GROUPEMENT D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LA MEDITERRANEE t GROUPEMENT D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LA MEDITERRANÉE

L'ANNUAIRE DE LA MEDITERRANÉE 2005

Le Partenariat Euro Méditerranéen: quelle actualité?

GERM

- Cette Publication est éditée en partenariat avec la Fondation Friedrich EBERT

© Groupement d'Etudes et de Recherches; sur la Méditerranée

W Dépôt légal : 2006/0591 ISBN: 9981 - 9801 - 9 - 6 IMPRIMERIE EL MAARIF AL JADIDA - PUBLICATION DU GERM

CORRESPONDANCE: B.P. : 8163 -Agence des Nations Unies Agdal-Rabat

SITE WEB: www.germ.ma Annuaire GERM

L'ANNUAIRE DE LA MEDITERRANÉE LES ORGANES DU GERM

COMITÉ EXÉCUTIF DU GERM

PRÉSIDENT Habib EL MALKI

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Driss KHROUZ

SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX ADJOINTS Larbi EL HARRA5 Fouad M. AMMOR

TRÉSORIER Ahmed BEHA]

RELATIONS EXTÉRIEURES karima BENAICH - Mohamed KHACHANI - Ahmed ZEKRl - Mohamed RAMI - Houssine AFKIR

RECHERCHES ET ÉTUDES Mohamed BERRIANE

RELATIONS AVEC LES UNIVERSITÉS: ]amila HOUFAIDI 5ETTAR - Mohamed KHACHANI

CONSEILLERS Aziz CHAKER - Fouad ZAIM - Ali IDRI55I - Mohamed MOHATTANE ­ AliAMAHANE

COMITÉ DE RÉDACTION

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Habib EL MALKI

RÉDACTEUR EN CHEF Fouad M. AMMOR Annuaire GERM

MEMBRES DU COMITÉ Fouad AMMOR - Aziz HASBI - Mohamed BERRIANE - Jamila HOUDAIFI SETTAR - Fouad ZAIM - Mohamed KHACHANI - Aziz CHAKER, Ahmed ZEKRI - Larabi JAIDI - Mustapha KHAROUFI - Driss KHROUZ Mohamed TOZY - Mohamed MOHATTANE

CONSEIL SCIENTIFIQUE Habib El MALKI , Professeur d'Economie, Universté Modamed V Driss KHROUZ, Professeur d'Economie, Universté Modamed V Mohamed BERRIANE, Professeur de Géographie à la faculté des lettres et des Sciences Humaines -Rabat Agda!. ALI IDRISSl, Architecte Aziz HASBI, Professeur, Recteur Université Mohamed V- Rabat Agdal Jamila HOUFAIDI SETTAR, Professeur d'Economie à la Faculté de Droit - Mohamed BENNANI, Professeur, Recteur Université Moulay Ismail-Meknès. Abdelali LAOUINA, Professeur de Géographie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines Rabat Agda!. Fouad ZAIM, Professeur d'Economie à la Faculté de Droit-Casablanca. Fouad AMMOR, Professeur d'Economie à la Faculté de Droit-Salé. Mohamed TOZY, Professeur d'Economie à la Faculté de Droit-Casablanca. Larabi JAIDI : Professeur d'Economie à la Faculté de Droit -Rabat- Agdal Mohamed BENNOUNA, Cour Internationale de Justice-La Haye. Zakia DAOUD, Journaliste Abdou FILALI ANSARI, Fondation du Roi Fahd Ibn Abdelaziz Al Saoud pour les Sciences et la Culture Mohamed LARBI MESSARI Abdelouhab MAALMI, Professeur des Relations Internationales. Annuaire GERM

Table des matières

1) Evénements Le partenariat Euro Méditerranéen: quelle actualité? 11 Habib EL MALKI Cinquième session du Conseil d'association UE-Maroc (Bruxelles, le 22 novembre 2005)...... 14 Israël-Palestine, Déclaration du Quartet 40 Déclaration de la présidence au nom de l'Union Européenne sur le désengagement d'ISRAËL de GAZA 43 Déclaration de la Présidence au nom de l'Union européenne sur l'élection présidentielle en Égypte, le 8 septembre 2005 46 Agenda de Tunis pour la société de l'information 47 Statement By H.E. Mr. Kofi Annan 84 Summit of the Tenth Anniversary of the Euro-Mediterranean partenership 87 Sommet du dixième anniversaire de l'Euromed déclaration du président (28/11/05) : 106

II) Rencontre du GERM Le bilan du partenariat euro-méditerranéen 115 Le dialoguè politique euro-méditerranéen 145 Aziz HASBI Annuaire GERM

Les processus de démocratisation entre partenariat et hégémonisme 170 Jamila Houfaidi SETTAR Le processus de BARCELONE : Dix ans après, Quelles perspectives ? 190 Driss KHROUZ Les grandes problématiques du partenariat euro-méditerranéen.... 196 Abdelouhab MAALMI Security in :A popular issue after 16th May 2003 211 Fouad M. AMMOR Mesure de l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur un pays tiers, questions r:néthodologiques 227 Lahcen OULHAJ Élargissement de rUE 234 jawad KERDOUDI Vers un Partenariat euroméditerranéen proche des citoyens: trois propositions d'action en matière d'éducation et d'emploi 238 Ivàn MARTIN La question migratoire dans les relations Euro-mediterraneenes ... 256 Mohamed KHACHANI La nouvelle politique de voisinage face aux défis de la connexion des systèmes de transport trans-méditerranéens 285 Mohamed MOUHTTANE

III) Revue documentaire Processus de ratification de la constitution européenne 303 Évaluation à mi-parcours du programme Meda 11- rapport final 342 Recommandations de l'Assemblée parlementaire euro- méditerranéene sur l'avenir du processus de Barcelone 351

Conseil Européen-Bruxelles, 16 et 17 juin 2005. Conclusions de la présidence 359

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1 - EVENEMENTS

Le Partenariat Euro Méditerranéen: Quelle actualité?

En novembre 2005, la Déclaration de Barcelone aura soufflé sa dixième bougie. Cette Déclaration et le processus qu'elle a enclenché ont nourri des espoirs et ont fixé des objectifs. Par sa vision globale et intégrée (les trois volets: politique, économique et social), sa prospective (l'établissement de la zone de libre-échange) et ses ambitions (une zone de paix et de prospérité partagée), cette Déclaration a visé haut. Cet évènement s'inscrit dans un contexte marqué par le rapprochement des points de vue entre palestiniens et israéliens, suite aux sommets de Madrid et d'Oslo, et aussi par une meilleure communauté de vue entre les pays de l'Union Européenne et les pays partenaires méditerranéens sur les grandes menaces quant à la stabilité du bassin euro-méditerranéen (migration clandéstine, lutte contre le trafic de drogue, déficit démocratique, fossé économique...). Le rôle grandissant et prometteur des acteurs sociaux dans cet espace du globe n'a pas échappé aux rédacteurs de la Déclaration de Barcelone. Il est explicitement dit dans cette Conférence euro­ méditerranéenne que « la Société civile peut apporter sa contribution essentielle en tant que facteur essentiel d'tme meilleure compréhension et d'un rapprochement entre les peuples ». Il est dit dans ce même document que les participants s'engagent à «encourager les actions .de soutien en faveur des instihltions démocratiques et du renforcement de l'Etat de droit ». L'avènement d'une zone de libre-échange en l'an 2010, constihle dans ce sens un levier important pour le développement économique par l'échange et l'investissement.

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Depuis le lancement de ce processus, un certain nombre d'évènements ont mis à l'épreuve la solidité des engagements pris de part et d'autre de la Méditerranée (Conflit îlot Leila/Pereijil, question migratoire et des visas, processus de paix au Moyen­ Orient...). En fait, les artisans de la Déclaration ont été véritablement prémonitoires. L'intérêt porté à la Méditerranée dans sa diversité et ses différentes rives est d'autant plus légitime que cet espace constitue, ces dernières années, le point nodal de tous les regards et de toutes les préoccupations. Des réalisations ont été faites et ce, à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines; d'autres restent à faire. La lecture et l'appréciation de cette aventure commune oscillent entre l'optimisme et le pessimisme, entre la logique de la bouteille à moitié pleine et celle de la bouteille à moitié vide. Cette Déclaration, et l'usage qui en est fait, ont-ils mobilisé les moyens pour atteindre ses ambitions ? A-t-elle usé de toutes les solutions possibles pour réaliser ses objectifs? A-t-elle honoré ses engagements? Sur le plan économique, les résultats sont tout aussi importants qu'insuffisants. Le programme MEDA, principal instrument financier du partenariat euro-méditerranéen, a engagé 5 milliards d'euros entre 1995 et 2002 et prévoit le déboursement de 5,35 milliards supplémentaires entre 2002 et 2006. Au montant de ces dons, il y a lieu d'ajouter les prêts de la Banque Européenne d'Investissement, soit 9,6 milliards, engagés jusqu'en 2002 et 17,5 milliards prévus entre 2003 et 2010. Les taux de décaissement se sont améliorés de manière significative: 53 % jusqu'en 2001 et 83% en 2003. En effet, la réflexion sur l'évolution de l'actualité de la Banque Européenne d'Investissement dans la région, notamment la mise en place de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de Partenariat (FEMIP) au sein de la BEI pour le renforcement et le développement du secteur privé s'impose aujourd'hui. Cette action économique et financière en direction des pays partenaires est centrée sur l'appui à la transition économique dans la perspective de l'instauration d'une zone de libre-échange à Annuaire GERM

l'horizon 2010/2012, ainsi que le soutien aux réformes sociales devant accompagner le processus de libéralisation économique. Le principal instrument de cette coopération est constih1é par les accords d'association, conclus aujourd'hui avec neuf partenaires. Le renforcement de l'intégration régionale représente l'un des objectifs prioritaires du partenariat euro-méditerranéen. Une étape importante vient d'être franchie dans ce sens, avec la signahtre au mois de février 2004 de l'accord d'Agadir, prévoyant la mise en place dès 2006 d'tme zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie. D'un autre côté, la politique européenne de voisinage lancée en 2003 par l'Union Européem1e en direction de la Méditerranée, propose de renforcer la coopération actuelle, en offrant aux pays partenaires la possibilité à terme d'tme plus grande participation au marché intérieur, ainsi que la mise en œuvre des « quatre libertés» (des biens, des services, des capitaux et des personnes) en contrepartie d'une gestion plus rigoureuse et responsabilisante du partenariat. En effet, depuis son lancement ce processus a connu un certain nombre d'évènements qui sont venus peser de tout leur poids sur son cheminement. Ce colloque tentera d'aborder certains de ces évènements, processus et problématiques à partir de trois axes : -Le bilan du partenariat euro méditerranéen: dix ans après. - Les grandes problématiques du partenariat euro méditerranéen. - Les perspectives du partenariat à la lumière de l'élargissement et de la politique européenne de voisinage.

Habib EL MALKI Présidmt du GERM Cinquième session du Conseil d'association DE-Maroc (Bruxelles, le 22 novembre 2005)

Déclaration de l'Union européenne

1. L'Union européenne attend avec intérêt cette cinquième session du Conseil d'association qui tombe à point nommé pour définir les priorités d'action pour l'année à venir et passer en revue les évolutions importantes intervenues depuis la dernière session du Conseil d'association, le 26 avril 2004. 2. Les relations bilatérales ont connu une évolution prometteuse. LUnion européenne apprécie la valeur du Maroc en tant qu'interlocuteur important au sein du partenariat euro­ méditerranéen et elle a à cœur de développer avec ce pays un partenariat prospère et approfondi dans le cadre de la politique européenne de voisinage. 3. La politique européenne de voisinage (PEV) a ajouté une nouvelle dimension à nos relations. La PEY a été lancée par lUE afin de faire bénéficier les pays voisins de l'élargissement de l'UE et d'accroître la stabilité, la sécurité et la prospérité tant de l'Union européenne que de ses voisins, tout en appuyant les processus de réformes menés par les partenaires eux-mêmes. Sur la base des acquis du processus de Barcelone, lUE s'efforce de travailler avec chaque partenaire individuellement en vue d'atteindre les objectifs d'une relation privilégiée, fondée sur un engagement réciproque en faveur de valeurs communes, touchant principalement l'État de droit, la démocratie et la bonne gestion des affaires publiques, le respect des droits de l'honune, l'engagement commlm contre le Annuaire GERM

terrorisme pour la non prolifération des armes de destruction massive, la promotion des relations de bon voisinage et les principes de l'économie de marché et du développement durable. Nos relations seront façonnées par le degré d'engagement en faveur de ces valeurs et principes commlms et le rythme de progression dépendra des efforts déployés pour respecter ces engagements et des résultats obtenus. 4. Sur cette base, l'UE et le Maroc se sont mis d'accord sur un ambitieux plan d'action dans le cadre de la politique européenne de voisinage, qui a été lancé officiellement en 2005. Ce plan d'action fixe tout un ensemble de priorités pour les trois prochaines années. Il prévoit des objectifs élaborés conjointement, qui sont étayés par des actions concrètes, sur mesure et adaptées aux besoins et priorités spécifiques du Maroc. L'UE se félicite que la mise en œuvre du plan d'action ait déjà commencé au sein des sous-comités chargés de surveiller et de faire avancer les travaux et appelle à une action continue et s'inscrivant dans la durée. S. Le respect des principes démocratiques, des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue un des fondements des relations entre lUE et le Maroc et lm élément essentiel de l'accord d'association. Dans le cadre de la politique européenne de voisinage, les deux parties ont réaffi!mé que des valeurs communes, notamment la démocratie, l'Etat de droit, la bonne gestion des affaires publiques et le respect des droits de l'homme guideraient leurs relations. L'UE attache lme grande importance à l'instauration du sous-comité "Droits de l'homme, démocratisation et gouvernance". Elle espère que ce sous-comité pourra entrer en fonction dans les meilleurs délais, avant la fin de l'année. 6. Le Maroc a accompli des progrès notables dans le processus de réformes politiques au cours de ces dernières années. L'Union européenne salue lâ détermination du Maroc et les mesures qu'il a prises pour faire progresser la démocratisation et la modernisation de la société. Le Maroc joue un rôle de pointe à cet égard. Par le biais de la politique européenne de voisinage, lUE entend soutenir ces efforts. 7. LUE soutient les objectifs poursuivis par l'initiative nationale pour le développement humain lancée parSM le Roi Mohalmned VI Annuaire GERM

qui accorde la priorité aux investissements dans les zones les moins développées du pays et vise à fournir les services de base qui font cruellement défaut tels que l'eau potable et l'enseignement. L'UE encourage le gouvernement du Maroc à utiliser l'initiative comme cadre pour réorienter les politiques sectorielles dans les domaines clés vers tille approche cohérente en vue d'atteindre les objectifs de développement du millénaire et d'atténuer la pauvreté. 8. L'UE se félicite de la nouvelle loi sur les partis politiques, qui constitue un instrument pour accroître encore le rôle des partis dans le processus politique. L'UE est disposée à partager son expérience et son savoir-faire dans ce domaiDe. Par le biais du programme MEDA, l'UE soutient également le programme de modernisation du système judiciaire entamé par le gouvernement marocain en vue d'instaurer davantage d'indépendance et d'impartialité et elle l'invite à poursuivre ses efforts à cet égard. Dans ce domaine, il est essentiel de prendre des mesures efficaces pour lutter contre la corruption. Le programme de modernisation de l'administration lancé par le gouvernement marocain afin de renforcer les capacités de l'administration et de la rendre plus transparente et plus accessible pour les citoyens, constitue tille tâche ardue à l'accomplissement de laquelle l'UE prête son concours. La décentralisation et une dévolution accrue de pouvoirs aux collectivités locales représentent un autre aspect pour lequel l'UE est disposée à fournir de l'aide. 9. Des progrès importants ont été accomplis grâce à la mise en place d'un mécanisme législatif de protection et de promotion des droits de l'homme, notamment par l'adoption d'une loi réachlalisée contre le recours à la torture, en conformité avec les critères des Nations unies. Des droits civils et politiques fondamentaux consacrés par les instruments internationaux en matière de droits de l'homme ont été transposés en droit marocain et le respect de ces droits se développe. Toutefois, il convient d'accorder des ressources adéquates aux institutions de sauvegarde des droits de l'homme. L'UE se félicite du travail accompli jusqu'à présent par la commission inter-ministérielle qui a passé en revue les réserves relatives à un certain nombre de conventions sur les droits de l'homme et elle l'encourage à poursuivre activement sa tâche. L'UE salue le maintien du moratoire sur la peine de mort et Annuaire GERM

encourage le Maroc à prendre rapidement la décision de l'abolir officiellement. À cet égard, rUE note avec satisfaction qu'un débat national a été lancé par les autorités marocaines sur la future abolition officielle de la peine de mort. 10. L'Instance équité et réconciliation a accompli un travail remarquable d'enquête sur les séquelles du passé et a réussi à lancer un débat public. L'instance devrait rendre son rapport à la fin du mois de novembre et rUE espère que le gouvernement marocain donnera les suites qui conviennent aux travaux qu'elle a menés. Une société civile dynamique a commencé à voir le jour avec le soutien actif de nombreuses associations qui œuvrent notamment dans le domaine de la démocratisation et des droits de l'homme. LUE encourage les autorités à rechercher le dialogue avec ces associations, notamment lorsqu'elles élaborent des propositions politiques importantes. Des progrès ont été réalisés dans le domaine de la liberté de la presse, même si des inquiétudes demeurent concernant certaines dispositions de la loi sur la presse de 2002 qui limitent la liberté d'expression. Les journalistes risquent toujours d'être condamnés à de fortes amendes ou à des peines de prison dans l'exercice de leurs activités professionnelles. L'UE invite le gouvernement marocain à entreprendre un réexamen du code de la presse afin d'éliminer les restrictions qui entravent le plein exercice de la liberté d'expression et elle prend acte des déclarations faites par les autorités marocaines quant à l'éventualité d'tm réexamen du code dans l'avenir. 11. La réforme du code de la famille en 2004 a permis de grandes avancées concernant l'élaboration d'un cadre juridique garantissant l'égalité entre les hommes et les femmes. De nouveaux progrès sont en cours, grâce à l'alignement des dispositions pertinentes du code de la nationalité sur celles du code de la famille. Afin que ces réformes se réalisent concrètement, les autorités judiciaires doivent être soutenues et recevoir lme formation appropriée. L'UE apporte son concours dans ce domaine. De nouvelles mesures s'imposent pour réduire les disparités entre hommes.et femmes, notamment en ce qui concerne le niveau d'alphabétisation des femmes, l'admission des filles dans les écoles primaires et la participation des femmes au monde du travail.

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12. L'UE appelle à la poursuite des efforts sur ces questions ainsi que sur celles qui ont été recensées dans le plan d'action de la PEY et elle invite le Conseil d'association à donner des instmctions à ses instances subordonnées afin qu'elles assurent le suivi de ces dossiers en vue d'aboutir à des résultats concrets dans l'année à venir. 13. La session du Conseil d'association fournit à rUE et au Maroc l'occasion de poursuivre leur dialogue politique régulier sur des sujets d'intérêt commun prévu par l'accord d'association et auquel les deux parties attachent une grande importance. Si le Conseil d'association demeure l'organe central des relations bilatérales, notamment pour ce qui est du dialogue politique, l'Union européenne se réjouit qu'un dialogue politique renforcé ait été établi avec le Maroc et que deux rétmions aient déjà eu lieu dans ce cadre le 29 juin 2004 et le 9 novembre 2005. 14. En ce qui concerne les questions régionales et internationales ainsi que les menaces communes, l'UE et le Maroc sont convenus, dans le cadre de la politique européenne de voisinage, de renforcer leur dialogue politique et leur coopération sur ces questions en vue de promouvoir la paix et la stabilité et de contribuer à la prévention et à la résolution des conflits. 15. La participation du Maroc à ALTHEA en Bosnie­ Herzégovine dès le début de l'opération en décembre 2004 demeure très précieuse et appréciée par rUE. Le déploiement de 130 militaires constitue une contribution notable à l'opération et démontre utilement les possibilités pratiques sur lesquelles peut déboucher la coopération dans le domaine de la PESD avec les partenaires méditerranéens de l'UE. 16. En ce qui concerne le processus de Barcelone, rUE apprécie l'engagement manifesté de longue date par le Maroc et les contributions précieu,ses qu'il y apporte. L'UE se prépare activement à fêter le lOem: anniversaire du processus de Barcelone qui réunira les chefs d'Etat et de gouvernement lors du tout premier sommet Euromed, qui se tiendra à Barcelone les 27 et 28 novembre 2005. 17. Ce sommet fournira l'occasion de donner un nouveau souffle au partenariat, afin qu'il débouche sur des résultats tangibles sur les questions qui ont de l'importance pour les Annuaire GERM

citoyens des pays de l'UE ~t des partenaires méditerranéens. Lors de ce sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement approuveront lme déclaration et un programme de travail quinquennal destiné à servir de base à la coopération euro-méditerranéenne au cours des cinq prochaines années. Ce programme de travail bénéficiera du soutien de la politique européenne de voisinage, qui englobe des mesures visant à développer les dimensions régionale et nationale du processus de Barcelone, avec le soutien technique et financier fourni par le programme MEDA et le futur instrument européen de voisinage et de partenariat. Le sommet mettra en particulier l'accent sur le renforcement du dialogue entre les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux dans l'ensemble de la région méditerranéenne, soulignant le rôle important que joue la société civile dans ce processus. Les débats en séance plénière seront axés sur quatre thèmes: le renforcement de la bonne gestion des affaires publiques et de la démocratie; les réformes économiques; l'éducation; et la justice, la sécurité et l'immigration. Ce sommet devrait également constituer un jalon important dans la lutte contre le terrorisme grâce à l'adoption d'lm code de conduite sur la lutte contre le terrorisme. 18. LUE remercie le Maroc d'avoir accueilli au mois de juin la réunion euro-méditerranéenne des ministres de l'économie et des finances, la toute première réunion ministérielle à se tenir dans un pays de la rive sud de la Méditerranée. L'UE salue également la réunion de l'assemblée parlementaire Euromed à Rabat les 20 et 21 novembre 2005. Elle attend avec intérêt la réunion des ministres des transports qui se tiendra au mois de décembre à Marrakech. 19. Le conflit du Sahara occidental demeure un obstacle majeur sur la voie d'tme plus grande stabilité régionale, de la coopération et de la prospérité. L'Union européenne appuie les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations unies en faveur d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, qui permetfra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, comme l'envisage le Conseil de sécurité de l'ONU. L'Union européenne continue à encourager les parties à œuvrer en vue d'une telle solution en coopérant de manière constructive et souple avec M. Peter Van Walsum, envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies. L'UE se félicite de sa nomination ainsi que de Annuaire GERM

