrorisme compris. Sauf si Il a été fiancé, cela a duré des proposé de travailler au noir pour Le maire du village voisin lui a nuit dans sa maison, appela en vain soigner une population entière. un mouvement populaire, tel que années, mais il ne s’est pas marié. Un 5 000 dinars par mois (moins de expliqué : pendant son absence, au secours sans que personne ne Chaque jour, j’achète les journaux celui qui est né en Kabylie mais la mariage traditionnel demande de 500 F, ou de 76 euros ; l’équivalent tous ses camarades, sauf un, avaient vienne et fut égorgé au matin, avec en français. Du Matin, qui peut se dépasse largement, arrive enfin à fai- longs préparatifs entre les deux du smic tourne autour de été liquidés par le maquis. Ecœuré, il toute sa famille. Sans que personne situer à gauche, à L’Expression, pro- re respecter ses aspirations. familles et beaucoup d’argent. Et 8 000 dinars). Pas normale une uni- n’est même pas allé se présenter à la ne vienne ? Dans cette ville qui fut et che du gouvernement, ils sont nom- Ahmed ne conçoit pas le mariage versité où des professeurs ne sont caserne la plus proche : après tout, reste la plus grande place militaire breux. Depuis 1989, la presse est Post-scriptum, novembre 2001. hors de la tradition. Comme toute la pas affectés aux cours pour lesquels sans papiers, il ne pouvait pas justi- d’Algérie ? La réponse de celui qui libre – même si une nouvelle loi, qui « Ben Laden taliban, Bouteflika famille, à part mon ami Bachir, qui a ils sont qualifiés, donnent des notes fier de son absence. S’ils voulaient le raconte, médecin, ne convainc que la vise au même titre que les prédica- chiyat american » : « Ben Laden tali- connu Djamila à l’université d’Al- de complaisance. prendre, eh bien, qu’ils viennent le lui-même : « C’était au début. Les for- teurs des mosquées, permet désor- ban, Bouteflika la brosse aux Améri- ger : en allant se présenter sans autre Pas normale une société où rien prendre chez lui. « Ils » : aussi bien ces de l’ordre n’étaient pas prépa- mais de réprimer les atteintes aux cains ». Ce slogan de dérision des décorum devant le maire, ils ont ne peut s’obtenir sans relations ni les gendarmes que « les autres », par- rées. » Et de s’étendre sur ce qu’était pouvoirs constitués. Elle ne se prive jeunes Algériens peut traduire la joyeusement transgressé la règle, pots-de-vin. Pas normal que son ce que les groupes islamistes étaient le climat de Blida où, au grand jour, pas d’être critique. En ce mois manière dont ils ont reçu le choc qui pour le meilleur et pour le pire. Mais oncle, qui vivait du lait de sa douzai- sans pitié pour ceux qui avaient obéi les islamistes faisaient la loi, contrô- d’août alternent en première page le n’a pas fini d’ébranler le monde. La tout le monde respecte Bachir, l’on- ne de vaches, ait été, comme les à l’armée. Des dizaines de permis- laient les cafés, imposaient des amen- déroulement du « Festival mondial famille dont je reste l’ammou éprou- cle maternel, qui enseigne les mathé- autres éleveurs de la région, obligé sionnaires ont ainsi été égorgés. Pen- des, rouaient de coups et assassi- de la jeunesse » ouvert en grande ve comme tous, je le sais, de la com- matiques en France. de liquider son exploitation parce dant plusieurs semaines, Mériem a naient. Aux réunions de l’hôpital, il pompe à Alger, et les manifestations passion pour les 5 000 victimes inno- Pour le reste, la famille s’en tient à que l’importation du lait en poudre a monté la garde près de la porte, cou- n’y avait plus qu’à se taire dès qu’un (la « protesta ») des jeunes Kabyles centes de New York ; mais je sais quelques traditions musulmanes de chassé le lait frais algérien du mar- chant sur une banquette, une hache islamiste élevait la voix. en colère contre la répression san- aussi qu’elle garde au cœur les base, ne pas boire d’alcool en public ché, pour le profit des sociétés impor- près d’elle. Finalement, ce sont les glante qui a accueilli leurs revendica- 150 000 victimes innocentes d’Algé- et, pour les femmes, ne pas fumer. tatrices. Pas normales, même, les gendarmes qui sont venus. Le tribu- L y a la mémoire de la peur pas- tions. Etrange ballet : les délégués rie. Cela dit, elle continue de vivre Respecter la oumma en accueillant manifestations des protestataires de nal militaire a condamné Kader à un sée, subie au quotidien, et l’in- du monde entier sont isolés sur le ses difficultés et ses solidarités quoti- l’étranger comme un hôte sacré. Si la Kabylie, qui ont pourtant son âge an de prison pour désertion. Depuis, Iterrogation quotidienne du pré- campus universitaire, et les marches diennes. En ces jours-ci, dans Oued- certains font leurs prières quotidien- et ses révoltes, parce qu’ils sèment il a fait des petits boulots, mais il lui sent. Parfois, les générations se con- pacifiques des Kabyles sur Alger Beïra, inondée, en proie aux tor- nes, je n’en sais rien, chacun est ce désordre qui lui fait horreur. Le reste surtout d’œuvrer à la nouvelle fondent. Ainsi pour Mustapha, dont sont brutalement refoulées. Circu- rents d’eau que recrachent les d’une extrême discrétion. Hamid, fiancé d’Amira vient la voir le soir. La maison, de s’occuper avec amour de l’épouse dirige un centre de forma- lui, était plus pieux. Aux élections date du mariage est lointaine. Je sais, ses canaris dont une femelle vient tion. Il n’a pas connu son père, un municipales de 1990, il a voté FIS, le pour écouter l’émission « Franchise justement de pondre, et d’écouter la fidaï, un héros, dont la photo enca- Pour Kader, Mourad et leur génération, Front islamique du salut, comme la de nuit » sur la chaîne 3 de la radio musique chaâbi. drée porte la légende : « Mort au plupart des jeunes qui voulaient met- algérienne, qu’Amira n’est pas seule Mais à ma question, Kader hausse champ d’honneur ». Ni sa mère, qui Ben Laden ou les Américains, cela reste tre fin à la hogra. à juger ainsi le monde qui l’entoure. les épaules et me donne en arabe a été abattue d’une rafale de Ce n’était pas pour autant une Dans les confidences pathétiques une réponse qui n’est pas difficile à mitraillette par les Français alors « les autres ». Ces « autres » représentent adhésion religieuse, du moins au sur la ligne ouverte, deux leitmotive comprendre : c’est oui. Beaucoup de qu’elle lui donnait son biberon. Il a sens où celle-ci aurait signifié davan- reviennent : l’absence de travail et la gens voteraient de nouveau pour le milité pour une Algérie démocrati- tout ce qu’ils haïssent, qui les écrase tage que se conformer à une morale démission des services publics, FIS, et, pourquoi pas, lui et Mourad que, surtout après les révoltes de populaire, élémentaire, de la vie quo- laquelle se traduit, dès que l’on sort aussi – qui ne donnent pourtant 1988. et les nie. Une réplique à l’échelle mondiale tidienne, à cette exigence minimale de chez soi, par la dégradation, la aucun signe de pratique religieuse. En 1995, des hommes armés sont de respect de l’autre qu’il trouve saleté insoutenable, personne ne Après tant d’atrocités ? Il ne veut venus mettre le feu au centre qui du malheur algérien dans le Coran et qui a jadis permis à croyant plus en un Etat qui a si long- pas faire le partage, dans cette représentait un enseignement laï- la société algérienne de garder sa temps méprisé le citoyen que celui- guerre obscure, entre les massa- que, donc impie, et ils les ont gardés, cohésion, au cours des cent trente ci a perdu toute foi en l’efficacité creurs et ceux dont il juge qu’ils l’ont lui et sa femme, toute la nuit sous la lant autour de la capitale, je traverse égouts à l’abandon, elle trouve aber- ans d’occupation étrangère. C’était d’un comportement citoyen. envoyé sciemment à la boucherie, menace de leurs armes. Il a supplié les barrages policiers et militaires. rant d’avoir dû si souvent implorer plutôt une aspiration à un Etat de avec ses camarades. Comme si, le ses agresseurs, s’ils les tuaient, de ne Deux jeunesses sont là, et le pouvoir le ciel pour qu’il pleuve. La bonne justice, de droit, d’ordre, où les flics ES deux garçons, Mourad et pouvoir ayant tant menti, il refusait, pas réveiller les enfants. Au contrai- déploie sa force armée pour les nouvelle est qu’Amira se mariera en vous respecteraient, où la gestion Kader, ont passé la trentaine. contrairement à son aîné, d’admet- re, lui ont-ils répondu, si nous vous empêcher de se rejoindre. Pourtant, février. Je suis invité. La mauvaise des biens publics se ferait dans la LUn soir où, comme tous les tre que derrière les promesses de tuons, vos enfants devront y assis- les aârouch, les conseils de village nouvelle est que mon ami Sid transparence… Ensuite, dans les autres soirs, nous écoutions, devant moralisation du FIS, dissous par ce ter. Ils leur ont laissé la vie sauve. coordonnés par les jeunes Kabyles, Ahmed Semiane, chroniqueur au années qui ont ensanglanté le pays, le thé à la menthe, la musique chaâ- même pouvoir, il y a aussi le menson- Mais au sortir de ce cauchemar, pris ne représentent-ils pas aujourd’hui Matin, a été agressé par le fils de il en est revenu, parce que, dit-il, il a bi qu’ils aiment passionnément – ces ge – et les massacreurs. Et quand je dans une sordide histoire de vols un mouvement authentiquement Khaled Nezzar, le général accusé en retrouvé, dans le FIS aussi, ce qu’il chansons mélancoliques d’El Anka, lui montre les journaux du jour, des dans les stocks de son entreprise populaire, qui rassemble dans l’ac- France d’avoir commis des atrocités ne supportait plus dans le pouvoir d’Abdellah Guettaf, d’Amar Ezzahi, bergers égorgés, une famille enle- alors qu’il avait été lui-même dénon- tion des forces vives de la nation ? égales à celles des maquis intégris- en place : le mépris de l’autre, tou- nées sur le port d’Alger de la tradi- vée, dont une seule fille est restée cer le délit à la police, il s’est retrou- Le vrai « festival de la jeunesse », tes. Il a passé douze jours à l’hôpi- jours la hogra. tion arabo-andalouse –, je leur ai vivante, violée, quand je lui deman- vé en prison, moins heureux que ses c’est dans la vallée de la Soummam tal : manière de rappeler que les mili- A quarante-deux ans, Khadidja, posé la question qui me hante : pen- de qui, d’après lui, fait cela, il appelle incendiaires, avant d’être innocenté qu’il s’est tenu. On y commémore taires font toujours la loi et que l’aînée des filles, mariée à vingt ans, saient-ils qu’après tant d’horreurs, simplement les auteurs, « les après des mois de calvaire. traditionnellement la réunion histori- c’est toujours celle du plus fort. est divorcée d’un mari dont la mère, qui ont fait quelque 150 000 morts autres » : tous ceux qui, pour lui, ont Qui doit-il haïr le plus ? Il semble que qui, en 1956, a donné naissance Il y a encore des faux barrages et trop possessive, ne supportait pas et disparus, au nom proclamé de l’is- intérêt à maintenir la société dans que la règle, dans la grande chasse à cette Charte, dont le pouvoir se dit des massacres dans les campagnes. une bru qu’elle avait pourtant choi- lam, il y aurait encore une majorité son état de pourriture pour conti- officielle à la corruption, soit de l’héritier pour mieux l’oublier. Cette Les aârouchs de Kabylie ont commé- sie. Elle élève seule ses deux filles. pour le FIS si celui-ci était de nou- nuer à se servir à leur aise. livrer le maximum de petits en pâtu- année, des centaines de milliers de moré le 1er novembre, anniversaire Longtemps elle a vécu avec elles re à la vindicte publique, même sans manifestants pacifiques ont conver- de l’appel à l’indépendance de 1954, dans la chambre que j’occupe en ce preuve, pour préserver l’impunité gé vers Ifri en arborant des slogans et l’un des survivants de ceux qui moment. Elle enseigne l’arabe au col- La démission des services publics se traduit des gros. Chaque jour, la presse tels que « Pouvoir assassin », l’ont lancé, Ali Zamoum, a pris la lège. C’est la plus volubile, et nous apporte son lot de scandales : on y « 1956-2001, le combat continue », parole pour dénier au pouvoir une avons de longues conversations sur par la dégradation, la saleté insoutenable, trouve beaucoup de cadres de l’ad- « Pour la primauté du civil sur le mili- filiation avec les insurgés de l’épo- ses élèves, sur la dégradation de leur ministration. Jamais de militaires, taire », « Pour une Algérie algérien- que, en appelant la jeunesse à assiduité, leur absence de perspecti- personne ne croyant plus en un Etat alors que l’armée tient toujours les ne » (réponse à ceux qui prétendent renouer avec les ambitions de sa ves. Le matin, dans la cour enso- leviers. Aujourd’hui, Mustapha écrit voir dans le mouvement une revendi- propre jeunesse. Pour Kader, Mou- leillée, les sœurs de Khadidja s’affai- qui a si longtemps méprisé le citoyen des poèmes qui parlent de sa mère, cation purement identitaire des Ber- rad et leur génération, Ben Laden rent à m’apporter le café, parce que de la prison, des amis morts, et des bères, voire, comme le président lui- ou les Américains, cela reste « les je n’ai le droit de rien faire, sauf m’as- que celui-ci a perdu toute foi en l’efficacité fleurs qu’il plante dans son jardin même, « la main de l’étranger »). Et autres ». Ces « autres » représen- seoir sur les coussins devant la table quand il a le cœur trop gros. pour la première fois, il n’y a pas eu tent tout ce qu’ils haïssent, qui les basse, regarder le va-et-vient et d’un comportement citoyen Omar lui aussi s’est retrouvé en de représentants du pouvoir, inter- écrase et les nie. Une réplique à embrasser sur les joues les nou- prison. Il exerce l’heureux métier de dits de séjour par le peuple. l’échelle mondiale du malheur algé- veaux visiteurs qui s’enquièrent de ferronnier. Heureux, car les clients Dans les pages intérieures, cha- rien. Après tout, les détenteurs du ma santé. Parmi les plus jeunes veau autorisé comme parti politi- Sans qu’il soit besoin de recourir à ne manquent pas pour des grilles et que jour apporte son lot d’attentats, pouvoir, les généraux, et leurs enne- sœurs, c’est Amira la plus loquace. que ? Connaissant l’histoire de l’atroce liste des journalistes, des pro- des portes blindées. En 1998, Omar a presque relégués au rang de faits mis, les chefs intégristes, placent Elle a terminé ses études d’informati- Kader, j’étais convaincu qu’ils me fesseurs, des médecins assassinés, été racketté par les islamistes. Il divers, depuis si longtemps que dure leurs profits dans les mêmes que à l’université. Elle couche dans répondraient par un non catégori- toute une élite culturelle, il y a dans payait, ou sa famille était tuée. Il a la terreur – l’annulation des élec- réseaux financiers internationaux. une sorte de placard attenant à la que. Kader, après avoir fait son servi- chaque famille algérienne la mémoi- payé. Les racketteurs ont été arrêtés. tions de 1992 et le début des massa- Mes amis ont toutes les raisons de pièce principale, deux mètres de lar- ce militaire, a été rappelé en 1996. Il re d’un drame. L’évocation des On a trouvé les noms de leurs victi- cres perpétrés par les intégristes. Cer- souhaiter que disparaisse la terreur ge, où elle a tout juste la place pour s’est retrouvé avec 80 autres dans un années récentes, où des quartiers mes. Elles ont été arrêtées à leur tes, cette terreur a perdu de sa viru- symbolisée par un Ben Laden, parce son lit et son ordinateur. Amira est camp isolé d’une région montagneu- entiers d’Alger étaient tenus par la tour, pour collaboration avec les ter- lence. Elle ne vise plus des élites que c’est, à l’échelle mondiale, celle la seule à porter le hidjeh, sur une se, censé lutter contre des maquis terreur, où dans la Mitidja, des ban- roristes. Résultat, il a passé trois ans mais d’obscurs citoyens, automobi- exercée par les maquis intégristes. longue robe grise, quand elle sort. terroristes : étaient-ce le GIA (Grou- des tuaient familles et populations sous les verrous. Les autres, en listes massacrés à de « faux barra- Ils en ont autant de réprouver la con- Elle n’affiche pas de sentiments par- pes islamiques armés) ou l’AIS entières : à Benthala, à Raïs, à Sidi- revanche, ont été libérés plus tôt, du ges », bergers. Quand les terroristes tre-terreur militaire, parce qu’ils y ticulièrement pieux. (Armée islamique du salut) ? Il s’en Hammed, à Beni-Messous ou sur la fait de la loi sur la « concorde civi- assassinent des « patriotes », ces retrouvent les méthodes des « éradi- Mais Amira se protège du monde fiche. Le camp, c’était des tentes, des route Alger-Larba, toujours à quel- le », qui amnistie ceux qui renon- citoyens que le pouvoir juge assez cateurs » algériens. Ils se sentent extérieur, et je comprends que pour barbelés, et le ciel au-dessus. Un ven- ques kilomètres de la capitale. cent à l’action armée et renvoie les sûrs pour leur confier des armes, proches, disent-ils, du peuple elle, celui-ci est synonyme de mons- dredi, il est parti en permission. En Des histoires lugubrement répétiti- bourreaux vivre parmi les victimes. cela se situe dans la logique des afghan, comme ils le sont des peu- trueux désordre. Son mot favori, civil, et sans papiers pouvant dénon- ves, telle celle qu’évoque un ami par Au regard des simples, n’y a-t-il pas maquis jusqu’au-boutistes qui per- ples palestinien et irakien, parce c’est « normal ». Or rien de qu’elle cer sa condition de militaire, parce ces quelques mots qui se veulent là un signe de collusion entre pou- durent (GIA, irréductibles de l’AIS qu’ils se sentent, comme eux, voit, rien de ce qu’elle vit n’est « nor- qu’en cas de barrage c’eût été la d’humour noir : « Dans ce village, les voir et terroristes ? qui n’ont pas accepté la décision de broyés dans un combat dont ils sont mal ». Pas normal de ne pas trouver mort assurée : les islamistes interdi- habitants résignés en étaient venus à On dirait que dans beaucoup de rendre les armes, GSPC – groupe depuis des années les victimes que de travail avec sa qualification, mal- saient de répondre au service militai- s’enduire chaque soir le cou d’hui- consciences, à force d’avoir été salafiste pour la prédication et le nulle minute de silence n’a pleurées. gré les annonces épluchées tous les re. Le lundi, il a trouvé le camp le… » Ou celle de cet ingénieur agro- immergées tout au long de ces combat – et bien d’autres). Mais jours, sauf chez un patron qui lui a désert. nome de Blida qui, barricadé toute la années de sang dans l’indicible vio- faut-il attribuer aux islamistes le rac- François Maspero 16 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 La difficile mémoire de la collaboration en Bretagne 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F L’ENGAGEMENT des nationalistes bretons d’une démarche « comparative » pour mettre le à l’appliquer au nationalisme breton et au « par- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 dans la collaboration active avec l’Allemagne cas de la Bretagne en perspective avec celui cours accablant » de ses tenants avant et après Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr nazie et Vichy fait, depuis longtemps, partie des d’autres régions françaises illustrait la persistan- le conflit. comptes non apurés de l’histoire de cette ce d’un malaise et produisait un effet de dilution « C’est la carence des partis démocratiques qui ÉDITORIAL région. Affirmant céder à une « demande socia- du problème. Une quinzaine de communica- n’ont jamais accueilli ce qu’il y avait d’acceptable le », qui s’indigne devant la réécriture biaisée de tions (sur vingt-cinq) furent ainsi consacrées à dans la revendication nationale » bretonne, a biographies des figures nationalistes, voire la l’attitude d’autres régions pendant les « années répliqué Daniel Le Couédic, l’un des auteurs réhabilitation rampante d’œuvres de militants noires » : la Wallonie, la région de Nancy, la Cor- d’Ar seiz breur. La création bretonne entre tradi- La bavure Chalabi parmi les plus compromis (comme le linguiste se, la Provence, la Franche-Comté ou l’Alsace. tion et modernité (Le Monde du 3 novembre). et romancier bretonnant, Roparz Hémon M. Le Couédic a retracé un certain nombre d’iti- UL ne peut être soumis d’étrangers victimes de la « dou- – 1900-1978 – dont le nom désignait jusque il y a « NI DROITE NI GAUCHE » néraires d’intellectuels proches de l’Emsav (le à la torture ni à des pei- ble peine ». La situation née des peu certains collèges du réseau d’enseignement L’une des plus remarquées concerna le natio- mouvement breton). Parmi ceux-ci : Morvan nes ou traitements inhu- attentats du 11 septembre a en breton Diwan), les chercheurs du Centre de nalisme basque – un des modèles et un allié Lebesque (1911-1970) dont la brillante carrière Nmains ou dégradants. » changé la donne. Le 6 novembre, recherche bretonne et celtique (CRBC) se sont occasionnel de ses homologues bretons. Très de chroniqueur au Canard enchaîné recélait un Ce principe fondateur de l’Euro- il est interpellé et placé en réten- décidés à mettre la recherche au service du inspiré par une « nouvelle histoire » espagnole long engagement dans le nationalisme breton le pe d’après 1945, proclamé par la tion. Souffrant du diabète, il pro- devoir de mémoire. Le résultat : un grand collo- qui, à la faveur de l’ouverture des archives, n’hé- plus extrême de l’avant-guerre à relents parfois Convention européenne des voque un malaise qui ne retarde que organisé à Brest (Finistère) du vendredi 15 site pas à revisiter les mythes aussi bien franquis- antisémites. Rédacteur en chef éphémère de droits de l’homme, souffrirait-il que de vingt-quatre heures son au samedi 17 novembre avec, pour artisan, l’his- tes que républicains, son auteur, Severiano Rojo- L’Heure bretonne – l’organe du Parti national d’exceptions, en France, en départ. Jusqu’au bout, les autori- torien Christian Bougeard, spécialiste de la Hernandez, a montré comment la politique des breton (PNB) – en 1940, il finira sa guerre dans temps de crise internationale ? tés françaises ont affirmé qu’il Résistance en Bretagne, sur le thème « Breta- nationalistes basques, en principe du côté répu- le journal collaborationniste de sinistre mémoi- Les expulsions, le 16 octobre, de ne courait aucun risque en gne et identités régionales pendant la seconde blicain pendant la guerre civile (1936-1939), a en re Je suis partout. Nacer Hamani, et le 9 novembre, Algérie. guerre mondiale ». réalité suivi le modèle du « pendule patrioti- Limitée aux historiens, la réunion a pâti de de Mohamed Chalabi, ressortis- Elles ont été cruellement Le cadre de l’Université de Bretagne occiden- que », refusant par exemple d’engager les trou- l’absence d’interdisciplinarité. La présence à la sants algériens appartenant à la démenties par les autorités algé- tale semblait approprié dès lors qu’on entendait pes basques en dehors de la région pour soute- tribune d’ethnologues et de sociologues mouvance du GIA, conduisent à riennes qui, après avoir incarcé- porter sur ce sujet sensible un regard « scientifi- nir les offensives républicaines et n’hésitant pas n’aurait-elle pas été utile pour définir d’un peu s’interroger. Ces deux militants ré M. Chalabi, ont exhumé une que » et apaisé. Le pari fut, en gros, tenu sans à négocier avec l’Italie fasciste ni même à pren- plus près ce que l’on entend par « identités régio- islamistes avaient été condam- condamnation par contumace que soient toujours évités les pièges de l’apolo- dre langue avec les nazis depuis l’exil d’Anglet nales » ? Les débats n’auraient-ils pas gagné en nés en France pour « association pour « crimes terroristes et subver- gétique et d’une rhétorique victimaire qui attri- (Pyrénées-Atlantiques). Cette pratique pendulai- clarté à voir analyser la différence entre « être de malfaiteurs en relation avec sion » et un mandat d’arrêt inter- bue tous les maux de la Bretagne à un « exté- re « ni droite ni gauche », Françoise Morvan, breton » en 1939 et aujourd’hui ? Presque seul à une entreprise terroriste ». Le pre- national inconnu d’Interpol. Une rieur » – en l’occurrence, l’Etat français jacobin une spécialiste du breton, naguère fort critique aborder frontalement ce thème, le jeune univer- mier a été extrait de la prison où condamnation à mort datant de de tout temps acharné contre les défenseurs de du fonctionnement de l’Institut culturel de Bre- sitaire Ronan Calvez (CRBC), auteur d’une thè- il venait de passer six années 1993 viserait même M. Chalabi, l’identité et de la langue bretonnes. L’utilisation tagne de Rennes, n’a pas hésité, depuis la salle, se sur La Radio en langue bretonne. Roparz pour être expulsé vers Alger via selon ses avocats. Hémon et Pierre Hélias, deux rêves de la Bretagne Marseille. En dépit des protesta- Les rares témoignages, rappor- (« Le Monde des livres » du 2 novembre), a tions de ses défenseurs, aux- tés par les associations de défen- montré comment l’idéologie du salut de la quels le tribunal administratif se des droits de l’homme, sur le Entrée des artistes par Jacek Wozniak Jean Dubuffet nation par la langue était inhérente au nationa- de Lyon avait donné raison en sort des islamistes tombés entre lisme breton. Pour lui, le breton en 1941 aurait suspendant cet éloignement for- les mains de la police algérien- changé de statut pour devenir langue « d’Etat » cé, Nacer Hamani a été livré à ne, font craindre le pire. Dans et fer de lance d’une contre-société bretonne l’Algérie. Entre-temps, le conseil ces conditions, le gouvernement « totale ». d’Etat avait jugé que, n’ayant français a commis une lourde L’historien Michel Denis, de l’Institut d’études jamais eu d'« activité politique ou bavure en livrant les deux isla- politiques de Rennes, auteur de nombreux ouvra- militante en Algérie », il ne cou- mistes. Comme si les grands prin- ges sur l’Emsav, a pour sa part tenté d’introduire rait pas de risque vital. On est cipes des droits de l’homme que des « demi-teintes » en distinguant entre régiona- aujourd’hui sans nouvelles de revendique la République pou- listes, autonomistes et « séparatistes ». Déplo- M. Hamani depuis son interpella- vaient être mis entre parenthè- rant l’actuelle focalisation sur les aspects les plus tion à sa descente d’avion. ses sous prétexte de guerre con- spectaculaires et criminels de la collaboration Le cas de Mohamed Chalabi tre le terrorisme. La France a été d’une fraction extrémiste du Parti national bre- apparaît encore plus significatif : plus scrupuleuse lorsqu’il s’est ton (PNB), M. Denis a tenté de mesurer l’influen- libéré de prison en janvier, cet agi de livrer des criminels aux ce réelle des nationalistes pendant la guerre en Algérien né en France, père de Etats-Unis ou d’extrader des mili- dépit de la disparition des fichiers du PNB. Pour quatre enfants français, avait tants vers l’Italie. Le gouverne- lui, sur les 1 500 adhérents évalués, seuls quel- rejoint sa famille dans le Val-de- ment donne aujourd’hui l’im- ques centaines auraient été des membres actifs. Marne. La police avait fermé les pression de céder à la pression Quant à L’Heure bretonne, si elle tira parfois jus- yeux sur son maintien sur le terri- policière et de faire passer au qu’à 50 000 exemplaires, le « bouillon » (les toire. Ayant purgé sa peine, second plan, au nom de la lutte invendus) aurait été conséquent. L’« hiatus » menacé d’expulsion, il se trou- contre le terrorisme, les grands entre les militants et la population apparaît dans vait dans la situation des milliers principes dont il se réclame. l’importance de la Résistance dans la région, évo- quée notamment par une historienne de Ren- nes, Jacqueline Sainclivier. 0123 est édité par la SA LE MONDE Beaucoup d’anciens maquisards FTP peu- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; plaient du reste l’amphithéâtre Guilcher, sur Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel lequel planait aussi la présence insolite d’un sur- Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain vivant de l’« autre camp » : Yann Fouéré (né en

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel 1910). Ancien sous-préfet de Morlaix, fondateur Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau (en 1941) du journal régionaliste et pétainiste La Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Bretagne, il sera, à son retour d’exil en Irlande, Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer l’artisan du renouveau politique du nationalis- Rédaction en chef centrale : me dans les années 60 (marqué par le Mouve- Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre ment pour l’organisation de la Bretagne et le Rédaction en chef : FLB). Visiblement embarrassés par cette conti- Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; nuité incarnée entre la période de la guerre et le Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) réveil de la revendication bretonne dans les Médiateur : Robert Solé années 60, les organisateurs ne l’empêchèrent Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg cependant pas de prendre la parole. « À l’épo- Directeur des relations internationales : Daniel Vernet que [pendant la seconde guerre mondiale], la Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Bretagne avait deux ennemis, l’Angleterre et la

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), France, lâcha-t-il. Il fallait bien trouver un moyen André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) pour les combattre. » Cette fois, c’en était trop Le Monde est édité par la SA LE MONDE pour la salle qui manifesta une certaine Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. réprobation. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Nicolas Weill

ILYA50 ANS, DANS 0123 tée : « Nous répondons aux attentes s’est tenu à l’écart de la guerre du liance atlantique. Chaque décision L’Allemagne, qui nous sont adressées par nos parte- Golfe en 1991, se contentant de pra- marque une gradation, un pas de naires, a déclaré le chancelier. L’Alle- tiquer la « diplomatie du chéquier » plus vers la « normalité », dirait Médecine plus chère magne unie et souveraine assume ses pour soutenir financièrement l’opé- Gerhard Schröder, et il est indénia- grande puissance responsabilités croissantes dans le mon- ration « Tempête du désert ». ble que l’existence d’une majorité ON PARLE BEAUCOUP du défi- qui leur conviennent permettra de » et, parmi ses responsabilités, La situation est devenue plus social-démocrate-verte a favorisé cit de la Sécurité sociale, mais la une plus grande efficacité et dimi- figure l’emploi de la force militaire complexe après la fin de la guerre cette évolution. Elle apporte le passion apportée aux polémiques a nuera le nombre des déclassés ou réticente ou policière, surtout dans la lutte con- froide et avec la guerre en Yougosla- soutien de la quasi-totalité de la clas- peut-être fait négliger un des élé- des aigris. L’équilibre mental du tre le terrorisme international. Josch- vie. Le consensus respecté pendant se politique à ce nouveau statut de ments de ce déséquilibre financier : pays en tirera bénéfice. Dans les Suite de la première page ka Fischer, ministre (Verts) des affai- près d’un demi-siècle a volé en l’Allemagne, alors qu’un gouverne- la constante augmentation des centres psycho-pédagogiques ou res étrangères, a dit, dans le débat au éclats. Les sociaux-démocrates, ment chrétien-démocrate aurait dû frais médicaux, inéluctable rançon les instituts de réadaptation, on Un pays capable aussi d’assumer Bundestag sur la question de confian- alors dans l’opposition, ont porté affronter, à gauche, une opposition des progrès de la science et de leurs s’applique à ramener des inaptes à toutes les responsabilités « d’une ce, que la politique étrangère ne finis- plainte devant le Tribunal constitu- déterminée et une opinion publique heureux résultats. Grâce à un dia- une vie normale. Peut-être cette démocratie forte et d’une économie sait pas avec l’emploi de la force : tionnel de Karlsruhe contre la déci- divisée. Elle ne lève pas toutes les gnostic précoce, on guérit des mala- coûteuse rééducation amène- puissante au cœur de l’Europe », avec « Au contraire, elle ne fait que com- sion du chancelier Kohl de faire parti- ambiguïtés. dies autrefois incurables, mais il y ra-t-elle à une régression de l’alcoo- ses partenaires et alliés au sein de la mencer », et la réunion à Berlin de la ciper, bien que très timidement, des L’éditorialiste de la Frankfurter All- faut des analyses, des radiogra- lisme, de la délinquance, des névro- communauté internationale. Sans se conférence Afghanistan souligne la éléments de la Bundeswehr à des gemeine Zeitung remarque qu’en phies répétées, des recherches de ses ? Le budget des hôpitaux ou réfugier derrière « le poids de l’histoi- place de l’Allemagne. Mais, inverse- missions de maintien de la paix sous posant la question de confiance, le toutes sortes. celui des prisons sera allégé re » pour refuser de prendre des ris- ment, la politique étrangère ne peut l’égide des Nations unies. Leurs chancelier a évité à ses alliés Verts La médecine préventive en se d’autant. ques et laisser aux autres le sale bou- renoncer à l’emploi de la force motivations étaient ambiguës. de donner « une réponse claire et développant évite la maladie, et les Nous n’en sommes encore qu’à lot. Sans en appeler constamment comme ultima ratio. Certains auraient aimé que la honnête » sur le point précis de l’en- sacrifices consentis aujourd’hui per- une période d’organisation, et le aux fautes du passé pour préserver Cour de Karlsruhe déclare la déci- gagement militaire de l’Allemagne. mettront demain de réaliser des compte est déficitaire. A-t-il à être l’illusion d’une innocence présente. « LA DIPLOMATIE DU CHÉQUIER » sion du chancelier inconstitution- Il a ainsi manqué l’occasion d’obte- économies. Equiper des centres de fait ? Même débitrice sur le plan Il ne s’agit pas, pour la plupart des L’Allemagne revient de loin. Pour nelle ; d’autres espéraient que la nir une écrasante majorité au Parle- dépistage de la tuberculose, du can- brutalement financier, la médecine, représentants de cette génération, de rompre avec une tradition milita- Cour donnerait au contraire son ment, puisque l’opposition démocra- cer, aboutit à réduire le nombre de grâce à ses progrès, demeure large- tirer un trait sur les heures sombres riste qui avait atteint son point culmi- aval à une interprétation extensive te-chrétienne était pour l’engage- leurs victimes. Abréger le temps ment créditrice sur le plan humain. de l’histoire allemande. Les ouvertu- nant sous le IIIe Reich, les Allemands de la Constitution. Ce que firent les ment de l’Allemagne, mais devait se pendant lequel un assuré ne tra- res à répétition de musées dédiés aux de l’Ouest – et leurs voisins – ont juges de Karlsruhe en juillet 1994, en prononcer contre le gouvernement : vaille pas est un gain social. Orien- Docteur H. Fiessinger victimes de la Shoah, à la communau- accepté le réarmement, au début précisant cependant que tout enga- « L’influence du gouvernement s’en ter les adultes vers les professions (22 novembre 1951.) té juive, à la dénonciation de la propa- des années 1950, à la condition qu’il gement de la Bundeswehr devait trouve terriblement réduite. C’est vrai gande nazie, etc., témoignent au con- soit encadré dans l’OTAN. Le être autorisé par un vote des dépu- dans l’OTAN, c’est vrai en Europe, où traire d’une confrontation permanen- recours à la force armée était stricte- tés. En 1999, l’Allemagne a participé Paris et Londres conservent leur place 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS te avec la mémoire. Il ne s’agit pas ment défini par la Loi fondamentale à la guerre du Kosovo en assumant particulière. C’est vrai, plus générale- non plus de « militariser » la politi- et, jusqu’à la réunification, il existait des missions de surveillance aérien- ment, dans le jeu entre les puissan- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr que étrangère allemande, comme le un large consensus de tous les partis ne, puis a envoyé un contingent ces », conclut le quotidien de centre craignent une majorité des Verts et la politiques, de droite comme de gau- dans la KFOR. En août dernier, le droit. C’est peut-être vrai à court ter- Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) gauche du Parti social-démocrate, che, selon lequel la Bundeswehr Bundestag a accepté, non sans me. A plus longue échéance, les péri- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) attachées à une tradition pacifiste devait être employée pour la seule déchirements, que des soldats alle- péties politiciennes seront oubliées remontant aux années 1950. L’Alle- défense du territoire national contre mands soient envoyés en Macé- et seule comptera une décision que Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 magne doit pouvoir apporter plus une agression extérieure, dans le doine, et il a enfin voté, vendredi les alliés de l’Allemagne ont plus lieu Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 qu’une « assistance secondaire » à ses cadre d’alliances défensives. A cause 16 novembre, pour l’engagement en d’approuver que de craindre. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 alliés atlantiques ou européens et des limites imposées par la Constitu- Afghanistan, c’est-à-dire hors d’Eu- être à leurs côtés quand elle est sollici- tion, le gouvernement allemand rope et de la zone couverte par l’Al- Daniel Vernet HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 17

Une exposition Les « antifeuj » par Patrick Klugman

IMANCHE 28 octobre, explosion a dévasté l’école Tifferet- saire, c’est l’indifférence. Ce qui mais qu’ils aiment Israël, qui est leur moralement désinvolte dans le 13e arrondisse- Israël. Le 5 mai, à Créteil, plusieurs effraie les juifs de France, c’est le revanche sur une longue histoire ment de Marseille, on a centaines d’objets du culte juif ont silence et la désinvolture de leurs malheureuse. Ils sont sans cesse par Hector Obalk Dbrûlé une école juive. été volés à des particuliers, avant compatriotes, c’est l’absence de contraints de s’expliquer sur leur Dans la cour de récréation, on a d’être brûlés. Le 6 août, un incendie résistance de leur pays contre un poi- attachement à un pays démocrati- NE exposition du Lou- te à se demander s’il n’a pas, lui creusé des trous, dans lesquels on a a ravagé la synagogue de Clichy- son dont on le croyait guéri. que, plus petit que la Bretagne, où vre, « La peinture com- aussi, perdu la raison… caché des clous, pour que les sous-Bois. Le 11 septembre, un petit L’antisémitisme français a beau- pour la première fois depuis deux me crime », donne à Puisqu’il faut être clair : je suis enfants s’y blessent en jouant. Sur garçon a été roué de coups à la sor- coup changé depuis dix ans. La hai- mille ans on peut parler hébreu sans U voir des dessins et gra- juif, oui, mais je ne considère pas les murs, on a inscrit trois mots : tie d’une école juive d’Aubervilliers, ne des juifs est très perceptible dans se faire massacrer. vures d’artistes « classiques » qu’Auschwitz est « ma » chose. Je « Mort aux juifs. » Qu’ont pu éprou- et une petite fille a été volontaire- les jeunes générations, elle atteint Il n’est pas normal qu’on doive se – Goya, Redon, Blake… – mêlés à répugne, comme tout le monde, ver ces enfants quand, le lundi ment renversée par une voiture à la indifféremment écoles, collèges, justifier d’être ce qu’on est pour des vidéos et des photos d’ac- au chantage à l’accusation d’anti- matin, ils ont découvert qu’on vou- sortie d’une école juive de Sarcelles. lycées, universités, elle se répand sur- n’être pas écarté de la communauté tions orgiaques ou masochistes sémitisme qui se pratique trop lait les tuer ? Sans doute une impres- Le 15 septembre, pendant l’office tout dans les banlieues des grandes nationale. Nous nous sentons seuls d’artistes « contemporains ». souvent dès qu’un intellectuel ten- sion comparable à celle que ressen- du vendredi soir, les synagogues de villes. Bien souvent, pour parler des devant cet antisémitisme nouveau, La thèse semble être que le te la moindre comparaison entre tit Albert Cohen, un matin de 1905, Clichy-sur-Seine, de Massy, de Gar- juifs, les antisémites d’aujourd’hui né de l’ignorance d’une jeunesse corps – bâillonné par le carcan de Auschwitz et autre chose. Et je ne à Marseille précisément : « “Mort ges-lès-Gonesse et de Villepinte ont préfèrent le verlan : ils disent les mal informée, à laquelle les plus la pose grecque et opprimé par la pense pas non plus que la singula- aux juifs”. Ainsi disait la bonne inscrip- été attaquées. feuj. Ils sont « antifeuj ». « J’aime avertis accordent une attention trop rigidité de la norme classique qui rité de la Shoah la rende ineffa- tion devant laquelle je savais que ma Cette liste est longue, propre à las- pas les feuj » est une phrase que tous complaisante. A la brutalité des culmine avec les Lumières – peut ble, immontrable, impensable, vie était perdue. Le savoir à dix ans, ser l’attention d’un lecteur pressé. les juifs français de moins de vingt- actes et à la violence des mots, nous désormais crier, délirer, exorciser incomparable, et interdite à tout c’est trop tôt. Toujours juif, jamais Elle aurait pu être beaucoup plus cinq ans ont entendue. C’est la for- ne répondrons ni par la haine ni par ses pulsions et exprimer sa part discours, bien au contraire. Tout aimé. Mon héréditaire errance avait longue. Mais elle aurait pu aussi me d’expression d’un antisémitisme la peur. Mais nous ne nous laisse- maudite. A l’entrée et à la fin de le monde peut parler d’Aus- commencé. » être tellement plus courte. A qui la inconscient de lui-même, qui se rons pas réduire à l’état d’une mino- l’exposition sont projetées des chwitz, ou choisir Auschwitz com- Nous avons été quelques républi- faute ? La France n’est pas un pays nourrit de l’ennui, de l’oisiveté, de la rité humiliée par l’indifférence hypo- images du camp d’Auschwitz. De me thème d’œuvre (même si ça cains à attendre un moment le sur- antisémite. La République est un méfiance et de l’aigreur. crite du plus grand nombre. loin, c’est passionnant ; de près, m’est généralement antipathi- saut de l’indignation nationale con- refuge pour ceux qui souffrent à Les « antifeuj » se prétendent L’antisémitisme n’est pas une c’est assez scandaleux. Appro- que), mais de là à faire d’Aus- tre des criminels qui, si cette fois ils cause de ce qu’ils croient. Alors menacés par les juifs. Il n’est pas opinion comme les autres : c’est une chons-nous. chwitz une œuvre d’art, non. n’avaient pas réussi à tuer, étaient pourquoi, en France, est-il de plus nécessaire de répondre qu’aujour- opinion qui tue. Nous voudrions L’exposition s’ouvre sur la sculp- On me répondra que les vidéos parvenus à susciter la honte et la en plus périlleux de se dire juif ? d’hui, en France, les juifs sont des qu’enfin les consciences s’éveillent, ture exceptionnelle d’un artiste d’Auschwitz sont documentaires, peur dans des cœurs d’enfants. On Pourquoi, dans certaines de nos victimes, que 80 % des actes racistes nous en avons assez de voir les néo-classique, Carstens, qui figu- ni plus ni moins. Mais les photos nous a répondu qu’il valait mieux banlieues, la pratique de la religion commis sur notre territoire ces dou- agresseurs présentés comme des vic- re une Parque antique dont la bou- et vidéos des actionnistes sont nous taire, qu’il fallait éviter de con- juive entraîne-t-elle aujourd’hui des ze derniers mois étaient dirigés con- times. Nous attendons de la Répu- che est ouverte. Le commissaire également documentaires, et ces férer une importance collective à dangers qui conduisent certains à tre des juifs. Les « antifeuj » se blique qu’elle soit digne de l’amour interprète la chose comme un cri, artistes ont toujours insisté sur le des actes individuels, qu’il convenait désespérer, soit du judaïsme, soit moquent des arguments. A leurs que nous lui portons. Qu’elle ce qui n’est pas sot, et inclut l’œu- fait qu’ils ne sont pas photogra- de ne pas offrir des exemples faciles de la République ? yeux, l’ennemi, c’est le juif, parce montre à ses juifs qu’ils sont des vre dans son exposition, au motif phes, encore moins cinéastes, et à des banlieues jalouses et inquiètes. Nous ne combattons pas la haine qu’il est trop assimilé à une société citoyens, et à ses « antifeuj » qu’ils que c’est là un premier signe de que seule compte l’action vécue Le 10 octobre 2000, à Trappes, antisémite. Nous savons qu’elle française dont ils se sentent exclus, sont des délinquants. « libération » ou de « subversion » dans leur chair. Quant à leurs une synagogue a été détruite. Le vient de trop loin, qu’elle est insensi- ou parce qu’il est trop attaché à un contre la « norme classique », et actions, ils ne cessent d’en renier 23 décembre 2000, dans le 4e arron- ble aux discours les plus cohérents pays lointain qu’ils détestent. Les plus généralement contre « l’ère ou d’en minimiser le statut artisti- dissement de Paris, le jardin d’en- comme aux images les plus atroces, juifs de France sont constamment Patrick Klugman est prési- de la rationalité triomphante qui que, selon le credo bien connu : fants d’une école juive a été saccagé. et que toujours elle trouvera les amenés à se justifier, à dire qu’ils ne dent de l’Union des étudiants juifs nous a menés à Auschwitz ». « Ce n’est pas de la peinture figura- Le 24 février 2001, à Sarcelles, une moyens de se justifier. Notre adver- sont pas des électeurs de Sharon, de France (UEJF). tive ou abstraite, c’est de la violen- ce vraie », ce n’est plus de l’art à Dans cette vaste consommer, c’est du réel à vivre, etc. entreprise qui consiste Dans ce contexte, ces images de camps sont bien des documents à faire croire que sur Auschwitz, au même titre que les vidéos d’Otto Muehl sont des l’art élevé demeure documents sur ses performan- ces… Et ces performances, rappe- incompréhensible lons-le, oscillent entre «je te vomis dessus », « je t’asperge de – et que l’art sang et de farine » et « je te ligote avec des fils électriques sans électri- contemporain cité ». Qu’il y ait de la perversité à offrir le spectacle, assez émous- véritable est « trash » –, tillant, d’une femme bandante qui s’offre volontairement, seins et Auschwitz visage nus, à des giclures ininter- rompues de sang animal qui la sert à méduser font gémir, c’est certain – mais il n’y a rien d’immoral là-dedans. Là le bourgeois où ça ne va plus, c’est que le spec- tateur-amateur de ce genre d’ima- ges soit pris en otage par une Soit. Mais de ce premier cri libé- même incitation à la perversion ratoire, on passe à toutes sortes contemplative face aux visages de déchirements réels ou imagi- goyesques, projetés sur de grands naires du corps, jusqu’aux panneaux similaires, de prison- séances d’automutilation des niers en pyjama rayé qui trem- actionnistes autrichiens. « Action- blent derrière leurs barbelés… nisme » veut dire action, perfor- Voilà le genre de confusions aux- mance, spectacle extrême : une quels on aboutit quand, borderli- fille nue suffoque en se faisant ne jusqu’à la complaisance, on asperger de sang de veau, veut prôner la « radicalité » artisti- Günther Brus se taillade les cuis- que, « élargir l’horizon de l’esthéti- ses à la lame de rasoir, un autre que » et faire « exploser la frontiè- dégobille un liquide brunâtre sur re qui sépare l’art et le réel ». les oreilles d’un homme Régis Michel me rétorquerait bâillonné, etc. sans doute que le signe de réu- C’est là qu’apparaît toute l’ab- nion entre Auschwitz et Actionnis- surdité philosophique de cette me n’est pas à lire dans le sens démonstration. Quel bénéfice y « Auschwitz, quelle Action ! » mais a-t-il exactement à « libérer » le dans l’autre : « L’actionnisme, quel corps du « contrôle rationnel de miroir de l’horreur des camps ! Un nos sociétés policées et répressi- pâle miroir, certes, mais tellement ves », si cette progressive « libéra- plus authentique que n’importe tion » du corps débouche en réali- quelle peinture bourgeoise. » Dans té sur l’imagerie sans fin de la vio- ce cas, j’en déduis qu’Auschwitz lence, de l’humiliation, de l’auto- sert de caution morale – de mutilation et de toutes les tortu- sérieux et de gravité – à ces panto- res réelles ou simulées que l’expo- mimes collectives de bite au cira- sition multiplie jusqu’à la derniè- ge pratiquées par des Autrichiens re salle ? On ne peut qu’en conclu- hystériques, et je suis encore con- re qu’on vivait mieux « sous le car- tre. Je sais parfaitement que les can de la norme ». Bref, la « hystériques » en question « ont démonstration est absurde – et fait de la prison, eux, pour essayer évidemment perverse. S’il suffi- d’exister ! » Mais ce ne sont pas sait de pratiquer l’actionnisme exactement quelques jours de pri- pour lutter contre le fascisme, ça son pour atteinte à la pudeur que se saurait – et les clubs sado-maso les déportés d’Auschwitz ont devraient être décorés comme pre- vécus... miers foyers de résistance au Dans cette vaste entreprise qui nazisme… consiste à faire croire que l’art éle- La référence à Auschwitz : je vé demeure incompréhensible n’ai pas l’intention de discuter ici – et que l’art contemporain vérita- la thèse philosophique, intellec- ble est trash –, Auschwitz sert à tuellement si faible, selon laquelle méduser le bourgeois qui, vu la l’extermination nazie serait la con- gravité du contexte, préfère réser- séquence de la Raison triomphan- ver son jugement. Le rapproche- te des Lumières (les progrès de la ment entre Auschwitz et Action- médecine en sont également la nisme est ici tout bonnement conséquence). publicitaire – et la comparaison Le commissaire Régis Michel demeure scandaleuse, quel que est pleinement dans son droit s’il soit le sens dans lequel on veut la veut dénoncer la Raison comme lire. l’ennemie commune de toutes les Bref, l’exposition n’est ni œuvres exposées, de Goya à Gün- antisémite, ni ignoble, ni idiote ther Brus. Mais que tout lui soit – elle est seulement éhontément bon pour accréditer cette thèse désinvolte. esthétique, au point de mettre en écho dans la même salle le destin de juifs en pyjama de 1943 avec la Hector Obalk est critique d’art violence chiquée et narcissique à « Rive droite rive gauche », sur d’artistes marginaux de 1965 inci- Paris-Première, et au journal Elle. 20 ENTREPRISES LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

INDUSTRIE Luciano Benetton un entretien au Monde, dévoile les stratégie de diversification menée par les aéroports et les gares, les services publics, en cours de dérégu- inaugure à Paris, jeudi 22 novem- nouvelles ambitions de la marque depuis maintenant six ans par sa nouvelles activités pèsent désor- lation, sont convoités par des grou- bre, deux mégastores, sur les en France, marché trop longtemps famille, sous la houlette de son frè- mais beaucoup plus lourd dans l’em- pes industriels traditionnels, qui y Champs-Elysées et à l’Opéra. b LE « négligé », reconnaît-il. b L’INDUS- re cadet Gilberto. b DES AUTOROU- pire que son métier d’origine, le tex- cherchent de nouvelles rentes de PATRON du groupe Benetton, dans TRIEL de Trévise revient aussi sur la TES à la restauration, en passant tile-habillement. b EN ITALIE, les situation. Luciano Benetton part à la reconquête du marché français Dans un entretien au « Monde », le patron du groupe d’habillement italien explique comment il espère accroître ses ventes de 30 % par an en France, grâce à ses nouveaux magasins géants. L’aîné des Benetton revient aussi sur les très lucratives diversifications menées par sa famille depuis six ans

« La famille Benetton a beau- – Le capitalisme italien, dit- les métiers traditionnels du grou- années. C’est un marché impor- vre. Renault a tout ce qu’il faut – Le point faible de l’Italie a tou- coup diversifié ses investisse- on, est en mutation. L’omnipo- pe. Est-ce l’amorce d’une rivali- tant pour nous, peut-être le plus pour redevenir un grand nom de la jours été d’avoir des gouverne- ments et son patrimoine ces der- tence de la banque Mediobanca té ? important après l’Italie. D’ici à formule 1. ments éphémères. Il est fonda- nières années, de la gestion est en train de s’effondrer, com- – Pas du tout ! Ce sont deux sec- 2004, toutes les grandes villes fran- – Alors que la Chine vient mental pour ce pays que le gou- d’autoroutes aux télécommunica- me en témoigne l’affaire Monte- teurs qui sont très différents. Il çaises auront leur “vitrine” Benet- d’être admise à l’OMC, pourrez- vernement, quel qu’il soit, et sa tions en passant par la restaura- dison. Mais, au final, ce sont tou- était prévu dès le départ que mon ton. Notre objectif est d’accroître vous tenir longtemps votre pro- majorité donnent l’impression tion. Jusqu’où comptez-vous jours les mêmes familles, les frère Gilberto mènerait les diversi- de 30 % par an nos ventes en Fran- messe de rester producteur en d’être stables pour au moins cinq aller ? Agnelli (Fiat), Pirelli ou vous- fications. Je suis à plein temps sur ce au cours des prochaines Europe ? ans. – Il s’agissait au départ d’oppor- mêmes qui semblent tirer les le textile et la mode : ça tombe années. Nous avons entrepris de – Nous n’avons jamais essayé de » Beaucoup de gens se sont tunités d’investissements, que marrons du feu. bien, c’est un domaine qui m’inté- fermer les magasins trop petits. exprimés sur la personnalité et le nous avons saisies. Nous sommes – Le capitalisme italien n’est cer- resse davantage ! Mais, au niveau mondial, nous ne programme de M. Berlusconi. La actionnaires minoritaires dans cer- tes pas au niveau du français ou de – Le Groupe Benetton propre- descendrons pas en dessous de « Il est fondamental Confindustria [le patronat italien] tains secteurs, comme les télécom- l’allemand. Il est plus traditionnel, ment dit, spécialisé dans l’ha- 5 000 magasins [contre 6 000 le soutient, le gouverneur de la munications, les gares ou la gestion plus familial. C’est un capitalisme billement et les équipements actuellement], car nous tenons à pour [l’Italie] que banque d’Italie aussi. Son pro- d’autoroutes. Dans d’autres domai- à petite échelle, qui repose essen- sportifs, a-t-il revu à la baisse garder la capillarité de la distribu- gramme a été largement débattu. nes, comme la restauration (Auto- tiellement sur des entreprises de ses projets d’investissements tion, sa proximité avec les clients. [son] gouvernement, Il est maintenant essentiel de lui grill), nous sommes majoritaires, taille moyenne. Il est plus petit, depuis le 11 septembre ? – Votre dernière campagne laisser le temps de mettre en donc gestionnaires. L’expérience, mais il est aussi très actif. Quant à – Non. Nous estimons au con- publicitaire sur les volontaires quel qu’il soit, et œuvre sa politique. depuis six ans, est amplement posi- Mediobanca, je ne pense pas que traire qu’en cette période il faut de l’ONU a été qualifiée de – Vous avez 66 ans. Songez- tive. S’il se présente d’autres oppor- l’affaire soit finie. redoubler d’énergie. Avant le « pitoyable » par Nicole Péry, la sa majorité donnent vous à votre succession ? tunités, nous les regarderons. – Vous êtes l’aîné des Benet- 11 septembre, la conjoncture était secrétaire d’Etat française aux – C’est encore tôt, non ? Bien – En France, par exemple, avec ton, considéré comme le chef de déjà en ralentissement. Aujour- droits de la femme. Oliviero Tos- l’impression d’être sûr, je pense qu’une société doit la privatisation prochaine des famille. Aujourd’hui, votre frère d’hui, on constate une aggrava- cani parti, le goût de la provoca- évoluer, préparer l’avenir. Nous autoroutes du Sud, qui semble cadet Gilberto, à la tête d’Edizio- tion, particulièrement dans les acti- tion demeurera-t-il la marque stables pour devons préparer des managers intéresser Autostrade ? ne Holding, qui mène les diversi- vités liées aux voyages et au luxe. de fabrique de Benetton ? chevronnés pour mener le groupe – En Italie et ailleurs. En France, fications hors textile, pèse plus Mais je pense que de nombreuses – Je ne comprends pas pourquoi au moins cinq ans » Benetton. On verra le moment pourquoi pas ? lourd que vous, qui supervisez personnes ne voyagent plus actuel- vous parlez de provocation. La venu. Nous sommes encore qua- lement à cause du danger, plutôt ministre française est la seule à tre de ma génération aux com- que pour des raisons économi- avoir mal réagi. Nous avons reçu nous battre sur le plan des prix. mandes [Luciano, Giuliana, Un nouvel empire à deux têtes ques. C’est temporaire. Si le conflit du monde entier beaucoup de let- Cela dit, l’Europe dispose de vraies 64 ans, Gilberto, 60 ans, Carlo, en Afghanistan et celui du Proche- tres de gens enthousiastes. Les ressources en matière de coûts de 57 ans]. Ce serait compliqué b Edizione Holding : la holding Veneto, présidée par Luciano Orient montrent des signes de volontaires de l’ONU, c’est une fabrication. Nous produisons en d’ajouter encore d’autres Benet- financière de la famille Benetton, (66 ans), s’est étendue à résolution, l’activité peut repartir. cause positive. Espagne et au Portugal, qui con- ton dans l’organigramme. Quand dirigée par Gilberto, s’est lancée l’ensemble de l’habillement, avec Je suis plutôt optimiste pour 2002. – La marque Benetton va dis- naissent parfaitement notre une société est cotée en Bourse, dans la gestion de gares (Grandi les marques-enseignes United – Vous ouvrez deux mégasto- paraître des circuits de formu- métier et ont toutes les infrastruc- la succession ne peut pas être sim- Stazioni), d’autoroutes Colors of Benetton, Sisley, res à Paris, ce jeudi, et vous le 1 en 2002, après la cession de tures nécessaires. Et nous transfé- plement une affaire de famille. (Autostrade), d’aéroports (Sagat), Playlife, mais aussi vers le sport et comptez vous doter de 300 de votre écurie à Renault. Aucun rons une partie de nos produc- – C’est une façon de dire aux de restaurants (Autogrill), soit un la glisse, en rachetant notamment ces magasins géants dans le regret ? tions dans de nouveaux pays très jeunes Benetton qu’ils doivent chiffre d’affaires de 7 milliards Nordica (chaussures de ski), monde d’ici 2004. Pourquoi ce – Non. Pour gagner, aujour- compétitifs, comme la Croatie ou encore attendre ? d’euros. Prince (raquettes de tennis) ou changement de format ? d’hui, il faut des budgets énormes la Hongrie. – Oui. » b Le groupe Benetton : partie de Rollerblade (patins en ligne). Le – Paris est une vitrine mondiale et des technologies de pointe. Lors- – Silvio Berlusconi est-il, selon la production de pulls de laine en Benetton Group réalise 2 milliards pour la mode. Nous avons un peu qu’on n’est pas du secteur de vous, le bon président du conseil Propos recueillis par 1965, l’entreprise de Ponzano d’euros de chiffre d’affaires. négligé la France ces dernières l’automobile, on ne peut plus sui- pour l’Italie ? Pascal Galinier Les industriels italiens convoitent la rente des services publics MILAN déjà existants, et se diversifier vers lesquels nos entreprises sont en perte correspondance un secteur où les marges sont très éle- de compétitivité. Dans les services Energie, télécommunications et vées », analyse Edward Burman, du collectifs, encore protégés, la dynami- autres services collectifs – ou « utili- cabinet de consultants Ambrosetti. que des revenus dépend encore beau- ties » –, en phase de libéralisation Comme le remarque Alessandro coup de l’intervention de l’autorité dans toute l’Europe, font l’objet, Penati, professeur de finance des de régulation », note le professeur en Italie, d’une véritable ruée de la entreprises à l’université catholi- Penati. En clair : les Fiat, Pirelli, part des entreprises industrielles que de Milan et éditorialiste écono- Benetton cherchent à reconstituer traditionnelles. Au-delà du glisse- mique du quotidien Il Corriere della dans les services publics les rentes ment classique de l’industrie vers sera, « dans les cinq dernières de situation qu’ils ont perdues sur les services, deux grandes opéra- années, les marges nettes de la gran- leur métier d’origine, ouvert à la tions ont transformé en profon- de industrie ont été de 5 % en moyen- concurrence internationale. deur, cette année, le capitalisme ita- ne… contre 20 % pour les services Une démarche qui n’est pas lien. Fiat, allié à EDF, a pris le con- publics ». dépourvue de risques. D’abord, il trôle de Montedison, holding du n’est pas dit que ces entreprises premier groupe d’énergie privé du LES POLITIQUES APPLAUDISSENT réussiront dans des secteurs dont pays. Pirelli, connu pour ses pneus Pippo Ranci, président de l’Auto- elles ignorent tout. Ensuite, quel et ses câbles, a racheté en cascade rité de surveillance de l’énergie élec- sort attend les activités industriel- Olivetti et l’ex-monopole Telecom trique et du gaz, ne voit a priori pas les des groupes concernés ? Fiat Italia. « Pirelli entre dans un secteur d’un mauvais œil l’entrée dans le répète qu’il n’entend pas sortir du anticyclique, qui produit du cash et secteur de groupes non spécialis- secteur automobile, mais les obser- n’est pas touché par les événements tes : « Le phénomène est positif en vateurs ne manquent pas de rappe- extraordinaires », a expliqué Marco soi, puisqu’il fait augmenter le nom- ler que General Motors, qui détient Tronchetti Provera, le patron du bre des protagonistes dans un mar- 20 % de Fiat Auto, a une option nouvel ensemble. Le mouvement avait eu ses pré- curseurs : la famille Benetton, parte- L’autorité de régulation critique EDF naire de Pirelli dans l’opération Olivetti/Telecom Italia, a entamé il « Il faut que les pouvoirs politiques voient l’intérêt des consommateurs y a plusieurs années une diversifica- et de la compétitivité industrielle, qu’ils ne soient pas liés aux intérêts des tion, qui l’a notamment amenée à grands groupes. » Pippo Ranci, président de l’Autorité italienne de sur- contrôler le premier réseau d’auto- veillance de l’énergie électrique et du gaz, interrogé par Le Monde, ne routes du pays, Autostrade, et le mâche pas ses mots sur la façon dont « les anciens monopoles natio- groupe de restauration rapide Auto- naux se constituent en oligopole, comme le montrent les expériences grill. Edizione Holding, la holding anglaise et espagnole ». M. Ranci vise évidemment EDF, entré dans de la famille de Trévise, est présen- Montedison en alliance avec Fiat : « EDF a une telle capacité compétiti- te dans Grandi Stazioni, la société ve qu’il ne devrait pas craindre la concurrence ! EDF peut avoir un rôle qui regroupe les treize plus grandes positif à jouer en Europe s’il accepte la concurrence. S’il veut garder ses gares italiennes, dans l’aéroport de rentes de position, ce sera négatif pour tout le monde. » Et de lancer un Turin et dans les sociétés municipa- avertissement aux politiques : « Il n’y a pas de voie intermédiaire, le les de services collectifs de Trieste marché européen de l’énergie se créera ou ne se créera pas. L’Europe est et de Parme. De son côté, Carlo De aujourd’hui placée devant une alternative : un choix de développement Benedetti, une fois conclue son épo- ou un choix de déclin. » pée à la tête d’Olivetti, a investi, aux côtés de ses activités traditionnelles (notamment le groupe de presse ché qui était en grande partie mono- pour racheter les 80 % restants. L’Espresso-La Repubblica), dans polistique. A condition qu’il ne s’éta- Pirelli, qui n’entend pas consolider Internet et, voici deux ans, dans blisse pas une entente plus ou moins Olivetti dans ses comptes, veut gar- l’énergie. Sa société Energia, à tacite entre quelques grands pour fer- der la plus grande partie de ses acti- laquelle participe l’autrichien Ver- mer le marché ou empêcher la crois- vités traditionnelles, mais le chiffre bund, a réalisé sur les neuf premiers sance des plus petits », a-t-il déclaré d’affaires total du groupe (moins mois de cette année un chiffre d’af- au Monde. de 7,5 miiliards d’euros en 2000) ne faires de 196 millions d’euros et L’irruption de grands noms du pèse pas lourd face aux 29 milliards dégage déjà des bénéfices. capitalisme italien dans des sec- d’euros de Telecom Italia. Et si Les entreprises italiennes – du teurs jugés stratégiques a été trois des quatre frères Benetton groupe de télévision de Silvio Ber- applaudie par les milieux politi- continuent à consacrer leurs éner- lusconi, Mediaset, à l’électricien ques : Fiat a neutralisé EDF, Pirelli gies à Benetton Group, la branche Enel, en passant par le pétrolier vaut mieux que Deutsche Telekom, d’habillement et de sport, celle-ci Eni – ont été encore plus nombreu- a-t-on entendu. Cependant, cer- ne pèse plus que 2 milliards ses à investir dans les télécommuni- tains commentateurs s’inquiètent : d’euros, contre plus de 7 milliards cations. « Nombre d’entre elles se « Le textile, l’automobile, la chimie, pour Edizione Holding. sont rendu compte qu’elles pou- les pneus sont des secteurs ouverts à vaient ouvrir leurs réseaux internes la concurrence internationale, sur Marie-Noëlle Terrisse ENTREPRISES LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 21

La Commission des opérations Le groupe André devient Vivarte de Bourse n’a jamais traqué et renoue avec les bénéfices autant de délits d’initiés Les nouveaux actionnaires veulent ouvrir une centaine de magasins de chaussures et vêtements Le groupe de chaussures et vêtements André a d’euros, contre une perte de 31,2 millions l’an- temps 2000, après la prise de pouvoir des fonds annoncé au terme de son exercice 2000-2001 née précédente. André récolte ainsi les premiers d’investissement anglo-saxons de Nathaniel Les règles d’accès aux « data rooms » en question (clos le 31 août) un bénéfice net de 47,9 millions fruits d’une vaste restructuration lancée au prin- Rothschild et Guy Wyser-Pratte.

