La Bibliothèque De Pierre Bergé
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la Bibliothèque de Pierre Bergé QUATRIÈME vente 14 décembre 2018 en association avec la Bibliothèque de Pierre Bergé quatrième vente À la mémoire de Pierre Bergé (1930-2017) en association avec Vendredi 14 décembre 2018 à 15 heures Drouot Richelieu salle 9 9 rue Drouot, 75009 Paris Expositions : Exposition privée, sur rendez-vous Librairie Forgeot, 4 rue de l’Odéon, 75006 Paris 26 novembre-8 décembre 2018 Contact: Andrea Gaborit + 33 (0)1 42 84 00 00 Exposition publique Drouot Richelieu salle 9 mercredi 12 décembre 2018 de 11 heures à 18 heures jeudi 13 décembre 2018 de 11 heures à 21 heures Téléphone pendant l’exposition publique et la vente : + 33 (0)1 48 00 20 09 Contacts pour la vente : Eric Masquelier T. + 33 (0)1 49 49 90 11 [email protected] Benoît Puttemans T. + 33 (0)1 53 05 52 66 [email protected] en association avec Commissaire-priseur Antoine Godeau Experts Benoît Forgeot 4 rue de l’Odéon, 75006 Paris T. +33 (0)1 42 84 00 00 E. [email protected] Stéphane Clavreuil 23 Berkeley Square, London, W1J 6HE T. +44 798 325 22 00 E. [email protected] Ghislaine et Jacques T. Quentin 9-11 place de la Fusterie, 1204 Genève, Suisse T. +41 (0) 22 311 14 33 E. [email protected] Direction artistique Alexandre Wolkoff - Agence Wolkoff et Arnodin Maquette : © 2015, Alexandre Wolkoff PRISES DE VUE Stéphane Briolant www.labibliothequedepierreberge.com Un défilé de papier Pierre Bergé conseillait volontiers à ses interlocuteurs la lecture d’une nouvelle de Fernando Pessoa intitulée Le banquier anarchiste. Au soir de sa vie, un financier répond à un jeune homme qui l’interroge sur ses engagements de jeunesse, le soupçonnant de les avoir trahis. Le vieil homme démontre combien il leur avait été au contraire fidèle, œuvrant dans la discrétion mais avec détermination, usant des moyens que sa réussite professionnelle lui avait accordés – à rebours des militants patentés. Jouant de l’effet de miroir, comme il le fit avec les livres de sa bibliothèque, l’ancien compagnon d’Yves Saint Laurent, mécène et homme d’affaires comblé, livrait ainsi une des clefs de sa personnalité. Or s’il fallait définir Pierre Bergé en un mot, c’est bien celui de fidélité qui s’imposerait aussitôt : fidélité à ses amis comme à ses engagements, fidélité à ses passions, fidélité en somme au jeune Oléronais “monté à la capitale” à l’âge de dix-huit ans. Fidélité de même aux arts pour lesquels il voua, sa vie durant, un culte ardent – musique, peinture et littérature mêlées. Le bibliophile s’inscrit dans cette histoire singulière. Ayant débuté comme courtier en livres rares, Pierre Bergé fit sien le jugement de Montaigne, un de ses auteurs de prédilection : “C’est la meilleure munition que j’ai trouvée à cet humain voyage.” Libre de toute spécialisation ou d’un carcan chronologique, la quatrième vente de la bibliothèque de Pierre Bergé propose un florilège faisant écho aux multiples facettes de l’amateur : si la littérature s’y taille bien entendu la part du lion, d’autres domaines rappellent les intérêts de l’homme pour la botanique et l’art des jardins, la philosophie ou l’histoire. On y trouve encore quelques grands livres illustrés – goût surprenant pour ce disciple de Flaubert lequel refusait qu’on illustrât ses romans – ainsi que des ouvrages liés aux lieux de sa mémoire, qu’ils évoquent le Maroc, comme la Description de l’Afrique (1556), ou qu’ils aient été imprimés à La Rochelle ou à Aix-en-Provence. Ses amis – Jean Cocteau, Jean Giono ou Bernard Buffet – y côtoient enfin les témoins de son aventure personnelle, telle L’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure que la veuve de ce dernier offrit au jeune homme avant son départ pour Paris. Par sa diversité et son ouverture hors du commun, cette vente invite à un voyage à travers l’histoire du livre où se découvrent, côte à côte, officiels et hétérodoxes, jardiniers et romanciers, militants et poètes. Le Propriétaire des choses, encyclopédie médiévale illustrée imprimée à Lyon au XVe siècle, voisine avec un exemplaire conservé dans son vélin d’origine de la première édition des Essais de Montaigne ou avec l’exemplaire fameux entre tous de Du côté de chez Swann, le numéro 1 sur papier du Japon que Marcel Proust offrit à Lucien Daudet. Les grandes Chroniques de Monstrelet imprimées sur vélin et enluminées à l’époque précèdent le livre fondateur de la botanique moderne de Leonhart Fuchs publié en 1542, dont l’exemplaire ici colorié a appartenu à un proche de Montaigne, le président de Thou, puis le merveilleux exemplaire relié par Gomar Estienne, relieur du roi, des Dix premiers livres de l’Iliade (1545), traduits par le poète Hugues Salel à la demande de François Ier, ou deux exemplaires célèbres, sur grand papier, d’œuvres de Gustave Flaubert : Madame Bovary (1857) portant une dédicace à Lamartine et Salammbô (1863) offert à Hector Berlioz. On y voit encore une collection de lettres autographes d’Édouard Manet adressées à son ami et premier défenseur Émile Zola, le manuscrit autographe des Pompes funèbres de Jean Genet ou l’exemplaire du Grand Meaulnes offert par Alain-Fournier à Charles Péguy – quelques mois avant que les deux amis ne soient tués sur le front, dès le début du conflit. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la manie bibliophile à laquelle Pierre Bergé prétendait avoir longtemps résisté s’enracinait d’abord dans le goût de la lecture. Sa bibliothèque est ainsi nourrie de tous ces textes qui l’accompagnèrent sa vie durant, compagnons fidèles dont il s’ingénia à dénicher les premières éditions, entre autres : Clément Marot, Maurice Scève et ceux de la Pléiade, Montaigne bien entendu, Cervantès, Blaise Pascal, son cher Flaubert, Oscar Wilde, les anarchistes Stirner ou Bakounine, Jean Giono – “ce que je lui dois est indicible”, avoua-t-il –, les dynamiteurs André Breton, René Crevel, Céline ou Genet – “tous ceux qui jettent des bombes dans les jambes de la société” –, Raymond Radiguet, Jean Cocteau, ou encore André Gide, qui fut pour la génération du collectionneur bien plus que le Contemporain capital : un professeur de liberté. Compagnon fidèle mais demeuré dans l’ombre des créateurs – de Bernard Buffet, d’Yves Saint Laurent ou de Madison Cox –, Pierre Bergé signe ici sa propre collection : exactement soixante ans après la collection Trapèze qui devait imposer Yves Saint Laurent, il convie le lecteur à un défilé qui promet d’être mémorable. 825 ARISTOTE. Ethica ad Nicomachum.- Politica.- Oeconomica. [Traduction latine de Leonardus Brunus Aretinus].- Leonardus Brunus Aretinus. Epistola ad dominos Senenses. Sans lieu ni date Première [Strasbourg, Johann Mentelin, avant le 10 avril 1469]. apparition In-folio gothique [287 x 214 mm] de (496) ff. de 498 [les feuillets blancs 8d et m10 n’ont pas été conservés] : maroquin rouge, dos à nerfs richement orné, plats encadrés d’une succession de filets imprimée dorés et à froid avec fleurons dorés sur les côtés, coupes filetées or, roulette dorée en encadrement d’Aristote intérieur, tranches dorées (reliure anglaise du XIXe siècle). Important incunable issu des presses de Jean Mentelin. Premier imprimeur de Strasbourg, actif de 1460 à 1477, il a produit 41 ouvrages, dont ce maître livre de la philosophie occidentale. Édition princeps de la traduction de Leonardo Bruni (1370-1444). La version latine marque une date dans l’histoire de l’humanisme du Quattrocento. Le chancelier florentin ne cessa de s’appliquer à la restauration de l’aristotélisme, critiquant la tradition médiévale des textes corrompus par les scolastiques : “J’ai voulu qu’on cessât de chercher Aristote à travers les énigmes et les sottises d’interprètes ignorants et mensongers.” Sa version latine sera réimprimée à de nombreuses reprises en Italie, à Oxford en 1479, à Barcelone (premier livre imprimé dans la cité catalane), puis récupérée dans les éditions données par Jacques Lefèvre d’Étaples. Très bel exemplaire relié en Angleterre au début du XIXe siècle. Provenance : Sir John Hayford Thorold avec ex-libris gravé (cat. 1884, nº 169).- William Ridler. - J.W. Pease, avec ex-libris.- Lord Wardington (cat. II, Incunabula, 2006, n° 2). Le cahier ‘e’ a été relié par erreur à la fin avec la variante “[D]e Iustitia iniustitia considerandum est…” Grande initiale peinte en rouge et bleu au feuillet a1 ; 14 grandes initiales peintes en rouge et noir dans le texte et très nombreuses initiales dans le texte. La moitié d’un feuillet, qui ne comportait aucun texte, manquante, a été remplacée au moment de la reliure. GW 2367.- H 1762.- BMC I, n° 53.- Goff, A-397.- CIBN, A-512.-Franceschini, Leonardo Bruni e il Vetus Interpres dell’Etica a Nicomaco, in Medioevo e Rinascimento : Studi in onore di Bruno Nardi (Florence, 1955), pp. 29-319. 30 000 / 40 000 € 826 PISAN, Christine de. Le Livre de Paix. Manuscrit réalisé en Flandre, vers 1470. Manuscrit sur vélin in-folio [304 x 198 mm] de (86) ff. les deux premiers et les deux derniers blancs : veau fauve raciné, dos à nerfs recouvert de maroquin rouge à grain long orné de caissons de filets dorés avec fleurs de lys dorées dans les angles et alternance au centre de fleurs de lys et du chiffre couronné du roi Louis XVIII, double filet et roulette fleurdelisée dorés encadrant les plats, coupes et bordure intérieure décorées (Lefebvre). Superbe manuscrit exécuté vers 1470 pour Jean V de CrÉquy : il est orné d’une grande miniature par Jean Hennecart. La peinture au premier feuillet représente Christine de Pisan (1364-1430) offrant son livre au dédicataire Louis de Guyenne : en pied les armoiries peintes du commanditaire, J.