celle de M. Francesco Bastagli à la fonction de nouveau représentant spécial de l'ONU et espère qu'un nouvel élan sera donné au processus. Elle invite les parties à saisir cette occasion de sortir de l'impasse actuelle. 20. L'Union européenne demeure préoccupée par les aspects humanitaires du conflit du Sahara occidental. Elle se félicite de la libération au mois d'août des 404 derniers prisonniers de guerre marocains par le Front Polisario. L'UE n'a eu de cesse de demander leur libération immédiate et est intervenue à plusieurs reprises auprès des parties à cette fin. Il faut espérer que cette initiative sera suivie d'autres mesures concrètes de la part du Maroc, de l'Algérie et du Front Polisario, chacun agissant dans son domaine de compétence, en vue de résoudre les questions humanitaires encore en suspens liées au conflit. L'UE invite instamment les parties à coopérer avec le CICR pour retrouver les personnes toujours portées disparues en raison du conflit et à collaborer avec le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés dans la mise en œuvre de mesures de confiance. L'Union européenne est également préoccupée par les suites des manifestations qui ont eu lieu à EI­ Ayoun au mois de mai dernier et qui se sont soldées par l'arrestation de Sahraouis qui auraient subi des sévices sur le territoire et dans les camps de Tindouf, comme l'indique le Secrétaire général des Nations tmies dans son rapport d'octobre 2005. L'UE fait valoir que les mesures prises doivent être justifiées, proportionnées et respecter pleinement les droits de l'homme et les libertés fondamentales. Le Conseil rappelle les démarches qui ont été entreprises à cet égard auprès des autorités marocaines et algériennes, ainsi qu'auprès du Front Polisario. 21. Parmi les objectifs de la politique européenne de voisinage figurent la promotion de relations de bon voisinage et le souci de prévenir et de résoudre les conflits régionaux. L'Union européenne reste convaincue qu'une coopération renforcée dans le Maghreb serait profitable pour les pays de la région; elle les encouragera à œuvrer dans ce but et espère que le sommet de l'Union du Maghreb arabe pourra avoir lieu bientôt. 22. La pression migratoire sur les frontières méridionales de l'Europe s'accroît. L'UE est consciente des efforts importants déployés par le Maroc pour lutter contre l'immigration clandestine, Annuaire GERM

qui se sont traduits par un renforcement des contrôles à la frontière maritime avec l'Europe et par le démantèlement d'un certain nombre de réseaux de trafic. Mais l'UE convient que l'immigration clandestine doit être traitée dans un contexte plus large. L'UE et le Maroc devraient renforcer le dialogue et la coopération transfrontalière avec tous les pays d'Afrique du Nord, c

technique en vue de contribuer au renforcement de ses moyens de lutte contre le terrorisme. Ce programme fait suite à une mission d'évaluation qui a eu lieu en juin dernier et il sera mis en œuvre par les États membres et la Commission dans les plus brefs délais. L'UE encourage le Maroc à a.dopter sa législation, prévue depuis longtemps, relative au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme. Cela permettra à l'UE d'approfondir la coopération. 25. Les Nations unies jouent un rôle clé pour mobiliser la communauté internationale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'Union européenne soutient la stratégie du Secrétaire général et attache la plus grande importance à l'adhésion sans réserve de tous les pays à l'ensemble des trèize conventions et protocoles des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, et à leur respect intégral. Le Maroc n'est pas encore partie à deux de ces conventions et il est instamment invité à adhérer à la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif et la Convention contre la prise d'otages. L'adoption prochaine d'une convention générale contre le terrorisme international constitue une priorité de l'UE. L'UE estime que le Maroc peut jouer un rôle important pour dégager lm consensus international sur une convention générale condamnant sans équivoque toutes les formes et manifestations de terrorisme. 26. L'UE reconnaît qu'il est important de lutter contre les facteurs qui sous-tendent la radicalisation et le recrutement des terroristes pour parvenir à résoudre durablement le problème. L'Union est déterminée à poursuivre les efforts visant à faire cesser les activités des réseaux et des individus qui entraînent les autres dans le terrorisme et à dénoncer les idéologies qui déforment la pour justifier le recours à la violence à des fins politiques. En outre, l'UE continuera de recourir, dans son action interne et externe, à tous les instruments appropriés pour s'attaquer aux conditions qui, dans une société, créent un environnement propice à la radicalisation des individus, comme le racisme, les préjugés religieux et le non-respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. 27. Sur le plan économique, l'Union européenne note avec satisfaction que le Maroc a su préserver la stabilité macroéconomique. Néanmoins, l'économie reste fragile du fait d'lme base industrielle Annuaire GERM

étroite et d\me forte dépendance vis-à-vis du secteur agricole. L'UE encourage le gouvernement à renforcer les politiques économiques afin d'augmenter la croissance du PIB au-delà du niveau nécessaire pour combath'e la pauvreté et réduire le chômage. 28. L'UE apprécie les efforts d'assainissement des finances publiques consentis par le Maroc, qui font partie intégrante de sa stratégie pour lme croissance économique plus élevée. Dans ce contexte, elle se félicite que le Maroc projette de réduire son déficit budgétaire en dessous de 3% du PIB d'ici 2009. Il faudra pour ce faire élargir l'assiette de l'impôt et réduire les exemptions, notamment de la TVA. 29. L'UE constate avec satisfaction que le Maroc a mis en œuvre différentes réformes pour améliorer l'environnement dans lequel les entreprises opèrent, afin d'encourager l'investissement. Elle considère qu'une mise en œuvre rapide des réformes prévues, notamment dans le système juridique, ainsi que l'assurance d'une concurrence suffisante dans le marché intérieur sont nécessaires pour accroître l'investissement et attirer davantage d'investissements directs, particulièrement en provenance de l'Union, dans le cadre de la mise en place progressive d\me zone de libre-échange. 30. L'Union européenne espère que le Maroc prendra des mesures concrètes pour appliquer effectivement le nouveau code du travail et poursuivre les réformes qui ont pour objectifs la promotion de l'emploi et de l'enseignement, la lutte contre l'analphabétisme et la formation professionnelle. La réalisation de ces réformes et notamment l'amélioration de l'éducation s'imposent de façon urgente pour relever le niveau de croissance et faire régresser le chômage et la pauvreté. 31. L'Union européenne constate que l'accord d'Agadir de libre­ échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, signé le 25 févri~r 2004 à Rabat, n'est pas encore entré en vigueur. L'UE estime important que cet accord entre en vigueur dans les meilleurs délais. L'UE encourage le Maroc à poursuivre le processus d'intégration régionale et à accélérer l'entrée en vigueur des accords de libre-échange déjà signés (par exemple l'accord avec la Turquie). Annuaire GERM

32. L'UE note avec satisfaction les progrès réalisés par le Maroc en matière de libéralisation des échanges industriels. Elle prend note de la déclaration du Maroc et salue l'initiative qu'il a prise d'accélérer le calendrier de son démantèlement tarifaire pour un certain nombre de produits industriels. Elle regrette toutefois qu'un certain nombre d'obstacles aux échanges entravent les exportations européennes, et que, à cet égard, plusieurs questions commerciales soulevées lors de la réunion du Comité d'association du 3 juin 2005 et de la réunion du sous-comité "Commerce" du 10 octobre 2005 n'aient toujours pas été résolues: méthode d'évaluation en douane, problèmes posés dans le secteur des céramiques, restrictions à l'exportation des cuirs et des peaux et protection des droits de propriété intellectuelle. L'UE souhaite qu'tme solution soit rapidement trouvée pour ces dossiers. Elle souligne en outre la nécessité de créer un environnement favorable aux affaires car il s'agit d'une condition déterminante pour attirer les investissements étrangers. 33. L'Union européenne note avec satisfaction que le Maroc a commencé à prendre des mesures en vue de mettre en œuvre la Charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise, adoptée à Caserte (Italie) le 4 octobre 2004. Une mise en œuvre efficace de la charte permettra d'améliorer le climat des affaires et d'attirer les investissements. Les mécanismes établis pour suivre la mise en œuvre de la charte contribuent à améliorer la coordination entre les acteurs publics et privés responsables du développement du secteur privé, en particulier des PME. 34. L'UE note que le Maroc a entamé lm processus d'alignement de sa réglementation technique avec le système commlmautaire dans certains secteurs prioritaires. Elle encourage le Maroc à poursuivre et à accélérer le processus de réforme en la matière en vue de la négociation d'un accord sur l'évaluation de la conformité et l'acceptation des produits industriels. 35. L'UE considère que l'extension du champ d'application de l'accord d'association au droit d'établissement et à la libéralisation des échanges de services sera très avantageuse pour les deux parties. Comme cela est prévu à l'article 31 de l'accord, rUE propose donc que le Conseil d'association recommande l'ouverhlre Annuaire GERM

prochaine de négociations sur un accord d'intégration économique portant sur le commerce des services et le droit d'établissement. Outre le volet bilatéral UE-Maroc, ces négociations comprendront également une dimension d'intégration régionale entre le Maroc et ses partenaires méditerranéens. 36. Le chapitre agricole représente une part importante du commerce total entre l'Union et le Maroc. Les importations agricoles communautaires en 2004 se sont élevées à plus de 13% du commerce bilatéral et les exportations agricoles de l'Union vers le Maroc ont représenté 5% des exportations totales vers le Maroc. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association en 2000, les effets de la libéralisation sur les importations agricoles en provenance du Maroc sont positifs et augmentent d'almée en année. Les échanges agricoles sont soutenus et font preuve d'un dynamisme constant. Cette tendance devrait connaître un saut quantitatif et qualitatif dans les prochains mois, à l'issue des nouvelles négociations que les deux parties entameront en 2006 sur la base de la feuille de route agricole dont l'élaboration a été recommandée dans les conclusions du conseil de Luxembourg des ministres Euromed des affaires étrangères (31 mai 2005). 37. L'UE se félicite de l'intention des autorités marocaines de souscrire pleinement au processus ambitieux de libéralisation continue et réciproque du commerce des produits agricoles et de produits transformés de l'agriculture et de la pêche. Cette libéralisation tiendrait compte des spécificités agricoles des deux parties, prévoirait lUl certain nombre d'exceptions et un calendrier de mise en œuvre progressive prenant en compte le niveau de développement. À cet effet, la Commission a été autorisée par le Conseil à ouvrir dès que possible des négociations avec le Royaume du Maroc en vue de la conclusion d'un accord de libéralisation, compte tenu également des principes de base de la politique européenne de voisinage ainsi que des priorités des plans d'action.adoptés dans le cadre de cette politique. 38. L'UE note avec satisfaction que la première réunion du sous­ comité "Agriculture et Pêche" s'est tenue à Rabat le 16 mars 2005. Lors de cette réunion, un échange de points de vue a eu lieu sur plusieurs questions relatives à ces deux secteurs, y compris des Annuaire GERM

questions sanitaires et phytosanitaires. Dans ce cadre, les deux parties ont indiqué qu'elles étaient disposées à mettre en œuvr~ ensemble les mesures définies dans le plan d'action UE-Maroc. A cet égard, le Maroc s'engage à faire parvenir à ses partenaires européens la liste des priorités à mettre en œuvre. L'UE note aussi que les actions qui seront mises en œuvre constituent un accompagnement nécessaire dans le cadre de l'ouverture envisagée pour les échanges agricoles. 39. En ce qui concerne la coopération économique, l'UE note avec satisfaction qu'une date a été fixée pour la prochaine réunion dans le cadre du dialogue économique. 40. Pour ce qui est des questions douanières, une décision du Conseil d'association UE-Maroc portant modification du protocole 4 de l'accord d'association UE-Maroc, pour permettre l'application des nouvelles règles de cumul diagonal, a été soumise au Conseil d'association pour adoption. L'UE espère qu'elle sera adoptée rapidement en vue de l'introduction du cumul pan-euro­ méditerranéen de l'origine. 41. L'DE se félicite de l'adoption par le Conseil d'association de la décision 1/2005 portant dérogation aux règles d'origine préférentielles pour les vêtements. Cette dérogation sera applicable à partir du moment où des règles d'origine préférentielles identiques aux règles d'origine définies dans le protocole 4 de l'accord UE-Maroc entreront en vigueur entre la Turquie et le Maroc. 42. La prochaine réunion du Comité de coopération douanière aura lieu à Bmxelles le 29 novembre 2005. À cette occasion, les deux parties évoqueront l'avancement des travaux liés au plan d'action, et notamment les questions de facilitation des échanges, d'origine, de valeur en douane, de contrefaçons et de coopération douanière et d'assistance mutuelle. 43. L'DE se félicite de la conclusion des négociations portant sur un accord horizontal dans le secteur du transport aérien et un accord de coopération Galileo, et note avec satisfaction les négociations en cours en vue d'un accord aérien global. L'UE ne doute pas que l'accord Galileo et l'accord horizontal pourront être signés et que l'accord aérien global pourra être paraphé lors de la Annuaire GERM

conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur les transports qui aura lieu à Marrakech le 15 décembre 2005. 44. Dans le secteur de l'énergie, rUE félicite le Maroc pour les réformes déjà menées et les projets importants entrepris, notamment dans le domaine de l'introduction du gaz nahlrel. La mise en œuvre des conditions nécessaires pour améliorer la sécurité des approvisionnements énergétiques demeure une priorité. L'UE rappelle l'importance d'une coopération régionale énergétique et l'importance stratégique du Maroc dans ce contexte. 45. LUE se félicite par ailleurs de la tenue de la deuxième réunion du sous-comité "Recherche et innovation", les 23 et 24 mai 2005 à Bmxelles, à l'issue de laquelle les deux parties sont convenues de concrétiser différents axes de coopération. L'UE se félicite de ce que l'accord de coopération scientifique et technologique entre le Maroc et l'Union européenne soit entré en vigueur à la suite de sa ratification par les deux parties. L'UE constate avec satisfaction que la première réunion du sous-comité "Marché intérieur", qui a eu lieu à Bmxelles le 25 avril 2005, a permis de définir les axes prioritaires de coopération. Elle a pris note du fait que la législation marocaine sur la concurrence est entrée en vigueur en 2001 et que son application a nécessité dans un premier temps des mesures pédagogiques, de communication et de renforcement des capacités. 46. L'UE salue la tenue de la deuxième rélmion du sous-comité "Justice et sécurité", le 25 février 2005 à Rabat. Les deux parties ont arrêté les thèmes prioritaires à développer en 2005: lutte contre le terrorisme, lutte contre la criminalité organisée (en particulier contre le trafic et la traite des êtres humains), blanchiment des capitaux, lutte contre le trafic de drogue et coopération en matière de droit de la famille, notamment la responsabilité parentale, y compris les cas d'enlèvement d'enfants. L'UE se félicite aussi du suivi concret établi dans certains domaines, en particulier le blanchiment des capitaux, notamment par le biais de projets de jumelage. Elle tient à ce que les projets de coopération dans le domaine des migrations soient mis en œuvre à brève échéance. L'UE souhaite également qu'une suite concrète puisse être donnée dans le domaine du droit familial avant la prochaine réunion du sous-comité. Annuaire GERM

47. Pour ce qui est du chapitre de la coopération en matière sociale, l'UE prend note des résultats de la cinquième réunion du Groupe de travail "Affaires sociales et migrations", qui s'est tenue le 3 octobre 2005 à Bmxelles. L'UE salue l'approfondissement du dialogue mené au sein de ce groupe, qui englobe également les questions de santé publique, ce qui témoigne de l'importance accordée par les deux parties à ce domaine cmcial de leurs relations. Le Groupe de travail a constaté les progrès considérables réalisés par le Maroc grâce à la mise en œuvre d'une stratégie nationale dans le domaine des affaires sociales et de l'emploi et à l'application du nouveau code de la famille et du nouveau code du travail, ainsi que de la nouvelle législation en matière d'état civil et de la nouvelle loi sur l'immigration. 48. Le Maroc est le principal bénéficiaire de l'aide communautaire attribuée au titre du programme MEDA. Les engagements s'élèvent à 1 337,1 millions d'euros pour la période 1995-2004, dont 660 millions au titre de MEDA 1 (1995 - 1999) et 677,1 millions au titre de MEDA II (2000-2004). En ce qui concerne les paiements, le Maroc a reçu pendant la période 1995-2004 lm total de 570,7 millions d'euros au titre du programme MEDA (127,5 millions au titre de MEDA 1et 443,2 millions au titre de MEDA II). Le taux de déboursement (ratio engagements/paiements) a atteint 104% en 2004 et 65% pour la période 2000-2004 (MEDA II). Ces résultats placent le Maroc en tête des pays bénéficiaires du programme MEDA non seulement en termes de crédits alloués mais aussi de fonds déboursés. 49. Le Programme indicatif national 2005-2006 a été approuvé par le Comité MED le 9 mars 2004. Le montant total prévu pour cet exercice de programmation s'élève à 275 millions d'euros. L'exercice de programmation 2007-2009 a été entamé. Les premières discussions avec les autorités marocaines, qui se tiennent sur la base du plan d'action UE-Maroc, montrent que l'accent devrait être mis sur le domaine social, en particulier le secteur de l'éducation et de la santé, ainsi que sur les domaines de la justice et de la bonne gestion des affaires publiques, des droits de l'homme, des migrations, de l'environnement et sur toutes les mesures qui accompagnent la mise en œuvre du plan d'action par le biais de jumelages et d'une assistance technique ad hoc. Annuaire GERM

50. Les subventions du programme MEDA sont complétées par le financement de capitaux à risques et de bonifications d'intérêts relatifs aux prêts octroyés par la Banque européenne d'investissement (BEI) sur ses ressources propres dans le domaine de l'environnement. On notera que le volume de prêts de la BEI en faveur du Maroc pour la période 1992-2004 s'élève à 1 883 millions d'euros. Les secteurs ciblés sont notamment la constmction et la réhabilitation des autoroutes et des routes mrales, l'amélioration des systèmes de gestion des égouts et de l'eau, l'assainissement des villes marocaines, la réhabilitation du réseau ferroviaire et le développement du secteur bancaire. CONFÉRENCE DU PRÉSIDENT DU PARLEMENT EUROPÉEN À RABAT -"LE MAROC ET L'UNION EUROPÉENNE: ENJEUX ET PERSPECTIVES" Monsieur le Président, Monsieur le Ministre délégué, Honorables parlementaires, Mesdames et Messieurs, C'est avec plaisir et honneur que j'ai accepté l'invitation à prononcer aujourd'hui un discours devant cet impressionnant parterre de personnalités que vous constituez. Parmi vous, les nombreux parlementaires qui ont bien voulu honorer mon invitation peuvent témoigner des relations longues et étroites entre nos deux Parlements. Mon intervention en ce lieu arrive peu de temps après la visite du Président Abdelwahad Radi au Parlement européen en septembre 2004. Je tiens particulièrement à rendre hommage à M. Radi, co­ Président depuis cinq ans du Fomm Euromed, car c'est grâce à vos efforts que l'APEM existe aujourd'hui. Votre visite et la mienne soulignent l'importance et la vitalité de nos relations mutuelles et du Partenariat euro-méditerranéen, dont je préside, comme vous le savez, la dimension parlementaire jusqu'en mars 2006. Au mois de mai de l'année passée, l'Union européenne a accueilli 10 nouveaux Etats-membres. Cet élargissement a, dans un premier temps, soulevé des préoccupations chez nos voisins du sud de la Méditerranée. Annuaire GERM

L'Union européenne a pourtant maintenu la nécessité d'une politique cohérente envers ses voisins immédiats et lancé en mars 2003 la Politique européenne de voisinage, dans le but de renforcer ses relations avec les pays de l'Est et du Sud de l'Europe. Cet instrument a pour objectif de partager les avantages de l'élargissement - stabilité, sécurité, bien-être - avec les pays voisins qui ne mènent pas de négociations d'adhésion, en tenant compte des spécificités de chaque pays. Cette politique dresse une perspective claire qui répond concrètement à la demande de Sa Majesté le Roi d'un statut avancé pour le Maroc. Le Maroc est le premier bénéficiaire des fonds du programme MEDA avec 55 programmes actuellement, en cours d'exécution, soit tm montant total de 1,25 milliards d'Euros. Il compte parmi les sept pays pour lesquels la Commission a publié les premiers Plans d'Action en décembre 2004. Pour le Maroc, le Plan d'Action a été adopté par le Conseille 21 février 2005. Ce plan établi par les deux parties constitue la feuille de route qui nous permettra de réaliser des avancées tangibles dans notre partenariat. Concrètement, ce Plan d'Action fixe des priorités parmi lesquelles les Droits de l'Homme, des mesures contre le terrorisme et la question des flux migratoires. Permettez-moi d'y revenir dans un instant. En attendant, je tiens à rappeler que 2005 est l'année de la Méditerranée et du dixième anniversaire de la Déclaration de Barcelone qui marquait le lancement du processus Euromed. C'est donc l'occasion idéale de dresser un bilan de ce qui a été réalisé, mais c'est surtout l'occasion de regarder en avant et de formuler le plus clairement possible le chemin que nous comptons parcourir ensemble. Dans cet esprit, nous nous sommes réjouis de l'établissement officiel, en mars 2004, de l'Assemblée parlementaire euro­ méditeranéenne, qui constihte, en effet, un terrain privilégié de coopération entre nos parlements et a les capacités de redynamiser le Partenariat. Annuaire GERM

Elle se trouve également dans l'obligation de répondre aux attentes d'une société civile qui place ses espoirs en elle. Récemment enfin, le Parlement européen a demandé à la Commission de l'associer avec l'Assemblée parlementaire euro­ méditeranéenne à la conception de la nouvelle politique de voisinage. Au sein de l'Union européenne, nous avons longtemps attendu l'in.<:;tauration d'une vraie dimension parlementaire et aujourd'hui, le système politique de l'Union en tire tous les avantages. Le partenariat euro-méditerranéen, lui aussi, avait besoin de cette dimension parlementaire, qui le rapproche de nos citoyens qui seront les premiers bénéficiaires si les objectifs formulés à Barcelone se réalisent avec l'avantage que les parlementaires ont plus de liberté pour débattre que les gouvernements. A ce propos, je rappelle que le Maroc détient actuellement la vice-présidence de la commission « Promotion de la qualité de vie, des échanges humains et de la culture » de l'APEM, thèmes qui concernent la vie pratique de nos concitoyens. La Politique de voisinage nous en offre le cadre. Le Maroc a donc en main plusieurs clés pour concrétiser le travail de l'APEM dans ce que nous avons appelé une « alliance de civilisations ». Comme vous le savez cette "Alliance de Civilisations" a été proposée par le Président du Gouvernement espagnot M. Rodriguez Zapatero, et a été désormais reprise par les Nations Unies dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, après avoir reçu l'appui de plusieurs partenaires européens dont M. Blair, Premier Ministre d'un pays également récemment victime du terrorisme. Un groupe d'experts des Nations Unies, parmi lesquels André Azoulay, a été chargé de préparer des propositions concrètes. J'ai toujours été convaincu que le plus grand défi auquel devrait faire face l'Europe, serait ses relations avec le monde arabo­ musulman. Aujourd'hui, enfin, les Européens parlent ouvertement de la nécessité de renforcer leurs relations avec le monde musulman et particltlièrement arabe. Il s'agit maintenant de passer des parole~ aux actes, dans les domaines que je viens brièvement d'évoquer, et à l'aide d'instruments ou de symboles comme cette alliance. Annuaire GERM

