Lapurdum Euskal ikerketen aldizkaria | Revue d'études | Revista de estudios vascos | Basque studies review

Numéro Spécial 1 | 1999 Les lettres basques au temps d'Axular (1600-1650) Euskal literatura Axularren aroan

Jean-Baptiste Orpustan (dir.)

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/lapurdum/1586 DOI : 10.4000/lapurdum.1586 ISSN : 1965-0655

Éditeur IKER

Édition imprimée Date de publication : 1 octobre 1999 ISBN : 2-84127-157-9 ISSN : 1273-3830

Référence électronique Jean-Baptiste Orpustan (dir.), Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999, « Les lettres basques au temps d'Axular (1600-1650) » [Linean], Sarean emana----an 01 avril 2009, kontsultatu 19 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/lapurdum/1586 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lapurdum.1586

Ce document a été généré automatiquement le 19 mars 2020.

Propriété intellectuelle IKER UMR 5478 1

SOMMAIRE

Mot d'accueil et introduction Jean-Baptiste Orpustan

Un type de « paratexte » dans la littérature basque de la première moitié du XVIIe siècle : les dédicaces (« Idatzinguru » mota bat XVII-garren mende hastapeneko euskal literaturan : eskaintzak) Jean-Baptiste Orpustan

Les prologues auctoriaux des ouvrages basques des XVIe et XVIIe siècles Bernard Oyharçabal

Géotemporalité de l'enfer dans le gvero de Pedro de Axular Aurélie Arcocha-Scarcia

Gero-ren bi parteak Jean Haritschelhar

Axularren erretorikaz Patxi Salaberri Muñoa

Axular euskal hitzen ordenaren historian Victor Hidalgo Eizagirre

L'éducation en Espagne au XVIe siècle d'Urdax à Salamanque Yvette Cardaillac-Hermosilla

Axularren garaiko sermoi argitaragabe bat : erunt signa in sole, et luna, et stellis. l. 21., goure ginco omnipotantac... aurkezpena, oharrak eta transkripzioa. Patri Urkizu

Joannes Etcheberri ziburukoa : noelac eta testu kritika Isaac Atutxa

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 2

Mot d'accueil et introduction

Jean-Baptiste Orpustan

1 Mesdames et messieurs,

2 Bienvenue à ce cinquième colloque organisé à Bayonne par notre unité de recherche depuis sa création, et tous nos remerciements à la direction de cette faculté qui nous accueille ici. A ce colloque, programmé depuis quelque temps et remis pour raisons d'opportunité, et qui peut aujourd'hui se tenir ici, et à ceux qui l'ont précédé, il convient d'ajouter ceux où notre unité a été partenaire de l'Académie de la langue basque- (Bonaparte et Dialectologie, Oyhénart, Elissamburu, Abbadie d'Arrast). Tous ces travaux sont aujourd'hui disponibles dans les Actes publiés ici ou là. 3 Avant d'en venir au sujet de ces deux journées, il me revient de vous informer sur l'unité et sa composition. A l'heure actuelle, étant donné qu'on ne peut statutairement appartenir qu'à une seule unité de recherche, associée au CNRS (comme la nôtre) ou non, même si des chercheurs extérieurs appartenant à d'autres unités peuvent s'associer à ses travaux, les membres de l'unité sont : Jacques Allières, Professeur émérite de Toulouse II, Aurélie Arcotxa-Scarcia, Maître de Conférences à Bordeaux III, Jean Casenave, docteur en Études Basques, Jean Haritschelhar, Professeur émérite de Bordeaux III, Michel Morvan, Docteur en Études Basques, Bernard Oyharçabal, Directeur de Recherches au CNRS, Charles Videgain Maître de Conférences à Pau et Jean-Baptiste Orpustan, Professeur à Bordeaux III, Directeur de l'Unité depuis 1989 et qui cédera la direction de l'Unité à M. Bernard Oyharçabal à partir du 2 mai prochain. Par ailleurs, et sur la volonté expresse du CNRS, notre unité « propre de recherche associée » est en passe de se transformer en UMR « Unité mixte de recherches », avec le même intitulé et le même objectif : la recherche sur la langue basque et tout ce qui s'est écrit, noté, improvisé (littérature orale incluse) en langue basque hier et aujourd'hui. La transformation en UMR suppose qu'un accord, dont le principe est déjà acquis, soit passé entre l'Université de Bordeaux III et celle de Pau et Pays de l'Adour, les seules à préparer et à délivrer des diplômes d'Études Basques : l'UMR associera ainsi officiellement le CNRS aux deux universités pour conforter et développer la recherche sur la langue basque et l'écrit basque, avec de nouveaux chercheurs docteurs en Études Basques, et en collaboration, comme l'ont fait nos travaux précédents et ce colloque lui-même, avec des chercheurs extérieurs aux deux universités.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 3

4 Le sujet de ce colloque paraîtra un peu « classique » : Axular n'est-il pas le plus connu de nos auteurs et le plus universellement (mais seulement chez les connaisseurs de la littérature de langue basque…) admiré et reconnu ? Pourtant à la lecture d'un ouvrage récent (Los escritores hitos de la literatura clasica euskérica, Sancho el Sabio 1996), je remarque qu'on (c'est-à-dire en l'occurrence M. P. Altuna) s'interroge encore sur la date de naissance d'Axular (vers 1556, ou plus de 15 ans plus tard vers 1572 ?), sur la période de son séjour à Salamanque assez récemment découverte (années 1580 ou années 1590 ?), sur la structure même de Guero et son fameux « bi partetan partitua eta berecia » ? A plus forte raison y a-t-il matière à recherche et analyse autour d'Axular, chez ses nombreux contemporains, labourdins ou souletins, qui publièrent des livres en basque à son époque, la première moitié du XVII e siècle pour la production la plus dense, mais qui peut aussi s'étendre du temps de Liçarrague (1571) à celui d'Arambillague (1684), sinon même d'Etcheberry de Sare (1712) qui se réclame encore tant de son maître et devancier le curé de Sare. Et puis tous les épigones, imitateurs, traducteurs, éditeurs et rééditeurs du Guero jusqu'au XIX e siècle inclus ne touchent-ils pas encore à la recherche « axularienne » ? 5 A toutes ces questions, et quelques autres, on ne s'étonnera pas si nous n'apportons durant ces deux journées et dans la douzaine de communications présentées, que des réponses ponctuelles et partielles, sinon parfois de nouvelles questions qui demanderont elles-mêmes de nouveaux chantiers de recherche. Aux travaux portant sur la littérature et. la langue basques proprement dites, s'ajouteront quelques exposés de chercheurs d'autres disciplines sur l'environnement social, éducatif, historique, dans lequel s'inscrit l'essor de la littérature et de l'écrit en langue basque au début du XVIIe siècle, et qui a eu sur cet essor et les auteurs qui l'ont assuré, une influence déterminante et encore trop mal mesurée. Cette dimension pluridisciplinaire a été un trait constant de nos colloques, dans la mesure où le sujet s'y prêtait, et celui-ci, évidemment, l'exigeait tout particulièrement 6 Les communications se feront en basque ou en français, selon la volonté des auteurs, et peut-être l'opportunité du public présent, et chaque communication pourra être suivie de quelques questions dans la mesure de la disponibilité horaire. 7 N.B. Les communications et conférences, présentées lors du colloque selon les possibilités horaires des communicants, ont été regroupées et ordonnées par discipline pour ces Actes, conformément à la présentation habituelle des articles de notre revue LAPURDUM, dont ils feront le premier « numéro spécial ». De même, et suivant la règle du CNRS, toute communication qui n'est pas écrite en français est suivie d'un résumé assez substantiel en français : il s'agit, tout le monde le sait, de pouvoir communiquer les recherches et leurs résultats au public le plus large possible.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 4

INDEX

Thèmes : littérature, philologie Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), littérature basque, écrivain classique Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle

AUTEUR

JEAN-BAPTISTE ORPUSTAN

Professeur à Bordeaux III, Directeur de l'UPRESA 5478 [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 5

Un type de « paratexte » dans la littérature basque de la première moitié du XVIIe siècle : les dédicaces (« Idatzinguru » mota bat XVII-garren mende hastapeneko euskal literaturan : eskaintzak)

Jean-Baptiste Orpustan

Introduction : du « paratexte » à la dédicace et à ses fonctions (Idatzingurutik eskaintzara, eta hunen egitekoetara)

1 Les lecteurs des écrits basques du XVII e siècle, et du XVI e déjà, savent d'emblée, par l'exemple de Liçarrague en 1571, d'Axular en 1643, l'importance que peut prendre dans la littérature et l'histoire de la littérature une dédicace, écrit pourtant annexe et extérieur au corps central de l'ouvrage, ce qui définit précisément le « paratexte ». Par rapport à la nature des ouvrages en question, textes de religion à l'usage exclusif ou presque exclusif de l'église et des croyants, les dédicaces ont un caractère par divers côtés « profane » et par là plus ou moins étranger au sujet du livre, ne serait-ce que par la place qu'y tiennent le dédicataire et son éloge obligé ; pour cette raison et parce que l'une de leurs fonctions est de répondre à un projet proprement littéraire et esthétique, ce qui n'est pas précisément le but premier des ouvrages de dévotion, ces dédicaces se sont vues, avec raison, considérablement valorisées. Il n'en a pas été ainsi des autres dédicaces, nombreuses pourtant dans les œuvres de ce demi-siècle du « temps d'Axular », où le genre, car c'est bien un genre littéraire qui s'est ainsi constitué, s'est illustré, en basque comme en d'autres langues et sans aucun doute à leur suite, par un ensemble assez conséquent de textes dédicatoires, d'importance il est vrai inégale.

2 Il n'y a pas si longtemps qu'en , à partir des ouvrages de Gérard Genette qui ont nom Palimpsestes (Paris, Seuil 1981) et surtout Seuils (Paris, Seuil 1987), la critique littéraire s'est attachée à analyser de près ce type de production 1. G. Genette distingue

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 6

d'abord, pour le noter ici très succinctement, deux types de paratexte : le paratexte « éditorial », auquel l'auteur lui-même n'a pas part, du moins directement, et le paratexte d'auteur ou « auctorial », dont participe évidemment la dédicace. La dédicace, qui peut prendre la forme de ce que l'auteur appelle aussi « épître dédicatoire » en raison de son style épistolaire, est l'une des formes du « péritexte » : ce qui est « autour du texte » mais « dans l'espace même du volume, comme le titre ou la préface, et parfois inséré dans les interstices du texte, comme les titres des chapitres ou certaines notes », par opposition à « l'épitexte » qui se tient, dit-il, « à distance plus respectueuse » du corps textuel, comprenant « interviews » – évidemment exclues au début du XVIIe siècle... – « entretiens, correspondance, journaux intimes » etc.2 3 Le genre de l'épître dédicatoire, forme pleine et élaborée de la dédicace, genre annexe de l'œuvre littéraire (et ici, pratiquement sans exceptions, de l'œuvre dévote) mais inséparable d'elle, s'est développé et à pris forme en Europe à partir du milieu du XVI e siècle, pour devenir une sorte d'ouverture obligée du livre dans la première moitié du XVIIe, précisément ce « temps d'Axular » des lettres basques sur lequel portent les présentes recherches. Le paratexte ou péritexte basque de ce temps ne se limite pas aux dédicaces : non moins importantes à divers titres, pour les procédés d'écriture du basque et les choix de l'écrivain à cet égard notamment, sont les « préfaces » ou « adresses au lecteur » que les écrivains basques, comme les autres, ajoutent à leur dédicace, quand elles ne s'y substituent pas. En ce cas, elles peuvent additionner les intentions ou les « fonctions » des deux genres, à la fois distincts, mais aussi, le ton et le style de la « lettre dedicatoire » et d'autres traits mis à part, comparables ou semblables pour certains aspects touchant à la présentation de l'œuvre et de l'auteur en particulier. 4 Pour s'en tenir à la seule dédicace, définie par son caractère d'appel direct à un personnage, le plus souvent un grand personnage, situé loin au-dessus de l'auteur dans la hiérarchie sociale, sous la protection éventuellement imaginaire ou fictive – mais le plus souvent réelle – duquel l'auteur se met et met son ouvrage, en plus de sa position chronologique dans l'histoire générale des littératures, il s'agit d'explorer ses diverses « fonctions », terme qui revient sous la plume des théoriciens du paratexte et dont on mesure aisément la pertinence, et leur articulation dans le texte. Pour l'annoncer dès à présent, on peut cerner d'abord et définir, comme pour toutes les dédicaces et compte tenu de ce que sont réellement ces dédicaces basques, une fonction laudative, qui touche le personnage du dédicataire, en regard d'une fonction présentative qui intéresse l'auteur-dédicateur et son livre. La nature du sujet traité peut amener l'auteur à répondre aussi à un dessein de type idéologique, comme c'est le cas dans certaines de nos dédicaces, que ce soit au plan moral, philosophique ou doctrinal, cette fonction idéologique de la dédicace pouvant même s'exprimer au besoin sur le registre de la polémique. Enfin, le soin tout particulier des écrivains à mettre « en forme » leurs dédicaces, définit une fonction esthétique, qui n'est pas – tous les connaisseurs de Liçarrague et d'Axular du moins en conviendront – le moindre de leurs attraits.

1. « L'âge d'or » des dédicaces est aussi « le temps d'Axular » (Eskaintzen « urre aroa » Axularren aroa da ère)

5 La dédicace réduite à la désignation du dédicateur, qui est proprement la « formule dédicatoire » et se ramène à la forme minimale « A Untel », était d'usage courant chez

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 7

les Romains de l'époque classique : on cite Lucrèce, Cicéron, Horace (dont le Ad suum librum « A son propre livre » est à retenir pour sa laconique originalité)... Le modèle se poursuit jusqu'au temps de la Renaissance. Mais la dédicace sous la forme d'un texte élaboré d'extension variable que l'on nomme habituellement « épître dédicatoire », la définissant ainsi à juste titre comme un écrit du genre épistolaire, le plus souvent en prose, parfois en vers, tout comme la « préface » ou « avertissement au lecteur » dont elle est inséparable pour diverses raisons – M. Oyharçabal nous montre ici même ce qui caractérise cet « avertissement » dans les œuvres basques de la même époque –, est le produit d'un temps donné de la littérature européenne : née en France vers le milieu du XVIe siècle, un peu avant si l'on prend en compte la dédicace du Tiers Livre de Rabelais en 1546 citée en annexe, un peu après si l'on prend celle de La Franciade de Ronsard de 1572, et dans le même temps justement pour les dédicaces basques de Dechepare (1545) et Liçarrague (1571), déjà sur le déclin dans la deuxième moitié du XVII e siècle, elle est pratiquement abandonnée après le Génie du Christianisme de Chateaubriand (1803) dédié à Bonaparte Premier Consul dans sa première version, ce qui permet à Balzac de commencer quelques décennies plus tard (1843 ou 1844) l'Envoi de son Prêtre catholique à Mme Hanska par ces mots : « Madame, le temps des dédicaces n'est plus. »3

6 L'épître dédicatoire « sous la forme élaborée d'un discours achevé » adressé au dédicataire, généralement un personnage puissant dont l'auteur « dédicateur » attend quelque faveur ou en a déjà reçu, et tout au moins quelque protection pour lui-même et son livre, a été « de rigueur jusqu'à la fin du XVIII e siècle » note G. Genette 4. Mais c'est sans doute dans la première moitié du XVII e qu'elle a atteint son apogée en Europe, à la fois pour la quantité et pour la qualité littéraire. Le premier volume du Quixote de Cervantes daté de 1605 porte une dédicace, assez brève, au duc de Béjar : « dirigido al duque de Beiar, Marques de Gibraleon, Conde de Benalcaçar, y Bañares, Vizconde de la Puebla de Alcozer... » etc. 7 En France le plus typique des contemporains quant à l'usage, très intéressé, de l'épître dédicatoire, est certainement le « grand » Corneille (Pierre et non son frère Thomas) : de 1632, date où sa première tragi-comédie Clitandre paraît en librairie, quelques années après sa représentation sur scène (l'auteur publie ses pièces une fois les représentations arrêtées, car ensuite elles tombent dans le domaine public), avec une dédicace au duc de Longueville, sa première comédie Mélite représentée, pense-t-on, en 1625, n'étant publiée qu'en 1633 (dédicace à M. de Liancour, grande famille de la noblesse normande), à 1659 où il publie sa tragédie d'Œdipe avec une dédicace en vers « Vers présentés à Monseigneur le Procureur Général Fouquet surintendant des Finances », la dernière de ses dédicaces, Corneille a ainsi composé exactement 20 dédicaces pour la publication de ses pièces. Elles sont adressées à des personnage parfois anonymes ou quasi anonymes (initiales seulement ou XXX pour La Suivante et La Place Royale 1637, L'Illusion Comique 1639, Théodore 1646, Andromède 1650), mais en général ou très riches (Cinna au financier et mécène généreux Montauron), ou très puissants : dans la galerie des dédicataires de Corneille on trouve ainsi depuis Mme de Combalet nièce de Richelieu en 1637 pour Le Cid, « Monseigneur le Cardinal de Richelieu » lui-même en 1640 pour Horace, la reine régente Anne d'Autriche en 1643 pour Polyeucte (tragédie religieuse), « Monseigneur l'éminentissime Cardinal Mazarin » en 1644 pour La mort de Pompée (où l'auteur ne manque pas de faire le parallèle entre le grand Romain d'autrefois et Mazarin le Romain d'aujourd'hui), « Monseigneur le Prince » c'est-à-dire le grand Condé pour Rodogune en 1647, « Monseigneur Séguier

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 8

Chancelier de France » pour Héraclius la même année. Les dédicaces des comédies Le Menteur (1644) et La Suite du Menteur (1645) sont des « Épîtres » en prose adressées à un « Monsieur » anonyme sinon, au dire des critiques, fictif. « Épîtres », prose ou « vers », les dédicaces de Corneille prennent ainsi toutes les formes ou appellations particulières des dédicaces de ce temps, et on les retrouvera aussi dans celles de nos écrivains basques. 8 Bien que ces épîtres dédicatoires lui eussent rapporté, disait-on, autant que la représentation des pièces au théâtre, puisqu'on ne dédiait qu'avec l'accord du dédicataire qui donnait en retour la protection et le prestige de son nom, accompagnés généralement d'un don qui pouvait être très substantiel, Corneille a dû sentir se lever quelque vent contraire à la dédicace aux grands et aux mécènes : le fameux Mecenas romain avait reçu en son temps la dédicace des Géorgiques de Virgile, et son nom, Furetière le rappellera bientôt, était devenu celui de tous les bienfaiteurs des arts et lettres. Déjà Nicomède 1651 et Pertharite 1653 (c'est le temps de la Fronde à Paris) n'ont plus de dédicace, et les pièces d'après 1660 non plus. Et lorsqu'il publie plus tard ses recueils de pièces, elle ne sont plus accompagnées que des préfaces ou « Examens » : il en a fait disparaître toutes les dédicaces. Le déclin du genre avait commencé : G. Genette a souligné l'importance que prenait alors, pour l'histoire du genre dedicatoire et son déclin, la satire du genre que publie en 1666 – l'année d'une de nos fameuses dédicaces basques, celle de Tartas au marquis de Monein – dans son Roman bourgeois Furetière, l'auteur de l'un des plus fameux dictionnaires français du temps, sous le titre de Somme dedicatoire, ou Examen général de toutes les questions qui se peuvent faire touchant la dédicace des livres, parmi ces « questions » se trouvant aussi bien le problème du dédicataire-mécène et de son éloge que celui de la rémunération etc., et le tout s'achevant ironiquement par une « dédicace au bourreau »5. 9 Dans les ouvrages basques, dont les auteurs sont évidemment moins prolixes et moins notoires que Corneille, et les dédicataires le plus souvent ecclésiastiques, la suite des dédicaces (mettant toujours à part l'adresse « au lecteur » ou « préface »), la plupart en basque et en prose, exceptionnellement en latin et en français, ou en vers, donne la chronologie suivante, après celles de Dechepare (1545) à Bernard de Lehet « Avocat du roi » (du roi de France François Ier évidemment), et de Liçarrague à Jeanne d'Albret reine de (1571) : 10 - 1617, Dotrina christiana du franciscain Estève Materre, dédicacée en français à Claude de Rueil évêque de Bayonne (mais il s'adresse en basque « aux Basques » Euscaldunei), ouvrage réédité en 16236 ; 11 Etcheberri de Ciboure, parmi les huit « paratextes » différents – c'est une prolixité « paratextuelle » baroque et sans doute unique -, tous en basque et en vers, qui accompagnent son Manual devotionezcoa etc. de 1627, ne met pas moins de trois dédicaces différentes en tête de chacune de ses « deux parties » (bi partetan berecia met- il déjà dans le sous-titre comme plus tard Axular dans le sien : « divisé en deux parties »...) et du « recueil de prières pour les voyages en mer » Itsasoco biayetaco othoitcen araldea qui en fait la troisième section : 12 - première dédidace à Claude de Rueil évêque de Bayonne (34 vers de 15 syllabes à rimes suivies)7 ; 13 - deuxième dédicace à Miguel de Oiharart vicaire général (22 vers)8 ;

14 - troisième dédicace au même (22 vers également)9 ;

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 9

15 - 1636, Eliçara erabiltceco liburua du même Etcheberri, dédicace en vers et 16 distiques alignés en quatrains d'hémistiches (comme le note Oyhénart qui en fait la critique dans sa Lettre de 1665) à Bertrand d'Etchauz alors archevêque de Tours comme on sait10 ; 16 - 1638-1656, la Notitia utriusque Vasconie d'Oyhénart est dédiée, en latin comme le reste du livre, à Henri-Auguste de Loménie secrétaire d'État, chevalier du Saint-Esprit (comme Etchauz dans la titulature d'Axular ; ce premier ordre de chevalerie français était appelé simplement « le collier » et plus tard « le cordon bleu » comme dit Tartas en 1672), chargé par Louis XIII des affaires de Navarre11 ; 17 - 1643, dédicace ou « lettre de recommandation » Gomendiozco carta du Guero d'Axular à Bertrand d'Etchauz archevêque de Tours etc., qui, le dédicataire étant mort en 1641, est la seule dédicace basque du genre in memoriam bien catalogué par la critique, et participe ainsi en un sens aux épîtres dédicatoires à dédicataire « fictif »12 ; 18 - avant 1648, Exercicio izpirituala du « frère » Joannes Haraneder comporte une lettre dédicatoire en basque, à l'évêque de Tarbes et abbé d'Arthous, qui était selon les recherches de P. Lafitte, l'un des deux Diharce, le dernier étant mort en 164813 ; 19 - 1664, Sylvain Pouvreau dédie sa traduction de Saint François de Sales intitulée Philotea, en latin, rien moins qu'au pape Alexandre VII qui avait canonisé François de Sales14 ; 20 - 1666, Juan de Tartas curé d'Aroue (et petit-neveu de l'un des ministres protestants souletins du siècle précédent) dédie Onsa hilceco bidia, au marquis de Monein, seigneur (sans doute « abbé laïque ») de Barcus, qui est son premier titre dans la longue liste de ses seigneuries alignées par Tartas selon l'usage en tête de sa dédicace, très originale pour un livre de dévotion, plus originale que de très bon goût sans doute, et rédigée en basque15 ; 21 - 1672, le même Tartas dédie son second livre, Arima penitentaren occupatione devotac, en français sauf l'intitulé bilingue, à « Monsieur de Troisvilles, Abbé de Montirandé », fils du fameux Peyré de Trois-Villes mousquetaire et acheteur du domaine royal en (de là était née la révolte de Matalas) qui venait de mourir des suites d'une blessure de guerre, avant d'avoir pu devenir, comme le souhaite Tartas, qui le dit « nostre brave Troisvilles », très désireux de voir ses dédicataires au haut des honneurs militaires (il disait déjà à Monein qu'il aurait « le bâton de Maréchal de France » : emendaturen duçula Françiaco Marechal baten maquilaz…), si Louis XIII « eust vescu un peu plus (...) Duc, Pair et Mareschal de France »16 ; 22 - 1684, Arambillaga publie la traduction Jesu Christoren Imitationea, dédiée en français et en basque sur deux colonnes à l'évêque de Bayonne, qui était Gaspard de Priellé depuis la mort de Jean d'Olce à Ossès en 168117. 23 Mais l'âge d'or des dédicaces est pour lors révolu ; et Montesquieu dans ses Lettres Persanes, fort éloignées évidemment des livres dévots, et parues prudemment à Amsterdam en 1721, commence par déclarer : « Je ne fais point ici d'épître dédicatoire et je ne demande point de protection pour ce livre »18. 24 Peu auparavant, la dédicace basque avait pris une ampleur inattendue pour s'étendre aux dimensions d'un livret d'une quarantaine de pages dans l'original, quasi autonome par rapport à l'ouvrage présenté (les « Rudiments du basque... » ou Lau-urdiri Euscararen hatsapenac), le dédicataire de son côté devenant une institution publique : c'est le Lau- urdiri gomendiozco carta edo guthuna du docteur Etcheberri de Sare imprimé à Bayonne en 1718, le second laïc après Oyhénart à intervenir dans les lettres basques, adressé à la

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 10

province du représentée par son assemblée du Tiers-État ou « Bilçar » (forme romanisée du bilzarre basque) 19. La désignation de la dédicace comme « lettre de recommandation » était un hommage à Axular, le maître à penser et à écrire d'Etcheberri. Cette dédicace n'est pas sans quelque rapport, disons de « citoyenneté » – si le terme n'est pas trop anachronique pour le Labourdin, mais non assurément pour le « citoyen de Genève » ! -, avec celle du Discours sur les fondements et les origines de l'inégalité parmi les hommes de J.-J. Rousseau datée de « Chambéry, le 12 juin 1754 », adressée en une ample épître dédicatoire (une dizaine de pages) « A la République de Genève »20.

2. Le dédicataire et le dédicateur ou les deux fonctions complémentaires de la dédicace : laudative et présentative (Eskaindurua eta eskaintzalea edo eskaintzaren bi egiteko elgar osatzaileak : laudorio eta aitzineratze)

2a. Le nom de la dédicace (Eskaintzaren izendatzea)

25 Le besoin de nommer la dédicace comme telle n'est pas toujours le premier souci des dédicateurs, et il suffit au minimum pour dire la dédicace, comme pour l'adresse au lecteur, de nommer le dédicataire, avec sa titulature plus ou moins longue et complète évidemment, au datif : en latin (Oyhénart), français (Materre, Tartas 1672) ou basque (Etcheberri 1627 et 1636, Axular 1643, Tartas 1666) ou dans les deux langues (Arambillaga 1684)... pour dire la dédicace. Certains en atténuent cependant immédiatement la sécheresse par une formule polie de salutation et de souhait : ainsi faisaient Dechepare à l'avocat Lehet en 1545 (... goraynci baque eta osagarri « salut, paix et santé »), Liçarrague à la reine de Navarre en 1571 (... loannes Leiçarraga Berascoizcoac, Iesus Christen gratia eta baquea desiratzen « Jean Leiçarrague de souhaite la grâce et la paix de J.-C. »), et après eux Haraneder à l'évêque de Tarbes (... baquea eta ossassuna « la paix et la santé »). Chez Axular, le souhait signale immédiatement le caractère in memoriam de sa dédicace, en grandes lettres majuscules et sur une ligne séparée de la titulature : CERUCO LOR1A « la gloire du ciel ».

26 A la variation de la formule dédicatoire ainsi introduite, s'ajoute un problème strictement linguistique de lexique basque quand les auteurs, imitant la mode européenne et romane, veulent nommer la dédicace elle-même comme telle. C'est l'époque où les écrivains basques n'ont pas trop peur d'accumuler les emprunts romans ou latins (et les écrivains français du XVIe siècle, en particulier, leur en avaient donné le modèle), même non nécessaires. Ainsi ignorent-ils ou du moins n'utilisent-ils pas le mot moderne eskaintza « dédicace » ou la forme de strict nom verbal qui en est l'origine eskaintze « offrir, acte d'offrir ». Liçarrague (1571) employait le nom verbal de l'emprunt roman explicitant formellement le geste dédicatoire :... Reguina bati dedicatzetic... « de le dédier à une Reine etc. » Etcheberri de Ciboure met toujours en tête de la formule dédicatoire (1627, les trois dédicaces de 1636) Dedicationea (c'est le pur latinisme dedicationem d'accusatif ou l'espagnol dedicación malgré l'orthographe du -t- peut-être prononcé « à la française », mais le sens latin était « inauguration, consécration »), et utilise aussi dans le texte le nom verbal (« Ez çuri dedicatzeaz... ») (1636), tandis que Tartas en 1672 met le participe d'emprunt en phonétique locale Arima penitentaren occupatione devotac (...) laun Abadiary dedicatiac « Les occupations etc. dédiées au seigneur Abbé... ». Or le mot eskaintze « acte d'offrir, de dédier » était bien connu, puisque

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 11

Echeberri en 1636, qui dit aussi selon l'emprunt familier pre-sentatçen darozquitçut « Je vous les présente... », répète gauça chipi escañia « une petite chose offerte », çuri Escaintçen darotçut « je vous l'offre à vous » dans la dédicace à l'évêque Cl. de Rueil. Arambillaga (1684) ignore le mot dans sa dédicace bilingue assez marquée de romanismes dans la version basque (il est le seul à dire poblu pour « peuple » etc.) : Ene obren lehenbicico hau offrendatcendiot, ene Jauna, çure handitassunari… « J'offre ce premier de mes ouvrages, Monseigneur, à votre grandeur... » (Le texte français en première colonne différait un peu : « C'est MONSEIGNEUR ce premier de mes ouvrages que je me donne la liberté d'offrir à vôtre GRANDEUR... »).

2b. Grandeur et petitesse (Handitasun eta ttipitasun)

27 Ce sont les deux termes contraires et complémentaires de toute dédicace classique, et nos auteurs en ont reproduit fidèlement le schéma, en en exagérant parfois la distance, en général marquée par la formule de dédicace (grandeur du dédicataire) et la signature (petitesse et humilité du dédicateur). Dans le système fortement hiérarchisé de l'Ancien Régime, aussi bien pour l'organisation politique que l'organisation ecclésiastique, où rien n'est publié sans le « privilège » de publication, royal s'il s'agit de littérature et d'auteurs profanes, épiscopal (par « censeurs » interposés, occasion de nouveaux « paratextes » d'autorisation, parfois versifiés et à prétention littéraire pour les œuvres des clercs)21, la distance est grande de l'auteur au « seigneur et maître » : ene jaun eta jabea est une sorte de formule canonique des dédicaces basques. Elle est marquée dès la formule dédicatoire initiale chez Liçarrague en 1571, il est vrai s'adressant au sommet de l'édifice (ce qui ne se produit toutefois que rarement, et ici pour des raisons d'évident contexte politico-religieux), en une symétrie soulignée par les majuscules initiales et la répétition du superlatif de petitesse à la fin : GUCIZCO ANDRE NOBLE Ioanna (...) bere cerbitzari gucizco chipiac et gucizco obedientac (...) « (A) DAME TRES NOBLE Jeanne etc... son serviteur très petit et très obéissant... », et dans le texte français « A TRESILLUSTRE/DAME IEANNE D'ALBRET,/... son treshumble & tresobeissant/ seruiteur Iean de Liçarrague de Briscous... »

28 Le même Liçarrague développe longuement son audace à s'adresser si haut, soulignant la « bassesse » de sa situation par un mot d'emprunt assez peu esthétique : ene conditionezco bachotassunic ezpa... Auparavant, en affirmant son indignité pour pousser plus loin la louange royale, il l'a interrompue d'une manière très officiellement oratoire : Baina cer ? etzait niri eman çure laudorien aippatzeaz hain aitzina auançatzea (...) « Mais quoi ? il ne me convient pas, à moi, de m'avancer si loin dans la mention de vos louanges... » Axular ne l'oubliera pas, sur un ton en même temps plus orné et un peu plus familier, ne s'adressant pas à la personne royale : Baiña certaco sartcen naiz ni itsas hondar gabe hunetan ? Ecin athera naitequeyen oihanean ? Çure laudorioen aippamenean ?... « Mais pourquoi entré-je, moi, dans cette mer sans fond ? Dans une forêt d'où je ne puis sortir ? Dans la mention de vos louanges ?... » 29 Mais en général c'est dans la formule finale de signature, qui n'est en ce temps-là que de simple politesse, reprenant donc des expressions très semblables entre elles, parfois disposées sur plusieurs lignes espacées en un jeu de majuscules et minuscules qui doit sans doute quelque chose à l'imprimeur, que se marque la position inférieure du dédicateur : « (...) Monseigneur, vostre tres-humble & tres-obeyssant seruiteur. F.E. MATERRE » (1617), « Çure cerbitçari ttipiena, eta obligatuena P. DE AXVLAR » (1643), « Çure çerbutçary humblia, eta obedienta, IVAN DE TARTAS » (1666), « Vostre tres-humble et tres

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 12

obeissant serviteur TARTAS Prestre et Curé d'Aroue... » (1672), « (...) Monseigneur, de Vôtre Grandeur, Le Tres-Humble, Tres-Obeissant & Tres-obligé serviteur, D'ARAMBILLAGUE Prêtre » (1684). On y opposera sans peine d'une part Etcheberri de Ciboure, qui se contente de terminer par... ses propres titres quand il le fait (en 1627 seulement) : « Joanes Etcheberri, Dotor theologo Ciburutarrac ») ; et encore mieux le simple Vale ( »Porte-toi bien ») d'Oyhénart, dans une dédicace il est vrai tutoyée en style romain et « haut », bien connu des écrivains de ce temps en français aussi (et d'autres langues), et qui n'était sans doute pas de mise dans le ton dévot des autres auteurs et de leurs ouvrages. 30 A cette humilité finale, Oyhénart excepté, s'oppose évidemment dans tous les cas, la titulature du dédicataire en tête de l'épître. Elle comporte aussi bien les titres personnels acquis ou hérités pour les laïcs, reine de Navarre et dame souveraine de Béarn pour Jeanne d'Albret en 1571 dont la liste interminable, avec l'accord de l'imprimeur officiel de La Rochelle à n'en pas douter, est écourtée par un etc., seigneuries de Loménie en 1638, et une liste un peu cocasse par l'accumulation des petites (simples maisons nobles) seigneuries locales, basques puis bérnaises, avec la phonétique (palatalisations en particulier) et l'orthographe propres au souletin d'Aroue pour le marquis de Monein en 1666 : Barcoicé, Domi (n)cigné, Lohitçuné, Mitrigna, Amenduçe, Ispoura, Larçeualé, Sarhia, Carressa, Hauta-arriua, Peyra, Gayrossa, Arbuzé eta Moneigneco Iaun Marquizari « Au seigneur marquis de Monein, Barcus, Domezain, Lohitzun, Beyrie, Amendeuix, Ispoure, Larcevau, Sarhi, Zaldu (ou Sault), Carresse, Hauterive, Peyre, Gayrosse, Arbus » 22. Cette accumulation de seigneuries, dans tous les cas, est en soi une louange, comme l'est à l'occasion le rappel de l'ascendance nobiliaire, celle des vicomtes de Baïgorry, de leur ancienneté et de leur fidélité au service royal et religieux d'où procède leur honorabilité chez Axular (1643), du passé militaire brillant des Monein (1666) ou des Troisvilles (1672) chez Tartas, qui à son tour imite encore Axular. 31 Les clercs dédicataires, n'ayant plus de seigneurie laïque, mais dont on souligne en général l'extraction aristocratique par le mot « noble », sont nommés par leurs charges d'église (évêché pour Etchauz, Diharce, Rueil, Priellé, titre abbatial d'Arthous aussi pour le même Diharce et de La Roque pour Priellé, ou pour le fils du mousquetaire Troisvilles abbé de « Montirandé » dans le Nord de la France, vicariat général pour Oiharart), et aussi par les charges officielles réservées aux évêques : « Monseigneur le Reverendissime Claude de RVEIL Euesque de Bayonne, Conseiller du Roy en ses Conseils d'Estat & Priué, Aumosnier & Predicateur ordinaire de sa Majesté, etc. » en français pour Materre (1617) ; en basque pour Etcheberry (1627) qui ajoute non seulement l'adjectif « digne » mais la référence à l'origine parisienne du prélat, sûrement ressentie aussi comme flatteuse : « ... ENE IAVN CLAVDIVS DE RVEIL, Baionaco Iphizpicu digne, Erregueren Conseillari, eta Parizco semeari... » L'en-tête dédicatoire d'Arambillague (1684) en français coiffant les deux colonnes bilingues de la dédicace double les superlatifs latinisants : « A MONSEIGNEUR L'ILLUSTRISSIME et Reverendissime etc. » 32 Aux titres officiels d'Etchauz, Etcheberry (1636) avait ajouté le savoir et la sagesse, esquissant dès la formule dédicatoire un portrait intellectuel et moral : « ... SORBONACO DOCTOR IAQVINSVN, Tursco Archipizpicu digne, erregueren predicari famatu, & Conseillari çuhurrari... » (« Savant docteur de la Sorbonne... » etc.). Axular (1643) aussi bien informé sur les honneurs et titres officiels d'Etxauz que sur son « ratage » de la pourpre cardinalice du fait (sans le nommer pourtant) de Richelieu 23, précise qu'il a été

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 13

« Premier Aumônier de France, chevalier de l'Ordre » (du Saint Esprit) : Franciaco lehenbicico erremusinari : Ordenaco aitonen seme..., traduisant « chevalier » par le nom basque du noble « fils de bon père » qui, comme Bastanais bénéficiaire de noblesse collective, lui était familier. Le portrait intellectuel, conforme aux dires des historiens du temps (« Il n'était pas ignorant » dit Tallemant de Réaux, pourtant du parti protestant et peu susceptible de complaisance pour un prélat catholique par ailleurs joueur et vieil amoureux), et moral d'un personnage dévoué aux autres et en particulier aux Basques, fera l'essentiel, avec le thème religieux qui pourtant dépasse le simple éloge, de la dédicace très élaborée d'Axular. Le caractère avenant des dédicataires religieux est souligné aussi bien par Materre (« ceste affabilité gracieuse, que la nature a si viuement emprint (sic) en vostre visage... ») que par Etcheberry (1636) et Axular ( « çuc guztiac arraiqui eta alegueraqui errecibi... » : « vous de les recevoir tous d'un air rayonnant et joyeux »). Le mot d'emprunt arrai « rayonnant » était déjà chez Etcheberry (1627, 1636), ce qui laisse penser que c'est un élément quasi obligé du portrait épiscopal de ce temps. 33 Tartas (1672), évitant les éloges à l'abbé de Troisvilles (« de peur de choquer vostre modestie »), mais lui souhaitant tout de même « les plus hautes dignitez de Rome ou de l'estat », se rattrape sur le détail (notamment la liste de 16 noms de villes et de victoires) des hauts faits militaires de son père le Capitaine des Mousquetaires, y glissant l'unique mot basque du texte : « Ce genereux Seigneur, s'appelloit Troisvilles, en basque Hirur Iria, qui signifie en françois Troisvilles, qui est la capitale de sa Comté en Soule », et l'éloge paternel rejaillit évidemment sur le dédicataire. 34 Materre (1617), dont le livre répondait, dit-il, à l'appel de l'évêque pour « l'instruction spirituelle des âmes », n'a pas manqué d'insérer dans l'éloge la figure, certes banale et attendue, de l'évêque-pasteur : « ce soing pastoral qui vous fait employer à la visite de vostre troupeau... » Etcheberry (1627) reprend le motif en basque et concrétise la métaphore par la figure du berger, mais l'applique, dans les deux dédicaces, au seul vicaire général Oiharart : « noiz ere Arçain, Iphizpicuac hautatu baitçaitu bere ordain » (« puisque, comme berger, l'évêque vous a choisi pour le remplacer »), « ... çu çarade artçaña, Eta mende hunetaco Iaunac utci ordaña » (« Vous êtes le berger, et le remplaçant que le seigneur de ce monde a laissé »). Quant à l'évêque Etchauz, il lui assigne un magistère plus élevé et n'hésite pas à le mettre, selon le mode hyperbolique qui est la figure obligée et dominante de ces éloges, au sommet du clergé de France : Neure iabe Noblea, Eta Franciaco Prelat Guztien ohorea (...) Çuc Franciaco eliça (Gora ?) duçu altchatcen... « Mon noble maître, et l'honneur de tous les prélats de France (...) C'est vous qui élevez (bien haut ?) l'église de France... »

2c. Honorabilité de la langue basque et des Basques (Euskara eta Euskaldunak ohoragarri)

35 Enfin, le thème de la langue et de l'identité basques, s'ajoutant à la rédaction éventuelle en basque, apporte à l'éloge du dédicataire, aussi bien qu'au portrait de l'écrivain dédicateur, la « couleur locale » de ces dédicaces. Le motif était présent chez Dechepare (1545) comme chez Liçarrague (1571), mais s'appuyait sur la nouveauté « inédite » au sens propre de publier un livre en basque pour le premier (dugun ioya ederra imprimaturic heuscara orano içan eztena : « que nous ayons ce beau joyau : la langue basque imprimée, qui ne l'a pas été jusqu'à présent... »), et de traduire le Nouveau Testament pour le second dans une langue qui pouvait passer pour insuffisante et

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 14

inadaptée ou tout au moins inexpérimentée pour cet exercice :... nic scribatu dudan lengoage motá baita, sterilenetaric eta diuersenetaric : eta oraino, translationetan behinçat, vsatu gabea... « Car la langue dans laquelle j'ai écrit est des plus stériles et des plus différentes, et de plus inutilisée en particulier dans les traductions... »

36 Materre (1617), s'adressant en français à un évêque qui ne savait pas le basque, commence par présenter son livre ainsi : « Voicy ce livret escrit en Basque, et dressé pour le profit des Basques, qui se vient rendre à vous, qui estes le Prelat tres-merité de cette nation Basque ». Etcheberry va au-delà, et s'adressant en basque au même Claude de Rueil, il en fait, on ne sait si abusivement, un euskaldun (« pratiquant de la langue basque » et non « de lignage basque », puisque les Basques ne se nomment que par leur appartenance linguistique) sinon de fait, du moins d'esprit et de volonté, en une tournure hypothétique et optative assez alambiquée : Iongoicoac nahi luen, Iaun Prelata, Escara Ciñaquien, nola Hebreu, Greca, Latin, Erdara Presentatcen darotçudan obraren aditçeco, (...) Allabaiñan, guztietara eçin heda burua, Iongoicoac berac baiçen, eta adimendua. 37 « Que Dieu voulût, seigneur Prélat, que vous sussiez le basque comme l'hébreu, le grec, le latin, le français pour comprendre l'ouvrage que je vous présente (...) C'est qu'il est impossible, sinon à Dieu seul, de donner sa tête et son esprit à tout. » Lorsque le dédicataire est bascophone, le dédicateur ne manque pas d'y insister, et c'est peut-être l'une des raisons des dédicaces à Etchauz, dont on sait qu'il parlait et écrivait le basque comme plusieurs seigneurs de cette époque (Urtubie, Luxe etc.), alors qu'il n'était plus évêque de Bayonne ni en 1636, ni à plus forte raison, étant déjà décédé, en 1643.

38 Mais, au point de départ, c'est l'identité basque elle-même qui peut être sentie comme digne d'éloge, dans une auto-apologie où l'on se complaît parfois, dès le temps de Dechepare (1545) s'adressant à l'avocat Lehet originaire de Sare : Ceren bascoac baitira abil animos eta gentil eta hetan içan baita et baita sciencia gueietan lettratu handiric... « Comme les Basques sont ingénieux, courageux et nobles et comme il y a eu et il y a parmi eux de grands lettrés en tous savoirs... » Etcheberry de Ciboure reprend le thème à l'adresse du vicaire général Oiharart en 1627, mais l'actualise et le modère par la référence à la dextérité reconnue des seuls marins basques, sans allusion ni à la nobilité ou « gentilité » ni au savoir des lettrés : Escaldunen ozpea da lur guztietan hedatu Eta itsasturi ontçat munduac tu laudatu... 39 « La réputation des Basques s'est répandue sur tous les continents et le monde les a loués comme bons marins... » En 1636 il introduit le thème, tant rebattu plus tard par les tenants du franc alleu des terres basques, de l'invincibilité historique du territoire : Çuri çordun Escal herri Nihorc ez garaitua... « A vous (est) redevable le Pays basque que personne n'a vaincu... »

40 Il s'ensuit que le sentiment que les dédicataires sont de « bons » Basques – ou tout au moins pourraient l'être comme l'évêque Rueil – est en soi un éloge décliné sous diverses facettes : Etcheberry dit à Etchauz (1627) ceren iaiatu baitçare çu ere Escalduna... « Parce que vous êtes né Basque vous aussi » ; Axular au même avec plus de souffle (1643) : Çu içan çara, eta içanen çara, euscaldunen ohorea, habea, iabea, sostengua eta Cantabres fina, naturala eta eguiazcoa... « Vouz avez été et vous serez l'honneur, le pilier,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 15

le maître, le soutien des Basques et Cantabre fin, naturel et authentique... » (Etcheberry avait déjà dit à Oiharart en 1627 : Çu ikhusten çaitut Escaldunen ohore... « C'est en vous que je vois l'honneur des Basques »). 41 Cet honneur réside dans la langue elle-même, à plus forte raison si elle est au service de la religion. Etcheberry expose le thème avec insistance en 1627, donnant même à l'évêque du diocèse bayonnais plurilingue un rang royal : Ondra baiçen eztuqueçu, Iaun Prelata arrotçaz, Entçutea mintço dena beldurqui aharantçaz. Eçen Errefauac dio Erregueen ohorea Dela, hañitz mihitaco sujetac içatea. Erregue baiño neuretçat, çadutzcat guehiago... Arren estima eçaçu çuc ere ohorea, Aharantça arrotz batez sujeta mintçatçea... 42 « Il ne vous reviendra que de l'honneur, seigneur Prélat, d'entendre celui qui parle timidement en langue étrangère. Car le proverbe dit que l'honneur des rois c'est d'avoir des sujets parlant beaucoup de langues. Je vous tiens pour plus qu'un roi à mon égard... Estimez donc vous aussi l'honneur (qui vous est fait) qu'un sujet parle dans une langue étrangère... »

43 Dans la dédicace à Etchauz de 1636, où l'auteur introduit aussi le souvenir de sa confirmation en basque par l'évêque, le thème prend une autre ampleur, retrouvant du même coup le mythe thubalien si prisé des religieux basques de ce temps : Eta adiçaçu Dauid Gure Escaraz cantatcen Maniureaz dioela Voçari ihardatsten... 44 « Et entendez David chanter dans notre langue basque, tandis que sur la harpe il répond à la voix... » Bereciqui ni natçaitçu Ceren eta çureaz, Confirmatu içatu Bainaiz escu emeas, (sic) Neroni anaia laurgarren Ciburuco templuan, Aita Tubalen baitharic Dugun hitzte çaharraz... 45 « Particulièrement c'est moi qui vous suis (redevable), parce que j'ai été confirmé moi et mon frère quatrième (mon quatrième frère ?) par votre douce main au temple de Ciboure, dans le vieil idiome que nous tenons du Père Thubal... »

46 Le mot « Cantabre » lui-même alors couramment tenu pour un synonyme très flatteur de « Basque » comme chez Axular (1643 : voir ci-dessus) depuis le temps des guerres romaines et leur « Cantaber invictus... », alors même qu'Oyhénart s'efforce de démontrer patiemment que c'est une erreur historique dans sa Notitia (1638), couronne l'éloge d'Etcheberry dans son étrange style versifié (voir plus loin : la fonction esthétique de la dédicace), par une des nombreuses étymologies de fantaisie du temps appliquée à « cantaber » comme équivalent sous-entendu de escaldun : Ecen daquiçun beçala Escaldunac, çaharrec, Canten maitatçaille deithu Zituzten Erromarrec. 47 « Car comme vous le savez, les anciens Romains nommèrent les Basques « amateurs des chants ».

2d. Les figures du livre dédié (Liburu eskainiaren itxurak)

48 Dechepare (1545) ne nommait pas son livre comme tel (l'emprunt latin liburu est documenté au XIV e siècle), mais comme œuvre ( obra) ou « écrit » et « imprimé »

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 16

(scributan, scribatzeco, scriba..., imprimituric), donnant en revanche un aperçu de son contenu (doctrina eta plazer hartzeco solaz eguiteco cantatzeco et denbora igaraiteco materia : « doctrine religieuse, matière à agrément et à converser, à chanter et à passer le temps... »), en quoi la dédicace assumait aussi une part des fonctions de la préface. Liçarrague (1571) se contentait de parler de sa « translation » d'une « œuvre si sainte » (hain obra saindu baten...), et de la difficulté de la tâche « pour le sens comme pour la langue » (bay sensuan bay lengoagean... ), sans allusion directe à l'objet « livre ».

49 Nommé ou non, directement ou indirectement, le livre a besoin de la protection du dédicataire, contre les détracteurs, les jaloux : Inuidiosen mihiac liçun eztieçaçun « Afin que la langue des envieux ne vous le salisse pas » dit Etcheberry en 1627 ; Arambillague imagine les critiques contre sa traduction basque de l'Imitation... : « Il sera au dessus de l'envie, si Vous lui faites la grace de Vous declarer en sa faveur... ». Dès Materre (1617) la personnification et la métaphorisation du livre présenté en tant que tel apparaissent, encore discrètement : « Voicy ce livret escrit en Basque (...) qui se vient rendre à vous (...) il a esté conceu dans le territoire de vostre Dioceze (...) il se vient par deuoir ietter entre les bras de celuy sous et par l'auctorité duquel est departi et administré le pain de la doctrine salutaire... » Etant donné la petitesse de l'objet, réelle pour le « livret » de Materre mais toute rhétorique pour les autres et Axular en particulier, et la modestie obligée de l'auteur, le livre est assimilé, mais sans le dire encore, à l'enfant. Après Materre la métaphore ainsi amorcée sera développée et poussée jusqu'en ses dernières conséquences. 50 Etcheberry, très sobre parlant à Etchauz en 1636 (Errecibi çaçu arren ene obra aphurra, Ceña baita deus gutia dagotçun eredura... : « Recevez donc mon petit ouvrage, qui est un rien à la mesure qui vous revient… »), disait en 1627 à l'évêque Rueil qu'il l'avait « choisi pour patron de cet ouvrage » : obra hunen, patroin çaitut hautetsi ; et demandait au vicaire général, présenté dans les cantiques de mer selon une métaphore banale en basque sous la figure de « l'ombre » symbole de puissance protectrice (handia da çure itçala... badeçaçu çure itçalaz gueriça... « grande est votre ombre... si vous le protégez de votre ombre... »), de « défendre » et de « favoriser » son petit ouvrage : errecibi çaçu obra ttipia (...) defenda deçaçun (...) fauoratcera... 51 Axular (1643) reprend l'idée de « l'ombre protectrice » : çure itçalaren azpian venturatzen da « Il s'aventure sous votre ombre ». Mais il avait poussé au préalable bien au-delà l'ornement rhétorique, faisant d'Etchauz le « père » fictif de son « petit livre » : Liburutto haur da, emaçurtça. Posthumus. Aita hillez guero sorthua... « C'est ce petit livre qui est l'orphelin, posthume, né après la mort du père... » 24. Avec le livre, c'est l'auteur lui- même qui demande protection, et Axular finit sa dédicace in memoriam en assimilant, par comparaison interposée, l'évêque monté dans la « gloire du ciel » à l'aigle au regard perçant : eta arranoac, airean dohanean, bere umetara beçala, çuc ere ene gana beguia eduquico duçula. « Et que, comme l'aigle dans son vol sur ses petits, vous tiendrez vous aussi votre œil fixé sur moi... » 52 Les figures du livre chez Tartas sont plus inattendues, et même à quelque titre amusantes. Dans Onsa... (1666) la dédicace à Monein, sans oublier le thème du livre- enfant, prend un tour militaire. Auteur et livre vont de pair comme « deux pauvres soldats », « père et fils » : bi soldado pobré heldu dira aroetic barcoitçera (...) beré çerbutçu humilen, çuri ohoroscatcera... bi ayta semé, ny nuçu ayta, eta librutobat eguin baitut, onsa hilçeco bidiaz, hura duçu ené semé haur çurtça, ama gabé aitaganic sorthia. « Deux pauvres soldats viennent d'Aroue à Barcus (...) vous faire honneur de leurs services (...) père et

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 17

fils, moi je suis le père, et comme j'ai composé un petit livre sur le chemin pour bien mourir, lui est mon fils orphelin, né du père (mais) sans mère ». Après cette génération inhabituelle, l'auteur demande au marquis « en tout bon et généreux » d'être à la fois « le père et la mère » de son orphelin, qui en retour rendra service à son protecteur, et le mènera « à la gloire éternelle du ciel », ce qui est le renversement exact de la situation évoquée par Axular, attitude typique de Tartas à l'égard de son devancier, ressenti sans doute à quelque titre aussi comme un rival. Plus loin, avec logique et quelque inconséquence à la fois, le marquis est appelé à être le « parrain » pour le baptême de l'enfant : Ené soldadoa ezta oraino batheyatu, haren vgazaita behar duçu içan... « Mon soldat n'est pas encore baptisé, vous devez être son parrain... » La logique, d'un goût néanmoins discutable, vient de ce que ugazaita pour parrain est exactement « le père de poitrine », en un sens si l'on veut donc en effet père et mère ! 53 Dans le second livre (1672) sur les trois « occupations dévotes », prière, jeûne et aumône, Tartas a choisi de les présenter dans sa « lettre dedicace » à l'abbé de Troisvilles, en français, sous la figure, tout aussi inattendue, de « trois pauvres filles (...) ces trois orphelines sortent d'un Pere sans Mere », et leur protecteur, afin qu'elles triomphent « a l'ombre de leur Illustre Prince », devra encore « leur servir de pere et de mere ». Ce qui est encore curieux, c'est que dans l'adresse au lecteur en basque, les pauvres orphelines se trouvent muées en « belles princesses » : Han icussico duçu hirur princessa ederric... A tel lecteur (à la différence de Monein, le fils du mousquetaire de Troisvilles ne savait peut-être pas le basque...) telle métaphore, semble dire Tartas. Plus tard (1684), peut-être par réaction, Arambillague ne fait plus qu'esquisser la figure de personnification pour son livre : çure estimuaz bere burua lausengatcen du..., dans la version française « (il) se flatte de vôtre estime... ». Sur un mode différent, Oyhénart (1638) commençait sa dédicace en montrant son livre comme un solliciteur : « Maintenant que la Vasconie s'apprêtant à paraître devant le public s'avance vers toi pour t'en demander la permission... » (traduit du latin).

2e. La confession personnelle (Aithorra eskaintzetan)

54 Cet aspect généralement très secondaire de la fonction « présentative » des dédicaces n'en prend pas moins un certain relief, quand la confession ou la référence biographique informe sur des faits par ailleurs inconnus. Tel Liçarrague (1571) se souvenant avec horreur (…orhoitzeac-ere buruco biloa latz eraciten drautan captiuitatezco suiectionetic…) de la prison qu'il eut à subir lors de l'une des périodes où les catholiques rebelles à Jeanne d'Albret, soudoyés par le roi de France Charles IX et conduits par Charles de Luxe, Antonin d'Etchauz (le vicomte de Baïgorry père de l'évêque dédicataire d'Axular) et quelques autres, faillirent prendre le dessus dans ses Etats (en 1567 et 1568) ; tel aussi Etcheberry (1636) citant la cérémonie de sa confirmation dans l'église de Ciboure, et Axular (1643) avouant, mi-jeu mi-confession, qu'il a lui-même, contre l'enseignement de son livre, péché en remettant à plus tard la composition de son livre, à trop tard puisqu'Etchauz est mort, et lui-même proche de la fin (guerotic guerora ibili naiz...). L'information est banale et perd tout intérêt réel, en revanche, s'il ne s'agit que de rappeler que le dédicataire fut aussi à l'origine du livre, par son conseil, au besoin son ordre, ses projets d'édification populaire dans l'esprit de la réforme protestante (Liçarrague) ou des étapes de la contre-réforme catholique (Materre, Etcheberry, Axular, Arambillague...).

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 18

3. La fonction idéologique des dédicaces : savoir, morale, religion et polémique. (Eskaintzen gogamenezko egitekoa : jakitate, eginbide, erlisioneko eztabada...)

55 Infiniment moins développée et envahissante en général dans les dédicaces que ces fonctions laudative et présentative, mais présente diversement ou sous divers aspects dans la plupart d'entre elles, la fonction idéologique de l'épître dédicatoire rattache le « paratexte » au fond même de l'œuvre qui suit et à sa finalité. Par ce thème la dédicace investit aussi la fonction « préfacielle » ou une part de celle-ci. Dechepare (1545) achève sa dédicace en résumant, avant l'idée de promouvoir la langue (thème qui touche aussi à la fonction préfacielle et qu'Axular, notamment, développe dans l'adresse au lecteur), les buts éducatifs et distractifs qu'il assigne au premier livre de poésie en langue basque : bascoec bercec beçala duten bere lengoagian scribuz cerbait doctrina eta plazer harceco solaz eguiteco cantatzeco et denbora igaraiteco materia... « pour que les Basques comme les autres aient par écrit dans leur propre langue quelque doctrine (religieuse) et matière à prendre plaisir, à converser, à chanter et à passer le temps ». En fait l'enseignement du livre nous paraît aujourd'hui un peu plus sévère que ne l'annonce le poète cizain.

3a. Le souci scientifique (Jakitatezko axola)

56 Les ouvrages de dévotion, ou de poésie, sauf peut-être dans la traduction pour ce qui concerne la fidélité à l'original (mais pour les textes religieux, c'est là encore un élément de la bonne apologétique religieuse), n'ont pas à se soucier de vérité scientifique. Ceux d'histoire oui, et c'est pourquoi Oyhénart (1638) appelle son dédicataire à être juge entre son analyse historique et celle de ses contradicteurs, se soumettant d'avance à son verdict, et c'est là aussi, bien entendu, une flatterie au dédicataire et Secrétaire d'État Loménie : « Accepte donc l'arbitrage de cette cause, homme très illustre, car pour moi, quoi qu'il en soit décidé, il est sûr que je m'en tiendrai à ton jugement » (traduit du latin).

57 La présence d'allusions à des faits historiques, élément éventuel des dédicaces, hors de son intérêt propre pour le lecteur moderne, diffère beaucoup de la préoccupation de vérité historique et de bonne analyse des textes qui guide Oyhénart. Les faits rapportés dans les dédicaces sont d'ailleurs notés sans précision, et éventuellement même sujets à caution. Les démarches de l'évêque Etchauz rapportées par Axular (1643) contre les enterrements des protestants (nobles certainement) dans les églises, comme ils le faisaient avant la réforme, sont d'autant plus probables, quoique non autrement documentées dans ce cas (sauf erreur), que celles d'Oyhénart Syndic Général de Soule contre leurs sermons dans la ville de Mauléon sont avérées. Les conflits religieux et le retour en force des armées de Jeanne d'Albret dans ses Etats en 1568 pour un nouveau développement de la religion réformée sont vérifiés par l'histoire ; mais l'incendie du château d'Etxauz par les protestants à la même période n'est connu que par la relation d'Axular (1643). Tartas suit Axular et manifeste son goût de l'histoire en rappelant les hauts faits ou les drames vécus par les pères et ancêtres de ses dédicataires, citant les lieux, les circonstances, les rois 25 ; mais ces actions étant strictement d'ordre militaire, les dédicaces de Tartas s'éloignent alors des sujets de dévotion que traitent ses ouvrages.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 19

3b. Morale et dévotion (Eginbidea eta debozionea)

58 A l'exception de celui d'Oyhénart, c'est évidemment la préoccupation première sinon unique des ouvrages cités, et des dédicaces. On l'a souligné en particulier dans l'éloge des dédicataires, reine de Navarre, évêques, vicaire général, dont les auteurs soulignent à la fois la sagesse et la haute moralité, leur caractère « vertueux » (1636 : çuhurrari..., çure verthute handiac). S'y ajoutent leur action et leur « zèle » en faveur de la religion : le mot zelo par lequel Liçarrague désignait l'action et la ferveur de Jeanne d'Albret en faveur de la réforme se retrouve en pleine propagande de contre-réforme catholique sous la plume de Materre (1617) (« Ce zele ardent que vous tesmoignez au salut de ces âmes... »), ou d'Axular citant le texte des Machabées chap. 2 qu'il prête généreusement à Antonin d'Etchauz qu'il met abusivement sans doute à la tête des révoltés catholiques : omnis qui habet zelum legis... Arambillague en 1684, au moment où le catholicisme triomphant de Louis XIV s'apprête à la Révocation de l'Edit de Nantes, le reprend d'abord en français (« ... vous voyant aller avec tant de Zele sur les vestiges du Seigneur... ») et le renforce dans la version en basque, en traduction paraphrasée un peu libre, par le mot k (h) ar « flamme intérieure, ardeur », forme intensive du commun gar « flamme (du feu) » : hainbertze zelo eta kar handirequin Iesusen oiñ urratxen ondoan çabiltçala, ickusten çaituenaz gueroz...

59 Le dédicateur laisse entendre ou souligne que son livre est une réponse à la volonté du dédicataire de répandre dans le public la bonne doctrine, public d'ailleurs lui-même « assoiffé » de religion si l'on en croit Etcheberry (1627) s'adressant au vicaire général : Baiñan guztiz Laphurtarren arimei egarria, Hiltceco çare, hain cargu handian eçarria. 60 « Mais surtout vous êtes mis dans une charge si grande pour éteindre la soif dans les âmes des Labourdins » 26. Le même en 1636 est partagé entre la figure obligée de la petitesse du livre, et la grandeur de son objectif religieux : Damu nuque (...) Ez çuri dedicatceaz Neure obren goihena (...) Errecibi çaçu arren Ene obra phurra... 61 « Il me serait dommageable (...) de ne pas vous dédier la plus haute de mes œuvres (...) Recevez donc mon modeste ouvrage... »

3c. Polémique religieuse et rivalité littéraire (Erlisioneko gataska eta literaturan etsaitasuna)

62 L'affirmation de la bonne doctrine, sur laquelle il n'est pas utile de s'attarder tant le sujet est central et partout présent, conduit évidemment à dénoncer la mauvaise, et par là la dédicace, peut-être plus explicitement que le corps de l'ouvrage, reflète le débat majeur du temps de la contre-réforme. Mais aussi d'abord celui de la réforme : la dédicace de Liçarrague inscrit sa traduction du Nouveau Testament dans le projet central de la réforme calviniste, qui est de fonder la religion, comme elle aurait dû le rester, sur la lettre même de la « pure parole de Dieu ». Haur bay erranen dut, ecen bethi orhoitic nola Iaincoaren manu expressa den haren hitzari deus edequi eztaquion ez eratchequi : hala eguin ahal dudan fidelquiena eguin ukan dudala : « Je dirai pourtant ceci : qu'ayant toujours gardé à l'esprit que l'ordre exprès de Dieu est de ne rien retrancher ni rien ajouter à sa parole, je m'y suis appliqué aussi fidèlement qu'il m'a été possible ». Derrière la figure

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 20

de Satan auquel la reine pourra faire maintenant « la guerre » dans ses Etats basques, avec l'aide du livre comparé, dans le style guerrier, a une « trompette » annonciatrice de la loi divine (...hunez cerbitzaturen cinadela trompettabaten ançora, ceinez laincoac deitzen baitzaitu hala çure Nafarroaco resuman-ere Satani guerla eguitera...), il faut entendre évidemment le parti catholique, et tout au moins celui des catholiques intransigeants.

63 Au temps du Guero d'Axular, les guerres de religion sont vieilles d'un demi-siècle, même si les dernières places fortes tenues par les protestants n'ont été rendues que récemment au pouvoir royal, le point culminant étant en 1627 le siège et la prise de La Rochelle : « plus de deux cent cinquante Villes, que ce Grand Monarche – Louis XIII – avait conquises contre Calvin et Luther » écrit Tartas en 1666, n'oubliant pas non plus l'image des « trompettes », qui sont cette fois les hauts faits de Troisvilles dans ces conflits. Axular ne nomme les protestants, contre lesquels Etchauz a dû obtenir que la cour intervienne, qu'indirectement et par périphrase :... Iccussiric ecen, eliçatic campoan cebiliçan Iende batçuec, nahi cituztela, bere azquen finean, gorputzac eliçan sarthu eta ehortci... « Ayant vu que des gens qui vivaient hors de l'église (sous-entendu : catholique) voulaient à leur fin dernière entrer et enterrer leurs corps à l'église... » Quand il évoque plus précisément, en apologie d'Antonin d'Etchauz père de l'évêque, les luttes du parti catholique bas-navarrais contre la propagande calviniste, dans les années 1567-1568 mais sans en préciser l'époque, c'est encore sans nommer les adversaires sinon sous la métaphore de la « maladie », la qualification de la religion catholique suffisant à faire entendre ce que le texte ne dit pas : Naffarroa behereco parte hetan, bertce anhitz leccutan beçala, legue Catolica saindua. iduriz flacatcera, cordocatcera eta erortcera cihoanean (...) Eta hanbat eguinçuen, non bere herria et ingurunecoac ere, hetan sartcera cihoan eritasunetic beguiratu baitcituen... « Quand dans ces régions de la Basse-Navarre comme en beaucoup d'autres lieux, la sainte loi catholique semblait sur le point de faiblir, de se lézarder et de tomber (...) Et il fit si bien qu'il sauvegarda son pays, et aussi ceux des environs, de la maladie qui allait y entrer. » L'incendie du château d'Etchauz (mais est-ce bien celui de Baïgorry, ou une autre des possessions de la famille vicomtale ? 27) est attribué à la réaction « haineuse » des partisans de Jeanne d'Albret, mais en formule indéfinie : Eta guero handic hartaco herraz eta mendecuz bere Iauregui ederra errecioten. « Et ensuite, par haine et esprit de vengeance, on lui brûla son beau château. » Notons que le pluriel de 3e personne basque sans antécédent errecioten équivaut à l'indéfini français « on » et ne peut se traduire autrement. 64 Ces indications d'Axular, prudentes et mesurées, ont certainement invité Tartas dans Onsa... (1666) à reprendre le couplet antiprotestant, mais c'est sans doute encore une fois avec l'intention de corriger le modèle, en nommant clairement les ennemis qu'a affrontés, comme Antonin d'Etchauz, le père du marquis de Monein :... actioné ederric, eta sainduric eguindu harc eré, eliça saindiaren, beré resumaren beré erreguiaren, bere herriaren aldé eta fauoretan, eresiaren, eta huguenauten contré... « Il a lui aussi accompli de grandes et saintes actions, pour la sainte église, pour son pays et pour son roi et en leur faveur, contre l'hérésie et les huguenots ». Dans la dédicace de son second livre (1772), évoquant les campagnes de Louis XIII contre les protestants, il nomme aussi les inspirateurs de la réforme : « Villes (...) conquises contre Calvin et Luther ». On peut comprendre ces allusions directes aussi bien comme le signe des progrès de la reprise en main catholique sous Louis XIV, que comme une sorte de sauvegarde personnelle, puisque Tartas était d'une famille qui avait participé activement à la réforme protestante au temps de Jeanne d'Albret et de Henri IV

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 21

65 Dans l'esprit de polémique présent dans les dédicaces, on rappellera aussi le thème des « envieux », des « médisants » ou des « critiques ». Il était présent chez Etcheberry (1627) s'adressant à Claude de Rueil 66 (Hartaracotz obra hunen, patroin çaitut hautetsi, Gaisqui errailleac çeren baititutçu gaitçetsi. 67 « Pour cela je vous ai choisi comme patron de cet ouvrage, car vous avez méprisé les médisants »), ou dans les derniers vers de la dédicace des chants de mer au vicaire général Oiharart : Ceure gomendio onean har etçatçu arraiqui, Prestutassun eçagunac hauts deçan inuidia, Eta ahoco hitz batec ichill, hitzquin mihia. 68 « Prenez-les gracieusement sous votre bonne recommandation, afin que votre diligence reconnue casse l'envie, et qu'un mot de votre bouche fasse taire la langue bavarde ».

69 Axular (1643) ne nomme pas d'envieux ou de critiques, mais son appel à la protection d'Etchauz et de sa grande réputation semble les sous-entendre : Ceren halatan eta harequin batean ibilico den leccu guztietan, burua gora ecarrico du (...) eta nehoren guti veldurric, Iendartera, bere beguitartea, ausartqui atheracodu. « Car en tous lieux où il (le livre « orphelin ») paraîtra ainsi et avec elle (votre protection), il portera la tête haute (...) et n'aura guère peur de personne ; il osera exposer son visage au milieu des gens. » Arambillague encore (1684) attend de son dédicataire-protecteur qu'il garantisse son livre contre l'envie : « (...) c'est (sic) Ouvrage, lequel selon la fortune et le sort qu'ont tous les Livres, ne manquera pas de critique ; il sera au dessus de l'envie, si Vous luy faites la grace de Vous declarer en sa faveur... ». Le texte basque qui nomme gaiçqui erraileac « les médisants », traduit à la lettre invidiaz gorago içaren (sic, pour içanen) da par « il sera au-dessus de l'envie ». 70 Ce peut être là un topique des dédicaces, justifiant la demande de protection, pour « tous les livres » comme dit Arambillague. Mais on peut entendre aussi bien des raisons plus précises : le fait que ces livres religieux se publient au moment des fortes controverses religieuses qui marquent le siècle (après les protestants, les jansénistes et les jésuites, le gallicanisme, les quiétistes bientôt) invite à y lire plus qu'une figure de style obligée.

4. La fonction esthétique et littéraire des dédicaces (Eskaintzen egiteko eztetika edo literaturazkoa.)

71 La fonction première de l'épître dédicatoire consistant à faire la louange du dédicataire, grand personnage présenté comme réunissant en lui toutes les vertus, parmi lesquelles aussi la connaissance – au moins fictivement pour les dédicaces basques aux non bascophones – et le goût littéraires, elle se conçoit comme un écrit d'apparat. L'auteur doit annoncer en même temps l'œuvre qui suit sous un jour favorable, et en particulier comme œuvre à lire, et agréable à lire, que ce soit à titre de divertissement ou à titre d'édification morale, et de préférence les deux à la fois : « édifier en divertissant » serait alors le but du livre lui-même, comme celui de la comédie, suivant la formule antique reprise par Molière, était de « châtier les mœurs en riant » : castigat ridendo mores... Le « paratexte », et tout d'abord la dédicace (mais pas elle seule : la « préface » ou « adresse au lecteur », même plus technique au plan linguistique comme dans le cas des préfaces en basque, répond en partie à la même exigence), doit être un écrit au

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 22

caractère littéraire marqué. De sa réussite comme tel dépend sa réception par le dédicataire, prémice de la future réception du livre lui-même par le public. Car c'est déjà lui qui, tout autant que le dédicataire, est visé à travers ce dernier, et du reste expressément désigné, comme dans le iendartera d'Axular qui vient d'être cité : « aux milieux des gens », c'est-à-dire « devant le public ». Pour répondre à cette double mais au fond unique et essentielle exigence, qui est, selon la formule classique du même temps « de plaire et de toucher », le dédicateur met en jeu les diverses facettes de son art d'écrire.

4 a. Prose ou vers ? (Hitz laxo ala neurthitz ?)

72 La dédicace comme genre littéraire, mineur en principe puisqu'il ne fait qu'ouvrir le livre, l'œuvre majeure et principale, se contente généralement de la prose. Et un seul parmi nos auteurs, Etcheberry de Ciboure, fait exception : ses dédicaces sont en vers parce que les livres le sont aussi. Mais c'est une règle générale : l'épître dédicatoire en vers est assez rare, quoique déjà en 1546 le Tiers Livre de Rabelais fût précédé d'un dizain de décasyllabes, proche de la dédicace fictive : FRANÇOIS RABELAIS, A L'ESPRIT DE LA ROYNE DE NAVARRE (voir en Annexe). On a vu que Corneille, dont toutes les pièces de théâtre sont pourtant en vers, ne l'utilisait qu'exceptionnellement, dans le sonnet qui termine la dédicace en prose de Polyeucte (1643) à la régente Anne d'Autriche, et dans celle d'Œdipe (1659) au surintendant Fouquet qui s'intitule, soulignant l'exception (et répondant, avec le tutoiement à l'antique, à une gratification généreuse : « pour une faveur signalée » précise l'adresse qui suit, Au lecteur) : Vers présentés à Monseigneur le Procureur Général Fouquet Surintendant des Finances. Bien que situées en fin du recueil supplémentaire (1664 ?), les deux poésies d'Oyhénart en hommage aux poètes basques souletins Sauguis (sonnet) et Arrain (épitaphe en sizain) forment une sorte d'envoi (au sens du mot pour la dernière strophe des ballades médiévales), répondant au moins, mais en fin de volume, à la même fonction laudative que les dédicaces, et au même souci formel.

73 Pourtant les dédicaces en vers d'Etcheberry ont reçu de ce même Oyhénart (1665) une critique définitive, et largement justifiée : moins pour les rimes entre syllabes « masculines » et « féminines » selon la définition du poète souletin, sinon discutable, du moins peu efficace pour les oreilles de l'auditeur moderne (et probablement ancien, en dehors de l'accentuation propre au domaine souletin...), ou l'alignement en quatrain d'hémistiches (seulement en 1636) de distiques (ce qui revient à peu près à une forme non strophique et à rimes suivies, comme les paratextes du même Etcheberry en 1627), qu'en raison des libertés prises quant à la langue : citant « lepistre dédicatoire adressee à Monsieur leuesque de Bayonne » (1636) aussi bien que l'ensemble des autres livres d'Etcheberry (« ses Noels,... son Egunoroscoa,... son Eliçara Erabilzecoa... »), il y découvre des « Licences Exorbitantes » dont certaines sont détaillées 28. Et de fait Etcheberry, entre autres, semble s'être prévalu du modèle du vers latin, où la place du mot dans le vers était souvent fonction de sa structure syllabique, de manière à former les « pieds » constitués de nombres fixes de syllabes longues ou brèves, l'accord en genre et en nombre permettant néanmoins au message de rester cohérent et lisible. Mais le basque ne fait d'accord, sauf au verbe conjugué, ni en genre (pas de genre exprimé hors tutoiement verbal) ni en nombre. C'est ainsi sans doute qu'il faut expliquer les vers cités ci-dessus dans l'évocation de la confirmation du poète à Ciboure par Etchauz (... eta çureaz/Confirmatu içatu Bainais escu emeas...) ou celle de la définition,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 23

encore plus surprenante, des Basques par les Romains (voir ci-dessus : il faut rapporter çaharrec à la rime au dernier mot Erromarrec à la rime également, mais séparé de lui par un groupe verbal entier : « les anciens Romains ») et qu'Oyhénart nomme par l'expression « a fin datraper La mesure de ses Uers, Il redouble souuant l'article... » Etcheberry nommait les vers « hitz lothuak » (Cein baititut hobe vstez hitz lothutan ebaqui... soit littéralement « que j'ai, croyant les faire meilleurs, coupés en mots liés ») expression qui durera en Labourd jusqu'au XIX e siècle, au lieu du « hitz neurtu » ou « mots mesurés », ou du mot employé par Oyhénart (1657) « neurthitz » qui est bien préférable.

4 b. Ecriture et composition (Idazkera eta egituratze)

74 Mais les dédicaces en prose n'obéissent pas moins à la préoccupation esthétique que celles en vers. Des traits, du reste, sont communs aux deux types. Je ne cite qu'incidemment le mode d'écriture et d'impression, bien que le procédé entre pleinement dans l'esthétique, mais ici purement visuelle, de la dédicace. La répartition des mots en majuscules et minuscules dans les vocatifs insérés dans l'épître, et surtout dans les mots initiaux (titulature du dédicataire) ou terminaux (signature du dédicateur) sur la page, participent à l'esthétique – on pourrait dire à l'étiquette, au sens louis-quatorzien et courtisan, qui participe du même objectif esthétique – de la dédicace, comme y participe aussi l'alignement en « faux quatrains » avec alinéas marqués de la dédicace citée d'Etcheberry en 1636.

75 Moins sensible à l'œil, mais autrement importante, est la mise en ordre du développement dédicatoire, ce qu'on nomme ordinairement la « composition ». Rien sans doute, dans l'histoire des lettres et des arts, n'est plus systématiquement composé, ordonné et élaboré, jusqu'au vertige dans la peinture du temps, que la production post- renaissante et « baroque », puisque ce terme bien commode (malgré le glissement sémantique depuis le nom donné d'abord à une perle « de forme irrégulière » !) désigne la période de l'esthétique générale européenne qui va de l'après-renaissance dans la deuxième moitié du XVI e siècle à l'assagissement, tout relatif, des formes et des figures ornementales que l'on nomme, du moins en France, « classicisme » : Corneille, justement, représente bien le passage ou du moins le mouvement de l'un vers l'autre. Et ici, rien ne distingue, a priori, la composition versifiée de la composition prosaïque. 76 Sur ce point, c'est Liçarrague (1571) qui avait donné le signal dans son ample dédicace à Jeanne d'Albret, aussi bien par la largeur du souffle et de la phrase, que par les articulations bien ordonnées du développement : 77 1° excuse initiale pour « oser » dédier son livre à une « Majesté », et justification par l'humanité et le « zèle » religieux de Jeanne d'Albret, développés dans l'ordre, jusqu'à l'arrêt à la tournure interrogative Baina cer ? 78 2° par cette transition d'antithèse commence l'exposé de l'humilité de l'auteur et l'insuffisance de son art, qui ne le conduisent pas à renoncer, mais au contraire à assumer, seul à l'inverse de Paederatus le Lacédémonien qui avait trouvé 300 citoyens meilleurs que lui pour être élus à l'assemblée (ornement par la référence culturelle antique), la tâche pour laquelle il avait été sollicité ; 79 3° suit l'exposé des difficultés de cette tâche, notamment la traduction dans une langue où cet exercice était inconnu, mais néanmoins de son intérêt pour répondre à l'attente

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 24

d'un peuple qui n'est pas « si sauvage » et au besoin de la vraie doctrine religieuse, « la pure parole divine », qu'il s'est efforcé de reproduire au mieux ; 80 4° et pour finir le traducteur demande l'indulgence de la reine, faisant pour elle et ses enfants des souhaits de longue vie et d'édification religieuse. 81 L'autre grande dédicace où peut se mesurer le mieux – mieux en tout cas que dans les dédicaces courtes – l'art tout architectural de la construction du développement, comparable dans les grandes lignes, mais de subdivisions plus complexes, est celle d'Axular (1643). Ici le souhait initial contenant la titulature est suivi, en thème introductif, du départ (décès) d'Etchauz avant que l'auteur eut achevé son œuvre, ce qui permet d'introduire en mea culpa le thème du « ne pas tarder » qui est celui du livre, et l'image du livre orphelin, que le dévouement passé et la réputation d'honneur du dédicataire vont soutenir. Suit le récit des faits qui ont établi cette réputation, puis ceux qui ont manifesté l'honneur : honneur dans le service du roi et de l'église, honneur pour la famille. La même articulation par contradiction (Baiña certaco... ?) que chez Liçarrague, venue plus tard parce que l'honneur d'un particulier peut être évoqué plus en détail que celui du souverain (qui va de soi), entame le deuxième versant : la demande de protection pour le livre. Elle s'interrompt avec le retour, en symétrie avec le début par une nouvelle articulation d'opposition (Bai ordea...), figure favorite de l'architecture baroque, du départ d'Etchauz et des sentiments du dédicateur, contradictoires (comme ceux de... Gargantua à la mort de Gargamelle, mais ici dans le ton grave) : certes deuil et dommage (damu...), mais surtout et bien davantage plaisir (Atseguin) fondé sur l'espoir dans le dessein de Dieu, en nouvelle symétrie avec le Ceruco loria initial.

4 c. Figures et ornementation du discours (Hitzaldiaren itxurak eta apaindurak)

82 Les figures d'ornementation stylistique sont évidemment à chaque tournant, et dans tous les textes, avec pourtant une efflorescence particulière chez un Axular et un Tartas : jeux de mots et répétitions qu'affectionne Axular (guerotic guerora, vorondate vorondatetsuac, fama on famatuaz...), comparaisons avec Paederatus le Lacédémonien (1571), avec l'aigle en vol (1643), avec la trompette (1571, 1666), métaphores du livre enfant chez presque tous, orphelin (1643) ou soldat (1666), de l'ombre protectrice (1627, 1643), antithèses entre la petitesse de l'œuvre et de son auteur, poussée jusqu'à l'extrême par Liçarrague, et la grandeur, mot pouvant représenter un titre épiscopal devenu d'usage et adorné des éventuels superlatifs latinisants : « Eminentissime » (qui était aussi, dans un ordre opposé, utilisé comme une sorte de surnom ironique donné aux cardinaux-ministres français...), « Illustrissime » etc., ou chez Oyhénart en latin plus authentique illustrissimus (1638), hyperboles soulignant et amplifiant ces antithèses...

83 Rien là qui ne soit caractéristique du genre et de l'époque, comme si la dédicace, précisément, avait réuni et empilé, parfois d'une manière un peu caricaturale (chez Tartas en 1666 filant sa métaphore du livre-soldat et du dédicataire-parrain et en même temps chef de guerre...), la quintessence même, au plan stylistique, du baroque littéraire. La réaction classicisante de Furetière contre les dédicaces ne pouvait manquer, et elle vint assez tôt malgré tout (1666), ce qui est tout en faveur de l'esprit critique en général et de celui des gens du XVIIe siècle en particulier.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 25

Conclusion

84 L'attention aux textes annexes, généralement tenus pour mineurs au regard des œuvres, se révèle utile pour les dédicaces basques : elles font voir, parfois mieux que le livre et en tout cas d'une manière plus personnelle, l'auteur et la relation qu'il veut – ou qu'il doit – établir avec son environnement social, entre le public auquel le livre s'adresse, et l'autorité supérieure, laïque ou religieuse, qui détient la clef de toute publication, en l'autorisant, ou en lui donnant la caution de son nom, ou les deux à la fois. Le genre littéraire ainsi constitué parvient même, exceptionnellement, au rang de chef-d'œuvre, et de chef d'œuvre, si l'on excepte les seuls faits de langue, plus accessible que le livre à un public non dévot, comme le notait Augustin Chaho à propos de celle du Guero : « Axular eut l'heureuse idée d'adresser au noble défunt sa dédicace, qui est un petit chef-d'œuvre de sentiment, d'élévation et de poésie » 29. Tout ne s'élève pas à ce niveau, ni pour la facture, ni pour l'esprit, ni même pour la qualité linguistique. Du moins ces écrits, dont certains prennent ainsi une dimension particulière dans la littérature basque ancienne, révèlent-ils toujours quelque chose d'important pour ce qui est des modes de production littéraire à l'époque dite « baroque » en Pays basque, et pour l'adaptation de la langue, que les premiers historiens de la littérature basque au XIXe siècle soulignèrent déjà, à l'expression de la pensée et de la réflexion.

