Marguerite De France (1553-1615)

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Marguerite De France (1553-1615) Marguerite de France (1553-1615) Pour les articles homonymes, voir Marguerite vie culturelle de la cour, en particulier après son retour de France, Marguerite de Valois et La Reine Margot d'exil en 1605. Elle fut un vecteur de la pensée néoplato- (homonymie). nicienne qui prône notamment la suprématie de l'amour platonique sur l'amour physique. Marguerite de France Au XIXe siècle, sa vie a donné naissance au mythe de la Reine Margot, d'après le surnom que lui a donné Portrait de Marguerite de France (vers 1573). Alexandre Dumas dans son roman. Titres Reine de France 2 août 1589 — 17 décembre 1599 1 La jeunesse d'une princesse (10 ans, 4 mois et 15 jours) Reine de Navarre Née au château de Saint-Germain-en-Laye, elle est le sep- tième enfant de Henri II et de Catherine de Médicis. Trois 18 août 1572 — 17 décembre 1599 de ses frères sont devenus rois de France : François II, (27 ans, 3 mois et 29 jours) Charles IX et Henri III. L'une de ses sœurs, Élisabeth Reines de France de France, fut la troisième épouse du roi Philippe II d'Espagne ; l'autre, Claude de France, fut la femme du Marguerite de France ou Marguerite de Valois, dite duc Charles III de Lorraine. Elle est baptisée dans la re- la reine Margot, est une princesse de la branche dite ligion catholique et reçoit pour marraine sa tante pater- de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne, née le 14 nelle, la princesse Marguerite de France, future duchesse mai 1553 et morte le 27 mars 1615. de Savoie (d'où le choix de son prénom) et pour parrain Par son mariage avec Henri de Navarre (futur roi de le prince de Ferrare Alphonse II d'Este. France Henri IV), elle devint reine de France et de Elle a peu l'occasion de connaître son père, mortelle- Navarre lors de l'accession au trône de son mari dont elle ment blessé lors d'un tournoi en 1559. Avec sa mère, elle fut démariée en 1599. Elle était la fille du roi Henri II et entretient des rapports distants, éprouvant pour elle un la sœur des rois François II, Charles IX et Henri III. mélange d’admiration et de crainte. Elle est principale- Son mariage qui devait célébrer la réconciliation des ca- ment élevée avec ses frères Alexandre, duc d'Anjou (le fu- tholiques et des protestants fut terni par le massacre de la tur Henri III) et le dernier-né Hercule (ensuite renommé Saint-Barthélemy et la reprise des troubles religieux qui François), duc d'Alençon puisque ses sœurs partent égale- s’ensuivirent. ment en 1559 se marier à l’étranger. Lorsque Charles IX Dans le conflit qui opposa le roi Henri III aux monte sur le trône à la mort de François II en 1560, elle Malcontents, elle prit parti pour François d'Alençon son vit à la cour de France au côté de ses deux frères aînés, frère cadet. Sa participation aux complots de la cour lui ainsi que du jeune Henri de Navarre. Elle est présente aux valut l'aversion profonde du roi qui l'assigna longtemps à États généraux de 1560 au côté de Renée de France, du- résidence à la cour. chesse de Ferrare, fille du roi Louis XII. Elle accompagne également le roi durant son grand tour de France de 1564 En tant qu'épouse du roi de Navarre, elle joua également à 1566. un rôle pacificateur dans les relations orageuses entre son mari et la monarchie. Ballotée entre les deux cours, elle Elle entretient d'abord d'excellents rapports avec ses s’efforça de mener une vie conjugale heureuse mais la sté- frères (à tel point que des rumeurs feront par la suite rilité de son couple et les tensions politiques propres aux état de relations incestueuses avec Henri et François — guerres de religion eurent raison de son mariage. Malme- voire Charles). C'est ainsi que lorsque Henri part en 1568 née par un frère ombrageux, rejetée par un mari léger et prendre le commandement des armées royales, il confie opportuniste, elle choisit en 1585 la voie de l'opposition. à sa sœur âgée de 15 ans la défense de ses intérêts au- Elle prit le parti de la Ligue et fut contrainte de vivre en près de leur mère. Ravie de cette mission, elle s’en ac- Auvergne dans un exil qui dura vingt ans. quitte consciencieusement mais, à son retour, il ne lui en témoigne aucune gratitude. C'est du moins ce qu'elle ra- Femme de lettres reconnue, esprit éclairé, mécène extrê- conte dans ses mémoires qu'elle rédige à partir de 1594[1]. mement généreuse, elle joua un rôle considérable dans la Entre-temps, une idylle est née entre la princesse et 1 2 2 LES NOCES VERMEILLES clarté de la sienne brusle tellement les esles de toutes celles du monde, qu'elles n'osent ni ne peuvent voler, ny compa- restre