La constitution de l'APEM fut également l'occasion de souligner notre attachement à des valeurs communes : la démocratie, l'Etat de droit, la bonne gouvernance, le respect et la défense des Droits de l'Homme. Ces principes sont le fondement de nos relations dans le contexte de la Politique européenne de voisinage. De plus, l'APEM a eu l'occasion d'insister sur la convergence de nos positions dans la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destmction massive. En amont du dixième anniversaire de la Déclaration de Barcelone que nous allons célébrer fin novembre, l'APEM a confirmé que sa "feuille de route" est le Processus de Barcelone dont elle a souligné la « centralité » pour,parer au risque de la dissipation des initiatives face au bassin méditerranéen. Ce processus devra, en effet, intégrer la politique européenne de voisinage et le partenariat stratégique comme deux projets complémentaires. C'est pourquoi nous avons demandé à la Commission et au Conseil de clarifier l'articulation entre ces trois éléments.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, L'Assemblée nationale du Maroc a pris part dans ce processus que l'Union européenne cherche activement à promouvoir, et dont la pierre angulaire est le renforcement du respect des Droits de l'Homme et de la démocratisation. Au Parlement européen, la réforme du Mudawana (code de la famille) approuvée par votre pays l'année passée (janvier 2004) fut accueillie avec enthousiasme. Pour les femmes marocaines, elle représente un grand pas en avant: en cherchant à conjuguer les Droits de l'Homme avec le respect des préceptes coraniques, le Maroc a démontré qu'tme cohabitation de l' avec ces droits tmiversels est de l'ordre du possible. Ceci n'est pas anodin puisque c'est bien le contraire de ce que les fondamentalistes voudraient nous faire croire. Annuaire GERM

Cette démarche est très rassurante. Je dirais même plus, elle devrait encourager d'autres pays du monde arabe à l'émuler. Un autre témoignage des progrès du Maroc dans le domaine de la démocratisation et de la liberté d'expression est la création de l'Instance Equité et Réconciliation chargée d'enquêter sur les violations des Droits de l'Homme dans le passé. Je 'me félicite du travail que cette Instance a accompli, travail qui jette également les bases de la poursuite du processus de démocratisation au Maroc, et j'espère que son suivi permettra à la société marocaine de vivre en paix avec elle-même et avec son passé. Il s'agit là d'lm très bon exemple pour d'autres pays de la région qui sont encore sous des régimes dictatoriaux. Nous savons tous que les démocraties ne sont pas exportables - encore moins par le biais de guerres - et il faut établir tme solidarité internationale entre pays démocrates pour combattre les dictatures. Le Chili, autre partenaire fondamental de l'Union Européenne, que j'ai visité récemment, et l'Afrique du Sud, grand pays à l'autre extrême de ce continent, ont créé, pour d'autres raisons, bien entendu, des instances similaires dont le succès, bien connu dans les deux cas, devraient encourager tous les pays, dont le vôtre, à avoir le courage d'affronter tout type de transition démocratique. Ces réformes, dont je viens d'aborder quelques brefs exemples, symbolisent sans équivoque le chemin du progrès que le Maroc a choisi. Pourtant, ce chemin ne peut s'arrêter à ce stade. Une fois les bonnes décisions politiques prises, il faut aussi assurer que la population ait connaissance de ses nouveaux droits et soit capable d'en jouir. Le renforcement du respect des Droits de l'Homme est un élément éminemment important pour l'Union européenne qui continuera à encourager les initiatives dans ce domaine. Par ailleurs, tme coopération s'est révélée nécessaire dans d'autres domaines. Nous sommes tous conscients non seulement de la menace terroriste, mais aussi, de par nos expériences, des dégâts Annuaire GERM

provoqués quand les terroristes passent à l'acte. Notre interdépendance sur cette question est inévitable. Le 16 mai 2003, Casablanca fut le scénario de plusieurs attaques, provoquant la mort de dizaines de personnes. Il y a 18 mois, mon pays, l'Espagne, a connu le triste sort de la terreur des bombes à Madrid. Il ne s'agissait pas de tragédies espagnoles ou marocaines, mais d'une tragédie méditerranéenne. Permettez-moi d'étendre ce sentiment au Royaume-Uni, nation qui a également subi l'atrocité des attaques de Londres. Ces différentes attaques nous ont montré que les terroristes sont capables de frapper à tout endroit dans le monde. Il est dès lors évident que nous ne pourrons les arrêter que par lille collaboration s'étendant au-delà de noS frontières. Ceci explique pourquoi les questions de sécurité sont mises en exergue dans le Plan d'Action pour le Maroc. Et de plus, cela explique la raison pour laquelle l'Union Européenne voudrait créer lill réseau Euro-Mediterranéen de cooperation policière et judiciaire afin de travailler ensemble contre le terrorisme et l'immigration illégale. Je me réjouis à cet égard que nos deux pays, et la France, aient obtenu le feu vert, vendredi dernier, de l'Union Européelme pour initier les travaux dans ce domaine. Cette proposition des 3 pays sera adoptée officiellement en novembre à la Conférence ministérielle EUROMED de Barcelone. La lutte contre le fléau terroriste et le crime organisé exige aussi ce type d'actions déterminées. Mais - et je voudrais insister sur ce point car nous avons récemment fait part de notre inquiéhlde à cet égard dans la Résolution de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM) au Caire - si cette lutte antiterroriste veut garder sa légitimité - et c'est d'elle que dépendra notamment son efficacité à long terme - ttlle doit se faire dans le respect des libertés fondamentales et des Droits de l'Homme. Certes, cela nous met parfois devant des choix difficiles. Pourtant, le respect du droit est le seul atout qui nous arme vraiment contre une violence qui sape les bases de nos stnlChlres Annuaire GERM

politiques, économiques, sociales et civiles. Au-delà de tous nos échanges, commerciaux, culturels, humains, nous souhaitons que notre voisinage soit aussi caractérisé par la sécurité. Pour atteindre cet objectif, le Plan d'action prévoit une coopération intensifiée dans nos actions antiterroristes qui dépend entièrement de notre travail, ensemble. Par cette coopération avec le gouvernement marocain, nous démontrons également à nos populations que nos partenaires musulmans s'opposent à ces attaques terroristes. C'est un point que je considère comme très important, parce que l'expérience du passé récent nous enseigne qu'en Europe, les SOupçons, voire les clichés et autres préjugés envers le monde musulman sont nourris par ces attaques. Parfois, comme ce fut le cas au lendemain de l'assassinat du metteur en scène Theo Van Gogh aux Pays-Bas, les communautés musulmanes locales, souvent composées pour une grande part de citoyens Marocain.", ont subi des actes de vengeance - actes honteux et totalement aveugles que je condamne sans réserve. L'Union européenne accueille une importante communauté marocaine qui, à tort ou à raison, configure la perception du Maroc aux yeux de la population locale. Notamment à Bmxelles où siègent les institutions de l'Union, il suffit de parcourir les mes pour saisir à quel point cette présence rend incontournable la recherche commune de solutions à tous les problèmes de nos sociétés modernes, autant sur place, que dans les relations bilatérales et multilatérales. L'Europe ne peut pas se permettre d'échec en termes d'intégration. Mais une réussite dépend en dernier lieu des apports émanant de chactme de nos deux parties. La Politique de voisinage peut, si nous nous y prenons bien, nous aider à créer un climat positif où des réactions comme nous les avons vécues aux Pays-Bas n'ont pas de raison d'être. A ce titre, je tiens à rappeler que le terrorisme ne se limite pas à la dimension sécuritaire, même si c'est celle-ci qui est la plus voyante et la plus douloureuse. Annuaire GERM

Il ne s'agit pas moins d'un problème qui naît d'autres problèmes de société que nous devons résoudre ensemble. Si l'intégration des commlmautés immigrées en Europe relève au premier chef de l'Union européenne et de ses Etats-membres, le problème des flux migratoires et notamment de l'immigration illégale exige des mesures communes qui doivent s'inscrire dans une approche politique partagée. Je disais tout à l'heure que les morts des attentats constituent une tragédie méditerranéenne. Et bien, c'est aussi une tragédie méditerranéenne chaque fois que sur les plages européennes s'échouent et meurent des hommes, des femmes et des enfants du Sud. Non seulement, le Maroc est une terre d'émigration vers l'Europe, il est aussi, de par sa situation géographique une terre de transit pour de nombreuses personnes provenant du sud du continent africain. Dès lors, un rôle particulier incombe à votre pays dans la gestion de ces flux migratoires. Nous avons d'ailleurs insisté, en tant que parlementaires de l'APEM, sur le fait que cette gestion ne peut pas être exclusivement sécuritaire, mais qu'elle doit être fondée sur un développement durable et social des pays de la Méditerranée. M. le Président, Il y a encore quelques pistes que nous devons parcourir ensemble. En tout premier lieu, le conflit arabo-israélien. Si nous ne mettons pas un terme à ce conflit, la violence deviendra lm élément chronique dans les relations entre l'Occident et le monde arabe. Et pour contrer cela, la dimension parlementaire Euromed dans le processus de paix du Moyen-Orient offre une nouvelle perspective, et notamment avec votre nomination, M. le Président, en tant que Président du groupe de travail Moyen-Orient. La deuxième piste constihle le Processus de Barcelone. Dix ans après le Processus de Barcelone, notre parcours à ce jour est globalement positif parce qu'il s'agit d'une stratégie à long Annuaire GERM terme et la continuité est un élément indispensable pour la réussite. Personne ne discute aujourd'hui le bien-fondé du lancement de la stratégie en 1995. Ce dixième anniversaire constihle une occasion pour relancer et renforcer le Processus de 1995. Et, pour ceci, il faut le "leadership" politique, une plus grande efficacité de mécanismes, l'établissement de nouveaux objectifs, plus de visibilité et plus d'implication des opinions publiques. Novembre 2005 doit marquer le commencement de Barcelone + 10 par lme relance politique, sociale, culturelle, éducative et aussi économique. Dans le domaine économique, il serait fondamental de relancer les instruments. Nous avons besoin de 40 Millions d'emplois dans la région dans les 10 prochaines années pour maintenir le taux d'emploi achlel. A ce propos, j'ai bien conscience que la libéralisation du commerce des textiles, même prévue il y a dix ans, a eu certainement plus d'impact ici qu'en Europe. On parle d'une perte de 15 000 emplois au Maroc depuis le 1er janvier 2005. Croyez bien que le Parlement Européen n'y est pas insensible. Ainsi, la semaine dernière, nous avons adopté le rapport de Tokia Saïfi sur le futur de l'industrie textile. Il préconise la création d'un espace Euromediterranéen de production. Cet espace serait accompagné d'lm programme de recherche, d'innovation et de coopération et d'un cadre douanier commun. L'Europe et le Maroc doivent coopérer plus et mieux pour renforcer leur compétitivité afin de réaliser, à terme, une réelle intégration économique des deux rives de la Méditerranée. Cela implique, évidemment, une augmentation des investissements européens au Maroc et dans toute la région. Mais une expansion des relations économiques et commerciales intra­ maghrébines est aussi vitale pour la région méditerranéenne. Ainsi, durant la seule année 2004, les entreprises européennes ont plus investi dans la seule Pologne que dans toute la région Sud­ Méditerranéenne depuis la déclaration de Barcelone (1995), soit 10 ans !!! Annuaire GERM

Mais dans le même temps, le niveau des relations commerciales entre les pays maghrébins n'a pas décollé, leurs échanges bilatéraux ne représentant que 2% de leurs échanges totaux: quel prix vous payez, vous et vos voisins, en gardant vos frontières fermées! Barcelone +10 doit marquer aussi le point de départ pour une nouvelle "sub-régionalisation" des actions et instruments du processus euro-méditerranéen. Le Maroc constitue à cet égard une pièce maîtresse de la coopération sud-sud entre les pays du Maghreb. Or, le Processus euro-méditerranéen a désespérément besoin du souffle d'lill vrai rapprochement entre les pays du Maghreb. La vitalité de l'Union du Maghreb Arabe est donc plus qu'un accessoire souhaitable du Processus de Barcelone. Elle en est un élément crucial. Les obstacles sont nombreux et nous les connaissons tous. Néanmoins, ils ne sont pas insurmontables et il devient urgent que toutes les parties renforcent leurs efforts pour résoudre les conflits qui les séparent. Le poids du Maghreb dans les rapports avec l'Europe en dépend. Le succès à long terme de la coopération euro­ méditerranéenne aussi.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Nos relations sont solides. Elles s'appuient sur une amitié de longue date et sur lill respect mutuel. Le premier accord entre votre pays et ce qui alors était la Communauté économique européenne remonte à 1977. Depuis, nos liens se sont continuellement renforcés. En 1997, le Maroc a signé un Accord d'Association avec l'Union européenne. Nous nous félicitons de l'excellente mise en oeuvre de cet accord ainsi que de l'engagement de votre pays pour le processus de Barcelone. Annuaire GERM

Le Président du Parlement Européen, mais aussi le citoyen Espagnol que je suis, se rallie entièrement à la perspective de renforcer nos liens de coopération. Les défis qui se dressent devant nous sont considérables, mais une bonne dose de volonté politique nous permettra d'avancer sur un chemin commun. Nous savons que nous pouvons compter sur votre concours actif pour les relever ensemble. Merci beaucoup ISRAEL - PALESTINE Déclaration du Quartet (Londres, 23 juin 2005)

Le Quartet s'est réuni à Londres aujourd'hui et a réaffirmé son soutien au retrait israélien de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie, ainsi qu'à la prise de contrôle de ces zones par les Palestiniens. Le Quartet réaffirme sa conviction que l'optimisme est actuellement de mise dans la quête de la paix au Moyen-Orient, et que l'occasion de relancer la Feuille de route ne doit pas être manquée. Le Quartet encourage Israéliens et Palestiniens à saisir pleinement cette occasion afin de se rapprocher de l'objectif qui est d'instaurer deux Etats démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Le Quartet affirme que le nouvel Etat palestinien devra être véritablement viable et bénéficier de la continuité avec la Cisjordanie. Le Quartet se félicite de la réunion tenue le 21 juin entre le Premier ministre Sharon et le président Abbas. Les contacts doivent désormais être intensifiés à tous les niveaux. Le Quartet note qu'il reste moins de deux mois d'ici au début du désengagement annoncé, et il souligne combien il est urgent qu'Israël et les Palestiniens travaillent directement entre eux dans un esprit de coopération, avec l'aide de James Wolfensohn, envoyé spécial du Quartet pour le désengagement de Gaza. Le Quartet souligne que l'appui concerté de la communauté des donateurs internationaux est essentiel au succès de la mission de M. Wolfensohn et il demande instamment aux Etats arabes de s'y associer pleinement. Les membres du Quartet réaffirment leur soutien sans réserve à M. Wolfensohn et aux efforts qu'il déploie concernant les aspects Annuaire GERM

non-sécuritaires du désengagement et de la relance de l'économie palestinienne. Ces efforts comprennent le renforcement des capacités générales de l'Autorité palestinienne, le soutien à la réforme juridique et judiciaire, l'achèvement de la réforme du système financier afin d'instaurer un régime réglementaire transparent et bien conçu, la mise en œuvre de mesures de lutte contre la corruption, tme stratégie budgétaire générale, ainsi qu'tme réforme des salaires et des pensions. La création d'emplois dans le secteur privé est également déterminante pour la relance de l'économie, tout comme tme société civile dynamique. Le Quartet demande également à Israël de prendre immédiatement des mesures, sans compromettre sa sécurité, pour alléger les difficultés économiques auxquelles sont confrontés les Palestiniens et pour faciliter la remise en état et la reconstruction en assouplissant le contrôle des flux de marchandises et de personnes à l'entrée et à la sortie de Gaza et de la Cisjordanie et entre ces deux territoires. Le Quartet note que la paix et la sécurité sont des composantes essentielles de la reprise économique et politique et il souligne que les Palestiniens doivent régler le problème de la violence et de la terreur pour permettre l'essor de la vie économique et politique. Il demande instamment aux deux parties d'éviter et de prévenir toute escalade de la violence afin de permettre le déroulement pacifique du retrait. A cette fin, le Quartet encourage la poursuite de la coopération israélo-palestinienne dans le domaine de la sécurité. Le Quartet condamne la résurgence récente de la violence à Gaza, avec le tir d'obus de mortier et de roquettes Qassam sur les villes et habitations israéliennes, qui a fait des victimes innocentes des deux côtés. A cet égard, le Quartet prend acte et se félicite du fait que l'Autorité palestinienne coopère pleinement avec la mission du général William Ward, coordinateur de sécurité américain, qui vise à aider les Palestiniens à réformer et restructurer leurs forces de sécurité et à coordonner l'aide internationale à cet effet. Une réforme rapide des services de sécurité et le renforcement de l'Etat de droit sont des éléments essentiels pour améliorer la sécurité des Palestiniens comme des Israéliens. Nous œuvrons au succès du désengagement, mais nous ne devons toutefois pas perdre de vue ce qui reste à accomplir. Le Quartet réaffirme que la solution des deux Etats et la Feuille de Annuaire GERM

route constituent le meilleur moyen de parvenir à une paix permanente et de mettre fin à l'occupation qui dure depuis 1967. Le Quartet fait part de sa préoccupation en ce qui concerne les activités de colonisation. Dans ce contexte, le Quartet rappelle aux deux parties qu'elles continuent d'avoir des obligations en vertu de la Feuille de route, et il réaffirme la nécessité d'éviter toute action qui contrevient à la Feuille de route ou qui porte préjudice aux négociations sur le statut définitif. Tout accord définitif doit être atteint par voie de négociation entre les deux parties. Le Quartet réaffirme son attachement aux principes énoncés dans ses déclarations antérieures, notamment celles du 9 mai 2005, du 1er mars 2005 et du 4 mai 2004, il réaffirme que la solution des deux Etats et la Feuille de route constituent le meilleur moyen de parvenir à un règlement mutuellement agréé entre les deux parties et il rappelle son attachement à un règlement juste, global et durable du conflit israélo-arabe. Déclaration de la présidence au nom de l'Union Européenne sur le désengagement d'ISRAËL de GAZA

(Bruxelles, 25 aoùt 2005)

L'Union européenne salue le progrès historique accompli en ce qui concerne le retrait israélien de Gaza et de certaines parties du Nord de la Cisjordanie. Elle félicite le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne pour leur détermination à relever les défis difficiles auxquels ils sont confrontés. L'Union européenne rend hommage au courage du Premier ministre israélien, M. Sharon, et à son gouvernement pour avoir mis en œuvre le plan de désengagement, ainsi qu'aux forces de sécurité israéliennes pour leur attihlde. Elle constate par ailleurs que l'Autorité palestinienne est résolue de contribuer au déroulement pacifique du retrait. Elle se félicite de la coordination étroite entre les deux parties et elle les encourage à poursuivre dans cette voie. L'Union européenne salue la retenue dont a fait preuve la majorité des Israéliens et des Palestiniens, et elle les engage à continuer ainsi. L'Union européenne estime que le désengagement devrait représenter tille étape importante dans la mise en œuvre de la Feuille de route du Quartet. Elle encourage les deux parties à poursuivre leur coopération dans le cadre des dernières étapes menant à un désengagement complet, y compris leur collaboration étroite avec M. James Wolfensohn, l'envoyé spécial du Quartet pour le désengagement, dans les domaines essentiels que ce dernier a identifiés. L'Union européenne réaffirme sa détermination à aider les deux parties à faire progresser le processus de paix et à réaliser l'objectif Annuaire GERM de la coexistence de deux Etats par la création d'lm Etat palestinien viable, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité dans le cadre d'un règlement juste, durable et global du conflit. La Bulgarie et la Roumanie, pays en voie d'adhésion, la Turquie et la Croatie*, pays candidats, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, l'Ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie-et­ Monténégro, pays du processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, l'Islande et le Liechtenstein, pays de l'AELE membres de l'Espace économique européen, ainsi que l'Ukraine et la République de Moldavie, se rallient à la présente déclaration';. Déclaration de la Présidence au nom de l'Union européenne sur l'élection présidentielle en Égypte, le 8 septembre 2005

L'Union européenne note avec satisfaction que l'Égypte a tenu, le 7 septembre, sa première élection présidentielle jamais ouverte à plusieurs candidats,et elle félicite le gouvernement et le peuple égyptiens pour cette initiative importante sur la voie de la réforme politique. L'UE a suivi le scrutin avec un vif intérêt. Elle se félicite qu'un débat ouvert ait eu lieu et que la campagne se soit déroulée dans le calme. Elle salue les efforts déployés par les médias de radiodiffusion contrôlés par l'État pour assurer tille couverture électorale objective et équilibrée. L'UE salue également les engagements pris au cours de la campagne quant à la poursuite du processus de réforme. L'UE note que l'élection a eu lieu sous contrôle judiciaire et elle prend acte des efforts déployés par les groupes de la société civile pour observer le scrutin. L'UE attache une grande importance au rôle joué par ces groupes dans la préparation et l'observation du scrutin et elle est prête à appuyer leurs efforts. L'UE encourage le gouvernement égyptien à faire fond sur les progrès réalisés pour préparer les élections à venir, notamment les élections législatives qui doivent avoir lieu prochainement. Elle note que l'observation internationale peut jouer un rôle important pour ce qui est de compléter les efforts déployés au niveau national pour assurer la régularité et la transparence et de rendre compte de leur succès auprès de la communauté internationale; elle souligne Annuaire GERM

que, si elle y est invitée, elle est prête à apporter son concours à cet égard lors d'élections futures. La Bulgarie et la Roumanie, pays en voie d'adhésion, la Croatie*, pays candidat, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie ?Monténégro, pays du processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, l'Islande et le Liechtenstein, pays de l'AELE membres de l'Espace économique européen, ainsi que l'Ukraine et la république de Moldavie, se rallient à la présente déclaration. Agenda de Tunis pour la société de l'information

INTRODUCTION

1. Nous sommes conscients que le moment est venu de passer des principes à l'action, tout en tenant compte des travaux en cours pour mettre en oeuvre le Plan d'action de Genève et tout en déterminant les domaines où des progrès ont été réalisés, sont en Cours ou n'ont pas encore eu lieu. 2. Nous tenons à réaffirmer les engagements pris à Genève et à nous en inspirer ici à Tunis en nous attachant aux mécanismes de financement destinés à réduire la fracture numérique, à la gouvernance de l'Internet et aux questions connexes, ainsi qu'au suivi et à la mise en oeuvre des décisions de Genève et de Tunis.