À L’OCCASION des « Entretiens (Le Monde du 4 juillet 2001). La COB LE GROUPE André veut tourner d’exploitation représente désormais Certaines ne proposaient que deux ailleurs les magasins souffraient annuels » de la Commission des a lancé, mardi, une consultation de le dos à une partie de son passé. 5 % du chiffre d’affaires (« son collections par an contre une toutes d’une grande hétérogénéité, avec opérations de Bourse (COB), la place de Paris sur un projet de Créé en 1896, le groupe spécialisé meilleur niveau depuis les dernières les six semaines pour Zara ou H des surfaces très disparates et des Gérard Rameix, le directeur géné- recommandation « relative à la dans la distribution de chaussures et années », précise le groupe), même &M.« Nous étions dans une situa- aménagements peu uniformes. Un ral, a affirmé, mardi 20 novembre, transmission d’informations privilé- de vêtements a annoncé, mercredi si l’objectif de 9,5 % (à fin 2003) res- tion dans laquelle il fallait écouler ce plan de rénovation est en cours. Sur que cette institution traitait actuelle- giées à l’occasion de la mise en place 21 novembre, son changement de te éloigné. que les usines fabriquaient ce qui les 140 magasins André, 48 ont été ment « plus d’affaires d’initiés qu’el- de procédures de salles d’informa- nom pour devenir Vivarte. Plus Le changement de cap est pro- entraînait des stocks énormes et coû- rénovés. le n’en avait traité en quinze ans ». tions (data rooms)». qu’un lifting, cette modification se fond, mais le groupe est resté pour teux, indique M. Plassat. On a essayé Parallèlement, le groupe a fait le « J’ai actuellement sur mon bureau veut emblématique de change- le moment dans son ancienne confi- d’inverser la logique en produisant ménage dans ses gammes. « Avec six gros dossiers concernant des affai- INFORMATIONS PRIVILÉGIÉES ments profonds. « C’est une société guration. La totalité des enseignes par rapport à la demande. » Les des loyers en centre-ville entre 2000 et res d’initiés très importantes », a-t-il Lors de fusions, d’acquisitions ou qui a vécu tellement d’aléas, de sou- (André, Orcade, Minelli, San Mari- deux usines du groupe qui produi- 3000 francs le mètre carré, nous précisé, lors de la table ronde intitu- de cessions de blocs d’actions, de tel- bresauts, tout un passé qu’il était na, La Halle aux Chaussures, Bes- sent essentiellement pour la Halle avions mieux à faire que de vendre lée : « Protéger, c’est aussi sur- les salles d’informations sont ouver- temps de mettre de côté », explique son, dans la chaussure. Creeks, Koo- aux Chaussures perdent encore de des tongs à 30 francs », résume veiller, contrôler et sanctionner ». tes aux professionnels travaillant Georges Plassat, le nouveau prési- kaï, Caroll, Liberto, La Halle aux l’argent. « Notre objectif est que les M. Plassat. L’offre a été réduite et Le sursaut de la COB dans les sur le dossier, qui s’engagent à ne dent du directoire. vêtements dans le prêt-à-porter) usines contribuent aux résultats du l’accent mis sur la création. « André affaires d’initiés ne s’accompagne pas utiliser ou divulguer les informa- La prise de pouvoir, en avril 2000, ont été conservées, même si une groupe. Dès 2002 elles seront à l’équili- doit rajeunir, aller chercher la clientè- pas pour autant d’une plus grande tions qu’ils peuvent consulter et des deux fonds d’investissement petite centaine de magasins André bre », promet le patron de Vivarte. le de centre-ville, se redéfinir comme publicité sur ses enquêtes. «Jene prendre en note. Des secrets et des anglo-saxons appartenant à Natha- sont sortis du groupe. Cette ensei- Au-delà des coûts, le nouveau une enseigne à la fois populaire, sym- vous dirai rien de plus sur ces dos- informations « sensibles » sur les niel Rothschild et Guy Wyser-Pratte gne restait un foyer de pertes impor- management rajeunit profondé- pathique et coloré. » siers, que la presse s’est parfois char- comptes prévisionnels sont notam- avait marqué la première étape des tant (22 millions d’euros pour les ment les enseignes. L’acquisition en Assis sur ces nouvelles bases, le gée de divulguer lorsqu’ils sont passés ment disponibles. La COB souhaite bouleversements (Le Monde du deux dernières années). février 2000 de San Marina avait per- groupe cherche maintenant à repar- dans des phases ultérieures de la pro- clarifier les règles d’ouverture de tel- 7 avril 2000). Les nouveaux action- mis de dynamiser l’activité du pôle tir de l’avant. « Une centaine de cédure. Je peux donner des indica- les « data rooms » et renforcer les naires ont mis à la tête de l’entrepri- « INVERSER LA LOGIQUE » centre-ville mais les problèmes magasins seront ouvert sur l’année fis- tions quantitatives, mais nous nous devoirs des participants pour éviter se l’ancien patron de Casino, qui a « Notre priorité est de retrouver des structurels restaient. « André s’est cale 2001-2002 », annonce Georges tiendrons à notre doctrine de discré- les « délits d’initiés ». trois ans devant lui pour faire repar- marges de manœuvre financières beaucoup diversifié ces dernières Plassat. Reste que les prémices du tion, plus importante que dans Par ailleurs, Michel Prada, prési- tir André du bon pied. pour relancer le groupe », insiste années en se développant dans le dis- renouveau d’André laissent de mar- d’autres maisons. » Une pierre dans dent de la COB, a regretté que le La nouvelle stratégie porte ses M. Plassat, qui s’est lancé dans un count et la périphérie des villes, cons- bre les marchés financiers. Depuis le jardin de la justice, représentée calendrier parlementaire n’ait pas premiers fruits. Le groupe affiche vaste plan de réduction des coûts. tate M. Plassat. Le groupe avait fini l’entrée la prise de pouvoir des par le procureur auprès du tribunal permis de mener à bien la réforme un bénéfice de 47,9 millions d’euros Informatique, logistique, achat, tout par perdre son savoir-faire. » Aussi fonds anglo-saxons, le titre a perdu de grande instance de Paris, Jean- des autorités de marchés, qui devait sur l’exercice clos en août, contre a été passé en revue. Le nombre de s’est-il attaché à redéfinir le concept près de 40 %, même si à l’annonce Pierre Dintilhac, et une allusion à la entraîner la fusion de la COB et du une perte de 31,2 millions d’euros fournisseurs a diminué de 40 %. Le de ses enseignes de centre-ville. Par du redressement des comptes, l’ac- publication par Le Monde du rap- Conseil des marchés financiers en 1999-2000. Plus significative, la but : gagner en réactivité. Pour une exemple, André, avec un positionne- tion prenait un peu plus de 4 %, mer- port réalisé par la Brigade financiè- (CMF). hausse de 23,7 % du résultat d’ex- bonne part, l’image vieillissante des ment bas de gamme, n’arrivait plus credi matin. re des délits d’initiés présumés lors ploitation, qui progresse plus vite enseignes du groupe provenait du à se différencier suffisamment de de la fusion Carrefour-Promodès Adrien de Tricornot que l’activité. Du coup, la marge manque de flexibilité des achats. l’offre discount de périphérie. Par Stéphane Lauer L’erreur d’un « trader » fait plonger L’enquête sur le courtier en énergie américain Enron pourrait révéler un scandale financier NEW YORK ments évalués au moins à 9,15 mil- l’énergie et du commerce, a deman- Bush. Elle a été un des plus impor- les marchés boursiers européens de notre correspondant liards d’ici à décembre 2002. Le dé l’ouverture immédiate d’une tants donateurs de la campagne de Le sauvetage d’Enron, le premier groupe est engagé au côté de Dyne- enquête. George W. Bush. Ken Lay, direc- QUELLE n’a pas été la surprise les marchés à terme allemands. Ce courtier américain en énergie, par gy dans des négociations de la der- Chevron-Texaco, le groupe pétro- teur général de la société, est un des courtiers sur les marchés finan- dernier a pris la décision d’effacer son concurrent Dynegy, n’est pas nière chance avec les agences de lier qui détient 27 % de Dynegy (et proche du président. Il lui aurait ciers de voir les principaux indices complètement quelques minutes acquis. Les comptes du groupe se notation. Si ces dernières abaissent potentiellement 36 %, après avoir apporté à titre personnel 1 million boursiers européens chuter forte- du marché, en annulant une partie révèlent chaque jour plus désas- à nouveau la note de risque attri- acquis pour 1,5 million de dollars de dollars ces dernières années ment sans raison apparente, mardi des transactions qui avaient été réa- treux et les analystes se demandent buée aux titres émis par Enron, ces d’obligations convertibles afin de pour financer sa carrière politique. 20 novembre, peu après l’ouvertu- lisées mardi entre 9 h 21 et 9 h 25. si Dynegy ne sera pas contraint de derniers entrent dans la catégorie soutenir la reprise d’Enron), com- M. Lay était un des experts écono- re de la séance. Une chute d’autant renoncer à une opération de 25 mil- des « junk bonds » (obligations spé- mence à s’inquiéter. « Enron doit miques de George W. Bush quand plus surprenante qu’elle a été corri- ORDRES ANNULÉS liards de dollars. culatives) et le remboursement de donner plusieurs assurances pour celui-ci était gouverneur du Texas gée quelques minutes plus tard : Toutes les opérations ont été Lundi 19 novembre, dans un 3,4 milliards de dollars devient mener à bien le rapprochement »,a et a été l’un de ses conseillers les l’indice DAX des valeurs alleman- invalidées par Eurex en dessous du document comptable remis à la immédiatement exigible. souligné Dave O’Reilly, le directeur plus écoutés lors de la campagne des a perdu jusqu’à 3,2 % et, à seuil de 5 083,5 points pour le SEC (Securities and Exchange Com- général de Chevron-Texaco. présidentielle. Dynegy est aussi un Paris, le CAC 40 est passé en quel- contrat DAX arrivant à échéance mission), l’organisme de régulation PROCHE DU PRÉSIDENT L’affaire pourrait aussi gêner la groupe de Houston, mais la solida- ques minutes de 4 686,62 points à en décembre 2001, et en dessous de la Bourse américaine, Enron a La SEC a ouvert une enquête. Maison Blanche. Le siège d’Enron rité texane pourrait avoir des l’ouverture à 4 574,31 points, son de 5 121 pour celui s’achevant en annoncé une augmentation de ses Des actionnaires ont engagé des se trouve à Houston, et la société a limites. plus bas du jour, avant de revenir à mars 2002. Sur l’Eurostoxx 50, aucu- pertes au troisième trimestre, à poursuites après l’annonce au toujours été très liée aux milieux 4 660 points. ne opération ne sera comptabilisée 664 millions de dollars. Plus grave, début du mois par Enron d’une pétroliers texans et à la famille Eric Leser Tout provient d’un opérateur de pour trois contrats, celui de décem- la société déclare qu’elle doit rem- surévaluation de 600 millions de marché qui a commis une erreur en bre 2001, mars 2002 et juin 2002 à bourser 690 millions de dollars au dollars de ses bénéfices depuis cinq rentrant ses ordres dans le système partir d’un certain seuil. « Ils nous plus tard le 27 novembre. L’action ans. Par ailleurs, certaines opéra- de négociation, inscrivant le chiffre ont demandé d’annuler des ordres. Enron, la plus échangée mardi à tions à l’origine des pertes récentes La Poste envisage de fermer du volume de sa transaction à la C’est une procédure classique dans Wall Street, a perdu près de 23 %. semblent douteuses. La SEC s’inté- place de leur prix. Les marchés ce cas », explique-t-on chez Eurex. Le « système Enron » consistant resse de près à l’acquisition par financiers s’ajustant très rapide- Seuls les niveaux de prix aberrants à financer une expansion mondiale Enron, pour 35 millions de dollars, sa filiale de colis DPD France ment entre eux, cette faute de ont été annulés. Par exemple, ceux très rapide dans l’électricité, le gaz, d’une société dirigée par plusieurs manipulation, commise initiale- passés entre 5 188 et 5 083,5 points les télécommunications et l’eau en cadres importants, dont l’ancien L’ENTREPRISE publique poursuit la rationalisation de sa branche ment sur le contrat à terme sur l’in- sur le contrat DAX de décembre ne multipliant les alliances et les joint- directeur financier, Andrew Fas- colis, qui représente, en France, un chiffre d’affaires de 10 milliards de dice des actions allemandes DAX, l’ont pas été ; la perte sera suppor- venture implose. Les autorités tow, qui a démissionné le 24 octo- francs (1,52 milliard d’euros). Après avoir fermé Dilipack, La Poste et sur le contrat sur Eurostoxx 50 tée par la banque où officie le « tra- boursières et les actionnaires s’in- bre. Cette opération pourrait être envisage de mettre fin aux activités de DPD France, son autre filiale (l’indice des 50 principales capitali- der ». La rumeur fait état d’une per- terrogent sur l’utilisation de ces par- la dernière d’une série de transac- de colis rapide interentreprises, acquise en 2000 et rattachée à la hol- sations européennes), a fait chuter te de 1 milliard d’euros. tenariats pour dissimuler, hors du tions qui auraient permis au grou- ding Geopost. L’éventualité d’un dépôt de bilan de cette société de les indices correspondant à ces En théorie, ces erreurs humaines périmètre comptable de l’entrepri- pe de sortir de son bilan des centai- droit privé de 300 salariés a été présentée, mardi 20 novembre, aux produits dérivés et d’autres places sont limitées par la présence de gar- se, des dettes et des pertes sur des nes de millions de dollars de dettes. directeurs délégués du groupe, assortie d’engagements pour reclasser financières, comme Paris et de-fous, qui bloquent le passage investissements et des contrats de Des procédures ont aussi été enga- le personnel au sein de Chronopost et Tat Express. Gilles Moutel, pré- Londres. d’un ordre aberrant. Mais ils n’ont fourniture d’énergie. gées contre Arthur Andersen, le sident de Chronopost et membre du comité exécutif de Geopost, a Cette erreur a conduit la banque apparemment pas fonctionné. Enron dispose aujourd’hui d’envi- cabinet qui contrôle et certifie les confirmé au Monde que « la question de la fermeture de DPD France se où officie le « trader », et dont le ron 1,75 milliard de dollars de tréso- comptes d’Enron. Le représentant pose, plusieurs pistes restant toutefois à l’étude ». DPD France est la nom n’a pas été rendu public, à con- Gaëlle Macke rerie mais doit faire face aux défi- démocrate John Dingell, membre structure française d’un groupe de franchisés allemand, DPD, chère- tacter Eurex, la structure qui gère et Cécile Prudhomme cits à venir et à des rembourse- de la commission parlementaire de ment acquis par La Poste en 2000 et présent dans 18 pays européens. 22 COMMUNICATION LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

DÉPÊCHES M. Cavada veut faire de Radio France la référence du service public a TÉLÉVISION : la première chaî- ne de télévision locale hertzienne privée en pays basque devait com- Réélu à la présidence de la Maison ronde, mardi 20 novembre, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, mencer ses émissions jeudi 22 novembre. « Tvpi » compte tou- le journaliste, qui a présenté un bilan positif, veut poursuivre la modernisation et la décentralisation des antennes cher les 250 000 habitants de la côte basque et du sud des Landes. JEAN-MARIE CAVADA et du Mouv’, station lancée à Toulou- dent qui s’enorgueillit également musique aura pour mission de tion présidentielle, la jugeant trop Ses promoteurs sont trois indus- Radio France vieilliront ensemble se et destinée aux jeunes adultes, d’avoir « donné de l’espoir aux équi- rajeunir les publics venant aux con- brutale, le syndicat Force ouvrière triels locaux qui prévoient un bud- et, chemin faisant, le président qui avait bien failli disparaître. pes de la maison » et « formé une certs du Philharmonique ou du tempère : « Il est sans conteste à get annuel de 5 millions de francs. poursuivra la modernisation de la Reprise en main par Marc Garcia, équipe de direction homogène ». National, en élargissant le répertoi- l’origine de chantiers qui avaient « Tvpi » est déjà diffusée sur Inter- maison ronde qu’il mène avec éner- fondateur d’Europe 2, elle est L’homme et son équipe sont au re et proposant notamment des besoin d’être entrepris, expli- net depuis juillet 2000. Elle offrira gie depuis 1998. Le journaliste qui désormais diffusée dans dix villes. milieu du gué. Pour M. Cavada, représentations gratuites en fin de que-t-on. Il a mis le doigt là où ça une heure de programmes nou- était seul candidat auditionné à sa Cette harmonisation est passée par c’est l’occasion de poser Radio semaine : « Quand il n’y aura plus fait mal, le vaisseau avait besoin veaux chaque jour et sera financée succession a été réélu, mardi la suppression de quatre locales France comme la référence du ser- que des nonagénaires dans les salles, d’être bousculé. Mais nous devons exclusivement par la publicité, 20 novembre, par le Conseil supé- FIP à Lille, Lyon, Marseille et Nan- vice public. La numérisation est en il sera trop tard », dit le PDG. être vigilants : il ne faut pas qu’il éventuellement celle de la grande rieur de l’audiovisuel (CSA) avec tes – une initiative très sévèrement cours, elle reste le grand chantier France Musiques – qui a vu son aille trop vite. Il faut faire avancer distribution puisque son émetteur huit voix pour et une abstention. critiquée à la fois par les syndicats, de la maison. Dix locales seront audience augmenter en 2001 – va les hommes en même temps que les est situé en Espagne. – (Corresp.) Au terme de la loi, il devra quitter des professionnels de l’édition équipées avant la fin de l’année ; la ajouter quatre heures supplémen- outils, or une partie du personnel a a PRESSE : la directrice de Paris- Radio France le 24 février 2005, musicale et par bon nombre d’audi- mise en réseau est annoncée, com- taires de concerts hebdomadaires besoin d’être rassurée, nous espé- Match, Anne-Marie Couderc, a jour de ses soixante-cinq ans mais, et « continuer à s’intéresser au plura- rons qu’il expliquera bien ses pers- été condamnée, mardi, par le tri- avec ce septennat annoncé, il peut lisme des musiques », déclare Pierre pectives pour l’avenir. » bunal correctionnel de Paris à déjà se féliciter de jouir du mandat Prime aux présidents sortants à RFO et RFI Bouteiller. France-Culture devrait « Nous voulons être souples et évi- 6 098 euros (40 000 francs) le plus long jamais accordé à un développer « le côté universitaire ter la paupérisation des salariés de d’amende pour avoir publié le président de Radio France. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a reconduit, mardi populaire, en particulier en régions, Radio France », dit M. Cavada. Il a 12 avril une photo clandestine L’homme est heureux de conti- 20 novembre, André-Michel Besse à la tête de Réseau France Outre- où nous pourrons continuer le dialo- tout fait pour convaincre Catheri- d’Alfred Sirven dans la cour de la nuer l’aventure. Au terme de sa ges- Mer (RFO). Le président sortant a été élu au premier tour, à cinq voix gue avec notre public et nos audi- ne Tasca, ministre de la culture et prison de la Santé. Le tribunal a tion, il peut en effet afficher un contre quatre pour le directeur d’antenne de France Bleu, Michel teurs », dit Laure Adler. de la communication, de revoir à la jugé que, selon le nouvel arti- bilan globalement positif. Journa- Meyer. M. Besse a mis en avant, dans son bilan, l’attention qu’il a por- hausse la dîme allouée à Radio cle 35 ter de la loi de 1881 relative liste au caractère bien trempé, fort tée au rétablissement de l’équilibre budgétaire de RFO. Il entend diri- DES FONDS POUR LA NUMÉRISATION France. Le projet de loi de finance à la liberté de la presse, inséré par d’une expérience de commande- ger son nouveau mandat autour de la création d’une radio d’outre-mer M. Cavada a pu évoluer dans un pour 2001 prévoyait 3,069 milliards la loi du 15 juin 2000, une telle ment pendant vingt-cinq ans à en Ile-de-France en 2002, annoncée par Lionel Jospin lundi, le dévelop- climat social considéré comme cal- de francs (468 millions d’euros) en photographie était interdite. France 3, La Marche du Siècle ou pement des télévisions régionales du groupe autour d’une chaîne par me malgré la longue grève de hausse de 6,1 % par rapport à l’an- a La participation du groupe Radio France Outre-Mer (RFO), il a satellite, RFOsat, et le lancement du numérique terrestre outre-mer. l’audiovisuel public en novem- née précédente, dont 40 millions Amaury est montée de 14 % à orchestré la mutation de Radio Le gouvernement a aussi ouvert la voie à la reconduction de Jean- bre 1999 lors des négociations sur de francs pour la numérisation. «Il 35 % dans la holding de contrôle de France qui perd peu à peu ses ori- Paul Cluzel au poste de PDG de Radio France Internationale (RFI), en les 35 heures ou celle de ne faut pas que notre chiffre d’affai- la République du Centre, la Soparep, peaux de maison vieillissante, fer- annonçant qu’il renouvelait son mandat de représentant de l’Etat au juin 2001 à Radio France sur les res soit mangé par la masse salariale à la faveur d’une augmentation de mée sur elle-même ou enkystée conseil d’administration du groupe. Le CSA doit désigner le PDG de rémunérations : « En deux ans et et les charges sociales qui s’élèvent à capital, a indiqué mardi la direction dans un malaise récurrent : « Nous RFI parmi les sept représentants de l’Etat à ce conseil. demi, nous avons signé 36 accords 52 %, il va falloir brider ce chiffre et du quotidien. L’éditeur du Parisien avons voulu apporter de l’oxygène, avec les partenaires, soit plus d’un le faire reculer. » Si le président de et de l’Equipe détient désormais la c’est fait », dit-il. Il s’est montré par mois, pour mettre à jour les dos- Radio France estime pouvoir trou- minorité de blocage de ce titre, que fidèle à son credo : « La mission est teurs – et par le développement du me l’intranet qui devrait relier les siers, les évolutions de carrière ».Il ver des moyens à l’intérieur du possédait auparavant la Nouvelle exceptionnelle mais l’entreprise est multimédia. personnels de France et du monde n’a pu éviter certains écueils, com- groupe, il aura encore besoin de République du Centre-Ouest normale. » La métamorphose a été récom- grâce à 4 000 « boîtes aux lettres ». me les débats sur la réforme des fonds pour poursuivre la numérisa- (NRCO), dont la part baisse à 29 %. pensée par les chiffres de Médiamé- Outre la numérisation, M. Cava- cadres qui attend son issue ou l’af- tion : « Je souhaite avoir une a Une nouvelle Association « DIRECTION HOMOGÈNE » trie du 15 novembre : Radio France da souhaite également décentrali- faire des chroniqueurs de France meilleure marge de manœuvre et nationale des travailleurs des Les quatre antennes France Info, est forte de 29,7 % de parts de mar- ser Radio France en accordant aux Info qui protestaient contre leurs ne disait-elle pas métiers de la presse, regroupant France-Inter, France Culture et ché d’audience, France Info étant régions « des pouvoirs qui seraient conditions de travail. La direction que le service public, c’est la radio. 2 600 employés militants CGT de France Musiques sont désormais devenue la deuxième radio de Fran- mieux gérés grâce à la proximité ». restera surveillée à la loupe par les Je n’accepte pas que l’actionnaire Sud-Ouest, Nice-Matin, L’Indépen- dirigées par des directions autono- ce avec 13,2 % : « Nous avons réussi Les 42 locales devraient être mises syndicats en particulier sur le dos- considère que la vétusté soit le lot dant, Midi Libre, des sociétés agen- mes et maîtresses de leur antenne : à combiner une complémentarité sous la tutelle de cinq ou six gran- sier de la numérisation qui devrait commun de Radio France », termi- ces et diffusion (SAD) de Nice et Pascal Delannoy, Jean-Luc Hesse, des marques et montré que le service des circonscriptions. entraîner un immense redéploie- ne M. Cavada qui devrait signer le Bordeaux, des correcteurs, des Laure Adler et Pierre Bouteiller. Le public avait un savoir-faire. Les évé- Autre réforme : France-Inter. Le ment des métiers : « Nous n’engage- contrat d’objectifs de Radio France rotativistes et de Paris Diffusion réseau régional a été harmonisé : il nements du 11 septembre nous ont bruit court que les locaux ne rons rien sans avoir négocier aupara- avant la fin de l’année. Presse devrait voir le jour lors est aujourd’hui composé du réseau aidés mais ils ont été les mêmes pour devraient pas être les seuls à être vant », promet M. Cavada. Si la d’une assemblée générale, le Bleu des radios locales, des FIP et toutes les radios », explique le prési- remis à neuf. La direction de la CGT condamne violemment la ges- Bénédicte Mathieu 12 décembre Au siège du groupe, l’ère de l’ouverture succède à celle du repli sur soi DES RONDEURS et des flè- dévolue aux archives. Elle recèle ches. Partout, dans sa rotondité, deux radios qui ne sont pas les la Maison de Radio France est siennes : RMC Moyen-Orient et ponctuée d’une impressionnante Radio France Internationale (RFI). signalétique qui est chargée de Cette dernière, qui n’appartient plus au groupe depuis 1982, est REPORTAGE locataire. Longtemps, tournée en rond, la « Radio France est Maison de Radio France s’est con- une grande maison, fortablement repliée sur elle- pas une grande même. L’un de ses présidents a famille », y souffle-t-on même qualifié le quotidien de vie intra-utérine. A l’intérieur, c’est vrai, le visiteur est happé par cette guider le visiteur jusqu’à son hôte ambiance feutrée. Les sons sont sans encombre. Cette débauche ailleurs et les gens qui passent de panneaux, raconte-t-on, aurait préoccupés. été consentie à la suite du cuisant accueil qui avait été réservé à LES CLOISONS TOMBENT Jean Maheu en 1989. Le nouveau Les choses ont changé. Depuis président de Radio France s’était quelques années, les fenêtres sont perdu pendant qu’un inconnu ouvertes. La maison regarde la Sei- était accueilli par erreur à sa place ne, Paris et le monde. La fameuse par l’équipe du journal de la allée des Cyprès qui accueillait au mi-journée. neuvième étage les collaborateurs L’endroit est truffé de rumeurs mis au « placard » a disparu. Avec de malheureux perdus dans des l’arrivée de Jean-Marie Cavada, les couloirs, dont on entend les pas cloisons ont commencé a tomber. mais que l’on ne voit pas venir : les Le jeu de dominos commencé à courbes, bien sûr. Dans une histoi- France Info devrait se poursuivre à re poétique – La Cathédrale des France Inter, accompagnant les ondes, éditions Plume, 1993 –, Féli- changements de la radio, sur sa cie Dubois narre ces anecdotes grille comme dans ses couloirs. savoureuses – ces travailleurs clan- « Radio France est une grande destins : celui qui voulait impres- maison, pas une grande famille », sionner sa fiancée ; ces journalis- souffle-t-on pourtant. La concur- tes improvisés : ce coursier venu rence est rude, le service public attendre un ami et envoyé à sa pla- sait aussi être cruel. Il y a beau- ce réaliser un entretien… L’eau sur coup d’egos, comme partout dans laquelle la maison est bâtie donne la presse, avec ce sentiment d’exis- encore lieu à des océans d’histoi- ter sur le fil du rasoir ; en atten- res parfois ensorcelées que des col- dant d’être, ici, remplacé par celui laborateurs s’amusent à se racon- ou celle qui aura une meilleure ter au fil des années. voix. Il y a les stars que l’on con- Inaugurée le 14 décembre naît, qui sont affichées sur de vas- 1963 par le général de Gaulle, la tes posters dans les couloirs de Maison de Radio France fut imagi- France Inter, et les autres, plus née ronde par son architecte, Hen- émouvantes, comme ces voix qui ry Bernard, qui voulait en faire un disent la météo marine. Elles ont lieu « ami des sons et ennemi du leurs admirateurs : ces navigateurs bruit » et qui entendait ainsi éviter souvent reconnaissables à leur toute réverbération. Ainsi, après caban, qui débarquent au studio les vastes halls sonores du rez-de- de France Inter lors du Salon nauti- chaussée, où le public se presse le que. Ils viennent remercier ces jour pour assister aux émissions voix du bout du monde qui leur ou le soir pour les concerts de l’Or- ont tenu compagnie tous les jours, chestre national de France ou de pendant une demi-heure, en cabo- Radio France, les studios – dont le tage ou plus loin dans les 50es Rugis- mythique 104 – sont nichés côté sants, parfois six mois durant. cour pour être protégés de la rue. La tour qui surplombe le cercle est B. M. FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 23

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

5076,44 5282,50 4566,83 l’OCDE mardi. Au deuxième semes- vient d’acquérir la chaîne 5405 5471 4916 Un déficit commercial tre de cette année, le PIB européen AFFAIRES TeleColombus et tente de 5074 5264 4663 devrait progresser de 0,4 % seule- reprendre la part de Rupert 4742 5056 4411 américain ment, puis de 1,4 % au premier INDUSTRIES Murdoch dans KirchPayTV, filiale 4411 4848 4158 semestre de l’année prochaine, de Kirch. avant de nettement remonter, à 4079 4641 3905 en trompe l’œil b LEVI STRAUSS : le fabricant 2,7 % au second semestre 2002 et b 3748 4433 3652 américain de jeans a obtenu SODEXHO ALLIANCE : Pierre [[[ [[[ [[[LES ATTENTATS du 11 septem- 3,1 % au premier semestre 2003. gain de cause, mardi Bellon, PDG du groupe de 21 A. 5 O. 21 N. 21 A. 5 O. 21 N. 21 A. 5 O. 21 N. bre ont entraîné une forte réduc- 20 novembre, auprès de la Cour restauration collective,a tion du déficit commercial améri- a FRANCE : la consommation Indices cours Var. % Var. % de justice des communautés annoncé, mardi, qu’il avait décidé Europe 9h57 f se´lection 21/11 20/11 31/12 cain en septembre, mais cette amé- des ménages français en produits européennes contre le groupe de « prendre du recul » et donner EUROPE EURO STOXX 50 3741,37 – 0,16 – 21,60 lioration, très exceptionnelle, ne manufacturés (25 % des dépenses britannique de supermarchés « une responsabilité accrue » à son EUROPE STOXX 50 3670,10 – 0,11 – 19,46 signifie rien de bon pour l’écono- de consommation) a reculé de Tesco. La cour a fait droit au directeur général Albert George à EUROPE EURO STOXX 324 309,86 – 0,22 – 20,91 mie américaine en récession. 0,4 % au mois d’octobre, en don- groupe américain d’interdire les qui il a cédé la direction EUROPE STOXX 653 295,67 – 0,19 – 17,82 Le déficit de la balance commercia- nées corrigées des variations sai- exportations dans l’Union opérationnelle de l’ensemble du PARIS CAC 40 4566,83 – 0,58 – 22,94 le des biens et services a chuté de sonnières, après une baisse de er européenne de jeans à prix réduits groupe depuis le 1 novembre. PARIS MIDCAC ...... 31 % en septembre pour tomber à 0,1 % en septembre (chiffre révi- en provenance de pays tiers. PARIS SBF 120 3132,82 – 0,64 – 22,12 18,7 milliards de dollars (21,25 mil- sé), selon les données communi- b ONE.TEL : la filiale française PARIS SBF 250 ...... liards d’euros), contre 27,1 mil- quées par l’INSEE, mercredi. Cette b UNILEVER: le groupe de l’opérateur téléphonique PARIS SECOND MARCHE´ ...... liards de dollars en août (et consommation a progressé de 3 % anglo-néerlandais en pleine australien, en redressement AMSTERDAM AEX 499,59 – 0,43 – 21,65 29,2 milliards de dollars en juillet), en octobre 2001 par rapport à octo- restructuration a annoncé, mardi, judiciaire depuis juin, a été BRUXELLES BEL 20 2689,72 – 0,06 .... a annoncé, mardi 20 novembre, le bre 2000, selon l’INSEE. la cession de sa filiale rachetée par le groupe Iliad mardi. FRANCFORT DAX 30 5076,44 – 0,39 .... département du commerce. La a La croissance française attein- DiverseyLever, spécialisée dans les Présent depuis 1999 en France, LONDRES FTSE 100 5282,50 – 0,31 – 15,11 baisse du déficit commercial en dra 2 % en 2001 et 1,6 % en 2002, services de nettoyage industriels One.Tel revendique 450 000 MADRID STOCK EXCHANGE 8484,10 – 0,66 – 6,87 septembre est la plus forte depuis selon les prévisions publiées, mar- et professionnels à l’américain clients et emploie 120 salariés, qui MILAN MIBTEL 30 32569 0,43 – 25,50 1992, date depuis laquelle le dépar- di, par l’OCDE, qui estime néan- Johnson Wax Professionnal pour vont être repris par Iliad. SPI 6473,60 – 0,12 .... tement publie ces statistiques sous moins qu’il y aura un redresse- 1,6 milliard de dollars. leur forme actuelle. Il s’agit aussi ment à 3 % en 2003. L’OCDE revoit b KPN : l’opérateur ´ du déficit le plus faible depuis ainsi fortement à la baisse ses pré- b MAN : le constructeur téléphonique néerlandais va AMERIQUES mars 1999. visions de mai, qui étaient de 2,6 % allemand de poids lourds, qui a lancer une augmentation de La réduction du déficit s’explique, pour 2001 et 2,7 % pour 2002. enregistré entre janvier et capital de 5 milliards d’euros. La NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR sur le papier, par le recul nette- a La France a enregistré en sep- septembre une chute de son vente de cette nouvelle tranche 9901,38 1880,51 0,880 ment plus important des importa- tembre un excédent de ses transac- bénéfice imposable (68 millions d’actions sera garantie par le 10421 1934 0,931 tions (– 14 %) que des exportations tions courantes en nette baisse, à d’euros contre 515 millions un an gouvernement néerlandais et un 9984 1832 0,920 (– 8,5 %). Ce repli est également dû 1,9 milliard d’euros, après 4,4 mil- auparavant) a annoncé la groupe de banques. Le prix de aux milliards de dollars des compa- liards d’euros en août, selon les 9547 1729 0,910 suppression de 6 000 emplois d’ici vente est fixé à 4,05 euros, soit gnies d’assurances étrangères données corrigées des variations la fin de 2002, soit 2 000 de plus une décôte de 33 % par rapport au 9109 1627 0,900 reçus par les entreprises américai- saisonnières publiées, mardi, par que prévu. cours actuel de l’action. 8672 1525 0,889 nes pour les dédommager des le ministère français des finances 8235 1423 0,879 attentats du 11 septembre. Ces et la Banque de France. b [[[ [[[ [[[ NOVARTIS : le groupe FINANCES 21 A. 9 O. 20 N. 21 A. 8 O. 20 N. 21 A. 5 O. 21 N. chiffres vont conduire à réviser en pharmaceutique suisse a reçu le nette baisse l’activité économique a GRANDE-BRETAGNE : les feu vert des autorités japonaises b CONSORS : le deuxième Indices cours Var. % Var. % au troisième trimestre. finances publiques britanniques Ame´rique 9h57 f se´lection 20/11 19/11 31/12 pour commercialiser un nouveau courtier en ligne européen sera a L’indice composite des princi- ont dégagé un excédent de E´TATS-UNIS DOW JONES 9901,38 – 0,75 .... médicament, le Glivec. Après les revendu par le consortium paux indicateurs économiques aux 5,908 milliards de livres sterling E´TATS-UNIS S&P 500 1142,66 – 0,73 – 13,45 Etats-Unis et l’Union européenne, bancaire qui vient de racheter sa Etats-Unis, censé préfigurer l’évo- (9,847 milliards d’euros) en octo- E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1880,51 – 2,79 – 23,88 il s’agit de la troisième grande maison mère, SchmidtBank, a lution de la conjoncture dans les bre, contre un déficit de 3,84 mil- TORONTO TSE INDEX 7381,21 – 0,56 – 17,38 autorisation de mise sur le marché indiqué son patron, Karl SAO PAULO BOVESPA 12638,13 .... – 17,18 six à neuf prochains mois, a pro- liards de livres en septembre (chif- pour ce produit. Matthaeus Schmidt, au quotidien MEXICO BOLSA 321,21 – 0,24 1,65 gressé de 0,3 % en octobre par rap- fre révisé), a indiqué, mardi, l’Offi- allemand Die Welt de mercredi BUENOS AIRES MERVAL 204,87 – 6,08 – 50,84 port à septembre, après deux mois ce national des statistiques. b a LTV : le quatrième 21 novembre. Ce consortium SANTIAGO IPSA GENERAL 112,71 – 1,22 17,41 consécutifs de baisse, a annoncé, La Grande-Bretagne a enregis- sidérurgiste américain a comprend Deutsche Bank, CARACAS CAPITAL GENERAL 6305,51 – 0,77 – 7,61 mardi, le Conference Board, un ins- tré en septembre un déficit com- demandé, mardi, au tribunal des HypoVereinsbank, Dresdner titut privé de conjoncture. mercial de 2,247 milliards de livres faillites, l’autorisation de liquider Bank, Commerzbank et sterling (3,745 milliards d’euros), ses actifs. Placé sous chapitre 11 Bayerische Landesbank. ASIE - PACIFIQUE a OCDE : pour la première fois après un déficit de 3,389 milliards depuis un an, le groupe n’a plus depuis vingt ans, la croissance des de livres en août, a annoncé mardi assez de liquidités pour continuer b CDR : nommé, mardi, en TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN pays de l’Organisation pour la coo- l’Office national des statistiques. son activité. 7 500 emplois sont remplacement de Raymond 10661,08 11173,92 108,54 pération et le développement éco- menacés et 52 000 retraités Lévy à la tête du conseil de nomiques (OCDE) devrait être légè- a ITALIE : le Fonds monétaire 11396 11440 110,6 pourraient perdre leur retraite. surveillance du Consortium de rement négative au second semes- international (FMI) a révisé son réalisation, chargé de céder les 11018 10940 109,7 tre de cette année (– 0,3 %), victi- estimation de la croissance pour SERVICES actifs compromis du Crédit 10639 10441 108,7 me du choc consécutif aux atten- l’Italie, prévoyant une hausse de lyonnais, Jean-Pierre Aubert a 10261 9941 107,8 tats du 11 septembre. La croissan- 1,2 % en 2002, au lieu de 2 % précé- b BERTELSMANN : le troisième indiqué que « solder les dossiers de 9882 9442 106,8 ce dans la zone OCDE devrait demment, en raison surtout du groupe mondial de contentieux et de créances » 9504 8942 105,9 ensuite rester très faible au pre- ralentissement économique mon- communication a demandé, constituait « un beau challenge ». [[[ [[[ [[[mier semestre 2002, selon le rap- dial et des répercussions des atten- mardi, à l’Office allemand des 21 A. 5 O. 21 N. 21 A. 5 O. 21 N. 21 A. 5 O. 21 N. port semestriel sur les perspectives tats aux Etats-Unis, a annoncé, cartels que « le marché du câble RÉSULTATS Indices cours Var. % Var. % économiques mondiales publié mardi, FMI. L’estimation de crois- en Allemagne reste ouvert » et que Zone Asie 9h57 f se´lection 21/11 20/11 31/12 mardi. sance pour 2001 reste de 1, 8 %. « tous les acteurs continuent de a AIR LIB: le déficit de la compa- TOKYO NIKKEI 225 10661,08 0,81 – 22,67 a La hausse des prix à la consom- bénéficier d’un accès égal au gnie aérienne (ex AOM-Air Liber- HONGKONG HANG SENG 11173,92 – 0,46 – 25,98 a ZONE EURO : les pays de la mation en Italie en novembre a câble ». Bertelsmann s’inquiète de té) devrait approcher les 600 mil- SINGAPOUR STRAITS TIMES 1461,58 1,02 – 24,15 zone euro devraient enregistrer été estimée, mardi, entre 2,3 % et la montée en puissance de lions de francs fin 2001, contre 460 SE´OUL COMPOSITE INDEX 76,55 – 0,12 20,84 une croissance limitée du PIB 2,4 % sur douze mois, d’après les l’américain Liberty Media. Après millions de francs initialement pré- SYDNEY ALL ORDINARIES 3272,50 – 0,48 3,73 total, en augmentation de 1,6 % prix relevés dans un échantillon de le rachat, en août, de six des neuf vus, a-t-on appris de source syndi- BANGKOK SET 18,99 2,65 1,93 cette année et de 1,4 % en 2002. Il grandes villes et selon les calculs réseaux câblés détenus par cale à l’issue d’un Comité d’entre- BOMBAY SENSITIVE INDEX 3246,70 0,47 – 18,26 doit cependant rebondir, à 3,0 %, des agences de presse italiennes Deutsche Telekom, Liberty Media prise (CE), mardi. WELLINGTON NZSE-40 2024,06 – 0,90 6,44 en 2003, selon les prévisions de Ansa et Radiocor.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 20/11 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4455 Action Lufthansa PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9125 Lufthansa va licencier LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,3660 en euros à Francfort LA BOURSE de Paris a ouvert en LES MARCHÉS américains étaient PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 33,1720 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6941 24 baisse de 0,97 % mercredi, l’indice en recul, mardi 20 novembre, en pour la première fois 16,19 SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4044 CAC 40 des valeurs vedettes de la raison de prises de bénéfices. Le PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,8820 le 20 nov. depuis dix ans 22 place parisienne s’établissant à Dow Jones a cédé 0,75 %, à FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,1255 FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....249,8800 4 548,92 points. Il avait terminé 9 901,38 points et l’indice composi- MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 27692 L’ACTION de la compagnie aérien- 20 mardi sur un repli de 1,44 % à te du Nasdaq, riche en valeurs de DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,6152 ne nationale allemande a ouvert 4 593,52 points. technologies, a fléchi de 2,79 %, à 18 en baisse mercredi 21 novembre à 1 880,51 points. Le Standard Coursdechangecroise´s la Bourse de Francfort. Dans les 16 FRANCFORT & Poor’s 500, plus représentatif de premières transactions, le titre la tendance générale, a fini en bais- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 21/11 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. Lufthansa perdait 0,62 %, à 14 LA BOURSE de Francfort a ouvert se de 0,73 %, à 1 142,66 points. Une DOLLAR ...... 0,81133 0,88075 0,13427 1,41890 0,60412 16,05 euros. La veille, l’action avait en légère baisse mercredi, l’indice résistance importante au niveau YEN ...... 123,25500 ..... 108,54500 16,55000 174,91000 74,45500 cédé un peu de terrain, terminant 12 DAX des principales valeurs cotées psychologique de 10 000 points EURO...... 1,13540 0,92128 ..... 0,15245 1,61115 0,68600 la séance à 16,19 euros, en léger sur le marché allemand cédant pour le Dow Jones et de 2 000 FRANC...... 7,44770 6,04320 6,55957 ..... 10,56840 4,49970 LIVRE ...... 0,70477 0,57180 0,62070 0,09465 ..... 0,42575 10 repli de 0,31 %. L’annonce, quel- 0,09 %, à 5 091,49 points, dans points pour le Nasdaq freine la pro- FRANC SUISSE ...... 1,65530 1,34305 1,45780 0,22230 2,34870 ..... ques heures plus tôt, d’importants les premiers échanges, contre gression, selon les investisseurs. licenciements, pouvant aller jus- 8 5 096,18 points la veille. Taux d’inte´reˆt(%) Matif qu’à 4 000, n’a eu aucune inciden- M J J A S O N TAUX ce sur les transactions. C’est la pre- 2001 Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier LONDRES Taux 20/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 21/11 prix prix mière fois depuis la crise qui a frap- Source : Bloomberg LES RENDEMENTS des emprunts FRANCE ...... 3,25 3,26 4,69 5,18 Notionnel 5,5 pé le transport aérien au début des LES MARCHÉS d’actions anglais d’Etat européens étaient stables, ALLEMAGNE .. 3,32 3,33 4,55 5,10 DE´CEMBRE 2001 13 90,85 90,83 années 1990 que Lufthansa, qui devraient être le service du trans- ont ouvert en baisse mercredi, l’in- mercredi matin 21 novembre, peu GDE-BRETAG. 3,44 3,84 4,67 4,43 Euribor 3 mois emploie 85 000 salariés, annonce port de passagers au sol ainsi que dice Footsie des cent principales affectés par le repli des marchés ITALIE...... 3,32 3,30 4,88 5,46 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,03 0,02 1,36 2,40 de telles mesures. la filiale de restauration, LSG Sky valeurs reculant de 16,8 points américains. Les taux se tendaient E´TATS-UNIS... 2,03 1,94 4,80 .... Ces licenciements ne sont pas une Chef. (- 0,32 %), à 5 281,9 points, contre légèrement. Celui de l’obligation SUISSE ...... 1,85 2,05 3,08 3,74 Pe´trole surprise : depuis plusieurs semai- Lufthansa a aussi annoncé un 5 298,70 points la veille. assimilable du Trésor (OAT) fran- PAYS-BAS...... 3,29 3,30 4,71 5,17 Cours Var. % nes, direction et syndicats de la recul de 13,3 % du nombre de pas- çais à dix ans s’inscrivait à 4,711 %, En dollars f 20/11 19/11 compagnie aérienne sont à la sagers transportés en octobre et tandis que celui du Bund, son TOKYO Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 18,99 + 1,28 recherche d’un consensus sur la un taux d’occupation des sièges de homologue allemand, s’établissait WTI (NEW YORK) ...... 17,72 .... Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 18,71 + 5,47 réduction des coûts. Faute d’un 65,4 %, en raison de l’impact des L’INDICE Nikkei a fini, mercredi à 4,568 %. En dollars f 20/11 19/11 accord, Juergen Weber, président attentats du 11 septembre aux 21 novembre, sur un gain de ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE du directoire, avait menacé de pro- Etats-Unis. En dépit de ces statisti- 0,81 %, à 10 661,08 points, entraîné MONNAIES CUIVRE 3 MOIS...... 1474 – 0,34 Or céder à des licenciements secs à ques, les analystes sont plutôt opti- à la hausse par le secteur bancaire. ALUMINIUM 3 MOIS...... 1363,50 – 0,47 PLOMB 3 MOIS ...... 486,50 – 0,92 partir du 15 novembre. Une derniè- mistes : Crédit suisse First Boston Les investisseurs, qui espèrent que LA DEVISE européenne baissait Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 4045 – 0,98 En euros f 20/11 19/11 re réunion s’est tenue à la veille du estime que la compagnie alleman- les banques japonaises adopteront légèrement face au dollar, mercre- ZINC 3 MOIS...... 797,50 – 0,56 NICKEL 3 MOIS...... 5235 – 1,60 OR FIN KILO BARRE ...... 9900 – 0,50 week-end, au cours de laquelle les de est l’une des mieux placées face une approche plus réaliste pour di matin, sur le marché des chan- OR FIN LINGOT...... 9910 – 1,69 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE syndicats ont proposé un plan de à ses homologues européennes et régler leurs problèmes de créances ges, et cotait 0,8812 dollar. L’euro ONCE D’OR (LO) $ ...... 272,95 – 11,09 ARGENT A TERME ...... 4,08 + 0,12 ` plus de 84 millions d’euros de reste une valeur attractive si on la douteuses, ont été rassurés en évoluait dans des marges étroites, PIECE FRANCE 20 F ...... 57,90 – 0,34 PLATINE A TERME ...... 59100,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 58 + 0,87 réduction des coûts. Mais, selon juge sur son potentiel en matière apprenant qu’Asahi Bank était la avant la publication de l’indice Ifo GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57,50 .... les organisations syndicales, la de création de valeur pour l’action- première à avouer que son résultat sur le climat des affaires en Allema- BLE´ (CHICAGO)...... 286,75 .... PIE`CE 10 DOLLARS US ... 210 – 2,10 MAIS (CHICAGO) ...... 213 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 395 .... direction a refusé en échange de naire. Dans l’immédiat, la compa- pour l’exercice avril 2001-mars gne, qui permettra de mesurer SOJA TOURTEAU (CHG.) 162,30 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 370,25 + 0,07 donner des engagements satisfai- gnie a reconnu perdre quotidienne- 2002 serait probablement défici- l’état de santé de la première éco- SOFTS $/TONNE sants sur le maintien de l’emploi. ment quelque 10 millions d’euros. taire, en partie parce qu’elle a nomie de la zone euro. Le dollar se CACAO (NEW YORK) ...... 1289 – 0,31 Cotations, graphiques et indices en temps Les principaux secteurs concernés accéléré ses efforts pour résorber tenait bien face à la devise japonai- CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». par ces réductions d’emplois François Bostnavaron de telles créances. se et s’échangeait à 123,26 yens. www.lemonde.fr/bourse 24 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 295,67 3741,37 377 4971 349 4551 296,99 VALEURS EUROPÉENNES 299,60 3748,04 3795,47 3746,07 b KPN : le titre de la société néer- cé la suppression de 321 4132 3741,37 296,06 landaise KPN Telecom s’inscri- 6 000 emplois d’ici à la fin de 292 295,67 3712 vait en baisse de 10,30 %, à 5,4 2002.