à l'entour de la sienne. Que s’il se treuve quelque mes- créant qui, par une foi escarse, ne veuille donner creance aux miracles de Dieu et de nature, qu'il la contemple seule- ment : son beau visage, si bien formé, en faict la foy ; et diroit on que la mere nature, ouvriere très parfaicte, mist tous ses plus rares sens et subtilz espritz pour la façonner. Car, soit qu'elle veuille monstrer sa douceur ou sa gravi- té, il sert d'embrazer tout un monde, tant ses traicts sont beaux, ses lineaments tant bien tirez, et ses yeux si trans- parans et agreables, qu'il ne s’y peut rien trouver à dire : et, qui plus est, ce beau visage est fondé sur un corps de la plus belle, superbe et riche taille qui se puisse veoir, ac- compaignée d'un port et d'une si grave majestée, qu'on la prendra tousjours pour une deesse du ciel, plus que pour une princesse de la terre ; encore croist on que, par l'advis de plusieurs, jamais deesse ne fut veue plus belle : si bien que, pour publier ses beautez, ses merites et vertus, il fau- droit que Dieu allongeast le monde et haussast le ciel plus qu'il n'est, d'autant que l'espace du monde et de l'air n'est assez capable pour le vol de sa perfection et renommée. Davantage, si la grandeur du ciel estoit plus petite le moins du monde, ne faut point doubter qu'elle l'egaleroit. » Marguerite (vers 1560). [...] « Bref, je n'aurois jamais faict si je voulois descrire ses parures et ses formes de s’habiller auxquelles elle se mons- Henri de Lorraine, duc de Guise, l'ambitieux chef de troit plus belle ; car elle en changeoit de si diverses, que file des catholiques intransigeants. Les Guise étant par- toutes luy estoient bien seantes, belles et propres, si que la tisans d’une monarchie placée sous la tutelle des Grands nature et l'art faisoient à l'envy à qui la rendroit plus belle. et préconisant des mesures radicales contre les protestants Ce n'est pas tout, car ses beaux accoustrements et belles (soit l’opposé de ce que souhaitent les Valois), une union parures n'osarent jamais entreprendre de couvrir sa belle est absolument inenvisageable. La réaction de la famille gorge ny son beau sein, craignant de faire tort à la veue du royale est donc très violente, d’autant que des négociations monde qui se paissoit sur un si bel object ; car jamais n'en matrimoniales sont en cours. Cet épisode est peut-être à fust veue une si belle ny si blanche, si plaine ny si char- l'origine de la « haine fraternelle durable »[2] qui s’établit nue, qu'elle monstroit si à plain et si descouverte, que la entre Marguerite et son frère Henri, ainsi que du refroi- plupart des courtisans en mouroient, voire des dames, que dissement, non moins durable, des relations avec sa mère. j'ay veues, aucunes de ses plus prives, avec sa licence la Le duc de Guise est le premier d’une longue série baiser par un grand ravissement. » d'amants prêtés à Marguerite. La princesse a reçu une Recueil des dames (I, V, « Sur la reine de France et de éducation soignée et possède toutes les qualités pour Navarre, Marguerite ») briller à la cour, à commencer par son éclatante beauté (« S’il y en eust jamais une au monde parfaicte en beauté, c’est la royne de Navarre », écrira Brantôme). Toutefois, il est difficile de faire la part de vérité et de la rumeur parmi les liaisons qu’on lui prête. Comme pour les autres 2 Les noces vermeilles membres de sa famille (notamment sa mère et son frère Henri), les ragots circulant sur son compte pendant cette À la fin des années 1560, Catherine de Médicis propose période troublée ont été particulièrement nombreux. Par- sa fille en mariage au fils de Philippe II d'Espagne, l'infant mi ces prétendues aventures, certaines, telles les relations Charles, mais le mariage ne se fait pas. De sérieuses né- incestueuses avec ses frères, sont sans fondement, d'autres gociations ont aussi lieu pour marier Marguerite au roi de simplement platoniques. Portugal Sébastien Ier, mais elles sont aussi abandonnées. La beauté de Marguerite vue par Brantôme Resurgit donc l’idée, déjà évoquée par Henri II, d’une union avec le jeune chef du parti protestant, le jeune roi « Pour parler donc de la beauté de ceste rare princesse, je Henri de Navarre. Héritier présomptif de la couronne de croy que toutes celles qui sont, qui seront, et jamais ont esté, France après les fils de France — mais la perspective près de la sienne sont laides, et ne sont point beautez ; car la d'une accession au trône de France est alors très lointaine 3 manqué contre l’amiral de Coligny, l’un des chefs du par- ti huguenot qui s’efforce d'entraîner la France dans une guerre contre l'Espagne.
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