MÉCANISMES DE FINANCEMENT POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS DES TIC POUR LE DÉVELOPPEMENT 1. Nous remercions le Secrétaire général de l'ONU pour avoir fait créer le Groupe d'action sur les mécanismes de financement (TFFM) et nous félicitons les membres de ce Groupe pour le rapport qu'ils ont établi. 2. Nous rappelons que le TFFM devait procéder à un examen approfondi des mécanismes de financement existants afin de savoir s'ils étaient adéquats et permettaient de faire face aux enjeux des TIC pour le développement. 3. Le rapport du TFFM fait apparaître la complexité des mécanismes existants, privés ou publics, qui assurent le Annuaire GERM

financement des TIC dans les pays en développement. Il cerne les domaines dans lesquels les pays en développement et leurs partenaires pour le développement pourraient conférer un rang de priorité plus élevé aux TIC. 4. Compte tenu de la conclusion de l'examen du rapport, nous avons pris en considération les améliorations et les innovations qu'il est proposé d'apporter aux mécanismes de financement, en particulier la création d'un Fonds de solidarité numérique, évoquée dans la Déclaration de principes de Genève. 5. Nous reconnaissons l'existence de la frachue numérique et des difficultés qu'elle pose à de nombreux pays qui se voient obligés de choisir entre un grand nombre d'objectifs dans la planification de leur développement et de demandes de crédits de développement qui sont en concurrence, alors qu'ils ont des ressources limitées. 6. Nous sommes conscients de l'ampleur du problème de réduire la fracture numérique, cette opération exigeant des investissements adéquats et durables dans l'infrastruchtre et les services TIC, ainsi que dans le renforcement des capacités et les transferts de technologie pendant de nombreuses années. 7. Nous appelons la communauté internationale à promouvoir, selon des conditions convenues d'un commlm accord, le transfert des technologies, notamment des TIC, et à adopter des politiques et programmes visant à aider les pays en développement à tirer parti de la technologie dans leur recherche du développement, notamment dans le cadre de la coopération technique et du renforcement des capacités scientifiques et technologiques par les efforts que nous déployons pour réduire la frachtre numérique et la fracture du développement. S. Nous reconnaissons que les buts et objectifs de développement arrêtés à l'échelle internationale, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement, sont fondamentaux. Le consensus de Monterrey sur le financement pour le développement est la base de la mise en oeuvre de mécanismes de financement adéquats et appropriés pour promouvoir les TIC pour le développement, conformément au pacte de solidarité numérique du Plan d'Action de Genève. Annuaire GERM

9. Nous reconnaissons - et nous en prenons note - les besoins de fin~ncementspéciaux et spécifiques, mentionnés au paragraphe 16 de la Déclaration de principes de Genève*, du monde en développement, qui a à résoudre de nombreux problèmes dans le secteur des TIC, et nous savons qu'il est indispensable de considérer ces besoins de financement spéciaux pour parvenir aux buts et objectifs de développement arrêtés sur le plan international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. 10. Nous reconnaissons que le financement des TIC pour le développement doit s'inscrire dans le contexte de l'importance croissante du rôle des TIC, non seulement comme moyen de communication, mais également comme moteur de développement, et comme outil permettant de réaliser les buts et objectifs de développement arrêtés sur le plan international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. 11. Par le passé, le financement des infrastmctures TIC, dans la plupart des pays en développement, était fondé sur les investissements publics. Dernièrement, tm important afflux de ressources financières a eu lieu, dans lequel la participation du secteur privé a été encouragée, sur la base d'tm cadre réglementaire solide, et des politiques générales visant à réduire la fracture numérique ont été mises en oeuvre. 12. Nous sommes très encouragés de constater que les progrès réalisés dans les techniques des communications et les réseaux de données à grand débit offrent aux pays en développement et aux pays à économie en transition de plus en plus de possibilités de participer au marché mondial des services issus des TIC sur la base de leurs avantages relatifs. Ces nouvelles possibilités offrent à ces pays une solide base commerciale pour les investissements dans les infrastructures TIC. Les gouvernements doivent donc prendre des mesures, dans le cadre des politiques nationales de développement, pour aider à créer un environnement concurrentiel et propice aux investissements nécessaires dans l'infrastructure des TIC et au développement de nouveaux services. Par ailleurs, les pays devraient mettre en oeuvre des politiques et des mesures susceptibles de ne pas décourager, Annuaire GERM

entraver ou prévenir la participation continue de ces pays au marché mondial des services issus des TIC. 13. Nous prenons note du fait que les problèmes rencontrés pour élargir la portée d'un contenu de l'information accessible et utile dans les pays en développement sont nombreux. Le problème du financement des diverses formes de contenu et d'application en particulier doit faire l'objet d'une attention nouvelle, car il a souvent été négligé du fait que l'accent était mis sur l'infrastructure des TIC. 14. Nous sommes conscients du fait que, si les TIC ont attiré des investissements, c'est surtout parce que l'environnement était propice et s'est caractérisé par une bonne gouvernance à tous les niveaux, ainsi que par un cadre politique et réglementaire adéquat, transparent et favorable à la concurrence, et adapté aux réalités nationales. 15. Nous avons la volonté d'amorcer un dialogue anticipé sur les questions relatives à la responsabilité sociale et à la bonne gouvernance des sociétés transnationales et à leur contribution au développement économique et social des pays en développement dans les efforts que nous déployons pour réduire la fracture numérique. 16. Nous rappelons que les forces du marché ne peuvent à elles seules assurer la pleine participation des pays en développement sur le marché mondial des services rendus possibles par les technologies de l'information. Nous encourageons donc le renforcement de la coopération et de la solidarité internationales à l'effet de permettre à tous les pays, et plus particulièrement aux pays mentionnés au paragraphe 16 de la Déclaration de principes de Genève, de développer des infrastructures TIC et des services fondés sur les technologies de l'information qui soient viables et compétitifs à l'échelle nationale et à l'échelle internationale. 17. Nous sommes conscients du fait que, s'ajoutant à celle du secteur public, la part du secteur privé dans le financement des infrastructures TIC joue désormais un rôle important dans bon nombre de pays en développement et que le financement interne est complété par les flux nord-sud et par la coopération sud-sud. 18. Nous sommes conscients du fait qu'en raison de l'importance croissante d'investissements durables du secteur Annuaire GERM

privé dans les infrastruchues, les donateurs publics, au plan multilatéral ou bilatéral, réorientent des ressources publiques en faveur d'autres besoins de développement, notamment en ce qui Concerne les éléments suivants: documents de stratégie sur la lutte contre la pauvreté et programmes apparentés, réformes politiques et intégration des TIC, renforcement des capacités. Nous encourageons tous les gouvernements à donner un rang de priorité approprié aux TIC, y compris aux technologies traditiOlmelles telles que la radiodiffusion et la télévision, dans leurs stratégies nationales de développement. Nous encourageons par ailleurs les instihltions multilatérales et les donateurs publics, au plan bilatéral, à envisager d'accorder également un plus grand soutien financier aux projets d'infrastruchlre TIC régionaux et aux projets nationaux sur une grande échelle, ainsi qu'au développement connexe des capacités. Il conviendrait que les donateurs harmonisent leurs stratégies d'assistance et de partenariat en fonction des priorités fixées par les pays en développement dans leurs stratégies nationales de développement, et en particulier, le cas échéant, dans leurs stratégies de lutte contre la pauvreté. 19. Nous avons conscience du fait que le financement public joue un rôle capital lorsqu'il s'agit d'assurer l'accès aux TIC et les services dans les zones rurales et auprès des populations désavantagées, notamment des petits Etats insulaires en développement et des pays en développement sans littoral. 20. Nous notons que le renforcement des capacités en matière de TIC est une priorité élevée dans tous les pays en développement et que les niveaux de financement actuels ne sont pas adéquats compte tenu des besoins, quand bien même de nombreux mécanismes de financement différents sont affectés aux TIC pour le développement. 21. Nous savons que des ressources financières plus importantes sont requises pour un certain nombre d'éléments qui, par ailleurs, n'ont pas été suffisamment pris en compte dans les approches actuelles du financement des TIC pour le développement. Il s'agit des éléments suivants: a. programmes de renforcement des capacités en TIC, Annuaire GERM

documentation, outils, initiatives de financement et de formation spécialisée et d'enseignement, particulièrement pour les régulateurs et autres employés et organismes du secteur public; b. accès aux télécommunications et connectivité pour la fournihIre de services et d'applications TIC dans les zones rurales excentrées, les petits Etats insulaires en développement, les pays en développement sans littoral et d'autres lieux présentant des défis technologiques et commerciaux sans équivalent; c. infrastructure dorsale régionale, réseaux régionaux, points d'accès aux réseaux et projets régionaux connexes, pour connecter les réseaux par delà les frontières et dans les régions économiquement défavorisées qui peuvent avoir besoin de politiques coordonnées, y compris de cadres juridiques, réglementaires et financiers, et qui bénéficieraient de l'échange d'expériences et des meilleures pratiques; d. capacité large bande pour faciliter la prestation d'une plus large gamme de services et d'applications, promouvoir les investissements et fournir l'accès à l'Internet à des prix abordables, aussi bien aux utilisateurs existants qu'aux nouveaux utilisateurs; e. assistance coordonnée, selon qu'il convient, pour les pays visés au paragraphe 16 de la Déclaration de principes de Genève, en particulier les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement, afin d'améliorer l'efficacité et d'abaisser les coüts de transaction associés à la fourniture d'un appui par les donateurs internationaux; f. applications TIC et contenu pour l'intégration des TIC dans la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté et les programmes sectoriels, en particulier en ce qui concerne les soins de santé, l'éducation, l'agriculture et l'environnement; Par ailleurs, il est nécessaire de considérer les autres éléments suivants, qui concernent les TIC pour le développement et qui n'ont pas fait l'objet d'une attention adéquate: Annuaire GERM

g. durabilité des projets liés à la société de l'information, par exemple en ce qui concerne la maintenance des infrastmctures TIC; h. besoins spécifiques des petites, moyennes et microentreprises (PMME), par exemple besoins de financement; i. élaboration et réalisation locales d'applications et de technologies TIC par les pays en développement; j. activités sur les réformes instihltionnelles liées aux TIC et renforcement des capacités concernant les cadres juridiques et réglementaires; k. amélioration des stmctures administratives et modification des processus d'activité économique à l'effet d'optimiser l'impact et l'efficacité des projets TIC et des autres projets à forte composante TIC; l. initiatives des collectivités locales et initiatives communautaires offrant des services TIC aux communautés dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'amélioration des moyens de subsistance. 24. Etant donné que c'est aux gouvernements qu'il incombe au premier chef de coordonner les programmes publics de financement et les initiatives publiques de développement des TIC, nous recommandons une meilleure coordination intersectorielle et interinstihltions, aussi bien de la part des donateurs que de la part des bénéficiaires dans le contexte national. 25. Les banques et institutions multilatérales de développement devraient envisager d'adapter leurs mécanismes et, selon les besoins, de concevoir de nouveaux mécanismes, pour faire face aux impératifs du développement des TIC à l'échelle nationale et à l'échelle régionale. 26. Nnus avons connaissance des conditions préalables suivantes à tme accessibilité équitable et universelle aux mécanismes de financement et à tme meilleure utilisation de ces mécanismes: a. instaurer des mesures incitatives en matière de politiques et de réglementation ainsi que des dispositions en faveur de l'accès universel et de la mobilisation des investissements Annuaire GERM

du secteur privé; b. déterminer et reconnaître le rôle essentiel des TIC dans les stratégies de développement nationales, à élaborer, selon qu'il convient, en association avec des cyberstratégies; c. mettre sur pied des capacités institutionnelles et des mécanismes de mise en oeuvre pour soutenir l'utilisation de fonds nationaux en faveur du service/accès universel, et approfondir l'étude de ces mécanismes et des mécanismes visant à mobiliser des ressources internes; d. encourager le développement d'informations, d'applications de services, localement adaptés aux pays en développement et aux pays dont l'économie est en transition; e. favoriser la "montée en puissance" de programmes pilotes basés sur l'utilisation des TIC; f. favoriser l'utilisation des TIC dans le gouvernement comme priorité et domaine cible essentiel pour les interventions de développement fondées sur les TIC; g. renforcer les capacités humaines et institutionnelles (connaissances et savoir) à tous les niveaux pour réaliser les objectifs de la société de l'information, notamment dans le secteur public; h. encourager les entités du secteur privé à aider à faire implanter une demande plus large de services TIC en apportant leur soutien aux industries créatives, aux producteurs locaux de contenus et d'applications culturelles et aux petites entreprises; i. renforcer les capacités afin d'améliorer les possibilités de mobilisation de fonds et les moyens de les utiliser avec efficacité. 27. Nous recommandons d'apporter aux mécanismes de financement existants les améliorations ou innovations suivantes: a. améliorer les mécanismes de financement de telle sorte que les ressources financières deviennent adéquates, plus prévisibles, de préférence libres de toute conditionnalité et durables; Annuaire GERM

b. améliorer la coopération régionale et créer des partenariats entre parties prenantes, notamment en créant des incitations en vue de l'établissement de stmctures dorsales régionales; c. assurer un accès abordable aux TIC, à l'aide des mesures suivantes: i. réduire les coùts Internet internationaux facturés par les fournisseurs d'infrastructure dorsale, en facilitant notamment la mise en place et le développement de stmctures dorsales TIC et de points d'échanges Internet régionaux, afin de réduire les coüts d'intercOlmexion et d'élargir l'accès au réseau; ii. encourager l'UIT à poursuivre l'éhlde de la question urgente de la connectivité Internet internationale, en vue d'élaborer des recommandations appropriées; d. coordonner des programmes entre gouvernements et grands acteurs financiers afin de réduire les risques d'investissements et les coùts de transaction pour les opérateurs qui exploitent des secteurs du marché moins attractifs (zones rurales ou à faible revenu); e. aider à accélérer la mise en place d'instmments financiers locaux notamment en favorisant les instruments locaux de microfinance, les pépinières de petites entreprises de TIC, les instmments de crédit public, les systèmes d'enchères inverses, les initiatives de mise en réseau à l'échelle communautaire, la solidarité numérique et autres innovations; f. améliorer la capacité d'accéder aux mécanismes de financement, afin d'accélérer le financement des infrastruchlres et services TIC, en favorisant notamment les flux nord-sud ainsi que la coopération nord-sud et sud-sud; g. if conviendrait que les organisations multilatérales, régionales et bilatérales de développement considèrent l'utilité de créer tm fOnllTI virhlel de partage d'informations, par toutes les parties prenantes, sur les projets potentiels, sur les sources de financement et sur les mécanismes institutionnels de financement; Annuaire GERM

h. faire en sorte que les pays en développement soient davantage en mesure de générer des fonds pour les TIC et de développer de nouveaux instruments de financement, sous forme notamment de fonds d'affectation spéciale et de capitaux d'amorçage adaptés à leur économie; i. exhorter tous les pays à déployer des efforts concrets pour s'acquitter de leurs engagements aux termes du Consensus de Monterrey; j. il conviendrait que les organisations multilatérales, régionales et bilatérales de développement envisagent de collaborer pour accroître leur capacité de réaction rapide en vue d'aider les pays en développement qui demandent une assistance dans le domaine des politiques TIC; k. inciter à une augmentation des contributions volontaires; 1. utiliser de façon efficace, selon les besoins, les mécanismes d'allègement de la dette mentionnés dans le Plan d'Action de Genève, notamment les options d'annulation ou d'échange de créances, susceptibles d'être exploités pour le financement de projets TIC pour le développement en particulier dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté. 28. Nous nous félicitons de la création du Fonds pour la solidarité numérique (F5N) établi à Genève, mécanisme financier innovant et volontaire, ouvert à toutes les parties intéressées, devant permettre de transformer la fracture numérique en opportunités numériques pour le monde en développement en ciblant essentiellement les besoins spécifiques et urgents au niveau local et en recherchant de nouvelles sources de financement "de solidarité", Le Fonds complétera les fonds déjà mis en place pour financer la société de l'information, qui devront continuer d'être pleinement utilisés pour financer la croissance de nouvelles infrastructures et de nouveaux services TiC.

GOUVERNANCE DE L'INTERNET

29. Nous réaffirmons les principes énoncés pendant la phase de Genève du 5M5l, en décembre 2003, selon lesquels l'Internet est devenu une ressource publique mondiale et sa gouvernance Annuaire GERM

devrait constituer l'une des priorités essentielles de la société de l'information. La gestion internationale de l'Internet devrait s'opérer de façon multilatérale, transparente et démocratique, avec la pleine participation des Etats, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales. Elle devrait assurer une répartition équitable des ressources, faciliter l'accès de tous et garantir le fonctionnement stable et sécurisé de l'Internet, dans le respect du multilinguisme. 30. Nous notons que l'Internet, élément pivot de l'infrastructure de la société de l'information, a évolué: initialement réseau de c1wrcheurs et d'universitaires, il est devenu une ressource publique mondiale. 31. Nous avons conscience du fait que la gouvernance de l'Internet, assurée selon les principes de Genève, est un élément essentiel d'une société de l'information à dimension humaine, inclusive, privilégiant le développement et non discriminatoire. Par ailleurs, nous nous engageons à assurer la stabilité et la sécurité de l'Internet, en tant que ressource mondiale, et à garantir la nécessaire légitimité de sa gouvernance, sur la base de la participation pleine et entière de toutes les parties prenantes, aussi bien de pays développés que de pays en développement, selon leurs rôles et responsabilités respectifs. 32. Nous remercions le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies d'avoir créé le Groupe de travail sur la gouvernance de l'Internet (GTGI). Nous félicitons le Président, les membres et le secrétariat de ce groupe pour leur travail et pour leur rapport. 33. Nous prenons acte du rapport du GTGI, dont les membres se sont efforcés d'établir tille définition pratique de la gouvernance de l'Internet. Ce document permet de cerner plus facilenîent un certain nombre de questions d'intérêt général qui se rapportent à la gouvernance de l'Internet. Par ailleurs, il nous permet de mieux comprendre les rôles et responsabilités respectifs des gouvernements, des organisations intergouvernementales et internationales et d'autres instances, ainsi que du secteur privé et de la société civile, dans les pays en développement comme dans les pays développés. 34. Une définition pratique de la gouvernance de l'Internet est l'élaboration et l'application par les Etats, le secteur privé et la

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société civile, dans le cadre de leurs rôles respectifs, de principes, normes, règles, procédures de prise de décision et programmes communs propres à modeler l'évolution et l'utilisation de l'Internet. 35. Nous réaffirmons que la gestion de l'Internet couvre aussi bien des questions d'ordre technique que des questions de politique générale, et doit impliquer l'ensemble des parties prenantes et des organisations intergouvernementales et internationales compétentes. A cet égard, il est reconnu ce qui suit: a. pour ce qui est des questions d'intérêt général qui se rapportent à l'Internet, le pouvoir décisionnel relève de la souveraineté nationale des Etats, lesquels ont des droits et des responsabilités en la matière; b. le secteur privé a toujours eu et devrait continuer d'avoir un rôle important dans le développement de l'Internet, tant sur le plan technique que sur le plan économique; c. la société civile assume elle aussi tm rôle important dans toutes les questions relatives à l'Internet, tout particulièrement au niveau des cornmtmautés, et elle doit continuer à assumer ce rôle; d. le rôle des organisations intergouvernementales a toujours été, et devrait continuer d'être, de faciliter la coordination des questions d'intérêt général qui se rapportent à l'Internet; e. les organisations internationales, elles aussi, ont toujours eu et devraient continuer d'avoir un rôle important dans l'élaboration des normes techniques concernant l'Internet et des politiques associées. 36. Nous reconnaissons la contribution précieuse que les milieux universitaires et les secteurs techniques, au nombre des groupes de parties prenantes mentionnés au paragraphe 35, apportent à l'évolution, au fonctionnement et au développement de l'Internet. 37. Nous cherchons à améliorer la coordination des activités des organisations internationales et intergouvernementales et des autres institutions concernées par la gouvernance de l'Internet, Annuaire GERM

ainsi que les échanges d'informations entre ces diverses instances. Dans la mesure du possible, une approche multi-parties prenantes devrait être adoptée à tous les niveaux. 38. Nous appelons au renforcement d'institutions régionales spécialisées dans la gestion des ressources Internet afin de garantir le droit de chaque région de gérer ses propres ressources Internet, tout en assurant une coordination au niveau mondial dans ce domaine. 39. Nous cherchons à instaurer un climat de confiance et de sécurité pour l'utilisation des TIC en renforçant les bases de cette confiance. Nous réaffirmons qu'une culture mondiale de la cybersécurité doit être encouragée, développée et mise en pratique en collaboration avec toutes les parties prenantes comme l'ont indiqué l'Assemblée générale des Nations Unies dans sa Résolution 57/239 et certaines instances régionales compétentes. Cette culture suppose des actions au niveau national et une coopération internationale accrue afin de renforcer la sécurité tout en améliorant la protection de la vie privée et des informations et données personnelles. L'expansion constante de la culture de la cybersécurité devrait renforcer l'accès et les échanges et doit tenir compte du niveau de développement socio-économique de chaque pays et respecter les aspects de la société de l'information qui privilégient le développement. 40. Nous soulignons qu'il importe de poursuivre les auteurs de cybercrimes, y compris ceux commis dans un pays mais dont les conséquences sont ressenties dans un autre pays. Nous insistons en outre sur la nécessité de disposer d'instruments et de mécanismes efficaces, aux niveaux national et international, pour promouvoir la coopération internationale notamment entre les autorités de police dans le domaine de la cybercriminalité. Nous exhortons les Etats à élaborer, en collaboration avec les autres parties prenantes, la législation nécessaire permettant de mener des enquêtes et de poursuivre en justice les auteurs de cybercrimes, compte tenu des cadres existants, par exemple les Résolutions 55/63 et 56/121 de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la lutte contre l'exploitation des technologies de l'information et de la communication à des fins criminelles, et les initiatives régionales, dont la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe.