264 294,80 3292 euros, lors des premiers échan- b BASF : les actions du groupe 3708,25 ges, mercredi 21 novembre, à pharmaceutique allemand per- 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ Amsterdam. KPN avait annoncé daient 1,04 %, à 42,75 euros, à 21 NOV. 25 MAI 21 NOV. JVLMM 21 NOV. 25 MAI 21 NOV. JVLMM avant l’ouverture une perte tri- Francfort mercredi, alors que la mestrielle de 231 millions Commission européenne mena- NH HOTELES ES e 11,40 + 0,44 TECAN GRP N CH 72,02 .... SCHNEIDER ELECT FR e 51,50 – 0,58 WANADOO FR e 6,05 – 3,97 d’euros et une augmentation de ce de lui infliger une amende NXT GB 2,67 – 10,75 UNIBAIL FR e 56,90 + 0,35 SEAT PAGINE GIA IT e 0,99 – 1 WELLA AG VZ DE e 54 – 0,92 capital de 5 milliards d’euros. record de 350 millions d’euros P & O PRINCESS GB 5,78 – 2,44 VALLEHERMOSO ES e 7,33 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,99 – 1 f DJ E STOXX N CY G P 387,56 + 0,33 b PERSIMMON PLC GB 4,91 – 0,33 WCM BETEILIGUNG DE e 13,60 .... SECURICOR GB 1,94 + 6,14 MAN : le groupe de camion pour entente illicite sur les mar- PREUSSAG AG DE e 31,20 + 0,97 f DJ E STOXX FINS P 245,90 + 0,05 SECURITAS -B- SE 20,71 .... allemand a vu son action baisser chés des vitamines. RANK GROUP GB 3,44 + 0,47 SERCO GROUP GB 6,66 – 1,19 COMMERCE DISTRIBUTION RICHEMONT UNITS CH 2270,92 .... SGL CARBON DE e 27,20 – 0,37 de 1,97 %, à 22,45 euros, mercre- b ALITALIA : le cours de l’ac- ALLIANCE UNICHE GB 8,67 – 0,55 RYANAIR HLDGS IR e 12,80 + 0,79 SHANKS GROUP GB 2,75 .... ALIMENTATION ET BOISSON AVA ALLG HAND.G DE e 41 .... di à Francfort, après avoir annon- tion de la compagnie aérienne SAIRGROUP N CH 3,16 – 1,08 SIDEL FR e 50 – 0,10 BOOTS CO PLC GB 9,59 + 0,17 SAS DANMARK A/S DK 9,80 .... ALLIED DOMECQ GB 6,18 – 1,28 SINGULUS TECHNO DE e 28,90 – 1,20 cé un bénéfice de 68 millions italienne restait stable, à BUHRMANN NV NL e 10,85 + 0,46 SEB FR e 59,55 + 0,08 ASSOCIAT BRIT F GB 8 .... SKF -B- SE 20,71 .... d’euros, en baisse de 86,7 %, 1,09 euro, mardi à la clôture à e CARREFOUR FR e 58,05 + 0,69 SIX CONTINENTS GB 11,50 + 0,14 BBAG OE BRAU-BE AT 38,06 .... SMITHS GROUP GB 10,63 .... e CASTO.DUBOIS FR e 59 + 0,85 pour les neuf premiers mois de Milan. Alitalia a annoncé la sup- SODEXHO ALLIANC FR e 43,57 – 9,57 BRAU-UNION AT 38,72 .... SOPHUS BEREND - DK 23,03 .... CC CARREFOUR ES e 14,01 + 0,79 THE SWATCH GRP CH 102,54 – 1,48 CADBURY SCHWEPP GB 7,15 .... SPIRENT GB 2,91 – 2,16 l’année. Le groupe, très affecté pression de 3 500 emplois, soit CHARLES VOEGELE CH 52,64 + 0,99 THE SWATCH GRP CH 21,71 – 1,56 CARLSBERG -B- DK 46,07 – 0,29 STOLT NIELSEN LU e 120 .... par la chute des ventes, a annon- 15 % de ses effectifs. D’IETEREN SA BE e 146 .... TELE PIZZA ES e 1,82 + 0,55 CARLSBERG AS -A DK 41,90 .... TELE2 -B- SE 36,62 .... DEBENHAMS GB 6,28 + 0,26 THOMSON MULTIME PA 31,50 – 2,63 COCA COLA HBC GR 16,14 .... THALES FR e 39,20 + 0,51 DIXONS GROUP GB 3,69 + 1,32 WILSON BOWDEN GB 12,37 + 0,65 DANISCO DK 40,83 .... TOMRA SYSTEMS NO 12,39 .... e + GAL LAFAYETTE FR e 143 – 2,99 e WM-DATA -B- SE 2,69 .... DANONE FR 130 0,31 TPI ES e 4,62 .... KEMIRA FI 8 – 0,62 DE e 44,05 – e DELTA HOLDINGS GR 8,28 .... GEHE AG 0,45 Code Cours % Var. KON. VOPAK NV NL e 17,33 – 0,12 WOLFORD AG AT 10,51 – 1,96 TRAFFICMASTER GB 1 – 3,13 e 21/11 9h55 f DIAGEO GB 11,95 – 0,80 GUCCI GROUP NL 98,35 + 0,67 pays en euros 20/11 LONZA GRP N CH 657,75 – 0,10 WW/WW UK UNITS IR e 0,77 + 2,67 UNAXIS HLDG N CH 114,20 – 1,48 ELAIS OLEAGINOU GR 19,74 .... GUS GB 8,91 + 0,18 NORSK HYDRO NO 43,41 .... f DJ E STOXX CYC GO P 120 – 1,51 VA TECHNOLOGIE AT e 23 – 0,86 e – HENNES & MAURIT SE 22,10 .... e HEINEKEN HOLDIN NL 30,21 1,15 VEDIOR NV NL e 11,73 – 2,25 AUTOMOBILE RHODIA FR 11,10 – 0,54 KARSTADT QUELLE DE e 39,50 + 1,80 e HELLENIC SUGAR GR 9,58 .... DK 35,05 – 1,14 SE 20,34 SOLVAY BE 60,10 – 1,23 VESTAS WIND SYS GB 5,89 .... AUTOLIV SDR .... KAMPS DE e 8,95 – 1,10 e KINGFISHER e SYNGENTA N CH 56,10 + 0,06 PHARMACIE VINCI FR 65,70 .... BASF AG BE 43,10 – 0,23 KERRY GRP-A- GB 22,92 – 0,42 MARKS & SPENCER GB 5,30 – 0,60 e – VIVENDI ENVIRON FR e 43,11 + 0,91 BMW DE e 39,30 + 1,95 TESSENDERLO CHE BE 26 0,38 ACTELION N CH 43,18 + 3,37 + MATALAN GB 5,62 .... f + KINGFISHER GB 6,15 1,86 VOLVO -A- SE 17,35 .... CONTINENTAL AG DE e 14,05 – 2,09 DJ E STOXX CHEM P 346,25 0,05 ALTANA AG DE e 53,75 + 0,66 e METRO DE e 38,30 + 0,79 KONINKLIJKE NUM NL 26,95 + 0,26 VOLVO -B- SE 18,04 .... DAIMLERCHRYSLER DE e 47 .... AMERSHAM GB 10,29 – 0,62 e MFI FURNITURE G GB 2,18 + 0,74 MONTEDISON IT 2,70 – 0,74 WARTSILA CORP A FI e 19,80 .... FIAT IT e 19,60 .... ASTRAZENECA GB 51,07 + 1,05 NEXT PLC GB 14,65 + 0,11 ´ NESTLE N CH 238,68 + 0,29 XANSA GB 5,70 .... FIAT PRIV. IT e 14,40 + 0,70 CONGLOMERATS AVENTIS FR e 81,50 + 1,43 PINAULT PRINT. FR e 147,70 – 1,07 NORTHERN FOODS GB 2,67 .... ZARDOYA OTIS ES e 9,90 + 0,81 FR e 38,81 – 0,08 e BB BIOTECH CH 80,93 + 0,85 SIGNET GROUP GB 1,32 .... MICHELIN D’IETEREN SA BE 146 .... PARMALAT IT e 2,85 + 1,42 – e f DJ E STOXX IND GO P 338,80 0,92 PEUGEOT FR 50,15 + 0,93 GBL BE e 300,10 .... CELLTECH GROUP GB 15,69 – 0,91 PERNOD RICARD FR e 75,25 – 1,05 VALORA HLDG N CH 188,61 + 1,85 e e PIRELLI SPA IT 1,95 – 0,51 GEVAERT BE e 27,90 + 2,95 DISETRONIC HLDG CH 851,17 – 1,51 RAISIO GRP -V- FI e 0,95 .... VENDEX KBB NV NL 10,66 + 0,57 e e DR ING PORSCHE DE 392 + 1,03 INCHCAPE GB 9,39 + 1,04 ELAN CORP IR 50 + 0,50 SCOTT & NEWCAST GB 8,25 – 0,19 W.H SMITH GB 7,42 + 0,22 e e ASSURANCES RENAULT FR 40,30 + 1,38 KVAERNER -A- NO 1,96 .... ESSILOR INTL FR 32,60 + 1,84 SOUTH AFRICAN B GB 7,05 .... WOLSELEY PLC GB 7,53 .... e e VALEO FR 43,46 – 1,54 MYTILINEOS GR 6,10 .... FRESENIUS MED C DE 71,90 + 1,70 TATE & LYLE GB 5,36 – 0,60 AEGIS GROUP GB 1,53 – 5 f DJ E STOXX RETL P 299,19 + 0,49 e VOLKSWAGEN VZ DE 34,30 + 1,48 UNAXIS HLDG N CH 114,20 – 1,48 H. LUNDBECK DK 31,56 .... TOMKINS GB 3,16 – 1,50 AEGON NV NL e 29,78 – 0,73 f DJ E STOXX AUTO P 212,57 + 0,69 ORKLA NO 18,07 .... GALEN HOLDINGS GB 11,56 .... UNILEVER NL e 61,60 – 4,64 AGF FR e 58,05 + 0,09 SONAE SGPS PT e 0,82 .... GAMBRO -A- SE 6,99 .... WHITBREAD PLC GB 9,12 + 0,53 ALLEANZA ASS IT e 11,75 – 0,42 HAUTE TECHNOLOGIE f + GLAXOSMITHKLINE GB 29,87 + 0,27 ALLIANZ N DE e 263,80 .... DJ E STOXX RETL P 299,19 0,49 f DJ E STOXX F & BV P 223,05 + 0,34 AIXTRON DE e 26,36 – 2,73 BANQUES H. LUNDBECK DK 31,56 .... ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ALCATEL-A- FR e 20,14 – 3,87 NOVARTIS N CH 42,35 – 0,56 AXA FR e 25,73 – 0,08 ABBEY NATIONAL GB 17,10 – 0,47 ALTEC GR 3,02 .... TE´LE´COMMUNICATIONS NOVO-NORDISK -B DK 41,64 – 0,64 BALOISE HLDG N CH 103,40 – 0,17 ABN AMRO HOLDIN NL e 18,75 – 0,85 BIENS D’E´QUIPEMENT ARC INTERNATION GB 0,80 – 3,85 NOVOZYMES -B- DK 21,62 + 0,31 BRITANNIC GB 12,70 .... ALL & LEICS GB 12,27 – 1,42 EQUANT NV NL e 13,26 – 6,69 ARM HOLDINGS GB 6,38 – 3,64 ORION B FI e 19 – 0,52 ABB N CH 11,63 – 2,87 CATTOLICA ASS IT e 23,40 – 0,85 ALLIED IRISH BA GB 18,15 + 0,44 ATLANTIC TELECO GB 0,08 .... ASML HOLDING NL e 18,97 – 3,46 OXFORD GLYCOSCI GB 9,56 + 0,34 ADECCO N CH 58,64 – 0,47 CGNU GB 13,63 + 0,35 ALMANIJ BE e 34,51 – 1,09 BRITISH TELECOM GB 5,72 .... BAAN COMPANY NL e 2,61 – 2,97 PHONAK HLDG N CH 27,43 – 0,25 AGGREKO GB 6,34 + 1,28 CNP ASSURANCES FR e 36,08 – 1,12 ALPHA BANK GR 21,58 .... CABLE & WIRELES GB 5,85 – 0,82 BAE SYSTEMS GB 5,35 + 0,30 QIAGEN NV NL e 22,07 – 1,43 ALSTOM FR e 13,77 – 0,86 CODAN DK 16,79 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 9,45 + 0,11 COLT TELECOM NE GB 2,60 – 2,41 BALTIMORE TECH GB 0,32 .... ROCHE HLDG G CH 82,99 – 0,41 ALTRAN TECHNO FR e 49,90 – 1,29 CORP MAPFRE R ES e 18,50 .... B.P.EMILIA ROMA IT e 30,50 .... DEUTSCHE TELEKO DE e 18,98 – 2,16 BROKAT TECHNOLO DE e 0,58 – 3,33 SANOFI SYNTHELA FR e 74,75 + 1,01 ALUSUISSE GRP N CH 864,20 .... ERGO VERSICHERU DE e 165,90 + 0,73 B.P.LODI IT e 8,90 – 0,67 E.BISCOM IT e 54 – 1,10 BULL FR e 1,15 – 11,54 SCHERING AG DE e 61 + 0,83 ARRIVA GB 5,03 .... ETHNIKI GEN INS GR 12 .... B.P.NOVARA IT e 5,98 + 2,40 EIRCOM IR e 1,33 .... BUSINESS OBJECT FR e 38,25 – 2,55 SERONO -B- CH 946,50 – 1,43 ASSA ABLOY-B- SE 15,80 .... EULER FR e 43 – 3,37 B.P.SONDRIO IT e 10,10 .... ELISA COMMUNICA FI e 13,50 .... CAP GEMINI FR e 72,90 – 4,83 SHIRE PHARMA GR GB 14,69 – 1,61 ASSOC BR PORTS GB 6,81 .... FONDIARIA ASS IT e 6,10 + 1,67 B.P.VERONA E S. IT e 9,95 + 0,30 ENERGIS GB 1,24 – 7,23 COMPTEL FI e 3,84 – 1,79 SMITH & NEPHEW GB 5,62 + 3,24 ATLAS COPCO -A- SE 24,56 .... FORTIS (B) BE e 28,76 + 0,07 BANCA ROMA IT e 2,55 – 0,39 EUROPOLITAN HLD SE 7,31 .... DASSAULT SYST. FR e 51,40 – 2,10 SSL INTL GB 8,09 .... ATLAS COPCO -B- SE 22,96 .... FRIENDS PROVIDE GB 3,10 + 1,58 BANCO SABADELL ES e 15,28 + 0,33 FRANCE TELECOM FR e 45,17 – 7,82 ERICSSON -B- SE 5,98 .... SULZER AG 100N CH 178,33 – 0,95 ATTICA ENTR SA GR 5,54 .... GENERALI ASS IT e 30,60 + 0,16 BANK OF IRELAND GB 16,30 – 1,07 HELLENIC TELE ( GR 20,24 .... F-SECURE FI e 1,41 – 1,40 SYNTHES-STRATEC CH 792,18 – 0,43 BAA GB 9,28 – 0,52 GENERALI HLD VI AT e 148,20 + 0,30 BANK OF PIRAEUS GR 10,46 .... KINGSTON COM GB 2,06 + 4,07 FILTRONIC GB 6,21 – 8,08 INDEPENDENT INS GB 0,10 .... BANKINTER R ES e 33,91 + 1,07 KONINKLIJKE KPN NL e 5,50 – 8,64 (Publicite´) FINMATICA IT e 20,58 .... INTERAM HELLEN GR 4,98 .... BARCLAYS PLC GB 35,65 – 0,09 KPNQWEST NV -C- NL e 8,09 + 0,75 GETRONICS NL e 3,65 – 5,44 IRISH LIFE & PE GB 12,19 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 40,10 + 1,52 LIBERTEL NV NL e 10,25 + 0,29 GN GREAT NORDIC DK 6,65 + 1,43 LEGAL & GENERAL GB 2,47 .... BBVA R ES e 13,81 – 1,85 VODAFONE N DE e 209,75 .... INFINEON TECHNO DE e 20,50 – 3,76 MEDIOLANUM IT e 9,95 + 1,53 BCA AG.MANTOVAN IT e 8,72 – 0,23 MOBILCOM DE e 26,60 + 0,57 INFOGRAMES ENTE FR e 15,51 – 3,06 MUENCH RUECKVER DE e 303,30 – 0,30 BCA FIDEURAM IT e 8,20 + 0,74 OLD MUTUAL GB 1,83 – 1,72 INTRACOM R GR 15,52 .... POHJOLA GRP.B FI e 18,50 – 1,07 BCA LOMBARDA IT e 8,82 – 0,56 OLIVETTI IT e 1,36 – 0,73 KEWILL SYSTEMS GB 0,96 – 6,25 PRUDENTIAL GB 12,43 + 0,39 BCA P.BERG.-C.V IT e 17,65 + 0,17 PANAFON HELLENI GR 6,04 .... LEICA GEOSYSTEM CH 122,77 .... RAS IT e 13,45 – 0,30 BCA P.MILANO IT e 3,91 + 0,26 PT TELECOM SGPS PT e 8,80 .... LOGICA GB 14,02 – 0,34 ROYAL SUN ALLIA GB 6,36 – 0,25 BCO POPULAR ESP ES e 37,44 + 0,78 SONERA FI e 5,28 – 5,04 LOGITECH INTL N CH 38,58 – 3,02 SAI IT e 14,94 + 1,63 BCP R PT e 4,55 .... SONG NETWORKS SE 0,94 .... MARCONI GB 0,61 – 2,56 SAMPO-LEONIA -A FI e 8,80 + 0,57 BIPOP CARIRE IT e 2,07 + 1,47 SWISSCOM N CH 311,39 + 1 Tous les week-ends MB SOFTWARE DE e 0,20 .... SCHW NATL VERS CH 587,11 .... BK OF SCOTLAND GB 13,28 .... T.I.M. IT e 6,57 – 1,05 NOKIA FI e 26,15 – 1,28 SCOR FR e 39,64 + 1,38 BNL IT e 2,60 .... TDC DK 37 – 2,30 OCE NL e 9,76 + 0,10 faites un bon SKANDIA INSURAN SE 8,06 .... BNP PARIBAS FR e 99,20 .... TELE2 -B- SE 36,62 .... ROY.PHILIPS ELE NL e 30,12 – 2,02 ST JAMES’S PLAC GB 5,70 .... BSCH R ES e 9,74 – 1,12 VODAFONE PT e 8,90 .... PSION GB 1,38 – 3,37 STOREBRAND NO 6,13 .... COMM.BANK OF GR GR 39,32 .... TELECOM ITALIA IT e 9,59 – 1,24 placement SAGE GRP GB 4 – 2,35 SWISS LIFE REG CH 555,56 + 0,50 COMMERZBANK DE e 21,25 + 0,47 TELECOM ITALIA IT e 5,70 – 2,23 SAGEM FR e 60,25 + 0,25 SWISS RE N CH 115,05 – 0,30 CREDIT LYONNAIS FR e 37,86 + 0,61 TELEFONICA ES e 15,50 – 1,46 SAP AG DE e 129,10 – 0,69 TOPDANMARK DK 25,52 .... CS GROUP N CH 45,58 – 1,19 TELEF.MOVILES ES e 8,75 – 1,91 SAP VZ DE e 153,99 .... ZURICH FINL SVC CH 301,78 + 0,92 DANSKE BANK DK 18 .... TELENOR NO 4,55 .... SEZ HLDG N CH 45,78 + 1,21 Le Monde Argent, un supplément f 338,62 + 0,12 DEUTSCHE BANK N DE e 74,50 – 0,07 TELIA SE 5,17 .... DJ E STOXX INSU P SIEMENS AG N DE e 66 – 0,75 DEXIA BE e 17,40 + 0,29 TISCALI IT e 10,70 – 9,93 SPIRENT GB 2,91 – 2,16 DNB HOLDING NO 4,78 .... VERSATEL TELECO NL e 1,31 – 4,38 du 123 STMICROELECTRON FR e 36,98 – 2,17 DRESDNER BANK N DE e 40,25 – 0,12 VODAFONE GROUP GB 2,87 – 2,19 MEDIAS THINK TOOLS CH 19,89 – 1,36 EFG EUROBK ERGA GR 16,46 .... f DJ E STOXX TCOM P 482 – 2,33 en vente chaque samedi BSKYBGROUP GB 13,09 – 1,81 THUS GB 0,98 .... ERSTE BANK AT e 56,60 – 0,89 CANAL PLUS FR e 3,64 – 0,27 TIETOENATOR FI e 29,25 – 2,01 e ESPIRITO SANTO PT 14,55 .... avec l’édition datée dimanche-lundi CAPITAL RADIO GB 13,15 .... f DJ E STOXX TECH P 469,35 – 1,59 FOERENINGSSB A SE 12,49 .... CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI GB 3,90 – 1,62 HALIFAX GROUP GB 13,36 .... ACCIONA ES e 41,54 + 1,32 DLY MAIL & GEN GB 11,76 + 1,53 HSBC HLDG GB 13,52 + 0,36 e ACESA R ES e 10,40 + 1,17 ELSEVIER NL 13,17 + 0,53 SERVICES COLLECTIFS IKB DE e 13,80 .... e + EMAP PLC GB 11,80 + 0,68 e ACS ES 27,39 1,44 e ACEA IT 8,26 – 1,20 INTESABCI IT e 2,69 .... UCB BE 41,88 + 0,60 BBA GROUP PLC GB 4,69 .... e AGGREGATE IND GB 1,41 – 2,22 FOX KIDS EUROPE NL 12,75 – 0,70 AEM IT e 2,26 – 0,88 JULIUS BAER HLD CH 397,12 – 0,34 WILLIAM DEMANT DK 28,88 .... BODYCOTE INTL GB 3,37 + 1,94 AKTOR SA GR 8,30 .... FUTURE NETWORK GB 0,75 + 2,17 GB 3,90 – e GB 10,57 – 1,20 – BRITISH ENERGY 6,54 KBC BANCASSURAN BE 32,96 – 1,02 + WS ATKINS BRAMBLES INDUST GB 5,73 0,56 GRANADA GB 2,38 – 0,67 AMEY GB 6,33 0,51 e e CENTRICA GB 3,48 + 0,93 LLOYDS TSB GB 11,92 .... ZELTIA ES 9,21 – 0,22 BUDERUS AG DE 27,95 – 0,18 e AUREA R ES e 23,06 – 1,03 GRUPPO L’ESPRES IT 3,63 – 0,27 EDISON IT e 8,78 + 0,11 MONTE PASCHI SI IT e 2,99 + 0,67 f DJ E STOXX HEAL 529,63 + 0,86 CAPITA GRP GB 7,48 – 1,06 BOUYGUES FR e 36,52 – 1,85 GWR GROUP GB 4,10 – 1,92 ELECTRABEL BE e 229,50 – 0,30 NAT BANK GREECE GR 28,36 .... CDB WEB TECH IN IT e 3,98 – 0,75 e BPB GB 4,50 .... HAVAS ADVERTISI FR 9,09 – 0,66 ELECTRIC PORTUG PT e 2,57 .... NATEXIS BQ POP. FR e 96,55 – 0,26 CGIP FR e 34 – 2,30 e BRISA AUTO-ESTR PT e 9,50 .... INDP NEWS AND M IR 1,84 .... ENDESA ES e 18,11 + 0,06 NORDEA SE 5,50 .... E´NERGIE CHUBB GB 2,44 + 1,33 BUZZI UNICEM IT e 7,25 – 0,68 INFORMA GROUP GB 3,45 – 3,59 ENEL IT e 6,59 – 0,15 ROLO BANCA 1473 IT e 17,01 – 0,87 CIR IT e 1,06 .... e CIMPOR R PT e 19,20 .... BG GROUP GB 4,22 + 2,33 LAGARDERE SCA N FR 45,65 – 1,40 EVN AT e 40,60 – 0,98 ROYAL BK SCOTL GB 27,01 + 0,96 COBHAM GB 17,73 – 2,30 COLAS FR e 63,50 – 1,70 BP GB 8,58 + 1,14 LAMBRAKIS PRESS GR 5,86 .... FORTUM FI e 4,82 .... S-E-BANKEN -A- SE 9,34 .... COOKSON GROUP P GB 1,33 .... e CRH PLC GB 27,97 – 1,02 CEPSA ES e 12,40 – 0,80 M6 METROPOLE TV FR 27,72 – 1,11 GAS NATURAL SDG ES e 18,24 + 0,44 SAN PAOLO IMI IT e 12,85 – 0,39 COPENHAGEN AIRP DK 64,47 .... e FCC ES e 23,50 .... COFLEXIP FR e 152 – 3,49 MEDIASET IT 8,51 – 1,50 HIDRO CANTABRIC ES e 26,20 .... STANDARD CHARTE GB 13,38 – 0,24 DAMPSKIBS -A- DK 6473,71 .... GRUPO DRAGADOS ES e 14,06 + 1,88 DORDTSCHE PETRO NL e 2,60 .... MODERN TIMES GR SE 26,27 .... e + e IBERDROLA ES 14,85 1,02 STE GENERAL-A- FR 64,15 – 0,54 e DAMPSKIBS -B- DK 6849,78 – 3,77 e + GRUPO FERROVIAL ES e 21,18 + 0,43 GBL BE 56,35 + 0,36 MONDADORI IT 7,39 0,68 INNOGY HOLDINGS GB 3,31 + 1,98 SVENSKA HANDELS SE 14,73 .... DAMSKIBS SVEND DK 9267,34 – 2,82 e HANSON PLC GB 7,79 + 1,04 ENI IT e 13,38 + 1,21 NRJ GROUP FR 21,57 – 5,81 ITALGAS IT e 9,26 .... SWEDISH MATCH SE 5,55 .... DE LA RUE GB 8,24 – 1,54 HEIDELBERGER ZE DE e 47 – 2,08 ENTERPRISE OIL GB 7,13 – 0,45 PEARSON GB 13,41 – 0,60 KELDA GB 5,68 .... UBS N CH 57,61 + 0,36 E.ON AG DE e 59,20 + 1,20 e + HELL.TECHNODO.R GR 6,94 .... HELLENIC PETROL GR 7,86 .... PRISA ES 11,68 1,57 NATIONAL GRID G GB 7,56 – 0,42 UNICREDITO ITAL IT e 4,47 .... ELECTROCOMPONEN GB 8,67 – 1,10 e HERACLES GENL R GR 14,28 .... LATTICE GROUP GB 2,44 .... PROSIEBEN SAT.1 DE 7,50 – 1,32 INTERNATIONAL P GB 3,34 .... f DJ E STOXX BANK P 273,61 – 0,35 e ENIRO SE 7,74 .... e HOCHTIEF ESSEN DE e 14,78 + 0,54 OMV AG AT 87,61 – 0,50 PT MULTIMEDIA R PT 8,56 .... OESTERR ELEKTR AT e 70,81 – 0,97 EPCOS DE e 54 – 4,42 e HOLCIM CH 239,71 – 0,29 PETROLEUM GEO-S NO 5,94 .... PUBLICIS GROUPE FR 28,16 – 2,22 PENNON GROUP GB 10,04 .... e EUR AERO DEFENC FR e 13,85 – 0,57 + IMERYS FR e 100,60 – 1,08 REPSOL YPF ES 15,91 + 1,02 PUBLIGROUPE N CH 242,80 0,14 POWERGEN GB 11,93 .... PRODUITS DE BASE e EUROTUNNEL FR e 0,93 + 1,09 ITALCEMENTI IT e 8,41 + 0,12 ROYAL DUTCH CO NL 56,85 + 0,80 REED INTERNATIO GB 9,27 – 0,52 SCOTTISH POWER GB 6,28 – 0,76 e e GB 13,17 – ACERALIA ES 15,21 .... LAFARGE FR e 103,10 + 0,78 SAIPEM IT 5,10 + 1,19 EXEL 1,09 REUTERS GROUP GB 12,40 – 1,78 SEVERN TRENT GB 11,64 + 0,55 e – e ACERINOX R ES e 33,99 + 0,15 MICHANIKI REG. GR 2,50 .... SHELL TRANSP GB 7,98 + 0,61 FINMECCANICA IT 0,98 1,01 RTL GROUP LU 42 – 0,71 SUEZ FR e 34,25 + 1,48 e ALUMINIUM GREEC GR 36,76 .... NOVAR GB 1,88 .... STATOIL NO 7,39 .... FINNLINES FI 20,50 .... SMG GB 2,30 – 1,38 FENOSA ES e 17,57 – 0,17 e ANGLO AMERICAN GB 16,65 + 0,39 PILKINGTON PLC GB 1,70 – 2,75 TOTAL FINA ELF FR e 148,50 + 1,57 FKI GB 3 .... SOGECABLE R ES 27,40 – 0,54 UNITED UTILITIE GB 9,94 .... ASSIDOMAEN AB SE 27,07 .... RMC GROUP PLC GB 9,80 .... IHC CALAND NL e 47,56 + 0,98 FLS IND.B DK 8,93 .... TAYLOR NELSON S GB 3,50 – 0,46 VIRIDIAN GROUP GB 8,35 – 0,95 e + BEKAERT BE e 36,10 .... SAINT GOBAIN FR e 167,30 – 0,36 f DJ E STOXX ENGY P 316,41 + 1,30 FLUGHAFEN WIEN AT 29,50 0,07 TELEWEST COMM. GB 1,14 – 1,39 f DJ E STOXX PO SUP P 301,74 + 0,80 BHP BILLITON GB 5,30 – 1,20 SKANSKA -B- SE 7,10 .... GAMESA ES e 16,67 + 1,83 TF1 FR e 30 – 2,63 BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,61 – 0,50 TAYLOR WOODROW GB 2,33 – 0,68 GKN GB 5,12 .... TRINITY MIRROR GB 7,08 + 0,23 BUNZL PLC GB 6,81 .... TECHNIP-COFLEXI FR e 135,50 + 0,89 SERVICES FINANCIERS GROUP 4 FALCK DK 139,95 .... UNITED PAN-EURO NL e 0,55 – 8,33 GB 1,03 – GROUP 4 FALCK DK 139,95 .... UTD BUSINESS ME GB 11,45 .... CORUS GROUP 3,03 TITAN CEMENT RE GR 39,32 .... 3I GROUP GB 14,28 – 0,78 GR 4 e GUARDIAN IT GB 7,07 .... VIVENDI UNIVERS FR e 57,70 – 1,79 ELVAL .... UPONOR -A- FI 17,01 .... ALPHA FINANCE GR 44,90 .... SE 25,46 e – HAGEMEYER NV NL e 18,90 – 0,79 VNU NL e 36,95 – 0,35 EURO HOLMEN -B- .... CIMENTS VICAT / FR 60 0,17 AMVESCAP GB 16,06 – 0,10 e e e ______NL 1,60 HALKOR GR 4,36 .... WOLTERS KLUWER NL 23,99 .... ISPAT INTERNATI .... VINCI FR 65,70 .... BHW HOLDING AG DE e 34,10 .... GB 15,37 e – HAYS GB 3,28 – 2,86 WPP GROUP GB 11,02 – 1,44 JOHNSON MATTHEY .... WIENERBERGER AG AT 15 0,13 BPI R PT e 2,45 .... FI e 7,20 f – HEIDELBERGER DR DE e 44,90 – 0,22 f DJ E STOXX MEDIA P 308,97 – 1,25 NOUVEAU M-REAL -B- .... DJ E STOXX CNST P 223,11 0,21 BRITISH LAND CO GB 7,55 .... AT e 54,38 + 0,35 HUHTAMAKI FI e 32,50 .... MAYR-MELNHOF KA CALEDONIA INV.S GB 13,36 .... ´ FI e 10,14 + IFIL IT e 5,76 + 0,35 MARCHE OUTOKUMPU 1,40 CANARY WHARF GR GB 7,31 – 0,44 FR e 51,70 – IMI PLC GB 4 .... PECHINEY-A- 2,18 CONSOMMATION CYCLIQUE CATTLES ORD. GB 4,56 .... BIENS DE CONSOMMATION FI e 4,22 .... IND.VAERDEN -A- SE 16,55 .... Cours % Var. RAUTARUUKKI K ACCOR FR e 37,33 – 2,48 CLOSE BROS GRP GB 13,89 – 3,14 AHOLD NL e 32,90 .... 21/11 9h55 f GB 20,93 + ES e 9,80 + en euros 20/11 RIO TINTO 0,23 ADIDAS-SALOMON DE e 74 .... COBEPA BE e 62,10 .... INDRA SISTEMAS 0,51 ALTADIS ES e 17 + 0,89 GR 4,16 – SIDENOR .... AGFA-GEVAERT BE e 11,10 – 0,36 CONSORS DISC-BR DE e 10,85 – 1,18 INVENSYS GB 1,75 2,68 AMADEUS GLOBAL ES e 6,57 + 1,08 GR 8,20 AMSTERDAM SILVER & BARYTE .... AIR FRANCE FR e 16,05 – 4,46 CORIO NV NL e 25,40 + 0,79 INVESTOR -A- SE 11,85 .... ATHENS MEDICAL GR 4,20 .... GB 2,33 – SMURFIT JEFFERS 1,36 AIRTOURS PLC GB 3,93 .... CORP FIN ALBA ES e 24,10 + 0,96 INVESTOR -B- SE 12,01 .... AUSTRIA TABAK A AT e 84,30 .... AIRSPRAY NV 17,40 .... FI e 14,55 STORA ENSO -A- .... ALITALIA IT e 1,09 .... DAB BANK AG DE e 15,91 – 0,56 ISS DK 57,48 – 0,47 AVIS EUROPE GB 2,39 .... ANTONOV 0,63 – 3,08 FI e 14,50 – e STORA ENSO -R- 1,36 AUSTRIAN AIRLIN AT e 7,20 – 1,10 DEPFA-BANK DE e 65,88 .... JOT AUTOMATION FI 0,62 .... BEIERSDORF AG DE e 120 + 0,59 C/TAC 3 + 15,38 SE 27,44 SVENSKA CELLULO .... AUTOGRILL IT e 9,70 + 1,15 DROTT -B- SE 11,32 .... KINNEVIK -B- SE 16,82 .... BIC FR e 37,19 – 0,16 CARDIO CONTROL 2,65 .... DE e 15,50 + e THYSSENKRUPP 0,65 BANG & OLUFSEN DK 23,50 – 1,69 EURAZEO FR e 60,75 – 0,49 KONE B FI 76,20 .... BRIT AMER TOBAC GB 8,88 + 0,55 CSS 23,90 .... BE e 43,78 – e UMICORE 0,27 BENETTON IT e 11,82 + 0,17 EURONEXT NL e 21 – 2,37 LEGRAND FR 156,70 – 0,82 CASINO GP FR e 82,80 + 1,10 HITT NV 6,30 – 1,56 FI e 38,10 – e UPM-KYMMENE COR 1,55 BERKELEY GROUP GB 10,28 .... FINAXA FR e 86,35 .... LINDE AG DE 47,60 + 1,28 CLARINS FR e 60,85 + 0,75 INNOCONCEPTS NV 18 .... FR e 13,05 e USINOR .... BRITISH AIRWAYS GB 3,45 – 2,27 FORTIS (B) BE e 28,76 + 0,07 MAN AG DE 22,70 – 0,87 COLRUYT BE e 46,60 – 0,85 NEDGRAPHICS HOLD 4 .... GR 10,16 VIOHALCO .... BULGARI IT e 9,49 .... FORTIS (NL) NL e 28,79 + 0,31 MEGGITT GB 2,68 .... DELHAIZE BE e 58,95 + 0,08 SOPHEON 0,49 + 2,08 AT e 31,60 – e VOEST-ALPINE AG 0,75 CHRISTIAN DIOR FR e 34,50 – 0,26 GECINA FR e 84,25 + 0,18 METSO FI 10,49 + 0,87 FIRSTGROUP GB 4,66 + 3,94 PROLION HOLDING 94 .... FR e 18,49 + e WORMS N 0,05 CLUB MED. FR e 46,49 – 0,45 GIMV BE e 29,30 .... MG TECHNOLOGIES DE 9,75 – 0,91 GALLAHER GRP GB 7,08 + 0,92 RING ROSA 0,03 .... f 190,68 – 1,14 DJ E STOXX BASI P COMPASS GROUP GB 7,45 – 5,50 GREAT PORTLAND GB 3,92 .... MORGAN CRUCIBLE GB 3,05 .... GIB BE e 51,50 .... UCC GROEP NV 7 .... DT.LUFTHANSA N DE e 16,05 – 0,62 HAMMERSON GB 7,26 – 0,44 EXEL GB 13,17 – 1,09 GIVAUDAN N CH 348,42 .... ELECTROLUX -B- SE 16,28 .... ING GROEP NL e 29,85 + 0,03 PACE MICRO TECH GB 6,54 – 0,73 HENKEL KGAA VZ DE e 68 + 0,29 CHIMIE e EM.TV & MERCHAN DE e 2,08 – 3,70 LAND SECURITIES GB 12,88 – 1,60 PARTEK FI 8,75 – 0,57 ICELAND GROUP GB 2,59 .... BRUXELLES e + + PENINS.ORIENT.S GB 3,92 – 1,61 + AIR LIQUIDE FR 162,70 0,74 EMI GROUP GB 5,33 0,30 LIBERTY INTL GB 8,01 .... IMPERIAL TOBACC GB 13,78 0,47 ARTHUR 2,75 .... AKZO NOBEL NV NL e 51,30 + 1,38 EURO DISNEY FR e 0,95 – 1,04 LONDON STOCK EX GB 6,41 + 4,18 PERLOS FI e 12,05 – 2,43 JERONIMO MARTIN PT e 7,85 .... BASF AG DE e 43,10 – 0,23 HDP IT e 3,48 – 0,57 MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... PREMIER FARNELL GB 4,71 .... KESKO -B- FI e 8,90 .... BAYER AG DE e 37,65 – 0,53 HERMES INTL FR e 164,20 + 1,36 MEDIOBANCA IT e 12,01 – 0,33 RAILTRACK GB 4,50 .... L’OREAL FR e 77,35 + 1,58 e CODES PAYS ZONE EURO + e + NL e 12,81 – 2,21 e + BOC GROUP PLC GB 16,86 .... HILTON GROUP GB 3,44 0,47 METROVACESA ES 14,84 1,64 RANDSTAD HOLDIN LAURUS NV NL 5,20 2,36 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne DE e 19,90 – DE e 22,95 – IT e 2,70 – RENTOKIL INITIA GB 3,82 – 0,83 GB 3,28 + CELANESE N 1,73 HUGO BOSS AG VZ 0,17 MONTEDISON 0,74 MORRISON SUPERM 1,49 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 75,45 – 0,68 NL e 27 – 0,37 GB 10,20 .... REXAM GB 5,65 + 0,28 GB 15,27 .... CIBA SPEC CHIMI HUNTER DOUGLAS PROVIDENT FIN RECKITT BENCKIS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche CLARIANT N CH 22,22 – 0,92 INDITEX R ES e 21,47 + 1,75 RODAMCO EUROPE NL e 39,50 – 0,90 REXEL FR e 62,70 + 0,48 SAFEWAY GB 5,41 – 0,30 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. COLOPLAST -B- DK 72,53 .... J D WETHERSPOON GB 6,17 + 0,52 RODAMCO NORTH A NL e 44,80 – 0,44 RHI AG AT e 7,20 .... SAINSBURY J. PL GB 6,18 – 0,52 DEGUSSA (NEU) DE e 29,22 + 0,76 KLM NL e 13,45 + 0,67 ROLINCO NV NL e 25,36 .... RIETER HLDG N CH 248,29 .... STAGECOACH GROU GB 1,14 + 1,43 CODES PAYS HORS ZONE EURO DSM NL e 40,74 – 0,51 LVMH FR e 46,71 – 1,25 SCHRODERS GB 13,17 .... ROLLS ROYCE GB 2,78 – 2,26 TERRA NETWORKS ES e 9,26 – 2,63 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e EMS-CHEM HOLD A CH 4320,99 .... MEDION DE 47 – 0,42 SIMCO N FR 75,95 + 1,20 SANDVIK SE 24,40 .... TESCO PLC GB 3,89 + 0,41 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. ICI GB 6,62 – 1,44 MOULINEX FR e 0,01 .... SLOUGH ESTATES GB 5,36 .... SAURER N CH 22,63 – 1,49 TPG NL e 22,90 – 0,43 FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 25

AIR LIQUIDE...... w 163 1069,21 +0,93 10/05 EURAZEO...... w 60,90 399,48 – 0,25 26/04 PINAULT-PRIN ...... w 148 970,82 – 0,87 08/06 w w w Paiement ALCATEL A...... 20,36 133,55 – 2,82 07/05 EURO DISNEY ...... 0,95 6,23 – 1,04 30/09 PLASTIC OMN...... 69,50 455,89 +0,65 22/05 Cours Cours % Var. dernier ALCATEL O ...... 9,66 63,37 +1,58 07/05 EUROTUNNEL ...... w 0,93 6,10 +1,09 ... PROVIMI ...... w 17,50 114,79 +1,74 ... International f en euros en francs veille Une se´ lection coupon (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 13,92 91,31 +0,22 30/07 FAURECIA...... w 62,30 408,66 – 0,32 05/07 PSB INDUSTRI...... 77,95 511,32 – 0,06 01/06 ALTRAN TECHN .... w 49,80 326,67 – 1,48 02/07 F.F.P. (NY)...... 98,80 648,09 +0,41 14/06 PUBLICIS GR...... w 28,21 185,05 – 2,05 10/07 ADECCO ...... 58,10 381,11 – 0,68 14/05 ARBEL...... 3,58 23,48 – 0,28 01/07 FIMALAC...... w 39,34 258,05 +1,21 07/06 REMY COINTRE..... w 24,36 159,79 +0,45 02/10 AMERICAN EXP...... 37,84 248,21 – 1,46 09/11 VALEURS FRANCE AREVA CIP ...... 152,60 1000,99 – 0,72 17/07 FINAXA ...... 27/06 RENAULT ...... w 39,72 260,55 – 0,08 05/06 AMVESCAP EXP...... 15,10 99,05 – 9,90 05/10 b Le titre France Télécom a début, mercredi ATOS ORIGIN...... w 79,90 524,11 – 2,56 ... FONC.LYON.#...... 26,70 175,14 +0,04 28/05 REXEL...... w 62,50 409,97 +0,16 01/06 ANGLOGOLD LT .... 38,26 250,97 – 0,62 28/09 21 novembre, en forte baisse de 7,65 %, à AVENTIS ...... w 81,25 532,97 +1,12 25/06 FRANCE TELEC ..... w 45,69 299,71 – 6,76 14/06 RHODIA ...... w 10,97 71,96 – 1,70 15/05 A.T.T. #...... 19,29 126,53 +0,10 01/11 AXA ...... w 25,65 168,25 – 0,39 14/05 FROMAGERIES...... 91,50 600,20 ... 16/07 ROCHETTE (LA ...... 6,10 40,01 – 3,17 15/06 BARRICK GOLD...... 16,78 110,07 +4,22 15/06 45,25 euros. L’opérateur de télécommunica- BACOU DALLOZ .... 84,15 551,99 +0,06 04/07 GALERIES LAF ...... w 144 944,58 – 2,31 13/06 ROUGIER #...... 54,70 358,81 ... 04/07 COLGATE PAL...... 67,20 440,80 +3,31 15/11 tions a annoncé une émission d’obligations, BAIL INVESTI...... w 121 793,71 ... 31/05 GAUMONT # ...... 32,50 213,19 – 3,85 11/05 ROYAL CANIN...... w 133,30 874,39 – 0,15 04/05 CROWN CORK O...... 20/11 échangeables en actions existantes, d’un BAZAR HOT. V...... 05/06 GECINA...... w 84,15 551,99 +0,06 20/06 RUE IMPERIAL...... 06/06 DIAGO PLC...... 05/11 BEGHIN SAY ...... w 36,88 241,92 +0,19 ... GENERALE DE...... 15,30 100,36 – 1,29 ... SADE (NY) ...... 49,90 327,32 +3,53 12/06 DOW CHEMICAL...... 30/10 montant de 3,04 milliards d’euros à échéance BIC...... w 37,10 243,36 – 0,40 15/06 GEOPHYSIQUE...... w 37,30 244,67 +0,81 12/07 SAGEM ADP...... 48 314,86 +3 10/07 DU PONT NEMO ... 51,15 335,52 +0,79 14/12 2005. L’opération, sursouscrite quatre fois, BNP PARIBAS...... w 99,15 650,38 – 0,05 11/06 GFI INFORMAT ..... w 12,40 81,34 – 3,13 25/07 SAGEM S.A...... w 62,80 411,94 +4,49 10/07 ECHO BAY MIN ...... 0,66 4,33 +1,54 31/12 permettra d’écouler les actions rachetées à BOLLORE...... w 238,10 1561,83 +0,04 12/10 GRANDVISION...... w 17,17 112,63 – 0,87 31/05 SAINT-GOBAIN...... w 168,50 1105,29 +0,36 02/07 ELECTROLUX ...... 03/05 BOLLORE INV...... 51,25 336,18 – 0,97 26/06 GROUPE ANDRE... 124,50 816,67 +4,62 31/05 SALVEPAR (NY ...... 49,90 327,32 +1,20 04/07 ELF GABON...... 146,20 959,01 – 3,50 20/06 Orange en mars 2001 et de refinancer la BONGRAIN ...... 42,20 276,81 +1,52 11/05 GROUPE GASCO ... 69,60 456,55 +0,14 30/05 SANOFI SYNTH...... w 74,75 490,33 +1,01 01/06 ERICSSON #...... w 5,85 38,37 – 0,85 05/04 dette, qui s’élève à 65 milliards d’euros. BOUYGUES ...... w 36,67 240,54 – 1,45 08/06 GROUPE PARTO.... 61,95 406,37 +3,08 10/04 SCHNEIDER EL...... w 50,50 331,26 – 2,51 07/05 FORD MOTOR #..... 19,60 128,57 – 2,24 03/12 b BOUYGUES OFF..... w 35,86 235,23 +0,17 31/05 GR.ZANNIER ( ...... 80,20 526,08 ... 02/07 SCOR SVN ...... w 39,45 258,78 +0,90 02/05 GENERAL ELEC ...... 46,75 306,66 +1,15 25/10 L’action Usinor a été suspendue en début B T P (LA CI...... 15/07 GUYENNE GASC ... w 85,70 562,16 – 0,23 07/06 S.E.B...... w 59,35 389,31 – 0,25 08/06 GENERAL MOTO.... 53,50 350,94 – 1,11 10/12 de séance, mercredi, dans l’attente du verdict BULL# ...... w 1,10 7,22 – 15,38 ... HAVAS ADVERT ..... w 9,14 59,95 – 0,11 17/07 SEITA...... 45,56 298,85 – 3,88 16/07 GOLD FIELDS...... 4,99 32,73 – 1,19 21/09 de la Commission européenne, en milieu de BURELLE (LY) ...... 51,90 340,44 – 0,10 12/06 IMERYS ...... w 103,20 676,95 +1,47 02/07 SELECTIBAIL(...... 16,16 106 – 0,25 31/05 HARMONY GOLD .. 5,84 38,31 +2,46 20/08 BUSINESS OBJ ...... w 38,49 252,48 – 1,94 ... IMMEUBLES DE ...... 02/06 SIDEL...... 50 327,98 – 0,10 ... HITACHI # ...... 8,49 55,69 +1,43 10/12 journée, sur le rapprochement du sidérur- CANAL + ...... w 3,70 24,27 +1,37 02/05 IMMOBANQUE ...... 12/06 SILIC...... 158,40 1039,04 +0,51 12/06 HSBC HOLDING .... w 13,60 89,21 +1,64 09/10 giste français avec ses homologues Aceralia CAP GEMINI...... w 74 485,41 – 3,39 18/05 IM.MARSEILLA ...... 3180 20859,43 – 2,15 06/07 SIMCO...... w 75,80 497,22 +1 20/06 I.B.M...... w 130,70 857,34 +0,46 10/12 CARBONE-LORR.... w 36 236,14 +2,42 09/05 INFOGRAMES E .... w 15,48 101,54 – 3,25 ... SKIS ROSSIGN ...... 13,47 88,36 +2,43 19/09 I.C.I...... 04/10 et Arbed. w w w b CARREFOUR ...... 58,20 381,77 +0,95 03/05 INGENICO ...... 25,87 169,70 – 2,38 03/07 SOCIETE GENE ...... 63,85 418,83 – 1,01 11/05 ITO YOKADO # ...... 03/09 Le titre TotalFinalElf se négociait lors des CASINO GUICH...... 58,85 386,03 +1,29 11/06 ISIS...... w 143,90 943,92 +0,63 ... SODEXHO ALLI ...... w 44,50 291,90 – 7,64 06/03 I.T.T. INDUS ...... 55,85 366,35 ... 01/10 premiers échanges, mercredi, en hausse de CASINO GUICH...... w 82,80 543,13 +1,10 11/06 JC DECAUX ...... w 11,55 75,76 +5 ... SOGEPARC (FI ...... 04/07 MATSUSHITA...... 31/12 w w w a 1,92 %, à 149 euros. Le groupe pétrolier a CASTORAMA DU ... 58,95 386,69 +0,77 11/06 KAUFMAN ET B..... 15,25 100,03 +1,13 01/06 SOPHIA ...... 30,34 199,02 +0,03 18/05 MC DONALD’S...... 30,80 202,03 +0,49 03/12 CEGID (LY) ...... 87,05 571,01 +0,17 20/06 KLEPIERRE ...... w 108,50 711,71 +1,40 20/04 SOPRA GROUP ...... w 42,94 281,67 – 2,19 05/07 MERK AND CO...... 72,70 476,88 – 0,21 01/10 annoncé un résultat net courant de 1,76 mil- CEREOL ...... w 28,90 189,57 – 0,31 ... L’OREAL...... w 76,95 504,76 +1,05 08/06 SPIR COMMUNI .... w 66,95 439,16 – 2,97 31/05 MITSUBISHI C...... 31/12 liard d’euros pour le troisième trimestre, en CERESTAR...... w 30,87 202,49 – 0,29 ... LAFARGE ...... w 102,90 674,98 +0,59 05/07 SR TELEPERFO ...... w 21,52 141,16 – 5,36 16/07 NESTLE SA #...... w 240 1574,30 +0,84 11/04 CFF.RECYCLIN ...... 40,26 264,09 – 1,80 30/03 LAGARDERE ...... w 46,15 302,72 – 0,32 25/05 SUCR.PITHIVI ...... 26/09 NORSK HYDRO...... 21/05 baisse de 17 % par rapport à l’an dernier. Il a CGIP ...... w 34,25 224,67 – 1,58 08/06 LAPEYRE ...... w 46,50 305,02 – 0,96 05/06 SUEZ...... w 34,40 225,65 +1,93 09/05 PFIZER INC...... 49 321,42 ... 06/12 confirmé son objectif d’une hausse de 10 % CHARGEURS...... 63 413,25 – 0,40 20/07 LEBON (CIE) ...... 51,70 339,13 +1,37 16/05 TAITTINGER ...... 05/07 PHILIP MORRI ...... 54,30 356,18 +0,74 10/10 de sa production d’hydrocarbure en 2002. CHRISTIAN DI...... w 34,29 224,93 – 0,87 05/06 LEGRAND ORD. .... 158 1036,41 ...... TECHNIP-COFL ..... w 136,30 894,07 +1,49 31/05 PROCTER GAMB .... 88,85 582,82 +1,02 15/11 b CIC -ACTIONS ...... 120,70 791,74 – 0,08 06/06 LEGRAND ADP...... TF1...... w 30,12 197,57 – 2,24 31/05 RIO TINTO PL...... 20,60 135,13 – 0,96 14/09 L’action LVMH a débuté la séance mer- CIMENTS FRAN ..... w 48,01 314,92 +0,23 20/06 LEGRIS INDUS ...... w 18,78 123,19 +0,70 15/06 THALES ...... w 39,19 257,07 +0,49 11/06 SCHLUMBERGER... 54,10 354,87 +1,31 05/10 credi en léger repli de 0,7 % à 46,97 euros. CLARINS...... w 59,95 393,25 – 0,75 20/07 LIBERTY SURF...... 4,01 26,30 – 6,74 ... THOMSON MULT . w 31,76 208,33 – 1,82 ... SEGA ENTERPR...... 31/12 Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe, a CLUB MEDITER ..... w 46,40 304,36 – 0,64 20/03 LOCINDUS...... 125,80 825,19 ... 02/07 TOTAL FINA E ...... w 148,70 975,41 +1,71 29/05 SHELL TRANSP ...... 8 52,48 +2,96 19/09 CNP ASSURANC .... w 36,02 236,28 – 1,29 15/06 LOUVRE #...... 63,50 416,53 – 0,78 11/06 TRANSICIEL # ...... w 35,35 231,88 – 1,26 19/06 SONY CORP. # ...... w 52,35 343,39 +0,77 31/12 déclaré dans un entretien au Financial Times, COFACE...... w 58 380,46 – 1,19 14/05 LVMH MOET HE.... w 46,67 306,14 – 1,33 05/06 UBI SOFT ENT ...... w 36,86 241,79 – 3 ... T.D.K. # ...... 31/12 qu’il n’excluait pas de sortir à terme de la dis- COFLEXIP ...... w 156,40 1025,92 – 0,70 ... MARINE WENDE... w 59,90 392,92 +1,53 30/11 UNIBAIL (POR...... w 56,90 373,24 +0,35 12/06 TOSHIBA #...... 5 32,80 +4,17 10/12 COLAS...... w 64,40 422,44 – 0,31 29/05 MARIONNAUD P .. 50,70 332,57 +0,20 ... UNILOG ...... w 66,80 438,18 ... 28/06 UNITED TECHO..... 66,70 437,52 +0,23 10/12 tribution, qu’il juge extérieure à son cœur de CONTIN.ENTRE...... 13/06 MATUSSIERE F...... 7,97 52,28 – 0,13 05/06 USINOR...... w ...... 06/06 ZAMBIA COPPE...... 0,31 2,03 ...... métier. CRED.FON.FRA...... 15,20 99,71 ... 03/07 MAUREL ET PR...... 14,90 97,74 +4,20 31/03 VALEO ...... w 43,35 284,36 – 1,79 01/06 ...... CREDIT LYONN ..... w 37,78 247,82 +0,40 09/05 METALEUROP ...... 3,40 22,30 ... 04/07 VALLOUREC ...... w 48,71 319,52 – 1 04/07 ...... CS COM.ET SY...... 8,56 56,15 – 2,17 ... MICHELIN ...... w 38,86 254,90 +0,05 22/05 VICAT...... 60 393,57 – 0,17 01/08 DAMART ...... 79 518,21 +1,02 20/12 MONTUPET SA...... 11,30 74,12 ... 30/06 VINCI...... w 65,50 429,65 – 0,30 27/06 ABRE´VIATIONS DANONE...... w 129,90 852,09 +0,23 06/06 NATEXIS BQ P ...... w 95,50 626,44 – 1,34 05/06 VIVENDI ENVI...... w 43,30 284,03 +1,36 10/05 ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DASSAULT-AVI...... 314 2059,70 – 1,20 10/05 NEOPOST ...... w 33,51 219,81 – 0,86 ... VIVENDI UNIV ...... w 57,90 379,80 – 1,45 02/05 ______w – w – w – DASSAULT SYS...... 51,60 338,47 1,71 25/06 NEXANS...... 16,41 107,64 2,03 ... WANADOO...... 6,23 40,87 1,11 ... SYMBOLES DEV.R.N-P.CA...... 14,90 97,74 ... 18/06 NORBERT DENT ... 21,50 141,03 – 3,33 06/06 WORMS (EX.SO...... 18,13 118,93 – 1,89 27/04 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; MERCREDI 21 NOVEMBRE Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 63,20 414,56 ... 02/07 NORD-EST...... 25,30 165,96 +1,28 12/06 ZODIAC...... w 202,60 1328,97 +0,05 18/01 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DMC (DOLLFUS..... 7,70 50,51 +1,32 20/06 NRJ GROUP...... 22 144,31 – 3,93 15/03 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 26 novembre w + DYNACTION ...... 24 157,43 ... 10/07 OBERTHUR CAR.... 7,87 51,62 0,77 ...... d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w + EIFFAGE ...... 64,20 421,12 0,55 30/04 OLIPAR...... ` ´ ´ Paiement w de reglement differe. Cours Cours % Var. ELECT.MADAGA .... 22,60 148,25 ...... ORANGE ...... 9,91 65,01 – 2,84 ...... dernier France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 8,44 55,36 – 5,17 23/04 OXYG.EXT-ORI...... 29/06 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : coupon (1) ENTENIAL(EX...... 27 177,11 +0,75 06/06 PECHINEY ACT...... w 52,10 341,75 – 1,42 02/05 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 37,50 245,98 – 2,04 14/06 ERAMET ...... w 33 216,47 – 2,37 15/06 PECHINEY B P ...... 02/05 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE...... 36,90 242,05 ... 01/11 ESSILOR INTL ...... w 32,70 214,50 +2,16 21/05 PENAUILLE PO...... w 32,50 213,19 – 4,41 20/06 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AGF ...... w 57,80 379,14 – 0,34 06/06 ESSO ...... 80,60 528,70 +1,38 04/10 PERNOD-RICAR .... w 76 498,53 – 0,07 10/05 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 16,14 105,87 – 3,93 24/09 EULER...... w 43 282,06 – 3,37 02/05 PEUGEOT ...... w 50,05 328,31 +0,72 23/05 ......

(Publicite´) CHEMUNEX ...... 0,31 2,03 +3,33 LA COMPAGNIE ... 6,49 42,57 ... CMT MEDICAL ..... 12,30 80,68 – 4,50 TETE DS LES...... d 1,16 7,61 ... NOUVEAU COALA # ...... 19 124,63 – 0,47 LEXIBOOK # S...... 17,68 115,97 – 1,78 SECOND COHERIS ATIX...... 9,75 63,96 +0,52 LINEDATA SER ..... 19,10 125,29 +0,58 ______´ COIL...... 13,25 86,91 – 5,36 LYCOS EUROPE.... 1,01 6,63 – 1,94 MARCHE CION ET SYS...... 1,53 10,04 – 0,65 LYCOS FRANCE.... 2,10 13,78 +5 ´ CONSODATA ...... 7,30 47,88 +9,77 MEDCOST #...... 1,40 9,18 – 2,78 MARCHE MARDI 20 NOVEMBRE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... MEDIDEP #...... 18,70 122,66 – 0,27 CONSORS FRAN .. 2,15 14,10 +2,87 MEMSCAP...... 2,38 15,61 – 0,42 MERCREDI 21 NOVEMBRE Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 1,14 7,48 – 3,39 METROLOGIC G... 57,40 376,52 +4,55 CRYO # ...... 5 32,80 – 4,76 MICROPOLE UN .. 4,76 31,22 – 3,84 Une se´ lection. Cours releve´sa` 9h57 CRYONETWORKS. 4,70 30,83 – 4,08 MILLIMAGES ...... 8 52,48 – 0,99 Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,66 4,33 – 1,49 MONDIAL PECH .. d 5,78 37,91 ... Cours Cours % Var. Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 10,85 71,17 +3,33 NATUREX ...... 15,40 101,02 +0,65 A NOVO # ...... w 15,87 104,10 +1,41 CYBERSEARCH ..... 1,89 12,40 ... NET2S #...... 6 39,36 – 4 ALTEDIA...... 30 196,79 – 0,33 AB SOFT ...... 6,50 42,64 +3,17 CYRANO #...... d ...... NETGEM ...... w 2,81 18,43 – 11,36 ARKOPHARMA #... 42 275,50 – 1,18 ABEL GUILLEM..... 6,76 44,34 – 2,31 D INTERACTIV ..... 1,01 6,63 +2,02 NETVALUE # ...... 1,44 9,45 – 4 CNIM #...... 48,80 320,11 ... ACCESS COMME .. 4,70 30,83 +4,91 DIREKT ANLAG .... 15,60 102,33 – 2,26 NEURONES #...... 3,87 25,39 +0,78 GECI INTL ...... 8,90 58,38 +0,68 ACTEOS ...... 1,70 11,15 +6,25 DIREKT ANLAG .... 12,68 83,18 – 8,78 NICOX # ...... 54,15 355,20 – 0,09 GFI INDUSTRI...... 19,20 125,94 – 4 ADL PARTNER ...... 8,32 54,58 – 3,26 DALET # ...... 1,17 7,67 +1,74 OLITEC ...... 8,35 54,77 +1,21 LAURENT-PERR .... 22,49 147,52 – 0,04 ALDETA ...... d 2,90 19,02 ... DATASQUARE #.... 0,73 4,79 +4,29 OPTIMS #...... 1,50 9,84 +2,74 M6-METR.TV A...... w 27,50 180,39 – 1,89 ALGORIEL #...... 4,78 31,35 +13 DESK #...... d 0,89 5,84 ... OXIS INTL RG...... 0,21 1,38 ... HERMES INTL...... w 163,70 1073,80 +1,05 ALPHA MOS #...... 3,36 22,04 – 3,45 DEVOTEAM #...... w 20,58 135 – 7,13 PERF.TECHNO...... d 0,01 0,07 ... RALLYE (LY)...... w 47,60 312,24 – 0,42 ALPHA MOS BO.... d 0,24 1,57 ... DMS #...... 12,40 81,34 +3,33 PERFECT TECH .... 4,62 30,31 – 11,83 MANITOU #...... 66 432,93 – 0,68 ALPHAMEDIA ...... d 0,52 3,41 ... DURAN DUBOI .... 10,65 69,86 – 7,87 PHARMAGEST I.... 11,14 73,07 +0,36 ALTEN (SVN) ...... w 17,50 114,79 – 0,57 ALTAMIR & CI ...... 71,30 467,70 – 0,56 DURAND ALLIZ.... 0,33 2,16 ... PHONE SYS.NE .... 2,18 14,30 ... APRIL S.A.#(...... 16,70 109,54 ... ALTI #...... 9,39 61,59 – 1,05 DURAN BS 00 ...... d 0,10 0,66 ... PICOGIGA ...... 4,55 29,85 – 4,61 BENETEAU # ...... 80,50 528,05 +0,31 ARTPRICE COM.... 5,76 37,78 +1,05 EFFIK # ...... 21,90 143,65 +4,29 PROLOGUE SOF... 5,50 36,08 +1,29 STERIA GROUP ..... 32,50 213,19 – 0,31 ASTRA ...... 0,56 3,67 +1,82 EGIDE #...... 77,15 506,07 – 11,22 PROSODIE # ...... 35,69 234,11 +4,97 PINGUELY HAU .... w 11 72,16 – 0,90 AUFEMININ.CO.... 1,24 8,13 – 6,77 EMME NV ...... 13,95 91,51 ... PROSODIE BS...... d 8,46 55,49 ... UNION FIN.FR...... d 33,05 216,79 ... AUTOMA TECH .... 3,20 20,99 +7,38 ESI GROUP ...... 13,50 88,55 +3,85 JEAN CLAUDE...... 1,37 8,99 +16,10 CEGEDIM # ...... 49,65 325,68 – 1,68 AVENIR TELEC...... 0,16 1,05 +6,67 ESKER...... 4,99 32,73 – 4,22 GUILLEMOT # ...... 18,06 118,47 – 1,31 INFOSOURCES...... d 0,69 4,53 ... QUALIFLOW...... 5,90 38,70 – 3,28 FINATIS(EX.L ...... d 123,90 812,73 ... AVENIR TELEC...... w 1,92 12,59 – 6,80 EUROFINS SCI...... 18,08 118,60 +4,21 GUYANOR ACTI .... 0,16 1,05 ... INFOTEL #...... 28,13 184,52 – 1,30 QUANTEL...... 4,16 27,29 – 3,26 AB GROUPE...... 28 183,67 ... BAC MAJESTIC...... 2,10 13,78 – 2,33 EURO.CARGO S.... 13,60 89,21 +0,74 GENESYS BS00...... 1,40 9,18 +4,48 INFO VISTA ...... 3,85 25,25 – 7,23 R2I SANTE...... 4,15 27,22 +9,21 RODRIGUEZ GR ... w 55 360,78 +0,27 BARBARA BUI ...... 13,28 87,11 +0,61 FI SYSTEM # ...... w 2,30 15,09 – 6,88 HF COMPANY ...... 26,40 173,17 +1,54 INTEGRA ...... w 1,55 10,17 +13,97 R2I SANTE BO ...... d 0,02 0,13 ... PIERRE VACAN...... 67,40 442,12 +1,13 BCI NAVIGATI...... 4,45 29,19 – 2,20 FIMATEX # ...... w 3,47 22,76 +1,46 HIGH BON DE ...... d 3,50 22,96 ... INTEGRA ACT...... RECIF #...... 17,90 117,42 ... EXPAND S.A ...... 55 360,78 ... BELVEDERE...... 20,40 133,82 – 1,45 FLOREANE MED .. 7,96 52,21 +2,05 HIGH CO.#...... 97,85 641,85 +1,29 INTERACTIF B ...... d 0,15 0,98 ... REGINA RUBEN ... 0,32 2,10 +6,67 C.A. PARIS I ...... 56 367,34 ... BOURSE DIREC .... 2,50 16,40 – 1,19 FI SYSTEM BS...... 0,15 0,98 ... HIGHWAVE OPT ... w 4,24 27,81 – 4,93 INTERACTIF B ...... d 0,30 1,97 ... REPONSE # ...... 12,20 80,03 +15,09 JET MULTIMED .... d 17,90 117,42 ... BRIME TECHN...... 0,26 1,71 – 10,34 GAMELOFT COM . 0,58 3,80 ... HIMALAYA ...... 1,50 9,84 +7,91 INTERCALL RE...... 13,25 86,91 – 8,75 RIBER # ...... 4,80 31,49 +1,05 FININFO ...... 31 203,35 – 2,73 BRIME TECHNO... 34 223,03 – 2,44 GAUDRIOT #...... 33,99 222,96 +0,27 HI MEDIA ...... 0,59 3,87 +1,72 IPSOS # ...... w 63,90 419,16 +0,24 RIGIFLEX INT ...... 26,45 173,50 +27,78 MANUTAN INTE... 36 236,14 – 5,11 BUSINESS ET ...... 7,15 46,90 – 3,38 GENERIX # ...... 15 98,39 +1,35 HOLOGRAM IND.. 4,27 28,01 +0,71 IPSOS BS00...... 1,20 7,87 ... RISC TECHNOL .... 8,60 56,41 +1,18 LECTRA (B) #...... 3,87 25,39 – 0,51 BUSINESS INT ...... 1,89 12,40 – 2,07 GENESYS #...... 15,07 98,85 – 3,71 HUBWOO.COM ..... 1,39 9,12 – 7,33 IT LINK ...... 2,95 19,35 +2,43 SAVEURS DE F...... 12,90 84,62 +0,78 DANE-ELEC ME .... 2,65 17,38 – 18,46 BVRP ACT.DIV...... w 7,62 49,98 – 10,35 GENSET...... w 8,19 53,72 – 3,53 IB GROUP.COM .... 2,51 16,46 – 7,72 ITESOFT...... 1,98 12,99 +19,28 SELF TRADE ...... 2,90 19,02 +3,57 SOLERI ...... d 127 833,07 ... CAC SYSTEMES..... 4,11 26,96 ... GENUITY INC...... 1,79 11,74 +6,55 IDP ...... 1,08 7,08 ... IXO ...... 0,55 3,61 +1,85 SITICOM GROU.... 5 32,80 – 4,40 ALGECO # ...... 86,80 569,37 +2 CALL CENTER...... 10,20 66,91 – 1,92 GL TRADE #...... 39,10 256,48 +0,03 IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... SODITECH ING .... 3,55 23,29 +18,33 SECHE ENVIRO ..... 75 491,97 ... CARRERE GROU... 17,20 112,82 ... GPE ENVERG.C..... d 0,91 5,97 ... IGE +XAO ...... 8,70 57,07 – 0,57 KALISTO ENTE...... 2,09 13,71 +54,81 SOFT COMPUTI ... 3,80 24,93 +2,70 AUBAY...... 4,52 29,65 – 3,62 CAST ...... 3,60 23,61 +5,88 SILICOMP # ...... 24,50 160,71 +2,08 ILOG #...... 11,10 72,81 +1,83 ORCHESTRA KA.... 0,87 5,71 – 7,45 SOI TEC SILI ...... w 19 124,63 – 12,52 GROUPE J.C.D...... 153,50 1006,89 ... CEREP...... 18,10 118,73 – 2,69 GUILLEMOT BS.... 8,19 53,72 +5,81 IMECOM GROUP.. d 0,75 4,92 ... KEYRUS PROGI..... 1,16 7,61 +2,65 SOLUCOM...... 31,40 205,97 – 0,32 LVL MEDICAL...... 24,20 158,74 +7,56