NOTES

1. G. GENETTE, Palimpsestes, Paris 1982, Le Seuil (collection « Poétique ») ; Seuils, Paris 1987, Le Seuil (collection « Poétique »). Sur le paratexte encore, on peut consulter Philippe LANE, La périphérie du texte, Paris 1992, Nathan-Université, série « Linguistique », avec une importante bibliographie sur la question. 2. G. GENETTE, Seuils, p. 11. 3. G. GENETTE, op. cit. p. 115. 4. G. GENETTE, op. cit. p. 111. A la page 155, note 1, l'auteur cite les travaux sur les prologues (« prologos ») de la littérature espagnole de la Renaissance et du « Siècle d'or » d'A. PORQUERAS MAYO intitulés El prólogo comme género literario. Su estudio en el Siglo de Oro, Madrid 1957, El prologo en el Renacimiento espahol 1965, El prólogo en el manierismo y el barroco españoles 1968, Ensayo bibliografico del prólogo en la literatura 1971. 5. G. GENETTE, op. cit. p. 113 : « (...) ouvrage imaginaire en quatre tomes et soixante-quatre chapitres (...) » Ibidem p. 114 : « Cette « somme dédicatoire » dut bien un peu contribuer au discrédit – qu'elle reflète déjà – de la dédicace classique, et à sa disparition progressive. » 6. La réédition de 1623 chez Jacques Millanges à Bordeaux porte comme titre (les barres représentent les alinéas) :/DOTRINA/CHRISTIANA/BIGARREN IM-/pressionean debocinozco/othoitz eta Oracino/batçuez berreturic... La dédicace sur 10 lignes est ainsi formulée : /A MONSEIGNEVR,/ MONSEIGNEVR/LE REVERENDISSI-/me CLAVDE DE RVEIL/Euesque de Bayonne,/ Conseiller du Roy en ses/ Conseils d'Estat & Privé,/ Aumosnier & Predica-/teur ordinaire de sa Ma-/jesté, & c. 7. Les « paratextes auctoriaux » de l'ouvrage ne commencent qu'après un « avis » ( iduritu çaienaz) en basque des censeurs ecclésiastiques délégués par l'évêque et adressé au vicaire

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 26

général (Iphizpicuaren ordain handiari), daté de « Sare le 11 octobre 1626 » (Saran Urriaren 11. Urthe 1626) signé de P. DE AXVLAR (curé de Sare) et P. DE GVILLENTENA (curé d'Itxassou), la licence LICENTIA en latin du vicaire général datée de Bayonne le 28 octobre 1626, et les louanges à l'auteur : un dizain en basque de Guillantena signé P. GVILLENTENA/Itsassuco Erretorac qui se dit « ami » (bere adisquideac) de l'auteur (voir ci-dessous la note 21), un huitain latin (GRATVLATOR IOANNI/Etcheberio etc.) signé de I. DE HEGUY qui se dit « condisciple » (condiscipulus) de l'auteur, et un dizain également en latin IN LAVDEM AVTHORIS signé STEPHANVS HIRIGOYTI. Le n° 1, un douzain en vers de 15 syllabes à rimes suivies comme tout le reste de l'ouvrage, est un « Réveil pour apprendre le manuel » (MANVALAREN/IKHASTERA/IRATÇARMENDVA) ; le n° 2 un « avis de l'auteur au lecteur dévot sur la manière de ce livre » (IRACVRTÇAILLE/DEVOTARI EGVILLEAC/LIBVRV HVNEN MANERAZ/ABISVA) ; le n° 3 est une autre préface sur la « répartition du livre » (LIBVRVAREN/ERREPARTIMENDVAZ) ; le n° 4 apporte enfin la dédicace précédée du titre de l'ouvrage : LEHENBICICO/LIBVRVA GVIRISTI/ñoac iaquin behar dituen gaucez. (« Livre premier : sur les choses que doit savoir le chrétien »). DED1CATIONEA ENE/IAVN CLAVD1VS DE RVEIL./ Baionaco Iphizpicu digne, Erregueren/Conseillerari, Eta Parizco semeari./ O.D.D.L.I.E.D.T. (« Dédicace à Monseigneur Claude de Rueil, digne Evêque de Bayonne, Conseiller du Roi, et fils de Paris »). 8. Dans le « Deuxième livre, sur les prières que devrait réciter le chrétien » ( BI-GARREN/ LIBVRVA./ GVIR1STINOAC/ERRAN BEHAR LITVZQUEN/OTHOITCEZ.), l'avis au lecteur (IRACVRTÇAILLEARI/ABISVA.) suit la dédicace au vicaire général ainsi formulée : DEDICATIONEA./ IAVN MIGVEL/DE OIHARART, VICARIO/General, Officiai, eta Baionaco Eliça/naüssico, Calonge Theologari./ O.D.D.L.I.E.D.T (« Dédicace au sieur Miguel de Oiharart, Vicaire Général, Officiai, et Chanoine Théologien de l'Eglise cathédrale de Bayonne »). 9. La dédicace du « Recueil des prières pour les voyages en mer » ( ITSASSOCO/BIAYETACO/ OTHOITCEN/ARALDEA) formant la troisième partie du livre suit aussi le titre (et précède l'avis au lecteur) mais est un peu différemment formulée : DEDICATIONE/PARTICVLARRA ERRAN/DEN IAVN./ M1GVEL OIHARART VICARIO/General Officiai eta Calonge Theo-/logal berari.(« Dédicace particulière au même dit sieur Miguel Oiharart, Vicaire Général Officiai et Chanoine Théologal »). 10. DEDICATIONEA/IAVN NOBLE, BERTRAND/DE ETCHAVS, SORBONACO/DOCTOR IAQVVINSVN/Tursco Archiphizpicu di-/gne, erregueren predicari famatu, & Conseiller çu-/hurrari. (« Dédicace au noble seigneur Bertrand d'Etchaus, savant docteur de la Sorbonne, digne Archevêque de Tours, fameux prédicateur et sage Conseiller du roi »). 11. Le dédicataire de la Notitia... d'Oyhénart est nommé ainsi : Illustre Henrico Augusto Lomenae, Villaeclerici domino, equiti torquato, sacri Consistorii Conciliario regali etc. 12. La célèbre épître dédicatoire in memoriam d'Axular à Bertrand d'Etchauz, qui demande à être comparée à celle qu'Etcheberry de Ciboure avait déjà adressée à l'ancien évêque de Bayonne encore vivant (voir ci-dessus note 10), intitulée GOMENDIOZCO CARTA « Lettre (ou Epître) de recommandation », titre repris ensuite avec quelque variation par Tartas (voir ci-dessous note 15) et tel quel beaucoup plus tard (1718) par Etcheberry de Sare (voir ci-dessous note 19), commence par la formule suivante : ENE IAVN/BERTRAND DE/ECHAVS, TVRSCO/Arzipizpicu, Franciaco lehen-lbicico erremusinari : Ordenaco/aitonen seme, eta erregueren/Conseillari famatuari./ CERVCO LORIA. (« A l'illustre Monseigneur Bertrand d'Etchauz, Archevêque de Tours, premier aumônier de France, chevalier de l'Ordre, et Conseiller du roi, la gloire du ciel »). 13. La formule dédicatoire de cet ouvrage est rapportée par P. LAFITTE (Euskal literaturaz, articles réunis et présentés par Patri URKIZU, Klasikoak n° 35, 1990, p. 139) : TARBEKO ENE/Jaun Ipizpicuari/ Erregueren estatu privatu/Conseilluan Conseillari,/ eta Artusko abadeari/JOANNES HARANEDER/Fraideac baquea eta/Ossasuna (« A Monseigneur l'Évêque de Tarbes, Conseiller du Roi au Conseil d'État privé et abbé d'Arthous, le Frère Joannes Haraneder (souhaite) la paix et la Santé »). Le seul

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 27

évêque de Tarbes basque et en même temps abbé d'Arthous près de Dax, donc susceptible de recevoir cette dédicace serait, selon les recherches de l'auteur, l'un des deux Salvat Diharce (originaires probablement de la maison Eihartzea de Labastide-Clairence : cf. P. Haristoy, Recherches Historiques sur le Pays basque, Laffitte Reprints 1977, Il p. 130-132), et sans doute le second qui fut évêque de Tarbes de 1601 à 1648 ; il y succédait à son oncle du même nom, nommé par Henri III en 1577, et qui avait donné la prêtrise, le siège bayonnais étant vacant, à Axular en 1598. Le même évêque de Tarbes avait reçu en 1635 la dédicace du Debocino escuarra... etc. de J. Haramburu, ouvrage conservé seulement dans la réédition de 1690 selon FRANCISQUE-MICHEL, Le pays basque, sa population... etc., Paris 1857, p. 489. 14. Le titre complet de l'ouvrage est donné par FRANCISQUE-MICHEL (op. cit. p. 482) : San Fronces de Sales, Genevaco ipizpicuaren, Philotea, eta chapeletaren Andredena Mariaren ohoretan devocionerequin erraiteco Antçea. Sylvain Pouvreau apeçac escaraz emana (« La Philotee de saint François de Sales, évêque de Genève, et la manière de dire avec dévotion le chapelet en l'honneur de Notre Dame Marie. Traduites en basque par le prêtre Sylvain Pouvreau »). 15. L'en-tête de l'épître dédicatoire de Tartas est ainsi formulé : GOMENDIOSCO LETTRA/Barcoiçé, Domicigné, Lohitçuné, Mitrigna, Amenduce, lspoura, Larçeualé, Sarhia, Caldia, Carressa, Hauta-arriua, Peyra, Gayrossa, Arbuzé eta Moneigneco laun Marquizari. (« Lettre de recommandation. A monsieur le marquis de Monein, (seigneur de) Barcus, Domezain, Lohitzun, Beyrie, Amendeuix, Ispoure, Larcevau, Sarhi, Saut, Caresse, Hauterive, Peyre, Gayrosse et Arbus »). Pour la localisation des seigneuries, voir ci-dessous la note 22. En 1681 Jean-Armand de Montréal marquis de Monein acheta à son cousin Armand-Jean le fils du mousquetaire de Troisvilles les charges de gouverneur de Soule et de sénéchal de Navarre (voir ci-dessous la note 16). 16. Le second livre de Tartas, imprimé à Orthez chez Jacques Rouyer imprimeur du roi (ORTHECEN, IACQUESROVYER/Erregueren imprimaçalia baitan/...) et daté du 16 juillet 1672, porte après le titre une formule dédicatoire en basque, suivie d'une phrase latine tirée de Mathieu (Ex fructibus eorum cognoscetis eos : « Vous les reconnaissez à leurs fruits »), puis l'épître dédicatoire en français : ARMA/PENITENTAREN OCCV/PATIONE DEVOTAQ./ Orationia, Barura, eta Amoyna/(« Les occupations dévotes de l'âme pénitente : la prière, le jeûne et l'aumône ») Hirur Yrico Iaunary, Montirande/deithatcen den Iaun Abadiary/dedicatiac/Iuan de Tartas. Arueco R etoraz/(« Dédiées au seigneur de Troisvilles, nommé l'abbé de Moutirander, par Jean de Tartas curé d'Aroue »). La lettre commence par : A MONSIEUR DE/TROISVILLES,/ Abbé de Montirandé. Sur cet aîné des deux fils du fameux mousquetaire, P. Haristoy donne les informations suivantes : nommé Armand-Jean de Peyré de Troisvilles et né en 1639, il avait reçu la tonsure à 14 ans des mains de l'archevêque de Paris futur cardinal de Retz, et fut nommé en 1657 par bulles du pape Alexandre VII abbé « commendataire » de l'abbaye de « Notre-Dame de Moustier-en-Der » (nom donné par Haristoy, ce qui suppose qu'il fallait dire sans doute et écrire « Moutirander »). De 1676 à 1681 il eut les charges de gouverneur de Soule et de sénéchal de Navarre achetées à un sien cousin avant de les revendre à un autre (voir la note 15) ; il mourut à Paris à l'hôtel de Troisvilles rue de Tournon en novembre 1700 et fut enterré dans le chœur de son abbaye (P. HARISTOY, op. cit. II p. 113). Les dédicataires de Tartas forment un réseau familial lié à la Soule. 17. S'adressant à un prélat qui ne sait pas le basque, Arambillague suit l'exemple de la dédicace bilingue de Liçarrague à Jeanne d'Albret : après la formule dédicatoire en français, l'épître est écrite sur deux colonnes, à gauche en français et en italiques, à droite en basque et lettres droites. En voici le début : A MONSEIGNEUR,/ L'ILLUSTRISSIME ET/Reverendissime GASPARD de PRIEL-/LE Évêque de Bayone, Abbé de la/Roque, Conseiller du Roy en ses Conseils, & c. (Colonne de gauche) MONSEIGNEUR,/ Quoique les presens/ne sont d'ordinai-/re estimés par plusieurs/que par leur nouvauté,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 28

celuy que j'ay l'honneur/de vous presenter, qui/est l'Imitation de Iesus-ZChrist, traduite dans/nôtre Langue, se flatte/de vôtre estime, parce/qu 'il vous est familier, etc. (Colonne de droite) ENE JAUNA,/ PRESENTAC ceren/berriac diren hañitcec/ordinariosqui estimatu/arren, çuri eguiteco o-/horea dudana, ceiña Iesu/Christoren Imitacionea,/ gure langoaiarat emana/baita çure estimuaz be-/re burua lausengatcen/du ; ceren familier çait-/çun ; etc. 18. Cité par G. GENETTE, op. cit. p. 114. 19. Le titre de cette oeuvre-dédicace, qui devait présenter au « Bilçar » ou assemblée du Tiers- Etat du Labourd le livre à visée pédagogique des « Rudiments du basque pour apprendre le latin » EUSCARAZCO HATSAPENAC LATIN IKHASTECO daté de 1712, dont le titre est précédé de la dédicace ESCUAL-HERRIARI/ETA/ESCUALDUN GUZTIEI... « Au Pays basque et à tous les Basques », est constitué par la formule dédicatoire elle-même : LAU-URD1RI/GOMENDIOZCO CARTA,/ EDO/GUTHUNA/J. D'ETCHEBERRI, Saraco Dotor Miricuac. (« Carte ou lettre de recommandation au Labourd, par J. d'Etcheberri, docteur médecin de Sare »). La forme basque lau-urdi du mot Labourd (« lieu des quatre eaux », mais le dérivé urdi n'existe pas) procède d'une fantaisie étymologique de l'auteur, qui veut réfuter les explications antérieures non moins évidemment inexactes (« pays de voleurs » !). L'épître dédicatoire prend ici la forme d'une longue dissertation (une quarantaine de pages réduites à une vingtaine de grand format dans l'édition de J. de Urquijo : cf. Joannes Etcheberriren Lan Osoa, Atlantica Reprise 1998, p. 301-323), qui est une apologie des langues et une défense de la langue basque en particulier, en style direct adressé à un lecteur non nommé. C'est seulement dans les dernières pages qu'il interpelle plusieurs fois, selon le style propre aux dédicaces, les membres dédicataires de l'assemblée en leur présentant son ouvrage, avant de terminer par la formule habituelle des dédicateurs : Halacotz bada JAUNAC. orai hemen daccartzquetçuet (...) Eta gauça hunen hunela ikhusteaz uste dut JAUNAC, atseguin eta placer içanen duçuela (...) Eztut bada dutatcen JAUNAC, çuec-ere eguiazco Escualdun, et Lau-urtar beçala (...) heldu naitçaiçue neure obrattoaren ofrendatcera (...) eta-hala JAUNAC sinets çaçue bethiere naicela borondate, eta bihotz on batequin, Çuen cerbitçari Ttipiena, eta obligatuena, J. D'ETCHEBERRYJSaraco Dotor-Miricua. « C'est pourquoi Messieurs, je vous les apporte ici maintenant (...) Et de voir cette chose ainsi je crois Messieurs, que vous aurez plaisir et contentement (...) Je ne doute donc pas Messieurs, que vous aussi comme vrais Basques et Labourdins (...) je viens vous offrir mon petit ouvrage (...) et ainsi Messieurs, croyez que je suis pour toujours, avec bon cœur et bonne volonté, le plus petit et le plus obligé de vos serviteurs... » 20. Par la formule rituelle initiale, « Magnifiques, très honorés et souverains Seigneurs » répétée dans le texte, J.-J. Rousseau s'adresse au Conseil Général qui était l'assemblée de tous les « citoyens » genevois, sans nommer le Petit Conseil des vingt-cinq qui exerçait le pouvoir et s'estima offensé de ne pas recevoir la dédicace. A la fin de ce tableau abusivement idéalisé et sentimental de la République (la dernière section s'adresse aux « Aimables et vertueuses citoyennes... ») que l'auteur met au compte de « la tendre affection d'un vrai patriote », vient la signature du dédicateur : « Je suis avec le plus profond respect, Magnifiques, très honorés et souverains Seigneurs, Votre très humble et très obéissant serviteur et concitoyen. Jean-Jacques ROUSSEAU... » 21. Eloge en vers basques de 15 syllabes de P. Guillentena (la maison éponyme est à Ossès et a été reconstruite sous ce nom à cette époque, portant au linteau armorié la date et l'inscription suivantes : 1628. ESTA ES LA CASA I ARMAS DE GU1LLANTENA), curé d'Itxassou, à Etcheberry de Ciboure en tête de son Manual... de 1627 : IOANNES ETCHEBERRI/Doctor Theologo, eta Manual hunen/eguilleari bere adisquideac.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 29

DAMURIC etcecutsala Anaia medicuac Harc beguia hertsiz guero eguin tutçun versuac Eçen guehiago çure preça liro artea Eguin ohi çuen baño bici cela berea. Harenac guidatcen çuen gorputça indarrera, Bañan çureac arima hedoiaren gañera. Oraiñ ere cantatcen tu çure coplac Ceruan,Bai eta mereci onez nic behere Munduan.Eçen Iaincoa laudateen dute, eta Iaincoac Ceru lurretan mereci ditu laudorioac. P. GUILLENTENA Itsassuco Erretorac « A Joannes Etcheberri docteur en théologie et auteur de ce Manuel, son ami. « Dommage que votre frère le médecin ne vit pas les vers que vous avez faits après qu'il fut décédé, car il apprécierait votre art davantage qu'il ne fit le sien quand il vivait. Son art conduisait le corps à l'effort, mais le vôtre emporte l'âme au-dessus des nuages. Maintenant il chante encore vos strophes dans le ciel, et moi aussi à bon droit dans ce bas monde. Car ils louent Dieu, et il est juste que Dieu soit loué au ciel et sur la terre. P. Guillentena, curé d'Itxassou. » 22. Les seigneuries, pour la plupart de simples maisons nobles anciennes, que possédait sans doute héréditairement le marquis de Monein, dans le Pays basque, outre celles du Béarn, sont semble-t-il les suivantes : en Soule la salle ou peut-être l'abbadie de Barcus (qui lui donnait sans doute le titre d'abbé laïque), la salle ou la potestaterie de Domezain (sa tour de facture médiévale avait été intégrée à l'église, Garatea était aussi maison noble médiévale), l'une des deux maisons nobles Larrondo ou Berrho de Lohitzun ; en Basse-Navarre la salle de Beyrie en Mixe qui seule des trois maisons nobles du lieu permettait de se dire « seigneur de Beyrie », celle d'Amendeuix de même, l'une des 19 maisons nobles d'Ispoure en Cize (peut-être Larrea ou « La Lane » dans les textes gascons ? aucune ne permettait en principe de se dire « seigneur d'Ispoure »), Sarrhia maison de Juxue, la salle de Larcevau et Zaldu ou « Saut » de Cibits en Ostabarret. Aucune de ces seigneuries ne donnait le titre de marquis, qui n'avait dû être attaché qu'à la seule abbadie de Monein ou à l'un des autres « domengers » ou nobles du lieu cités dans le fouage béarnais de 1385. 23. Après avoir été l'un des soutiens de l'évêque de Luçon futur cardinal de Richelieu après les Etats Généraux de 1614, Etchauz fut écarté du cardinalat par le même Richelieu. La phrase humoristique par laquelle il résumait cette situation (« Si le Roy eust esté en faveur, j'étois cardinal ») selon les Historiettes de Tallemant des Réaux et les difficiles relations entre le Premier Ministre et le « Premier Aumônier », qui aida à la fuite en Espagne de la duchesse de Chevreuse poursuivie par Richelieu selon les Mémoires de La Rochefoucauld, mais qui était sans doute aussi trop « ultramontain » aux yeux de la cour de France, ainsi que le vers du poème de Marolles en son honneur ( »Ce fut un bel esprit et du grand monde aussi »), sont rapportés par HARISTOY, op. cit. II p. 82-90. 24. Axular reprend à son compte la traditionnelle et ancienne (elle remonterait au XV° siècle) fausse étymologie du mot latin postumus, à l'origine simple superlatif de posterior au sens de « ultime », transformé en posthumus « postérieur à la (mise en) terre » (rappelé par G. GENETTE op. cit. p. 11 note 3). 25. Dans la dédicace en basque de 1666 Tartas remonte jusqu'au temps de Henri II où Tristan de Monein Gouverneur de Guyenne et Lieutenant Général fut tué au cours d'une révolte : Çure etchiac, çuré familiac dicha, fortuna honadu egundanoz gueroz, ezta oraino hil Tristant de Monein Guyenaco Gobernadoré, eta Lotenent General handy harén memoria... (« Votre maison, votre famille a depuis toujours un grand destin : la mémoire de ce grand Tristan de Monein Gouverneur et Lieutenant Général de Guyenne n'est pas encore éteinte... ») : Montaigne raconte qu'étant enfant il fut témoin de cette révolte bordelaise dite « révolte de la gabelle » et du meurtre de Monein par

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 30

la populace, le 21 août 1548 ; il le critique pour sa faiblesse en cette occasion, se rendant auprès des révoltés au lieu de jouer de son autorité (Essais, livre I chapitre XXIV). Tartas cite ensuite les actions guerrières de Valentin de Domezain et Monein au temps de Charles IX, puis Clément de Monein père du dédicataire (plus tard le nom a été écrit « Moneins »). Dans la dédicace en français de 1672 il ne pouvait guère remonter plus haut que le père du dédicataire, « genereux seigneur » ou « grand Heros », le capitaine des mousquetaires sous Louis XIII et Louis XIV, mais dont le père était marchand de son état, et avait pu acheter des maisons nobles à Troisvilles. 26. Le complément déterminé du nom verbal est normalement au génitif chez Etcheberry comme chez tous ses contemporains labourdins : c'est à la nécessité de la rime, très riche de ce fait, entraînant chez lui (et d'autres) bien d'autres irrégularités grammaticales, que l'on doit la séquence egarria hilceco « pour éteindre la soif » au lieu du egarriaren hilceco régulier et attendu. Il s'agit donc d'un fait de « licence poétique ». 27. L'architecture très composite du château d'Etchauz résultant pour une bonne part des importantes transformations effectuées par les Abbadie d'Arrast qui l'acquirent au XIX° siècle, l'absence de tout autre document que le récit d'Axular relatant l'incendie des années 1567-69 où eurent lieu la révolte des catholiques bas-navarrais et leur soumission par l'armée de Montgomery, la date inscrite de 1555 et l'inscription religieuse en écriture apparemment de style médiéval tardif (comme celle de la maison du ballestero « arbalétrier » dans la rue principale), ne permettent pas de conclure à la réalité de l'incendie. D'après un récit rapporté par HARISTOY (op. cit. II p. 70 note 1), le vicomte Antonin se justifia de sa révolte auprès de Jeanne d'Albret par une lettre du 3 septembre 1570 en déclarant qu'il « n'avait fait qu'obéir aux lettres reçues de la cour de France », et qu'il avait protesté en vain contre la mise de la Navarre sous la tutelle de la France ; blessé au siège de Navarrenx, il avait en outre promis à Montgomery de ne plus porter les armes contre la reine pour en obtenir le pardon, par l'intermédiaire de « M. de Leyçeraçu, commissaire de M. de Montgommery » : le seigneur de Leizaratzu, seconde maison noble de Baïgorry après Etchauz en importance, était en effet du parti de la reine, et apparemment aussi en assez bonnes relations avec le vicomte pour accepter de plaider sa cause auprès d'elle. 28. P. LAFITTE, « L'art poétique basque (Un inédit d'Arnaud d'Oyhénart) », Gure Herria 1967, p. 195-233. Oyhénart avait connaissance d'écrits en prose d'Etcheberry, depuis lors perdus comme d'autres textes littéraires basques des XVI e et XVII e siècles, et il les jugeait bien supérieurs à ses vers : « Il Est dommage que Cet Esprit aye mieux aymé s'apliquer a la poésie (pour laquelle il nauait point de naturel) qu'a la prose, En laquelle il auroit reussy Indubitablement ; car (outre ses ouurages Imprimes) ses Lettres familieres, Escrites a aucuns de ses amys, son dictionnaire, Et ses conjugaisons (que Iay Ueus Escrits de sa main) rendent temoignage de sa sufisence en Cette langue. » (Ibid. p. 229). 29. J. Augustin CHAHO, Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques (1830-1835), VIII. La bibliothèque. Laffitte Reprints 1979, p. 311.

RÉSUMÉS

B. Exeparekoaren (1545), Leizarragaren (1571) edo Axularren (1643) liburuen hastapenean irakurtzen direnak gogoratuz, badakigu zer balioa har dezaketen eskaintzek, edo literaturaren ixtorioko edo idazki horiek dakarketen edertasun bereziaren gatik. Eztu hain aspaldi (G. GENETTE 1987) literatura aztertzale batzu hasi direla liburu inguruneko idazki horier behatzen,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 31

« paratexte » izendatuz erdaraz, eta hemen euskaraz idatzinguru : eskaintza, irakurtzaileari abisu, aitzin-solas eta bertze, hauk idazlearen indatzinguruak. baitira ere argitaratzailearenak. Hemen ikertzen dira eskaintzak, bere aro berezia duten XVIl-garren mendean, idatzinguru mota horrek betetzen eta bete behar dituen « egiteko » nagusietan : eskainduruaren laudoriozkoa, eskaintzalearen eta liburuaren aitzineratzekoa, gogoetaz eta « ideologiaz » - erlisioneko eztabadetaz bereziki gure liburuetan - egiten dena, eta, ororen buruan ohargarriena zenbait aldiz, nahiz beti beharrezkoa ere, eztetika edo - bi gauzak bat diren neurrian - literaturakoa. 1. Aztertzailek azpimarratu dute noiz izan den Europako literaturetan eskaitzaren « aro urrea » : XVI-garren mende azkenetik, XVII-garrenaren erdira. Erakusten da Frantzian P. Corneille tragedialari aipatuak ezarri duela hogei bat eskaintza, orduko jende handiener eginak, 1632-tik 1659-rano agertarazi zituen antzerkietan. Ordu berean, Leizarragarenaren ondotik (1571), hor da ere euskal idazlek, euskaraz ala erdaraz ala bi hizkuntzetan, egin dituztenen lerro tinkia : Materre 1617, Ziburuko Etxeberri 1627 eta 1636 (orotara lau eskaintza bi liburuetan), Haramburu (1635), Oyhenart 1638, Axular 1643, J. Haranader zaharra 1648, Pouvreau 1664, Tartas 1666 eta 1672, Arambillaga 1684. Ordukotz Parisen Furetière-ek argitaratua zuen eskaintzaren trufa bizia den Somme dédicatoire... delakoa (1666). Eskaintzen aroa joaiten ari da, eta idazki mota berezi hori geldituko da XVIII-garren mendearekin. 2. Edozein eskaintzek behar du lehenik eskaindurua, handi zenbait, Leizarragak erregina, euskal idazle gehienek, bere liburuetako gaiaren araura, apezpikua, goraipatu, hunenjite edo jakitatean aitzinekoen ohorean bezenbat ; eta aldi berean nork bere burua eta liburua erakusten du ahal bezain ttipi : gehienetan itxuratzen da haur, emazurtz, noiz bitxikiago soldado (1666), beti eskainduruaren laguntza, itzal eta geriza beharra. Bi egiteko kontrako baina elgar osatzaile horiek, eta gehiago lehenak, hunek hastapenetik, bigarrenak izenpetzerano, hartzen dute eskaintzaren eremu gehiena, bai luzetasunez, bai estiloko itxuretan. 3. Liburuaren gaiak, aski guti eta xehetasunik gabe sartzen bada ere eskaintzetan, bai eta hari lotuak izan daitezkeen gertakariek ekartzen dute gogoetazko edo ideologiazko egitekoa, hartzen baitu zenbait aldiz erlisioneko eztabada eta etsaigoaren itxura. Oihenartek ixtorioko egia eta jakitatea zuen gogoan Loménie-ri latinez eta « hika » molde zaharrean mintzatuz. Bertze guziek erlisionea : edo kontra-erreformako elizaren erakaspen eta moralaren hedatzeaz (1617, 1627, 1636, 1684), edo ere, nahiz etsaiak izen zuzenez aipatu gabe (salbu Tartasek, bere aitzineko jendakia protestantetan ukana bazuen ere edo... hartakotz), aldi bakar katolikoak (Leizarraga 1571), eta gehiago erreforma eta protestantak (1643, 1666, 1672). XVI-XVlI-garren mendetako etsaigoa berezi hortarik harat, aipatzen dira ere « gaitzerraile » eta bekaiztiak, erran gabe bizkitartean nor diren, ala aro hartako erlisione katolikoaren barneko modu berezietan ala, edonoizko idazlek bezala ordukoak ere bazituzkeenak irakurtzaile eta... idazle lagunetan. 4. Egiteko horietarik harat, eta horietan beretan, eskaintzak badu eta behar du egiteko gozagarriago bat : literaturan eta eztetikan betetzen duena. Idazkiaren apaintze horren osagailuak eztira oro hein berekoak, ez ere oro berdin beteginak. Apainduran sartzen dira idazkerako modu bereziak, menturaz argitaratzailearen gain idazlearen baino gehiago : hizki nagusi, handi, ttipi, lerrokatze et orrian lekuratze..., axaleko apaindurak. Idazleak hauta dezake, eskaintzaren apaingarri berezitzat, neurtitza : hala Corenille-ek sartzen duelarik hamalaurkun bat Anna Austriako Frantziako erregina erreientsaren eskaintzan (1643) edo egiten Fouquet prokuradore eta zergazain aberatsegiari neurtitzezko « gutun » edo eskutitz bat (1659) ; hala ere Ziburuko Etxeberrik bere neurtitzezko bi liburuetako (« Noelak » bertze) lau eskaintzetan, Oihenarten kritika garratza jasaiten dutela urte guti barne (1665). Apaindura ederrago da idazkiaren barnean eta mamian berean delarik, hitz-laxoan ere beraz. Leizarragak eta Axularrek arta handia hartzen dute eskaintza luze baten argiki eta azkarki egituratzeko, gaitik gaira aitzinatuz, lotura zuzenez edo oposaketaz (« Baina çer ? »), idazkiaren batasuna agertaraziz hastetik bururaino. Estiloko eta erretorikako idurien egiteko berezia hor da, ezpadute bederen gehiegiz edo zuzentasun eskasez apaindura behar baino urrunago eremaiten (Tartasen 1666-ko

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 32

adibidea har daiteke hortako) : hitz-joko eta errepika, gomparaketa, metafora edo itxuraldatze, antitesia eta hiperbola... Idazki molde horren eta aro barroko hartako ezaugarri argienak dira segurki. Idatzinguruek, eta ez bakarrik eskaintzek, baderakusate zer izan den aro batez idazleak ingurumenarekin, irakurtzailearekin, gizartearekin, boteredunekin zuen eta ukan behar zuen harremana. Baina eskaintzak dira gehienik heltzen zenbait aldiz aro klasikoko euskal literaturan, eta euskararen erabiltzeko moldea barne, egiazko idazki batek galdegiten duen betegintasunezko neurrira.

INDEX

Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), littérature basque, écrivain classique Thèmes : littérature, philologie

AUTEUR

JEAN-BAPTISTE ORPUSTAN

Professeur à Bordeaux III, Directeur de l'UPRESA 5478 [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 33

Les prologues auctoriaux des ouvrages basques des XVIe et XVIIe siècles

Bernard Oyharçabal

1 L'objet de ce colloque étant de mieux connaître les conditions dans lesquelles la littérature classique basque se développa au XVII e siècle, j'examinerai pour ma part certains des écrits de la périphérie des textes, que G. Genette (1987) a désignés sous le nom de paratextes, et que l'on rencontre également sous d'autres désignations comme périgraphie (Compagnon 1979 : 328), ou encore, en espagnol, preliminares (Spang, 1987 : 322).

2 Après certains travaux précurseurs, notamment pour la littérature du siècle d'or en Espagne celui de Porqueras Mayo (1957), au cours de ces dernières années, disons surtout au cours des années 80, les historiens de la littérature, en particulier les spécialistes du XVI e siècle, ou encore du Moyen Age en Espagne et en France, ont souligné l'importance de ces textes périphériques pour comprendre et interpréter les conditions de production et de réception des oeuvres. Certes, le thème n'était pas nouveau, mais il avait été abordé jusque-là dans une perspective principalement bibliographique (Cayuela 1996 : 08). En dehors de cette optique, illustrée notamment dans les études basques par Vinson dans sa bibliographie (1891), les paratextes basques ont peu été étudiés jusqu'ici, et ce colloque offre l'occasion de leur porter, du moins pour ceux de la période considérée, une attention particulière1. 3 Pour les ouvrages en basque publiés durant les XVI e et XVII e siècles, nous pouvons distinguer quatre types majeurs de paratextes 2 : ceux relatifs aux éléments de nature éditoriale (titre, auteur, lieu, date et conditions d'impression, errata) ; les éléments de préciation de l'œuvre ou également de l'auteur dûs à des plumes autres que celle de l'auteur lui-même, dont notamment, dans le cas qui nous concerne ici, eu égard à la forte proportion d'ouvrages religieux, les approbations et permissions épiscopales qui constituent un sous-groupe caractéristique ; les dédicaces de l'auteur, qui sont très fréquentes jusqu'à la seconde moitié du XVIIe siècle, et que J.-B. Orpustan examinera au cours de ce colloque, et enfin les prologues et avertissements au lecteur rédigés, soit

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 34

par les auteurs eux-mêmes (préfaces auctoriales, selon la dénomination de Genette), soit par les traducteurs en tant que prologuistes de leur travail de traduction 3. Ce sont de ces derniers dont pour ma part je parlerai exclusivement. 4 Généralement les prologues des textes basques ne sont pas désignés autrement que par la mention du destinataire au datif, notamment par les formules Euskaldunei « Aux Basques » ou Irakurtzaileari « Au lecteur ». Parfois le terme abisua « avis » est associé à la mention du destinataire, comme chez Etcheberri de Ciboure, et le terme prefacioa « préface » apparaît également chez Gasteluçar alors que la forme antérieure classique de ces paratextes se modifie, et vient doubler l'avertissement au lecteur. Tous ces textes, que nous regroupons sous le nom générique de prologue, se caractérisent par les éléments suivants : i) ils sont rédigés par l'auteur ; ii) ils visent à présenter l'ouvrage publié (ou la traduction réalisée) au lecteur sur un mode personnel et direct. Contrairement aux dédicaces, lesquelles sont adressées généralement à quelque personne de mérite ou d'importance, parfois dans le but de bénéficier de sa protection, voire de son aide financière pour la publication, ou encore pour rappeler que c'est à sa demande que l'ouvrage a été écrit, les prologues ne sont pas destinés à quelqu'un en particulier, sinon au lecteur, parfois socialement ou culturellement défini, mais toujours anonyme et virtuel, même lorsque, comme Montaigne dans ses Essais, il prétend avoir écrit son livre à la commodité particulière de [ses] parens et amis, et en aucune façon pour rechercher la faveur du monde. 5 Dédicaces et prologues forment par conséquent des paratextes de nature bien différente, même s'il advient à l'occasion que les premières soient rédigées de manière telle qu'on y retrouve l'essentiel des éléments des prologues. On peut mesurer la différence générique des deux types de paratextes en considérant dans la littérature basque par exemple Guero d'Axular et Onsa hilceco bidia de Tartas, qui disposent tous deux à la fois d'une dédicace et d'un avertissement au lecteur, de formats classiques pour la période. 6 Comme nous allons le voir, ces avertissements au lecteur sont relativement fréquents dans les ouvrages en basque à l'époque considérée et ils accordent presque tous une place importante à une question particulière : celle de la langue. Même si cet intérêt spécifique n'est pas inconnu ailleurs à certaines périodes, ainsi au milieu du XVI e siècle en France, c'est là, à n'en pas douter, une singularité des ouvrages basques, qui témoigne de la nature particulière, pour la plupart des auteurs, du choix de langue. Cette surpondération de l'aspect linguistique se retrouve, on le sait, tout au long de l'histoire de la littérature basque, et c'est d'ailleurs encore le cas dans une large mesure. 7 L'un des aspects pris par cette question de la langue se retrouve dans la différence que l'on peut constater entre la langue des textes (et généralement des prologues) et celle des dédicaces. Pour les textes que nous étudions ici, à de rares exceptions près, comme celle d'Oihenart (1657), sur laquelle nous reviendrons, les prologues sont en basque, comme les textes, alors que les dédicaces peuvent êtres rédigées dans une autre langue si leur destinataire n'est pas basque, soit dans le cadre d'une démarche bilingue comme dans la dédicace de Liçarrague à Jeanne d'Albret, soit en français uniquement comme dans la dédicace de Materre à l'Évêque de Bayonne, Claude de Rueil. La langue des paratextes de préciation est, elle, très variable (latin, espagnol ou français, basque).

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 35

Les prologues dans les littératures des XVIe et XVIIe siècles

8 Au XVI e siècle, de nombreux auteurs font précéder leurs œuvres de prologues ou avertissements au lecteurs, suivant une conduite qui trouve sa source classique dans les textes dramatiques et poétiques, tels qu'ils furent théorisés par Aristote dans la Poétique et la Rhétorique (Tripet 1992 : 02 ; Montoya Martínez & Riquer 1998 : 36). Des textes majeurs de la littérature française ou espagnole témoignent de l'importance de ces préliminaires. Du Bellay signale que sa Deffense et illustration de la langue françoise de 1549 avait été conçue comme le prologue à son ouvrage poétique Olive car ne pensant toutefois au commencement faire plus grand œuvre qu'un espitre et petit avertissement au lecteur, disjonction à laquelle ne procéda pas Ronsard bien que les considérations adressées au lecteur apprentif en tête de la deuxième édition (posthume) de 1587 de La Franciade ont pu être considérées comme constituant un véritable art poétique (cf. Rigolot 1986). Le cas de Cervantes est tout aussi révélateur, qui écrit un prologue au 1 er livre du Quichote, pour railler cette pratique à laquelle il se soumet de mauvaise grâce et comme par obligation : Porque te sé decir que aunque me costó algún trabajo componerla [l'œuvre], ninguno tuve por mayor que hacer esta prefaciôn que vas leyendo. Mucha veces tomé la pluma para escribille, y muchas la dejé, por no saber lo que escribiría ; y estando una suspenso, con el papel delante, la pluma en la oreja, el codo en el bufete y la mano en la mejilla, pensando lo que diría, entró a deshora un amigo mío, gracioso, y bien entendido, el cual, viéndome tan imaginativo, me preguntó la causa y, no encubriéndosela yo, le dije que pensaba en el prólogo que había de hacer a la historia de don Quijote.4

9 Qu'en est-il des textes basques ? Au XVI e siècle, Dechepare n'a pas de prologue 5, et l'advertissement que Liçarrague fait figurer avant sa traduction du Nouveau Testament est un texte traduit faisant partie de l'original, contrairement à son adresse aux Basques (Heuscalduney). En fait, pour ces auteurs la question de la langue étant primordiale, et leurs dédicaces accordant à ce sujet une place importante, un tel préliminaire aurait fait en quelque sorte double emploi. C'est d'ailleurs un peu le cas chez Liçarrague qui, dans le texte s'adressant spécifiquement à ses lecteurs basques, et où il traite notamment des difficultés de sa tâche de traducteur, retrouve un point qu'il avait également développé dans sa dédicace à Jeanne d'Albret. 10 On s'étonnera bien sûr de l'absence d'un tel prologue chez Dechepare, très conscient de la nouveauté et de l'importance de son ouvrage du point de vue de la langue. Certes le thème linguistique et l'apport spécifique de son livre dans cette perspective ne sont pas ignorés, puisqu'il y consacre à la fois sa dédicace et les deux derniers poèmes de son recueil. Toutefois, par rapport à l'usage traditionnel des prologues au XVI e siècle, manquent d'autres éléments que l'on aurait aimé y rencontrer, car sans doute nous auraient-ils permis de mieux comprendre les conditions dans lesquelles ses poèmes furent conçus et publiés. Tripet (1992 : 202) voit dans le bref texte adressé Au lecteur par Montaigne dans ses Essais, une illustration des prologues classiques, en ceci du moins qu'il respecte la géométrie du genre fondée sur ce qu'il appelle le triangle du prologue, à savoir, le destinataire, l'œuvre et l'auteur. Pour qui Dechepare écrivait-il, à qui s'adressait-il ? Dans quelles conditions choisit-il les thèmes qui furent les siens dans ses poèmes, et pourquoi leur donna-t-il cette forme ? Comment se situait-il par rapport à sa propre production en tant qu'homme d'église, que poète de l'amour charnel, ou que responsable public, injustement accusé et emprisonné, ainsi qu'il l'assure dans son

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 36

poème autobiographique ? Ces questions restent largement sans réponse, et l'on peut penser qu'un avertissement au lecteur sur le modèle classique nous aurait fournit quelques indications ou indices nous mettant sur la voie. Ainsi, paradoxalement, l'absence de prologue chez Dechepare nous fait saisir l'importance que ces paratextes peuvent présenter pour comprendre la manière dont les textes sont produits et éventuellement reçus dans leur contexte. 11 Quels sont les textes de la littérature basque 6 qui nous procurent de tels prologues jusqu'à la fin du XVII e siècle ? Selon les ouvrages que j'ai pu consulter, ce sont, dans l'ordre chronologique, les suivants7 : 12 Liçarrague (1571). Dans la traduction du Nouveau Testament une adresse Aux Basques (Heuscalduney) ; en tête de l'ABC une adresse A tous ceux en charge de l'enseignement de la jeunesse et à leurs supérieurs (Gastetassunaren iracasteco cargüa dutenér eta goitico gucier). 13 Materre (1623). Un avertissement Aux Basques (Euscaldunei) repris certainement de la lre édition édition (perdue) de Dotrina christiana (1617) ; un avis Au lecteur (Iracurtçailearï) ajouté dans l'édition de 1623. 14 Beriayn (1621). Une adresse au lecteur en espagnol (Al lector) dans ce traité bilingue sur la manière d'entendre la messe. 15 Etcheberri de Ciboure (1627/1669 8). Dans le Manuel de Dévotion (Manual debotionezcoa), trois textes préliminaires en vers : l'avis au lecteur (Iracurtçailleari abisua) ; l'exhortation à l'apprentissage du Manuel (Manualaren ikhastera iratçarmendua) ; l'avis de l'auteur au lecteur dévot sur la manière du livre (Iracurtçaille devotari eguilleac liburu hunen maneraz abisua). 16 Haramboure (1635). Dans La Dévotion manuelle (Debocino escuarra) une adresse de l'auteur de l'ouvrage au lecteur (Irakurtzailleari obraren iabeak) 17 Axular (1643). Dans Guero (Après), un avis Au lecteur (Iracurtçailleari).

18 Oihenart (1657). Dans Les Proverbes basques recueillis par le Sr d'Oihenart, plus les poésies basques du mesme auteur, une préface rédigée en français en tête de l'ouvrage et précédant le recueil de proverbes, et un avertissement Av lectevr avant la seconde partie rassemblant les poésies basques. 19 Argaiñaratz (1665). Dans Le bréviaire des dévots (Devoten breviarioa), un avis aux dévots (Devotei). 20 Tartas (1666 & 1672). Dans La voie pour bien mourir (Onsa hilceco bidia), une adresse Au lecteur (Iraccurtcaliari ; même chose dans Les occupations dévotes de l'âme pénitente (Arima penitentaren occupatione devotaq). 21 Gasteluçar (1686). Dans Eguia catolicac salvamendu eternalaren eguiteco necessario direnac (Les vérités catholiques nécessaires pour réaliser son salut éternel), une préface (Prefacioa) et un avis (Abisua). 22 Comme on peut le constater, les ouvrages basques de la période considérée qui disposent d'un avertissement au lecteur sont relativement nombreux. Tous ne sont pas de même importance, et il convient de distinguer selon la nature des ouvrages, la période, les auteurs. Nous offrons en annexe les textes basques avec leur traduction française, et le lecteur pourra s'y référer pour en prendre connaissance. Dans les paragraphes qui suivront, je procéderai à certaines observations relatives au contenu de ces prologues de divers points de vue.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 37

Les prologues-types de Materre, Axular et Tartas

23 Parmi les divers textes mentionnés, certains correspondent à une facture classique pour l'époque. Avec l'adresse aux Basques de Materre, probablement présente dans l'édition de 1617 de Dotrina Christiana, c'est surtout le cas des prologues qu'Axular et Tartas firent paraître dans leurs ouvrages de morale religieuse Guero et Onsa hilceco bidia, genre de littérature dans lequel les auteurs affectionnaient particulièrement les paratextes en ce temps, ce qui avait suggéré à La Bruyère cette observation narquoise, qui figure dans ses Caractères : Si l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale l'Avertissement au lecteur, l'Epître dédicatoi-re, la Préface, la Table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre (Les Caractères, Des ouvrages de l'esprit).

24 La structure de ces prologues s'établit autour des quatre éléments suivants, que l'on trouve chez les trois auteurs (sauf pour le dernier chez Materre) : • circonstances expliquant comment l'auteur a entrepris son ouvrage : topos de l'auteur obligé ; • indications générales relatives au plan de l'ouvrage ; • discussions des questions de langue et des difficultés y attenant rencontrées par l'auteur ; • posture d'humilité de l'auteur : topos de la modestie.

25 Nous nous appuierons sur ces prologues pour examiner les conditions de réalisation de cette structure.

Le topos de l'auteur obligé

26 Le but du prologue est principalement de présenter au lecteur la posture que l'auteur entend prendre aux yeux du lecteur par rapport à l'œuvre et de définir le contenu de celle-ci. En réalité il s'agit là d'une actualisation des stratégies de rhétorique dont les auteurs classiques avaient clairement établi la double tâche : instruire (docere) et séduire (placere). Le prologuiste poursuit ainsi un double objectif : souligner l'intérêt de son propos afin d'attirer l'attention du lecteur (attentum parare), mais aussi, le séduire, et pour cela susciter chez lui la sympathie pour l'œuvre (docilem parare) et la bienveillance envers l'auteur (captatio benevolen-tiae), laquelle se gagne notamment en adoptant une attitude de modestie.

27 Il y a là comme une contradiction : l'auteur, d'une part, doit se diminuer au yeux du lecteur en tant qu'auteur, mais, d'autre part, il ne saurait évidemment associer son discours à ce propos de rabaissement, ce qui serait contreproductif Cette contradiction est le plus souvent résolue dans les prologues 9 par le recours à un procédé consistant à disjoindre l'auteur de l'œuvre, en mettant en scène des circonstances permettant cette dissociation. Nous en verrons une illustration presque caricaturale et à vrai dire quelque peu maladroite chez Tartas (1666). 28 Ce sont Axular et Tartas, dont les ouvrages, bien qu'ils relèvent de la réflexion religieuse, accordent aux conventions littéraires une place indéniable, qui se plient le plus clairement à ce jeu. Tout en revendiquant leur statut d'auteurs, ils présentent leur oeuvre comme le produit d'une action extérieure, et évoquent des circonstances, plus sûrement inventées que réelles, au moins chez Tartas, mais sans doute également chez

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 38

Axular, qu'ils mettent en scène dans un style et un ton qui anticipent ceux du texte proprement dit. 29 Le texte d'Axular est bien connu, car les historiens de la littérature ont souvent considéré le récit des circonstances dans lesquelles Axular entreprit la rédaction de son ouvrage comme une allusion à un groupe de lettrés basques du Labourd se réunissant pour disserter des moyens de promouvoir une littérature religieuse de qualité dans la langue du pays (Villasante, 1979 : 68, 77-78). Il est difficile de déterminer dans quelle mesure ces propos correspondent à une certaine réalité, ou s'il s'agit simplement d'une fiction conventionnelle. Car le procédé est bien connu qui fait que Tripet (1992) s'interroge lui aussi à propos des prologuistes français : Que dire des déclarations où l'auteur excuse la publication de son livre en disant (...) que ce sont ses amis qui ont insisté pour qu'elle se fasse (...) ? Rien n'exige que l'on doute, systématiquement, de la sincérité de telles déclarations ; mais il faut reconnaître qu'elles permettent à l'auteur de sauver l'existence et la valeur de son œuvre par personne et par circonstances interposées, tout en respectant le topos de la modestie. (Montaigne et l'art du prologue au XVIe siècle, p. 13). Cette interrogation vaut tout aussi bien pour le prologue d'Axular qui débute ainsi : 30 Egun batez, compaiñia on batean, euscaldunic baicen etcen leccuan nengoela, eccarri çuen solhasac, içan cen perpausa, etçuela deusec ere hanbat calte eguiten ari-maco, eta ez gorputceco ere, nola eguitecoen gueroco vtzteac, egunetic egunera, bihar-retic biharrera luçatceac. Eta on çatequeiela, gauça hunetçaz liburu baten, euscaraz, guztiz ere euscararic baicen etciaquitenentçat, eguitea ; eta hartan, guero dioenac, bego dioela eracustea, compaiñia berean galdeguin cen berehala, ea nori emanen cei-can liburuaren eguiteco cargua. Eta bertce guztien artetic, hasi ceizquidan niri neroni aditcera emaiten, lehembician kheinuz eta ayeruz, eta guero azguenean, clarqui eta aguerriz, nic behar nituela, eguiteco hartan escuac sarthu. Ordea nola ezpainintcen neure buruaz fida, desencusatu nintcen ahal beçanbat. Baiña alferric, ceren hain cinez eta batetan lothu ceisauidan, non ezetz erraiteco bide guztiac, hertsi baitcerausquida-ten. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 31 Un jour, alors que je me trouvais dans une compagnie agréable, composée uniquement de Basques, la conversation apporta le sujet, et le propos vint, que rien ne faisait plus de mal à l'âme, et même au corps, que le recul de l'accomplissement des devoirs, leur remise à plus tard de jour en jour, et de lendemain en lendemain. Et qu'il serait probablement utile de faire un livre en basque sur ce thème, destiné en particulier à ceux qui ne savent que le basque, et d'y montrer que celui qui dit plus tard dit jamais. Et parmi tous les présents, c'est à moi que l'on commença à faire comprendre, d'abord par signes et par allusions, puis, à la fin, clairement et ouvertement, qu'il me fallait prendre en mains cette tâche. Toutefois, comme je n'avais guère confiance en moi, j'essayais le plus possible de me faire excuser. Mais en vain, car on s'efforça si sincèrement et unanimement de me convaincre, qu'on me ferma toutes les voies de refus. 32 Tartas ne s'embarrasse pas de réalisme et a recours à un procédé également classique : celui du songe inspirateur, développé sur un mode naïf et ingénu, qui ne doit pas probablement pas être interprété au second degré, bien que le lecteur soit tenté de le faire (ambiguïté de registre qui, elle aussi, préfigure l'une des caractéristiques du texte lui même) : 33 NEVRE adesquidia, igarén vdan egun batez nangoela çuhaincé batén itçalbian neuré orenen errayten ninçala, loac harturic, eguindut neuré loan ametz handibat eta misteriosbat, iduritçen çautan neuré ametsian, iccusten niala guiçon eta emazte tropelabat goiti çelurat igaiten eta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 39

bertçé tropela bat oraino handiagoric beheiti ifernurat ioaiten eta erorten, gendé hec consideraturic batçiac gora, bertçiac behera ioaiten çirela, oihu eguindut eta heiagora orori, çer çen causa, edo çergatic batçiac goiti bertçiac beheiti ioaiten çiren : bere hala heldu da, botzbat çelutic eta emandu errapostu botçac ené oihia, eta heihagora ençunic, gende hetaric partebat goiti çelurat ioaiten çela, çeren beré herioaz, eta bere hilçiaz mundu hontan ordu honetz orhituric, eta herioac beccatu mortalic bateré gaberic gratiazco estatian atrapaturic, lurretic partit-cen baitçiren ; eta berçé parté guehiena beheiti ifernurat ioaiten çirela, çeren beré herioaz eta beré hilçiaz asqui ordu honéz orhitu faltaz, gratiazco estatutic campoan, herioac beccatu mortalez betheric atrapaturic, lurretic partitcen baitciren hargatic cirela galdu, eta damnatu. Loac eta ametsac, eta ametsaren errapostiac içituric, eta lotsaturic, iratçartu nin-çan, eta hartu lumá escura euscaldunen fauoretan euscaraz porogatçecn, onsa hilçeco bidia dela, herioaz, eta hilçiaz ardura orhitçia eta salbatçeco eztela bide hoberic mun-dian. (Tartas, Onsa hilçeco bidia, Iraccurtçaliari) 34 Mon ami, alors qu'un jour, l'été dernier, je me trouvais à l'ombre d'un arbre à lire mes heures, m'étant endormi, j'ai fait dans mon sommeil un rêve grand et mystérieux ; il me semblait que je voyais dans mon rêve une troupe d'hommes et de femmes montant au ciel, et une autre troupe, encore plus grande, descendant et chutant en enfer, et, considérant ces gens, les uns allant vers le haut, les autres vers le bas, j'ai crié, et poussé des clameurs : quelle était la cause de ceci et pourquoi les uns allaient vers le haut, les autres vers le bas ; aussitôt, vint du ciel une voix qui, ayant entendu ma clameur et mon cri, répondit qu'une partie de ces gens montait au ciel parce qu'ils avaient quitté la terre s'étant souvenus assez tôt en ce monde de leur mort et de leur trépas, et la mort les ayant attrapés en état de grâce sans qu'ils aient aucun péché mortel, et que l'autre plus grande partie descendait en enfer, parce que, faute de s'être souvenus suffisamment tôt de leur mort et de leur trépas, ils avaient quitté la terre hors de l'état de grâce et la mort les ayant attrapés entièrement souillés de péchés mortels, et que pour cette raison ils s'étaient perdus et damnés. Epouvanté et effrayé par mon sommeil, mon songe et la réponse de mon rêve, je me réveillai, et pris la plume à la main pour prouver au bénéfice des Basques que la manière de mourir bien consiste à se rappeler fréquemment de la mort, et qu'il n'existe pas de voie meilleure en ce monde pour se sauver. 35 Chez Materre, qui a rédigé un catéchisme sans prétention littéraire aucune, les choses se présentent différemment, car son travail est en réalité une œuvre pionnière. Avant lui, fort peu d'ouvrages avaient été publiés en basque, et on peut penser que ceux de Dechepare et de Liçarrague 10, ne serait-ce que pour des motifs de contenu, ne devaient pas être d'accès facile à cette époque en Labourd. De plus, Materre n'était pas basque, et il était bien conscient du paradoxe que constituait son statut d'auteur en langue basque. C'est par rapport à cette situation qu'il se situe dans son prologue de la première édition (1617) adressée aux Basques : 36 Miretsico duçue agian nic (Euscal-herrico ez naicelaric) Euscaraz esquiribatceco ausartciaren hartcea. Baiña baldin considera ba-dadi edirenen duçue eztela gauça hunetan ausartciaric, eta ez cer miretsiric : aitcitic bertcela eguin ba-nu miretsi behar çatequeyela eta erran ahanci citçaitala neure eguinbidea. Ceren Iaincoac niri hitzcun-ça hunen ikasteco ance appur bat eman derautanaz gueroz, iduritcen çait hoben nuqueyela, eta ere ezagutça gutitaco eta esquer gabe içanen nincela, baldin Euscal-herrian ikassia Euscal-herrico probetchutan emplegatu ez-panu. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 40

37 Vous vous étonnerez peut-être que, n'étant pas du Pays Basque, j'aie l'audace d'écrire en basque. Mais si on considère cette chose vous verrez qu'il n'y a en elle nulle audace, et rien pour s'étonner : au contraire c'est si j'avais fait autrement qu'il aurait fallu s'étonner et me dire que j'avais oublié mon devoir. Car puisque Dieu m'a donné suffisamment de dispositions pour apprendre cette langue, il me semble que j'aurais commis une faute, et que j'aurais été peu reconnaissant et ingrat, si je n'avais pas employé au bénéfice du Pays Basque ce que j'y avais appris. 38 Comme on le voit, Materre, sans recourir aux procédés rhétoriques du type de ceux d'Axular et Tartas, entend malgré tout lui aussi se présenter comme un auteur contraint, c'est-à-dire dont l'entreprise relève de l'obligation éthique et sacerdotale. Ayant fait allusion à la parabole du serviteur paresseux de l'évangile il poursuit, en jouant de l'ambiguïté du terme talentu « talent », entendu d'une part au sens de monnaie et associé à l'argent dans l'évangile, mais compris d'autre part au sens de don ou d'aptitude et évoquant la capacité à apprendre les langues dans son cas : 39 Euangelioco cerbitçari alfer hura gaztigatu çuen bere nabusiac, ceren irabacian erabiltceco errecibitu çuen talentua eta dirua estalia eta ehortcia eduqui çuen. Handic içan naiz ni ere beldur hala gertha cequidan, baldin Euscaraz minçatceco ardietsi dudan talentua eta iaquina arima irabacian emplegatu gabe ehortcia eta gordea edu-auitcen ba-nuen. Eta etçait iduri asco dela Cadiratic predicatuz probetchu eguitea baiña are vste dut esquiribuz ere behar dela enseyatu eta trabaillatu. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei) 40 Dans l'évangile, le serviteur paresseux fut puni par son maître, car il avait gardé caché et enterré le talent et l'argent qu'il avait reçus afin de le faire fructifier. J'ai craint qu'il ne m'arrivât la même chose, si je tenais caché et enterré, sans l'employer au bénéfice des âmes, le talent et le savoir dont j'ai été doté pour parler basque. Et il ne semble pas qu'il suffise d'en tirer profit en prêchant de la chaire, mais je crois qu'il faut s'y employer et y travailler par écrit également.

Indications relatives à la structure de l'ouvrage

41 Les trois auteurs mentionnés donnent ensuite quelques indications sur le contenu de leurs œuvres ou leur structure : il s'agit de la partie spécifiquement informationnelle du prologue, mais à laquelle en réalité on n'accorde guère d'importance. Les auteurs procèdent de façon passablement elliptique.

42 Chez Axular et Tartas les indications portent sur les principales divisions de leur texte. On sait que dans Guero cette partie du prologue a donné lieu à certaines difficultés d'interprétation dont traitera Haritschelhar au cours du colloque (cf. également Salaberri 1998). En effet, il est clair qu'au moment où le prologue a été rédigé, Axular envisageait de ne publier qu'une première partie de son essai, sans que l'on sache maintenant avec certitude si tel a été le cas, ou si finalement l'ouvrage complet avait été publié comme l'indique, en contradiction avec le prologue, le titre de l'ouvrage. 43 Eta hala deliberatu nuen, buru-eragotz carri beçala, liburutto baten, bi partetan partituric, guero, hunen gaiñean eguitera. Eta nahi nituzqueyen bi parteac elccarreguin, eta batetan athera. Baiña iccussiric cein gauça guti edireiten den euscaraz esguiribaturic, gogan behartu naiz eta veldur-tu, eztiren bideac asco segur eta garbi, baden bitartean cenbait trabu edo behaztopa harri. Eta halatan hartudut gogo, lehenbicico parte hunen, lehenic venturatçeco, eta berri iaquitera beçala aitcinerat igortceco.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 41

Hunec cer iragaiten den, cer beguitarte içaiten duen, eta nor nola mintço den, auisu eman diadaçan. Guero auisu haren arauaz ethorçuiçunerat gouernatceco : Eta bi garren partearen camporat atheratceco, edo barrenean guelditceco eta estaltceco. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 44 Et ainsi je décidai, comme un défi pour mon esprit, de faire ce livre, en le divisant en deux parties. Et j'aurais voulu publier ces deux parties ensemble et en même temps. Mais voyant que peu de choses avaient été écrites en basque, je me suis inquiété et j'ai pris peur que la route ne soit pas assez sûre et claire, et qu'il n'y ait sur le chemin quelque obstacle et pierre de trébuchement. Et ainsi, j'ai décidé d'aventurer d'abord cette première partie, et de l'envoyer par devant en manière d'éclaireur. Afin qu'elle m'avise de ce qu'il advient, de l'accueil qu'elle reçoit, et de la manière dont on en parle. De façon à agir en fonction de cet avertissement par la suite : ou bien en publiant cette seconde partie, ou bien en la gardant par-devers moi, et en l'y celant. 45 Dans Onsa hilceco bidia de Tartas, le plan en quatre parties, fondé sur la nature de l'argumentation développée, est exposé directement et de manière très succinte : 46 Edirenen duçu laur capitulu ene liburian, lehenian porogatcendut paganoen erra-naz, bi garrenian, legue çaharreco escritura saindiaz. ; hirur garrenian legue berriaz, eta eliçaco doctor saindiez, laur garrenian laur arraçoin differentez, onsa hilçeco bidia dela herioaz, eta hilçiaz orhitcia. (Tartas, Onsa hilçeco bidia, Iraccurtçaliari) 47 Vous trouverez quatre chapitres dans mon livre ; dans le premier, je prouve par les dires des païens, dans le second, grâce à la sainte écriture de la vieille loi, dans le troisième en vertu de la loi nouvelle et des saints docteurs de l'église, dans le quatrième au moyen de quatre différentes raisons, que la manière de bien mourir consiste à se rappeler de la mort et du trépas. 48 Malgré sa briéveté, le propos de Materre est fort intéressant. En effet, contrairement à Axular et Tartas, il ne se contente pas de fixer comme objectif à son ouvrage l'instruction religieuse, comme il est normal pour un ouvrage de doctrine catholique, il y a ajoute spécifiquement une visée de fondateur et propagateur de l'écrit basque : 49 Eta nola lanac cimendutic behar baitu hassi, eta gure salbamenduco obraren cimendua baita Doctrina Christiana, halatan nic ere, handic hasten naicela, hartu dut gogo liburutto hunen eguiteco, eta iendartera atheratceco, hunetan (bertce eracusleric eztenean) ikus dadin laburzqui cer-ere sinhetsi, obratu, eta escatu behar baita ; Eta guero ikus dadin halaber nola behar den Euscara esquiribatu eta iracurtu. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei) 50 Et comme le travail doit commencer par les fondements, et le fondement de notre œuvre salvatrice étant la doctrine chrétienne, j'ai moi aussi, commençant par là, formé le projet de faire ce petit livre, et de le mettre à la disposition du public, afin qu'on y trouve (quand il n'y a pas d'autre enseignant) ce qu'il faut croire, œuvrer et demander ; et qu'ensuite l'on voie de même comment il faut écrire et lire le basque. 51 Ainsi Materre affiche comme but de son projet, à côté de l'enseignement spirituel, comment il faut écrire et lire le basque. Depuis la Réforme, comme en témoigne en Pays Basque l'ABC de Liçarrague, l'encadrement religieux des populations est associé à des obligations d'alphabétisation. Materre, dont l'action doit être située dans la cadre de la réaction post-tridentine, se trouve néanmoins confronté à un problème de nature linguistique, personnel d'abord, puisqu'il lui a fallu apprendre le basque ainsi qu'il l'indique dans son prologue, et plus général ensuite, car il n'existe pas de standard de

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 42

langue écrite. Il est probable en effet que certaines couches de la population du Labourd au début du XVIIe siècle, et plus généralement du Pays Basque, étaient alphabétisées en basque, mais d'une façon plus ou moins grossière, que nous laissent entrevoir les lettres que la Dame d'Urtubie adressa en 1597-1598 à son correspondant Juan Velázquez, Gouverneur général du Guipuscoa 11. On peut sans doute interpréter l'indication de Materre comme manifestant la nécessité qu'il perçoit d'une fixation de normes de la langue écrite, problème que, d'une part en tant qu'apprenant, d'autre part en tant que prédicateur convaincu de l'importance de l'écrit (rappelons qu'il avait déjà publié un ouvrage de dévotion en français avant sa venue en Labourd), il était bien placé pour percevoir.

Le topos de la modestie

52 Pour se présenter au lecteur sous un jour favorable, les prologuistes ont souvent recours au thème de la modestie, consistant en particulier pour l'auteur à avouer par avance ses fautes et faiblesses dans le traitement du sujet.

53 Absent chez Materre, ce qui se comprend étant donné la nature peu personnelle de son ouvrage, le thème de l'humilité est surtout présent chez Axular. Ce dernier assure d'abord qu'il y aurait certainement des auteurs plus aptes que lui à entreprendre un tel ouvrage, mais qu'il espère que l'audace dont il fait preuve lui sera pardonnée car il s'agit d'une œuvre pionnière : 54 Badaquit anhitzec miretsicoduela eta edirenen arrotz eta estraiñio, ni lan huni lot-cea. Ceren anhitz içan baita orainocoan, eta baita orai ere, ni ez beçalacoric, ni baiño hunetaco gai agoric, eta ançatsu agoric, ezpaitute guztiarequin ere, orainocoan, hune-laco materiatan, hunela ausartciaric eta escu dantciaric hartu. Baitirudi ecen asco behar liçatequeyela arraçoin haur ene guibelatceco eta gueldi aracitceco ere. Baiña ene contra dela dirudien arraçoin hunec beronec, ni esportçatcen eta aitcinatcen nau, hunec bihotz emaiten deraut, haur edireiten dut nic neure alde eta fabore, ceren enseiu-carrean beçala eguiten diren lehenbicico obrèc eta enseiuec, cembait hutz eta falta iça-nagatic ere, badirudi ecen, ceren lehenac diren, barccaquiçun direla, eta bat bederac disimulatceco, ez iccussi iduri eguiteco, eta are desencusatceco dituela. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 55 Je sais que beaucoup s'étonneront et trouveront inattendu et étrange que j'entreprenne un tel travail. Car ils ont été nombreux jusqu'ici, et ils le sont encore, ceux qui, différents de moi, plus capables et plus compétents que moi, n'ont pas eu malgré tout jusqu'à maintenant l'audace et la hardiesse de pénétrer en telle matière. Il semblerait que cette raison devrait être suffisante pour me retenir et m'arrêter. Mais cet argument qui semble m'être contraire, m'aiguillonne et me pousse à aller de l'avant, il m'encourage, et plaide en ma faveur, car, quand bien même les œuvres et tentatives que l'on fait comme à l'essai contiennent quelques fautes et faiblesses, il semble que celles-ci, parce qu'elles sont les premières, sont pardonnables, et que chacun est en mesure de les dissimuler, de les ignorer, et même de s'en faire excuser. 56 La posture de l'auteur modeste est utilisée à nouveau par Axular à la fin du prologue dans un argument conventionnel, typique des prologues religieux où les mérites éventuels de l'ouvrage doivent être attribués à l'inspirateur divin : 57 Eta baldin halatan eta orduan, bat ere goçoric edo çaphoreric edireiten badioçu, ceren hura guztia iaincoaganic heldu baitateque, eta ez eneganic faltaric baicen, hari esquerrac errenda

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 43

iatçotçu, eta nitçaz ere othoitz eguiteaz, arren othoi, orhoit çaiteci. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 58 Et si vous lui trouvez alors [au livre] quelque douceur et saveur, comme tout ceci lui sera venu de Dieu, et non de moi, sinon les fautes, rendez-lui grâces, et, souvenez-vous, je vous en prie, de prier pour moi également. 59 Tartas également sacrifie à la convention de l'humilité, mais dans une formule rapide et passablement maladroite propre à décourager le lecteur : 60 Ené triuaillu appurrac eztu meritatçen çuc phena har deçaçun haren iraccurtçeco, baina çure salbamendiaren amorioac, eta desirac, eman derauté coraie, haren campo-rat idoquiteco, eta hari arguiaren emaiteco. (Tartas, Onsa hilceco bidia, Iraccurtçaliari) 61 Mon modeste travail ne mérite pas que vous preniez la peine de le lire, mais le souhait et le désir de votre salut m'ont donné le courage de le rendre public et de lui donner le jour. 62 Un auteur s'éloigne quelque peu de cette attitude convenue et profite du prologue pour exprimer son attente d'une reconnaissance, au moins posthume, de la part de ses compatriotes. Il s'agit de Gasteluçar qui, ayant mis en vers basques des hymnes latins pour que les marins basques puissent les chanter, attend de ses compatriotes une certaine gratitude : 63 ... eta hek prinzipalki konsideraturik, deliberatu dut liburu hunen egitera ; erranen baitute batzuek, bizi zenean orhoitu zen bere herriaz, eta ez zitzaion ahantzi hiltzera-koan, bere señalleak emanik joan baita. Ezen nola plazer hartzen baitute itsasoan latiñez Elizako himnoen kantatzeaz, atsegin gehiago izanen dutela12 himno beren ezka-raz errateaz, aire berean ezkaraz ematen tut ; eta gaiñerako bersuen airea komunzki gustiek badakite. (Gasteluçar, Eguia catolicac, Abisua) 64 ... et c'est en ayant principalement ces derniers [les marins basques] à l'esprit que j'ai décidé d'écrire ce livre. Ainsi certains diront : lorsqu'il vécut, il se souvint de son pays, et il ne l'oublia pas non plus à l'heure de mourir, car il est parti en laissant son empreinte. En effet, comme les marins prennent plaisir à chanter en latin les hymnes de l'église lorsqu'ils sont en mer, je les traduis en basque sur le même air, pensant qu'ils auront encore plus de plaisir à les dire en basque.

Les considérations linguistiques

65 L'une des caractéristiques des prologues des textes basques est la place qu'y prend la question de la langue. La plupart des auteurs y font référence.

66 La question de la langue est d'abord abordée à travers la question du standard. Ce problème est mentionné par la plupart des auteurs prosélytes voulant s'adresser à un lectorat basque transprovincial : Liçarrague, Materre, Haramboure, Axular, Tartas, ou même plus restreint, comme chez Beriayn. 67 Il s'agit pour eux, soit de souligner la difficulté de la tâche comme chez Liçarrague ou Axular, soit d'indiquer la solution pour laquelle ils ont opté. Tous précisent d'ailleurs les limites de leur proposition, étant donné l'absence ou le peu de tradition. 68 On sait que c'est chez Liçarrague qu'un effort en vue de l'élaboration d'un standard littéraire est le plus manifeste. Dans son avis aux Basques il ne dissimule pas la difficulté qu'il a dû affronter :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 44

69 Gaineracoaz den becembatean, batbederac daqui heuscal herrian quasi etche batetic bercera-ere minçatceco manerdn cer differentiá eta diuersitatea den : raçoin hunegatic sensu eguiazcotic aldaratu gabe, lengoageaz den becembatean ahalic gue-hiena, guciey adi eraciteari iarreiqui içan gaitzaitza, eta ez choil edocein leku iaqui-neco lengoage bereciri. (Liçarrague, Heuscalduney) 70 Pour le reste, chacun sait quelle diversité et variation il existe en Pays Basque, presque d'une maison à l'autre, dans la manière de parler : pour cette raison, en ce qui concerne la langue, nous nous sommes attachés, sans nous éloigner du sens véritable, à faire comprendre le plus possible à tous, et non à suivre le parler particulier d'un lieu donné, quel qu'il soit. 71 L'objectif fixé par Liçarrague (faire une traduction fidèle permettant à tous de comprendre le plus possible) était ambitieux s'agissant de la traduction du Nouveau Testament dans une langue dont il précise bien dans sa dédicace à Jeanne d'Albret qu'elle était des plus stériles et diuerses, et du tout inusitée du moins en traduction. 72 Liçarrague ne donne aucun détail quant aux difficultés rencontrées et aux solutions qu'il a privilégiées, indiquant simplement dans son adresse aux Basques que la variation dans les modes de parler basque est extrême, car observable presque d'une maison à l'autre, et que pour sa part il s'est efforcé de ne pas opter pour une solution localiste. Liçarrague utilisant le terme de heuscal herria (le pays basque), et désignant la communauté des Basques sous le terme de nation basque, doit-on penser qu'il tenait compte de tous les Basques pour créer son standard 13 ? Probablement pas. Sa traduction tient compte à l'évidence des dialectes orientaux et notamment labourdins et souletins (un lexique destiné aux lecteurs souletins est inclus à la fin du Nouveau Testament), mais aucun effort d'adaptation linguistique en faveur d'éventuels lecteurs occidentaux, guipuscoans ou biscayens, n'est perceptible. 73 Chez les autres auteurs qui mentionnent la question dialectale, l'attitude qui prévaut suit le modèle de Dechepare : on utilise le basque du dialecte que l'on connaît le mieux. Cette option est clairement exprimée par Materre : 74 Gaiñeracoan badaquit Euscal-herrian añhitz moldez minçatcen direla, eta nor bere herrico Euscara çaicala hoberenic eta ederrenic. Eta handic gogoac emaiten deraut ene esquiribatceco molde haur etçayela guztiei ongui idurituco : Baiña nahi dut iaquin deçaten halacoec nic hitzcuntça hunetan daquidana Saran ikassia dudala, eta hango Euscara ongui erabiltcen ba-dut ez naicela gaitz erraiteco, eta ez arbuyatceco, ceren ez paitaquit nic hangoa baicen. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei) 75 Pour le reste je sais qu'on parle en Pays Basque de bien des manières, et que chacun trouve son basque plus beau et meilleur. Et en conséquence de ceci il me vient à l'esprit que ma manière de m'exprimer ne paraîtra pas bonne à tous. Mais je veux que ceux-là sachent que ce que je sais en cette langue je l'ai appris à Sare, et si j'emploie bien le basque qu'on y parle, je ne dois pas être dénigré, et méprisé, car je ne connais pas d'autre basque que celui-là. 76 Materre se fait peut-être l'écho d'une controverse relative à la qualité des dialectes lorsqu'il évoque l'adéquation de son option. Il montre cependant un certain dédain pour ce sujet, et refuse de s'engager sur un débat où seraient mis en rivalité les différents dialectes. 77 Ordea ea Saraco Euscara denz Euscal-herrico hoberena eta garbiena, ez naiz ni hartan sartcen, bat-bederac emanen du bere iduriric. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 45

78 Quant à savoir si le basque de Sare est le plus pur et le meilleur du Pays Basque, c'est un sujet que je n'aborderai pas, et chacun dira selon son opinion. 79 L'existence d'un débat de nature proprement linguistique est confirmé par une remarque de Haramboure dans son avis au lecteur, dans laquelle il revendique l'emploi de sa propre langue, fût-elle défectueuse aux yeux de certains14 : 80 Eguiazqui ençun dut eta badaquit batçuec minçatce mueta hau arbuiatcen dutela, berriz bercec bere herrietaco hizcunçaz nahi luquetela : baina bercela eguinic laudo-rioac baino neure herrico minçaiaz eguinic baiac gogoticago pairatuco ditut, halakotz ezteçala nihorc mirex baldin nahastecatuqui minço ezpanaiz. (Haramboure, Debocino escuarra) 81 J'ai vraiment entendu et je sais que certains méprisent cette manière de parler, et que d'autres préfèreraient l'emploi de la langue de leurs contrées : mais je supporterai mieux les reproches d'avoir écrit dans la langue de mon pays, que les louanges reçues si j'avais procédé autrement. Pour cette raison que nul ne s'étonne si je n'use pas d'une langue mélangée. 82 Il est difficile d'interpréter ces propos, dits avec une certaine insistance (Eguiazqui ençun dut eta badaquit... J'ai vraiment entendu, et je sais...). Y eut-il deux types d'opposition comme le laisse penser l'emploi de la formule batçuec... bercec... « les uns..., les autres... » : l'une portant sur la langue elle-même, c'est-à-dire le fait même de publier des ouvrages de dévotion en basque ; l'autre, interne à la langue basque, concernant le choix dialectal ? 83 La première opposition est peu documentée durant cette période, et elle n'a pas été relevée par les historiens de la littérature basque. Pourtant, si les témoignages d'une hostilité à l'emploi du basque dans les écrits religieux en Labourd à cette époque sont peu nombreux, ils existent. Ainsi, huit ans avant la publication de l'ouvrage de Haramboure, la dédicace d'Etcheberri à Claudius de Rueil, Evêque de Bayonne, en tête du 1 er livre de Manual devotionezcoa (1627/1669) indique que ces publications ont pu faire naître des incompréhensions et des critiques. Je traduis ici les derniers distiques de cette dédicace : 84 Ondra baiçen eztuqueçu, Iaun prelata arrotçaz, Entçutea mintço dena beldurqui aharantçaz. Eçen errefrauac dio Erregueen ohorea Dela, hañitz mihitaco sujetac içatea Erregue baiño neuretçat, çadutzcat guehiago, Eta ene baitan duçula escua handiago Arren estima eçaçu çuc ere ohorea, Aharantça arrotz batez sujeta mintçatçea. Hartarcotz obra hunen, patroin çaitut hautetsi, Gaisqui erraileac çeren baititutçu gaitçetsi. Çuri Escaintcen darotçut, othoi guarda eçaçun. Inuidiosen mihiac liçun eztieçaçun. Erregueac behar ditu defendatu gendeac, Hitzcuntça batecoac hain vngui nola berçeac. (Etcheberri, Manual devotionezcoa, Dedicationea) 85 Vous n'aurez que de l'honneur, Monseigneur le Prélat, A écouter celui qui craintivement vous parle dans une langue étrangère, Car, selon le dicton, l'honneur du Roi

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 46

Est d'avoir des sujets parlant beaucoup de langues. Je vous tiens, quant à moi, pour plus important que le Roi, Et vous avez sur moi plus une plus grande autorité. Aussi, appréciez, vous aussi, l'honneur D'un sujet vous parlant dans une langue étrangère. Pour cela, je vous ai choisi comme parrain de cet ouvrage, Car vous avez condamné les médisants. C'est à vous que je l'offre, de grâce, préservez-le, Afin que la voix des envieux ne vous le salisse point. Le Roi doit défendre les gens, Aussi bien ceux d'une langue, que les autres. 86 En faisant la part aux postures des dédicaces dans lesquelles la bienveillance du destinataire est parfois mise en relief par une allusion à la présence d'adversaires et d'envieux sans doute exagérée, le texte, à mon sens, ne laisse guère de doutes : il devait exister dans les milieux religieux un courant peu favorable à ces publications en langue basque15, et Etcheberri plaide clairement ici en faveur du plurilinguisme, demandant que l'Eglise ne fasse pas de discrimination linguistique, et suive l'exemple de l'Etat, dont les obligations en cette matière sont joliment formulées : Erregueac behar ditu defendatu gendeac / Hitzcuntça batecoachain vngui nola berçeac « Le Roi doit défendre les gens / Aussi bien ceux d'une langue, que les autres ». L'auteur s'adresse à l'évêque en basque, bien que celui-ci ne soit pas bascophone (contrairement à ce qu'avait fait Materre dix ans plus tôt, lequel avait rédigé la dédicace de sa doctrine à ce même évêque, en français). Il justifie son attitude, que d'aucuns pouvaient juger sans doute offensante (la dédicace n'est pas traduite dans l'ouvrage), en demandant au prélat de considérer cela comme un honneur : Estima eçaçu çuc ere ohorea / Aharantça arrotz batez suje-ta mintçatçea « Aussi, appréciez, vous aussi, l'honneur / D'un sujet vous parlant dans une langue étrangère ». 87 Cette interprétation est confirmée par les vers de S. de Hirigoity en l'honneur du même Etcheberri, figurant en tête de Noelac ouvrage publié à la même période (1 er édition en 1630 ; cf. Atutxa dans ce volume) 16. En effet, à côté des éloges, figurent des propos désignant des adversaires du basque comme étant des étrangers, sans autre précision : Erdaldunak ahal doazke zein bere herritara / Gogat eginik, galduko eztutela eskara « Les étrangers ne sachant pas le basque peuvent s'en aller chacun dans son pays / S'étant résignés à ce qu'ils ne feront pas disparaître le basque ». C'est sans doute dans le cadre de ce conflit linguistique qu'il faut situer une partie des propos de l'auteur de Debocino eskuarra dans son avis. 88 Le second membre de la phrase de Haramboure désigne ensuite comme opposants ceux qui préfèrent la langue de leurs contrées : qui étaient-ils ? S'agit-il ici encore de gens qui, à côté de ceux méprisant le basque, souhaitaient que l'on rédigeât les manuels catholiques dans une autre langue ? Ou bien y a-t-il eu une seconde opposition relative, elle, non au basque, mais au choix du dialecte utilisé par Haramboure, correspondant à la variété de Sare ? Que voulait dire précisément ce dernier en manifestant son refus de parler nahastecatuqui, lit. « de manière mélangée » ? S'il s'agissait d'une question dialectale17, comme nous aurions tendance à le penser, non sans quelques hésitations, on ne voit guère de concurrents hors du Labourd en cette première partie du XVII e siècle, notamment dans les cercles cléricaux principalement concernés ici, puisque le premier ouvrage de nature religieuse publié dans un autre dialecte que le labourdin

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 47

n'apparaîtra que trente ans plus tard 18 avec Tartas. Il est vrai que l'ouvrage de Haramboure, certainement rédigé à la demande de l'Évêque de Tarbes, S. D'Iharce, comme dit dans une note précédente (note 14), visait peut-être un public plus large que ceux destinés aux zones situées en Labourd ou dans sa proximité bas-navarraise, puisque parmi les approbateurs figure Conget, curé de Tardets et chanoine d'Oloron 19. Quoi qu'il en soit, on imagine difficilement qu'une rivalité linguistique entre Sare et Saint-Jean-de-Luz ou Ciboure ait pu prendre une aussi vilaine tournure, car relativement aux autres oppositions dialectales, celle-ci ne paraît pas telle qu'elle ait pu faire naître un tel rejet. Ou bien ceci masquait-il alors d'autres rivalités, plus personnelles, peut-être quelque conflit ou antagonisme avec Etcheberri de Ciboure, lequel avait lui aussi publié quelques années plus tôt un manuel de dévotion dont Haramboure ne fait aucune mention ? La question devra certainement être revue. 89 Le problème de la diversité linguistique est traité plus en détail par Axular, en même temps que celui de la différence des notations orthographiques. Mais on se situe dans le prolongement d'un pensée semblable à celle exprimée par Materre, avec parfois une réelle proximité dans les formulations de telle sorte que se renforce l'idée qu'Axular avait dû certainement voir de près, sinon inspirer dans certaines formulations, l'ouvrage du franciscain (dont il fut l'un des deux examinateurs en 1616). 90 Axular utilise également le terme euskal herria au singulier mais il lui donne le contenu historique moderne qui s'affirmera au XIX e siècle. Il y associe en effet, explicitement, les sept provinces historiques, indiquant que le basque est présent dans chacune d'entre elles, dans une formulation pouvant donner d'ailleurs à entendre, de manière fort inattendue20, que la langue basque est également utilisée en d'autres lieux : 91 Badaquit halaber ecin heda naitequeyela euscaraco minçatce molde guztietara. Ceren anhitz moldez eta differentqui mintçatcen baitira euscal herrian. Naffarroa garayan, Naffarroa beherean, Çuberoan, Laphurdin, Bizcayan, Guipuzcoan, Alaba-herrian, eta bertce anhitz leccutan. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 92 Je sais de même qu'il m'est impossible d'atteindre toutes les manières de parler basque. Car on parle différemment et de beaucoup de manières diverses dans le pays basque : en Haute-Navarre, en Basse-Navarre, en Soule, en Labourd, en Biscaye, en Guipuscoa, en Pays d'Alava, et dans bien d'autres endroits. 93 Les exemples concrets de variations mentionnés par Axular dans son avis concernent le lexique et l'orthographe, mais jamais la morphologie fonctionnelle 21, contrairement à Liçarrague qui voyait dans la désinence du datif des syn-tagmes nominaux déterminé par l'article pluriel un marqueur dialectal significatif (-er vs -ei) 22. Axular cite neuf paires de mots en variation dialectale 23, et si l'on s'en tient à ces exemples ils concernent surtout la partie orientale du Pays Basque (Haute-Navarre incluse 24) : behatzea vs so egitea « regarder », samurtzea vs haser-retzea « se fâcher », ilkitzea vs jalgitea « sortir », athea vs bortha « porte » ; erraitea vs esatea « dire » ; irakurtzea vs leitzea « lire » ; liskartzea vs ahakartzea « se quereller » ; hauzoa vs barridea « le voisin », aitonen semea vs zalduna « le chevalier ». 94 Pour Axular, la source des variations dialectales est historique et elle est directement associée aux rattachements politiques : 95 Eztituzte euscaldun guztiec legueac eta azturac bat, eta ez euscarazco mintçatcea ere, ceren erresumac baitituzte different. (Axular, Guero, Iracurtçailleari)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 48

96 Tous les Basques n'ont pas les mêmes lois et usages, ni la même manière de parler, car ils appartiennent à des royaumes différents. 97 Il fournit également cette explication pour expliquer la variation dans les systèmes de transcription orthographique, illustrée avec la fricative palatale sourde orthographiée aujourd'hui x. Les formes mentionnées par Axular font clairement référence à un usage ayant sa source dans la tradition orthographique du castillan, mais que Materre avait introduit dans les écrits basques, peut-être sous l'influence d'Axular lui-même (Mujika 1997 : 181). En effet cette consonne, orthographiée ch ou x chez Dechepare et toujours ch chez Liçarrague, apparaît aussi transcrite g (devant les voyelles d'avant e et i) ou j (devant les autres voyelles) chez Materre (à côté de x, qu'il emploie également)25 : 98 Bada esquiribatceaz denaz beçan batean ere ez naiz eguiteco gabe. Ceren bada hunetan ere differentcia. Batac esquiribatcendu chehero, bertceac gehero. Batac che-dea, bertceac gedea. Batac ichilik, bertceac igilik. Batac lachoa, bertceac lajoa. Batac choil, bertceac, joil. Batac quecho, bertceac quejo. Batac chuchen, bertceac, jujen. Eta hunela bada, bertceric ere cembait hitz, batac eta bertceac, norc bere herrico edo erre-sumaco arauaz diferentqui esquiribatcen baitituzte.(Axular, Guero, Iracurtçailleari) 99 Et en ce qui concerne l'écriture également je ne suis pas sans travail. Car en cette matière aussi il y a des variations. L'un écrit chehero, l'autre gehero. L'un chedea, l'autre gedea. L'un ichilic, l'autre igilic. L'un lachoa, l'autre lajoa. L'un choil, l'autre joil. L'un quecho, l'autre quejo. L'un chuchen, l'autre jugen. Et ainsi encore d'autres mots, que les uns et les autres écrivent différemment, chacun selon les us de son pays ou son royaume. 100 Ayant constaté la variation, quelle solution propose Axular pour définir le basque de son ouvrage ? Son attitude est sensiblement différente de celle de Liçarrague. Axular, contrairement à ce que l'on dit parfois, n'a pas pour objectif de construire un basque unifié comme l'on dit aujourd'hui. En fait, à l'instar de Materre, il ne dissocie pas les questions proprement dialectales de celles liées à la qualité (la perfection selon les termes de l'époque), et il privilégie par conséquent la langue qu'il connaît le mieux : 101 Baiña ceren comunzqui, hala esquiribatcea, nola mintçatcea, nori berea iduritcen baitçaica hoberenic eta ederrenic : eta ene haur ezpaita çurea beçala : ez, othoi, har-gatic arbuya eta ez gaitz erran. Hunetçaz content ez paçara, eguiçu çuc ceure molde-ra, eta çure herrian vsatcen eta seguitcen den beçala. Ceren ez naiz ni hargatic bec-caiztuco, eta ez mutturturic gaitzez iarrico. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 102 Mais comme communément en matière d'écriture et de parler, chacun trouve sa propre manière la meilleure et la plus belle, et comme celle qui est la mienne ici n'est pas semblable à la vôtre, de grâce ne la méprisez pas et n'en dites pas de mal. Si vous n'en êtes pas content, faites selon votre façon et conformément aux modes qu'on use et suit dans votre pays. Car je n'en serai pas jaloux et ne m'en montrerai pas offensé. 103 Pour Axular les difficultés à trouver un registre de langue littéraire adéquate s'expliquent par l'absence de tradition écrite et c'est en développant l'écrit basque, et en variant les expériences et la production, qu'il estime que la langue pourra s'enrichir et acquérir un prestige social : 104 Orai badirudi euscarac ahalque dela, arrotz dela, eztela iend'artean ausart, entre-gu, bithore eta ez trebe. Ceren are bere herricoen artean ere, ezpaitaguite batçuec, nola esauiriba, eta ez nola iracur. Baldin eguin baliz euscaraz hanbat liburu, nola eguin baita latinez, franceses, edo bertce erdaraz

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 49

eta hitzcuntçaz, hec beçain aberats eta complitu içanen cen euscara ere, eta baldin hala ezpada, euscaldunec berèc dute falta eta ez euscarac. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 105 Il semble aujourd'hui que le basque soit timoré et inexpérimenté, qu'il n'est pas audacieux, assuré, compétent, ni exercé en public. Car, même parmi ses locuteurs, certains ignorent comment l'écrire et le lire. S'il avait été écrit autant de livres en basque qu'il en a été fait en latin, en français ou dans d'autres idiomes étrangers et langues, le basque aurait été aussi riche et accompli que ces langues, et s'il n'en est pas ainsi, la faute en revient aux Basques, et non à la langue basque. 106 Cette attitude critique d'Axular à l'égard de ses compatriotes sera l'objet d'une réplique de Tartas dans son prologue de Onsa hilceco bidia. Ce dernier, s'il avoue avoir utilisé surtout le basque mixain d'Aroue, très proche du souletin, indique toutefois y avoir introduit des éléments des autres dialectes (des provinces du nord) : 107 Ené euscara eta lengagia eztaquit aprobatia içanen denéz, bai, ala ez, Badu orotaric cerbait, çuberoac, Bassanauarrec, eta lapurdic emandrauco çerbait, baina ez oro ; arueneguin dut neuré pieça pobria, hanco lengagia ezpada asqui eder, hanco eusca-rac, du oguena, eta ez euscaldunac. (Tartas, Onsa hilçeco bidia, Iraccurtçaliari) 108 J'ignore si mon basque et mon langage sera ou non approuvé. Il tient quelque trait de partout ; la Soule, la Basse-Navarre et le Labourd lui ont donné quelque chose, mais point tout. J'ai écrit ma pauvre pièce à Aroue. Si la langue du lieu n'est pas assez belle, la faute en revient au basque de l'endroit, et non au locuteur. 109 La plupart des auteurs recourent également au topos de la modestie sur cette question linguistique, utilisant divers arguments convenus. Le premier consiste à invoquer l'absence ou le peu de tradition antérieure, ainsi que Dechepare en plaçant à la fin de ses poèmes une citation latine d'Ouide : Debile principium melior fortuna sequatur. Liçarrague se fait l'écho dans son avis aux Basques de la difficulté à ouvrir la route en évoquant les imperfections de sa traduction : 110 ... eta badaquigu ecen demborarequin anhitz hitz eta minçatzeco manera, eridenen dela obra hunetan bercera hobequi erran çatenic : halacoetan, gauçá ceren den daqui-tenetaric batbedera, orhoituren da, othoi, ecen hunelaco gauçádc, guciz lengoage orai-no vsatu gabe batetan, ecin behingoaz halaco perfectionetan iar daitezquela, nola behar bailiçateque. (Liçarrague, Testamentu berria, Heuscalduney) 111 ... et nous savons qu'avec le temps on trouvera dans cette œuvre beaucoup de mots et de manières de dire que l'on aurait pu mieux exprimer autrement : dans de tels cas, chacun se souviendra, de grâce, puisqu'il s'agit de ces choses que l'on sait, que ces entreprises la première fois ne peuvent atteindre la perfection ainsi qu'il le faudrait, en particulier dans une langue encore non usitée. 112 Le même argument se rencontre chez Etcheberri de Ciboure dans son avis au dévot au sujet de la manière de son Manuel, où, plus qu'à la langue elle-même, il est fait référence à la mise en vers de la doctrine : 113 Guehiago ahal beçain humilqui aut othoizten, Obratcho hau mespreçia gogorqui ezteçaquen. Hafteac gaitçac direla errana duc communqui Hunen gañean eguinen dic cembait berçec hobequi (Etcheberri de Ciboure, Iracurtçaile devotari eguilleac)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 50

114 Encore plus : je te supplie très humblement De ne point mépriser trop durement cette petite œuvre. Il est dit communément que les débuts sont difficiles, A partir de cet essai, quelqu'un d'autre fera mieux. 115 Autre thème classique dans le traitement du topos de l'humilité repris par Liçarrague : l'idée que la faiblesse de l'expression ne doit pas masquer l'importance du propos qui dépasse l'auteur : 116 guciagatic-ere minçatzeco manerdn anhitz arrastatu gabe, Iaincoaren hitz purari iarreiquiteco desira dutenec, sporçu dugu eridenen dutela (suporturequin) cerçaz contenta. (Liçarrague, Heuscalduney) 117 Malgré tout, nous sommes confiant que sans s'arrêter beaucoup à la manière de parler, ceux qui ont le désir se suivre la pure parole de Dieu trouveront (en exerçant leur patience) leur contentement. 118 Ce thème est également présent chez Etcheberri de Ciboure dans son avis au dévot :

119 Manuala eman diat, den beçala coplaca. Bañan nihorc eztemala beharria hitçera, Hambat nola hitz azpian ehorçia denera. (Etcheberri de Ciboure, Manual devotionezcoa, Iracurtçaile devotari eguilleac) 120 J'ai mis en couplets le Manuel tel qu'il est. Mais que nul ne prête l'oreille aux mots Autant qu'il le fait à ce qui est enfoui sous eux. 121 Un autre propos conventionnel que l'on rencontre dans divers prologues basques consiste à présenter l'ouvrage comme un essai dont on espère qu'il sera amélioré. Les formulations peuvent varier. Dechepare, dans sa dédicace, indiquait avoir aussi fait imprimer son livre afin que ceux qui viendront par la suite aient davantage de raison pour le faire progresser [l'euskara]. Liçarrague, quant à lui, manifestait son espoir d'avoir l'occasion, après avoir fait la preuve que le basque permettait une traduction aussi délicate et difficile, d'améliorer lui-même, avec ses collaborateurs, sa traduction par la suite : 122 Eta baldin sperança dugun beçala, oraindrano eguin den hunetán heuscaldunac goçoric edo edificationeric hartzen badu, hunetan emplegatu içan diradenec bihotz harturen dute, oraindanic gogo-ere duten beçala, eguin denaren berriz ikusteco eta corrigitzeco : bayeta, baldin Iaunac hala placer badu, passage difficilenen declara-garri annotationen eçarteco. (Liçarrague, Heuscalduney) 123 Et si, comme nous l'espérons, le Basque trouve du plaisir et quelque édification dans cette traduction faite à ce jour, ceux qui l'ont réalisée prendront courage pour corriger et revoir, comme ils en ont déjà l'intention, ce qui a été fait : et aussi, si cela plait à Dieu, pour établir des annotations éclairant les passages les plus difficiles. 124 Cette idée est formulée par Materre et Axular sur un ton plus polémique :

125 Eta Saraco Euscara hunetcaz content eztenac ezquiriba beça bertce Euscara hobeago batez eta hobequiago, ez-naiz ni hargatic bekaiztuco, eta ez imbidios içanen. (Materre, Dotrina christiana, Euscaldunei) 126 Et que celui qui n'est pas satisfait de ce basque de Sare écrive mieux et dans un basque meilleur, cela ne me rendra ni jaloux ni envieux.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 51

127 Aitcitic haur da nic nahi nuqueyen gaucetaric bat, ene enseiu appur hunec quilica cinitçan eta guticia, enseiu hobeago baten eguitera eta ene hemengo falten ere erre-mediatcera. Ceren halatan, ez liçateque euscara hain labur, escas eta ez hertsi, nola munduac vste baitu, eta baitaduca, dela. (Axular, Guero, Iracurtçailleari) 128 Au contraire l'une des choses que je souhaiterais est que ce petit essai vous incite et vous motive à faire un autre essai meilleur que celui-ci et à corriger les fautes commises par moi ici. Car si l'on avait procédé ainsi, le basque ne serait pas aussi limité et pauvre, ni aussi étriqué, que le monde croit et tient qu'il est. 129 Enfin, dernier thème rencontré dans certains prologues, parfois par le biais linguistique, celui du lectorat. Il n'est pas rare en effet que le prologuiste précise pour qui particulièrement il a rédigé son ouvrage. Dans les prologues basques ce point apparaît de diverses manières, les définitions du lectorat suggérées par les auteurs pouvant être d'ordre proprement linguistique, littéraire, ou social. 130 La délimitation d'ordre linguistique apparaît comme une justification du choix de langue. Materre et Axular notamment font chacun une remarque générale, préfigurant l'évolution postérieure de la production littéraire basque : leur ouvrage est destiné principalement, du moins est-il ainsi présenté, aux lecteurs ne sachant que le basque. Dans l'avis au lecteur de la seconde édition, Materre indique ainsi à propos de la troisième partie de sa doctrine : 131 Eta ceren añhitz baita Euskal-herrian iracurtcen daquienic, baiña ez Euskara bai-cen bertce hitzcunçaric aditcen, halatan eguin ditut halacoenzat Euscaraz debocinoz-ko othoitz eta Oracino batçuc, goicetan, arratsetan, eta bertce añhitz denboratan eta ocasinotan eguin eta erran ahal ditezqueyenac, ceinetçaz eguiten baitut hirurgarren partea. (Materre, Dotrina christiana, Iracvrcailleari). 132 Et comme il y a beaucoup de gens au Pays Basque qui savent lire, mais qui n'entendent d'autre langue que le basque, j'ai écrit pour eux en basque des oraisons et des prières de dévotion que l'on peut dire le matin, le soir, et en beaucoup de moments et d'occasions, et avec lesquels j'ai composé une troisième partie. 133 Axular indique également dans le passage de son prologue cité plus haut que le projet initial était de rédiger un ouvrage de morale religieuse à l'intention surtout des lecteurs ne connaissant pas d'autre langue (Eta on çatequeiela, gauça hunetçaz liburu baten, euscaraz, guztiz ere euscararic baicen etciaquitenentçat, eguitea). 134 Chez Etxeberri de Sare cette question est abordée par le biais du genre littéraire. En effet, invoquant l'exemple des Grecs dans l'Antiquité, il rédige son ouvrage en vers, car il est destiné à une nation aimant les chants : 135 Gviristiñoa, eman diat escarazco versutan, Catholico manuala neure asti ordutan lkhussiric nola bainaiz iaiatcez escalduna Gure natioa dela copla maite duena. Hartaracotz iaquiara diat versus eçarri, Lasterrago ikhas eta maizago aipha garri. Lehenago nonbait vrrun Greçiaco partetan Herrico legueac eman ohi ituen cantetan Nola cantac maiz baitire munducoen ahoan, Hala cantez orhoituric, maiz çitusten gogoan, Hequin bada costuma onaz orhoituric lerroca

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 52

Manuala eman diat, den beçala coplaca. (Etcheberri, Manual devotionezcoa, Iracvrtcaille devotari egvilleac) 136 Chrétien, j'ai écrit en vers basques, Le manuel catholique durant mon temps de loisir, Ayant observé, étant basque de naissance, Que notre nation aime les couplets. Pour cette raison délibérément je l'ai mis en vers Afin qu'il soit plus vite appris, et plus souvent mentionné. Jadis quelque part au loin dans les contrées de Grèce Les lois du pays étaient mises en couplets : Comme les chants viennent souvent aux lèvres des gens, Ainsi, en se souvenant de ceux-ci, ils avaient les lois fréquemment à l'esprit. Me rappelant donc de leur bonne coutume, ligne à ligne, J'ai mis en couplets le Manuel tel qu'il est. 137 Le statut social des lecteurs, ou d'une partie de ceux-ci, est mentionné de façon récurrente au XVII e siècle en Labourd, à propos des gens de mer (lesquels par la suite disparaîtront comme destinataires spécifiques des textes basques). Certains auteurs y font référence de manière explicite dans le corps de leur texte comme par exemple Materre26 ou Haramboure, d'autres, comme Gasteluçar, dans leur prologue général. Quant à Etcheberri, il offre un avis particulier au sein du second livre de son Manuel : Avis au marin lecteur (Itsasturi iracvrtzailleari abisua) 27. Vers intéressants dans lesquels l'auteur souligne la nature aventureuse de l'activité tant du point de vue physique que financier : 138 Mariñelen emazteac goicean tuc senhardun, Eta titcha aldaturic, arratsean alhargun. Orain aberatz burgessa, aurkhi moian gabea, Ceren vreco ona den haicearen parea. (Etcheberri, Manual devotionezcoa, Itsasturi iracvurtzailleari abisva) 139 Les femmes de marins ont époux le matin, Et, le sort ayant changé, sont veuves le soir. Maintenant bourgeois riche, bientôt sans ressources, Car le bien de la mer est semblable au vent 140 Enfin, dans quelques prologues des ouvrages destinés à l'enseignement le destinataire spécifique (membres du clergé et enseignants) est précisé comme chez Liçarrague ou Belapeyre.