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41. Nous sommes résolus à traiter efficacement le problème toujours plus préoccupant du spam. Nous prenons note des cadres multilatéraux et multi-parties prenantes de coopération régionale et internationale qui existent afin de lutter contre le spam, par exemple, la stratégie antispam de l'APEC, le Plan d'action de Londres, le Mémorandum d'accord Séoul-Melbourne sur la lutte contre le spam et les activités menées par l'OCDE et l'VIT dans ce domaine. Nous demandons à toutes les parties prenantes d'adopter, pour lutter contre ce phénomène, sur plusieurs fronts, des mesures: sensibilisation des utilisateurs et des entreprises; mise en place d'une législation appropriée ainsi que d'autorités et de mécanismes adaptés pour la faire appliquer; mise au point continue de mesures techniques et d'autoréglementation; élaboration de meilleures pratiques; coopération internationale. 42. Nous réaffirmons notre attachement à la liberté de rechercher, recevoir, transmettre et utiliser des informations, en particulier aux fins de la création, de l'accumulation et de la diffusion du savoir. Nous affirmons que les mesures prises pour garantir la stabilité et la sécurité de l'Internet et pour lutter contre la cybercriminalité et le spam doivent respecter la vie privée et le droit d'expression et être conformes aux dispositions y relatives qui figurent dans les parties pertinentes de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Déclaration de principes de la phase de Genève. 43. Nous réitérons notre engagement en faveur de l'utilisation positive de l'Internet et d'autres TIC, ainsi que l'adoption de mesures appropriées, notamment préventives, déterminées par la loi, pour empêcher les utilisations abusives des TIC, comme indiqué dans la Déclaration de principes et dans le Plan d'action de Genève, au titre des dimensions éthiques de la société de l'information. 44. Nous soulignons également l'importance de la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations sur l'Internet, dans le respect des droits de l'homme, conformément à d'autres obligations au regard du droit international, comme indiqué dans l'Article 85 du Document final du Sommet de 2005 (Résolution A6ü/L.l* de l'Assemblée générale des Nations Unies). Annuaire GERM

45. Nous soulignons l'importance de la sécuritét de la continuité et de la stabilité de l'Internett et la nécessité de protéger l'Internet et d'autres réseaux TIC face aux menaces et du fait de leur vulnérabilité. Nous affirmons qu'il est nécessaire de trouver un terrain d'entente sur les questions se rapportant à la sécurité de l'Internet et d'accroître la coopération afint d'une partt de faciliter la collecte et la diffusion d'informations relatives à la sécuritét et la sensibilisation dans ce domaine et d'autre partt d'échanger des bonnes pratiques entre toutes les parties prenantes sur les mesures visant à lutter contre les menaces qui pèsent sur la sécuritét aux niveaux national et international. 46. Nous exhortons toutes les parties prenantes à garantir le respect de la vie privée et la protection des informations et données personnellest et ce par différents moyens: adoption de législationst mise en œuvre de cadres de coopérationt élaboration de meilleures pratiques et mise au point de mesures techniques et d'autoréglementation par les entreprises et les utilisateurs. Nous encourageons toutes les parties prenantest en particulier les Etatst à réaffirmer le droit des individus à accéder à l'information conformément à la Déclaration de principes de Genève et à d'autres instruments internationaux arrêtés d'un commun accordt ainsi qu'à coordonner leur action au niveau international selon qu'il conviendra. 47. Nous notons que le commerce électroniquet sous toutes ses formest augmente de plus en plus en volume et en valeurt tant au niveau national qu'au niveau international. Nous préconisons l'élaboration de lois et de pratiques nationales sur la protection du consommateurt ainsi que de mécanismes d'applicationt lorsque cela est nécessairet pour protéger les droits du consommateur qui acquiert des biens et des services en lignet et nous préconisons par ailleurs une coopération internationale accruet propre à faciliter encore davantaget de façon non discriminatoire et conformément aux lois nationales en vigueurt la généralisation du commerce électroniquet tout en renforçant la confiance du consommateur. 48. Nous notons avec satisfaction que les gouvernements utilisent de plus en plus les TIC au service de la populationt et nous encourageons les pays qui ne l'ont pas encore fait à élaborer des programmes et stratégies de cybergouvernement nationaux. Annuaire GERM

49. Nous réaffirmons notre volonté de transformer la fracture numérique en possibilités numériques et nous nous engageons à veiller à ce que cette évolution soit harmonieuse, équitable et juste pour tous. Nous nous engageons à favoriser la prise en compte de certaines questions de développement, et à donner des conseils à ce sujet, dans les arrangements en matière de gouvernance de l'Internet au sens large, y compris les questions de coùt de connexion internationale, de renforcement des capacités et de transfert de technologies/connaissances. Nous encourageons la réalisation du multilinguisme dans le contexte du développement de l'Internet, et nous appuyons le déveloPRement de logiciels qui soient faciles à localiser et qui permettent à l'utilisateur de choisir une solution appropriée parmi différents modèles, notamment des logiciels à code source ouvert, grahüts et propriétaires. 50. Nous reconnaissons qu'il est préoccupant pour certains pays, en particulier des pays en développement, que les coùts afférents à la connectivité Internet internationale ne soient pas plus équitablement répartis afin de renforcer l'accès à l'Internet. Nous demandons instamment que des stratégies favorables à une connectivité mondiale plus abordable soient élaborées, ce qui permettrait de fournir lm accès amélioré et équitable pour tous/ dans le but notamment: a. de promouvoir des coùts de transit et d'interconnexion Internet négociés au niveau commercial dans un cadre concurrentiel et établis en fonction de paramètres objectifs, transparents et non discriminatoires, compte tenu des travaux en cours dans ce domaine; b. de créer des réseaux dorsaux Internet haut débit au niveau régional et des points d'échange Internet aux niveaux national, sous-régional et régional; c. de recommander aux programmes de donateur et à d'autres mécanismes de financement du développement d'envisager la nécessité de financer des initiatives qui favorisent la connectivité, les points d'échange Internet et la production de contenus locaux à l'intention des pays en développement; d. d'encourager l'UIT à poursuivre de toute urgence l'étude de la question de la connectivité Internet internationale, et à en Annuaire GERM

communiquer les résultats à des fins d'examen et de mise en oeuvre éventuelle. Nous encourageons également d'autres institutions compétentes à traiter cette question; e. de promouvoir la mise au point et le développement de terminaux bon marché, accessibles tant aux particuliers qu'à la collectivité, en particulier pour les pays en développement; f. d'inciter les fournisseurs de services Internet et d'autres parties aux négociations commerciales à adopter des pratiques visant à établir des coûts d'interconnexion justes et équitables; g. d'inciter les parties compétentes à négocier au niveau commercial des coûts d'interconnexion réduits pour les pays les moins avancés (PMA), compte tenu des contraintes particulières de ces pays. 51. Nous encourageons les gouvernements et d'autres parties prenantes, dans le cadre de partenariats le cas échéant, à promouvoir l'éducation et la formation TIC dans les pays en développement, en élaborant des stratégies nationales d'intégration des TIC dans l'éducation et dans la formation du personnel, et en mobilisant les ressources appropriées à cette fin. En outre, il faudrait accroître la Coopération internationale, sur une base volontaire, en matière de renforcement des capacités dans des domaines se rapportant à la gouvernance de l'Internet. Il pourrait s'agir par exemple de créer des établissements, et notamment des centres d'expertise, destinés à faciliter le transfert de savoir-faire et l'échange de meilleures pratiques, afin de renforcer la participation des pays en développement et de toutes les parties prenantes aux mécanismes de gouvernance de l'Internet. 52. Afin de garantir tille participation efficace à la gouvernance mondiale de l'Internet, nous demandons instamment aux organisations internationales, y compris aux organisations intergouvernementales compétentes, de veiller à ce que toutes les parties prenantes, en particulier des pays en développement, aient la possibilité de participer à la prise de décision concernant les politiques générales qui les touchent, et à promouvoir et à favoriser cette participation. 53. Nous prenons l'engagement d'oeuvrer résolument en Annuaire GERM

faveur du multilinguisme de l'Internet dans le cadre d'un processus multilatéral, transparent et démocratique faisant intervenir les pouvoirs publics et toutes les parties prenantes, en fonction de leurs rôles respectifs. Dans ce contexte, nous prônons en outre l'utilisation des langues locales pour l'élaboration de contenus, la traduction et l'adaptation, les archives numériques et les diverses formes de médias numériques et traditionnels et nous sommes conscients que ces activités peuvent également renforcer les communautés locales et autochtones. De ce fait, nous souhaitons insister sur la nécessité: a. de faire progresser l'adoption du multilinguisme dans un certain nombre de secteurs: noms de domaine, adresses de courrier électronique, recherche par mot clé; b. de mettre en oeuvre des programmes autorisant la présence de noms de domaine et de contenus multilingues sur l'Internet, et d'utiliser divers modèles logiciels pour faire face au problème de la fracture numérique linguistique et assurer la participation de tous dans la nouvelle société qui se fait jour; c. de renforcer la collaboration entre les organismes concernés, afin de poursuivre l'élaboration de normes techniques et de faciliter leur adoption dans le monde entier. 54. Nous reconnaissons qu'un environnement propice, à l'échelle nationale comme à l'échelle internationale, favorable à l'investissement étranger direct, au transfert de technologies et à la coopération internationale, particulièrement en ce qui concerne les finances, l'endettement et le commerce, est une condition essentielle pour l'édification de la société de l'information, y compris pour l'expansion et la diffusion de l'Internet et son utilisation optimale. En particulier, le secteur privé et la société civile, en tant que moteur de l'innovation et de l'investissement privé, jouent un rôle fondamental dans le développement de l'Internet. On crée de la valeur ajoutée en marge du réseau tant dans les pays développés que dans les pays en développement, lorsque le cadre de politique internationale et nationale encourage l'investissement et l'innovation. 55. Nous reconnaissons que les dispositions existantes pour la gouvernance de l'Internet fonctionnent efficacement et ont fait de l'Internet le moyen de communication extrêmement fiable, évolutif Annuaire GERM

et géographiquement universel qu'il est aujourd'hui, stimulé par le secteur privé dans son fonctionnement au jour le jour et avec des limites sans cesse repoussées par l'innovation et la création de valeurs. 56. L'Internet restant un média très évolutif, le cadre et les mécanismes conçus pour assurer sa gouvernance devraient être inclusifs et devraient permettre de réagir rapidement face à sa croissance exponentielle et à son évolution rapide en tant qu'espace commlm de développement de nombreuses applications. 57. La sécurité et la stabilité de l'Internet doivent être maintenues. 58. Nous reconnaissons que la gouvernance de l'Internet va au­ delà des questions de nommage et d'adressage. Elle recouvre aussi des questions de politique publique importantes comme les ressources Internet essentielles, la sécurité et la sûreté du réseau, des aspects touchant au développement et des questions se rapportant à l'utilisation de l'Internet. 59. Nous reconnaissons que la gouvernance de l'Internet englobe des questions à caractère social, économique et technique relatives, entre autres, à l'accessibilité économique, à la stabilité et à la qualité de service. 60. Nous reconnaissons en outre que les mécanismes actuellement en place ne permettent pas d'examiner comme il se doit de nombreuses politiques publiques internationales multisectorielles qui nécessitent une attention particulière. 61. Nous sommes convaincus qu'il est nécessaire d'engager et de renforcer, s'il y a lieu, un processus transparent, démocratique et multilatéral, avec la participation des gouvernements, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales, dans leurs rôles respectifs. Au cours de ce processus, on pourrait envisager la création d'un cadre ou de mécanismes adaptés, là où cela est justifié, afin de stimuler l'évolution en cours et dynamique des dispositions actuelles, pour établir des synergies entre les initiatives prises à cet égard. 62. Nous soulignons que toute approche de la gouvernance de l'Internet devrait être inclusive et adaptable et continuer Annuaire GERM

d'encourager l'avènement d'un environnement propICe à l'innovation, à la concurrence et à l'investissement. 63. Les pays ne devraient pas intervenir dans des décisions relatives au domaine de premier niveau correspondant au code de pays (ccTLD) d'lm autre pays. Les intérêts légitimes nationaux, tels qu'ils sont exprimés et définis par chaque pays, de diverses manières, en ce qui concerne les décisions relatives à leurs ccTLD doivent être respectés, défendus et traités dans un cadre et au moyen de mécanismes souples et améliorés. 64. Nous reconnaissons la nécessité d'élaborer plus avant des politiques publiques applicables aux noms ~e domaine génériques de premier niveau (gTLD) et de renforcer la coopération entre les parties prenantes à cet égard. 65. Nous soulignons qu'il est nécessaire d'optimiser la participation des pays en développement à la prise de décision concernant la gouvernance de l'Internet, qui devrait tenir compte de leurs intérêts, ainsi que la participation de ces pays au développement et au renforcement des capacités. 66. Compte tenu de l'internationalisation constante de l'Internet et du principe d'universalité, nous convenons de mettre en oeuvre les principes de Genève concernant la gouvernance de l'Internet. 67. Nous décidons, entre autres, d'inviter le Secrétaire général de l'ONU à réunir un nouveau forum en vue d'un dialogue entre les multiples parties prenantes sur les politiques à suivre. 68. Nous reconnaissons que tous les gouvernements devraient jouer un rôle et avoir une responsabilité égale dans la gouvernance internationale de l'Internet ainsi que dans le maintien de la stabilité, de la sécurité et de la continuité de ce réseau. Nous reconnaissons également la nécessité pour les gouvernements d'élaborer des politiques publiques en consultation avec toutes les parties prenantes. 69. Nous reconnaissons en outre la nécessité à l'avenir de renforcer la coopération afin de permettre aux gouvernements de s'acquitter, sur un pied d'égalité, de leurs rôles et responsabilités en ce qui concerne les questions de politiques publiques internationales concernant l'Internet mais non pas dans les questions tec1uliques et opérationnelles courantes qui n'ont pas d'incidence sur les questions de politique publique internationale. Annuaire GERM

70. Faisant appel aux organisations internationales compétentes, une telle coopération devrait comprendre l'élaboration de principes applicables à l'échelle mondiale aux questions de politiques publiques ainsi que la coordination et la gestion des ressources fondamentales de l'Internet. A cet égard, nous exhortons les organisations chargées des tâches essentielles liées à l'Internet de favoriser la création d'un environnement qui facilite l'élaboration de ces principes. 71. Le processus tendant à renforcer la coopération que le Secrétaire général de l'ONU doit entamer en faisant appel à toutes les organisations compétentes d'ici à la fin du premier trimestre de 2006, fera intervenir toutes les parties prenantes dans leurs rôles respectifs, progressera aussi vite que possible dans le respect des procédures légales et sera soucieux d'iImovation. Les organisations compétentes doivent engager avec la participation de toutes les parties prenantes un processus qui mène à un renforcement de la coopération aussi rapidement que possible et dans un souci d'innovation. Ces mêmes organisations compétentes doivent être invitées à soumettre des rapports d'activité annuels. 72. Nous invitons le Secrétaire général de l'ONU à réunir, selon une approche ouverte et non exclusive, d'ici au deuxième trimestre de 2006, un nouveau fomm destiné à établir entre les multiples parties prenantes un dialogue sur les politiques à suivre qui sous le nom de Forum sur la gouvernance de l'Internet aura pour mandat: a. de traiter les questions de politique publique relatives aux principaux éléments de la gouvernance de l'Internet en tant que moyens de contribuer à la viabilité, la robustesse, la sécurité, la stabilité et le développement de l'Internet; b. de faciliter le dialogue entre les organes s'occupant de différentes politiques publiques internationales multisectorielles concernant l'Internet et de débattre de questions qui ne relèvent pas de la compétence d'un organe déjà existant; c. de maintenir la liaison avec les organisations intergouvernementales et d'autres institutions appropriées sur les questions relevant de leur mandat; d. de faciliter l'échange d'informations et de meilleures Annuaire GERM

pratiques et, à cet égard, d'utiliser pleinement les compétences des communautés universitaires, scientifiques et techniques; e. de conseiller toutes les parties prenantes en vue de proposer les moyens qui permettront que l'Internet soit disponible et abordable plus rapidement dans le monde en développement; f. de renforcer et accroître l'engagement des parties prenantes, en particulier celui des pays en développement, dans les mécanismes de gouvernance de l'Internet existants et/ou futurs; g. de recenser les nouvelles questions, et de les porter à l'attention des organes compétents et du public en général et, s'il y a lieu, de faire des recommandations; h. de contribuer au renforcement des capacités en vue de la gouvernance de l'Internet dans les pays en développement, en s'appuyant pleinement sur les sources de savoir et de compétences locales; i. de promouvoir la prise en compte des principes du 5M51 dans les mécanismes de gouvernance de l'Internet et de l'évaluer régulièrement; j. de traiter, entre autres, des questions relatives aux ressources fondamentales de l'Internet; k. d'aider à trouver les solutions aux problèmes découlant de l'utilisation et de la mauvaise utilisation de l'Internet, qui préoccupent particulièrement l'usager ordinaire; 1. de publier ses travaux. 73. Le Forum sur la gouvernance de l'Internet, dans son fonctionnement et sa fonction, aura un caractère multilatéral, multi-parties prenantes, démocratique et transparent. Pour ce faire, le Fonun proposé pourrait: a. s'inspirer des structures existantes de gouvernance de l'Internet, l'accent étant mis en particulier sur la complémentarité entre toutes les parties prenantes participant à ce processus (gouvernements, entités du secteur privé, société civile et organisations intergouvernementales); Annuaire GERM

b. être doté d'tme struchlre légère et décentralisée et faire l'objet d'examens réguliers; c. se réunir régulièrement, selon les besoins. Les réunions du Forum pourraient, en principe, être liées aux grandes conférences pertinentes des Nations Unies pour profiter notamment de l'appui logistique dont elles disposent. 74. Nous encourageons le Secrétaire général à étudier en vue de la rétmion du Forum une série de possibilités qui tiennent compte des compétences avérées de toutes les parties prenantes à la gouvernance de l'Internet et du besoin de garantir leur pleine participation. 75. Le Secrétaire général de l'ONU ferait périodiquement rapport aux Etats Membres des Nations Unies sur le fonctionnement du Fonlm. 76. Nous demandons au Secrétaire général de l'ONU de déterminer, en consultant formellement les participants au Forum, s'il est souhaitable que le Forum poursuive ses activités au-delà des cinq ans qui suivront sa création et de faire des recommandations aux membres des Nations Unies sur ce point. 77. Le Fonlm n'aurait aucune fonction de contrôle et ne remplacerait pas les mécanismes, institutions ou organisations existants mais les ferait intervenir et tirerait profit de leurs compétences. Il constihlerait un mécanisme neutre, ne faisant pas double emploi et non contraignant. Il n'interviendrait pas dans les opérations courantes ou techniques de l'Internet. 78. Le Secrétaire général de l'ONU devrait inviter toutes les parties prenantes et les parties concernées à participer à la réunion inaugurale du Forum dans le souci d'une représentation géographique équilibrée. Il devrait également: a. faire fond sur les ressources appropriées que peuvent fournir toutes les parties prenantes concernées, notamment les compétences bien établies de l'UIT, comme l'a fait ressortir le processus du SMSI; b. mettre en place un bureau efficace et économique pour appuyer le Forum en assurant la participation des multiples parties prenantes. 79. Diverses questions concernant la gouvernance de l'Internet continueraient d'être traitées dans d'autres enceintes compétentes. Annuaire GERM

80. Nous encourageons l'élaboration de mécanismes multi­ parties prenantes aux niveaux national, régional et international pour établir un dialogue et une collaboration en vue de l'expansion et de la diffusion de l'Internet comme moyen d'appuyer les efforts de développement visant à atteindre les buts et objectifs de développement arrêtés par la communauté internationale, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement. 81. Nous réaffirmons notre volonté de faire pleinement appliquer les Principes de Genève. 82. Nous prenons acte avec satisfaction de l'offre généreuse du Gouvernement grec d'accueillir la premi~re réunion du Fomm à Athènes au plus tard en 2006 et nous demandons au Secrétaire général de l'ONU d'inviter toutes les parties prenantes et les parties concernées à participer à la réunion inaugurale du Forum.