E´CUR. MONE´TAIRE C ...... 224,01 1469,41 20/11 CIC ECOCIC ...... 371,99 2440,09 20/11 CM OBLIG. LONG TERME .... 110 721,55 20/11 POSTE GESTION D ...... 2322,99 15237,82 20/11 E´CUR. MONE´TAIRE D...... 186,60 1224,02 20/11 CIC ELITE EUROPE...... 133,93 878,52 20/11 CM OPTION DYNAM...... 31,48 206,50 20/11 POSTE PREMIE`RE...... 7117,56 46688,13 20/11 SICAV et FCP E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 181,64 1191,48 20/11 CIC EUROLEADERS ...... 400,15 2624,81 20/11 CM OPTION E´QUIL...... 54,72 358,94 20/11 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42581,33 279315,21 20/11 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 40,54 265,92 20/11 CIC FRANCE C ...... 36,56 239,82 20/11 CM OBLIG. COURT TERME .. 165,76 1087,31 20/11 POSTE PREMIE`RE 2-3 ...... 9264,01 60767,92 20/11 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 276,34 1812,67 20/11 CIC FRANCE D...... 36,56 239,82 20/11 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 345,27 2264,82 20/11 PRIMIEL EURO C ...... 53,72 352,38 20/11 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 20 novembre E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,58 187,47 20/11 CIC HORIZON C...... 68,52 449,46 20/11 CM OBLIG. QUATRE...... 167,10 1096,10 20/11 REVENUS TRIMESTRIELS ..... 791,49 5191,83 20/11 GE´OPTIM C ...... 2346,61 15392,75 20/11 CIC HORIZON D ...... 66,08 433,46 20/11 Fonds communs de placements SOLSTICE D...... 365,71 2398,90 20/11 1438,89 ´ Fonds communs de placements CIC MENSUEL...... 9438,50 20/11 CM OPTION MODE´RATION . 19,52 128,04 20/11 THESORA C ...... 190,63 1250,45 20/11 e CIC MONDE PEA...... 29,31 192,26 20/11 ´ E´metteurs f Valeurs unitaires Date E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,22 250,71 20/11 THESORA D...... 159,14 1043,89 20/11 Euros francs ee cours E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,71 227,68 20/11 CIC OBLI COURT TERME C .. 24,81 162,74 20/11 ASSET MANAGEMENT TRE´SORYS C...... 47522,06 311724,28 20/11 19,69 129,16 20/11 E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 41,48 272,09 20/11 CIC OBLI COURT TEME D.... Fonds communs de placements CIC OBLI LONG TERME C .... 15,66 102,72 20/11 AGIPI AME´RIQUE 2000 ...... 129,98 852,61 20/11 ´ CIC OBLI LONG TERME D.... 15,46 101,41 20/11 DEDIALYS FINANCE ...... 84,68 555,46 20/11 08 36 68 56 55 ASIE 2000...... 72,70 476,88 20/11 ´ AGIPI AMBITION (AXA) ...... 25,82 169,37 20/11 CIC OBLI MONDE ...... 404,42 2652,82 16/11 DEDIALYS MULTI-SECTEURS 64,32 421,91 20/11 (2,21 F/mn) NOUVELLE EUROPE ...... 221,88 1455,44 20/11 ´ ´ AGIPI ACTIONS (AXA)...... 26,70 175,14 20/11 CIC OR ET MAT...... 99,63 653,53 20/11 ´ DEDIALYS SANTE ...... 95,27 624,93 20/11 ATOUT CROISSANCE D...... 339,47 2226,78 20/11 SAINT-HONORE CAPITAL C . 3680,65 24143,48 20/11 ´ CIC ORIENT ...... 154,23 1011,68 20/11 ´ DEDIALYS TECHNOLOGIES .. 37,75 247,62 20/11 ATOUT EUROPE C ...... 522,57 3427,83 20/11 SAINT-HONORE CAPITAL D . 3335,12 21876,95 20/11 ´ 3615 BNP CIC PIERRE ...... 33,81 221,78 20/11 DEDIALYS TELECOM ...... 49,01 321,48 20/11 ATOUT FRANCE C...... 202,20 1326,35 20/11 ST-HONORE´ CONVERTIBLES 336,98 2210,44 20/11 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) POSTE EUROPE C ...... 94,02 616,73 20/11 Fonds communs de placements ST-HONORE´ FRANCE...... 57,82 379,27 20/11 ATOUT FRANCE D ...... 183,23 1201,91 20/11 POSTE EUROPE D...... 89,68 588,26 20/11 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 78,81 516,96 20/11 ST-HONORE´ PACIFIQUE...... 85,77 562,61 20/11 BNP MONE´ COURT TERME.. 2499,87 16398,07 20/11 CIC EUROPEA C ...... 10,87 71,30 20/11 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 203,27 1333,36 20/11 ATOUTFRANCEEUROPED.. 181,50 1190,56 20/11 10,60 69,53 ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 115,99 760,84 20/11 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13707,89 89917,86 20/11 CIC EUROPEA D...... 20/11 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 186,60 1224,02 20/11 ´ ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 373,13 2447,57 20/11 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11968,30 78506,90 20/11 ATOUT FRANCE MONDE D .. 45,52 298,59 20/11 CIC EURO OPPORTUNITE .... 31,25 204,99 20/11 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 97,73 641,07 20/11 REMUNYS PLUS ...... 103,15 676,62 20/11 BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 78122,48 512449,88 20/11 ATOUT MONDE C...... 53,78 352,77 20/11 CIC GLOBAL C...... 252,47 1656,09 20/11 ´ WEB INTERNATIONAL ...... 27,03 177,31 20/11 BNP OBLI. CT...... 167,48 1098,60 20/11 ATOUT SELECTION D ...... 109,70 719,58 20/11 CIC GLOBAL D ...... 252,47 1656,09 20/11 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. LT ...... 34,84 228,54 20/11 CAPITOP EUROBLIG C...... 102,26 670,78 20/11 CIC HIGH YIELD ...... 102,76 674,06 10/07 Serveur vocal : ANTIN OBLI. MT C ...... 155,68 1021,19 20/11 CAPITOP EUROBLIG D...... 84,36 553,37 20/11 CIC JAPON ...... 8,44 55,36 20/11 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ANTIN OBLI. MT D...... 142,88 937,23 20/11 CAPITOP MONDOBLIG C...... 45,49 298,39 20/11 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 103,94 681,80 16/11 CADENCE 1 D...... 157,60 1033,79 20/11 ANTIN OBLI. SPREADS C...... 189,10 1240,41 20/11 CAPITOP REVENUS D ...... 174,68 1145,83 20/11 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 5,67 37,19 20/11 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 204,33 1340,32 19/11 DIE`ZE C...... 445,99 2925,50 20/11 23,51 154,22 19/11 CADENCE 2 D...... 155,45 1019,69 20/11 KLEBER EURO SOUVERAIN C 1980,76 12992,93 20/11 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... Fonds communs de placements INDICIA EUROLAND D ...... 114,01 747,86 19/11 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 18,83 123,52 19/11 CADENCE 3 D...... 155,53 1020,21 20/11 Fonds communs de placements ´ INDICIA FRANCE D ...... 378,65 2483,78 19/11 CIC PROFIL TEMPE´RE´...... 135,65 889,81 19/11 STRATEGIE CAC ...... 6012,68 39440,60 19/11 CONVERTIS C ...... 230,65 1512,96 20/11 BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1831,67 12014,97 20/11 ´ INDOCAM AME´RIQUE C...... 40,92 268,42 20/11 CIC TAUX VARIABLES...... 197,48 1295,38 16/11 STRATEGIE INDICE USA...... 9534,19 62540,19 19/11 INTEROBLIG C ...... 60,44 396,46 20/11 ´ INDOCAM ASIE C ...... 18,24 119,65 20/11 CIC TECHNO. COM...... 83,60 548,38 20/11 INTERSELECTION FR. D...... 76,18 499,71 20/11 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT www.lapostefinance.fr ´ ´ INDOCAM FRANCE C ...... 346,47 2272,69 20/11 CIC USA ...... 18,92 124,11 20/11 Sicav Info Poste : SELECT DEFENSIF C...... 193,79 1271,18 20/11 ´ www.bpam.fr 01 58 19 40 00 INDOCAM FRANCE D...... 284,79 1868,10 20/11 CIC VAL. NOUVELLES...... 282,97 1856,16 20/11 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... 240,67 1578,69 20/11 BP OBLI HAUT REND...... 107,47 704,96 19/11 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 189,15 1240,74 20/11 SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 169,31 1110,60 20/11 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 56,47 370,42 19/11 Fonds communs de placements www.clamdirect.com ADDILYS C ...... 107,20 703,19 20/11 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 144,37 947,01 20/11 ´ ADDILYS D...... 106,35 697,61 20/11 ´ 207,89 BP NOUVELLE ECONOMIE ... 101,14 663,43 19/11 ATOUT VALEUR D...... 80,85 530,34 19/11 SELECT PEA 1 ...... 1363,67 20/11 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 25,63 168,12 20/11 BP OBLIG. EUROPE ...... 52,85 346,67 20/11 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 192,35 1261,73 22/11 EURCO SOLIDARITE´...... 232,49 1525,03 20/11 SG FRANCE OPPORT. C...... 432,84 2839,24 20/11 ´ ´ AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 24,82 162,81 20/11 BP SECURITE...... 103286,64 677515,95 20/11 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 189,54 1243,30 22/11 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 491,30 3222,72 20/11 SG FRANCE OPPORT. D...... 405,28 2658,46 20/11 AMPLITUDE EUROPE C...... 33,32 218,56 20/11 CYCLEO EUROPE CYCLIQUE. 108,42 711,19 19/11 INDOCAM FONCIER...... 92,15 604,46 20/11 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 413,75 2714,02 20/11 SOGENFRANCE C ...... 479,22 3143,48 20/11 AMPLITUDE EUROPE D...... 31,92 209,38 20/11 CYCLEO EUROPE CROISSAN 123,49 810,04 19/11 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 273,35 1793,06 19/11 SICAV 5000 ...... 162,97 1069,01 20/11 SOGENFRANCE D...... 431,85 2832,75 20/11 ´ AMPLITUDE FRANCE ...... 86,73 568,91 20/11 CYCLEO EUROPE DEFENSIV. 101,96 668,81 19/11 MASTER ACTIONS C...... 41,41 271,63 16/11 SLIVAFRANCE ...... 283,17 1857,47 20/11 SOGEOBLIG C...... 114,70 752,38 20/11 AMPLITUDE MONDE C ...... 230,45 1511,65 20/11 EUROACTION MIDCAP...... 126,85 832,08 19/11 MASTER DUO C...... 14,28 93,67 16/11 SLIVARENTE...... 40,05 262,71 20/11 SOGE´PARGNE D...... 44,62 292,69 20/11 AMPLITUDE MONDE D...... 206,71 1355,93 20/11 FRUCTI EURO 50 ...... 99,82 654,78 20/11 MASTER OBLIGATIONS C ..... 31,07 203,81 16/11 SLIVINTER ...... 155,54 1020,28 20/11 SOGEPEA EUROPE...... 227,48 1492,17 20/11 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 16,10 105,61 20/11 FRUCTIFRANCE C ...... 83,40 547,07 20/11 MASTER PEA D...... 12,45 81,67 16/11 TRILION...... 749,45 4916,07 20/11 SOGINTER C...... 53,91 353,63 20/11 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 15,39 100,95 20/11 FRUCTIFONDS FRANCE NM 188,99 1239,69 20/11 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 18,71 122,73 19/11 Fonds communs de placements E´LANCIEL EURO D PEA ...... 101,20 663,83 20/11 Fonds communs de placements OPTALIS DYNAMIQ. D...... 17,54 115,05 19/11 www.cdcixis-am.fr ACTILION DYNAMIQUE C.... 183,62 1204,47 20/11 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 41,78 274,06 20/11 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 15,47 101,48 19/11 OPTALIS E´QUILIB. C ...... 18,91 124,04 19/11 ACTILION DYNAMIQUE D.... 172,96 1134,54 20/11 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 31,74 208,20 20/11 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 52,68 345,56 19/11 OPTALIS E´QUILIB. D...... 17,20 112,82 19/11 ACTILION PEA DYNAMIQUE 67,93 445,59 20/11 GE´OBILYS C ...... 123,12 807,61 20/11 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 34,05 223,35 20/11 OPTALIS EXPANSION C ...... 14,90 97,74 19/11 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 178,94 1173,77 20/11 GE´OBILYS D...... 112,26 736,38 20/11 DE´CLIC BOURSE PEA...... 51,24 336,11 19/11 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION D...... 14,54 95,38 19/11 ACTILION E´QUILIBRE D...... 167,30 1097,42 20/11 INTENSYS C ...... 20,74 136,05 20/11 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 16,64 109,15 19/11 LIVRET BOURSE INVEST...... 184,80 1212,21 18/11 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18,02 118,20 19/11 ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 168,43 1104,83 20/11 INTENSYS D...... 17,63 115,65 20/11 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,62 115,58 19/11 NORD SUD DE´VELOP. C...... 531,10 3483,79 18/11 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,83 103,84 19/11 ACTILION PRUDENCE C ...... 174,43 1144,19 20/11 KALEIS DYNAMISME C...... 223,27 1464,56 20/11 DE´CLIC PEA EUROPE...... 24,32 159,53 19/11 NORD SUD DE´VELOP. D ...... 409,88 2688,64 18/11 PACTE SOL. LOGEM...... 76,90 504,43 20/11 ACTILION PRUDENCE D...... 162,55 1066,26 20/11 KALEIS DYNAMISME D ...... 217,15 1424,41 20/11 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 59,76 392 19/11 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 81,91 537,29 20/11 Sicav en ligne : INTERLION ...... 235,79 1546,68 20/11 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 81,98 537,75 20/11 FAVOR ...... 318 2085,94 20/11 08 92 68 09 00 (2,21 F/mn) LION ACTION EURO ...... 91,63 601,05 20/11 KALEIS E´QUILIBRE C...... 205,12 1345,50 20/11 SOGESTION C...... 48,16 315,91 19/11 ´ E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 52,13 341,95 20/11 www.cic-am.com LION PEA EURO...... 93,14 610,96 20/11 KALEIS EQUILIBRE D...... 198,71 1303,45 20/11 SOGINDEX FRANCE C ...... 523,73 3435,44 19/11 ´ ´ ´ E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 17,88 117,29 20/11 KALEIS SERENITE C...... 193,01 1266,06 20/11 ...... ´ ´ ´ E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 66,46 435,95 20/11 CIC CAPIRENTE MT C...... 36,13 237 20/11 KALEIS SERENITE D ...... 186,57 1223,82 20/11 ...... E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,69 293,15 20/11 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,83 175,99 20/11 KALEIS TONUS C PEA...... 71,75 470,65 20/11 ...... ´ ´ ´ E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 43,96 288,36 20/11 CIC AMERIQUE LATINE ...... 105,97 695,12 20/11 CM EURO PEA...... 22,03 144,51 20/11 LIBERTESETSOLIDARITE.... 103,08 676,16 20/11 ...... E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 45,02 295,31 20/11 CIC CONVERTIBLES...... 5,51 36,14 20/11 CM EUROPE TECHNOL...... 4,69 30,76 20/11 OBLITYS C...... 115,12 755,14 20/11 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14782,61 96967,57 20/11 CIC COURT TERME C ...... 34,21 224,40 20/11 CM FRANCE ACTIONS ...... 35,31 231,62 20/11 OBLITYS D ...... 113,31 743,26 20/11 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,26 277,21 19/11 CIC COURT TERME D...... 27,06 177,50 20/11 CM MID. ACT. FRANCE...... 30,63 200,92 20/11 PLE´NITUDE D PEA ...... 43,62 286,13 20/11 LE´GENDE : e Hors frais. ee A titre indicatif. E´CUR. INVESTISSEMENTS D 53,95 353,89 20/11 CIC DOLLAR CASH...... 1422,31 .... 20/11 CM MONDE ACTIONS...... 322,02 2112,31 20/11 POSTE GESTION C ...... 2620,46 17189,09 20/11 26 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001. CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Paris. – Suzanne Fenn, – Françoise Masson, – La Ciotat. Marseille. Karen Fenn et Jean-Bernard Curmi, Laura Masson, Hubert, Vincent et Marie Puig, Sophie Masson, Philippe Duamelle Laurent et Corinne Teissier, Naissances Blandine, Blandine, Alice et Marine Puig, et leurs filles, Camille et Marie, Julien Masson, Graham WHITTINGTON Marie-Faustine, Aline Puig, Eric Colart et Mathis Isabelle et Christophe Durand Louis-Victor, ont la tristesse de faire part du décès de et Colart, Teissier, Isabelle, André Mara WORNAN ont la douleur de faire part du décès de Marine, Laure, Claire et François, Emmanuelle, M. Duncan M. MASSON, me laissent à M Annie Nicolaï, Et leurs conjoints, me Charlotte Gene FENN, M. et M Jean-Paul Teissier photographe, survenu le 15 novembre 2001. l'honneur de présenter au Monde son et leurs enfants, font part avec tristesse du décès, le frère M. Roger Teissier Lagarde 14 novembre 2001, de survenu à Paris, dans sa quatre-vingt- Les obsèques auront lieu à et ses enfants, Montélimar (Drôme), le 21 novembre. me Daniel, Sami, onzième année. M. et M Michel Teissier Jacques BRIL, et leurs enfants, Un service en sa mémoire sera célébré – Pierre Miscevic, me L’un des deux pères du né le 14 novembre 2001, à Montélimar. M Madeleine Teissier, leur père, ultérieurement. son fils, Les familles Teissier, Nicolaï, « Lagarde et Michard » Paulette Biolley-Miscevic, Leonetti, Blasi, Pecout, Yannick et Marie JANET-ROBERT à l'âge de soixante-seize ans. K. Fenn, Jean-Louis Tempé, Parents et alliés, ont la joie de fêter les deux ans de 9, rue de la Mairie, Toute sa famille et ses amis, ont la douleur de faire part du décès de COAUTEUR de la célèbre collec- Se joignent à leurs parents, 92320 Châtillon. ont la tristesse de faire part du décès de tion de livres scolaires de littérature Louise, Céline, Xavier, Clara, Florent, Lucie, M. Henri TEISSIER, « Lagarde et Michard », André Olivier, Nicolas, Martin, Pierre, Clotilde Milan MISCEVIC, – Jacques Gaborit, Lagarde est mort, lundi 19 novem- et d'annoncer la naissance de et Anna-Caroline, survenu le 17 novembre 2001, à l'âge de son mari, survenu dans sa soixante-seizième année. bre, à son domicile de Neuilly-sur- ses petits-enfants. soixante-cinq ans. Marguerite, Seine (Hauts-de-Seine), à l’âge de Chantal Brand-Gaborit, La cérémonie religieuse aura lieu le Béatrice et Madjid Cherrared, Les obsèques religieuses ont eu lieu le quatre-vingt-neuf ans. Il avait créé, les 13 et 14 novembre 2001. vendredi 23 novembre 2001, à 14 h 45, lundi 19 novembre, en l'église Notre- avec Laurent Michard, décédé en Vincent et Sophie Gaborit, en l'église serbo-orthodoxe de Paris, – Franca Brunetti, Paul et Marie Gaborit, e Dame de La Ciotat (Bouches-du-Rhône). février 1984, une série chronologi- 23, rue du Simplon, Paris-18 . 60, rue Lamartine, Ses enfants et ses petits-enfants ses enfants, que de six manuels scolaires qui ont 63000 Clermont-Ferrand. ont la douleur de faire part du décès du – Dominique Payen de la Garanderie, été utilisés par plusieurs généra- Gwénola, Donatien, Charles et Anniversaires de décès Eléonore Brand, sa mère, tions d’élèves et ont durablement Décès docteur M. et Mme Jean-Marc Angelloz, – Le 22 novembre 1999. marqué l’enseignement de la littéra- Pier Maria BRUNETTI, Lucille et Sanaa Cherrared, Sylvain et Anna Gaborit, ses grands-parents, ture au lycée, en privilégiant les – Suzanne et Michel Panier, Ses oncles et tantes, Claude VEIL, Maurice et Marcelle Benhamou, Nicolas Gaborit, œuvres des grands auteurs français survenu à Paris, le 17 novembre 2001. ses petits-enfants, Ses cousins et cousines, Max et Mireille Benhamou, Et tous ses amis, où es-tu ? au lieu de la traditionnelle histoire Nelly Benhamou La cérémonie religieuse sera célébrée ont la tristesse de faire part du décès de littéraire. Et Pierre Oehlhaffen, Mme Paule Panafieu, le mercredi 21 novembre, à 10 h 30, en ses enfants, sa mère, Souvenir Né le 13 octobre 1912 à Touille l'église Saint-François-Xavier, 12, place Catherine (Haute-Garonne), agrégé de lettres, e PAYEN de la GARANDERIE, – Le Centre d'études des programmes Michel et Ramora Panier, du Président-Mithouard, Paris-7 . Mgr Bernard Panafieu, André Lagarde a enseigné de 1943 à Marie-Odile et Gérard Jouanneau, économiques (CEPE), créé en 1957 Stéphane et Nathalie Benhamou, survenu le 18 novembre 2001, à l'âge de rappelle à votre attention le souvenir de 1969, notamment au lycée de Saint- Pierre-Henri et Annick Benhamou, 54, avenue de Breteuil, Anne-Marie Panafieu, Germain-en-Laye, au lycée Buffon 75007 Paris. Jean et Monique Gaborit, vingt-neuf ans. Catherine et Alain Payen, Charles PROU, de Paris puis au lycée Louis-le- Françoise Benhamou, Michel et Antoinette Gaborit, Maryvonne et Jacques Avril, La cérémonie religieuse aura lieu le Luc Benhamou, Grand, avant de devenir inspecteur – Gilbert Carsoux, son frère, ses sœurs, beaux-frères et vendredi 23 novembre, à 9 heures, en la décédé le 22 novembre 1991. général de l’instruction publique en Célia et Bruno Sellam, son époux, belles-sœurs, paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, place Corinne et Alain Dromer, 1969. Après la guerre, avec son collè- Louise et Constantin, Michèle Beigert, de la Porte-de-Saint-Cloud, suivie de Cheville ouvrière de la création du ses petits-enfants, gue Laurent Michard, alors comme ses enfants, Et toute la famille, l'inhumation au cimetière du CEPE, il le dirigea intellectuellement et lui enseignant au lycée de Toulou- Les familles Oppermann et Carsoux, Montparnasse. paternellement pendant les trente Et ses dix-sept arrière-petits-enfants, ont l'immense tristesse de faire part du font part du décès, le 20 novembre 2001, premières années d'existence du centre. se, il avait proposé aux frères Les parents et alliés, décès de à l'âge de soixante-quinze ans, de – Guy Seligmann, Il reste cher à la mémoire de ses Bordas la création d’un nouveau président, nombreux anciens élèves. ont le grand chagrin d'annoncer le décès manuel de littérature qui ajouterait Marie-Paule GABORIT, Et les membres du conseil de Catherine CARSOUX, à l’histoire littéraire, présentée siè- née PANAFIEU, d'administration de la Scam (Société cle par siècle, des morceaux choisis survenu le 18 novembre 2001, à l'âge de civile des auteurs multimedia), Conférences Mathilde BENHAMOU, Elle a rejoint dans la paix du Seigneur des œuvres les plus importantes. Le née SMADJA, trente-neuf ans. ont la grande tristesse de faire part du Société française de philosophie. sa fille, décès de but avoué était que ces extraits fas- Professeur Maurice Clavelin : sent découvrir et aimer la littérature survenu dans sa cent deuxième année. La cérémonie religieuse sera célébrée Catherine, le vendredi 23 novembre, à 10 h 30, en Frédéric POTTECHER, « Galilée philosophe et mathématicien », aux écoliers. Il fallait aussi associer Les obsèques auront lieu ce mercredi l'église arménienne, 15, rue Jean- décédée le 28 janvier 1969. auteur de radio et de télévision, samedi 24 novembre 2001, à 16 h 30, la littérature aux autres formes Goujon, Paris-8e. lauréat du Grand Prix de la Scam 21 novembre 2001, à 14 h 15, au Sorbonne, amphithéâtre Michelet, d’art, ce qui a favorisé la création cimetière du Montparnasse, Paris-14e. La cérémonie religieuse aura lieu en pour l'ensemble de son œuvre. d’ouvrages très illustrés, mêlant L'inhumation aura lieu à 11 h 45, au l'église Saint-François-de-Sales, à 46, rue Saint-Jacques, Paris-5e. grands textes et grands tableaux. « Ce peu profond ruisseau calomnié cimetière du Montparnasse. Nantes, le jeudi 22 novembre, à 15 heures. Ils présentent à sa famille leurs plus la mort. » L'inhumation aura lieu au cimetière de sincères condoléances. Le succès fut immédiat. Le Communications diverses premier volume, consacré au Stéphane Mallarmé. Saint-Sauveur, à L'Ile-d'Yeu, le vendredi – Didier et Régine Saco 23 novembre, à 13 h 30. Scam, Moyen Age, vit le jour en 1948, le ont la tristesse de faire part du décès de 5, avenue Vélasquez, e – Centre communautaire de Paris : XVI siècle suivit en 1949, le leur mère, 94, rue des Agenêts, 75008 Paris. Forum de la paix. Jeudi e e Pierre BILLAUD, XVII siècle en 1951, le XVIII en grand reporter à RTL, 44000 Nantes. (Le Monde du 15 novembre.) 22 novembre 2001, 20 h 30 : «Les 1953, le XIXe en 1955 et le XXe en Jacqueline CHARLES, courants idéologiques de l'islam en née LEREBOURG. 1962. Plusieurs éditions remaniées nous a quittés, tué en Afghanistan dans – Catherine Guignot, – Edgar Soulié-Chevalley, Valérie et France : entre politique et religion » seront ensuite publiées jusqu’à la l'exercice de sa mission pour faire sa femme, Cyril Robin-Soulié, Antoine et Sabine avec Michel Renard et Alexandre Del connaître la vérité. Il a ainsi rejoint la Un moment de recueillement aura lieu Soulié-Graff, Maxence et Arthur, Nicolas Valle. Lundi 26 novembre, 20 h 30 : fin des années 1980, pour un tirage jeudi 22 novembre 2001, à 10 h 30, en Vincent et Caroline Guignot, longue liste des journalistes tombés pour Martin Guignot et Emmanuelle Jonis, et Caroline Soulié-Basdevant, « Les passions judéo-arabes de la total de près de vingt millions l'église Saint-Enogat, à Dinard. que subsiste la démocratie et pour que Marie Guignot et Benjamin Guillot, Arnaud et Marion Soulié-Daufresne, France » avec Jacques Tarnero. d’exemplaires. Après mai 1968, le chacun puisse vivre dans un monde libre. ses enfants, Grégoire, Théodore, Victor et Joséphine, Mercredi 28 novembre, 20 h 30 : « Lagarde et Michard » dut affron- 46, quai des Célestins, Louna, Norbert et Rafaële Soulié-Mihura, « Israël, l' et le défi Nathalie et Gérard Velter, Adrien, ter les critiques. Ses auteurs devin- Ses confrères et amis de RTL et des 75004 Paris. sa petite-fille, terroriste » avec Alexandre Adler. Jeudi radios qui l'ont accueilli souffrent de son 26, rue de Boussy, Tristan, Charles, 29 novembre, 19 h 30 : « La montée de rent les prototypes du conserva- Anne-Marie Guignot, Les familles Soulié, Réveillaud, Kriz, absence, mais sauront faire vivre sa 94520 Mandres-les-Roses. sa mère, la haine antisémite dans le monde tisme culturel ; on contesta leurs mémoire. Kirch, arabo-musulman » avec Alexandre Del choix, jugés trop académiques ; on Ses frères et sœurs, beaux-frères et ont la tristesse de faire part du décès le belles-sœurs, neveux et nièces, Valle ; 21 heures : « Israël, Palestine, reprocha à leur manuel de dégoûter Emmanuelle Robinson-Utrilla, – M. Michel Delaye, dimanche 18 novembre 2001, dans sa retour à la case départ ? » avec Les familles Guignot, Roure, Aptel, quatre-vingt-sixième année, de les élèves de lire les livres en entier. sa compagne, son époux, Perrin, Moraine, Cessac, Boulanger, Frederic Encel, Claude Lalloum, Robert M. et Mme Alain Billaud, Ses enfants et petits-enfants, Assaraf. Lundi 3 décembre, 19 h 30 : Mais la contestation ne fit qu’à pei- Rivet, Mouney, Mme Ivan SOULIÉ, ne baisser les chiffres de vente… Et, ses parents, Ainsi que sa mère, ont la grande tristesse de faire part du « La rhétorique de l'antisionisme dans Marie-Noëlle Billaud-Dallay et née Odile RÉVEILLAUD. les médias » avec Raphaël Draï ; il y a quelques semaines encore, Et toute la famille, décès de Hélène Pradas, ont la douleur de faire part du décès de 21 heures : « L'image médiatique André Lagarde préparait chez Bor- ses sœurs, La cérémonie religieuse sera célébrée d'Israël : entre le réel et le fantasme » Raymond GUIGNOT, le samedi 24 novembre, à 11 heures, en das une nouvelle édition sur sup- Leurs conjoints et leurs enfants, Mme Michèle DELAYE, ingénieur général de l'Armement, avec Clément Weil Raynal. Mardi Mme Utrilla et M. Fabre, l'église réformée de Neuilly, 4 décembre, 19 h 30 : « L'antisionisme : port numérique de sa collection. 18, boulevard d'Inkermann, à Neuilly- survenu le samedi 17 novembre 2001, à le 20 novembre 2001, à l'âge de nouvel opium des intellectuels dans l'impossibilité de répondre sur-Seine. l'âge de soixante-six ans. cinquante-trois ans, des suites d'une européens ? » avec Gérard Edouard Masurel individuellement à tous les témoignages sclérose latérale amyotrophique (maladie Rabinovitch ; 21 heures : « La place de sympathie venus de divers horizons, « Mon âme, bénis l'Eternel. » de Charcot). Il a affronté la maladie avec d'Israël dans la nouvelle géopolitique remercient toutes les personnes qui se Une messe aura lieu le vendredi Psaume 103. 23 novembre, à 14 h 30, en l'église force et dignité et, jusqu'au bout, il a su du Proche-Orient » avec le général a ANDRÉ ANGOT, député (RPR) sont manifestées auprès de RTL ou Pierre-Marie Gallois. Mercredi Sainte-Jeanne-d'Arc de Versailles apprécier la vie. du Finistère, conseiller général et d'eux-mêmes. 5 décembre, 20 h 30 : « Le refus (Yvelines). d'Israël » avec Elisabeth Chemla, maire d’Edern, est mort, lundi La voix de Pierre résonnera toujours Les obsèques ont lieu le 22 novembre, 19 novembre, des suites d’un can- à 11 h 30, en l'église de Grandrieu Dominique Moïsi. Lundi 10 décembre, dans nos cœurs. 6, rue Louis-Haussmann 20 h 30 : « L'identité israélienne en cer. Né le 28 avril 1947 à Saint-Sau- (Le Monde du 14 novembre.) 78000 Versailles. (Lozère), suivies de l'inhumation au cimetière de Grandrieu. question ? » avec Michel Abitbol veur-de-Pierrepont (Manche), doc- (Jérusalem), Jeffrey Adrew Barash (New teur vétérinaire, André Angot s’était 13, rue Ecoute-s'il-Pleut, York), Marcelo Dascal (Tel-Aviv). Mardi installé à Edern en 1972. Il est deve- 78960 Voisins-le-Bretonneux. 11 décembre, 19 h 30 : « De la mise en nu le maire de cette commune pro- route d'Abraham, Jésus et Mahomet » che de Quimper en mars 1983, con- avec Alain Didier Weil ; 21 heures : –Mme André Lagarde, « Les juifs ont-ils un avenir en seiller général, élu du canton de son épouse, France ? » avec Shmuel Trigano. Briec en septembre 1988 et député Marc et Danièle Besson-Léaud, Mercredi 12 décembre, 20 h 30 : de la première circonscription du ses enfants, « Monde arabe et Islam : la stratégie Finistère (Quimper), en mars 1993, Laurent, Patrick et Juliana, du refus d'Israël » avec Michel Christophe et Stéphanie, Claire, en battant Bernard Poignant (PS). Il CHINE Gurfinkel. Centre communautaire de ses petits-enfants, e appartenait à la commission de la Paris, 119, rue La Fayette, Paris-10 - LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT EST-IL POUR DEMAIN ? Alice et Bastien, (PAF). Tél. : 01-53-20-52-52. production et des échanges de l’As- ses arrière-petits-enfants, semblée nationale et avait été le rap- Mme Laurent Michard, porteur de la nouvelle loi sur l’équar- MERCREDI 28 NOVEMBRE 2001 A PARIS Les familles Roques, Bauchat et Carnière, rissage, les farines animales et la pro- (Petit déjeuner/matinée de travail - 8 h 30-12 heures) tection des consommateurs face à la ont la douleur de faire part du décès de AGENDA crise de la vache folle. Sa suppléan- Nord Sud Export convie, avec Le Monde, les hommes d’affaire concernés par l’évolution te, Marcelle Ramonet (DL), premiè- économique et politique de la Chine à une matinée de travail avec des chefs d’entreprise et re adjointe au maire de Quimper, M. André LAGARDE, des banquiers investis dans ce pays ainsi que les meilleurs spécialistes du « risque-Chine ». inspecteur général honoraire SERVICES Alain Gérard (RPR), le remplacera de l'éducation nationale, BIJOUX dans l’Hémicycle jusqu’aux élec- ● Pourquoi la Chine peinera-t-elle à respecter ses engagements OMC dans un chevalier de la Légion d'honneur, tions législatives de 2002. commandeur dans l'ordre Retraitée, bon niv. culturel, contexte de moindre croissance ? GENÈVE des Palmes académiques, bonne présentation, garderait pers. âgée, ● officier de l'ordre de Léopold II, Où sont les risques financiers de ce pays ? Bijouterie-horlogerie NOMINATION valide, temps partiel, sér. références. ● La succession du tandem Jiang-Zhu est-elle écrite d’avance ? survenu à Neuilly-sur-Seine, le 31, rue des Batignolles, 75017 Paris, Tél. : 06-85-07-66-66. COOPÉRATION ● Le chômage et les inégalités croissantes sont-ils porteurs d’une déstabilisation 19 novembre 2001, dans sa quatre-vingt- ET FRANCOPHONIE politique ? dixième année. 01-43-87-64-84. PEINTURE Philippe Meunier a été nommé ● Comment les investisseurs, petits et grands, s’adaptent-ils pour survivre ? La cérémonie religieuse sera célébrée Cessation d'activité directeur du cabinet de Charles Jos- le vendredi 23 novembre, à 14 heures, en GENEVIEVE BERNIS selin, ministre délégué à la coopéra- Gagnent-ils leur vie ? Vend l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur- pour cause retraite. tion et à la francophonie. Il rempla- ● Quel marché de consommation doit-on viser ? Seine, 90, avenue Achille-Peretti. Dessins gouaches ce Dominique Bocquet qui devient Liquidation de son stock Tél. : 01-43-38-19-68 conseiller auprès de Charles Josselin. Si vous vous posez ces questions, soyez des nôtres ! L'inhumation aura lieu le samedi 24 novembre, à 11 heures, au cimetière [Né le 19 octobre 1963, Philippe Meunier ancien de Royan, boulevard du 19/11 au 31/12/01. RESTAURANT est diplômé de l’Institut d’études politiques Ce séminaire « Entreprises » est une réunion payante Clemenceau. de Paris et ancien élève de l’ENA (1987-1989). Bijoux or - 30 % Il a été notamment en poste à Bruxelles, Ni fleurs ni couronnes. DOLCE VILLA auprès de l’Union européenne (1993-1997), à Renseignements et inscriptions auprès de Christelle TORRES et Nathalie LEFEVRE 28, rue Perronet, Montres - 20 %à - 30 % Restaurant franco-italien. Nairobi (1997-2000) et à l’administration cen- 92200 Neuilly-sur-Seine. Tél. : 01-58-34-06-48 trale du Quai d’Orsay. Depuis novem- Tél. : 01-44-97-55-35 - Fax : 01-44-97-55-36 30, rue de Laâge, Autorisation préfectorale 4, rue de la Ferme, bre 2000, Philippe Meunier était directeur E-mail : [email protected] 17100 Saintes. adjoint du cabinet de Charles Josselin.] (Lire ci-contre.) No 2001-310-1 du 6/11/01. 93200 Saint-Denis. 27 AUJOURD’HUI LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

SCIENCES Près de Grenoble (Isè- qui étudient le phénomène depuis l’équivalent de dix fois celui des b EN CAS DE RUPTURE, c’est la com- arrangé les choses. La montagne re), à Séchilienne, tout un pan de quinze ans, ne peuvent dire quand Twin Towers de New York. Un vrai mune de Vizille et un complexe chi- avance toujours, mais les politiques montagne menace de se rompre et et comment. b UNE CHOSE EST danger, car ces débris pourraient mique de trois unités classées « Seve- hésitent à se lancer dans de grands de bloquer la vallée de la Romanche SÛRE : le volume rocheux de cet créer un barrage artificiel qui retien- so » qui seraient aussitôt balayés. travaux de prévention et réclament à cet endroit. b LES SCIENTIFIQUES, éboulement pourrait représenter drait les eaux de la Romanche. Les pluies de l’an dernier n’ont pas de nouvelles études. Le risque d’éboulement de Séchilienne reste un casse-tête scientifique En dépit de nombreuses études , le scénario du glissement de cette montagne située près de Grenoble et la date à laquelle il aura lieu demeurent incertains. L’appréciation du risque conditionne les mesures de prévention

GRENOBLE plexe chimique grenoblois avec ses mes, en outre, augmentent. Or ils de notre correspondante trois usines classées Seveso rem- déterminent les mécanismes de Dix fois deux tours du World Tra- plies de chlore, d’hydrogène, et propagation. Lorsqu’un éboule- de Center de New-York. C’est le d’acide chlorhydrique. « Deux fois ment se produit, une partie de volume de l’éboulement rocheux, Toulouse », prédit Gilles Stra- l’énergie potentielle de départ va l’un des plus importants d’Europe, pazzon, maire de la commune de se dissiper par fragmentation, frot- qui menace une vallée du sud de Saint-Barthélemy-de-Séchilienne tement, etc. l’Isère. Sauf qu’ici, la catastrophe qui a vu l’un de ses hameaux vidé L’énergie qui reste sera unique- est annoncée depuis quinze ans. de ses trois cents habitants et son ment de l’énergie cinétique, Tous les experts qui se sont succé- école fermée, en application (la pre- c’est-à-dire de la vitesse. Plus les dé l’ont confirmé : la montagne mière en France) de la loi Barnier s’effondrera. Quand ? En dépit des sur la prévention des risques natu- progrès réalisés dans la connaissan- rels imminents. La seule parade ce du phénomène, cette question Ce sont des chutes inhabituelles est toujours sans réponse. Le scéna- de blocs de pierre sur la nationa- possible : rio de l’éboulement n’est pas le 91, qui avaient permis en 1985 davantage connu. Tombera-t-il en de révéler le phénomène. Face à la construire un tunnel une fois ou par paquets successifs menace pesant sur un itinéraire et, dans ce cas, quel effet produira emprunté l’hiver par 20 000 véhicu- hydraulique la chute d’une masse de matériaux, les pour rejoindre les stations de restée suspendue lors de la rupture ski de l’Oisans, l’Etat avait réagi et, et un tunnel routier en moins d’un an, dévié la portion de route menacée, élevé une digue Un dispositif de protection et creusé un lit de volumes augmentent, plus les secours pour la Romanche. Parallè- mécanismes vont être économes de surveillance lement, le versant était truffé de en énergie et, donc, plus il restera capteurs et la surveillance du site de vitesse. Les matériaux iront permanent confiée au Centre d’études techni- donc d’autant plus loin, expli- ques de l’équipement (CETE) de quent les scientifiques. Les études Mis en place dès 1985 et com- Lyon. MEDIALP de propagation et d’étalement plété au fur et à mesure, le dispo- Il fallut ensuite attendre dix ans À droite, près de 3 millions de mètres cubes de terre et de roches d’éboulements dans la vallée, réali- sitif de surveillance actuel et un nombre impressionnant menacent le village de Séchilienne. sées jusqu’ici à partir de scénarios permet d’ausculter le massif de d’études concluant toutes à un ris- allant de 3 à 20 millions de m3, ont façon continue et par tous les que d’éboulement majeur pour la déclaration d’utilité publique de ce qui a été observé au cours leur course dans le lit majeur de la toutes conclu à une bouchure, temps, grâce notamment à un que l’Etat consente à nouveau à (DUP) du projet d’expropriation. des siècles sur le site. En clair, des Romanche. Quelques semaines mais avec des conséquences radar récemment installé. Il se mettre la main au portefeuille et Cinq ans après, en guise du pre- ruptures de masses rocheuses ou plus tard, ce sont deux entonnoirs hydrauliques et économiques très compose d’un réseau de mesure construise une galerie de reconnais- mier coup de pioche, le ministère basculement n’excédant par un de plusieurs mètres de diamètre et différentes, selon le volume des géodésique permettant d’enregis- sance destinée à mieux cerner la fai- de l’aménagement du territoire et volume de quelques centaines de de l’ordre d’une dizaine de mètres matériaux éboulés et les condi- trer les variations de distance et sabilité d’un tunnel de dérivation, de l’environnement a décidé de sol- milliers de mètres cubes. de profondeur qui se sont ouverts tions de l’éboulement. d’un système de capteurs exten- tout en offrant accessoirement un liciter l’avis d’un collège d’experts Toujours à court terme, ils dans la partie la plus active. En Après les conclusions du rap- sométriques mesurant les frac- conduit d’évacuation de la Roman- internationaux, réunis sous la direc- jugent « également envisageable » avril, un nouvel éboulement a pro- port Panet, les pouvoirs publics, tures les plus actives. Selon les che, « pas même capable d’absor- tion du président de la Société l’éboulement en masse d’une zone voqué la chute de 500 à 1 000 m3 de peu pressés d’engager un investis- experts, son fonctionnement ber le débit d’une crue annuelle », internationale de mécanique des qu’ils évaluent entre 2,2 et 2,6 mil- blocs. L’équipe chargée de la sur- sement financièrement très lourd, garantit une alerte trois jours ironise un habitant de la vallée. roches, Marc Panet. Explication de lions de mètres cubes (alors que le veillance du site juge en particulier ont décidé d’engager de nouvelles avant une phase de crise, per- La solution pourtant existe. Des Pascal Douard, délégué adjoint aux Cete l’estime plutôt à 3,2 millions inquiétant le fait qu’au fur et à études destinées à mesurer les con- mettant ainsi de gérer le études ont démontré depuis long- risques majeurs : « Un investisse- de m3), avec une extension possible mesure du basculement, des ouver- séquences de scénarios de moin- déplacement des populations et temps que la seule parade possible ment de l’ordre de 1 milliard de qu’ils n’ont pas chiffrée, mais que tures se créent à l’arrière, qui sont dre ampleur. Le plan de secours la mise en sécurité des usines du en cas d’obstruction de la vallée est francs mérite que l’on vérifie les le CETE a évaluée à 4 millions de comblées par des matériaux. Les pourrait lui-même être révisé à la complexe chimique. la construction d’un tunnel hydrau- hypothèses de départ. » m3, soit un total avoisinant les 7 mil- pressions exercées sur la partie bas- baisse. « Le danger, avec de plus lique et d’un tunnel routier. Leur Or ces hypothèses ne sont pas lions de m3. Pour le reste, l’équipe se se faisant de plus en plus fortes, petits volumes, prévient un géolo- coût a même été chiffré (un peu infirmées, mais replacées sur trois du CETE dit être en accord avec le le risque est qu’à un moment elle gue, est d’être tenté de tutoyer la initiale ? Les scientifiques ne se pro- moins de 1 milliard de francs) et le échelles de temps qui autorisent collège d’experts qui ont estimé les soit trop sollicitée par rapport à ses limite du possible.» noncent pas. retour sur investissement calculé tous les atermoiements. Le scéna- scénarios, conduisant à des volu- caractéristiques, et se rompe. Le En revanche, les conséquences (deux ans environ). rio le plus évident pour le « très mes d’éboulement de 20 ou 25 mil- mouvement se déplaçant, les volu- N. C. tant en vies humaines qu’en des- C’est d’ailleurs sous réserve de court » (c’est-à-dire inférieur à un lions de m3, « très improbables à tructions de biens, ont été décrites l’engagement de tels travaux que an) et « court terme » (compris court terme » et « peu probables à maintes fois. Le risque principal est les commissaires enquêteurs ont entre un an et dix ans) est, selon les moyen terme ». TROIS QUESTIONS À… réaliser, c’est-à-dire que les études que, si la vallée venait à être obs- rendu en 1996 un avis favorable à experts, la poursuite dans le futur Les observations les plus récen- soient financées, que les monta- truée, la Romanche, qui coule au tes semblent témoigner toutefois LOUIS ROCHET ges financiers soient arrêtés, que pied du massif, formerait en amont d’une dégradation. Durant les dou- les marchés soient préparés. Ce une retenue telle que le village de Le rôle de la pluie ze derniers mois, les fractures, En tant qu’ingénieur en géomé- serait une stratégie minimale, Séchilienne serait tout ou partie dans la zone la plus active, située 1canique, vous suivez depuis dont le financement reste encore englouti. Puis, sous la pression, ce « Tous les cycles augmentent de vitesse. Les vitesses lentes, habituelle- dans la partie frontale du massif, se quinze ans l’évolution du phéno- très incertain. barrage de débris finirait par céder ment observées en été et en automne, sont moins lentes qu’avant, alors sont ouvertes de 19 à 98 cm. mène. Comment expliquez-vous et un mur d’eau de un à plusieurs que les vitesses rapides, observées en hiver et au printemps, sont elles- « Depuis 1985, date à laquelle a l’incertitude qui continue de Selon vous, les pouvoirs mètres se lancerait dans la vallée. mêmes plus rapides », constate Laurent Effendiantz. débuté la surveillance du site, de tel- peser ? 3publics profitent-ils de l’incerti- Le compte à rebours a été calcu- A cela s’ajoutent des accélérations liées à des épisodes pluvieux les valeurs n’avaient jamais été L’incertitude est souvent perçue tude pour jouer la montre ? lé : cinq minutes pour détruire les ponctuels. « Il y a quelques années, explique le technicien, on notait atteintes », rapporte Laurent Effen- par le citoyen comme de l’ignoran- Face à la perspective de devoir captages d’eau de l’agglomération une accélération à la suite d’un événement pluvieux de grande inten- diantz, responsable du site au ce. A tort. L’incertitude est consti- débourser 1 milliard de francs, grenobloise, vingt minutes pour sité, qui lui-même succédait à plusieurs jours de pluies abondantes. CETE. Une corrélation a pu être tutive des phénomènes naturels tous les arguments sont analysés. Il noyer la commune de Vizille, une Or, actuellement, c’est plutôt la répétition de phénomènes isolés en établie avec les conditions hydro- qui sont, par nature, aléatoires. La y a en outre un traumatisme hérité demi-heure pour atteindre le com- période hivernale qui entretient une vitesse forte. » climatiques. connaissance que l’on peut en de l’exemple de La Clapière, dans Les données recueillies grâce à la avoir n’est pas réductible à une les Alpes-Maritimes. Alors qu’une station météo installée en 1992 ont approche déterministe, mais relè- accélération avait pu faire craindre révélé un excédent du taux de plu- ve, par essence, d’une approche de l’imminence d’un effondrement, il viométrie de 20 % depuis l’hiver type probabiliste. Lorsqu’on parle a été décidé de creuser une galerie 1998-1999. Au mois de septembre, d’un événement probable à court de dérivation de la Tinée qui a coû- la lame d’eau infiltrée dans le sol terme, cela ne veut pas dire qu’il té fort cher. L’évolution plus favo- (résultat de l’addition entre la pluie va nécessairement se produire rable du phénomène n’a pas confir- tombée et la neige fondue, moins dans ce laps de temps. Cela signifie mé cette crainte et l’éboulement l’évapotranspiration) a atteint en que c’est un risque dont il faut se en masse ne constitue plus aujour- septembre 1 921,6 cm, ce qui repré- préoccuper dans la décennie, d’hui un scénario vraiment crédi- sente un des plus fortes valeurs c’est-à-dire qu’il va falloir bâtir des ble. Au final, la décision est tou- enregistrées depuis la mise en servi- stratégies qui présentent le jours politique. Le technicien peut ce de la station. A titre de comparai- meilleur compromis entre les mesu- donner un point de vue sur la crédi- son, elle était seulement de 13 cm res de prévention et le coût social bilité de tel ou tel scénario, mais il en 2000. Cette accélération est con- et économique de la catastrophe. ne peut pas prendre la décision. Il firmée sur le terrain par un certain faut néanmoins avoir à l’esprit nombre d’événements. Les ouvrages de prévention qu’une décision, aujourd’hui, d’at- En janvier 2001, un éboulement 2actuels vous paraissent-ils tendre, doit pouvoir être remise à de cent à plusieurs centaines de adaptés ? plat demain. mètres cubes a provoqué la chute Tout dépend du niveau d’incerti- de blocs de pierre qui ont roulé jus- tude que l’on décide d’accepter. Si Propos recueillis par que sur l’ancienne route pour finir on souhaite se protéger contre un Nicole Cabret scénario de 500 000 m3 ? les protec- tions actuelles de première urgen- ce, réalisées à l’époque, pour sécu- riser la route, suffisent. Mais si l’on estime que l’enjeu est trop important et que l’on ne veut pas courir le risque d’une réaction trop tardive en cas d’évolution rapide vers la rupture de la zone la plus active, qui ne cesse de se dégrader au fil du temps, alors il convient de prendre des décisions. Pour autant, la construction d’un tunnel de dérivation n’est peut- www.gap.fr être pas strictement indispensable dans l’immédiat. Il faudrait néan- moins que tout soit prêt pour le 28 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 AUJOURD’HUI-VOYAGES Sous la Réunion, l’île Bourbon

SAINT-DENIS DE LA RÉUNION de notre envoyé spécial Après ses pics, sa forêt Ile-fleur, île-femme, Négresse blonde, rose sauterelle, on a tout et son lagon, dit sur la féminité de la Réunion. Mais lorsqu’on y débarque pour la le département première fois, ces clichés prennent le relief sans pareil de la vie, acquiè- français de l’océan rent une nouvelle jeunesse, s’impo- sent. Dans un café dionysien de la Indien abat rue piétonne, à l’ombre de la Gran- de Mosquée ou à celle du monu- une nouvelle carte ment à Roland Garros (un créole, qui n’a rien à voir avec le tennis et maîtresse : son tout avec l’aviation militaire), vous vous rendez finalement aux douces patrimoine colonial, raisons du poète natif Leconte de Lisle, qui disait à son île : constitué surtout « Au fond de tes fureurs, comme au fond de tes joies, de « cases créoles » où Ta force est sans ivresse et sans emportement ». s’élabora l’art de vivre Malgré cyclones et volcans, la beauté naturelle de ces 2 500 km2, arabes ou portugais, au même titre tout en gorges, pitons, futaies, que « l’absence de moustiques, mou- sable et cascades, n’a pas tourné la ches, puces et autres insectes tête des insulaires, ni gâté leur fâcheux, une terre sans rats, ni ser- caractère. Déjà, au XVIIIe siècle, pents venimeux, ni virus tropical ». Bernardin de Saint-Pierre vantait La sagesse îlienne explique sans « les mœurs fort simples des habi- doute l’exploitation sans frénésie, tants de Bourbon ». C’était alors le jusqu’ici, des ressources touristi- nom dynastique de cette posses- ques de la Réunion, tranchant avec sion française, qui ne devait pren- la fébrilité commerciale d’autres dre celui de « Réunion » que lors édens de l’océan Indien. Quelque de la Révolution de 1789, pour célé- 430 000 voyageurs ont visité en brer « l’union devant les Tuileries 2000 le département ultramarin, ce des révolutionnaires marseillais et qui représente plus de la moitié du des gardes nationaux parisiens ».La nombre de ses habitants. La Réu- tempérance bourbono-réunionnai- nion n’envisage pas de recevoir se est due au moins en partie à un plus de 500 000 touristes par an. La climat si clément et si sain qu’il frap- majorité des visiteurs actuels vien- pa les premiers découvreurs de l’île, nent de métropole.

UN PATRIMOINE MÉCONNU « Vengez-nous, Après avoir attiré le chaland avec ses vertigineuses randonnées saint Expedit ! » pédestres entre cratères rougeâ- tres et sylve vert-noir ; ses quaran- Un peu partout, à la Réunion, te kilomètres de plages hyalines à au bord des routes, le regard est l’abri du lagon ; sa flore fruitière et attiré par des oratoires ou chapel- légumière savoureuse, allant du les (on en compte environ trois chouchou avec brèdes à l’ananas cent cinquante) tous peints en nain Victoria en passant par la rouge sang, tous surabondam- vanille Bourbon ; sa pêche en mer, ment pourvus de cierges, du marlin noir aux dorades chory- ex-voto, fleurs en plastique et phènes bleutées et jaune poussin écharpes écarlates. Ce sont des (Le Monde du 15 mars), la Réunion autels à saint Expedit, « légionnai- se prépare sans bruit à abattre un re romain lapidé en Orient pour nouvel attrait, un nouvel atout. avoir refusé de renier sa foi ». Elle le tâtait dans sa manche Canonisé par la vox populi, ensui- depuis un lustre ou deux, guettant te oublié, ce personnage a mysté- l’essoufflement de l’anticolonialis- rieusement resurgi dans les mers me militant. Maintenant que la ten- du Sud, à l’ère coloniale. dance penche plutôt vers un réé- Aujourd’hui, outre les Masca- quilibrage des jugements politi- reignes, il est toujours extrême- ques, comme le montre Jean de La ment populaire au Brésil et dans Guérivière dans son récent livre les Caraïbes. Le haut clergé Les Fous d’Afrique (Seuil), la Réu- remueurs d’hommes, de plantes et en lave et corail, sur un dessin De ces cases-là, justement, qui pour vous montrer l’intérieur à la réunionnais a tenté en vain nion commence à sortir son patri- de pierres que furent au siècle des emprunté aux architectures euro- peuvent être exiguës ou spacieu- créole ou le kiosque à thé ; ou d’abolir ce culte peu orthodoxe, moine colonial. Lumières le gouverneur La Bour- hindoues de Goa ou Pondichéry, ses (comme celle où naquit le encore aux Colimaçons, la proprié- puisque Expedit est réputé Il est considérable et méconnu ; donnais et l’intendant Poivre. une des rares de ce style à la Réu- futur premier ministre Raymond té Châteauvieux, caparaçonnée de « saint vengeur et rapide, auquel il va du Grand Siècle à la départe- nion, cette grosse villa blanche Barre, 15, rue de Paris), on peut en bardeaux et qui, vers 1850, fonc- on peut même demander de nuire mentalisation (1946) ; il donne à LE PETIT ESCLAVE ET L’ORCHIDÉE ouvre maintenant un large panora- visiter maintenant une dizaine, la tionnait autarciquement, fabri- à autrui »… Chassé des églises, l’île un poids artistique et histori- Sur les hauts de Saint-Gilles, on a ma sur la vie aux Mascareignes, au plupart en bois de natte et tamari- quant jusqu’à son cidre et ses fro- Expedit s’est rattrapé à l’air libre, que inédit. Même la préfecture, à ouvert au public, sous le nom un temps du roi-sucre (184 moulins à nier ; que ce soit la maison Folio mages ; le parc abrite désormais en occupant le terrain le long des Saint-Denis, prend une tout autre peu abusif de « Musée Villèle » cannes en 1830), des esclaves (le (1860), à Hell-Bourg, le ci-devant un mini-empire botanique proté- chemins de l’ex-île Bourbon. importance, quand on regarde ce – du patronyme du premier minis- domaine comportait pour eux un Aix-les-Bains local du XIXe siècle, geant les végétaux indigènes mena- Non loin du pic de la Fournaise, palais administratif résumant à lui tre de la Restauration qui passa hôpital où leurs descendants expo- enfoncée dans son jardin-jungle cés, tels le bois de senteur blanc le saint dispose même d’une sta- seul trois ou quatre cents ans, de la dans cette demeure dont il épousa sent des œuvres d’art afin d’exorci- tapissé d’orchidées et de fougères, ou bleu, ou le benjoin, sans parler tue en soldat antique, brandis- Compagnie des Indes au général une fille –, l’« habitation Panon-Des- ser le passé) et des cases aux lam- où on attend qu’un membre de la du Sidroxylon oxycantha ou bois sant une croix, tel un apôtre. de Gaulle, via les bénéfiques bassayns ». Achevée en 1788, bâtie brequins floraux de bois ou de tôle. famille Folio vienne vous chercher de fer, qui procure des charpentes AUJOURD’HUI-VOYAGES LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 29

Carnet de route

b Accès. Vols quotidiens directs Week-end « au fil de la Gironde » Paris - Saint-Denis de la Réunion avec Air France (tél. : 0820-820- La Gironde doit s’aborder sans faconde. Cet estuaire, tuaire – huit, toutes habitées à une époque ou à 820), Corsair (0825-000-825) ou une vieille « dame » d’environ 20 000 ans, s’élance sur une autre – ont été le théâtre d’histoires cocasses, Air Lib (0825-805-805), à partir plus de 80 km, entre son embouchure – au Verdon en peuplées de personnages fantasques ou bizarres. de 3 950 F (602 ¤) A/R. Pour Gironde ou à Royan en Charente-Maritime, tout Elle sont toutes privées à l’exception de l’île Nou- appeler la Réunion, composer dépend de la rive où on se situe – et le Bec d’Ambès, velle, qui se visite « à la carte ». directement les dix chiffres une presqu’île, à quelques kilomètres en aval de Bor- Dans les bars de Blaye, on vous raconte ainsi l’his- du numéro, comme en métropole. deaux, point de rencontre entre Dordogne et Garon- toire de Roland, comte de Blaye, neveu de Charle- En hiver, le décalage horaire est ne. A certains endroits, l’estuaire prend des airs de magne. Il aurait été inhumé dans l’abbaye Saint- de trois heures de plus Mississippi et tous les jours, ou presque, il roule des Romain, aujourd’hui en ruines, au pied de la citadel- à la Réunion. mécaniques : après l’embouchure, une vague se forme le. Son sarcophage – ni certifié ni démenti – n’aurait b Hôtels. Ouvert en 2000, de style avant de pas bougé. Après la bataille de Roncevaux en 778, néocolonial, l’ensemble hôtelier s’échouer plu- l’empereur lui-même aurait ramené la dépouille du Les Villas du lagon, à Saintes sieurs dizaines chevalier. Des villages alentour conservent toujours Saint-Gilles-les-Bains, à 50 km Cognac de kilomètres des traces du passage de Charlemagne et de la pré- Le Verdon- Royan de Saint-Denis, est la plus sur-Mer plus loin. C’est le sence de son neveu en ces terres. prestigieuse enseigne touristique CHARENTE- mascaret : à G MARITIME de l’île. A partir de 6 790 F ir marée montan- de notre correspondante, Claudia Courtois o n (1 035 ¤), vol compris, pour d te, la masse e 5 jours en demi-pension. Réserver d’eau de mer e Blaye est à 500 km de Paris. Au sud, visiter Bourg- via un voyagiste. A Trois-Bassins, Mouton-Rothschild vient rencontrer sur-Gironde, pittoresque village. Suivre la « corni- le simple et tranquille l’eau douce pour che fleurie », le long de l’estuaire. S’arrêter à Plas- hôtel-restaurant Goëlo ; Blaye former une sac (trois villas gallo-romaines). Hôtel La Citadelle Fort Médoc demi- pension à partir de 270 F Plassac vague. Les jours (tél. : 05-57-42-17-10) avec des chambres donnant Bourg (41 ¤). Tél : 02-62-24-67-48. Castelnau-de-Médoc de grandes sur l’estuaire et une bonne table. De Bourg, l’asso- b Voyagistes. Tourinter, Lyon marées, elle peut ciation Chacun sa mer (tél. : 05-56-50-00-42) propo- Bec d'Ambès (tél. : 04-72-77-16-16), Sun GIRONDE atteindre deux se des visites à la carte, de mai à fin octobre, en Vacances (tél. : 01-49-29-60-00), mètres cinquan- gabarre (embarcation traditionnelle). Le Ville de BORDEAUX Cenon Kuoni (tél. : 01-42-85-62-30), Pessac te et fait le bon- Bordeaux (tél. : 05-56-52-88-88) effectue des excur- 2km Nouvelles Frontières (tél. : heur des sur- sions, toute l’année, en fonction de la météo, de 01-41-41-58-58) et Austral (tél. : feurs et autres Bordeaux à Blaye. Croisière également toute l’an- 01-56-43-43-70) qui propose par amateurs de glisse. Installée sur un promontoire née avec repas et escales sur L’Aliénor,de exemple un « autotour » rocheux, la ville de Blaye offre un point de vue uni- Bordeaux (tél. : 05-56-51-27-90). Le Viking, petit PHOTOS ROSINE MAZIN d’une semaine à partir de 1 241 ¤ que pour observer ce phénomène. Située à 45 km, paquebot fluvio-maritime (agence Sud Inter, tél. : Page de gauche : film qui fit connaître à l’univers (8 140 F) par personne à vol de héron, de Bordeaux et à 80 de Royan, le 05-56-01-71-11), programme, d’août à octobre, une la maison construite entier la façade tarabiscotée de notre en chambre double avec l’avion, visage de cette bourgade de 4 500 habitants a été croisière de Bordeaux à Nantes avec Blaye et visite en 1860, à Bois-Rouge, église, dont on se moquait jusque- l’hébergement métamorphosé, à la fin du XVIIe siècle, époque à des vignobles. Lire Le Fleuve impassible, de Pierre pour Adrien Bellier, là… » Dans un autre coin de la Réu- dans des établissements laquelle Vauban, à la demande de Louis XIV, y cons- Siré (L’Horizon chimérique), L’Estuaire « rivière de fondateur de la sucrerie. nion, à Sainte-Suzanne – village qui de charme et une voiture. truit une citadelle imposante. L’architecte ne s’est Gironde », d’Anne-Marie Cocula et Eric Audinet Ci-dessus : l’autel en plein air ne doit rien à la martyre antique et b Sites. Musée historique Villèle, pas arrêté là : pour protéger Bordeaux et l’arrière- (L’Horizon chimérique) et L’Estuaire de la Gironde, dédié à Saint Expedit. tout à l’expression créole Sintsisan, à l’habitation Panon-Desbassayns, pays, il fit construire un autre fort sur la rive gau- un guide pratique du Conservatoire de l’estuaire. « endroit libre » –, un jeune îlien Saint-Gilles-les-Hauts ; che, en face de Blaye, le Fort Médoc. Une troisième Renseignements auprès de l’Office de tourisme de incassables « mais ne fleurit que pense que « la mode patrimoniale tél. : 02-62-55-64-10. Musée fortification devait parachever ce verrou militaire Blaye (tél. : 05-57-42-12-09) et du Conservatoire tous les deux cents ans… » sera vraiment bonne quand elle pren- Léon-Dierx, avec présentation sur l’île Paté, entre les deux rives. Les îles de l’es- (tél. : 05-57-42-80-96). La tradition fromagère de Châ- dra totalement en compte l’art de (153 pièces sur 159) de la fameuse teauvieux ne s’est pas perdue, se vivre et l’art créoles, c’est-à-dire tout collection réunionnaise retrouvant maintenant dans le petit- ce qui vient des Blancs mais aussi l’en- Ambroise-Vollard, du 7 décembre takamaka, chèvre fabriqué par Jean- semble de ce qui vient des Cafres ». au 7 avril 2002 ; tél. : François Paul à Saint-Benoît, ou Et c’est vrai, par exemple, qu’est 02-62-20-24-82. Jardin botanique bien dans le fromage des Plaines au ridiculement modeste le naïf national de Mascarin, A tous prix lait entier, sorti des pacages de la monument élevé en pleine nature Les Colimaçons, Saint-Leu ; tél. : fromagerie de Bourbon, à Saint- non loin de la route, à Bellevue, sur 02-62-24-71-30. Pavillon et jardin a 39 F, 6 ¤ : de petits vade-mecum savants et ave- a A partir de 2 804 F (427 ¤) : un week-end en Pierre. Si on sait que sur les hau- les crêts de Sainte-Suzanne, à coloniaux Folio, Hell-Bourg ; nants rendront service à ceux qui veulent donner à Navarre espagnole, dans le désert des Bardenas, à teurs volcaniques de Cilaos, Chris- l’enfant esclave Edmond Albius tél. : 02-62-47-80-98. Maison leurs week-ends des objectifs culturels. Rédigés par des deux heures de Bilbao (visiter le Musée Guggen- tian Dijoux produit entre autres un (1829-1880), inventeur en 1841 de de la Vanille, avec comptoir spécialistes, ils donnent de quoi rêver avant, s’orienter heim), et qui offre des paysages tourmentés avec des « bras-sec rosé » fort honorable, on la fécondation artificielle, ou plutôt artisanal de vente, Saint-André ; pendant, et se souvenir après. Villeneuve-lès-Avignon. sentiers à parcourir à pied ou en VTT. A Tudela l’hôte ne pourra plus discuter de la franci- manuelle, de la vanille ; une idée de tél. : 02-62- 46-00-14. Le fort Saint-André et la chartreuse du val de Bénédic- occupe un ancien palais du centre historique. Prix par té de l’île tropicale… génie qui enrichit notablement l’île, b Lectures. La Réunion, tion, de Bernard Sournia et Jean-Louis Vaysettes, et Le personne, jusqu’au 31 mars, avec 3 nuits en chambre Un vieil habitant de Sainte-Anne puis tous les vanilliers du monde, et d’Enis-Omar Rockel, Editions Pont du Gard, de Jean-Luc Fiches (64 p., 6 ¤, 39 F), sont double et petit déjeuner, le vol Iberia, de Paris, et une estime, lui, que l’engouement pour qui, surtout, mit la saveur et l’odeur Orphie, la Réunion, 2001 (70 F, les derniers titres de la collection « Itinéraires » aux édi- voiture de location . Renseignements chez Voyageurs le patrimoine colonial « n’est pas si sui generis de cette délicate gousse 11 ¤) ; en vente dans les hôtels tions du Patrimoine (tél. : 01-44-61-20-00). en Europe (tél. : 01-42-86-17-20 et www.vdm.com). nouveau que ça »,etmême« qu’il d’orchidée à la portée du plus et librairies de l’île, un guide est né en 1969, lors du tournage ici grand nombre. culturel, historique et touristique. par Truffaut de La Sirène du Missis- Fleurs et plantes de la Réunion sippi avec Belmondo et Deneuve, un Jean-Pierre Péroncel-Hugoz et de Maurice, de Th. Cadet, Editions du Pacifique, Singapour, 2001 (100 F, 15 ¤) ; en vente Aéroport Saint-Denis Roland-Garros à la Réunion. Chroniques des mers orientales, de l’amiral Labrousse, La Possession Sainte-Suzanne Editions Economica, 2001 (196 F, 30 ¤). La Collection Saint-André Ambroise-Vollard du Musée D48 Saint-Paul Cirque de Léon-Dierx, ouvrage collectif Salazie Grotte des coordonné par Jean-François Premiers Français Hell-Bourg Saint-Gilles- Confiance Rebeyrotte, photos de Jacques Petite-France Sainte-Anne les Bains Piton des Neiges Kuiten, coédition 3 069 m Somogy - Musée Dierx - Souris-Chaude Sainte-Rose Les Colimaçons département de la Réunion, 1999