Les prologues diglossiques

141 Parmi les ouvrages mentionnés, deux ont un prologue qui n'est ni rédigé en basque, ni même traduit : il s'agit d'une part du prologue de Beriayn (1621), et d'autre part de celui d'Oihenart (1656) en tête de ses poèmes.

142 Ainsi qu'on l'a dit plus haut, les prologues et avis au lecteur des ouvrages basques des XVIe et XVII e siècles, contrairement à certaines dédicaces, sont toujours rédigés en basque. Cela n'est pas étonnant puisque l'un des motifs invoqués par les auteurs dans leur prologue pour expliquer le choix de langue consiste à alléguer qu'ils rendent

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 53

service aux lecteurs ne connaissant que le basque (Materre, Axular), ou aimant particulièrement les vers basques chantés (Etcheberri de Ciboure, Gasteluçar). 143 Pourquoi donc les ouvrages de Beriayn et Oihenart ne suivent pas cette voie ? Pour deux raisons distinctes, mais qui toutes deux mettent en évidence la situation sociolinguistique en Haute-Navarre d'une part, dans les provinces rattachées à la Couronne de France d'autre part. 144 L'ouvrage de Beriayn est un ouvrage pratique : un guide pour entendre la messe, rédigé en castillan et basque, les deux langues de l'évêché de Pampelune, comme il est dit dans le titre même de l'ouvrage (Tratado de como se ha de oyr missa, escrito en Romance, y Bascuence, lenguages de este Obispado de Pamplona). L'ouvrage étant bilingue, on attend également un prologue bilingue, mais tel n'est pas le cas : seul le texte espagnol de l'avis au lecteur est publié (il en est de même pour les autres paratextes, y compris le titre, et la table des matières). Ceci traduit sans aucun doute la place secondaire occupée par le basque dans les zones où le basque était présent en Navarre au début du XVIIe siècle, tandis qu'à la suite du Concile de Trente un effort particulier a été entrepris par l'Evêché pour utiliser les langues vulgaires dans la formation religieuse des populations (Jimeno Jurio, 1998). 145 Dans son avis au lecteur, Beriayn évoque la question dialectale et il montre la perception que l'on pouvait avoir en Navarre de cette question. Selon lui le dialecte standard des Basques de Haute-Navarre est celui de Pampelune, à la fois parce qu'il est le plus répandu et celui qui est le plus connu : 146 Escriuo en Romance, y bascuence lenguages deste Obispado, y aunque en dife-rentes partes del ay en algunas cosas, diuersos modos de hablar, yo escriuo el que se habla en Pamplona, Cabeça desle Reyno, y obispado de Nauarra, que es el que se habla en la mayor parte del, donde se habla bascuence, y el que mejor se entiende en todas las partes. (Beriayn, Tratado de como se ha de oyr missa, Al lector) 147 Mais la situation de diglossie influence les modes de gestion de la variété dialectale. A ceux pour lesquels le basque de Pampelune s'avérerait difficile à comprendre, Beriayn recommande de recourir au texte castillan : 148 Y cuando a alguno le pareciere que en algunas cosas no se entiende, delo que escriuo en Romance se puede sacar el bascuence que se se usa en su tierra. (Beriayn, Tratado de como se ha de oyr missa, Al lector) 149 Le recours à la langue partenaire de diglossie comme langue des paratextes, c'est-à-dire comme métalangue, se rencontre aussi chez Oihenart. L'ouvrage d'Oihenart de 1657, en effet, bien que partiellement bilingue dans son contenu (les proverbes basques étant traduits en français, mais pas les poèmes), a pratiquement tous ses paratextes en français uniquement28 : titre de couverture, préface générale, glossaire, avis au lecteur précédant les poèmes, liste des fautes d'impression. 150 Particulièrement significatif est à cet égard le glossaire qui figure à la fin des poèmes. Contrairement à Liçarrague qui près d'un siècle plus tôt traduisait les termes labourdins en souletin, Oihenart traduit en français les vocables dont il craint qu'en raison de la variété dialectale ils ne seront pas partout compris 29. Les explications qu'Oihenart donne de son attitude en tête de son glossaire explicitent dans un registre plus savant la démarche de Beriayn : 151 Le peu de communication que les trois Prouinces du païs de Basques, qui sont deça les Monts Pyrenées, (à sçavoir Labourt, Basse-Nauarre & Soule) ont entre-elles, dau-tant qu'elles dependent

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 54

de diuers Gouuernemens, & de diuers ressorts de Iustice, est cause de ce que plusieurs mots anciens Basques, qui se sont conseruez en chacune de ces Prouinces, ne sont pas entendus en l'autre. C 'est ce qui m 'a oblige à mettre icy l'explication de quelques mots de cette sorte, qui se trouuent dans ce Recueil de Vers. (Oihenart, Explication des mots rares qui se rencontrent parmi les vers)

Les premières préfaces modernes

152 Au cours de la seconde moitié du XVII e siècle, une modification des conventions en matière de prologues auctoriaux apparaît : la place de l'interpersonnel diminue sensiblement, au profit d'un développement thématique et de ce que Genette (1987 : 184) appelle la valorisation du texte. Dans les textes basques, un équivalent d'emprunt au terme préface apparaît, tel que prefacioa, bien que abisu et les formes datives nues ne soient pas abandonnés.

153 Parmi les textes du corpus, celui qui manifeste le premier un tel changement, bien qu'il conserve encore un caractère interpersonnel marqué, est celui d'Argaiñaratz (1665)30 154 L'adresse aux dévots (Devotei) d'Argaiñaratz dans son Devoten brebiarioa, qui n'a été conservé, semble-t-il, que par une copie manuscrite de médiocre qualité (voir annexe) est essentiellement une présentation de l'iconographie de l'ouvrage. Cette dernière, qui reflète la structure de la première partie du livre, n'a pu être conservée dans sa totalité, puisque deux seulement des sept gravures devant y figurer étaient encore conservées dans le seul exemplaire de l'ouvrage retrouvé par Vinson. 155 Du point de vue de l'étude des prologues, cette adresse offre la particularité de commenter l'image d'une image. Le lecteur, en effet, est appelé à considérer le bréviaire de la même manière que les saintes de l'ouvrage sont représentées dans sept gravures comme s'inspirant dans leur vies de pieux tableaux qu'elles gardaient devant leurs yeux. 156 Ainsi le lecteur est-il encouragé, en même temps qu'il lit les textes de dévotion (en vers)31 du bréviaire, à méditer, à chacun des sept moments de la journées signalés pour la prière (Matines, Prime, Terce, etc), sur chacune des saintes représentées dans les gravures et à considérer par exemple : 157 Vesperetan. Sant Helena, ceina bere hill orenaren contemplatcen baitcen bethi occupatua, huntaracotz beguien aitcinean çaducala errethaula bat ceiñetan aingueru batec erhiaz beçala eracusten baitcioen erroloia [texte de Vinson : erroloio] baten marcan bere bicia, hiltceraco vesperan çuela, haren errethaulan agueri den beçala. (Argaiñaratz, Devoten breviarioa, Devotei) 158 Aux Vêpres, sainte Hélène, laquelle était toujours occupée à contempler l'heure de sa mort, tenant pour cela devant ses yeux un tableau où, à la veille de sa mort, un ange lui montrait, comme avec le doigt, dans la marque d'une horloge, sa vie, ainsi que vous le verrez dans sa gravure. 159 Les gravures représentent uniquement des femmes, ce qui néanmoins ne semble pas indiquer un ouvrage spécialement orienté vers un lectorat féminin ; rien, en tout cas, ne l'indique dans le prologue, ni dans les vers. Vinson, qui pour cette raison n'avait pas traduit le titre Bréviaire des dévotes, observe dans l'avertissement de son édition que les livres basques illustrés antérieurs au XIXe sont fort peu nombreux, et que la matière du livre, y compris bien sûr les gravures, ont leur probable origine dans quelque ouvrage

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 55

français : les noms propres des princesses sont visiblement pris du français (par exemple, Lorrenaco Margarita Alençõgo duqueça), et l'une des deux gravures préservées avait conservé le mot prime. 160 La préface (Prefacioa) de Gasteluçar (1686), est également écrite en prose, alors que l'ouvrage, en dehors de quelques litanies, psaumes et prières, est en vers. L'interpersonnalité est pratiquement absente : l'usage de la deuxième personne indiquant l'adresse en discours direct au lecteur y est abandonné, et l'auteur est à peine entraperçu au détour d'une forme verbale. Cette préface vient doubler l'avertissement au lecteur32 ; ils forment donc deux textes séparés, sans que ce doublement corresponde à une division thématique de l'ouvrage, comme cela est le cas chez Oihenart (1657). 161 La préface est pour l'essentiel constituée d'une exhortation à la vie dévote et à l'abandon des plaisirs et ambitions de ce monde, dans ce qui apparaît comme une véritable introduction au corps de l'ouvrage, plus que comme un texte extérieur à celui-ci. 162 L'avertissement au lecteur (Abisua) conserve, lui, certains des éléments des autres prologues des textes basques examinés précédemment, en particulier l'indication du plan (titre des sept parties de l'ouvrage) et des circonstances expliquant pourquoi, et à l'intention de quel public, l'auteur a réalisé son ouvrage : 163 Denbora hautan, hañitzek hañitz liburu eder argira eman tuste ; ezta, bada, hau bertzeak baño ederragoa ; bañan nola berze gauzetan bezala, debozionean gustu dife-renteak baitire, iduritu zait hañitz deboten artean, batzuek huntan gustu hartuko dute-la, gustiz mariñel debotek ; eta hek prinzipalki konsideraturik, deliberatu dut liburu hunen egitera. (Gasteluçar, Eguia catolicac, Abisua) 164 Ces temps-ci, beaucoup ont publié beaucoup de beaux livres, celui n'est pas plus beau que les autres ; mais comme il existe des goûts différents en matière de dévotion ainsi que dans les autres choses, il m'a semblé que, parmi de nombreux dévots, certains, en particulier les marins dévots, l'apprécieront. C'est en tenant compte principalement de ces derniers, que j'ai décidé d'écrire ce livre. 165 Un cas apparemment semblable de doublement des prologues auctoriaux est celui de l'ouvrage d'Oihenart (1657) qui contient lui aussi une préface et un avertissement au lecteur, tous deux en français comme indiqué précédemment. Mais en ce cas les deux prologues correspondent aux deux parties, bien distinctes, de l'ouvrage : la préface ayant été rédigée pour être placée en tête du recueil de proverbes, et l'avertissement en tête des poèmes. 166 La préface aux dictons développe deux points de nature différente : l'un qui relève de la valorisation thématique ; l'autre qui concerne l'orthographe. Le premier point est traité de manière relativement impersonnelle bien que l'auteur indique avoir voulu rendre service à [ sa] Patrie, en rendant plus familiers et per-durables par le moyen de l'impression les proverbes que dès [son] jeune âge il avait recueillis de la bouche du peuple. Malgré cette note, nous sommes loin des petites scénettes esquissées en introduction des prologues d'Axular et Tartas. D'ailleurs, s'agissant d'un recueil de proverbes, l'auteur ne se présente pas comme un véritable auteur, et il n'entend pas se donner ce statut aux yeux du lecteur. Il limite tout au plus son intervention à la sélection des dictons, que celle-ci soit volontaire (I'en ay omis quelques-uns, qui sont vulgaires, pour n'y auoir pas remarqué le caractère, ny les marques des veritables Prouerbes) ou involontaire (Ie veux croire qu'il en reste beaucoup qui ne sont pas venus à ma connoissance, particulièrement de

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 56

ceux qui sont en vsage parmy les Basques de delà les monts-Pyrennées, avec lesquels ie n'ay pas eu que fort peu de communication). 167 Quant aux remarques orthographiques, elles représentent un embryon de phonologie comparative : Oihenart, précurseur de la bascologie, est le seul auteur à accorder une telle importance à cette question, qu'il traite de façon originale, inventant sa propre graphie, fondée sur un usage particulier de diacritiques (que l'imprimeur ne sera pas en mesure de respecter, et qui restera donc très théorique, puisque non appliquée et demeurée sans suite). 168 Cette situation se retrouve dans l'avertissement au lecteur précédant les poèmes : nous sommes en effet à nouveau en présence d'un texte en forme de traité technique, non plus d'orthographe, mais de versification. L'auteur, qui propose d'adapter le modèle classique à la versification basque, voit dans ses vers l'illustration de cette ambition, et c'est dans cela qu'il situe le mérite de ses poésies, non dans leur contenu. C'est d'une certaine façon l'attitude inverse de celle adoptée par La Fontaine, lequel dans le prologue de ses Fables indiquait que ce n'est pas tant par la forme que j'ai donnée à cet ouvrage qu'on en doit mesurer le prix, que par son utilité et sa matière. Oihenart, au contraire, entend signaler au lecteur que c'est dans la forme des vers que son essai trouve sa raison d'être principale : 169 C'est ce qui m'a obligé, apres auoir parlé des ces Regles en vn autre Ouurage, à souffrir que ce peu de Vers, qui m'estoient échappez en mon jeune âge, voye le iour, afin qu'il apparoisse, que la pratique de ces Regles n'est pas si mal aisée en nostre Langue, qu'aucuns se sont persuadez, & non point pour autre sujet ; Car comme en les composant ie n'auois cherché que mon diuertissement. (Oihenart, Av lectevr) 170 Oihenart, au demeurant, ne prétend pas être un bon poète :

171 Aussi ne pretens-je pas, par la publication qui s'en fera, participer à l'honneur qui accompagne les Ouurages des bons Poëtes. (Oihenart, Av lectevr)

Les prologues multipliés d'Etcheberri de Ciboure

172 Pour conclure cette présentation, nous évoquerons brièvement le cas le plus original dans le contexte basque : celui d'Etcheberri de Ciboure, lequel, dans son Manual devotionezcoa (1627/1669), propose en fait plusieurs prologues, selon une méthode d'ailleurs attestée dans les littératures voisines (Cayuela : 217). De plus, s'agissant d'un manuel en vers, tous ces prologues ont eux-mêmes de cette forme et composés de distiques en vers de 15 pieds (8+7), à rime alternée.

173 Il y a en tout cinq prologues généraux : trois en tête de l'ouvrage, relatifs respectivement au théme, à la forme, et à la composition de l'ouvrage, et un en tête des deux livres composant le manuel, à savoir d'une part le catéchisme et d'autre part les prières.33 174 Le premier des trois prologues du livre entier est destiné à souligner l'importance de l'ouvrage et se veut une exhortation à l'apprendre, car il s'agit d'un catéchisme et de prières (Manualaren ikhastera iratçarmendua) ; le second est une présentation de la contribution personnelle de l'auteur, laquelle a consisté à la mise en couplets destinés à être chantés de prières du manuel (Iracurtçaille devo-tari eguilleac liburu hunen maneraz) ; le troisième indique la composition de l'ouvrage en livres eux-mêmes divisés chacun en deux parties (Liburuaren erre-partimenduaz). Point remarquable, aucun de ces prologues

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 57

ne traite de la question de la langue proprement dite, bien qu'elle ait été semble-t-il l'objet de polémiques (cf. supra et la préface d'Altuna à l'édition de 1981). 175 Dans le second prologue, que nous avons rapporté plus haut dans sa plus grande partie, l'auteur explique les raisons pour lesquelles il a composé son ouvrage en vers (cf. supra). Mitxelena (1981) fonde sur ses indications l'hypothèse selon laquelle, contrairement à Axular, Etcheberri avait écrit ses vers pour un public qui ne lisait pas, afin de lui en faciliter l'apprentissage. Les objectifs prosaïques d'Etcheberri avaient été évoqués déjà par Oihenart dans son Art poétique basque : Ie lui ay ouy dire au temps qu'il composoit ses Vers qu'il trauaillait principalement pour les mariniers Lesquels les Chantoint sur la mer ; Ce quifaict Iuger qu'il Escriuoit plus tost par Un motif de Charitté que par aucune ambition, ou Vainegloire, Et quil auoit le zèle de profiter à son prochain que doit avoir Un Veritable Ecclesiastique. Ce n'est pas le lieu d'examiner l'œuvre d'Etcheberri, mais je reste pour ma part dubitatif, malgré l'autorité des auteurs mentionnés, l'un à titre d'analyste, le second en tant que rapporteur des propos de l'auteur, sur l'exactitude de cette interprétation. La versification d'Etcheberri, même dans le second livre du Manual qui est considéré comme littérairement plus modeste (Altuna, dans son édition du 1 er livre de 1981, Mitxelena 1981), n'est certainement pas celle que l'on attendrait de textes destinés à être mémorisés facilement : les inversions, avec antéposition des syntagmes adnominaux ou adjectivaux au vers précédent, de manière à obtenir la rime, abondent, comme si le basque était du latin. Ces licences poétiques qu'Oihenart jugeait lui-même exhorbitantes en basque ne correspondent guère aux objectifs mentionnés : que l'on ait réellement appris la doctrine catholique sur les vers d'Etcheberri, même chantés, serait surprenant. Certes les vers d'Etcheberri ont eu un grand succès populaire, et certains de ses cantiques (notamment de Noelak) se chantent encore dans les églises du Pays Basque. De même, la nature pédagogique de l'ouvrage est incontestable, et son titre même l'indique. Pour autant il me semble difficile de ne pas prêter à l'auteur une ambition allant au-delà d'une mise en couplets simplement destinée à faciliter la mémorisation chez un public analphabète34. Mais laissons ici ce débat, qui mériterait un examen plus approfondi de l'œuvre d'Etcheberri. 176 Le prologue précédant le premier livre consacré à la doctrine est un avis au lecteur (Iracurtçailleari abisua) thématique, formé de vingt et un distiques, expliquant au lecteur la nécessité pour lui de se conformer à un mode de vie chrétien. Le prologue joint au second livre, lequel présente les prières, est composé de neuf distiques. 177 Cette idée de faire précéder les parties internes d'un ouvrage d'un prologue et même, dans le cas du Manuel de dévotion d'Etcheberri, d'une dédicace 35, est inédite dans les textes basques, mais on en trouve des exemples ailleurs. Cayuela (1996 : 217) signale que dans ses Rumbos peligrosos, ouvrage publié à Anvers en 1683, J. Penso de la Vega procède ainsi pour chacune des nouvelles incluses dans son ouvrage. 178 Il est vrai que le cas du Manuel de dévotion est particulier eu égard à la nature de l'ouvrage. Si la disposition matérielle et les sous-titres n'étaient là, il serait difficile sans doute de repérer comme paratextes ces prologues internes. D'ailleurs il y a bien d'autres passages qui pourraient relever d'une telle sélection, en particulier dans le second livre, consacré aux prières, comme par exemple l'avis au lecteur marin évoqué plus haut. L'auteur présente ces prières comme destinées à être apprises par cœur (Mes peines auront été assez récompensées / Si durant tes loisirs tu veux les apprendre) ; cf. Mitxelena 1981, et ici même la note 34. Elle sont donc à la première personne, et adressées en discours direct à Dieu, ce que dans son avis interne de ce second livre

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 58

Etcheberri exprime ainsi : Ecen othoitcen han diat moldea arrimatu, / Eta Iancoari mintço natçaiola, moldatu (litt. Car là, des prières, j'ai placé la méthode, et l'ai composée en m'adressant à Dieu). 179 Si le lecteur virtuel est la référence construite de la première personne des prières qu'il est supposé apprendre et s'approprier, tous les passages explicatifs figurant entre celles-ci apparaissent à la manière de paratextes où l'auteur s'adresse au lecteur pour lui dire comment il lui faut interpréter, comprendre ou dire les prières ; d'ailleurs Etcheberri utilise fréquemment le mot abisua pour désigner ces éclaircissements dans ces intertitres, comme dans l'avis au lecteur marin. On retrouve alors dans le corps du texte le je auctorial et le vous du lecteur allocutaire, classique des prologues des XVI e et XVIIe siècles.

BIBLIOGRAPHIE

Argaiñaratz d'—, P. (1665) : Devoten breviarioa, Bosc, Bayonne ; nouvelle édition conforme a la premiè-re par J. Vinson : 1910, Bertrand, Chalon-sur-Saône.

Agirre, P. (1996) : Athanase Belapeire : Catechima laburra (1696). Autoreraen garaia, nortasuna eta idaz- lanak, grafiak eta fonologia. Edizio kritikoa eta hiztegia, Thèse de doctorat, Université du Pays Basque, Vitoria.

Axular, P. de —. (1643) : Guero, bi partetan partitua eta berecia, G. Milanges, Bordeaux ;édition en fac-simile : 1988, Académie de la langue basque-Euskaltzaindia, Bilbao.

Cayuela, A. (1996) : Le paratexte au siècle d'or, Droz, Genève.

Cervantes, M. de —. (1605) : El ingenioso hidalgo Don Çuijote de la Mancha, Tome 1, édition révisée et mise a jour de Martin de Riquer, 1980, Planeta, Barcelone.

Compagnon, A. (1979) : La seconde main ou le travail de citation, Seuil, Paris.

Dechepare, B. (1545) : Lingvce vasconvm primitice, F. Morpain, Bordeaux ;édition en facsimilé, avec tra-duction allemande, anglaise, espagnole, française et italienne : 1995, Académie de la Langue basque – Euskaltzaindia, Bilbao.

Diccionario General Vasco – Orotariko Euskal Hiztegia (1987-), Académie de la Langue basque – Euskaltzaindia, Desclée De Brouwer & Mensajero, Bilbao.

Etcheberri (de Ciboure), J. (1627): Manval devotionezcoa edo ezperen, oren oro escvetan erabilltçeco libu-rutchoa, G. Millanges, Bordeaux ;édition facsimilée de la seconde édition de 1669 chez I. Mongirion Millanges a Bordeaux : 1978, Hordago, Saint Sebastien ;édition critique du 1er livre par P. Altuna, 1981, Académie de la Langue basque- Euskaltzaindia, Bilbao.

Gasteluçar, B. (1686) : Eguia catholicac salvamendv eternalaren eguiteco necessario direnac, Desparatz, Pau ;édition critique de L. Akesolo : 1983, Académie de la Langue basque – Euskaltzaindia, Bilbao.

Genette, G. (1987) : Seuils, Seuil, Paris.

Haramboure, J. (1635). Debocino escvarra, mirailla eta oracinotegvia, P. de la Court, Bordeaux.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 59

Jimeno Jurío, J. M. (1997) : Navarra. Historia del Euskera, Txalaparta, Tafalla (Navarre).

Liçarrague, J. (1571a). Iesus Christ gvre Iaunaren Testamentv Berria, traduction basque du Nouveau Testament, traduction du Nouveau Testament ; cf. T. Linschmann & H. Schuchardt (1900).

Liçarrague, J. (1571b). Kalendrera, Bazco noiz daten, ilhargvi berriaren eta letra dominicalaren eçagut- zeco manerarequin, & ABC edo Christinoen instrvctionea othoitz eguiteco formarequin P. Hautin, La Rochelle, deux ouvrages en un volume, voir T. Linschmann & H. Schuchardt (édit.) (1900).

Linschmann, T. & Schuchardt, H. (édit.) (1900). ILeiçarragas Baskiche Bücher von 1571 (Neues Testament, Kalender und Abc), Trübner, Strasbourg ; édition facsimilée : 1990, Académie de la Langue basque – Euskaltzaindia, Bilbao.

Materre, E. (1623 [1617]) : Dotrina christiana. Bigarren impresionearen debocinozco othoitz eta oracino batçuez berreturic, 2e é dition (1reédition de 1617 perdue), J. Millanges, Bordeaux.

Mitxelena, K. (1963) : « Eranskin gisa », Egan, 1-3, 78-79.

Mitxelena, K. (1981) : « Patxi Altunari erantzunez », Euskera, 2, 617-626.

Montoya Martinez, J. & Riquer, I. de —. (1998) : El prólogo literario en la Edad Medieval, UNED, Madrid.

Mujika Casares, J. A. (1997) :Euskal ortografiaren hastapenak Iparraldeko literaturan, Thèse de doctorat, Université du Pays Basque, Vitoria.

Oihenart, A. d'—. (1657) : Les proverbes basques recueillis par le Sr d'Oihenart, plus les poésies du mesme auteur ; édition critique trilingue par J.-B. Orpustan avec traduction française et espagnole, et contenant les poèmes édités postérieurement (1664 ?) : Proverbes et poésies basques (1657-1664), 1992, Izpegi, Baigorri.

Oyharçabal, B. (1999) : Euskarazko irakaskintzaren historia ororen eskolen ildotik, iraultzaren frantses garaiko eskola liburuxka bat, Lapurdum, Bayonne.

Oyharçabal, B. (en cours.) : Lapurterazko literatura 17. eta 18. mendean : zenbait gogoeta, CNRS, Bayonne

Porqueras Mayo, A. (1957) : El prólogo como género literario. Su estudio en el Siglo de Oro español, Consejo Superior de Investigationes scientíficas, Madrid.

Rigolot, F. (1986) : « L'imaginaire du discours préfaciel », Studi di litteratura francese, Firenze.

Salaberri Munoa, P. (1998) : « Gero liburuaren koherentziaz eta egituraketaz », Lapurdum, 3, 241-271, Bayonne.

Spang, K. (1987) : « Hacia una terminología textológica coherente », in J. Cañedo & I. Arrellano (édit.), Edition y anotación del texto del siglo de Oro, 319-338, EUNSA, Pampelune.

Tartas, J. ( 1666) : Onsa hilceco bidia, J. Rouyer, Orthez ; édition facsimilée et édition critique préparée par A. Altuna, 1995, Université de Deusto, Bilbao.

Tartas, J. (1672) : Arimapenitentaren occupatione devotac, J. Rouyer, Orthez ; édition critique de P. Altuna, 1996, Mensajero, Bilbao.

Tripet, A (1992) : Montaigne et l'art du prologue au XVIe siècle, Champion., Paris.

Villasante, L. (1979) : Historia de la literatura vasca, seconde édition révisée et complétée, Editorial Aranzazu, Burgos.

Vinson, J. (1891) : Bibliographie de la langue basque, Maisonneuve, Paris ; seconde édition annotée par Julio de Urquijo, 1984, Seminario de Filologia Vasca “Julio de Urquijo”, Saint Sébastien.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 60

NOTES

1. Bien qu'elle concerne un texte datant d'une période située au-delà de celle à laquelle se limite cette étude, il faudrait citer comme une exception la présentation de Mitxelena (1963) du prologue -original à bien des égards dans le contexte basque- d'un écrit manuscrit (1782) d'Eguiateguy. En effet cette brève étude, destinée à faire connaître alors un manuscrit inconnu, en attendant sa publication, représente désormais la seule information disponible regardant son contenu. Cet essai d'économie domestique, intitulé Aberatstarziin giizien giltz bakhoitza [La clé unique de toutes les richesses], et que A. Irigaray fit acquérir, semble-t-il, par la Bibliothèque de la Diputación du Guipuscoa (cf. la préface de T. Peillen à l'édition (1983) de Lehen liburia edo filosofo huskaldunaren ekheia (1785)), ne s'y trouve plus. 2. Je ne tiens pas compte ici des éléments d'intertextualité, et notamment des citations et des récits restitués, qui tiennent parfois une place importante dans les ouvrages de cette époque, y compris dans les ouvrages basques tels que ceux d'Axular ou Tartas. J'écarte également les appendices expliquant les références historiques, géographiques, littéraires ou autres des textes. Ces derniers ne se rencontrent guère dans les textes basques (celles que l'on trouve chez Liçarrague à propos des termes bibliques sont traduites). 3. Le regroupement des prologues des auteurs et des traducteurs dans le cas des textes basques s'explique par le poids des considérations linguistiques. Genette (1987 : 243, note 2) fait justement remarquer que si la préface rédigée par un traducteur se présente en principe comme une préface ultérieure allographe, lorsque le traducteur prologuiste commente sa propre traduction (ce qui est d'ordinaire le cas dans les textes basques), son texte cesse d'être allographe. C'est la raison pour laquelle, à mon sens, l'adresse aux Basques de Liçarrague devait être prise en compte ici à côté de celle des autres auteurs de notre corpus. 4. Texte cité selon l'édition révisée et actualisée de M. de Riquer (1980). 5. En fait l'ouvrage de B. Dechepare contient quelques lignes que l'on pourrait marginalement considérer comme représentant un avertissement au lecteur et à l'imprimeur. Elles sont sans titre, rédigées en latin (Aduertant Impressor, et lectores quod...), et précèdent sur une page à part la dédicace. Elles visent à indiquer la prononciation de certaines lettres consonnes (z, t devant i et et ç devant a, o, u) 6. Je ne tiendrai pas compte des prologues des textes non destinés à un lectorat bascophone, en particulier l'Interprect Ou traduction du François Espagnol & Basque (publié vers 1620 par Voltoire), et qui est destiné aux personnes désirant apprendre la basque. Ce dernier contient un avis en français intitulé Au lecteur salut. 7. Par rapport aux indications de la bibliographie de Vinson, les avertissements ou prologues de l'auteur que je n'ai pu consulter sont : i) une adresse aux Messieurs basques (Iavn escaldvney) de Pouvreau dans sa traduction (1656) de la Doctrine chrétienne de Richelieu ; ii) encore de Pouvreau, une adresse au lecteur en basque puis en français dans sa traduction (1665) du Combattimento spirituale de Lorenzo Scrupoli ; iii) l'avis au lecteur (iracvurtçailleari abissua) d'Arambillaga dans la traduction (1684) de l'Imitation de Jesus-Christ. Troisième livre (Jesu Christoren imitationea- Hirvgarren libvrva). Je ne prends en compte que les seuls textes des auteurs ou traducteurs eux-mêmes, et donc ni les préfaces traduites, comme l'advertissement de Liçarrague ou la préface de Philotea de Pouvreau, ni les prologues allographes, telle que, par exemple, la préface de Harizmendi au Debocino eskuarra de Haramboure. Il va sans dire, par ailleurs, que cette étude exclut les paratextes créés par les éditeurs postérieurs (par exemple l'adresse aux Basques de Vinson, rédigée en basque, contrairement à l'avertissement à caractère technique et savant, en tête de son édition (1910) du Bréviaire des dévots d'Argaiñaratz). Je n'examinerai pas non plus les prologues de Belapeyre (1696) qui ont un caractère institutionnel marqué. Il s'agit de deux adresses en forme de recommandations destinées en particulier aux curés et prêtres de Soule, l'une (20/10/1695) en

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 61

tête de la première partie, l'autre (2/04/1696) en tête de la seconde. L'ouvrage de Belapeyre, qui fut réalisé dans des conditions difficiles (cf. Agirre 1996), dispose par ailleurs d'autres textes préliminaires, importants pour la compréhension de cette période de l'histoire religieuse de la Soule, dont notamment d'une part, le texte d'une déclaration en français en date du 27/05/1693, où Belapeyre en tant qu'Officiai de l'Evêché d'Oloron en Soule, fixe les obligations des membres du clergé et celle des autorités publiques en matière d'éducation de la jeunesse, et d'autre part, une Imploration du bras séculier à Messieurs les Juges du Siège Royal de Licharre du 12 novembre 1695, traitant du même sujet ; cf. Oyarcabal 1999. 8. La datation double indique, d'une part que le seul texte qui a été conservé est celui de 1669, mais que, d'autre part, les paratextes remontent certainement, dans leur substance, à la première édition. On a conservé cette dernière date dans la référence datée afin de mieux situer le texte dans la chronologie de la littérature labourdine (second texte connu après celui de Materre). 9. Dans le cadre de la littérature basque cette contradiction est particulièrement évidente dans les prologues des pastorales souletines anciennes, lesquels régulièrement soulignent l'intérêt du sujet de la pastorale, mais finissent par des paroles d'excuses concernant l'imperfection de la représentation dramatique. 10. A vrai dire deux autres ouvrages pourraient être mentionnés : les catéchismes bilingues espagnol-basque d'Elso (1561) et de Betolaza (1596). Mais il est peu probable que Materre ait pu les consulter. Le premier, apparemment perdu, fut publié en Haute-Navarre, et le second à Bilbao. 11. De ce point de vue les ouvrages de Dechepare et Liçarrague (comme celui de Materre lui- même) pourraient donner une idée assez fausse de la fixation des normes de l'écriture basque à cette époque. Ces ouvrages, qui s'inspirent peu ou pas du tout les uns des autres, sont d'une très bonne tenue, mais ce n'est sans doute pas là l'expression ou le reflet d'une réalité sociale très répandue, plutôt le fruit d'efforts individuels réalisés par des personnalités singulières. 12. Cette phrase est fautive, la proposition déclarative n'étant pas régie : peut-être le verbe recteur a-t-il été omis. Je n'ai pu consulter la version originale de l'ouvrage, et j'ignore si le texte de l'édition d'Akesolo la restitue fidèlement. 13. L'emploi de heuscal herria (absent chez Dechepare, mais que l'on retrouve avec Materre, et bien sûr, ensuite, régulièrement), se fait dans l'adresse aux Basques, ainsi que dans le titre et dans le texte de l'avertissement précédant l'ABC, dans les trois cas le terme étant à l'inessif (heuscal herrian, rendu en français dans la dédicace par l'expression au pays des Basques). Pour la désignation ethnique, il utilise le dérivé heuscaldun. 14. Selon la dédicace de l'auteur à Sauvat d'Iharce, Evêque de Tarbes, il s'agit d'un ouvrage de commande (nik segur zure debozino sainduak debozinozko obra hunetan ni emplegatzeaz ohore handi bat erre-zibitu dut « pour sûr, j'ai reçu un grand honneur du fait que votre sainte dévotion m'ait employé moi dans cette œuvre de dévotion »). Il fut lui aussi apparemment réalisé dans des conditions difficiles, peut-être en raison du choix fait par d'Iharce de l'auteur. En effet, dans un hommage rendu par à l'auteur en tête de l'ouvrage, Harizmendi écrit ces vers qui viennent peut- être en écho d'une polémique, à moins qu'il ne s'agisse ici également d'une allusion au conflit linguistique qui sera évoqué plus loin : Badakhusat klarki, zuk egin liburuan, Merezi hainitzak ditutzula zeruan : Nahiz inbidiak, erran dezan zer nahi, Merezi hek berdin eztakizketzu bahi. Je vois clairement dans le livre que vous avez fait / Que vous avez de grands mérites au ciel / Quoi que les envieux disent / On ne peut vous ôter ces mérites. 15. Dans sa préface à son édition critique du 1er livre du Manual d'Etcheberri, Altuna évoque le climat passablement envenimé de l'époque, que nous restituent les paratextes (autres que les prologues auc-toriaux qui eux n'évoquent pas du tout la question, comme nous le verrons plus

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 62

loin). Mais, concernant les envieux et adversaires qu'Etcheberri aurait pu avoir, il avance une autre hypothèse : celle d'une rivalité au sein du monde littéraire basque. Selon Altuna, il est peu probable que cette cabale ait été créée par les membres de ce qu'on désigne comme l'école de Sare, puisque certains d'entre eux, tel Axular, figuraient parmi les auteurs des approbations du Manual d'Etcheberri. Bref il ne croit pas à une jalousie entre deux écoles labourdines, et il suggère que c'est vers Oihenart qu'il faudrait se tourner pour identifier la source des critiques visant Etcheberri. Cependant, les arguments avancés, qui reposent sur la critique qu'Oihenart fera de la versification d'Etcheberri dans son Art poétique, ne me semblent pas convaincants. 16. Je transcris ici ces vers de louanges (Laudoriozko koplak) selon l'édition d'Akesolo (1970) : Nik behintzat aithortzen dut Moi au moins, je reconnais zure zordun garela,que nous sommes votre débiteur, gure ilhunbetik khentzekoque c'est vous êtes la torche zuzia zu zarela.propre à nous sortir des ténèbres. Zaharturik zioanaLe basque, qui, vieilli, eskara erortzera,allait tomber, Etxeberrian sarthurikentré dans la maison Etxeberri, berriz doa sortzera.va renaître. Erdaldunak ahal doazkeLes étrangers ne sachant pas le basque zein bere herritara,peuvent s'en aller chacun dans son pays, gogat eginik, galdukos'étant résignés à ce qu'ils ne feront pas eztutela eskara.disparaître la langue basque. Aspaldion zegoenaCelle qui, depuis longtemps, guztientzat azpikopour tous, était inférieure, Etxeberrik altxaturikEtxeberri l'ayant relevée, gorena da iarriko.se situera au plus haut. Eskaldunak hel bekizkitQue les Basques viennent à moi haren ohoratzera,pour l'honorer, zeren eskara eman duencar il a mis la langue basque erdararen gañera.au dessus de l'erdara. 17. La notion de langue mélangée (si ce terme réfère bien chez Haramboure à celle d'un basque associant les particularités de divers dialectes) sera en quelque sorte revendiquée par Tartas (1666) qui dira avoir voulu utiliser un basque ayant orotarik zerbait « quelque chose de partout », ainsi que nous le verrons plus loin dans le texte. Chez Liçarrague la démarche semble avoir été différente, puisque ce dernier revendiquait plutôt une langue dégagée des influences locales particulières. 18. Je ne tiens pas compte ici du catéchisme bilingue d'Ochoa de Capanaga paru une vingtaine d'années plus tard (1656), et présentant en regard du texte espagnol sa traduction en biscayen. On peut supposer que cet ouvrage n'eut guère d'échos en deçà de la Bidassoa. 19. Rappelons que, jusqu'à la Révolution, le Labourd et les deux-tiers occidentaux de la Basse- Navarre relevaient de l'évêché de Bayonne, mais que la Soule était rattachée à l'évêché d'Oloron, et le tiers nord-oriental de la Basse-Navarre (Pays de Mixe et d'Ostabarret) à l'évêché de Dax. Les premières doctrines catholiques en souletin n'apparaîtront que bien plus tard, vers la fin du siècle, grâce à Belapeyre (ce dernier précise toutefois qu'il fut précédé par un jeune prêtre dont l'essai, hélas perdu, ne fut pas concluant). 20. Ce point à ma connaissance n'a pas été expliqué. Que voulait dire Axular ? Que le basque était parlé ailleurs que dans les sept provinces ? Cette interprétation, apparemment portée par la lettre du texte, me paraît difficilement admissible, car Axular devait suffisamment connaître la région, y compris dans sa partie péninsulaire, pour ne pas supposer une telle extension de la langue, et pour savoir qu'il avait déjà taillé bien large. Cette lecture aurait été envisageable comme une allusion à l'emploi du basque dans certaines zones situées aux portes des provinces,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 63

ainsi Bayonne à l'entrée du Labourd, où la proximité et le voisinage devaient assurer une certaine présence au basque, mais le fait que l'expression bertce anhitz lec-cutan « dans beaucoup d'autres endroits » soit utilisée rend ceci également peu probable. Peut-être faut-il lire autrement ces lignes : Axular évoque la diversité des parlers et pour cela après avoir cité les différentes provinces, supposées chacune être porteuse d'une variété de langue, il fait ce rajoût pour indiquer que la diversité va en réalité bien au delà des limites provinciales ; bref qu'elle se rencontre en bien d'autres endroits, à l'intérieur même des provinces citées. 21. En matière de morphologie lexicale, seule est mentionnée la forme de palatalisation apparaissant dans les dérivés hypocoristiques, et notamment dans le suffixe -tto/-xo. Axular affirme que ceux qui parlent bien le basque ont une mauvaise opinion des dérivés privilégiant la chuintante (xo). 22. La variation morphologique -ei vs -er est citée par Liçarrague dans son lexique destiné aux Souletins. Par ailleurs il l'utilise de façon systématique dans son ABC, et son instruction, dans le prologue desquels il indique avoir utilisé un basque conforme à celui des régions où la religion réformée était pratiquée. 23. Le cas de la paire irakurtzea vs leitzea « lire » n'est peut-être pas un cas de variation dialectale : le doublet (sous des réalisations diverses des léxèmes) semble attesté dans la plupart des dialectes. Mais ceci ne signifie pas que les choses étaient ainsi perçues par Axular. 24. Les formes lexicales faisant référence à des parlers d'outre-Bidassoa sont barridea, esatea et zal-duna. Barride est une forme des parlers de Navarre (bien qu'Azkue la mentionne également en Labourd frontalier à Ainhoa) ; esatea et zalduna également, mais ces derniers vocables sont aussi utilisés en Guipuscoa et en Biscaye. 25. Axular n'abandonne pas la graphie de Materre dans Guero, mais il la note en marge, ainsi qu'il l'indique dans son prologue. Par ailleurs, dans son approbation à l'ouvrage de Materre il l'avait lui aussi employée (meregi pour l'actuel merexi). 26. Materre prescrit dans la deuxième édition de sa Doctrine la manière dont les marins devront utiliser son livre pour prier collectivement en mer, un marin lisant à haute voix, ceux sachant lire suivant silencieusement la lecture sur leur propre livre, car il estime qu'il n'y aura pas de marin sachant lire qui n'aura pas ce livre (Erran beça çuetaric batec appurbat gora eta haguitz orai hemen ibenico dudan othoit-za : Eta bitartean eduqui beçate bertcec ere hartan gogoa, ençun beçate, edo norc bere liburuetan ixilic iracur beçate, ceren estimatcen dut ez-tela icanen bat-ere iracurtcen daquien marinelic liburu haur iça-nen eztuenic.) 27. Cet avis figurant dans le corps du texte, nous n'avons pas introduit ces vers, au nombre de 26, dans le recueil de l'appendice. 28. Seuls sont également en basque, les titres des deux parties de l'œuvre à l'intérieur du livre, et le titre du glossaire ; peut-être aussi le sonnet en l'honneur de Sauguis et l'épitaphe en hommage à Arrain, deux poèmes apparaissant dans l'exemplaire de Bayonne, et placés en fin d'ouvrage, si on les considère comme des paratextes relevant des dédicaces et hommages de l'auteur. 29. On peut se demander si la traduction des proverbes ne répond pas également, au moins partiellement, à l'emploi du français comme langue de métalangue. C'est ce que semble indiquer le sous-titre de cette partie dans l'ouvrage d'Oihenart : Interpretation des proverbes basques. Ce qui se trouuera en cette interpretation, escrit en lettre Italique, sont des adjoustemens faits au texte Basque, pour une plus grande explication d'iceluy. 30. Je n'ai pas introduit dans le corpus l'avis venant en préambule au manuscrit de Medizione cerurat heltceco baitezpadacoac, anonyme que P. Charritton est sur le point de publier. Ce manuscrit porte sur la page de couverture la date de 1651, écrite par la main qui a également copié le manuscrit. Il est toutefois difficile de se fier à cette datation, la graphie indiquant plutôt un texte du début du XVIIIe siècle. L'avis qui précède le texte suit dans l'ensemble le modèle des prologues modernes mais contient des éléments des prologues de la période précédente.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 64

31. La fin de l'ouvrage contient une petit catéchisme qui n'est pas en vers. Il est précédé d'un court texte, sans titre, qui pourrait être considéré comme un paratexte ; les dévots y sont exhortés à enseigner les prières à ceux qui ne savent pas lire. Toutefois du fait de son absence de titre et de sa place dans le corps de l'ouvrage nous ne l'avons pas inclus dans le recueil des prologues. 32. Pour des raisons de place, je ne restitue pas dans l'annexe la préface de Gasteluçar, que les lecteurs peuvent aisément consulter dans l'édition d'Akesolo (1983). Je fais figurer par contre l'avis au lecteur. 33. A côté de ces prologues, on trouve les approbations et des vers latins en hommage à l'auteur intéressant à plus d'un égard. Sur ce sujet, voir la préface d'Altuna à son édition du 1er livre du Manuel ( 1981 ), et également Mitxelena (1981). 34. Les vers destinés aux marins lecteurs, qui sont dans le second livre, et que nous avons évoqués plus haut dans le texte, illustrent cette situation. Ils envisagent les différentes circonstances de la vie en mer et de la pêche en proposant des prières de circonstances, y compris les plus dramatiques (mer calme et pénurie de vivres, échouage, homme à la mer, embarquement de fortune pour atteindre la côte, etc.). Faut-il les penser comme des textes devant être appris par cœur et récités ou chantés dans ces circonstances ainsi que le dit l'auteur ? Ne sommes-nous pas en présence plutôt d'un positionnement littéraire dans le cadre d'un ouvrage dépassant en fait sa nature fonctionnelle première ? 35. Le Manual devotionezcoa de 1627/1669 a deux dédicaces, venant en préambule de chacun des deux livres composant l'ouvrage. Celle du premier livre est adressée à Claudius de Rueil, Evêque de Bayonne, et celle du second livre à Miguel de Oiharart, Vicaire Général.

INDEX

Thèmes : littérature, philologie Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), Etcheberri de Ciboure Ioannes, Lissarrague Jean de, littérature basque, écrivain classique

AUTEUR

BERNARD OYHARÇABAL

IKER UMR 5478 [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 65

Géotemporalité de l'enfer dans le gvero de Pedro de Axular

Aurélie Arcocha-Scarcia

Eta cergatic haur hunela ? Cergatic hunenbait gaitz eta pena ? Eta cergatic fin gabe, accabantçaric gabe, eta accabantçaric içaiteco esperantçaric ere gabe ? Cergatic ? Beccatu mortal baten gatic. Ceren asco da bat. « Et pourquoi en est-il ainsi ? Et pourquoi tant de maux et de peines ? Et pourquoi sans fin, sans achèvement et même sans l'espoir en l'existence d'un achèvement ? Pourquoi ? Pour un péché mortel. Car il en suffit d'un. » P. de AXVLAR 1 Après avoir multiplié les mises en garde contre des péchés capitaux (paresse, colère, adultère, fornication), abondamment illustrées d'exemples et de citations latines renvoyant aux Docteurs de l'Église, à la Bible et à l'antiquité gréco-latine, Axular, le long des quatre derniers chapitres du livre, usera de tout son talent de rhéteur pour convaincre le lecteur/pécheur d'abandonner définitivement la voie dangereuse menant vers la damnation éternelle.

2 Car il s'agira, précisément, entre le chapitre 56 et le chapitre 60 qui ferme le livre, de s'attarder enfin sur ce danger évoqué de façon obsédante depuis le tout premier chapitre, depuis le titre Gvero : la fuite vers le futur d'un temps non contrôlé qui mène irrémédiablement vers l'Enfer. L'antithèse Paradis/Enfer vite concurrencée par celle, vie ici/vie là-bas (en Enfer) en sera la figure d'angle, d'autres figures de construction (parallélismes, hyperboles, gradation...), de répétition (anaphores...) et les divers tropes (comparaisons et métaphores) et intonations musicales de certains fragments du discours (accumulation des interrogations, des exclamations) achèveront l'ensemble de la construction rhétorique. 3 L'Enfer d'Axular, on l'aura compris, est bâti sur la peur... Le Dieu qui punit est intraitable, vengeur, insensible à la miséricorde, In inferno nulla est redemp-tio... Le

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 66

référent majeur choisi par Axular est Thomas d'Aquin, qu'il choisit pour guide. (Axular 1643, 574) 4 L'Enfer qu'il nous présente est un lieu unique et singulier où a lieu le châtiment pour l'éternité ; ce lieu, ifernua, dont l'etymologie latine souligne bien la situation géographique, se situe « en bas »... 5 Mais les réminiscences antiques ne sont pas loin. Il suffit, en effet, de jeter un coup d'œil aux diverses citations latines pour se rendre compte que l'infernus singulier côtoie les inferni, « les lieux d'en bas » nous transportant un court instant vers les Enfers d'Homère et de Virgile1... (Axular 1643, 583, 585, 617)

« L'homme chargé des 7 Péchez Mortels. »

Lagniet, Recueil des plus illustres proverbes, pl. 74 (1657)

6 Dans les citations tirées de saint Chrisostome (Axular 1643, 573, 577), nous glissons encore vers une autre référence : Gehenna, la géhenne ou la Gehinnom, la vallée de Hinnom « où l'on passait les enfants au brûloir » (Brunel 1975). Inferni et Gehenna seront également traduits par le substantif singulier Infernu en basque.

7 L'Enfer d'Axular sera donc un lieu souterrain, il faudra y descendre comme Orphée et Dante le firent. Mais là s'arrête la comparaison. 8 Chez Axular l'Enfer prend toute la place, il n'y a qu'une simple mention pour le Purgatoire (Axular 1643, 614) et une succincte évocation pour les enfants sans baptême séjournant dans les Limbes (Axular 1643, 578). 9 Évoquer l'Enfer, c'est jouer sur la peur, l'utiliser, la rhétorique étant là pour affûter l'argumentation. Et dans la naissance, l'amplification de cette peur, la géographie et le temps joueront un rôle fondamental.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 67

A. Configurations topographiques et architecturales

10 Pour cette première partie je suivrai Pierre Brunel en me demandant, premièrement, quelle est la topographie de l'Enfer d'Axular (y a-t-il une structure morphologique, une hydrographie, une climatologie ?) et, deuxièmement, quelle en est l'architecture.

A.I. Topographie

A.I.1 : morphologie

11 L'Enfer-ci, ifernua, a-t-il été dit, ne peut que se situer qu'en bas. (Axular 1643, 580).

12 Cette voie est sans issue, elle ne mène qu'à un seul lieu (infernus). On y descend, semble- t-il, par une cavité souterraine qui chemine dans les profondeurs, « à l'intérieur de la terre » lurrean barrena, « au-dessous de nous » gure azpian. Il s'agit d'une immense caverne située « dans le lieu le plus bas », leccuric behere-nean et « vers le centre », centruaren aldean. Aucun échappatoire n'est possible puisqu'il est « clos de tous côtés, sans portes, ni fenêtres », alde guztietarik hertsia atheric eta leihoric eztuena. (Axular 1643, 580). Lieu hermétique, « qui ne laissera ni la possibilité de respirer, ni à la lumière et à l'air la possibilité de pénétrer », hats hartceco eta arguitceco edo haiceren sartceco bideric ere içanen eztuena (Axular 1643, 587) 13 Après cette première présentation extérieure très imagée mais en même temps assez vague pour laisser à l'imagination tout le loisir de vagabonder, Axular fait pénétrer le lecteur à l'intérieur d'un lieu virtuel qui n'existe encore qu'à l'état latent (le futur qui sera utilisé sera donc d'importance). Le destinataire a encore, ne l'oublions pas, un espace temporel plus ou moins restreint mais réel, pour se repentir puisqu'il n'a pas passé le cap de la « première mort ». 14 Axular présente, mais sans insister sur les supplices physiques, les condamnés qui y souffriront la damnation éternelle (Eta han, ifernu hartan egonen dira condenatu guztiac, « et là-bas, dans cet Enfer-là séjourneront tous les condamnés »). 15 Ce lieu est en même temps la réponse apportée au questionnement induit par le titre de l'ouvrage, Gvero, « Après ». Qu'y a-t-il, en effet, après [la vie terrestre] ? 16 Mais revenons à la topographie pour nous interroger sur l'existence ou non d'une hydrographie.

A.I.2 : hydrographie

17 La réponse est simple, il n'y a point d'eau et donc point d'hydrographie. Seule l'eau solidifiée est évoquée au travers de la querelle scolastique, l'Enfer est-il chaud ou froid ? Et Axular de répondre, après Domingo de Soto, le « grand Docteur » Doctor handi- a que l'Enfer ne peut pas être froid, qu'il n'y aura « ni neige, ni glace, ni autre espèce de froid », eztela ifernuan içanen, elhurric, hormaric eta ez bertce hotz suerteric. (Axular 1643, 583, 584)

18 Il y a cependant bien une climatologie.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 68

A.I.3 : climatologie

19 Dans ce lieu où règne la nuit éternelle, sans que jamais aucune aurore ne vienne poindre (Axular 1643, 599), règne une chaleur extrême et donc un climat extrême. La comparaison avec le four (labe gori beroan) est très parlante. Le four est aussi une image dégradée de la gueule infernale (tellement présente dans l'iconographie) dans laquelle sont enfournés les damnés.

20 Un seul feu y règne (feu extérieur et feu intérieur) mais on n'y brûle pas forcément de la même façon. Axular suit Thomas d'Aquin : ce feu, l'instrument préféré de la justice divine (instrumentant divinae justitiœ) s'attaque à chacun différemment, en différents lieux. 21 Il y a donc un seul feu mais diverses lueurs et chaleurs, tout cela dans une sorte de brouillard sombre (Axular 1643, 587) car la nuit, bien qu'éternelle, n'est pas totale... Il ne faut pas qu'elle soit totale pour que le châtiment, lui, le soit (d'où la « peine des cinq sens »)... (Axular 1643, 587-589).

A.II. : architectures

A.II.l : l'enceinte

22 Il y a une concurrence entre l'image naturelle de la caverne, de la grotte et l'image architecturale. Axular évoque précisément des « portes » et des « fenêtres » car l'Enfer est, rappelons-le, hermétique.

23 Les murs de cette grotte sont donc autant d'enceintes qui isolent et ferment ce lieu pour en faire une zone interdite. Mais aux parois/murs de la caverne s'ajoutent deux « enceintes » de feu, l'une intérieure, l'autre extérieure : 24 ... egonen dira condenatu guztiac, alde guztietaric, campotic eta barrenetic suz inguratuac, « tous les condamnés seront environnés de feu de tous les côtés, de l'extérieur et de l'intérieur » (Axular 1643, 580, 581) 25 C'est qu'il faut contenir « le peuple des morts » en édifiant « des barrières », des « clôtures », une « muraille » (Brunel 1975, 97), qui rendent impossible toute communication entre les deux mondes, celui des sauvés et celui des condamnés.

A.II.2. : la porte

26 Axular traduit le substantif latin ianua par athe ce qui nous renvoie directement à l'image architecturale ; ianua, contrairement a porta 2, signifiant « la porte d'une maison ». (Axular 1643, 597)

27 Ce lieu dont l'orientation générale est précise (il est situé, nous Lavons dit, « en bas ») devient de plus en plus vague au fur et à mesure que l'on s'en approche (« vers le centre »). Ce lieu, à la fois lieu naturel et lieu architectural, est un genre d'immense cachot ardent où la porte occupe une place primordiale : on y entre mais on n'en sort pas. Il faut donc bien qu'elle puisse s'ouvrir de l'extérieur et se fermer sans que de l'intérieur une ouverture soit possible. 28 Élément central du domaine infernal, la porte (fermée) va aussi fonctionner de façon métaphorique en créant de nombreux tropes qui figureront la condamnation divine (portes fermées de l'espérance, de la miséricorde etc.). L'ensemble de ces métaphores

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 69

sont extrêmement communes et pourraient aisément acquérir un caractère figé, elles n'en demeurent pas moins très évocatrices à cause des divers procédés répétitifs utilisés par l'auteur : Clausa est ianua. Hertsi da halacoentçat misericordiaren atthea (sic), vrri-calmenduarena, arartecotasunarena, merecimenduarena, garaciarena, finean ontasun guztiena. La porte est fermée. « Pour eux, la porte de la miséricorde s'est fermée, celle de la pitié, celle de la médiation, celle du mérite, celle de la grâce, celle, enfin, de tout bienfait. » (Axular 1643, 597)

B : Configurations temporelles

B.I. : la pétrification du temps

29 À la géographie représentable s'ajoutera une géographie mentale de la terreur fondée sur la non-représentativité. Afin de provoquer le plus d'éloignement possible entre ces deux pôles, Axular utilisera deux figures stylistiques fondamentales : l'antithèse et la répétition (y compris les intonations, d'où l'importance de la répétition, par exemple, des interrogatives). C'est ainsi que de l'antithèse entre l'univers cernable, concevable et celui qui n'est ni concevable, ni cernable, naîtra le sentiment vertigineux de l'insondable.

30 Si l'on devait représenter un tel « sentiment », on pourrait opposer le point (•) à l'infini (∞). 31 Le point représente un état mental linéaire, qui a un « point de référence » stable (ce qui ne signifie pas immobile) : le paroissien de base qui vit au jour le jour un quotidien fait de misères doit pouvoir « imaginer » l'Enfer d'après l'expérience de la souffrance terrestre qui est la sienne. Ainsi les références à la maladie servent-elles à signifier au destinataire que ces souffrances-là, toujours partielles, ne sont rien en comparaison des souffrances, totales, absolues de l'Enfer. Ces évocations nous permettent aussi de voir que le problème majeur des paroissiens d'Axular est la santé : Han içanendu condenatu on beharrac buruan min handia, hortz-haguinetan oiñhace bortitza, bihotzean dolore errabiatua, gorputzean cota, harri, iccara, succar, finean ahalditaqueyen eritasun guztiac. « Le misérable condamné y aura un grand mal de tête, une terrible douleur aux dents, une souffrance enragée au cœur, la goutte, la gravelle, le tremblement, la fièvre dans le corps, en somme toutes les maladies qui puissent exister. » (Axular 1646, 589) 32 Il faut que le destinataire imagine l'immobilité (antithèse) qui sera évoquée ultérieurement par l'état mouvant, changeant (thèse) qui est celui du monde dans lequel il vit :

33 Mundu hunetaco gauçac eztaude behin ere crozca batean, igaiten, eta iausten dira : egiten eta desegiten dira. Baditu itsasoac bere gora beherac, bere mareac, eta muthantçac. Presunac, haciendac, etcheac, onac, eta eritasunac ere, eztaude behin ere batetan. 34 « Les choses de ce monde ne demeurent jamais au même point, elles s'élèvent, elles s'abaissent : elles se font et se défont, elles changent souvent. La mer a ses hauts et ses bas, ses marées, et ses transformations. Les personnes, les bêtes, les maisons, les biens, et les maladies aussi, ne demeurent jamais en l'état. » (Axular 1643, 600) 35 C'est que, nous avons déjà eu l'occasion de vérifier, le point fixe n'est pas immobile.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 70

36 Cette variabilité du monde est rassurante, la personne y a sa place.

37 Face à ce point mobile tout en étant stable, où le destinataire a ses repères, où le temps s'écoule à la fois de façon linéaire (avec un passé, un présent, un futur), et cyclique (morts/naissances, « roue » de la vie), s'élève l'univers des damnés auxquels est dévolu un monde étrange, inconnu. 38 Le damné est hors de tous les points de repères qui font le quotidien de l'être vivant, il n'a jamais de paix, Axular, reprenant le prophète Isaïe, fait remarquer que vermis eorum non morietur, « leur vers ne mourra pas » (Isaïe, 66-24). 39 Son temps est immobile, pétrifié : Cer ahal dateque bada tormenta handi agoric, eta necca garri agoric, bethie-re leccu batetan, eta molde berean higuitu gabe, aldatu gabe, eta muthatu gabe, harritua beçala, penatan, gueldi egoitea baiño ? « Y a-t-il donc tourment plus grand et plus affligeant, que de rester immobile en peine, éternellement en un lieu, et de la même manière, sans se mouvoir, sans changer, et sans se transformer, comme pétrifié » (Axular 1643, 601) 40 Le futur est devenu présent mais le passé, le souvenir du passé (c'est à dire de la vie terrestre), ne disparaît pas. Ne doit pas disparaître afin que le remord agisse comme châtiment supplémentaire. Ce paradoxe, impossible dans la vie terrestre où le passé n'existe qu'en fonction d'une dynamique temporelle d'où le présent et le futur ne peuvent être ôtés, est parfaitement possible en Enfer, car toute souffrance étant possible, celle de la conscience l'est aussi...

41 La peur que cette évocation provoque chez le destinataire ne peut évoluer vers la terreur que si le destinateur accorde une attention spéciale aux abysses.

B.II. : les abysses spatiaux-temporels

42 L'image la plus « concrète » de l'abysse pour l'homme de l'époque du Gvero, comme pour ses ancêtres, est celle de la mer (Delumeau 1978, 50-102). Elle figure l'insondable, l'angoisse sans nom, la mort.

43 Pour le Basque des rivages de l'Atlantique (et au-delà puisque plusieurs habitants de Sare, précisément, sont mariniers), elle correspond cependant à une réalité ambivalente, à la fois source de nourriture et de richesses (produits de la chasse à la baleine et de la pêche à la morue), et mortelle car nombreux sont les hommes (jeunes surtout) qui meurent au cours des traversées ou, aux terres neufues (de maladies, au cours d'incidents avec les Anglais etc.). On retrouvera ainsi l'image de l'homme cherchant désespérément la « planche de salut » et qui, ne la trouvant pas (elle apparaît, en revanche, chez Etcheberri de Ciboure) va sombrer, comme son navire, dans les profondeurs abyssales. (Axular 1643, 598) 44 La machinerie de la terreur mentale développée par le prédicateur va cependant aller encore plus loin. Des images comme celle de la fourmi ou du grain de mil, cent fois rebattues, seront utilisées à cette fin. Elles induisent une antithèse entre la petitesse et l'immensité. 45 C'est que le choix n'est évidemment pas innocent... Il ne s'agit pas, en effet, d'une petitesse singulière : innombrables sont les fourmis et innombrables les grains de mil... Tellement que compter devient impossible. (Axular 1643, 604)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 71

46 La pierre angulaire de la plus grande des peurs sera donc le nombre, abondamment utilisé déjà dans la Bible et en particulier dans l'Apocalypse. 47 On rejoint ainsi le summum de l'insondable, l'infini, grâce à la répétition incantatoire de chiffres tellement multipliés qu'ils sont irreprésentables, qu'ils en deviennent abstraits : ehun milla millaren urthetan, « dans cent mille mille ans » ; milla vrthetaric, milla, « de mille en mille ans » (Axular 1643, 604, 605) 48 La répétition obsédante, vertigineuse des nombres « matérialise » ainsi un futur sans fin, un passé sans fin où l'on subit la peine de la mauvaise conscience mais où, la peine que l'on subit étant en dehors du temps, on ne se souvient depuis quand on la subit : 49 Badu milla, eta seyetan ehun vrthe eta guehiago, « Il y a mille six cent ans et plus » ; Eta hemendic berce milla, eta seyetan ehun vrtheren buruan, « Et au bout d'un autre mille six cent ans ». 50 La parallélisme des deux phrases, la répétitions des mêmes nombres pour le « passé » et pour le « futur », soulignent la disparition du déroulement temporel linéaire. 51 Le livre entier3, dont le titre est déjà « signe », atteint ainsi un crescendo maximum vers la fin. 52 Mais ce livre est un livre qui a été écrit dans la perspective du catholicisme triomphant de la Contre Réforme et la visée d'Axular est au fond optimiste : il fait peur pour mieux rassurer. Le but ultime n'est pas la condamnation du destinataire mais bien son salut. Il y aura donc un retour vertigineux au chapitre 58 sur le présent et sur la possibilité du salut puisque le destinataire qui est, certes, au summum de l'angoisse, n'est mort que de peur... 53 Avant la sentence finale Iaincoac hala nahi duela, « Car tel est le désir de Dieu », le livre s'achève avec un syntagme verbal au futur (helduco çarela, « vous arriverez ») qui renvoie lui aussi, tout comme précédemment l'évocation des peines de l'Enfer, au titre polysémique Gvero (« Après »). 54 Mais nous sommes ici à la fin du livre, sa « linéarité » est importante ; c'est en effet par l'ouverture finale vers le futur que les peines de l'Enfer rejoignent l'espace virtuel qui est le leur. Un nouvel espace, porté par une métaphore filée qui nous mène de la mer « de l'existence » au port « du salut », est en cours d'émergence, celui du Paradis : 55 Eta halatan mundu hunetaco itsaso hunen, tormenta guztiac iraganic, azquen finean salbamenduco portura, salboric helduco çarela. « et qu'ainsi, après avoir traversé toutes les tourmentes de la mer de ce monde, enfin, vous arriverez, sauf, au port du salut. » (Axular 1643, 621)

BIBLIOGRAPHIE

AXULAR (Pedro Daguerre Azpilcueta de) (1643/1988) Gvero bi partetan partitua eta berecia..., Bordelen, G. Milanges Erregueren Imprimitçaillea baithan. Édition facsimilée, Académie de La Langue Basque-Euskaltzaindia 1988.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 72

Bible de Jérusalem (La) (1973/1975), Desclée de Brower.

BRUNEL Pierre (1992) Mythocritique. Théorie et parcours. P.U.F. écriture, Paris.

BRUNEL Pierre (1975) L'Évocation des Morts et La Descente aux Enfers. Homère-Virgile-Dante-Claudel, Société d'Édition d'Enseignement Supérieur, Paris.

DELUMEAU Jean (1978) La Peur en Occident, Fayard, Paris.

DELUMEAU Jean (1983) Le Péché et la Peur. La culpabilisation en Occident, XIII-XVIIIe siècles, Fayard, Paris

GŒLZER Henri (1966) Dictionnaire latin-français, Garnier-Flammarion, Paris.

LE GOFF Jacques (1981 ) La naissance du Purgatoire, Gallimard, Paris.

LE GOFF Jacques (1995) Enfer et Paradis. L'au-delà dans l'art et la littérature en Europe [ouvrage collectif], in Les cahiers de Conques-n° l, Société des Lettres et Arts de l'Aveyron.

POHIER Jacques (1996) « La conception chrétienne du péché », Encyclopœdia Universalis, Paris.

NOTES

1. A distinguer de l'Hadès, qui « ne se voit pas » et n'est pas situé sous terre. 2. « Porta Ouverture. Porte (de la ville). Au plur. Portae, passage, gorge, défilé(...) » (Gœlzer 1996) 3. Tel qu'il se présente au lectorat et en dehors de toute hypothèse sur une éventuelle deuxième partie, mentionnée par l'auteur mais qui n'apparaît pas à première vue (cf. l'hypothèse de Jean Haritschelhar, dans ce même numéro de Lapurdum).

INDEX

Thèmes : littérature, philologie Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), Etcheberri de Ciboure Ioannes, Lissarrague Jean de, littérature basque, écrivain classique

AUTEUR

AURÉLIE ARCOCHA-SCARCIA

IKER UMR 5478 [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 73

Gero-ren bi parteak Les deux parties du Gero d'Axular

Jean Haritschelhar

1 Irakurtzen delarik Gero-ren titulua argi dago bi partetan egina dela : « Guero bi partetan partitua eta berecia... », bainan « irakurtzailleari » deritzan aitzin sola-sean dio Axularrek : « Eta hala deliberatu nuen, buru-eragotzcarri begala, liburutto baten, bi partetan partituric, guero, hunen gaiñean eguitera. Eta nahi nituzqueyen bi parteac elccarrequin, eta batetan athera. Baiña icussiric cein gauça guti edireiten den euscaraz esquiribaturic, gogan behartu naiz eta veldur-tu, eztiren bideac asco segur eta garbi, baden bitartean, cenbait trabu edo behaztopa harri. Eta halatan hartudut gogo, lehenbicico parte hunen, lehenik venturatçeco, eta berri iaquitera beçala aitcinerat igortceco. Hunec cer iragaiten den, cer beguitarte icaiten duen, eta nor nola mintço den, avisu eman diaçadan. Guero avisu haren arauaz, ethorquiçunerat governatceco : Eta bi garren partearen camporat atheratceco, edo barrenean guelditceco eta estaltceco. » (Gero, 1643, 16. or.) 2 Idazten zuelarik pasarte hori - noiz ez dakigu - gogoan zaukan Axularrek bi parte izanen zirela, bainan entsegu gisa lehenbizikoa bakarrik agertuko zuela eta ikusirik arrakastarik ukanen zuen ala ez, orduan, menturaz, kanpora aterako zuela edo barrenean geldituko eta estaliko.

3 Azkenean, zer egin duen ez dakigu eta hori izan da zenbaiten galdea : agertu den liburuak bi parte dauzka ala bat bakarrik ? Hauxe da ere Patxi Salaberri Muñoa-ren kezka. Berrikitan (1998, 241 -271. or.), « Gero liburuaren koherentziaz eta egituraketaz » idatzi duen artikulu mamitsuan aipatzen ditu bera baino lehen Gero-ren egituraz arduratu direnak, hala nola Julio de Urkijo, Intxauspe kalonjea eta Lafitte kalonjea. 4 1864-ean, Intxauspe-k argitaratu zuelarik Gero-ren edizioa, zion aitzin sola-sean : « Badirudi Axularen guthun edo paperac emanac içan cirela imprimaçailleari ondozcatu gabe, ordenan eçarri gabe : eta hunec imprimatu dituela albeçala, escuen artean guerthatcen citçaizcan ereduraz, lehena azquen, azquena lehen : etçuelacotz guidariric eta ez chuchencailleric » (Intxauspe, 1864, VII-VIII. or.)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 74

5 Zer nahi gisaz Intxauspe-k aurkitzen ditu bi parte eta haren arabera hona nola sailkatzen dituen :

6 Lehen partea : Gerotiarrak.I Alferra (l-2eta3.kap.)II Gaztea (13. kap.)III Zaharra (14. kap.)IV Hiltzera doana (15. kap.)V Arnegarria (19. kap.)VI Haserrekorra eta herratsua (20-30. kap.) VII Atsegalea (31-44. kap.)Bigarren partea : I Gero ez da geurea (4 eta 5. kap.) II Geroago nekezago (6-8. kap.) III Bekatuen neurria (9. kap.) IV Jainkoaren atsekabea (53. kap.) V Aingeruen atsekabea (54. kap.) VI Guztien atsekabea (55. kap.) VII Kontzientziaren aladura (45. kap.) VIII Obra onen galtzea (16-18. kap.) IX Denboraren galtzea (12. kap.) X Jainkoaren miserikordia (10 eta 11. kap.) XI Jainkoaren justizia (56-60. kap.) XII Bertutearen erraztasuna (48-50. kap.) XII Bertuteak dakarkeen bakea (46. kap.)Azkentza : I Behar dela konfesatu (51 eta 52. kap.) II Behar dela on iraun edo pertseberatu (47. kap.) (Lapurdum III, 1998, 243-244. or.) 7 Ohar gaitezen Intxauspe-rentzat lehen partea doala lehen kapitulutik 44. kapi-tulura, kenduz hamabi kapitulu bi multzotan : lehena 4.etik 9.era, bigarrena aski nahasia, bilduz 16.-18. kapituluak, gehituz 12. eta 10. eta 11.nak eta45. kapitulutik hasirik bertze guziak sartzen dira, aski nahasirik, bigarren partean eta azkentzan. 8 Lafitte-k, Intxauspe-k bezala pentsatzen du bi parte dauzkala Gero liburuak eta osoki nahasiak direla kapituluak (1956, 341-344. or.) : « Liburua irakurtuz aise ageri ditake nor-nahiri, kapitulu guziak ez direla behar luketen lekuan. Nola behar litazken ondozkatu eta elgarri jarrik-arazi, ez da argi ere. Inchauspe zenak bere gisako segida batean ezarri zituen, bainan bertze arrimurik asma ditake. Gure iduriko lehen parte batean Axular-ek erakusten dauku zertako ez den luza-mendutan ibili behar :Lehenik, geroko uzten duen konbertsionea mentura tcharrean delakotz ; alabainan geroa ez da gure eskuko, geroago eta nekezago da onerat itzultzea ;Bigarrenekorik, bekatuen egoiteak dohakabe uzten gaitu : alabainan bihotza dolu- minez dauka bekatoreak ; bekatuan higatu denbora galdua du ; eternitatea galtzen du ; ez du ezagutzen bertutearen gozorik.Zathi hortan jalgi ditaken chedea : kofesatu behar dela eta ongian iraun.Bigarren zathian chehe-chehea ikertzen ditu lau bekatu nausi : alferkeria, zin egiteko usaia, hasarrea eta lohikeria.Bakotchaz erraiten du nolako ondorioak dituen eta nola ditaiken garait.Itchuren arabara Axular-ek bere lana bururatu balu, bertze jaidura gaichtoak ere jorratuko zituen - behinik behin, gezurra eta ohointza - eta naski bertuteak ere goretsiko. »(Gure Herria, 1956, 342-343. or.) 9 Egiazko iraultzan sartzen da Lafitte.

10 Alabainan, bigarren partean ezartzen ditu bekatu nausiak : alferkeria (1-3. kap.), zin egiteko usaia (19. kap.), hasarrea (20-30. kap.) eta lohikeria (31-44. kap.), bertze kapitulu guziak lehen partea osatzen dutela. 11 Iritzi berekoak dira Intxauspe eta Lafitte, lehenak aipatzen duelarik « cerbait nahasteca » eta bertzeak diolarik « kapitulu guziak ez direla behar luketen lekuan »,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 75

nahiz biek ezartzen dituzten bekatu larriak parte batean, Intxauspe-k lehen partean, Lafitte-k bigarrenean. 12 Ez da, aldiz, batere iritzi hortakoa Aita Villasante. Harentzat ez dira agertzen bi parteak, bat bakarrik agertzen da. Hona zer dion : « De hecho nunca apareció más que la primera parte, no por falta de éxito seguramente, sino porque la muerte del autor siguió de cerca a la aparición de esta primera parte (si ya no es que había muerto antes de que apareciera el libro). Por eso vemos que cuando años más tarde, en fecha que no podemos precisar, se publicó la segunda edición de la obra, se quitó del título la mención de las dos partes. » (Historia de la literatura vasca, 76. or.) 13 Patxi Altuna Aita Villasanteren ildotik doa, Axular-i buruz idatzi duen artiku-lu batean : « Nuestra opinión personal es que no abundan en modo alguno en la obra los pensamientos propios de la segunda etapa, los de la perfección, cuando resulta que casi al final de la misma en los capítulos 53-55 se nos insta todavía a no aplazar y demorar la conversión, porque con ello se está cometiendo una injusticia contra Dios, contra los ángeles y contra todos los seres del universo, en clara disonancia con lo anunciado en el subtitulo de la obra como contenido de la segunda parte : aplicar uno a su deber « dejados los aplazamientos » sin acabar nunca de dejarlos. Lo que tenemos es, pues, sólo la primera parte, pero en un estado de claro y lamentable desorden por lo que a la secuencia de los capítulos se refiere. » (Los escritores. Hitos de la literatura clásica euskérica, 1996, 199. or.) 14 Horretan ginauden Patxi Salaberri Muñoa jin baino lehen ; bere tesian - orain-dik ez argitaratua - eta aipatu dudan Lapurdum III- ko artikuluan azaltzen digu bere ikus- moldea.

15 Labur bilduz, Patxi Salaberri Muñoa-ren iritzia da Gero-k, den bezala, badue-la bere koherentzia eta logika tematikoa. Linealtasuna aurkitzen du lehen kapitu-lutik azkeneraino. 16 Beraz, Intxauspe eta Lafitte-ren teorien kontra doa. Gero-k badu bere batasu-na eta hona nola ikusten duen barneko egitura. I-XV. kap. : Konbertsioaren atzeratzea, denbora galtzea faktorearekin loturik agertuko da. XV-XVIII. kap. : Konbertsio prozesurako lehen urratsak : borondatezko obrak eta obli-gazioak. XIX-XIV kap. : Bekatu buruzagi zenbaiten kalteak eta haien aurkako erremedioak (kolera, haragia eta abar) tratatzen dira. XLV-XLVII. kap. : Konbertsioaren atzeratzea kontzientzia faktorearekin loturik : kont-zientzia gaixtoa vs ona > pertseberatzeko beharra. XLVIII-L. kap. : Parabisura joatea errazago da infernuratzea baino. LI-LV. kap. : Penitentzia (eta haren praxia : konfesioa) ezinbestekoa da ; bestela, atze-ratzearekin bidegabe egiten zaie guztiei : Jainkoari, aingeruei eta kreatura guztiei. LVI-LX. kap. : Azkenkien kontsiderazioa, konbertsiorako bidea : infernuaz. (Lapurdum III, 1998, 257. or.) 17 Multzo horiek banaturik, azpi multzo batzu ere aztertzen ditu Patxi Salaberri Muñoa-k, eta segidan sakonduz egiten duen azterketan estudiatzen ditu gai-lokai-luak eta halaber kapituluen barne-egiturak (sermoi-egitura, hasierak eta amaie-rak). Koherentzia eta linealtasuna ongi erakutsirik Axular-en obran ez du halere ikusten non dauden delako bi parte horiek, diolarik : « Airean geratzen da, dena dela, obra biparteetan eman nahi izanaren arazoa. Izan ere, bestelako elementurik (lekukotasun historikoak, testuak, etab.) ez den bitartean, badirudi nekez aurki daitekeela liburuan bertan argitzaile izan litekeen aztarnarik. » (Lapurdum III, 1998, 268. or.)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 76

18 Derradan berehala ez naizela batere ados Intxauspe eta Lafitte-ren iritziekin aipatzen dutelarik « nahasteca » edo « kapituluak beren lekuan ez izaitea » eta, aldiz, ni ere Patxi Salaberri Muñoarekin nagoela hatzemaiteko Gero liburuan egiazko koherentzia eta logika. Halere ez da dudarik enetzat bi parte aurki daitezkela liburuan bertan eta badirela argitzaile diren aztarnak.

Lehen partea (I-XLIV)

19 Liburuaren titulua irakurtzen delarik argi errana da bi parte badirela eta lehe-naren nola bigarrenaren edukina agertzen da. Hona lehen partearena : « Lehenbicicoan emaitenda, aditcera, cenbat caite eguiten duen lucamendutan ibiltceac, eguitecoen gueroco utzteac. » 20 Esaldi horretan azpimarratzen ditut zenbait hitz : caite, luçamendu, gueroco, horiek direlakotz enetzat hitz-gakoak. Kalteak dira ondorioak, ondorio gaixtoak, luzamendutan ibiltzeak dakartzanak. Lehenbiziko parte horretan sartuko dira bekatu larriak, hain zuzen Axular-ek hautatu dituenak, denboraren iragaitearekin lotzen dituenak. Beraz lehenbiziko partea doa lehen kapitulutik 44.a arte.

21 Bekatu nagusiena alferkeria da, denetan lanjerosena. Hortakotz lehen kapituluak, alferkeriatik ihes egiteko lanaren edo « trabaillu »-aren merezimenduak aldar-rikatzen ditu. Erlearen eta xinaurriaren ereduak ongi hautatuak dira eta bukatzen dute kapitulua erakutsiz zer den lanaren beharra alferkerian ez erortzeko. 22 Bigarren kapituluak, aldiz, argi eta garbi salatzen du zer den alferkeria eta hain zuzen lehen aldikotz agertuko da kalte hitza kapituluaren tituluan : « Cenbat caite eguiten duen alferqueriac ; eta nola handic sortgen den guerotic guerora ibiltcea. » 23 Pasarte labur batean emaiten du alferkeriaren definizioa. Latinetik hartu etsenplu batetik hauxe dio : « Alfertasuna da erguelquerien ama, eta vertutèn ugaz ama. » 24 Itzulpen horren ondotik segitzen du : « Eta halatan erguelqueriec, erhoqueriec eta vicio suerte guztiec eguiten dute laster alfertasunera, ceren ama baitute ; baiña verthutèc eta obra onèc, ihes. Ceren nola baitute ugagama, baitaquite, eztuquetela haren ganic, beguitarteric, eta ez ongui ethorriric. »(39. or.) 25 Lerro hauetan Axular-ek baliatzen du ama/ugazama edo amaizunaren aurka-keta hain ezagutua denbora haietan umezurtzen artean, errepikatua ere atsotitzc-tan, hiru segidan emaiten dituela Oihenart-ek egin duen bilduman. 22. Ama sinets eztezanak, amaizuna. 23. Amaizuna erradan : no, ez, nahiduna. 24. Amaizuna, eztizkoa ere, ezta huna.

26 Bainan alferkeriak, bizio guzien amak, nagikeriaren ahizpak, kalte ikaragar-riak dakartza : pobrezia, errumeskeria eta bertze. Kapituluaren tituluan salatzen zuena, kalterik handiena, ondoriorik latzena da gerotik gerora ibiltzea. « Baiña caite guztien gaiñeco caltea, alferqueriatic heldu den handiena, ceiñi nar-raicola erran baitut nic, oraiñocoan erran dudan guztia, da lugamendua, guerotic gue-rora ibiltcea. Ceren nagui-alferrac eztu behin ere erraiten egun, Bethi bihar, bethi guero, bethi lugamendu. Alfertasuna da guero guztien ithur-burua, cimendua eta ama ; eguiteco guztiac

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 77

egunetic biharrera, presentetic ethorquicunera, eta guerotic guerora lucatcen dituena. Eta ama hunen alaba haur, naguitasunetic eta alferqueriatic sortcen den, guero haur, da gure galgarria, gure icurria, eta egun daiñotic gure etsai deabruac gure enganatceco ediren ahal duen bideric eta arteric hoberena, finena eta segurena. » (44-45. or.) 27 Hemendik goiti, hirugarren kapitulutik hasiz, aztertzen du Axular-ek zer den luzamendua, zer den, bereziki, denboraren iragaitea eta zer kalte dakarren. Harturik etsenplutzat San Agustinek dioena bere « Kofesioetan », nola utzi zuen denbora iragaitera eta nola luzaz luzamendutan egonik deliberatu zuen, azkenean, epetan ez gehiago ibiltzea, Axular-ek erakusten du ez dela hori gure erabakia : « Baiña guc eztugu hala eguiten, egunetic egunera gabiltea, bethi prometa, bethi gogo har ; eta behin ere ez ethen, behin ere ez delibera, eta ez compli : bethi nahi, bethi nagui, nahicunde hutsetan, desircundetan, denbora guztia gal, eta hala gaudecilla, heriotceac atrapa, atceman eta har. » (53-54. or.) 28 Luzamenduaren ildotik joanez, geroaren segurantzarik ez dela dio Axular-ek. Gauza segura heriotzea eztakigularik ez eguna, eta orena. Ez dela geroko segurantzarik kontutan hartu behar luke bizi denak eta gogoan atxiki sortzen garenean hasten garela hiltzen.

29 Denbora neurtzen ez dakiten jendeek nahiago dute orainean bizi, oraina goza-tu utziz gerorako egiazko urrikia : « ... gueure bicitcearè ere iaun, iabe eta nabusi baiquina befala, ordenatcen dugu bicitcearen parte bat, eta parteric hoberena eta gaiena, gaztetasuna, munduarentcat, eta guero gaiñeracoa, gaixtoena, cahartasuna, Iaincoarentgat. » (66. or.) 30 V kapituluarekin bukatuko du Axular-ek lehen azpi multzoa denborari eta bereziki iragaiten den denborari eskainia, bentura hitza erabiliz bere erran-nahi guzietan. Kapituluaren tituluak salatzen du nola dabilan Axular hitz-jokoekin : « Nola gueroco venturaren venturan, venturaturic galtcen garen. » (68. or.) 31 Bentura delako horretan sartua da mundua geroko segurantzarik ez duelarik. Ez daki giristinoak nora doan ; mundu honetan benturaturik dago, utziz gerorako egin behar dituenak. Hortakotz, horiek guziak ikusirik, amaitzen du kapitulua Axular-ek aholku bat emanez : « Ez caitecilla beraz gu ere guerocoan fida. Ceren gueroco hartan, ventura bat ahal badateque ere, ez ordea segurantçaric ; eta erhoqueria handia da segur beharduen gauçaren venturan ibentcea : biharamuneco esperantçan eta perilean utztea. (77. or.) 32 Bigarren azpi multzoak besarkatzen ditu lau kapitulu, 6.tik 9.ra. Luzamenduak dakartzan kalteak aipatzen dira. Kapituluen tituluek ongi adieraz-ten dute zer diren ondorio gaixtoak : VI. Nola den gueroago gaitzago beccatutic ilquitcea. VII. Nola guerotic guerora ibiltceaz coberatzen den usantca gaixtoa. VIII.Nola usantca gaixtoac gogortcen eta ezansiatcen duen beccatorea. IX. Nola guerotic guerora gabiltçala bethaditequeyen beccatuen neurria eta ossa contua. 33 Lau kapituluen arteko lokarria nabari da. Bekatuan sartua dena bekatuan gozatzen da. Ardi errebelatuaren pare gero eta galtzenago eta aztura gaixtoetan sartzenago da. Gaztetan hartu pleguak eta azturak gogortzen dira denborarekin, itsumendua nagusitzen baita eta jendeari gero eta atseginago baitzaio bekatuan egoitea. Bekatuen kontuak bukatzen du azpi multzoa.

34 Jainkoak, denen berri jakinez, hartzen du pazientzia bekatorearekin ; uzten dio askatasuna bainan bada muga bat, kontu bat. Muga hori iraganik, kontua beterik ez da

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 78

gehiago barkamendurik eta, beraz, Jainkoaren miserikordiaren ardiesteko, behar da neurri bat atxiki. 35 Hain zuzen, hirugarren azpi-multzoaren gai nagusia da Jainkoaren miserikor-dia.

36 Sei kapitulu biltzen ditu Axular-ek gai horren inguruan. (X., XI., XII., XIII., XIV, XV.)

37 Jainkoaren miserikordian behar da fidatu. Ez da giristinorik Jainkoaren baitan fida ez denik. Lekuko dira mirakuluak : Jonas, Israelgo semeak itsasoa iragaitean, Susana, Daniel eta bertze... Bainan fidantzia ez zaio faltatu behar bekatoreari. (X) 38 Denbora berean Jainkoaren miserikordiaren lortzeko bakoitzak behar du berea eman, miserikordiak eta justiziak pisu berdina dutelakotz balantzan. Miserikordiak pisu gehiago ukan dezan gaztigatu behar da bekatua eta penitent-zian sartu berehala eta ez geroko utzi behar. (XI) 39 Geroko uztea denbora galtzea da eta Axular-en iritziz denbora galtzen da bekatu eginez eta bekatuan egonez, gogoeta ero, bano, deus balio ez duten bat-zuetan egonez, gorputzaren plazeretan ibiliz. (XII) 40 Bertze hiru kapituluetan Axular-ek aztertzen ditu hiru kasu ezagunak : XIII. « Gaztetic cahartcera penitencia lucatcen duenaz. » Egia da gazteak nahi duela bizia preziatu eta gerotik gerora ibiliko dela, pentsatuz astia baduela konbertitzeko. XIV. « Cahartcean ere penitenciaric eguiten eztuenaz » Bihotza gogortua, itsutua ere ezdu zaharrak Jainkoaren deirik entzuten. Bekatuan sartua eta ez da gehiago mira- kuilurik, ez urrikitan sartzerik. XV. « Heriotceco oreneraiño beccatutan egon gogo duenaz. » Hau da azken kasua, kristorekin batean gurutzetua izan zen ohoin batena « ohoin onarena », azken memen-toan urrikitu zena. Hori ez eginez bakoitzak galtzen du bere burua. 41 Azkenean, alferkeriaren kalteek, luzamendutan denbora galtzeak giristinoa deramate bekatuan murgiltzera, penitentziari uko egitera, bere buruaren galtzera, heriotzeko orenean ez denean konbertitzen. Ez dezagula ahantz « Gero »-ren tituluan Axular-ek aurkezten duela Ecclesiastikoak dioena : « Ne tardes convertí ad Dominum et ne differas de die in diem. »

42 Leize hortarik ateratzeko ba ote da erremediorik ?

43 Hiru kapitulutan Axular-ek aditzera emaiten du zer den erremusinaren eragina. XVI. « Erremusina eguiteaz, eta handia sortcen den probetchuaz. » Titulu horren pean aztertuak dira aberatsen eta pobreen arteko harremanak, zein beharrezkoa den aberatsarentzat pobrearen alde jokatzea zeruko loriaren ardiesteko. 44 Bertze bi kapituluak, lehenaren emendio gisa sartzen dira Axular-ek duen hel-buruan : gerotik gerora ez ibiltzea, obra onak ez eginez bizi deno, utziz lana ondo-koentzat edo berdin bakoitzak dituen zorrak ordaintzea lehen bai lehen, ondo-koetara utzi gabe.

45 Lehenbiziko hemezortzi kapituluetan alferkeriaren edo ezazolkeriaren kalteak eta ondorioak Axular-ek aztertu ditu. Bertze bekatu mota batzuetan sartuko da orain : juramentua, kolera eta etsaigoa, haragia. 46 Hemendik goiti hiru bekatu horien kalteak eta kontra egiteko dauden erreme-dioak azalduko eta ikertuko ditu, erakutsiz, alde batetik, zer ondorio txarrak dauz-kan bekatuak eta, bertze aldetik, erakutsiz zer bide nasaiak diren bekatuaren aurka jokatzeko eta bizi onaren eremaiteko. 47 Juramentuak kapitulu bakarra dauka. XIX. « Cenbak caite eguiten duen iuramentuac eta iuramentu eguiteco usantçac eta nota behar den lehen baiño lehen usantça hura utci. »

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 79

48 Juramentua gezurrari lotua zaio eta bekatu larria da zin egitea, Jainkoa leku-ko hartzen baita orduan. Lehenik agertzen balinbada bekatu larrietan da, hain zuzen, Jainkoa gezurraren lekuko hartzen duelakotz. Hala dio, argi eta garbi Axular-ek : « Guecurrez iuramentu baten eguitea, munduac hala ezpadaduca ere, beccatu han-diagoa, lagunaren onaren ebastea baiño, eta bai edo cein emazterequin parte içaitea baiño ere, ceren iuramentuac, laincoa bera bere presunan utquitcen du, baiña bertce beccatu hauc, eztiote hain arras emaiten, etcaitca hala hurbiltcen. » (254. or.) 49 Juramentu egitearen usantza da ifernuko bidean sartzea, bidegabe handieneta-rik egiten baitzaio Jainkoari. Jakinik gauza desohorezkoa eta desohoragarria dela juramentua, badira usantzaren kontra jokatzeko Axular-ek aurkezten dituen erre- medioak : gogo eta borondate fin bat bekatu hortan ez erortzeko, mihia behar den bezala atxikitzea, ñabardura guziak emanez erraiten direnetan, Jainkoa lekuko hartzearen beharretan ez izaiteko.

50 Bigarren bekatu larria kolera eta ahaide duen etsaigoa doatzi XX. kapitulutik XXX. araino, hameka kapitulu orotara. Nabari da bekatu hori barreatua zela Euskal Herrian. 51 Hemen ere XX. kapitulua hasten da formula berarekin : « Cenbat caite eguiten duten colerac eta etsaigoac eta nola behar den lehen baiño lehen etsaigoatic campora. » 52 Kalteak agertzen dira lehenbiziko kapituluan ikusiz nola haserretzen delarik bertze norbaiten kontra eta ez balinbada berehala baketzen, gero eta gaitzago iza-nen dela bake egitea.