MISE EN OEUVRE ET SUIVI 83. L'édification d'une société de l'information inclusive privilégiant le développement sera une opération de longue haleine qui fera appel à de multiples parties prenantes. Nous nous engageons donc à rester pleinement mobilisés, aux plans national, régional et international, pour assurer une mise en oeuvre et un suivi durables des résultats et des engagements obtenus pendant le processus du SMSI et pendant les phases de Genève et de Tunis du Sommet. Compte tenu des nombreux aspects que revêtira l'édification de la société de l'information, il est essentiel que les gouvernements, le secteur privé, la société civile, l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales coopèrent efficacement, conformément à leurs différents rôles et différentes responsabilités en mobilisant leurs connaissances spécialisées. 84. Les gouvernements et autres parties prenantes devraient définir les domaines nécessitant un surcroît d'efforts et de ressources et devraient conjointement identifier et, si nécessaire, élaborer des stratégies, des mécanismes et des processus de mise en oeuvre des résultats du SMSI à l'échelle mondiale, régionale, nationale et locale, en accordant une attention particulière aux populations et aux groupes qui restent marginalisés quant à l'accès aux TIC et à leur utilisation. Annuaire GERM

85. Prenant en considération le rôle majeur des gouvernements en partenariat avec d'autres parties prenantes dans la mise en oeuvre des résultats du SMSI, y compris le Plan d'action de Genève, au niveau national, nous encourageons les gouven1ements qui ne l'ont pas encore fait à élaborer des cyberstratégies, y compris des stratégies TIC et des cyberstratégies sectorielles selon le cas, qui soient globales et tournées vers l'avenÎl~ qui s'inscrivent dans la durée et fassent partie intégrante de leurs plans de développement et de leurs stratégies de lutte contre la pauvreté au niveau national, dès que possible et avant 2010. 86. Nous soutenons les efforts d'intégration régionale et internationale visant à édifier une société mondiale de l'information inclusive à dimension humaine et privilégiant le développement, et réaffirmons qu'une étroite coopération à l'intérieur des régions et entre elles est indispensable pour appuyer le partage du savoir. La coopération au niveau régional devrait contribuer au renforcement des capacités nationales et à la mise au point de stratégies de mise en oeuvre au niveau régional. 87. Nous affirmons que l'échange de points de vue et le partage de pratiques et de ressources efficaces sont essentiels à la mise en oeuvre des résultats du SMSI aux niveaux régional et international. A cette fin, il faudra s'efforcer de fournir et de partager, entre toutes les parties prenantes, des connaissances et des savoir-faire, Concernant la conception, la mise en oeuvre, le contrôle et l'évaluation de cyberstratégies nationales et de politiques nationales, selon le cas. Nous reconnaissons que lutter contre la pauvreté, renforcer les capacités sm le plan national et promouvoir les progrès technologiques à l'échelle nationale, sont des éléments fondamentaux pour réduire, de façon durable! la fracture numérique dans les pays en développement. 88. Nous réaffirmons que c'est grâce à la coopération internationale des gouvernements, et au partenariat entre toutes les parties prenantes! qu'il sera possible de relever le défi qui s'offre à nous! à-savoir tirer parti du potentiel des TIC au service du développement, pour promouvoir l'utilisation de l'information et du savoir pour atteindre les buts et objectifs de développement convenus au niveau international! y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, et de traiter les priorités du développement aux niveaux national et local, et ainsi améliorer

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encore le développement socio-économique de tous les êtres humains. 89. Nous sommes déterminés à améliorer la connectivité et l'accès économiquement abordable aux TIC et à l'information aux niveaux mondial, régional et national, grâce au renforcement de la coopération internationale entre toutes les parties prenantes, afin de favoriser les échanges technologiques et le transfert de technologies, ainsi que le développement et la formation des ressources humaines, de manière à améliorer la capacité qu'ont les pays en développement d'innover, de participer pleinement à la société de l'information et d'y contribuer. 90. Nous réaffirmons notre engagement à fournir à tous un accès équitable à l'information et au savoir, en reconnaissant le rôle joué par les TIC dans la croissance économique et le développement. Nous sommes résolus à collaborer pour que soient atteintes, d'ici à 2015, les cibles indicatives énoncées dans le Plan d'action de Genève, qui servent de références globales pour améliorer la connectivité ainsi que l'accès tmiversel, ubiquiste, équitable, non discriminatoire et abordable, à l'emploi des TIC, compte tenu des spécificités nationales et à utiliser les TIC comme outils pour atteindre les buts et objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, en: a. intégrant et alignant les cyberstratégies nationales dans les plans d'action locaux, nationaux et régionaux, selon le cas, et conformément aux priorités de développement à l'échelle nationale et locale, accompagnées d'échéances; b. élaborant et mettant en oeuvre des politiques propices qui tiennent compte de la réalité de chaque pays et qui encouragent la création d'un environnement international favorable, les investissements étrangers directs et la mobilisation de ressources nationales afin de promouvoir et de stimuler l'esprit d'entreprise, en particulier au niveau des petites, moyennes et microentreprises, compte tenu du marché et du contexte culturel de ces pays. Ces politiques devraient s'inscrire dans un cadre réglementaire transparent et équitable, afin de créer un environnement concurrentiel à l'appui de ces objectifs et de renforcer la croissance économique; Annuaire GERM

c. renforçant les capacités TIC de tous et la confiance dans l'utilisation des TIC par tous - y compris les jelmes, les personnes âgées, les femmes, les populations autochtones, les personnes handicapées et les habitants de communautés mrales isolées - par l'amélioration et la mise en oeuvre de programmes et de systèmes d'éducation et de formation adaptés, intégrant entre autres, l'enseignement à distance et la formation permanente; d. mettant en oeuvre une formation et un enseignement efficaces, en particulier dans le domaine des sciences et des technologies TIC, pour inciter et encourager les jeunes filles et les femmes à participer et à s'intéresser activement aux prises de décisions liées à l'édification de la société de l'information; e. accordant une attention particulière à la formulation de concepts à vocation universelle et à l'utilisation de technologies d'appui propres à faciliter l'accès de tous, y compris des personnes handicapées; f. encourageant l'adoption de mesures publiques destinées à permettre un accès bon marché à tous les niveaux, y compris au niveau communautaire, aux matériels, aux logiciels et à la connectivité, grâce à un environnement technologique toujours plus marqué par la convergence et grâce au renforcement des capacités et aux contenus locaux; g. améliorant l'accès aux connaissances sanitaires à l'échelle mondiale et aux services de télémédecine, en particulier dans des secteurs comme la coopération mondiale dans les situations d'urgence, améliorant aussi l'accès aux professionnels de la santé et leur mise en réseau, afin de contribuer à améliorer la qualité de la vie et les conditions environnementales; h. renforçant les capacités TIC pour améliorer l'accès aux réseaux et services postaux et l'utilisation de ceux-ci; i. utilisant les TIC pour améliorer l'accès aux connaissances dans le domaine agricole, lutter contre la pauvreté et appuyer la production de contenus en rapport avec l'agriculture adaptée aux conditions locales et l'accès à ces contenus; Annuaire GERM

j. élaborant et mettant en oeuvre des applications de cybergouvernement fondées sur des normes ouvertes afin d'améliorer la généralisation et l'interopérabilité des systèmes de cybergouvernement, à tous les niveaux, et par là même de faciliter l'accès à l'information et aux services publics et de contribuer à la construction de réseaux TIC et au développement de services disponibles en tout lieu, à tout moment et pour toutes les catégories d'utilisateurs; k. appuyant les institutions à but éducatif, scientifique et culturel, notamment les bibliothèques, les archives et les musées, dans leur mission, qui consiste à élaborer et préserver des contenus variés et à offrir un accès équitable, ouvert et peu coùteux à ces contenus, y compris les contenus numériques, pour faciliter l'enseignement formel et informel, la recherche et l'innovation; en particulier, en aidant les bibliothèques à s'acquitter de leur mission de service public consistant à offrir un accès gratuit et équitable à l'information et à améliorer la connaissance des TIC et la connectivité au niveau communautaire, en particulier dans les communautés mal desservies; l. améliorant la capacité des commtmautés de toutes les régions à élaborer des contenus en langues locales ou vernaculaires; m. favorisant la création de contenus électroniques de qualité, aux niveaux national, régional et international; n. encourageant l'utilisation des médias nouveaux ou traditionnels afin de promouvoir l'accès universel à l'information, à la culture et au savoir pour tous, en particulier pour les populations vulnérables et les habitants des pays en développement et en utilisant notamment la radio et la télévision à des fins éducatives et d'apprentissage; o. réaffirmant l'indépendance, le pluralisme et la diversité des médias, ainsi que la liberté de l'information, notamment par l'élaboration de législations nationales, le cas échéant. Nous réitérons notre appel à l'intention des médias pour qu'ils fassent preuve de sens des responsabilités dans l'utilisation et le traitement de l'information conformément aux normes éthiques et professionnelles les plus élevées. Annuaire GERM

Nous réaffirmons la nécessité de réduire les disparités entre les médias sur le plan international en particulier en ce qui concerne l'infrastructure, les ressources techniques et le développement des compétences. Nous réaffirmons ces principes compte tenu des paragraphes 55 à 59 de la Déclaration de principes de Genève. p. encourageant vivement les entreprises et les chefs d'entreprise dans le secteur des TIC à mettre au point et à utiliser des processus de fabrication sans danger pour l'environnement afin de réduire au minimum les effets néfastes de l'utilisation et de la fabrication des TIC et de l'élimination des déchets TIC sur les populations et sur l'environnement. Dans ce contexte, il importe d'attacher une attention particulière aux besoins spécifiques des pays en développement; q. intégrant dans les plans d'action nationaux et les cyberstratégies nationales des politiques et des cadres de réglementation, d'autoréglementation, ou autres, pour protéger les enfants et les jeunes contre toute forme d'abus ou d'exploitation reposant sur l'utilisation des TIC; r. favorisant le développement de réseaux de recherche avancée, aux niveaux national, régional et international, afin d'améliorer la coopération dans les domaines scientifique, technologique et universitaire; s. encourageant le volontariat, au niveau communautaire, pour aider à optimiser l'effet des TIC sur le développement; t. encourageant le recours aux TIC afin de promouvoir des modalités de travail souples, notamment le télétravail, entraînant une meilleure productivité et la création d'emplois. 91. Nous reconnaissons qu'il existe une relation intrinsèque entre la lutte contre les effets des catastrophes, le développement durable.et l'éradication de la pauvreté, et que les catastrophes, qui nuisent gravement et très rapidement aux investissements, demeurent un obstacle majeur au développement durable et à l'éradication de la pauvreté. Nous avons pleinement conscience du rôle de catalyseur très important des TIC sur le triple plan national, régional et international, pour ce qui est: Annuaire GERM

a. de promouvoir la coopération technique et d'améliorer la capacité des pays, en particulier des pays en développement à utiliser des outils TIC pour les opérations d'alerte avancée, de gestion et de communication d'urgence en cas de catastrophe, y compris la diffusion de bulletins d'alerte compréhensibles à l'intention des personnes exposées; b. de promouvoir une coopération régionale et internationale afin de faciliter l'accès aux informations nécessaires pour la gestion des catastrophes et l'échange de ces informations, et d'étudier des modalités propres à faciliter la participation des pays en développement; c. d'oeuvrer activement à l'établissement de systèmes mondiaux normalisés de surveillance et d'alerte avancée reliés aux réseaux nationaux et aux réseaux régionaux et de faciliter les opérations d'urgence en cas de catastrophe dans le monde entier, en particulier dans les zones à haut risque. 92. Nous encourageons les pays, et toutes les autres parties concernées, à mettre en place des lignes téléphoniques d'assistance pour les enfants, en tenant compte de la nécessité de mobiliser les ressources adéquates. Il faudrait réserver à cet effet des numéros faciles à mémoriser et utilisables gratuitement à partir de tout type de téléphone. 93. Nous voulons numériser nos données historiques et notre patrimoine culturel dans l'intérêt des générations futures. Nous encourageons des politiques efficaces de gestion de l'information dans les secteurs public et privé, y compris par l'utilisation de l'archivage numérique normalisé et de solutions inédites pour remédier au problème du vieillissement technologique, afin d'assurer la préservation à long terme des informations et de préserver l'accès à ces informations. 94. Nous reconnaissons que les possibilités offertes par la société de l'information devraient bénéficier à tous et à toutes. Par conséquent, nous invitons les gouvernements à aider, sur une base volontaire, les pays qui sont concernés par des mesures unilatérales non conformes au droit international et à la Charte des Nations Unies qui entravent la pleine réalisation du développement économique et social de ces pays et qui nuisent au bien-être de leur population. Annuaire GERM

95. Nous appelons les organisations internationales ou intergouvernementales à développer, dans les limites de ressources convenues, leurs programmes d'analyse des politiques et de renforcement des capacités, sur la base d'expériences concrètes et reproductibles des politiques et actions en matière de TIC qui ont conduit à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté, notamment grâce à tme compétitivité accrue des entreprises. 96. Nous rappelons l'importance que revêt la création d'tm cadre juridique, réglementaire et politique fiable, transparent et non discriminatoire. A cette fin, nous réaffirmons que l'UIT et des organisations régionales devraient prendre des mesures pour assurer une utilisation rationnelle, efficace et économique du spectre des fréquences radioélectriques par tous les pays et leur accès équitable à ce spectre, sur la base des accords internationaux pertinents. 97. Nous reconnaissons que la participation de multiples parties prenantes est essentielle à l'édification d'tme société de l'information à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement et que les gouvernements pourraient jouer un rôle important dans ce processus. Nous soulignons qu'tme des clés de son succès est la participation de toutes les parties prenantes à la mise en oeuvre des résultats du 5M5I et à leur suivi à l'échelle nationale, régionale et internationale, l'objectif premier étant d'aider les pays à réaliser les buts et objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement. 98. Nous encourageons le renforcement et la poursuite de la Coopération entre et parmi les parties prenantes pour garantir une mise en oeuvre efficace des décisions de Genève et de Tunis, par exemple par la promotion de partenariats multi-parties prenantes aux niveaux national, régional et international, y compris des partenariats public/privé (PPP), en encourageant la création de plates-formes thématiques multi-parties prenantes sur les plans national et régional, dans le cadre d'un effort et d'un dialogue Concertés avec les pays en développement et les pays les moins avancés, les partenaires du développement et les acteurs du secteur des TIC. A cet égard, nous nous félicitons de partenariats tels que l'initiative "Connecter le monde" prise par l'VIT.

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99. Nous convenons de garantir une progression durable vers la réalisation des objectifs du SMSI une fois terminée la phase de Tunis, et nous décidons donc d'instaurer un mécanisme de mise en oeuvre et de suivi aux niveaux national, régional et intemationa1. 100. Au plan national, sur la base des résultats du SMSI, nous encourageons les gouvernements, avec la participation de toutes les parties prenantes et compte tenu de l'importance de disposer d'un environnement propice à créer un mécanisme national de mise en oeuvre dans lequel: a. des cyberstratégies nationales devraient, s'il y a lieu, faire partie intégrante des plans de développement nationaux et des stratégies de lutte contre la pauvreté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs et des buts convenus à l'échelle internationale, y compris des Objectifs du Millénaire pour le développement; b. les TIC devraient être totalement intégrées dans les stratégies d'aide publique au développement (APD), dans le cadre d'un échange d'informations et d'une coordination plus efficaces entre partenaires de développement et grâce à l'analyse et à l'échange des meilleures pratiques et des enseignements résultant des programmes "Les TIC au service du développement"; c. il conviendrait d'utiliser, lorsqu'il y a lieu, les programmes bilatéraux ou multilatéraux d'assistance technique existants, y compris ceux qui relèvent du Plan cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement, afin d'aider les gouvenlements dans leurs efforts de mise en oeuvre à l'échelle nationale; d. les "Bilans communs de pays" devraient comprendre un volet consacré aux TIC au service du développement. 101. Au plan régional: a. à la demande des gouvernements, des organisations intergouvernementales régionales, en collaboration avec d'autres parties prenantes, devraient mener à bien des activités de mise en oeuvre des résultats du SMSI, en échangeant des informations et des meilleures pratiques à l'échelle régionale et en facilitant les débats de politique générale sur l'utilisation des TIC au service du Annuaire GERM

développement, l'accent étant mis sur la réalisation des buts et objectifs de développement convenus à l'échelle internationale, y compris des Objectifs du Millénaire pour le développement; b. à la demande des Etats Membres et dans les limites des ressources budgétaires approuvées, les commissions régionales des Nations Unies pourraient, en collaboration avec des organisations régionales et sous-régionales, organiser régulièrement des activités régionales de suivi du SMSI, et assister des Etats Membres en leur fournissant des informations pertinentes, notamment techniques, en vue de l'élaboration de stratégies régionales et de la mise en oeuvre des résultats des conférences régionales; c. nous considérons comme essentielles l'approche faisant appel à de multiples parties prenantes et la participation du secteur privé, de la société civile, de l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales aux activités régionales de mise en oeuvre des résultats du SMSI. 102. Au plan international, compte tenu de l'importance d'un environnement propice: a. la mise en oeuvre et le suivi des résultats des phases de Genève et de Tunis du Sommet devraient tenir compte des principaux thèmes et des grandes orientations énoncés dans les documents du Sommet; b. chaque institution des Nations Unies devrait agir dans le cadre de son mandat et de son domaine de compétence, en se conformant aux décisions prises par son organe directeur et dans les limites des ressources existantes; c. la mise en oeuvre et le suivi devraient inclure des éléments intergouvernementaux et des éléments multi-parties prenantes. 103. Nous invitons les institutions des Nations Unies et d'autres organisations intergouvernementales, conformément à la Résolution 57/270 B de l'Assemblée générale des Nations Unies, à faciliter le déroulement des activités entre les différentes parties prenantes, société civile et secteur privé compris, afin d'aider les gouvernements des différents pays dans leurs efforts de mise en Annuaire GERM oeuvre. Nous demandons au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies d'établir, dans le cadre du Conseil des Chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies (CCS), un groupe des Nations Unies sur la société de l'information, composé des organismes et des organisations des Nations Unies compétents, et chargé de faciliter la mise en oeuvre des résultats du SMSI et de proposer au CCS de tenir compte de l'expérience et des activités menées dans le cadre du processus du SMSI par l'UIT, l'UNESCO et le PNUD lorsqu'il envisagera de désigner l'institution ou les institutions chargées de diriger ce groupe. 104. Nous demandons en outre au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de faire rapport à l'Assemblée générale des Nations Unies, par l'intermédiaire de l'ECOSOC et d'ici à juin 2006, sur les modalités de la coordination interinstitutions de la mise en oeuvre des résultats du SMSI, y compris des recommandations sur le processus de suivi. 105. Nous demandons à l'ECOSOC de superviser le suivi des résultats des phases de Genève et de Tunis du SMSI à l'échelle du système. A cet effet, nous demandons à l'ECOSOC, à sa session de fond de 2006, de réexaminer le mandat, la mission et la composition de la Commission de la science et de la technique au service du développement et notamment d'étudier le renforcement de cette Commission, compte tenu de l'approche multi-parties prenantes. 106. La mise en oeuvre et le suivi des résultats du SMSI devraient être des éléments à part entière du suivi intégré, par l'ONU, des résultats des grandes conférences des Nations Unies et devraient contribuer à la réalisation des buts et objectifs convenus à l'échelle internationale, notamment des Objectifs du Millénaire pour le développement. La création de nouveaux organismes opérationnels ne devrait pas être nécessaire à cette fin. 107. Les organisations internationales ou régionales devraient évaluer les possibilités d'accès universel aux TIC dans les différents pays, et rendre compte régulièrement de la situation, afin d'ouvrir au secteur des TIC dans les pays en développement des perspectives de croissance équitables. 108. Nous attachons lme grande importance à la mise en oeuvre multi-parties prenantes au plan international qui devrait être organisée selon les thèmes et les grandes orientations du Plan Annuaire GERM

d'action et encadrée ou coordonnée par des institutions des Nations Unies selon le cas. Une Annexe du présent document contient tme liste indicative et non exhaustive des coordonnateurs ou modérateurs pour les grandes orientations du Plan d'action de Genève. 109. Il faudrait recourir le plus possible à l'expérience et aux activités des institutions des Nations Unies dans le cadre du processus du SMSI - notamment de l'UIT, de l'UNESCO et du PNUD. Ces trois institutions devraient jouer le rôle directeur principal dans la mise en oeuvre du Plan d'action et organiser une réunion des modérateurs/ coordonnateurs pour les grandes orientations, comme indiqué dans l'Annexe. 110. La coordination des activités de mise en oeuvre multi­ parties prenantes contribuerait à éviter les doubles emplois. Cette coordination devrait comprendre notamment l'échange d'informations, la création de savoirs, l'échange des meilleures pratiques et l'aide en faveur de l'établissement de partenariats multi-parties prenantes et de partenariats public/privé. 111. Nous demandons à l'Assemblée générale des Nations Unies de procéder à un examen d'ensemble de la mise en oeuvre des résultats du SMSI en 2015. 112. Nous préconisons tille évaluation périodique sur la base d'une méthodologie convenue, telle que celle exposée aux paragraphes 113-120. 113. Des indicateurs et des critères de référence adaptés, y compris des indicateurs de connectivité commtmautaire, devraient permettre de préciser l'étendue de la frachlre numérique, dans ses dimensions nationales et internationales et de l'évaluer à des intervalles réguliers, pour faire le point sur les progrès de l'utilisation des TIC réalisés dans le monde en vue d'atteindre les buts et les objectifs de développement convenus, à l'échelle internationale, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement. 114..L'élaboration d'indicateurs TIC est importante pour mesurer la frachlre numérique. Nous notons le lancement, en juin 2004, du Partenariat sur la mesure des TIC au service du développement et les efforts entrepris dans ce cadre pour: a. élaborer un ensemble commun d'indicateurs TIC fondamentaux; accroître la disponibilité de statistiques Annuaire GERM

comparables à l'échelle internationale dans le domaine des TIC [et établir un cadre mutuellement convenu pour leur élaboration], pour examen ultérieur et décision de la Commission de statistiques des Nations Unies; b. promouvoir le renforcement des capacités des pays en développement en ce qui concerne l'évaluation de l'évolution de la société de l'information; c. évaluer les incidences achlelles et les effets potentiels des TIC sur le développement et la réduction de la pauvreté; d. élaborer des indicateurs spécifiques en fonction des sexes afin de mesurer la frachlre numérique sous ses divers aspects. 115. Nous notons également la création de l'indice d'ouverture aux TIC et de l'indice d'ouverture au numérique, qui compléteront l'ensemble commun d'indicateurs TIC fondamentaux, tels qu'ils ont été définis dans le cadre du Partenariat sur la mesure des TIC au service du développement. 116. Nous soulignons que tous les indices et indicateurs doivent tenir compte des différents niveaux de développement des pays et des situations nationales. 117. L'élaboration de ces indicateurs devrait se poursuivre dans un esprit de coopération, de façon à être économique et à éviter les doubles emplois. 118. Nous invitons la communauté internationale à renforcer les capacités des pays en développement en matière de statistiques en leur fournissant un appui adapté à l'échelle nationale ou régionale. 119. Nous nous engageons à revoir et à suivre les progrès concernant la réduction de la fracture numérique, compte tenu des différents niveaux de développement des pays, afin d'atteindre les buts et objectifs de développement convenus à l'échelle internationale, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement, en évaluant l'efficacité des efforts d'investissement et de coopération internationale consacrés à l'édification. de la société de l'information, en identifiant les laetmes ainsi que les insuffisances sur le plan de l'investissement et en élaborant des stratégies pour y remédier. 120. L'échange d'informations sur la mise en oeuvre des Annuaire GERM

résultats du SMSI est un élément d'évaluation important. Nous notons avec satisfaction le rapport de l'Inventaire des activités du SMSI, l'un des outils qui faciliteront grandement le suivi après la phase de Tunis du Sommet, et le "Livre d'Or" des initiatives lancées au cours de la phase de Ttmis. Nous encourageons toutes ~es parties prenantes au SMSI à continuer de communiquer des mformations sur leurs activités pour alimenter la base de données de l'Inventaire des activités du SMSI gérée par l'UIT et accessible au public. A ce titre, nous invitons tous les pays à contribuer à l'inventaire en rassemblant des informations au niveau national avec le concours de toutes les parties prenantes. 121. Il est nécessaire de sensibiliser davantage l'opinion à l'Internet afin de rendre ce moyen de communication universel véritablement accessible au public. Nous demandons à l'Assemblée générale des Nations Unies de déclarer le 17 mai Journée mondiale de la société de l'information afin de contribuer à sensibiliser l'opinion, chaque année, à l'importance de ce moyen de communication tmiversel et aux questions évoquées dans le cadre du Sommet, en particulier aux perspectives qu'ouvre l'utilisation des TIC dans les domaines économique et social, ainsi qu'aux possibilités de réduction de la frachue numérique. 122. Nous demandons au Secrétaire général du Sommet de faire rapport à l'Assemblée générale des Nations Unies sur les résultats du Sommet, conformément à la Résolution 59/220 de l'Assemblée générale des Nations Unies. Statement by H.E. Mr. Kofi Annan Secretary-génèral of the United Nations Tunis, 16 November 2005

AS DELIVERED President Ben Ali, Excellencies, Ladies and Gentlemen,

1commend our hosts -- President Ben Ali and the Government and people of Tunisia -- for aIl they have done to make this gathering possible. Let us remember that it was the Government of Tunisia, back in 1998, that first proposed the idea of a summit on the information society. 1 also thank the International Telecommunication Union and other members of the UN family for their unremitting efforts to ensure that this process produces concrete results. Two years ago in Geneva, the first phase of the World Summit articulated a vision of an open and inclusive information society. Our task here in Tunis is to move from diagnosis to deeds. Last night you spelt out this task in the Tunis Agenda for the Information Society. This Summit must be a summit of solutions. It must push forward the outcome of the World Summit held two months ago at the United Nations in New York. It must lead to information and communications technologies being used in new ways, which will bring new benefits to aIl social classes. Most of aIl, it must generate new momenhlm towards developing the economies and societies of poor countries, and transforming the lives of poor people. Annuaire GERM

