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IIISTOIRE DES ET DE LA ROMANITÉ ORIENTALE PAR N. IORGA PUBLIÉE PAR L'ACADEMIE ROUMAINE VOL. x LES REALISATEURS DE L'UNITE NATIONALE SUIVI D'UN TABLEAU CHRONOLOGIQUE DES EVE- NEMENTS DES TROIS REGNES (1866-.1940 13UC AR ES T ''945 HISTOIRE ROU.-NiAINS ET DE LA ROMANITE ORIENTALE PAR N. IORGA PUBLIÉE PAR L'ACADÉMIE ROUMAINE VOL. x LES RÉALISATEURS DE L'UNITÉ NATIONALE SUIVI D'UN TABLEAU CHRONOLOGIQUE DES EVÉ- NEMENTS DES TROIS RÈGNES(1866-1940 PAR N. A. CONSTANTINESCU BUC A R ES T 1 9 4 5 N. Iorga VOLUME X LES RÉALISATEURS DE L'UNITÉ NATIONALE LIVRE PREMIER L'EFFORT POUR L'INDAPENDANCE CHAPITRE I LE CONFLIT AVEC LES PUISSANCES GARANTES En février 1866, les con.suls, qui voulaient se donner des airs de surveillants et de conseillers préts aux remontrances, furent surpris, malgré toutes leurs prévisions répétées, par le coup d'Etat contre Alexandre Jean I-er, que les Puis- sances considéraient alors comme le seul pouvant gouverner cette Roumanie d'où leur étaient venus tant de soucis. Alors que, devant la proclamation rédigée dans un style gonflé jusqu'au ridicule, le public de Bucarest, qui plus d'une fois par ses marchands et ses corporations s'était incliné de- vant le premier prince de la Roumanie unie, et maintenant restait impassible devant le violent changement, accompli par des hommes sans autre popularité que celle du clubrouge », on voyait s'installer unelieutenance » avec le général Go- lescu, qu'on avait presque oublié pendant les dernières an- nées, le colonel Hai alambie, qui ne s'était jamais distingué en rien, et, comme représentant de la Moldavie, Lascar Ca- targiu, un étranger à Bucarest. Les ministres étaient Jean Ghica aux Affaires étrangères et à la présidence, Démètre Ghika l'Intérieur, l'habile financier Pierre Mavrogheni (qui sera plus tard le chargé d'affaires de Michel Sturdza dans le pays) aux Finances et, aux Travaux publics, Démètre A. Sturdza, qui, représentant Lascar Catargiu dans la régence, avait aidé au complot contre son parent. Le ministère devait 'are com- plété par Constantin A. Rosetti, aux Cultes, Jean Cantacu- zène, a la Justice, secrétaire de lalieutenance » et chef des corispirateurs, Leca, A. la Guerre, tandis que Salomon, prét 8 L'EFFORT POUR L'INDgPENDANCE à un mouvement armé, donnait sa &mission 1. Les représen- tants des Puissances protectrices s'intéressèrent, avec un em- pressement qui leur fait honneur, au sort de celui qui était tombé. Pendant que, dans les Corps législatifs, on acclamait Philippe I-er 2,et qu'on enlevait brutalement leblason d'Alexandre I-er, le foulant aux pieds, le consul de France Tillos, sans attendre la décision du Gouvernement provisoire, alla chercher Cuza dans le lieu de son premier emprisonne- ment. II trouva le prince fermement décidé h. ne pas revenir sur l'acte d'abdication, demandant seulement qu'on lui laisse la route libre pour recourir h l'hospitalité d'un pays étranger quelconque 3 Au général Haralambie, k qui, en recevant ces lignes, le sang du monter k la figure, Cuza, # l'arrété >>, écrivait ceci: # Vous savez que le principe proclamé par les Corps de l'Etat a été et demeure mon but; car, suivant leur opinion, un prince &ranger peut seul assurer l'avenir de la Roumanie; je crois inutile d'ajouter que si, en ma qualité de souverain de Roumanie, j'ai toujours travaillé pour la réalisation de ce vceu, de méme, comme prince roumain, je ne manquerai pas un instant de faire, en ce sens, tout ce qui dépendra de moi... Vive la Roumanie » 4. On ne permit pas aux autres consuls de voir le prison- nier 5. Eder reçut la méme réponse, pleine d'un sentiment de dignité supérieure et d'un incomparable esprit de sacrifice. # Ce que veulent ces messieurs » disait-il, # un prince &ranger, je le veux moi aussi. Je l'ai toujours voulu. Et j'ai travaillé dans ce but, mais avec plus d'intelligence qu'on ne le fait maintenant. J'ai cru qu'il fallait attendre le moment pro- pice » 6. Il ajouta seulement que, par ce qu'on vient d'ac- ' Henry, L'abdication du prince Cuza, p. 175, n° 48. 2 Pour sa candidature en 1857, ibid., p. i81 et suiv. 8 Ibid., pp. 174-175, 176-177. 4 D. A. Sturdza, Charles I-er, I, p. 2. 