53 Denbora pasa, luzamendutan egoitea da gogortzea bai hasarrean eta bai etsai-goan. Pentsa dezala bat bederak haserre denean ez dela batere bere baitan, bai aldiz deabruaren meneko : « Ceren iaquiçu ecen cerori ere haserre carenean, hala çarela, erho çarela, itsu çarela, hordi bat beçala irrigarri çarela. » (281. or.) 54 Gero agertzen dira koleraren kontrako erremedioak : 1- kondizino haserrekorrari begiaren edukitzeat (XXI) 2- dirakien eltzeari egiten zaikana kolerari ere egitea (XXII) 3- lehiatzea kolera iragan arteiño pausatzea (XXIII) 4- kontsideratzea etsaiek egiten derauzkiguten bidegabeak Jainkoaren gaz-tiguak direla (XXIV) 5- kontsideratzea zer moldez dagoen zure etsaia haserre denean (XXV) 6- ez bilatzea zer dioten gutzaz jendeek (XXVI) 7- eta azkenik bertze erremedioak (XXVII)

55 Denetarik bada : bere buruaren jabe izaitea, lasaitasunean egoitea, bakoitzak bere baitan obra dezakeena eta gero, etsaiaren aldetik edo gizartearen aldetik heldu direnak. Orotara, orduko giristino morala eskaintzen du Axular-ek. 56 Bertze hiru kapitulu laburretan (XXVIII., XXIX. eta XXX.) Axular etsaigoaz mintzo da eta bereziki nola behar zaion barkatu etsaiari eta nola behar den maitaru. 57 Jainkoak hala manatzen baitu : ongiaz gaizkia garaitu behar da. Dena Jainkoaren eskuetan dago, mendekatzea ere ez baitio utzi nahi bat bederari men-dekatzeko parada. 58 Eta, egun batez, nahi bada Jainkoaren barkamendua ardietsi, behar zaio barkatu etsaiari eta hori, lehen baino lehen, geroko luzatu gabe.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 80

59 Nahiz Axular-ek idatzi duen gezurrez juramentu baten egitea bekatu handia-goa dela edozein emazterekin parte izaitea baino, iduri luke halere, ikusiz zer garapen emaiten dion haserre eta etsaigoari (hameka kapitulu) haragiaren beka-tua denetan handienarik bat dela hamalau kapitulutan garatua baita. Jadanik dera-bilan egitura baliatuko du, aztertuz lehenik zein diren kalteak eta gero nolako erremedioak on diren bekatuan ez erortzeko. Kalteak ugari dira flako delakotz haragia. 60 Lehenik amore desordenatuak itsutzen du gizona emaztearen mutil eta azpiko jarriz. Labur bildu du Axular-ek gizonaren menpetasuna erran trinko famatu batean : « Amorantea cen nabusi : no cen tho, emaztea guicon, oilloa otilar. »(343. or.) 61 Bigarren kalteak dakar mugarik ez duela ezagutzen ahaikoarik hurkoena ere ez, hala nola Neron bere amarekin, Henriko Ingalaterrako erregea bere alaba bas-tartarekin. Orduan sortzen da hirugarren kaltea, arnegutan, juramentutan, faltsu-kerian eta gezurrean erortzea daukan gutiziaren gozatzeko.

62 Gehiago dena, laugarren kaltearen eragina da maitasunari nausitzen zaiola bortizkeria, bakeari gerla eta bosgarrenarekin galtzen dela osoki sosegua eta beharrezkoa den pausua. Orotara bortz kalte garrantzitsuak bertzelakotzen diruz-tela jendeak eta gizartea, alde batera utziz Axular-ek eta orduko moralak erakas-ten duena : gizona dela ordenatua emaztearen jaun eta nabusi izaiteko, ez duela hautsi behar ezkontzaren legea, are gehiago apezak garbi egoiteko egin duen botua, denak mundu baketsu eta giristino batean ongi bizitzeko. 63 Nasaiki azalduak dira beharrezko erremedioak hamar kapitulutan eskainiak : otoitza lehenik, gogoeta lizunak ez onartzea, prestu izaiteko nahia, ez alfer egoi-tea, ikustea zein laburra den haragiaren plazera eta zein ondorio gaixtoak uzten dituen, bortz sentsuak kontutan hartzea, begiak eta mihia bereziki, sabelari ez sobera emaitea. Debekuak heldu dira gero hala nola dantza, banalorian ez erort-zea, usain onez beterik ez ibiltzea eta bereziki ukitzetik urruntzea, hau delarik bekatu sortzailerik handiena bortz sentsuetan : « Iccusteaz, mintçatceaz, ençuteaz eta usnatceaz eguiten da beccatu, ez ordea uquitceaz beçala. » (417. or.) 64 Beraz erremedioak eta debekuak ongi hartuz eta, gerotik gerora ibili gabe, kontsideratuz erremedio handiena Jainkoa beha dagokula, garaituko da etsairik perilosena dena, haragia bere kalte guziekin.

65 XLIV. kapituluan bururatzen da Gero-ren lehen partea, alferkeriak, juramen-tuak, haserreak eta haragiak sortzen dituzten kalteak azaltzen dituena eta erreme-diatzeko bideak ere.

Bigarren partea (XLV-LX)

66 Bigarren partea, ikusten den bezala, aski laburra da konparatuz lehen partea-rekin.

67 Hamasei kapituluk osatzen dute bigarren partea, bainan ez da dudarik bien arteko muga XLV. kapituluan dagoela. 68 Oroit gaiten zer dion Axular-ek Gero-ren titulu orokorrean : « Bigarrenean quidatcen da eta aitcinatcen, lucamenduac utciric, bere hala, bere eguin bideari lothu nahi çaicana. » 69 Hemen, lehen parteko tituluan bezala, azpimarratuko ditut zenbait hitz Axular-ek daukan helburua salatzen dutelakotz : hauek dira « quidatcen », « utcinatcen », « utciric »

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 81

eta « eguinbidea ». Zinez, kalteak eta erremedioak utzirik bert-ze bide bati lotzen zaio Axular, salbamenduko bideari bi aditzek kidatu eta aitzi-natu adierazten duten bezala.

70 Alta, deus ez da ezagun kapituluaren tituluan : « Nola guerotic guerora gabiltçan bitartean, alha çaicun concientcia gaixtoa. » 71 Egia da luzamendutan dabilalarik, zerbait, bere barrenean, sortzen ari zaiola eta hori da kontzientzia, ongia eta gaizkia bereizten dituena.

72 Bertzalde, kapituluaren lehen lerroak irakurri-eta, ikusten da zeri buruz ari den Axular, bigarren partearen tituluak dauzkan hitz-gako berak edo bertsuak baliatzen baititu. « Badu gutaric bat bederac, bere baithan barrena, Iaincoac emanicaco aitcindari bat, quidari bat eta argui eguille bat. Eta harc eracusten deracu cer dagocun ongui eta cer gaizqui : noiz goacin maccur eta noiz artez. Eta are guehiago harc berac bere ahal guztiaz aitcinatcen eta bulccatcen gaitu ongui eguitera eta guibelatcen, eta hastantcen gaizqui eguitetic. » (419-420. or.) 73 Aitzindari, kidari, argi egile gisa agertzen da gu baitan daukagun kontzientzia. Hiru kapitulutan garatuko du Axular-ek, aztertuz zer den kontzientzia gaixtoa eta zer kontzientzia ona eta nola behar den iraun eta pertseberatzen entseiatu. (XLV-XLVI- XLVII)

74 Gero-ren lehen kapituluan aipatua da nola Jainkoak sortu zuen mundua eta bereziki gizona, batere bekaturik eta bekaturen kutsurik gabe ; bigarren partearen hastapenetan aipatua da ere nola, hastetik egin zuenetik beretik, eman zion Jainkoak gizonari lege naturala, lege naturala delarik bat bederaren kontzientzia. Markatzen du Axular-ek zer diferentzia den kontzientzia onaren eta gaixtoaren artean diolarik : « Concientcia batcuc dira erne, senticor, minbera, hertsi : eta berriz bertce batçuc, loti, hil, laço, çabal eta ez antsia. » (425. or.) 75 Kontzientzia, kidari eta argi egile izanez lehiatzen da « lehen baiño lehen, gue-roco luçamendutan ibili gabe » (440. or.), bide onean jartzea giristinoa.

76 Zer nahi gisaz lanjerrak hor daude gure zain, lerratzeko bidean. Bainan beka-tuek gerla eta kalteak sortzen balinbadituzte, kontzientzia onak, aldiz, sortzen du bakea eta sosegua. Hortakotz bide onean ezarri nahian giristinoa, dio Axular-ek XLVI. kapitulua bukatzean : « Bada verthuteac, prestuqui bicitceac, bertce pagamenduric eta golardoaric ez palu ere, concientcia onaren baquea eta sosegua baicen ere, hargatic beragatic ere behar guenduque, lehen baiño lehen, guerotic guerora ibili gabe, egunetic biharrera lucatu gabe, orai berean, concientcia onaren, ontasun handi hunen erdiestera enseiatu eta lehiatu. » (453. or.) 77 Bide onean sarturik kontzientzia onari esker, behar da iraun eta pertsebatzera entseiatu. hau da XLVII. kapituluaren gaia. Xeheki aztertzen ditu Axular-ek bi pertseberatze-moldeak eta bi iraute-suerteak. Haiei jarraikiz dio deplauki kapituluaren bukaeran : « Fineraino eta finean perseveratcen duena içanen da salbatua, eta ongui çorthea-tua. » (473. or.) 78 Esperantzaz beteriko hitzekin amaitzen du : « Ceren halatan erdietsico dugu orai perseverantciaren donua, eta guero, azquen finean arimen salbamendua, seculaco loria. » (473. or.) 79 Hiru kapitulu bakarrik, bainan mamitsuak eta luzeak lehenak sarrera eta zazpi azpi- kapitulu, bigarrenak sarrera eta lau azpi-kapitulu, hirugarrenak sarrera eta bortz azpi- kapitulu dituztelarik. Ageri dago sail honen balio handia Axular-entzat.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 82

80 Bigarren sailean parekatuak dira giristinoak har ditzazken bi bideak, ifernu-koa eta parabisukoa. Axular-i iduritzen zaio gaitzagoa dela ifernuko bidea. Nahiz hanitzek dioten parabisuko atea hertsia dela eta harat heltzeko bidea meharra, hala ere entseatuko da frogatzera errazago dela ifernukoa baino. 81 XLIX. kapituluaren titulua da « Nola parabisuco bidea den erraz ». Kontsideratu behar dira Jainkoaren laguntza, etorkizuneko esperantza ; giristi-noaren gogoa geroari buruz itzuli behar da eta ez atxiki eguneroko harremanetan. 82 Laborariak fruituen esperantzan aise iragaiten du lur-lanetako nekea. Jainkoaren laguntzari esker, leguntzen da bidea, zabaltzen, giristinoak daukan karga arintzen da, borondatez eta amorioz, jasaiten balinbada. « Eta hala segur da, parabisuco bidea, behar den bidean hartcen duenarentçat, plaun dela, erraz, placent eta atseguin. » (498. or.) 83 Hori frogatuz gero erakusten du Axular-ek L. kapituluan errazago dela para-bisuko bidea ifemukoa baino. Azkenean, etsenplu asko emanik, hala nola zenbat lan duen ohoinak bere ohoinkeriaren egiteko, gezurtiak zenbat gezur eta hitz eder behar dituen asmatu bere gezurraren sakatzeko eta egiatzat saltzeko, ifernuko bidea ez dirudi hain erraza. Aldiz, zama eta karga ukanagatik mundu honetan, Jainkoaren zerbitzariek kontsideratzen dute bertutearen zama arinago dela beka-tuaren karga baino, Jainkoaren graziari esker.

84 Bi bideak balantzan ezarririk, dio Axular-ek segur dela « parabisuco bidea erraçago dela ifernucoa baiño eta ifernuratcen denac pena eta trabaillu guehia-go iragan behar duela ifernuratceco, ezen ez parabisuratcen denak parabisurat-ceco. » (522. or.) 85 Kontzientzia argitua, parabisuko bidea errezagoa delarik, nola sar parabisuko bide honetan ez balinbada kofesioaren bitartez. 86 LI. kapituluarekin hasten da bertze sail bat. Beharrezkoa da kofesioa, arima-ko entasuna sendatzen baitu, bekatua delarik arimaren zauria. Nahiz Elizak hala manatzen duen, ez da aski urtean behin kofesatzea, maiz kofesatzen delarik han-dik heldu diren probetxuak nabari direla (LII. kapitulua). Ez ahantz purgatorioko penak laburtzen direla eta bekatuan eroriz gero, hobe dela lehen bai lehen kofesatzea. Barkamendua erdietsirik, indar gehiagorekin lotzen zaio lanari giristinoa eta gerotik gerora, egunetik biharrera luzatu gabe, Jainkoarekilako elgarrizketa-ren bitartez « azquen ftnean erdietsico du bere arimaren salbamendua. » (548. or.) 87 Ohar bedi giristinoa, gerotik gerora, luzamendutan egonez eta ez kofesatuz bidegabea egiten diola Jainkoari. Alabainan gehiago estimatzen du Jainkoak peni-tentzia egiten duen bekatorea penitentziaren premiarik ez duen justua baino, ardi errebelatua, haur prodigoa, Magdalena eta Jondoni Paulo lekuko. (LIII) 88 Ez bakarrik Jainkoari, bainan aingeruei ere egiten die bidegabea gerotik gerora dabilanak (LIV), haien artean aingeru begiralea deritzanak arima bakoitzaren salbamendua desiratzen duela. Arimen laguntzaile honek atsegin hartzen du obra onak egiten direlarik, tristatzen aldiz obra tzarrekin. Entzun beza giristinoak Axular-ek egiten dion gomendioa : « Beraz hunelatan, hargatic beragatic ere, Ainguiruey bai atseguin, baiña damuric eta atsecaberic ez eguiteagatic ere, behar guenduque egun beretic, geroco luçatu gabe, trabu guztiac khenduric, salbamenduco bidea hartu, eta hartan guelditcen çaicun gueure mende appurra, emplegatu. » (562. or.)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 83

89 Geure buruari ere eta giristino lagunari ere bidegabe egiten diegu, lehenik guk dugun etsairik handiena geure burua baita eta nola ez lagunarentzat, bai etsenplu txarra emanez eta bai gaixtakeriak eginez. Bekatuan egoiteak bidegabe egiten die kreatura guztiei Jainkoaren bidetik urrunduz. Axular-entzat kofesatzeak eta bere-ziki maiz kofesatzeak ezartzen du giristinoa bide onean eta, bekatuan ez eroriz edo bederen laster jalgiz, penitentzia eginez, ez die gehiago bidegaberik eginen ez Jainkoari, ez aingeruei eta ez ere giristino lagunei.

90 Azken saila, bortz kapitulutan ere banatua da. Gaia da ifernua, gai nagusia Eliza katolikoan azken kontzilioa arte. Ifernua agertzen da ez bakarrik teologian bainan ere literaturan, edergintzan eta bertze. 91 Bide onean egoiteko giristinoak ifernuko penak kontutan hartu behar ditu. Nahi ala ez, betiereko sua erakusten diote predikariek beldurra sar-araziz bihot-zean. Beldurra, izialdura izan dira, luzaz, Elizaren pedagogía, lege zaharreko Jainko mendekatzailea dela lekuko. Axular-ek segitzen du bide klasiko hori : « Haur da eguia : eta hauc dira, gueure Iaungoicoac aitcinetic eguiten derauzqui-gun mehatchuac, kheiñadurac, eta bere predicariez emaiten derauzquigun avisuac, hauquin batean, ici gaitecin, iccara gaitecin, eta iccaraturic, guero eguinen dugula diogun ontasuna, presenteon daguigun amoreac gatic. » (572-573. or.) 92 Pentsa dezala bekatoreak ifernuko penetarik handiena dela Jainkoaren ez ikus-tea, haren konpañiatik eta adiskidetasunik sekulakotzat kanpoan gelditzea. (LVI. kapitulua).

93 Bada bertze penarik eta gaztigurik, bada « poena sensus » deritzana, sentsuaren pena, su eternala, akabatuko ez dena. Sua, Jainkoak berak piztua, izanen da hemengo sua baino beroago, goriago. Gure sentsu guziak penetan sartuko dira, bista, entzutea, usna, gustua, ukitzea, denek pairatuko dute, dena oinaze eta dolo-re izanen delarik. (LVII. kapitulua). 94 Dante olerkariak ikusi zuen ifernuko ate gainean idatzirik : hemen sartzen denak gal beza osoki esperantza. Ez du bertzerik erraiten Axular-ek LVIII. kapi-tuluan : « Nola ifernuan daudenec eztuten handik ilquitceco esperantçaric ». 95 Ikusirik zer diren ifernuko penak, zein garratzak diren eta urteak milaka ira-gaiten direla, asma daiteke, eta hala egiten du Axular-ek, ifernuan dauden beka-toreek galdegiten diotela Jainkoari, hanbat denbora ifernuan egonik, noiz hortik aterako diren. Jainkoaren ihardespena ikaragarria da : « Iaquin behar duçue ecen cuen penac eta doloreac, oraiño orai hasten direla : eta hemendic bertze, horrein bertze urtheren buruan ere, orobat, orduan hasiko direla. Gal ecaçue gal, hortic ilquitceco esperantça. Ceren secula fin gabecotçat hor egon behar dugue ». (606. or.) 96 Elizaren doktrinari jarraikitzen zaio Axular.

97 Ifernuaren gaiak bertze pentsamenduak sortzen ditu. Kontsidera beza bekatoreak denbora laburrean egin dezakela bekatua eta bekatuaren ondorioa izan dai-tekela gaztigu handia, luzea, sekulakoa (LIX. kapitulua). Alde batetik gozamen edo plazer apurra eta bertzetik pena edo gaztigu betierekoa. Badaki giristinoak beharko duela egun batez Jainkoaren aitzinean agertu eta justuki jujatua izanen dela. Ez pentsa, halere denak beltz direla. 98 Ifernutik jalgitzeko esperantzarik ez balinbada, gelditzen da salbatzeko esperantza. Hala dio Axular-ek LIX. kapituluaren azken lerroetan.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 84

« Beraz, arraçoiñequin, guelditcen den ondoco ondoreagatic, laburzqui eguiten den beccatuari, emaiten çaica gaztigu lucea eta seculacoa. Eta hala emaiten çaica halaber laburzqui eguiten den obra onari ere, seculaco loria eta pagamendua. » (613. or.) 99 Ifernuko gaiaren bururatzeko Axular-ek aipatzen du « cergatic Iainco miseri-cordiosac demboraren buruan bedere ezterauen ifernuan daudeney barccatcen ».

100 Nahiz Jainkoaren miserikordia handia den, bada ere justizia, honek ezartzen bai-titu batzu eskuinean eta bertzeak ezkerrean liburu sainduek dioten bezala. 101 Egia da Jainkoaren miserikordia handia dela, Ninibetarrak lekuko, Jainkoak mehatxatu zituelarik bainan ez suntsitu. Balia gaiten denboraz eta konbertigai-ten : « Dembora duguiño daguigun ongui. » (619. or.) 102 Nahiz azken sail honetan argi eta garbi azaltzen duen Axular-ek zer den ifer-nua, zer diren han pairatzen diren penak, pena horiek sekulakoak direla eta ifer-nutik ilkitzeko esperantzarik ez dela, sarraraziz bekatorearen baitan beldurra Elizaren erakaspenei jarraikiz, halere bururatzen du kapitulua eta, denbora berean liburua, esperantzazko solasekin. 103 Lehenik konbertitzera bultzatzen du bekatorea : « Etçarela bada cerori ceuretçat horrein etsai handia, urrical bequiçu ceure burua. Non tardes convertí ad Dominum et ne differas de die in diem. Ezteçaçula berant, ezteçaçula luçat : bihurçaiteci lehen baiño lehen ceure Iaincoa gana : etçabiltçala guero-tic guerora, egunetic biharrera. » (620. or.) 104 Giristinoen artzain gisa mintzo da Axular. Betetzen du bere artzain egibidea eta azken hitzetan erakusten du bihotzean daukan esperantza, salbatuak izanen direla Elizaren erakaspenak aditu dituztenak. « Eta hala eguiten duçula, eta hunen aitcineco capituluetan emançaizquitçun arra-çoinac ere contsideratcen ditutçuela, esperantça dut Iaincoa baithan, ongui edirenen garela ; egun beretic bide onean tarrico, edo iartcera enseiatuco çarela. Eta halatan mundu hunetaco itsaso hunen, tormenta guztiac iraganic, azquen flnean salbamenduco portura, salboric helduco çarela. Iaincoac hala nahi duela. » (621. or.) 105 ***

106 Harturik, egin dudan bezala, Gero- ren titulu luzean dauden hitz-gakoak, « caite », « lucamendu », « gueroco utzteac » eta « quidatcen », « aitcinatcen », « lucamenduac utciric », nabari da badirela bi parte, lehena luzeagoa, berrogeita lau kapitulutan banatua, bigarrena, aldiz, laburragoa, hamasei kapitulu dauzkana. 107 Lehenean aztertzen ditu bekatu larriak eta haien aurka joaiteko dauden erre-medioak :

108 – Alferkeria bizio guzien ama, bere ondorioekin, lazakeria, ezazolkeria, gero-tik gerora ibiltzea, geroa ez delarik segurra eta bekatuan murgiltzen etagogortzen delakotz. (I-IX) 109 Erremedioak izan daitezke : Jainkoaren miserikordian sinestea, bainan ez da penitentzia utzi behar geroko ; erremedioa ere erremusina, pobrearen lagunt-zea, bainan hori ere ez utziz geroko. (X-XVIII) 110 – Juramentua bere kalteekin. (XIX)

111 – Kolera eta etsaigoaren kalteak, kolerari doazkion erremedioak eta etsaiaribarkatzeko bideak. (XX-XXX) 112 – Haragiaren bekatuaren bortz kalteak eta dauden erremedioak. (XXXI-XLIV)

113 Bigarrenari emanen diot titulu gisa : salbamenduko bidea. Lau azpisail dauzka :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 85

114 – Kontzientzia gidari eta argi egile eta, orduan ontasunean iraun eta pertsebe-ratu. (XLV-XLVII) 115 – Bi bidetarik parabisuko bidea errazagoa ifernuko baino. (XLVIII-L)

116 – Kofesatzea, ikusiz Iainkoari, aingeruei eta bertzei egiten zaizkien bidega-beak. (LI.- LV) 117 – Ifernuaren betiereko gaztiguaren beldurra. (LVI-LX)

118 Horiek guziak kontutan harturik hel daiteke salbamenduko portura, hori baita, azkenean Axular-ek agiantzen diona giristinoari, Jainkoa baitan duen esperantza-rekin.

BIBLIOGRAPHIE

Altuna, Patxi, 1996, Los escritores. Hitos de la literatura clásica euskérica, Vitoria-Gasteiz, Ed. Gorka Aulestia, Fundación Sancho el Sabio, 199 or.

Axular, 1643, Guero, Bordele (faksimila : Bilbo, Euskaltzaindia, 1988).

Inchauspe, M., 1864, « Aitcinsolhasa » in Axular : Gueroco guero, 3. edizioa (Inchausperen edizioa).

Lafitte, P., 1956, « Axular'en liburuaz », Gure Herria XXVIII-6, 341-344.

Salaberri Muñoa, Patxi, 1998, « Gero liburuaren koherentziaz eta egituraketaz », Lapurdum III, 241-271.

Villasante, Luis, 1961, Historia de la literatura vasca, Bilbo, Ed. Sendo.

RÉSUMÉS

On s'est longtemps demandé si le Gero d'Axular, tel qu'il a été imprimé en 1643, possédait les deux parties annoncées dans le titre mais mises en doute dans l'adresse au lecteur. Inchauspe au XIXe siècle et Lafitte dans la première moitié du XX e siècle les ont décelées mais en bouleversant l'ordre des chapitres. Récemment Patxi Salaberri Muñoa a démontré l'unité et la cohérence du texte sans cependant en distinguer les deux parties. Selon l'hypothèse exprimée dans cet article, la première partie va du début au chapitre XLIV où sont exposés quelques péchés capitaux (paresse, colère, luxure...), leurs conséquences néfastes et les moyens d'y remédier ; la seconde partie (XLIV-LX) examine les voies du salut par l'examen de conscience, la confession fréquente et la crainte de l'enfer.

INDEX

Thèmes : littérature, philologie Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), littérature basque, écrivain classique Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 86

AUTEUR

JEAN HARITSCHELHAR

IKER UMR 5478 [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 87

Axularren erretorikaz

Patxi Salaberri Muñoa

Sarrera gisakoa

1 1.- Ez da, ez, erraza Gero-ra (Bordele, 1643) hurbiltzea, urrunegi geratzen uste baitira orduko garaiak, kontuak eta gaiak. Eta Axularren obrara hurbiltzen direntxoek ere, - zilegitasun guztiarekin, nork uka !- ez dute bazka bera bilatzen ez aurkitzen, gehienak hizkuntza arloa aztertzera hurbildu ohi diren arren. Izan ere, esparru linguistikoa gertatu baita erakargarrienetakoa azken mende erdian ; eta bideratutako ikerketek ere, bistan da, areagotu baino ez dute egin Axularren obra baloratzeko ikuspuntu linguistikoa.

2 Guztiarekin ere, literatur balioen kezkaz kutsatuta dagoenak normalean beste balore sendoagorik nahi luke Axularren lerroetara hurbiltzerakoan, literarioa-goak-edo izan litezkeen baloreak nahi bada, idaztankera eta estiloa definitzeko balioko lituzketenak, garai hartako beste hizkuntzetako literaturetan erabili parametroekin pareka eta homologa litezkeen planteamenduak. 3 Jakina, literatur ikuspuntutik aztertu nahi izate horrek bestelako testu-argitzeak ere eskatzen ditu aurre-baldintza gisara. Eta hau, ezagun da, edizioaren finkapenaz, originaltasunaz eta bestez mintzatzen hastea da. Eztabaida eta arazo sakon eta luzeegiak nonbait, eta, bestetan baino areago, Axularren kasuan ez beti adostasuna dakartenak. 4 Adostasun falta horretan, esaterako, Axularren idazlanari antzematen zaion testu- dependentziaz jabetzean jaso ohi da lehenengo « masailekoa », hots, haren liburuko pasarte asko eta asko hitzez hitz itzuliak zirela konturatzean. Pasarte itzuliok Villasantek eta bestek identifikatutakoak baino biziki gehiago direla ohartzean, arazo horren lehen ondorio zuzena hauxe izan da eskuarki : ba ote du obra honek inolako merezimendurik edota erabilerarik ikerketa linguistiko hutse-tarako biltegi erraldoi gisara ez bada ? 5 Originaltasunaren arazoa, beraz, liburua itzulpen hutsa dela diotenen irizpide-tik (eta bada horrelakorik !) obraren balioa beste nonbaiten bilatu behar dela dio-tenenganaino

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 88

planteatuko da, literatur arazo larriena bailitzen, eta gogoan hartu gabe ez Axularren hitzetan bertan dagoela kontu-zuritze garrantzitsuena (liburua « ...etarik bildua » dela aitortzen baitu zintzoki), eta ez originaltasunaren kontzep-tualizazioa XIX. mendeko zerbait dela. Gogoan hartu gabe, finean, literatur balo-razioak beste nonbaiten bilatu behar duela bazkalekua. 6 Egia da tematikoki ere ez dela originalegia urdazubiarra. Haren obra guztia aszetika munduko liburuen parekoa da, eta inolaz ere ez -aitortu beharrik ez dago- beste hainbat hizkuntzatako harribitxi dramatiko edota narratiboen maila-koa. Baina horretan ere badirudi Vargas Llosa bezalako idazle baten lekukotasuna behar dela kontuak dagokien tokian utzi ahal izateko. Berriki adierazten zuen legez, « gaiak ez du axolarik, dena baitago idazkera eta egituraren menpe ». Idazkera eta egitura, bada, zinezko literatur balio gisara. 7 Baina, jakina, hitz horiek narratiba modernorako balio badute ere, galdera da ea berdin aplika lekizkiokeen hamazapigarren mendeko obra aszetiko bati. 8 Egitura aldetik behinik behin, garbi dago erabat hertsiak ohi zirela horrelako obra gehienak eta nekez aurki litekeela haietan berrikuntza azpimarragarririk. Baina Axularren kasuan egiturarena originaltasunik bilatzeko aitzakia gertatu ez bada ere, ezaguna da aspaldidanik agertu dela arazo gisa, obraren bene-benetako arazoa (?) antolamenduan bertan (nahasmenduan, hobe !) baitzegoen autore askoren esanetan : nolako testu korapilatsua Eta ez hori bakarrik : urdazubiarrak hasieran eskaini nahi zuen bigarren partea bera ere nahasirik aurkezten bide zen liburuaren barrenean, horrek sortu anabasa guzti (ar) ekin ! Intxauspe eta Lafitteren « ortopediak » liburuari bere jatorrizko taxua emateko saioak baino ez ziren izan. 9 Baina arazoa obraren antolamenduan zegoen zinetan ? Ala XIX-XX. mendeko irakurleon aurriritzietan ? 10 Suhartasunik, grinarik eta apasionamendu gehiegirik gabe irakurri ondoren, ez dirudi bertan antolamendu arazorik dagoenik. Jakina, ezin ahaz daiteke egitu-ra eta antolamendurako « logika » eta koherentzi irizpideak XVII. mendeko autore batenak direla eta egun saiakera arloan erabili ohi direnak ez bezalakoak ziurre-nik. Edonola ere, Gero liburuak badu koherentziarik, « logika »-rik, eta ez dago orduko aszetika liburu gehienen taxutze irizpideen azpitik inolaz ere. Eta hori frogatzeko lekuko ospetsurik beharko balitz, handik ehun urtetara Larramendiren adimendu eta logika sakonak argitaratu iritzia mahaira liteke lasai asko, andoaindarrari ez baitzitzaion « arraro » iruditu Axularrek eskainitakoa : « [...] oxala huviera dado a luz la segunda parte, que ofrece al principio al Lector » (Diccionario trilingue..., xxxv or.). 11 Guztiarekin, egituraren aspektuak literatur balio izan daitezkeen eremu batera hurbilarazten du ikerlea, izan ere antolatze koherentzia sistematikoa atzematen baita berehala kapituluetan barrena, sermoi klasikoen egiturarena hain zuzen. Ohiko terminologia erabiliz, honako hau genuke eskema orokorra : lehenengo lectio edo gaiaren aurkezpena (ez beti modu zuzenean egina). Aipamen baten bidez egiten da (aipamen biblikoak batik bat) nagusiki. Zenbaitetan beste autore edo auctoritates batzuez baliatzen da urdazubiarra. Bigarren epe batean tractatio edo dilatatio delakoa genuke, argumentazioa eta garapena alegia : adibideak, konparazioak, irudiak, etab. Amaierako peroratio edo konklusio izenekoan, ohi bezala, gaia zein izan den oroitaraztea eta irakurlearen barnea hunkitzea izango dira xedeak ; elementu desberdinak antzeman daitezke bertan, bataren edo bes-tearen azentua kapituluen arabera azpimarratuko delarik : laburbiltze edo recapitulatio delakoa, irakurleari

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 89

zuzendutako galdetegi hunkigarri modukoa, bizimodua edo puntu konkreturen bat aldatzeko eta onbideratzeko (« konbertitzeko ») eskaera, etab. 12 Antolamendu zinez sistematizatua Sarako idazle-predikariak barneratua zuena eta, ozenki baino ozenkiago, Erretorikaz mintzatzen dena, jendea konbentzitzeko teknika eta arte ikasiaz hain zuzen. 13 Eta liburu barneko prosaren erritmoaz eta musikaltasunaz ohartzeko gaitasunik izango ez bagenu ere, aurrekoaren ondorioz, zinezko litzateke pentsatzea teknika horren sistematizazioak idazkera arloan ere izango duela eraginik eta presentziarik. Izan ere, idaztean, jendearen jokamoldeak aldarazteko idatzi zuen Axularrek, onbideratzearen beharraz komentzitzeko. Eta komentzitzeko, ezaguna zen eta da modu onak erabili behar direla, gauzak eta argumentuak era ahalik ederrenean azaldu ! Hizkuntzaren baliabide estilistikoez jabearazi eta egokiro erabili, azken batean. Erretorikaren esparrua eta eginkizuna, beraz. 14 2.- Axularren erretorikari buruzko argitzapenek, ez da zalantzarik, haren aukera estilistikoez ere hitz egingo dute eta haren -horrela nahi bada- literatur balioez mintzatuko. Eta horretan letzake batik bat urdazubiarraren planteamendu erretorikoari eman beharreko inportantzia. 15 Jakina, urdazubiarrak Erretorikaren tekneaz duen ezagupena eta egiten duen erabilera ikusteko proba-toki egokiena esparru elokutiboa da, idazkerarena. Arlo honek, inventio eta dispositio izeneko atal kanonikoek ez bezala, ez du hipotesi eta fikzioetarako lekurik, idatzita dagoenaren konstatazioa baino ez baita. 16 Konstatazioaren ildotik, bada, eta aurrerapen gisara, zinez esan daiteke Axularrek erabilitako Erretorika mota eliz eginkizunetarako egokitutako erretori-ka eklesiastikoa dela. Honek, egia da, teknika multzo bat jartzen zuen idazlearen eskuan, baina gero erretoreek (idazle zen predikari) modu bateko zein besteko hautaketa eta erabilera egin zezaketen. 17 Ondorioz, Axularren « hautaketan » ere eskema elokutibok baditu, berez, modu batekoa bestekoa bainoago izateko arrazoi zehatzak eta, aldi berean, « baldintza » gisako izan daitezkeen faktoreak ere. Horiek guztiek testuaren moldaketa forma-la eta konkretua ematen lagunduko zuten. 18 Oro har, Gero liburua aszetikako lana den heinean, zehatz bereiztu beharko lirateke berezko diruditen bideratzaileak, batetik, eta « pragma »-tikoak edo diren faktoreak, bestetik. Horrela, edozein predikarik berbaldia ederragotzeko izan ohi zituen asmo arruntez gainera, Axularren prosaren alderdi elokutiboak badu bat, berezko deitu duguna, aszetikaz diharduelako ezinbestean isladatu behar dena eta, neurri handi batean, testuaren bideratzaile bihurtuko dena : irakurlearen baita hunkitzeko premia. Bestalde, testuaren eraketak berak erakusten duenez, eta, neurri handi batean, ohiko predikarien» ofizio »-aren ondorioz, bada Axularren elokuzioan ahozkotasunaren fenomenoarekin hertsiki lotua dagoen bigarren bideratzaile berezi bat ere, ahaztu gabe, jakina, hizkuntzari berari zor bide dakiokeena. 19 Ahozkotasunaren munduaren garrantzia berebizikoa da urdazubiarraren prosa ehuntzeko orduan. Alde batetik, ahozkotasunean murgildutako kultura zen XVII. mendearen hasierakoa euskal eremuetakoa, horrek zituen ezaugarri (batzuk arra-zoi) guztiekin : liburu gutxi euskaraz, irakurle eskasia edota egin gabea ; euskaldun huts asko, beste hizkuntza batean ezin alfabeta zitezkeenak, etab.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 90

20 Egoerak, jakina, irakurketa kolektiboak egitera bultzatzen zuen ezinbestean : batzuk irakurri, besteek entzun. Horren adibide garbia dugu Materreren ondoko pasartea : Goicean demborac hala emaiten duenean, çuec itsasoan çabiltçaten Marineloc bil çaitezte elkar gana, iar çaitezte belhaurico, eta ceuen gogoac Iaincoa gana ailtchatu-ric, eta ceiñaturic, erran eçaçue : Pater noster : Aue Maria : Eta Credo, latinez edo Euscaraz.Eta hauquen ondoan erran beça çuetaric batec appur bat gora eta haguitz orai hemen ibenico dudan othoitza : Eta bitartean eduqui beçate bertcec ere hartan gogoa, ençun beçate, edo norc bere liburuetan ixilic iracur beçate, ceren estimatcen dut ez-tela icanen bat-ere iracurtcen daquien marinelic liburu haur içanen eztuenic (Materre, Dotrina Christiana, 327-328 or.). 21 Era berean, ordurarteko idatzizko tradizioaren zati handi bat bertsotan egina zelako, hots, kantatua, kontatua eta buruz ikastekoa prestatua. Beste modu batez esateko, ahozko parametroen bidez burututako literatura ahozko tradizioan txertatua. Orobat, eta prestakuntza erretorikoa zela medio, ezin da ahaztu idazle baino lehenago sermoilari agertuko zirenek ahozkotasunaren esparruko baliabideen pisua islatzen zutela etengabe beren prediku eta testuetan.

22 Ildo horretatik, gogoratzekoa da irakurtzen zuena entzuten ohitua izaten zela predikaria : ozenki irakurtzeko prestatzen zituen sermoiak, buruz ikasten bide zituen eta gero predikatu (= ahoskatu) egiten zuen. Elizgizonak brebiarioa ozenki irakurtzen ohituak zeuden, ahoskatzen behinik behin. Belarria, beraz, prosaren modulatzailea. 23 Bigarren faktore bideratzaileaz ere, hots, hunkigarri suertatzeko premiaz, pare bat hitz. Aszetika esparruko testuei dagokienez, « hunkigarritasuna » irakurleen barnean eta afektuetan eragiteko premiarekin loturik dagoela esan daiteke. Ohiko docere eta deleitare izenekoak preziatzen ziren sermoien eginkizun baziren ere, movere izango zen benetan predikariak bilatu behar zuen xedea, entzule-irakur-leen « konbertsioa » ahalbidetuko zuen « mugimendua » azken finean. Jakina, pre-dikuetako helburu hori - eta urrun-hurbiltasunak ahaztu gabe- areagoturik azaldu behar zen bereziki aszetikaz ziharduen liburu batean. 24 Helburuok erdietsi ahal izateko erretorika eklesiastikoak oso modu zehatzean zituen garatuak hainbat baliabide. Horiek guztiek, zer esanik ez dago, izaera zen-baitetan bortitza, zenbaitetan leunagoa, baina betiere « hunkigarria » eransten zio-ten testuari. 25 Kanpotik ikusita ere elementu nabarmenak dira horiek eta garapen modu bereziak ekartzen dizkiote obrari. Izan ere, argumentazioan zehar anplifikazioari eskaintzen zaion funtzioa areagotuta geratzen da hunkipenaren atal honetan hart-zen duen egiteko berriarekin. 26 Halere, afektuetan hunkitzeko ohiko bidea anplifikazioarena bada ere, ez dira faltako, erretorika klasikoan figura edo irudi bezala agertzen ziren beste hainbat, hots, errepikapenak, jarraiango galderak, harridura perpausak, apostrofeak, hiperboleak, etab. 27 Hori dela eta, zalantzarik gabe esan liteke Axularren liburuak faktore honi zor diola una da edozein hizkuntzatako literatur prosaren ereduaren eraketak dituen zailtasunak bertso edo neurtitzaren inguruko munduak dituenak baino biziki han- diagoak direla. Azken honen ohiko egitura neurtuak (gehiago-gutxiago neurtuak, esan nahi baita) eskatzen dituen erritmoa eta musikaltasuna, esaterako, elementu erraztaile dira literatur hizkuntza sortzerakoan. Prosak, ordea, antzeko ezaugar-riak (oreka, erritmoa, etab.) behar dituen arren, ezaugarri horien tratamenduan bertsoaren eremutik aldendu beharra du, harekin konfunditua izateko arriskurik gerta ez dakion.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 91

28 Ohartua zen horretaz Erretorika klasikoa eta bideak ere jarriak zituen prosa-ren hizkuntza, neurtu gabea izanik ere, erritmikoa suerta zedin. Handik, beraz, erritmoaren oinarrizko osagaia elementu errepikakorra izatea, testuaren azpian etengabe « jotzen » duena baina garbiegi antzeman ezinezko bihurtzen den errepi- kapena. Dena den, teknika erretorikoak horretarako aurrikusi zituen baliabideak era desberdinetakoak izango ziren, nahiz garrantzitsuenetakoak periodoen eta kadentzien 1 inguruan garatuko ziren.

Axularren proposamen elokutiboa

29 Axularrek erretorikak eskaintzen dituen baliabide askotatik hartuko duen arren, badira eskema batzuk beste batzuk baino modu ageriagoan agertuko dire-nak -testuaren xede- izaerak behartuta inondik ere-, guztien konfluentziatik nola-baiteko egitura erretoriko bereziak sortuko direlarik2.

30 Urdazubiarraren prosaren lerro elokutiboak definitzeko baliabide azpimarra-garriena aipatzekotan,» errepikapenaren printzipioa » nabarmenduko genuke ezaugarri gisa. Era berean, elementu guztiak integratzen saiatuko bagina, ondorio gisa ahozko parametroekin zerikusia duten edergarriak lirateke nagusi, liburuaren pasarte askoren elkarrizketa-konformazioa barne. Eta horren barnean ere baliabi-de fono-erritmiko errepikakorrak izango dira gailenduko direnak, ondoko lerroo-tan ikusiko den bezala.

Erritmoaz eta kadentziaz

31 Ezaguna da prosak erakusten duen erritmoa haren egituraketarako erabili baliabideei esker lortzen duela nagusiki (Kayser 1992, 346). Poesian ez bezala, prosan nekez gertatu ohi da aurretik prestaturiko parametroen barnean idaztea, hau da, hitzak, autoreak aldez aurretik buru-ezpainetan darabilen musika edo erritmo mota zehatz bati egokitzea. Horrexegatik, baliabideak ere bestelakoak ohi dira, batzuei besteei baino garrantzi gehiago emango zaielarik, autorearen auke-raren eta hizkuntza bakoitzaren senaren arabera.

32 Axularren kasuan, obraren erritmo nagusia gaiak, argumentazio motak eta prediku- egituraketak bideratuko dute bereziki, ahaztu gabe, noski, autoreak egiten duen « hautaketa » erretorikoa, aurreko faktoreekin bat dagiena, eta ohiko baliabide fono- erritmikoak. 33 Urdazubiarreren prosak erakutsiko dituen erritmo mota nagusiak bi izango dira : batetik, Gero-n garatzen den argumentazioaren ereduarekin bat datorrena eta, bestetik, predikazioaren helburua den movere delakoarekin lotua dagoen erritmo hunkikorra. Jakina, orri kopuru eskergagatik bakarrik ez bada ere, Axularren prosan antzematen den erritmo nagusia argumentatzaile deiturikoa izango da, aipatu lehenengo motari erantzuten diona. Horren arabera, konpara-zioen bidezko» arrazonamendua » erabiliko da ideien garapenerako. 34 Horrelakoetan, periodo egituraketa da formalki isladatzen dena, protasi eta apodosiaren oinarrizko eskemaren gainean eratua. Eta, oro har, atal kopuru des- berdina egon daiteke batean zein bestean, barneko adarreztaketarik ere suertatzen delarik (plurimenbrazioak sorruz). Guztiarekin, elementuak ez dira bizpahiru atal

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 92

izatetik igarotzen, eta normalean konparazio, baldintza edota denborazko per-pausen egitura bikoitzaren arabera eratuak ohi dira. 35 Dena den, azpimarratzekoa da honelako egiturak eratzeko orduan Axularrek erakusten duen orekaren eta erritmoaren zentzu klasikoa. Horrela, konparazio huts bat den ondoko adibidearen lehen parteko atalak era neurtuan joango dira tentsio erritmikoa sortuz eta hedatuz : Nola Iaincoac eracutsi baitçuen bere botherea, munduaren creatcean : iaquindasuna governatcean : eta misericordia erremediatcean [...] 36 Ikusten denez, atal paraleloen luzerak berak markatzen du konparazioaren bidezko tentsioa. Gero, bigarren partean, konparatua izan denaren egoera egitura sintaktiko paraleloetan burutuko da, periodoa poliki-poliki ahulduz eta erremediorik gabe bukatuko bailitzen : [...] hala eracutsi du, eracusten du, eta eracutsico du bere iusticia ere, gaztigatcean (569 or.) 37 Eredu argumentatzaile luze, lasai eta orekatu horrekin batera, tradizio ekle-siastikoak oso gogoko eta ohiko zuen mugimendu» latza » ere agertuko da Axularren prosan, arritmiko samarra baino zinez sarkor, hunkikor eta pertsuasiboa.

38 Estilo solte honek Axularren obran zehar presentzia nabarmena izango du kapituluetako hainbat une berezitan, batik bat irakurleari zuzendutako pasarteetan. Enumerazioak, pilaketak, paralelismoak eta antitesiak izango ditu ezaugarri nagusi. Eta, jakina, ez dira faltako irakurlea inplikatzeko galdera eta harriduraz-ko formulak ere. 39 Erritmo bortitza izatera iristen den mugimendu honetan gehiago azpimarratuko da ideien indarra, prosaren oreka baino, ondorio gisa dinamika bizia agertuko delarik3 : Cer eguin gogo duçu bada ? Certan pensatcen duçu ? Ceren beguira çaude ? Çahartcearen ? Han çara. Eppearen ? Complitu da (193 or.). 40 Oro har, esan genezake Axularren prosa erretorika klasikoaren elementu periodikoa erabat galdu gabe duen estiloaren eta predikazio kristauak ezaugarri duen eredu arritmiko-emotiboaren uztartze ahaleginaren fruitua dela, nahiz eta, egia da, bide erretoriko klasikoetatik aldentzen eta, aldi berean, finkatzen doan saio bezala ere plantea daitekeen, prosak erakusten dituen baliabide estilistiko» herritarrak » (esan nahi baita herri mailan hobetsi eta erabiltzen direnak : para-lelismoak, antitesiak, hoskidetasunak, aliterazioak, etab.) horren lekuko hobezin direlarik.

41 Esan gabe doa : testu bameko egitura sintaktikoak estilo horien bideratzaile izango dira, berek baitaramate berekin erritmoaren erantzukizunaren alderdi garrantzitsuenetakoa (esaldi motzak, bortitzak, arritmikoak, batetik, eta perpaus luzeak, lasaiak, argumentazio eta narrazio denborakoak, bestetik). 42 Horren kariaz, obraren planteamendu argumentatzaileak forma periodikoen erabilera ziurtatuko du, oinarrizko eskema -protasia edo osagai tentsio sortzaileak eta apodosia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 93

edo tentsioaren bukaera- modu desberdinetan emango delarik. Horretarako egitura sintaktiko ezberdinez baliatuko da urdazubiarra. 43 Menderakuntza eremuan, esaterako, Axularrek era guztietako egiturak dara-biltza. Alabaina, adierazitako argumentazio garapenaren ildotik jarraituz, kausazko egiturak eta konparazioak ahalbidetzen dituztenak nabarmendu beharko lirateke batik bat. Nahiz prosaren erritmo erretorikoan ere garrantzi handia duten, bestelako egiturak, argumentazioaren ikuspuntutik behinik behin, ez dira hauek bezain emankorrak. 44 Maiztasunaz den bezainbatean, Geron zehar» zeren » lokailuaren bidez osatu-tako egitura kausalak dira gehien agertzen direnak (inoiz kapitulu berean 45 aldiz azaltzeraino). Maiztasun honek, dena den, testuaren izaera suasorioa erakusten du nabarmenkiro. Horrela, zerbait baieztatu edo adierazi ondoren, azalpena edo arrazoia agertzeko beharra izan ohi du idazleak, irakurlearengan lortu nahi duen komentzimendua areagotzeko : 45 Beraz carga badira ere, on dira orgac, velac, arrauac, hegalac, eta bai Iaincoaren legue sainduaren uztarria ere. Ceren uztarri haur, carga içanagatic ere, hunequin batean hobequiago, eta aisequiago iragaiten baitira mundu hunetaco trabailluac, eta atsecabeac. Cern Iaincoa bera leguearen emaillea, leguearen beguiratcen, eta complitcen laguntcen baitçaitu : eta hartaracotçat, uztartcen beçala baita gurequin (496 or. ; letrakera etzana gurea da). 46 Beraz, egitura hauen erabilera argumentatze moduak bideratua da oro har.

47 Bestalde, argumentatzeko bezainbeste, anplifikatzeko funtzio nabarmena hartzen dute Geron konparaziozko eredu sintaktikoek. Baina, horrezaz gainera, konparazioak kutsu praktiko eta argigarria eskaintzen dio argumentazioari, haren bidez irakurleak ulerterrazago duen mundu errealean uztar baitezake plantea-mendu erlijiosoaren mezua. 48 Konparazioetarako formulen artean, ez da falta egitura laburrekorik : « beza-la », « pare », « paretsu » 4 edota» hala...nola » bezalakorik. Edonola ere, Axularrek gehien erabiliko duen eredua konfigurazio luzeko konparazioa gertatuko da, batik bat» nola.... hala (tan)... » formulapekoa (dagozkion aldaki guztiekin, hots, « nola...x », « x...hala », « nola... orduan », « nola... handik », etab.): Eta nola hartcen eztuen loreaz, itchatchetquitcen eztenaz, botean edo ninicoan galtcen denaz, ezpaita probetchuric : halavorondateaz beraz, desira hutsaz, choillaz eta baccarraz, [...] obratu gabe guelditcen denaz, czin dateque probetchuric eta ez fruituric (49 or.) 49 Azken egitura sintaktiko hauek eskaintzen duten grafikotasuna eta irudi mult-zoa dela eta, ezin hobeto ezkontzen dira eredu argumentatzailearekin eta testuaren egokitasun premiarekin. Horrela, gai aszetikoaren lehorra irakurlearen eguneroko errealitate biziarekin uztartzeko eta, garrantzitsuago dena, zailtasun kontzeptualak argitzeko erabiliko dira gehienetan.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 94

50 Nolanahi ere den, egitura sintaktiko horiezaz gainera, bada bestelako nabarmenik ere ideien eta argumentuen garapenean barrena. Testuaren erritmoaren kariaz, esaterako, ohargarri deritzogu lotura asindetikoaz baliatzen den alborakuntza edo justaposizio egituraren presentziari, paralelismoak areagotuko duen egiturarenari hain zuzen. Formalki, estilo hautsi modukoa erakutsiko dute gehienek : Amorantea cen nabusi : no, cen tho : emaztea guiçon : oilloa, oillar (343 or.) 51 Bestalde, eta sailkapen zehatzetan sartu gabe, esan dezagun, ahozko teknika narratiboetatik hurbil nobait, « eta » lokailuarekin egituratutako perpausak nabar- menduko direla hainbat pasarte narratibotan, exenplu eta adibideenetan batik bat : Eta hetan trabailla aracitcen cituen Pharaonec bere azpiko Iende hck, seiñalaturic bat bederari, bere eguneco lana eta sailla. Eta escuaren ibentcea bera asco baçuketen ere : ordea lanhabesac, tresnac, eta obraren eguiteko gai guztiac ere, berec bilhatu eta hornitu behar cituzten. Eta halaric ere, ecin ausart citezkeyen arrencuratcera : halaco moldez ecen [...] Eta halatan aitcinerat cargatuago cituen, lana berretu cerauen. Eta hura guztia eguiten zuen [...] (26-27 or. ; letrakera etzana gurea da). 52 Bestalde, alderdi semantikoak fenomeno erritmikoan duen garrantzia ikusirik (testuaren dinamika bideratzen baitu), Axularren prosaren kasuan ere planteamendu erritmikoak lotura hautsiezina erakutsiko du kontatzen denarekin.

53 Mezu aszetikoa etengabe eta era askotara errepikatzean, esan daiteke pasarte gehienetan mailuaren funtzioa betetzen duela irakurle-entzuleen bihotzen gogortasuna apurtzera iritsi ahal izateko. Mezu errepikakortasun hori areagoturik edota apaldurik - eta ez da azken hau gure kasua- agertuko da prosari eskaintzen zaion erritmoaren arabera. 54 Garrantzi erabakiorra izango du faktore erritmiko horretan periodo eta esal-dien bukaera motak : nola bukatzen den testu segmentua, horren araberakoa izan-go da irakurleak (edota entzuleak) kate mintzatuaren linealtasun horretatik jaso-ko duen azken inpresioa. Hortik beraz, klausula izeneko soluzioen5 garrantzia. 55 « Soluzio hobezin » horien eskema lortzeko teknikaren ardura, prosaren errit-moarena bezalatsu, idazle predikari bakoitzaren eskuetan zegoen. Eta egiteko hartan idazle predikariaren prestakuntza, erabilitako hizkuntza, berau bizitzeko modua eta, azken batean, sena estilistikoa bera gertatu ohi ziren aipatu « teknika » bideratzen zuten faktoreak, prosa guztiaren tonalitatea ahalbide zezaketenak. 56 Urdazubiarraren proposamena paralelismoan, luzapen kuantitatiboan (unitate lexikoena edota silabena) eta similikadentzian datza nagusiki, beroriek lzango baititu egitura erretorikoen ezaugarri nagusi 6. Jakina, bukaeretako luzapenaren soluzioa oso lotuta dago Axularrek predikari bezala bukaeratzat ulertzen zuena-rekin. Horrela, etenketa baten aurrean, predikazioan berbaldiak erraz asko eska-tuko duen edozein etenketaren aurrean alegia (periodo, perpaus edota esaldien bukaeran), idazleak erritmoa pausatzeko joera erakutsiko du, pentsamendua lasaituaz joango bailitzen. 57 Teknikoki pausatze hori paralelismoen bitartez burutuko du gehienetan, betie-re paralelismoaren azken osagaia silabikoki luzeena den hitzarekin edota kolona-rekin bukatuko duelarik (aditz laguntzaileak ere badu luzapen horretan tokirik, bukaerarako

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 95

utz baitezake) 7. Areago, grafikoki jarriz gero, nolabaiteko aurrerat-ze kuantitatiboa ematen dela ikusiko genuke (lehenengo hitzak edota unitateak motzagoak bukaerakoak baino) : Paga beçate beraz-iragan duten aisia, eta alferqueria, presenteco penaz eta trabailluaz, leheneco asea eta soberania, oraico goseaz eta escasiaz (44 or.) 58 Egitura aldetik, Axularren jokamolde neurtu eta orokor horrek baditu erritmo orekatzaile diren aldaki interesgarriak, besteak beste, begien aurrean ere, simetria guztiak betetzen dituztenak : Arraiña alha denean, bazcari datchecanean, eta bere ustez hobequienic dagoenean atrapatcen du arrantçaleac, eta bai hegaztina ere ihiztariac. Hala atrapatcen du bada beccatorea ere heriotceacbere beccatuey bere gogarenic datchetenean. goçoguienic alha caienean. eta gutien uste duenean (60 or. ; gureak dira marka guztiak) 59 Mirail gisako paralelismo hirukoitza erakusten duen adibide honetan azpimarragarria da idazleak gogoan izan duen asmo orekatzailea. Horrela, hasiera emateko, perpaus zirkustantzialei dagozkien elementu motzenetatik luzeenetara abiatzen da lehendabizi, gero, konparazioaren bigarren unean alderantzizko prozesuari ekingo diolarik, hots, perpaus luzeenetik motzenera, bukaerako pausatzea prestatuko bailuen.

60 Esan gabe doa, eredu klasikoen aholkuen bideetatik, Axularrek ere gogoan izan ohi ditu testu-segmentuen azken hitzen silaba kopurua, normalean hiruzpalau silabakoak hobesten dituelarik8. 61 Edozein gisaz, ez dira horretan bukatzen Axularrek kadentziak lortzeko darabiltzan konfigurazio nagusien ezaugarriak. Irakurleak berehala somatzen duen legez, saratartuak klausulen bukaera kuantitatibo hori bestelako edergarriz horni-tuko du beti.

Edergarriez

62 Gauza jakina da berbaldiaren edergarrien esparrua pentsamendu klasikotik iritsi zaigun doktrina erretoriko eta poetikoan balio eta transzendentzia gehien dituzten kontzeptuetako bat dela (Mayoral 1994, 24). « Ornatu » delakoaren bitar-tez, zegokion « tornuia » eman ohi zitzaion belbaldiari, batik bat prosa artistikoan, baina, jakina, bestelakorik ahaztu gabe. Izan ere, « bestelako » horren bidez helburu gisa irakurlearen barnea eta sentimentuak hunkitu eta jokamoldeak aldaraztea zuenak bereziki jakin behar zuen tekne erretorikoak eskainitako baliabideak erabiltzen.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 96

63 Esan gabe doa : sermoiak eta idatz zitezkeen liburuak egokiago moldatuko baziren, predikariek haien iturri ziren testu sakratuak hobeto interpretatuko bazituzten eta, horren guztiaren ondorioz, sermoian planteatutako helburuak errazago lortuko baziren, ezinbestekoa zen baliabide haien erabilera zuzena. 64 Horretarako, eta gauzak erraztu ahal izateko, baliabideen artean mailakatze moduko bat egin ohi zen, betiere bitarteko gomendagarrienen artean erretorikaren edergarri klasikoenak eta eraginkorrenak aholkatzen zirelarik (besteak beste, aurkakotasunaz baliatzen zen teknikarena). 65 Ildo horretatik, Gero-ren ornatuaren ezaugarri nagusiak ere liburuaren izaera aszetikoak berak bideratu zituen lehendabizi. Horrekin batera, Axularrek behar eta iruditu bezalako « egokitasuna » eskainiko zion betiere, hau da, espero zuen irakurle motak eta egilearen xede pastoral-pragmatiko zuzenak eskatutakoaren araberakoa hain zuzen. Ondorioz, urdazubiarraren egitekoan ornatus facilis delakoa nabarmenduko da eta ez bestelakorik, hots, nagusiki koloreetan oinarritzen den edergarri-aukera, hitzezko irudi argietan batik bat, eta bakanka baizik ez eredu ilun edota metaforikoetan.

Baliabide hunkigarriak

66 Ez da ohiko predikarien eginkizun nagusia mezu baten erakuste hutsera mugatzen, mugiaraztea baitu sermoilariak helburu, hau da, bekatariaren « bihot-za » hunkitu eta bertuterantz abiarazi hain zuzen (egiazko « konbertsioa » helburu, beraz). Eta xede hori erdietsi beharra zegoelako eman zitzaion horrenbeste garrantzia oratoria sakratuaren esparruari. Ondorioz, baliabideen eremua ere helburuen arabera sailkatu eta prestatuko zen.

67 Garaiko aszetikan ohi bezala, Geron lantzen diren afektu asko tematikoki bildurraren arlokoak dira : Jainkoaren bildurra sortzeko, infernuko penen bildurra izateko eta bekatuen aurkako gorrotoa pizteko, alegia. Bestalde, afektu positiboak edo izan zitezkeenak, Jainkoarenganako maitasuna esaterako, ia ez dira plantea-tu ere egiten, teorian liburuaren bigarren partea izan behar zuenerako geratzen baitzen egiteko hori. Beraz, hau guztiau liburuaren izaera aszetikoaren pragmatismoarekin uztarturik legoke, bizioak errotik atera eta, haien ordez, ber-tuteak lantzeko planteamenduarekin lotua hain zuzen. 68 Baliabide zehatzen esparruan, beraz, lehendabizi esan behar da teknika anplifikatzailea izan zela erretore eta predikari katolikoek gizakien baitara iristeko eta hunkitzeko erabilitako teknika garrantzitsuenetako bat. Axularren obrak ere anplifikazioa erakutsiko du oinarrietako bat, konparazioz, irudiz eta beste zenbait errekurtsoz baliatu baitzen anplifikazio teknika hain zuzen. 69 Horrezaz gain, ohiko ziren baliabideak ere prosaratu zituen urdazubiarrak bere liburuan, nabarmenetarikoa agian taxuketa dialogiko bezala ezagutzen dena delarik. Irakurlearekiko hurbiltasuna bilatzen da elkarrizketa antzeko egituratze horren bitartez ; finean, liburua edo berbaldia eguneroko bizitza arruntean zuzenean ukitzen dituen zerbait bezala sentitzea baita helburua, irakurlearen inpli-kazioa edo, bestela nahi bada, haren « testuraketa ». Ondorioz, taxuketa dialogiko hori afektuen esparrua hunkitzeko eta mugiarazteko biderik egokiena suertatuko da. Azpimarratu beharrik ez dago : oratoria sakratuak sistematikoki erabiltzen duen baliabide erretorikoa baino ez da hau, balio didaktiko handiko baliabidea alegia.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 97

70 Egituratze horretan, baliabide erabiliena irudimenezko arrazonamendu arloko aldakiak izango dira nagusiki, batik bat dialogismo bezala ezagutzen dena, hots, elkarrizketa baten fikzioa sortarazten duena, nahiz eta bakarrizketa antzera ere molda daitekeen. Jakina, elkarrizketa moduko tratamendu hau era nahiko siste-matikoan planteatuko da garaiko aszetika liburu gehienetan. Eta adierazi beharrik ez dago, Axularren Gero-n ere maiz asko erabiliko da, kapitulu gehienetan hain zuzen, batik bat estiloa bortitzago bilakatzen denean, galdetegiaren forma hartzen duenean, irakurlearenganako eraso izpirituala lortu nahi denean. Horrelakoetan, hausnarketa metodo bat da autoreak planteatu galdetegi zuzenarena, ordurarte tratatutakoaz irakurleari zuzen-zuzen galdetzearena. 71 Bestalde, liburuan zehar tartekaturik agertzen den dialogismoaren irudi honek beste guztiek baino garrantzi gehiago izango du, batik bat liburuaren beraren egi-turaketan hartzen duelako parte eta, aldi berean, ez delako irudi huts solte bat bezala geratzen. 72 Nolanahi ere den, erantsi behar da Geroren kasuan ez dela eredu dialogiko huts eta garbia aurkitzen, hartan oinarritutako formulazio zabal bat baizik, tes-tuari zenbaitetan elkarrizketa kutsua isurtzen diona hain zuzen. Eredu horren bitartez, liburuan esandakoa irakurlearen errealitatera hurbiltzeko ahalegina era-kusten du egileak. Orobat, xedetzat izan ohi du mezu-hartzailea gaiaren harian sartzea eta zuzenean inplikatzea. 73 Eta lehenengo begiradan ematen ez duen arren, zinez esan daiteke Axularren liburuaren zati asko direla horrela taxututa daudenak, baliabide dialogikoak une zehatzak izango baititu agertzeko eta eman nahi zaion funtzioa betetzeko. Horrela, argumentazioan baino maizago agertuko da perorazio zatietan. 74 Aurrekoarekin batera, nabarmena izango da Axularren prosan argumentazio aszetiko- erlijiosoan exenpluekin lotura estua duten irudien atala, besteak beste prosopopeiari dagokiona (maiztxo, hikako forma kolokialaz lagundurik). Azpimarragarria da, era berean, apostrofe izenekoaz urdazubiarrak dagien erabilera. Baliabide honek entzuleria berbaldian murgilarazteko elementu gramatikalak erabiltzen ditu, agintera eta, bakanago, bokatiboa hain zuzen. Erabilerari dagokionez, esan liteke aginduen arloko adibidez beteta daudela perorazio zati gehienak, betiere perpaus laburrez osatuak eta mezua ezin sarkorrago bihurtzen delarik. 75 Guztiarekin ere, afektuen mugiarazteko pentsamendu irudirik egokienak eta eredu dialogikoarekin ongien ezkontzen direnek esklamazioak eta galdera erreto-rikoak dirudite. Hauek biak izan dira literatura aszetiko-erlijiosoak maizen erabili dituenak eta irakurleak hunkitzera iristeko dramatismoa lortzen hobekien laguntzen dutenak. Horrexegatik, hain zuzen, baliatu izan dira bi-biak berbaldi guztien bukaera aldean,» konbertsioa » erdiesteko azken hitzak jaurtikitzen direnean, areagotu egiten baita testu segmentuaren kutsu bortitza jarraian esklamazio edo galdera sorta bat eransten denean. Guztiarekin, urdazubiarrak badaki diskurtsoaren bortiztasuna galderak eta esklamazio edo harridurazko esaldiak tartekatzen lortzen dela ongienik : Cer içanen da orai nitçaz ? Cer bide hartuco othe dut ? Salbatuko othe naiz ? Pontuaren latça : Pausuaren gaitça : eguitecoaren handia : hersturaren hertsia, eta icigarria. Cer eguinen du orduan arima ici harc ?

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 98

Nor deituco du bere faboretan ? Norc escua emanen dio ? Nor helduco ? Nor lagunduco çaica ? Nor bada ? (558-559 or.).

Baliabide foniko-erritmikoak

76 Berbaldi aszetikoak berezko dituen baliabide hunkigarriekin batera, ez da faltako prosaren eraketa formalean testu mota horren xedeei beste modu batez izango ez luketen ezaugarriak eskainiko dizkien edergarririk. Horien guztien artean, erritmikoki eta fonikoki ere funtzionamendu berezia itsatsiko diotenak nabarmendu behar dira, guztiak nagusiki» errepikapen » printzipioaren inguruan haril-katuta daudelarik.

77 Eta obran azaltzen diren fenomeno interesgarrienak ulertu nahi badira, ez da zalantzarik, azpimarratu egin behar da» errepikapen » printzipio horren garrant-zia. Paralelismo kontzeptua 9 ere printzipio horren ulerpena errazteko erabil lite-ke, eskema berdintasuna edota antzekotasuna duten egiturek (« berdintasun » kont- zeptuaren oinarrizko premisa, alegia) gutxienez bi osagai edo atal» errepikatu » baitituzte. 78 Printzipio horren arabera, beraz, aurkeztuko dira esparru honetako baliabideak, betiere hizkuntz maila ezberdinen arabera eratuta, Dijk-ek eta bestek aholkatu bezala 10. Esan dezagun aldez aurretik, dena den, Axularrek oso gogoko dituela ahozko eta idatzizko tradizio luze, oparo eta eraginkorrak eskainitako baliabideak. 79 Lehenik eta behin, eta arlo sintaktikoan murgilduz, aitortu behar da Axularrek oso gustuko duela isokolona. Irudi hau bi edo testu segmentu gehiagoren artean luzera eta egitura sintaktiko berdintasuna adierazteko erabili ohi da. Jakina, hone-lako irudi batek berezko du plurimenbrazio egitura, eta, ondorioz, eredu desberdinak agertu ohi dira autoreen lanetan, norberaren estiloen araberakoak. 80 Axularrenari dagokionez, esan daiteke bi direla gailentzen direnak : bi eta hiru atalekoak hain zuzen (bimenbrazioak eta trimenbrazioak). Lehehengoak oso gogoko izango ditu ideiak kontrajartzeko eta antitesiak burutzeko. 81 Atalbikoek, normalean, formulazio ezberdinak hartuko dituzte, maiz asko eredu parataktikoetan zein asindetikoetan oinarriturik agertuko direlarik. Guztiarekin, eta lortzen duten efektu hunkigarri eta estilistikoagatik, bereziki azpimarratzekoak dira egitura asindetikoetan Axularrek egin ohi dituen lotura anaforikoak : Orai hamar beccaturequin diharducaçu, guero ehunekin iharduqui beharco duçu. Orai urthe baten edo biaren usantça gaixtoa duçu, guero hogoyena edo berrogoye- na içanen duçu (84 or.). 82 Formalki, bimenbrazioetan luzera guztietako perpausak aurkitu ahal izango dira oro har. Edonola ere, egitura berdintasuna erabatekoa izan arren, atal bat bestea baino luzeago gerta daiteke betiere konplexutasunaren arabera, hots, atal luzeak besteak ez dituen hainbat elementu barnehar ditzakeelako hain zuzen (erlatibozkoak, etab).

83 Baina atalbikoez gain, testuan ez da bestelako plurimenbraziorik ere faltako (hiru, lau... atalez osatuak), ederragoak baitziren klasikoen kanonen arabera. Horrelakoak elipsi kontestualez (zeugma-z, alegia) baliatzen dira maiz asko, adit-zaren ezabaketaz batik bat : Cen ederrena, eguin cen, itsusienik bere gogarena gaizquienic.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 99

Onhetsiena, gaitzetsienic ; eta gorena, beherenic (139-140 or.) 84 Era berean, honelako plurimenbrazioetan beherago ikusiko den egitura anafo-rikoak garrantzi handia izan ohi du atalen arteko lotura gisara : Nahi baduçu gueldi dadin etsaia, gueldi çaiteci, nahi baduçu ichil dadin, ichil çaiteci. Nahi baduçu sua iraungui dadin, egurrac edequi iatçotçu (293 or.) 85 Oro har, erabateko paralelismoa gauza ohikoegia ez bada ere, begi bistakoa da paralelotasun sintaktiko hauetan paralelismo lexiko-semantikoa gertatu ohi dela, maila bereko berdintasuna ere eman daitekeelarik (elementu zenbaiten errepi-kapenaren bidez : aditza bera, etab.). Izan ere, egitura berdintasuna dela eta, elementu errepikakorrak dira gailentzen direnak : lexikoa, egitura anaforikoak... eta, ezaugarri nagusi bezala, elementu homofonikoa.

86 Ildo beretik, arlo morfologikoko irudiak ere testuaren garapenean elementu ezberdinen errepikapenaren bidez izango dira sortuak, eta mezuaren efektuen gehiketaz gainera, erritmoaren mantentzea eta hotsen areagotzea erantsiko diz-kiote prosari. Aldi berean, ezin ahaz daiteke irudi hauen garrantzia berbaldiaren jostura sintaktikoan, beraiek duten izaera errepikakorrean baitatza diskurtsoaren kohesioa hein handi batean. 87 Geron ere errepikakortasun hedatu hori izango da prosa barne muineraino tin-datuko duen faktorea, batik bat egitura anaforikoen esparruko irudien bidez. Jarraikako esapideen hasierako hitzaren edo hitz multzoen errepikapenean [X.../X...] dautzan egitura anaforikoak prosa erretorikoaren baliabide ohikoenak direla esan daiteke, zinez erritmiko bihurtzen baitute berbaldia. Horrezaz gaine-ra, konfigurazio anaforikoak lotura estua erakusten dute idazleak azpimarratu nahi duenarekin. Ideia edo mezu bat irakurle-entzulearen barnean tinko atxikirik gera dadila nahi denean, anaforak sarrera funtzioa edota eginkizun azpimarra-tzailea beteko du berbaldian, Axularrenean ikus daitekeen bezalaxe : Hasico dira oihuz, hasico dira deihadarrez, nigarrez eta marrascaz : hasico dira bere ondico handiaren deithoratcen eta auhentcen : hasico dira bere buruen maradicatcen, beguitarten larrutcen eta atçapartcen (607 or.) 88 Argumentazioaren linealtasunean oinarriturik, Axularrek zenbaitetan kate anaforikoak osatzen ditu, hots, serie ezberdinez osatutako kateak eta aurretik aipatutakoei nolabaiteko jarraipen argumentala eskaintzen dietenak. Ildo horreta-tik, denetariko adibideak aurki daitezke liburuan : Orduan bai, orduan onduco naiz : orduan munduari guibela emanen diot, eta [...]. Baifta anarteraiñocoan deçadan atseguin har, deçadan mundua cerbitça : naquion goça : naquion behin [...] asse, eta asper. Haur da oraico presuna gazten deliberamendua, haur da hequen gogoa : eta haur da adinean beçala, gaiñeracoan ere [...] (173-174 or.) 89 Guztiarekin, testu kohesioa dela eta, Axularrek egitura anaforikoez haratago egiten du kapitulu beten ehunduran garrantzitsu irizten dion esaldia errepikatzen duenean

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 100

(interesatzen zaion aldaketa eginez, jakina). Ondokoak, esaterako, LIX. kapituluaren perpaus laburbiltzaile eta kohesio-emaileak dira : Dembora gutiz eta laburzqui eguiten den beccatuari, emaiten çaica seculaco gazti- gua (608 or.) Dembora gutiz eguiten den beccatuari, emaiten çaica gaztigu lucea eta seculacoa (610 or.) Dembora gutiz eguiten den beccatuari, emaiten çaica seculaco gaztigua (612 or.) 90 Ohargarria da, halaber, nola darabiltzan Axularrek elementu anaforikoa eta paralelismoa pentsamenduen antitesiak markatzeko. Honek, noski, areagotu egingo du prosaren izaera antitetikoa. Adibideak anitz badira ere, horietako luze eta interesgarrienetako bat 480-481 orrialdeetan aurki dezake irakurleak (Plazer da... / Gaitza da... egiturekin osatua hain zuzen).

91 Anaforaren alderantzizko egitura (.. .X/.. .X) erakusten duen irudi epiforikoak ere leku berezia du Axularren prosan, nahiz eta, maiztasunari dagokionez, egitu-ra anaforikoa baino gutxiagotan agertzen den. Hala ere, adierazi behar da egitura epiforikoa aditzaren (batez ere aditz laguntzailearen) errepikapenez burutzen dela eskuarki (...da,...da ;.. .çaitçula,...çaitçula ; etab.) : Etsaigoan çaude : amorantearequin çaude : bertceren ona goraturik çaude (570 or.) 92 Adibiderik falta ez bada ere, eta normala denez, anafora eta epiforaren arteko uztartzetik sortzen den sinplokea (X...Y/X...Y) edota testu segmentu baten hasieran eta bukaeran hitz edo hitz multzo baten errepikapena (X.. .X) eskaintzen duen epanadiplosia bezalako irudiak aurreko paralelismo formak baino gutxia-gotan agertzen dira Axularren prosan.

93 Gradazio delakoak, aldiz, interes berezia eskaintzen du Axularren prosan. Izatez, jarraikako anadiplosia baino ez da, hots, unitate sintaktiko bateko bukaeraren errepikapena ondoko unitatearen hasieran (...X/X...Y/Y...). Oro har, mailakako eskemaren arabera eratua da, berbaldia maila bakoitzean pausatuko bailitzen. Lehenic hiltcen da haurtasuna : haurtasunaren ondoan hiltcen da morrointasuna : morrointasunaren ondoan hiltcen da gaztetasuna : gaztetasunaren ondoan hiltcen da çahartasuna ; çahartasunaren ondoan hiltcen da sentontasuna (62-63 or.) 94 Ikusten denez, hemen ere errepikapena da oinarria (ahaztu gabe, jakina, kasu honetan hitzen -tasuna atzizkiak suposatzen duena). Erantsi beharko litzateke irudi honek estrategia aldaketa suposatzen duela Axularrek darabilen eredu konparatibo- argumentatzailean, nolabaiteko planteamendu logiko-silogistikoa suposatzen baitu irakurlearentzat. Alabaina, ez da gehiegitan baliatuko duen irudia.

95 Beste aldetik, irudi morfologiko legez sailkatu ohi direnen artean ez dira fal-tako Gero ko prosan erretorika klasikoan derivatio bezala ezagutzen zirenak (erro beretik datozen hitz desberdinak) eta Axularrek ezin gogokoago zituenak : San Agustinec eztu conturic eguiten, aitcineco perseverantciaz eta irauteaz, finera baiño lehen, edo finean berean, fina finatu gabe finatcen denaz (457 or.) 96 « Hitz jolas » gisa definitu izan diren hauek maizkara azaltzen dira Axularren testuan. Besteak beste, unitate lexikoen arteko homonimia edota polisemia erla-zioetan oinarritzen diren « jolas » irudi hauetatik guztietatik paronomasia arlokoak gertatzen

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 101

dira emankorrenetakoak 11. Ezaugarri bezala, hitzen eta hotsen arteko paralelismo efektu-sortzailea azpimarra daiteke.

97 Bestalde, eta aurrekoekin estuki loturik, arlo semantikoko irudiak letozke, batik bat hitz multzoei eta sinonimiari dagozkienak, hitzaren esparru honetan bai-tatza urdazubiarraren prosaren ezaugarri nagusietako bat. 98 Aurrekoetan bezalatsu, hemen ere errepikakortasuna izango da irizpide bide-ratzailea eta, haren arabera, berbaldiaren erritmoa bera izango da hain nabarmen-kiro azpimarratua izan den hitz joritasuna eskatuko duena. Horrela, paralelis-moak diskurtsoaren erregulatzaile erritmiko nagusi gisa agertuko diren moduan, hitz multzoak (bereziki sinonimoak edota esparru semantiko bereko hitz mul-zoak) perpausen erritmoaren orekatzaile gisa azalduko dira. 99 Gauzak bere lekuan uzteko, gogora dezagun lehendabizi sinonimia dela ziurrenik historian zehar (eta batez ere hamasei eta hamazazpigarren mendeetan) hizkuntza eta testu mota guztietan gehien erabili eta hedatu den baliabidea. Agian horrexegatik hain zuzen, ez zen sinonimia erretorika eklesiastikoaz arduratu ziren prezeptu-emaileek - Trentokoaz geroztikakoek, batik bat- gogokoegi zuten irudia, balaztarazi beharreko fenomenoa gertatzen baitzen haren bidez sortu hizkuntza puztua. Ahal zen neurrian bederen, obra erlijiosoetan hitz eta kontzeptuen arteko erlazio biunibokoa bulkatu nahi izango zuten erretoreek, inolako fede-nahasketarik eta behar ez zen hanpadurarik ez gehiegikeriarik ere sor ez zedin. 100 Guztiarekin ere, Axular ohiko bide klasiko eta oparoetatik abiatu zen bere prosa taxutzean. Oro har, bada, egitura paraleloen errepikapena suposatzen zuen eredua izan zen berak oraingoan ere onetsitakoa. Ildo horretatik, joera zabala eta aberatsa atzematen zaio eremu honetan : sinonimia garbia egiten duten bikoteetatik hasita intentsifikazio semantikoa dagiten egitura plurimenbre desberdinetako osagaietaraino, betiere tartean geratzen diren bimenbrazio ez-sinonimikoegiak eta plurimenbrazio sinonimiko estuagoetatik iraganik. 101 Inoiz azpimarratu den bezala, Axularren sinonimia-zaletasuna liburuaren izenburu luzean bertan antzematen da 12. Ez bide zuen askietsi, esaterako, Etxeberri Ziburukoak liburuaren banaketarako erabili zuen formula motza (« [...] guztia bi partetan bereçia »). Horretan ere Axularrek beharrezko izan zuen hitz bikotearen beharra :» bi partetan partitua eta berecia », eta berdin aurrerago ere : « quidatcen da, eta aitcinatcen [...] ». 102 Transmititu nahi duen mezua ulertarazten laguntzen duela jakin arren, Axularrek anplifikaziorako tresna bezala hartzen du sinonimia, ahaztu gabe, jaki-na, orekagarri ezin egokiagoa dela erritmoaren finkapenean. 103 Erabilera arloan, serie sinonimiko bitarrak eta hirutarrak nagusituko dira haren obran. Ondorioz, hiru elementu semantikoki berdintsuz (izen, adjektibo, aditz,...) osatutako multzoek markatuko dute prosaren oinarrizko erritmoa, paralelismo sintaktikoetan agertzen duen joera bezalakoa hain zuzen, baina hemengo hauetan, azken osagai bien artean eta emendiozko juntagailuaren presentzia konstateago izanik. 104 Ildo horretatik, Axularren prosan nekez aurkitu ahal izango da elementu errit-mikoki esanguratsurik bakanka, plurimenbrazioak osatzen baizik. Eta horien artean, hirukoak dira Axularrentzat orekatuenak, mezua azpimarratzeko eta esaldia erritmikoki ongien ehuntzeko balio dutenak, batik bat bukaeretan :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 102

Eta Ainguiru guztien lehena, aitcindaria, eta aguintaria, eguin zen Deabru, eta Deabru guztien buruçagui, quidoin, eta capitain (139 or.) 105 Hiru atalez osatutako plurimenbrazioen nagusitasun horrek, dena dela, ez du kentzen testuan zehar arrunt bilakatzen diren bikoen presentzia, horiek ere oso gogoko baititu urdazubiarrak : Athea bere erroetan eta uhaletan ongui iarria eta pausatua dagoenean, erraxqui [...] aise [...] (45-46 or.) 106 Horrekin batera, badira Gero-n barrena osagai gehiagoz eratutako serieak ere, batzuk besteak baino biziki luzeagoak gainera :» Ordea guelditzen den seiñalea, marca, notha, culpa, çorra eta obligacinoa, seculacotz guelditcen da » (613 or.). Halere, testu- segmentu edo esaldi berean plurimenbrazioen arteko konbinaketak ematen direnean, normalean hiru elementukoa izan ohi da besteei gailentzen zaiena, batik bat -diogun berriro- perpaus bukaeretan : Presuna gazteen lehenbicico obra on [...] hetaric naiz çale, eta gura, hec çaizquit on, goço eta ezti (171 or.) 107 Halaber hiru elementuetako multzoekin osatuko dira gero urdazubiarraren prosa nabarmenduko duten» jauzi » edo gradazio moduko eredu ezagunenak (9 or.) : [...] anhitz donu, dohain, eta abantail suertez dotatu, hornitu eta konplitu baitzaitu, adimendu eder bat, memorio handi bat, eta borondate onera, ohorera, eta prestutasunera erori bat, isuri bat, eta eman bat eman baiteratzu. 108 Hotsen eta hitzen jolasarekin batera, eta testu-segmentuaren erritmoaren barnean isosilabismoa nagusitzen ez denetan, azpimarragarria da hitzen luzerari, hots, silaba kopuruari Axularrek jartzen dion arreta, katearen hitz motzenak hasieran eta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 103

luzeagoak ondoren doazelarik (eta neurri bereko hitzak suertatzen diren hainbatetan - gehiegikeria ote ?- ondozkapen alfabetikoaren irizpideari jar-raituz) : Eta gueldituco dira, alde guztiz dolutuac, etsituac, desconsolatuac eta desesperatuac (607 or.) 109 Esparru semantiko honetako fenomeno berezi gisara, aipagarria da ditologia sinonimikoaren kasua, ezin garbikiago mintzatzen baita Axularrek lortu nahi duen efektuaz. Jakina den bezala, horrek beste ezer baino lehenago testuaren tratamendu erretorikoa erakutsiko luke nabarmenkiro. Hasierako» bere imaginara eta idurira » (21 or.) ditologia bibliko klasikotik beste guztietaraino 13, Axularrek anplifikazioa eta prosaren erritmoaren erregulatzea bilatuko luke nagusiki. Ditologiatik hurbil dagoen bukaerako adibide honek modu ezin hobean laburbil-duko luke funtzio erretoriko eta» kontrolatzaile » hori : « Hartan pensa ezazu, hartzaz egizu pensamendu, hasnaur eta gogoeta » (620-621). 110 Esparru semantikoaren barneko kasuistika garrantzitsuenarekin bukatzeko, gogora dezagun Axularren liburua planteamendu antitetiko baten inguruan ardazten dela oro har, guztiaren gakoa izenburuan bertan azaltzen delarik : gero. Horrek berak eta antonimo gisako funtzionamendua duen orain hitzak osatuko lukete liburuaren funtsezko izaera antitetiko hori.

111 Halaber, liburuaren izaera antitetiko orokor horrek antitesi irudi zehatzetan aurkituko du gero isla interesgarria 14. Horrela, ideien kontrajartzeak nabarmenki azalduko dira antonimoen erabileraren alorrean 15, unitate lexiko hauek gertatuko baitira ideien arteko gatazka kontrajarria garbienik azalduko dutenak eta antite-siak moldatuko dituztenak : Beccatu eguiten duenarentçat daducaçu Iaincoa, handi, çabal, franco, liberal ; eta [...] prestuqui bicitcen denarentçat, estimatcen duçu dela hertsi, mehar, escas eta avaricios (148-149 or.). 112 Irudien sailkapen honekin aurrera eginik, esan daiteke arlo fonologikokoek ere errepikapenaren printzipioan dutela haien funtsa, zein bere modura eta gisara.

113 Oro har, Axularren prosan similikadentziarena izango da osagai « entzungarri »-aren inguruan ardazten den baliabide garrantzitsuena, hitz edota sintagma paraleloen amaieretan errepikapen fonikoa baitu etengabeko ezaugarri haren hizkerak. 114 Bestetan baino gehiago nonbait, azpimarratzekoa da kasu honetan urdazu-biarraren « originaltasuna » ; izan ere, inguruko hizkuntzetan ez bezala, euskararen deklinabideak, latinaren antzera, homoioptotona baliatzeko aukera ezin hobea eskaini baitzion gure idazleari. Eta horrela, testuinguru guztietan sistematikoki azalduko den fenomenoa izango da bukaera flexiboen errepikapenarena. Adibideak, zer esanik ez dago, jarraian eta etengabe agertzen dira Gero guztian, eta ez dago bertan orrialderik

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 104

sorta bat kasu adierazgarri ez duenik. Kasuistika, beraz, zabala da eta deklinabidearen kasuetara eta aditz flexio guztietara iristen da. Dena den, normalean paralelismoz eta bestelako errepikapenez lagundurik egon ohi da urdazubiarraren irudi klasiko hau : Cer esquer uste duçu içanen duela, edo irabaci eguinen duela çahar ecinduac etsaiari bidera harmaturic ez ilquitceaz ? Arratsean etcherat goiz viltceaz, eta bihurtceaz ? Amorantiara gaztean beçala ez ioaiteaz ? Dantçan eta iaucian ez ibiltceaz ? (177 or.) 115 Zenbaitetan, alabaina, badirudi Axularrek oso gogoko duela hitz bukaeretako homofonia bikoteka edo hirukoteka burutzea, hitz jarioarekin jolasean balego bezala eta nolabaiteko jauzi fonikoak eginez. Ildo horretatik, ohargarri deritzogu prosaren mugimendu latza edo izan daitekeena azaltzen duten pasarte luzeetan Axularrek erakusten duen similikadentziaren premiari. Balirudike baliabide morfologiko- testualen faltaren aurrean, testuaren dinamikak beste zerbait eskatzen diola idazlearen senari. Horrelakoetan, bertsoen hoskidetasunaren oihartzuna datorkio irakurleari : Norc edirenen du ene baithan faltaric ?Norc erranen du nic badudala beccaturic ? Galdez nagotçue. Deus badaquiçue, erraçue. Cer dioçu, Iaungoicoa ? Cer hari çara ? Nolatan eguiten deraueçu galde hori ceure etsaiey ? Çutçaz gaizqui erraiteco occasino bilha dabiltçaney ? (448-449 or.) 116 Guztiarekin ere, garbi utzi nahi genuke fenomeno homofoniko honen garrant-zia Axularren idaztankeran, berau baita sistematikoena, hedatuena eta berariazko tonalitatea eta» kolorea » (erretorikoa barne) ematen diona.

117 Maiztasunean biziki apalago, hizkuntzak ez baitu horrenbeste aukera eskaint-zen, homoioteleuton irudiaren erabilpena ere ugaria da :» habea, iabea » (5 or.) eta « onhest, modest » (177 or.) moduko paronomasikoak,» laguntça, [...] esperantça, [...] segurantça » (484 or),» gar, [...] nigar » (501 or.), etab. Homofonia areagotze horretan, Axularren testuan ez da faltatuko homoioptoton eta homoioteleutonaren bilketarik ere :» ausartciaric eta escudantciaric » (16 or.),» itsutasun haren eta gogortasunaren » (105 or.), etab. 118 Similikadentzia hertsiaren sailetik aldenduz, zenbaitetan Axular homofonia bokaliko hutsak (asonantziak, alegia) erabiltzera makurtzen da. Agindu, aholku, mezu eta baiezpen kategorikoetan batik bat, autoreak homofonia desberdinen beharra sentitzen bide du. Esan liteke hori egiten ez duen garrantzizko testu-segmenturik ez daukala. Eta, agerian denez, mota guztietako baliabideak uztartuko ditu esaldia orekatzeko eta, aldi berean,» efektista » bihurtzeko. Ildo horretatik, maizkara nabarmenki premiazkoa du egileak, paralelismoaz eta isosilabismoaz gainera, aliterazioa eta bestelako homofoniak baliatzea (gureak dira letrakera ez-arrunt guztiak) : Ordea norc erranen du zenbat balio duen orai hunec ? Iraute, iraupe, eta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 105

bitarte ttipi, aphur, labur hunec ? (156 or.) 119 Ikusten denez, lortzen den efektu erritmiko-musikala ez da kasualitatearen fruitua ; prosa arras « kontrolatua » da Axularren lumatik sortzen dena. Ondoko adibideak ere ezin argiago uzten du urdazubiarraren jokamoldea. Nabarmena da anaforez, hitz errepikapenaz eta isobokalismoaz baliatuz, eta perpaus barneko hitzen arteko distantziak (fonetikoak, batik bat) ahalik eta hurbilen mantenduz, egin daitekeen musika jolasa (gureak dira letrakera ez-arrunt guztiak) : Badu itsasoak bere chedea,bere marra, bere mugarria eta zedarri jakina, zein baitakosta eta kostako sablea, Harea Eta legarra (113 or.) 120 Azkenik, aipatu adibide hauek beste puntu bat mahairatzeko aitzakia ere eskaintzen dute. Izan ere, Axularren prosa lan honetan, teorian bertsoei -neurke-ra erakusten dutenei, jakina- legokiekeen hoskidetasun 16 moduko eredurik ere atzeman uste daiteke zenbait pasartetan. Berriro ere bertso edo poesiaren esparrutik zipriztindutako aztarnez eta ereduz ari gara.

121 Printzipioz fenomeno hau similikadentzia irudien barnean sartzeak arazorik ekarriko ez balu ere, zinez pentsa liteke beste zerbait gehiago dagoela horrelakoen azpian. Edo beste modu batez planteaturik, galdera da ea Axularrek ez ote zituen pasarte horiek gogoan zeuzkan neurri eta musika eredu konkretuen arabera moldatu eta egokitu, kadentzia erritmiko jakin batzuen arabera eratu hain zuzen. Azken buruan, nolabaiteko bertso ereduari jarraitzen dioten sekuentzien bukaeretako fenomeno homofonikoen aurrean geundeke. 122 Balirudike Axularrek nagusiki -baina ez esklusiboki- ahozkotasunaren munduko erreferentzia paremiko-poetikoen esparrukoak bide diren ereduak baliatzen dituela hainbat pasartetan, normalean formula sistemari atxikirik eta mezua tinko, labur eta « neurtu-errimatua »17 aurkeztuz : Permititcen du Iaincoac, 5 + 3 munduan diren probeac, 5 + 3 hey ongui eguinez, salba ditezin aberatsac (225) 5 + 3 123 Horrelakoetan zail da atsotitz eta esaera zaharren esparrua ahaztea, etengabe agertzen baitira mundu horretako oihartzunak : Accabatcen çaica bicia, ez ordea beccatu eguiteco gogoa eta nahia (611 or.) Daguigun ongui, eta ezteçagula beha nori (224 or.) 124 Eslogan modernoetan bezala, hauetan ere etengabe erabiltzen da nolabaiteko hoskidetasunaren eta kadentzia erritmikoen paralelismo errepikakorra.

125 Bestalde, ezin ahaz liteke aliterazioa bezalako irudien presentzia afektu eta efektu- sortzailea Axularrek erabili edergarri fonologikoen artean. Ezaguna denez, aliterazio

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 106

hitzaren egungo erabilpenak nasaiki gainditzen du erretorika klasikoaren kategorizazio hertsia (Lázaro Carreter 1990, 232-hk). Halere, esan beharrekoa da irudi hori elkarren ondoko hitzen hasierako kontsonantearen edo silaben errepikapenera mugatzen zela zioen kontzepzioa bera lasaitasunez hartua izan ohi zela idazte orduko praktika konkretuan, aliterazioa eskuarki kategoriza-zio bezala baino gehiago baliabide gisa hartzen baitzen idazleen artean. Horrela, testuan isuritako mezuaren izaerarekin estuki lotuta agertzen zen baliabide hau, efektu afektibo-psikologikoak lortzeko asmoarekin hain zuzen. 126 Ildo horretatik, eta kasuistikaren barnean, nabarmentzekoa da urdazubiarrak kontsonante dardarkariaz egiten duen erabilera» izugarria », isladatu baino gehia- go» rr »-aren aliterazioak areagotu egiten baitu egoeraren dramatismoa. Jakina, ez dira gutxiestekoenak infernuaren ingurukoak : Lurrean barrena, gure azpian, lurrac duen leccuric beherenean, centruaren aldean, lurraren hondarrean [...] (580 or.). 127 Axularren planteamendu elokutiboaren ezaugarri garrantzitsuenekin bukatze-ko, pare bat hitz baino ez Axularren pasarte zenbaitetan usnatzen den beste feno-meno (edergarri ?) batez.