What do we mean by an "information society"? We mean one in ,:hich human capacity is expanded, built up, nourished and hberated, by giving people access to the tools and technologies they need, with the education and training to use them effectively. The hurdle here is more political than financiaI. The costs of connectivity, computers and mobile telephones can be brought down. The~e assets -- these bridges to a better IHe -- can be made universally affordable and accessible. We must summon the will to do it. . The information society also depends on networks. The Internet 1S the result of, and indeed ftmctions as, a unique and grand collaboration. If its benefits are to spread arotmd the world, we must promote the same cooperative spirit among governrnents, the private sector, civil society and international organizations. And of course, the information society's very life blood is freedom. It is freedom that enables citizens everywhere to benefit from knowledge, journalists to do their essential work, and citizens to hold governrnent accountable. Without openness, without the right to seek, receive and impart information and ideas through any media and regardless of frontiers, the information revolution will stall, and the information society we hope to build will be stillborn. The time has come to move beyond broad discussions of the digital divide. By now, we know what the problems are. We must now get down to the specifies of implementation, and set out ways to foster and expand digital opportunities. Those opportunities are immense. Already, in Africa and other developing regions, the rapid spread of mobile telephones and wireless telecommunieation has spurred entrepreneurship, and helped small businesses take root, particularly those run and owned by women. Doctors in remote areas have gained access to medical information on tropical diseases. Students have been able to tap into world-wide databases of books and research. Early warninK of natural disasters has improved, and relief workers have been able to provide quicker, better coordinated relief. The same opportunities - and other, new ones - can be given to many more people in the developing world. The UN system is ready to help member states and all stakeholders to implement whatever decisions are taken at this Annuaire GERM

Summit, including on Internet governance. But let me be absolutely clear: The United Nations does not want to "take over", police or otherwise control the Internet. The United Nations consists of you, its Member States. It can want only what you agree on. And as 1tmderstand it, what we are aU striving for is to protect and strengthen the Internet, and to ensure that its benefits are available to aU. The United States deserves our thanks for having developed the Internet and making it available to the world. It has exercised its oversight responsibilities fairly and honourably. 1believe aU of you agree that day-to-day management of the Internet must be left to technical institutions, not least to shield Hfrom the heat of day-to­ day politics. But 1 think you also aU acknowledge the need for more international participation in discussions of Internet governance issues. The question is how to achieve this. 50 let those discussions continue. This is envisaged in the agreements you reached last night and we in the United Nations will support this process in every way we cano Mr. President, The experiences of recent years - in this Summit process, the ICT Task Force, the Working Group on Internet Governance, the Digital Solidarity Fund, UNFIP -- the UN Office for International Partnerships, the Global Compact corporate citizenship initiative and other efforts -- have given us new insights into what it takes to build effective partnerships and platforms. UN agencies and departments continue to work hard to build capacity, and to use information technologies to boost our efforts to achieve the Millennium Development Goals. These efforts are bearing fruit. But for far too many people, the gains remain out of reach. There is a tremendous yearning, not for technology per se, but for what technology can make possible. 1 urge you to respond to that thirst, and to take the tangible steps that will enable this Summit to be remembered as an event which advanced the causes of development, of dignity and of peace. Thank you very much. loth Anniversary of the Euro-Méditerranean partnership Barcelona summit conclusions 27 - 28 NOVEMBER 2005

The Euro-Mediterranean Summit to celebrate the 10th anniversary of the Barcelona Process reached agreement on a Five­ Year Work Programme for the further development of the partnership as well as on a Code of Conduct on Countering Terrorism. The Work Programme will allow work in the regional, Euro-Med framework to progress in full synergy and complementarity with the bilateral Action Plans developed under the European Neighbourhood Poliey. And the Code of Conduct, bringing Europeans, Arabs and Israelis together around one agenda, highlights our common commitment to fighting terrorism in aIl its dimensions. STATEMENT BY THE CHAIRMAN, Mr TONY BLAIR, CURRENT PRESIDENT OF THE EU On the 10th anniversary of the adoption of the Barcelona Declaration in November 1995, the leaders of the Euro­ Mediterranean partnership pledge their renewed commitment to the objective of achieving a common area of peace, stability and prosperity in the Mediterranean region through ongoing dialogue, exchange and co-operation. They reaffirm that this objective requires a comprehensive approach to enhancing security, the just resolution of regional conflicts, strengthening democracy, the mIe of law and respect for human rights, sustainable and balanced economic and social development, measures to combat poverty and exclusion, and the promotion of greater understanding between cultures and peoples. Annuaire GERM

111e partners recognise that only determined action will enable the region's young people to fulfil their aspirations of a better future. They reaffirm their commitment to the principles and objectives of the Barcelona Declaration and re-emphasise the importance of co-ownership of the Process, which remains the comerstone of the Euromed Partnership. They reiterate that their partnership should serve as a framework for building regional co-operation and understanding. The Barcelona Process provides an important contribution to promoting progress in the Middle East Peace Process and to furthering mutual understanding, even if it is not the fomm in which a settlement will be reached. They calI for the rapid and full implementation of the Road Map and encourage the parties to continue on the path of direct dialogue and negotiation in the fulfilment of the vision of two states, a safe and secure Israel and a viable, sovereign, contiguous, democratic Palestine, living side by side in peace and security. Final status issues have to be agreed by the parties. Partners reaffirm their commitment to achieve a just, comprehensive and lasting settlement consistent with the Road Map and principles of the Madrid Conference including land for peace and based on relevant UNSC resolutions, including 242, 338 and 1397 and take note of recent regional developments and initiatives, including the Beimt Arab Peace Initiative. Partners also caIl for the reinvigoration of efforts to promote progress in the Middle East Peace Process on aIl tracks, Palestinian, Syrian and Lebanese. They recognise that major changes have occurred in the European Union and internationaIly since the Barcelona Declaration was signed in 1995. The EU has launched the European Neighbourhood Policy to reinforce and complement the Barcelona Process. The EU has also developed the European Security and Defence Policy on which a dialogue has been initiated with Mediterranean partners. They also recaIl Turkey's special situation as a candidate country and a member of the Euro-Mediterranean Partnership. The partners make the following collective commitments : Annuaire GERM

1) To strive coHectively to achieve peace in the region. 2) To strengthen democracy, expanding participation in political life, public affairs and decision making, and further promoting gender equality. To enhance respect for an human rights and fundamental freedoms, including freedom of expression in accordance with their international obligations. To continue maintaining and ensuring the independence of the judiciary and expand access to justice to aH. In this context the EU will establish a substantial financial Facility to support wiHing Mediterranean partners' in carrying out their reforms, taking into account that successful reforms must develop from within the societies of the region. 3) To enhance the security of aH citizens, particularly through more effective counter-terrorism policies and deeper co-operation to dismantle aH terrorist activities, to protect potential targets, to manage the consequences of attacks, and to implement the Code of Conduct on COlmtering Terrorism they have agreed today. To condemn terrorism, wherever it is committed, without qualification and reject aH attempts to associate any religion or culture with terrorism 4) In the context of the implementation of the chapter on political and security partnership: to promote regional security by acting, inter alia, in favour of nuclear, chemical and biological non-proliferation through adherence to and compliance with a combination of international and regional non-proliferation regimes, and arms control and disarmament agreements such as NPT, CWc, BWC, CTBT and/or regional arrangements such as weapons free zones inc1uding their Verification regimes, as weH as by fulfilling in good faith their commitments under arms control, disarmament and non­ proliferation conventions. The parties shaH pursue a mllhlaHy and effectively verifiable Middle East Zone free of weapons of mass destmction, nuclear, chemical and biological, and their delivery systems. Furthermore the parties will consider practical steps to prevent the proliferation of nuc1ear, chemical and biological weapons as weH as excessive accumulation of conventional arms. Annuaire GERM

Refrain from developing military capacity beyond their legitimate defence requirements, at the same time reaffirming their resolve to achieve the same degree of security and mutual confidence with the lowest possible levels of troops and weaponry and adherence to CCW. Promote conditions likely to develop good-neighbourly relations among themselves and support process aimed at stability, security, prosperity and regional and sub-regional cooperation. Consider any confidence and security-building measures that could be taken between the parties with a view to the creation of an

Ilarea of peace and stability in the Mediterranean", inc1uding the long term possibility of establishing a Euro-Mediterranean pact to that end. 5) To contribute to achieving an area of shared economic development by: fulfilling the undertaking to achieve a Euro­ Mediterranean free trade area by 2010; promoting broad-based equitable sustainable economic development and employment by inter alia pursuing economic reform, supporting efforts to promote domestic and attract foreign investment in the region, enhancing public financial management, strengthening the role of the private sector, improving legal systems, reinforcing industrial cooperation, enhancing equitable access to basic services; developing integrated transport, energy and telecommunications networks and encouraging the objective of establishment of a Euro-med Energy Market. To assess in December 2006 the possibility of the incorporation of an EIB majority owned subsidiary dedicated to the Mediterranean partner countries, on the basis of an evaluation of FEMIP's performance. In this context they welcome the EIB/s intention to provide a further tranche of financial assistance to the region in 2006. 6) To develop the Mediterranean Strategy for Sustainable Development and review the implementation of aH relevant regional agreements and action plans. To endorse a feasible timetable to de-poHute the Mediterranean Sea by 2020, while providing appropriate financial resources and technical support to implement it, using the Mediterranean Strategy for Sustainable Development and exploring possible areas for co-operation in this regard with UNEP. Annuaire GERM

7) To reinforce and support the efforts of aIl countries in the region to meet the Millennium Development Goals, particularly in the areas of education, vocational training and of gender equality, given the importance of human development and knowledge­ based societies to modernisation. To significantly enhance national efforts to meet agreed targets for standards of education across tlle region, through developing educational systems, administration and management, with a particular focus on creating skilled workforces. In this context partners will increase significantly resources devoted to education. 8) To create an area of mutual cooperation on migration, social integration, justice, and security. 9) To strengthen the management of regular migratory flows in a comprehensive manner beneficial to the peoples of both shores of the Mediterranean, respecting migrants' rights. To intensify cooperation on aIl aspects of illegal immigration between aIl parties concerned, including human trafficking, reflecting shared responsibility and solidarity. 10) To act jointly against racism, xenophobia and intolerance, stressing respect for aIl , rejecting extremist views which attempt to divide us and incite violence and hatred, and joining together to promote common understanding. To improve intercultural dialogue aiming at promoting understanding, building on our culhtral heritage, including through the work of the Anna Lindh Euro-Mediterranean Foundation for the Dialogue Between Cultures, and in support of the UN Alliance of Civilisations. 11) To strengthen dialogue between governmental and non­ governmental actors across the Euro-Mediterranean region, including through the promotion of dialogue between Parliamentarians within the Euro-Mediterranean Parliamentary Assembly, contacts between civil society associations, youth, trade unions, business and professional associations and cooperation between regional and local administrations. The partners recaIl the application presented by the Islamic Republic of Mauritania to join the Euro-Mediterranean Partnership which will be given consideration in due time. Annuaire GERM

Expressing their renewed determination to drive the Process forward in pursuit of a better future for the youth of the region and fully implement the principles of the 1995 Barcelona Declaration, the leaders of the Euro-Mediterranean Partnership commit to work towards the objectives contained in the attached work plan over the next five years and to regularly review progress against these lmdertakings. FIVE YEAR WORK PROGRAMME 1. The aim of this programme is to implement the objectives agreed by partners at the 10th Anniversary Euro-Mediterranean Summit in accordance with the Barcelona Declaration of 1995. This work plan is designed to provide the basis for Euro-Mediterranean cooperation for the next five years. It aims to deliver results that will have a positive impact for all citizens in the region, thereby increasing the visibility of the Partnership. This work programme, as well as the implementation of the Association Agreements and the European Neighbourhood Policy Action Plans, will be supported through technical and financial assistance provided through the MEDA Programme, the future European Neighbourhood and Partnership Instrument (ENPI), bilateral contributions from Member States, FEMIP and other relevant finandal instruments, at levels consistent with the high ambition of our Euro-Mediterranean Partnership. Political and Security Partnership 2. To help realise a region of peace, security, prosperity and opportunity for our present and future generations, we will continue to work together to reach a just, comprehensive and lasting settlement of the Arab-Israeli conflict. We will also promote a peaceful, stable and secure Euro-Mediterranean Region through partnership-building measures, joint regional projects, sustainable development and strengthened rule of Iaw, democracy and respect for human rights. 3. Moreover, members of the Euro-Mediterranean Partnership will strive to achieve their mutual commitments in this area including through measures that: a) Extend political pluraiism and participation by dtizens, particularly women and youth, through the active Annuaire GERM

promotion of a fair and competitive political environment, including fair and free elections; b) Enable citizens to participate in decision-making at the local level including by increasing the decentralisation of govemance and the management of public affairs and delivery of public services; c) Increase the participation of women in decision-making including in political, social, cultural and economic positions; d) Ensure freedom of expression and association by facilitating the work of independent information providers and increasing access to information for aIl citizens; e) Foster the role of civil society in accordance with national legislation as appropriate and enhance its capability through improved interaction with govemments and parliaments. f) Enable the further implementation of UN and Regional Charters and Conventions on civil, political, social and economic rights to which they are party and promote the ratification of other instmments in this area. 4. With a view to contributing to the above objectives: a) The EU will co-operate with partners in promoting and supporting their poiitical reforms on the basis of universal principles, shared values and the Neighbourhood Action Plans, in accordance with national priorities, building on the commitment countries in the region have demonstrated to reform, including in the Tunis Declaration; b) In this context the EU will establish a substantial financial Facility to support willing Mediterranean parhlers in carrying out their reforms, taking into account that successful reforms must develop from within the societies of the region. c) Euro-Mediterranean partners will meet intemationally agreed standards in the conduct of elections. In this context they will discuss the possibility of developing, on a voluntary basis and upon request of the cOlmtry concemed, joint co­ operation and exchange of experience in the field of elections. Annuaire GERM

d) Euro-Mediterranean partners will deepen dialogue on Human Rights issues in the framework of the Association Agreements; representatives in the permanent missions at UN Headquarters shaH conduct informaI exchanges of views before the meetings of the UN Commission on Human Rights and of the UN General Assembly where appropriate. e) Euro-Mediterranean Partners will take measures to achieve gender equality, preventing aH forms of discrimination and ensuring the protection of the rights of women, f) Euro-Mediterranean partners will take action to implement the agreed Code of Conduct on CO.lmtering Terrorism 5. Euro-Mediterranean partners will develop and deepen dialogue on ESDP and security issues with a view to strengthening co-operation, on a voluntary basis in confliet prevention, partnership building measures and crisis management activities, and also on civil protection and natural disaster prevention; 6. To implement the relevant paragraphs of the Barcelona Declaration as stated in paragraph four of the Statement for the lOth Anniversary Summit. The EU is also prepared to examine appropriate technieal assistance in the field of clearing areas affected by land mines. Sustainable Sodo-Economie Development and Reform 7. To work towards creating more job opportunities for the increasing numbers of young people across the region, reducing regional poverty rates and closing the prosperity gap and raising GDP growth rates, Euro-Mediterranean partners will undertake measures to achieve: a) An improved business climate, in partieular for SMEs, induding by reducing regulatory and administrative obstacles to the creation and operation ofbusinesses, as weH as the time taken to create a new business; b) Increased access to bank lending by the private sector through consolidating and liberalising the finandal sector, improving finandal supervision and facilitating cooperation between finandal institutions; Annuaire GERM

c) Improved management and upgrading of public institutions; d) Consolidated macro-economic stability and improved public finance management; e) Strengthened social protection systems to ensure a basic standard of living for the most vulnerable; f) Developed national capabilities in the field of scientific and technological research and innovation to establish a knowledge based society through increased co-operation with and access to relevant European programmes and institutions; g) Better socio-economic inclusion, in particular in order to face social consequences of sectoral restructuring; h) A significant increase in the percentage of women in employment in aIl Euro-Mediterranean partner countries; i) Increased labour force productivity through greater access to vocational and technical training and measures to encourage technology transfer from European partners. An increased role for the private sector in financing and training within the workplace; j) An increase in the region's domestic investment and of its share of global foreign direct investment, particularly in non-oil sectors, by inter alia improving its investment climate and supporting efforts to attract foreign and domestic investment that contribute to the creation of new jobs in the region k) An increase in the percentage of the labour force working in the private sector; 1) An increase in north-south and south-south regional or sub regional co-operation through financial assistance in fields ofmutual interest. 8. With a view to contributing to the above objectives and based on the Barcelona Declaration, Euro-Mediterranean partners will: a) Design and implement a road map, the components of which should be developed in a comprehensive way, in accordance with the provisions of the Association Annuaire GERM

Agreements, for the creation of a Free Trade Area by 2010. This road map includes: i. The progressive liberalisation of trade in agriculture, processed agricultural products and fisheries products, with a possible selected number of exceptions and timetables for graduaI and asymmetrical implementation, taking into account the differences and individual characteristics of the agriculhtral sector in different countries, building on the Euromed Association Agreements and regional free trade agreements, based on the Rabat roadmap. Non-tariff aspects of agriculhtral trade liberalisation should be properly dealt with, along with other issues such as rural development, agricultural productivity and quality, as weIl as sustainable development. Negotiations will start with partner countries as soon as possible. iL The progressive liberalisation of trade in services taking into accolmt the non binding Framework Protocol adopted in Istanbul in 2004, in order to open negotiations on a voluntary basis on agreements on services and establishment of partner cOlmtries as soon as possible. b) Advocate the acceleration of the conclusion of free trade agreements with each other, and promote other regional agreements and bilateral trade agreements; and work for the entry into force of the Agadir Agreement at the latest by the end of 2005 c) Take advantage of the adoption of the Pan-Euro­ Mediterranean protocol on cumulation of origin as a step towards promoting intra and inter-regional integration. d) Approximate standards, technical legislation and conformity assessment, and provide support and assistance to that end, so as to pave the way for the negotiations of Acceptance and Cooperation Assessment Agreements on Industrial Products (ACAAs) and the elimination of technical obstacles to commerce at the latest by 2010; e) Assess in December 2006 the possibility of the incorporation of an EIB majority owned subsidiary ______..:.A.:..:n.:..:n.:..:u::a:;:,ir:;,:e;..G:::::..::E.:..:R:..:.;M~ _

dedicated to the Mediterranean partner countries on the basis of an evaluation of FEMlP's performance f) Apply the principles of the Euro-Mediterranean Charter for Enterprise and assess together their implementation; g) Take measures to promote the conditions to allow a substantial increase in the European investment rate in southem Mediterranean partner countries; h) Encourage the increase of the investment rate in the region by supporting regional programmes and networks towards this end. Establish an ad hoc group to examine ways and means of enhancing investment flows across the Mediterranean region and monitor progress. i) Strengthen impact analysis of economic reforms and co­ operation in the region. j) Promote environrnental sustainability and implement the Mediterranean Strategy for Sustainable Development. To develop as soon as possible a road map for de-polluting the Mediterranean by 2020, based on the recommendations of Euromed Environrnent Ministers using inter alia the MSSD and the UNEP Mediterranean Action Plan towards this end, while providing adequate finandal and technical assistance to this end. The goal should be to tackle all the major sources of pollution including industrial emissions, municipal waste and particularly urban wastewater. Exchange experience on sustainable development in the Baltic Sea, the Mediterranean and the Black Sea. k) Develop scientific and technological research and innovation and facilitate the transfer of technology in accordance with national legislation; implement the recommendations of the 2005 Euromed Dundalk Ministerial Conference on lCT; invite the competent EU authorities to extend the Eureka Programme to all Mediterranean partners; l) Launch by 2007 at least two projects irnplementing EU regional policy methodology in two pilot regions in the south and review the results with a view to making recommendations on future projects. - Annuaire GERM

m) Develop a regional transport infrastructure network anc adopt a set of recommendations at the Marrakech Euromed Transport Ministerial Conference in December 2005 te boost transport cooperation. n) Implement sub-regional energy projects to promote a Euro' Mediterranean energy market, including the progressive integration of Mashrek-Maghreb electricity networks with the EU electricity network; the integration of Middle East gas networks, energy co-operation between Israel and the Palestinian Authority; and several important pipeline connections. 0) Co-operate to enhance the impact of tourism on job creation, infrastructure development and inter-cultural understanding while ensuring environmental sustainability. p) Promote effective health cooperation as an essential factor for social and economic development; Education and Socio-Cultural Exchanges 9. Recognising the cmcial role of education for political, social and economic development, partners will improve equitable access to quality education in line with the Millennium Development Goals and the Education for All objectives. Euro-Mediterranean partners commit to tmdertake measures aiming to: a) Halve the number of illiterate female and male adults and children by 2010; b) Ensure equality of access to quality education at alllevels for girl and boy students by 2015; c) Ensure that by 2015 all children complete at least primary education; d) Reduce disparities in educational achievement between Euro-Mediterranean states under internationally recognised education standards; e) Increase completion rates at the different education levels, particularly for girls and students with special needs; f) Enhance graduate employment through efficient, high quality higher education and greater cooperation across Annuaire GERM

higher education and research. g) Increase awareness and understanding of the different cultures and civilisations of the region, including through conservation and restoration of cultural heritage. 10. With a view to contributing to the above objectives, Euro­ Mediterranean partners will: a) Increase significantly funding devoted to education in the Mediterranean region through EU assistance and Mediterranean partners' national plans and raise education as a priority sector within the ENPI; b) Increase enrolment rates through increasing the number of schools and rehabilitating existing schools, and by measures to stimulate demand including community involvement; c) Expand and improve illiteracy eradication and adult education programmes across society with special focus on females; cl) Expand and improve education opporttmities for girls and women, as a basic right; e) Work to strengthen the quality and relevance to the labour market of primary and secondary education and training by increasing the effectiveness of the school system, promoting skills, innovation and active self-Iearning, providing continuous education and training for the teaching force, making appropriate use of educational materials and information technology and e-Iearning, and through the monitoring of quality assurance, induding support for participation in international assessments (e.g. TIMSS); f) Support market based reform of Technical and Vocational Education and Training, the involvement of commerce and industry, and rationalisation of qualifications; g) Enhance the capabilities of universities and higher learning instittltions, including by encouraging networking between them within the Euro-Mediterranean region, and improve the relevance of their programmes to labour market demands and the knowledge-based society; Annuaire GERM

