L'univers Culturel De Macao
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Université Jean Moulin Lyon 3 École doctorale : Lettres - Langues - Linguistiques – Arts (3LA) L©univers culturel de Macao Une communauté culturelle sous le poids de la République Populaire de Chine par Anabel MONTEIRO CENIS thèse de doctorat d’Études de l'Asie et de ses diasporas sous la direction de Gregory LEE présentée et soutenue publiquement le 7 avril 2010 Membres du jury : Isabel Maria DACOSTA LORAIS, Professeur, Université St Jospeh (Macau) Jean-Pierre GIRAUD, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3 Siyan JIN, Professeur Université d'Artois Gregory LEE, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3 Remerciements Mes remerciements s’adressent en tout premier lieu à Monsieur le professeur Grégory B. LEE pour son écoute, sa disponibilité, ses précieux conseils et son soutien moral qui m’ont permis de mener à bien ce travail. Je remercie du plus profond de mon cœur mes parents, ma grand-mère et mes trois sœurs, Sandra, Véronique et Sylvie d’avoir toujours cru en moi et de m’avoir soutenu tout au long de ce projet malgré mes nombreux états d’âme et mes hésitations. Je remercie également ma belle-famille et ma belle-sœur, Emmanuelle, qui malgré la distance ont toujours su trouver les mots justes dans leurs encouragements. Je tenais à exprimer ma gratitude aux membres de l’Institut Culturel et Scientifique de Macao de Lisbonne, plus précisément à Mme Dora MARTINS et Mme Elisabeth COLA de m’avoir gentiment accueilli et permis l’accès à de nombreux ouvrages sur Macao. Ainsi qu’à Mme Otilia P. LAGE du Centre de Langue et de Culture Chinoise de l’Université Polytechnique de Porto. Je souhaitais également remercier Mme Isabel MORAIS de m’avoir gentiment aidé à me procurer les derniers ouvrages nécessaires à l’élaboration de ce travail lors de mon séjour à Macao. Je remercie également ma sœur Véronique et Mme Sophie CHAMULA-BENISTI pour l’aide apportée dans la correction de ce travail. Sans oublier mon mari qui m’a toujours soutenu et encouragé tout au long de mon parcours universitaire. Il a été pour moi une oreille attentive à toutes mes plaintes et mes incompréhensions sans quoi je me serais sans doute rapidement découragée. En ce sens, ce travail lui est également dédié. [Dédicace] À mes parents, Notes préliminaires • Les caractères chinois utilisés sont en caractères simplifiés et selon l’usage en caractères traditionnels. Pour leur transcription phonétique, la romanisation du pinyin sera utilisée dans cette étude. L’usage dialectal de certains mots tels que Sun Yat-sen, Hongkong, etc., et l’usage francisé du terme Beijing (Pékin) seront maintenus. • Les traductions des citations et des textes en langue anglaise, chinoise et portugaise sont de l’auteur même. • Emploi d’abréviations pour les termes suivants : VOC : Veerengide Oostindsche Compagnie (Compagnie des Indes orientales hollandaise) PCC : Parti Communiste Chinois RPC : République Populaire de Chine APL : Armée Populaire de Libération GMD : Guomindang (parti nationaliste chinois) ONU : Organisation des Nations Unies OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord COMCO : Commission Coordinatrice de l’Embargo Occidental contre les Pays Communistes COMCHI : Commission Chinoise de la COMCO URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques PSP : Police de Sécurité Publique DC : Déclaration Conjointe RAS : Région Administrative Spéciale Introduction Macau é uma ilha, não é? De facto, ha quatro séculos que é uma ilha perdida no mar imenso de nossa ignorância colectiva.1 Dans mon enfance, lorsque ma grand-mère portugaise évoquait le territoire de Macao elle faisait référence à une population et à une langue mi-chinoise et mi- portugaise. Cette simple description a très rapidement éveillé ma curiosité. Plus tard, par le biais de mes études de la langue et de la civilisation chinoise, mais également par ma connaissance de la civilisation et de la langue portugaises, je suis parvenue à satisfaire cet intérêt et à comprendre qu’une telle description était fort éloignée de la réalité. Il semble certain que beaucoup de personnes possèdent une connaissance très limitée, voire inexistante, de l’histoire politique et culturelle de ce territoire et à propos de ses habitants. Beaucoup d’idées reçues persistent encore dans sa représentation. Dans l’imaginaire populaire occidental, Macao demeure difficile à situer géographiquement et difficile à comprendre d’un point de vue historique et politique. En effet, dans la plupart des cas peu nombreux sont ceux qui savent que ce territoire était un ancien comptoir portugais, encore moins qu’il se situe en Chine. D’après leur représentation, il s’agirait d’une île perdue dans le fin fond des océans qu’un navigateur quelconque aurait découvert par hasard. C’est ce que résume parfaitement la citation de João Carvalho citée ci-dessus. De nos jours, cette vision est également associée