Saint-Leu N3 (260 F, 40 ¤). Cases créoles de la Réunion, ouvrage collectif N1 Plaine-des-Cafres Piton de la OCÉAN INDIEN Fournaise N2 avec photos de Jean-Michel Ruiz 2 631 m et Cécile Tréal, Editions Plume - Saint-Louis Flammarion, 2001 (199 F, 30 ¤). LA RÉUNION b Renseignements. Comité du tourisme de la Réunion, Madagascar Saint-Philippe 90, rue La Boétie, 75008 Paris ; Saint-Joseph 10 km tél. : 01- 40-75-02-79, et SITES COLONIAUX www.la-reunion-tourisme.com 30 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS

A l’issue du Tour européen, la France figure Le FC Nantes est reparti parmi les meilleures nations golfiques du continent du mauvais pied Une reconnaissance internationale que seul Jean Van de Velde avait acquise jusqu’alors en Ligue des champions Les victoires de Thomas Levet et de Grégory au niveau des meilleurs pays d’Europe continen- pour que le golf prenne son essor dans le paysage Havret, respectivement au British Masters (juin) et tale. Cela reste encore insuffisant, aux yeux de sportif français. Pour l’heure, la Fédération françai- à l’Open d’Italie (novembre), ont hissé la France Bernard Pascassio, ancien numéro un français, se de golf vient de fêter son 300 000e licencié. A Porto, les Canaris ont été battus par Boavista (0-1)

DE MÉMOIRE golfique françai- gagnant l’Open de Cannes, en sant, aux yeux avisés de Bernard Tour européen pour la saison LE FC NANTES-ATLANTIQUE à Manchester United. A Boavista, les se, jamais saison du Tour euro- 1998. Il est d’ailleurs à ce jour l’uni- Pascassio, pour que le golf prenne 2002. Parmi les huit qui évoluaient s’est incliné (0-1), mardi 20 novem- Nantais, et tout particulièrement péen n’avait été si fructueuse : que détenteur français de deux l’essor qu’il mérite dans le panora- l’an dernier au plus haut niveau bre, sur la pelouse du Boavista Por- leur gardien de but et capitaine, Mic- deux victoires, pour Thomas titres européens. ma sportif national : « Il faudrait continental, seul Olivier Edmond a to, lors de la 1re journée de la deuxiè- kaël Landreau, victime d’un rebond Levet et Grégory Havret, trois pla- Les trois autres victoires natio- maintenant qu’un Français – de perdu sa carte. me phase de la Ligue des cham- trompeur et d’un dégagement au ces de deuxième pour Jean-Fran- nales d’avant 2001 furent celles de préférence un Basque ! – gagne Les autres seront rejoints par pions. Cette poing malheureux, ont été surpris çois Remesy, Raphaël Jacquelin et Jean Van de Velde, qui ouvrait le l’Open britannique, l’un des quatre quatre nouveaux venus : Sébastien défaite n’est par un but du milieu de terrain boli- Jean Van de Velde, plus une bras- palmarès au Masters de Rome en tournois majeurs. » Delagrange, qui a obtenu sa carte pas de bon vien Erwin Sanchez, à la 24e minute. sée de « top ten », dont ceux d’Oli- 1993, de Marc-Antoine Farry, trois Mais, pour cet ancien joueur en se classant 6e de l’ordre du méri- augure pour Les Canaris s’étaient rendus au Por- vier Edmond, Marc-Antoine Farry ans plus tard à l’Open de Munich, professionnel, basque, faut-il le te du Challenge Tour, et Christo- le champion tugal avec pour objectif de ne pas et Christian Cevaer. puis, en 1999, de Jean-François préciser, qui a passé une dizaine phe Pottier, Benoît Telleria et Nico- de France en prendre de but. Sitôt menée, l’équi- Jusqu’à présent, le plus grand Remesy, vainqueur au Portugal. d’années sur le circuit européen, las Kalouguine, qui l’ont obtenue titre, qui pe entraînée par Raynald Denoueix exploit avait été celui de Jean Van Pour les autres nations du golf, les mentalités sont en train de en terminant respectivement 2e, affrontait une a été incapable de renverser la de Velde, qui terminait second du ces victoires restaient anecdoti- changer : « Le fait que le quotidien 27e et 33e des épreuves de qualifica- FOOTBALL équipe suppo- vapeur, comme c’est le cas depuis le British Open en 1999. Bernard Pas- ques. L’Equipe ait décerné, en décembre tion, la semaine dernière, en Anda- sée être à sa hauteur alors que les début de la saison à chaque fois cassio, ancien numéro un français, dernier, le titre de champion de lousie. deux autres formations engagées qu’elle encaisse un but. considère cet événement et la car- GAGNER LE BRITISH OPEN l’année à Tiger Woods a complète- Du jamais vu : « Ils seront plus dans le groupe A ne sont rien de « Ce n’est pas la meilleure des rière de ce joueur comme détermi- Il n’en sera plus de même doré- ment changé la vision accordée à nombreux que les joueurs espa- moins que deux récents vainqueurs entrées en seconde phase. J’espère que nants pour le golf hexagonal, par navant. La saison exceptionnelle notre sport, a grandement contri- gnols ! », se réjouit Bernard Pascas- de l’épreuve : le Bayern Munich dans les cinq prochains matches on l’écho médiatique et l’exemple de Thomas Levet et Raphaël Jac- bué à lui donner une reconnaissan- sio. Cependant, malgré une couver- (tenant du titre) et Manchester Uni- retrouvera le même rythme qu’au pre- qu’ils ont suscités : « De même que quelin, auteur chacun de cinq pla- ce. On a parcouru beaucoup de ter- ture télévisée relativement impor- ted (vainqueur en 1999). mier tour », a déclaré Raynald Severiano Ballesteros a dynamisé le ces dans les dix premiers, ponc- rain ces dernières années et je pen- tante, seuls les abonnés aux chaî- S’ils veulent conserver une chance Denoueix. Les Nantais s’étaient golf en Espagne, Jean Van de Velde tuée par une 8e place au champion- se que, dans les dix ou quinze nes payantes que sont Pathé de se qualifier pour les quarts de fina- brillamment extirpés de leur groupe a fait beaucoup de bien au golf fran- nat du monde par équipes la années qui viennent, nous arrive- Sports, Eurosport, Paris Première le, les joueurs de l’entraîneur Ray- lors de la première phase, terminant çais. » De fait, grâce aux deux vic- semaine dernière à Gotemba rons à 1 million de golfeurs en ou Canal + auront le loisir de les nald Denoueix vont donc être en tête de leur poule, devant Galata- toires de Thomas Levet et de Gré- (Japon), leur a valu une reconnais- France. » suivre dans leurs futurs exploits. condamnés à l’exploit, dès la prochai- saray Istanbul, PSV Eindhoven et la gory Havret, vainqueurs respecti- sance internationale que seul Jean « Mais le jour viendra où l’Open de ne journée, le mercredi 5 décembre, Lazio Rome. vement du British Masters, au Van de Velde avait acquise jus- ONZE SUR LE TOUR EUROPÉEN 2002 France ou l’Open britannique au stade de la Beaujoire, où ils rece- mois de juin, et de l’Open d’Italie, qu’alors. Pour l’heure, alors que la Fédéra- seront diffusés sur France Télé- vront le Bayern Munich. Les Bava- CHANGER DE JEU ? début novembre, la France s’est Même s’il considère ces résul- tion française de golf vient de fêter vision. » rois, eux, n’auront pas droit à l’er- L’indigence de leur football, mar- hissée au niveau des meilleurs tats de très bon augure pour le son 300 000e licencié, onze gol- reur après le nul (1-1) qu’ils ont dû di, a surpris jusqu’à l’entraîneur de pays d’Europe continentale, les futur, cela reste encore insuffi- feurs français participeront au Jean-Louis Aragon concéder, mardi soir à domicile, face Boavista, Jaime Pacheco : « Nantes nations britanniques étant évidem- n’est pas dans un bon moment. S’ils ne ment au-dessus du lot. changent pas leur manière de jouer, La Suède et l’Espagne, malgré Bordeaux s’impose ils vont avoir des difficultés », a lâché leurs pépinières, n’ont pas fait Grégory Havret, jeune premier du golf français le technicien. Un commentaire que mieux, remportant également dans la douleur Raynald Denoueix a peu goûté. « S’il deux victoires. A la différence près SUR LES GREENS du Westin tait, le 4 novembre, l’ultime épreu- que ma victoire était un coup de dit ça, c’est son problème. Boavista a que les représentants ibériques, Resort, à Taïwan, Grégory Havret ve de la saison, l’Open d’Italie. chance. Je sais que je peux gagner, en Coupe de l’UEFA eu quelques difficultés aussi. Je ne sais José Maria Olazabal et Sergio Gar- s’apprête à disputer la première « Ça a été une grande expérience, donc on a revu les objectifs à la pas s’ils doivent changer leur jeu. Je ne cia, ont fait main basse sur les épreuve du circuit européen de la tellement agréable, vraiment génia- hausse. » Ce «on»désigne l’équi- Les Girondins de Bordeaux me permets pas de le dire », a-t-il deux principales épreuves françai- saison 2002, qui commence jeudi le à vivre, décrit le champion fran- pe que forment le joueur et son ont difficilement battu l’équipe répondu. ses du Tour européen, l’Open de 22 novembre. Ce sera le début de çais. En même temps, c’était très entraîneur, Anne Le Coniat, qui néerlandaise de Roda Kerkrade Dans le groupe B, Galatasaray et France, qui se déroulait cette sa deuxième saison à ce plus haut dur de surmonter une telle pres- jubile : « Je suis ravie qu’il ait (1-0), mardi 20 novembre au sta- l’AS Rome ont fait match nul (1-1), année à Lyon, et le Trophée Lan- niveau, et il aimerait la commen- sion ; c’est pour cela que c’est un gagné, bien sûr, mais surtout qu’il de Jacques-Chaban-Delmas, en alors que le FC Barcelone a pris une côme. cer aussi bien qu’il vient de termi- grand bonheur, très proche de l’exta- ait accédé à un tel niveau d’émo- match aller des seizièmes de option pour les quarts de finale en Seul Thomas Levet avait réussi ner la première : professionnel seu- se. Maintenant, il va falloir que je tion, à de telles montées d’adrénali- finale de la Coupe d’Europe de s’imposant à Liverpool sur le score à s’imposer sur ses terres, en lement depuis fin 1999, il rempor- réponde présent, sinon on va dire ne. C’est comme une drogue que l’UEFA. de 3-1. Convalescent après son opé- l’on a envie de retrouver et on n’a Le seul but de la rencontre a ration du cœur, Gérard Houllier, l’en- plus que ça en ligne de mire. » été marqué par le Brésilien traîneur français du club anglais, a Paulo Miranda, d’une tête plon- regardé le match à la télévision. RECHERCHE D’ÉQUILIBRE geante à la 49e minute. Seule- Déjà auteur d’une 5e place à ment 7 600 spectateurs ont assis- F. P. (avec AFP) l’Open de France, à Lyon début té à cette rencontre particulière- mai, et d’une 8e place en Irlande, ment insipide sur le plan du jeu. au mois de juin, Grégory Havret Trois autres clubs français RÉSULTATS n’avait pourtant pour objectif cet- sont engagés dans la Coupe de te année que de conserver sa carte l’UEFA. Ils joueront tous les trois LIGUE DES CHAMPIONS du circuit. Ce résultat est bien la à l’extérieur leur seizième de Deuxième tour, 1re journée preuve que sa démarche, basée sur finale aller, ce jeudi 22 novem- b Groupe A la recherche de l’équilibre et de la bre : l’Olympique lyonnais se B. Munich (All)-Manchester U. (Ang) 1-1 B. Porto (Por)-FC Nantes (Fra) 1-0 sérénité, porte ses fruits. A l’issue déplace chez le FC Bruges (Belgi- Classement : 1. Boavista Porto, 3 pts ; 2. Manchester Avec Le Monde daté 23 novembre de l’épreuve lyonnaise, Anne que), Lille chez la Fiorentina (Ita- United et Bayern Munich, 2 ; 4. FC Nantes,0. Le Coniat expliquait la progres- lie) et le Paris - Saint-Germain b Groupe B sion fulgurante de son poulain : chez les Glasgow Rangers (Ecos- G. Istanbul (Tur)-AS Rome (Ita) 1-1 Liverpool FC (Ang)-FC Barcelone (Esp) 1-3 « C’est l’équilibre qui permet se). Les matches retour auront Classement : 1. FC Barcelone, 3 pts ; 2. AS Rome d’avoir des résultats, et non, comme lieu les 4 et 6 décembre. et Galatasaray Istanbul, 1 ; 4. Liverpool FC, 0. Le Monde fait son le pensent trop souvent les joueurs, les résultats qui donnent l’équili- bre. » DÉPÊCHES e a num ro S’il reconnaît que la très bonne FOOTBALL : en match aller de barrage pour la Coupe du monde saison d’ensemble des Français a 2002, l’Australie a battu l’Uruguay (1-0), sur la pelouse du Melbour- joué un rôle dans sa victoire, Gré- ne Cricket Ground, grâce à un penalty transformé par le défenseur gory Havret met surtout l’accent Kevin Muscat, à la 78e minute. Ce résultat place les « Socceroos » en sur un autre facteur : « Une très ballottage favorable avant le match retour, dimanche 25 novembre, à bonne ambiance règne entre nous. Montevideo. En marge de cette rencontre, 20 personnes ont été bles- Il y a concurrence, c’est sûr, mais sées, dont 3 policiers, et 74 autres ont été arrêtées mardi à l’aube dans elle est très saine. On se souhaite la capitale uruguayenne, lors d’incidents violents marqués par des scè- tous de très bien jouer et c’est vrai- nes de vandalisme. ment sincère ; tous les joueurs m’ont a VOILE : Sill-Plein-Fruit, barré par Roland Jourdain et Gaël Le appelé pendant et après le tournoi, Cléach, a remporté la Transat Jacques-Vabre Le Havre-Salvador en Italie. Cela vous pousse à vous de Bahia dans la catégorie des monocoques. Arrivé au Brésil le surpasser. » Le 25 novembre, der- 20 novembre à 2 h 13, heure de Paris, le monocoque de 60 pieds a nier jour de l’Open de Taïwan, Gré- effectué cette traversée à la moyenne de 10,92 nœuds (20,2 km/h). Eco- gory Havret fêtera ses 25 ans. ver (Mike Golding et Marcus Hutchinson) et Casto-Darty-But (Nick Moloney et Mark Turner) ont pris respectivement les deuxième et troi- J.-L. Ar. sième places de cette catégorie. LE NUMeRO SPÉCIAL POUR Une chambre JONGLER en ville AVEC de Jacques Demy L’ eURO Suivi d’un débat JEUDI 22 avec Benoît Jacquot NOVEMBRE animé par 20 H 30 Jean-Michel Frodon (Le Monde)

LE CINÉMA DU PANTHÉON - 13 RUE VICTOR COUSIN 75005 PARIS EN VENTE EXCEPTIONNELLEMENT JUSQU’À LUNDI 26 NOVEMBRE - 10 F (1,52 H) AUJOURD’HUI LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 31 ------Passage pluvieux au nord 22 NOVEMBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé JEUDI. L'anticyclone des Açores ne en matinée. Ailleurs, ciel gris mais vers 12h00 DU VOYAGEUR connaît une faiblesse dans sa partie ambiance plus douce. Pluie le matin nord et laisse passer une perturba- de la Champagne aux côtes de Meu- tion associée à une dépression en se et aux Vosges, puis sur le reste de Peu a FRANCE. Une convention a été nuageux mer Baltique. Le soleil résiste des la Lorraine et de l'Alsace l'après- Belfast signée entre Réseau ferré de France Liverpool Alpes à la Méditerranée. midi, la Franche-Comté en soirée Dublin et le parc naturel du Luberon pour Varsovie Kiev Bretagne, pays de Loire, Basse- (neige au-dessus de 1 000 m). Vent à Amsterdam l’acquisition, par ce dernier, de l’an- Normandie. Pluies en matinée en 60 km/h en rafales près de l'Allema- Berlin Brèves cienne voie ferrée Cavaillon-Apt afin éclaircies Basse-Normandie. Plus faibles gne. Températures de 5 à 10 degrés. Londres d’y aménager, avec l’aide du conseil o Bruxelles l’après-midi sur la Bretagne et les Poitou-Charentes, Aquitaine, 50 Prague général de Vaucluse, de l’Etat et de pays de Loire. Vent d'ouest à Midi-Pyrénées. Beaucoup de gri- Couvert la région, une « véloroute » d’une 50 km/h sur les côtes. Il fait de 10 à saille matinale parfois accompagnée Paris Strasbourg Vienne trentaine de kilomètres qui achèvera 13 degrés. de brouillard givrant. Des éclaircies Budapest l’aménagement de l’itinéraire touris- Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- aléatoires en journée. Températures Nantes Brume tique « Le Luberon à vélo ». Berne brouillard a France, Centre, Haute-Norman- de 5 à 8 degrés. Bucarest ESPACE. Parc à thème ludo- die. Pluies soutenues en matinée de Limousin, Auvergne, Rhône- Lyon Milan éducatif, la Cité de l’espace, à Tou- la Haute-Normandie au Nord, à la Alpes. Matinée froide avec quelques Belgrade Sofia Averses louse, dynamise son site Internet Picardie et aux Ardennes ; puis en brouillards givrants en plaine et du (www.cite-espace.com), qui pro- Toulouse Istanbul s’affaiblissant, sur l'Ile-de-France et soleil en montagne. Ciel bien chargé pose des renseignements sur les l'Orléanais. Eclaircies l'après-midi en journée et petites pluies en soirée Rome Pluie expositions, les animations et l’ac- des côtes de la Manche à la frontière au nord de Rhône-Alpes (neige à par- Barcelone Naples tualité spatiale, une visite virtuelle belge. Vent à 60 km/h en rafales. Il tir de 500 à 800 m). Il fait de 5 à 40 o Madrid des lieux, une interactivité accrue, fait de 10 à 12 degrés au nord, 7 à 8 degrés. Lisbonne Athènes Orages des infos pratiques (horaires, accès, 9 degrés au sud de la Loire avec Languedoc-Roussillon, Proven- tarifs), une série de circuits en Midi- gelées le matin. ce-Alpes-Côte d'Azur, Corse. Soleil Séville Pyrénées entre la Cité et différents Champagne, Lorraine, Alsace, splendide dans un ciel sans nuages. Neige sites culturels et scientifiques régio- Bourgogne, Franche-Comté. Gri- Fraîcheur matinale (gelées dans les Alger Tunis naux, et une boutique virtuelle où saille parfois accompagnée de terres) puis 11 à 17 degrés l'après- l’on peut acquérir livres, CD-ROM o o o brouillard givrant dans le val de Saô- midi. Rabat 0 10 20 Vent fort et accessoires divers. PRÉVISIONS POUR LE 22 NOVEMBRE 2001 PAPEETE 24/29 C KIEV -6/5 C VENISE 3/8 S LE CAIRE 13/19 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 S LISBONNE 8/16 S VIENNE 4/9 C NAIROBI 15/24 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 21/26 S LIVERPOOL 4/11 C AMÉRIQUES PRETORIA 16/28 S EUROPE LONDRES 3/10 C BRASILIA 18/25 P RABAT 14/23 C C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 5/11 P LUXEMBOURG 1/6 P BUENOS AIR. 17/28 S TUNIS 13/21 C FRANCE métropole NANCY -1/6 P ATHENES 7/14 S MADRID 1/11 S CARACAS 25/31 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 6/17 S NANTES 2/11 C BARCELONE 8/12 S MILAN 3/9 S CHICAGO 3/11 C BANGKOK 19/28 S BIARRITZ 1/10 N NICE 7/15 S BELFAST 4/7 C MOSCOU -5/0 C LIMA 17/19 P BEYROUTH 12/19 S BORDEAUX -1/7 C PARIS 4/11 P BELGRADE 1/6 S MUNICH -1/5 C LOS ANGELES 15/19 S BOMBAY 22/33 S BOURGES -1/6 P PAU -3/8 N BERLIN 0/7 P NAPLES 5/16 S MEXICO 9/21 S DJAKARTA 27/30 C BREST 7/13 C PERPIGNAN 2/11 S BERNE -5/5 C OSLO -7/1 S MONTREAL 3/7 S DUBAI 19/29 S CAEN 6/12 P RENNES 3/12 C BRUXELLES 3/10 P PALMA DE M. 9/15 C NEW YORK 5/12 S HANOI 13/25 S CHERBOURG 6/13 P ST-ETIENNE -3/7 N BUCAREST -3/7 S PRAGUE 0/6 P SAN FRANCIS. 11/15 S HONGKONG 15/24 S CLERMONT-F. -4/5 C STRASBOURG -1/7 P BUDAPEST -3/6 C ROME 8/17 S SANTIAGO/CHI 13/26 S JERUSALEM 13/21 S DIJON -4/5 P TOULOUSE -3/7 C COPENHAGUE 1/6 S SEVILLE 11/15 C TORONTO 3/9 S NEW DEHLI 12/28 S GRENOBLE -2/7 N TOURS -1/9 C DUBLIN 3/10 S SOFIA -1/7 S WASHINGTON 1/15 C PEKIN 2/16 S LILLE 5/10 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 1/8 P ST-PETERSB. -11/-3 C AFRIQUE SEOUL 6/15 S LIMOGES -4/4 C CAYENNE 23/31 P GENEVE -2/5 C STOCKHOLM 2/8 S ALGER 13/20 C SINGAPOUR 25/31 P LYON -2/6 C FORT-DE-FR. 26/28 P HELSINKI 1/3 P TENERIFE 17/21 S DAKAR 25/29 S SYDNEY 14/20 C MARSEILLE 2/11 S NOUMEA 23/29 P ISTANBUL 5/7 S VARSOVIE 3/6 P KINSHASA 23/26 C TOKYO 8/17 S Situation le 21 novembre à 0 heure Prévisions pour le 23 novembre à 0 heure TU

JARDINAGE Des fleurs à l’intérieur de la maison pendant les mois d’hiver C’EST quand l’automne est là, trottoir, ce qui n’est pas le meilleur deux mois à des températures coup de froid suivi d’un passage et de certains arbustes à fleurs d’ex- d’acheter un jour où il fait très froid, quand l’hiver pointe le bout de son traitement à leur prodiguer. Passer fraîches – voient leurs boutons brutal à une température supérieu- térieur. Nous avons vu un beau pied quand il gèle par exemple. Et, systé- nez par un matin givré, que nous de la chaleur humide des serres de sécher et tomber quand elles ont re à 20 degrés et à une atmosphère de mimosa des quatre saisons (aca- matiquement, demander que la prend l’envie d’admirer des fleurs à production au camion de transport subi un coup de froid… Et un passa- sèche leur est fatal plus d’une fois. cia rétinoïdes) vendu à même le trot- plante, particulièrement les bégo- l’intérieur de la maison. Les fleuris- puis aux étals chauffés de Rungis, ge de quelques heures à une tempé- Une exception : les cyclamens, toir. Il est en fleurs, et il est tentant nias, les azalées et les orchidées, soit tes en ont d’ailleurs beaucoup plus repartir vers les magasins, passer du rature inférieure à 10 degrés agré- qui ne craignent pas les températu- de l’acheter. Stop ! Voici le prototy- bien enveloppée de façon qu’elle ne à vendre que pendant l’été, qui voit chaud au froid puis du froid au mentée de courants d’airs, suffit à res basses, voire les préfèrent, à tout pe même de l’arbuste gélif à n’ache- souffre pas après leur sortie de chez le sacre des plantes vertes. Les orchi- chaud les abîme et hâte leur mort. compromettre le complet épanouis- prendre, aux intérieurs surchauffés. ter qu’au printemps quand tout ris- le fleuriste. dées à feuilles épaisses en forme de Les orchidées, par exemple, à l’ex- sement des phalænopsis. Voilà un bon mois que nous en que de gelée sera passé. Arrivé à la maison, faire tremper langue de chat (phalænopsis) sont ception notable des cymbidiums Les azalées sont si difficiles à avons installé sur l’appui extérieur les pots d’azalée et de bégonia dans rangées comme à la parade, blan- qui n’apprécient pas vraiment des conserver qu’elles peuvent mourir d’une fenêtre plein nord qui donne de l’eau jusqu’à saturation de la mot- ches, roses, mauves, unies ou températures supérieures à en deux jours à l’intérieur, perdant sur une cour si bien protégée du Passer du chaud te, les placer près d’une fenêtre… striées, les cymbidiums à feuilles en 15 degrés quand ils sont en fleurs toutes leurs feuilles qui noircissent vent qu’une broméliacée y a passé mais loin d’un radiateur et de préfé- forme de lame de couteau blanche, – elles les font faner en deux ou bien qu’elles soient convenable- les deux hivers derniers sans souf- au froid, puis rence dans une pièce pas trop chauf- rose, vert chartreuse, ou cette nou- trois semaines, quand ils tiennent ment arrosées. Pas de mystère : un frir le moins du monde de tempéra- fée et n’arroser les azalées qu’en velle variété orange sombre, rien tures basses… qui ne sont, quand du froid au chaud, immergeant le pot dans l’eau : leurs moins que splendide, les saint-pau- même pas, allées jusqu’à la gelée. Il racines sont si serrées que l’eau glis- lias, les cyclamens, les bégonias Eviter d’utiliser trop le sécateur faisait 3 degrés l’autre matin et ils les abîme se autour quand on mouille la terre « Gloire de Lorraine » avec leurs étaient (et sont toujours) splendi- par le dessus. Les orchidées ne coloris si vifs et toniques, notam- Les haies peuvent être taillées… si cela n’est déjà fait. Mais il ne des, opulents, et leur floraison est et hâte leur mort seront surtout pas arrosées la pre- ment des jaunes chauds et lumi- faut surtout pas tailler maintenant les arbustes qui fleurissent au éclatante, comme leur feuillage vert mière semaine. Il faut attendre que neux sont là qui attendent le printemps ou les arbustes un peu fragiles au gel. Les premiers puis- marbré de gris. A l’intérieur, ils le substrat dans lequel elles pous- chaland, avec les azalées de l’Inde si qu’ils fleurissent sur le bois de l’année précédente. Les seconds par- seraient décatis depuis longtemps. Ce mimosa pousse très vite ; bien sent (écorces de pin, bouts de polys- gracieuses avec leurs fleurs doubles ce qu’il est nécessaire de les rabattre court si une période de froid Mais parmi les plantes fleuries de planté sur un balcon, vers avril-mai, tyrène expansé, tourbe ou laine de aux pétales chiffonnés, au port si intense venait à faire mourir une grande partie de leur ramure. C’est saison, le cyclamen est une excep- il fleurira tout l’été et triplera de roche) soit sec. Et ne pas laisser proche de celui d’un arbre majes- ainsi qu’il ne faut, par exemple, pas toucher maintenant au céano- tion. S’ils ne gèlent pas, ils seront volume en une saison. Au moins en d’eau dans la soucoupe. Les vapori- tueusement étalé. Laissez les petits the à floraison d’été, à l’oranger du Mexique, à l’arbre aux papillons encore en fleurs au printemps pro- aura-t-on profité… quand rien ne ser chaque jour avec de l’eau rosiers en fleurs, là où ils sont : ils et au lobelia et évidemment pas aux weigelia, forsythia, lilas, corête chain. Qui dit mieux ? dit que celui qui serait acheté main- dégourdie et de préférence pas chlo- dépérissent en quelques jours et du Japon… comme on le voit trop souvent faire par les jardiniers de Toutes les autres devront être tenant passera ce premier hiver. rée. Un truc, tirer l’eau du robinet la aucun truc ne peut les maintenir à ville qui ont le sécateur aussi facile que certains ont la tronçonneuse achetées chez un fleuriste sérieux Quelques règles ne seront pas veille de façon que le chlore s’évapo- l’intérieur. un peu vive et massacrent les arbres d’alignement pour des raisons qui ne les expose pas dehors en inutiles à respecter si une envie de re. Elles craignent beaucoup moins Hélas ! Ces plantes fleuries sont qui parfois échappent aux jardiniers. Des amateurs pensent que la plein vent, et surtout pas achetées plante fleurie vous prenait. Evitez le calcaire qu’on ne le dit. parfois en plein courant d’air, taille est bonne pour les arbres. C’est évidemment faux, sauf quand par une journée trop froide. Il en va donc d’acheter toute plante d’inté- posées à même le goudron du ils sont malades. de même de certaines plantes vertes rieur à fleurs présentée dans la rue, Alain Lompech

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123456789101112 si elle est forte. Agréable s’il est LA RENTRÉE INESPÉRÉE Réponse ࡕ 84 léger. Dans Paris. - 7. Pas très L’Ecossais Hugh Kesley a publié Le problème est de monter au ज A32 I regardant. - 8. Prise en connaissan- cette donne intéressante où Sud, mort pour faire l’impasse à Pique, छ 75 ce. Des bulles dans la Botte. - 9. après les deux premières levées, car Est laissera passer si Sud joue ࡔ A98543 Décoration académique. Châti- Roi et Dame de Trèfle. Toutefois, ࡕ RV963 ࡕ 75 II connaît les mains d’Est-Ouest. N ment à la russe. - 10. Eclat de rire. si l’As de Trèfle est second en Est, ज 10 8 6 ज 54 OE il devra prendre au deuxième tour, छ ARD छ 108432 III Ne coule plus. Coule doucement. - ࡕ 943 S 11. En Nouvelle-Zélande. Grandes ज 82 mais sa coupe à Trèfle, au troisiè- ࡔ DV ࡔ R1072 IV eaux. - 12. S’arrange pour passer la छ V73 me tour, empêchera la rentrée du ࡕ AD102 brosse dans le bon sens. ࡔ V10762 Valet de Trèfle. Mais il y a une pos- ज RDV97 V ࡕ – ࡕ D107 sibilité : Est peut sortir de sa main छ V96 N Philippe Dupuis ज DV9763 ज R1054 une fois en jouant Cœur, car, s’il ࡔ 6 OE VI छ 10 8 6 2 छ AR94 jouait Carreau, il donnerait la main Ann. N. don. Pers. vuln. S SOLUTION DU N° 01 - 274 ࡔ 843 ࡔ A9 au mort avec le Valet de Carreau. VII ࡕ ARV8652 Conclusion : le déclarant ne doit Ouest Nord Est Sud Horizontalement ज A pas toucher aux Trèfles mais com- – passe passe 1 ज VIII I. Chétif. Obèse. - II. Hameçon. छ D5 mencer par jouer la Dame de Car- 1 ࡕ 2 ज passe passe Amon. - III. Alertées. - IV. Set. ࡔ RD5 reau ! Est prendra avec le Roi de 2 ࡕ 3 ࡔ passe 3 ज IX Enfileur. - V. Si. Grêlée. CA. - VI. Ann : N. don. N.-S. vuln. Carreau et jouera Cœur, qui sera passe passe passe Encre. Id. Dés. - VII. Celé. Fe. Nids. coupé. Alors Sud peut jouer la Da- X - VIII. Allergie. - IX. Ormeau. Ouest Nord Est Sud me de Trèfle (ou le Roi) qu’Est doit Ouest a entamé l’As de Carreau Magie. - X. Upérisations. – passe 1 SA contre laisser passer pour que le Valet et a rejoué le 6 de Cœur (pour 3 ज passe 4 ज 4 ࡕ… de Trèfle ne soit pas une rentrée. empêcher une coupe du mort). HORIZONTALEMENT auxiliaire. Trois points sur qua- Verticalement Ensuite, Sud continue Trèfle pour Sud a pris avec le 9 et a joué Car- tre. Doublé dans le tutu. - IX. 1. Chasse-clou. - 2. Haleine. Rp. - Ouest entame la Dame de Cœur, donner la main à Est, qui prend, reau pour ouvrir la coupe du mort. I. Pièce de charpente. Assem- Habitudes. Evitez de les appro- 3. Emet. Clame. - 4. Ter. Grêler. - 5. Sud prend avec l’As sec et tire l’As mais qui n’a plus de carte de sortie Ouest a pris du Roi et a rejoué blage dans la charpente. - II. Il cher quand elles sont fraîches. - Ictère. Lai. - 6. Foène. Feus. - 7. de Pique, mais Ouest défausse un à Cœur (car le mort courait). Il ne atout. Grâce à quel stratagème Bar- passe en coup de vent. Infection X. Remise dans son ensemble. Néflier. - 8. Sied. GMT. - 9. BA. Le. Cœur. Comment Sud joue-t-il pour lui reste donc qu’à tirer l’As de Car- baroux a-t-il gagné TROIS CŒURS rapportée des tropiques. - III. Niai. - 10. Emue. Diego. - 11. SO. gagner QUATRE PIQUES contre reau et à continuer Carreau pour le avec une levée de mieux ? Personnel. Coule en Afrique. VERTICALEMENT Ucéd (déçu). In. - 12. Encrassées. toute défense ? Valet, la reprise inespérée qui per- Début octobre. - IV. Vieux et dif- met de faire l’impasse à Pique… Note sur les enchères ficile à monter. N’est plus sou- 1. Ne vient jamais les mains Nord n’étant pas assez fort pour vent à la traîne. - V. Comme une vides. - 2. Laisse le choix. Superfi- LES JEUX DE L’ESPRIT dire « 2 Trèfles » sur « 1 Pique », petite voie en campagne. cielle et sans aucun intérêt. - 3. Tous les ans se déroule, à Can- car cette enchère aurait été forcing Affluent du Rhône. - VI. Tentas. Pousse au grattage. - 4. Un toit nes, un festival de bridge pendant pour un tour, il s’est contenté de Romains que l’on retrouve en misérable. Est passé de la pharma- les Jeux de l’esprit. En 1996, une « 2 Cœurs ». Ensuite seulement, il Italie. Gaz rare. - VII. Circule cie à la compétition. - 5. On les Cannoise et Barbaroux remportè- a proposé les Trèfles. chez les Nippons. Prend les retrouve partout. Préposition. Aux rent le mixte. Voici une donne qui affaires en mains. - VIII. D’un quatre coins de la carte. - 6. Grave contribua à leur victoire. Philippe Brugnon 33 CULTURE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001

MUSIQUE Le chef d’orchestre bel- Requiem de Fauré dans sa version Mundi, à Metz, les 23 et 24 novembre, après son concert donné dans la salle bientôt “en carafe”, il va “s’ouvrir”», ge Philippe Herreweghe sera à Paris le « de concert » (1900). b AU TERME douze ans après avoir enregistré la à l’acoustique peu réverbérante du explique le chef d’orchestre, dont les 22 novembre pour le Festival d’art d’une tournée qui l’aura mené version originale (1893). b C’EST À Centre Vredenburg. b « JE DIRAIS musiciens cherchent encore l’identité sacré en l’église Saint-Roch. Une repré- d’Utrecht à Londres, cette version sera UTRECHT, aux Pays-Bas, que Le Mon- d’une formule que ce soir c’était un de cette version « symphonique », qui sentation durant laquelle il jouera le enregistrée pour son label, Harmonia de a rencontré Philippe Herreweghe, Requiem “en bouteille”, et qu’il sera demeure assez austère et intime. Philippe Herreweghe réenregistre Fauré et aborde Debussy Au terme d’une tournée qui le mène d’Utrecht à Londres en passant par Paris, le 22 novembre, et Metz, le chef d’orchestre belge enregistre de nouveau le « Requiem » de Fauré, dans sa version « de concert » (1900), cette fois avec des instruments anciens

LE CHEF D’ORCHESTRE et de sy et Fauré largement au-dessus sont passées avec les chorégra- redessinées par les couleurs clai- chœur Philippe Herreweghe (né de certains parmi leurs contempo- phes et les danseurs. Le travail et res des instruments “anciens” en 1947) s’est installé à Paris à la rains. En fait, c’est mon rapport la vision d’une Anne-Teresa de Ker- de l’Orchestre des Champs-Ely- fin des années 1970. Il y a beau- avec la musique baroque française smaecker, par exemple, sont d’une sées… coup travaillé, jusqu’à ce que sa qui a souvent été le plus discuté. profondeur et d’une exigence à – Debussy est un monde nou- carrière l’entraîne souvent assez J’ai contribué, je crois, avec la Cha- laquelle j’adhère totalement. veau pour moi en tant que chef. Il loin de la capitale, pour des con- pelle royale, dont c’était la mis- – Justement, à propos y a mille questions : quel tempo certs et tournées à l’étranger, à la sion originelle, à faire connaître d’“extériorisation”, j’ai été surpris pour Nuages ? Celui de Boulez est tête de ses propres formations (la les répertoires du grand motet d’entendre ce soir un Requiem de infiniment plus rapide que celui de Chapelle royale, le Collegium voca- français et j’y ai pris énormément Fauré “symphonique” qui demeu- Piero Coppola dont j’ai écouté les le de Gand, l’Orchestre des de plaisir. Cependant, j’ai cinquan- re pourtant assez austère et enregistrements en 78 tours. Et ce Champs-Elysées) ou d’orchestres te-trois ans, et les goûts changent, intime… trait de cor anglais, comment l’ana- symphoniques, dont le Philharmo- le rapport au répertoire se modi- – L’exécution de ce soir est liée à lyser lorsqu’on lit que c’est une nique des Flandres, dont il est le fie. Depuis quelques années, ma l’acoustique des lieux et au fait sirène de bateau entendue par directeur musical. Avant que la carrière a pris d’autres directions, que la radio enregistrait. Mais à Debussy sur la Seine qui l’aurait tournée actuelle qu’il donne de la à la tête de l’Orchestre des Saint-Roch, à Paris, dans une inspiré ? Les Sirènes doivent-elles version « de concert » (1900) du Champs-Elysées, avec lequel j’ai acoustique plus large, il y a de for- être fluides, évanescentes ou fer- Requiem de Gabriel Fauré ne s’ar- joué et enregistré Beethoven, Men- tes chances pour que je le dirige de mes et charnelles ? J’expérimente, rête à Paris, le 22 novembre, Le delssohn et Schumann, et désor- façon différente. Je dirais d’une for- mais j’aime la définition des cou- Monde a rencontré Philippe Her- mais avec des formations comme mule que ce soir, c’était un leurs que donnent ces instru- reweghe à Utrecht. les Philharmoniques de Berlin et Requiem “en bouteille”, et qu’il ments. En tout cas, ces expérien- A l’issue de cette série de con- Vienne, le Gewandhaus de Leipzig sera bientôt “en carafe”, il va ces approfondissent mon rapport certs, qui le mène aussi à Birmin- ou le Concertgebouw d’Amster- “s’ouvrir”. à cette musique. gham et Londres, une nouvelle ver- dam, que je dirige de plus en plus. – Vous serez le premier à utili- – Approfondissez-vous tou- sion discographique du Requiem » Je ne renie rien, je continue ser le véritable latin gallican jours Bach ? paraîtra chez Harmonia Mundi, d’adorer un petit motet de Schütz pour un enregistrement du – Diriger Bach est une expérien- enregistrée lors de deux concerts ou une cantate de Bach, mais le Requiem de Fauré… ce incroyable que je renouvellerai donnés à l’Arsenal de Metz. fait de diriger les symphonies de – En tant qu’étranger, le latin “à jusqu’à la fin de ma vie. Cette musi- « Vos rapports avec la musi- Bruckner à la tête de l’Orchestre JOOST VAN DEN BROEK la française” ne m’est pas naturel. que est d’un tel niveau qu’on ne que française ont la réputation philharmonique des Flandres, Le chef d’orchestre belge Philippe Herreweghe dans la salle Mais le musicologue Jean-Michel s’en lasse jamais. Mais, sans vani- d’être conflictuels. Pourtant, dont je suis le directeur musical, du Centre Vredenburg d’Utrecht, le 19 novembre. Nectoux m’a convaincu. Il a en sa té, j’oserais dire que j’y ai moins à après vingt ans de collaboration m’a ouvert des horizons possession le premier enregistre- apprendre aujourd’hui que dans avec le label Harmonia Mundi, nouveaux. Avec Bruckner ou – J’aime beaucoup de partitions les voix, mais la vocalité qui me ment complet du Requiem,en un répertoire comme Bruckner ou chez qui votre premier disque Bach, j’ai des images plein la tête ; lyriques, mais il se passe à l’opéra touche et que je tente d’obtenir de 1930, où cette prononciation est Debussy, où je me sens très en des- était consacré à Henry Du Mont, avec Lully, j’ai l’impression qu’on trop de choses étrangères à la mes chanteurs n’est pas celle prati- employée. Or le chef qui le dirige sous de la musique que j’ai à servir vous enregistrez pour la seconde m’impose un décorum dont la musique, trop de choses qui ne quée à l’opéra. Peut-être cette atti- l’avait souvent joué du vivant du et dont les textes sont, à chaque fois le Requiem de Fauré… musique n’est que la bande-son. sont liées qu’au “paraître”. Je ne tude vient-elle de ce que je n’ai pas compositeur. C’est donc une expé- moment d’étude ou d’exécution, – Il y a musique française et Pardonnez-moi de forcer le trait, suis pas un être débordant et eu de grandes expériences avec les rience valide. De surcroît, la cou- un véritable défi que je dois rele- musique française, comme il y a mais c’est ainsi que je le ressens “tripal”, et à l’opéra, ce sont des metteurs en scène. leur des voyelles est en effet diffé- ver. C’est cela qui me fait avancer musique allemande et musique aujourd’hui. qualités indispensables pour pas- » J’ai par exemple beaucoup rente, plus claire, plus consubstan- aujourd’hui. » allemande. J’aime Bach mais je le – Votre “problème” ne serait- ser la rampe. Mon collègue et ami aimé travailler avec Jean-Claude tielle à cette musique. crois supérieur à Telemann, de la il pas votre rapport difficile à René Jacobs a ça dans le sang. Cela Berrutti, mais je dois dire que les – Vous vous lancez dans les Propos recueillis par même manière que je crois Debus- l’opéra en général ? ne veut pas dire que je n’aime pas plus belles expériences de scène se Nocturnes de Claude Debussy, Renaud Machart Un « Requiem » peut en cacher un autre UTRECHT d’aucun pathos inutile et dirige dans des tempos de notre envoyé spécial assez allants. Le chœur est merveilleux de plasticité, Douze ans après avoir enregistré la version origina- et le latin « gallican » – et non « à la romaine », tel le (1893) du Requiem op. 48 de Gabriel Fauré, Philip- qu’imposé par la réforme de 1904 – donne à la cou- pe Herreweghe s’apprête à en graver la version la leur générale une tonalité plus claire, plus française. plus courante, dite « de concert » (1900). Si le musi- Johannette Zommer hésite un peu entre l’enfant cologue Jean-Michel Nectoux avait depuis quelques soprano et la voix de femme, tandis que le baryton années mis au point une édition scientifique, mais allemand Stephan Genz trouve une belle couleur, dou- inédite, de cette version que Herreweghe enregis- ce et tamisée, pour chanter ses deux interventions. trait en 1988, il n’avait jamais sous-estimé pour Mais est-on dans l’expression attendue de deux chan- autant la version de 1900, couramment jouée depuis teurs s’exprimant en dehors du contexte de l’Eglise ? dans l’édition Hamelle, hélas criblée de fautes. Après On souhaiterait qu’Herreweghe, par ailleurs éton- quelques années d’atermoiements, Hamelle s’est nant et inattendu dans les Nocturnes pour orchestre enfin décidée, en 1994 puis en 1998, à faire paraître de Claude Debussy, joués en première partie avec des une édition scientifique, signée Nectoux, de chacune couleurs franches et des lignes claires, confère un des versions. souffle peut-être plus ample à ce Requiem non liturgi- Quelques jours avant de donner ce Requiem façon que, comme il l’avait fait naguère, à la tête de l’Orches- 1900, et musicologiquement irréprochable, à Paris tre du Concertgebouw d’Amsterdam (Le Monde du puis à Metz, où il va être enregistré lors de deux con- 28 octobre 1997), dans la version… originale de cette certs, les musiciens cherchent encore l’identité de cet- tendre « berceuse des morts »… te version « symphonique ». Certes l’acoustique peu réverbérante de la grande R. Ma. salle du Centre Vredenburg d’Utrecht n’incite pas aux épanchements, ce 19 novembre, mais il semblerait e Même programme au Festival d’art sacré, église que le chef n’ait pas considérablement modifié, en Saint-Roch, à Paris, le 22 novembre à 20 h 30. Tarif uni- douze ans, sa conception de l’œuvre, qu’il ne gonfle que 7,5 ¤ (50 F). Tél. : 01-44-70-64-10. Vingt ans d’une fructueuse collaboration chez Harmonia Mundi DERNIER LABEL français de tra –, « roule » pour Harmonia Mun- Champs-Elysées, qui fête ses dix dimension internationale en activi- di. Un premier disque, consacré aux ans), et l’on trouve même dans cette té, Harmonia Mundi célèbre vingt grands motets de Henry Dumont, discographie des « curiosités » com- ans de collaboration avec le chef bel- enregistré en 1981, annonçait une me le Pierrot lunaire de Schoenberg, ge Philippe Herreweghe. En quatre myriade de parutions d’autres la Medeamaterial de Pascal Dusa- lustres, le fondateur du Collegium grands motets (Rameau, Lully, pin, le Requiem de Sandro Gorli… Vocale, à Gand (en 1971), et de la Lalande, Charpentier, Gilles, Cam- Pour fêter ces vingt ans d’heureu- Chapelle royale, à Paris (1977), y pra, etc.), mais c’est surtout dans la se et fructueuse collaboration, Har- aura enregistré près d’une centaine musique de Jean-Sébastien Bach monia Mundi met à disposition, de disques en ne faisant que quel- qu’Herreweghe allait d’abord s’im- pour un temps et une édition limi- ques rares infidélités à la maison poser. Après une Passion selon saint tés, seize titres à prix d’ami, parmi née à Saint-Michel, en Provence, et Matthieu retentissante, et désormais lesquels quelques cantates, les devenue arlésienne : un crochet par légendaire, à Pâques 1980, à Saint- Motets de Bach, la Missa solemnis de Erato pour sa première Armide de Etienne-du-Mont, à Paris, diffusée Beethoven, le Requiem de Brahms, Lully, en 1982, puis quelques dis- par France-Musique en direct, Her- celui de Gilles, Le Chant de la Terre, ques, avec le Collegium Vocale, reweghe en enregistrait une premiè- de Mahler, dans la version Schoen- chez Virgin Classics. re version, suivie d’une première Pas- berg-Riehn, la Gran Partita de Depuis quelques années, l’ensem- sion selon saint Jean. Mozart, les deux messes a cappella ble des forces que dirige Herrewe- de Monteverdi, un disque Purcell, le ghe est sous contrat d’exclusivité SEIZE TITRES À PRIX D’AMI Berliner Requiem de Kurt Weill. On y chez Harmonia Mundi : les chœurs Quinze ans après, il réenregistre apprendrait presque l’histoire de la et orchestres de la Chapelle royale les deux Passions et livre, cet autom- musique ; en tout cas, on y prendra et du Collegium Vocale de Gand, ne, une nouvelle mouture de la Saint la mesure d’un chef dont la manière, l’Orchestre des Champs-Elysées, Jean (dans sa seconde version de parfois qualifiée de « distante », se une formation symphonique jouant 1725). Le catalogue Harmonia Mun- voit, tel que pour un vin, bonifiée sur instruments anciens les répertoi- di comprend aussi la Messe en si, les par les ans. res classique, romantique et Motets, et de très nombreuses canta- moderne. tes, toutes des têtes de discographie. R. Ma. Même le Quatuor Turner, compo- Une place de plus en plus importan- sé des chefs de pupitre de son te est laissée au répertoire romanti- e Edition Herreweghe : 16 CD Har- orchestre – dont son épouse, la vio- que (Beethoven, Mendelssohn, monia Mundi séparés en édition loncelliste hollandaise Ageet Zweis- Schumann, avec l’Orchestre des limitée. 34 / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 CULTURE

Don McCullin, Kat Onoma et la mémoire toute une vie en noir du val d’Argent Rétrospective, à la Maison européenne Avant de partir en tournée, de la photographie, à Paris, des œuvres de celui le groupe de rock a donné trois concerts qui fut reporter sur tous les champs de bataille sur ses terres haut-rhinoises

PHYSIQUEMENT, il n’a pas leur auteur en « voyeur obscène ». Il SAINTE-MARIE-AUX-MINES dres des 45-tours et avaient même changé. Toujours ce beau visage, continue de tirer sa photo la plus (Haut-Rhin) des guitares électriques. » ce regard bleu épuisé par le célèbre : un enfant albinos mort de de notre envoyé spécial Mais, en grandissant, le fan de désastre. Dans ses mots, il n’est faim au Biafra juste après la prise La chapelle blanche de Saint-Pier- rock ne pensera plus qu’à fuir les rui- plus le même. En 1992, le photogra- de vue. re-sur-l’Hâte surplombe un vallon nes culturelles de sa ville natale. Un phe britannique Don McCullin est Il a assisté à des exécutions, a encaissé. De sombres forêts de coni- périple universitaire (le chanteur fut l’invité des Rencontres d’Arles. En attendu la sienne au Biafra, se sou- fères emplissent l’air vif de leurs fra- un temps prof de philo) et sa rencon- 1993, il expose au Centre national vient du bruit d’un corps qui grances. Ce décor de gravure roman- tre avec les autres musiciens de Kat de la photographie et bénéficie s’écroule, a été maintes fois blessé tique ne résonne habituellement Onoma – Philippe Poirier (guitaris- d’un Photo Poche (éditions ou donné pour mort, a échappé, à que du bruit d’un torrent. Fin sep- te), Guy Bix Bickel (trompettiste), Nathan, no 53). Il y a quelques la nage, aux Khmers rouges, a été tembre, s’échappent de la petite égli- Pierre Keyline (bassiste) – le mènent jours, ses images de guerre étaient roué de coups et laissé agonisant se les échos d’un blues altier et à Strasbourg, Bâle et Paris. Par le à vendre au Salon Paris Photo (gale- pendant treize heures dans voluptueux. Enfant de ce coin d’Al- biais d’un héritage, le groupe revien- rie Hamiltons). l’Ouganda d’Idi Amin Dada, a vu sace, le groupe Kat Onoma est venu dra pourtant de nouveau ancrer sa McCullin est aujourd’hui présen- « gicler le sang entre [ses] cuisses » donner trois concerts « à la mai- musique dans le Haut-Rhin. Léguée té sur les cimaises de la Maison au Cambodge, des balles se sont son », dans le cadre d’un petit festi- par un oncle Burger, une grande européenne de la photographie logées dans son boîtier. Il est val, baptisé C’est dans la vallée, que bâtisse, surnommée « la ferme », se

(MEP). Cette consécration tranche vivant parce qu’il est « dur au DON MCCULLIN les musiciens ont monté dans la vil- transformera en un grand local de avec son obsession d’il y a trente mal ». Ses mots sont « discipline, « Chef de village, avec un stylo-bille dans le nez, le toute proche de Sainte-Marie-aux- répétition, pôle de création obligé ans, quand il voulait publier dans le émotion, passion ». Rappeler ces qui se revendique cannibale », de Don McCullin, Mines, avec l’aide de l’association avant chaque enregistrement. Sunday Times Magazine et nulle faits de guerre entretient le mythe Irian Jaya (Indonésie), 1992. Hiéro Colmar. Avant de reprendre part ailleurs, faire en sorte que, du reporter. Ça le gêne. « Je vou- la route avec leurs camarades, pour DISQUE EN PATOIS avec des photos d’enfants agoni- drais expliquer la lourdeur de ma cul- pour me transformer en être humain j’aurais fini en prison pour crime. » une tournée qui passera par Paris, le C’est aussi là qu’en 2000, Rodol- sants, les quatre millions de lec- pabilité. » Il ne croit pas en Dieu. décent. Je ne fais pas exprès si je Il est aujourd’hui célèbre dans le 26 novembre, Rodolphe Burger (gui- phe Burger et l’écrivain Olivier teurs vomissent leur œuf à la transforme tout ce que je vois en monde entier. tariste et chanteur) et Pascal Benoît, Cadiot ont conçu le mini-album On coque durant leur breakfast domi- DES ICÔNES ADMIRÉES guerre. » McCullin reste attaché à l’actua- dit Costa (batteur), les régionaux de n’est pas indiens c’est dommage, tout nical. Il disait : « Je hais l’art, je veux Comme pour Robert Capa, en Sa vie est réglée pour ne pas lité. « Les images de l’Afghanistan l’étape, se sont replongés dans une entier consacré au patois welche que mes images puent un peu. » vieillissant, ses images de guerre avoir le cerveau trop noir. «Jeme sont de la non-information impré- histoire qui a façonné un des plus pratiqué par les habitants des val- Chypre, Vietnam, Irlande du sont devenues des icônes admi- lève à 6 heures, je bois une tasse de gnée de propagande. On m’a pro- originaux groupes de rock français. lons environnants. Enregistré lui Nord, Biafra, Cambodge, Ougan- rées. Les exposer comme des thé, je retourne au lit pour écouter la posé d’y aller. Mon esprit est ailleurs. Le chanteur de Kat Onoma s’est aussi à la ferme, Kat Onoma, le der- da, Liban : McCullin a « couvert », œuvres d’art ? « Je suis mal à l’aise. BBC ou je pars photographier Mon énergie décline. Je peux tra- longtemps persuadé que sa musi- nier disque du groupe, a également en photojournaliste, les conflits Je ne suis pas un artiste. Je suis au l’aube, je pêche la truite dans une vailler quatre heures par jour et non que n’avait d’autres racines que bénéficié de l’acoustique réputée de des années 1960-1982. Son esthéti- musée parce que je n’ai pas le choix. rivière. Je rejette le poisson. Je ne tire plus douze. Je dois protéger la derniè- celles qu’il s’était inventées. La la chapelle voisine de Saint-Pierre- que noircie à outrance – « c’est ma Les journaux ne veulent plus mon- pas les photos le soir, ça m’angois- re partie de ma vie en créant de la mythologie rock avait nourri ses fan- sur-l’Hâte, notamment pour les cor- colère » –, pénible pour l’œil, plei- trer ce genre d’images. Si je pouvais, se. » Il vit entouré de 3 000 tirages beauté. » Son passé le rattrape tasmes. Son amour des Stones, de des. « Ian Caple, notre producteur, a ne de cadavres décomposés, était je les afficherais dans le métro, sur de la guerre. « Leur énergie vibre quand des jeunes lui écrivent, ils Gene Vincent, des Troggs ou du Vel- craqué pour l’endroit au point de vou- sans nuance. « Je veux être le photo- un bus, dans la rue. Pour qu’on ne dans la maison. » Les voir à la MEP « croient que seule la guerre mérite vet Underground avait fini par se loir revenir avec les Tindersticks. graphe de guerre le plus dur, le plus les oublie pas. » accentue leur esthétique classique. d’être photographiée. Il y a d’autres styliser en un blues ténébreux, lors Enfant, je venais souvent dans cette cru, le plus violent qui soit. » C’était Sans doute pour se purifier, La liste de ses influences le confir- injustices mais ils ne m’écoutent de la création du groupe au milieu chapelle. J’ai été heureux que mon l’époque où il croyait que ses pho- McCullin vit retiré du monde dans me : Stieglitz, Steichen, Fred Hol- pas ». Il dit qu’il vient de découvrir des années 1980. D’abord anglo- père, qui aimait venir y écouter des tos pouvaient changer le monde. une ferme du Somerset, au sud- land Day, Frederick Evans, « le corps parfait ». A 66 ans, Don phones, les chansons de Burger se concerts classiques, ait assisté à cet Elles ont surtout contribué à bâtir ouest de l’Angleterre, dans ces colli- Coburn, Sudek. « J’aime le pictoria- McCullin réalise ses premières pho- sont confrontées ensuite à la langue enregistrement. » Raymond Burger sa légende. nes où s’est forgée la légende du lisme », la photo qui ressemble à la tos de nu. française d’auteurs contemporains repose aujourd’hui dans le petit McCullin le sait. « Je croyais au roi Arthur. Quand nous lui avons peinture. Bill Brandt aussi, le grand comme Pierre Alféri, Olivier Cadiot, cimetière qui entoure l’église. témoignage. J’étais naïf. Ça change rendu visite, il y a quelques années, Anglais dont il retient les tons cré- Michel Guerrin Oscarine Bosquet, Eugène Savitz- Pour Kat Onoma, le festival C’est quoi d’aller au Rwanda ? Dans un sa porte était ouverte et son souri- pusculaires et le climat social. kaya ou Anne Portugal. Cette dans la vallée est une façon de monde dominé par les intérêts per- re généreux. Il vit seul. « Je n’ai « J’aime le passé dans la photo, pas e DON McCULLIN. MEP, 5-7, rue de année, après deux disques en solo, redonner un peu de vie à une ville sonnels et l’argent, les gens conti- jamais vu une femme rester long- l’avenir. » Fourcy, Paris-4e. Mº Saint-Paul. le vocaliste retrouvait Kat Onoma qui s’anime surtout pour la Bourse nuent à couper les bras des temps avec moi. » Il ajoute : « Seul, Né en 1935, se qualifiant de Tél. : 01-44-78-75-00. Du mercredi pour un cinquième album éponyme des minéraux et la Fête du tissu. enfants. » Il ajoute : « Je hais mes tu n’as pas à t’excuser. » Il se parle à « produit de Hitler », McCullin au dimanche, de 11 heures à (Le Monde du 24 mars 2001), som- Des bars ont programmé des grou- photos de guerre. Avoir fait ce métier lui-même, attend des heures la déteste l’école, rate ses examens 20 heures. Jusqu’au 13 janvier. met de leur discographie. pes régionaux (Manson’s Pop, si longtemps est la honte de ma vie. » bonne lumière pour photographier parce qu’il est dyslexique, fré- Catalogue : textes de Harold Evans Moon Palace), une ancienne ban- Voir des piles de cadavres déglin- le paysage qui l’entoure. Toujours quente les bandes de voyous de et de Susan Sontag, éd. MEP et « INTERNAT PUNITIF » que a accueilli le concert du compli- gue un bonhomme. Prendre en hiver, par temps couvert. Cha- Londres, puis découvre sa pre- Jonathan Cape, 296 p., relié, 60 ¤ Ces chants crépusculaires n’a- ce Fred Poulet, le bâtiment délabré conscience que les photographies que colline s’apparente à une tran- mière photo publiée, à 18 ans, (393,57 F) ou broché, 50 ¤ vaient-ils pour origine qu’une pas- de la Société industrielle et com- sont de peu d’utilité transforme chée brumeuse. « C’est une fuite dans l’Observer. « Sans la photo, (327,98 F). sion exportée d’Amérique et de merciale a été mis en scène par un Grande-Bretagne ? C’est en 1968, à ami plasticien, l’Italien Salvatore Sainte-Marie-aux-Mines, que Bur- Puglia. Les trois concerts de Kat ger, onze ans, et Costa forment leur Onoma, accompagné par l’altiste premier groupe de rock. Ville mi- Gérard Tempia Bondat et le violon- A Nantes, le congrès de l’art contemporain a tourné en rond e nière au XVII siècle, chef-lieu du celliste Fred Deville, consacraient 1 400 INSCRITS, dont un millier assistaient aux caux et juridiques actuels, face au devenir multi- ca, qui n’a rien promis et est restée commodé- val d’Argent, Sainte-Marie s’est l’événement. tables rondes dans le grand auditorium de la Cité forme de la profession qu’exercent désormais les ment vague. reconvertie au XIXe siècle dans l’in- Devant l’autel, dont les fonda- des congrès de Nantes. Le chiffre de participation jeunes créateurs. Est-ce pire que promettre et ne pas tenir, com- dustrie textile. Aujourd’hui, cette tions datent du XVIIe siècle, famille, au 3e congrès interprofessionnel de l’art contempo- Dans un tel contexte, on ne s’attendait pas à me au Cipac de Tours ? En petite cité aux couleurs délavées ne amis d’enfance, fans avertis se ser- rain (Cipac) crève le plafond. Près de deux fois entendre parler de la commande publique du 1 % tout cas, une fois de plus, c’est l’image d’une créa- semble toujours pas remise de la cri- raient sur les bancs, seulement éclai- plus qu’à Tours lors des deux premières éditions. Il des constructions, qui aurait encore besoin d’être tion en France qui n’arrive pas à se penser autre- se qui la faucha au milieu des rés par la lueur des cierges et des faut croire que son sujet touchait des cordes parti- revue et corrigée. Mais il y avait du syndicalisme ment qu’en termes d’assistée qui en est ressortie. années 1960. « J’ai connu ce chandeliers. Ce spectacle rock en culièrement sensibles : l’artiste, sa profession, ses dans l’air, en particulier chez les sculpteurs, qui se L’impression de tourner en rond s’est trouvée con- moment où la population a diminué clair-obscur vibrait d’une émotion droits, son statut social. sont plaints de ne pas être dans les tables rondes. fortée par une sorte d’idée fixe : le très négatif rap- de moitié, se souvient Rodolphe Bur- particulière. Comme si cette musi- De nouvelles formes et de nouveaux moyens Dans l’ensemble, les revendications sont restées port Quemin sur la représentation des artistes fran- ger. La ville a alors été plongée dans que bleu nuit comprenait enfin ce de production sont apparus, et la pluridisciplinari- floues, ou personnelles et corporatistes : il n’y a çais à l’étranger (Le Monde du 9 juin), en présence un état d’hébétude économique et qu’elle devait à cet environnement. té des pratiques induit de nouvelles économies pas une profession d’artiste, mais des profes- du sociologue dont le travail a encore été contesté psychologique qui la marque encore. publiques et privées, et rapproche la production sions, et chercher à donner à l’artiste plasticien un au plus haut niveau, de Guy Amsellem, directeur Ce vide, cet abandon nous laissaient Stéphane Davet des arts visuels du spectacle vivant, de l’audiovi- statut d’intermittent du spectacle ou de cher- de la délégation aux arts plastiques du ministère une marge de manœuvre. Nous orga- suel et des multimédias. A ces flottements des cheur doit pouvoir se justifier, mais pas tout le de la culture et de la communication, à Olivier Poi- nisions par exemple des concerts e Kat Onoma : le 21 novembre à frontières il faut ajouter les porosités entre l’insti- temps. Des thèmes intéressants ont donné lieu à vre-d’Arvor, directeur de l’AFAA (Association fran- dans un cinéma qui venait de fermer. Amnéville ; le 23 à Alençon ; le 26 tution, le marché, l’apparition et le développe- des échanges médiocres, chacun y allant de ses çaise d’action artistique) du ministère des affaires L’académie de Strasbourg avait aussi à Paris (Bataclan) ; le 27 à ment des lieux alternatifs, des « friches ». Les petites obsessions ; les interventions étaient en étrangères. On l’avait, l’objet fédérateur ! ouvert là un internat punitif. Ces mau- Clermont-Ferrand ; le 28 à Toulou- journées des 15 et 16 novembre devaient tourner partie orchestrées pour la venue de la ministre de vais élèves avaient de bons goûts se ; le 30 à Toulon ; le 1er décembre autour de l’inadaptation des régimes sociaux, fis- la culture et de la communication, Catherine Tas- Geneviève Breerette musicaux ; ils se procuraient à Lon- à Nice.