128 Testura hurbiltzen den irakurleari behin baino gehiagotan irudi dakioke lerro dexente Axularri belarrian zerabilkion konpas edo musika akonpasatu antzeko batez burutuak daudela, zenbaitetan perpaus neurtuen inpresioa ematen baitu Axularren prosak. Eta ez gara homosilabismo estu-estuaz mintzatzen ari -aski garbi utzia baitzuen erretorika eklesiastikoak silaba-kontaketaren haurkeria 18-, ohiturak eta beste hainbat faktorek sortutako neurkera mekanismoaz baizik, nolabaiteko silaba-berdintasuna edo ahalbidetzen zuenaz hain zuzen. 129 Baina horretan ba bide zuen eraginik garaiko literatura idatziak ere. Bestelako literaturarik ez egotean (debekatua, arbuiatua edota gutxietsia) eta arrakastatsuki hadatzen ari zen gehienak parametro zehatzeko ezaugarriei erantzuten zienez, pentsatzekoa da kontrarreformako euskal botere faktikoen indarrak funtsezko lana egin zuela eta kultur eredu konkretu hauek ezartzean, irakurle eta idazleen kontzientzia-ezpain-idazlumetan ezartzea lortu zuela. 130 Oraindik ahozkotasunean murgilduta jarraitzen zuen gizartearen erreferent-zietan bilatu beharko genituzke, hortaz, prosaren erritmo beharra azaltzeko beste elementuak. Ildo horretatik, Etxepareren, Ziburuko Etxeberriren eta garai hartako ahozko poesiaren ezaugarria den neurkera ereduaren oihartzun nabarmena du Axularren prosak ere. Baina» neurkera » hitza bortitzegia denez gero prosaren esparruko erritmoa definitzeko, erretorikaren esparruko» musika proportzioa » adiera19 erabil genezake oihartzun eta zentzazio proportzionatu hori adierazteko. 131 Oro har, oinarrizko» neurri unitate » edo proportzio horiek lau silabako hitzen edo hitz multzoen inguruan sortuko lirateke. Horrela, Axularren liburuaren izen-buru ondoko lerro deskribatzaileetan beretan neurkera moduko horren oihartzu-na aurki daiteke : « Bi par-te-tan/par-ti-tu-a/(eta) be-re-zi-a », « [...] e-mai-ten da/a-di-tze-ra/zen-bat kal-te [...] », etab. 132 Pasarte landuenetako ereduak ere eredu horren arabera moldatuko dira sarri askotan, betiere aipatu unitate horiek nagusi izango direlarik. Etxauzi egindako laudorioen atalean, guztien laburbiltze prosopopeiko erritmikoa (anaforikoa eta neurtua) aurkeztean, nabarmena da eredua :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 107

Be-rac di-ra/be-re bu-ruz/as-co go-ra/min-tço : be-rac di-ra/be-re bai-than/as-co clar/e-ta o-cen. Utz di-tça-dan/be-raz nic hec,/ hu-tsic/ez-ta-gui-dan (9 or.) Berdintsu esan liteke « Irakurtzaileari » izeneko gutunaren hasierako lehenengo lerroei buruz (15 or.), lau silabakoak baitira oinarrizko erritmoan agertzen diren unitateak : « E-gun ba-tez,/ kon-pa-iñi-a/on ba-te-an,/ eus-cal-du-nic/bai-cen e- tcen/leccuan/nen-go-e-la [...]», « e-gu-ne-tic/e-gu-ne-ra,/bi-ha-rre-tic/bi-ha-rre- ra/lu-ça-tce-ac », etab. 133 Halaber, eta silaba kopuruari dagokionez, aipagarriak dira garaiko poesia edo bertsoen arloko « neurkerak » (4+4+4+3 egiturakoak). Erraz asko identifika litez-ke, esaterako, horrelako testu segmentuak -gehiago ala gutxiago bortxatuz-, eta egingo genuke erosotasun handiz tarteka litezkeela Etxepareren eta Ziburuko Etxeberriren pasarteen artean, hala nola « e-tçu-e-la,/deu-sec e-re/han-bat cal-te/e-gui-ten » (15 or.) testu- segmentua edota infernuaren deskribapenean agertzen den « be-hin e-re/hotz-ten e- ta/i-raun-gui-tcen/ez-te-na » (580 or.) bezalakoak.

134 Hauek dira, bada, prosa berezia lortzeko Axularrek erabiltzen dituen baliabi-de eta edergarri erretoriko garrantzitsuenak. Ugariak, aberatsak eta desberdinak, zalantzarik gabe. Baina guztiarekin ere, ez da ahazru behar elementu horien guz-tien erabilera, uztartze eta ehuntzetik sortzen diren tonalitatea, erritmoa eta esti-loa direla azken buruan Axularren prosa zaporetsu, original eta baliagarri egiten dutenak.

BIBLIOGRAPHIE

Axular, Guero. Bi partetan partitua eta berecia..., Bordele, 1643 (faksimila : Bilbo, Euskaltzaindia, 1988).

Cerdan, Francis, 1988, « El sermón barroco : un caso de literatura oral », Edad de Oro,VII, 59-68.

Ciceron, Obras completas,I eta II, (itzulp : M. Menéndez Pelayo, Madrid, Suc. de Hernando, 1913 eta 1914).

Dijk, T. A. van, 1983, La ciencia del texto. Un enfoque interdisciplinario, Barcelona, Paidós.

Garcia de Enterria, Ma Cruz, 1993, « Lectura y rasgos de un público », Edad de OroXII, 119-130.

Granada, Luis de, Retórica Eclesiástica o de la manera de predicar, in Obras del V.P.M. Fray Luis de Granada,III, Madrid, Imprenta de la Publicidad (BAEXI), 1945, 488-642 or.

Kayser, W., 1992, Interpretación y análisis de la obra literaria, Madrid, Gredos, 4. ed.

Larramendi, M., Diccionario trilingüe, 1745, San Sebastian.

Lázaro Carreter, F., 1990, De Poética y Poéticas, Madrid, Cátedra.

Materre, E., Dotrina Christiana, Bordele, J. Millanges, 1623.

Mayoral, J. A., 1994, Figuras retóricas, Madrid, Síntesis.

Menéndez Pidal, R., 1947, « El lenguaje del siglo XVI », La lengua de Cristóbal Colon, Buenos Aires, Espasa Calpe.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 108

Mortara Garavelli, B., 1991, Manual de retórica, Madrid, Ed. Cátedra.

Terrones del Caño, Fco., Instrucción de Predicadores, Granada, 1617, [1960, Madrid, Espasa-Calpe].

Villasante, Luis, 1972, Axular : Mendea, Gizona, Liburua, Ed. Franciscana Aranzazu, Oñati.

NOTES

1. Berbaldiaren eduki argumentalaren banaketa perpaus gramatikalen esparrua gainditu dezaketen unitateen arabera burutzen da erretorika klasikoan. Unitate horiek periodo izena hartu ohi dute eta bi une-tan garatzen dira : protasian (tentsioaren sorrera) eta apodosian (pentsamenduaren ixtea, perpausaren lasaitasuna eta osotasuna zekarrena hain zuzen). Ideia nagusia lehen zatian gertatuz gero, periodoa beheranzkoa izaten zen ; alderantziz, hau da, ideia tentsio-sortzailea bukaeran egonik, periodoa goranzkoa izan ohi zen. Egitura mota hauek luzera ezberdinetakoak izan ohi dira eta osagarriak, gogoratu beharrik ez dago, ohikoak diren pentsamendu-elementu txikiago batzuekin konformatzen dira (kolon eta komma). Periodoaren elementu erritmikoa, hura armonikoki bukatzeko prestatzen zena alegia, kadentzia izenekoaren bidez burutzen zen. Erretorika klasikoan bizpahiru oinetako sekuentzia ohi zen amaiera hori. Alabaina, kadent-ziak bilakaera berezia izan zuen historikoki. Oradore greziar eta erromatarren kadentzia mota silaben luze-laburtasunaren bidez egiten bazen ere, kantitatearen ezaugarria galdu ahala, erritmoak ere azentuaren neurria hartzen hasi zen eta kadentzia kuantitatiboak, ondorioz, kadentzia toniko bilakatu ziren, harrezkero zeharo hedatuko zen cursus erritmikoaren kontzeptua zabalduko zelarik. 2. « Sólo podremos hablar de estructuras epeciales [...] cuando se da una cierta regularidad convencionalmente determinada y, por lo tanto, no casual » (Dijk 1983, 130). 3. Eredua garbiago ikus dadin, jatorrizko testuan ez bezala emango dugu puntuaketa mota. 4. « ceren hec açala eta lorea beçala baitira » (20 or.), « uraren pare gara » (61 or.), « deabruaren paretsu eguiten da » (98 or.) modukoak. 5. « Son soluciones óptimas -sólo « a posteriori » aceptadas dogmáticamente- para determinadas empre-sas oratorias, y siempre pueden surgir de nuevo con espontaneidad, sin imitación consciente » (Kayser 1992, 348). 6. Nahi izan balu ere, euskararen ezaugarriak medio, Axularrek ezin aplika zezakeen modu zuzenean latinezko testuetan (bokale luze-laburren sistemagatik) antzematen zen kadentzia eta inguruko erdaretan azentuagatik egin ohi zen cursus -a. Izan ere, euskararen bokaleen kantitate- batasunak (ez dago luze-labur-rik bereizterik) eta hitzen azentu trinko ezak ezinbestean bultzatu zuten idazlea, izandako prestakuntza erretorikoaz baliatu nahi duen idazlea beste bide batzuk bilatzera, urratzera eta, konpentsazioaren legeaga-tik, ordurarteakoak ere beste modu batez planteatzera. Ildo horretatik, badirudi Axular izan zela bide horiek espreski eta kontzienteki aztertu zituen lehen idazlea, idazle ezaguna behinik behin. 7. Inoiz gerta daiteke elementu kuantitatiboa gradazio logiko edota denborazkoarekin bat ez etortzea (zahartzaroa gaztaroaren ondotik dator, esaterako). Horrelakoetan, gogoratu beharrik ez dago, halabehar-rez erabakitzen du Axularrek elementu logikoaren alde. 8. Zizeronen jokamoldea jarri ohi zen eredu gisa : « ...para que tambien la acentuacion y el ritmo contribuyan a realzar el tono armonico del pensamiento vertido en la sintaxis, Cicerón se vale de elementos métricos que concluyan y cierren el final de la cláusula. Así evitará ordinariamente terminar sus frases con palabras muy largas o demasiado cortas. Sus preferencias se inclinan por las palabras de tres o cuatro silabas » (Terrones del Caño, Instrucción, 240) 9. Gaur egun irudi isotaktikoen artean kokatzen den arren, terminologia arazoak ahalik gehien ekidin ahal izateko, paralelismoa ondoko definizio honen arabera erabiliko da hemen : « es la colocación de sonidos, de palabras, de formas gramaticales, de estructuras sintacticas, de

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 109

cadencias rítmicas : de los com-ponentes, en suma, de todos los niveles de la organización del discurso » (Mortara Garavelli 1991, 233). Funtzionalki, paralelismoaren erabilerak mezuaren intentsifikazioa lortzea bilatzen badu ere, ikuspuntu estilistikotik parametro erritmiko bereziz tindatzen du prosa. 10. « Las estructuras retóricas se basan [...] en estructuras gramaticales, por lo que resulta apropiado basar su sistemática en los diferentes niveles habituales como la fonología, la morfología, el léxico, la sin-taxis y la semántica » (Dijk 1983, 128). 11. « hotça, motça » (606 or.), « icena [...], içana » (7 or.), « othoi, orhoit » (20 or.), « erran- merranak » (312 or.,...), « zintki eta fintki » (460 or.,...), « gor eta sor » (555 or.), « irautez eta iraupez » (608 or.), « onhest, modest » (177 or.), etab. 12. Esparru honetan Axularri inoiz xede transdialektalik ikusi bazaio ere - « badakit [...] ezin heda naitekeiela euskarako mintzatze molde guztietara » delakoan oinarrituz- haren praktika erretorikoak garbi asko erakusten du gakoa ez datzala horretan. Izan ere, euskalki aniztasunaz ohartuta egoteak ez zekarren berez eta ezinbestez, ondorio gisa, ahalik gehienen irakurketarako baliagarri izan zitekeen hizkuntz planteamendu oro-hartzailerik, nahiz eta arlo horretan ere lagun zezakeen. 13. « Urliac eta sandiac » (312 or.), « fermo eta fintco » (455 or.), « argui [...] eta clar » (568 or.), « sainduqui eta prestuqui » (477-478 or.), « justuqui eta çucentqui » (608 or.), « sendoric eta salboric » (560 or.), etab. Gehien errepikatzen diren fosilizatu horietakoen artean, « atseguinac eta placerac » bikotea legoke, hogei bat aldiz agertzen baita. Era berean, « pena eta atsecabe », « calte eta atsecabe », « falta [...], hobena » bezalakoak etengabe azaltzen direla esan daiteke. Adierazgarria da, ildo horretatik, honako hau : « damu eta atsecabe, pena eta dolore, min eta oiñhace » (589 or.). 14. Kontraste aipagarrienak antonimo klasikoen bidez datoz : gaiztoak-onak, infernua-zerua, bertutea-bekatua, eder-itsusi, triste-alegera, pobre-aberats, etab. 15. Egitura kiasmikoa ere loturik doa testuan nabarmentzen den planteamendu antitetikoarekin, izatez testu segmentuen ispilu eraketa erakutsi ohi baitu irudi honek : « Çahar gaixtoac, çahartuagatic, badu gogoa, indarra caica falta » (93 or.) 16. Honela uler liteke hoskidetasuna : « [...] regulación estricta en el discurso en verso de los fenómenos de Similicadencia(Homeotéleuton y Homeoptoton), cuya realización queda restringida a unos lugares precisos de las secuencias versales : las correspondientes a la o las silabas finales de verso o hemis-tiquio » (Mayoral 1994, 68). 17. Jakina, horrelakoetan neurkeraz baino gehiago pautaz mintzatu beharko genuke, « erregulartasuna » autoreak berbaldiarekiko duen izpiriru edo zentzu musikalak bideratuko bailuke hein handi batean, eta ez silaba kopuru zehatzak. 18. « [...] no se ha de hacer con la enumeracion de las silabas, que sería cosa pueril, sino con el uso y el ejercicio que facilitan, que por cierto sentimiento y gusto del entendimiento, percibido por el oído, se haga un miembro igual al antecedente » (Granada, Retórica, 596b). 19. « [...] se procura que todas las palabras [...] estén distribuidas con cierta proporcion musical » (Terrones del Caño, Instrucción, 245).

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 110

INDEX

Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), dialectologie, littérature basque, écrivain classique Thèmes : linguistique, philologie

AUTEUR

PATXI SALABERRI MUÑOA

UPV/EHU [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 111

Axular euskal hitzen ordenaren historian Axular et l'étude diachronique de l'ordre des mots dans la phrase basque

Victor Hidalgo Eizagirre

NOTE DE L'AUTEUR

Lan hau burutu ahal izan da, besteak beste, Eusko Jaurlaritzaren laguntzari esker, Hezkuntza, Unibertsitate eta Ikerketa Sailak, 1998-99 ikasturterako ikertzaileak prestatzeko zabaldutako programako beka baten bidez.

Villasante / Mitxelena, 1952-3

1 1951n izendatzen dute Aita Villasante euskaltzain, aurreko urtean zendua zen Julio Urkijoren ordez. 1952rako prestatzen du bere sarrera hitzaldia Euskaltzaindian, eta izenburu esanguratsua ematen dio : « Literatur-euskara. Laphurrtarr klassikoaren gain eratua ». Halako izenburu bete baten ondotik espe-ro zitekeen bezala, bertan lapurtera klasikoaren berreskurapena proposatzen da maila jasoko euskararen erabilpenetarako, gerora ere, esateko, Krutwigek eta Jakintza Baitha-k urte luzez defendatu eta erabiliko dituzten bideen antzekoeta-tik. Hala ere, Villasanterentzat, Axular zen eredu nagusia (gerora urte askoan bere lanetan setati erakutsiko duen bezala), beste lapurtar klasikoak ere gutxietsi gabe, eta oso bereziki Etxeberri Sarakoa. Halaz guztiz, eredu hauei, Villasante berak ere, ez die garaian erabat imitagarri iritziko, sintaxi / joskera kontuetan. Ez, hauek egiten duten partikula anaforikoen edo hainbat juntagailuren erabilera erdal zalean (generikoki zeinismoa deituko den hartan) ; eta ez, guri orain gehiago dagokigun kontuan, haien esaldi barreneko hitzen ordenamenduaren atalean. Eta hala proposatuko du orduan Villasantek, ausart, bere esaldietako aditzak ezin gehiagoan atzeratzen dituen bitartean, berak bertan defendatu nahi duen kanona-ri jarraiki (1952, 286) :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 112

Agian, eredutzat hautatu diren idazleen liburuak, berriz argitaratzekoan, syntaxis aldetik zuzenduak atheratzeko asmoa elitzateke okherra. Hunelako liburuetan eskuak ibentzea arriskuz betheriko egitekoan sartzea dela ba dakit. Baina euskara zuzen eta kanonikoaren ithurri eta maisu izaiteko egiten diren edizinoetan horrenbertze haizu litekela dirudi. 2 Egin beharreko zuzenketen eredua, izango dira, jakina, Altubek 1920-30 ingu-ruan eginiko joskera istudi zorrotzak -Villasanteren hitzetan-.

3 Beharrik, Mitxelenak erantzungo dio publikoki Villasanteren proposamen horri hurrengo urtean, eta aipatu Villasanteren hitz berorien iruzkina eginez gal-detu eta erantzungo du (1953, 460) : 4 Zer esan ? Itz bat dator biotz-barrendik : Absit !

5 Utikan ! Mitxelena 1952an aukeratzen dute euskaltzain aurreko urtean hildako Azkueren ordezko. Eta bere sarrera hitzaldi ofiziala 1961era arte egingo ez duen arren, 1953an egiten du Euskaltzaindian bertan Arnaut Oihenart-i buruzko hitz jarduna. Honen amaieran, ordea, gaiarekin zerikusi handirik gabe, baina barrena-ri eutsi ezinda edo, eta Villasanteren sarrera hitzaldiko « Axulartar » haiei egingo die erantzuna joskera kontu horien inguruan. Eta hala egingo ditu Mitxelenak, aipatu Absit !-Utikan !-aren ondotik, nik ezagutu dizkiodan hitz gogorrenak, baina eta era berean justuenak ere bai seguru asko, Altuberen lege horien kontra. Eta hala dio (1953, 460) : Labur esateko, Altube jaunak finkatutako legeak, euskerak gorde bear lituzkeanak izango dira agian, baiña ez euskerak gorde edo gordetzen dituenak. 6 Mitxelenak argi iradokiko die halako Axulartarrei (1953, 460) : Ba-dirudi, beraz, gure literatura klasikoari segi nai diotenek erabat segi bear lioke- tela. 7 Hau da, joskera kontuetan ere bai.

8 Gerora, kontu interesgarri, eta jakin beharreko ugari konta liteke Villasante / Mitxelena, jada aurrerantzean tandem anti-altubetar bihurtuko den honen inguruan, 1 hurrengo 35 urteetan joskeraren harian. Ikusi besterik ez, Villasantek urte horietan guztietan joskera kontuei eskainiko dizkien liburu eta artikulu pilak, denak ondo kontuan hargarriak, eta beti Mitxelenaren nolabaiteko itzalpean buru-tuak. Gure gaurko gaia, ordea, Axular da, eta harengana itzuliko gara.

Lekuona, 1954

9 Manuel Lekuonak prestatuko du 1954rako Gero-ren 4. argitalpena, Euskaltzaindiak berak bultzatua, eta Lekuonak bere hitzaurrean ez dio muzin egingo aurreko urte bietako Villasante-Mitxelena eztabaidari. Manuel Lekuona bera, Azkueren ikasle da hitz ordenaren kontuetan bere Gasteizko apaizgaitegiko urteetatik, eta jada 1918an ematen du argitara berak ere, h.d. Altubek berak baino urtebete lehenago, « galdegaiaren legea », lehenago Azkuek berak 1894an, Luis Elizaldek 1911n, edota jada modu zabalagoan Paulo Zamarripak 1918an egin modu beretsuan. Lekuona, beraz, Altube bera baino lehenago izango da altubetar, bere Gasteizko ikaskide izan zen J.M. Barandiaran izango den modu beretsuan. Lekuonak, nolanahi, bere argitalpenean ez du ukituko, ez du aldatuko, Axularren sintaxirik. Nahiz, liburuari eginiko Aitzin-solas-ean, errepasoa bai egingo dion Axularren joskera « erdal zaleari » garaiko aireen bahetik, eta AKATS izenburu-pean izendatu eta tratatuko ditu Villasantek Axularri atxikitzen zizkion ezaugarri ez-imitagarri haiek berak : anaforiko eta juntagailuen erabilera

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 113

latinizantea, nola haren hitzen ordenamendua, finean, Axularrek ez duelako aditza behar beste atzeratzen esaldian garaiko gusturako.

10 Lekuonak, nolanahi, Axularren estiloa oro har goraipatu ondoren, honen meri-tutzat jasoko du estiloaren laburra, eta hain zuzen, balizko laburtasun honi atxi-ki nahiko dio guztiek Axularren idazkerari aitortzen dioten argitasuna (1954, XXI) : Argi oni, leuntasun oni, berdintasun oni -ori bai- asko laguntzen dio laburtasunak. Esakun laburra. Estilo laburra. Eta, izan ere, Axular eztegu bat-ere parrafo-zale. 11 Lekuonak, ordea, nahita edo nahigabe nahastu egiten ditu halako usteetan, batetik bere preskripzio propioak liratekeenak, eta bestetik, Axularren ezaugar-riak, zerikusi handirik ez dutenak halako idazkera motz nahikoekin. Zeren, Axularrez zer edo zer esaterik ez badago, horixe da, gure ustez, hain zuzen : labur zalea denik. Zeren, Axular, guztien gainetik, oparoa da ; esaldi luzea idazten du inondik ere. Eta hala sartuko gara Axularren lehen ezaugarri batzuekin.

12 Guk 1994an hitzen ordenaren inguruan eginiko estatistiketan (Hidalgo, 1994a), konpara genezake Axular, batetik, beste ipar zein hegoaldeko zenbait idazlerekin (J.A. Mogel ; J.B. Agirre ; Duvoisin ; eta J. Etxepare) ; eta bestetik, baita ere, batez ere ahozko hizkera kontutan hartzen duen corpus zabalago batekin. 2Eta hala esan genezake, nola, gure corpus orokor honetan esaldi nagusi luzeak (h.d., 5 edo konplementu gehiagokoak, gure orduko azterketa eskeman), batez beste, guztien %51,0a diren. Axularrenak, berriz, %68,5a. Eta aztertu bost idazle klasikoena, batez beste, %58,2a (Mogelek, %49,7 ; Agirrek, %68,4 ; Duvoisinek %40,6 ; eta Etxeparek, %66,0), Axular delarik guztietan oparoena, Agirre eta Etxeparerekin batera. 13 Esaldi nagusi luzeen proportzioak (5 edo konplementu gehiagokoak) :

14 1994an beste irizpide bat ere erabili genuen testuen trinkotasuna juzkatzeko : esaldi nagusi eta mendekoen arteko proportzioak. Mendeko esaldi hauek hiru sai-letan banatzen genituelarik : 1. Aditz jokatu bidezko mendeko esaldiak ; 2. Aditz jokatugabe bidezkoak ; eta 3. Erlatiboak. Axularrek erakusten ditu, era berean, mendeko esaldien

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 114

proportzio altuenak, Etxeparerekin batera : ehun esaldi nagusi-ko 242,9 mendeko (%242,9). Etxeparek %246,4. Corpuseko batez bestekoa, ez da zifra horien erdira ere iristen : %115,9. Idazle klasikoen batez bestekoa, berriz, %178,1 (Mogel, %174,4 ; Agirre, %145,7 ; Duvoisin, %118,7). Erlatiboen erabi-lerari begira ere, Axular oso nabarmena gertatzen da beste guztien aldean. Axularrek 60 erlatibo erakusten ditu ehun esaldi nagusiko (%60,0). Corpuseko batez bestekoa %24,6koa da, eta idazle klasikoen batez bestekoa, %37,6koa (Mogelek, %33,9 ; Agirrek, %39,6 ; Duvoisinek, %22,0 ; Etxeparek, %37,4). 15 Esaldi nagusi eta mendekoen arteko proportzioak :

16 Esaldi nagusi eta erlatiboen arteko proportzioak :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 115

17 Beraz, gaur eguneko moda ere baden arren, ez dirudi berez derrigorrezko denik labur idaztea argi idazteko. Ez baitio Axularri inork argitasunik ukatu, nahiz luze, eta sintaktikoki korapilotsu, idatzi. Beste zerbaiten baitan da argitasu-na. Nolanahi, adierazgarria da jakitea, nola, gure corpusean badiren gaur egungo ahozko zenbait testigantza, Axularrena bera bezain hizkera aberatsa darabiltenak. Baita ere aberatsagoak, zenbait klasikoren idatzian bederen (hala nola, esateko, corpus nagusi horretaz kanpo aztertu dugun Mendibururen itzulpenetakoa : %73,4 esaldi nagusi 5 edo konplementu gehiagokoak ; %263,8 mendeko esaldi ehun nagusiko ; %94,4 erlatibo ehun nagusiko). Gaur eguneko prosa estandarreko datuak, ordea, ez dira iristen Axularren mailara (%63,5 esaldi nagusi 5 edo kon-plementu gehiagokoak ; %153,5 mendeko esaldi ehun nagusiko ; %35,2 erlatibo ehun nagusiko).

Euskal Esnalea, 1909

18 1909ko urtean Patrizio Antonio Orkaiztegi Tolosako artzapez Santa Kruz zaleak sustatuko duen Euskal Esnalea aldizkaria hasiko da argitaratzen Geroko gero-ren bertsio gipuzkeratu bat Intxausperen 1864koari jarraiki. Kapitulu gutxi batzuk baino ez dira argitaratuko, baina hauetan ez da jada errespetatuko Axularren joskerarik. Eta halaxe gaztigatzen du Orkaiztegik irakurlea aurkezpen beretik(1909, 115) : Apaiz bat, Ateaga-r J.A. jauna, izango da gure elera Axular-en lan ederra itzuliko duana, itz -joskera egiñalean obetubaz. 19 Orkaiztegik argitaratua du jada ordurako, 1906an, bere Observaciones para hablar y escribir tolerablemente en nuestro idioma euskaro liburua, aurrerantzean, Azkuek jada lehenago ondo piztutako zeinismoaren kontrako bandera-ikur bihurtuko dena (ik. Azkue, 1891). Aurretik, 1903an, Orkaiztegi sarri da jarduna hitzen joskeraz Azkueren Ibaizabal aldizkarian. Axularri eginiko zuzenketek, berriro, aipatzen gatozen bi alorrak ukituko dituzte : batetik, zeharo desagertuko da bertatik zeinismo kutsuko partikula oro ; bestetik, aditzak atzeratuko dira esaldian.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 116

Añibarro, Lardizabal, Kanpion

20 Nolanahi, eta aipatutakoak aipatuta, hainbat harritzeko gertatuko bada ere, ehun urte lehenago, Axularrek, hain justu, zeharo bestelako fama du gure hegoal-dean. Hain zuzen, aditz atzera zalearena. Hala dio, esateko, Añibarrok, 1820 ingurukoak izan litezkeen hitzetan, bere Gramatikako sarreran (1800a, 14) : ... De paso advierto que assi Axular, como el P. Cardaveraz ponen el verbo al ulti-mo de la oracion, a no venir con relativo, y sera bien que se haga assi, pues sale mas natural. No tuve este methodo presente en dos libritos que di a luz EscuLibrua, y Lorategui espirituala. Esta misma falta me dijo que cometio el inmortal Don Juan Antonio de Moguel, ... 21 Eta ohar honen inguruan badira aipatzeko gauzak. Ezen, batetik, ohar hau idazten duenerako, Añibarrok itzulia du jadaneko Axular bizkaierara (berak aitortzen du hala bertan), eta nahiko bitxia da, nola Añibarrok, besterik gabe nahasten dituen bertan Axular eta Kardaberazen izenak, zuhur jokatuz, soilik azken honi erants dakiokeen ezaugarri baten inguruan. Bi autoreak beharbada dira alderagarriak, esateko, beren esaldien luzeratan ; baina gehiegitxo dirudi bes-terik gabe hitz egitea Axularren aditz posposizioaz, Mitxelenaren Axulartar haiek ongi konturatu bezala.

22 Garrantzia du, ordea, konturatzeak, nola, jada XVIII. mendetik, garaiko airean dabilen kontu bat den euskal aditzaren balizko posposizioarena. Añibarrok Mogel aipatzen du falta beraren egile eta aitorle, nahiz honek, hain zuzen, Kardaberazen 1762ko bizkaierazko dotrina argitaratzen duen 1783an, eta hain juxtu, zuzendua, aurreratuaz esaldian, Kardaberazek bertan erabat artifizialki atzeratutako aditz haiek berak. Badakigu Kardaberazek 1760a baino lehentxeago aldarrikatzen duela euskal aditz posposizioaren ezaugarri hori, azkenean Larramendiri iritsiko zaion eskutitz batean. Beharbada, Larramendik berak zion jada aireratua halako ezaugarri bat Kardaberazi, biak Loiolako etxean eginiko urte luzeetan, eta ez da azken honen asmaketa hutsa. Bartolome Olaetxea bizkaitarra ere, dudarik gabe da uste horren jabe, bere Dotrina Cristianea-ren bigarren argitalpen aditz atzera zalea prestatzen duenerako, 1763 (1. arg.) eta 1775 bitartean (2. arg.). Gerrikok ere halako susmo baten pean idatziko ditu bere Platikak 1805erako. Eta hala ere, iparraldeko gramatika batean ageriko da, lehen aldiz inprimaturik aipatua, euskal aditz posposizioaren balizko ezaugarria. Hala egingo du J.B. Arxuk bere Uskara eta Frantzes Gramatika-n, 1853an (beharbada, 1852ko argitalpenean ere bai) ; eta errepikatuko du 1868ko Bi mihiren gramatika-n (1853, 47, nondik jasotzen dugun aipua ; 1868,43-4) : Ez ahantz beraz Franzes hitzkunzan, Pronom eta Verbe deitzen diren hitzac yarten direla ordenariozki beste hitzen aitzinean ; Uskaraz aldiz yarten dira beste hitzen ondo-tic, nola : Berrogoi-ta-sei dira : Ils sont quarante-six. Zazpi alhaba ditu : Il a sept filles. Etche bat nuen : J'avais une maison. 23 Hegoaldean, balizko aditz posposizioaren lehen aipamen inprimatua hiruzpa-lau urte beranduago egingo du Lardizabalek 1856an argitaraturiko gramatikan De la sintaxis ò construcción del Vascuence izeneko Bigarren Parte osoaren amaie-rako, kapitulu ondo labur batean (1856, 81) : CAPITULO X / Colocacion de las partes de la oracion. / ... / 1. En esta operacion han sido varios los escritores vascongados, sin que se hayan sugetado a un metodo uni- forme, como que la indole del idioma presta esta libertad : sin embargo, para que la ora-cion salga airosa y elegante, sera muy conveniente, que el verbo se coloque al

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 117

fin de la oracion, siempre que no viniere con relativo, pues en este caso, se ha de colocar segun este lo exija. Este metodo de fijar el verbo al fin de la oracion solos Ajular, llamado Ciceron vascongado, en su Gueroco guero, y el P. Cardaveraz en sus varias obras prac-ticaron constantemente ; asi es que sus escritos, y cualquiera otro confeccionado en esta forma, se hacen muy dociles a la memoria. El agente puede colocarse en primer lugar, el paciente en segundo, y el adverbio antes del verbo : v.g. Jaungoicoac guizona mun-duaren asieran eguin zuen, Dios crio al hombre al principio del mundo. Pero advierto, que cuanto digo en este capitulo relativo a la colocacion no es esencial e indispensable para una buena sintasis. 24 Kurios asko, Lardizabalen hitzak, Axular aipatuz, ez dira Añibarrorenen kopia hutsa baino. Ez dakigu nondik egina. Lardizabalen joskera libertatearen aipame-nak, berriz, iparraldeko halako tradizio baten oihartzun izan litezke, Martin Harrietek, bere 1742ko gramatikan, euskararen ordenamendu libertatearen lehen aldarrikapena egiten duenetik frantsesaren aldean. Gerora, finean, errepikatu baino egingo ez dutena Léclusek 1826an, Darrigolek 1827an, Xahok 1836an, Intxauspek 1856an eta 1858an, C.A.F. Mahn-ek eta Francisque-Michel-ek 1857an, Charenceyko Konteak 1862an, Dartayet-ek 1867 eta 1876an, Gèze-k 1873an, Luchairek 1879an, eta azkenik, Ithurrik 1894an. Hegoaldean, ordena-mendu libertate horren oihartzunak iritsiko dira Kanpionenganaino ere Darrigol, Lardizabal eta Intxausperen eskutik. Eta are Azkue berarengana ere inoizka, itsa-soko haizeak eman bezala (ik. Azkue, 1896 ; 1928 ; 1949).

25 Hurrengo urteetan, Gregorio Arrue itzultzaile giputza izango da aditz atzera zaletasunaren aitalehena. Ikusi besterik ez, honek bi Mogelei (Juan Jose eta Juan Antoniori) egindako gipuzkeratzeak besteak beste. Azkenik, Kanpionek jasoko du berriro, 1884rako gramatika erraldoian, euskal aditz posposizioaren balizko ezaugarria, Añibarro eta Lardizabalen oihartzun, bertan Axularren izena agerian aipatuko ez bada ere. Hala esango du (1884, 782) : Los buenos escritores y hablistas rematan la frase, por lo común, con el verbo principal de ella. 26 Hegoaldean, Kanpionez geroztik gertatuak hitzen ordenaren eremuan, Azkue eta Altuberen eskutik etorriko dira, gaurko estandarraren eredu bihurtu arte, eta ez ditugu orain hemen berriro haizatuko (ik. Hidalgo 1991 ; 1993 ; 1996).

27 ********************

28 Zer gertatzen da, ordea, Axularrekin ? Zer dugu Axular azkenik ? Aditz atzera zalea, Añibarrok eta Lardizabalek dioten legean ? Ala zabar axolagabe erromant-zatu bat baino ez, bere hitzen joskeran, XX. mendeko hegoaldeko tradiziorik inte-gristenak dioen ildoan ? Agian denetik pixkaren bat ? Ikusiko dugu.

Axular eta SAO / SOA ordena estatistikak

29 1969an argitaratu zituen De Rijk irakasleak lehen estatistikak euskarazko hit-zen ordenamenduaren inguruan, kontutan hartuaz esaldiko hiru elementu nagu-sien ordena erlatiboa (Aditza / Subjektua / Objektua - A / S / O), eta Greenberg irakasle estatu-batuarrak munduko 30 hizkuntzen azterketan (euskara barne) era-bilitako irizpideen ildotik.

30 De Rijkek aztertuko ditu, batetik, hegoaldean, XX. mende honen bigarren erdian, Nemesio Etxaniz azkoitiarrak, dudarik gabe, garaiko estilo Azkue-Altubetarrean idatzitako zenbait itzulpen (III. lagina) eta ere sortzezko testu (II. lagina). Bestetik, baita

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 118

ere, J.M. Barandiaranek, mendearen lehen laurdenaren inguruan, « bildu » eta argitaratutako zenbait kontakizun folkloriko (I. lagina), eta zeinetako gehienek diruditen Barandiaranek berak idatziak. Fidelak, seguru asko, mamian ; baina ez hainbeste forman ; eta are gutxiago, erakusten duten hitzen ordenamenduan. Honek, beste nonbait erakutsi dugun bezala (ik. Hidalgo 1995), gehiago dirudi propio Barandiaranena, Ataungo hiztunena baino. Barandiaranek « zuzen », « zuzentasunez » idatzia, berak ere seguru asko, Lekuonarekin batera, Gasteizko apaizgaitegian Azkueri ikasitako eredu « zuzen » haien ildotik, honek Euskalerriaren Yakintza-n bertan aitortzen duenaren itxuran. De Rijkek erabilita-ko corpusak ez zirudien, beraz, aproposegia, hain zuzen, hitzen ordena aztertze-ko, eta guk beste corpus zabalago eta fidagarriago baten aztertzeari ekin genion (ik. Hidalgo 1995). Hemen datuak, De Rijkenak, eta gureak :3 31 SOA / SAO : De Rijken emaitzak :

32 SAO/SOA : Gure datuak4567 :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 119

33 De Rijken emaitzek, estatistikoki ere, nagusiki SOA ordenako hizkuntza beza-la azaltzen dute euskara. Nolanahi, bere II. laginean ia parekatzen dira SAO eta SOA multzoak. Kurioski, II. lagin hau da Etxanizek zuzenean euskaraz sortutako antzerkietakoa. 34 Gure datuek, bestalde, inolako zalantzarik gabe ematen dute euskara SAO ordena nagusiko hizkuntza bezala, grafikoan erraz antzeman litekeen bezala. 35 Hala ere, badira aipatzea merezi lezaketen puntuak. Ezen, bitxiki, Axular eta Tartasenak dira testu orekatuenetakoak SAO / SOA ordenen artean. Batez beste-koa baino nahikoa orekatuagoak. Tartasen kasuan, beharbada, susmoa dugu, datu desberdinak emango ote lituzkeen bere bigarren liburuak (Arima penitentaren occupatione devotac), baina ez dugu azterketa zehatzik egin ahal izan. Duvoisinen datuek ere oso proportzio alrua ematen dute SOA esaldiena, nahiz SAOena ere biziki garaia den Axular edo Tartasen aldean. Eta horrek guztiak, aur-rerago ikusiko dugun beste zenbait emaitzekin batera, beharbada bultza gaitzake pentsatzera, hegoalde purista batean uste izan denaren kontrara, hain zuzen, gure iparraldeko idazle klasikoak izan direla hainbat aditz atzera zaleagoak, hegoalde-ko idazleak baino. Aurrerago helduko diogu berriro gaiari. 36 Gure datuetan, ageri dira beste autore edo corpus nahikoa orekatu batzuk ere (Mayi Ariztiaren Laburditar ipuinak, Urruzunoren Ipuinak, edo Zeberioko aho testigantzek), ordea, hirurek garamatzakete pentsatzera beren idazmoldean, modu batera edo bestera, eragin Azkue-Altubetarrak egon ote litezkeen, kasuan kasu zehatzago aztertu beharko liratekeen eraginak. 37 Berriro iparraldeari dagokionean, berriz, oso esanguratsuak gertatzen dira Webster eta Cerquand-en ipuin bildumetako datuak, biziki SAO zaleak, guk haue-kin eginen ez genukeelarik aurrekoekin bezainbeste zalantza transkribapen fidel-tasunen inguruan, nahiz egin, egin litezkeen, eta egia esan, egin diren.

Axularren aditz nagusiaren guneaz esaldian

38 Datu objektiboak dira hauek ere : Aditza esaldi hasieran, tartean edota amaie-ran ematen duten esaldi nagusien proportzioak. Datu guztiak gure 1994ko lan estatistikotik daude atereak (Hidalgo, 1994a). Axularrenak honen liburuko XXXI-XXXIV kapituluetakoak (denera 175 esaldi nagusi aditz jokatu bidez-koak). Emaitzak segidakoak :8

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 120

39 Aditzaren gunea esaldi nagusietan :

40 Beraz, nolerebait, bada egia, Axularrek nahikoa maiz ematen duela aditza esaldi amaieran (gaur eguneko prosa estandarrean bezain beste), eta aldiz, nahi-koa gutxi,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 121

beste zenbaiten aldean bederen, esaldi hasieran bertan (nahiz, hala ere, 5 bider gehiago, gaur eguneko prosa estandarrean baino). Duvoisinen aditz atze-ratzeak ere aipagarriak dira beste idazleen aldean. Etxepareren tarteko aditzen kopuru handiak bezalaxe. Berriro ote gaude iparraldeko berezitasunen aurrean ? 41 Datu esanguratsuagoak izango dira, horregatik, aditza tartean erakusten duten esaldi horietatik ekarriak.

Axularren esaldi barreneko aditzak

42 Aditza tartean erakusten duten esaldietan, berriz, bi egoera gerta litezke. Batetik, aditz hau joan liteke esaldiaren atzealdean, eta aldiz hala, esaldiko gailur predikatiboa, informazio nagusia, aditz honen aurrean emana, nolerebait Azkue-Altuberen legeek agintzen duten moduan. Edota, bestela, alderantziz joan liteke aditza esaldi aurrealdean emana, eta honen gailur predikatiboa, esaldiko pisu informatibo nagusia, aditz honen ondoretik, Azkue-Altuberen legeez bestela. Hau juzkatzea zer edo zer subjektiboxeagoa izan liteke aurreko ataleko kokapen datu objektiboak baieztatzea baino. Eta batzuetan gertatzen da ezin ongi determina litekeela esaldiaren gailur predikatiboa aditzaren aurrean edota atzean ematen den ; tarteka bi guneetan ere ematen ahal delako nolerebait. Gertatzen da ere inoiz, aditzak berak jasatea esaldiko gailur predikatiboaren zama. Hau, ordea, praktikan ez da hainbestetan gertatzen. Gure corpusean, hala, sailkatu ezin izandako esal-diak, batez beste, guztien %10,2 izan dira (%13,8 Axularrengan). Aldiz, esaldien %89,8 bat (Axularren %86,2a) aztertu ahal izan dugu, beren pisu informatiboa aditzaren aurretik, edo ondotik, ematen dutenaren arabera. Emaitzak ezin esan-guratsuagoak dira :

43 Galdegaiaren kokagunea aditza tartean erakusten duten esaldi nagusietan :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 122

44 Zer esan nahi du honek ? Azkue-Altuberen legea, galdegaia esaldiko aditzaren aurretik emateko, ez dela salbuespenez baino betetzen, aditza tartean daramaten esaldietan. Eta inon baino gutxiago Axularren testuan, nondik, noski, Axulartar haien mesfidantzak. Are gehiago, gure datuen arabera orokortu liteke, eta esan, delako legea, ez dela, ez inon, eta ez inolako euskaratan betetzen, salbu gaur egun, eta apropos, Azkue- Altuberen legeak bete nahian, idazten den estandar har-tan. Eta soilik hipotesi bezala izango bada ere, pentsatu beharko dugu, gainera, euskaraz, delako Azkue-Altuberen legerik, ez dela inoiz ere bete, dauzkagun dokumentu zaharren guztiek ere, legea inondik betetzen ez duten heinean. 45 Berriro aipa litezke, nolanahi, iparraldeko Duvoisin eta Etxepareren kasuak. Jasotako lagin guztien artean Etxeparerena da eskasena galdegaia aditzaren ondo-retik ematen (salbu gaur eguneko estandarrean), eta aldiz altuena, bai galdegaia aditzaren aurretik ematen, eta bai bestelako esaldien artean, galdegaia aditzaren aurretik eta ondoretik banatua eman ohi duelako. Etxepare, nolanahi, mende honen hasieran ari da idazten bere Buruxkak, Hiriart-Urrutiren Eskualduna-ren itzaletik. Eta nik susmoa dut, egia da oraindik gehiegi aztertu gabea, seguru asko garai horretarako Azkueren hegada zabaldua dela jadaneko aipatu aldizkari eta zuzendariarengana, eta hauen bidez beren ingurura ere. Nolanahi, bestek ziurtatu beharko luke eragin hori, zeren Duvoisinen datuek ere apuntatzen dute, beste neurri batean bada ere, norabide horretara.

Ondorioz. Aditza esaldi aurrealde / atzealdean

46 Hala kontsideratuko ditugu aditza esaldi aurrealdean, eta esaldiko pisu infor-matiboa haren atzealdetik, ematen duten esaldien artean, batetik, zuzenean adit-zaz hasten

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 123

diren esaldiak ; eta bestetik, aditza tartean izaki ere, esaldiko pisu infor-matiboa nabarmen aditz honen ondoretik ematen dutenak ; oro har, Azkue-Altuberen galdegai legea beteko ez luketen esaldiak. Aldiz, kontsidera ditzakegu aditza esaldi atzealdean ematen duten esaldien artean, batetik, zuzenean aditzaz amaitzen diren esaldiak ; eta bestetik, aditza tartean izaki ere, esaldiko pisu infor-matiboa nabarmen aditz honen aurretik ematen duten esaldi haiek ; oro har, Azkue-Altuberen galdegai legea bai beteko luketenak. Hala, segidakoak lirateke gure emaitza, berriro, esanguratsuak :

47 Aditza esaldi aurrealde / atzealdean (eta esaldiko pisu informatiboa alderantziz) :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 124

48 Nabarmena da gaur eguneko prosa estandarraren desbideraketa, ahozko eta tradiziozko moldeetatik. Eta beharbada du horrek guztiak zerikusirik, guk hala uste dugu, gaur eguneko prosa estandarrak, oro har, eta oso bereziki itzulpenek eta testu didaktiko eta zientifikoek, erakusten duten ulergarritasun, zailtasun, nekosotasun eta komunikatibotasun arazoekin. Hori da gure hipotesia. 49 Nolanahi, nahikoa nabarmena da aztertu iparraldeko 3 idazleen joera aditz atzera zaleagoa hegoaldeko bien aldean. Nahiz gero ez den hala gertatzen Webster edo Cerquanden ipuin kontakizun bildumetan. Eta ez eta ere Euskalkiz euskalki-ko ahozko transkribapenetan, non iparraldeko lau testigantzak gertatzen diren batez bestekoak baino aditz aurrera zaleagoak, beraz hegoaldekoak baino nahikoa aurrera zaleagoak, eta batzuk gainera, Baigorrikoa kasu, oso nabarmen.

Aditz gunea esaldian eta esaldien luzera

50 Pentsatzekoa den bezala, esaldien luzerak, badu, besterik gabe ere, zerikusi-rik, aditza esaldi aurrealde edo atzealdean kokatze horretan. Hori suma genezake bederen konplementukako azterketa bat eginez. Soilik, Axularren eta corpus osoko esaldi nagusien joerak erakutsiko ditugu, kasu guztietan ere berdinak dire-lako joerak, are gaur eguneko euskara estandarrekoak ere :

51 Esaldi nagusiak konplementuka :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 125

52 Axular

53 Corpusa

54 Joerak bere batzuk dira.

Mendeko esaldi jokatuak

55 Axular, esaldi nagusien kasuan bezala, hainbat aditz atzera zaleagoa izango da, beste idazleen edo ahozko erabileren aldean. Urrun hala ere artean, esaldia aditzaz amaitzeko preskripzio Azkue-Altubetarretatik, edota gaur eguneko prosa estandarraren eredutik. Eta kasuan ez da joera homogeneo aipagarririk kausitzen iparraldeko idazleen artean. Hala datuak :

56 Mendeko esaldietako aditz jokatua :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 126

57 Esaldien luzerak, kasuan ere, zerikusi handia du aditzaren gunearekin esaldi amaieran edo tartean. Zenbat eta esaldi laburragoak, orduan eta maizago aditza esaldi amaieran. Zenbat eta esaldi luzeagoak, orduan eta maizago aditza esaldi barrenean, konplementuak aditzaren bi aldeetara erakutsiz.

Aditz jokatugabe bidezko mendeko esaldiak

58 Autore eta hiztun guztietan ageri da, halako esaldietan, joera nabarmenagoa aurrekoetan baino, aditza esaldi amaieran emateko. Axularrengan inorengan baino areago ere bai, nahiz artean ez gaur eguneko prosan bezainbestekoa.

59 Mendeko esaldietako aditz jokatu gabea :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 127

60 Beti bezala, esaldien luzerak zerikusi zuzena erakutsiko du aditzaren gunea-rekin esaldian. Zenbat eta esaldia laburrago, orduan eta maizago aditza esaldi amaieran. Zenbat eta esaldia luzeago, orduan eta maizago aditza esaldi barrenean. 61 Bi ohartxo amaitzeko. Bata erlatibozko esaldi mota baten inguru. Bestea, Axularren esaldi buruko aditz trinko buruzurien gainean.

Erlatibo hautsiak

62 Axularrena ez bada ere, Añibarroren esaldi batek azalduko digu puntua, azter-keta merezi duelakoan. Hala dio Añibarrok Geroko gero-ari egin zion bizkaieraz-ko itzulpenaren sarreran (1923, 299) :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 128

Librucho au atera zan, ez bacarric Arimen oneraco, baita apaindu, aci, gorde-era- guin, edertu, ta zabaltzeco eusquerea ; ta laguntzeco Euscaldun Icasle barriai ; eta bera-gaitic ezteutsat quendu gura izan, Axularrec berac esqueñi, ta zuzendu eutsan Carta alabagarria Echaus Arzobispo Jaunari, eusquera garbi ederrean cirautsela onela : ENE JAUN BERTRAN DE ECHAUZ ... 63 Erlatibozko esaldi honetan, Echaus Arzobispo Jaunari datiboa, erlatibozko zuzendu eutsan aditzaren konplementu, lasai asko ageri da emana aditza eta honen gobernatzaile den izenburu nominal independente haren ondoretik. Kanon guztien kontrara. Ez dirudi, horregatik, ez dut nik bederen hala uste, ordenamen-du horrek inolako eragozpenik dakarkionik esaldiaren ulergarritasunari, ezta ere, honen euskal jatortasunari. Ondoko guztiak ere zuzendu eutsan aditz horren osa-garri izaten segiko luke.

64 Eta Axularrek ere badu antzekoren bat, oso oker ez banago, nahiz Añibarrorena bezain garbiak izan ez. Hala, esateko, segidakoa :9 65 Eta hunetacotçat, considera eçaçu, eriac gau lucean iragaiten duen tra-baillua, guztiz ere eritasuna çorrotza, eta bortitza denean : nola irautcalcen-den : nola orenak contatcen dituen : cein luce iduritcen çaitçan, eta nola arguia desiratcen duen. (598-9) 66 Bertan, guztiz ere eritasuna çorrotza, eta bortitza denean osagarria, iragaiten aditzaren denborazko konplementu litzateke. Antzeko beste esaldi bat izan liteke segidakoa, nahiz zerbait nahasiagoa : Halaber eguiten baititutçu bertçe iuramentu batçuc, deus valio eztuten gauça bat- çuen gaiñean, ezpaita hequen hautzteaz calteric eta ez complitceaz probetchuric, nola baita, mahaian iartcean, etçarela lehenic iarrico, etchean sartcean, etçarela aitci-nean sarthuco : edatean eztuçula lehenic edanen. (156-7) 67 non, ezpaita hequen hautzteaz calteric eta ez complitceaz probetchuric, esal-dia litzatekeen valio izan aditzaren kausazko konplementu, hau da, zergatik dela-ko gauza horiek ez duten deus balio-ren azalpena. Antzeko beste esaldi bat ere, nahiz hainbat nahasiagoa oraindik :

68 Eta çuc ere orduan, orai duçun desira, nahi baitcenduque, çure erremusi-nac, eta eguiten ditutçun bertce obra onac, munduac iaquin litçan, complitu-co duçu. (230) 69 Ez ote da, berriro, nahi baitcenduque, çure erremusinac, eta eguiten ditutçun bertze obra onac, munduac iaquin litçan esaldia duçun horren (orai duçun desi-ra horren) kausazko konplementu ? 70 Behartu litezke halako interpretazioak kasu gehiagotan ere, segidako esaldie-tan bezala. Hala ere, oso eztabaidagarriak gertatzen dira interpretazio horiek, ez direlako a posteriori egin litezkeen interpretazio bakarrak, nahiz bai izan irakur-ketaren kadentzian eta sekuentziazioan ematen direnak. Hala : Içan çutenean Erroma-tarrec, desiratcen çuten abantailla eta garaitia Cartagotarren gaiñean, sarthu ciren conseilluan Erromatarrac, ea cer eguinen çuten, Cartagoco hiri hartçaz. (30) 71 Zeren osagarri da Cartagotarren gaiñean hori, bere hurbileneko desiratcen çuten aditzarena, ala hasierako içan çutenean harena ? Zeinahi osagarri, lehen kol-pean, lehen interpretazioan, emaniko hurbileneko aditzarekin lotuko du beti ira-kurleak beste eragozpenen ezean.10 Bada zuc iragan diren urthe guztiotan, behin ere ongui cofessatu gabe, becca- tutan gogorturic eta ez ansiaturic çaudecinorrec, certan baratu uste duçu ? (110) 72 Zeren osagarri da behin ere ongui cofessatu gabe hori, jada emaniko eta hur-bileko iragan diren aditzarena, ala artean etorkizun den çaudecin horrena ? Irakurlearen

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 129

interpretazioak lehenengoarekin lot lezake esaldia lehen kolpean, eta hausnarketa ondoren beharbada bigarrenarekin. Utçacu beraz burutic, buruan darabillaçun erhoqueria hori, egunetic egunera, heriotceraiño luçatuz eta eppe hartuz, orduan erremediatuco çarelaco esperant- çarequin, anarteraiño beccatutan egoite hori. (217) 73 Berriro, egunetic egunera, heriotceraiño luçatuz eta eppe hartuz eta orduan erremediatuco çarelaco esperantçarequin osagarriak ezin ote dira, lehen kolpean, besterik gabe onartu buruan darabillaçun esaldiaren konplemen-tu bezala ?

74 Badirudi, nolanahi, halako esaldi erlatibo hautsiak beti maizago aurkitzen ahal direla egitura erlatibo fosilduetan, h.d. ohiko erlatiboak diren haietan : -n bezala, -n moduan, -n arte(an ; ...), -n bitartean, ... itxurako egituretan. Hala, esateko, Axularren segidako -n bezala esaldiotan : Erraiten du San Agustinec, emazte gaixtoac, ithaiçurac, eta kheak atheratcen duten beçala giçona bere etchetik : atheratcen duela concientcia gaixtoac ere becca-torea bere sosegutic. (427-8) Vespasiano Emperadoreac hain çuen condicione ona, eta onera emana, ecen nahi etçuen beçala, edo haren presunari etcegocan beçala nehor minçatcen ceicanean, edo disimulatcen çuen, edo cenbait hitz iocolariz eta dostailluz, cenbait irri eguiteco solha-sez ederztatcen cuen, eta guero bere cegocan ohorearequin, deus galdu gabe, gueldit-cen cen. (313) 75 Edota Axularren segidako -n bitartean itxurakoak : Baiña iccussiric cein gauça guti edireiten den euscaraz esquiribaturic, gogan behar- tu naiz eta beldurtu, eztiren bideac asco segur eta garbi, baden bitartean cenbait trabu edo behaztopa-harri. (16)11 76 Are errazago aurkituko ditugu, noski, halako egitura hautsiak erlatibo nomi-nalizatu libreen artean, h.d. izenburu independente gabeetan. Oso maiz -nean denborazko egituretan (Axularren kasuan, halakoen %15 - %20aren inguruan gure azterketan), nola segidakoetan erakusgarri : Ebaquitcen duçunean çuhaitz bat, eta berriz hartaric urt-umeac edo adarrac sort- cen direnean, agueri da etcenduela ossoqui, eta ondotic ebaqui, guelditu cela cenbait erro eta zain. (465) Ene seme hasten çarenean Iaincoaren cerbitçatcen, çaude erne, eta veldur çare- la, eta presta çaite tentamenduey contra eguiteco. (477) Presuna batec eguiten duenean beccatu mortal bat, bi gauça eguiteintu. (575) 77 Eguiten denean penitencia, eztira Iaincoaren mehatchuak, mehatchu baizen. (617)

78 Baina ez ere soilik halakoetan, nola ikus litekeen segidako adibideen antze-koetatik : Eguiten deracunari gaizqui, cergatic eguin behar diogu ongui ? (322) Ifernuan daudenec anhitz milla urthez, pena hetan egonez guero, iccussiric bere pena iraganez eztutela bat ere probetchuric : considera ahal diteque, ecen bere gogoetan tristeric, eta ilhunic, minçatuco çaitçala Iaincoari, eta erranen diotela : Cerda haur Iainco handia, non da çure misericordia, urricalmendua, eta pietatea ? (606) 79 Galdera, nolanahi, konplexua litzateke : zein baldintzatan gerta ohi liteke eus-karaz arrunta, edo bederen eramangarria, halako osagarriak eman ahal izatea inoiz erlatibozko aditzaren eta honi erantsitako buru nominal independentearen ondoretik ? Erantzuna beste batean. 12 Eta ez dut hemen besterik aipatuko Axularren erlatiboen inguru, nahiz balegokeen zer esanik.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 130

Axularren aditz trinkoak esaldi hasieran

80 Amaitzeko, beste oharño bat baino ez, Axularren esaldi buruko aditz trinkoen inguru. Guk Axularri estatistikoki aztertutako zatian ez da halakorik ageri. Eta gure corpus osoan ere, ez dira halako 38 esaldi baino gertatzen, aztertu 4.488tik (guztien %0,85a). Nahiz, esateko Mogelek besteek baino nahikoa gehiago era-biltzen dituen (20 esalditik lean gure corpusean). Hala ere, Axularrek berak badi-tu halakoak, nahiz egia den gutxi direla, eta dituenak, nahikoa markatuak. Hala segidan sail bat :

81 •Esan aditza esaldi buruan buruzuri : •Ezta pontu hunetara gaizqui heldu Pierres Damiano daritçan doctor batec contatcen duena. Dio doctor hunec ecen behin guizon saindu batec iccussi çuela bere espirituan, ametsetan beçala, ifernuko suaren erdian escalera bat : eta escalera haren lehen pausuan, eta maillean cegoela Conde bat, iaun handi bat. (246) 82 •Esan aditza eta juntagailuaren ondoren : •Utzten ditut placer haren aitcin-gibelac, anarteraiñoco, eta ondoreco eguitecoac, eta atsecabeac, handiac baitira, baiña hartan çareneco bereco placeraz mintço naiz : eta diot ecen orduan ere, hartan çarenean ere, cerbait escastasun, cerbait des- contentamendu içaiten duçula ; eta hura dela causa, orduan ere, guztiac ongui contatcera, placer baiño desplacer gehiago içaiten duçula. (383) •Eta diot ecen, are mundu hunetan ere, guiristino onec, Iaincoaren partea daducatenec, atsegin eta placer gehiago goçatzen dutela, guiristino gaixto Deabruaren partea seguitcen dutenec baiño. (505) 83 •Izan aditza eta juntagailuaren ondoren : •Pontu hunetara ezta gaizqui heldu, San Matheo Ebangelistac ibentcen duen comparacino bat, ceiñetçaz frogatcen baita, beccaruetan becala, obra onetan ere, neur-ria betha arteiño, eta çorhi arteiño, iguriquitcen duela Iaincoac. Eta da compa-racinoa : Guizon batec erein çuen bere landan haci ona, ogui bihi garbia. (119-20) •Hartaracotzat edireiten da bertcebat San Geronimo baithan, eta ene ustez ez gaixtoa. Eta da arrazoiña : Prometatu cerauen, iguriquico cerauela ehun eta hogoy urthez, ez ordea iguriqui ehunez baizen. (123) •Baiña eguiteco hunetan sarthu baiño lehen, nahi nuque iaquin ceneçan gauçabat, eta da : Nola eguiazco penitencia baita Iaincoaren donua, dohaiña, eta emaitça, Iaincoac berac placer duenean eman dezaqueyena : hala eguiazco penitencia hura, noiz nahi den dela, heriotceco azquen orenean bada ere, salbatceco asco sendo eta botheretsu dela. (195) •Halatan Apostoluec ere orduan cedutçaten bere buruac dohatsuenic, eta ciren aleguerenic noiz eta Iaincoagatic desohore eta laido guehiago errezibitcen baitçu- ten. (487-8) •Ceren amorio garbiak, Iaincoaganic heldu denac, indar guehiago behar luque, eta du ere, Deabruaganic helduden amorio higüin, hats, lizunac baino. (489) 84 •Izan, egon, esan aditzak baina juntagailuaren ondoren : •Ceren bataz placentcia hura ezta placentcia, baiña da enganamendu : eta enganamendu hura ere, ezta ez beccatuarena, eta ez beccatutic sortcen dena : baiña da bec-catorearena, beccatorea beraganic, eta beccatuaren eraguille Deabruaganic heldu dena. (510) •Hura ezliçateque misericordia, baina liçateque iustizia falta : eta Iaincoa baithan ecin dateque halaco faltaric. (614) •Hec han bere beccatuez damu eta urriqui badute ere ; eztute ez damu eta urriqui hura, behar beçalacoa ; eztute Iaincoagatic, eta ez Iaincoari çor dioten amorioagatic, baiña dute iragaiten dituzten penacgatik. (616)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 131

•Etsaitasuneco victoria, eta garaitia, eztago ez mendecatcean, eta ez ordaiñaren bihurtcean edo doblearen : baiña dago barccatcean, eta bidegabèn pacientqui pairat-cean. (320) •Eztu erraiten londone Pauloc, bertce beccatuez bezala, emaztètaco beccatuari defenda gaquitçala : eztu erraiten harmetan moccoz-mocco iargaquitçala, baiña dio,fugite, ihes daguigula. (398) 85 •Izan aditza ordea juntagailuaren ondoren : • Ceren eguia da, gauza hauc guztioc penitenciac dira, eta penitenciazco obrac : ordea dira campocoac, eta eguin ahal ditezqueyenean cenbait bedere eguin behar dire-nac. (197) 86 •Izan, jakin aditzak othe partikularen ondoren : • Otheda munduan bat ere halacoric ? (142) • Othe da nehor, elhorri-arantcétaric mahats, edo saphar-laharretaric fico viltcen duenic ?(216) • Othe lizateque nehor ere, hequen artean, bicitce lucearen esperantça luenic ? (59) • Othe dugu centçuric ? Othe dugu adimenduric ? (599) • Othe ciaquien cer nahi cioen Iaincoac ? (434) 87 •Izan, esan, egon, iruditu aditzak, koma baten (edo pausa baten) ondoren, zeina, noski, ez den kasu erabat berdina, baina bai oso antzekoa : •Finean esquiribatce hunen gaiñean, diot ezen, nola latinac bi i eta bi v eguiten baititu bat, eta hartcen batentçat : adjicio, conjicio, vultus, vulnus. Eta Espaiñolac ere bi l eguiten baititu bat, llamo, lloro : hala euscarac ere bi t eguiten dituela bat, ttipia, ttipittoa, gizonttoa, haurttoa. (18) • Onguiric ez eguitea, bera, da gaizqui eguitea. (39) • Baiña calte guztien gaiñeko caltea, alferqueriatic heldu den handiena, ceiñi narraicola erran baitut nic, oraiñocoan erran dudan guztia, da luçamendua, gerotic gerora ibiltcea. (44) •Orai Iaincoac emaiten derauzquitçun bizitcea, osasuna, indarra, antcea eta onhasunac nahiditutçu Iaincoaren beraren contra çabiltçala higatu eta galdu, eta guero, oraiño eman ezterauzquitçunac, eta venturaz emanen ere ezterauzquitçunac diozu ecen, haren cerbitçuan enplegatuco ditutçula. (66-7) •Orai Iaincoarequin adisquide çarenean, beccaturic gabe çaudenean, eztuçu esperantçaric Iaincoac çuregatic deus daidiqueyela ; çure premia estal deçaqueyela : eta guero etsai çarenean, eta beccatuz bethea çaudenean, duzu fidantcia, guztiac barccaturic, bere garacia eta loria, hain gauça handiac, valiosac, eta erdiesteco gaitzac, emanen derauzquitçula. (148) •Ceren gu gabiltça munduan barrena sarthuac, aberatstasunez betheac, atseguinez, eta placerez gaiñez eguinac, eta çu penitenciatan, obra onetan, munduco eguitecoetaric campoan, eta guztiarequin ere diozu sinheste, eta esperantça guehiago dugula çuc baiño ? (149-50) •Eta calte principalenetaric bat ; principalena ezpada ere, da adimenduaren goibeltcea, ilhuntcea, eta itsutcea. (341) •Eta hala beccatu hunetaric beguiratcea, eztago ez guztia adinean, eta ez indarrean, baiña bethi ere Iaincoaren faborea aitcinean hartcen dela, dago gogoan, eta gogoaren deliberamenduan. (376) •Barreneco aitzindari haur edo argui eguille haur, cein deitcen baitute doctorec Synderesis,da gure concientcia edo arraçoin naturala. (420) •Galdeguin ceraucaten egunbatez Bias philosophoari ea othecenz munduan deus, deusen veldur etzenic ? (448) • Ceren concientcia ona duenac, du esperantça ere. (450) • Eta nola Iesu Cristoc berac, baitceducan bere divinitatea, eta Iaincotasuna barrenean estalia, eta campoan baitcirudien ttipi, eta probe : hala haren cerbitçariec ere bere iaunari iarraiquitcen çaitçala, dirudite campoan deus guti, eta triste, baiña barrenean dira alegera eta consolamenduz betheac. (509)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 132

•Verthuteac, Iaincoaren cerbitçatceac, prestuqui bicitceac, ondore ona du, eta cerbait trabaillu badu ere, du appurra eta laburra : eta labur hura ere arintcen, gutitcen eta goçatcen du, ondoreko irabaciaren eta placentciaren segurantzac ; gogotic, amorioz eta borondatez egoiteac, eta guztien gaiñetic Iaincoaren laguntçac eta faboreac. (521-2) •Legue naturalean asco cen bihotzezco urriquimendu batequin, eta bat bederari bere gogoac, bere baithan barrena, ziotsan campoco cenbait seiñalerequin, contu eguizu begui ailtchatce batequin, edo belhauricatce batequin, Iaincoari berari cofesatcea eta barccamendu escatcea. (523) •Bada nola isatsaz maiz iragaiten den etchea, erraz baita garbitcen, ceren harc fitsmits, eta liquitsqueria guti baitu : baina urthean behin baicen garbitcen eztena, neque baita, eta gaitz, ceren harc herrautsa, eta amaraua lodi baitu : hala molde berean maiz cofesatcen dena erraz becala, gutitan eguiten dena ere, da neque eta gaitz. (540-1) •Eta haren erranaren eta iduriaren arauaz, diot ecen, eztela ifernuan içanen elhurric, hormaric eta ez bertce hotz suerteric. (584)

Ondorio gisa

88 Axularrek bada bi ezaugarri bederen erakusten ditu bere hitzen antolamen-duan. Batetik, tradiziozko beste idazle guztiak bezalaxe, Axular ere ez zaie bate-re ongi lotzen Azkue-Altuberen preskripzio apokrifoei, salbu aditzaz amaitzen dituen esaldietan. Bestetik, nolanahi, uste dugu aitortu behar zaiola Axularri bere-zitasun bat hegoaldeko idazle gehiengoaren aldean, Axular, dena den, hauek baino nahikoa aditz atzera zaleagoa gertatzen delako, agian, hobeto aztertu behar-reko iparraldeko tradizio zabalago baten harian.

BIBLIOGRAPHIE

AGIRRE, J.B. (1808) Eracusaldiac, Tolosa, 1850. Argitalpen faksimila, Hordago, Donostia, 1978.

ALTUBE, S. (1919) De sintaxis euskérica. Donostia, 1920.

__, (1929) Erderismos. Euskera, 1929 ; Euskaltzaindia, 1975 (A. Villasanteren hitzaurrea).

AÑIBARRO, P.A. (1800a) Gramática bascongada para el uso y alivio de párrocos y predi-cadores bizcaynos, guipuzcoanos y navarros. ASJU, 1969, III, 3-169 (sarrera , A. Villasante).

__, (1800b) Axular : Gueroco guero ... Bizcayco eusquerara ... RIEV, 1923, 1925, 1926, 1928, 1929, 1 931, 1933.

APAOLAZ A, A. (1890) Pachico Cherren. Bergara, 1890 ; Erein, 1992.

ARIZTIA, M. (1934) « Laburditar ipuñak ». Anuario de « Eusko-Folklore », T. XIV, 93-129.

ARRUE, G. (1878) Baserritar jaquintsuaren echeco escola. D.J.J. Moguel, Marquiñaco apaizac vizcai- eusqueran atera eta ... Guipuzcoacora itzulia. Tolosa, 1878.

__, (1948) J.A. Moguel : Peru Abarca. F. Arocena, « La versión guipuzcoana del Peru Abarca de Moguel », BSVAP, 1948, IV, 165-194 , 337-353.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 133

ARXU, J.B. (1852) Uskara eta Frantzes Gramatika, Baiona, 1852 ; 2. arg., Baiona, 1853 ; 3. arg. Bi mihiren gramatika, uskara eta francesa, Baiona, 1868 ; Hordago, 1979.

AXULAR, P. (1643) Guero. Bi partetan partitua eta berecia. Bordele, 1643. Edizio faksi-mila, Euskaltzaindia, 1988. (Gero. Jakin, Aranzaz u, 1976, L. Villasanteren argitalpena).

__, (1800) AÑIBARRO, P.A. Axular : Gueroco guero ... Bizcayco eusquerara ... RIEV, 1923, 1925, 1926, 1928, 1929, 1 931, 19 33.

__, (1909) Geroko-Gero. Kapirulu batzuk baino ez, in Euskal-Esnalea, 1909, 115-22 ; 134-42 ; 160-5 ; 183-90. (P.A. Orkaiztegiren sarrera).

__, (1998) SALABERRI, P. Axularren historiak. Pamiela, 1998.

AZKUE, R.M. (1891) Euskal-Izkindea. Gramática Eúskara. Bilbao, 1891.

__, (1894) Ensayo Práctico. (1896ko, Método Práctico-aren aurreko eskuizkribu argitaragabea, Euskaltzaindiako, Azkue bibliotekan).

__, (1896) Método Práctico para aprender el euskera bizkaino y gipuzkoano. Bilbao, 1896.

__, (1928) Discurso leido ante la Real Academia Española. Bilbao, Editorial Vasca, 1928.

__, (1935-47) Euskalerriaren Yakintza. Madrid, Espasa-Calpe, 1935-1947 (4 tomo) ; Madrid, 1989.

__, (1949) Estudio comparativo entre el vascuence y varias lenguas cultas. Bilbao, 1949 (El vascuence y varias lenguas cultas. Estudio comparativo. Bilbao, 1949).

BARANDIARAN, J.M. (1921-....) Eusko- Folklore. In Obras Completas, t. II, eta t. III. (zatiak, El Mundo en la mente Popular Vasca,III, Auñamendi, 27, 1962.)

CERQUAND, J.F. (1874-1885) « Légendes et récits populaires du Pays Basque ». Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1874-5, 1875-6, 1876-7, 1884-5. Orain euskaraz soilik, Ipar Euskal herriko legenda eta ipuinak, Txertoa, Donostia, 1985-6, 2 tomo (A. Aranaren hitzaurrea).

Charencey, Comte de, (1975) DROUIN, J-C. « Le comte de Charencey (1832-1916) et la langue basque ». Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, 1975, 309-315.

Darrigol, (1827) Dissertation critique et apologétigue sur la langue basque. Baiona, 1827.

Dartayet, J.P. (DARTHAYET) (1861) Guide ou manuel de la conversation et du style épisto-laire français- basque. Bayonne-Biarritz, 1861 (2. arg. zuzendu eta gehitua, Baiona, 1876).

__, (1867) Le mécanisme de la construction du verbe basque en dialecte du Labourd et des pays limitrophes. Bayonne, 1867.

DUVOISIN, J.P. (1858) Laborantzako liburua, EEE, Donostia, 1986.

ELI ZALDE, L. (1911) « Raza, lengua y nación vascas ». Euzkadi, VIII, 1911, 163-196, 243-276, 323- 339.

ETXANIZ, N. (1958) Euskal-Antzertiak. Kuliska Sorta 27-8, Itxaropena, Zarautz, 1958.

ETXEBARRIA, J.M. (1991) Zeberio haraneko euskararen azterketa etno-linguistikoa. Ibaizabal, Deustu, 1991.

ETXEPARE, J. (1910) Buruxkak, EEE, Bilbo, 1992.

GERRIKO, J.I. (1805) Cristau doctriña guzt iaren explicacioaren sayaquera. Tolosa, 1858, 2 tomo.

GÈZE, L. (1873) Éléments de grammaire basque. Bayonne, 1875 ; Hordago, Donostia, 1979.

GREENBERG, J.H., (1963) « Some universals of grammar with particular reference to the order of meaningful elements ». In : J.H. Greenberg (ed.), Universals of Language, 58-90, Cambridge (Mass),

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 134

MIT Press. (2nd ed., 1966, 73-113 ;. ed. in italiano, in La tipolo gia lin-guistica, P. Ramat(ed.), 1 15-154).

HARRIET, M. (1741) Gramatica escuaraz eta francesez, conposatua francez hitzcuntza ikhasi nahi dutenen faboretan. Baiona, 1741.

HIDALGO, V (1991) Altuberen irakurtzen. Altuberen azterketan. (Lan argitaragabea, dokto-retza tesirako prestatua).

__, (1993) Hitzen ordena euskaraz. Euskal gramatikalarien testigantza : iritziak eta, praktika idatziak. (Lan argitaragabea, doktoretza tesirako prestatua).

__, (1994a) Hitz ordenaren estatistikak euskaraz. (Lan argitaragabea, doktoretza tesirako prestatua).

__, (1994b) « Euskal joskeraren mito kaltegarriak (I). Nola idatzi euskaraz modu arin, ulergarri eta aberats batean. » Hizpide, 35, 1996, 39-51.

__, (1994c) « Euskararen hitz ordena librea. Euskal joskeraren mito kaltegarriak (II) » Hizpide, 36, 1996, 21-27.

__, (1994d) « Aditza maiz euskaraz esaldi hasieran. Euskal joskeraren mito kaltegarriak (II I) » Hizpide37, 1996, 23-31.

__, (1995) « Ohar estatistiko garrantzitsuak euskararen hitz ordenaren inguru. Euskara, SVO ? ». FLV, 70, 1995, 401-420.

__, (1996) « Hurbiltze bat euskal hitz ordenaren tradizioari ». FLV, 7 1, 1996, 21-43.

__, J. GARZIA (1997) « Hidalgo vs Altube ». El Correo, Territorios , 10, 1997-XI-5.

__, J. GARZIA (1998) « Ikastea pentsatzen euskaraz ». In Administrazio euskaraz, 19, 1998 Urtarrila, 19.

__, (1998) « Baina, zer da euskal joskera ? ». In Administrazioa euskaraz, 21,1998ko uztaila, 18-9.

__, (1999) Izenaren eskuin hedatzen diren erlatiboak euskaraz. (Eskuizkribua)

INTXAUSPE, E.T. (1856) « Notes grammaticales ». Gehigarria, Sen Mathiuren Ebanjelioa-ri, I-XLVI. Euskaltzaindiak berrargitaratu a 1991n..., Bonaparteren lan guztien artean.

__, (1858) Le verbe basque. Bayonne, 1858 ; Hor dago, Donostia, 1979.

ITHURRI, J. (1895-....) Grammaire basque. Dialecte labourdin. Bayonne, 1895 ; Hordago, 1979.

KANPION, A. (1884) Gramática de los cuatro dialectos de la lengua euskara. Tolosa, 1884 ; faksimila LGEV

KARDABERAZ, A. (1760) TELLECHEA IDIGORAS, J.I. « Larramendi y Cardaveraz. Censura y réplica inéditas sobre un libro de piedad », ASJU, 1968, 5-31.

__, (1762) Dotrina Cristiana edo Cristiñau Dotrinea. In Euskal lan guziak, LGEV, 1973/4,

I, 399-455.

LARDIZABAL, F.I. (1856) Gramatica vascongada. San Sebastián, 1856.

LÉCLUSE, F. (1826) Grammaire basque. ASJU, 1987, 813-916.

LEKUONA, M. (1918) Métrica vasca. Vitoria, 1918 (Idaz-lan guztiak. 1. Aozko literatura, 1978, 131-157).

__, (1954) « Aitzin-solas ». In P. Axular, Gero, 1954, Itxaropena, Zarautz, IX-XXX IV

LUCHAIRE, A. (1879) Études sur les idiomes Pyrénéens. Paris, 1879.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 135

MAHN, C.A.F. (1857) Denkmœler der Baskischen Sprache. Berlin, 1857 ; Frantzesezko itzulpen hasiera, RIEV, 1922, 560-8.

MICHEL, F.X. (1857) Le pays Basque, sa population, sa langue, ses mœurs, sa littérature et sa musique. Paris, 1857 ; Elkar, 1983 (P. Lafitteren sarreraz).

MITXELENA, L. (1953) Arnaut Oihenart. BAP, 1953, 445-463 (bereziki, 459-462 orr). (Orain in Mitxelenaren Euskal Idazlan Guztiak -MEIG-, V, 1988, 35-57).

__, (1961) « Euskal iztegigileak XVII-XVIIIgarren mendeetan (Villasanteren erantzunaz) ».

Euskera VI, 1961,5-26.

__, (1968) Plan base o proyecto general sobre unificación. Euskera - Batasuna. Euskera, XIII, 1968, 203-219 orr. bereziki, Joskera atala, 218-9 orr. (Orain MEIG bilduman.)

__, (1977) Euskal hizkera eta euskal neurkera. Euskera, XXII, 1977, 721-733 orr. bereziki, Ate osteko eraskin gisa atala, 729-33 orr. (Orain MEIG bilduman.)

__, (1978 ) Miscelánea filológica vasca I. FLV, 1978, 205-228 orr. bereziki, Relato y orden de palabras atala, 220-224 orr. (Orainago, in Palabras y textos, EHU, 1987, 363-385)

__, (1979) Miscelánea filológica vasca III. FLV, 1979, XI, 213-236 orr. bereziki, Arratsaldea zen alakoa atala, 226-230 orr. (Orainago, in Palabras y textos, EHU, 1987, 411-433)

__, (1981) « Galdegaia eta mintzagaia euskaraz ». In Euskal linguistika eta literatura : Bide berriak. Univ. de Deusto, 1981, 57-81 orr. (Orain MEIG bilduman.)

MOGEL J.A. (1783) Cristinaubaren jaquinvidia ... Ifinieban Bizcaico Eusqueran, A. A. Cardaberaz J esuitiac. Orain urteten dau eusquera apaindubaguan. Tolosa, 1783.

__, (1802) Peru Abarka , Durango 1881. Argital pen faksimila, 1981.

OLAETXEA, B. (1763) Dotrina Cristianea, Vitoria 1763. (2. arg. zuzendua, Bilbo, 1775).

ORKAIZTEGI, P. (1903) « Itz joskera ». In : Ibaizabal, 1903, Zk. : 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100.

__, (1906) Observaciones para hablar y escribir tolerablemente en nuestro idioma euskaro. Tolosa 1906.

__, (1909) « Geroko-Gero ». Euskal-Esnalea, 19 09, 115-6.

PAGOLA, R.M. (1984) Euskalkiz euskalki. Euskara Zerbitzua, Eusko Jaurlaritza, 1984.

RIJK, R.P.G. de, (1969) « Is basque an S.O.V language ? ». FLV, 3, 1969, 319-351.

TARTAS, J. (1666) Onsa hilceco bidia. Orthez, 1666 ; RIEV, I, II, III, 1907-9 (J.B. Darricarrèreren estudioaz).

__, (1672) Arima penitentaren occupatione devotac. Edizio kritikoa Patxi Altunak paratua. Ed. Mensajero, 1996.

URGELL , B. (1985) Refranes y sentencias-eko hitz ordenaz, zenbait ohar. 1985, eskuizkri-bua.

URRUZUNO, P.M. (1988) Ipuinak. EEE, Donostia, 1988.

VILLASANTE, L. (1952) « Literatur euskera. Laphurrtarr klassikoaren gain eratua ». BAP, 1952-1,91-119 ; 1952-2, 259-298.

__, (1956) « Comunicación del P. Villasante sobre la réplica del Sr. Altube al Sr. Michelena acerca de sintaxis vasca. - Estudios de sintaxis vasca ». Euskera, 1956, 14-18.

__, (1961) ANDUAGA, G. Aitonaren uzta. Itxaropena, Zarautz, 1961 (A. Villasanteren bilduma).

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 136

__, (1961) Nere izena zan Plorentxi Angeles Sorazuren bizitza. Itxaropena, Zarautz, 1961.

__, (1966) « Domingo Agirre Badiola, 1864-1920 », sarrera, Garoa, 4. arg., 3-16.

__, (1970) « Sintaxis ». In Hacia la Lengua Literaria Común. EFA, Serie Eleizalde (2. arg.), 89-93.

__, (1971) « » Gizona eta euskaltzaina » A. Villasanteren hitzaldia Altubez ». Euskera XVI, 1971,77-83.

__, (1974) « Altuberen testamentua oroitaraziz ». Euskera 1974, 249-255.

__, (1974) « Euskara idatziaren joskera. Euskal idazle zaharren gaitzestea XX. mendean ».

FLV, 1974, 325-342.

__, (1975) « Hitzaurre gisa ». In S. Altube, Erderismos, Euskaltzaindia (berrarg.), V-XII.

__, (1976) Sintaxis de la oración compuesta. EFA. Serie Eleizalde (bereziki, « Orden entre la oración principal y la subordinada », eta « Orden de colocación entre las subordinadas de un mismo período » atalak, 58-60).

__, (1978) Estudios de sintaxis vasca. EFA, Eleizalde.

__, (1979) Historia de la literatura vasca (2. arg.). Aranzazu. (Autore desberdinen azalpenetan barreiatutako iruzkinak, bereziki Azkue, Altube eta XX mende honetako hegoaldekoen artean).

__, (1980) Sintaxis de la oracion simple. EFA. Serie Eleizalde (bereziki, « Ordenacion de los elementos en la frase vasca », 227-260).

__, (1981/82) « Las oraciones causales en Axular ». FLV XIII, 1981 ; XIV 1982.

__, (1982) « Sarrera ». In Lapeyre, Kredo edo sinhesten dut esplikatua, Euskaltzaindia (berrarg.), 5-27.

__, (1985) « Euskal anaforikoak ». In Symbolae Ludovico Mitxelena septuagenario oblataeII, 971-980, Vitoriaco Vasconum, 1985.

__, (1986) La oración causal en vasco. EFA, Eleizalde.

__, (1988) « Hitzaurrea ». In AZKUE, R.M. Latsibi, Labayru (berrarg.), IX-XIV

__, (1988) « Prosazko tradizio sendo bat osatu beharra ». In Euskararen auziaz, EFA, Serie Eleizalde, 141-154.

__, (1989) Aita Ubillos-en « Chñstau doctriñ berri-ecarlea ». Liburu honen berezitasun ba tzuez oharrak , Euskera, XXXIV, 1989, 517-531.

VILLASANTE, L. ; LASARTE, M.P. (1980) « Perpaus kausalak Lapeyre idazlea baitan ». Euskera 1980, 537-563.

XAHO J.A. ; ABBADIE, A.Th. d', ( 1836) Études grammaticales sur la langue euskarienne. Paris, 1836.

WEBSTER, W. (1877/1993) Euskal ipuinak.I eta II, EEE, Donostia, 1993, 2 tomo.

ZAMARRIPA, P. (1918) « La idea capital en las frases vascas ». In Ratos de Euskeralogia, La Gaceta del Norte, 2 de Noviembre de 1918.

NOTES

1. Ik., esaterako, Aita Villasanteren 1956ko « Comunicación del P. Villasante sobre la réplica del Sr. Altube al Sr. Michelena acerca de sintaxis vasca », Euskera aldizkarian argitaratua, nondik aurrera bihurt-zen den Aita Villasante, agerian, fede berriko.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 137

2. Corpus honen osaketa zehatzaz, eta azterketa parametroen inguruan, ik. Hidalgo, 1994a. Idazleei dagokienean, bakoitzari bibliografian aipatutako obraren zati bat izan da aztertua, eta obra aukeratua, bes-teak beste, jatorriz euskaraz sortutako lana izatearen baldintzapean. 3. Guk, Axularren kasuan aztertu ditugu XXXI-LV bitarteko kapituluak (1643, 339-569 ; 1976, 383-699). Tartasena, 1666ko Onsa hilceco bidia osorik. Aipatu beste autoreei, berriz, bibliografian aipatu obra, edo obraren zati bat, aztertu zaie. Ikertu beste obrei dagokienez, bakoitzarekin ematen da erreferentzia ohar propio batean. 4. Ik. Apaolaza, 1890. 5. Ik. Ariztia, 1934. 6. Ik. Etxebarria, 1991. 7. 7 testu labur hauetako datuak jasotzen dira B. Urgell 1985ean. 8. Euskalkiz euskalki saileko datuak atereak dira, aztertzetik, R.M. Pagolak, 1984an argitaratzen duen Euskalkiz euskalki grabazio bilketak. 9. Axularren aipu guztiak jatorrizko ediziotik egiten dira (hobe esan, honen 1988ko argitalpen faksi-miletik). 10. Beharbada hirugarren aukera bat ere kontsidera liteke, non Cartagotarren gaiñean sintagma izan litekeen zuzenean abantailla eta garaitia-ren konplementu. 11. Agian izan lezake esaldiak beste interpretaziorik, bitartean adberbio soiltzat emanaz, aditzari lotu gabea, baina ez zaigu iruditzen plausibleena. 12. Ikus liteke erlatiboen inguruan, oraindik zirriborroko lana baino izan ez bada ere, Hidalgo 1999.

RÉSUMÉS

La conférence porte sur ce que représente la figure d'Axular par rapport à l'ordre des mots dans la phrase basque, et ceci selon deux perspectives différentes. Tout d'abord on parle de l'utilisation que le XIXe et le XXe siècles ont faite de la figure d'Axular, surtout au sud du Pays et pour ce qui est des préférences que chaque époque affiche au sujet de l'ordre des mots dans la phrase basque. Ainsi, la première moitié du XXe siècle refuse-t-elle la syntaxe d'Axular, en la considérant latini sante et étrangère, soit à cause de l'utilisation libre qu'il fait des particules anaphoriques et subordonnantes antéposées à la proposition, soit à cause de l'ordre des mots dans la phrase – ce deuxième aspect étant plus développé dans cette conférence que le premier –. Selon ces critiques, Axular fait trop avancer la position du verbe dans ses phrases. A cet effet, il est tout de même curieux de constater que le XIXe siècle avait vanté justement tout le contraire chez Axular, en le considérant à plusieurs reprises, au même titre que Kardaberaz, comme le seul auteur à mettre le verbe à la dernière position de la phrase. Existant donc depuis longtemps, la polémique concernant la position du verbe dans la phrase ne fait que rebondir. Dans la deuxième partie de la conférence, on essaie de fournir quelques données objectives, statistiques, qui permettent de mieux situer l'auteur dans la controverse. Pour ce faire, on passe son œuvre au peigne fin pour y analyser la position qu'occupent dans la phrase le sujet, le verbe et le complément d'objet et pour y découvrir quel en est l'ordre prédominant. 48 % des propositions présentent l'ordre SVO, alors que 25,5 % se construit suivant l'ordre SOV ; ce dernier ordre coïncide avec les données tirées d'autres auteurs classiques et des textes oraux des XIXe et XXe siècles. Ils diffèrent tous des données fournies par le professeur De Rijk, tirées de textes

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 138

écrits au XXe siècle conformément à d'autres règles grammaticales de référence, et qui présentent pour la plupart l'ordre SOV. Par ailleurs, on étudie la figure d'Axular en même temps qu'un large corpus aussi bien écrit que parlé, par rapport aux dispositions actuelles concernant l'ordre des mots. Chez Axular, tout comme dans le corpus étudié, la plupart des propositions présentent le verbe au milieu. Mais 8 sur dix de ces propositions présentent l'information la plus importante de la phrase en position nettement postverbale, alors que seulement 4,3 % la met en position préverbale. Axular ne respecte pas les conventions de la langue basque écrite standard d'aujourd'hui. De toute façon nous voulons souligner le fait que 39,4 % des phrases de cet auteur présentent le verbe en position finale, contre seulement 28,1 % du corpus général et 18,6 % chez des autres auteurs. Par contre, 6,1 % de ses phrases commence par le verbe, alors que c'est le cas de 14,3 % du corpus général et du 18,1 % du corpus d'auteurs classiques. Aussi peut-on peut-être deviner dans nos statistiques une légère différenciation entre les auteurs du nord et du sud du Pays, la tendance à faire avancer le verbe dans la phrase étant chez ces derniers beaucoup plus accentuée. Quoi qu'il en soit, les données fournies par le basque parlé, d'un côté et de l'autre des Pyrénées, d'aujourd'hui et du siècle dernier, ne diffèrent guère, et on decouvre même une légère tendance a faire avancer le verbe dans la phrase, plus facilement au nord qu'au sud. Enfin, on présente d'autres données concernant l'ordre des éléments dans la phrase subordonnée, certains types de propositions relatives non normatives, ainsi que des propositions d'Axular qui commencent des le verbe synthétique conjugue.

INDEX

Thèmes : linguistique, philologie Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), dialectologie, littérature basque, syntaxe, verbe, écrivain classique Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle

AUTEUR

VICTOR HIDALGO EIZAGIRRE [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 139

L'éducation en Espagne au XVIe siècle d'Urdax à Salamanque

Yvette Cardaillac-Hermosilla

1 Au XVI e siècle l'Espagne fut peut-être le pays d'Europe avec le plus grand nombre d'écoles et d'universités ce qui ne devait pas durer au XVII e siècle. Par ailleurs Kant affirme : « l'homme n'est ce qu'il est que par l'éducation ». Mais deux théories partagent les professionnels de l'éducation : la doctrine empiriste ou culturaliste rejette la nature humaine, on éduque l'enfant pour la société en fonction des valeurs de celle-ci. Les partisans de la nature exigent au contraire qu'on éduque l'enfant pour lui- même, pour lui permettre de s'épanouir à sa propre nature. De nos jours la psychanalyse met en relief le rôle de la mère dans la relation de l'individu avec lui- même et le rôle du père dans la socialisation.

2 Certains mettent en exergue la capacité de communiquer et de communier avec les œuvres et les personnes humaines. C'est en éveillant l'intelligence et la personnalité de l'enfant qu'il devient un homme, qu'il accomplit sa nature au sein d'une culture, l'éducation étant un ensemble de processus et de procédés qui permettent à tout être humain d'accéder à la culture de son époque 1. Ces divers points de vue ne sont pas nouveaux, ils existent déjà au XVI e siècle. C'est pourquoi nous allons dans un premier temps essayer de comprendre les problèmes posés par une époque, celle de la naissance d'Axular 1556 ( ?) et de ses années de formation. Ensuite nous nous intéresserons à Urdax, à Salamanque, à la vie universitaire et en particulier aux études de théologie auxquelles il a accédé. Enfin nous nous attarderons à percevoir quelles peuvent être les quelques influences reçues, assimilées et adaptées dans le Gero.

Une époque

3 L'Espagne de la seconde moitié du XVI e siècle se ferme aux luttes et divisions de l'Europe. Elle choisit de privilégier une unité, une culture et une ligne de conduite 2, après avoir été ouverte à l'Europe et avoir reçu l'influence de l'éras-misme dans la première moitié. Que s'est-il donc passé ? Pourquoi cette évolution ?

