Le Paysage Médiatique Congolais État Des Lieux, Enjeux Et Défis
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Le paysage médiatique congolais État des lieux, enjeux et défis OCTOBRE 2008 Le paysage médiatique congolais Le Marie-Soleil Frère Marie-Soleil Frère Le paysage médiatique congolais État des lieux, enjeux et défis Octobre 2008 Cette étude a été réalisée sous la supervision de France Coopération Internationale, avec l’appui de la coopération britannique et de la coopération française Auteurs Marie-Soleil Frère est Chercheur qualifié du Fonds National de la Recherche Scientifique à l’Université Libre de Bruxelles. Ses travaux portent sur les médias en Afrique francophone et leur rôle dans les processus politiques contemporains (démocratisation, élections, conflits, construction de la paix…). Elle a publié Afrique centrale. Médias et conflits. Vecteurs de guerre ou acteurs de paix (Bruxelles, Éditions Complexe, 2005), Presse et démocratie en Afrique fran- cophone (Paris, Karthala, 2000) et Médias et communications sociales au Burkina Faso (Paris, L’Harmattan, 2003). Elle a effectué de nombreuses missions en République démocratique du Congo dans le cadre de projets d’appui aux médias menés par l’Institut Panos Paris, l’APEFE (Association pour la Promotion de l’Éducation et de la Formation à l’Étranger), l’Organisation Internationale de la Francophonie, la Coopération Universitaire au Développement (Belgique). IMMAR est un institut d’études et de conseil en médias et marketing spécialiste du Maghreb et de l’Afrique francophone. A ce titre, il a réalisé, depuis 1998, de nombreuses études sur les médias dans 25 pays de ces régions, et plus particulièrement en RDC, où une étude d’audience annuelle de portée nationale est conduite depuis 2002. Pour la présente étude, IMMAR a élaboré les outils et la méthodologie de l’analyse quantitative, réalisé la collecte des informations sur le terrain, le traitement statistique des données recueillies et l’analyse des résultats obtenus. L’équipe d’IMMAR, composée de Brahim Sail, Xavier Long, Willy Katupa et Marc Ngwanza, a également mené les entretiens semi-directifs avec différentes personnalités politiques et les principaux annonceurs. Elle a aussi dressé les tableaux récapitulatifs figurant en annexe (annexes 3, 4 et 5). Remerciements Cette étude a nécessité la collaboration et la contribution d’un très grand nombre de personnes que l’auteure souhaite ici remercier. D’abord, ceux et celles qui ont accepté de participer aux entretiens semi-directifs et dont la liste figure en annexe. Ensuite, plusieurs associations, orga- nisations et institutions ont permis à l’auteure d’accéder à un certain nombre d’archives et de données chiffrées. Nous souhaitons remercier particulièrement la Haute Autorité des Médias, l’OMEC, les directions du journal Le Potentiel, de la Radio Maendeleo et de la Radio Télévision Mwangaza, ainsi que Search for Common Ground, la Fondation Hirondelle et l’Institut Panos Paris. Des versions préalables de cette étude ont pu bénéficier de la relecture critique et des sugges- tions de personnes ressources expertes auxquelles nous voulons exprimer notre gratitude : Donat M’Baya Tshimanga, Isidore Kabongo, Pierre N’Sana et Emmanuel Kabongo Malu. Les remarques et propositions émanant de l’équipe des commanditaires, en particulier Olivier Lechien, Mary Myers et Alan Dreanic, ont aussi permis d’enrichir le travail. Enfin, l’auteure est également redevable aux personnes ayant contribué à la conception graphique de ce document (la maquettiste Nancy Cossin), ainsi qu’à son illustration (les photographies de Pierre Martinot, Philippe Delchambre, Mary Myers, Yves Kalikat, SFCG, Freddy Mutombo et de l’Institut Panos Paris). Si l’auteure a tâché d’être à la hauteur de la confiance que lui ont accordée toutes ces personnes qui ont accepté de lui répondre, de lui fournir de l’information ou de lui prodiguer des conseils, elle demeure seule responsable des erreurs factuelles ou d’analyse que peut comprendre le présent document. « Les contenus de cette étude peuvent être librement reproduits ou diffusés par tout média ou toute institution qui le souhaiterait à condition que les références soient clairement mentionnées. » Synthèse de l’étude © IPP Contexte de l’étude Les médias de la République démocratique du Congo (RDC) jouent un rôle majeur dans l’évolu- tion politique et sociale du pays. Pour fonder une stratégie d’intervention visant à en consolider et en professionnaliser les acteurs, il importe de poser un diagnostic préalable du secteur, afin de cerner comment les médias congolais peuvent contribuer plus efficacement à la consolidation de l’État de droit et de la paix. Le but de la présente étude est de dresser un état des lieux du secteur des médias au Congo, arrêté à la date du 31 octobre 2008. A la demande du projet franco-britannique « Médias pour la démocratie et la transparence en RDC », un groupe d’experts et une société spécialisée en études d’audience, IMMAR, ont mené à bien un vaste travail de collecte de données qualitatives et