DÉPÊCHES a CINÉMA : A ma sœur ! a été Le regain en demi-teinte du cinéma grec interdit dans l'Ontario, au Cana- da, après sa sortie à Toronto. Le Bureau de la revue des films de la La quarante-deuxième édition du Festival de Thessalonique a offert une diversité géo-esthétique unique province de l'Ontario a rejeté le film de Catherine Breillat parce THESSALONIQUE constater l’indéniable embellie du jours pas à porter ses fruits, le ci- dont ses quelque 70 000 spectateurs remettre en scène son pays dans qu'il présente des scènes sexuelle- de notre envoyé spécial cinéma grec, qui est passé de 2 à 3 % néma grec semble condamné, si profitent avec voracité. son cinéma, entre la croyance primi- ment explicites dans lesquelles En 1995, une importante rétros- de parts de marché au début des rien ne change, à rester cantonné Depuis une rétrospective dédiée tive du mythe, le mystère de l’icône apparaissent des mineurs. La pective du cinéma grec a eu lieu a années 1990, à plus de 15 % en dans ses frontières. Un atelier inter- au renouveau du cinéma argentin et la raison politique. Sans doute cinéaste juge cette interdiction Paris, organisée par le Centre Pom- 2000. national, organisé par le Centre du jusqu’à un riche panorama du ciné- impossible à tenir, ce pari de ciné- « incroyablement inquiétante », esti- pidou et programmée par Michel Un des signes les plus éclatants film grec au cours du festival, devait ma d’auteur international, en pas- ma est du moins à méditer par tous mant que son film est un regard Démoupolos, directeur du Festival de cette reconquête a eu lieu en débattre de cette question ainsi que sant par une compétition axée sur ceux qui, en Grèce, font aujourd’hui sur la complexité de l'éveil à la de Thessalonique. Dans la préface 1999, avec l’incroyable succès de la des moyens de promouvoir plus spé- les premiers films (Tirana année profession de filmer. sexualité chez deux adolescentes. du catalogue accompagnant cette comédie Safe Sex, de Michalis Rep- cifiquement les films grecs à l’étran- zéro, de l’Albanais Fatmir Koçi, a ShinCine Films, une maison manifestation, ce dernier, consta- pas et Thanassis Papathanassiou, ger. La plupart des grands pays d’Eu- ayant ravi l’Alexandre d’or), plus de Jacques Mandelbaum de production sud-coréenne, tant le délabrement de l’infrastruc- qui a attiré un million et demi de rope en étaient absents… 150 longs et 40 courts métrages ont veut ressusciter à l'écran la star du ture cinématographique dans son spectateurs et battu Titanic. Soute- été présentés. L’un des moments les kung-fu, Bruce Lee, mort en 1973, pays, laissait cependant espérer un nue par le Centre du film grec, struc- LA POÉSIE DE STAVROS TORNES plus forts et les plus émouvants a grâce à la technologie numérique. renouveau. Sept années ont passé ture étatique créée en 1981, la pro- C’est contre cette situation décou- été la rétrospective consacrée au Elle permettra de recréer sa voix et depuis sans qu’à l’horizon n’appa- duction nationale a littéralement rageante que lutte le Festival de cinéaste grec Stavros Tornes. Né de le faire jouer avec des acteurs raissent d’autres signes que ceux explosé cette année, avec 35 films Thessalonique, installé aux quatre dans la banlieue d’Athènes en 1932, vivants dans un film qui s'appelle- lancés par le vieux maître solitaire présentés, contre 20 en 2000. vents de la zone portuaire, et deve- mort en 1988, Tornes est l’auteur ra Dragon Warrior. La société Theo Angelopolous, dont le dernier Pour réjouissants qu’ils soient, nu depuis environ dix ans le pou- d’une œuvre météorique, qui comp- coréenne affirme avoir obtenu film, L’Eternité et un jour, a rempor- ces chiffres masquent difficilement mon cinéphilique de la Grèce. Face te huit courts et cinq longs métra- l'accord des héritiers de Bruce Lee. té la Palme d’or à Cannes en 1998. deux principaux problèmes : à l’absence de cinémathèque natio- ges, réalisés entre 1963 et 1987. Lar- a FESTIVAL : les Rendez-vous Le Festival de Thessalonique, l’essoufflement de la tradition nale et à une politique de distribu- gement méconnus hors de Grèce, de l'histoire resteront à Blois dont la quarante-deuxième édition cinéphilique et la faible qualité des tion soumise à la loi du marché (par- vilipendés dans ce pays du vivant de (Loir-et-Cher), un accord ayant s’est tenue cette année du 9 au œuvres. Dépourvu d’écoles qui puis- mi les 250 films sortis en salle cette leur auteur, ces films poétiques et été trouvé entre le maire Nicolas 18 novembre, présente traditionnel- sent instaurer sa transmission, par- année, 193 viennent de Hollywood, révolutionnaires s’inscrivent dans le Perruchot (UDF) et l'association lement l’ensemble de la production tagé entre des comédies populaires 35 d’Europe et 18 de Grèce), la pro- sillage d’un Pasolini ou d’un organisatrice, qui voulait déplacer cinématographique nationale de difficilement exportables et un grammation du festival offre une Glauber Rocha. Exilé durant quinze le festival à Tours. – (AFP.) l’année. Cela aura été l’occasion de cinéma d’auteur qui ne parvient tou- diversité géo-esthétique unique, ans en Italie, Tornes n’aura cessé de CULTURE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 35

SORTIR

Ecrire des images en Corée e PARIS Jean-Jaurès, Paris-19 . Mo Porte-de-Pantin. Jusqu’au 24 A Paris, le Musée Guimet accueille une vaste collection Mali Kow février. De 14 heures à 18 heures, e e Une exposition conçue comme un du mercredi au vendredi ; de de peintures et de paravents des XVIII et XIX siècles voyage le long du fleuve Niger – 14 heures à 19 heures, les samedi et Bamako, le pays dogon, le dimanche. Tél. : 01-40-03-75-75. ser sa collection au Musée Guimet. désert… –, à la rencontre de la 35 F. NOSTALGIES CORÉENNES, Ces peintures et ces paravents diversité des identités qui Voyages en marionnettes Musée des arts asiatiques-Gui- (plus de cent pièces) ont été réalisés composent le Mali : vingt-trois La huitième Biennale de Voyages met, 6, place d’Iéna, Paris-16e. entre le XVIIIe siècle et le début du ethnies à la recherche d’un avenir en marionnettes du Val-de-Marne Tél. : 01-56-52-53-45. Du mercre- XIXe siècle, à une époque où la collectif dans une société à Fontenay-sous-Bois déroule di au lundi, de 10 heures à Corée était strictement fermée au traversée par les questions du depuis le 12 novembre sa cohorte 18 heures, jusqu’au 14 janvier monde occidental, dont elle n’avait pouvoir et de la citoyenneté. Des de spectacles illustrant les 2002. De 3,51 ¤ à 5,34 ¤ (de 23 F à connaissance que par le biais de la œuvres d’artistes contemporains différents styles de l’art de la

35 F). Catalogue sous la direction Chine. Une Chine où la dynastie THIERRY OLLIVIER sont mises en regard de la marionnette avec des compagnies de Pierre Cambon et de Lee mandchoue Qing remplaçait celle Chaek’kori, détail central de l’un des huit panneaux tradition culturelle – objets originaires de France, d’Espagne U-fan, RMN éd., 218 pages, 42 ¤ des Ming depuis 1644 et dont les d’un paravent, couleurs sur papier, époque Choson, XIXe siècle. patrimoniaux, fétiches et et de Belgique. Le Barcelonais (275,50 F). arts étaient en passe de se stéréo- statuaire. Le parcours s’achève à Jordi Bertran manipule des lettres typer dangereusement. qui semblent sortir d’un sismo- faussement naïf, ces calligraphies Paris avec les Maliens de la en mousse métamorphosables en Pour ceux qui ne voient pas dans En Corée, où la peinture dite graphe et se transforment ainsi en sont détournées, jusqu’à représen- diaspora. Cette exposition est la lutins facétieux ; sous la houlette les arts occidentaux l’alpha et l’omé- contemplative est la seule digne architectures quasi futuristes. ter un animal ou un végétal. Les première d’une série intitulée d’André Parisot, la compagnie La ga de la création plastique, il est d’être regardée, les lettrés contre- Plus étonnantes encore, ces com- variations sur le tigre ne sont pas « Un monde fait de tous les Boîte noire se confronte aux urgent de courir au Musée Guimet. viennent discrètement aux rigou- positions – entre natures mortes et moins étonnantes. Les plus radica- mondes », qui se propose de interprètes de l’ensemble musical Une exposition permet d’y décou- reux préceptes néo-confucianistes : vanités – où les piles de livres entas- les se bornent à reproduire sur la mettre en évidence les processus Fa 7 pour raconter en sons et vrir tout un pan d’une culture asiati- ils ouvrent une sorte de domaine sés sur des étagères, cadrés de biais, feuille, en gros plan, le pelage tache- de transformations culturelles et gestes les aventures de La Seconde que méconnue en France : celle de privé où certains d’entre eux don- jouent un rôle considérable. Ici, sur té de l’animal. Le même traitement les nouvelles identités générées perdue ; quant à la compagnie la Corée. Que l’on assimile trop sou- nent libre cours à leur fantaisie. un thème décoratif venu d’Occi- est appliqué aux dragons, dont les par l’affrontement et l’hybridation Hubert Jappelle, elle se frotte au vent à un prolongement légèrement Dans ces œuvres destinées aux piè- dent, le détail à la chinoise devient formes sont dissoutes dans des pay- des valeurs de la modernité et de Procès de Kafka. provincial de la culture chinoise, ces les plus intimes de la maison, ils l’objet essentiel de l’œuvre. Une sages géométriques ou des nuages celles héritées d’une histoire et VIIIe Biennale, Voyages en mâtinée d’un zeste de japonisme. n’hésitent pas à transgresser les série de savants déséquilibres stylisés. Quant aux poissons et aux d’un système économique, social marionnettes, Fontenay-sous-Bois Or, s’il est vrai que le pays du Matin- conventions qui régissent les genres visuels contribuent à brouiller sa crustacés, ils sont dignes d’un Max et religieux particulier. (Val-de-Marne). Jusqu’au Calme est placé entre ces deux empi- dont ils se réclament officiellement. perception. Les pleins et les creux Ernst. Parc de La Villette, Pavillon 9 décembre. Tél. : 01-48-76-59-39. res, s’il est incontestable qu’une Ici, les canons de la peinture chi- sont placés sur le même plan, les Pourtant, cette Corée intime ne Paul-Delouvrier, 211, avenue De 30 F à 90 F. notable partie de la culture coréen- noise y sont comme dynamités de fausses perspectives basculent dans renie ni son héritage confucéen, ni ne est redevable à la Chine, les piè- l’intérieur. une sorte de cubisme, redoublé par ses réminiscences chamaniques, ni ces exposées place d’Iéna nous en des effets de papiers collés. La mysti- son goût traditionnel de la nature. GUIDE montrent toute l’originalité. VIBRATIONS ABSTRAITES que chinoise devient ici un pur gra- Elle les adapte à des compositions Le choix de ces peintures sur La couleur, souvent acide, striden- phisme où l’abstraction décorative, semi-imaginaires qui se mêlent papier ou sur soie tient à l’œil d’un te, est introduite comme par effrac- instable, mobile, le dispute au dans une étrange confrontation, CINÉMA-FESTIVAL Œuvres de Brahms, Bach, Mozart, Saint- artiste coréen, Lee U-fan, qui a ras- tion dans les compositions tradition- conceptuel. L’utilisation de la calli- parfaitement maîtrisée. On peut Saëns. Regards croisés sur des frontières Théâtre des Champs-Elysées, 15, semblé ces œuvres dispersées en nellement vouées à la seule encre. graphie est symptomatique. Bien noter qu’au moment où la Corée et av Montaigne, Paris-8e.Mo Alma-Mar- Corée, au Japon, en Europe et aux Le paysage, évocation philoso- sûr les grands caractères reproduits le Japon renouent avec l’invention méconnues : celles qui déracinent, ban- nissent ou condamnent à la clandesti- ceau. 20 heures, le 22. Tél. : Etats-Unis, bien avant qu’elles ne phique, devient réaliste, mais ce réa- sur les paravents signifient « loyau- et la fraîcheur, la Chine des Qing nité. 01-49-52-50-50. De 32,80 F à 360,78 F. soient convoitées. Lee U-fan, dont la lisme est lui-même perverti. Sous té », « savoir » ou « fidélité », les s’englue dans ses codes périmés. Carte blanche au cinéaste Samir Sayed Chanchify, Ahmed Bayoumi Institut du monde arabe, 1, rue des-Fos- Galerie du Jeu de paume a présenté leurs pinceaux, les montagnes se maîtres mots du néo-confucianis- Abdallah. El Batallet-Femmes de la e o le travail en 1997, a accepté de dépo- réduisent à des vibrations abstraites me en cours. Mais, sous un style Emmanuel de Roux Medina, documentaire de Dalila Enna- sés-Saint-Bernard, Paris-5 .M Jussieu. dre (France, 2000) suivi de Quand les 20 h 30, le 22. Tél. : 01-40-51-38-14. hommes pleurent, de Yasmina Kassari 80 F, 100 F. (Belgique, 1999). Les projections Françoiz Breut e Olympia, 28, bd des Capucines, seront suivies d’une rencontre avec e o Samir Abdallah et Dalila Ennadre et Paris-9 .M Opéra. 20 heures, le 22. A Colmar, le peintre Jost Haller sort de l’ombre du XV siècle Tél. : 01-47-42-25-49. De 160 F à 200 F. d’un buffet aux saveurs orientales. Romainville (Seine-Saint-Denis). Le Tria- Algérie : un toit pour Bab el-Oued ment rassemblé à Colmar : six pan- deux ans avant l’ouverture de l’ex- un artiste important, ayant pignon Concert de solidarité organisé par Beur- JOST HALLER, LE PEINTRE DES neaux de bois et une quarantaine position. Elle a été attribuée à Jost sur rue dans la haute vallée du non, Cinéma intercommunal, Romain- ville - Noisy-le-Sec, place Carnot. FM avec le soutien de nombreuses asso- CHEVALIERS, Musée d’Unter- d’enluminures, découvertes dans Haller par Philippe Lorentz. Là Rhin. Mais on ne pouvait mettre en 21 heures, le 23. Tél. : 01-48-45-68-53. ciations. Y participeront : Cheb Mami, Takfarinas, Amina, Cheb Aziz, Cheb denlinden, 1, rue d’Unterdenlin- un livre d’heures appartenant à la encore, le drapé du manteau de face de ce nom aucune œuvre. 25 F. den, 68000 Colmar. Tél. : 03-89- Bibliothèque nationale de France. Il saint Jean rappelle l’art flamand. Que celles-ci aient entièrement Tarik, le groupe Hanini, les Zemigres, TROUVER SON FILM Malika Domrane, Massa Bouchafa, 41-89-23. Du mercredi au lundi, ne manque que la grande peinture Viennent ensuite les quatre élé- disparu n’était pas étonnant : cette Farid Gaya, Taoues… Les bénéfices de de 10 heures à 17 heures, jus- murale qui orne l’église Saint-Tho- ments du retable des chevaliers teu- région fut à l’époque de la Réforme Tous les films Paris et régions sur le ce concert seront intégralement rever- qu’au 16 décembre. De 3,81 ¤ à mas à Strasbourg, intransportable. toniques, conservés à Sarrebruck – le théâtre de luttes sanglantes qui Minitel, 3615-LEMONDE, ou tél. : sés aux familles touchées par la catas- 5,34 ¤ (de 25 F à 35 F). Catalogue Son œuvre la plus marquante est un parallèle de la venue au monde s’accompagnèrent d’innombrables 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). trophe d’Alger. par Philippe Lorentz, Musée un grand panneau de format hori- du Christ et de la vie de saint Jean- destructions d’œuvres d’art. « L’ico- Zénith, 209, avenue Jean-Jaurès, VERNISSAGE Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. Tél. : d’Unterdenlinden / Les Quatre zontal qui représente une scène Baptiste – avec ses couleurs à la fois noclasme qui sévit [en Alsace] entre 01-42-08-60-00. 100 F. Coins Edition, 224 p., 33,54 ¤ hétéroclite : à gauche, saint Jean- sombres et vineuses, relevées d’aci- 1524 et 1530 a pratiquement anéanti Carcérales (220 F). Baptiste prêchant devant le Christ, de. Il faut noter le panneau de la les fruits de l’activité féconde de plu- Textes, dessins et photographies. RÉGIONS à droite, un saint Georges piéton très remarquable décapitation du Autant de témoignages d’artistes qui ont eu un jour envie de « franchir le Orchestre national de Montpellier L’histoire de la peinture occiden- terrassant le dragon. Le déroulé dernier prophète. Une brute aux mur » – René Fregni (écrivain), Charles Œuvres de Jarre. Maurice Jarre (direc- tale peut-elle encore receler des d’un paysage assure l’unité de cette traits inquiétants, au regard halluci- Un héritage hélas Gouvernet (peintre), Yves Jeanmougin tion). découvertes ? Voilà deux siècles étrange composition, détenue par né, offre la tête de saint Jean-Baptis- (photographe) – et de détenus de la Montpellier (Hérault). Opéra Berlioz-le qu’une armée d’historiens d’art et le musée d’Unterlinden depuis la te à une séduisante Salomé vêtue peu encombrant maison d’arrêt des Baumettes et du Corum, esplanade Charles-de-Gaulle. 20 h 30, le 23 ; 17 heures, le 25. Tél. : de conservateurs traquent l’« artis- Révolution française. Ses couleurs d’une robe violine. Centre de détention de Salon-de-Pro- vence « pour se raconter, raconter 04-67-60-19-99. 91,83 F et 150,87 F. te inconnu » : le gibier se fait rare. Il acides (la vierge en rouge vif sur Le nom de Jost Haller apparaît Manon e l’autre, partager et ne pas oublier ». est pourtant possible d’en débus- fond d’herbe verte) et son réalisme VITRAUX, GRAVURES, SCULPTURES plusieurs fois, au XV siècle, dans L’exposition est accompagnée d’un de Massenet. Stéphane Cardon (direc- quer un, répondent Philippe pointilleux (les traits du chevalier et Quarante-cinq miniatures du les archives de plusieurs villes livre (éditions Parenthèses Métamor- tion), Nicolas Joel (mise en scène). Lorentz et Sylvie Lecoq-Ramond, les détails de son armure) dénotent livre de prières de Lorette d’Herbe- situées de part et d’autre du phoses, 184 F) qui rassemble en un Toulouse (Haute-Garonne). Théâtre du Capitole, place du Capitole. 19 h 30, qui exposent au musée d’Unterlin- son origine germanique, tandis que viller, une dame de Metz, ont été Rhin. Une première mention est « travail commun » toutes les étapes de ces rencontres derrière les bar- les 23, 27, 28 et 30 novembre et le den de Colmar les œuvres d’un par- le traitement des drapés avoue une attribuées à Jost Haller en 1995. faite à Strasbourg en 1438, à la 4 décembre ; 15 heures, le 25 novem- reaux. er fait inconnu, Jost Haller, surnom- influence flamande. Elles sont un peu décevantes par suite d’une querelle qui s’élève Marseille (Bouches-du-Rhône). Friche bre et les 1 et 2 décembre. Tél. : mé par eux « le peintre des cheva- Une Crucifixion, sur fond doré, leur stéréotype. On remarque au sein de la corporation des de la Belle de Mai, 41, rue Jobin. Du 05-61-63-13-13. 206,63 F et 511,65 F. liers ». Le corpus de ce peintre, actif sobre et rigoureuse, un peu gauche, cependant un vigoureux saint Onu- peintres et des orfèvres. En 1444, 22 novembre (à partir de 18 h 30) au Catone in Utica dans l’Alsace du XVe siècle, est enco- a été achetée par le musée alsacien phre, en homme sauvage, armé face à la menace des Armagnac 22 décembre. De 15 heures à 18 heu- de Vivaldi. Jean-Claude Malgoire res, du mardi au samedi. Entrée libre. (direction), Gildas Bourdet (mise en scè- re mince. Il est d’ailleurs entière- à un collectionneur de Weimar, d’une massue, qui déambule d’un conduits par le futur Louis XI, il ne). pas élastique dans un curieux paysa- est désigné parmi les mobilisa- ENTRÉES IMMÉDIATES Tourcoing (Nord). Théâtre municipal, ge. Pour compléter cet ensemble bles de sa profession. En 1448, on place du Théâtre. 20 heures, le 23 ; numériquement assez mince, une le trouve à Metz, où il travaille à Le Kiosque Théâtre : les places de cer- 15 h 30, le 25. Tél. : 03-20-70-66-66. série d’œuvres « influencées » par la polychromie d’un monument : tains des spectacles vendues le jour 157,43 F et 229,58 F. même à moitié prix (+ 16 F de commis- Joao Fiadeiro, Chris Haring Jost Haller ont été rassemblées, la croix du Pont-aux-Loups. En sion par place). Place de la Madeleine Armentières (Nord). Le Vivat, place peintures, vitraux, gravures, sculp- 1453, il réalise, dans la même vil- et parvis de la gare Montparnasse. De Saint-Vaast. 20 heures, le 23. Tél. : tures. Parmi ces dernières, un formi- le, le décor de la chapelle Sainte- 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- 03-20-77-18-77. 98,39 F. dable saint Sébastien de bois, élé- Ursule des carmes. Entre-temps, di ; de 12 h 30 à 16 heures, le gamment déhanché, portant une Jost Haller a été engagé par la dimanche. DÉPROGRAMMATION Cyrano de Bergerac Leontina Vaduva remplacera en alter- brassée de flèches d’un air dégagé, famille de Nassau-Sarrebrücken. d’Edmond Rostand, mise en scène de nance avec Jia Lin Zhang la soprano la chevelure sortant en volutes de En 1466, il se fait construire une Jacques Weber. Inva Mula dans le rôle-titre de Manon, son bonnet, drapé dans un man- maison à Sarrebruck. En 1472, il MC 93, 1, boulevard Lénine, 93 Bobi- opéra de Massenet, pour les représen- gny. A partir du 22 novembre. 20 h 30, er teau aux plis savamment agencés. reçoit une gratification de blé. Il tations des 23, 25, 28 novembre, 1 et du mardi au samedi ; 15 h 30, le diman- Si les découvertes constituent la meurt avant 1485. Un certain 4 décembre au Théâtre du Capitole de che. Tél. : 01-41-60-72-72. De 52,48 F à légende dorée de la peinture, Jost nombre d’œuvres sont mention- Toulouse. Tél. : 05-61-63-13-13. 144,31 F. Jusqu’au 23 décembre. Haller fait partie des miraculés – de nées dans les archives. Leurs tra- Monsieur farce ou des Oh ! et des Ah ! plus en plus rares. Le puzzle a com- ces ont été perdues. d’Olivier Chapuis, mise en scène de mencé à se mettre en place il y a Jean Boillot. vingt ans, après les sévères analyses Cartoucherie-Théâtre de la Tempête, stylistiques et les plongées dans les sieurs générations », note Philippe route du Champ-de-Manœuvre, Paris-12e.Mo Château-de-Vincennes. A archives de Strasbourg, de Metz et Lorentz. Rappelons que l’œuvre partir du 22. 20 heures, du mardi au de Sarrebruck opérées par l’histo- d’un Matthias Grünewald, long- samedi; 16 h 30, le dimanche. Tél. : rien d’art Charles Sterling et pour- temps actif dans la région – c’est 01-43-28-36-36. De 60 F à 120 F. Jus- suivies par Philippe Lorentz. On l’auteur du fameux retable d’Issen- qu’au 22 décembre. connaissait en effet le nom de Jost heim, trésor du musée d’Unterlin- Un captif amoureux Haller, plusieurs fois cité comme den – se résume aujourd’hui à sept de , mise en scène de Musta- pha Aouar. tableaux et à une quarantaine de Théâtre Molière-Maison de la Poésie, dessins. Celle d’un Martin Schon- 157, rue Saint-Martin, Paris-3e.Mo Ram- gauer, autre artiste visible à buteau. A partir du 22 novembre. Colmar, serait aussi peu abondante 21 heures, du mercredi au samedi ; s’il n’avait laissé une centaine de 17 heures, le dimanche. Tél. : 01-44- 54-53-00. 70,50 F et 91,80 F. Jusqu’au gravures. 23 décembre. Hilary Hahn (violon), Nathalie Zhu (pia- E. de R. no) 36 KIOSQUE LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 EN VUE a George W. Bush a gracié, à La presse américaine est accusée de manquer de patriotisme l’occasion de Thanksgiving, les dindes « Liberty » et « Freedom ». Les journalistes sont-ils irresponsables dans leur couverture de la guerre en Afghanistan ? C’est ce que pense une partie a « La victime était certes en faute, mais ne méritait pas la mort »,a du public aux Etats-Unis, si l’on en croit un sondage du « Los Angeles Times » et le courrier reçu par de nombreux journaux jugé Hiroshi Yamura, président du tribunal de Yokohama, en LOS ANGELES afghans en première page qui a de recherche » pour le compte des condamnant une Japonaise à de notre correspondante valu au Cleveland Plain Dealer une terroristes. Certains lecteurs vont quatre ans et demi de prison, D’après un sondage du Los Ange- multitude d’appels accusant le jour- même jusqu’à traiter les médias de pour avoir tué un mari, volage, les Times effectué entre le 10 et le nal de soutenir la cause ennemie. « traîtres » à la patrie. D’autres accu- à coups de poêle à frire carrée. 13 novembre, 48 % des Américains Et le Hartford Courant a reçu sent l’ego irresponsable des journa- jugent « irresponsable » la couvertu- 550 plaintes pour avoir montré la listes, prêts à tout pour un scoop. a « Les talibans leur bandaient les re de la guerre en Afghanistan par du L. A. Times rapportait que ces américaines en Afghanistan « n’est photo d’un bébé apparemment tué Ces critiques sont d’autant plus sur- yeux, ils les faisaient s’agenouiller leurs journaux, tandis que le même « conseillers militaires » observaient pas un secret pour l’ennemi ». par un bombardement américain. prenantes qu’après le 11 septem- au milieu de la pelouse, puis ils leur pourcentage pense le contraire. Le et filmaient les exercices militaires Le réseau de radios publiques bre, les médias américains ont plu- tiraient une balle dans la nuque. nombre de lecteurs qui critiquent de troupes antitalibanes mais National Radio (NPR) a déclenché « TRAÎTRES » À LA PATRIE tôt péché par excès de patriotisme. Il y avait des centaines de les médias est surprenant, mais avaient refusé de répondre aux ques- une controverse encore plus gran- Quand la presse a relaté que des Les journalistes invités par David spectateurs, y compris des femmes leurs motifs le sont encore plus. tions du journaliste car, d’après leur de quand un de ses correspondants géologues analysaient les roches Shaw à commenter le sondage rap- et des jeunes filles », se souvient Le quotidien californien a essuyé interprète, ils ne parlaient que l’espa- a déclaré sur les ondes que s’il visibles sur les vidéos de Ben Laden, pelaient que bien souvent ces infor- dans le stade de Kaboul déserté, un barrage d’e.mails fort critiques gnol. Une lectrice s’est plainte que connaissait les emplacements des afin de tenter de localiser sa posi- mations militaires provenaient des Mohammad, ancien badaud. après la publication, dans son édi- les forces ennemies qui ont accès au forces américaines en Afghanistan, tion, un lecteur du San Francisco briefings du Pentagone ou même tion du 5 novembre, d’un article de site web du quotidien puissent utili- il les communiquerait. NPR a dû Chronicle a protesté : « Vous n’avez du site web du ministère de la défen- a « Ils devraient parachuter Paul Watson titré « Des hommes ser cette « information détaillée pour publier un communiqué expliquant donc pas envie que ce type soit captu- se. Et comme le précise James Kelly, des ballots plus petits », proteste silencieux indiquent une présence mettre la vie de braves Américains en que leur journaliste « ne cherchait ré ? Vous l’aidez à prendre la fuite ? » rédacteur en chef de l’hebdomadai- Sediq, habitant d’Hérat en américaine en Afghanistan », et danger ». Répondant par courrier pas à suggérer que NPR pratiquerait Les articles détaillant les points vul- re Time : « Les talibans n’ont pas Afghanistan, qui demande aux accompagné d’une photo d’Occi- électronique à ses lecteurs mécon- une forme de reportage de nature à nérables des Etats-Unis à une atta- besoin de nos journaux pour savoir où Américains de lui rembourser le dentaux cachés derrière des lunet- tents, le rédacteur en chef de la mettre les vies des soldats américains que terroriste sont encore plus mal sont nos troupes. » toit de sa maison défoncé par un tes de marque et des foulards. rubrique internationale a précisé en danger ». Mais c’est la publica- reçus. Le Fort Worth Star-Telegram Les Américains régissent-ils ainsi colis alimentaire estampillé : Depuis Gulbahar, l’envoyé spécial que la présence des forces spéciales tion d’une simple photo de réfugiés s’est vu accuser de faire du « travail par anxiété quant à la réalité de la « cadeau du peuple des Etats-Unis guerre ou par patriotisme exacer- au peuple afghan ». bé ? Dans la « nouvelle normalité » DANS LA PRESSE pratiques qui existent et de les modi- tions – d’un brouillage encore plus ble à l’écart. (…) On peut en tirer – expression de la Maison Blanche a Après avoir loué à des fier sur-le-champ. Si cela, et les avan- épais : celui qui entoure la concep- deux conclusions : que les Améri- pour décrire la vie aux Etats-Unis journalistes américains sa maison RTL cées financières arrachées par tion même du politique. A quoi sert- cains concentrent toutes leurs for- après le 11 septembre – le public où une bombe de 250 kilos s’était Daniel Vaillant, avait pu être présen- il ? Quelle est sa mission ? (…) Le fos- ces pour capturer ou tuer Ben Laden souhaite-t-il que les médias s’auto- nichée sans exploser, a Le gouvernement a décidé de té au mois de juin, le climat serait dif- sé ne peut que se creuser entre le et qu’ils ne veulent pas s’engager sur censurent ? Gina Lubrano, respon- un propriétaire de Kaboul, bouger sur un point ultrasensible, la férent. Aujourd’hui, cela ne suffit monde fictif où se situent la politi- le terrain plus qu’il n’est strictement sable des relations avec les lecteurs « peut-être pris de remords », loi sur la présomption d’innocence. pas. Il va falloir que le premier minis- que et les mondes réels dans les- nécessaire. La seconde est qu’ils ne au San Diego Union Tribune, offre selon Eric Falt, porte-parole Celle-ci était bâtie pour diminuer le tre lui-même entre en scène. quels vivent les citoyens. Ceux-ci ne se préoccupent guère de ce qui peut une explication : « Les Américains de l’ONU, a finalement fait appel nombre insupportable des déten- peuvent se reconnaître ni dans une se passer en Afghanistan après les ont si peur que, quand ils lisent des aux démineurs. tions provisoires, sur lesquelles la LES ÉCHOS gauche qui se réfère à un monde talibans. En effet, tout en niant informations qu’ils n’aiment pas, ils France était d’ailleurs régulièrement a Au fur et à mesure que se rappro- commun qui n’existe plus, ni dans qu’ils tolèrent les exécutions som- mettent en question le patriotisme du a La compagnie United Airlines condamnée. Sur ce point, elle a réus- chent les échéances électorales, les une droite qui renoncerait à réguler maires et les massacres, ils laissent journal. » poursuit la discothèque si. Malheureusement, elle a provo- citoyens sont de plus en plus pertur- la coexistence entre les divers « mon- les mains libres à l’Alliance du Nord Le sondage du Los Angeles Times La Makina de Nalliers, près qué aussi un embouteillage adminis- bés par la confusion qui naît d’un des vécus ». pour traiter ses ennemis comme elle reflète une tendance inquiétante : de Poitiers, pour avoir annoncé tratif, des charges de travail et des brouillage politique. Ce terme évo- l’entend. Nous avons trop souvent une partie du public américain sem- une soirée talibane en présence contraintes supplémentaires réelles que d’abord la difficulté à dessiner THE INDEPENDENT (Londres) vu qu’elle pouvait se montrer bruta- ble saturé d’informations et préfère, de la guest star Oussama Ben pour les policiers et pour les magis- des frontières nettes entre la droite a La réaction des Etats-Unis [aux le. (…) L’approche américaine paraît en tout cas pour le moment, ne pas Laden, venue « par un vol trats. Le gouvernement a décidé de et la gauche. Mais il est probable tentatives de reddition de talibans] a dangereusement proche d’accepter trop en savoir… d’United Airlines ». faire évaluer de toute urgence, que ce n’est là qu’une manifestation été de se laver les mains de toute res- que la fin justifie n’importe quels avant la fin de l’année, les blocages – l’autre étant la montée des absten- ponsabilité et de rester le plus possi- moyens. Claudine Mulard a Les écoliers de Téhéran, qui, lors de la commémoration de la prise d’otages à l’ambassade SUR LA TOILE des Etats-Unis, ont refusé de www.whyproject.org fouler le drapeau américain, ont ALCOOL reçu leur sanction : un point a La Mutuelle d’assurance MAAF de moins sur vingt en discipline. 400 œuvres picturales, poétiques ou musicales évoquent les attentats de New York a ouvert un site interactif permet- tant aux internautes de calculer en a Naguère les prêcheurs de « L’IDÉE m’est venue instantané- vengeance… Selon le cas, il s’agit temps réel leur taux d’alcoolémie. Dakar s’évertuaient à rappeler ment, dès le 11 septembre. » Bill Bar- d’un petit poème sans prétention, Il suffit d’indiquer son âge, son que la rupture du jeûne pendant tee, artiste peintre vivant au Texas, d’un travail graphique très élaboré, sexe, sa taille et son poids, ainsi le ramadan ne devait pas servir de est le fondateur du Why Project d’un morceau de musique électroni- que le nombre de verres et le type prétexte à des festins abondants (« pour quoi »), site d’exposition que dissonante, d’un photo-monta- d’alcool consommés. On obtient et à des gaspillages de nourriture. d’œuvres artistiques et littéraires ins- ge, d’un collage virtuel, d’une ani- une courbe indiquant à quel « Cette année la crise économique pirées par les attentats de New York mation Web… Les dessins les plus moment il est préférable de ne pas a réussi là où les prédicateurs ont et de Washington : « Comme la plu- remarquables sont parfois les plus prendre le volant. échoué ! », constate un vieux part des Américains, j’ai d’abord eu dépouillés : pour symboliser la dis- mps.pro.tircis.net Sénégalais. un profond sentiment d’impuissance, parition des deux tours jumelles, puis je me suis mis à réfléchir à ce que l’artiste indien Mayank B. a simple- VOILE a Un vigile faisant sa ronde dans je pourrais faire. Il était impossible ment oublié les deux « T » du mot a Les prochaines courses d’Olivier une école de médecine en d’aller à Manhattan ou à Washing- Manhattan, écrit en caractères styli- de Kersauzon, qui va tenter de bat- Malaisie a découvert dans un ton, mais je voulais m’affranchir des sés évoquant des immeubles tre une série de records du monde fauteuil, lundi 19 novembre à limites géographiques. Il était donc modernes… à bord de son trimaran géant Géro- l’aube, un jeune voleur endormi, naturel d’aller sur Internet. Le soir du Bill Bartee a fait savoir que son nimo dans les quatre années à son butin dans son poing fermé. 11 septembre, j’ai rédigé un manifes- site resterait ouvert jusqu’au 11 sep- venir, pourront être suivies en te et créé une petite œuvre picturale, tembre 2002. D’ici là, les bénévoles temps réel sur un site entièrement a « Elles sonneront toutes les pour habiller ma page d’accueil. du Why Project ont l’intention d’édi- dédié à cette aventure. demi-heures », indique H. T. Depuis, le site s’enrichit grâce à la par- ter une partie de la collection sous www.grandsrecords.com Sangliana, chef de la police de ticipation bénévole d’artistes et d’écri- forme de livre d’art et d’organiser Bangalore en Inde, qui a vains. J’ai construit la scène, les artis- des expositions. Ils assurent que les GRANDES ÉCOLES commandé quatre-vingts cloches tes n’ont plus qu’à venir s’exprimer. » représentées : Terror TV (Pologne), Nueva York (Espagne), Wish I could bénéfices éventuels seront reversés a La société No Name Media a pour tenir ses agents en éveil A ce jour, la collection du Why Historia universal de la infamia do something (Pakistan)… aux victimes des attentats. Une ouvert un site d’information, de dans les commissariats de la ville. Project, dotée de pages d’accueil en (Mexique), Who ! Why ! (Chine), You Quelques créateurs ont choisi de rubrique « Child Art » vient d’être documentation et de rencontre à « Et en plus les pauvres, dehors, six langues, compte près de (France), Once upon an Apple s’exprimer par le cynisme, le pasti- ouverte pour encourager les enfants l’usage des élèves et anciens élèves n’auront plus besoin de s’acheter 400 œuvres. Elles proviennent en (Israël), Wish you were here (Andor- che ou la dérision, mais la plupart à s’exprimer à leur tour. des grandes écoles – ingénieurs, de montres. ». majorité des Etats-Unis et des pays re), Jihad vs McWorld (Nouvelle- ont adopté un ton de circonstance : commerce, administration publi- anglo-saxons, mais plus de trente Zélande), Consequence (Chili), deuil, incompréhension, solidarité Pauline de la Boulaye que et troisièmes cycles. Christian Colombani nations de tous les continents sont Raped City (Finlande), Guernica y avec les victimes, révolte, soif de et Yves Eudes www.grandesecoles.com

par Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex Les héritiers par Dominique Dhombres Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35a (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : PENDANT que le Titanic, une de faire comme l’iceberg, du mal du grand homme de la Adresse : cheminée après l’autre, s’enfon- c’est-à-dire de couper le bateau famille. La plus émouvante était Code postal : Localité : çait hier soir sur TF1 dans les en deux. Evidemment, il aurait Anne Goscinny, fille unique du Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPAE eaux glacées de l’Atlantique, mieux valu pour elle que le Tita- créateur, avec Uderzo, d’Astérix. Mireille Dumas faisait face stoï- nic sombrât tout entier dès lundi « Pour hériter, il faut être orphe- Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE quement, sur France 3, à une soir, lui laissant un peu de marge lin », rappelait-elle. Elle aurait N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de situation à peine moins difficile : d’audience. volontiers échangé ses millions mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER comment rendre intéressants les On a déjà dit ici tout le bien actuels contre la possibilité « d’al- les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... propos tenus par une brochette qu’on pensait de Titanic. Il n’était ler boire un coup ce soir chez ses au journal Le Monde. Prénom ...... d’héritiers ? Ses invités avaient donc pas question de revenir sur parents ». Olivier Dassault trou- N° ...... rue ...... l’air très satisfaits d’eux-mêmes les amours contrariées de Jack et vait parfaitement normal que, Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... et plus encore de leurs ascen- de Rose. On aurait pu noyer le dans cette famille, on accède au ment ou d’interrompre mon abonnement à dants, qu’ils s’appellent Dassault, poisson, lors de cette soirée déci- sommet de l’entreprise à l’âge où tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) Picasso, Citroën, Hugo ou Gos- dément très aquatique, avec la les autres prennent leur retraite. Date :...... cinny. Cela faisait un peu dîner sphère extraterrestre que Dustin Le plus hypocrite était incontesta- Signature : ...... de noms, comme il y a des dîners Hoffman, Sharon Stone et quel- blement Olivier Picasso. Il se bat N° ...... rue ...... de têtes, sauf qu’il n’y avait hier ques autres découvraient au contre les piratages du nom de Code postal Ville ...... soir pas grand-chose à manger, à même moment au fond de son grand-père. Il ne veut pas que part les invités eux-mêmes. l’océan, sur France 2. Mais la fin celui-ci figure sur des bicyclettes IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB Pauvre Mireille Dumas, qui ten- de ce film est aussi énigmatique en Chine ou sur des culottes on d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- tait avec ce menu fretin le « pri- que celle de 2001 : l’Odyssée de l’es- ne sait où. tion. Il y en a un dans votre chéquier. me time » face à un succès mon- pace, et nettement moins réussie. Moyennant quoi, il le met sur Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : dial diffusé pour la première fois Il fallait donc se rabattre, bon un cognac, un pastis et un mono- Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. en clair sur une chaîne française ! gré mal gré, sur les descendants space. Reconnaissez que c’est l’ar- Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) Elle aurait sûrement préféré que de personnages célèbres réunis gent qui vous intéresse, lui souf- “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at le CSA donne raison aux intégris- par Mireille Dumas. Assez conve- flait Mireille Dumas. Il n’a pas Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 tes qui voulaient interdire à TF1 nus, ces héritiers. Pas un qui dira avoué. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / 37 MERCREDI 21 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.00 La Guerre en couleurs. Birmanie, 19.15 Boccherini. 17.05 Scipion l'Africain aa TÉLÉVISION ARTE le front oublié. La Chaîne Histoire Sonates pour clavecin n˚1 à 6. Carmine Gallone (Italie, 1937, & 21.00 Musique brésilienne, 21.25 Lonely Planet. Avec Anne Robert (clavecin). Mezzo 105 min) . CineClassics 19.00 Connaissance. 18.10 Le Juge et l'Assassin aa musique métisse. Forum Cuba et Haïti. Planète 21.00 Classic Archive. Enregistré en 1970. TF 1 19.45 Arte info, Météo. Avec Alfred Brendel (piano). Mezzo Bertrand Tavernier (France, 1975, 20.15 Histoires de familles. 22.55 Tango, 21.55 Musica. Les Descendants de Noé. 125 min) &. Cinéfaz 17.25 Beverly Hills. Musiques d'Arménie. Arte 22.00 Compay Segundo. 20.45 Les Mercredis de l'histoire. 18.50 L'Etrange Madame X aa 18.20 et 1.30 Star Academy. l'ivresse des pas à deux. Forum 22.20 La Biélorussie Olympia, avril 1998. Mezzo L'affaire Sofri. Jean Grémillon (France, 1951, 18.55 Le Bigdil. 0.15 Mike Stern. Montréal, 1999. Muzzik 90 min) &. CineClassics 21.55 Musica. Les Descendants de Noé. MAGAZINES en quête d'identité. Planète 20.00 Journal, Tiercé, Météo. Musiques d'Arménie. 0.50 Yann Tiersen. 20.45 Frantic aa 23.00 Les Aborigènes 20.35 Football. Ligue des champions. 23.00 Vigo, histoire d'une passion Eurockéennes 2001. Paris Première Roman Polanski (Etats-Unis, 1987, & 19.00 Chacun son monde. d'Australie. National Geographic % Sparta Prague (Rép-tch.) Film. Julien Temple . Invité : Bernard Giraudeau. Voyage 120 min) . TCM aa aa - Real Madrid (Esp.). 0.50 Mort à Venise 23.05 Pilot Guides. TÉLÉFILMS 20.45 Jugatsu Film. Luchino Visconti. 20.45 Les Mercredis de l'histoire. Nouvelle-Zélande. Voyage 20.45 Coup d’envoi. L'affaire Sofri. Arte Takeshi Kitano (Japon, 1990, v.o., 22.45 Deportivo La Corogne (Esp.) 20.50 Le Divin Enfant. 95 min) ?. CineCinemas 3 23.20 De Nuremberg à Nuremberg. % - Arsenal (GB). 20.55 Des racines et des ailes. [3/4]. Le tournant décisif. Planète Stéphane Clavier . M6 20.45 Hardcore aa M6 Dans l'intimité de la République. 0.30 Vol de nuit. 0.00 Les Grandes Pyramides. 20.50 La Juge Beaulieu. Paul Schrader (Etats-Unis, 1979, v.o., 17.55 Le Flic de Shanghaï &. Parole d'esclaves. La Corée du Nord : % 105 min) !. Cinéfaz le grand mensonge. France 3 La porte vers les étoiles. Voyage Joyce Buñuel . France 2 18.55 Charmed &. 21.00 Jerry chez les cinoques aa FRANCE 2 22.25 Ça se discute. 21.00 Un si long sommeil. 19.54 Le Six Minutes, Météo. SPORTS EN DIRECT Michael Switzer &. Téva Frank Tashlin (Etats-Unis, 1964, La dépression de l'enfant. France 2 90 min) &. Cinétoile 16.55 Premier rendez-vous. 20.05 Madame est servie &. 23.25 Culture et dépendances. Victor Hugo. 22.40 Pause bébé. a 17.30 Le Groupe. 20.40 Caméra Café. 20.30 Basket. Euro 2003. Eliminatoires : Markus Bräutigam &. Téva 21.00 Le Plus Escroc des deux Invités : Jean-François Kahn ; France - Hongrie. Pathé Sport Frank Oz (Etats-Unis, 1988, v.o., 18.00 70's Show &. 20.50 Le Divin Enfant. Marie Hugo ; Max Gallo ; 22.45 Pleins feux sur le président. 105 min) &. Cinéstar 2 & Téléfilm. Stéphane Clavier %. Ligue des champions. 18.25 Friends . Patrick Besson ; Eric Ruf ; 20.45 Football. Joseph Merhi %. TF 6 % Sparta Prague - Real Madrid. TF 1 18.55 On a tout essayé. 22.35 X-Files. Vienen . Rachida Brakni ; ; 23.40 Le Système du docteur Goudron 23.25 Seul %. Elisabeth Roudinesco. France 3 19.45 Un gars, une fille. et du professeur Plume. 0.20 Drôle de scène. Invités : Michel Serrault ; DANSE 19.55 et 20.45 Tirage du Loto. 0.30 Vol de nuit. Claude Chabrol. Festival 0.45 Qui décide ? Alain Decaux ; François Cérésa ; 17.45 et 20.35, 23.30 Un trait d'union. 20.00 et 0.30 Journal, Météo. Bernard Chambaz. TF 1 0.25 Staline. Ivan Passer &. Histoire Chorégraphie d'Angelin Preljocaj. 20.50 La Juge Beaulieu. Musique de Marc Kahanne Téléfilm. Joyce Bunuel %. RADIO DOCUMENTAIRES et Jean-Sébastien Bach. SÉRIES Avec Xavier Nickler, Frédéric Werle, 22.25 Ça se discute. 19.05 Le Dernier Jour Angelin Preljocaj. Mezzo 20.20 Johnny Staccato. 0.55 Des mots de minuit. FRANCE-CULTURE La touche du poète &. CineClassics de Marylin Monroe. Odyssée 23.45 American Ballet Theatre Invités : Rachid Taha, 20.45 Star Trek, Deep Space Nine. Antoine Garrapon. 20.30 Fiction 30. L comme animal 20.00 L'Expédition d'Egypte. à San Francisco. La cape de l'empereur sans lanières, d'Anita Van Belle. [2/2]. Ingénieurs et pharaons. Voyage Enregistré en 1985. Mezzo (v.m.). &. Canal Jimmy FRANCE 3 21.00 Mesures, démesures. 20.00 Témoignages autour du cas 20.45 Les Chemins de l'étrange. 22.10 Multipistes. Pinochet. [3/12]. La loyauté. Histoire MUSIQUE L'inconnu du miroir. 13ème RUE 17.35 et 20.25 La Vie à deux. 22.30 Surpris par la nuit. 20.20 Voyage aux sources du Nil. 18.50 Albrecht dirige... Beethoven & Chopin. 22.30 New York Police Blues. Meurtre 18.20 Questions pour un champion. 0.05 Du jour au lendemain. [1/5]. Odyssée Avec Laura de Fusco, piano. Muzzik en prose (v.m.) %. Canal Jimmy 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Anne Boschetti (La Poésie partout 20.15 Tout le sport. et Apollinaire en homme-époque). 21.00 La Fin d'une liaison a 20.55 Des racines et des ailes. Neil Jordan. Avec Julianne Moore, 22.50 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES Ralph Fiennes, Stephen Rea (Etats-Unis, 1999, 95 min). Canal + 23.25 Culture et dépendances. 20.00 Concert. Par l'Orchestre national aa 1.05 Les Dossiers de l'Histoire. de France, dir.Charles Dutoit. Œuvres 22.10 Lake Placid de Berlioz, Debussy, Roussel, Ravel. tion, avaient été condamnés à Steve Miner (Etats-Unis - Canada, Marthe Richard et la tolérance. Arte vingt-deux ans de prison pour M6 1999, 80 min) %. Canal + Vert 22.00 En attendant la nuit. aa 23.00 Jazz, suivez le thème. 20.45 Les Mercredis l’assassinat du commissaire Luigi 20.50 Le Divin Enfant 22.30 Le Comédien CANAL + Sacha Guitry (France, 1947, 0.00 Extérieur nuit. de l’histoire : l’affaire Sofri Calabresi, le 17 mai 1972. Cette Il a tout pour plaire, à ses parois- 95 min) &. Cinétoile 16.45 Eddy Time. Sofri serait-il le Dreyfus italien ? condamnation était fondée sur siens et à son évêque. Branché, 23.00 La Jeune Fille et la Mort aa f En clair jusqu'à 21.00 RADIO CLASSIQUE Roman Polanski (Fr. - GB, 1994, 18.20 Divers et variés. L’historien Carlo Ginzburg posait le tardif témoignage, en 1988, d’un médiatique, l’abbé Aubrey est celui 100 min) %. CineCinemas 1 20.00 Les Rendez-vous du soir. la question dans Le Monde militant « repenti ». De nombreux dont rêve une Eglise en mal d’Audi- 23.30 Les Dents de la mer aa 19.05 + de cinéma. Œuvres de Mozart, Danzi. du 4 février 2000. Quelques jours intellectuels, persuadés de l’inno- mat. Alors pourquoi soudain l’en- Steven Spielberg (Etats-Unis, 1975, 19.35 Le Journal. 20.40 Une vie de Bellini. 120 min) ?. Canal + Vert 19.50 Le Zapping. Œuvres de Mozart, Zingarelli, Bellini, plus tôt, après douze ans de procé- cence de ces trois ex-militants gau- fer ? La réponse est affaire de comé- aa Rossini, Glinka, Donizetti, 23.35 Nos funérailles 19.55 de l'info. Chopin, Liszt. dure, Adriano Sofri, principal diri- chistes, ont toujours dénoncé die. Il sera beaucoup pardonné à Abel Ferrara (Etats-Unis, 1996, 20.05 Burger Quiz. 95 min) ?. CineCinemas 2 23.05 Les Rendez-vous du soir (suite). geant du mouvement d’extrême l’acharnement judiciaire de l’Etat Lambert Wilson (le curé), pour son 20.45 Encore + de cinéma. Académies musicales de Saintes 2001. 0.05 L'Honneur d'un capitaine aa 21.00 La Fin d'une liaison a Par le Collegium Vocale de Gand et gauche Lotta continua, autodis- italien qui, à travers ce procès, vou- étonnante vocation, à Stéphane Cla- Pierre Schoendoerffer (France, l'Ensemble Prometheus, dir. D. Reuss sous en 1976, ainsi que Giorgio lait régler de manière radicale les vier, pour sa réalisation inspirée, et 1982, 115 min) &. Cinétoile Film. Neil Jordan. et Philippe Herreweghe, Jan Kobow, aa 22.35 Sauve-moi a ténor, Sebastian Noack, basse. Pietrostefani et Ovidio Bompressi, « années de plomb » qui ensanglan- plus encore à Jean-Luc Goossens, 0.40 Coup de torchon & Bertrand Tavernier (France, 1981, Film. Christian Vincent . Œuvres de Schönberger, Bach. deux militants de cette organisa- tèrent l’Italie des années 1970. pour un scénario diablement drôle. 130 min) &. Cinéfaz 0.15 Midnight +. 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

JEUDI 22 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 18.30 Treks du monde. DANSE 13.35 Capitaine Conan aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Randonnée en Egypte. Voyage Bertrand Tavernier (France, & 21.00 Le Cinéma indien. Planète 18.30 Orques 17.30 Bhakti. Enregistré en 1981. 1996, 135 min) . Cinéfaz 13.45 Le Journal de la santé. Chorégraphie de Maurice Béjart. 13.55 Place Vendôme aa TF 1 22.00 Musique et film, de Norvège. National Geographic 14.05 Maltraitance. Avec Paolo Bortoluzzi, Hitomi Askawa, Nicole Garcia (France, 1998, 15.05 Les Forces de la Terre. on connaît la chanson. Planète 18.35 Skovsgaard, Jorge Donn, Germinal Casado, 115 min) &. Cinéstar 1 13.50 Les Feux de l'amour. 16.00 Planète insolite. 22.55 Le Cinéma d'animation. Planète Tania Bari. Muzzik 14.10 Betty aa 14.40 Piège conjugal. la nature en son château. [1/4]. % 17.05 Fenêtre sur. Les quatre saisons, l'automne. Odyssée 18.00 Le Lac des cygnes. Claude Chabrol (France, 1991, Téléfilm. John Power . MAGAZINES Chorégraphie de Rudolf Noureev. 100 min) &. Canal + 16.25 Alerte à Malibu. 17.35 100 % question. 19.00 La Main de Staline. Musique de Tchaïkovski. 18.05 C dans l'air. [1/3]. Leningradskaïa, un village 15.00 Il était une fois en Chine aa 17.25 Beverly Hills. 12.50 Arrêt sur images. Enregistré en 1964. Par le ballet 19.00 Voyages, voyages. cosaque. Planète de l'Opéra d'Etat de Vienne. Tsui Hark (Hongkong, 1991, 18.20 et 0.25 Star Academy. Reporters de guerre. La Cinquième 135 min) %. CineCinemas 1 19.45 Arte info, Météo. 19.00 André Malraux ou Avec Margot Fonteyn, Rudolf Noureev. 18.55 Le Bigdil. 13.00 Explorer. Traqueurs de requins. Avec l'Orchestre symphonique 16.10 Jugatsu aa 20.15 Histoires de familles. la « Grande Vie ». Chaîne Histoire 20.00 Journal, Tiercé, Météo. Modèles réduits en folie. de Vienne, dir. John Lanchbery. Mezzo Takeshi Kitano (Japon, 1990, v.o., 20.45 Plus qu'hier, ? 20.55 Julie Lescaut. L'Affaire Darzac. Vol au-dessus de la canopée. 19.00 Pilot Guides. L'Egypte. Voyage 95 min) . CineCinemas 3 moins que demain aa Courage à l'état pur. Nat. Geographic 19.00 Voyages, voyages. MUSIQUE 17.20 Si je t'aime, 22.45 Morsures mortelles. Film. Laurent Achard &. 13.05 Droit de cité. aa Téléfilm. Noel Nosseck %. Les Seychelles. Arte 17.45 et 20.35, 23.30 Debussy. prends garde à toi 22.10 Thema. L'aventure du thé. Homos pour le dire. TV 5 o 0.55 La Belle Verte 22.11 Robert Fortune, le voleur de thé. 19.10 La Deuxième Révolution russe. Sonate pour violon et piano n 3 Jeanne Labrune (France, 1998, 13.15 Zig Zag café. 110 min) ?. Cinéstar 2 Film. Coline Serreau. 23.05 Les Routes du thé. [7/8]. Le compte à rebours en sol mineur. Enregistré en 1986. aa L'aventure absolue : « Didier Bovard : du putsch. Histoire aa 23.35 La Mort d'un maître de thé Avec Tabea Zimmermann (violon), 18.10 Une semaine de vacances Film. Kei Kumaï (v.o.). l'Atlantique à pédalo ». TSR Arnulf von Arnim (piano). Mezzo Bertrand Tavernier (France, 1980, FRANCE 2 20.00 Alexandrie. La découverte & 1.20 L'homme 17.00 Les Lumières du music-hall. d'un empire perdu. Voyage 19.50 Tchaïkovski. Concerto pour piano n˚1 105 min) . CineCinemas 3 aa 13.50 Derrick &. qui ne savait pas être un ami. Bruno Coquatrix. 20.05 Témoignages autour du cas en si bémol mineur, opus 23. 19.05 Nos funérailles C. Jérôme. Paris Première Enregistré en 1975. Abel Ferrara (Etats-Unis, 1996, 16.00 Mort suspecte &. Téléfilm. Benoît Graffin. 19.00 Explorer. Rendez-vous avec la baleine Pinochet. [4/12]. La prison. Histoire Avec Martha Argerich (piano). 100 min) ?. CineCinemas 1 16.55 Des chiffres et des lettres. du Pacifique. Le Jitterbug. Montagnes Le délice Par l'Orchestre de la Suisse romande, 19.20 Baxter aa M6 20.30 Paradis de la faune. dir. Charles Dutoit. Mezzo 17.25 Qui est qui ? russes. National Geographic du serpent. National Geographic Jérôme Boivin (France, 1988, 18.05 70's Show &. 22.55 Ravel. Rhapsodie espagnole. 85 min) ?. Cinéfaz 13.35 Nuit d'orage. 20.05 Temps présent. Naissance 20.45 Behind the Music. 1977. Canal Jimmy 18.25 Friends &. Téléfilm. Roger Young &. d'une expo. Le calvaire de Cosette. TSR Enregistré en 1994. Par l'Orchestre 21.00 Egypte, dieux et démons. philharmonique de Munich, 18.55 On a tout essayé. 15.15 Demain à la une &. 20.55 Envoyé spécial. [4/5]. Les dieux et les démons. Voyage dir. Sergiu Celibidache. Mezzo 19.45 Un gars, une fille. 16.00 M comme musique. Les policiers de l'invisible. & 21.05 La Mission de Victor Martin. TV 5 23.45 Outis. Opéra de Berio. Par le Chœur 20.00 et 0.40 Journal, Météo. 16.40 Agence Acapulco . Les cantines scolaires. France 2 et l'Orchestre de la Scala, 21.15 1914-1918, les derniers témoins. 20.25 Question ouverte. 17.30 Le Pire du Morning. 22.20 Recto Verso. dir. David Robertson. Mezzo & Invitée : Fanny Ardant. Paris Première [2/2]. La Chaîne Histoire Invitée : Michèle Alliot-Marie. 17.55 Le Flic de Shanghaï . & 22.30 Open club. 21.40 Voyage aux sources du Nil. THÉÂTRE 20.55 Envoyé spécial. 18.55 Charmed . Christophe Gans. CineClassics [2/5]. La Haute-Egypte 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. 19.54 Le Six Minutes, Météo. et la vallée des Rois. Odyssée 23.15 Hommage à Bernard Blier. & 23.05 Campus, 1.00 Nikita. Tel est pris %. 20.05 Madame est servie . 22.00 Nanicomanies. Voyage à travers On purge Bébé. 20.40 Caméra Café. le magazine de l'écrit. France 2 Pièce de Feydeau. Festival la passion des nains de jardin. Planète FRANCE 3 20.50 Popstars. [10/14]. 23.35 La Route. Invités : Akhenaton 22.10 Les Grottes ornées 22.10 Ally McBeal. et Djamel Bouras. Canal Jimmy TÉLÉFILMS & de Bornéo. Odyssée 13.55 C'est mon choix. A la recherche de Barry White . 23.00 Le nez de la discorde &. Robert Fortune, 19.05 La Légende de Cendrillon. 15.00 Questions au gouvernement. DOCUMENTAIRES 22.11 Thema. Robert Iscove. Disney Channel 23.55 Capital. le voleur de thé. Arte 16.00 Chroniques d'ici. 17.00 Les Aborigènes 21.00 Les Amours d'Emma Bardac. 16.35 MNK, A toi l'actu@. 1.45 Culture pub. 22.15 Monsieur Blier. Festival Thomas Mowrey. Muzzik d'Australie. National Geographic 17.35 et 20.25 La Vie à deux. 23.00 La Grande Réserve. Braconnage 0.20 En scène pour la mort. FRANCE-CULTURE 17.00 Unique au monde. L'ours noir, en pays zoulou. National Geographic Pascal Goethals. Festival 19.20 Les Nuits 18.20 Questions pour un champion. un avenir assuré. Monte-Carlo TMC 23.05 Pilot Guides. Mexico. Voyage de la pleine lune aaa 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 19.30 Cas d'école. 17.05 Fenêtre sur. 23.05 Thema. Les Routes du thé. Arte SÉRIES Eric Rohmer. Avec Pascale Ogier, 20.15 Tout le sport. 20.30 Fiction 30 (rediff.). L'Espagne. La Cinquième Fabrice Luchini (France, 1984, 20.55 Les Grandes Gueules 21.00 Le Gai Savoir. 23.35 Passé sous silence. & 18.05 70's Show. Joyeux Noël . France 2 100 min) &. Cinétoile Film. Robert Enrico. Invité : Patrick Duval. 17.10 Les Mystères de l'Histoire. L'affaire Markovic. France 3 Les espions qui ont trahi 18.55 Charmed. 20.40 Manèges aaa 23.00 Météo, Soir 3. 22.10 Multipistes. Hitler. La Chaîne Histoire 0.00 L'Expédition d'Egypte. [1/2]. Trois sorcières sans charme &. M6 Yves Allégret (France, 1949, 22.30 Surpris par la nuit. Des savants et des canons. Voyage 23.35 Passé sous silence. 17.30 Voyage pratique. 19.05 MacGyver. La cible. TF 6 95 min). Festival L'affaire Markovic. 0.05 Du jour au lendemain. aa Martinique et Saint-Martin. Voyage 0.10 Wynton Marsalis. 20.15 Histoires de familles. 20.45 Un flic 0.30 J'ai pas sommeil. Danièle Robert I Love to Swing. Muzzik Jean-Pierre Melville (France, 1972, (Ovide et Les Métamorphoses). 17.35 Les Grizzlis du Kamchatka. Odyssée Campagnes. Arte ème 105 min). 13 Rue 0.40 Chansons dans la nuit. 1.00 Un voyage, un train. 20.55 Julie Lescaut. L'Affaire Darzac. TF 1 17.40 Mario Soares, De Londres à Athènes : sur les traces 20.45 La Flèche et le Flambeau aa CANAL + le démocrate obstiné. [2/4]. du mythe de l'Arcadie. Voyage 21.35 The Practice. Etats d'urgence. Jacques Tourneur (Etats-Unis, 1950, f FRANCE-MUSIQUES Combats pour la liberté. Histoire Stratégies. Série Club 90 min). TCM En clair jusqu'à 14.00 17.40 Michèle Morgan, un regard et SPORTS EN DIRECT 22.10 Ally McBeal. 13.30 La Grande Course. 18.00 Le Jazz est un roman. A la recherche de Barry White &. 14.00 Encore + de cinéma. 19.05 Le Tour d'écoute. quelque chose d'autre. CineClassics Le nez de la discorde &. M6 17.00 et 19.00 Bobsleigh. Coupe du monde 14.10 Betty aa 20.00 Concert. Par l'Orchestre symphonique 18.00 L'Invasion des grenouilles féminine. Bob à deux. Eurosport 0.15 Deux flics à Miami. Film. Claude Chabrol &. de la NDR, dir. Günter Wand. ème taureaux. National Geographic 18.00 Ski. Coupe du monde. Slalom géant Si peu qu'on prenne (v.o.). 13 RUE 15.50 Trintignant et Trintignant. Œuvres de Schubert, Bruckner. re dames (1 manche). Eurosport 0.45 Les Soprano. 16.45 Regarde les hommes tomber aa 22.00 En attendant la nuit. 18.00 Hollywood Stories. Gary Busey % et Lenny Bruce. Paris Première 19.30 Football. Coupe de l'UEFA. Pine Barrens (v.o.) . Canal Jimmy Film. Jacques Audiard %. 23.00 Jazz, suivez le thème. 18.00 La Guerre en couleurs. FC Bruges - Lyon. Eurosport 1.00 Nikita. Tel est pris. %. France 2 18.20 Surprises. 0.00 Extérieur nuit. La bataille pour la Norvège. La chute 20.45 Football. Coupe de l'UEFA. 3.25 New York Police Blues. Meurtre 18.30 Tom et Jerry. e % de Singapour. La Chaîne Histoire 16 de finale. Canal + en prose (v.o.) . Canal Jimmy f En clair jusqu'à 20.45 RADIO CLASSIQUE & 18.40 Agrippine . 18.30 Classique affaires soir. 19.05 + de cinéma. 20.05 Les Grands Interprètes 19.35 Le Journal. à Toulouse. Augustin Dumay, violon, 19.50 Le Zapping. Maria Joao Pires, piano. Œuvres de Beethoven. Ou les ingrédients permettant de 19.55 Les Guignols de l'info. Arte France 3 20.05 Football. Coupe de l’UEFA. 22.05 Les Rendez-Vous du soir (suite). jeter l’opprobre sur un homme poli- Paris SG - Glasgow Rangers. Par l'EuropaChorAkademie, le Chœur d'enfants de la cathédrale de Fribourg 22.10 Thema : L’aventure du thé 22.35 Passé sous silence : tique candidat à la magistrature 20.45 Plus qu'hier, 20.45 Coup d’envoi. a et l'Orchestre symphonique de la SWR Robert Fortune, le voleur de thé,de L’affaire Markovic suprême, en l’occurrence Georges moins que demain aa 23.00 The Skulls, société secrète de Baden-Baden et Fribourg, Film. Rob Cohen (v.o.) %. Diane Perelsztejn, premier docu- Une star du show-biz, un futur pré- Pompidou, via sa femme, Claude. Laurent Achard. Avec Pascal Cervo, dir. Michael Gielen, Cornelia Kallisch, Martin Mihelich, Læticia Legrix 0.45 Le Vampire de Düsseldorf a alto. Œuvres de Mahler. mentaire de cette soirée sident de la République et son Bref, les recettes d’une vraie et igno- (France, 1999, 85 min) &. Arte Film. Robert Hossein ?. 0.00 Les Nuits de radio Classique. thématique, raconte de manière épouse, des figures du milieu et des minieuse cabale politico-judiciaire, 22.15 L'Horloger de Saint-Paul aa vivante le périple de ce botaniste services secrets jouant leur parti- sur laquelle revient de manière très Bertrand Tavernier (France, 1973, 110 min) &. Cinéfaz SIGNIFICATION DES SYMBOLES écossais, au cœur d’une Chine tion, dans l’ombre… Le tout attisé efficace ce documentaire de Rey- 22.15 L'Assassinat du Père Noël aa Les codes du CSA Les cotes des films interdite aux étrangers. Le second, par les luttes intestines qui sévis- nold Ismard réalisé à partir d’une Christian-Jaque (France, 1941, & aaa On peut voir & Tous publics Les Routes du thé, réalisé par saient, déjà en 1968, dans les rangs enquête fouillée menée par Cathe- 90 min) . Disney Channel % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa Claude Lahr, donne la parole aux du gaullisme et épicé d’une pincée rine Erhel et Francis Zamponi. Un 23.35 La Mort d'un maître de thé Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Kei Kumaï (Japon, 1989, v.o., ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + professionnels, de la cueillette aux de sexe… Il y a, dans ce qu’on a numéro de « Passé sous silence » 105 min). Arte ! Public adulte DD Dernière diffusion séances de dégustation, dans diffé- appelé « l’affaire Markovic », tous sur un scandale qui défraya la chro- 0.50 Vie privée aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Louis Malle (France - Italie, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants rentes régions du monde. les éléments d’un polar de série B. nique à la fin des années 1960. 1961, 95 min). TCM 38

JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 Les jumeaux d’anthologie Les autorités françaises embarrassées après par Pierre Georges l’expulsion vers l’Algérie de Mohamed Chalabi IL S’APPELAIT, nous l’appe- savante amitié, sans doute en lions Trompette. Il portait blou- auraient-ils dit « parce que se grise, et la craie blanche qui c’était lui et parce que c’était Le militant islamiste, incarcéré à Alger, faisait l’objet d’une condamnation à mort, selon ses avocats en maculait les manches en fai- moi ». sait la tenue léopard d’un Topa- Il nous aura fallu attendre leur FALLAIT-IL expulser Mohamed d’Alger. Il est soupçonné de « créa- droits de l’homme mettait égale- contumace n’était par ailleurs pas ze montant bravement à l’as- mort, celle du premier, lundi, et Chalabi ? Devant les informations tion et d’appartenance à un groupe ment en garde Daniel Vaillant en évo- connu des services du ministère de saut des pitons d’ignorance. celle, antérieure, du second, en reçues d’Algérie sur le sort du mili- terroriste armé, en vue de commettre quant « les poursuites en Algérie » la justice. La procédure d’expulsion C’était dans une autre vie. Et 1984, pour savoir que l’un se pré- tant islamiste, les autorités françai- des crimes de dévastation et de des- dont fait l’objet M. Chalabi. En vain. a donc suivi son cours « normal » : même dans un autre siècle, du nommait André, l’autre Laurent. ses reconnaissent leur embarras. truction », a précisé le parquet géné- Contacté, le ministère de l’inté- interpellation au domicile, transfert côté des années 50 finissantes. En fait la mémoire et un peu de Expulsé par les autorités françaises ral, dans un communiqué. Mais sur- rieur français déclare « s’interroger au centre de rétention de Marseille, Trompette embouchait inva- nostalgie leur feraient attribuer le 9 novembre, M. Chalabi a été mis tout Mohamed Chalabi faisait l’ob- sur la façon dont M. Chalabi est mis confirmation par le juge et embar- riablement son instrument, une plutôt des prénoms et pseudos en examen et incarcéré, dimanche jet d’une « condamnation criminelle en examen à l’issue de son audition quement à bord d’un avion en par- voix bien nasale et cependant de substitution. Lagarde-et- 18 novembre, à la prison d’El-Har- par contumace pour crimes terroristes au parquet général » et assure « sui- tance pour Alger. claironnante. Et du haut des Michard, c’était et cela restera, rach, ancienne « maison carrée », et subversion », a précisé le parquet. vre de près cette affaire ». Au Quai Selon son avocat à Alger, Me Mah- cimaises, car à l’époque l’autori- pour quelques millions de survi- située à 10 kilomètres au sud d’Al- Selon ses avocats, c’est même la pei- d’Orsay, on reconnaît qu’il est « pré- moud Khelili, la condamnation frap- té se haussait du col, tombait la vants, Paul et Virginie, Tristan et ger, au terme de onze jours de garde ne de mort que les tribunaux occupant de découvrir qu’il y a des pant Mohamed Chalabi aurait été phrase que tous nous atten- Iseult, Abélard et Héloïse, Raci- à vue. Le gouvernement français auraient prononcée contre lui. A ce poursuites pénales », mais on assure prise en 1993 par une cour spéciale, dions, dans l’hilarité potache de ne et Corneille, Montaigne et La avait pourtant indiqué, le 9 novem- titre, la police algérienne avait déli- avoir fait le travail de vérification. créée au lendemain du coup d’Etat. la routine et le fatalisme de Boétie, Rousseau et Voltaire. Et bre, que Mohamed Chalabi « ne fai- vré un mandat d’arrêt international Quant à la chancellerie, elle ne sou- Absent à l’audience, le militant l’ordre des choses : « Mesdemoi- tout ce que l’on voudra dans sait l’objet d’aucune condamnation à son encontre. haite faire aucune déclaration. aurait été condamné à mort par selles, messieurs, vous voudrez l’appel inépuisable des siècles lit- pénale en Algérie ». Il avait assuré Une position officielle qui cache contumace. Depuis son incarcéra- bien ouvrir votre Lagarde-et- téraires français que l’ancien responsable du réseau POURSUITES PÉNALES. un sentiment : celui d’avoir été floué tion, Mohamed Chalabi « se porte Michard, page... ». Il n’aura pas fallu attendre de soutien au Groupe islamique Comment le gouvernement fran- par les autorités algériennes. Selon bien », assure toutefois Me Khelili. Lagarde et Michard, ah ! les leur mort par contre, pour que armé (GIA) en France, incarcéré en çais a-t-il pu ignorer de tels faits ? Le une source proche du dossier, le Malade du diabète, il prend réguliè- sagouins, les tortionnaires ! A la la contestation gronde et que 1996 et condamné en 1999, par le tri- 14 mai, Me Coutant-Peyre avait pour- ministère de l’intérieur aurait rement son insuline et « n’est pas fois les phares et balises de tant leur empire vacille sous les bunal de Paris, à huit ans de prison tant demandé au ministère de l’inté- demandé aux autorités algériennes, maltraité ». Pendant les onze jours de belles jeunesses. Pour dire si coups révolutionnaires contre pour « association de malfaiteurs en rieur d’assigner son client à résiden- via son correspondant à Alger, si de garde à vue, la Sécurité militaire la vie était simple en ce temps- leur littérature établie. 1968 pas- relation avec une entreprise terro- ce, précisant qu’il ne pouvait retour- M. Chalabi était exposé à des pour- aurait cependant tenté de lui faire là, nul n’aurait osé sortir sans sa par là qui voulut leur peau et riste », ne courrait donc aucun ris- ner en Algérie, « compte tenu des ris- suites pénales. Alger aurait assuré avouer les crimes reprochés lors du cet indispensable instrument de d’une certaine manière la peau que dans son pays d’origine, en ques encourus pour sa vie ».Le qu’il ne faisait l’objet ni d’une con- procès de 1993. navigation à vue pour océan lit- des manuels. Au motif que le dépit des alertes lancées par son avo- 7 novembre, l’avocate diffusait un damnation pénale ni d’un mandat téraire. C’eût été impensable, savoir qui y était recensé procé- cate, Isabelle Coutant-Peyre. communiqué dénonçant la rétention d’arrêt. Le service d’Interpol aurait Sylvia Zappi l’acte d’insoumission totale. dait d’un ordre réactionnaire et L’annonce de son inculpation a de son client à Marseille et précisait été consulté pour vérification de l’ex- Lagarde-et-Michard, cet agrégat directif autant que régalien, net- été faite, lundi 19 novembre, par le qu’il était « condamné à mort en Algé- istence d’un mandat d’arrêt interna- Lire aussi notre de jumeaux, ces jumeaux d’agré- tement attentatoire aux libre parquet général près la cour d’appel rie ». Le lendemain, la Ligue des tional : rien encore. Le jugement par éditorial page 16 gés, exerçaient un empire sans choix et goût de la littérature. partage. Ils régnaient sur nos Lagarde-et-Michard c’était maîtres, donc sur leurs élèves. donc, aux yeux des procureurs, Et ils régnaient sur nos lettres, de la pédagogie petite-bourgeoi- duellistes d’anthologie en leur se, une manière de dictature roux-combaluzerie d’ascenseur vaguement cuistre d’étalage de pour la littérature. l’érudition tenant lieu d’ensei- Il n’y avait pas à sortir de là. gnement pour tous. Le Littré pour dictionnaire. Le Foutaises ! D’eux, au-delà des Gaffiot pour le latin. Le Bailly, modes et des temps, et des souf- dit-on, pour le grec. Et le Lagar- frances à s’y retrouver jadis de-et-Michard pour la littératu- dans les explications de textes, re française à travers les siècles. on sait avoir retenu, outre le Roulez jeunesse ! A tel point goût des livres, une chose : que qu’on ne leur connaissait pas de la littérature n’est rien sans l’his- prénoms, à ces siamois, pas plus toire de la littérature pour nous qu’on ne savait leur belle et ouvrir ce monde. L’ancien PDG de Moulinex reconnaît avoir « failli » LES PREMIÈRES LETTRES de licenciement des trois mille cinq cents salariés de Moulinex sont arrivées mardi 20 novembre. Le courrier des deux administrateurs judiciaires du groupe repris en partie par SEB était accompagné d’un mot de Patrick Puy, l’ancien PDG de Moulinex reclassé dans la structure dirigeante du nouveau groupe, qui a surpris les destinataires. « Le 21 novembre 2001, écrit Patrick Puy, la société Moulinex aura cessé d’exister. (…) Chacun fera le maximum pour que tous, un jour, reprennent le chemin de l’usine ou du bureau. Je reconnais que j’ai partiellement failli à ma tâche, puisque je n’ai pas su convaincre les uns et les autres de remettre de l’argent quand il le fallait. » Ce mercredi 21 novembre, les délégués syndicaux centraux devraient signer l’accord définitif concernant le plan social de reprise par SEB. Thierry de la Tour d’Artaise, PDG de SEB, a rencontré, mardi 20 novembre, une délégation intersyndicale de l’usine d’Alençon. « Nous avons noté l’engagement de SEB d’examiner la viabilité de cer- tains projets de maintien d’activité sur le site d’Alençon, en sous- traitance », a indiqué un délégué. Les salariés d’Alençon doivent à nouveau se réunir ce mercredi pour décider de lever définitivement le blocage des ateliers. – (Corresp.) « Le Monde » fait son « num¤ro » dans un cahier spécial de 28 pages LA RÉDACTION DU QUOTIDIEN s’est mobilisée pour proposer, jeu- di 22 novembre (nos éditions du vendredi 23 novembre), un voyage extraordinaire au pays de l’euro. Ce supplément pédagogique, répli- que exacte du Monde, décline les enjeux et les débats suscités par l’arri- vée de la monnaie unique sous forme de billets et de pièces le 1er jan- vier 2002. Toutes les rubriques habituelles sont présentes ainsi que nos pages Enquête, Analyses, Dossier, Débats et Histoire. Ce Cahier spécial est vendu avec le quotidien 10 francs et restera en vente jus- qu’au mardi 27 novembre. Les Français estiment que « l’Europe manque de leadership » A UN MOIS DU LANCEMENT, lors du sommet de Laeken en décembre, de la Convention chargée de préparer une future constitution européen- ne qui serait adoptée en 2004, Jacques Chirac et Lionel Jospin disposent désormais d’un état des lieux de l’opinion publique française sur l’Euro- pe. Tour à tour le président de la République puis le premier ministre, mardi 20 novembre, ont reçu le rapport sur le débat qu’ils avaient con- jointement lancé en avril dernier, conformément aux décisions du som- met de Nice, pour demander aux Français de s’exprimer sur leur vision de l’Union européenne. Ce rapport miroir va être remis à la présidence belge de l’Union. Il dégage, selon les conclusions du groupe de rapporteurs diri- gé par Guy Braibant, une aspiration pour « davantage d’intégration », mais le sentiment que « l’Europe manque de leadership ».

Tirage du Monde daté mercredi 21 novembre 2001 : 535 277 exemplaires. 1-3 Nos abonnés Paris - Ile-de-France trouveront associé au numéro d’aujourd’hui le supplément aden. a S a U a P a P a L e É a M a E a N a T a

a Rony Brauman page II

a Mario Bettati page III

a Sylvie Brunel page III

a Robert Redeker page IV

a Jean Clair page IV

a Daniel Bensaïd et Willy Pelletier page V

a Edgar Morin pages VI et VII T maintenant ? Et demain ? Le 11 septembre, il n’a pas fallu une heure à des terroristes Erésolus pour faire vaciller les Etats-Unis et a une partie du monde. Passé le temps de la Noam stupeur est venu celui de la guerre. Elle aura été beaucoup plus rapide, dans sa première phase Chomsky tout au moins, qu’on ne l’avait d’abord supposé. page VIII Elle aura été sans surprise quant au choix du champ de bataille : l’Afghanistan, alors aux mains des talibans, pays-sanctuaire d’Oussama Ben Laden et de ses affidés. A l’aveuglante conviction des premiers jours – du jamais vu qui ne pourrait engendrer que remises en question radicales – succédait alors la lancinante répétition d’un genre de guerre déjà vu, frappant la population d’un pays meurtri, avec son lot trop classique de « dégâts collatéraux ». Ce sont ces bégaiements de l’histoire du monde qu’ana- lysent, interrogent ou dénoncent, plus ou moins radicalement, les intervenants de ce cahier spécial du Monde. Au cœur de ces questions ou de ces accusations : les Etats-Unis, leur dialectique singulière de la force et du droit, leur morale à géométrie variable, leurs buts de guerre incertains ; leurs alliés aussi, du moment ou de toujours, et leur autonomie souvent toute relative aux côtés de l’impérieux « grand frère » nord-américain ; enfin les « soigneurs » d’un monde malmené, organisations humanitaires et ONG diverses, en particulier. Juristes, intellectuels, humanitaires, tous s’accorderaient volontiers sur la fin souhaitable de la pièce : sortir dans les meilleures conditions du désordre mondial. C’est bien le seul point de convergence. Le temps le plus long serait-il celui du doute, du malaise, de l’angoisse ?

Michel Kajman

SUPPLÉMENT AU « MONDE » DU JEUDI 22 NOVEMBRE 2001, No 17674. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT II / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT Humanitaires, ONG : quand Ils sont de plus en plus requis, suppliés, sommés de panser les plaies, de nourrir les affamés, de remédier au sort cruel qui frappe les populations les plus déshéritées, les plus malmenées, les plus déchirées. Mais jamais les humanitaires n’ont autant été regardés, soupçonnés, SELÇUK critiqués : trop Des mots magiques aux cruelles désillusions engagés ? par Rony Brauman

Pas assez ? E le dis d’emblée : la bruyante tervenait pas en rupture de leurs ces guerrières, violences sociales implique parfois d’entrer en ten- sollicitude affichée par l’Euro- Rony Brauman principes, mais dans leur continui- forment le cadre et la trame de sion, voire en conflit, avec le pou- Faussement pe et les Etats-Unis pour les Médecin, écrivain et cinéaste, té. Elle ne relevait pas de l’abus de son action. Rien ne saurait être voir politique, comme cela a été J Afghans au cours de ces der- Rony Brauman est âgé de confiance mais de leur engage- plus politique. On peut d’ailleurs le cas avec les talibans ainsi neutres ? nières semaines a quelque cinquante et un ans. Ancien ment au service des droits de en dire autant du journalisme ou qu’avec les moudjahidins, pour chose d’exaspérant, voire de militant maoïste, il s’est engagé l’homme, donc de la démocratie, de la justice, qui sont tout autant ne parler que de l’Afghanistan. Cautions désespérant. dans la médecine humanitaire et que leur gouvernement défen- inséparables du politique : en Comment comprendre pour- Certes, on ne s’offusquera pas a été président de Médecins sans dait, justement, en Yougoslavie. déduira-t-on qu’ils doivent se quoi les démocraties occidentales inconscientes que des convois de vivres et de frontières (MSF) de 1982 à 1994. Cette position ne manque pas de plier à sa logique ? s’accommodent de la violence ter- médicaments reprennent le che- logique, dès lors que l’on approu- Ce constat ne ferme donc pas la rifiante exercée contre les Tché- ou cyniques min de ce pays, qu’ils soient mili- ve le principe du mélange entre question de savoir quel rapport tchènes par l’armée russe, quand, taires ou civils. Dès lors que des re, ouvrir le feu sur des civils. politique et humanitaire. Si les l’humanitaire entretient avec les au même moment, on se scandali- du machia- gens qui en ont besoin pourront Devant cet événement, le mouve- humanitaires se considèrent com- acteurs politiques. Au risque de sait de celles que les troupes de se soigner et s’alimenter, peu ment humanitaire se divisa, com- me des supplétifs des gouverne- lasser, je rappelle donc une évi- Milosevic infligeaient aux Koso- vélisme des importe qui fournit cette aide. me il s’était déjà divisé aupara- ments, rien ne s’oppose à ce qu’ils dence : l’impartialité, autrement vars ? Comment comprendre l’in- D’ailleurs, lorsque des médecins vant dans toutes les situations où en deviennent les agents d’exécu- dit le refus de choisir entre « bon- térêt soudain pour le sort des fem- puissants ? militaires soignaient et vacci- se posait la question de son impli- tion, quelle que soit la tâche qui nes » et « mauvaises » victimes mes en Afghanistan alors que naient des enfants vietnamiens cation dans des actes de violence leur est alors confiée. Il faudra est le fondement même de l’huma- ceux qui s’en offusquent aujour- Dans la pendant la guerre du Vietnam, on et plus généralement de sa subor- qu’ils en assument, le cas échéant, nitaire moderne. L’humanitaire d’hui soutenaient le régime tali- ne le leur reprochait pas, ayant dination à la logique d’un quelcon- les conséquences. est impartial ou il n’est pas et ban il y a encore quelques semai- froidure bien d’autres critiques à leur que pouvoir politique. Lorsque, dans une démarche du c’est bien pour cela qu’il doit être nes ? Comment comprendre pour- opposer. De même, lorsque les Certains tenaient ces violences même ordre, George W. Bush et indépendant de tout pouvoir quoi la « situation humanitaire » afghane, Soviétiques, pendant la guerre pour de malheureux accidents de Tony Blair appellent les ONG à politique. dans ce pays préoccupe tant ceux des années 1980, installaient des parcours, non significatifs et au former une « coalition militaro- qui, pendant la guerre soviétique l’ardent débat équipes médicales dans la région fond négligeables. D’autres (dont humanitaire » pour lutter contre (un million de morts, cinq mil- de Mazar-e-Charif ou ailleurs, nul moi, on l’aura sans doute com- le terrorisme au nom de la démo- L’impartialité, lions de réfugiés et autant de per- renaît ne se souciait de leur chercher noi- pris) refusaient de laisser l’huma- cratie, ils sont à l’évidence dans sonnes déplacées), semblaient se, au moins sur ce plan. nitaire glisser vers une telle logi- leur rôle de chefs d’Etat en autrement dit ignorer les atrocités qui y étaient Le souci que les uns et les que de « dommages collaté- guerre. Le 26 octobre, Colin perpétrées ? autres tentaient ainsi de démon- raux ». Bien que dans une configu- Powell soulignait l’importance de le refus de choisir L’heure est à nouveau au trer pour des populations que par ration différente, la question s’est cette mobilisation lors d’une allo- déploiement de forces armées à ailleurs ils bombardaient massive- à nouveau posée lors de la cution destinée aux ONG : « J’ai entre « bonnes » vocation humanitaire en Afghanis- ment ne trompait personne, bien « guerre humanitaire » du Koso- clairement fait savoir à mon person- tan. Puisqu’on ne sait trop bien au contraire. Y voir une preuve de vo et de l’intervention américaine nel ici [au département d’Etat] et et « mauvaises » quelle mission précise leur con- compassion humanitaire, c’était en Afghanistan et cela en dehors à tous nos ambassadeurs dans le fier et puisque, apparemment, les s’exposer au ridicule ou au soup- de tout jugement a priori sur le monde que nous devons avoir les victimes, est alliés des Etats-Unis doivent çon, passer pour un jobard ou bien-fondé de celles-ci. meilleures relations avec les ONG, démontrer leur engagement, ils pour un exalté. Ce genre d’action L’enjeu est de taille, si l’on atta- qui sont un tel multiplicateur de for- le fondement même vont « sécuriser » l’aide humani- portait un nom, c’était de la pro- che quelque importance à l’action ces pour nous, une part tellement taire. Mais les mots magiques, les pagande, ou plutôt de l’« action humanitaire. Si l’on pense, en importante de notre équipe de de l’humanitaire concepts enchantés ne viendront psychologique » pour reprendre la d’autres termes, que cette forme combat. » pas à bout de la réalité complexe formule prisée par les états- d’action peut être autre chose Aux Etats-Unis comme en Gran- moderne de ce pays saccagé physiquement majors. Chacun savait à quoi s’en que l’habillage ou le supplément de-Bretagne et en France, cer- et moralement par plus de vingt tenir, l’essentiel étant ailleurs. moral de la loi du plus fort et tains refusent cet enrôlement, ans de guerre. Ils n’exposent qu’à Il est vrai que c’était au temps qu’elle ne se résume pas à quel- d’autres en défendent le principe. Il ne s’agit nullement d’opposer de cruelles désillusions. de la guerre froide, avec sa logi- ques louables et fugitives distribu- A la fin du XIXe siècle fut dévelop- une quelconque « vertu » de l’hu- La guerre que mènent les Améri- que de camp retranché et de par- tions de biens et de services. pée une « théorie des interventions manitaire au cynisme de la politi- cains vise à interdire toute sanc- tage bipolaire d’un monde qui, Lors de la guerre du Kosovo, la d’humanité » pour justifier l’ingé- que, de situer l’un au sommet tuarisation de réseau terroriste en depuis lors, a changé. Avec l’im- branche canadienne de CARE, rence militaire des nations euro- d’une échelle de valeurs pour Afghanistan, en détruisant le régi- plosion du communisme en Euro- une organisation humanitaire péennes dans les sociétés « barba- mieux disqualifier l’autre. Cette me taliban et il est hautement pro- pe et la fin du veto automatique d’origine américaine, a signé avec res » situées au « bas de l’échelle posture avantageuse, toujours bable qu’ils y parviendront à au Conseil de sécurité, les guer- son gouvernement un contrat aux des civilisations ». Si cette invoca- tentante lorsqu’on prétend parler court terme. res, les dictatures et les massacres termes duquel elle recrutait des tion renouvelée du « fardeau de au nom des victimes, doit être Ensuite, vraisemblablement, n’ont pas disparu mais les engage- « volontaires » chargés de collec- l’homme blanc » inspire effective- radicalement récusée sous peine viendra le problème de la crise ments militaires sous label inter- ter des renseignements sur le ter- ment une partie du mouvement de sombrer dans un néo-poujadis- qui se développe au Pakistan, atti- national se sont multipliés à une rain, sous couvert d’action huma- humanitaire contemporain, une me moral indéfendable et stérile. sée et amplifiée par la présence cadence inédite dans l’histoire. La nitaire. Il s’agissait, compétence autre partie revendique au Ce qui est en jeu ici, et qui est de combattants islamistes vaincus notion d’« intervention militaro- oblige, d’anciens militaires contraire de s’en démarquer plus exigeant, c’est de distinguer dont une partie voudra sans dou- humanitaire » s’est rapidement devant remplir une mission qu’il clairement. des registres d’action, des ordres te se reconvertir dans d’autres dji- imposée comme l’un des symbo- faut bien appeler par son nom : « L’humanitaire n’a jamais été de responsabilités différents. Ce had. Les priorités politiques évo- les du nouvel ordre mondial. espionnage. séparé de la politique » (Michael qui fait la force de l’humanitaire lueront avec la situation. Quel La Somalie en fut le premier Pour les responsables de CARE- Barry dans Libération du 6 novem- est aussi ce qui en fixe la limite : le nouveau maître politique, quelle laboratoire et c’est dans ce cadre Canada (organisation non gouver- bre), du simple fait qu’il a partie refus du sacrifice. La préservation nouvelle victoire démocratique que l’on vit des soldats, mandatés nementale ?) – je ne doute pas de liée avec la violence collective. de la vie humaine est son unique les éventuels humanitaires coali- par l’ONU au nom de l’humanitai- leur sincérité – cette décision n’in- Conflits, exodes, famines, violen- horizon, sa seule légitimité. Cela sés chercheront-ils alors ? LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / III GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT les buts de paix vacillent

Une occasion manquée par Mario Bettati

ENVERSER un gouverne- la question de sa conformité à la national pour l’ex-Yougoslavie par décennies, de gouvernement réelle- pays ruiné par vingt ans de guerre. ment qui viole massive- Mario Bettati résolution 1214 du même Conseil. les Serbes eux-mêmes et que le ment démocratique sur les restes Le Congrès américain, si prompt à ment les droits de l’hom- Professeur de droit à l’université Il y renouvelait, le 8 décembre droit d’ingérence judiciaire accom- duquel on pourrait reconstruire débloquer les crédits pour la pour- R me, c’est la finalité démo- Paris-II, Mario Bettati est âgé 1998, « l’appel à tous les Etats pour plirait si vite de tels progrès ? l’avenir. suite des terroristes, sera-t-il aussi cratique du droit d’ingérence. L’Or- de soixante-quatre ans. Engagé qu’ils prennent des mesures résolues Pour l’Afghanistan, le Conseil de L’Alliance du Nord pas davanta- véloce pour financer la réhabilita- ganisation des Nations unies a con- dans la défense des droits de en vue d’interdire à leur personnel sécurité aurait pu à la fois valider ge que les autres groupes qui se dis- tion ? sacré ce droit, en 1994, en Haïti. l’homme, figure emblématique militaire de préparer ou de conduire le choix de la force pour atteindre putent le pouvoir ne semblent incli- Ensuite, le processus en deux Elle a autorisé l’intervention des du droit d’ingérence, il est des opérations en Afghanistan, et un tel but et fonder un droit d’ingé- ner à faire prévaloir le droit sur les phases qui consiste à déployer suc- Etats-Unis en vue de remettre au spécialiste du droit international mettent immédiatement un terme à rence démocratique sur les multi- préoccupations immédiates de con- cessivement des forces sous com- pouvoir le Père Aristide, président et du droit des organisations l’approvisionnement en armes et en ples constats que les Nations unies servation de l’autorité dans un sys- mandement national, puis, dans légalement élu de ce pays. Il en non gouvernementales (ONG). munitions de toutes les parties au ont dressés depuis des années tème à structure féodale. Ensuite, un second temps, des casques avait été écarté par une junte mili- conflit ». La prudente retenue de la quant au sort que le régime de la finalité de la diplomatie vise à bleus doit être aménagé avec la taire. France quant à sa participation aux Kaboul a réservé aux femmes et établir une nouvelle administra- Nous avons, à l’époque, milité la démocratie ne manquaient pas. opérations militaires était-elle justi- aux filles. On sait qu’elles n’avaient tion et former un gouvernement en faveur de ce nouveau droit, pro- Faute de les avoir invoquées à fiée par ces considérations ? droit ni à l’emploi, ni aux soins de qui devrait « avoir une large base, La poursuite grès salué contre les dictatures. temps, on doit aujourd’hui impro- Certes, la volonté de capturer, santé, ni à l’éducation. être multiethnique, et pleinement Les talibans ont violé massive- viser à la hâte, et pas dans les juger et sanctionner des terroristes L’ONU aurait pu invoquer les représentatif du peuple afghan ». des violences est ment les droits de l’homme. Le ren- meilleures conditions, le scénario qui ont commandité des actes abo- massacres commis dans le nord du L’exercice sera malaisé dès lors versement de leur gouvernement, du rétablissement de l’administra- minables et monstrueux porte à la pays en 1997, la terreur exercée que, précisément, la lutte pour le largement prévisible. à la suite d’une intervention armée tion et du gouvernement. Un des tolérance quant aux moyens d’y par les brigades de promotion de pouvoir y est permanente et que, déclenchée sans le concours de camps, assuré de la victoire qu’on parvenir. L’ONU légitimera a poste- la vertu et d’élimination du vice ; le même au sein de l’Alliance du D’où la justification l’ONU, ne visait pas à rétablir un lui aura offerte, ne sera-t-il pas riori – elle est déjà en train de le fai- mariage forcé de très jeunes filles ; Nord, les dissensions à l’intérieur gouvernement démocratique. Il enclin à poser ses conditions ? Cel- re – les frappes américaines. Com- le harcèlement des groupes minori- du mouvement Jumbish composé d’un déploiement est le résultat occasionnel du les-ci exprimeront-elles le souci du me elle a validé celles du Kosovo. taires ; la ruine du pays et la néces- principalement d’Ouzbeks, l’oppo- déroulement des opérations justi- droit ? Mon propos n’est pas d’en déplo- sité d’assurer le respect du princi- sition absolue avec les talibans, de forces destiné fiées par un ultimatum demeuré En 1994, après trois ans de confis- rer la conduite, mais bien d’en pe de libre accès aux victimes en rendront la cohabitation nécessai- sans succès. Celles-ci visaient à cation du pouvoir en Haïti, au regretter la motivation univoque. faveur des organismes humanitai- rement conflictuelle. Peut-on gou- à sécuriser les contraindre les talibans à livrer cours desquels les droits de l’hom- Car elle laisse planer un doute sur res. verner avec des nazis ? Oussama Ben Laden et ses compli- me ont été amplement bafoués, la conception que le gouverne- Cette préoccupation émerge seu- Quant aux droits de l’homme, ils territoires soustraits ces, et non à punir le gouverne- l’ONU a décidé d’autoriser des ment américain et les autres mem- lement aujourd’hui dans les tra- arrivent bien tard, dans cette réso- ment de Kaboul pour ses exactions Etats membres à constituer une bres de l’ONU se font de l’avenir vaux que les Etats entreprennent lution 1378 de la mi-novembre, aux talibans commises contre les Afghans. force multinationale pour mener du pays. De toute façon, la compé- pour préparer le gouvernement de comme base de la non-discrimina- C’est dommage. une opération militaire prophylac- tion entre les sexes, les religions et et, plus tard, Washington est donc crédité tique. Comme l’avait souligné le les ethnies. d’un résultat, mais privé d’un méri- représentant du Pakistan, la résolu- Même si, en Afghanistan, on arrête La poursuite des violences est lar- l’ensemble du pays te. Comme si le départ des tyrans tion 940 constituait « un avertisse- gement prévisible. D’où la justifica- avait échappé à ses calculs et s’il ment lancé à d’autres Etats qui utili- demain les coupables, on aura raté le mobile tion d’un déploiement de forces avait escompté sans succès la livrai- sent leur appareil d’Etat pour mener destiné à sécuriser les territoires plus grande attention. La première son des terroristes. Car soyons à bien des campagnes systématiques de l’intervention. Car les justifications soustraits aux talibans et, plus de ces étapes devra durer long- clairs : si le mollah Omar avait de violations flagrantes de libertés tard, l’ensemble du pays. Mais on temps. Elle sera douloureuse. On remis les commanditaires des civiles et de droits de l’homme fonda- d’une ingérence en faveur ne saurait minorer les risques sait en effet que les casques bleus attentats du 11 septembre, les frap- mentaux, notamment lorsque de tel- d’une telle entreprise. ne peuvent agir qu’avec l’accord pes auraient cessé et les oppres- les violations donnent lieu à des ten- de la démocratie ne manquaient pas Ils expliquent les freins opposés de tous, qu’ils sont dépourvus seurs de Kaboul seraient encore en sions dans la région et menacent la par le gouvernement de George d’équipements militaires suffisants place. paix et la sécurité régionales ».Sa W. Bush à une chute trop rapide et que leurs règles d’engagement A plusieurs reprises et notam- formulation montre le chemin tence universelle, largement recon- demain. Mais les documents offi- de Kaboul. ne leur permettent pas de riposter ment le 21 septembre. George accompli dans ce domaine et fon- nue en faveur des juridictions ciels ne laissent pas d’inquiéter à Le spectre d’un enlisement mili- efficacement aux attaques dont ils W. Bush a affirmé : « Les talibans de le regret qu’elle n’ait pas été nationales de ces pays, autoriserait cet égard. Pour deux raisons. taire du type de celui dans lequel sont l’objet. doivent agir et agir immédiatement. reprise aujourd’hui. n’importe lequel d’entre eux, sur le D’abord, on le sait, les partenai- ont sombré les Soviétiques porte à La création, avec les Britanni- Ils livreront les terroristes ou ils par- Car, en 2001, le Conseil de sécuri- territoire duquel les présumés cou- res pressentis constituent un plusieurs types de précautions. ques, les Canadiens et les Italiens, tageront leur sort. » Rien qui con- té n’a rien autorisé de la sorte. Il pables viendraient à se trouver, à ensemble hétérogène en proie aux D’abord, rien ne sera possible sans d’une force armée qui, sur le ter- cerne là une quelconque exigence s’est contenté de rappeler vague- les arrêter, les juger ou à les extra- rivalités ethniques. Les textes de un véritable plan Marshall pour le rain, assurerait la pacification de en matière de droits de l’homme, ment dans le seul préambule de la der pour les crimes commis. l’Organisation des Nations unies redressement du pays. quelques grandes villes est amor- de tolérance ou de pluralisme poli- résolution 1368 « le droit inhérent Demain, un nouveau gouverne- emploient d’ailleurs à leur égard L’aide humanitaire, si nécessaire cée. Que Dieu les aide ! tique. On aurait pu faire coup dou- à la légitime défense individuelle ou ment afghan, respectueux des trai- une étrange expression, parlant de soit-elle, sera difficile à distribuer, Une fois de plus, la circonspec- ble. Y a-t-on même pensé ? collective conformément à la Char- tés internationaux relatifs à la « convoquer d’urgence une réunion surtout avec l’hiver et la destruc- tion de la France dans cet exercice Même si on arrête demain les te ». répression du terrorisme, pourrait des divers processus afghans » tion des infrastructures de commu- a pu surprendre, voire irriter. Elle coupables, on aura raté le mobile En revanche, l’intervention, le faire. Après tout, qui aurait dit (préambule de la résolution 1378 nication. Elle ne pourra en aucune pourrait être le fruit d’un discerne- de l’intervention. Car les justifica- orientée progressivement en qu’un jour Slobodan Milosevic du 14 novembre). Il est vrai que le façon suppléer les besoins fonda- ment dont on ne saurait récuser la tions d’une ingérence en faveur de faveur de l’Alliance du Nord, pose serait remis au Tribunal pénal inter- pays n’a pas connu, depuis des mentaux de reconstruction d’un pertinence.

Le temps du dévoiement par Sylvie Brunel

REIZE novembre, réouver- directement la sécurité occidenta- moyen de trouver les finance- pendantes, impartiales, neutres. les actions des ONG ne peuvent ture de l’Afghanistan « libé- Sylvie Brunel le. Ils peuvent même, comme le ments nécessaires aux « victimes Toutes les ONG sérieuses et pas tout résoudre. Elles doivent ré » à l’aide humanitaire. Le Présidente d’Action contre Soudan, devenir des partenaires oubliées », qui, bien que n’apparais- dignes de ce nom mènent leurs être le coup de main ponctuel qui T premier grand convoi la faim, Sylvie Brunel est âgée fréquentables s’ils détiennent ce sant pas au journal de 20 heures, programmes dans le respect de s’inscrit dans un projet politique d’aide humanitaire part d’Ouz- de quarante et un ans. nouveau nerf de la guerre qu’est n’en meurent pas moins de faim. ces principes. C’est pourquoi elles de long terme, celui d’une coopé- békistan à destination de Elle est agrégée de géographie, devenu le pétrole et ont l’habileté Une vraie action humanitaire ont horreur autant des parachuta- ration repensée avec le Sud, Mazar-e-Charif. Sans les ONG, et enseignante à l’Institut de choisir le « bon camp ». refuse pourtant de s’inscrire dans ges aveugles à haute altitude que visant à transformer les pays pau- auxquelles l’autorisation d’embar- d’études politiques de Paris. C’est à un véritable dévoiement le sillage des militaires, des mar- des opérations improvisées, où de vres en véritables partenaires quer est refusée : agences onusien- Elle a publié une vingtaine d’une coopération et d’une solida- chands, des missionnaires et des bons samaritains pleins de bonne d’un échange équitable. nes et gouvernements ont décidé d’ouvrages consacrés rité dignes de ce nom auquel nous diplomates. Afin de ne pas laisser volonté acheminent n’importe Seuls des programmes de lon- que seuls les grands médias audio- au développement. assistons. L’action humanitaire est les victimes seules face à leurs quoi à n’importe qui, n’importe gue haleine dans les secteurs clés visuels feraient partie du voyage, devenue aujourd’hui un paravent bourreaux, elle choisit parfois de où, engendrant gaspillages, ren- pour le développement que sont écartant humanitaires et journalis- commode pour l’inaction politi- rester auprès de ceux qui subis- la santé pour tous et l’éducation tes de la presse écrite. Pourtant, tres burundais, sierra-léonais, haï- que. Elle s’est dévoyée au service sent la violence plutôt que de primaire, la défense de la petite toutes les évaluations menées tien, et plus globalement, la misè- d’intérêts géopolitiques et com- dénoncer haut et fort les oppres- Dans la guerre agriculture familiale paysanne, dans cette région avant le 11 sep- re et le dénuement de millions merciaux de court terme, voire de seurs. Quand la mission de fondement de la constitution d’un tembre indiquaient une vraie fami- d’êtres humains à travers le purs arguments publicitaires, cer- secours est de toute façon impos- sans limites, marché intérieur, la mise en place ne, que trois mois supplémentai- monde ne deviennent audibles tains Etats, entreprises et même sible, elle préfère témoigner. de véritables partenariats fondés res ont sans doute aggravée. que ponctuellement, lorsque l’une agences d’aide servant leur propre Dans les deux cas, les humanitai- la proportion entre sur une vision moins égoïste et à Ce choix de la propagande et de ou l’autre des grandes puissances promotion sur le dos de ceux qui res sont souvent accusés d’agir de court terme des intérêts des pays l’effet d’annonce sur l’aide réelle se sent soudain concernée, parce souffrent, en choisissant leurs façon « irresponsable » par ceux- les fins et les moyens riches, permettront de régler le comme sur l’information de fond que ses intérêts directs sont actions dans l’optique de la visibi- là mêmes qui imitent leur action problème de fond du sous-déve- consacre la dérive de l’action menacés. lité maximale. au service de motivations qui n’a plus de sens. loppement et des inégalités crois- humanitaire, de plus en plus Avant le 11 septembre, person- Les financements publics sont n’ont rien d’humanitaire. santes dans l’humanité. dévoyée au service d’intérêts parti- ne n’entendait les cris d’alarme alloués aux pays utiles, ou dont il Comment s’étonner, dès lors, Au nom La vraie solidarité, la vraie jus- culiers. Une vision mercantile et des organisations humanitaires s’agit de contenir le danger poten- que cette confusion des genres tice, ne peuvent s’épuiser dans la utilitariste du monde s’est impo- concernant l’Afghanistan, tout tiel. Les fonds privés, ceux des rende l’action humanitaire de de la pureté des fins seule satisfaction des besoins sée depuis l’effondrement du mur plus en plus suspecte, que les pro- matériels procurée par une assis- de Berlin qui a entraîné avec lui blèmes de sécurité se multiplient, (la « guerre éthique » tance technique importée de l’ex- une aide publique au développe- L’action humanitaire est devenue que les rancœurs et les soupçons térieur, si bien conçue soit-elle. ment conçue après-guerre comme aboutissent à des revendications chère à Tony Blair !), Les ambiguïtés des réponses un outil au service de la guerre aujourd’hui un paravent commode agressives, voire à des actions vio- humanitaires à l’inexistence froide. lentes à l’encontre de ceux qui tous les moyens actuelle d’un Etat afghan, consé- Désormais la focale « humanitai- pour l’inaction politique. Elle s’est dévoyée sont perçus comme l’émanation quence de vingt ans d’ingérences re » prime et la coopération inter- de cet Occident riche et persuadé sont bons successives (soviétique, saoudien- nationale zappe de crise en crise au service d’intérêts géopolitiques de détenir la vérité ? ne, pakistanaise, américaine…) (qualifiées bien sûr d’« humanitai- Pourtant, l’efficacité des nous renvoient une fois de plus à res », ce qui ne veut rien dire), au et commerciaux de court terme, actions humanitaires menées en forcement des rapports de force cette question de fond. gré des préoccupations géopoliti- situation de crise ne peut pas être locaux – qui sont précisément à Au moment où les regards du ques du moment : Kurdistan en voire de purs arguments publicitaires contestée. A condition cependant l’origine du désastre –, et, en défi- monde convergent vers l’Afgha- 1991, Somalie en 1992, Bosnie en qu’elles soient ciblées sur ceux nitive, humiliation profonde des nistan, où de multiples plans de 1993 (mais pas en 1995, au qui ont besoin d’être secourus par- prétendus « bénéficiaires » d’une reconstruction sont échafaudés à moment des massacres planifiés comme la situation dramatique donateurs, affluent au gré d’en- ce que c’est pour eux une ques- charité pleine d’autosatisfaction. grands coups de milliards, nous de Srebrenica), Rwanda en 1994 actuelle de l’Amérique centrale et gouements médiatiques versatiles tion de survie. Sur eux seuls, Comment aboutir durablement nous surprenons déjà à redouter (pour le choléra à Goma, mais pas de l’Afrique de l’Est ne fait pas qui donnent à voir à l’opinion appropriées à leurs besoins réels à plus de justice et d’équité afin le jour où, comme en Somalie, les pour le génocide), Corée du Nord recette. Les Etats voyous d’hier, publique les fameuses images sans et inscrites dans une évaluation de tuer dans l’œuf trop de conflits affrontements et l’âpreté des sei- en 1996, ouragan Mitch en 1998, comme la Corée du Nord ou la Bir- lesquelles la souffrance n’a pas de des besoins sans cesse réexami- destinés à s’approprier une riches- gneurs de la guerre face au butin Kosovo en 1999, Ethiopie en 2000. manie, peuvent continuer d’affa- réalité. Exploiter en termes de col- née à la lueur des résultats se et un pouvoir aujourd’hui si de l’aide humanitaire pousseront Et pour 2001, l’Afghanistan… mer leur peuple en toute tranquil- lecte de fonds ces coups de projec- obtenus. mal distribués que la violence est les « sauveurs » du pays à se cher- Le « bruit de fond » des désas- lité tant qu’ils ne menacent pas teurs successifs devient le seul Je parle bien sûr d’actions indé- inévitable ? Même bien conçues, cher de « meilleures » victimes. IV / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT Intellectuels français : Ni mutisme ni prises de Le discours de la cécité volontaire parole assour- par Robert Redeker dissantes UE penser de la « pétition pement des libertés et de la pros- altérités, l’inacceptable différence Les stoïciens nous ont légué, par- des 113 » intellectuels Robert Redeker périté dans les sociétés occiden- de ces nouvelles tours de Babel mi leurs bienfaits, une logique des depuis (devenus 500) en faveur de Enseignant la philosophie dans tales, une chape de plomb totalitai- qu’il a fallu, pour les islamistes, préférables. Est préférable, selon Q la paix (Le Monde daté un lycée, près de Toulouse, re pesait sur l’intelligence. Les rôles mettre à bas ! Zénon et Chrysippe, ce qui apporte la déstabi- 21-22 octobre) ? Voilà une Robert Redeker est membre demeurent, leurs acteurs changent. On peut se vouloir classé à gau- le plus de bien, de beauté et de pro- action qui est traversée par la du comité de rédaction de la Les Palestiniens et les masses che et méconnaître la leçon de grès. Dans la vie politique, qui doit lisation du nostalgie d’un combat commun revue Les Temps modernes. Son musulmanes contemporaines rem- Marx sur la religion comme idéolo- bannir l’Absolu, cette matrice du avec le monde militant et avec le dernier livre : Le Déshumain placent dans l’imaginaire intellec- gie liée par essence à l’oppression. totalitarisme, il s’agit à chaque ins- 11 septembre monde opprimé. Retrouver une (éditions Itinéraires) porte sur tuel le prolétariat d’hier, évanoui Des centaines de millions d’hom- tant de déterminer des préférables : posture que les dernières décennies les mutations anthropologiques dans les limbes de l’histoire. L’islam mes et de femmes, d’enfants, dans le capitalisme, parce qu’il permet et ses du XXe siècle avaient effacée ; induites par Internet. se substitue au communisme. Ces tous les pays musulmans, sont sans le nécessiter un plus ample gommer le déchirement, survenu intellectuels font preuve vis-à-vis effectivement sous le joug de l’op- développement de la liberté, parce premières au moment de la critique du tota- de cette idéologie d’un aveugle- pression. Leur vie est, en premier qu’il a créé aussi de la richesse et de litarisme, entre l’intellectuel et le mais aussi des logiques propres aux ment et d’une complaisance délétè- la beauté, est préférable à l’islam, suites. militant : voilà la tâche de cette cultures. res pour l’intelligence. tout comme la symbolique des Twin nostalgie. Une dépression séculaire hante L’aveuglement pouvait arguer, Perdu Towers est préférable aux discours Indifférence ? Ecrire, publier, pétitionner, mili- les intellectuels, dont Paul Klee dans le cas du communisme, d’une proférés dans les mosquées. ter sous le souffle grisant du vent livra la formule : « Le peuple man- excuse : le communisme constituait le prolétariat ? Le capitalisme, comme Braudel l’a Triomphe du de l’histoire : voilà l’âme de cette que ». Le prolétariat a fait illusion un projet d’émancipation et de bon- mis en relief, fait surgir des ères de nostalgie. Ce pacifisme est habité un temps, en tant qu’objet du désir. heur pour toute l’humanité. De là, Qu’à Clio ne plaise ! civilisation qui permettent un plus consensus ? par le désir de reconstituer une inti- Le vide laissé par l’évaporation de il ressort que le communisme est grand épanouissement de la liberté me articulation entre « les intellec- la classe ouvrière, accentué par la planté au cœur de la modernité Un remplaçant (en particulier de la liberté de pen- Non. On s’en tuels » et « le prolétariat », comme nostalgie des temps heureux où même, qu’il est l’illusion du monde ser, d’écrire, de publier, de diffuser) elle a pu exister jadis, à ceci près intellectuels et prolétariat s’articu- moderne par excellence dans la lui a été trouvé : et qui offrent de plus riches possibili- convaincra à que le prolétariat a déclaré forfait, laient en une unité propre à rêver mesure où, dans le sillage de Jean- tés de vivre que tous les autres systè- s’éclipsant de l’histoire. ensemble au même but, est comblé François Lyotard, on consent à défi- l’opprimé mes bâtis jusqu’ici par les hommes. la lecture de Perdu le prolétariat ? Qu’à Clio par les masses musulmanes, dont nir la modernité par la passion de La logique des préférables a mau- ne plaise ! Un remplaçant lui a été on s’acharne obstinément à ignorer l’émancipation. du tiers-monde, vaise presse auprès des intellectuels, controverses trouvé : l’opprimé du tiers-monde, le projet. Cette excuse disparaît dans le cas spontanément portés au flirt avec de préférence musulman. Dans De même que longtemps les intel- de l’islamophilie : aucune idéologie de préférence l’Absolu. Les préférables sont, le toujours leur précipitation, les pétition- lectuels demeurèrent dans la cécité n’est plus rétrograde que l’islam, et, plus souvent, confondus avec les naires, nostalgiques d’une fusion volontaire devant l’épouvante que par rapport au capitalisme dont les musulman compromis compromettants et la nourries holiste entre les intellectuels et les transportait la forme prise dans Twin Towers, dans leur fadeur politique. Pourtant, c’est opprimés, ont soigneusement évité l’histoire par l’idéal communiste, majestueuse beauté figuraient le bien cette propension à adorer l’Ab- par leurs de sonder la nature de l’idéologie sous prétexte que cet idéal concen- symbole, la religion musulmane est lieu, écrasée par l’islam. Du dehors, solu – par exemple : la paix – qui a (l’islam) véhiculée par le substitut trait l’espoir des malheureux, de une régression rebarbarisante. Le par le biais des structures sociales rendu pacifistes beaucoup d’intellec- divers de feu le prolétariat. même cette posture de cécité volon- destin des Bouddhas géants et politiques souvent ancestrales. tuels d’entre les deux guerres, les Quant à dire, à l’instar de certains taire trouve sa reprise depuis les d’Afghanistan et celui des Twin Du dedans, par le biais de la coloni- transformant d’abord en munichois enracine- d’entre eux, que c’est l’Occident qui attentats de New York, mais par Towers de New York s’est révélé sation de l’imaginaire et de la para- puis en pétainistes. Le défaitisme a provoqué l’islamisme et le terro- rapport à l’islam. Sous le même pré- semblable : statues et tours étaient lysie de l’intelligence que cette reli- révolutionnaire en 1938 disait, aussi ments risme, autrement dit que la victime texte : l’islam est aujourd’hui la foi les icônes de l’altérité, insuppor- gion installe au plus intime de bien à la CGT qu’au PCF : plutôt Hit- est le coupable, c’est faire preuve des opprimés comme le communis- table à l’islam. chaque croyant. ler que la guerre. dans des d’un déterminisme historique stric- me l’était hier, ce qui justifie l’isla- Les Twin Towers étaient de véri- Nos bonnes âmes intellectuelles Pour expliquer son engagement tement mécaniste qui témoigne mophilie contemporaine par la tables tours de Babel : l’altérité y et pétitionnaires, se refusant à voir dans la résistance, Jean Cavaillès affronte- d’une consternante méconnaissan- même tournure d’esprit que se justi- foisonnait, s’y mélangeant avec la cette radicale oppression-là, vont disait préférer Paris-Soir au Völkis- ce de la logique propre de l’islam. fiait la soviétophilie d’hier. prospérité et la beauté, des jusqu’à croire que l’extension de che Beobachter. La critique justifiée ments passés C’est confondre l’histoire avec la La « pétition des 113 » rejoue un humains de toutes les cultures et de cet imaginaire islamique et l’explo- du capitalisme s’égare, s’éloignant physique classique : en histoire scénario monté dans les années tous les niveaux socio-culturels y sion de la puissance de ressenti- de cette humanisante logique des pourtant, n’œuvrent pas seulement 1950, ces années en noir et blanc travaillaient et s’y rencontraient. ment avec laquelle il est couplé préférables, si elle nous pousse à des déterminismes mécanistes, où, contrastant avec le dévelop- C’est ce symbole du métissage des sont d’essence émancipatrice. opter pour pire que lui. Le surréalisme et la démoralisation de l’Occident par Jean Clair