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 140

4 Luther rédige en 1520 quatre ouvrages fondamentaux qui vont servir de base à la théologie réformée, La papauté de Rome, L'appel à la noblesse chrétienne de la nation allemande, La captivité babylonienne de l'Église, De la liberté du chrétien3. En 1555 les deux tiers de l'Allemagne sont devenus luthériens ainsi que la Scandinavie, les Pays Bas et la Suisse. Henri VIII rompt avec Rome en 1534. A Séville, Valladolid et Naples la doctrine réformée est en faveur. 5 D'après Jean-Claude Margolin 4, pendant la même période, Érasme par ses œuvres et par sa capacité pour élaborer une pédagogie pratique est devenu le précepteur de l'Europe à cause de l'influence exercée par ses œuvres sur les pédagogues des différents pays. Il a trente ans en 1499 et l'inattention et le manque de culture des élèves le préoccupent. Quel que soit le genre utilisé : aphorisme, dialogue, méditation philosophique, commentaire d'auteur grec ou latin, exégèse biblique, il écrit en gardant présent en mémoire que les hommes ne naissent pas hommes mais qu'ils le deviennent. D'après lui, la formation intellectuelle, affective, morale et même physique de l'enfant commande son avenir d'homme. Pour ce chanoine augustin, l'idéal est l'enseignement à partir de trois ans par un précepteur qui sait jouer habilement entre complicité et sévérité pour enseigner à l'enfant à bien parler et à bien écrire pour bien penser. Il s'agit de faire triompher la rhétorique mise au service de la philosophie. Dans un de ses colloques, il présente un entretien entre maître et élève qui présente la situation la meilleure : un mélange de fermeté et de douceur, le maître reste attentif et laisse s'exprimer l'élève en toute liberté, il le reprend de manière aimable et établit des relations presque paternelles ou filiales. Dans l'éducation qu'il préconise le sens de la liberté est uni à la reconnaissance de l'individu. Il met en relief le libre arbitre que défendent les théologiens. Il présente des méthodes empiriques et la pratique de l'enseignement se fait sous la conduite de la raison. Il s'inspire de Plutarque et de Quintilien pour son ouvrage De pueris instituendis et présente une liste type de lectures proposées dans De rationes studii. La raison, la nature, les exercices, les facteurs affectifs entrent en ligne de compte dans sa façon de proposer un enseignement. Il reprend des sentences latines avec des principes qui vont dominer tels ce vers de Virgile : « Le travail acharné triomphe de tout » ou celui d'Horace « Chassez le naturel à la fourche, il revient aussitôt ». Il fait aussi référence à une phrase de Térence qu'il applique à l'enseignement : « Quand il ne nous est pas possible de faire ce que nous voulons, nous faisons ce que nous pouvons » Cependant il recherche la formation de l'esprit critique. Érasme préconise les règles d'une éducation fondée sur l'affection, le respect de l'enfant, les récompenses et les punitions décernées à bon escient et de manière affective et modérée. Mais l'Inquisition espagnole va mettre à l'index ses livres à plusieurs reprises (1551, 1554, 1559, 1583, 1584). Malgré tout, l'influence de ses idées durera comme le montre bien Marcel Bataillon 5. Les points d'impacts de la pédagogie érasmienne sur la pensée, la spiritualité, la littérature de l'Espagne du XVI e sont nombreux. Signalons que le Manuel du soldat chrétien est traduit en espagnol et connu en Espagne en 1526. 6 Érasme6, moine de l'ordre des Augustin 7 à Steyn invite aussi à chercher les mystères sacrés sous les écritures et à s'appuyer sur les vieux maîtres de la théologie mystique : St-Paul, Origène, St-Augustin, le pseudo-Denys. Il écrit une apologie contre les moines espagnols car la traduction en espagnol de Enchiridion militis christiani 8 génère une opposition des ordres mendiants qui l'accusent d'hérésie. A ce sujet les moines se réunissent avec l'Inquisiteur général et deux conseillers de l'Empereur le 28 mars 1527.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 141

Le libelle devait être examiné par un groupe de censeurs sélectionnés parmi les théologiens d'Alcala et de Salamanque qui devait donner leurs décisions. Érasme se défend par lettre et expose son orthodoxie à l'inquisiteur Manrique. C'est alors que l'on publie cette apologie contre les moines espagnols9. 7 Des théologiens comme Luis Núñez Coronel, Juan y Francisco Vergara, Juan Maldonado, soutiennent dans les années 1516-1520 les idées d'Érasme. Le franciscain Fray Diego de Estella publie Le Livre de la vanité du monde 10. Ce sont des méditations très dévotes sur l'amour de Dieu dans lesquelles se manifestent un amour mystique et un illuminisme valdésien. L'éducation érasmienne ou éducation humaniste est essentiellement libérale parce qu'elle s'adresse à des hommes libres qu'elle rend libres. Elle vise à aider l'homme à être personnellement libre de choisir. En même temps l'humanisme se développe dans la péninsule ibérique11 : En 1509 le Cardinal Cisneros fonde l'université d'Alcalá de Henares. Elle compte tout de suite parmi les plus hautes écoles de l'Europe. Cette université trilingue s'attela tout de suite à la rénovation des études théologiques d'après les textes originaux avec l'aide de savants espagnols, italiens ou grecs. Ainsi les divers courants religieux ne peuvent être étudiés en dehors du problème général de l'humanisme. En 1522 apparaît la Bible polyglotte d'Alcalá (hébreu, syriaque, grec et latin). L'intervention de l'Inquisition tend à protéger l'Eglise catholique de toute déviance : Les alumbrados ou illuminés qui préféraient le contact direct avec Dieu et négligeaient les sacrements furent considérés comme les Luthériens et autres hétérodoxes. Le Valencien Vives (1492-1540) doit s'expatrier devant les attaques répétées faites à sa famille, c'est un ami et disciple d'Erasme. Il en est de même pour l'helléniste Antonio de Nebrija (1444-1532). Sous le règne de Philippe II ont lieu cinq autodafés de protestants. L'Inquisition est chargée d'éliminer l'hérésie et d'assumer la pureté des croyances et la pureté de sang. De plus, sous la direction du Duc d'Albe, des protestants sont massacrés en 1572. 8 En opposition au développement de la réforme apparaît le mouvement de la Contre- Réforme. Pendant le Concile de Trente qui débute en 1545 et qui va s'étirer sur 18 ans on arrive à certaines conclusions par rapport à la foi et aux pratiques religieuses ; il s'agit d'affirmer la pratique des sept sacrements, de clarifier la doctrine, de croire à la liberté dans les œuvres de salut, on insiste sur la présence réelle du divin dans l'Eucharistie, on entame la rédaction d'un catéchisme et on se mobilise pour la création de séminaires. Les formes traditionnelles de piété sont maintenues, telles que les pèlerinages ainsi que le culte des saints, et l'utilisation du latin dans les rites catholiques : voilà à grands traits résumé l'esprit de la Contre-Réforme. Ce mouvement va faire naître l'ordre des jésuites : l'éducation des jésuites militante se propose de former de bons soldats de l'Église de Rome capables de combattre en Europe les hérétiques et les rebelles. Si l'humanisme entendait former l'homme individuellement libre, autonome, s'il avait cherché les moyens de ne pas limiter ses possibilités afin qu'il pût le libérer des servitudes de la nature et de l'ignorance, être le constructeur et l'artisan de lui-même, l'école des jésuites, elle, reconnaît un seul type d'homme, un seul devoir précis. Il s'agit de rendre le soldat de l'Église bien armé et bien entraîné, de l'instruire pour qu'il puisse lutter à armes égales avec les membres de la société grâce à un plan d'études strict et au principe d'autorité. Cette éducation va avoir une énorme diffusion dans les collèges jésuites d'une importance capitale en Europe. La philosophie s'y étudie en trois ans, la théologie en quatre ans 12. En 1558, Ignace de Loyola complète

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 142

ses exercices spirituels par quelques règles en tenant compte de l'orthodoxie tridentine. Ignace de Loyola séjourne à Sala-manque et suit les cours à l'université. 9 A. Salamanque les ordres religieux influencent l'enseignement : La littérature ascético-mystique se développe malgré les interdictions et la réforme du Carmel protège l'oraison de Sainte-Thérèse soupçonnée d'illuminisme comme Érasme, chanoine augustin. 10 Les augustins sont aussi présents à Salamanque. Les augustins du XVI e siècle cultivent la tradition de Platon à cause de leur saint fondateur et ils présentent une position théorique sur la mort de Dieu et les voies qui permettent l'union suprême. Fray Luis peut être considéré un peu en retrait par son christianisme intérieur quelque peu différent. Les augustins mystiques et ascétiques se préoccupent du sens de la beauté de l'âme. De nombreux maîtres augustins professent à Salamanque comme Fray Pedro de la Vega en 1575. Malón de Chaide 13, navarrais, publie La conversion de la Madeleine 14. Il se trouve en 1567 à Salamanque. Sa religiosité pittoresque s'exprime en images et tournures populaires. Le caractère de Marie Madeleine dans son évolution sert de symbole à l'âme qui peut passer du péché à la perfection suprême des demeures mystiques. Elle est présentée comme l'archétype de la dimension humaine. Fray Hernando de Zárate avec De la paciencia cristiana, 1592, continue la tradition stoïcienne et celle de Sénéque. 11 Salamanque est célèbre par ses professeurs de théologie qui ont enseigné au XVI e siècle : Francisco de Vitoria, Domingo de Soto, Melchior Cano, Luis de León, Francisco Zúmal, Báñez, ses moralistes : Martin de Azpilicueta, qui ont laissé leur influence à des générations d'étudiants. Le plus célébre, Luis de León 15, d'origine juive 16, il est attiré par l'hébreu et sa culture, il rentre dans les ordres chez les Augustins en 1544 et se forme à Salamanque avec Melchior Cano et Domingo de Soto. Il se voit impliqué dans les conflits permanents entre les Augustins et des Dominicains. Ses ennemis déclarés sont León de Castro, antisémite et Fray Bartolomé de Medina. Fray Luis aspire à une sérénité spirituelle à laquelle il arrive rarement. Ses amis étaient Francisco de Salinas, Benito Arias Montano, Martinez de Cantalapiedra, El Brocense et Gaspar del Grajal. Il obtient ses diplômes en théologie et prononce l'oraison funèbre du professeur Fray Domingo de Soto en latin. En 1544 il obtient la chaire des études sur Saint-Thomas avec une grande majorité. Il utilise la dialectique dans son enseignement et il développe des qualités d'orateur en chaire. Dans un premier temps il arrive à vaincre les dominicains au sein de luttes intestines très violentes. En 1565 il obtient la chaire de Durando (Durant de Saint Pourçain) mais le dominicain León de Castro le dénonce à l'Inquisition à cause de ses commentaires de la Vulgate mais en réalité à cause des rivalités à l'intérieur de l'université. Fray Bartolome de Medina, scolastique intransigeant, strict en matière de théologie morale, dénonce aussi Fray Luis à l'Inquisition. Il est accusé de mépriser l'autorité de la Vulgate et de traduire de façon clandestine le Cantique des Cantiques. Son procès va durer cinq ans de 1572 à 1576. Reçu en triomphe à son retour, en 1578 il obtient la chaire de philosophie morale et l'année suivante la chaire de commentaire biblique puis il remplace l'évêque de Segorbe et il intervient dans le débat sur la prédestination et le libre-arbitre. Il devient provincial de Castille des augustins et meurt à Madrigal de las Altas Torres en 1591 peu de temps après être pris par les dissensions des Carmélites déchaux avec le père Nicolas Doria humaniste, philologue polyglotte, exégète biblique, théologue et poète, l'une des personnalités de la Renaissance espagnole.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 143

12 Il représente la Renaissance religieuse de sa génération avec sa poésie grave. Il présente un idéal de repos et de sérénité qui correspond à la pensés stoïcienne. Il plaide pour la publication des oeuvres de Sainte Thérèse d'Avila qui paraissent dangereuses en 1588. L'ouvrage Les noms du Christ de Fray Luis domine la littérature spirituelle du temps de Philippe II17. Fray Luis pratique l'étude de la Bible dans les textes originaux. Il fait une large part dans son enseignement aux pères de l'Église, c'est aussi un admirateur de Louis de Grenade. Ses origines juives ouvrent sa sensibilité aux leçons d'harmonie de Platon et à l'esthétique du roman pastoral qu'il va soumettre à la contrainte de ses vers, pour atteindre un large public espagnol qui apprécie son humanisme chrétien et son érasmisme secret. Sa perfection, sa complexité, sa profondeur font de lui un génie littéraire et religieux. 13 Les noms du Christ, manuel de christianisme intérieur, montre son humanisme, sa religiosité d'ascendance platonicienne, stoïcienne et scolastique. Sa pensée provient de Saint-Augustin mais il accepte aussi la doctrine de Saint-Thomas. C'est un théologien bon connaisseur des Écritures et des textes de l'Antiquité classique. Il réussit une synthèse entre l'Ancien Testament et la sobriété d'Horace, entre les idées de Platon et les Évangiles. Il fait partie des humanistes chrétiens du temps de Philippe II qui sont des modèles moraux, exemplaires dans leur vie et dans leurs attitudes. Arias Montano est l'austère ami de Fray Luis qui essaie de fondre le thomisme avec les idées de la Renaissance. 14 Les Augustins de Salamanque possédaient un jardin La Flecha, lieu géographique à partir duquel Fray Luis développe son sentiment de la nature et le néoplatonisme. Fray Luis traite la langue espagnole comme une langue classique. Il affirme : « Je ne parle pas sans lien et sans ordre..., je cherche l'harmonie entre les mots, je les choisis et je leur donne une place »... Pour lui la conversation soignée est signe d'un jugement insigne. Il recherche sans cesse une expression toujours plus sobre et plus concise. Il considère que tous les ascètes qui cherchent la paix sont remplis d'angoisse et de désespoir. Dans son ouvrage trois augustins dialoguent à Salamanque, Sabino, Marcelo et Juliano. Ces dialogues théologiques sont publiés à Salamanque en 1583. Ce sont des commentaires des écritures dans le style des dialogues de Cicéron avec la recherche d'un équilibre classique dans le lien de l'élaboration soignée et de l'expression naturelle. 15 Les noms du Christ sont l'équivalent de l'Enchiridion d'Érasme : une vivante anthologie des épîtres, des Évangiles, des psaumes. Cet ouvrage sert de clé et d'introduction à la dogmatique, à la mystique et à l'éthique chrétienne. Pour lui la sainteté intime est l'œuvre de la grâce et la sainteté extérieure est apportée par les cérémonies. Il distingue vigoureusement entre le formalisme monastique et l'imitation de Jésus-Christ selon la phrase bien connue d'Érasme : « Monachus non es pietas ». Fray Luis suit la méthode d'Érasme et recherche les mystères cachés sous la lettre de l'écriture et il regrette que les prélats ne puissent donner le goût, l'intelligence et la connaissance des lettres sacrées. 16 Cet augustin représente la période des discussions théologiques de l'université de Salamanque de la deuxième moitié du XVI e siècle. Le théologien reçoit les écritures comme une vérité qu'il a la charge d'interpréter alors que le philosophe attend une leçon des maîtres du passé. A l'époque de Fray Luis la philosophie est au service de la théologie, plus tard on considérera que c'est une école dont on doit sortir pour apprendre à penser par soi-même18.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 144

17 Les dominicains : Les dominicains sont à Salamanque en opposition avec les augustins. Ce sont des théologiens néo-scolastiques à l'attitude intellectuelle pour lesquels la figure de Saint-Thomas d'Aquin est essentielle. Francisco de Vitoria (1480-1546) est d'origine basque et fait cours à Salamanque au début du XVI e. C'est un grand commentateur, un théologien qui essaie de concevoir une harmonie entre la culture antique et les nouvelles découvertes. Melchior Cano (1509-1560) est sévère, impétueux, intellectuel. Sa philosophie est dépendante de sa théologie et repose sur le système thomiste et aristotélicien. 18 Les franciscains : C'est un certain franciscanisme qu'expriment Luis de Granada, Fray Diego de Estella (1524-1578) (Vanidaddel mundo). On insiste sur la fugacité des choses de ce monde et on donne des raisons pour arriver à l'amour de Dieu par l'intermédiaire des êtres de la nature dont la beauté est l'écho de la beauté divine. 19 Les carmélites se placent au sommet de la mystique et présentent un nouveau sens de la prière et choisissent la seconde voie pour l'ascension vers l'union divine en essayant d'atteindre le dernier degré, l'extase et la vision de Dieu. Sainte-Thérèse 19 et ses écrits sont la tendance populaire et sensorielle pleine de tendresse. La sainte met la technique sacrée à la portée du peuple. Le mélange de proverbes et d'allusions à des éléments concrets, à des images sensorielles permet à ses écrits d'intéresser les savants et les humbles. Ils représentent la démocratisation de la mystique. San Juan de la Cruz (Avila, 1542, carmélite) étudie à Salamanque après être rentré dans l'Ordre en 1563. Il nous présente une création poétique ineffable et intellectuelle qui montre bien l'influence de Saint-Augustin et de ses Confessions. On retrouve dans ses écrits un écho du franciscanisme de la tradition des carmélites. 20 Un grand débat va s'instaurer au sujet de la grâce suffisante et de la grâce efficace. Fray Domingo Báñez est convaincu de la prédestination, l'homme d'après lui n'a pas grand chose à faire, c'est ce qu'il affirme en 1588 dans In Priman Partent Divi Thomaé. Le jésuite Luis de Molina va lui répondre en affirmant que c'est la volonté libre de l'homme qui décide d'accepter ou pas l'aide de la grâce. Ces débats vont trouver des échos dans des œuvres de théâtre telles que El escla-vo del demonio de Mira de Amescúa et dans La vida es sueño de Calderón de la Barca. 21 La mystique au XVIe siècle a marqué aussi les études de théologie. Son développement est le chemin qui conduit à Dieu par l'intuition. La conduite ascétique se place à mi- chemin et utilise la raison. On considère qu'il existe trois voies pour accéder à l'union avec la divinité. Premièrement la voie purgative par l'intermédiaire de la purification des péchés. La voie illuminative qui passe par l'exercice et la discipline la plus ascétique et enfin on arrive à la voie de l'union réservée aux personnes les plus parfaites qui peuvent atteindre l'union avec Dieu grâce au mariage spirituel. Les mystiques expriment ces transports dans le langage de l'amour, l'union mystique étant considérée comme la présence de Dieu dans l'âme. Ces voies préoccupent théologiens et inquisiteurs et posent des problèmes aux religieux de plus haut niveau chargés directement ou indirectement de la formation.

Un village

22 Pendant la formation d'Axular, la Renaissance redécouvre l'enfant, futur citoyen. Les humanistes s'occupent de leur éducation et rédigent de nombreux traités dans la ligne

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 145

de De pueris educandi d'Érasme. Les adolescents qui vont former les élites fréquentent les collèges et les universités à partir de 12-13 ans. Cependant l'alphabétisation reste un problème fondamental qui va de pair avec une imprégnation des croyances et des normes religieuses. Lors du Concile de Trente il est décidé que l'éducation insistera sur les règles morales à adopter. Par ailleurs la culture a une efficacité sociale et politique. Elle assure protection et promotion sociale et c'est une force entre le pouvoir temporaire et spirituel.

23 Pedro Mexias 20 diffuse l'idée humaniste de prodiguer la culture gréco-latine au plus grand nombre et emploie dans ce but la langue castillane dans son ouvrage alors que le latin domine. Cette idée sera appliquée au Pays Basque par Axular pour la rédaction du Gero. L'opposition entre le village et l'université se traduit dans de nombreux traités. L'idée est qu'il faut fuir le village pour aller apprendre à l'université pour essayer de devenir savant et sage selon les trois principes que met en avant Juan Lorenzo : « Ires cosas hacen a un hombre docto : mucho oir, mucho escribir y enseñar a otros lo que havemos estudiado ». 24 Axular naît dans une maison d'un village navarrais, dominé par la vie du couvent des Augustins et de Prémontrés 21. La première fonction éducative revient à la famille qui donne de bonnes habitudes, les sentiments les plus primitifs doivent pouvoir s'accorder à la raison lorsqu'elle surgira. Le jeune enfant apprend à aimer le bien et à fuir le mal par des moyens esthétiques dans la famille protectrice qui joue un rôle conservateur. Elle tend à maintenir une morale de contrainte et de soumission fondée sur un principe monarchique car elle protège en étouffant et élève en figeant. La fonction essentielle est celle de former les sentiments par l'amour maternel et le respect du père.

Au couvent se situe l'école avec les augustins et les prémontrés

25 L'école permet la construction d'un savoir à long terme, savoir organisé et adapté par la transposition didactique et savoir argumenté et désintéressé sans finalité immédiate. Au XVIe siècle, 80 % ou plus de la population est analphabète, cependant les diffusions d'abécédaires qui combinent souvent l'enseignement de la lecture et de l'instruction religieuse deviennent de plus en plus nombreuses et les études font apparaître des éditions qui se répètent en 1501, 1502, 1530, 1550 22. Ils sont utilisés à partir de 5-6 ans pour apprendre à lire, compter, et pour apprendre la grammaire, à partir de 12-13 ans les adolescents ont accès aux classes de grammaire et en particulier au latin. C'est dans ce système que Pedro de Axular né en 1556 fit ses premières lettres, d'abord au célèbre monastère de San Salvador situé dans le village d'Urdax 23 sous la responsabilité des chanoines de saint Augustin et des moines prémontrés.

26 Et c'est sans doute chez les Augustins ou les prémontrés dans les couvents du même ordre qu'il poursuit ses études de théologie à l'Université de Salamanque 24 que Curtius définit comme la corporation des enseignants et des étudiants 25. Salamanque accueille l'aristocratie et est très exigeante et coûteuse dans sa vie universitaire alors que l'université d'Alcalá de Henares accueille tout le monde, pauvres et riches. Les docteurs de l'université de Salamanque jouissaient de franchises et de privilèges comme les hidalgos espagnols.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 146

27 Dans les collèges mineurs on enseigne le latin, le grec et l'hébreu puis les enseignements inférieurs, les humanités, la rhétorique et la dialectique. Les enseignements supérieurs étaient la philosophie et la théologie. L'exposé se fait essentiellement à l'oral en latin pendant le cours, les discussions avec le professeur et les élèves ont lieu à l'extérieur où le professeur va s'appuyer à un pilier. La dispute théologique ordinaire réunit un maître qui choisit un thème de discussion et préside aux échanges entre deux bacheliers ou deux étudiants de niveaux différents qui s'opposent par une série d'arguments contre la thèse proposée par le maître. Après les réponses les débats reprennent plus tard et le maître donne sa propre solution, résume et analyse l'ensemble de la discussion puis revient sur chaque argument ou sur chaque réponse s'il la juge médiocre ou erronée. La vie est austère car les leçons débutent à prima, c'est-à-dire 6 h du matin. Les langues anciennes servent de base et l'étudiant doit acquérir une bonne connaissance des lettres, de la rhétorique, de la poésie et de l'histoire. Des répétitions sont prévues en présence du maître. Des bandes opposées d'étudiants amènent les discussions sur des thèmes spéculatifs qui débouchent sur des manifestations de violence. 28 On enseigne aux étudiants la rhétorique et la topique qui comprennent le discours de condoléances, le discours historique, la modestie affectée, l'exorde, la conclusion, l'invocation à la nature, le monde renversé, l'enfant et le vieillard, la vieille femme et la jeune fille. Mais les étudiants se dressent contre la tyrannie du latin appuyés par El Brocense y Pedro Simón Abril (1530-1590). Ambrosio de Morales, Herrera et Fray Luis de León dans leurs œuvres ou leurs expositions théoriques proclament aussi la dignité du castillan. Huarte de San Juan affirme : « Aucun auteur confirmé n'est allé chercher une langue étrangère pour faire comprendre ses idées, autrefois les grecs écrivaient en grec, les romains en latin, les hébreux en hébreu et les maures en arabe, et je fais de même en espagnol ». 29 Le monde de l'université de Salamanque avait des aspects démocratiques, les valets pouvaient assister aux cours comme les étudiants. Les étudiants portaient des soutanes qui leur imposaient des restrictions et leur donnaient des droits. Le règlement disait que ce vêtement donnait de la décence aux étudiants et les obligeaient à une marche plus noble et moins libre. Par ailleurs peu coûteux, il pouvait couvrir des tenues en mauvais état. 30 Cisneros crée l'université d'Alcalá de Henares et en 1509 a lieu le premier enseignement. Salamanque avait souhaité qu'Alcalá fût rattachée à son siège mais n'obtint pas satisfaction. A cause de la possible concurrence, des modifications sont faites dans le cursus universitaire à Salamanque pour retenir les étudiants. Par ailleurs, les théologiens formés à Salamanque vont exercer à Alcalá. Salamanque était jusqu'alors restée fidèle à la scolastique fondamentale, à Saint-Thomas mais en 1508 l'université décide de la création de trois chaires nomina-listes sur le modèle parisien, une de théologie dont le professeur va être payé 150 florins par mois, une de philosophie qui sera attribuée à Juan de Oria avec 34 florins par mois, une de logique occupée par Fray Alonso de Córdoba, un augustin payé 100 florins. Cisneros à Alcalá veut introduire la doctrine de Duns Scot et par conséquent une chaire de scotisme sera créée à l'université de Salamanque en quelque sorte en opposition au foyer de thomisme des dominicains de San Gregorio de Valladolid. Mais à la Sorbonne un dominicain espagnol Vitoria respire l'atmosphère d'une renaissance thomiste. Il fera

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 147

un cours à Salamanque en 1535-1536 où il commente la Secunda Secundae de Saint- Thomas, partie de la Somme qu'il avait éditée à Paris. 31 En 1536 les trois chaires de Saint-Thomas, Scot et Nominalisme sont dédoublées, cette dernière s'appelle dès lors Cátedra de Durando. L'enseignement nominaliste avait pris pour base Durand et Gregorio de Rimini. Mais au milieu du siècle on décide de substituer Durand par Gabriel Biel ou Marsile d'Inghen. L'enseignement théologique et le sentiment religieux durent être confirmés par le nominalisme26. 32 Les études de théologie à Salamanque ont fait l'objet de nombreuses études aussi bien concernant la personnalité des différents professeurs (Francisco de Vitoria, Pedro de Herera, Báñez, Domingo de Soto, Fray Luis de León...) que du point de vue de son contenu (doctrine de la grâce, la morale, controverse politico-théologique, théorie du progrès dogmatique, la logique nominaliste, les études bibliques) et de sa méthode. Son importance est mise en relief par les bénéfices attachés à la profession de professeur de théologie, ce sont eux qui perçoivent les plus gros salaires 27. Pendant le XVI e une partie de la réflexion sur l'économie est menée par les théologiens et les juristes sortis de l'université de Salamanque. Ils orientent la réflexion vers des échanges commerciaux licites, l'utilisation de l'intérêt des prêts bancaires et les charges causées par les impôts. Ils en arrivèrent à élaborer la théorie de la valeur ou du juste prix, forme primitive de la loi de l'offre et de la demande, ils acceptent le crédit et font les premières observations sur l'inflation des prix28. 33 La théologie enseignée à Salamanque reposait sur le système scolastique contenu dans les œuvres de Saint-Thomas d'Aquin et de ses disciples. On parle surtout de la théorie du dominicain espagnol Báeñz 29 qui concilie la liberté humaine avec l'infaillible efficacité de la grâce divine. L'originalité et la vigueur interne du système doctrinal de Saint-Thomas d'Aquin sont considérées comme une manifestation philosophique qui s'inclut dans le code du droit canon. Ce système est préféré par l'Église, à cause de son aspect doctrinal il réussit à dominer la scolastique dans un premier temps jusqu'au point qu'il pourrait ensuite presque se confondre avec elle. Au XIV e et XV e siècle, il permet la construction de l'Église mais avec la décadence de la pensée philosophique il hérite du manque de rigueur qui caractérise cette époque. Le scotisme attaque la doctrine intellectualiste du thomisme. Mais le théologien français Capreolo réussit à maintenir l'autorité du maître et à donner un renouveau et une prolongation du système grâce à la suppression des ajouts des deux derniers siècles. Deux théologiens, un italien Tomas de Vio (Cardenal Cayetano) et l'espagnol Francisco de Vitoria œuvrent dans ce sens. La doctrine de Saint-Thomas était générale en Espagne au début du XVI e et Cisneros lui donne le rôle le plus important dans son université. A Salamanque on l'explique à l'université depuis le premier tiers du XV e, on expose sa doctrine plutôt que celle d'autres docteurs de la loi. On peut dire qu'au début du XVI e siècle les grands professeurs sont tous des thomistes dans leur doctrine fondamentale, qu'ils soient Augustins comme Guevara et Luis de León, ou Jésuites comme Suárez. Le XVI e siècle est le siècle d'or du thomisme en Espagne grâce à la rénovation effectuée par Vitoria et ses disciples qui rajeunit le système et le met en condition pour lutter contre les idées de la Renaissance. Grâce au thomisme on peut résoudre les trois problèmes fondamentaux qui se posaient, celui de la séparation de la théologie et de la philosophie médiévale, celui de l'alliance entre l'érudition, la critique et l'autoritarisme de la tradition théologique et enfin l'épuration de l'œuvre du scolastisme. Les principaux représentants du thomisme espagnol sont Vitoria, Soto, Cano, Medina, Bánez, Ledesma,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 148

Pedro de Herrera, Oña, Mancio de Corpore Christi. Pour Saint Thomas 30 l'âme est la première manifestation d'un organisme capable de vie (héritage d'Aristote). La morale du thomisme a été universellement connue et acceptée, injustement on a cru que c'était une adaptation de la morale d'Aristote. En fait c'est une synthèse des doctrines des pères de l'Église qui montre la force d'organisation du saint, par rapport à l'éthique. 34 La vie universitaire31 : L'étudiant novice est vite reconnu par les anciens dans la rue ou dans le patio des écoles mineures. Il est soumis au milieu d'un cercle d'étudiants à un rite qui commence par des quolibets et des moqueries qui s'amplifient par des gestes offensants. Il se retrouve ainsi le bonnet enfoncé jusqu'aux oreilles ou le col déchiré. La littérature se réfère à ces pratiques : 35 « Ils étaient plus de cent autour de moi, ils commencèrent à renifler, à tousser et au mouvement de leurs lèvres, je vis qu'ils préparaient des crachats32 ». 36 Le nouveau subit le répugnant supplice du « gargajeo ». Il n'y échappera qu'en conviant ses camarades à un banquet appelé « la patente » et après avoir été hissé sur une chaire avec une mitre sur la tête 33. Un auteur Suárez de Figueroa 34 nous parle d'une victime qui se trouve sous la grêle épaisse des crachats... « passé à la neige. » 37 En outre la vie n'est pas facile dans les maisons d'accueil. Quevedo évoque un peu plus tard le licencié Cabra 35 ou maître de pension et la nourriture dont doivent se contenter les étudiants : 38 « Après le bénédicité on apporta dans des écuelles de bois un bouillon fort clair... les maigres doigts des convives poursuivaient à la nage quelques pois orphelins et solitaires ». 39 En 1598 il y avait environ 4 500 à 5 000 étudiants mais très peu parmi eux vivaient aisément dans les résidences d'étudiants. Très peu aussi vivaient dans leur propre maison, la plupart se logeaient dans des pensions tenues par un prêtre qui accueillait une dizaine d'étudiants. Il existait aussi ce que l'on appelle des républiques d'étudiants. Ainsi nous relevons que dans une paroisse, celle de San Blas il existait seize républiques, c'est-à-dire un certain nombre d'étudiants regroupés dans une même maison partageant les frais, travaillant et sortant ensemble36. 40 La vie est dure pour les élèves d'origine aisée et encore plus pour leurs valets, fils de paysans, d'artisans ou de marchands qui peuvent suivre les mêmes cours que leurs maîtres. Cependant, certains arrivent à progresser comme Juan Martinez Siliceo qui venu à Salamanque comme simple valet a réussi à obtenir la bourse du grand collège de San Bartolomé. Il devient plus tard précepteur de Philippe II, archevêque de Tolède et cardinal. Un autre, Gaspar de Quiroga, arrive à suivre le cours complet des études théologiques sans avoir pour sa subsistance d'autre pécule que le réal quotidien que lui avait assuré pour sa vie entière la libéralité de la reine Jeanne. En 1593 il devient cardinal et archevêque de Tolède. De nombreuses personnalités ont suivi les cours de l'université de Salamanque. On peut signaler Don Diego de Simancas, évêque de Zamora qui va à Valladolid puis à Salamanque suivre les cours. C'est dans ces conditions, avec ces conflits et le contenu de ces enseignements qu'Axular fait ses études à l'université de Salamanque et obtient le titre de Bachiller en théologie qui pouvait être suivi par celui de licencié et celui de docteur. 41 Les tribunaux d'examen des étudiants étaient régis par toute une série de lois mais leur application suscitait de nombreuses discussions où s'exprimaient les passions politiques car les animosités entre les professeurs et les docteurs, les rivalités entre les

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 149

différentes institutions religieuses, les luttes entre les philologues et les exégètes du texte hébreu se reflétaient dans les études et les examens 37. Pour les concours, il est demandé aux témoins des références sur les parents et les grands parents. Ils doivent être vieux chrétiens, de sang pur, sans contact avec les juifs, les maures ou les nouveaux convertis. Le problème de la limpieza de sangre pèse sur l'étudiant de Salamanque. 42 Cette ville est en déclin et passe de 4 936 foyers en 1561 à 3 747 en 1588. Cependant c'est là que se trouve la première université de la couronne de Castille. Elle se caractérise par son esprit innovant. On ose y débattre des problèmes qui affectent la monarchie et la chrétienté. C'est un centre dépositaire d'un savoir antérieur que l'on transmet aux nouvelles générations mais l'on n'y développe pas l'esprit créateur38. 43 Une autre fonction de Salamanque est de fournir diplômés et théologiens à la monarchie espagnole. Ainsi 80 % des revenus qui font vivre l'université viennent du tiers royal sur la dîme ecclésiastique de l'évêché de Salamanque, on constate donc une forte dépendance des études par rapport à la couronne et à l'Etat, soutien de l'Université. Par ailleurs, il existe des inégalités dans le paiement des professeurs de théologie et le paiement des juristes face aux médecins et mathématiciens. La bibliothèque se fossilise depuis la moitié du XVI e siècle à cause d'une augmentation de la pauvreté. Il est difficile pour les étudiants modestes ou « manteístas » d'avoir une bibliothèque personnelle, ils doivent se contenter de leurs notes de cours. 44 En cas de décès l'étudiant étant loin de sa famille, tous les rites et les cérémonies sont prévus par les règlements39. Les relations avec le recteur, le vice-recteur, que ce soit à la chapelle ou au réfectoire, dans les collèges... sont réglementées par les statuts qui sont régulièrement modifiés et contrôlés dans leur application par des visites répétées.

Influences dans le Gero

45 Quelle trace retrouve-t-on dans le Gero d'Axular 40 de ce passage formateur chez les Augustins et par Salamanque ? Les citations de Saint-Augustin 41 dominent dans le texte et nous ne saurions nous en étonner puisqu'il a fréquenté les membres de cet ordre à Urdax et sans doute à Salamanque avec probablement les cours du maître en la matière Fray Luis, nous rappellerons simplement que jusqu'au XVI e siècle la philosophie est au service de la théologie et que selon ce saint père de l'Église la grâce aide la faiblesse de l'homme et soutient sa liberté sans la contraindre. L'œuvre polémique du saint fondateur s'est occupée de combattre les hérésies et en particulier le pélagisme qui déjà au Ve siècle affirmait que l'homme se sauve par lui-même et qu'il n'a pas besoin de la grâce de Dieu pour être sauvé. La religion chrétienne étant considérée comme une simple morale. Saint-Augustin affirme que tout nous vient de Dieu, la grâce, les bonnes œuvres, la foi. La doctrine de Saint-Thomas revient souvent dans son exposé42 et elle a dominé la théologie jusqu'à nos jours.

46 Tout d'abord il croit au pouvoir de l'éducation et cite Salomon43 (Eccl 7) :

47 « Quand tu auras des enfants, dresses-les quand ils seront petits, soumets-les, maintiens-les sous ta férule car lorsqu'ils seront grands, tu ne pourras ni les assujettir, ni les discipliner ni les plier facilement. » 48 C'est à cette œuvre qu'il s'emploie pour sauver l'âme de ses compatriotes. Il leur parle donc leur langue et utilise à mode de parabole des exemples qu'il prend dans le milieu

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 150

rural, dans Pline sans doute, la vie de l'abeille, de la fourmi qui comme chez Fray Luis montre la bonté et la beauté de Dieu. D'autres fois l'exemple choisi, les difficultés pour le hérisson d'accoucher, montre le cheminement difficile de l'âme. La langue qu'il utilise se veut familière d'accès avec l'utilisation de proverbes et d'expressions toutes faites du langage familier : 49 « On lui met la main dessus »44.

50 « Ce qui est fait est fait » nous rappelle Sainte Thérèse d'Avila et la démocratisation par le langage du mysticisme et de l'ascétisme45. 51 Il choisit aussi comme Érasme d'enseigner grâce aux adages :

52 « Nous ne sommes pas sûrs de l'avenir, nous sommes toujours en danger »46.

53 Ou encore :

54 « Pour les paresseux tous les jours sont fêtes »47.

55 Dans la construction de son œuvre il suit les enseignements de la rhétorique et de la topique avec l'élaboration d'une introduction sur le thème de la paresse avec forces exemples. Il aborde de façon répétée le problème de la grâce selon les perspectives du Concile de Trente. 56 « Dieu donne 48 à beaucoup de gens ce privilège, après avoir été mauvais pendant leur jeunesse, il les attend lorsqu'ils vieillissent et alors remis sur le bon chemin ils se sauvent en faisant pénitence ». 57 Axular est un bon connaisseur des lettres grecques et latines dans lesquelles il puise ses citations multiples mais il utilise aussi abondamment les Saintes Écritures et les écrits des Pères de l'Église. 58 Ce qui vaut la peine d'être enseigné c'est ce qui unit et ce qui libère. Pour Axular c'est la voie du salut. L'enseignement doit être transférable, on se libère par l'action et par l'effort. Le principe de joie doit être retenu pour passer d'une valeur moindre à une valeur supérieure, pour expérimenter la joie d'apprendre et de se dépasser. Le sentiment du sacré est un apprentissage qui se fait au moyen du sacrifice et qui refuse le sacrilège car la valeur est sacrée. Nous pouvons dire que l'éducation invite au sacrifice et s'oppose au sacrilège. Eduquer c'est apprendre à sacrifier la jouissance immédiate et facile à ce qui vaut la peine qu'on s'y consacre, l'essentiel étant pour Axular et l'Église du XVIe la conquête du paradis 4950. 59 L'évocation des possibilités de l'individu est destinée à démontrer le libre arbitre de l'homme, sa capacité de formation. L'éducation amène l'homme à maturité. A l'heure actuelle elle est considérée d'un point de vue physique comme la capacité à assumer une sexualité génitale et d'un point de vue psychologique à donner la primauté au principe de réalité sur celui de plaisir. Mais le XVI e siècle marque le triomphe de la vie religieuse sur la vie héroïque et courtisane. L'érasmisme, profond mouvement culturel et religieux a enrichi le patrimoine de l'Espagne de façon impérissable dans sa recherche de la vérité et de la liberté que nous retrouvons dans le Nouveau Testament. Il éclaire l'œuvre d'Axular qui veut montrer selon l'Evangile de Saint Jean 8 : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre ».

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 151

NOTES

1. Reboul Olivier, La philosophie de l'éducation, Paris, PUF, 1989, 125 p., p. 25. 2. Valbuena Prat Angel, Historia de la literatura española, Barcelona, Gustavo Gil, 1968, 4 tomes, Tome I, p. 596 à 750. 3. Delumeau Jean, La civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud, 1967, 718 p. Luther réfute la liberté du chrétien. 4. Margolin, Jean-Claude, Érasme précepteur de l'Europe, Paris, Julliard, 1995, 421 p. 5. Bataillon, Marcel, Érasme et l'Espagne, Paris, Droz, 1937, 903 p. 6. Erasmus Von Rotterdam, Desiderius (1469-1536) formation à Deventer, Paris. Séjours en Angleterre, en Italie. 7. Il appartient à l'ordre fondé par Saint-Augustin, père de l'Église latine, africain ayant étudié à Carthage après une vie de plaisir et de diversion. Il appartint à la secte des manichéens. Il fut professeur de rhétorique en 383 et à Milan en 384 il entendit les sermons de l'évêque Ambroise. Il se convertit au catholicisme et il se retira et écrivit de nombreux ouvrages théologiques et religieux (souvent polémiques contre les hérésies). Les augustins forment le quatrième des ordres religieux mendiants, depuis 1567, par l'intervention de Pie V Au XVI e siècle les augustins possédaient près de 2 000 monastères avec 30 000 religieux et 300 couvents de religieuses. Des réformes importantes eurent lieu en particulier en Espagne, dirigées par Fray Luis de León en 1588. 8. 1504. 9. Avilés Miguel, Erasmoy la inquisición, Madrid, Fundación universitaria española, 1980, 115 p. 10. Salamanque, Mathias Gast, 1574. 11. Margolin Jean-Claude, L'événement des temps modernes, Paris, PUF, 1977, 771 p., p. 243. 12. Garin Eugenio, L'éducation de l'homme moderne, 1400-1600, Paris, Fayard, 1968, 262 p., p. 185 et suivantes. 13. 1530-1589 : Moine augustin de Salamanque, disciple de Fray Luis de León. 14. 1588 : Il contient une apologie de la langue vulgaire. 15. Belmonte Cuenca, 1527, Madrigal de las altas Torres, 1591. 16. 1527-1591 : Maître en théologie 1560 : préside l'école salmentine 17. Philippe II (1527-1598). Roi d'Espagne (1558-1598). Un des principes qui domine sa politique est la défense du catholicisme. 18. Reboul Olivier, La philosophie de l'éducation, Paris, PUF, 1989, 125 p. 19. Les demeures ou châteaux intérieurs, c'est le titre du livre le plus important de la sainte, elle analyse l'évolution de l'âme dans son expérience mystique, les sept états correspondent aux divers degrés de la perfection et aux étapes de la vie purgative, illuminative et unitive. 20. Mexias, Pedro, Messie Pierre, Les diverses leçons de Pierre Messie, Paris, Etienne Groulleau, 1552 [1540]. « L'homme n'est pas né pour lui seul mais pour l'usage et l'utilité de sa patrie et de ses amis... le chrétien doit aimer son prochain comme lui-même ». 21. Abbaye mère de l'ordre des prémontrés créé en 1120 à Premontré (France) l'Abbaye fut transformée en 1535 et occupée par le Cardinal Francisco de Pisa. Elle fut supprimée lors de la Révolution. Cet ordre religieux fut introduit en Espagne par Sánchez de Ansúrez y Domingo qui introduisit la règle à l'Abbaye de Retorta (1143). Au XIV' siècle s'amorce une décadence de l'Ordre et des modifications furent effectuées en particulier en 1505. A la fin du Moyen Age les mêmes problèmes se posent que dans les autres monastères espagnols. 22. Redondo Augustin « Les livrets de lecture au XVIe siècle » La formation de l'enfant en Espagne au XVIe et XVIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1996, 425 p., p. 71-91.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 152

23. Municipalité de la province de Navarre et du diocèse de Pampelune, située près de la France à 8 km du pont de Dancharinea. Le territoire est arrosé par des ruisseaux affluents de la Nivelle. 24. L'Université fondée au début du XIII e siècle après celles de Paris, Bologne et Oxford, comptait déjà vers 1250 parmi les plus illustres d'Europe. Au XVI' siècle elle atteint l'apogée de sa célébrité avec 6 700 élèves. La plupart des théologiens du Concile de Trente étaient des disciples de Frère Francisco de Vitoria de l'Université de Salamanque. Au XVI e siècle on y enseignait le système cosmogonique de Copernic réputé hérétique dans la plupart des autres pays. Les bâtiments datent en partie du XVIe siècle. 25. Curtius, Ernst, Robert, la littérature européenne et le Moyen Age latin, Paris, PUF, 1956, 733 p. 26. Bataillon Marcel, Érasme et l'Espagne, Paris, Droz, 1937, 903 p., p. 805 et suivantes. La logique est une science de termes, le nominalisme médiévale est un terminisme. En réduisant l'universel a n'être qu'un terme, le nominalisme se définit en s'opposant au réalisme c'est-à-dire à toutes les manières d'affirmer qu'une chose est prédicable de plusieurs. Si une telle affirmation apparaît contradictoire, l'absurdité de tout réalisme au sens médiéval de ce mot contraint à reconnaître la vérité du nominalisme. 27. Rodríguez San Pedro Bezares, Luis Enrique, La universidad salmantina del barroco 1598-1625, El modelo barroco, Gobierno y hacienda, Salamanca Universidad, 1986, 638 p. 28. Francisco de Vitoria, Domingo de Soto, Martin de Azpilcueta. 29. Domingo Bánez, philosophe et théologien espagnol qui fit ses études à Salamanque et occupa une chaire de 1570 à 1573 et en particulier celle de théologie de 1581 à 1599. 30. La mort de Saint-Thomas se situe aux alentours de 1224 à l'âge de 48 ans. Il reçoit son éducation sur le mont Tassino dans un monastère du sud de l'Italie où il est placé par son père le comte d'Aquin. Ensuite il s'en fut poursuivre ses études à Naples, il avait 11 ans quand il commença à étudier là la philosophie. Il étudie les matières du trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) puis celles du quadrivium (arithmétique, géométrie, musique et astronomie). Il reste au couvent des dominicains de Naples jusqu'en 1244 où il part pour Cologne. Il s'en va suivre les cours à la faculté des arts de Paris mais il subit les tensions existantes entre les ordres mendiants et l'université. En 1261 il est attaché par le pape Urbain IV à la curie pontificale en qualité de théologien et de maître des écoles du palais. 31. Reynier Gustave, La vie universitaire dans l'ancien régime, Paris, Picard, 1902, 220 p. 32. Quevedo, EL buscón, Don Pablos de Segovie, Madrid, Cátedra, 1986, 284 p. 33. Aleman Mateo, Guzmán de Alfarache, livre III, partie 2, chapitre IV : Hacer de Obispillo. 34. Suarez de Figueroa, Pasajero, Alivio III, folio 106. ? 35. Quevedo, EL buscón, Don Pablos de Segovie, Madrid, Cátedra, 1986, 284 p. (Portrait de Don Antonio Cabreriza). 36. Gonzalez Tomas 37. De la Fuente, Vicente, Historia de las universidades, Madrid, hija de Fuentenebro, 1885, 3 tomes, T 1 : p. 279 : el claustro de Salamanca a mediados del siglo XVI. 38. Rodríguez San Pedro Bezares, Luis Enrique, La universidad salmantina del barroco 1598-1625, El modelo barroco, Gobierno y hacienda, Salamanca Universidad, 1986, 638 p. Tome I, prologue p. 11. 39. Sala Balust, Luis, Constituciones, estatutos y ceremonias de los antiguos colegios seculares de la universidad de Salamanca, Madrid, C.S.I.C. 1962, 3 Tomes, T I : 399 p., T 2 : 523 p., T 3 : 362 p. 40. A 28 ans il est ordonné sous-diacre à Pampelune en 1584 et à 40 ans il est ordonné Diacre à Lérida. Puis il réside cinq ans à Saint-Jean de Luz de 1595 à 1600. Dans la lettre écrite par Henri IV au Parlement de Bordeaux on le dit prêtre diplômé en théologie. Cette année-là il fut nommé curé de la paroisse de Sare dans le Labourd après la démission du titulaire Jean Douamet pour raisons de santé. Axular avait obtenu la faveur de l'évêque à cause de ses prédications mais en 1600 quelques mois après, Jean d'Harozteguy demande cette charge en alléguant que celui qui a été nommé est étranger alors que lui même soutenait que comme navarrais il était sujet de Henri

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 153

IV, roi de France et de Navarre et demandait sa naturalisation. Le Parlement de Bordeaux le 20 août 1601 donna sa sentence et maintint Axular à son poste. Ce dernier créa des réunions théologiques et littéraires où l'on débattait de problèmes pastoraux et de l'utilisation de la langue basque pour la reconversion des chrétiens. C'est dans cette retraite que Axular écrivit Gero qui est une ascèse pour atteindre avec succès l'au-delà au moyen du christianisme. Mort à Sare en 1644 le 8 avril à l'âge de 88 ans. 41. p. 54, 66, 78, 102, 114, 122, 146, 158 42. p. 18, 122 43. Gero, op. Cit, p. 95. 44. Gero, op. Cit, p. 76 45. Gero, op. Cit, p. 72 46. Gero, op. Cit, p. 62. 47. Gero, op. Cit, p. 50. 48. Gero, op. Cit, p. 79. 49. Delumeau Jean, La civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud, 1967, 718 p., Synthèse de la Chronologie par rapport à l'Espagne et aux problèmes théologiques, p. 540 et suivantes, avec quelques compléments concernant l'éducation à Salamanque. 50. Barrientos García, José, EL maestro Pedro de Herrera y la universidad de Salamanca, Salamanca Universidad, 1983, 221 p., p. 13-32 et 87.

INDEX

Index géographique : Salamanque, Urdax Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), enseignement, histoire du Pays basque, ordre religieux, théologie, vie universitaire Thèmes : histoire, philologie Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle

AUTEUR

YVETTE CARDAILLAC-HERMOSILLA

Université de Bordeaux III

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 154

Axularren garaiko sermoi argitaragabe bat : erunt signa in sole, et luna, et stellis. l. 21., goure ginco omnipotantac... aurkezpena, oharrak eta transkripzioa.

Patri Urkizu

Justitia et pax osculatae sunt (Ps.84) 1 JUSTIZIAK eta bakeak elkarri pot eman diote, halaxe dio Salmistak, eta egun-go mundu egoeraren aurrean horixe bera desiatuz hasiera eman nahi nioke hemen ene saio xume honi. Alegia, zubereraz idatzirik dagoen eta Axularren garaikotzat jotzen dudan hitz horiek beraxek darabiltzan sermoi baten aurkezpenari.

2 Hala bada, hau hemen agertzearekin batera ohar batzuk nahi nituzke eman euskal sermoigintzaren inguruan baliagarri gerta daitezkeelakoan, bai euskal lite-ratur erlijiosoaren, bai euskal erretorikaren bai eta euskararen historiarako. 3 Jakin, badakigu Goi Erdi Aroan Karlomagno enperadoreak « Capitulares » edo Buruxkak dei ditzakegun agirietan predikuak herriak konprenitzeko eran egitea gomendatzen zuelal, hau da, herriaren hizkuntzan egitea, eta Erdi Aroan sermoi guztiak, latinez idatziak zirenak barne, Frantzian batik-bat frantsesez ematen zire-la, bakarrik apezgoari zuzenduak eginik latinez. 4 Baina zenbait lurraldetan beste hizkuntzarik ere mintzatzen baitzen, ezagunak dira, adibidez, okzitanierazko sermoiak, eta Genevieve Hasenohr-ek dioskunez 2, ageri direnak garaiko hizkuntza lekukorik zuzenenak bezala, ohikoa zelarik beste lekutan bezala sermoi bildumak egitea urte guziko elizkizunetan erabil zitzaten. 5 Ez da harritzeko ikustea, beraz, XV mendearen erdialdean inprimategia sortu zenez geroztik, kontutan hartzen badugu Eliza Katolikoak predikuari ematen zion garrantzia, Artes praedicandi... delakoak moldiztegiratuak, eta erretorikaren historia liburuetan 3 gaia ukitzen duten ehunka titulu irakur daitezke XVI-XVII. mendeetan argitaratuak. Adibidez, Erdi Aroan eta geroago ere ospetsua izango zen Alain de Lille deitu teologo

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 155

eta Pariseko Unibertsitatean errektore izan zenak (Lille, - Citeaux, 1203) Summa de arte praedicatoria idatzi zuen 4, egile ezezagun batek Tractatus de modo discendi... seu de modo praedicandi5 bat plazaratu Leipzig-en XV mende bukaeran, eta Etienne Hoert jaunak 6 Strasbourg-en 1513an beste Modus praedicandi... bat moldiztegiratu zuen. Liburu hauek, noski, aski arrakastatsuak eta garaiari egokituak izaten ohi ziren, eta horien bitartez azter dezakegu nolako erretorika zerabilten apezek beren sermoietan, eta garaia eza- gutzeko ere baliagarri gerta dakizkiguke, Louis Mourin-ek 7 Jean Gerson (Gerson, 1363 - Lyon, 1429) teologo eta predikariaren sermoiak aztertuz erakusten digun bezala. Hots, zerabiltzaten aipamen, errefrau eta exempla-k, alegia, ixtorioak garaiko pentsamoldeen, burutazioen berri eman diezaguketela beste literatur tes-tuek baino areago.

6 Erlijio ordenen artean, Jesuiten presentzia eta arrakasta XVI-XVII. mendee-tan izugarria izan zen, noski, hala irakaskintzan nola predikazioan, batipat beren Ratio studiorum delakoa zela medio, zeinek Humanitateen estudioari garrantzi handia ematen baitzion eta hauen artean bereziki Erretorikari, zientziarik noblee-na bezala. Ondorioz beren eragina predikazioan ere handia izan zen. Eta bidena-bar idatzi zuten oratoriaz liburu aski, adibidez, Bartolome Bravok De arte oratoria 8 ospetsua plazaratu zuen eta Aita Reggiok Orator Christianus ezaguna. 7 Gure esparrura, hau da Euskal Herrira gatozelarik, eta zehazkiago Axularren garaiko sermoigintza aztertzera, ez dago dudarik honek garrantzi izugarria izan zuela Trentoko Kontzilioaren ondoren, apezpikuen sinodalek adierazten diguten bezala herriaren heziketa katolikoan ezinbestekotzat jotzen baitzen. 8 Jakin, badakigu nola Baigorrin sortu zen Bertrand d'Etchauzek (1557-1645), Henri IV aren kontseilari eta kapeilauak eta geroago Baionako apezpikuak, Axularren babesle izan zenak, zioetenez, kortesau baten hizkeraz areago mintzo zena apezpiku hizkeraz baino, Baiona utzi eta Tours-era joatea eskatu zuelarik, hiri honetan katedrala izugarri dotoretzeaz eta apaintzeaz gain Maison de l'Oratoire delakoa sortu zuela.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 156

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 157

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 158

9 Ezaguna da bestalde, Axularrek berak lehenik fama eta ospea predikari moduan izan zuela Henri IV aren gutun batean nabarmentzen den bezala, il a presche la parolle de Dieu au gre et contentement de l'evesque et gens de bien du dit pays9 alegia, Jainkoaren hitza hedatu duela apezpikuaren gogo eta kontenta-menduaren arabera hala nola aipatu herriko jende onen gustora. Halaber, 1611. urtean badakigu Lancre eta sorginkeriaren arazo triste haren ondoren, non zazpi-rehun pertsonak baino gehiago bizia galdu

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 159

zuten, zenbait apaiz barne, egoera baretzeko erreginak predikari onak euskaldunei bidaltzea zela erabaki zuela eta hauek aurkitzea Aita Coton jesuitaren esku utzi zuela10. 10 Axular ez ezik izan ziren beste euskal predikari ospetsuak hamazazpigarren mende honetan, eta beste anitzen artean hauexek leudeke : Soccarro delako bat, Joanes Haramburu saratarra, Debocino escuarra, mirailla eta oracinoteguia... (Bordele, 1635) liburuaren egile frantziskotarra predikari gisa aipatua, Bernard Gasteluzar ziburutar jesuita, predikari Baionan 1656an, baina jansenisten harre-ra gaitzaren aitzinean Oloron aldera joan zena, hemengo apezpiku Arnaldo Frantzisko Maitye jaunarekin 1672an Zuberoa osoari bisita egin ziona 11 eta Eguia Catholicac... bertso liburuaren egilea (1686). Zuberotarren artean baziren Hugues Dedieu-k 12 esaten digunez hainbat predikari frantziskotar euskaldun, hala nola, Nikolas izeneko bat ozaztarra Maulen 1680an hila, Basile ozaztarra hau ere, Akizen 1693an hila, Frantzisko delako bat, mauletarra eta idazlea, erlijio liburu bat idazteaz gain, inprimategiko berrikuntzaz idatzitakoa13 edota Jose-Maria mauletarra eta Baionan 1719an hila. 11 Eta iparraldekoez soilik ez mintzatzearren Solarte, zeinek Donostian 1621an igande arratsaldetan denen probetxu eta gusto handiz predikatzen omen zuen eus-karaz, eta, hain zuzen, 1628ko Garizuma iristean jesuiten eleiza igande arratsal-detan hainbeste jendetzaz betetzen zen, non denak bertan sartu ezinik eskatu zuten Santa Mariako elizan jarraikitzea sermoiekin, egin omen zena denen ari-men probetxu handiz 14. Baina prediku luzeak zirenean, Zuberoan bederen, Belapeyrek 15 zioen bezala, jende xumeari loakarrazteko gehiago balio zioten mis-terioak konpreniarazteko baino : predicu lucez baino ihikiago eta hobeki, çoin gente chehec ençun beçain sarri ahaz- ten baitutie, ceren bortu arte hoyetan goure Laborari eta Cabaleçain gachoac lanez akhituric, hen espiritiac hain sortha eta lamputs guerthatcen baitira, non hoboroetan Predicu handiec eliçan lehen loeraziten baitutie eciz iratçartcen misterio barnen hart-ceco. 12 Ingurune honetan bada beharko genuke kokatu ondoren aipatuko dugun eta aztertzera goazen sermoia.

13 Eskuzkribuak 22 zentimetroko hiru folio betetzen ditu bi aldetatik idatzirik, eta Koldo Mitxelena Kultur uneko Urkixo fondoan 6654 zenbakia darama, eta honako hitzak ditu karpetatxoak, MS que me regalo Jean de Jaurgain 16. Hizkia irakurtzeko aski zaila zuenez horrelako idazkiekin ohiturik dauden paleografia irakasleengana jo nuen, hain zuzen, Jose Manuel Fradejas eta Blas Casado UNED-eko doktoreengana. Lehenak esan zidanez, XVI. mende erdialdeko tes-tuak arakatzen ibili berria zelarik Iruñean hizki aski berdintsua topatu omen zuen. Bigarrenak XVI. mende bukaerako edo XVII. mende hasierakoa zitekeela. Bestalde, Jean Baptiste Orpustan, erdi aroko testuetan aditua den irakasle jauna-ri ere kontsulta egin nion, eta honek Axularren garaikotzat eman zitekeela adie-razi zidan. 14 Egia esan niri, paleografian aditua ez naizelarik, testuak lanak eman dizkit ira-kurtzeak eta transkribitzeak, eta ez nago batere ziur irakurketa beti zuzena egin dudanik. Dena den, hurrengo irakurleei zertxobait bidea erraztu diedalakoan nago. Nere uste apalez grafiak eta hizkera azterturik, Bertrand Zalgizekoaren edota Ivan Tartasenarekin antza gehiago dauka testuak Athanase Belapeyreren idatziekin baino, hau da mende hasieratik edo erditsutik hurbilago legokeelakoan nago mende bukaeratik baino, eta aski urrun gelditzen da bai estiloz bai eta hiz-keraz Francisco Ondarrak 17 argitaratu 1729ko euskaraz idatzitako lehen sermoi nafarretik.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 160

15 XVI. mendean Leizarragak ete bere laguntzaileek itzulpenetan grafia sistema guztiz koerente bat sortu zuten, baina erlijio gerren ondorioz ez zuen arrakasta gehiegirik ukan, tamalez. XVII. mende hasieran Materrek lanak izango ditu Saran ikasi zuen euskara konbentzio logikoz islatzen, Axular bera sortu zen aniz-tasunaren oihartzun egingo delarik. Dena den Oihenart hartu beharko genuke ortografi arauemaile aitzindari gisa, atsotitzei eta neurtitzei ezarri « De l'Orthographe Basque » deitu oharretan, ez du, ordea, gure sermoilariak ohar horiek. 16 Tartasek bezala/u/eta/ü/fonemak adierazteko digrama eta grafe-mak erabiliko ditu, hala : goure, gincoua, ourte, celuco, paradussu, çuhur... 17 Badu hitz bukaeretan bokala ixteko jaidura, Detxepare eta Oihenartek bezala hala, adibidez kasu hauetan : 18 - e + -a → -ia : beccatoriac, indignationiac, nombrian, bercia... - e + -e → -ie : dutielaric,... - u + -a → -ia : mundiaren, paradussia, santificatia,... - u + -e- → -ie- : cien, santien,... 19 Leherkari belare hasperendunari dagokionez, hots,/k/fonemaren aldaerari buruz adierazi behar dugu gertuago dagoela Detxeparengandik Tartasengandik baino, adibidez, kasu honetan : 20 : beccatore guira eta mira eztaquigula (Detxepare, XIII, 25) beccatoria cer eguinen duc (Sermoia, f.3v) 21 : bekhatoria eta bekhatoressa cier mintço niz (Tartas, 12)

22 Halaber - ki duten adberbioetan berdintasun handiagoa ematen da Detxeparerekin Belapeyrerekin baino : 23 : salvatuyac ieyncoarequi bethi alegueraqui (Detxepare, I, 374): rigourousqui gastigatceco (Sermoia, f. 3r) 24 : perestuki biciric ere (Belapeyre, Hitzaurrea)

25 Ez dago, noski grafietan koerentzia osoa grafietan, gure irakurketan bedere honako hitz beraren aldaerak ateratzen baitzaizkigu : erho (f. lr, 1. 16) eta ero (f.lr, 1. 32) ; berhalla (f. lv, 1. 71) eta berehalla (f. 2r, 1.1), geischi (f.2v, 1. 155) etageissy (f. 2v, 1. 134)... 26 , hots, dardarkariak aurki daitezke hitz hasieran inolako bokal eransketa-rik gabe, adibidez : representatcen (f. 1r, 1. 27), revoltatcen (f. lv, 1. 47), ruinala (f. 1r,l. 14)... 27 Eredu latinoaren eta frantsesaren eraginak, beraz, ageri zaizkigu nabarmenki hurrengo etsenpluetan bezala : scriptura (f. 1r, 1. 15), spiritu (psalmistak (f. lv, 1. 43), mysterio (f. 1r, 1. 23), Zacharie (f.lv, 1. 59), San Hyeroni... (f. lr, 1. 19), St. Augustic (f. lv, 1. 75)... 28 Morfologiari dagokionez azpimarratzeko da deklinabideko (-eri, -ganik, -la, -tarik,...) bereizgarriez kanpo, ageri den 'ore' izen-lagun genitiboa (impossible içanen ceic ore beccatien gordatcea, f.3v, 1. 206) zein Maisterrengan eta Beñat Mardoren kopletan 'hire' bilakaturik den. Halaber, dreicu eta dreiquie aldaerek pentsatzera garamatzate XVII. mende hasierakoa daitekeela testua.

Hiztegia

29 ABERE - aberen (f. 2v, I. 122)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 161

30 ADAN - Adam (f. 3v, 1. 196) 31 ADBERTITU - advertitcen (f. lr, 1. 13) 32 AFEKZIONE - affektionen (f. 1r, 1. 26) 33 AGERTU - aguertu (f. lr, 1. 5) 34 AGRADABLE - agradablea (f. 2v, 1. 151) 35 AHAL - ahal (f. 3r, 1. 189) 36 AINITZ - ainistz (f. lr, 1. 4) 37 AINGURU - ainguriez (f. lv, 1. 76) 38 AITORTU - aitortcera (f. 2r, 1. 97) 39 AITZIN - aitcinian (f. 3v, 1. 205) 40 AKABI - acabiez (f. 2v, 1. 122) 41 AKZIONE - actioneren (f. lv, 1. 49) 42 ALARMA - alarmatan (f. lr, 1. 13) 43 ALDE -alde(f. lr, 1. 13) 44 ALTXATU - altchatu (f. 1v, 1. 44) 45 AMA -ama(f. 2v, 1. 119) 46 AMUREKATIK - amourecatic (f. 2r, 1. 80) 47 ANDRE DENA MARIA - andre dena Mariaz (f. 2v, 1. 154) 48 ANIMAL - animal (f. 2r, 1. 108) 49 APREHENDITU - aprehenditcen (f. lv, 1. 44) 50 ARAUZ - araus (f. 3v, 1. 220)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 162

51 ARGI - arguia (f. lv, 1. 74) 52 ARGIZAGI - arguiçaguia (f. lr, 1.4) 53 ARIMA - arima (f. 2r, 1. 94) 54 ARRASU - arrasou (f. lv, 1. 40) 55 ARREBA - arreba (f. 2v, 1. 148) 56 ARTE -artian(f. lv, 1. 53) 57 ASOZIAZIONE - associacionebat (f. 2v, 1.148) 58 ASTRE -astre(f. 3r, 1. 174) 59 ATRAPARAZI - attraparacitcen (f. 2r, 1. 101) 60 AUGUSTI - St. Augustic (f. lv, 1. 75) 61 AZALI - açalia (f. 2v, 1. 131) 62 AZKARKI - ascarqui (f lr, 1. 16) 63 AZKEN - asquen (f. lr, 1. 21) 64 BADA - bada (f. 2v, 1. 148) 65 BAIZIK - baici (f. 2r, 1. 88) 66 BALANTZA - balantçan (f. lv, 1. 42) 67 BALE - valian (f. f. 3r, 1. 192) 68 BALIATU - balia eneçaçun (f. 3v, 1. 220) 69 BAT -batez(f. lr, 1. 12) 70 BEGI - beguiac (f. lv, 1. 61) 71 BEGIRAZALE - beguiraçaliac (f. 2v, 1. 144)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 163

72 BEGITARTE - beguitarte (f. lv, 1. 61) 73 BEHAR -behar(f. lr, 1. 21) 74 BEIRE - beyrebat houragatic (f. 3v, 1.231) 75 BEKHATORE - beccatoriac (f. 1r, 1. 22) 76 BEKHATU - beccatiac (f. lr, 1. 7) 77 BELDUR - beldurrequi (f. lv, 1. 68) 78 BELSTU - belsturen (f. lr, 1. 11) 79 BENA -bena(f. lr, 1. 31) 80 BENGATU - vengatcea (f. lr, 1. 3) 81 BERA -berac(f.3v, 1. 213) 82 BER (E) HALA - berhalla (f. lv, 1. 72), bere-halla (f. 2r, 78) 83 BERE - bere (f. lr, 1. 2) 84 BERTUTE - bertutiac (f. 3v, 1.215) 85 BERTZE - bercia(f. lr, 1. 16) 86 BESTE - bestera (f. lr, 1. 22) 87 BETE -bete(f. lr, 1. 12) 88 BETI (ERE) - betiere (f. 2r, 1. 79) 89 BEZALA - beçalla (f. 2r, 1. 105) 90 BI - by (f. lr, 1. 15) 91 BIHOTZ - bihotçaren (f. lr, 1. 24) 92 BIZI - biciaren (f. lv, 1. 41)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 164

93 BLASPHEMA - blasphemac (f. lv, 1. 55) 94 BORONTATE - borontaten (f. lr, 1. 25) 95 BORTU - bortiac (f. 2v, 1. 138) 96 BORTZ - borz (f. 2r, 1. 84) 97 BURUZAGI - buruçaguiaren (f. 3v, 1. 223) 98 BUXI -bougibat(f. 3v, 1. 231) 99 DALIBAD - Dalibaden (f. 2r, 1. 101) 100 DANTE - Dante (f. lr, 1. 36) 101 DEITU - deituruc (f. 3v, 1. 196) 102 DENA - denen (f. lv, 1. 70) 103 DESIRATU - desiratcen (f. lr, 1. 14) 104 DESKARGATU - descargatcea (f. lr, 1. 4) 105 DETESTAZIONE - detestationetan (f. 3r, 1. 176) 106 DEUS - deus (f. lr, 1. 111) 107 DIBISATU - divisatu (f. lv, 1. 73) 108 DIO (ik. ERRAN)DOKTOR - doctor(f. lr, 1. 13) 109 DOLORE - doloria (3v, 1. 230) 110 DURUNDA - durunda (f. 2r, 1. 101) 111 EBANGELIO - evangeliouac (f. lr, 1. 13) 112 EDER -eder(f. lr, 1. 10) 113 *EDIN - estetiala (f. lr, 1. 34), estadin, guintian,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 165

114 *EDUN - cian (f. lr, 1. 3), cianian, cialaric, dut, duc, du, duçuduçie, duie, dituc, dutu, dutuçu, dutuie, beitu, citic, çitiçuc, dutuquec, dien, dian, diala, dialaric, estialaric, estiçu, dutielaric, etcielaric, beitcian, dion, dreicu, esteitadacie, gutu, guntiala, niqueçu, 115 EFORT - effortac (f. 2r, 1. 91) 116 EGIA - eguiaren (f. 1r, 1. 29) 117 EGILE - eguiliac (f. 3v, 1. 215) 118 EGIN - eguiten (f. lr, 1. 31) 119 EGINAHAL - eguin-ahal (f. lr, 1. 31) 120 EGIPTA -Egipta(f. lr, 1. 5) 121 EGITEKO - eguitecouac (f. 2v, 1. 127) 122 EGON - egon (lr, 1. 5), çagouelaric 123 EGOTZI - egotciren (f. 2v, 1. 137) 124 EGUN - egunez (f. 1r, 1. 5), egunco... 125 EITZI - eitcitcen (f. lv, 1. 53) 126 EKI - equia(f. lr, 1. 4) 127 EKLESIASTIKO - ecclesiasticouac (f. lr, 1. 15) 128 EKLIPSATU - eclipsaturen (f lr, 1. 11) 129 EKLIPSE - ecclipsen (f. 2v, 1. 121) 130 ELE - eliac (f. 3r, 1. 166) 131 ELIZA - eliça (f. 2v, 1. 119) 132 EMAN - emaiten (f. lv, 1. 2) 133 ENE - ene (f. 1v, 1. 45), eni (f. 3v, 1. 229)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 166

134 ENPELTATU - empeltaturuc (f. 3v, 1. 202) 135 ENTELEGAMENTU - entelegamentiac (f. 1r, 1. 14) 136 ENTELEGATU - entellegatu (f lr, 1. 31) 137 ENTZUN - ençuten (f. 2r, 1. 104) 138 ERAKARRAZI - eracarracitcen (f. 2r, 1. 117) 139 ERAKATSI - eracastendu (f. lr, 1. 31) 140 ERACUTSI - eracutssi (f. lr, 1. 3) 141 ERATSI - eratsirenda (f. 3v, 1. 216) 142 ERAZATU (?) - eraçatu (f. 3r, 1. 193) 143 ERE - ere (f. lr, 1. 29) 144 EREKARRARAZI - erecarraracitceco (f. 3r, 1. 188) 145 ERETZI - eretcin (f. 2v, 1. 133) 146 ERI - eri (f. 2r, 1. 89) 147 ERIDEN - erideiten (f. 2r, 1. 92) 148 ERITARZUN - eritarçunetan (f. 2r, 1. 90) 149 ER (H) O -erho(f. lr, 1. 16), ero (f. lr, 1.32) 150 ERORI - eroriren (f. lr, 1. 20) 151 ERRAN - erraiten (f. lr, 1. 22), dio 152 ERRAILE - errailiac (f. 3v, 1.214) 153 ERRENDATU - erendatu (f. 1v, 1. 49) 154 ERREPRESENTATU - errepresentatcen (f. 1v, 1. 63)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 167

155 ESKEINI - esqueini (f. 3v, 1. 229) 156 ESKU - esquietara (f. 2v, 1. 132) 157 ESKUIN - esquinez (f. lr, 1. 22) 158 ESPARANTZA - esparançatan (f. 2r, 1. 93) 159 ESTATU - estatu (f. 2r, 1. 94) 160 ESTONATU - estonatceco (f. 3r, 1. 187)ETA - eta(f. lr, 1. 17) 161 ETCUNIAN (ik. *EDUN)

162 ETXE - etchen (f. 2v, 1. 131) 163 EXPRIMATU - exprimatcen (f. 2v, 1. 141) 164 EZAGUTU - eçagutciac (f. lv, 1. 71) 165 *EZAN - deçaque (f. 2v, 1. 128), enecaçun, eçaçie, ditçanian, ditçenian. 166 EZARRI - eçarten (f. lr, 1. 17) 167 EZI - ecy (f. lr, 1. 23) 168 EZKER - esquerrian (f. lr, 1. 22) 169 FABORABLE - favorable (f. 2r, 1. 104) 170 FABORE - favoriac (f. 3r, 1. 157) 171 FALSU - falsu peçu eguiliac (f. 3v, 1. 214) 172 FAXUS - faschous (f. 2v, 1. 152) 173 FURIA - furia (f. 3r, 1. 189) 174 GABE - gabe (f. 2r, 1. 103) 175 GABETARIK - gabetaric (f. lr, 1. 3)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 168

176 GAI - gaiac (f. 3r, 1. 169) 177 GAIN - gaignen (f. 1r,1. 3) 178 GAINELATIKO - gaignelatico (f. 2v, 1. 123) 179 GAIZA - gaiça (f. lv, 1. 47) 180 GAIZKI - gaisqui (f. lr, 1. 37) 181 GAIZTO - gaistouac (f. lv, 1. 47) 182 GALDU - galduren (f. 3r, 1. 181) 183 GASTIGATU - gastigatceco (f. 3r, 1. 177) 184 GERREN - guerren (f. 2r, 1. 82) 185 GEZUR - gueçour errailiac (f. 3v, 1. 214) 186 GIZON - guiçonen (f. lr, 1. 7) 187 GLORIA - gloria (f. 3v, 1. 232) 188 GOBERNATU - gobernatcea (f. 2v, 1. 150) 189 GOGO - gogoua (f. 2v, 1. 127) 190 GOITI - goity (f. 3r, 1. 162) 191 GORDATU - gordatcera (f. 3v, 1. 1979 192 GORDE - gorderen (f. lr, 1. 10) 193 GORRITU - gorrituren (f. 3r, 1. 172) 194 GOSE - gosse (f. 3v, 1. 228) 195 GRAZIA - gracia (f. 2v, 1. 142) 196 GURE - goure (f. lr, 1. 2)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 169

197 GUTI - gutiago (f. lv, 1. 1) 198 HA - ha (f. lv, 1. 54) 199 HAIEK - hayec (f. lv, 1. 64) 200 HAIETARIK - haietaric (f. 2r, 1. 88) 201 HAIN - hain sarri (f. 2r, 1. 86) 202 HAITATU - haitatu (f. 2r, 1. 84) 203 HALA (NULA) - halla noulla (f. lr, 1. 23) 204 HAN -han(f. lv, 1. 52) 205 HANBAT - hambat (f. 2r, 1. 104) 206 HANDI - handitan (f. lr, 1. 6) 207 HANDITARZUN - handitarçuna (f. lv, 1. 2) 208 HANITZ - hanits (f. lr, 1. 4) 209 HARAT - harat (f. 2r, 1. 82) 210 HAREN - haren (f. lr, 1. 3) 211 HARENTAKO - harentaco (f. 2r, 1. 109) 212 HARK - harc (f. lr, 1. 36) 213 HARRI - harribat (f. lv, 1. 60) 214 HARTAN - hartan (f. 2v, 1. 124) 215 HARTARA - hartara (f. 2r, 1. 105) 216 HARTU - hartu (f. 2v, 1. 130) 217 HASTIO - hastio (f. 2r, 1. 100)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 170

218 HATSARRE - hatsarrian (f. 1v, 1. 78) 219 HELTU - helturen (f. 3r, 1. 175) 220 HENOCH - Henoch (f. 2r, 1. 83) 221 HERRI - herria (f. lr, 1. 6) 222 HIEROSME - Hyerosmec (f. lr, 1. 19) 223 HIRE - hire (f. 3v, 1. 195) 224 HIRUR - hirour (f. lr, 1. 5) 225 HITZ - hits (f. lr, 1. 13) 226 HOBEKI - hobequi (f. 2r, 1. 92) 227 HOBORO - hoboro (f. lr, 1. 33) 228 HOGEI - hoguey (f. 2r, 1. 83) 229 HOIEK - hoiec (f. lr, 1. 20) 230 HOLA - hola (f. 3v, 1. 221) 231 HON - hon dena (f. 2r, 1. 109) 232 HONTAN - hontan(f. 1v, 1. 67) 233 HORI - hori (f. lv, 1. 70) 234 HORO - horo (f. 2r, 1. 93) 235 HUNEK - hounec (f. lr, 1. 23) 236 HUNEN - hounen (f. 2r, 1. 108) 237 HUILENDANIK - huillendanic (f. lv, 1. 68) 238 HURA - hourac (f. lr, 1. 10)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 171

239 HUR - houragatic (f. 3v, 1.231) 240 IA - ia (f. 2r, 1. 89) 241 IDOKI - idoquitia (f. lv, 1. 57) 242 IGARAN - igaran (f. lv, 1. 45) 243 IKARARAZI - icararacirendu (f. 2v, 1. 137) 244 IKARATU - icaraturen (f. 2v, 1. 125) 245 IKUSARAZI - icousaracirendu (f. lr, 1. 9) 246 IKUSI - icoustiaren (f. lv, 1. 57) 247 IMAJINAZIONE - imaginacioneren (f. lr, 1. 24) 248 INDIGNAZIONE - indignationiac (f. lr, 1. 8) 249 INGRAT - ingratac (f. 3v, 1. 228) 250 INJUSTU - injustouac (f. 3v, 1. 202) 251 INKLINAZIONE - inclinacionen (f. lr, 1. 26) 252 INPIETATE - impietaten (f. lr, 1. 3) 253 INPOSIBLE - impossible (f. 3v, 1. 205) 254 INSEPARABLE - inseparableen (f 2v, 1. 148) 255 INSUPORTABLE - insuportablia (f. 3v, 1. 226) 256 INTERPRETATU - interpretatcen (f. lr, 1. 20) 257 IRABAZI - irabaci (f. 2v, 1. 145) 258 IRATZARRI - iratçartcen (f. 2v, 1. 120) 259 ITSASO - itsassouaren (f. 2v, 1. 122)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 172

260 IZAN - ciren (f. lr, 1. 5), cen, cela, cenetic, iz, da, beita, esta, date, dela, dena, denian, dira, beitira, diren, direnac, dire-nian, direla, direlaric, etcela-ric, beitcen, etciren, beitie, ceic, beitceic, ceio, ceie, izanen 261 IZAR - içarrac (f. lr, 1. 5) 262 JAN - jatera (f. 3v, 1.229) 263 JARRI - jartceco(f. lr, 1. 28) 264 JAUN - jaun (f. lv, 1. 2) 265 JEITSI - geissy (f. 2v, 1. 134) 266 JENDE - gendiery (f. lr, 1. 8) 267 JENTATE - ientaten (f. lr, 1. 3) 268 JESU KRIST (O) - Jesus Christ (f. lv, 1. 63), Jesu Christoren (f. 2v, 1. 154) 269 JIN - ginen (f. 3v, 1. 209) 270 JINKO - ginco (f. 1r, 1. 2) 271 JO - jo(f. 3v, 1. 196) 272 JOAN - jouaiten (f. 2r, 1. 106) 273 JOB - Job (f. lv, 1. 67) 274 JOSAPHAT - Josaphateco (f. 3r, 1. 192) 275 JUGAMENTU - jugamentien (f. lr, 1. 8) 276 JUGATU - jugaturen (f. 2r, 1. 80) 277 JUJE - jugia (f. lv, 1. 64) 278 JUSTIZIA - justiciaren (f. lr, 1. 33) 279 JUSTU - justouac (f. 3v, 1. 212)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 173

280 KANDELA -candela(f lr, 1. 10) 281 KITATU - quittatcendutu (f. lr, 1.32) 3 282 KOLERA - coleraren (f. lr, 1. 3) 283 KONDEMNATU - condemnaturenda (f. 3r, 1. 181) 284 KONDUSITU - condusitia (f. 2v, 1. 119) 285 KONKLUDITU - concluditu (f. lr, 1. 9) 286 KONSENTITU - consentitu (f. lr, 1. 3) 287 KONSIDERATU - consideratcen (f. 1r, 1. 30) 288 KONSTRENT - constraint (f. 2v, 1. 133) 289 KONTATU - contatcen (f. lv, 1. 69) 290 KONTENTAMENDU - contentamentiac (f. 2r, 1. 112) 291 KONTRARIO - contrarioua (f. lr, 1. 31) 292 KONTRE -contre(f. lv, 1. 48) 293 KONTU - conturuc (f. lv, 1. 46) 294 KREATU - creatu (f. 2r, 1. 82) 295 KREAZALE - creaçaliac (f. 1v, 1. 73) 296 KRIMINEL - criminela (f. 2v, 1. 130) 297 KRISTIANO - christianouac (f. 3r, 1. 162) 298 KURUTXE - curutcheco (f. 3v, 1. 199) 299 LANTATU - lantatu (f. 3v, 1. 202) 300 LEHEN - lehen (f. lv, 1. 73)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 174

301 LEKU - lecutaric (f. 1v, 1. 60) 302 LIBERTATE - libertatian (f. lv, 1. 53) 303 LOTSA - lotsaz(f. lr, 1. 33) 304 LOTSAGARRI - lotssagarriric (f. lr, 1. 4) 305 LUR - lurreco (f. 2r, 1.78) 306 MAIESTATE - maiestatia (f. lv, 1. 1) 307 MAITE - maite (f. 2r, 1. 100) 308 MALER - malheurrac (f. 2r, 1. 113) 309 MANU - maniac (f. 2r, 1. 114) 310 MARADIKATU - maradicaturen (f. 3r, 1. 170), maradicatiac (f. 3v, 1. 228) 311 MARIA - Maria (f. 2v, 1. 154) 312 MEDIZI - mediciac (f. 2r, 1. 92) 313 MINTZATU - minçatu (f. 2r, 1. 86) 314 MIRAKUILU - miracuillu (f. 2r, 1. 85) 315 MISERABLE - miserabliac (f. 3r, 1. 190) 316 MISERIKORDIA - misericordiasco (f. 2v, 1. 146) 317 MISTERIO - mysterio (f. lr, 1. 23) 318 MITILA - mitilarenac (f. 3v, 1. 224) 319 MUNDU - mundiaren (f. lr, 1. 6) 320 MUSIKA - musica (f. 2r, 1. 100) 321 NAHI - nahi (f. lr, 1. 7)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 175

322 NATURA - natura (f. 2r, 1. 91) 323 NI - nic (f. lr, 1. 14) 324 NON - non(f. lr, 1. 21) 325 NONBRE - nombrian (f. lr, 1. 27) 326 NULA - noulla (f. lr, 1. 37) 327 NURK - nourc (f. lr, 1. 29) 328 OBRA - obren(f. lv, 1. 41) 329 OBTENITU - obtenitcea (f. 3v, 1. 211) 330 ODEI - f. lv, 1. 53) 331 OFENSATU - offensatcen (f. 3r, 1. 180) 332 OGEN - oguenic (f. 3r, 1. 175) 333 OGENDURU - oguenduruc (f. 3r, 1. 174) 334 OGI - ogui bougibat (f. 3v, 1. 230) 335 OHARTU - ohart (f. lr, 1. 34) 336 OIHU - oihu (f. 2v, 1. 138) 337 ONSA - onsa(f. lr, 1. 31) 338 OMNIPOTANT - o (mn) ipotantac (f. lr, 1. 2) 339 ORANO - orano (f. 2r, 1. 87) 340 ORDU - orduz (f. lr, 1. 2) 341 ORDIAN - ordian(f. 2r, 1. 91) 342 OREIN - oreignec (f. 2r, 1. 100)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 176

343 ORO - orotan (f. lr, 1. 4) 344 OSAGARRI - ossagarria (f. 2r, 1. 99) 345 OSTO - ostouac (f. 2v, 1. 124) 346 OTIAN - otian (f. 3v, 1. 194) 347 OTOITZ - otoitciac(f. 3r, 1. 158) 348 PARADUSU - paradussiaren (f. 2r, 1. 117) 349 PASIONE - passionez (f. 3r, 1. 159) 350 PE - piala (f. 3v, 1. 197) 351 PENA - pena (f. 2r, 1. 103) 352 PENITENTZIA - penitentciatara (f. 2r, 1. 117) 353 PENSATU - pensatcen (f. 1v, 1. 40) 354 PERSONAJE - personage (f. lr, 1. 16) 355 PEZU - peçouas (f. 2v, 1. 135) 356 PHARAON - pharaonen (f. lr, 1. 2) 357 PIZATU - piçatceco (f. lv, 1. 42) 358 PLAZERAK - plaserac (f. 2r, 1. 111) 359 PREDIKATU - predicatcia (f. 2r, 1. 88) 360 PREDIKATZALE - predicatçale (f. 2r, 1. 85) 361 PRESIDATU - presidaturen (f. 3v, 1. 211) 362 PRIMO - primo (f. 3r, 1. 176) 363 PRTNTZIPALA - principala (f. lv, 1. 47)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 177

364 PROBIDENTZIA - providencia (f. lv, 1. 57) 365 PROPHETA - propheta (f. lv, 1. 59) 366 PSALMISTA - psalmistac (f. 2v, 1. 141) 367 PUNTU - puntiala (f. 2r, 1. 102) 368 PUXANTZA - puchança (f. 3v, 1. 210) 369 REBELAZIONE - revelacionez (f. 3v, 1. 199) 370 REBOLTATU - revoltatcen (f. lv, 1. 47) 371 REFORMATU - reformatcera (f. 2r, 1. 98) 372 REFUJIO - refugio (f. 3v, 1. 195) 373 REGRETA - regretia (f. 3v, 1. 230) 374 REPRESENTATU - representatcen (f. lr, 1. 27) 375 REPROBATU - reprobatien (f. 1r, 1. 27) 376 REPROTXU - reprotchiac (f. 3v, 1. 227) 377 RESIGNATU - resignatcea (f. lr, 1. 25) 378 RESOLUTU - resoluturic (f. lr, 1. 2) 379 RETEINTU - retenituren iz (f. 3v, 1. 195) 380 RETIRATU - retiratcen (f. 2r, 1. 116) 381 RIGURUS - rigourous (f. 2v, 1. 152) 382 RIGURUSKI - rigourousqui (f. lr, 1. 7) 383 ROBUR (?) - robour (f. 2r, 1. 108) 384 RUINA - ruinala (f. lr, 1. 3)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 178

385 SAHETSA - sahetsaz (f. 3r, 1. 193) 386 SALUTATU - salutatcea (f. lr, 1. 14) 387 SALBARAZI - salvaracitcen (f. 2r, 1. 102) 388 SALBAZALE - salvaçalia (f. lv, 1. 63) 389 SAN -san (f. lr, 1. 19) 390 SANTA -s(an)tan (f. 1r, 1. 15) 391 SANTIFIKATU - s (an) tificatiac (f. lr, 1. 21) 392 SANTU - s (an) tien (f. lr, 1. 25) 393 SARRI - sarri (f. 2r, 1. 86) 394 SARTU - sartu (f. 2v, 1. 131) 395 SEKONDO - secondo (f. 3r, 1. 187) 396 SEKULA - secula (f. 1v, 1. 41) 397 SEME - semien (f. 3r, 1. 169) 398 SEPARATU - separatcen (f. lv, 1. 77) 399 SEPARAZIONE - separacione (f. lv, 1. 75) 400 SIGNIFIKATU - significaturen (f. lr, 1. 23) 401 SIGNO - signo (f. lr, 1. 4) 402 SINISTE - siniste (f. lv, 1. 67) 403 SKRIPTURA - scriptura (f. lr, 1. 15) 404 SOGIN - soguiten (f. lv, 1. 60) 405 SOLAMENTE - solamente (3v, 1. 214)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 179

406 SPIRITU - spiritu (f. 2v, 1. 119) 407 SUBORNATU - subornatubatec (f. 2v, 1. 129) 408 SUPORTATU - supportatcen (f. 3r, 1. 189) 409 TENEBRA - tenebra (f. lr, 1. 6) 410 TENPESTA - tempesten (f. 2v, 1. 122) 411 TERRESTRE - terrestrian (f. 3v, 1. 197) 412 TERRIBLE - terrible (f. 3v, 1. 216) 413 TRIBULAZIONE - tribulacione (f. 3v, 1. 226) 414 TRISTE - tristez (f. 2v, 1. 123) 415 TRONPETA - trompeten (f. 2v, 1. 121) 416 UHUIN - ouhouiner (f. 3r, 1. 182) 417 UKAN - ucanen (f. lr, 1. 34) 418 UKATU - ucaturen (f. 2v, 1. 156) 419 UKITU - uquiten (f. 3r, 1. 167) 420 UME - umen (f. 2r, 1. 102) 421 URRATS - urratsac (f. lv, 1. 69) 422 URRENDU - urrentcian (f. lr, 1. 7) 423 URTE - ourte (f. 2r, 1. 84) 424 URTUKI - ourtouquitcen (f. lv, 1. 61) 425 USTE - ouste (f. 1r, 1. 7) 426 UTSU - ouste (f. lr, 1. 34)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 180

427 UTZULI - utçultcen (f. 1r, 1. 28) 428 XAHATU - chaturen (f. 3r, 1. 159) 429 XERKATU - chercatu (f. lv, 1. 50) 430 ZAKARIE - Zacharie (f. lv, 1. 59) 431 ZAZPI - çaspy (f. lv, 1. 60) 432 ZELU - celuco (f. lr, 1. 10) 433 ZER - cer (f. lv, 1. 54) 434 ZERBITZARI - serbutçaria (f. 3v, 1. 223) 435 ZERBUTZATU - cerbutçatcen (f. lv, 1. 2) 436 ZEREN ETA - ceren eta (f. lv, 1. 40) 437 ZERGATIK - cergatic (f. 3r, 1. 171) 438 ZOIN - çoin (f. 2r, 1. 103) 439 ZU - cien (f. lr, 1. 14) 440 ZUHAIN - çuhain (f. 3v, 1. 197) 441 ZUHUR - çuhur(f. lr, 1. 16) 442 ZUHURTARZUN - çuhurtarçun (f. lr, 1. 24) 443 ZUIN - çuin (f. lr, 1. 29) 444 ZURE - çoure (f. 2v, 1. 144) 445 Nabarmen denez hitz zerrenda honetan mailegu ugari ageri dira, batik-bat lati-netik, frantsesetik eta batzuk ere gaztelaniatik. Maizenik ageri zaigun hitza ginco da, 22 aldiz ageri dena, eta ondoren datoz : beccatore 14, beccatu13, eta ordian 13... Beraz, argi eta garbi dago direla biak Jainko eta bekataria sermoiaren bi ardatz nagusiak. Eta predikatzaileak darabiltzan aipamenak testamentu zahar-rekoak dira gehien bat : Psalmoak (5 aldiz, eta behin zenbakia oker emanez), Job (2 aldiz), San Lukas (3 aldiz), Genesia edo Etorkia behin, eta Zakarias beste batean. Elizaren aiten artean San Agustin eta San Jeronimo

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 181

ditu aipatzen binaka aldiz, baina badu ere beste aipamen berezi bat, ez dena agertzen ez Axularren ez eta Tartasen aipamen ugarien artean, hau da, Dante, zeinek Errenazimenduko kutsu bat ematen dion testuari, eta predikariari halako kultur jazkera modukoa, aski berezirik gelditzen dena konparatuez gero sermoi hau 1729ko goi-nafarrera hegoaldekoarekin. 446 Hau argumentazioaren moduan ere nabarmentzen da, adibidez erabiltzen due-nean arrazoinak agertzeko hitzok : Primo (f. 3r, 1. 176) eta Secondo (f. 3r, 1. 187). Urthubiek Axularren estiloaz dioena, alegia, atque uberem authoris facundiam magna cum erudictione, aberastasuna eta erudizioa bat dihoazela urdazubitarra-rengan, berdintsua esan dezakegu gure autore ezezagunaz, zein jesuitek maite zuten korronte asianista barnean koka dezakegun. Modu hau « kolore » en erabile-ran (deskripzioneak, errekurtso patetikoak eta beste) hala nola varietas ingenio-rum delakoan, hots, injenioen ugaritasunean oinarritzen da, zeinek aske uzten zion predikari bakoitzari, eredu hainitzen aitzinean, bere estilo propioa sortzen. 447 Hona bada ondoren datorren sermoiaren sarrera hitzak amaiturik, beraxek era- bilitakoak errepikaturik : 448 - Maradikatuak ingratak ! gose ukan dut eta esteitazue eni jatera eskeini, zer dolorea, zer pena handia, ogi apur bategatik, beire bat uragatik galtzea paradi-suko gloria !18 449 Amaitu dut. Mila esker zuen arretagatik.