à celle d’un « Las Vegas chinois », image que la presse occidentale ne cesse de transmettre lorsqu’elle parle de Macao. Désormais, ce territoire possède une réputation négative, celle de l’antre du jeu, de la drogue, de la violence et de la prostitution. Cette constatation est pour le moins regrettable à l’égard de l’héritage culturel portugais et de l’héritage culturel chinois étant donné que l’Histoire de Macao semble indissociable de l’Histoire de ces deux pays et de leurs relations à travers ce 1 « Macao est une île, n'est-ce pas ? En effet, il y a quatre siècles que c'est une île perdue dans la mer immense de notre ignorance collective » (notre traduction nous soulignons). Citation extraite de l’œuvre de João Carvalho, Taipa e Coloane : Macau da outra banda, Macau, Livros do Oriente, 1998, p.7. territoire. Ces derniers ont tous deux joué un rôle important dans son évolution géographique et politique et ont fortement contribué à façonner l’identité culturelle de ses habitants. En ce qui concerne la Chine, l’Histoire politique de ce territoire constitue toujours une humiliation, c’est la raison pour laquelle elle désire effacer des manuels d’Histoire cette présence étrangère tant d’un point de vue politique que culturel. Ce qui compte avant tout pour elle c’est l’enjeu économique qu’il représente, ce dernier est vulgairement appelé le « tiroir caisse » de la Chine. Touefois, les dirigeants chinois tentent de tirer profit du patrimoine culturel de Macao en renfoçant et en divulgant l’idée que Macao sert de pont entre l’Orient et l’Occident. Quant au Portugal, la tradition historique a beaucoup de valeur aux yeux de la Nation portugaise, c’est pourquoi dans les nombreux ouvrages historiques portugais, Macao est représenté comme une colonie portugaise de fait comme l’ont été le Brésil, l’Angola et bien d’autres.2 De plus, ces ouvrages revendiquent fièrement l’influence de la culture portugaise dans l’univers culturel du territoire. Mais la réalité est bien plus complexe. Il serait bien simpliste de penser qu’il s’agit d’un mélange de la culture portugaise et de la culture chinoise. En effet, cet univers culturel comporte également de nombreuses influences culturelles provenant de l’Asie du Sud-est telles que les cultures transmises pendant les activités commerciales, celles des esclaves transportés par les marchands portugais au cours de leurs nombreux déplacements et celles des immigrés des villes avoisinantes qui fuyaient les divers conflits intérieurs et extérieurs. Macao, petite enclave portugaise en Chine fondée il y a plus de quatre cents ans par des marchands et des missionnaires jésuites originaires du Portugal, fut restituée à la République Populaire de Chine il y a dix ans. Ce territoire situé au sud-est du continent chinois dans l’estuaire de la rivière des Perles, à une centaine de kilomètres de Hongkong, a de nos jours une superficie totale de 27,3 km2. Il se compose de la péninsule de Macao (Aomen bandao 澳澳澳澳) reliée au continent chinois par un isthme étroit, de l’île de Taipa (Taicundao 澳澳澳) reliée à la péninsule par deux ponts : le pont Nobre de Carvalho également appelé pont Macao-Taipa (Aotai daqiao 澳澳澳澳) et le pont de l’amitié (Youyi daqiao 澳澳澳澳), et de l’île de Coloane (Ludao 澳澳) reliée à Taipa par l’isthme de Cotai (Lutai 澳澳) (voir Annexes cartes).3 2 Depuis 1976, ce territoire n’est plus reconnu comme une colonie dans la constitution portugaise mais comme un territoire chinois sous occupation portugaise. 3 La péninsule de Macao compte à elle seule une superficie de 8,7 km2, les îles de Taipa et de Coloane ont une superficie de 6,3 km2 et de 7,6 km2 respectivement puis l’isthme de Cotai (remblais À partir du XVIe siècle, plus précisément en 1557, le port de Macao prit forme grâce à l’installation progressive des marchands portugais sur une petite parcelle de l’Empire chinois de la dynastie des Ming. Malgré la menace que pouvait représenter cette présence étrangère pour les autorités chinoises, celles-ci tolérèrent leur présence dans le territoire afin d’empêcher une alliance avec les pirates japonais qui infestaient les côtes du continent chinois et afin de profiter de la source de revenus que leur apportaient les marchands portugais. Petit à petit, les marchands portugais y édifièrent une ville et en firent pour les puissances étrangères une porte d’entrée pour la Chine. Cette stratégie de « tolérance » qui fut appelée la « formule de Macao » servait à la fois les intérêts des marchands portugais et ceux des autorités chinoises. D’un côté, ces étrangers pouvaient continuer de commercer avec l’Empire chinois et les pays de l’Asie du Sud-est, de l’autre, les autorités chinoises pouvaient les utiliser contre les pirates japonais et par la même occasion renflouer les caisses de l’Empire. En s’installant sur le territoire de Macao, les marchands portugais étaient parfaitement conscients qu’il appartenait à l’Empire chinois et qu’ils n’en étaient pas les maîtres.