N ces temps où de grandes ture et Révolution, fut le premier à intellectuels de droite avec le fascis- Deux motifs, à cet égard, hantent expositions, à Londres et Jean Clair reconnaître en 1924 que, populaire me. Dès 1933, Stefan George et Hei- l’imagerie futuriste. L’un est le grat- bientôt à Paris, célèbrent le Conservateur général du auprès des masses italiennes, le degger tournent le dos au national- te-ciel et l’autre l’avion. Ils sont pré- E surréalisme, il vaut la peine patrimoine, Jean Clair, soixante futurisme avait ouvert la voie du socialisme, Jünger et Gottfried Benn sents chez Fillia et Prampolini com- de s’attarder sur le curieux atlas du et un ans, est directeur du fascisme. s’enfoncent dans l’émigration inté- me chez Lissitzky et Malevitch, côte monde qu’en 1929 les disciples de Musée Picasso depuis 1989. A l’autre bord, on commence de rieure. Il faudra attendre fin à côte, emblèmes simultanés de la Breton avaient publié dans la revue Historien, critique d’art, reconnaître, serait-ce à regret, que, 1935 pour voir Breton rompre avec gloire du monde technique. Les sur- Variétés. La méthode de projection il a publié de nombreux disciples de Marinetti, les représen- le stalinisme. Et que dire alors réalistes sont les premiers à les ima- utilisée n’obéissait pas à des paramè- essais, dont plusieurs tants de l’avant-garde soviétique, d’Eluard et d’Aragon ? giner l’un contre l’autre, préfigurant tres géographiques : chaque pays aux confins de l’histoire comme Ossip Brik et les « Kom- On ne peut s’empêcher de penser ce que les terroristes accompliront. s’y voyait représenté en fonction de de l’art, de la psychanalyse Fut » (futuristes-communistes), que, contrairement aux autres avant- En fait, les surréalistes, eussent- l’importance que le surréalisme lui et de la médecine. dans leurs appels à l’élimination des gardes, les surréalistes continuent ils été plus cultivés, n’auraient pas accordait dans la genèse de ses bourgeois, des vieux (« dont les crâ- de jouir d’une étrange indulgence. mis Freud en exergue, qui les mépri- idées. Deux « corrections » sont nes feront des cendriers »), des fai- Aujourd’hui encore, ils passent pour sait en retour, ne voyant en eux que frappantes : les Etats-Unis ont les appuis politiques lui avaient été bles, ou encore, comme Maïakovski les parangons d’un idéal libertaire de dangereux exaltés, mais Heideg- disparu, engloutis sous une frontiè- fournis, de s’en prendre à un Occi- dans son poème 150 000 000, par qui, pêle-mêle, aurait conduit la jeu- ger, le penseur critique de la techni- re qui coud directement le Mexique dent tout entier voué à l’exécration. l’éloge de « la baïonnette [du] brow- nesse à la libération sexuelle, au mer- que et le maître du recours aux au Canada. Et un petit pays y couvre Le gentil Robert Desnos lui-même ning et [de] la bombe » avaient eux veilleux de la création automatique forêts. C’est de ce côté-là, du côté un espace démesuré : l’Afgha- voyait dans l’Asie « la citadelle de aussi préparé les esprits à accepter et spontanée – l’art fait pour tous et encore une fois du romantisme que nistan… tous les espoirs », appelait de ses les massacres de masse commis par par tous –, à la réconciliation du se trouvent les sources du « mer- Coïncidence ? Non. L’idéologie vœux les barbares capables seuls de la Tchéka et par le Guépéou. rêve et de l’action, et autres fredons veilleux » surréaliste et de sa fasci- surréaliste n’avait cessé de souhaiter marcher sur les traces des « archan- Les mots sont responsables : il de la pensée unique. nation pour l’Orient et ses mille et la mort d’une Amérique à ses yeux ges d’Attila ». leur est répondu. Les paroles de hai- Il y a une autre raison à cette une nuits. matérialiste et stérile et le triomphe La lutte se terminera par la victoi- ne des avant-gardes ont préparé la d’un Orient dépositaire des valeurs re d’un Orient en qui les surréalistes mort des individus. Feuilletons les de l’esprit. voient « le grand réservoir des forces écrits surréalistes : le ton ordurier, et L’idéologie surréaliste n’avait cessé de Extra-lucide comme elle se plai- sauvages », la patrie éternelle des les injures – « goujat », « cuistre », sait à croire qu’elle l’était, l’intelli- grands destructeurs, des ennemis « canaille », « vieille pourriture », souhaiter la mort d’une Amérique à ses yeux gentsia française est ainsi allée très éternels de l’art, de la culture, ces « étron intellectuel », « couenne fai- tôt et très loin dans la préfiguration petites manifestations ridicules des sandée » – adressées aux ennemis, matérialiste et stérile et le triomphe d’un de ce qui s’est passé le 11 septem- Occidentaux. aux écrivains bourgeois, aux traî- bre. Les textes sont là pour souli- Au nom d’un « mysticisme » tres, aux renégats, tels qu’on les trou- Orient dépositaire des valeurs de l’esprit gner, entre 1924 et 1930, cette imagi- confus et d’une « fureur » sans frein ve dans le Traité du style ou dans les nation destructrice. Aragon en – pour reprendre les termes qui lettres ouvertes, ne sont pas diffé- 1925 : « Nous ruinerons cette civilisa- reviennent dans leurs écrits – c’est rents de ceux qu’on trouvait dans impunité. Le surréalisme se distin- Il en résulte que la fascination des tion qui vous est chère… Monde occi- bien à une attaque en règle contre la les brûlots des ligues fascistes et gue radicalement des autres avant- surréalistes ne s’est jamais éteinte dental tu es condamné à mort. Nous logique, contre la raison, contre les qu’on trouvera bientôt adressés aux gardes en cela que, n’ayant pas cru dans le petit milieu de l’intelligentsia sommes les défaitistes de l’Europe… Lumières que se livrent, au milieu « chiens enragés » dans les procès au paradigme du progrès, il est deve- parisienne de mai 1968 au maoïsme Voyez comme cette terre est sèche et des années 1920, derniers héritiers de Moscou. Ils signent une époque. nu furieusement « tendance ». Le des années 1970. De l’admiration de bonne pour tous les incendies. » Ne du romantisme noir, les jeunes sur- Appel au meurtre, à la destruc- monde moderne n’est pas son fait. Michel Foucault pour « l’ermite de manque pas même à la péroraison réalistes. Ce qu’ils veulent, c’est la tion, exaltation de la déraison et du La machine, la vitesse, l’énergie Neauphle-le-Château » et pour la sa dimension oraculaire, ou plutôt destruction radicale de tout ce qui a romantisme noir, fascination des – tout ce qui fascine les futuristes, « révolution » iranienne à… Jean « pythique » comme aurait dit Bre- donné à l’Occident sa suprématie. pulsions primitives des races demeu- les constructivistes, les puristes et Baudrillard et à son trouble devant ton, si féru d’occultisme : « Que les Bien sûr, pareils appels au meur- rées pures du côté de l’Orient, antisé- tous les autres « istes » –, les surréa- les talibans, trois générations d’intel- trafiquants de drogue se jettent sur tre furent des lieux communs de tou- mitisme : les manifestes surréalistes listes y sont indifférents. Leur domai- lectuels ont été élevées au lait sur- nos pays terrifiés. Que l’Amérique au tes les avant-gardes. Marinetti a ser- diffèrent peu, si l’on prend la peine ne, c’est la nature, la folie, la nuit, réaliste. De là notre silence et notre loin croule de ses buildings blancs… » vi de modèle rhétorique à Mussoli- de les lire froidement, des propos l’inconscient, le primitif, l’originaire. embarras. (La Révolution surréaliste,n˚4, ni, et le futurisme, en manipulant extrémistes tenus par les pousse-au- C’est la volute modern style, non Nous avons tous appris à lire 1925). avec brio les instruments de la pro- crime du temps, de gauche et de l’orthogonalité de Mondrian ou de chez Eluard et chez Aragon. Com- Le rêve d’Aragon s’est réalisé. pagande de masse, cinéma, mises droite. Rodtchenko. C’est un mouvement ment tuer nos pères ? Héritiers du Nous y sommes. L’outrance n’était en scène, décorum, manifestations Paroles en l’air, dira-t-on, dans les- en fait de régression et d’archaïsme. surréalisme, comment le condam- pas seulement verbale. Si l’acte sur- de rue, devait fournir les clés d’une quelles il faut faire la part de la pro- La ville, oui, à condition qu’elle s’en- ner ? Nous restons donc sans voix réaliste le plus simple, comme on esthétisation de la politique qui vocation dadaïste. Je ne crois pas. sauvage, le nouveau, oui, à condi- quand nous voyons prendre corps sait, c’était descendre dans la rue et aurait sur la foule une fascination C’est oublier que la compromission tion qu’il soit cherché à l’intérieur de sous nos yeux – et de quelle horrible tirer sur le premier venu, cette folie dont le nazisme saurait tirer parti. des surréalistes avec le communis- soi et non dans l’extérieur de la maî- façon ! – les textes que nous avons meurtrière n’aurait pas dédaigné, si Trotski, fin connaisseur, dans Littéra- me sera plus durable que celle des trise du monde. Etc. vénérés dans notre adolescence. LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / V GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT des plaies mal refermées

résolument le bombardement de la mondialisation capitaliste en plein Hiroshima. essor depuis Seattle, Porto Alegre, Etant donnée la disproportion des Gênes. Ils donnent prétexte à un ren- forces et des moyens, la sainte allian- forcement des dispositifs liberticides ce impériale remporte des victoires et à la relance (annoncée bien avant militaires, mais au prix de quelles le 11 septembre) de la course aux bombes politiques à retardement ? A armements. quelle échelle temporelle se mesu- Le fondamentalisme religieux rent les victoires et les défaites dans n’est pas la forme enfin trouvée de l’histoire ? En réalité, la terreur l’émancipation sociale, et Ben Laden aérienne, aveugle aux populations ou le mollah Omar ne sont en rien civiles, est parfaitement ajustée à la ses nouveaux champions. Après les guerre illimitée sans objectifs décla- désillusions et les défaites du XXe siè- rés. Qui veut cette guerre veut son cle, ils incarneraient plutôt un « anti- engrenage. La doctrine militaire amé- impérialisme des imbéciles », tout ricaine officielle de la « guerre asymé- comme l’antisémitisme a pu consti- trique » s’inscrit dans cette logique tuer naguère le « socialisme des imbé- où le droit international est dissous ciles ». dans la morale du plus fort, où la Mais, pour échapper à l’engrenage guerre n’est plus vraiment la guerre, de la croisade séculière et du djihad, mais une croisade (ce lapsus non il ne suffit pas d’administrer aux dam- plus n’était pas gratuit) séculière de nés de la terre des leçons de morale. la civilisation contre la barbarie, une Quelle espérance d’avenir peuvent simple descente de police internatio- nourrir des populations condamnées nale pour châtier des délinquants. à végéter dans des camps ou à survi- C’est pourquoi les gouvernements vre dans des ruines ? Pourquoi engagés dans ces opérations puniti- n’iraient-elles pas chercher au ciel le ves se dispensent désormais de salut qu’elles n’attendent plus sur ter- débats et de votes parlementaires : re ? Peut-on recommander aux mil- pas de guerre, pas de déclaration de lions de réfugiés afghans ou palesti- guerre, pas de crimes de guerre ! Ni niens de construire leurs syndicats et vu ni connu ! d’élire sagement leurs députés com- La notion de terrorisme au singu- me s’ils vivaient dans une société lier recèle bien des incertitudes et des décente et policée ? approximations. Pour les autorités Pour combattre cette désespéran- d’occupation allemande, les fusillés ce à la racine, il faut certes s’attaquer, de l’Affiche rouge furent des terroris- ainsi qu’en convient le récent Prix tes. Pour les autorités britanniques Nobel d’économie Joseph Stiglitz, à en Palestine, Begin et Shamir furent la pauvreté, aux inégalités, à la dette des terroristes. Pour les gouvernants du tiers-monde, aux crimes sociaux français, les combattants de l’indé- de l’ordre mondial. Ce sera long, sans pendance algérienne furent des terro- doute. En revanche, certaines répon- ristes. Pour Milosevic, ce furent les ses politiques peuvent être rapides. combattants albanais et, pour Pouti- Et d’abord réparer l’injustice faite ne, les combattants tchétchènes. aux Palestiniens. S’il faut une définition, celle qui figure dans les manuels militaires de l’armée américaine n’est pas la plus Il serait illusoire mauvaise. Le terrorisme y est officiel- lement défini comme « l’usage calcu- de croire lé de la violence contre des civils à des fins d’intimidation et de coercition qu’une circulation pour atteindre des objectifs politiques, religieux, idéologiques, ou autres ». En sans frontières toute rigueur, cette définition s’appli- que parfaitement à la guerre colonia- des capitaux le menée par l’impérialisme français YVAN SIGG en Algérie, aux interventions améri- et des marchandises caines occultes en Amérique latine, à la guerre « de basse intensité » en pourrait aller Amérique centrale (malgré la con- Dieu, que ces guerres sont saintes ! damnation formelle du tribunal de sans une circulation La Haye). Elle ne justifie en rien les par Daniel Bensaïd et Willy Pelletier crimes du 11 septembre, mais elle sans frontières de la révèle la symétrie cachée de la guerre asymétrique. Si nous condamnons violence et sans une e nouveau siècle a peut-être talisme islamique au conflit politi- ces attentats, ce n’est pas seulement vraiment commencé le 11 sep- Daniel Bensaïd que avec un mouvement palestinien Willy Pelletier pour des raisons dites morales, mais dissémination de ses tembre. Mais, contrairement Enseignant à l’université laïque sur les droits sociaux et politi- Sociologue (université pour des raisons indissociablement à Jean Baudrillard, qui voit ques égaux pour tous les citoyens de morales et politiques. L’un ne va pas acteurs non étatiques L Paris-VIII, Daniel Bensaïd de Picardie), Willy Pelletier dans les attentats du 11 un « événe- est philosophe. Il est dirigeant la région. Ces turbulences politiques est le coauteur de la note sans l’autre, contrairement à ce que ment absolu » (Le Monde du 3 novem- de la Ligue communiste et territoriales sont partie prenante de la Fondation Copernic veut croire Monique Canto-Sperber bre), Balzac affirme dans César Birot- révolutionnaire (trotskiste) du nouveau partage du monde « Medef : la refondation (Le Monde du 4 octobre) qui fait de La crise internationale ne se réduit teau que « les événements ne sont dont il est considéré comme requis par la mondialisation impé- antisociale ». Ben Laden un fils spirituel de Saint- certes pas à la question palestinien- jamais absolus ». L’événement abso- le théoricien. Il est signataire riale. Just et de Trotski. Ce dernier a-t-il ne, mais elle en constitue une pièce lu, c’est le miracle. Il n’appartient pas de l’Appel dit des 113 contre L’affaiblissement des Etats- fourni « la justification du terroris- maîtresse, de même que la levée de à l’histoire, mais à la théologie. L’évé- « la croisade impériale ». nations et la négation des souverai- Dans les conflits récents, les buts me » en soutenant « le caractère l’embargo sur l’Irak. C’est d’ailleurs nement selon Baudrillard est bel et netés populaires ont pour corollaire de guerre paraissent de plus en plus absolu de la fin poursuivie et l’indiffé- ce que reconnaissent malgré eux les bien miraculeux qui « défie toute for- inévitable la remise en question de flous, si ce n’est indéfinissables : rence aux moyens » ? Trotski deman- intellectuels des Temps modernes me d’interprétation ». Dans un mon- Mais s’il vaut pour les vieux Etats- la définition weberienne de l’Etat en capturer Ben Laden, renverser le de au contraire : « La fin qui justifie quand ils focalisent toute l’attention de prosaïque et profane, l’événe- nations européens, il vaut a fortiori tant que monopole de la violence régime taliban, imposer un nouvel les moyens suscite aussitôt la question : sur la question israélienne. ment a un avant et un après. Il s’ins- pour les Etats tardifs et fragiles issus organisée. Il serait illusoire de croire ordre impérial en Asie centrale ou et qu’est-ce qui justifie la fin ? » Car, Quant aux crimes, comme le crit dans une trame de conditions et de la décolonisation qui n’ont eu ni qu’une circulation sans frontières contrôler durablement les routes « dans la vie pratique comme dans le disent les manifestants antiguerre de circonstances logiques. le temps ni les moyens d’unifier des des capitaux et des marchandises du pétrole ? Dans son discours du mouvement historique, la fin et les américains, c’est affaire de justice La déraison même a ses raisons. peuples, de consolider un espace pourrait aller sans une circulation 20 septembre, George W. Bush a moyens changent sans cesse de internationale, non de vengeance. Ce serait se rassurer à bon compte public, de donner consistance à une sans frontières de la violence et sans répondu qu’il s’agissait ni plus ni place ». Encore faudrait-il que cette justice ne que s’octroyer le monopole de l’intel- société civile. Estropiés à la naissan- une dissémination de ses acteurs moins que d’éradiquer le terro- Noriega, Pol Pot, Ben Laden, les soit pas à sens unique et que les Etats- ligence, en excluant Ben Laden ou ce par une insertion dépendante non étatiques. Et tout aussi illusoire risme. talibans furent hier les créatures et Unis, qui devraient rendre compte de Al-Qaida de la rationalité (comme le dans le marché mondial et percutés d’imaginer que la privatisation géné- Dès lors, le nom initial de l’opéra- les moyens de la politique impériale. bien des crimes de guerre, y soient fait Jean-François Revel) ou en les de plein fouet par la mondialisation ralisée de la production, des servi- tion, « Justice sans limites », n’appa- Ils sont devenus, par un renverse- également soumis. Célébrant la enfermant dans le cercle maudit de marchande, ils sont voués à une cri- ces, de l’information, du droit, du raît plus comme un malencontreux ment dialectique exemplaire, les fins « supériorité absolue de la démocra- la « folie furieuse » (comme le fait se convulsive dont on entrevoit vivant, du savoir, de l’espace, puisse lapsus. Contre un ennemi insaisissa- de la guerre illimitée contre le terro- tie », Alain Minc n’est guère éloigné, Chirac). Comprendre n’est pas justi- deux issues effrayantes possibles : ne pas aboutir aussi à une privatisa- ble et protéiforme, dont la misère risme, avant de redevenir, s’ils ne bien qu’il s’en défende, de Berlusconi fier. Il s’écrit ces temps-ci beaucoup ou bien la chute dans une quête tion de l’exercice de la violence, du monde ne cesse de reconstituer sont pas trop usés par ce jeu de tour- et du « choc des civilisations ». Cette d’âneries. L’effort consenti pour les généalogique des origines, avec d’autant que les techniques de l’ar- les forces, la guerre serait en effet illi- niquet, les moyens de nouvelles fins ! démocratie sans adjectifs est tout comprendre n’implique en rien de pour résultat l’ethnicisation de la mement s’y prêtent. mitée : « Notre guerre contre la ter- Il n’est pas étonnant que cette mora- aussi abstraite que le terrorisme au les justifier. politique et les fantasmes purifica- L’escalade militaire, policière et reur commence par Al-Qaida, préci- le à géométrie variable ait besoin singulier de Baudrillard. Il y a, dans La violence d’un monde que Bush teurs ; ou bien la fuite en avant dans sécuritaire de la part des puissances sait Bush junior, mais elle ne se termi- d’appeler en renfort les certitudes l’histoire, des formes et des métamor- senior promettait, il y a dix ans à pei- des espaces géopolitiques élargis dominantes apparaît alors comme la ne pas là. Elle ne se terminera que lors- d’une morale éternelle dont Trotski phoses démocratiques. La démocra- ne, réconcilié, apaisé et bien ordon- dans lesquels la communauté con- contrepartie nécessaire du libéralis- que chaque groupe terroriste capable soulignait avec perspicacité qu’elle tie grecque eut l’esclavage comme né ne naît pas du cerveau de Ben fessionnelle console des légitimités me marchand. Les projets ahuris- de frapper à l’échelle mondiale aura « ne peut se passer de Dieu » : « Nous condition et comme part maudite. Laden ou de quiconque. Elle pousse nationales introuvables. sants en cours de discussion au Parle- été repéré, arrêté, et vaincu. » Ala savons que Dieu n’est pas neutre », Les démocraties occidentales ont le et prolifère sur l’inégalité et l’injusti- Dans des régions du monde où les ment européen et le néo-keynésianis- Saint-Glinglin, ou lorsque les poules déclare en effet George W. Bush. colonialisme, le pillage et la domina- ce dont, année après année, les rap- frontières résultent dans une large me militaire américain en sont la auront des dents. Les attentats du 11 septembre tion des peuples parias. ports de l’ONU sur l’indice de déve- mesure des occupations et des parta- preuve flagrante : comme l’écrit Dans cette guerre sans limites, la n’ont rien d’un fait d’armes anti- Ni Trotski, ni Rosa Luxemburg, ni loppement humain démontrent ges coloniaux, la « communauté des Ulrich Beck (Le Monde du 10 novem- proportion entre les fins et les impérialiste. Ils n’augmentent pas la Guevara n’auraient pu concevoir les qu’elles ne cessent de s’accroître, croyants » rassemblée par une foi bre), le libéralisme conquérant bascu- moyens n’a plus de sens. Au nom de confiance des peuples en leur propre attentats criminels du 11 septembre, non seulement entre pays du Nord transnationale donne une réplique le à son tour dans le passé des illu- la pureté des fins (la « guerre éthi- force émancipatrice. Ils ne font pas car la logique de la lutte des classes et du Sud, mais au sein des pays dits inquiétante mais point illogique à la sions. Dommage que feu François que » chère à Tony Blair !), tous les avancer d’un pouce la cause des fem- brise les paniques identitaires et les riches et entre les sexes. L’opulence construction de « l’Europe-puissan- Furet ne soit plus là pour le voir. moyens sont bons. Le discours de mes afghanes, bien au contraire. Ils appartenances grégaires. Elle défait des uns a pour contrepartie l’exploi- ce » dont se gargarisent nos gouver- La crise des Etats-nations va de Bush l’annonçait sans détour : cette dressent des opprimé(e)s les un(e)s les réflexes de clochers et de chapel- tation et l’oppression des autres. On nants, ou au grand marché des Amé- pair avec une déstabilisation des caté- guerre « pourra comprendre des frap- contre les autres. Ils favorisent la les. Elle interdit tout acte prenant ne fera pas reculer la violence sans riques sous hégémonie des Etats- gories autour desquelles s’organise pes spectaculaires diffusées à la télévi- grande coalition impériale qui laisse aveuglément pour cible d’autres s’attaquer à ses racines. Il n’y a pas Unis. la pensée politique depuis les révolu- sion », mais aussi « des opérations les mains libres à Poutine en Tchét- opprimés. A vouloir nier ou refouler en la matière de raccourci magique. Le fondamentalisme islamique tions des Lumières : celles de souve- secrètes, secrètes jusque dans leur suc- chénie et aux bureaucrates chinois la lutte des classes, on a la guerre des Nos gazettes et nos antennes sont n’a pas le monopole de cette (re)con- raineté, de peuple, de représenta- cès ». Dans cette guerre de l’ombre contre leurs opposants. Ils facilitent ethnies et des religions, les guerres pleines de considérations savantes fessionnalisation de la politique. La tion, de frontières, de citoyen, sans témoins, tous les coups seront le chantage au terrorisme des diri- saintes et le choc des barbaries. sur la crise de l’ordre westphalien et provocation d’Ariel Sharon sur l’es- d’étranger. Les débats récurrents sur donc permis. Passant de la « mondia- geants israéliens et renforcent la pres- La solution alternative est du côté sur le déclin des Etats nationaux planade des Mosquées pariait délibé- les sans-papiers, la crise du politique, lisation heureuse » à la béatitude sion sur la résistance palestinienne du nouvel internationalisme profane comme forme dominante de la poli- rément sur cette dynamique : il pré- les apories démocratiques de la cons- atomique, Alain Minc (Le Monde du pour l’acculer à de nouvelles conces- des résistances à la mondialisation tique moderne. Ce diagnostic pèche fère à l’évidence l’affrontement reli- truction européenne en sont l’illustra- 7 novembre) pousse la logique sions. Ils introduisent des germes de marchande. C’est une voie étroite. Il souvent par extrapolation hâtive. gieux entre l’Etat juif et le fondamen- tion quotidienne. jusqu’au bout en approuvant division dans le mouvement contre n’y en a pas d’autre. VI / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT Société-monde contre terreur-monde par Edgar Morin

« Le contraire de la violence civilisation ; ces deux vérités anta- quand ceux-ci se sont emparés des ne peut encore mesurer le dévelop- Shakespeare n’est pas la douceur Edgar Morin gonistes sont complémentaires. valeurs humanistes ouest-euro- pement. c’est la pensée » Né en 1921, Edgar Morin Certes, les Etats-Unis suscitent péennes : droits de l’homme, Toutefois, en sens inverse, il y a est l’un des (Etienne Baulieu, est sociologue. dans le monde misérable des aspi- droits des peuples, droits à la de multiples aspirations vers le auteur romand) Cherchant à articuler rations, dont celles à y émigrer, ain- nation, démocratie, droits des fem- meilleur de la civilisation occidenta- nombreux des éléments tirés d’un grand si que d’innombrables désirs d’en- mes. On peut même dire que le le contemporaine : les autonomies NE question de vocabulai- nombre de disciplines, trer dans leur civilisation ; ils inspi- retard d’une grande partie du mon- individuelles, les libertés politi- auteurs re, tout d’abord. il est considéré comme rent respect et obéissance à leurs de à intégrer la démocratie, les ques, le droit à la critique, l’émanci- Terrorisme. La notion de le penseur de la complexité. vassaux, et le sentiment de solidari- droits humains, le respect des pation de la femme. La vraie invoqués par terrorisme est valable pour Il vient de publier (Seuil) té occidentale demeure puissant droits des femmes est une des cau- bataille se livre dans les esprits U le cinquième et avant-dernier l’internationale djihadiste Al-Qai- en Europe. Mais en même temps la ses de l’état périlleux du monde d’un grand nombre d’islamiques, Edgar Morin da qui agit par attentats et meur- tome de La Méthode, contemplation de leur richesse et actuel. dont beaucoup veulent à la fois tres de masse sur des populations son œuvre maîtresse, prospérité, du sein du manque et L’islam ne saurait être lui non sauvegarder leur identité, le res- dans son civiles, mais elle est fort réductrice en chantier depuis 1977. du dénuement – dans ce monde plus réduit à une vision unilatérale. pect de leurs traditions et l’acces- quand elle s’applique aux formes misérable –, suscite une immense L’histoire nous a enseigné claire- sion à des possibilités et droits dernier livre, violentes de résistances nationales frustration. Leur domination pro- ment que la tolérance religieuse dont jouissent les Occidentaux. La privées de moyens démocratiques McDo ni au Coca-Cola, mais elle voque d’innombrables humilia- fut du côté de l’islam à l’égard des victoire sera à ceux qui sauront fai- L’humanité de pour s’exprimer. Ainsi le terme uti- s’est montrée créatrice dans la tions, un complexe d’infériorité re la synthèse entre l’identité cultu- lisé par les nazis pour les résistants science, la littérature, le film, le technique (monde Sud), un relle et la citoyenneté planétaire. l’humanité : européens fut-il réducteur, comme jazz, le rock, et l’Amérique s’euro- complexe de supériorité culturelle La conduite Nation refuge, émancipatrice de appliqué par Poutine à la résistan- péanise autant que l’Europe s’amé- (Europe) qui l’un et l’autre juifs mais spoliatrice de Palesti- « Nous ce tchétchène, qui comporte évi- ricanise. éveillent l’animosité. de Sharon est non niens, menacée d’extermination à demment une branche terroriste, Mais ils constituent une puissan- Le mal-développement dont ont sa naissance par ses voisins arabes sommes de mais ne peut s’y ramener. La violen- ce impériale dominatrice par l’arme- souffert tant de nations est attri- seulement mauvaise, mais devenue militairement plus ce d’Etat qui frappe un peuple en ment et par l’économie. Leur démo- bué au sur-développememt écono- puissante qu’eux, toujours incer- l’étoffe dont même temps que ceux qui lui résis- cratie ne les empêche nullement de mique américain. L’extrême dénue- elle conduit Israël taine de sa survie mais opprimant le tent est elle-même une violence de soutenir des dictatures quand leur ment alimentaire, médical auquel peuple palestinien de plus en plus sont faits terreur. intérêt le commande. Leur huma- sont réduites d’immenses popula- au suicide à terme, cruellement, Israël tend à lier son Al-Qaida constitue un stade nisme comporte une tache aveugle tions désarmées devant épidémies existence à une domination qui exa- les rêves ». nouveau du terrorisme. La mon- d’inhumanité : ils ont pratiqué des et sida nourrissent ressentiments à même si ce suicide cerbe la haine arabe ; il hésite à s’en- dialisation techno-économique a bombardements de terreur sur les l’égard des populations hyper- gager dans la voie aléatoire qui lui Après permis une mondialisation terroris- villes allemandes, puis les hécatom- nourries, hypersoignées de l’Occi- s’accompagne du feu permettrait une insertion au Moyen- te, se transformant dans et par bes de Hiroshima et Nagasaki. Les dent et surtout des Etats-Unis. Là Orient en reconnaissant un Etat plus d’un cette mondialisation en menace bombardements continus de où il y eut d’antiques et glorieuses d’artifice des deux palestinien dans les frontières de mondiale. l’Afghanistan révèlent un autre ter- civilisations qui se sentent aujour- 1967. Au cours de l’ultime Intifada demi-siècle Islamiste. Le terme islamiste est rorisme frappant des populations d’hui amoindries ou menacées, le cents têtes nucléaires notamment, les héritiers des juifs, riche de malentendus. Désignant civiles victimes, non seulement de monde américain suscite allergies, qui ont subi 2 000 ans d’humilia- de brassage en principe tout croyant en l’islam, bombes ou de missiles lancés de inimitiés, agressivité. israéliennes tions et de persécutions, sont deve- il est devenu, pour bien des Occi- trop haut et de trop loin, mais de la Les conséquences néfastes de la nus des persécuteurs capables de incessant dentaux, synonyme de fanatique. peur et de la famine qui les libéralisation du marché mondial, ghettoïser les Palestiniens, d’exer- Trop proche d’islamique (notion contraint à l’exode. Sensibles à la l’accroissement des inégalités, les chrétiens et des juifs tant en Anda- cer la responsabilité collective sur des connais- qui désigne ce qui relève de l’is- souffrance des 5 000 victimes du crises économiques multiples lousie que dans l’Empire ottoman. familles et civils, bref de faire des lam), il risque de se contaminer en World Trade Center, ils sont insensi- aggravent les animosités. L’islam fit naître la plus grande civi- Palestiniens des humiliés et offen- sances, fanatisme et terrorisme. De fait, bles aux désastres humains que Dans les esprits où a régné ou lisation du monde au temps du cali- sés comme le furent leurs ancêtres. l’islamisme, quand il comporte le leurs bombardements infligent aux règne encore la vulgate marxiste- fat de Bagdad. Or la nostalgie du La question israélo-palestinien- ce penseur retour au Coran et l’application de populations afghanes. Ils sont léniniste, le modèle du socialisme passé glorieux, au sein d’un pré- ne est devenue le cancer non seule- la charia, comporte un rejet de la « réel » s’est certes effondré (sans sent infortuné, sous le poids de dic- ment du Moyen-Orient, mais des foisonnant civilisation occidentale, y compris qu’ils en aient jamais mesuré la tatures corrompues policières ou relations Islam-Occident, et ses le libéralisme politique et la démo- S’il est vrai pourriture), mais la conviction que militaires, après l’échec du dévelop- métastases se répandent très rapi- évoque ici cratie. Mais il n’implique pas de lui- le capitalisme et l’impérialisme pementalisme, du socialisme, du dement sur la planète. L’interven- même guerre sainte et terrorisme, que la domination américain sont le mal absolu communisme, l’absence d’espoir tion internationale pour garantir la les conditions bien qu’on puisse glisser de l’is- demeure. Ils ont gardé la satanisa- dans le progrès et dans un futur naissance, l’existence et la viabilité lamisme au djihadisme. Une conta- de l’Occident fut tion de l’Amérique, foyer du capita- occidentalisé, tout cela suscite un d’un Etat palestinien est devenue propres à mination analogue affecte le terme lisme et de l’impérialisme, ignorant retour aux racines religieuses de d’une urgence vitale pour l’huma- de fondamentaliste (qui n’est pas la pire de l’histoire que le communisme soviétique fit l’identité. nité. nous éviter en lui-même agressif). pire que le capitalisme, ignorant De plus, la formidable frustra- Au cours de la dernière décen- Quant à l’internationale djihadis- humaine, il faut dire les vertus de la démocratie et les tion s’intensifie en humiliation et nie, une société-monde a, à demi, de devenir de te d’Al-Qaida, il s’agit d’une dévian- vices du totalitarisme, ignorant rage devant la quotidienne humilia- émergé ; elle a sa texture de com- ce religieuse hallucinée à laquelle aussi que tous que l’impérialisme américain est tion et répression endurée par les munications (avion, téléphone, l’étoffe dont on ne saurait réduire l’islam. Mais moins atroce que les impérialismes Palestiniens, l’injustice subie (deux fax, Internet) déjà partout multi- le mot islamiste, tel qu’il est usuel- les constituants passés, notamment soviétique. poids deux mesures en Israël-Pales- ramifiée ; elle a son économie de sont faits les lement employé dans les médias Ainsi, l’ensemble des ressenti- tine), tout cela dans l’impuissance fait mondialisée, mais où man- occidentaux, réduit tout islamique de l’émancipation ments issus des parts les plus diver- des Etats arabes, vassalisés ou non. quent les contrôles d’une société cauchemars à un islamiste et tout islamiste à un ses de la planète suscite une haine Le soutien inconditionnel accordé organisée ; elle a sa criminalité terroriste potentiel, ce qui empê- des asservis sont nés fantastique et parfois fantasmati- par les Etats-Unis à Israël conduit à (mafias, notamment de la drogue che de percevoir le visage que des Etats-Unis coupables de considérer Israël comme l’instru- et de la ) ; elle a désor- complexe de l’islam. au sein de l’Occident tous les maux de la planète. Maî- ment de l’Amérique et à faire de mais son terrorisme. Toute erreur de pensée conduit tres du monde (ce qu’ils ne sont l’Amérique l’instrument d’Israël, et Mais elle ne dispose pas d’organi- à des erreurs d’action qui peuvent que partiellement), on les rend res- plus largement des juifs. Cette iden- sation, de droit, d’instance de pou- aggraver les périls que l’on veut inconscients de la contradiction ponsables des maux du monde (ce tification aggravée par le « sharo- voir et de régulation pour l’écono- combattre. Il faut penser dans leur que comporte la terreur de leurs qu’ils ne sont qu’encore plus par- nisme » est fatale à l’Amérique mie, la politique, la police, la bio- complexité non seulement l’islam bombardements antiterroristes. tiellement). comme à Israël. sphère. Il n’y a pas encore la mais aussi les Etats-Unis, Israël, la Les deux tours orgueilleuses Les Etats-Unis sont ainsi considé- Dans la situation actuelle, la frus- conscience commune d’une mondialisation elle-même, en étaient à la fois hyper-réelles et rés comme le mal suprême et tration, le ressentiment, la nostal- citoyenneté planétaire. reconnaissant les contradictions hyper-symboliques ; elles étaient actuel du mal occidental, de cet gie d’une grande civilisation pas- La mondialisation du terrorisme incluses dans chacun des termes. l’incarnation et le symbole de la Occident qui s’est déchaîné sur la sée, ressuscitent le rêve de l’Oum- constitue un stade de réalisation Les Etats-Unis sont la plus richesse, de la puissance américai- planète à partir du XVIe siècle, l’a ma, grande communauté islami- de la société-monde, car Al-Qaida ancienne démocratie du globe, ils nes, de son capitalisme et de sa conquise, colonisée, exploitée, et a que transnationale, et font d’un n’a ni centre étatique ni territoire constituent une société ouverte et démocratie, de sa domination et génocidé des populations entières. milliard de musulmans un vivier national, il ignore les frontières, par ce trait désormais vulnérable. de son ouverture ; la statue de la Toutefois, ici encore, il est nécessai- mondial où peuvent se recruter les transgresse les Etats, et se ramifie Ils ont sauvé l’Europe occidentale Liberté était devenue une allégorie re de maintenir ensemble deux véri- djihadistes. Pour toute une jeu- sur le globe ; sa puissance financiè- du nazisme, ils l’ont protégée de ancillaire. Leur écroulement a creu- tés opposées. S’il est vrai que la nesse, du Maghreb au Pakistan, re et sa force armée sont transna- l’URSS qui était loin d’être un tigre sé un trou noir incommensurable domination de l’Occident fut la Ben Laden est un superman de la tionales. Elle dispose, mieux que en papier. Ils ont secouru des peu- en notre vision non seulement de pire de l’histoire humaine dans sa foi qui a décapité les tours d’une d’un Etat, d’un centre occulte mobi- ples islamiques en Bosnie et au Manhattan mais aussi du monde. durée et son extension planétaire, Babel qui était en même temps le et nomade. Son organisation uti- Kosovo. Les Etats-Unis ne sont pas Pour certains, c’est une blessure il faut dire aussi que tous les consti- Sodome et Gomorrhe ; c’est un lise tous les réseaux déjà présents responsables de la guerre meurtriè- infligée à l’impérialisme américain tuants de l’émancipation des asser- annonciateur de la rédemption de de la société-monde. Sa mondialité re Irak-Iran, de la terreur en Algé- et au capitalisme, pour d’autres qui vis sont nés et se sont développés l’islam, de la résurrection de l’Oum- est parfaite. Sa guerre religieuse rie, de tous les conflits interarabes. s’en angoissent c’est une brèche au sein de l’Occident, et ont permis ma, du retour du califat. Un nou- est une guerre civile au sein de la Leur culture ne se réduit pas au ouverte dans la démocratie et la l’émancipation des colonisés veau messianisme est né, dont on société-monde.

LA TRIBUNE DES LECTEURS

PACIFISME OU DÉFAITISME derrière l’inaction et le déshonneur, cela tacitement la position et la politique écono- dans la misère économique un terreau favo- Les quelques hommes politiques et n’est pas normal. Au moment où les com- mique de son pays dans l’économie globa- rable à sa prolifération ? autres pétitionnaires qui s’opposaient aux battants de l’Alliance du Nord deman- le, et donc, les injustices de la globalisation Mathieu Schultz, actions ciblées et à la stratégie des alliés en daient aux alliés d’intensifier leurs bombar- (…). Les « Etats terroristes » ont compris courriel Afghanistan se sont bien trompés : ils dements sur les lignes talibanes, certains cela, alors qu’aux yeux des « Etats victi- avaient prévu un enlisement comme du hommes politiques contestaient l’intérêt de mes » d’attentats l’attaque des civils consti- FEMMES D’AFGHANISTAN temps des Soviétiques dans ce pays, et le ces bombardements. Sans ces actions tue une ignominie. Mais ne s’agit-il pas là Ce qu’on appelle l’Alliance du Nord n’a pays est en bonne voie de libération, ils ciblées, le front afghan serait resté aussi d’une hypocrisie ? (…). Le terrorisme rappel- pas de programme politique ou social, et le avaient prédit une guerre de religion, un immobile que depuis cinq ans, les talibans le aux nations riches et démocratiques leur manque d’un tel projet fut à l’origine de conflit de civilisation entre l’islam et la chré- régneraient sur Kaboul et les terroristes con- vulnérabilité. l’anarchie qui a régné à Kaboul entre 1992 tienté, et, les populations arabo-musulma- tinueraient leur entraînement sur leurs N’est-ce pas cela qui est terrorisant : la et 1995, avec les viols et les meurtres que nes sont restées relativement calmes, ils bases en Afghanistan. prise de conscience et l’expérience doulou- l’on sait, faisant des dizaines de milliers de avaient envisagé une catastrophe humani- André Sillam, reuse de notre vulnérabilité alors que nous victimes. L’arrivée des talibans au pouvoir a taire, et, l’on apprend que des réfugiés sont Noisiel (Seine-et-Marne) nous étions accoutumés à cette idée terri- fait chuter massivement les meurtres et les de retour dans certaines provinces, ils ble : la vulnérabilité, c’est pour les autres ? viols, certes avec des méthodes punitives avaient prévu une riposte terroriste à la LA GUERRE ET LES CIVILS Dès lors, l’éradication du terrorisme se très sévères mais avec l’aval de la popula- riposte américaine, « la riposte à la ripos- Les attentats du 11 septembre aux Etats- pose comme une entreprise des forts visant tion qui cherchait d’abord et surtout la sta- te », avec des attentats dans le monde Unis ont peut-être montré la fragilité de la à priver les faibles de la seule arme vrai- bilité et la sécurité. (…) L’extrémisme social entier, et rien ne s’est produit. (…) distinction entre civils et militaires dans la ment dangereuse, et malheureusement effi- des talibans ne s’est jamais manifesté, ni Qu’il faille peser les éventuelles consé- nouvelle forme de guerre que nous vivons. cace, dont ils disposent. Mais n’est-ce pas par un encouragement au viol ni par aucu- quences d’une intervention militaire est Chaque citoyen, dès lors qu’il participe à la les forts eux-mêmes qui les ont poussés à ne tolérance de celui-ci. une chose, que l’on prenne prétexte d’im- santé économique de son pays, est aussi un cette extrémité ? (…) Ne faudrait-il pas rap- Tristement, l’Alliance du Nord, aujour- probables conséquences pour se réfugier soldat dans la mesure où il approuve et sert peler aussi que l’intégrisme religieux trouve d’hui encouragée à reprendre son « pou- LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 / VII GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT

RITA MERCEDES Cette machine de terreur sans hystériques qui exacerbent les de destructions et massacres venus re, et, en même temps, des Etats- dépasser l’idéologie économistique La politique américaine a com- frontières, ramifiée dans le monde manichéisations et satanisations du fond des âges historiques, Unis devrait s’élever un « nous ne qui donne au marché mondial la mencé en zigzag entre folie et entier, nourrie d’immenses frustra- réciproques. l’autre intérieure à notre civilisa- sommes pas qu’américains ». mission de réguler la société-mon- sagesse, entre guerre impériale et tions et désespoirs, animée par une Le cancer israélo-palestinen s’ag- tion, venue du règne anonyme et Elle comporte la conscience que de, alors que c’est la société-monde guerre confédérale, entre régres- foi hallucinée, a soudain révélé un grave ; ses métastases seront irré- glacé de la technique, d’une pensée non seulement, comme le rappe- qui doit réguler le marché mondial. sion de conscience et prise de pouvoir dévastateur où la violence médiables s’il n’y a pas solution qui ignore tout ce qui ne relève pas lait Paul Valéry, après la première Le nouveau type de guerre néces- conscience. Après ce zigzag entre meurtrière d’une barbarie fanati- rapide au conflit. L’onde anti-israé- du calcul et du profit. Le benladé- guerre mondiale, les civilisations site un nouveau type de paix. Il les deux voies, l’intervention massi- que a pu utiliser les avancées les lienne devenue à la fois antisémite nisme constitue une nouvelle allian- sont mortelles, mais aussi que l’hu- comporte la nécessité de déclarer ve et continue en Afghanistan va plus raffinées de la barbarie techni- et antiaméricaine ressuscite les ce entre les deux barbaries. Cela manité planétaire est mortelle. Elle la paix à l’islam en déclarant la vers la mauvaise, mais la seconde que. La lutte contre Al-Qaida ne visions médiévales européennes dit, il ne faut pas nous cacher qu’il comporte la conscience qu’au- guerre au terrorisme, afin de sépa- demeure possible. relève pas d’une guerre (toujours des juifs buveurs de sang d’enfant, y a une barbarie incluse dans notre rer radicalement les fanatiques hal- Le temps de répondre au défi de entre nations) mais d’une police et pollueurs des esprits et des corps civilisation, que celle-ci produit des lucinés de l’ensemble des islami- la complexité planétaire est venu : d’une politique. Or, en bombar- (répandant le sida), œuvrant perfi- forces de décomposition et de La La voie ques. Ce qui nécessite le plus rapi- il faut reconnaître les ambivalen- dant l’Afghanistan, on transforme dement à dominer le monde. mort, et qu’à notre hyperdévelop- dement possible l’établissement ces et contradictions présentes une métaphore de guerre en réali- La conduite de Sharon est non pement scientifique et technique de la sagesse d’une paix équitable au Moyen- dans tous les champs et tous les té de guerre (Max Pagès) et on fait seulement mauvaise, elle conduit correspond un sous-développe- Orient. camps, il faut reconnaître les rela- les victimes d’une guerre, cela au Israël au suicide à terme, même si ment mental et moral. Toutefois, comporte la prise de Une politique confédérale plané- tions et rétroactions entre le tout détriment d’une action adaptée à ce suicide s’accompagne du feu cette civilisation dispose encore de taire doit se substituer à une politi- et les parties. la lutte contre un ennemi planétai- d’artifice des deux cents têtes deux vertus irremplaçables : laïcité conscience capitale que impériale. Outre la Chine, l’In- Nous sommes sommés de rement ramifié, laquelle nécessite nucléaires israéliennes qui détrui- et démocratie, même si cette de, l’Europe, l’Amérique latine, il mener en chacun de nous un grand une action planétaire commune raient une grande partie de l’huma- dernière est atrophiée. de l’intersolidarité importe que se constituent de combat spirituel. L’esprit humain autrement plus complexe. nité arabe. L’incapacité des Etats- Les Etats-Unis et plus largement grands ensembles confédéraux qui porte en lui les pires des maux, Livrée à elle-même, la dynami- Unis, des nations européennes, des l’Occident oscillent entre deux humaine et deviendraient les grandes provin- ceux de l’incompréhension, de que issue du 11 septembre multi- Nations unies à imposer une inter- voies : celle de la folie, à terme ces de la planète, notamment un l’aveuglement, de l’illusion, de la plie et aggrave les risques. vention militaire internationale catastrophique et celle de la sages- de la communauté grand ensemble arabo-islamique folie. Mais il porte aussi la possibili- Le risque économique. L’inter- entre les combattants, séparant les se, difficile et aléatoire. renouant en termes contempo- té de rationalité, de lucidité, de dépendance propre au marché deux territoires selon les frontières La voie de la folie est celle de la de destin planétaire rains avec le califat. compréhension, de compassion. mondialisé détermine une fragilité, de 1967, conduirait à une catastro- croisade, de la diabolisation, du Une politique de la civilisation Dans l’état barbare actuel du aggravée par l’absence de vrai sys- phe historique d’une ampleur manichéisme aveugle (car il y a du est la seule riposte à la guerre des monde, il n’est pas de solution tème de régulation ; une crise géné- inouïe. mal dans le bien mais aussi du bien jourd’hui la seule alternative à la civilisations. Concrètement, un actuelle qui serait vraiment ver- ralisée, devenue envisageable, Sous l’effet de l’onde de choc dans le mal) et, développant l’hys- démocratie est la haine. Car rien plan Marshall pour les zones de tueuse. serait le bouillon de culture de nou- benladéniste, on peut envisager la térie de guerre, elle est la voie des d’autre que la chaîne ne peut triom- pire misère de la société-monde ; Il faut à la fois éviter le pire et velles dictatures, voire de totalita- décomposition en chaîne des régi- massacres de masse de part et pher dans la destruction de la entre autres une mobilisation mas- aller dans la bonne direction : vers rismes, comme le fut la crise de mes islamiques en place, au profit d’autre. Par contre la conscience démocratie. sive de la jeunesse des pays aisés la société-monde et la terre-patrie. 1929. Plus largement, l’interdépen- non de la démocratie, mais du fana- des périls peut être un coup de Elle comporte la reconnaissance pour venir en aide sur place aux Peut-être faudra-t-il avancer dance de tout ce qui constitue l’ère tisme religieux. fouet pour aller dans la voie de la de ce principe éthique minimum : pays déshérités ; une agence mon- encore plus vers l’abîme pour qu’il planétaire fragilise le destin même Enfin le risque nucléaire, bacté- sagesse. La voie de la sagesse com- on n’aura jamais un monde noble diale des médicaments et soins y ait un véritable sursaut de salut, de la planète. riologique, chimique, qui planait porte la prise de conscience capita- par des moyens ignobles. médicaux pour les populations pour que la société-monde s’ac- Le risque hystérique. La mena- de façon stratosphérique au-des- le de l’intersolidarité humaine et Elle comporte la conscience que incapables d’en assurer les frais. tualise en société des nations et ce permanente et multiforme sur sus de la planète est devenu visi- de la communauté de destin plané- l’édification d’une société-monde Enfin, le nouveau type de guerre des cultures unies contre la mort. les Etats-Unis, le déchaînement de ble, pressant, urgent. taire. Plus que le « nous sommes est devenue vitale ; seule une socié- nécessite un centre mondial de lut- A condition de n’y point sombrer, l’antiaméricanisme ne peuvent Le XXe siècle a vu se nouer l’al- tous américains », nous sommes té-monde peut répondre à une ter- te contre-terroriste adéquatement la catastrophe devient l’ultime que favoriser des surexcitations liance entre deux barbaries, l’une tous enfants et citoyens de la Ter- reur-monde. D’où la nécessité de ramifié. chance.

LA TRIBUNE DES LECTEURS voir » (ou son anarchie), pourrait faire médicaments anti-sida. Une nouvelle fois, du racisme anti-pauvres. Quant aux 18 % Le fait que l’islam soit pratiqué en Fran- des Etats-Unis était inepte, incohérente et beaucoup régresser la condition des fem- ils nous démontrent qu’une seule idéolo- de jeunes musulmans français qui se font ce par des populations injustement humi- totalement inefficace, qu’elle provoquait mes si l’on s’en tient à son comportement gie les anime : leur égoïsme sacré… une idée positive d’Oussama ben Laden, liées ne rend pas moins interrogeable ou beaucoup de victimes civiles, qu’elle reje- récent et à ce qui s’est passé quand elle Robert Vernet, ce sont des « tchatcheurs » pleins d’hu- critiquable la religion qui est la leur. Les tait la population dans les bras des tali- contrôlait Kaboul. courriel mour. musulmans sont des individus, qui bans. Ce n’est pas en proposant d’imposer L’islam doit être soumis au même régi- doivent bénéficier de toutes les libertés Aujourd’hui, on découvre que cette stra- brusquement les modes vestimentaires ISLAM ET RÉPUBLIQUE LAÏQUE me, c’est-à-dire au même regard critique, individuelles, y compris celle de ne pas tégie était à la fois bien conçue et efficace, occidentales qu’on arrivera à améliorer la Les médias se sont donné pour mission, que toutes les autres religions. (…) Notre croire. (…) Les musulmans qui nous entou- qu’elle a produit un effondrement rapide situation des femmes dans ce pays très depuis un mois, de nous présenter l’islam régime de séparation (celui de 1905, dont rent ont très exactement les mêmes quali- des talibans et de ses alliés et que dans la peu moderne. Il faut une action d’ensei- comme une religion ouverte, libérale, tolé- on espère que le centenaire sera célébré tés et les mêmes défauts, les mêmes droits majorité des cas la population s’est soule- gnement et d’intégration de très longue rante, bref comme une religion sympa. avec éclat) ne vise pas à protéger les inté- et les mêmes devoirs que les chrétiens, les vée et a accueilli en libérateurs l’opposi- haleine… Sans doute agissent-ils ainsi par mauvaise rêts des croyants mais à mettre à égalité juifs, les agnostiques et les athées. Ce que tion armée. Yasser Taima, Los Altos, conscience postcoloniale et amitié pour les croyants et les incroyants. Un des je n’admets pas, c’est la démission de l’in- On peut alors se poser sérieusement la (Californie) les musulmans de France : ce sont là deux droits fondamentaux de l’homme, qui est telligence face aux religions, l’intimidation question de la désinformation induite par mobiles très honorables mais qui n’autori- aussi du reste une des conditions du pro- discrète, l’autocensure paresseuse ou l’a priori antiaméricain qui semble guider CONSTATATION sent pas à utiliser tous les moyens, y com- grès scientifique, est le droit à l’hérésie, à prudente. (…) la majorité des commentateurs. Ce traite- Les Américains ont demandé à Bayer de pris ceux de la mauvaise foi, pour mainte- la dissidence et à l’incroyance (…). Dans Pierre Albertini, ment partisan de l’information, sous pré- réduire drastiquement le prix des médica- nir une vision enchantée. Ainsi, le renfor- un pays libre, aucune intimidation ne sau- courriel texte d’affirmer son indépendance d’es- ments contre le charbon. (…) Si je me sou- cement de la pratique religieuse chez les rait valoir contre ce droit fondamental prit, cette façon de se faire le porte-parole viens bien, les Etats-Unis ont soutenu les musulmans français nous est-il présenté – et les autorités britanniques l’ont admira- LES COMMENTATEURS de la propagande du camp réputé adverse, grands laboratoires pharmaceutiques comme une excellente chose. Toute criti- blement défendu en protégeant sans fai- ET LA GUERRE me semble particulièrement pervers. contre l’Afrique du Sud et le Brésil à que rationnelle de l’islam dit modéré est blir l’écrivain Salmann Rushdie lorsque sa L’ensemble des médias nous a docte- Georges Spitzer, propos de la production bon marché de assimilée à du racisme antiarabe ou, pis, à tête fut mise à prix, en février 1989. ment expliqué que la stratégie militaire Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) VIII / LE MONDE / JEUDI 22 NOVEMBRE 2001 GUERRE ÉCLAIR, DOUTE PERSISTANT Cette Amérique qui n’apprend rien par Noam Chomsky

EUX crimes monstrueux dans la joie » à ce résultat, procla- ont marqué le début du mait le New York Times, fier de cet- nouveau millénaire : les te « victoire du fair-play améri- Dattentats terroristes du cain », comme il le titrait. 11 septembre et la riposte à ces Le monde civilisé a été de nou- actions, qui a sans doute fait beau- veau, voilà quelques semaines, coup plus de victimes innocentes. « uni dans la joie » lorsque le can- Les atrocités du 11 septembre sont didat des Etats-Unis a effective- partout considérées comme un ment remporté le scrutin après les événement historique, et cela est sévères avertissements de Wash- absolument vrai. Mais il faut bien ington quant aux conséquences comprendre en quoi. d’un échec électoral. Le Washing- Ces crimes représentent peut- ton Post a expliqué que le vain- être le plus dévastateur tribut queur avait « centré sa campagne humain instantané qui ait jamais sur le rappel au peuple des difficul- été payé, si ce n’est en temps de tés économiques et militaires de guerre. Le mot « instantané » ne l’époque sandiniste » – c’est-à-dire doit pas être négligé : c’est hélas la guerre terroriste et l’étrangle- une réalité que les crimes sont loin ment économique organisés par d’être inhabituels dans les annales les Américains, qui ont ravagé le de la violence qui ne relève pas de pays. la guerre. Les suites n’en sont Pendant ce temps, le président qu’une des innombrables illustra- américain nous a instruits de la tions. « seule loi universelle » : toute for- La raison pour laquelle « le mon- me de terreur et de meurtre de ne sera plus jamais le même » « représente le mal » à moins, natu- après le 11 septembre, pour rellement, que nous n’en soyons reprendre l’expression communé- les agents. ment utilisée aujourd’hui, est L’attitude qui prévaut en Occi- ailleurs. Les dimensions de la dent à l’égard du terrorisme se catastrophe qui a déjà eu lieu en révèle très clairement dans la réac- Afghanistan, et ce qui peut encore tion à la nomination de John arriver, ne sont que conjectures. Negroponte au poste d’ambassa- Mais nous savons bien sur quelles deur des Nations unies dans la projections les décisions politi- « guerre contre le terrorisme ». A ques s’appuient. Et, à partir de là, l’actif de Negroponte, notons la imaginer où va le monde. Or le fonction de « proconsul » qu’il monde suit des chemins qui ne occupa dans les années 1980 au sont pas nouveaux. Honduras, où il dirigea sur place Dès avant le 11 septembre, des DANIEL MAJA la campagne terroriste pour millions d’Afghans ne survivaient laquelle son gouvernement a été – à peine – que grâce à l’aide ali- les Nations unies ont été interrom- ne. Il est donc naturel que ces évé- résolution du Conseil de sécurité condamné par la Cour internatio- mentaire internationale. Le 16 sep- Noam Chomsky pues, et les bombes américaines nements ne suscitent que peu d’in- appelant tous les Etats à observer nale de justice et par le Conseil de tembre, le New York Times révé- Linguiste américain de notoriété qui n’ont pas explosé ajoutent au térêt ou d’inquiétude, ni même ne la législation internationale. Ce à sécurité. Aucune réaction appa- lait que Washington avait « exigé mondiale, professeur danger, en particulier les redouta- vaillent la peine qu’on en parle. quoi les Etats-Unis ont mis leur remment. Même Jonathan Swift [du Pakistan] la suppression des au Massachusetts Institute bles éléments dispersés par les Les crimes du 11 septembre mar- veto, votant également, seuls avec serait sans voix. convois transportant une grande of Technology (MIT), bombes à fragmentation, beau- quent effectivement un tournant Israël (et à une unique occasion J’évoque le cas du Nicaragua partie des approvisionnements en Noam Chomsky est né en 1928. coup plus difficiles à éliminer. On dans l’histoire : non par leur avec le Salvador), contre de telles tout simplement parce qu’il est nourriture et autres produits de pre- Il est plus connu encore comme ne connaîtra pas le sort de ces mal- dimension, mais par le choix de résolutions de l’Assemblée généra- incontesté, compte tenu du juge- mière nécessité destinés à la popula- l’incarnation, depuis plusieurs heureux, on ne cherchera même leur cible. Pour les Américains, le des Nations unies. ment des plus hautes instances tion civile d’Afghanistan ». décennies, d’une pensée critique pas à le connaître, si l’on s’en réfè- c’est la première fois depuis que L’injonction de la Cour interna- internationales ; incontesté, du Il n’y a pas eu de réaction, sem- radicale qui ne ménage re au passé. Les enquêtes appro- les Britanniques ont incendié tionale de justice de mettre fin au ble-t-il, aux Etats-Unis ou en ni les Etats-Unis fondies sont réservées aux consé- Washington en 1814 que le territoi- terrorisme international et à ses Europe à l’annonce qu’un nombre ni les formes diverses de pouvoir quences des crimes imputables à re national fait l’objet d’une atta- crimes, et de verser de substantiel- En pratique, considérable d’êtres démunis et de domination. Viennent des ennemis officiels. Alors, on que, ou même d’une menace. les réparations, a été rejetée avec allaient être livrés à la famine et à de paraître de lui : 11/9 Autopsie comptabilise comme il convient Inutile de passer en revue ce mépris par toute la classe politi- le terrorisme est une mort lente. Dans les semaines des terrorismes (Le Serpent non seulement les morts immé- qu’il est advenu de ceux qui se que ; c’est même à peine si l’on a qui ont suivi, le premier journal de à plumes) et un livre diats mais le nombre infiniment sont opposés ou ont désobéi au parlé de ces votes. Washington a la violence commise la planète a informé que « la mena- d’entretiens, Deux Heures plus grand des victimes des politi- cours des siècles qui ont suivi. Le réagi immédiatement en intensi- ce de frappes militaires contrai- de lucidité (les arènes). ques qu’on condamne. Pour nos nombre des victimes est considéra- fiant la guerre économique et ter- contre les Etats-Unis gnait au départ les organisations propres crimes, si tant est qu’il y ble. Or, pour la première fois, les roriste. L’ordre officiel a égale- humanitaires internationales et ait enquête, les critères sont tout canons ont été pointés dans la ment été donné à l’armée merce- – quels qu’en soient compromettait les programmes d’as- menacés de famine si l’envoi des autres. On ne tient pas compte des direction opposée. Là est le chan- naire de s’en prendre à des cibles sistance ». « La vie là-bas ne tenait aides ne reprenait pas immédiate- conséquences. gement historique. C’est d’ailleurs non militaires, ce qu’on appelle les auteurs qu’à un fil, dit un humanitaire éva- ment et si les risques d’une action Dans le cas de l’Afghanistan, si aussi vrai, peut-être plus encore, les soft targets – des civils sans cué. Et ce fil a été coupé. » militaire n’étaient pas écartés. une enquête est menée, tout ce de l’Europe. L’Europe a subi de ter- défense –, et d’éviter le combat, Le Programme alimentaire mon- Après le début des bombarde- qui arrive sera attribué à d’autres ribles destructions, mais dans des comme elle a pu le faire grâce au moins, parmi ceux qui ont un mini- dial de l’Organisation des Nations ments, la FAO a mis en garde plus causes – la sécheresse, les tali- guerres internes. Les puissances contrôle américain du ciel et à un mum d’engagement en faveur des unies ainsi que d’autres associa- sérieusement encore contre une bans –, mais surtout pas à ceux européennes, en revanche, ont matériel de communication droits de l’homme et de la législa- tions ont pu effectuer quelques catastrophe humanitaire, et fait qui, consciemment et à dessein, conquis une grande partie du mon- sophistiqué fourni aux forces ter- tion internationale. On peut éva- expéditions de nourriture début savoir que les bombardements ont accompli des crimes dont ils de, pas très poliment. A quelques roristes agissant à partir de pays luer l’importance de cette catégo- octobre, mais il a fallu suspendre avaient interrompu les semailles savaient qu’ils allaient tuer en rares exceptions, leurs victimes de voisins. rie au nombre de fois où ces ques- les livraisons et la distribution à qui assurent 80 % des réserves en grand nombre des innocents. l’étranger ne les ont pas agressées. Ces ordres ont été considérés tions élémentaires sont ne serait- cause des bombardements, et ne céréales du pays, de sorte que les Ne s’en étonneront que ceux qui Le Congo n’a pas attaqué ou dévas- comme légitimes aussi longtemps ce que mentionnées. A partir de ce les reprendre que plus tard à un conséquences de la guerre seront ignorent tout de l’histoire récente. té la Belgique, ni l’Indonésie les que les critères pragmatiques seul exercice, on tirera de sombres rythme très ralenti. Ces organisa- Pays-Bas, ni l’Algérie la France. La étaient satisfaits. Un commenta- conclusions pour l’avenir si les tions ont condamné « sans appel » liste est longue et les crimes sont teur de premier plan, Michael Kins- idéologies et les centres du pou- les largages aériens américains, Dans le cas de l’Afghanistan, si une affreux. Rien d’étonnant, donc, ley, considéré comme le porte- voir existants imposent leur loi. Le « instruments de propagande » à que l’Europe ait été choquée par parole de la gauche dans les dis- cas du Nicaragua est loin d’être peine déguisés. Le New York Times enquête est menée, tout ce qui arrive sera les atrocités du 11 septembre. cussions générales, affirmait qu’il l’exemple le plus extrême. rapportait, sans commentaire, que Mais si ces événements mar- ne suffisait pas de rejeter les justi- Pendant les seules années Rea- le nombre des Afghans dépendant attribué à d’autres causes – la sécheresse, quent un changement dans les fications du département d’Etat gan, les Etats terroristes financés de l’aide alimentaire allait augmen- affaires du monde, il n’en va pas sur les attaques terroristes de par les Etats-Unis en Amérique ter de 50 % du fait des bombarde- les talibans –, mais surtout pas à ceux de même de leurs suites. Les Etats- cibles civiles : une « politique sen- centrale ont fait des centaines de ments, et représenter 7,5 millions Unis et d’autres dirigeants de la sée » doit « répondre favorable- milliers de morts, torturés et muti- de personnes. qui consciemment et à dessein ont accompli planète ont souligné à juste titre ment à l’analyse coût-bénéfice », lés, ils ont laissé des millions d’es- Autrement dit, la civilisation qu’affronter le monstre terroriste écrivait-il, une analyse des « quan- tropiés et d’orphelins, et quatre occidentale établit ses plans en for- des crimes dont ils savaient qu’ils allaient ne serait pas de courte durée, que tités de sang et de malheur répan- pays en ruine. Au cours de ces mant l’hypothèse qu’ils risquent c’était une mission de longue halei- dus, ainsi que des chances qu’en mêmes années, les exactions com- de conduire au massacre de plu- tuer en grand nombre des innocents ne. Il faut donc soigneusement émerge la démocratie ». La démo- mises dans une Afrique du Sud sieurs millions de civils innocents considérer les mesures qui peu- cratie au sens où l’entendent les soutenue par l’Occident ont tué – non pas les talibans, mais leurs vent être prises pour réduire ce élites occidentales, une interpréta- un million et demi de personnes et victimes. Le chef de la civilisation encore plus sévères l’an prochain. Les victimes ne sont-elles pas, en qu’on a appelé en haut lieu « le ter- tion que les pays de la région illus- causé 60 milliards de dollars de occidentale repoussait une fois de Aucune information n’a été don- fin de compte, les « tribus non civili- rible fléau du terrorisme », une trent très clairement. dommages. Sans parler de l’Asie plus avec mépris les offres de née à ce sujet. Ces appels restés let- sées » dont parlait avec condescen- calamité que propagent les Il va de soi qu’on a le droit de du Sud-Est, de l’Amérique du Sud négociation des talibans et leur tre morte se sont trouvés coïnci- dance Winston Churchill à propos « adversaires dépravés de la civilisa- conduire l’analyse et de poursui- et de beaucoup d’autres régions. demande que soit fournie une der avec la Journée mondiale de des Afghans et des Kurdes, voilà tion » dans un « retour du monde vre le projet si les tests ont été pas- Cette décennie n’a d’ailleurs preuve crédible qui justifierait les l’alimentation, également passée quatre-vingts ans, lorsqu’il voulait moderne à la barbarie ». Et pour sés avec succès. Et les tests ont rien qui la distingue des autres. exigences de capitulation. Son sous silence, de même que l’accu- utiliser les gaz toxiques afin de cela, bien entendu, commencer bien été passés avec succès. C’est commettre une grave erreur comportement a été considéré sation du rapporteur spécial des leur inspirer une « vive terreur ». par identifier cette calamité et les Quand le Nicaragua a finalement d’analyse que de dire du terroris- comme raisonnable et juste, peut- Nations unies selon lequel les Mais, là non plus, nous ne saurons éléments dépravés qui renvoient cédé sous l’assaut de la superpuis- me qu’il est une « arme du pau- être même héroïque. riches et les puissants avaient pas grand-chose des suites. le monde à la barbarie. sance, les commentateurs, toutes vre » comme on le fait souvent. Le rapporteur spécial de l’ONU amplement les moyens, mais pas Il y a dix ans, la Grande-Breta- L’anathème n’est pas nouveau. opinions respectables confon- En pratique, le terrorisme est la sur le droit à l’alimentation a plai- la volonté, de mettre fin à ce gne prenait l’initiative d’instaurer Je citais, en effet, le président dues, ont loué l’efficacité des violence commise contre les Etats- dé auprès des Etats-Unis l’arrêt de « génocide silencieux ». un « gouvernement ouvert ». La pre- Ronald Reagan et son secrétaire méthodes adoptées pour « ruiner Unis – quels qu’en soient les bombardements qui mettent «la Les frappes aériennes ont, selon mière de ses actions fut de faire d’Etat, George Shultz. L’adminis- l’économie et mener par procura- auteurs. On aura du mal à trouver vie de millions de civils en danger », la presse, transformé les villes en disparaître des archives nationales tration Reagan est entrée en fonc- tion une guerre longue et meurtriè- à cela une exception dans l’his- renouvelant l’appel du haut-com- « cités fantômes », les systèmes tous les dossiers relatifs à l’emploi tions il y a vingt ans en déclarant re jusqu’à ce que les populations toire. Et puisque les puissants déci- missaire chargé des droits de d’alimentation en eau et en électri- des gaz toxiques contre les tribus que la lutte contre le terrorisme locales épuisées renversent elles- dent de ce qui fait l’histoire, ce qui l’homme, Mary Robinson, qui cité ayant été détruits – une forme non civilisées. S’il est nécessaire international serait au cœur de la mêmes le gouvernement dont on passe au travers du filtre est le ter- avait mis en garde contre une de guerre biologique. A 70 %, la d’« exterminer les populations indi- politique étrangère des Etats- voulait se débarrasser », à un coût rorisme des faibles contre les forts catastrophe de type rwandais. Ces population aurait fui Kandahar et gènes », qu’il en soit ainsi, décla- Unis. Ces responsables ont répon- « minimal » pour nous, laissant et leurs clients. deux appels ont été rejetés, com- Herat, le plus souvent pour la cam- rait un ministre français de la du au fléau en organisant des cam- les victimes « à leurs ponts détruits, me l’ont été ceux des principales pagne, où en temps ordinaire de guerre, annonçant que l’opération pagnes de terrorisme internatio- à leurs centrales électriques sabo- Ce texte est un extrait associations humanitaires. Rien, dix à vingt personnes sont quoti- était en cours en Algérie, au milieu nal d’une dimension et d’une vio- tées et à leurs fermes dévastées », de la Lakdawala Memorial ou presque, n’a été dit de cela. diennement tuées ou estropiées du XIXe siècle. Ce ne devait pas lence sans précédent, ce qui a ce qui a donné au candidat améri- Lecture prononcée le 3 novembre L’Organisation pour l’alimenta- par les mines terrestres. Ces chif- être la dernière fois. même valu aux Etats-Unis une cain « une chance de gagner » et à Delhi (Inde). tion et l’agriculture (FAO) avait fres ont à présent terriblement C’est si facile. Ce qui arrive aux condamnation de la Cour interna- de mettre fin à « la pauvreté des Traduit de l’anglais (Etats-Unis) fait savoir fin septembre que plus augmenté. Afghans aujourd’hui est classique, tionale de justice pour « usage illé- habitants du Nicaragua » (Time par Sylvette Gleize. de 7 millions d’Afghans étaient Les opérations de déminage par cela fait partie de l’histoire moder- gal de la force » et entraîné une Magazine). Nous sommes « unis © Noam Chomsky.