BIBLIOGRAPHIE

1. Albert Lecoy de la Marche, La chaire française au Moyen Age. Slatkine reprints, Genève, 1974, 235 urr.

2. Genevieve Hasenohr, « La prédication aux fidèles dans la première moitié du XIIe siècle. L'enseignement des « sermons limousins », Romania, T. 116, Paris, 1998, 34-72.

3. José Antonio Hernández Guerrero & Ma del Carmen Garcia Tejera, Historia Breve de la Retórica. Ed. Sintesis, Madrid, 1994.

4. Migne, T. 210, col. 110-198.

5. An., Tractatus de modo discendi et docendi ad populum sacra seu de modo praedicandi. Martinus Herbipolensis. Leipzig, s. XV

6. Etienne Hoert, Modus praedicandi subtilis et compendiosus. Strasbourg, 1513.

7. Louis Mourin, Six sermons français inédits de Jean Gerson. Etude doctrinale et littéraire suivi de l'édition critique et de remarques linguistiques. Paris. J. Urin, 1946.

8. De arte oratoria, ac de eiusdem exercendae ratione Tullianaque imitatione, varia ad res singulas adhibita exemplorum copia libri quinque. Auctore Bartholomaeo Bravo è Societate Iesu. MDXCVI.

9. Julio de Urquijo, 1911, « Axular y su libro », RIEV, V, 538-555.

10. Luis Villasante, 1972, Axular. Mendea. Gizona. Liburua. Jakin, Oñate, 74.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 182

11. Athanase Belapeyre, « Itinéraire très détaillé de la visite de M. de Maytie en Soule en 1672 », Etudes religieuses du diocèse de Bayonne. 1900.

12. Hugues Dedieu, « Franciscains et Capucins originaires des provinces basques de Labourd, Basse-Navarre et Soule. Essai de répertoire chronologique (XVIe siecle - début XXe siècle) », Bulletin du Musée Basque, n° 81-82, 1978, 109-182.

13. François de Mauleon, Méthodes : pour bien faire la confession générale, pour bien prier et faire oraison, pour catéchiser les ignorants, pour perséverer dans la grâce de Dieu.

–, L 'esprit de l'orthographe universelle, contenant la reunion de toutes les langues par un seul caractère. Paris, Antoine Chrétien, 1693.

14. J. L. Malaxetxebarria, « Gotzain Jaunaren Aginduatzaz », Jesus 'en Biotzaren Deia, Donostia, 1924, 84, n.2.

15. Athanase Belapeyre, Catechima Laburra eta Jesus-Christ goure ginco jaunaren eçagutçia, salvatu içateco. (1696) Ed. kritikoa, J. L. Davant. Euskaltzaindia, Bilbao, 1983,

16. Jean de Jaurgain, (Ozaze, 1842 - Ziburu, 1920), kazetari, historialari eta literatur kritikari. Karlistadetan Parisko aldizkari baterako idazten zuen bitartean Iruñeko artxiboak miatu zituen. Hainbat libururen egilea da : Arnaud d'Oihenart et sa famille, 1885, La Vasconie : étude historique et critique, 1886 ; L'évêché de Bayonne et la légende de Saint-Léon, 1917...

17. Francisco Ondarra, « Primer sermon en vascuence navarro (1729) », Fontes Linguae Vasconum, n° 38, 1981, 147-175.

18. S. Mattheu, xxv, 41 : Orduan erranen draue ezquerrecoy-ere, Maradikatuac, parti çaitezte eneganic seculaco sura, deabruari eta haren aingueruëy preparaturic dauenera.

42 : Ecen gosse içan naiz, eta eztrautaçue eman iatera : egarri içan naiz, eta eztrautaçue eman edatera. (Joanes Leizarraga, Iesus Christ gure Iaunaren Testamentu Berria, Rochellan, Pierre Hautin, 1571, 50v.)

INDEX

Index chronologique : 16e siècle, 17e siècle Mots-clés : Axular Pedro Agerre (1556-1644), littérature basque, sermon, écrivain classique Thèmes : littérature, philologie

AUTEUR

PATRI URKIZU

UNED Madrid [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 183

Joannes Etcheberri ziburukoa : noelac eta testu kritika

Isaac Atutxa

0. Atarikoak

1 Jarraian aurkezten dugun lantxo hau luze eta zabalago doan beste baten laburpen edo atal gisa hartu behar da. Haren izenburua Joannes Etcheberri Ziburukoa : Obraren berrirakurpen bibliografikoa eta testu kritika dugu eta, bistan denez, gai berberaren aurrean gaude ; han, Etxeberriren obra osoaren azterketa garatzen da, hemen, labur bada ere, bere obra batena : Noelac liburuarena hain zuzen.

2 Lanaren izenburuak berak adierazten duenez, bibliografia eta testukritika zereginak ditugu. Bibliografiari gagozkiola, abiapuntu joan den mendeko hondarretarantz agertu zen Julien Vinsonen Essai d'une bibliographie de la langue basque dugu, lanhau baita, inolako zalantzarik gabe, euskal literaturaren ikuspegi kronologikorik zehatzena eta zabalena aurkeztuko duena. Testu kritikari dagokionez, 1 argi dago edizio kritikoaren prozesuan bi alde aski desberdinak ditugula : recensio-a eta constitutio textus-a. Recensio hau, era berean, a) fontes criticae, b) collatio codicum, c) aldaeren examinatio eta selectio-a eta d) constitutio stemmatis codicum-a posible denetan. Lanak, metodologia honi jarraiki, recensioaren zeregin hauei azpiatal bana eskaintzen die. 3 Honela, lortu nahi ditugun helburuak jarraikoak dira :

4 1) Fontes criticae, collatio codicum eta examinatio eta selectioez baliatuz, Noelac liburu honen lekukotasun berri bat aurkitu dugula erakutsi, inon katalogatu gabeko lekukotasuna. 5 2) Noelac liburu honen lekukotasun guztien filiazioa eta constitutio stemmatis codicumari esker, Joannes Etcheberriren obrari buruz egin diren sailkapen kronologikoek (aipatu Vinsonena bereziki) huts larriak dituztela erakutsi, guzti hau lekukotasun guztien biluzketa eta konparaketak eragindako aldaeren ikerketa zehatz eta sistematiko ezak eragina.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 184

1. Nor dugu Joannes Etcheberri ?

6 Badakigu XVI. mendearen hondarretarantz jaio zela. Non ? Ziburun. Eliçara erabiltceco liburua-n « dotor teologo ziburutarrak » sinatzen du. Lafitte jaunaren artikulu bat aipatu behar dugu, bestalde, jaiotza data ezagutu nahi izatekotan : Oihenarten L'arte poetique basque (Un inédit d'Arnaud d'Oyhénart) hain zuzen ere (1967 : 123-128).2

7 Dictionnaire des Lettres Françaises (XVIe siécle, Arthème Fayard, 1951), Nouvelle Biographie Générale (D r Helfer, Fermin Didot, 1856), Biographie Universelle (Michaud, 1815), hiru liburuotan edan eta hiruetan datu berdintsuak aurkitzen ditu Lafittek : XVI. mendearen erdialderantz euskal idazle bat izan omen zela, Etcheverri (Juan edo Jean) deitua, Nafarroako Tafalan jaioa, apaiza, Teologian doktore. 8 Lafitteren ustez Etcheverri honek gure Etcheberri hau izan beharko luke. 3 Zer dakigu Joanes Etcheberriz ?, galdetzen dio bere buruari. 9 1) Ziburun jaioa dela eta ez Tafallan.

10 2) Bere hiru anaien garai berean hartu zuela sendotza Bertrand Etxauzengandik. Hauek honela, zera dio Lafittek : lau anaiek sendotza elkarrekin hartzeko beharrezkoa zen parrokian denbora luzaz sendotzarik egon ez izana. Eta hau honela izan zen Mauri jaunaren ondoren Baionako apezpikutza hutsik izan baitzen (1593.etik 1598.era). Etxauz apezpikutzara heldu eta jarraian hasi baldin bazen bost urte horietan egin gabekoak betetzen, suposa liteke Baiona eta inguruetan (Ziburu barne) heltzeaz batera izango zirela, besteak beste, sendotzak, 1598 edo 1599.ean. Are, sendotza 18 bat urterekin hartzen zuen garai hartako gazteriak. Gure kasuan, bada, Joanes Etxeberrik 1580-1586 urteen artean beharko luke jaioa izan. 11 3) Teologian doktore zela eta izen handiko gizona zela. Bere adiskideen laudorioak ikustea besterik ez dago honetaz jabetzeko. 12 4) Ziburuko parrokiari buruzko datuek 4 zera erakusten dute, 1629. urtean Martin Gastambide zela, oraindik, parroku ; baita 1638.ean Jean Haristeguy dela Jean Etcheverry edo Etcheverriren oinordeko izendatua. Baina ez dakigu zein urtetan hartu zuen Etxeberrik Gastambideren tokia. 13 Lafitteren datuon arabera, bada, nahiko zehazki koka genezake Etxeberriren jaiotzaren data. 14 Etcheberrik berak ere azaltzen du bere bizitzari buruzko daturen bat Eliçara erabiltceco liburuan (1666 : 2) : « Bereciqui ni natçaitçu / Ceren eta çureaz, / Confirmatua içatu / Bainaiz elcu emeaz.Nerori anaia laurgarren / Ciburuco templuan, / Ceñetaric bici bainaiz / Bigarrena munduan. » 15 Oihenart, Pouvreauri bidalitako —azken honen hiztegirako zenbait hitz dela eta— 1661.eko maiatzaren 30eko gutunean, « Feu Monsier d'Etcheberry »-z mintzo da.

16 Lafitte jaunak 1638.ean hil zela dio (1967 : 13-14). Nik ez dakit nondik suposatzen duen data hau. 1638.ean, Haristegi da Etcheberri Ziburukoaren oinordeko izendatua. Etxeberri hil egin zelako ? 17 P. Altunak (1981 : 8) Paben ikasi zuela dio, jesuiten ikastetxean, Oihenartek bezalaxe. Egin behar izaten zituzten gutxi gorabeherako ikasketak Humanitateak eta gero gainerako ikasketak (Filosofia, Teologia, Zuzenbidea...) zirela dio. Eta Etcheberri

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 185

Teologia ikasi ezezik dotore izatera iritsi ere egin zen. Ez dugu bere bizitzari buruzko beste datu zehatzik lortu.

2. Etcheberriren obra

2.1. Lan argitaratuak

18 Hiru dira Joannes Etcheberriren lan argitaratuak, inprimatuak ; ezagunak eta eskuragarri ditugunak behintzat.

2.1.1. Manual devotionezcoa

19 Hau da gurera heldu den Etcheberriren lehen liburu inprimatua. Lehen edizioak 1627.ean ikusi zuen argia, Bordelen Gilen Millangesenean. 5 Hona Vinsonen Essai... n aurki genezakeen aipamena : « 14a.-MANVAL | DEVOTIONEZCOA, | EDO EZPEREN OREN | ORO ESCVETAN ERABILLT- - | çeco liburutchoa. | Efcarazco verfu tan eguiña, eta guztia | bi partetan bereçia. | Lehenean iracaften direla, Guirilliño I Commun batec, iaquiñ behar dituen | Gauça guehienac : berçean, errateco | Lituquen, halaber othoitz guehienac.[...] BORDELEN, | GVILLEN MILLANGES Erregueren | Imprimatçaillearenean. | - | M. DC. XXVII. » 20 Argitarapen honen garaian, Bordele zen liburuak inprimatzeko lekurik hurbilena. Baionako lehen moldiztegia François Bourdot-ena da, 1642.ekoa. Eta Paben Desbarats sendia 1655.az geroztik baino ez da hasten inprimatze lanetan.

21 Lehen argitarapen hau in-8 itxurakoa da (16 orrialde pleguko), guztira 346 orrialde idatzi dituela. Bere neurriak honakook dira : 101 mm x 167. Testuak berak 82mm 5 x 149,5 (izenburu eta zeinadurak barne). 22 Bigarren edizioa 1669. urtekoa da eta hona Vinsonen aipamen bibliografikoa : « 14b.-MANVAL | DEVOTIONEZCOA, | EDO EZPEREN OREN | ORO ESCVETAN ERABILLT- | çeco liburutchoa. | Efcarazco verfutan eguiña, eta guztia | bi partetan bereçia. | Lehenean iracaften direla, Guiriftiño | Commun batec, iaquiñ behar dituen | Gauça guehienac : berçean, errateco | Lituquen, halaber othoitz guehienac.[...] BORDELEN, | I. MONGIRON MILLANGES Erregueren | Imprimatçaillearenean. | - M. DC. LXIX. » 23 Litekeena da Iacobe Mongiron Milangesek lehenaz baliaturik egin izana berrargitarapen hau. In-8 itxurakoa hau ere, foleo erdiz eratua (8 orrialde pleguko).

24 Neurriak : testuak 88 mm 5 x 152,5, izenburu eta zeinadurak barne. Zeinadura sistema : 1627.eko argitarapenak A p. 1, B p. 17, C p. 33, e.a., K p. 137-ra arte ; bigarren liburuak : A p. 1, B p. 17, e.a., O 208. orrialdean. 1669.eko argitarapenak : A p. 1, B p. 9, C p. 17, D p. 25, e.a., S p. 137-ra arte ; bigarren liburuan : A p. 1, B p. 9, e.a., eta Cc p. 207. 25 Vinsonen aurretik, eta Etcheberriren beraren garaikideez landa, Jusef Egiategi ziburutarra dugu liburu honen berri dakarren lehena. 6 Honen ondotik, Aita Larramendi,7 Pierquin de Gembloux belgiar midikua 8 eta Francisque Michel. 9 Guzti hauen lana esozoa eta zehaztasun gutxikoa da. Vinsonen ondorengoak dira Genaro de Sorarrain10 eta Louis Desgravesen11 lanak. 26 Hordago Publikapenak etxea 1669.eko edizio honetaz baliatu zen argitarapen xerokopiatu bat egiteko.12 27 Patxi Altunak, azkenik, Manual devotionezcoa honen lehen liburuaren edizio kritikoa paratu zuen 1981.ean, Hordagoren argitarapenaz baliatuz.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 186

28 Ezin izan zuen Altuna jaunak lehen argitarapeneko alerik aurkitu, batez ere 1669.ekoan 3.438. bertsoaren inguruan bertso batzuk falta zitezkeen, berak uste bezala, edo ez jakiteko. 29 Patxi Altunaren uste honek bultzatua bibliografia irakurtzen hasi ginen. Vinson-en Essai... liburuan (1891-8 : 65) 1627.eko ale bat Pariseko Bibliothèque Nationale-n zegoela irakurri ahal izan genuen eta, aipatu bezala, Deustuko Unibertsitateko Eusko Ikaskuntzako Karmele Santamariari esker lortu genuen lehen argitarapen honen mikrofilmaren fotokopia. 30 Bi argitarapenen arteko konparaketak zera erakutsi digu, Patxi Altunak aipatzen dituen bertso hauetan (« Egoquien Aingueru beguirailleei » izenburua duten 3.427-3.442 bitartekoak) 1669.eko argitarapena lerroz lerro dagokiola 1627.ekoari. Ez du horrek esan nahi, ordea, bertso batzuk ezin falta daitezkeenik. Are, 1669.eko argitarapena kaleratzeko aurrekoaz baliatu izan balitz Mongiron Millanges (eta hau geuk proposatutako hipotesi bat besterik ez da) ez zegokeen bigarrenean lehenean ez dagoen bertsorik.

2.1.2. Eliçara erabiltceco liburua

31 Hau da Etcheberriren hirugarren lan inprimatua. Bigarrena Noelac da eta jarraiko kapituluan izango dugu mintzagai.

32 Jusef Egiategi eta Aita Larramendik ez dute beren lanetan aipatzen (ezagutzen ez omen zutelako ?). Badu, haatik, F. Michelek liburu honen berri bere Proverbes basques- en.13

2.1.2.1. 1636.eko argitarapena

33 Vinsonen sailkapenaren arabera hiru argitarapen desberdin ezagutu izan ditu liburu honek mendeetan zehar. Hona hemen balizko lehen argitarapenaren aipamen bibliografikoa (1891-8 : 76) : « 17a.- Eliçara erabilceco liburua Ioannes Etcheberri Dotor Theologoac eguiña eta iaun Noble Bertrano de Etchaus Tursco Aphezpicu digneari dedicatua. Bordelen, Guillen Millanges Erregueren imprimatçaillea baithan 1636. » 34 Vinsonek dioenez, aipamen hau M. Pierquin de Gembloux-ek egiten du bere Historie littéraire liburuan, baina berak zalantzatan jartzen du Pierquin honen lana « insuffisant, désordonné et inexact » delako.

35 Hau da, izan ere, Pierquin de Gembloux jaunaren aipamena : « Etcheberri Joannes, Eliçara erabillceco liburna, etc., in-18, Bordelen Guillen Milanges Erzegueren, imprimatcaillea baith an 1636, p. 542. » (1958a : 264). Gehigarrietan ere aipamen berbera dugu. Eta bai, baliteke Pierquin-en lana « insuffisant, désordonné et inexact » izatea ; baina, dirudienez, begibistan izan du argitarapen hau. Bere neurria (in-18) eta bere orrialde kopurua (542) ere ematen dizkigu. Eta ezagutzen diren beste bi argitarapenak ez datoz bat bi datu hauekin. Baliteke, bestalde, Pierquin de Gembloux berak ere beste nonbaiten jaso izana datuok.

2.1.2.2. 1665.eko argitarapena

36 Irakurri ahal izan dugun bibliografiak, lagundu beharrean, kasu honetan, nahastu egin gaituela esan behar dugu. Beti bezala, J. Vinson hartu dugu abiapuntu eta bere Essai...- n

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 187

irakurria da jarraian azaldu nahi duguna. Hau da Eliçara erabiltceco liburua- ren bigarren argitarapen honen lehen aipamena (1891-8 : 77) : « 17b.- ELICARA | ERABILTCECO | LIBVRA. | IOANNES ETCHEBERRI |Dotor Theologoac | eguiña. | Eta iaun Noble Bertrano | De Etchavs Turfce, | Archiphizpicu dignea- | ri dedicatua. | (fleuron) | BORDELEN, | I. M ONGIRON M ILANGES, | Erregueren Imprimat- | çaillebaithan. 1665. Pet. in-8 — (lxvj)-435 p. ; signatures : aux fts préliminaires de un a six pieds de loup ; pus A p. 1, B p. 16 <17>, C p. 25, D p. 41, E p. 49, etc. — Le texte mesure 86mm de hauteur sur 42 de justification. Je connais trois exemplaires de cette édition, dont un complet. Un des deux autres est a la Bibliothêque municipale de Bayonne (n° 3822). Coll. : p. (i-ij) titre, (iij-vj) dédicace, (vij) approbations de MM. Guillentenea et Axular (Sare, 16 mai 166 (sic),(viij-ix) vers latins â l'éloge de l'auteur signe d'Iharce, (x-xiv) vers français, signés Casabielhe, (xv) vers basques signés J. Claverie, (xvj) vers : harc berac berari, (xvij-xviij) vers de Tristand de Aphezte, (xix) vers : harc berac berari, (xx) division du livre, (xxij-xl) calendarioaz eta demboren contuaz « du calendrier et du compte du temps », (xlj-xlv) tableaux de l'épacte, de la letre dominicale et des fêtes mobiles de 1665 à 1683, (xlvj-lxvj) calendrier ; — p. 1-82<4>, première partie (devoirs du chrétien), premier traité (prières quotidiennes, en vers) ; p. 82<5>-134, deuxième traité (doctrine chrétienne, en vers) ; p. 135-166, troisième traité (de la confession, en prose) ; p. 167-423, deuxième partie (heures, en vers ; les psaumes de la pénitence sont aux p. 316 et suiv. ; aux p. 368 a 423 est la dévotion à Marie) ; p. 425-435, table. » 37 <> artean jarri ditugu J. Vinsonen beraren zuzenketa eta gehiketak, hain zuzen ere bere Essai...-ren bigarren alean jarri dituenak (aip. lan. : 544). Zuzenketa eta gehiketon artean, honako aipamen berri haujarri du : « 17 b, c — ELIÇARA, etc. Edition conforme à la précédente, suf ce qui suit : Pet. in-12 — (lxvij) - 435 p. P. (vij) approbations de P. de Archular, P. de Guillantena (22 de mai 166 (sic), (viij-ix) vers latins signés « I. Ihartius in Curia Baionenfï caufarum Patrunus » , (x-xiv) vers français, signés : I. D. Casabielhe, s r de Chabatenea, de Saint-Jean-de-Luz ; (xv) vers basques signés : Iean Claveria, Apezac ;….. (xvij-xviij) vers de Tristan de Aphezte, Apphesac ;…..(xx-xxi) division du livre ; (xxij-xxxix) Calendarioaz, etc. ; (xl) blanc ; (xli- xliii) tableaux de 1665 a 1683 ; (xliv-lxvij) calendrier ; (lxviij) blanc ; — 1-82 première partie, premier traité, 83-135 deuxième traité ; 135-166 troisième traité ; 167-423 deuxième partie (ps. de la pénitence aux p. 316-344, la dévotion à Marie aux p. 368-423) ; 425-435 table. Le texte a une justification de 42 mm sur 98 de hauteur (chiffres et signatures compris). Erreurs de pagination : 117 pour 107, 30 pour 130, 178 pour 187, 303 pour 203, 149 pour 249, 369 pour 359, 374 pour 363. Commencement des p. 81 Duçun othoi, 192 7. Hargatic, 273 Eta Ifraelen, 346 Bartholome, 403 3. Laurguitu.Signatures : préliminaires : un à six pieds de loup aux p. i, xvij. xxv, xlj ; — A p. 5, B p. 21, C p. 29, D p. 45, etc., jusqu'à Mm (demi-feuille contenant les quatre derniers feuillets de la table). Sur quatre exempl. de cet ouvrage et de cette édition que j'ai eus entre les mains, deux avaient a la p. 220 la réclame harran en petit texte ; les deux autres avaient hartan en texte ordinaire. A part cela, les quatre volumes étaient identiques. » 38 Kontua da Vinsonen beraren zuzenketa eta gehiketetan, hau da Essai... ren bigarren alean (aip. lan. 544) aurreko aipamen berri hau dugula (17 b,c). Jarraian 17c aipatzen du. Honek 17a, 17b, 17 b,c eta 17c lekukotasunak eskuartean erabili dituela

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 188

pentsarazten digu. Bestalde, doktore tesirako erabili dugun materialen artean, Baionako euskal museoan aurkitutako eskuizkribu bat dugu. Honen izenburuan « Comparacion de las dos ediciones de 1665 de ‘Eliçara erabiltceco liburua’ de Joanes Etcheberri » dugu eta kontu guzti hauek sail egiten dute 1665.ean edizio bakarra edo gehiago izan ziren argitzea. Guk 1665.eko zortzi ale desberdin izan ditugu eskuartean eta guztiak datoz bat Vinsonen 17b,c aipamenarekin.14

2.1.2.3. 1666.eko argitarapena

39 Hona, orain, hirugarren argitarapenaren Vinsonen aipamena : « 17 c.- ELIÇARA |Erabiltçeco |libvrua. |ioannes etcheberry |Dotor Theologoac | eguiña. | Eta Iaun Noble BERTRAND | DE ETCHAVS Turfco, | Archiphizpicu digneari | dedicatua. | Bigarren aldian Imprimatua. | (fleuron) | PAVEN , | Ioannes Desbaratz, | Erregueren Imprimatçaillea | Baithan. 1666. » 40 Hau ere in-8 txikia erakoa da, (ij)-64-517-(xj) orrialdetakoa. Zeinadurak : aurretikoetan a p. (i), a ii p. 1, e p. 17, i p. 33, õ p. 49 ; testuan A p. 1, B p. 17, C p. 33, D p. 49, e.a. Neurriak : 50 mm 5 x 96 mm..

41 1666.eko argitarapen honek 1665.ekoak ez dakartzan bertso batzuk ditu, gure ustez Bernardo Gazteluzarrenak direnak.15

2.2. Lan argitaragabeak

42 Bere mendeko bi idazleri esker (Oihenart eta Pouvreau) jakin ahal izan dugu Etxeberrik, argia ikusi zuten hiru liburuez landa, beste zenbait izkribu ere idatzi zuela.

43 Oihenartek, bere Arte- an (Lafitte, 1967 : 38-39), Etxeberriren bertsogintzaren azterketa egiten du Manual-eko adibideak jarriz. Aurkitzen dizkion hutsak direla eta, bere Noelac, Egunoroscoa eta Eliçara Erabilzecoa ez direla hobeak dio. Datu hauen arabera, bada, Etxeberri Ziburukoak Egunoroscoa izeneko beste obra bat ere idatzi omen zuen. 44 Aurrera jarraitzen du bertsogintzaren azterketan eta zera dio, hitz lauz idatzi izan balu garaile aterako zela, inprimatutako obrez aparte, bere senidearteko gutunak, zenbait laguni idatziak, bere hiztegia eta bere aditz jokoek (Oihenartek haren eskuz idatziak ikusi zituenak) ongi erakusten baitute euskaraz izan zuen askitasuna. 45 P. Altunak Manualaren edizio kritikoan (1981 : 10) Egunoroscoa hori Manuala bera ez ote den galdetzen dio bere buruari, Etxeberrik titulu osotik « oren oro » aldatu eta « Egun oro-scoa » izendaturik. Aita Akesolok zera diosku (1970 : 6-7) : « Oihenarten lan batean beste bat ere aipatzen da : Egunorozcoa. Beste xeetasunik ez digu ematen. Eta esan bearra dago orainarte ez dela orren aztarnarik azaldu, eta beste iñork ez duela bere ezagutzerik eman. Liburu berria ote da, lengoez beste bat ote da, ala besteen zatien bat, edo besteen zatien bati eman ote dio Oihenartek izen ori ? Gogoan ar dezagun Elizara erabiltzeko liburuak ere baduela zati bat, Egunorozko othoitz laburrak titulutzat daramana. Eta, gaiez, berdintsu da Manualaren bigarren zatia ere. 46 Au esanez, ez dugu ukatu nai liburu ori izan denik. Eta iñoizkoren batean agertu baledi, ongi etorria izango litzateke euskal-literaturan. Bai orixe. ». 47 Eliçara erabiltceco liburuaren 1665.eko edizioaren 435 orrialdeetan zehar hiru atal argi desberdinduak aurki genitzake : lehena « calendarioaz edo demboren contuaz tratatua » deritzona eta beste biez hau da liburuan bertan aurkituko dugun aipamena : « Liburu hunen parteac. Liburutcho hau bi partetan berezten da. Iaquiteco

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 189

Guiriftinoaren eguinbidean, eta orenetaco othoitcetan. Lehenbicico partean dire. EGUN OROZCO othoitz laburrac. Doctrina Chriftiana. Eta Cofeffatceco antcea. » 48 « Egun orozco » otoitz horiek 1-82 orrialdeetan zehar banatzen dira eta ez dakigu Oihenart atal honetaz ari zenentz egiten zuen aipamena egiten zuenean. Bi lirateke, gure ustez, ikerketa hipotetiko batean jarraitu beharko liratekeen bideak : argitaratu gabe eta, noski, galdua den Etxeberriren laugarren liburu batez ari zenekoa edo, bestela, Manual devotionezcoar en bigarren liburuari buruz ari zenekoa. 49 Ez zaigu, geroztik, beste inor mintzatu Oihenartek aipatzen dituen gainontzeko lan horietaz eta betiko galduak izan daitezkeeneko susmoa dugu.

3. Noelac eta testu kritika

3.1. Tradizio moetak

3.1.1. Zuzeneko tradizioa

50 Hau da Etxeberri Ziburukoak idatzi eta gugana heldu den bigarren liburua eta bera da, alde haundiz, bere liburuetarik argitarapen eta berrargitarapen gehien izan dituena, 10 guztira, antologietan eta argitaratu diren bertso sorta eta abarrez landa16.

51 Oraingoan ere Jusef Egiategi dugu liburu honen berri eskaintzen duen lehena. Ikusi dugunez, « Noelak eta berze Espiritual berriak » idazten du, « Baionan moldizkitatia, 1630. urthian ». 52 Aita Larramendi dugu berri eskaintzen digun bigarrena. Honela dio bere Diccionario-n (1853 : xxxi)17 : 4° Otro librito en dozavo impreso en Bayona año 1630, aunque con muchas erratas. Su autor Joanes de Echeberri, doctor teólogo. Contiene doscientas cincuenta páginas y está todo él en verso. Su título Noelac eta berce canta Espiritual berriac. El asunto es la vida de Cristo y sus principales misterios... 53 Aita Larramendik 1630.ekoa dela esanagatik, egunera arte ez da urte horretako argitarapenik aurkitu.

54 Pierquin de Gembloux jaunaren aipamena (1858a : 7 gehigarriak) hau da : « Noelac eta berce canta espiritual berriac in-12, Bordeaux 1630, pp.250 ». 55 Aita Larramendi eta Pierquin-en datuak ikusita, argi dago kontu batean behintzat ez dabilela oker azken hau : 1630. urtean ez dago (gero ikusiko dugunez) inprimatzailerik Baionan. Ezin izan, bada, lehen argitarapen hau Baionan inprimatua. 56 F. Michelen Proverbes basques liburuko aipamena (1847 : xl) Larramendirenetik jasoa da eta ezer gutxi du berririk. Le Pays basque-n (1857 : 488), ordea, eskuartean argitarapen desberdin bat erabiltzeko aukera izan duela dio, honako aipamen hau eginez : « Noelac eta berce canta espiritual berriac. Jesus Christoren biciaren misterio principalen gañean. Eta sainduen ohoretan besta buruetacotz. Ioannes Etcheberri Doctor Theologoac egniñac. Baionan, Maffre Baitan, bors Cantognetan, 1697, in-24, 240 pages. » 57 Hemen dugu, bada, Larramendik aipaturikoaz gain, beste argitarapen berri bat.

58 Behin, L. L. Bonaparteren Eskuizkribuak-Argitarapenak liburua (1989) arakatzen geundela, hurrengo bi aipamenok irakurtzeko aukera izan genuen : 352. UN PATRIOTE. Recueil des quelques Eclaircissemens Relatifs au paiss et peuple Basque. Par... Dedié a son Altesse Le Prince Napoleón. Bayonne le 24 Fevrier 1866.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 190

Cuaderno, 41 hoj., 23,5 cm. Proc : ADN m/s B-95. MICROFILM 2 C 27 352bis. (NOTA bibliográfica sobre Joanes Etcheberry). 2 hoj., 27 cm. Proc : ADN m/s B-105. MICROFILM 2 C 27 59 Euskaltzaindiako Azkue Bibliotekako Bonaparte Printzearen eskuizkribuen mikrofilmetan bilatu eta han aurkitu genuen, « UN PATRIOTE » honen 41 orrien ondoren, Joanes Etxeberri Ziburukoaren Noelac eta Eliçara erabiltceco liburua-ren aipamen bibliografikoz osotutako bi orri. Lehen orriak Noelac-en hiru argitarapen desberdinen berri dakargu ; hona zer dioen : Noelac eta berce canta espiritual berriac. Jesus Christoren biciaren misterio principalen gañean. Eta sainduen ohoretan besta buruetacotz. Joannes Etcheberri doctor Teologoac eguiñciac (eguinac). Bayonan, P. Fauveten, imprimerian Carmessetaco aldean ---- Sans date --- pagination, titré compris 1 à 250. L'approbation, datée de Saint Jean de Luz l'août 1630 est signée P. de la Masse curée de Saint Jean de Luz et P. de Urthubie docteur en theologie. La licence, signée par d'Oiherard, vicaire général est donée à Baione 8 août 1630. Mais n'indique en quelle anné ce livre a été imprimé, seulement on a placé au dos du livre le titre avec la daté 1630. Sous la même reliure vient une autre edition. Le titre est absolutemente le même ; à l'erratum eguinciac, on a substitué une autre faute egniñac. au bas, on lit Bordelen, Guillen Milanges Erregueren imprimatçaillea baithan. 1645. pag. titre compris 1 à 251. Les approbations et license sont exactement reproduits Les noels contenues dans cette edition ocupent jusqu'à 240, les autres pages sont ocupées par la table. Dans la premiere edition il n'y a pas de table, mais on trouve deux noels de plus, entre autres celui qui commence par les mots suivants Jesus haurtcho larru dedicatua : Gure gatic çure dolloratua : Çorcigarreneco odc...tua La troisiéme édition, pour la même couverture, porte le même titre que les deux premieres, avec l'erratum egniñac. au bas on lit Baionan, Maffre baitan bors Cantognetan. 1699. Cette edition est la reproduction exacte de celle de 1645, sans la table. 60 Itxuren arabera, bada, eskuizkribu honen kasuan ere, L. L. Bonaparte Printzearen lankide edo laguntzaile baten aurrean gaude eta honek, besteren artean, lortu, ezagutu edo eskuetan izan dituen Noelac eta Eliçara erabiltceco liburua-ren berri damaio Printzeari.

61 Eskuizkribuaren irakurketatik ondorioztatzen dugu, bestalde, aipatzen dituen hiru argitarapenak batean bilduak direna (« sous la même relieure » eta « pour la même couverture » dio). 62 J. Vinsoni esker dakigu (1891-8 : 73), gainera, Londreseko British Museum-ean dauden Noelac-en hiru argitarapen desberdinak (bere sailkapenaren arabera, 15b, 15d eta 15f) ale batean, berean, direla bilduak ; 15f edizioa da, bestalde, amaieran bertso berriak dituen lehena. Argi dago, bada, herritar honek aipatzen duen hau eta British Museumekoa bat direla.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 191

63 Eskuizkribuaren kontua alde batera utzi eta jarrai dezagun J. Vinsonekin. Bera izan da edizio guzti hauek sailkatzen ahalegin gehien egin duena. Eta ez da lan erreza sailkapen hau burutzea. Edizio batzuk ez dakarte argitaratze datarik eta honek zaildu egiten ditu lanok. Jarraian bere Essai...-n aurki ditzakegun argitarapen desberdin guztiak (1891-8 : 68 hh) erakutsiko ditugu, banan banan.

3.1.1.1. 15aedizioa

« 15a.-NOELAC ETA BERCE canta efpiritual berriac. Iesus Chriftoren biciaren myfterio principalen ga ñ ean. Eta fainduen ohoretan belta buruetacotz. Ioannes Etcheberri Doctor Theologoac egui ñac. BORDELEN, G. MILANGES, 1630 ou 1631. » 64 Lehenengo argitarapen hau berak suposatutakoa besterik ez da, eta 1630 edo 1631.ean kokatzen du. Bere ustez zilegi dirudi, baimenen datak ikusita, urte horietan argitaratua izan zitekeela adieraztea, ziurrenik Gilen Milangesenean argitaratua gainera. Ez du uste Vinsonek 1630.ean baimena lortu eta 1645.era arte inprimatu gabe izango zenik. Ez zuen, haatik, lehen argitarapen honen alerik aurkitu.

65 Louis Desgravesen Les livres imprimés a Bordeaux au XVIIe siécle liburuan (1971 : 100), argitarapen honen berri dugu. Bertan « D'apres Vinson (Bibliographie), p. 76, n° 17 a » irakurtzeko aukera dugu. Maiz gertatzen da bibliografo baten ustezko aipamena (Vinson, adibidez) hartu eta liburu hori argitaratua izan dela onartzea (Desgraves, adibidez). Izan ere, liburu honetan argitaratutzat du Desgravesek 1630.eko edizio hau eta Vinsonek argitaratua behar zuela izan baizik ez dio ; are, ez dela alerik ezagutzen.

3.1.1.2. 15b edizioa

« 15b.-NOELAC | ETA BERCE | canta ef**piritual | berriac. |Iefus Chriftoren biciaren my-| fterio principalen gañean. | Eta fainduen ohoretan befta buruetacotz. | Ioannes Etcheberri Doctor | Theologoac egniñac. | (fleuron) | BORDELEN, | GVILLEN MILANGES, Erre- | gueren Imprimatçaillea | baithan, 1645. » 66 In-8 txikia erakoa, 251 orrialde. Neurriak : 45 mm x 98. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 33, e.a.

67 P. de la Masse Donibane Lohitzuneko apaizak eta P. de Urthubie Teologian doktoreak baitetsia, 1630.eko abuztuaren 6an. Baimena, Manual-ean legez, M. d'Oiharard Bikario Jeneralarena da, urte eta hilabete berbereko egun bi beranduagokoa, 8koa. Joan Ihartius eta Stefano Hirigoitiren laudoriozko bertsoak eta P. Argaiñarats-en akrostiko bat dakartza. 68 Londresko British Museum-ean lortu genuen argitarapen honen fotokopia bat J. A. Arana Martijari esker. 69 Desgraves jaunak ere Vinsonen aipamena jarraitu du 1645.eko argitarapen honen berri emateko bere Les livres imprimés a Bordeaux... liburuan (1971 : 122). Ez du, gainera, ezer berririk aipatzen eta ez dirudi alerik ezagutu duenik.

3.1.1.3. 15c edizioa

« 15c.-NOELAC | ETA BERCE| canta efpiritual | berriac. | Iefus Chriftoren biciarenI mifterio principalen | ga ñ ean. | Eta fainduen ohoretan bella I buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI Do ?or | Teolegoac : egni ñ ac. | (croix entre deux petits fleurons) | BAIONAN, | MAFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1697. »18

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 192

70 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa da. Neurriak : 44 mm. x 96. Zeinadurak : A p. 1, B p. 16, C p. 25, D p. 41, E p. 49, e.a.

71 Baimenak, onespen eta laudorioak besteetakoak dira, argitarapen eta berrargitarapen guztietan bezalaxe. 72 Argitarapen honen ale baten fotokopia bat Donostiako Urkixo Liburutegian lortu genuen. Beste ale baten fotokopia Chicagoko Newberry Library-n lortu genuelakoan geunden biak konparatu eta aztertzen hasi ginen arte. Azterketa honek, ordea, bi argitarapen desberdinen aurrean gaudekeela erakutsi digu. Hurrengo orrialdeetan ezarri ditugu bi ale hauen konparaketak eragin dituen zerrendak. Argi erakusten dute zerrendok ez dela posible edizio berbereko bi ale desberdinen aurrean izatea. Hona hemen desberdintasun nabarienak : 73 ¬ Zenbait orrialdetan, lerro kopurua betetzeko, tarteka-marteka jarri ohi diren orla- k. nahiko desberdinak dira bi aleetan (ikus. 3, 6, 9, 11, 13, 25, 31, 40, 169, 178 eta 213. orrialdeetan agertzen direnak).¬ 210-213 orrialdeetan, lerro bateko desoreka dago bi aleen artean.¬ g/G : Chicagoko Newberry Library-ko edizioan, beti dugu g. Urkixoko alean, ordea, beti G. 74 ¬H/H : Bi aleetan, H maiuskulak agertu behar duen tokian, sarri, batean Hmaiuskula hori dugu ; beste alean, ordea, H bersalita. Beste behin, h minuskulak agertu behar duen tokian ere agertzen da H bersalitori. ¬ I/J : Chicagoko alean, beti aurkituko dugu I hitz hasieran ; Urkixokoan, J.¬ K/K : H/H kasuan gertatzen zen berbera dugu hemen ere.¬ U/V : Chicagoko alean, V aurkituko dugun bitartean, Urkixokoan U izango da arruntena hitz hasieran.¬ z/z :- Bata zein bestea agertzen dira. Bata behin ale batean, bestea bestean. ¬ Eranskinean ikusiko dugunez, bi aleetan hitzak desberdin ebakiak daude adibide askotan. ¬ Puntuazio markak ere aldatu egiten dira ale batetik bestera. ¬ Badago n/ñ, n/~ txandaketa bi aleetako zenbait adibidetan. ¬ Txistukari frikari zein afrikarietan ere txandaketa gertatzen da kasu batzuetan. 75 Aipatu bezala, aurkitu ditugun bi aleen arteko desberdintasun guztiak jarraiko lerroetan doazkizue, eta desberdintasunon aurrean zilegi dirudi bi edizio desberdinen aurrean aurkitzen garela aitortzea eta ez edizio berberaren bi ale desberdinenean. 76 Zerrendak nola banatu ditugun argitzearren, derragun bost zutabe desberdin aurkituko ditugula orrialdeotan zehar : 77 1. zutabea → orrialde zenbakia 2. zutabea → bertso zenbakia 3. zutabea → Chicagoko New Berry Library-ko Luis Luziano Bonaparte Printzearen liburutegiko funtsetan lortu dugun alearen aldaerak. 4. zutabea → Gipuzkoako Foru Aldundiko Urkixo liburutegian lortu genuen alearen aldaerak. 78 Lehen zutabeko orrialde zenbakiari buruz zera adierazi behar dugu, bi edizioak datozela bat orrialde kopuruan, bi edizioak dutela taiuera berbera (lerro kopuru berbera orrialdeko eta lerroen luzeera berdintsua). Horren ondorioz, orrialde zenbaki bat baizik ez dugu. 79 Bertso zenbakiari dagokionez zera azaldu behar da, hiru zenbatze era desberdinen aurrean aurkituko garela. Bertsoak beraiek ditugu, batetik, zenbaki normalez

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 193

zenbatuak. Bertso sorta edo ahapaldi desberdinen izenburuak eta azpi-izenburuak, bigarrenik, IZl, IZ2, IZ..n kodea dute, izenburu hori lehen, bigarren.... lerrokoa dela adierazteko. Bertso edo izenburu ez den lerroak, azkenik, 1L, 2L, n...L kodea du (lehen lerroa, bigarren lerroa....), orrialde bakoitzean berriz hasten delarik zenbatze-prozesua. 80 Zerrendotan azaltzen ditugun aldaerez landa, badaude azpimarratu nahi genituzkeen honako kontuook : 81 — Konparaketari ekin diogunean aurki ikusi dugu, inprentan, bertso sorta, ahapal-diak eta atalak banatzeko, orrialde buruetan eta horrelakoetan agertzen direan orla gisakoak (inprenta eta edizio bakoitzan bereak dituen arren, hurrengo hau izan daiteke orla gisako horien adibide bat : **********) desberdinak zirela bi edizioetan. 3,6,9,11,13,25, 31, 40, 169 eta 178. orrialdeetan agertzen direnak, horren erakusgarri. 213. orrialdean, bestalde, Urkixoko alean orla agertzen den bitartean, Chicagokoan ez dago. 82 — Urkixoko alean, 210. orrialdeak 20 testu lerro ditu ; Chicagokoan, 19. Hurrengo orrialdeetan lerro bateko desoreka dugu, beraz. 214. orrialdean berriro ditugu berdindurik bi aleak, aurrekoa, 213.a, ez baita 20 lerroz betetzen. 83 — 3. orrialdean, kapitulua hasteko hizkia (kapitularra) oso desberdina da bi edizioetan. Chicagokoan oso estua da ; Urkixokoa, aldiz, nahiko zabala. 84 — 224. orrialdean, azken lenoko ‘Larrera egotztera’ dugu. ‘Larrera’ hitzaren lehen hizkia eroria dago Chicagoko alean. 85 — 116. orrialdean, Urkixoko alean, 116. bertsoa C kapitularraz hasten da. C honek badu azpian , (c hautsiaren marra) jarria, norbaitek eskuz jarria bezala. Hitza ‘Cauri’ eta C horrek badu barnean z bat, hau ere norbaitek eskuz egina. 86 Demagun, azkenik, bi edizioen konparaketak eragin duen aldaeren zerrenda :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 194

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 195

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 196

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 197

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 198

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 199

87 Aurrerantzean, gure geure zerrenda eta lanetarako 15c eta 15c-l izendatuko ditugu ; 15c, Chicagoko Newberry Library-ko Luis Luziano Bonaparte Printzearen funtsetan dagoen alerako ; 15c-l, Donostiako Urkixo liburutegian dugunerako. 15b argitarapenarekiko konparaketak zera erakutsi digu, posible dela Chicagoko argitarapena izatea haren hurrengo eta ez Urkixokoa (horregatik izendatu dugu 15c Chicagokoa eta 15c-l Urkixokoa). Dena den, lanaren ariak berak erakutsiko du zuzen ala oker gabiltzan. 88 Hau da, izan, 15c izendatu dugun argitarapenaren aipamen bibliografikoa :

89 NOELAC | ETA BERCE| canta efpiritual | berriac. | Iefus Chriftoren biciaren| mifterio principalen | gañean. | Eta fainduen 90 ohoretan befta | buruetacotz. | Ioannes ETCHEBERRI Doctor | Teolegoac : egniñac. | (gurutze bat lore artean) | BAIONAN, | MAFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1697.

3.1.1.4. 15d edizioa

« 15d.-NOELAC | ETA BERCE | canta efpiritual | berriac. | Iefus Chriftoren biciaren | mifterio principalen| gañean. | Eta fainduen ohoretan befta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI Doctor | Teolegoac egniñac. | (croix entre fleurons) | BAIONAN, | MAFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1699. » 91 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa. Edizio hau 1697koari dagokio hitzez-hitz eta Vinsonek data okerrekoa zela uste izango zukeen, hiru pertsona desberdinek hirurak 1699.ekoa irakurri zutela esan ezbaliote.

92 Oraingoan ere Londresen lortu genuen argitarapen honen ale baten fotokopia.

3.1.1.5. 15e edizioa

« 15e.-NOELAC | ETA BERCE |canta efpiritual |berriac. |Iefus Chriftoren biciaren|mifterio principalen|gafiean. | Eta fainduen ohoretan befta buruetacotz. | loannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac egnifiac. | (croix simple) | BAIONAN, | M AFFRE Baitan, bors | Cantognetan. 1699. » 93 Hau ere in-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa. (241 orrialde zenbatu dira, baina hau 89. zenbakia falta eta 88.aren ondoren 90.a datorrelako da. Zenbaki honetatik aurrera, bada, erako orrialdeak zenbaki pareak dituzte, ezpareak itzulitakoak.) Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, D p. 41, E p. 49, e.a. Neurriak : 41 mm. 5 x 96,5.

94 Berezitasun nabari bat dauka, 220. orrialdetik aurrera testuko letra desberdina da, askoz txikiagoa. Vinsonen ustez (1891-8 : 70), argitarapen hau aurrekoaren faltsupena edo kontraegina da. Ez dugu argitarapen honen fotokopiarik eskuratzeko aukerarik

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 200

izan, bai, ordea, Donibane Lohitzunen Maria Josefa Lanuzarenean aurkitu dugun alea aztertzeko eta berezitasun guztien oharrak hartzeko. 95 Ikusi dugu 15a eta 15b (lehena benetan argitaratu zela suposatuz) argitarapenak Bordelen, Gilen Milanges erregearen inprimatzailearenean inprimatu zirela. Hurrengo laurak (15c, 15c-l, 15d eta 15e) Mafre baitan inskripzioa dakarte.

3.1.1.6. 15f edizioa

« 15f.-NOELAC | ETA BERCE | canta efpiritual | berriac. | Jefus Chriftoren biciaren | mifterio principalen|gañean.| Eta fainduen ohoretan befta | buruetacotz. |Joannes ETCHEBERRI Doctor| Teolegoac egniñciac.| (croix entre fleurons) | BAYONAN, | P. Fauveten, Imprimerian | Carmeffetaco aldean. »19 96 Hau ere in-8 txikia erakoa, 250 orrialdetakoa da. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, e.a. Neurriak : 45 mm x 95. Betiko gaiak dakartza. Urkixo Liburutegian lortu genuen edizio honen fotokopia bat.

97 Argitarapen honen amaieran aurrekoetan agertzen ez diren bertso sortak ditugu : 241. orrialdean verbum caroac, euskaraz ; 245.ean claritates guçia, Ama Mariari eskainitako abestia ; 249. orrialdean Iesus Haurtcho larru, Iesusen zirkuntzisioari buruzko bertsoak. 98 Izan dugu edizio honen bi ale eskuartean erabiltzeko aukera. Bat Julio Urkixo Liburu- tegian dagoena eta bestea Londreseko British Museumekoa. Hauek dira gainbegirada azkar baten ondorengo bien arteko desberdintasunak :

3.1.1.7. 15g edizioa

« 15g.-NOELA | ETA | BERCE | CANTA | ESPIRITUAL BERRIAC. | Jefus Chriftoren hiciaren mifterio | principalen | gañean. | Eta fainduen ohoretan befta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI Doctor | Teolegoac egnifiac. | (3 fleurons, deux et un) | BAYONAN, | J. FAUVET, Imprimatcaillea | baithan, bortz-Cantoiñetan. »20

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 201

99 Hau da era desberdineko bakarra, in-12koa, 204 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 13, C p. 25, D p. 37, E p. 49, e.a. Neurriak : 58 mm x 112.

100 Argitarapen honek ere besteetan agertzen ez diren bertso sorta batzuk ditu amaieran. 195. orrialdean, Stabat-en itzulpena ; 198.ean, Gaudeac, Andra Mariari eskainiriko latinezko bertsoak ; 200. orrialdean, Stabat latinez, eta 202. orrialdean erregeari eginiko otoitza latinez. 101 Vinsonek zera dio, Jean Fauvet 1731. urtean hasi zela inprimatzen ; 1760.ean hil zen. Argitarapen hau, beraz, data hauen artekoa dateke. 102 Honen fotokopia bat ere Urkixo Liburutegian lortu genuen.

3.1.1.8. 15h edizioa

« 15 h.-NOELA | ETA BERCE |canta spiritual berriac. | Jefus Christoren hiciaren|misterio principalen gañean. | Eta sainduen ohoretan besta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI Doctor | Teolegoac egnifiac. | (croix simple) | BAYONAN, | P. FAUVET, Imprimatcaillea | baithan, Carmesen aldean »21 103 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, D p. 41, e.a. ; neurriak : 45 mm x 97.

104 Argitarapen honetan, 211. orrialdetik aurrera, letraren neurria txikiagoa da. Orain arte, testua besterik ez zuten orrialdeek 22 lerro izan badute, hemendik aurrera 27 izango dituzte. Jean Fauveten argitarapenean amaieran agertzen diren bertso sorta berri berberak agertzen dira honetan ere. 105 Argitarapen honen fotokopia bat Chicagoko Nevvberry Library-n lortu genuen.

3.1.1.9. 15i edizioa

« 15i.-Noela |eta berce | canta spiritual berriac. | Jesus Christoren mis- | terio principalen gañean | Eta sainduen ohoretan besta | buruetacotz. | Joannes Etcheberri, | Doctor Theologoac egnifiac. | Bayonan, | P. FAUVET, Imprimatcaillea | baithan, Carmesen aldean » 106 In-8 txikia erakoa, 230 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 33, D p. 49, e.a. Neurriak : 51 mm. x 89.

107 Honetan ere Jean Fauveten argitarapeneko bertso sorta berri berberak. 106. orrialdetik aurrera (bigarren ataletik aurrera, alegia) letraren neurria txikiagoa da (20 lerro honaino ; aurrerantzean 25. Beti ere, izenbururik ez dagoen lerroez mintzo gara ; orrialde osoan testu normala). 108 Argitarapen honen bi ale desberdinen fotokopiak ditugu, Urkixo liburutegian eta Chicagoko Newberry Library-n lortuak. Bi aleak konparatuta, hau izan da alde gutxiena aurkitu dugun edizioa :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 202

109 Vinsonek dioenez, Paul Fauvetek 1700-1736 urte bitartean inprimatu zuen eta 15f, 15h, 15i argitarapenak garai horretakoak dira ; ez du uste bere iloba Paul Fauvetek inprimatuak daitezkeenik. Honek 1760-1791 urte bitartean inprimatu zuen, baina bere ezkontzaz geroztik (1764.eko ekainaz geroztik) Fauvet-Duhart edo Duhart-Fauvet sinatzen du eta ez, gehiagotan, P. Fauvet. Baliteke Vinsonen ustez hiru hauetakoren bat Pierre Fauvet, Paul Fauvet-Duharten osaba eta Jean Fauveten anaiarena izatea. Honek 1757-1781 urte bitartean izan zuen bere moldiztegia. 110 Argi utzi nahi genuen lan honen sarreran Julien Vinson izango genuela bibliografiari eskainitako atalaren ardatz eta aurretikako zein ondorengo lanek aukeraketa hori baieztatu eta sendotu besterik ez dute egin. Ikusi dugu Aita Larramendi, Pierquin de Gembloux, Francisque Michel eta L. L. Bonaparte Printzeari bidalitako eskuizkribuak ez digutela, inondik ere, Noelac- en edizio guztien berri eman, eta helburura hurreratu den lehena Julien Vinson izan dela. Bere ondorengo Sorarrain eta Louis Desgravesek, 22 ordea, ez digute bere lanean agertzen ez denik erakusten.

3.1.2. Zeharkako tradizioa

111 Ez gara luzaz mintzatuko zeharkako tradizioz 23 guregana heldu diren Noelacen atalez. 24Zerrenda ditzagun, besterik ezean, aurkitu ditugun Noelacen atalak edo bertso sortak :

112 — Aita Akesoloren Noelacen edizioa, 1907.ean Sociedad Guipuzcoana de Ediciones y Publicaciones, S.A.k plazaratua. — Aita Larramendiren Arte a. Bi bertso sorta : « Innocenten Amen dolorearen gañean Noela » eta « Nolá batzuc haurrequin ihessi aviatú ciren ». — Euskal-Erria aldizkaria, 1886. Aurreko bertso sorta berbera. — Gure Herria, 1925. « Artzainak Bethleemen » izenburua duen bertso sorta bat argitaratu zen. Sortaren amaieran Noelacen 1760.eko argitarapenetik hartuak direla dio, 67, 68, 69. orrialdeetatik, ortografia gaurkotuz ezarriak. 113 Oso interesgarria iruditu zaigu ohar hau, ez baikenekien ikusi ditugun Noelac-en argitarapenetatik bat 1760. urtean koka genezakeenik. 114 Argitarapen honek 15i ezaugarria du Vinsonen sailkapenean. Ikusi dugu, Noelac-en edizio desberdinen aipamen bibliografikoak egin ditugunean, Vinsonen ustez, 15f, 15h eta 15i argitarapenak 1700-1736 urte bitartean imprimatu zuen Paul Fauvetenak direla, eta ez bere iloba Paul (1760-1791) edo Pierre Fauvetenak (1757-1781). 115 Baina Gure Herria aldizkariaren arabera, edizio hau 1760. urtekoa da. Oso datu interesgarria, aurrerantzean kontuan izan beharrekoa. 116 — Gure Herria, 1926b. Ikusi ditugun Aita Larramendiren bertsoak. — Gure Herria, 1926a. Bi noela : « Erregueen adorationearen gañean trufaniacots » eta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 203

« Innocenten massacraren gañean, Innocenten bestetacotz ». — Gure Herria, 1926c. « Andre Dena Mariaren Eliçan sartcearen gañean Noela Candelerocotz » eta « Jesus Haurra templuan aurkhitcearen gañean Noela ». — Egan, 1995. « Bethleen’en ostaturik ezin aurkhituaren gañean noela ». — Gure Herria, 1929b. P. Argaiñaratsen akrostikoa. — P. Lafitteren Euscaldunen lorategia-n (1931 : 26-27) agertzen diren bertsoak. — Aita Onaindiaren Mila euskal-olerki eder-en (1954 : 199-201) agertzen direnak. — Karmelo Etxenagusiak bere Iparraldeko Euskal Idazleak liburuan (1981 : 61 -62) biltzen dituenak.

3.2. Lekukotasun desberdinen biluzketa

3.2.1. Oinarrizko testuaren aukeraketa

117 Lan honetan zehar aipatu dugunez, Noelac-en bederatzi argitarapen desberdin lortu ditugu, oinarrizko testuaren aukeraketaren orduan izan dugularik non aukeratu.25

118 Alde honetatik, argi ikusten da lau hildo desberdin bereiz ditzakegula :

3.2.1.1. 15b, 15c, 15c-l, 15d, 15feta 15h argitarapenak

119 Talde honetako argitarapenak 22 lerro 26 dituzte orrialdeko, orrialde zenbaki eta zeinadura eta deiak kontuan izan gabe. Talde honetako edizio guztiak, haatik, ez datoz erabat bat. 15b-tik 15c, 15c-l, 15d eta 15f argitarapenetara, azken hiru orrialdeetan (238-240),27 lerro bateko aldea dago (azken lau hauetan zazpi lerro ditugu 240. orrialdean ; hartan, sei).

120 15h argitarapenean, berriz, 210. orrialderaino, 22 lerro ditugu. Hemendik aurrera (liburuaren laugarren ataletik aurrera, alegia), 27 lerro izango ditu argitarapen honek, letra tipoa txikiagoa delarik. 121 15b, 15c, 15c-l, 15d eta 15f argitarapenetan, 214. orrialdean hasten da laugarren atala ; 15h-k, bada, hiru orrialde irabazi ditu liburuko lehen hiru ataletan. Alde hau honako arrazoi hauengatik gertatzen da, izenburu, ahapaldi, e.a.-en artean dauden tarteak edo zuriuneak nabarmenago direlako argitarapen haietan. 122 15f argitarapenak, lan honetan zehar aipatu bezala, aurrekoek ez dituzten bertso berri eta desberdinak ditu amaieran (241-250 orrialdeak). 15h argitarapenak ere bertso berriak eta desberdinak ditu, baina ez 15f-an agertzen direnak, 15g eta 15i-an ditugunak baizik.

3.2.1.2. 15g argitarapena

123 Dakigunez, hau da itxuraz neurri desberdina duen argitarapen bakarra (in-12 itxurakoa, J. Vinsonen arabera), eta nabari da desberdintasun hau orrialdeen ezarketan ere, edizio honek 26 lerro baititu orrialdeko ; lau lerroko aldea, beraz, a) taldeko argitarapenen orrialdeekin.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 204

3.2.1.3. 15e argitarapena

124 Hau ere desberdina da aurrekoekin konparatuz gero. Honek 21 lerro ditu orrialdeko, kaxa a) multzokoena baino laburtxuagoa delarik (haiek 91 mm. altuerakoa dute 22 lerrotarako ; honek, 89 mm.-koa 21 lerrotarako).

125 Argitarapen honetan ere, 15h-an bezala, letra tipoa aldatu egiten zaigu. Honetan, berriz, liburuaren laugarren ataletik aurrera, 220. orrialdetik aurrera alegia (hemendik aurrera, 27 lerro ditugu, letra tipoa askozaz txikiagoa delarik).

3.2.1.4. 15i argitarapena

126 Hau ere desberdina da aurrekoekin konparatzen badugu. Honek 20 lerro ditu orrialdeko, kaxa a) multzokoena baino laburragoa delarik (haiek 91 mm. altuerakoa dute 22 lerrotarako ; honek, 82 mm.-koa 20 lerrotarako).

127 Argitarapen honetan ere, 15h-an bezala, letra tipoa aldatu egiten zaigu. Honetan, berriz, liburuaren bigarren ataletik aurrera, 106. orrialdetik aurrera alegia (hemendik aurrera, 25 lerro ditugu, letra tipoa askozaz txikiagoa delarik). Edizio honen amaieran, 15g eta 15h edizioetan ditugun bertso berriak ditugu. 128 Noelac-en edizio desberdinen orrialdeen ezarketaren aldetiko ñabardurak azaldu ondoren, oinarrizko testuaren aukeraketa egitea dagokigu. Aurrerantzean aipatuko ditugun orrialde eta bertso zenbakiak 15b argitarapenari dagozkio (15b diogunean — emandako salbuespenak salbuespen—, 15c, 15c-l, 15d eta 15f ere esan nahi dugu).

3.2.2. Orrialde eta lerroen zenbakikuntza

129 Sistema bakarra erabili dugu liburuaren orrialdeak eta lerroak zenbatzeko. Honetarako, hiru alde desberdinetan banatu ditugu lerroak :

130 — Bertsoak — Hitz-lauz idatzirikoak — Izenburu eta bestelakoak 131 Bertsoei zenbaki arabikoak egokitu zaizkie ; hitz-lauz idatziriko lerro guztiei ere zenbaki arabikoak egokitu zaizkie, bakoitzaren amaieran lerroa adierazi nahi duen L bat itsatsi dugularik (1L, 2L, 3L... nL) ; aralde, buru, atal, bertso sorta, e.a.-en izenburuei, berriz, IZ1, IZ2, IZ3... Izn egokitu zaie. 132 Bertso eta hitz-lauz idatzirikoen zenbakikuntza lehen orrialdean hasi eta amaierarainokoa izan da ; izenburuei dagokienez, berriz, orrialde bakoitzean berriro hasi dugu zenbaketa. 133 Noelac liburuan 4.542 bertso eta hitz-lauz idatziriko 83L lerro zenbatu ditugu. Azken hauek onespen, baimen, Joan Ihartiusen epigrama eta liburuaren parteen azalpenari dagozkio. Tarteka-marteka, zenbait izenburu ere zenbatu ahal izan dugu.

3.2.3. Aldaeren antolaketa

134 Liburuaren lekukotasun desberdinen konparaketak milaka aldaera eragin du. Ezin genituen, haatik, aldaerok inolako antolaketarik gabe eman, orrialde bakoitzean atera ahala zerrenda batean, elkarren segidan, inolako ordenu eta sistematizaziorik gabe. Sistematizazio horren bidean, zenbait iturritan edan nahi izan dugu : batetik, A.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 205

Blecuak bere Manual-ean erakusten diguna ; bestetik, A. Roncagliarena (Principi, 1975 : 96-140) eta azkenik, neurri txikiago batean, Joanes Leizarragaren Testamentu berria-ren edizio kritikoa prestatzera-koan, Th. Linschman eta H. Schuchardt-ek egin duten sailkapena. Azken hau « Sobre el modo de disponer la reimpresóin, en particular sobre las erratas y variantes en el texto de Leizarraga » izenburupean jarri duten sarreran aurki genezake (Leizarraga, 1990 : 148-180).

3.2.3.1. Jarraitutako metodologia

135 Blecua, Roncaglia eta Schuchardten hutsen banaketek zera erakusten digute, testu baten transmisio prozesuan (kopiatzea zein kajistaren konposaketa lana izan), lau sail nagusi behintzat egin daitezkeela :

136 — gehitzearen ondorio diren aldaerak — ezabatzearen ondorioz gertatu direnak — leku aldatzearen ondorio direnak — ordezkatzez gertatzen direnak 137 Bestalde, kontu garrantzitsu batez ohartu behar dugu : askotan, argitarapen batetik bestera gertatzen diren aldaketak editore edo inpresorearen (ez dut uste kajistaren ausartkeria horrenbesterainokoa izan zitekeenik) parte hartze zuzenaren ondorioz gertatzen direla eta nahita eginikoak direla, aldaketa kontzienteen aurrean aurkitzen garela. Hau argi ikus dezakegu Eliçara erabiltceco liburuaren bigarren edizioan, 1666.ekoan. Ezin dira autore aldaera bezala hartu, ordurako Joanes Etxeberri hila dela suposatu behar dugulako ; editore aldaerak edo deitu beharko genituzke, beraz. Eta honetan ere bi hildo bereizi beharko lirateke : 138 — Grafiari dagozkion parte hartzeak — Bestelakoak 139 Lehenei dagokienez, kontuan izan behar dugu euskararen tradizio idatziaren lehen pausuak ematen ari direla eta ez dagoela grafia homogeneotasunik ; are, askotan liburuetan agertzen zaigun grafia inpresorearena izaten da eta ez idazleak inposatu duena. 140 Julien Vinsonek — Axularren Gwero-ren lehen bi edizioen konparaketaz diharduela— honako ohar hauek ematen ditu (1891-8 : 88-89) : Dans la première édition, comme je l'ai déjà dit, beaucoup de ç et n tilde sont remplacés par des e à queue et par des fi partiellement rognés, ce qui ne se représente pars dans la seconde édition ; des K pet. cap. tiennent la place de K grandes capitales ; la forme de certaines lettres est plus archaïque ; on y trouve même (p. 337) l'abréviation dimittimus pour dimittimus (rien de pareil ne s'observe dans la seconde édition ; enfin les a, e, i, o, u tilde pour an, en, in, on, un, sont infiniment plus fréquents. Ces indices d'un archaïsme relatif sont aggravés encore par l'usage constant de I et V pour J et U capitales régulièrement employés dans la seconde édition, ansi que par la confusion des i et des j, des v et des u bas-de-casse dans la seconde édition ; pour celle-ci, on a adopté partout l'orthographe moderne dans la citations latines : nova, jus, usque, deliciis par example correspondent aux noua, ius, vsque, delicijs de la première édition ; mais on n'a presque rien changé sous ce rapport au texte basque que l'imprimeur et ses ouvriers ne comprenaient probablement pas. Or, dans les livres imprimés par J. Mongiron-Millanges, par ses successeurs et par ses confrères de la région, y compris les Fauvet de Bayonne, cette réforme orthographique ne fut complètement adoptée que tout à la fin du XVII e siècle ou au commencement du XVIIIe.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 206

141 Grafia aldaketez landako beste aldaketa kontzienteak ere agertzen dira Eliçara liburuan, batez ere lehen atalean (63 orrialde), denbora eta aro kontuez ari zaigunean (den denak ditugu azalduak zazpigarren kapituluan). Horiezaz aparte, hona hiru nabarmen :

142 216. orrialdean

143 b) Iaincoac bada gure bihot- çac eta gorputçac guidatça- la, Iaincoaren femearen, eta Chriftorē amorioan, eta iau- na çuc içaçu gutças miferi- cordia. 144 316. orrialdean

145 b) Ceren dudan çure legue Saindua mezpreçatu , Eta ceren eguin dudan Haren contra bekhatu.397. orrialdean 146 b) Badaquigu galdeguiten Hari diotçotçunac, Aithortuac Bereala ontaffunac. 147 c) Iaincoac bada gure bihotçac eta gorputçac guida detçala, Iaincoa- ren onheriztean, eta Chriftoren patientian, çuc bada iauna gaitut- çun vrricari. 148 c) Ceren dudan çure legue Saindua mezpreçatu, Eta haren contra eguin Nauarbenqui bekhatu. 149 c) Badaquigu galdeguiten Hari diotçotçunac, Berehala aithortuac çaizquitçula ontaffunac. Honelako eta bestelako adibide guztiak 3. eranskinean jarri ditugu. 150 Argi dago, bada, aldaketa kontzienteen atal berezi bat izan beharko genukeela, bertan grafia kontuak eta bestelakoak agertaraziz. 151 Hirugarren atal nagusi bat inprentak berak izan zitzakeen arazoei eskainia legoke. Atal honetan sartuko genuke, adibidez, C-Ç aldaeren kontua. Schuchardtek ere guk geuk izan dugun arazo berbera izan zuen eta Leizarragaren Testamentu berria- n (1982 : 141). « A esto se añade también la Ç, parcialmente equivalente, y por tanto Leizarraga no la incluye en ese lugar. Esta Ç no se encuentra en todos los tipos de letra, y por eso es sustituida o bien por la misma Ç en otro tipo de letra, o bien por la C, que es lo normal, como en iniciales, en títulos, en redonda pequeña. » dio. Askotan gertatu zaigu guri ere edizio batean Ç eta beste batean C edo ç aurkitzea. 152 Aipagarria da, bestalde, puntuazio markei buruzko arazo berezi bat. Hau da, Schuchardten hitzetan, kontu berezi hori (Leizarraga, 1982 : 141) :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 207

Por lo que hace a los signos de puntuación, no sólo, como ahora, el punto, sino también los dos puntos, el signo de interrogación y la coma acostumbran a ir pegados justo a la palabra precedente, incluso ante un espacio de línea vacío. No rara vez aparecen apretados entre palabras. Por otra parte, de cuando en cuando están muy espaciados. 153 Hau ere gertatu zaigunez, atal honetan aztertuko ditugu honen ondorioz sortutako aldaerak.

154 Kalte materialek ere beraien tartetxoa izango dute.

155 Aipatu ditugun ohar guztiok kontuan izanik, honako sistema hau proposatzen da Joanes Etxeberriren liburu honen edizio desberdinek eskaini dizkiguten aldaerak sailkatzeko : 156 1) Aldaketa kontzienteak. Editore edo inpresorearen parte-hartze zuzenaren ondorioz gertatutako aldaerak (AK ezaugarriaz aipatuko ditugunak aurrerantzean). 157 1.1. Erreforma ortografikoari dagozkion aldaerak (EO ezaugarria). DAR (dardarkarien taldea) RBB (r bakuna/bikuna ematen da aldaera desberdinetan) DIP (diptongoen taldea) AI, EI, OI, UI diptongoak EK (erdikontsonanteen taldea) DAK (diptongoa apurtzen duen kontsonantea bai/ez) JIK (j-ren ingurune fonetikoa) G/GU (g/gu taldea) GUA, GUO LEH (leherkarien taldea) SUD (sudurkarien taldea) TXA (txistukari afrikatuen taldea) TXI (txistukari frikarien taldea) URK (urkarien taldea)U/V 158 1.2. Bestelakoak (BES ezaugarria). Mm (maiuskula/minuskula taldea) 159 2) Transmisio prozesuan gertatutako hutsak. Gehienetan, kajistari egotz lekizkiokeen hutsen ondoriozko aldaketak (HU ezaugarriaz ezagutuko ditugunak). 160 2.1. Argitarapen batetik bestera, zerbaiten gehitzea izan da : adiectio (ADI ezaugarria). AHS (amaieran hizkia soberan dago aldaera batean) BHS (barnean hizkia soberan dago) HHS (hasieran hizkia soberan dago) HOS (hitz osoa dago soberan) 161 2.2. Argitarapen batetik bestera, zerbait ezabatu da : detractatio (DET ezaugarria). AHF (amaieran hizkia falta da aldaera batean) BHF (barnean hizkia falta da) HHF (hasieran hizkia falta da) HOF (hitz osoa falta da) LOF (lerro osoa falta) 162 2.3. Argitarapen batetik bestera, leku aldatze bat dugu : transmutatio (TRA ezaugarria). META (hizkien arteko metatesia) HBB (hizkien arteko metatesia) LBB (lerroen arteko metatesia)

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 208

163 2.4. Argitarapen batetik bestera, ordezkatze bat gertatzen da : inmutatio (INM ezaugarria). BER (Bersalita/maiuskula-minuskula taldea) HBB (hizki bat edo beste ageri dira aldaera desberdinetan) HTE (hitza bera txarto ebakia ageri da aldaeraren batean) AAB (aditz partizipioa/laguntzailea banatuak bai/ez) HAB (hitza/atzizkia banatuak bai/ez) HAH (hitzen arteko hutsunea bai/ez) HBB (hitza bera banatua argertzen da) 164 2.5. Puntuazio markak (PM ezaugarria). BPAH (bi puntu aurrean hutsunea bai/ez)BPOH (bi puntu ondoren hutsunea bai/ez) BPBE (bi puntu bai/ez)DIERE (aldaeren hizkiren batean dieresia bai/ez)GIAH (galdera ikurraren aurrean hutsunea bai/ez) GIHI (galdera ikurra/harridura ikurra)GIBE (galdera ikurra bai/ez)HIBE (harridura ikurra bai/ez)KAH (aldaeraren batean hutsunea koma aurrean)KBE (koma bai/ez)KBP (koma/bi puntu)KGI (koma/galdera ikurra)KHI (koma/harridura ikurra)KOH (koma ondoren hutsunea bai/ez) KPK (koma/puntu eta koma)K- (koma/marratxoa)PAH (puntu aurrean hutsunea bai/ez) PHI (puntua/harridura ikurra) PBB (puntu bat/bi) PBE (puntua agertzen da bai/ez) PBP (puntua/bi puntu) PGI (puntua/galdera ikurra) PK (puntua/koma) PKBP (puntua eta koma/bi puntu) 165 PKGI (puntua eta koma/galdera ikurra) POH (puntu ondoren hutsunea bai/ez) PPK (puntua/puntu eta koma) -BE (marratxoa bai/ez) 166 3) Inprenta arazoak (IA ezaugarria). HM (hitz bat mugitu egin da bere berezko tokitik) LBB (kaxa luzeago/laburrago aukeratzearen ondorioz, hitz bat lerro bat/bitan) M/VIR (‘m’ hizkiaren ordez vírgula jarri denean) N/VIR (‘n’ hizkiaren ordez vírgula jarri denean) OBB (orrialde batean/bestean daude zenbait bertso) OF (orrialdeak falta dira) TIP (tipo desberdinak edizio batetik bestera) ZED (Ç/C/ç dugu edizio desberdinetan) 167 4) Kalte materialak (KM ezaugarria) HF (hizki bat falta da aldaeraren batean) AHF (amaieran hizkia falta da) BHF (hitz barnean falta da hizkia) HHF (hasieran hizkia falta da) 168 Azkenik, lortu ditugun emaitzak ematea genuke.28

169 Bestalde, aintzat hartu beharreko kontu batez ohartu nahi dugu irakurlea ; testuaren toki jakin batean, lekukotasunek irakurketa desberdinak dituztela : A eta honen

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 209

aurrean BDC, edo AB eta CD, edo ABC eta D, e.a. Noski, obra baten bi lekukotasun baizik ez badugu, kontua oso sinplea da, A izango dugu Bren aurrean, eta akabo. Arazoa, zailtasunak, harretaz ibili beharrak, lekukotasun asko dugunean sortzen dira. 170 Joanes Etxeberriren obren kasuan, bi hildoak ematen dira : Manual devotionezcoa eta Eliçara erabiltceco liburua obren bi lekukotasun heldu dira gure eskuetara, 1627 eta 1669.ekoak hartan eta 1665 eta 1666.ekoak honetan. Noelac obran, aldiz, bederatzi lekukotasun desberdin. Lehen bi obren lekukotasun desberdinek eragin dituzten aldaeren zerrendak ezin dira zehatzago bihurtu alde honetatik ; bai, ordea, Noelacen lekukotasunek eragin dutena. Eta horixe da, hain zuzen ere, jarraiko orrialdeotan aurkezten duguna. Aldaeren zerrenda hura hartu eta irakurketa desberdinak taldeka banatu ditugu : toki jakin batzuetan B lekukotasunaren irakurketa gainontzeko guztien aurrean agertzen bada, aldaera guzti horiek multzo batean ; GHI lekukotasunenak gainontzekoen aurrean baditugu, beste multzo bat, eta horrela konbinaketa guztiak agortuz. 171 Zeregin honek jarraiko ataleko lekukotasun desberdinen azterketa eta aukeraketa, batetik, eta stemmaren eraikuntza, bestetik, erraztuko dizkigu.

3.3. Stemmatica

172 Testu luze baten kopian barrena gertatzen diren eratorpen eta loturen harremanen erakuspen (errepresentazio) eskematikoa izendatzen dugu stemma hitzaz : harremanok kopiaren beraren azterketaren bidez edo bere komunztadura eta ezberdintasunetan ezagut genitzake. Stemma era ziur batean hala ezagututako hutsak oinarri hartuta berreraikitzen da, eta gero eskuskribu desberdinetan aldaera adiaforak -hau da, irakurketa desberdinak baina maila berean onesgarriak direnak- kontrajartzen direnean, hautaketa bideratu eta justifikatzeko erabiliko da. Funtzio praktiko honezaz gain, stemmak esangura historikoa du : era erraztu batez, testua trasmititu den gorabehera historikoaren erro esentziala erakusten baitu.

173 Edozein istripu materialen (lohidura, zulo, ebaki edo antzekoak) ondorioz, testu atal bat irakurgaitz izan bada, ale honen, eta honenak bakarrik, eratorri diren kopia guztiek dagokien hutsunea (edo hutsuneari dagokion tokian jarri den berrikuntza konpontzailea) izango dute. Hutsune hauen presentzia zilegiro jasoa izan daiteke ahaideria froga bezala, hau da, materialki gertatu den istripuak eragindako hutsune hori jasan duen ale bakarrari dagokionez, hutsune berdina agertzen den kopia guztien eratorpen froga bezala. Lotura honek, noski, bere balioa galduko du jatorrizko istripuko alea gorde ez den heinean : baliteke istripua isladatzen den kopia guztietako iturri beraren existentzia momentu batean materialki frogatua ez etortzea, baina arrazonamenduz postulatu beharko da. 174 Arrazonamendu berdintsua errepikatu ahalko da tradizioan zehar gertatutako edozein ustelkeriarako, mekanikoa ezbada ere. Hau izaera probabilistikodun aitzinasmo batean oinarritzen da, estadistikoki froga daitekeena : hipotesirik ekonomikoena izaten da, oro har, frogagarriena. Izan ere, kalte batek testu berbereko kopia desberdinetako leku berberean erasotzeko probabilitatea minimoa da. Alderantziz, zenbat eta testu berbereko kopia gehiagok ustelkeria berbera erakutsi toki jakin batean, orduan eta arrazonamendu handiagoz azalduko da oinarrizko ale bereko kopien ondorengotza bateratua (amankomuna), eta arrazoizko azalpen hau zenbat eta hala beharrezko kointzidentzia ez dela egitxurakoagoa izan, orduan eta frogagarriago gertatuko da.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 210

175 Argi dago, berez, irakurketa batean ematen den kopia bi edo gehiagoren komunztadurak beste baten aurrean ez dituela ahaideria interferentziak baimentzen irakurketa hura okerrekoa dela erakutsi bitartean. Egia da, autore aldaeretan salbu, bi irakurketa (edo gehiago) alternatiboren artean bat bakarrik izan daiteela benetakoa. Baina berez ulergarria den edozein irakurketa egiazkotzat uste ukan dezakegu eta, ondorioz, lehiakideen parean, berreraiketa geneaologikorako baliogabekotzat har dezakegu faltsua dela identifikatu arte. Aldaera adiaforak erabiltezinak dira stemmarenberreraiketarako. 176 Noski, hutsa zenbat eta hutsalagoa izan, orduan eta handiagoa izango da huts amankomun bat iturri amankomun baten menpean egoteko probabilitatea, orduan eta ziurragoa ahaideria lotura. Ahaideria frogatzeko baliogarritzat hartua izan dadin, kointzidentzia poligenetiko baten hipotesia arrazonamenduz ezabatzen uzteko besteko izaerakoa izan beharko du huts batek. Bi eskuskribu edo gehiagoren ahaideria baieztatzeko, nahikoa da beraien artean gutxienez huts amankomun baten presentzia egiaztatzea. 177 Bitartean, noski, kopia bi edo gehiagorekiko huts amankomunak zenbat eta ugariago izan, orduan eta indartuago gertatuko da ahaideria lotura objektibo baten probabilitatea. Huts hutsal batean eman daitekeen kointzidentzia ezin daiteke teorikoki gertagaitzat aldarrikatu, erabat gertagaitza bada ere. Eraiketa stemma tiko baten sendartasuna, bada, testu baten kopia desberdinak « familiatan » biltzen lagunduko diguten hutsen pisua eta kopuruaren araberakoa izango da. 178 Huts baten presentzia ezagutzea, huts horren pisua adierazgarri bezala baloratzea, judizio egintzak dira, interpretazioari hertsiki lotuak. Hitz batean, stemma tika ere interpretazioan oinarritzen da, edozein operazio filologikotan une esentzial ezin besteko bezala baieztatzen delarik. Stemmak ziurtasun matematikoa ematen dio zenbait hautaketari (aldaera adiaforen artean), baina ezin da berreraiki kontsidero ez matematikoak alde batera utzirik.

3.3.1. Aldaerak

179 Aldaeren azterketarekin lekukotasunen jatorria zehaztu nahi da. Honetarako, metodo logiko bakarra honakoa da, huts amankomunak baizik erabiltzen ez dituena lekukotasunen jatorria zehazteko.

3.3.1.1. Huts amankomunak

180 Derragun, laburbilduz, lekukotasunen jatorria zehazteko, erizpide eraginkor bakarra huts amankomunean oinarritzen dena dela. Argi dago huts batean batera datozen bi lekukotasun, azken instantzian huts hori zegoen eredu amankomun batera joango direla.

181 Izan ere, testu kritikaren operaziorik delikatuena huts amankomunaren ezarrera zuzenean datza ; eta kontu handia izan behar da bi lekukotasun edo gehiagok egin dezaketen huts guztiak ez baitoaz agertzen ziren eredura. Bi kopista edo gehiago huts berean, hala beharrez, batera etor daitezke, kopia operazio beraren hutsak direlako : haplografia, ditografia, berdinen arteko jauzia, lectio facilior, huts paleografikoa, e.a. Kasu honetan, bada, ustegabeko huts lokabeak dira, huts poligenetikoak, jatorria zehazteko balio ez dutenak. Huts amankomuna, bada, bi lekukotasun edo gehiagok beraiengandik

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 211

at ezin egin izan dutena da. Komenigarria da, haatik, huts amankomun bateratzaile eta huts amankomun banatzaileak desberdintzea.

3.3.1.1.1. Huts bateratzaileak

182 Huts bateratzaileak, bi kopia edo gehiagorekiko amankomunak izanik (eta kopista desberdinek bata besteagandik at egitea gertagaitzat edukitzeko izaerakoak), kopia hauen arteko konexio froga bezala zilegiro hartuak izateko aukera ematen duten hutsak dira. Konexioa era desberdinetan azal daiteke. Kasurik sinpleenean, huts bateratzaileez elkartutako bi lekukotasun A eta Btik, hiru hipotesi dira, izan, posibleak : I) B Atik eratorria dela, II) A Btik eratorria dela, III) A eta B, bi lekukotasunak, x iturri amankomun batetik eratorriak direla ; honela jarraiko oinarrizko stemmak dira posible :

183 B Atik eratorria dela baieztatu ahal izateko zera gertatu beharko da, Bk Ak dituen huts guztiak aurkezten dituela eta, gainera, bere berezko hutsen bat. Era beretsuan, A Btik eratorria dela baieztatu ahal izateko Ak Btik huts guztiak aurkeztu beharko ditu eta, gainera, bere berezko hutsen bat. Lekukotasun bat bestearen eratorria dela baztertu ahal izateko zera gertatuko da, Ak Bn ez dauden hutsak aurkezten dituela eta, ordairizka, Bk An ez daudenak : huts amankomunez landa, kopia bakoitzak bere berezko hutsak aurkezten dituela.

3.3.1.1.2. Huts banatzaileak

184 Huts banatzaileak, kopia batean bai eta bestean agertzen ez direlarik, lehenaren besteekiko independentzia frogatzen uzten diguten hutsak dira. Huts bati balio banatzailea iratxeki ahal izateko baldintza bat honakoa da, aieruz errazki zuzendua ez izateko besteko izaerakoa izatea eta, bestalde, bere ausentziak agertzen den lekukotasunetatik independientea dela erakutsi behar duen lekukotasunetan aieru bidez ezabatua izateko susmorik agertu ezina.

185 Argi dago baldintza hau eta huts bateratzaileen balioa zehazten zuen hura desberdinak direla. Huts bateratzaileek konexio harremana erakusten dute ; garrantzitsua dena zera da, lekukotasun bat baino gehiagotan inolako lokarririk gabe sortu direla suposatu ahal izatekotan, beraiek hain errazki ekoizgarriak ez izatea. Huts banatzaileek, ordea, menpekotasun harremana baztertzen dute : garrantzitsua dena zera da, bere iturrian aurkituko lukeen lekukotasun batetatik aieruz ezabatua suposatu ahal izatekotan, hain erraz zuzenduak ez izatea. Beraz, zera ulertu behar da, aieruz zuzendu eta ezabatuak izateko erraztasun hori kasuz kasu baloratua izan behar dela, ez bakarrik hutsen funtsezko kalitateari dagokionez, baita aztertzen ari garen lekukotasunen artean igarotako tartean kopisten testu kritika gaitasunari eta kulturaren baldintza orokorrei dagokienez ere : balorazio horrek zera dakar, judizio bikoitza, ulertzekoa eta historikoa, huts bateratzaileak ezagutu eta baliokidetzeko behar direnak baina oraindik delikatuagoa. 186 Huts bera, beraz, bi ikuspuntuetatik kontsideratua izan daiteke : bateratzaile bezala zenbait eskuskriburi dagokionez eta banatzaile bezala beste batzuri dagokionez. Baina balio baldintza desberdinetarako, huts guztiek, bateratzailetzat kontuan hartzeko dituzten baldintzak izanik ere, ez dituzte, gainera, banatzailetzat hartzekoak izaten,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 212

lekukotasun multzo biren artean balio banatzailea onesten zaien hutsei, oro har, dakarren multzoarekiko balio bateratzailea ere ones dakiekeen bitartean. Laburbilduz, hutsalak ez diren hutsak errezago zuzenduak gerta daitezke, zuzentzen zailak diren hutsak hutsalak gerta daitezkeen bitartean.

3.3.2. Hutsa Noelac liburuan

187 Etxeberriren liburu inprimatuetan, hau da lekukotasun gehien ezagutu duena eta bertan huts amankomun bateratzaile eta banatzailetzat har genezakeen asko dugu. Aurkeztu eta behar dituzten azalpenez hornituko ditugu :

188 • 010 orrialdea IZ2 bertso zenbakia

189 Stephanus de Hirigoiti Doctor Medicus BHeriogiti Gainontzekoak

190 • 025 orrialdea IZ5 bertso zenbakia

191 Apoftoluec Iefus Chriftoz / generalqui erranen / gañean Abendocotz Noela B Abendocotz ø Gainontzekoak 192 • 040 orrialdea 0539 bertso zenbakia

193 Elizabeth cufiñaren / Egotu cen etchean, / Iaun doni Iauni femeaz / Erdi cedin artean. Erdi cenean, Virgina / Bihurtu cen etchera, Bera ere hurbiltcen cen / Erditceco epphera B ø Gainontzekoak 194 • 064 orrialdea 1.016 bertso zenbakia

195 Sorthu cen heia charrera / Cirenean hurbilldu, Errefpetu handiz ciren / Berehala ichildu B Berchela CC1DEF Bercela GHI 196 B lekukotasunean ‘e’ horrek oso finak ditu marrak eta posiblea da C lekukotasunaren konposatzaileak ‘Berehala’ hitzaren bigarren bokalaren ordez ‘c’ bat irakurri eta, lectio facilior bat dela medio, ‘Berchela’ konposatu izana. Argi dago, gero, GHI-k ‘Berchela’ horretatik ‘Bercela’ zuzentzen dutela. Adibide askotan gertatzen da kontu bera, aipatu dugunez, huts bera bi ikuspuntutatik kontsideratua izan daitekeela, bateratzaile bezala edizio batzuri dagokionez eta banatzaile bezala beste batzuri dagokionez. Hemen, esaterako, ‘Berchela’ huts banatzailea da B edizioarekiko baina, aldi berean, bateratzaile bezala kontsidera daiteke CC1DEF aintzat hartzen baditugu. 197 • 074 orrialdea 1.216 bertso zenbakia

198 Mirrhaz, nic ezaguteen dut / Ecen hillen çarela, Nie berriz urreaz, ecen / Çu erreguela çarela B erregue CC1DFGHI erreguez E 199 Uste dugu argi dagoela irakurketa zuzena ‘erregue’ dela. Hau egiaztatzeko bertsoen neurria jarri ahalko genuke aitzakia, baina Etxeberriren bertsogintza, bertsoari neurri egokia eman asmoz, gehiketa ugariz dago hornitua (gogoratu Oihenartek egotzi zizkion erruak). Gure ustez errezago azaltzen da kontua beste modu honetara : jarraiko hitzaren bi azken letrek eragindako duplografia arrunt baten aurrean gaude.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 213

200 • 109 orrialdea IZ2 bertso zenbakia

201 Paffaione fainduaren gañean / canta afte fainducotz B fainduan Gainontzekoak– 202 • 119 orrialdea 2.111 bertso zenbakia

203 Iuduec eçarri çuten / Sepulturan guardia,Difcipuluec gauaz altcha / Etceçaten lohia. B alto Gainontzekoak 204 • 120 orrialdea 2133 bertso zenbakia

205 Matutiña gau erditfu / Inguruan hartua, BGautiña gau erditfu / Bethi haren hartua, Gainontzekoak Aitaren çuhurtcia, eta / Eguia eçagutua.Lehen bertsioa da zuzena, hala agertzen baita Manual devotionezcoa eta Eliçara liburuetan ere. 206 • 161 orrialdea 2.943 bertso zenbakia

207 O Ianhari indarfua, / Arren ene bicia, Hagoan iduqui çaçu / Goça artean gloria B Gogoan Gainontzekoak Jarraiko lerroko lehen bi letren ondorioz, zalantzarik gabe. 208 • 169 orrialdea 3.118 bertso zenbakia

209 Onac ioan dire canta / Eta erefietan B errepiqueta Gainontzekoak Gaixtoac berriz marrafca, / Eta auhen triftetan 210 Argi dago, kasu honetan, lehen irakurketa ‘eresietan’ dela zuzena eta ez gainontzekoek dakartena. Lino Akesolok (1970 : 129) ‘errepiquetan’ erakusten digu, baina bertsoaren ariak, zentzuak, berak obesten du ‘eresietan’. Orotariko Euskal Hiztegian (Euskaltzaindia : 1992 : 20) ere azaitzen da ‘eresi’ hitza eta bertan adierazten denez : « Etcheberri de Ziburu lo emplea con el sentido de ‘canción’, ‘himno’... ». 211 • 180 orrialdea 3.321 bertso zenbakia

212 B lekukotasuna Gainontzekoak Iongoico bakhotcha çure Iongoico bakhotcha Cantatcen tut orenac, Cantatcen tut çure orenac, 213 Arren entçun tçatçu ceure Arren entçun tçatçu ceure Laudorio çucenac. Laudorio çucenac. Argi dago bertsoen neurriak B bidea eskatzen duela. 214 • 185 orrialdea 3.416 bertso zenbakia

215 Orciralean cinduen / Creatu hegatztiñacEta iguericalari / Arrañac han formatu Bfortu Gainontzekoak 216 • 195 orrialdea 3.597 bertso zenbakia

217 Guztiz effatu cinen / Obran atheratcera, B quezchatu Gainontzekoak Exemplu on emateco / Infidelen artera 218 • 217 orrialdea 4.035 bertso zenbakia

219 Virgina ama egotu cen / Çure amaren aldean,Haric eta çutçaz vngui / Erdi cedin artean B ø Gainontzekoak

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 214

220 • 230 orrialdea 4.317 bertso zenbakia

221 Berehala guero çacu / Çar bat cinduen iauntci B ceure Gainontzekoak Eta focca pufca batez / Ceure guerrian hertfi 222 Hamabost adibideok argi erakusten dute huts banatzaileen aurrean (beti ere egin dugun oharra eginda) gaudela eta B irakurtzen duen bat, bakarra, dela. Gainontzekoek bakar hori irakurri behar izan dute. Hori horrela izan ez balitz, guztietako batek edo zenbaitzuek B zuzenean irakurri izan balute, posiblea zitekeen hamabost locus criticus desberdin hauetako batean edo gehiagotan Bren irakurketa berbera agertzea ; baina ez, den denak dakartzate irakurketa berberak. Honek argi ematen digu jarraiko bide hau :

223 Jarraiko adibideekin, gai izan beharko genuke ? hori zein ediziori dagokion azaltzeko. Edizioak inprimatu ziren urtea kontuan izaki (edo inprenta oinean agertzen den data, behintzat), edizio hori 15c dela esan beharko genuke, 1697. urtean argitaratua. Baina ikusi dugu lan honetan zehar urte horretako bi edizio ditugula. guk 15c eta 15cl izendatu ditugunak eta kontua zeinek irakurtzen duen zein erabakitzea izango da, Etxeberriren obraren aurkezpena egin dugunean eritziren bat edo beste emana badugu ere. 224 Jarrai dezagun adibideokin :

225 • 120 orrialdea 2.132 bertso zenbakia

226 Gurutcearen cantatu / Gogo ditut orenac, Iefus Chrifto, entçuntçatçu / Ene trifte auhenac Eta dietçaquidatçu / Barkha neure hobenac, Dignequiago detçadan / Aippha haren omenac BBanha CC1DEGHI Barkha29 F 227 Dirudienez, bada, Fren ondorengoek ez dute F jarraitu, bestela ‘Barkha’ izan baitzitekeen irakurketa ez ‘Banha’. 228 Argi dago, bestalde, hemen ere huts banatzaile baten aurrean gaudela, B eta jarraiko edizioa banatzen dituen hutsa. Noski, ‘Banha’ hori huts bateratzailea litzateke CC1DEGHI aintzat hartzen baditugu. 229 • 134 orrialdea 2415 bertso zenbakia

230 B lekukotasuna CD lekukotasunak C1EFGHI

231 Aguertu citçaien ere Aguertu citçaien ere Aguertu citçaien ere Guztiei azkenean, Guztiei azkenean, Guztiei azkenean, Iuduen beldurrez fala Iuduen beldurrez Iuduen beldurrez Ceudecela batean. Ceudecela fala batean. Ceudecela batean. 232 Argi dago, gure ustez, lekukotasun berriagoen irakurketa lectio facilior bati egotz dakiokeela. Noelacen edizio desberdinen aurkezpena egiterakoan, bestalde, 15c eta 15cl izendatu genituen bezala izendatzearen arrazoiak eman genituen (grafia kontuak, e.a.). Adibide honek egin genuen kronologia baieztatzen du : C1 edizioa izan balitz B irakurtzen duena, eman zitekeen ematen den emaitza, ‘sala’ hori desagertzea. Baina Ck C1 irakurri izan balu, zailagoa da agertzen ez den ‘sala’ bat gehitzea, aieruz zuzentzea.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 215

Errezagoa, probableagoa da C1ek edo talde horretako batek C edo D irakurri eta ‘sala’ ahanztea. 233 Beste kontu bat ere argi dago, orduan, B irakurtzen duen edizio bakar hori 15c edo 15d direla (inprenta oineko dataren arabera, 15c litzateke). Eta C edo D hori irakurriko lukete gainontzekoek. 234 • 170 orrialdea IZ1 bertso zenbakia

235 Saindu guztiei othoitça / Amuru Sainducotz B Saindu guztiei othoitç vmea / Saindrucotz CD Saindu guztiei othoitç umea / Saindrucotz C1E Saindu guztiei othoit çumea / Saindrucotz F Saindu guztiei othoit humea / Saindrucotz GHI 236 Hemen ere, argi ikus dezakegu B batek baizik ez duela irakurtzen (lectio facilior baten eraginez dugu dugun aldaera) eta gainontzeko guztien aldaera B irakurri duen horretara baizik ez doala, ez Braino. Berriro ere CD alde batetik eta C1E bestetik, grafia kontuan baizik ez bada ere. Fk bere bidea hartzen du eta GHIk beraiena. GHIk dakartena, esaterako, huts bateratzailea litzateke hiru ediziook kontuan hartuta. Argi dago, bestalde ‘othoitç umea’ huts banatzailea dela Brekiko. 237 • 226 orrialdea 4.234 bertso zenbakia

238 B lekukotasuna CD lekukotasunak

239 Iongoicoac nahi içan Iongoicoa nahi içanÇuen azken fiñean Çuen azkennean Hequin ohorea aguer Hequin ohorea aguerCedin gente artean. Cedin gente artean. 240 C1EFH30I G lekukotasuna

241 Iongoicoac nahi içan Iongoicoa nahi içan Çuen azkenenean çuen azkenençat Hequin ohorea aguer Hequin ohorea aguer Cedin gente artean. Cedin gente artean. 242 1) Kasu honetan ere lectio facilior baten aurrean gaude. ‘fi’ horrek ‘ñ’ ematen duenez, logikoa da CDk ‘azken fiñean’ > ‘azkennean’ irakurri izana, ‘azkenññean’ posible ez zela pentsaturik. 243 2) C1 eta gainontzekoek ‘nn’ bien artean bokale bat sartzen dute, ‘azkennean’ > ‘azkenenean’ (alderantzizko kasua ez litzateke posiblea : ‘azkenenean’ irakurri eta ‘azkennean’ ematea) ; akaso CDk ‘azkenean’ izan balute, pentsa zitekeen C1 irakurri eta duplografia baten aurrean zeudela konturatuz, ‘ne’ kenduko zutela, baina honela ez. 244 3) Hn ‘azkenenean’ dugu eta Gn ‘azkenençat’. Hk G jarraitu izan balu, ‘azkenençat'etik ‘azkenenean’ irakurtzea zaila da. Gk H jarraituz, aldiz, logikoa da gertatzen den aldaera, oinoharrean eman dugun arrazoia dela medio. 245 4) Ik ere ‘azkenenean’ irakurtzen du.