quantitatives, visant à décrire le fonctionnement des médias (écrits et audiovisuels), ainsi que les comportements de consommation des publics, dans sept villes congolaises et six localités rurales. Le présent rapport s’appuie essentiellement sur ces données, collectées en 2006, 2007 et 2008, par le biais d’une soixantaine d’entretiens semi-directifs effectués à Kinshasa et en province, et d’une étude d’audience statistique annuelle portant sur un échantillon de plus de 3 000 individus. État des lieux Le paysage médiatique congolais a connu un développement extraordinaire ces dernières années, passant, en moins de vingt ans, du monopole d’une poignée de médias gouvernementaux à une offre foisonnante, mais inégalement répartie. Le pays compte, en octobre 2008, 341 stations de radiodiffusion (dont une seule, Radio Okapi, émet sur l’ensemble du territoire) et plus de 600 titres de presse déclarés, pour la plupart irréguliers sur le marché. On dénombre en outre 82 chaînes de télévision, dont trois – la Radio Télévision Nationale du Congo (RTNC), Digital Congo et la Radio Télévision du Groupe L’Avenir (RTG@) – peuvent émettre par satellite à partir de Kinshasa et être rediffusées dans certaines provinces du pays. C’est dans la ville de Kinshasa que se concentre l’activité médiatique puisque la capitale héberge 51 de ces chaînes de télévision, émettant en clair, ainsi que 41 stations de radio- diffusion en FM, les 10 quotidiens réguliers du pays, 15 périodiques et une vingtaine des journaux paraissant à l’improviste (plus de 125 journaux déclarés pour cette seule ville). Synthèse de l’étude Les principales publications (dont le tirage plafonne à 1 500 exemplaires) sont donc éditées à Kinshasa, tandis que la presse de province est périodique et sa parution souvent aléatoire. La diffusion pose un problème crucial vu l’absence de réseaux de transport et la faiblesse du pou- voir d’achat du lectorat potentiel. Les journaux s’expriment exclusivement en français et sont en général des initiatives privées appartenant à un seul individu. Dans l’audiovisuel, la typologie est plus diversifiée. Le secteur communautaire et associatif est dominant dans le domaine radiophonique (avec 133 radios, dont trois seulement situées à Kinshasa), mais peu présent dans le créneau télévisuel (avec trois initiatives). Les opérateurs privés commerciaux (qui sont au nombre de 91 pour l’ensemble du pays) sont généralement mixtes, alliant radio et télévision. Ils côtoient 104 opérateurs confessionnels, liés aux Églises catholique, protestante, kimbanguiste, mais aussi, surtout à Kinshasa, aux Églises dites « du Réveil ». S’ajoutent à ce panorama les médias publics (la Radio Télévision Nationale du Congo et ses diverses antennes locales), la radio onusienne (Radio Okapi, liée à la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC)) et les radios internationales disponibles en FM ou par le biais de décrochage sur les ondes des radios locales. Quelques fournisseurs de reportages écrits (quatre agences de presse) et de programmes radio- phoniques ou télévisuels jouent également un rôle important d’information, en diffusant leurs propres productions ou en les mettant à disposition des médias locaux qui les relaient. Si l’offre se développe considérablement, l’étude statistique montre également que la consom- mation médiatique des Congolais s’accroît. Les taux d’équipement sont très élevés, surtout pour l’audiovisuel et les centres urbains. La radio reste le média le plus courant en RDC avec un taux d’équipement qui varie, pour les zones urbaines, de 97 % (Kinshasa) à 92 % (Goma). Dans les localités rurales, les taux d’équipement sont parfois nettement inférieurs (dans la localité de Bundu, dans la Province Orientale, il n’atteint que 64 %), mais la radio arrive toujours largement en tête par rapport aux autres médias. La télévision talonne la radio dans les grandes villes : 97 % à Kinshasa, 90 % à Lubumbashi, 92 % à Matadi, 82 % à Mbuji Mayi, 69 % à Bukavu, 65 % à Goma et 61 % à Kisangani. Elle est nettement moins présente dans les localités rurales (entre 27 % et 60 % pour les localités sondées) et se positionne en général après le téléphone mobile. Ce dernier connaît une pénétration importante dans l’ensemble du pays : le taux d’équipement est de 72 % à Lubumbashi, 68 % à Kinshasa, 70 % à Mbuji Mayi, 68 % à Matadi, 53 % à Bukavu, 54 % à Goma et 45 % à Kisangani. Dans les localités rurales, il atteint entre 10 et 45 %. Quant aux utilisateurs d’Internet, il sont également de plus en plus nombreux : avec une croissance de plus de 35 % entre 2002 et 2007, le Web est fréquenté par plus de 230 000 internautes, dans les milieux urbains essentiellement. Les pratiques de consommation analysées par type de média et en fonction des tranches d’âge, du sexe et du niveau d’étude des publics sondés révèlent que la presse écrite et Internet recrutent leur audience auprès des individus les plus instruits (et majoritairement de sexe masculin), alors que la consommation de la radio est généralisée dans toutes les tranches d’âge et pour les deux sexes.