5 Henry, ouvr. cité, pp. 174-175. a¡bid., pp. 178-179. Fig.r. Le Comte Phaippe de Flanare. z z. Le general Haraiamb. CONFLIT AVEC LES PUISSANCES 9 cornplir, une voie est ouverte vers le commissaire turc et vers la «camacamie » des derniers temps 1. Le 14/26 du méme mois partait, au-delà de la frontière, à l'insu de tous, et gardée par des soldats, la voituie de celui qui ne devait jamais plus fouler le sol de la patrie qu'il avait créée 2 Aux si belles paroles de celui qui était ainsi chassé, on répondit par l'acte du 4 mars, qui présentait aux agents de l'étranger, pour qu'ils le communiquent à qui ils le juge- raient nécessaire, ce règne fini, comme une série d'abus, de violations de la justce, de dilapidations, le rendant respon- sable d'avoir compromis tous les partis, toutes les personna- lités, en arrivant humilier et à déshonarer la nation aux yeux de l'Europe », sans rien mentionner des grandes chases qui avaient été réalisées. On leur faisait aussi connzitre l'es- poir du pays que lui soit accordé enfin ce prin.ce étranger désiré dès le début 3. Jean Ghica s'adressait séparément k Gladstone, avec les arguments économiques qu'il croyait utiles 4. Dès le 24 février, le comte de Flandre avertissait par télégramme n'acceptait pas la couronne arrachée à celui qui y avait droit et, pour qu'on ne parle plus de lui, il partait pour un long voy2ge en Italie 5. Le ministre des Affaires étrangères de Belgique communiquait du reste à Paris que le prince qui n'avait pas été averti officiellement I s'étaii montré très peu flatté qu'on ait pensé à lui pour succéder au prince Cuza 6 . Du reste, de tous côtés, on se montrait disposé à faire réunir l'assemblée prévue par le Traité de Paris, E..fin de résoudre la question rouverte par les auteurs de l'attentat 7. Tillos réapparut pour déclarer qu'il reconnaissait Cuza pour maitre légitime du pays ; ibid., p. 179. 3 Napoléon refusa de le recevoir... ; ibid., p. 247, n° 141. 3 Ibid., p. 3 et suiv. Et dans # Treizeci de ani de Domnie a lui Carol I », I, k cette date. 4 Charles I-er, p. 32 et suiv. 6 Henry, ouvr. cité, p. 185, n° 6r. Notification du ministre des Affaires étrangères belge, dans D. A. Sturdza, Charles I-er, I, p. 3. 6 Henry, ouvr. cité, n° 63. Cf. aussi ibid., p. x86, n° 63. 7 Ibid., p. 184, n° 58; p. x86 et suiv. 3 o L'EPPORT POUR L'INDRPENDANCE Il avait été question d'abord de se réunir h. Constantinople, mais on préféra ne pas fixer le lieu 1 En cas de troubles, on parlait aussi de faire intervenir les troupes turques, ac- compagnées par descommissaires des Puissances 2. Flatté de l'élection, qu'il aurait acceptée, d'un parent du prince con- sort Albert, Clarendon, malgré cette intervention, se montrait particulièrement favorable au pays qu'il continuait d'appeler <des Principautés O. Il était, naturellement, peu disposé à admettre comme prince étranger le Duc de Leuchtenberg, # un prince italien >>, ou méme le duc de Cobourg 4. D'un côré, la Turquie demandait avec insistance qu'on applique les clauses de 1859, avec son intervention, au moins diplomatique à Bucarest, de l'autre, Clarendon se rappelait, tout en prévoyant l'opposition de la Russie, le projet français de céder les Principautés h l'Autriche, en échange de Venise qui serait rattachée h. la nouvelle Italie 5. Selon la proposition d'Etienne Catargiu, combattu par Emmanuel Costachi, on envoyait h la Porte un mémoire moldave demandant la sé- paration des deux Principautés 6. Aussitôt pour parer h ce danger, on avait envoyé corrune représentatants simultanément de la Lieutenance princière et des Assemblées, Emmanuel Costachi, Costaforu et Ale- xandre Golescu, h Constantinople, Basile Boerescu, Steege et un troisième à Paris 7, ayant aussi la mission de se pré- 1 ¡bid., p. 187, n° 66. 2 Ibid. 3 Ibid., pp. 188-189; p. 190, n° 69; pp. 191-192. On n'admettait pas les passeports délivrés sous le nom de Philippe I-er ; ibid., pp. 188-189, 190, n° 69. 4 Ibid., p. 192. 5 Ibid., p. 197, n° 77. Cf. Riker, P. 5o7 et suiv. Plus récemment, Srbik, La convenzione secreta tra l' Austria et la Francia del 12 giugno x866, dans Rivista storica italiana, 31 dec. 1938, p. 1 et suiv. 6 Riker, The making of Roumania, p. soz ; Henry, ouvr. cité, P. 218 et suiv. 7 Charles I-er, p. 9 et suiv. Ils avaient eu aussi la mission de se réunir officiellement k Bruxelles pour offrir le treone à Philippe de Flandre. Ce qui fut fait, après le refus du prince, qui fut gar& secret pour les Roumains le 16-28 mars; ibid., p. 54. La réponse du ministre belge Rogier ; ibid., p. CONFLIT AVEC LES PUISSANCES I I senter devant la Conférence. On leur adjoignit ensuite Jean BrAtianu, et, comme remplaçant éventuel, Scarlat Facoianu 1 Mais alors surgit la menace du conflit armé entre la Prusse et l'Autricheet de l'entrée en guerre de Mahe 2. Ainsi l'Autriche n'osa pas appuyer les Turcs dans leur vo- lonté de rompre l'Union.