246 Ikus dezagun adibide hau :

247 B) Bere fuperbiac çuen Allabañan erretcen, Handigoaz berce deuÏc Ez baitçuen penfatcen. 248 CD) Bere fuperbiac çuen Gainontz.) Bere fuperbiac çuen Allabañan erretcen, Allabañan erretcen,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 216

Handigoaz berce deuÏc Handigoaz berce deuÏc baitçuen penfatcen. Baitçuen penfatcen. 249 Hau, izan, kalte material batek eragin duen hutsa da gure ustez, baina interesgarri bihurtzen du jarraiko kontuak : Argi dago Ck B irakurri eta, ‘Ez’ nonbait galdua, hutsunea mantentzea erabaki duela. C1k C irakurri duenean, ordea, ‘baitçuen’ hori zuzendu eta maiuskulaz jarri du aurreko hiru bertsoetara lerrokatua. 250 Kontu hauen aurrean zilegi dirudi honakoa :

251 Puntu honetara helduta, interesgarria litzateke CDri buruzko lerro batzuetan luzatzea.

252 Biak dira tipografikoki berdintsuak, ia berdinak esango genuke. Eta beraien artean ez dago huts amankomun banatzailerik ; ez behintzat zeinek zein jarraitzen duen adierazteko bestekoak. Aztarnaren bat edo beste badugu, ordea, eta horietara joko dugu : 253 Lehena eta garrantzitsuena, gure ustez, inprenta oineko datarena da. Ck « Baionan, Maffre Baitan, bors / Cantognetan. 1697 » dakar ; Dk, ordea, « Baionan, Maffre Baitan bors / Cantognetan. 1699 ». Datok zuzenak badira, argia da Dk C irakurri duela. 254 Bi edizio desberdinen aurrean gaudela argi erakusten dute bi ediziootako 9. orrialdeko montaia honek :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 217

255 15c edizioa 15d edizioa

256 Hona alderik nabarienak :

257 — Pleka bera desberdina da edizio batean eta bestean. — 1. lerroan : IOANNES JOANNESETCHEBERRI ETCHEBERRI 7. lerroan : Gure Gure 12. lerroan : Berriz Berriz 18. lerroan : Guztientçat Guztientçata*pico azpico19. lerroan : Etcheberric Etcheberric 258 Honelako aldaketak ugariak dira testu osoan zehar, bi edizioren aurrean aurkitzen garela aitortzeko adineko aldaketak. 259 Bigarren aztarna grafiarena litzateke : B eta C dira grafia arkaikoena darabilten lekukotasunak. C1 da argien aldentzen dena bi lekukotasunotatik (gero ondorengoak) baina Dn ere ikus daiteke grafia aldaketa honen zertzeladarik. Argi dago, gure ustez, C lekukotasunan ‘IAVNARI’, deuotionean', ‘VRTHVBIE’, ‘IOAN’, ‘HVNEN’, ‘captiuo’ eta ‘Ivdearen’ gisako adibideak izan eta Dn ‘IAUNARI’, devotionean', ‘URTHUBIE’, ‘JOAN’, ‘HUNEN’, ‘captivo’ eta ‘Iudearen’ agertuz, D beranduagokoa dela C baino ; beraz, Dk C irakurtzen duela eta ez alderantziz, nahiz eta, gehienetan, grafia berbera izan bi lekukotasunetan. 260 Diogunez, bada, ez dugu batek bestea irakurtzen duela baieztatzen laguntzen digun huts amankomun banatzailerik aurkitu, baina aipatu kontuon aurrean zilegi dirudi Dk C irakurtzen duela aitortzea. 261 Jarraikoak huts amankomun bateratzaileen adibide argiak dira, gure ustez, hasiera batean eredua irakurri duen edizioak (Cl kronologikoki) egin duen irakurketa duplografia edo lectio facilior baten ondorio izan daitekeen arren : 262 • 056 orrialdea 0840 bertso zenbakia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 218

263 Bere cerbitço humilla / Cioten prefentatu, Eta hunela citçaizcon / Bihotz batez mintçatu BCDmaintçatu C1EFGHmai tçatu I 264 Argi dago letra baten gehiketa dugula hemen, ‘a’ letra, eta hau jarraiko silaban dagoenaren eraginez. Baina duplografia hau gainerako sei edizioetan ere agertzen da, ez honetan bakarrik. 265 • 062 orrialdea 0976 bertso zenbakia

266 Arren bada Iainco guiçon / Gure gatic forthuaValia dieçaguçu / Ceure fortce faindua BCD Geure Gainontzekoak 267 • 101 orrialdea IZ9 bertso zenbakia

268 Iefus Chriftoren Hierufalamera fartceraren gañean ... BCD fortcearen Gainontzekoak 269 Bi adibide hauetan C/G eta A/O letra aldaketa dugu eta, printzipioz, arrunta gerta daitekeen arren, hitzaren esanahia guztiz aldatzen da eta sei ediziok hartzen du aldaera. Noski, zuzena BCDren irakurketa da. 270 • 207 orrialdea 3845 bertso zenbakia

271 Barur egunac cintuen / Beguiratcen fainduqui BCD eguinac Gainontzekoak Aufteritatez gorputça / Gaztigatcen gogorqui. 272 • 238 orrialdea 4470 bertso zenbakia

273 Haffi ciñen guerla eguiten / Luther Apoftotatari BCD Apoftatari Gainontzekoak Haffi bihotça arguicen / Infidel itfuari. 274 • 238 orrialdea 4473 bertso zenbakia

275 Efcolac cintuen bazter / Guztietan idequi BCD Efcoluac C1EFGH Efcolua I Hetan gazte errebeffac / Verthutera iraiqui. 276 Azken hiru adibideotan, aldiz, BCD eta gainontzekoen irakurketaren arteko aldea letren gehiketan dago. Gure ustez, lehen bi kasuetan behintzat, lectio facilior baten ondorio izan daiteke aldaera : ‘egun’ > ‘eguin’ nahastu eta ‘apostatari’ hitza ‘apostolu’ hitzaren eraginez agian. Azken kasu honetan, gainera, hutsa gorengo edizioek dakarte, gainerakoek zuzendu egin dute. 277 Laburbilduz, orain arte eskeini ditugun adibideak argi erakusten dute B dela dugun lekukotasunik zaharrena edo stemman goren jarri genezakeena. Badakigu, gainera, Bra edizio bakarra heltzen dela eta hau C edo D dela (gure ustez C, aipatu arrazoiengatik). 278 Jarraian beste adibide multzo bat aurkeztu nahi dugu : denetan ditugu huts bateratzaileak, EGHI edizioak batean biltzen dituzten hutsak. Noski, E edizioa bakarrik hartzen badugu, orduan Clekiko huts banatzaileak lirateke. 279 Hona adibideak :

280 • 011 orrialdea 0058 bertso zenbakia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 219

281 BCC1DF EGHIEtchearen leihoac çuc Etchearen leihoac çuceztitutçu çarratçen, Rhima aitcitic ditutçuRhima aitcitic ditutçu raroenac banatcen raroenac banatcen. 282 Mintzatuak gara zeharkako tradizioz heldutako testuen atalean bertso sorta hauezaz. Arginaratzen bertsoak dira eta EGHIn 14. bertsoa falta da. Egin zuen P. Lafittek bere saiotxoa zuzentzen baina ikusia dugu ez zela zuzena izan. 283 Argi uzten du, bestalde, adibide honek multzo honetako batek (E, G, H edo I) Cl irakurtzen duela eta ez alderantziz, azken kasu honetan Cln ere bertso hau faltatuko litzatekeelako. Are, Fk ez luke kronologikoki zaharragoa den E irakurriko, bestela honetan ere bertso hau faltatuko litzateke. Beste bi datu garrantzitsu, bada. 284 • 016 orrialdea 0115 bertso zenbakia

285 BCC1DF EGHI Sanfon hunec eguinen dic Sanfon hunec eguinen dic Obra handiagoa Obra handiagoa Ceren garaituco baitu Ifernuco campoa, Ifernuco campoa. Ceren garaituco baitu. 286 • 020 orrialdea 0191 bertso zenbakia

287 Virginitatea gatic31 / Iaun onac prophetia Eman daroçu mereci / Ezginduen faria BCC1DF dataçu EGHI 288 • 048 orrialdea 0686 bertso zenbakia

289 Ikhus eçaçue ceuen / Iauna beheratua BCC1DF Iauhena beratua EGHI Ceruetan handi dena, / Lurrean ttipitua. 290 Hemen metatesi baten aurrean gaude, ‘beheratua'ren ‘he’ aurreko hitzera pasatu da, ‘Iauna'tik ‘Iauhena'ra pasatuz. Hutsa lau edizioetako batek egin du eta gainontzeko hirurak ez dute zuzentzen jakin. 291 • 091 orrialdea 0686 bertso zenbakia

292 Çordun ezten arren nahi / Du leguea complitu, Tenitu den guztiari / Emateco exemplu. Eppheac iragatera / Nahi eztitu vtci, Ecen iaio dela eztu / Egunic baicen çortci.32 BCC1DF Ecen iaio tuezdela EGHI 293 Hau ere beste metatesi sinestezina da, baina hor dago lau edizioetan.

294 Uste dugu argi erakutsi dutela azken adibideok EGHI C1 Ftik aldentzen direla eta zuhaitz hipotetiko horretan beheragoko maila batean daudela. Jarraiko adibideotan EGHIren arteko erlazioak eta zeinek zein irakurtzen duen zehazten saiatuko gara. Orain artekoarekin honelako zuhaitz moduko bat eraiki genezake :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 220

295 • 139 orrialdea 2504 bertso zenbakia

296 Arren bada Iefus Chrifto / Gloriofqui bitztuaEguiqueguçu glorioz / Cuc Bitzteco donua BCucPitzteco CC1DFCuc Pityteco ECu Pituqui HIçupituqui G 297 Oso interesgarria da locus criticus hau zuhaitzaren beheko parteko edizioen arteko harremanak aztertzeko. Hona hausnarketa batzuk : 298 1) Oso arrunta da CClDFk egiten duten b/p aldaketa. Horrek ez du inolako eraginkortasunik. 299 2) Ek ez du ‘z’ hori ondo irakurri (agian kalte materialen bat zegoelako ereduan) eta ‘z'ren ordez ‘y’ irakurketa eskaintzen du. Hau da honelako irakurketa dakarren bakarra. 300 3) Posibleena da gainontzeko edizioetako batek (G, H edo I) E hori irakurri eta ‘Cuc Pityteco’ horri zentzurik aurkitu ez izana. Konposatzaileak edo editoreak, orduan, ezagunen egiten zaion hitzaz ordezkatzen du, ‘supituki’. Gure ustez Hlk jarraitu dute E (bi hitzetan dago jarria, ereduko itxurari jarraituz) eta Gk biak lotu baizik ez du egin. 301 4) Norbaitek esan dezake E dela H, I edo G irakurri dituena baina, gure ustez, ezinezkoa dahori, ‘Cu Pituqui’ horretatik ‘Cuc Pityteco’ lortzea askozaz ere zailago eta sinesgaitzago delako. 302 • 188 orrialdea 3465 bertso zenbakia

303 BCC1DF EGHI O Iainco Semea, arren Aitaren aitciñean, 33Aitaren aitciñean, O Iainco Semea, arrenCaren ene ararteco Caren ene arartecoHerftura, eta menean. Herftura, eta menean. 304 • 233 orrialdea 4372 bertso zenbakia

305 Eznuque feculan eguin / O fan Francez, çureac, Chehero condatu nahi / Banitu verthuteac BCC1DF verihureac E berri gureac GHI 306 Oso erraz nahas zitezkeen ‘t’ eta ‘i’ eta hori da gertatu dena E lekukotasunan. GHIk ‘verihureac’ irakurri eta ‘berri gureac’ jarri dute. Hau ere adibide argia da GHIk E jarraitu dutela baieztatu ahal izateko. 307 • 014 orrialdea 0078 bertso zenbakia

308 Ezteçala penfa gueure / Buruz mintço garela BCC1DEF miniço E miriçu GHI Mintçaracitcen guiaitic / Gueure Iaunac hunela. 309 Oraingoan ere ‘i/t’ nahasi da E lekukotasunan eta GHIk guztiz desberdina den ‘miriçu’ egin dute. 310 • 015 orrialdea 0106 bertso zenbakia

311 Bere oiñen azpian dic / Buclaz erabillico BCCIDBuclrz EBuchlaz FBuluci GHIHaren captiuo guztiei / Bihotça alchatuco. 312 Bat ere argi ez dagoen pasartea dugu hau ; lehen lau lekukotasunetan ‘Buclaz’ ikus genezake. Noelac liburuko lehen noela da, « Propheten aguintça generalen gañean. Abendocotz » izenburupean biltzen dena eta Jesus Umearen etorreraz mintzo zaigu. Pasarte honetara heldu aurretik heriotzaz mintzo da eta gure ustez hemen adierazi

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 221

nahi dena zera da, Jangoikoaren Semeak Bere oiñen azpian erabiliko duela (heriotza, noski) ‘buclaz'. 313 Eranskinetan ikus daitekeen bezala, oso erraz nahas zitezkeen ‘c’ eta ‘r’ inprentako letretan eta hemen hori da gertatu dena, ‘burlaz’ jarri beharrean ‘buclaz’ dugula. Izan ere, oraingo honetaz gain, beste hamazortzitan aurkitu dugu ‘burla’ edo ‘burlatu’ Etxeberriren hiru liburu inprimatuetan (3 aldiz Noelacetan —1.273,1.915 eta 1.947 bertsoak—, sei aldiz Manualem —Ml : 1.288, 2.265, 2.877 eta 2.880, M2 : 1.087, 1.205— eta 9 aldiz Eliçaran —1.085,34 634L, 715L, 910L, 946L, 3.139, 4.822, 6.373 eta 7.192). 314 Bestalde, argi dago E, F eta GHI nork bere bidea hartu dutela.

315 • 041 orrialdea 0544 bertso zenbakia

316 Herftu cenean Virgina / Erditceco ordua,Erromatic ethorri cen // Auguftoren manua BC35DAuftoren C136EF37Autoren GHAuroren I 317 • 047 orrialdea 0666 bertso zenbakia

318 Emaguiñaren , etçuen / Nihola ere beharric BCC1DFNiola ENihor GHICerengatic ezbaitçuen / Sentitu doloreric. 319 • 073 orrialdea 1188 bertso zenbakia

320 Bere camelu handiac / Tuzte defcargaraci,Eta dohañac fehiei / Beffotan harraracie BCC1DF garraracie E ekarraci GHI 321 • 081 orrialdea 1336 bertso zenbakia

322 Erregueac ceudecela / Haurraren adoratcen, Errepuftaren beguira / Herodes cen vnhatcen BCC1DF Herodescen E Herodeffcen HHerodeffen GI 323 Hemen ere zenbait kontu aipagarri :

324 1) Ek, agian bi hitzen arteko tartea nahiko estua zelako, bi hitzak lotu eta ‘Herodescen’ hartu du. 325 2) Hk E irakurri eta bokale arteko ‘ff hartu du ; Glk ‘Herodeffen’, soberan zegoen ‘c’ hori desagertaraziz. Hk GI irakurri izan balu ez zen ‘c’ hori agertuko ; are, oso zaila izango zen GIk E irakurri eta ‘Herodescen’ horretatik ‘Herodeffen’ egitea. 326 • 114 orrialdea 1998 bertso zenbakia

327 Vrricalduric vtcico / Cutelaco vftean BCurelo CC1DEFCruela GHI Açotera condemnatu / Cuen harroñ batean. 328 Esan dugu (§3.3.1.1.1.) B edizio bat Aren eratorria dela baieztatu ahal izateko zera gertatu beharko dela, Bk Ak dituen huts guztiak aurkezten dituela eta, gainera, bere berezko hutsen bat. Argi dago, bada, azken adibideotan, GHI multzoa Eren eratorria dela eta honela irudika genezakeela :

329 Hona jarraian GHI biltzen dituen adibide gehiago :

330 • 009 orrialdea 0033 bertso zenbakia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 222

331 Erdaldunac ahal doazque / Cein bere herritara BCC1DEFE caldunac HEcaldunac GEscaldunac I Gogat eguinic, galduco / Eztutela Efcara. 332 •011 orrialdea 0058L bertso zenbakia

333 Liburucho hunec laur par- / te ditu BCC1D Liburucho hunec laur / parte ditu EF Liburucho hunec laur parte / laur ditu G Liburucho hunec laur / parte laur ditu HI 334 • 026 orrialdea 0278 bertso zenbakia

335 Hec aguindu çuten Iauna / Guc dugu beguietfi berefi Ecen gu guintuen bere / Apoftolu hautetfi. BCC1DEF GHI 336 • 032 orrialdea 0393 bertso zenbakia

337 Hegalec ere cioten / Arguitcen forbaldetan B Hegaiec CC1DEF Hedoiec GHI Falconaren plumec nola / Iguzqui arraietan. 338 • 039 orrialdea 0517 bertso zenbakia

339 Ceru lurretan çaitçula / Laudorio cantatu, Ene ohoratceco ceren / Hambat çaren bachatu BCC1DEF Nechatu GHI 340 • 040 orrialdea 0539 bertso zenbakia

341 Erdi cenean, Virgina // Bihurtu cen etchera, Bera ere hurbiltcen cen / Erditce epphera BCC1DEF Eta GHI 342 • 047 orrialdea 0675 bertso zenbakia

343 Amac affe çuenean / Eta vngui vnhatu : Demborac cuitfan beçain / Vngui çuen trochatu BCC1DEF Hotfan GHI 344 • 104 orrialdea 1791 bertso zenbakia

345 Eta plaga hauc guztiac / Behar çaizquiñ guerthatu, Cergatic eztunen ene / Bifita eçagutu BCC1DEF eztun ene GHI 346 • 123 orrialdea 2188 bertso zenbakia

347 Orduan cen eguietan / Frogatu efcritura, Hiftoria aipphatcean / Norc eztuque latztura B eztugue CC1DEF eztugun GHI 348 • 132 orrialdea IZ3 bertso zenbakia

349 Nola Aingueruec manatu cituen Aphoftoluei berria ekhar ciecen BCC1DEF ciren GHI 350 •144 orrialdea 1602 bertso zenbakia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 223

351 Olibethco mendiaren / Garacitera da igan BCC1DEFdadiñan GHIAma eta Apoftoluei / Azken hitçac han erran. 352 • 183 orrialdea 3378 bertso zenbakia

353 Gu ere orobat gare / Eguitera tenitu BCC1DEF obtenitu GHI Ceren baitugu ontaffun/ Afco errecibitu. 354 • 186 orrialdea 3433 bertso zenbakia

355 Iainco eme Senegatic / Guiçon eguin cinena BCC1DEFSeme enegatic GHIEcin bihur dieçaqueçut / Laudorio çucena. 356 • 196 orrialdea 3633 bertso zenbakia

357 Han penaraci cintuen / Ecin erran guifara BCC1DEF penari GHI Ertchatcen cinituela / Bere fecta gaixtora. 358 • 208 orrialdea IZ1 bertso zenbakia

359 Edocein emazte fainduren beftacotz BCC1DEFbeftetacotz GHI

360 • 220 orrialdea 4097 bertso zenbakia

361 Ene ondoan heldu da / Ni baño lehen cena. BCC1DEF ø GHI Erregue eta Monarka / Guztietaco lehena. 362 Orain aurkezten ditugun adibibeek Fk jarraitu duen bidea argitu nahi dute.

363 Fk dakarren lehen aldaketa nabaria inprenta oinarena da : CC1DEk « Maffre baitan, bors / Cantognetan » duten bitartean, honek « P. Fauveten, Imprimerian / Carmeffen aldean » du. Zazpigarren kapituluan luzaz mintzatuko garen arren, derragun P. Fauvet hau Paul Fauvet izan daitekeela eta honek 1700-1736 bitartean inprimatu zuela. Argi legoke, bada, aurreko inprenta oinen datak zuzenak izatekotan, CC1DE edizioak 1697 (bi) eta 1699 (beste biak) urteetakoak direla eta F hau beranduagokoa dela, 1700-1736 urte bitartekoa. 364 Hori da kontuan izan beharreko lehen datua. Bigarrena, aurrekoek ez eta honek liburuaren amaieran dituen zenbait bertso berri : Izan ere, 241. orrialdean hasita, 10 orrialdetan zehar, jarraiko bertsoak ditugu : 365 241-248. or. : « Verbum caroac. Efcaraz Chriƒto guiçon eguinda çure ganic Maria » 249-250. or. : « Egun estreinatu gaitu Haurrac odolaz » 366 Bertso hauek amaieran jartzearen arrazoi posibleaz ere zazpigarren kapituluan mintzatuko gara. 367 Argi dago, gure ustez, aurreko lekukotasunen batek F hau jarraitu izan balu bertso hauek agertuko ziratekeela lekukotasun horretan, eta hau ez da gertzatzen ; are, ondorengo GHI lekukotasunek ere F jarraitu izan balute bertso hauek ispilatuko zituzketen beraien orrialdeetan eta ez da horrela gertatzen ; beraz, badirudi F edizio honek aurrekoren bat izan duela eredu (orain arte aztertu ditugun huts amankomunen arabera, Cl da lekukotasun hori) eta F hau ez dela ondorengo edizioren baten eredu. 368 Hutsei beraiei dagokionez, F edizioan agertzen diren asko ez dira huts amankomuntzat hartuak izan genitzakeenak ; baliogabeak, beraz, lekukotasun honen filiaziorako. Hauen artean aipagarrienak :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 224

369 a) duplografia arrunt bezala har genitzakeenak

370 F Gainontzekoak029 0342 Eeliçama Eliçama/Eliça Ama060 0922 Betheleengo Bethleengo060 0924 Ereifiaz Erefiaz066 1044 leialia leiala096 1636 Ioingoico Iongoico114 1992 Eçatgutu Eçagutu209 3879 verthuetera verthutera/vertutera229 4295 Hondaitçaille Hondatçaille 371 b) Haplografiatzat har genitzakeenak

372 012 0066L Hirugarrena Hirurgarrena047 0663 mundatçaric mundantçaric074 1208 ttpia ttipia129 2321 ikhratu ikharatu 373 c) Ordenaren aldaketaz gertatzen direnak

374 072 1164 Ceturic Cerutic091 1545 eratcufico eracutÏco205 3799 afdiquide adifquide

375 d) Ordezkapenez gertatzen direnak ; gehienetan inprentako zenbait letra berdintsuak oso erraz nahasten zirelako. 376 014 0072 Idecat Idecac / Ideac (c/t)046 0652 Egnin Eguin(n/u)175 3224 bailchen bai lehen (c/e)208 3871 liçatc liçate (c/e) 377 Baina huts guzti hauezaz aparte, hain erraz gerta ez litezkeen edo huts amankomuntzat har daitezkeen asko daude, F lekukotasun honek besteek jarraitu ez duten bidea jarraitzen duela baieztatzen lagunduko digutenak. 378 a) Hizkiren baten gehiketaz gertatzen diren hutsak

379 025 0265 duedenean duenean050 0727 Sehafcharic Sehafcaric061 0941 Semeac Semea068 1091 Icarrac Içarra217 4027 Berriac Berria 380 b) Hizki/hitzen bat desagertzen denean gertatzen direnak

381 009 0039 Etcheberri Etcheberric071 1155 bihurtcen bihurtcean138 2491 fainduc fainduec144 2609 du dut171 3144 Ceiña Ceñac/Ceiñac212 3952 arartecoa arartecoac232 4352 Jauna Iaunac/Jaunac 232 4363 guiçona guiçonac 382 c) Ordezkapenez gertatzen direnak

383 027 0311 Ceñan Ceñac 051 0755 futela dutela 052 0766 lauratu loratu 058 0894 Gateuzte Gaituzte 068 0172 Ceren Ciren 069 1110 Sartceaz Sortcea 071 1143 dut duc/duo 075 IZ1 era ere 088 1486 faracen fartce 179 3294 gaitu çaitu 384 Gure ustez, bada, azaldu ditugun adibideok, hutsez landako inprenta eta urte kontuak eta amaierako bertso desberdinenak aintzat harturik, zilegi dirudi Cl eta F maila desberdinetan daudela adieraztea eta lortu ditugun bi azken zuhaitz adarrak kontuan hartzen baditugu :

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 225

385 uste dugu aurrerago joan gaitezkeela etajarraiko hau aurkez genezakeela

386 Argi dago EGHIk ez dutela F jarraitzen eta bai Cl, aurkeztu ditugun azken adibideek hori erakusten baitute (ez dago EGHIn Fn bakarrik agertzen den bat ere). 387 Aurrera egin eta kronologikoki azkenak diren GHI edizioez mintzatuko gara jarraiko lerroetan eta horretarako G lekukotasuna aztertuko dugu, lehenik eta behin. 388 Noelacen hirugarren partean, Gk ez eta gainontzekoek jarraitzen duten bertsoen ordena honako hau da : 389 B eta gain.G Iaincoari orenac gutçaz duen ... Igandetacotz 178-180147-149 Iainco bat denari... Aüelehenecotz 180-182149-150 Hirurtaffunaren orenac Aüeartecotz 182-184150-152 Iainco Aitaren orenac Aüeazkenecotz 184-186 Iainco femearen orenac orcegunecotz... 186-188152-153 Efpiritu fainduaren orenac orciralecotz 188-189153-154 Ama virginaren orenac larunbatecotz 190-192155-156 Sainduen orenac... Apoftoluen beftetacotz 192-193189-190 Euangeliften beftetacotz 194-195156-157 Martiren beftetacotz 195-197191-192 Ipphizpicu fainduen beftetacotz 197-199192-193 Doctor fainduen beftetacotz 199-201 193-195 Abbadeen beftetacotz 201-202 157-159 390 Gn, bada, « Iainco Aitaren orenac Afteazkenecotz », 38 bertso falta dira. Bestalde, « Sainduen orenac hequin beltetacotz. Apoftoluen beftetacotz », « Martiren beftetacotz », « Ipphizpicu fainduen beftetacotz » eta « Doctor fainduen beftetacotz » bertso sortak tokiz aldatuak dira, liburuaren azken partean jarriak. 391 Mintzatu gara 5. kapituluan kopiatze prozesuaz aritu garenean bertsoen toki aldaketa honetaz. Guk bi arrazoi posible eman ditugu : 1) Eredu izan duen alea sorta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 226

desberdinetan banatu da zenbait arazoren ondoren eta berriro bildu denean okerreko ordenean bildu dira ; orduan konposatzaileak ereduko ordena jarraitu du, halabeharrez. Horrek eredu izan duen alean bertsook plegu haseratan zeudela suposatu beharko zukeen, baina hori ez da horrela gertatzen gainontzeko edizio batean ere. 2) Bertsook bertso ahapaldiak dira, ez bertso atalak edo bertso solteak, eta, konposaketa prozesua azeleratu asmoz, konposatzaile desberdinek atal desberdinak konposatu dituzte eta biltzerakoan okerreko ordenean bildu dira. Uste dugu hirugarren arrazoi posible bat ere eman daitekeela : editoreak edo inprimatzaileak nahita lekuz aldatu izana. Kasu honetan, aldaketa kontziente baten aurrean geundeke, baina ez diogu logika gehiegirik aurkitzen bertso guztiok osotasun bat egiten baitute. 392 Hau da lehen kontu garrantzitsua. Bigarrena letra maiuskula eta minuskulei dagokiena da. G lekukotasunan, 87. orrialdetik aurrera, bertso haserako lehen letra, edizio honetako lehen 86 orrialde eta gainontzeko lekukotasunetan ez bezala, minuskulaz dugu jarria kasu gehienetan ; honela, maiz, maiuskula beharko zukeen kasuetan ere (hitz bereziak) minuskula dugu. 393 Hirugarren kontu garrantzitsua, ‘guztiak/guziak’ erako aldaerena ; G edizio honetan, 104. orrialdean hasita, ‘guziz', ‘guzia', ‘guzien', ‘guziei', e.a. ditugun bitartean, aurreko orrialdeetan eta gainontzeko edizioetan ‘guztiz', ‘guztia', ‘guztien', ‘guztiei’ e.a. ditugu. 394 Hiru kontuok, gure ustez, zera adierazten dute, konposatzaile batek baino gehiagok konposatu duela edizioa eta ez dela inolako arretarik jarri hau egiterakoan. 395 Laugarren kontu garrantzitsu bat, GHI lekukotasunei dagokiena ; amaierako bertso berrien kontua. Ikusi dugu F lekukotasunak azken hamar orrialdeetan zenbait bertso berri aurkezten zituela ; hauek ere bertso berri batzuk dituzte, izatez Noelacenak ez direnak. Baina ez dira Fn agertzen direnak, bestelakoak baizik. Hauek dira : 396 — « Stabat Mater » euskaraz, 69 bertsotan zehar. — « Andredena Mariari Othoitça. Gaudeac » 24 bertso latinez. — « Andredena Mariari Hymnoa » 60 bertso latinez (Stabat Mater da). — « Erregueren Orationea. Psalmoa » 46 bat lerro latinez. 397 Hutsei beraiei dagokionez ere, askotxo dira Gk baizik erakusten ez dituenak. Jarraian azpimarragarrienak aurkeztuko ditugu (den denak aztertu nahi dituenak jo beza eranskinetara) : 398 a) Gehiketaz gertatzen direnak

399 023 0237 Monarcha Monarca024 IZ1 Agripinna Agrippina 040 0539 here ere043 0596 Bethleenen Bethleen085 1419 Hazri Hari102 1749 eta ea130 2340 gorphutça Gorputca159 2904 guztian guztia176 3253 Labour Labur194 3594 Guendetan Gendetan233 4370 oifan O fan 233 4404 deitchatu deithatu 400 b) Hizki/hitzen bat desagertzen denean

401 • 045 orrialdea IZ3 bertso zenbakia

402 Bethleenen oftaturic ecin / aurkhituaren gañean / berce / Noela. BCC1DEFHI Bethleenen oftaturic ecin / aurkhituaren gañean / Noela. G 081 1336 Herodeffen Herodes cen/Herodeffcen085 1420 Eta Ezta101 IZ8 Hierufalemen Hierufalemera107 1857 hartaz hartçaz107 1861 hautaz hautçaz114 2006 açotez Açoteez117 2057 Dolorez Doloreez 118 IZ1 7.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 227

120 2123 hartaz hailçaz 121 2143 cituzten cintuzten 403 •123 orrialdea IZ2 bertso zenbakia

404 Gurutcearen ohoretan canta, / gurutcearen beftetacotz. BCC1DEFHI Gurutcearen ohoretan, canta. G 147 IZ1 paritu partitu 240 IZ1 Halabiz. 405 c) Ordenaren aldaketaz gertatzen direnak

406 094 1604 barnera barrena d) Ordezkapenez gertatzen direnak 005 0011L devotionem deuotionean/devotionean016 0107 Hatcen Haren023 0230 Dilluduen Da Iuduen023 0230 berria herria030 0351 berric berriz037 0490 Gaituzte Caituzte 407 • 046 orrialdea 0644 bertso zenbakia

408 Ilkhi direnean dute / Bazterrera behatu, Eta appartean etche / Cholabat nauaritu. BCC1DEFHI Cholabac nauritu HI Cholabac caucitu. G 050 0724 Guztic Guztiz 068 1093 Oçucia O çucia/O çucia38 072 1167 beraiz berriz 409 • 101 orrialdea IZ8 bertso zenbakia

410 Jefus Chriftoren Hierufalemera fartcearen gañean Arramucotz Canta BCD fortcearen C1EH Hierufalemerã » F Hierufalemen » G Hierufamelera Canra I 1. Nola Hieruf**alemera afto gañean farthucen BCC1DEFHHieruf**alamera GHieruf**amelera I 411 Bi esaldiok orain arte azaldu dugunaren ezaugarri baliogarria dira ;lehenean, BCD bide argia ikusten da. Bestalde, argi dago HIk ez dutela G jarraitu, bestela,’ Hierufalemen’ irakurriko genuke bi lekukotasunetan. 412 106 1839 çuen ceuen 107 1852 guriz Guztiz 110 1914 elkhari Ekharri 111 1929 Nazarecoac Nazarenoac 413 • 117 orrialdea 2056 bertso zenbakia

414 Egarri cela ceroen / Erran Iudu gaixtoei : Miagrea prefentatu / Haren ezpain fainduei Gainontzekoak miagrea azpian G 125 2236 Urritera Vrruitira/Urruitira 128 2291 çare Cure 415 • 128 orrialdea 2291 bertso zenbakia

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 228

416 Cure baithan dire Chriftau / Guztiac gloriatcenCure baithan dute bere /Efparantça ematen. Gainontzekoak çare baitban G 417 • 130 orrialdea 2337 bertso zenbakia

418 Andre onac cioacen / Trifleric baratcera Gainontzekoakcioen GVnguentu onez Iaunaren / Gorputça gantçutcera.138 2484 hillac Hillic141 2553 Curi Guri171 3156 cutçaz Gutçaz207 3848 gogoiqui gogorqui 39219 4088 nagoënaten Dagoenaren/ Dagoënaten226 4234 azkenençat azKen fiñean/azKennean/azkenenean 419 Argi erakusten dute azaldu ditugun lau kontuak eta erakusgarri jarri diren hutsen adibideok HIk ez dutela G jarraitzen, bestela ez ziratekeen Gn falta diren bertso sortak agertuko eta bertsoen ordena bera ere aldatua agertuko baitzatekeen. Are, Gn agertu diren hutsak ere ez dira inondik ageri HI lekukotasunetan. 420 Aurreko orrialdeetan, bestalde, GHI biltzen zituzten huts bateratzaileei zegozkien adibideak ikusi ditugu ; beraz, GHI biltzen dituzten huts bateratzaileak baditugu eta, era berean, G beste biengandik banatzen duten huts banatzaileak, argi dago lekukotasunek jarraitu duten bidea honako hau dela :

421 Jarraian HI lekukotasunen arteko erlazioa aztertuko dugu, bi lekukotasunak lotzen dituzten zenbait huts bateratzaileren adibideak jarriz. a) Gehiketaz gertatzen direnak 422 099 1714 Ilkhuffi Ikhuffi 107 1862 belkhaizten bekhaizten/bekhaiztē 423 • 125 orrialdea 2227 bertso zenbakia

424 Cuc ekharri darocuçu / Biciaren fruitua, Arima goffeei eman / Cuc faciamendua Gainontzekoak goffoeei HI 425 • 185 orrialdea 3425 bertso zenbakia

426 Gauça hauc cituenean / Sei egunez obratu, Guero cindu en Igande / Egunean paufatu Gainontzekoak cinduen en HI 427 • 186 orrialdea 3432 bertso zenbakia

428 Arren bada Iainco Aita / Gaucen creatçaillea, Fauora naçaçu ceure / Creatura feblea Gainontzekoak Febleac HI 429 b) Hizki/hitz baten desagerpenez gertatzen direnak

430 122 2173 Veperatan Vezperatan/Vefperatan160 2932 nior nihor184 IZ1 Ainco Iainco 185 3414 beatu behatu 209 3895 trimpharequin triumpharequin 431 c) Ordenaren aldaketaz gertatzen direnak

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 229

432 200 3704 bantacen banatcen 215 3993 aitcieñtic aitciñetic 433 d) Ordezkapenez gertatzen direnak

434 • 013 orrialdea 0074L bertso zenbakia

435 Iefus Chriftoren fortce aitci/ñeco Gaucen gañean Noëlac BCC1DEF aitciñeca HI aitciñera G Eta sei lerro geroago : 436 Iefus Chriftoren fortce ait/ciñecogaucen gañean Noëlac BCC1DFaitciñeo Eaitciño HIaitcino G 437 Lehen adibidean, ‘aitciñeco’ dugu BCC1DEF lekukotasunetan ; HIk ‘aitciñeca’ dakarte eta Gk ‘aitciñera'. Gk E irakurri izan balu ('aitciñeco'), ez zukeen egin duen ‘aitciñera’ ori egingo ; ‘aitciñeca’ irakurri eta ‘aitciñera’ zuzentzea logikoagoa da ; hau da, logikoagoa da Hk E irakurri izaría eta gero Gk H eta ez Gk E irakurri eta Hk G. 438 Bigarren adibidean, ‘aitciñeco’ dugu lehen sei lekukotasunetan. Dena den, harrigarria dirudi sei lerro aurrerago konposatu duten esaldi berbera ondo berkonposatu ezina. Argi erakusten du honek ez zela inolako konturik eta harretarik jartzen garai hartako inprentan konposatzerakoan (Noelacen edizio desberdinetan behintzat). 439 178 IZ2 HUNGN HVNEN/HUNEN

440 • 013 orrialdea 0074L bertso zenbakia

441 Larumbatean cintuen / Moldatu lar'abreac Gainontzekoaklare abreac HI222 4136 Ohorec Ohorez 442 Adibide guztiok argi erakusten dute HI lekukotasunen lotura.

443 Azkenik, I lekukotasuna besteengandik aldentzen duten hutsak jarriko ditugu :

444 a) Gehiketaz gertatzen direnak

445 020 IZ1 239. 39.022 0222 caliera caltea024 0262 heriora herioa027 IZ4 Credoac Credoa

446 • 146 orrialdea 2650 bertso zenbakia

447 Ezta hala içanen (erran / Ceroen Iaun iuftuac) Gainontzekoak(erran / Ceroën H(erran / ceroën G/ Ceroën Iaun iufttuac erran I Confolatuco çaituzte Spiritu fainduac.153 2787 animac anima153 2794 Efcou Efcu166 3058 Guztiac Guztia/guzia181 3347 çucenac çucena204 3780 Hartean Artean 448 b) Hizki/hitz baten desagerpenez gertatzen direnak

449 037 0489 gorc gorec042 0581 ignataci iganaraci047 0669 citçain citçaion058 0886 billatu billhatu064 1020 harnean barrenean066 1056 frogatu frogatua069 1103 dut dute093 1586 Iaun launa113 1983 bura burla122 2170 iuftuaren iuftuarena131 2358 Darotçue Darotçuet/Darotçuec138 2492 illarria illharria159 2909 Ona Onac159 2912 Iguzquia Iguzquiac164 3013 faindua fainduac179 3310 chehea cheheac183 3368 çuaitz çuhaitz212 3950 faihetfecoa faihetfecoac 450 c) Ordenaren aldaketaz gertatzen direnak

451 029 0333 iaquiñena iaquiñean029 0345 aouatcen auoatcen044 0619 Arrenac Arrañec/ Arranec059 0906 falutaceco faluatceco/favatceco/fauatceco073 1176 Oratçarri Orratçari093 1577 benedica bedinca120 IZ1 onerac orenac 452 d) Ordezkapenez gertatzen direnak

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 230

453 005 0004L ifpiritualezco efpiritualezco051 0739 deçu duçu052 0769 Arrañic Arrañac 055 0831 Belhaunico Belhaurico 055 0835 belhaunjco belhaurico 0580898 belhaunico belhaurico 0590902 Içurren Içarren 0641010 gucia çucia 0651023 belhaunico belhaurico • 071 orrialdea 0074L bertso zenbakia 454 O Bethleen Iudeaco / Ez hiri ttipiena ! Gainontzekoaktipiena GIudea co iri tripenea IHire ganic illkhico duc / Erregue Iuduena.071 1149 deçuena duçuena074 1196 Belhaunico Belhaurico088 1487 gochoa gachoa090 1520 circumtcifatcera circuntcifatcera091 1530 leguia leguea/legua 091 1539 deçu duçu091 1541 deçu duçu091 1545 deçu duçu092 1566 circumcifatu circuncifatu 094 1594 Segurantçac Segurantçaz 094 1596 maitia maitea 455 • 099 orrialdea 1709 bertso zenbakia

456 Azkenean etfituric / Templuan ciren farthu Gainontzekoakaurquituric 40 IEta han çuten difputan / Dotorequin aurkhitu.1001729 Patientique Patientqui 101IZ7 ifpiritualac efpiritualac 1081886 Pharifauac Pharifauec/Pharifavec 109IZ1 foiduaren fainduaren 457 • 112 orrialdea 1957 bertso zenbakia

458 Diruz corronpitu çuten / Haren efpenfaria Gainontzekoakciren. 41 ICeñac muffu batez faldu / Baitçuen Nauffia.124 2199 gucis çuciz/çucis133 2390 pagatu pagutu 459 • 139 orrialdea 2506 bertso zenbakia

460 Ea Guiriftinoac Bazco / Egunean biz gaiten Gainontzekoakgañen IEgun hunec berac gaitu / Hartara gombidatcen.145 2624 Eguiteac Eguiteaz156 2842 Cutaz Gutçaz/Gutaz 461 • 158 orrialdea 2897 bertso zenbakia

462 Hartçaz gaitutçu Iaun - ona / creaturac bazcatcen GainontzekoakJ an on ICeure odol facratuaz / Halaber edaraten.186 3439 ganean gauean190 3511 ciçeu ciñen216 4019 Gau HauI beste lekukotasunetatik aldentzen duten adibideon aurrean, aipa dezagun HIren arteko lotura

463 dela, In agertzen diren huts guzti hauek ez baitira Hn agertzen.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 231

464 Hn, bestalde, ez dugu aurkitu Ik edo Gk ez dakarren huts banatzailerik. Guzti hauen aurrean, beraz,

465 bidea proposatzen dugu.

466 3.4.1. Noelac en stemmata codicuma

467 Noelac en lekukotasun desberdinen aldaeren azterketa eta aukeraketaren ondoren, ordea, huts amankomun —bateratzaile eta banatzaile— ugari aurkitu eta stemma codicuma marratzeko bezala aurkitzen garelakoan gaude. 468 Hona, bada, proposatzen dugun obra honen lekukotasun desberdinen erakuspen grafikoa :

469 A. Blecuak dioenez (1987 : 78), kodizeen data eta inprimaturiko testuena ezagutzen denetan, siglak garaiera desberdinetan kokatzen dira (baxuenek, logikoki, lekukotasunrik berrienak ordezkatzen dituzte) eta gure kasuan ere ohitura hau isladatzen saiatu gara. 470 Jakina da B lekukotasuna 1645.ean inprimatua dela Bordelen, G. Milangesenean. C eta C1 lekukotasunak 1697koak dira baina azken honek aurrekoa irakurtzen duenez

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 232

beherago jarri dugu. D eta E 1699koak dira eta logikoa da bata bestearen mailan jartzea. F eta H Paul Fauvetenean inprimatuak dira eta hau honela dela (Paul Fauvetek 1700-1736 tartean inprimatzen du) biak maila berdintsuan jartzea erabaki dugu. G edizioa Jean Fauvetenean (1736-1760) inprimatua da eta aurreko biak baino beheragoko maila batean jarri beharko dugu. I lekukotasuna ere P. Fauvetenean inprimatua da. Gure ustez, P. Fauvet hau ez da F eta H inprimatzen dituen Paul Fauvet zaharra bere hiloba Paul, Jeanen seme, baizik. Paul honek —hurrengo kapituluan ikusiko dugunez— inprenta berria ireki zuen karmeldarren elizaren aldamenean. Honek eragin handia du, lekukotasun honen tipografia berria eta desberdina delako. 471 Kontu honekin amaitu aurretik argi utzi nahi genuke stemma codicum hau anker gelditzen dela hemen ez baitugu ez originalaz ez ustezko lehen edizioari buruzko zehaztasunik eman. 472 Argi dago aztertu ditugun lekukotasun guzti hauek goragoko testu batera doazela.

473 Kasu honetan B lekukotasuna litzateke goragoko bat irakurri duena. Zein da, ordea, irakurri duen hori ? Vinsonek bere bibliografian 15a zenbakiz izendatu eta Pierquin de Gembloux (1858a : 7 gehigarriak) aipatzen dutena ala originala ? 474 Ez du gure lan honetan garrantzi gehiegirik kontu honek. Gure helburua eskuartean genituen lekukotasun guztien filiazio zuzena egitea zen eta, bidenabar, hauen erakuspen grafikoa eskaintzea eta, alde honetatik, helburuak beteak direlakoan gaude. 475 4. Ondorioak

476 Noelacen lekukotasun desberdinen huts amankomunen azterketak eta aukeraketak Vinsonek aipatzen dituen zenbait kontu argitzen eta zuzentzen lagundu digute eta, ondorioz, obra honen edizio desberdinen sailkapen bibliografiko berri baten beharrean aurkitzen gara. Eta kontu honetan du, gure ustez, orain aurkezten den lan honek benetako garrantzia, baldin eta garrantzia badu, lan osoan zehar aipatu ditugun zeregin guztiak bete ondoren, katalogatu gabeko edizio baten berri emateko ezezik, sailkapen berri hori aurkezteko ere gai baita. 477 Hona proposamen berri hau :

478 Na edizioa (Vinson, 15a) « -NOELAC ETA BERCE canta efpiritual berriac. Iesus Chriftoren biciaren myfterio principalen gañean. Eta fainduen ohoretan bella buruetacotz. loannes Etcheberri DoÌor Theologoac eguiñac. BORDELEN, G. MILANGES, 1630 edo 1631. » 479 Aita Larramendi da edizio honen berri ematen duen lehena, Baionan inprimatua dela dioen arren ; Pierquin de Gemblouxek ere aipatzen du edizo hau eta Vinsonek suposatu baizik ez du egiten, bere ustez oso arraroa baita 1630.ean baimena lortu eta 1645.era arte inprimatu gabe izatea.

480 Ez dugu inon aurkitu edizio honen arrastorik.

481 Nb edizioa (Vinson, 15b) « NOELAC | ETA BERCE | canta efpiritual | berriac. |lefus Chriftoren biciaren my- |fterio principalen gañean. | Eta fainduen ohoretan befta buruetacotz. | Ioannes Etcheberri DoÌ or | Theologoac egniñac. | (fleuron) | BORDELEN, | G VILLENMILANGES, Erre- | gueren Imprimatçaillea | baithan, 1645. » 482 In-8 txikia erakoa, 251 orrialde. Neurriak : 45 mm x 98. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 33, e.a.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 233

483 P. de la Masse Donibane Lohitzuneko apaizak eta P. de Urthubie Teologian doktoreak baitetsia, 1630.eko abuztuaren 6an. Baimena, Manual- ean legez, M. d'Oiharard Bikario Jeneralarena da, urte eta hilabete berbereko egun bi beranduagokoa, 8koa. Joan Ihartius eta Stefano Hirigoitiren laudoriozko bertsoak eta P. Argaiñarats-en akrostiko bat dakartza. 484 Londreseko British Museumean dago ezagutzen dugun ale bakarra.

485 Nc edizioa (katalogatu gabea) « NOELAC | ETA BERCE |canta efpiritual |berriac. |Iefus Chriftoren biciaren | mifterio principalen | gañean. | Eta fainduen ohoretan befta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac : egniñac. \ (croix entre deux petits fleurons) | BAIONAN, | M AFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1697. » 486 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa da. Neurriak : 44 mm. x 96. Zeinadurak : A p. 1, B p. 16, C p. 25, D p. 41, E p. 49, e.a.

487 Baimenak, onespen eta laudorioak besteetakoak dira.

488 Newberry Librairyk, Chicagon, badu edizio honen ale bat, Luis Luziano Bonaparteren bilduman. 489 Nd edizioa (Vinson, 15c) « NOELAC | ETA BERCE |canta efpiritual |berriac. |Iefus Chriftoren biciaren | mifterio principalen | gañean. | Eta fainduen ohoretan bella | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac : egniñac. | (croix entre deux petits fleurons) | BAIONAN, | M AFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1697. » 490 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa da. Neurriak : 44 mm. x 96. Zeinadurak : A p. 1, B p. 16, C p. 25, D p. 41, E p. 49, e.a.

491 Baimenak, onespen eta laudorioak besteetakoak dira, argitarapen guztietan bezalaxe.

492 Edizio honetako ale bat Koldo Mitxelena kulturguneko J. Urkixoren liburutegian dago.

493 Ne edizioa (Vinson, 15d) « NOELAC | ETA BERCE | canta efpiritual |berriac. | Iefus Chriftoren biciaren |mifterio principalen | gañean. | Eta lainduen ohoretan befta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac egniñac. | (croix entre fleurons) | BAIONAN, | M AFFRE Baitan bors | Cantognetan. 1699. » 494 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa.

495 British Museumean dago aurkitu dugun ale bakarra.

496 Nf edizioa (Vinson, 15e) « NOELAC | ETA BERCE |canta efpiritual |berriac. | Iefus Chriftoren biciaren | mifterio principalen | gafiean. | Eta fainduen ohoretan beftla buruetacotz. | Ioannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac egnifiac. | (croix simple) | BAIONAN, | MAFFRE Baitan, bors | Cantognetan. 1699. » 497 Hau ere in-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa. (241 orrialde zenbatu dira, baina hau 89. zenbakia falta eta 88.aren ondoren 90.a datorrelako da. Zenbaki honetatik aurrera, bada, erako orrialdeak zenbaki pareak dituzte, ezpareak itzulitakoak.) Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, D p. 41, E p. 49, e.a. Neurriak : 41 mm. 5 x 96,5.

498 Berezitasun nabari bat dauka, 220. orrialdetik aurrera testuko letra desberdina da, askoz txikiagoa. Vinsonen ustez (1891-8 : 70), argitarapen hau aurrekoaren faltsupena edo kontraegina da. Oker dago baina. Erakutsi dugu huts amankomunen azterketa eta

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 234

stemma codicum aren bitartez Vinsonen 15e honek 15cl irakurtzen duela, ez 15d ; beraz, uste hori ez da zuzena. 499 Ezagutzen dugun edizio honetako ale bakarra Donibane Lohitzunen dago, Maria Josefa Lanuzaren liburutegian. 500 Ng edizioa (Vinson, 15f) « NOELAC | ETA BERCE | canta efpiritual | berriac. |Jefus Chriftoren biciaren |mifterio principalenI gañean. | Eta fainduen ohoretan befta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac egniñciac. | (croix entre fleurons) | BAYONAN, | P. Fauveten, Imprimerian | Carmeffetaco aldean. » 501 Hau ere in-8 txikia erakoa, 250 orrialdetakoa da. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, e.a. Neurriak : 45 mm x 95. Betiko gaiak dakartza.

502 Edizio hau 1700-1730 bitartekoa da eta Koldo Mitxelena kulturgunean eta British Museumean edizio honen ale bana dute. 503 Argitarapen honen amaieran aurrekoetan agertzen ez diren bertso sortak ditugu : 241. orrialdean verbum caroac, euskaraz ; 245.ean claritates guçia, Ama Mariari eskeinitako abestia ; 249. orrialdean Iesus Haurtcho larru, Iesusen zirkuntzisioari buruzko bertsoak. 504 Nh edizioa (Vinson, 15h) « NOELA | ETA BERCE | canta fpiritual berriac. | Jefus Chriftoren hiciaren | mifterio principalen gañean. | Eta fainduen ohoretan belta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRI DoÌor | Teolegoac egnifiac. | (croix simple) | BAYONAN, | P. F AUVET, Imprimatcaillea | baithan, Carmefen aldean » 505 In-8 txikia erakoa, 240 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 25, D p. 41, e.a. ; neurriak : 45 mm x 97.

506 Argitarapen honetan, 211. orrialdetik aurrera, letraren neurria txikiagoa da. Argitarapen honek ere besteetan agertzen ez diren bertso sorta batzuk ditu amaieran. 232. orrialdean, Stabat- en itzulpena ; 235.ean, Gaudeac, Andra Mariari eskainiriko latinezko bertsoak ; 236. orrialdean, Stabat latinez, eta 239. orrialdean erregeari eginiko otoitza latinez. 507 Newberry Librairyn dago edizio honen ale bat.

508 Ni edizioa (Vinson, 15g) « NOELA | ETA| BERCECANTA| ESPIRITUAL BERRIAC . | Jefus Chriftoren hiciaren mifterio | principalen |gañean. | Eta fainduen ohoretan belta | buruetacotz. | Joannes ETCHEBERRl DoÌor | Teolegoac egnifiac. | (3 fleurons, deux et un) | BAYONAN, | J. FAUVET, Imprimatcaillea | baithan, bortz-Cantoiñetan. » 509 Hau da era desberdineko bakarra, in-12koa, 204 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 13, C p. 25, D p. 37, E p. 49, e.a. Neurriak : 58 mm x 112. Aurreko argitarapenean amaieran agertzen diren bertso sorta berri berberak agertzen dira honetan ere.

510 1731-1760 bitarteko edizio honen ale bat Koldo Mitxelena kulturgunean dago.

511 Nj edizioa (Vinson, 15i) « NOELA | ETA BERCE |canta fpiritual berriac. |Jesus Chriftoren hiciaren mif- | terio principalen gañean |Eta fainduen ohoretan befta |buruetacotz. | JOANNES ETCHEBERRI, | Doctor Theolegoac egnifiac. | BAYONAN, | P. FAUVET, Imprimatçaillea | baithan, Carmefen aldean » 512 In-8 txikia erakoa, 230 orrialdetakoa. Zeinadurak : A p. 1, B p. 17, C p. 33, D p. 49, e.a. Neurriak : 51 mm. x 89.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 235

513 Honetan ere aurreko bi argitarapenetako bertso sorta berri berberak. 106. orrialdetik aurrera (bigarren ataletik aurrera, alegia) letraren neurria txikiagoa da. 514 Edizio honek, Vinsonek zioena zioela, 1760-1791 bitartekoa izan behar du, Paul Fauvetek, Paul zaharraren iloba, inprimatua bere inprenta berrian. 42 Are, Vinsonek berak lagunduko digu uste hau sendotzen. Bere Essai... n (1891-8 : 811-812) aipamen hau aurkituko dugu : « 58.b (le n° 58.b devenant 58.c) - AMA VIRGINAREN iragaitça, etc. Bayonne, P. FAUVET (vers 1760) ». 16 lerro geroago « Par sa disposition typographique, son format, les caractères employés, ce volume rappelle tout à fait la dernière édition des Noëls d'Etcheberri (n° 15.i, p. 72) ». Berak argitzen digu, bada, « P. FAUVET (vers 1760) ».

BIBLIOGRAPHIE

5.1. Lehen mailako iturriak

ETCHEBERRI, J., 1627, Manual devotionezcoa, Bordelen, Gvillen Millanges Erregueren Imprimatçaillearenean, M.DC. XXVII.

––––––, 1645, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Bordelen, Gvillen Milanges

Erregueren Imprimatçaillea baithan.

––––––, 1665, Eliçara erabiltceco liburua, Bordelen, I. Mongiron Milanges Erregueren

Imprimatçaillea baithan.

––––––, 1666, Eliçara erabiltceco liburua, Bigarren aldian Imprimatua, Paven, Ioannes

Desbaratz Erregueren Imprimatçailea Baithan.

––––––, 1669, Manual devotionezcoa, Bordelen, I. Mongiron Millanges Erregueren Impri-

matçaillearenean, M.DC. LXIX.

––––––, 1697a, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Baionan, Maffre baitan, bosr

Cantognetan.

––––––, 1697b, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Baionan, Maffre baitan, bors

Cantognetan.

––––––, 1699a, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Baionan, Maffre baitan, bors

Cantognetan.

––––––, 1699b, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Baionan, Maffre baitan, bors

Cantognetan.

––––––, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Bayonan, P. Fauveten Imprimerian,

Carmessetaco aldean.

––––––, Noelac eta berce canta espiritual berriac, J. Fauvet, Imprimatcaillea baithan,

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 236

bortz-Cantoiñetan.

––––––, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Bayonan, P. Fauvet Imprimatcaillea baithan, Carmefen aldean.

––––––, Noelac eta berce canta espiritual berriac, Bayonan, P. Fauvet Imprimatcaillea baithan, Carmefen aldean.

NOELAC-en parteak :

Euskal Herria, 1886, « Inozentzen amen dolorearen gañean noela », XIV, 12. or.

Gure Herria, 1925b, « Artzainak Bethleemen », V, 708-710. or.

Gure Herria, 1926b, « Noelac »,VI, 46-48. or.

Gure Herria, 1926a, « Trufaniaco Erregeak », VI, 32-40. or.

Gure Herria, 1926c, « Andrerena Mariaren elizan sartzearen ganean », VI, 125-128. or.

Egan, 1955, « Eguberri-koplak », (nums. 5-6), 16. or.

Gure Herria, 1929b, « Joanes Etcheberri », 232. or.

5.2. Ikerketak

AKESOLO, L.,1970, Noelac eta berce canta espiritual berriac. Sociedad Guipuzcoana de Ediciones, S. Sebastian.

ALTUNA, P., 1981, Ioannes Etxeberri Zibvrvkoa, Manval Devotionezcoa, Edizio kritikoa, Real Academia de la Lengua Vasca-Euskaltzaindia y Ediciones Mensajero, Bilbao.

ATUTXA, I., Joannes Etcheberri Ziburukoa : Obraren berrirakurketa bibliografia eta testukritika. Doktore tesia. Prestatzen.

BLECUA, A., 1988 : Manual de critica textual, Editorial Castalia.

BONAPARTE, L. L., 1989, Eskuizkribuak-Argitarapenak, Katalogoak 1, Euskaltzaindia, Azkue Biblioteka.

COLLINS, V., 1894, Attempt at a Catalogue of The Library of the late Prince Louis-Lucien Bonaparte by Victor Collins. Henry Sotheran & Co.

DESGRAVES, L., 1971, Les livres imprimes a Bordeaux au XVIIe siècle, Centre de Recherches d'Histoire et de Philologie, Genève, Librairie Droz, 11, rue Massot.

––––––, 1972, « Les livres imprmés à Bayonne au XVIIe siècle », Bulletin de la Société

Sciences, Lettres et Arts de Bayonne. 379-382. or.

––––––, 1975, « Les livres imprimés à Bayonne au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société

Sciences, Lettres et Arts de Bayonne.161-178. or.

ETXENAGUSIA, K., 1981, Iparraldeko Euskal Idazleak, Labairu Ikastegia, Bilbo.

EUSKALTZAINDIA, 1992, Orotariko Euskal Hiztegia,VII Ere-Fa, Ediciones Mensajero, S. A. Editorial Desclée DE Brouwer, S. A., Bilbao.

GOMEZ, R. & LAKARRA, J. A. (arg.), 1992, Euskalaritzaren historiaz, I : XVI-XIX. mendeak, ASJU ren Gehigarriak 15, Donostia.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 237

HARISTOY, P., 1895, St Jean de Luz et Ciboure. Souvenirs hystoriques et révolu-cionnaires avec quelque pages sur le Pays Basque, Par m. Nicolai avocat a la cour d'appel de Bordeaux, Pau, Imprimerie Vignancour. S. Dufau. Imprimeur.

HORDAGO PUBLIKAPENAK, 1978., Manual devotionezcoa edo ezperen oren oro escuetan errabiltçeco liburutchoa. Etxeberri Joannes, Editorial Lur, Donostia.

KEREJETA, M. J., 1988 : « Oihenart S. Pouvreauren hiztegian », in Lakarra (arg.) 1988a, 35-73 or.

LABADIE, E., 1913, L'imprimerie bordelaise et les livres basques, Pau, G. Lescher-Moutoue, imprimeur, 11 rue de la Préfecture.

LAFITTE, P., 1931, Euskaldunen Lorategia, XVIgarren mendetik hunetako liburuetarik bildua. Lehen zatia (1645-1800), Baionan, Lasserre Liburutegian salgei, 20. Gam-betta karrikan.

––––––, 1967, « L'art poétique basque (Un inédit d'Arnaud d'Oyhénart) », Gure Herria.

LAKARRA J. A. : 1988a (arg.) : Hiztegiak eta testuak, EHU-aren Argitalpen Zerbitzua. Bilbo.

––––––, 1988b : « Testukritikaz : I. Stemmarantz », in Lakarra (arg.), 1988a. 103-139 or.

LARRAMENDI, M., 1853, Diccionario Trilingüe Castellano, Bascuence y Latίn, Nueva Edición publicada por don Pίo de Zuazua, San Sebastián.

––––––, 1984, El imposible vencido. ARTE de la lengua Bascongada, Editorial Amigos dellibro.

LEIZARRAGA, I., 1990, Iesus Christ gure Iaunaren Testamentu Berria, Kalendrera, ABC, Euskaltzaindia, Bilbo.

LHANDE, P. : 1926, Dictionnaire Basque-Français, Paris, Gabriel Beauchesne Editeur.

MICHEL, F., 1847, Proverbes basques d'Oihenart

ONAINDIA, S., 1954, Milla euskal-olerki eder, Karmeldar Idaztiak, Larrea-Amorebieta.

PEILLEN, T., 1983, Jusef Egiategi. Lehen liburia edo filosofo huskaldunaren ekheia. (1785). Euskaltzaindia. Bilbao.

PIERQUIN DE GEMBLOUX, C. Ch., 1858a, Histoire Litteraire, philologhique et bibliographique des patois, Paris, Auguste Aubry, Libraire editeur (nouvelle édition).

––––––, 1858b, Bibliographie basque. Hommage a son altesse Le Prince Louis-Lucien

Bonaparte.

RONCAGLIA, A., 1974, Principi e applicazioni di critica testuale, Universita’ Degli Studi di Roma, Facoltà di Lettere e Filosofia, Bulzoni Editore, Roma.

SORARRAIN, G. de, 1984, Catálogo de obras euskaras, Caja de Ahorros Vizcaína, Colec-ciόn bibliográfica, Serie Mayor, 3.

URKIZU, P., 1988, « Pierre d'Urteren hiztegia », in Lakarra (arg.) 1988a, 77-99 or.43

––––––, 1989, Pierre d'Urteren hiztegia. EUTG-Mundaiz, Donostia. 2 lib.

––––––, 1994, « Oihenarten Atsotitzak eta Poetika berrirakurriz ». IKER 8. Euskaltzaindia. Bilbo. 295-328. or.

UROTJIJO, J., 1909, « Las citas del Diccionario de Pouvreau », RIEV,III, 504-519. or.

––––––, 1910b, « Notes d'Oihenart pour le Vocabulaire de Pouvreau », RIEV,IV.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 238

VINSON, J., 1891, Essai de une bibliographie de la langue basque, Paris, 1891, Suple-ments et complements, Paris, 1898, Colección Bibliográfica, Serie Mayor 1* y 1** (respectivamente), Caja Ahorros Vizcaίna.

––––––, 1909, « Le Vocabulaire de Pouvreau », RIEV,IV.

––––––, 191 0b, « Notes d'Oihenart pour le Vocabulaire de Pouvreau », RIEV,V.

NOTES

1. Testu kritikari buruzko kontu guzti hauek gure hizkuntzan azaltzen ditu Joseba Lakarrak bere « Testukritikaz : I. Stemmarantz » artikuluan (Lakarra : 1988b). 2. Oraintsu, Patrizio Urkizuk itzuli du Oihenarten L'arte hau. Ikus 1994, « Oihenarten Atsotitzak eta Poetika berrirakurriz ». Iker 8. Euskaltzaindia. Bilbo. 295-328. or. 3. Gure ustez, datuok ez datoz bat jarraian azalduko dituenekin eta beste Etxeberri batez pentsatu beharko genuke. Patri Urkizu, garai hartako beste Etxeberri batez mintzo da. 1989an bere doktore tesia argitaratzen da Mundaizen Pierre d'Urteren hiztegia izenburupean. Liburu honen 33. orrialdean, « Protestantak Euskalerrian XVI-XVII. mendeetan » azpiatalean, honela dio : « Baina zer dakigu pertsonai guztiotaz ? Hona hemen aurkitu dudana kronologikoki emana. Jean ETXEBERRI, detchevery, chevery, La Rive, edo euskaldun ttipia (Le petit basque) deitua Donibane Lohizunen jaioa liburu saltzaile zen, edo honela aurkezten zuen bederen bere burua 1552. urte inguruan Figeac-en. ». Erreforma predikatzen ibili zen eta « hamar urtez, 1552-tik 1563-ra Quercy eta Revergue eskualdetako erreformaren zabaltzailerik sutsuenetarikoa izan zen.Genèven urte batez teologia ikasketak egin ondoren, Euskalerrian ikusiko dugu Basanafarroan, Donapaleun, hain zuzen ». 1578. urtean hil zen Luxeko gazteluan. Aurrerago honela dio Urkizuk (35. or.) : « Jean Etxeberri agertzen zaigu ere biztanleen liburu aipatuan honela ‘lundy 8 may 1559. Jehan dechebérry, escollier, natifz du lieu de S. Jehan de Lux près Bayonne’ ». Liburu aipatua P.F. Geisendorf-en Livre des habitants de Genève, T. I. 1549-1560, Genève 957, 202. or. da. P. Urkizu bera 1992ko beste artikulu batean, « Pierre D'Urteren hiztegia »ASJU Gehigarriak XV. 231-242. or., kontu berberera itzultzen da. 4. Gure ustez, kasu honetan Pierre Lafitte jaunak Haristoiren St. Jean de Luz et Ciboure. Souvenirs historiques et révolucionnaires avec quelque pages sur le Pays Basque liburua izan du iturri datuok emateko. Izan ere, honela dio Haristoik aipatu liburuan (1895 : 80-81) : « Curés connus de Ciboure... 1629... Martin Gastambide ; - de... a 1638, Jean d'Etcheverry ou Etcheverri. enfant de la paroisse. docteur en théologie, d'abord vicaire. puis cure. [...] 1638-1656. Jean de Haristeguy, enfant et vicaire de la paroisse, ... » 5. Inpresoreei dagokienez, derragun Manual devotionezcoaren bi edizio desberdinak Bordelen inprimatuak izan zirela. Ernesto Labadieren L'imprimerie bordelaise et les livres basques lana (1913) jarraituko dugu Bordeleko inprimatzaileoi buruzko zertzelada labur batzu emateko. Simon Milangesek moldiztegi haundi eta garrantzitsu bat kokatzen du Bordelen 1572. urteaz geroztik, baina 1623.era arte ez da moldiztegi honetan euskeraz idatziriko libururik aterako. Urte honetan bertan hil eta Jacques bere seme zaharrenari utziko dio bere moldiztegia. Aipatu lehen euskal liburua Etienne Materreren Doctrina Christiana-ren bigarren argitarapena da. Milangesdarren bigarren euskal argitarapena gure Joanes Etxeberriren Manual devotionezcoa da, 1627.ean. Dakigunez, liburu honek Gilen Milanges inprimatzailearen izena darama. Gilen hau Jacquesen ondotik etorri zen, 1625.ean, eta Gilen honen oinordeko Mongiron Milanges izango dugu, bere loba, 1650.ean. Mongiron Milanges da, izan ere, Manual- aren bigarren argitarapena plazaratuko duena 1669.ean.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 239

6. Bere Lehen liburia edo filosofo huskaldunaren ekhieia liburuan (1785. urtean argitaratua. Guk darabilgun argitarapena Txomin Peillenek prestatu eta Euskaltzaindiak 1983.ean argitaratua da. Orrialde aipamenak, beraz, edizio honi dagozkio.) Honela dio Egiategik 22. orrialdean : « Berze libiirii bat tritia diana Noelak ta berze Espiritual berriak, Baionan moldizkitatia, 1630. urthian, Joanes Etxeberri theologian dotoraren obra ; ber ezkiribazaliak egin du ere berze libürü bat, Hüskararen adretzaz, mintzo dena ». Txomin Peillenek ohar bat jarri du azken baiztapen honen segidan : « Hüskararen adretzaz ez du Etxeberri teologoak idatzi, baina Etxeberri medikuak, Larramendik, azken horren eskuidazkia eskuen artean eduki baitzuen » dioena. 7. Bere Arte (1984 : 374) eta Diccionario Trilingüe liburuetan (1853 : xxxi), bietan dugu Etxeberriren lehen liburu honen berri. Ez du jartzen, ordea, zein argitarapenez mintzo den. 8. Bere Histoire Litteraire liburuan (1858a : 7 gehigarrietan) Manual- aren berri izango dugu. Harritu egin gaitu aipatzen duen kontu batek. 1627.eko argitarapenaz mintzo dela, lehen atala in- f. itxurakoa dela dioen bitartean, bigarrena in-8-kotzat du. Ez ote ziren bi atalak batean argitaratu ? Gure ustez, Pierquin de Gembloux oker dabil eta bi aleak dira itxura berekoak. Bere Bibliographie basque liburuan (1858b : 7-8) ditugun datuak bat datoz aipatu dugun Histoire- ekoekin . Baionako Euskal Museoan lortu ahal izan ditugu Pierquin de Gembloux-en bi liburuok. Lehena, 1841. urtekoaren berrargitarapen bat da ; oso ongi gorde da urteetan zehar eta ez du orririk falta eta denak daude bere osotasunean. Bigarren liburua, aldiz, separata bat da. Azalak falta ditu eta norbaitek beranduago, kartulinaz berregin ditu. Aurreko azalean, erako aldean, eskuz idatziriko titulua eta gainontzekoak ageri dira ; itzuliko aldean, beste eskuz idatziriko lerro hauek ditugu : « La brochure donnée au Musée basque est une avec pagination spéciale, de l'ouvrage suivant : Histoire littéraire, // philologique // et // bibliographique // des Patois // et de l'utilité de leur étude // par // Pierquin de Gembloux Nouvelle édition // suivri de la Bibliographie générale des phonopolismes basques.// Paris // Auguste Aubry, libraire-éditeur//rue Dauppine 16 // 1858. [in-8, 339 pages, imprime a Bourges, chez P. A. Manceron] Pierquin de Gembloux. ne en Belgique. après avoir fait ses études de médicine en France. fut medecin d'un hôpital a Montpellier. puis il entra dans l'Université et devint inspecteur d'Académie à Macon, puis a Bourges. Polygraphe abondant. il a écrit pour beaucoup de……, livres et articles (médecine, archeologie, histoire, liguistique) 7 III.1933 Louis Lacrocq président de la société des sciences archiologiques de la……. » 9. Honela dio Proverbes basques d'Oihenart-en (1847 : xl) : VII. Manual devocionezcoa, edo ezperen, oren oro escuetan erabilltçeco liburutchoa. Escarazco versutan eguiña, eta guztia bi partetan bereçia... Bordelen, Guillen Millanges, Erregueren imprimatçaillearenean. M.DC.XXVII. (Munuel de dévotion, ou le petit vade-mecum de tout le monde, fuit en vers basques et divisé en deux parties... Bordeaux, Guillaume Millanges, imprimeur du roi, 1627.) ln-8° de 138 pages, signées A-K, précédées d'un feuillet contenant le tritre ci-dessus, et suivies d'un feuillet blanc. La licencia viairii generalis qui se trouve sur le recto du feuillet A, porte : « ...manualis, Cantabrico carmine a Ioanne Etxheberri Doctore theologo compositi... » cette licentia est signée M. D'OIHARARD, vicarius generalis. La première partie de cet ouvrage renferme, en vers de huit syllabes, les principaux mystères de la vie de Jésus-Christ ; la seconde partie, également consacrée à des sujets de piété, est en grand vers de quatorze syllabes. Elle est intitulée : Bigurren luburiiu guiristinoac erran behar lituzqueen othoitcez... Bordelen, Guillen Millanges Erregueren Imprimatçaillearenan. M.DC.XXVII. (Deuxième livre des prières que le chrétien devrait lire... A Bourdeaux, chez Guillaume Millanges. imprimeur du roi, 1627.) De 208 pages, le titre compris ; puis viennent quatre feuillets contenant la table des deux parties. La seconde porte les signatures A-N, et la table la signature O.

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 240

Oker dago Michel jauna lehen ataleko bertsoak zortziko eta bigarrenekoak hamalau silabatakoak direla baieztatzen duenean, 15 silabatakoak baitira liburu osokoak. Michelen Le Pays basque liburuan ere (1857 : 487-8) Manual- aren lehen argitarapenaren aipamen berbera dugu. Bietan dio lehen argitarapen honen berria Aita Larramendirenetik jaso duela, baina azken hau izenburuen aipamenetan gelditzen da gehienetan. Les proverbes basques-en ere (1847 : xlvj) bigarren argitarapenaren berri dugu. Bordelen, J. Mongiron Millangesenean inprimatua, in 8° itxurakoa dela diosku. 10. Bere Catálogo de obras euskaras liburuan ere (1898 : 46-47) aurkitu ahal izango dugu Etxeberriren liburu honen aipamenik. Vinson jauna jarraitzen duelako susmoa dugu, ordea, eta bildu dituen datu guztiak Essai...-n aurkitu dituela. 11. Louis Desgravesek, bere Les livres imprimés a Bordeaux au XVIIe siécle liburuan, Manual devotionezcoa- ren bi argitarapenen berri dakar. 1627. urteko argitarapena bere liburuko 588. zenbakidunari dagokio (1971 : 92), erakusten diguna aipamen bibliografikoa besterik ez dela. Vinsonen Essai :...-n edan du eta ale bat Pariseko Bibliothèque National-en dagoela dio (D. 33.877). 1.346. zenbakia duen aipamenean aurkituko dugu 1669.eko argitarapenaren berri. Kasu honetan ere, Vinsonen Essai...-n edan du eta Bordeleko Herri Liburutegian ale ezoso bat dagoela esaten zaigu (PF. 16.185 Rés.). 12. « Euskal klasikoak » bilduma argitaratzen hasi zen Hordago Publikapenak etxea 1978.ean, eta Joanes Etxeberriren Manual devotionezcoa dugu bilduma honetako lehen liburua. Honako hau litzateko aipamen bibliografikoa : HORDAGO PUBLIKAPENAK, 1978, Manual devotionezcoa edo ezperen oren oro escuetan errabilltçeco liburutchoa. Etxeberri Joannes, Editorial Lur, Donostia. 13. Hona hemen bere aipamena : "XVI. L'anné suivante (1666.a), parut a Pau un volumen in-24, sous le titre d'Eliçan erabilceco liburia (Livre qu'on doit porter dans l'eglise) ; nous ne le connaissons que par la citation fautive qu'en t'ait le Mithridates." Aipamen honek argi erakusten du Etxeberri Ziburukoaren hirugarren liburu hau oso ezezaguna eta aurkitzen oso zaila izan dela. 14. Zehaztasun gehiagotarako ikus Atutxa 1999, Eliçara erabiltceco liburua ri eskainitako kapituluan. 15. Ikus, hemen ere, Atutxa 1999, Eliçara ren kapitulua. 16. Joseba Lakarrak dioenez (1988b : 120) « testua gureganaino irits dakiguke a) zuzenean edo zeharka, b) eskuizkribuz edo inprimaturik eta c) lekukotasun bakarrean edo gehiagotan ». 17. Aita Larramendiren jarraitzaile dugu Fl. Lécluse : honek bere Euskal Gramatikan (Lakarra 1987 : 843) honela dio : « Le peu de livres imprimés en basque, qui soient parvenus a la connaissance de ce savant jésuite — Larramendi —, se réduit aux suivants : [...] 4° Noëls, et autres nouveaux Cantiques spirituels, par Jean Etcheberri, docteur en théologie ; Bayonne, 1630, in-12 ». 5° Autre volume du même auteur, sur le même sujet, intitulé : Manuel de dévotion ». 18. Baionako artxiboek, 1636.az geroztik, Maffre liburudenda baten aipamena dute ; litekeena da Maffre hau Bordeleko Milangesdarren ordezkaria izatea, 1620. urtean Baionako hiriari liburudenda baten alokairua or-daintzen zioten Milangesdarrena ; Jean Maffre, hauen artean. Salerosle-liburusaltzaile izan zen Salie-n, Port-de-Castets edo Pont-Magou kalea, egoera zibilaren akten arabera ; Bost Cantoñetan, bere izena daramaten liburuene-ra (Etxeberriren Noelac, 1697 eta 1699.eko argitaraldiak). 1705.eko abenduaren 27an hil zen. 7 seme-alaba izan zituen. Beraietariko bat, Saubade, aitaren jarraitzaile izango duguna, 1669.eko irailaren 28an jaio eta 1715eko abenduaren 9an hila. 1707.eko otsailaren 28ko Kontseilu Erabaki batek zera dio, Arnaud Verdier-Maffre liburusaltzaile besterik ez dela izango. 1742.ean Forest jaunari saltzen dizkio funtsak, honek bere enplegatuetariko bat (Jean François Trebosc) bidaltzen duelarik postuaren kargu egitera. Fauvetdarrak ez datoz bat erabaki honekin enplegatu hau inolako aprendizko gabea zela uste

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 241

baitzuten. Prozesuaren datuen arabera, Verdier-Maffreren denda Pont-Mayou kalean, Jean Fauvetena Orbe edo Vieille-Monnaine kalean eta Fauveten alargunarena Orbe kale horretan, kantoian, Karmeldarrengandik hurbil, daude. Jean François Trebosc-ek Bancel delako baten esku uzten ditu bere funtsak Iraultzaren garaietan. M. Gosse izan zen Bancel honen ondorengo eta M. Mocodiain M. Gosse honena. Patentea ordaintzen zuten inprimatzaile eta liburusaltzaileek izaten zituzten eskubideak zirela medio, zeloak ugaritu egiten ziren behar ez zen kontrabandoa sortuz. Fauvet-darren artean ere istilu ugari sortu ziren, hain ziren nabarmenak konpetentzia eta konkurrentzia. 1767.eko ediktuaren ondorioz, beste laugarren liburusal-tzaile plaza berria eratzen da Baionan. Lau plazok Trebosc, Paul Fauvet-Duhart, Pierre Fauvet eta Thomas Dhiribarrenen esku izango dira. 1766.az geroztik, Jean Cluzeau liburusaltzailearen izena aurki genezake egoera zibilaren aktetan. Dhiribarrenekin elkartu zelako ? Bere ondorengoa izan zelako ? Zena zela, hurrengo urteetako aktetan liburusaltzaile, inprimatzaile eta koadernatzaile gisa agertzen da. Bere semeek jarraitu zuten aitaren lanarekin. 19. Fauvetdarren artean Antonio da ezagutzen dugun lehena. 1652. urtearen inguruan jaioa, oso gazte etorri zen Baionara eta 1667.az geroztik Baionako hiriak inprimatzaile soldata ordaintzen dio. 100.ean hiltzen da eta berak utzitako tokia Paul Fauvet bere semeak hartzen du 1700.eko maiatzaren 24an. 1704.eko uztailaren 21eko Estatu Kontseiluaren Erabaki batek Baionako inprimatzaile kopurua bitan jartzen du eta bigarren plaza hau Etienne Labottierek hartzen du. 1725ean, uzten duenean, Paul Fauvet eta bere seme Jeanek eskatzen dute, eskaera onartua delarik. Paul zaharra 1736.eko azaroaren 16an hil zen. 20. Paul Fauvet hiltzen denean bere ondasunak bere alargunari uzten dizkio ; honek bere seme Jeanekin bat egin zuen ondasun horien hustiakuntzarako. Jean Fauvet 1760.eko apirilaren 8an hil zen ; beraz, edizio hau 1731-1760 urte bitartean kokatu beharko genuke. 21. Jean Fauveten anaia, Pierre Fauvet, Bordelen De la Court-ekin lan egina zena, bi aldiz izaten da hartua inprimatzaile-liburusaltzaile gisa ; 1737.eko ekainaren 7an bere aitaren tokian, eta 1757.eko abenduaren 23an bere amarenean. Anne Bouderekin ezkondua, besteak beste, Pierre Hyacinthe Fauvet semea izan zuten, 1731 eko martxoaren 27an jaioa eta geroago bere aitaren tokia hartuko zuena, Fauvet gaztea izenez. Litekeena da bere ama eta anaiarekin batera lan egitea 1757.erarte, orduan baizik ez zuela bere moldiztegi-Iiburudenda izango. Jean Fauvet 1760.eko apirilaren 8an hil zen eta bere seme Paulek jarraitzen du bere tokian, 1760.eko irailaren 15ean errege patentea lortu eta urriaren 6an dagielarik zin. Fauvet-Duhart edo Duhart-Fauvet izena jartzen du 1764.eko ekainaren 12az geroztik, ezkondu zen egunaz geroztik alegia. Inprenta berria ireki zuen Karmeldarren elizaren aldamenean, Tanneries kalean. 1791 .eko urriaren 3an hil zen eta bere seme Pierre-Armand-Joseph-Pascalek, 1776.eko uztailaren 29an jaioa, hartzen du bere tokia. 1777. urteko inprimatzaileen Estatu orokorrean Baionan bi inprimatzaile daudela esaten da, Paul Fauvet eta Pierre Fauvet. Pierre Fauvet edo Fauvet gaztea, eliz barrutiko inprimatzailea, ez dirudi lan gehiegitan zebilenik. 1781 -.eko apirilaren 22an hil zen. Bere etxea, une batez, bere anaia Paulek zuzendua da, Pierreren tokia bere seme Pierre-Hyacinthek hartzen duen arte. 22. Honen bi lan aipatu nahi genituzke. « Les livres imprimés à Bayonne au XVII e siècle », lehena, eta « Les livres imprimés à Bayonne au XVIII e siècle », bigarrena. Bi izenburuok ikusita, gogoz ekin genion irakurketari baina, tamalez, ez genuen ezer berririk aurkitu. Agian, ez dena bilatzen ihardun dugulako. Esaterako, aipatu lehen lanean 1972 : 382) Vinsonen bibliografian agertzen diren 15c, 15d eta 15e argitarapenen berri ematen zaigu, 1697.ekoa lehena eta 1699.ekoak hurrengo biak. Argi uzten du berak ere « d'après Vinson » egin dituela bere aipamenak. Izan ere, transkribaketa hutsen bat salbu, hitzez hitz dagokio

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 242

Vinsonen azalpenei. « Les livres imprimés à Bayonne au XVIII e siècle » lantxoan (1975 : 176), XVIII. mendean Bayonan agertu ziren Noelac- en edizioen berri aurkituko dugu (Vinsonen 15f, 15g, 15heta 15i). Kasu honetan ere, Vinsonen lanetik hitzez hitz hartutako datuak. 23. Zeharkako tradizioa diogunean, Alberto Blecuaren hitzak ditugu gogoan (1988, 38) : « Un texto ha podido llegar hasta nosotros a traves de uno o mas testimonios, en tradicion directa o en tradicion indirecta, es decir en citas de otros autores, fragmentos, en antologias, en refundiciones, en traducciones, etc. y en forma manuscrita o impresa, o en ambas a la vez ». 24. lkus beza, nahi duenak, honetarako Atutxa 1999, Noelacen zeharkako tradizioari eskainitako atala. Lortu ditugun emaitzak ere ez dira adierazkorrak, aipatzen dugun kasu batean salbu. 25. Joseba Lakarrari jarraiki (1988b : 124), zera aipa dezakegu : « Benetako edizio kritikoa egiteko lekukotasun guztien biluzketa nahita nahiezkoa du argitaratzaileak, eta hori aurretik edizio kritiko anitz izan arren, usu ez da lan guzti horrekin gehiegi aurreratzen baina oinarrizko araua dugu. » 26. Inolako izenbururik, kapitulurik, plekarik edo bestelakorik agertzen ez diren orrialdeak dira kontuan hartu direnak lerroak zenbatzeko. Testu normalez osotutako lerroak, beraz. 27. Kontuan izan behar dugu 15b argitarapena ez dela 240. orrialdean amaitzen, jarraian aurkibidea baitator 251. orrialderaino. 28. Etxeberriren hiru liburu inprimatuen lekukotasun desberdinen biluzketak eragindako aldaeren zerrenden berri nahi duenak jo beza Joannes Etcheberri Ziburukoa. Obraren berrirakurketa bibliografikoa eta testu kritika lanera (Atutxa 1999). 29. Bi bertso lehenagoko ‘Barkha'ren eraginez, dudarik ez. 30. Edizio honetako azken ‘e’ak ia ‘c’ ematen du, hau da ‘azkenençat’. Hori horrela izanik, Gk H irakurri izan zuela suposatuz gero, logikoa da Gren irakurketa ‘azkenençat’, egin duen gauza bakarra zera baita, ‘c’ hori ‘ç’ bihurtu, behar bezala. 31. « Sibyllen prophetia generalen gañean » du izenburu ahapaldi honek. 32. Humeak zortzigarren egunean zirkutzisatzeko ohituraz ari zaigu Etxeberri. 33. 15E edizioan, lau bertsotako ahapaldi honetako lehena ('Aitaren aitciñean') aurreko ahapaldiari itsatsia dago ; honela aurreko ahapaldiak bost bertso ditu eta honek hiru : Salvatore egunean Igan ciñen Cerura, Iviatcera ethorrico Care berriz mundura Aitaren aitciñean, O lainco Semea, arren Caren ene ararteco Herstura, eta menean. 34. Etxeberriren liburuetako bertsoak, maiz, liburu bat baino gehiagotan errepikatuak agertzen zaizkigu. Kasu honetan, MAN2, 50, 1205 eta ELIC 54, 1.085 : ‘Burlaz çutela Meſſia berreguindu foñetic'. 35. CD : aurreko orrialdeko deia ‘Augulloren’ da. 36. C1 : Aurreko orrialdeko deia, aldiz, ‘Auguſtoren’ dugu. 37. F : Aurreko orrialdeko deia ere ‘Auſloren’ da. 38. 15h eta 15i edizioetan tartea nahiko txikia da. 39. 'r’ hau oso gutxi ikusten da eta ‘i’ baten antza duela ematen du 15h edizioan. 40. Bi bertso geroago ‘aurkhitu'ren ondorioz, ziurren. Ahapaldi osoak honela dio : Azkenean aurquituric / Templuan ciren ſarthu Eta han çuten / Dotorequin aurkhitu Ikus, bestalde, ‘aurquituric’ eta ‘aurkhitu’ hiru lerroren buruan. 41. Aurreko bertsoa ‘Moian billatu ciren.’ dugu. 42. 1760.ekoa Gure Herriaren arabera (1925 : 708-710). 43. Artikulu berbera argitaratzen da lau urte geroago. Aipamena : « Pierre d'Urteren hiztegia », in Lakarra (arg.) 1992,231-242. or.).

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999 243

INDEX

Thèmes : littérature, philologie Index chronologique : 18e siècle Mots-clés : écrivain classique, Etcheberri de Ciboure Ioannes, littérature basque

AUTEUR

ISAAC ATUTXA

Deustuko Unibertsitatean dotoregaia [email protected]

Lapurdum, Numéro Spécial 1 | 1999