h) lntroduce a standard of university education qualification transferable within the Euro-Mediterranean region, encourage distance education and electronic communications and promote student exchanges; i) Increase access to the internet and create a Virtual Library to increase the accessibility of textbooks, reference books, publications and documents including in the original Arabic and through translating between Arabie and European languages j) Support the work of the Anna Lindh Euro-Mediterranean Foundation for the Dialogue Between Cultures to improve intercultural understanding thro.ugh regular dialogue, promotion of exchanges and mobility between people at aH levels; k) Work to increase the involvement of civil society in the Euro-Med partnership, 1) Launch a substantial scholarships scheme for university students from Euro-Mediterranean Partner countries and increase mobility grants for Higher Education staff; m) Strengthen youth dialogue through the Euromed Youth Platform and promote youth exchanges. n) Co-operate to combat discrimination, racism and xenophobia and to increase tolerance, tmderstanding and respect of ail religions and cultures 0) Enhance the role of the media for the development of intercultural dialogue, including by supporting the setting up of multicultural and multilingual channels and portals. Migration, Social Integration, Justice and Security 11. Acknowledging that Migration, Social Integration, Justice and Security are issues of common interest in the Partnership, and should be addressed through a comprehensive and integrated approach, the Euro-Mediterranean partnership will enhance co­ operation in these fields to: a) Promote legal migration opportunities, work towards the facilitation of the legal movement of individuals, recognising that these constitute an opportunity for Annuaire GERM

economic growth and a mean of improving links between countries, fair treatment and integration policies for legal migrants, and facilitate the flow of remittance transfers and address 'brain drain'; b) Reduce significantly the level of illegal migration, trafficking in human beings and loss of life through hazardous sea and border crossings; c) Continue to pursue the modernisation and efficiency of the administration of justice and facilitate access to justice by citizens, cl) Reinforce judicial co-operation, including on cross border issues; e) Facilitate solutions to problems arising from mixed marriage disputes and cases and encourage cooperation in accordance with the principle of the UN Convention of 1989 on the Rights of the Child and national legislation. f) Promote the ratification and further implementation of the relevant UN conventions on combating organised crime and drugs, and improve co-operation by law enforcement agencies. 12. With a view to contributing to the above objectives Euro­ Mediterranean partners will: a) Hold a Ministerial meeting to discuss aU issues pertinent to migration. And hold an expert senior officiaIs meeting to prepare the Ministerial and discuss other issues of relevance. b) Develop mechaniqms for practical co-operation and sharing experience on managing migration flows humanely, deepen dialogue with cOtmtries of origin and transit and explore options for providing assistance for countries of origin and transit. e) Promote schemes'for safer, easier, less expensive channels for the efficient transfer of migrants' remittances, encourage active contacts with expatriate communities to maintain their participation in the development process in their country of origin; Annuaire GERM

cl) Develop ways to assist capacity building for those national institutions in partner countries dealing with expatriates; e) Promote legal migration opporhmities and integration of migrants; f) Enhance cooperation to fight illegal migration. This cooperation should involve aU aspects of illegal migration, such as the negotiation of different kinds of readmission agreements, the fight against human trafficking and related networks as well as other forms of illegal migration, and capacity building in border management and migration. g) The Euromed Partners welcome the convening of a Euro­ African Conference on Migration.- h) Develop contacts, training and technical assistance for judicial and legal professionals, building on the Euromed Justice Programme, the ENP Action Plans and other agreed multilateral and bilateral instruments, with the participation of the concemed Mediterranean partners in the design and implementation process; i) Develop contacts, training and technical assistance for police and law enforcement officers, building on ENP Action Plans, other agreed instruments and the Euromed Police Programme, encouraging networks in the Euromed region and drawing on the expertise of Europol with the participation of the concemed Mediterranean partners in the design and implementation process; EURO-MEDITERRANEAN CODE Of CONDUCT ON COUNTERING TERRORISM The countries of the Euro-Mediterranean partnership, guided by the principles and objectives of the Barcelona Declaration, are united in the struggle against terrorism. The threat that terrorism poses to the lives of our citizens remains serious and terrorist attacks seriously impair the enjoyment of human rights. We remain determined to strengthen co-operation and coordination to respond to this global challenge. Today, we reiterate our total condemnation of terrorism in an its forms and manifestations and our determination to eradicate it and to combat its sponsors. Annuaire GERM

We have exerted considerable effort and had significant success in combating terrorism. We must continue to prevent terrorists accessing money and weapons, to dismpt their plans and dismpt their networks and to bring them to justice, by strengthening international co-operation. Our response must remain proportionate and solidly anchored within international and domestic legal frameworks that ensure respect for human rights and fundamental freedoms. We must not imperil the democratic values to which we are committed. We confirm that we will: • implement in full aIl Security Cotmcil resolutions addressing the issue of terrorism, ensuring respect for the Charter of the United Nations, internationallaw and international humanitarian law. • strive to achieve the ratification and implementation of aIl 13 UN Counter-Terrorism Conventions; • welcome the work on the development of the UNSG's strategy in the fight against terrorism and co-operate with UN anti terrorism bodies; • encourage the full implementation of the standards established by the Financial Action Task Force; • exchange information on a voluntary basis on terrorists and their support networks, in accordance with international and nationallaw; • work bilaterally and in accordance with nationallegislation to develop our effective and operational co-operation to dismpt networks and bring individuals involved in terrorist acts to justice; • refuse asylum to terrorists and deny them safe haven in accordance with internationallaw; • share expertise and best practices on cotmtering terrorism on a voluntary basis, including through technical assistance; .• ensure respect for human rights in the fight against terrorism In accordance with internationallaw; • Consider convening a high level conference under the auspices of the UN to formulate an international response to terrorism in aIl its aspects and manifestations, following agreement on a comprehensive convention on international terrorism. Annuaire GERM

Terrorism can never be justified. If we are to succeed in the long term in enabling international institutions, govemments to stop terrorism we need to address aIl its causes. We recognise the links between peace, security, social and economic development and human rights. We will continue to do aIl we can to resolve conflict, end occupation, confront oppression, reduce poverty, promote good governance and human right, improve intercultural tmderstanding and ensure respect for aIl religions. Such actions serve directly the interests of the people of the Euromed region and work against the interests of the terrorists and their networks. We confirm that we will: • condemn terrorism in aIl its .manifestations without qualification. • reject any attempts to associate terrorism with any nation, culture or religion; • prohibit and prevent the incitement of terrorist acts through the adoption of appropriate measures and in accordance with internationallaw and the nationallegislation of each cotmtry; • implement the commitments we have made on security and development in our Work Programme; • work together to conclude the Comprehensive Convention on International Terrorism, including a legal definition of terrorist acts, before the end of the 60th session of the United Nations General Assembly; • encourage moderation, tolerance, dialogue and tmderstanding amongst our societies; • co-ordinate our work to identify the factors which contribute to the terrorist threat and share experiences and expertise on how to address them. As weIl as reducing the terrorist threat, we must lessen our vulnerability to attack by protecting our citizens. We have taken huge steps in improving security over recent years, notably in protecting aviation. We will also develop further efforts in the field of maritime security. We must also be prepared to minimise the consequences of attacks. We have conducted exercises and anticipated such a Annuaire GERM

moment. We will share the lessons of past attacks and provide technical and other assistance where appropriate. We confirm that we will: • strengthen our national and collective mechanisms to deal with the aftermath of terrorist attacks; • share experience on managing the consequences of terrorist attacks and build contacts as appropriate; • consider inviting one another to participate in or observe our emergencyexercises; • help victims of terrorism and provide assistance to the competent authorities in dealing with the consequences of a major attack. Sommet du dixième anniversaire de l'Euromed: déclaration du Président (28111/05)

À l'occasion du lOème anniversaire de l'adoption de la déclaration de Barcelone en novembre 1995, les chefs d'État ou de gouvernement du partenariat euro-méditerranéen renouvellent leur engagement envers l'objectif consistant à réaliser un espace commun de paix, de stabilité et de prospérité dans la région méditerranéenne par le biais d'un dialogue, d'échanges et d'une coopération suivis. Ils réitèrent que cet objectif nécessite une approche complète au service de l'amélioration de la sécurité, de la résolution équitable des conflits régionaux, du renfort de la démocratie, de l'État de droit etdu respect des droits de l'homme, du développement économique et social durable et équilibré, de mesures permettant de combattre la pauvreté et l'exclusion et de la promotion d'tme compréhension meilleure entre les culhlres et les peuples. Les partenaires reconnaissent que seule une action déterminée permettra aux jeunes de la région de réaliser leur souhait d'un avenir meilleur. Ils réaffirment leur engagement aux principes et objectifs de la déclaration de Barcelone et soulignent à nouveau l'importance de prendre mutuellement le Processus en charge, ce qui demeure la pierre angulaire du partenariat Euromed. Ils réitèrent que leur partenariat devrait servir de cadre à l'établissement d'une coopération et d'une compréhension au niveau régional. Le processus de Barcelone contribue sensiblement à encourager les avancées dans le processus de paix au Moyen-Orient et à promouvoir la compréhension mutuelle, même s'il ne s'agit pas là du forum dans lequel une résolution peut être trouvée. Ils Annuaire GERM

demandent que la feuille de route soit mise œuvre rapidement et dans son intégralité et encouragent les parties à poursuivre la voie du dialogue et de la négociation directs pour concrétiser la vision de deux États, lm Israël sécurisé et sûr d'une part et lm État palestinien démocratique, viable, souverain etadjacent d'autre part, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Les parties doivent s'entendre sur les questions de stahlt définitif. Les partenaires réaffirment leur engagement à parvenir à lm règlement juste, complet et durable, compatible avec la feuille de route et les principes de la conférence de Madrid, y compris l'échange de la terre pour la paix, et fondé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations lmies, notamment 242, 338 et 1397 et prennent acte de certains développements et initiatives régionaux récents, dont l'initiative de paix saoudienne adoptée à Beyrouth. Les partenaires appellent également à donner un nouvel élan aux efforts visant à encourager les avancées dans le processus de paix au Moyen-Orient sur toutes les voies, que ce soit aux niveaux palestinien, syrien et libanais. Ils reconnaissent que d'importants changements se sont produits au sein de l'Union européenne et sur le plan international depuis la signature de la déclaration de Barcelone en 1995. L'UE a lancé la politique européenne de voisinage dans le but de renforcer et compléter le processus de Barcelone. L'UE a en outre élaboré la politique européenne de sécurité et de défense, laquelle a servi de base à un dialogue avec des partenaires méditerranéens. Ils ont également rappelé la situation particulière de la Turquie en tant que pays candidat à l'adhésion à l'UE et membre du partenariat euro-méditerranéen. Les partenaires s'engagent collectivement à: 1. S'efforcer collectivement d'établir la paix dans la région. 2. Consolider la démocratie, en accroissant la participation à la vie poHtique, aux affaires publiques et à la prise de décisions, et par la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes. Accroître le respect de tous les droits de l'homme et libertés fondamentales, y compris la liberté d'expression conformément à leurs obligations internationales. Continuer à préserver et assurer l'indépendance du Annuaire GERM pouvoir judiciaire et à pennettre à tous lill meilleur accès à la justice. Dans ce contexte, lUE mettra en place une importante facilité financière afin de soutenir les partenaires méditerranéens désireux de mener leurs réformes, en tenant compte que les réformes doivent être développées au sein des sociétés de la région pour être couronnées de succès. 3. Améliorer la sécurité de tous les citoyens, notamment par le biais de politiques plus efficaces de lutte contre le terrorisme et d'lille collaboration plus étroite visant à démanteler toutes les activités terroristes, protéger les cibles potentielles, gérer les conséquences des attaques et mettre en œuvre le Code de conduite contre le terrorisme qu'ils ont approuvé aujourd'hui. Condamner le terrorisme, où qu'il soit commis, sans qualification et rejeter toutes tentatives visant à associer une religion ou culhtre quelle qu'elle soit au terrorisme. 4. En ce qui concerne la mise en œuvre du chapitre sur le partenariat en matière de politique et de sécurité: à promouvoir la sécurité régionale en agissant, entre autres, en faveur de la non-prolifération des armes nucléaire, chimique et biologique par l'adhésion et en se confonnant à un ensemble de régimes de non-prolifération sur les plans international et régional, ainsi qu'à des accords de contrôle des armements et de désarmement tels que le TNP, la CAC, la CAB et le TICE et/ou des arrangements régionaux tels que les zones exemptes d'annes, y compris leurs mécanismes de vérification, de même qu'en honorant de bonne foi leurs engagements au titre des conventions de contrôle des armements, de désannement et de non-prolifération. Les parties œuvreront pour la création d'une zone exempte d'armes de destruction massive, nucléaires, chimiques et biologiques, et de leurs vecteurs au Moyen-Orient. Par ailleurs, les parties envisageront des mesures pratiques destinées à empêcher la prolifération d'armes nucléaires, chimiques et biologiques, de même que l'accumulation excessive d'annements conventionnels. Eviter de développer une capacité militaire disproportionnée par rapport à leurs besoins de défense légitimes, tout en réaffinnant leur volonté de parvenir au même degré de sécurité et Annuaire GERM

confiance mutuelle en maintenant au minimum leur niveau de troupes et d'armement et en adhérant à la CCW. Encourager les conditions susceptibles de développer des relations de bon voisinage entre eux et soutenir un processus visant à la stabilité, sécurité, prospérité et à la coopération régionale et Sous-régionale. Envisager toutes les mesures permettant d'instaurer un climat de confiance et de sécurité que les parties pourraient prendre dans le but de créer tme «zone de paix et de stabilité dans la région méditerranéenne», y compris la possibilité au long terme d'établir un pacte euro-méditerranéen à cet effet. s. Contribuer à la création d'une zone de développement économique partagé en déployant les efforts suivants: réalisation d'tme zone de libre échange euro-méditerranéenne d'ici 2010; promotion d'tm développement économique durable et équitable au sens large ainsi que de l'emploi, entre autres au moyen d'une réforme économique, de mesures conçues pour promouvoir l'investissement national, attirer des investissements étrangers dans la région, améliorer la gestion financière publique, consolider le rôle du secteur privé, améliorer les systèmes juridiques, intensifier la coopération industrielle, et améliorer un accès équitable aux services fondamentaux; développement de réseaux intégrés dédiés au transport, à l'énergie et aux télécommunications et promotion de l'objectif consistant à instaurer un marché de l'énergie euro-méditerranéen. Évaluer en décembre 2006 la possibilité d'incorporer tme filiale à participation majoritaire de la BEI dédiée aux pays partenaires méditerranéens, en fonction de l'évaluation de la performance de la FEMIP. Dans ce contexte, ils saluent l'intention de la BEI de fournir une tranche supplémentaire d'assistance financière à la région en 2006. 6. Développer la stratégie méditerranéenne de développement durable et passer en revue la mise en œuvre de tous les accords et plans d'action régionaux pertinents. Adopter un calendrier réalisaole en vue de dépolluer la mer Méditerranée d'ici 2020, tout en octroyant les ressources financières et le support technique appropriés pour sa mise en œuvre, au moyen de la stratégie méditerranéenne de développement durable et en étudiant les Annuaire GERM

domaines susceptibles de faire l'objet d'une coopération à cet égard avec le PNUE. 7. Intensifier et soutenir les efforts de tous les pays de la région dédiés à la réalisation des objectifs de développement du Millénaire, notamment dans les domaines de l'éducation, de la formation professionnelle et de l'égalité entre les hommes et les femmes, étant donné l'importance que revêtent le développement humain et les sociétés de la connaissance pour la modernisation. Améliorer considérablement les efforts nationaux dédiés à la réalisation des objectifs convenus en matière d'éducation à l'échelle de toute la région, en développant les systèmes éducatifs, l'administration et la gestion, et en mettant l'accent sur le développement d'tille main-d'œuvre qualifiée. Dans ce contexte, les partenaires augmenteront significativement les ressources allouées à l'éducation. 8. Instaurer une région de coopération mutuelle dans les domaines de la migration, de l'intégration sociale, de la justice et de la sécurité. 9. Renforcer la gestion exhaustive des flux migratoires réguliers pour qu'elle bénéficie aux peuples des deux rives de la Méditerranée, en respectant les droits des migrants. Intensifier la coopération dans tous les aspects se rapportant à l'immigration illégale entre toutes les parties concernées, notamment le trafic d'êtres humains, en faisant preuve d'une responsabilité et d'un engagement envers la solidarité partagés. 10. Agir conjointement contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance, en insistant sur le respect de toutes les religions, en rejetant les opinions extrémistes qui tentent de nous diviser et d'inciter à la violence et à la haine, et en nous unissant afin de promouvoir tille compréhension commune. Améliorer le dialogue intercu1turel destiné à promouvoir la compréhension, en tirant parti de notre patrimoine culturel, notamment au moyen des travaux de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les culhlres, et en vue d'appuyer l'Alliance des civilisations de l'ONU. Annuaire GERM

11. Renforcer le dialogue entre les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux de l'ensemble de la région euro­ méditerranéenne, notamment en encourageant un dialogue entre les députés siégeant à l'Assemblée parlementaire euro­ méditerranéenne, les contacts entre les associations de société civile, la jeunesse, les syndicats, les entreprises et les associations professionnelles, ainsi qu'tme coopération entre les administrations régionales et locales. Les partenaires rappellent la demande d'adhésion au partenariat euro-méditerranéen présentée par la République islamique de Mauritanie, qui sera étudiée en temps opportun. Exprimant leur détermination renouvelée à faire avancer le processus en vue d'assurer un avenir meilleur à la jeunesse de la région et une mise en œuvre complète des principes adoptés lors de la Déclaration de Barcelone de 1995, les dirigeants du partenariat euro-méditerranéen s'engagent à œuvrer à la réalisation des objectifs figurant dans le plan de travail ci-joint au cours des cinq prochaines années et à examiner régulièrement l'évolution des progrès enregistrés au titre de ces initiatives.

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II - RENCONTRE DU GERME

Le bilan du partenariat euro-méditerranéen

L'interculturalité: une dimension oubliée des accords de Barcelone. Mots clefs: Méditerranée, globalisation, développement, civilisation de la diversité, intercuIturalité, interdisciplinarité, identité, croyances, prophéties, connaissances, coordination, réciprocité, solidarité, coopération décentralisée, territorialité, site, homo situs, rationalité située.

Hassan ZAOUAL Directeur du CREL, ULCO Membre du Comité des Rencontres de Fès Email: Ziloual@freeft

Introduction

« Est violent toute action où l'on se comporte comme si 1/on était tout seul à agir.» LEVINAS, Difficile liberté, Michel Albin, 1995

Les relations entre l'Europe et les pays de la rive Sud de la Méditerranée constituent un bon laboratoire pour la réflexion et la prospective sur le développement et la globalisation économique. Toute prospective exige un état des lieux susceptible d/ouvrir la voie à une nouvelle coopération entre la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée: les accords de Barcelone peuvent être une de ses

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modalités. L'actualité exige un élargissement de ces accords à une réflexion plus approfondie sur les dimensions humaines et culturelles. En effet, l'économisme qui inspire ce type de partenariat n'est plus une réponse pertinente ni aux problèmes de sodété et d'environnement ni même aux énigmes économiques. Tout se passe comme si l'avancement de l'approche économique avait besoin elle-même d'une critique radicale à partir des autres domaines de l'homme. C'est dans cette ouverture à la fois interdisciplinaire et interculturelle que des avancées en termes d'interprétations et d'actions sur les terrains deviendront possibles dans un proche avenir. Dans cette conjecture, les gens du Sud de' la Méditerranée doivent accepter l'idée qu'il n'y a plus de modèle. Le Nord n'est plus totalement l'avenir du Sud. L'lm a besoin de l'autre pour promouvoir une civilisation de la diversité capable de corriger en profondeur la civilisation économique du capitalisme dont les ressorts et les conséquences exigent une nouvelle réinterprétation à la lueur de l'actualité internationale. Cette analyse critique peut s'appuyer à la fois sur les insuffisances notoires de ce système économique dans les pays globalement riches d'Europe (chômage, exclusion, misère, S.D.F. assimilable à des hommes sans direction fixe) et le mal développement des pays de la rive Sud de la Méditerranée. Il y a là des convergences de niveau lmiversel qui incitent à une alliance quasi naturelle entre l'Europe et l'ensemble des peuples de la Méditerranée. En effet, celle-d de par l'histoire et la proximité a toujours été un formidable moteur de mélanges culturels. Ces processus de métissage indiquent la voie de l'interculturalité dans les relations euro méditerranéennes. Le Judaïsme, le Christianisme l'Islam, la Modernité ont parcouru, successivement les deux rives. Ces échanges spirituels, culturels et commerciaux ne datent pas d'aujourd'hui. Tout cela a imprégné en profondeur les communautés et les nations du pourtour de la Méditerranée. Ces couches culturelles et historiques lui confèrent le caractère d'tme mosaïque de sites qui échappe à nos catégories intellectuelles fortement influencées par les sciences parcellaires tel que l'économisme. Celui-ci sert de légitimité scientifique dans les réformes menées de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée en asservissant les peuples d'Europe et d'Orient à une globalisation uniformisante conduite par les puissances anglo- Annuaire GERM

saxonnes et à leur tête l'impérialisme US. Pourtant, il revient aux pays de la Méditerranée de définir et de régler leurs propres problèmes de sécurité et de prospérité. Ils n'ont pas besoin d'un modèle venu d'ailleurs n'intégrant pas la riche pluralité dont ils sont détenteurs. C'est face à cette hégémonie uniformisante et appauvrissante que l'Union européenne associée aux pays de la rive Sud peut introduire sa propre sensibilité, celle d'un humanisme capable de mettre l'économie au service de l'homme mais non le contraire. L'Union des Pays de la Méditerranée, l'UPM, aurait tout le potentiel de la construction d'tme civilisation alliant la diversité culturelle, la sauvegarde de la biodiversité et le renforcement de la cohésion sociale. Ces nouvelles visions et pratiques de la coopération nécessitent tm nouveau paradigme, une sorte de pensée postglobale, aux antipodes de celui de la concurrence entre les hommes, les territoires et les nations. C'est à cet objectif qu'est assigné ce texte dont les arguments théoriques et empiriques capitalisent en matière de développement près d'un demi siècle d'erreurs considérées comme fécondes par toute pédagogie d'apprentissage. 1) Le parcours de l'expérience de la coopération au développement A) Le développement produit son contraire : la fin d'un monde machinique L'histoire intellechtelle et pratique du développement dans les pays « pauvres» nous enseigne que la coopération internationale a été dominée, jusqu'à nos jours, par une vision unilatérale, celle qui postule que le progrès et la prospérité découle d'une application systématique des modèles d'économie et de management formulés hâtivement à partir de l'expérience des grands pays industrialisés. Ce paradigme de transfert résiste au changement. En dépit des échecs successifs de ce mode opératoire dans de nombreuses contrées de l'hémisphère Sud, les idées sous jacentes au discours de la globalisation sont similaires à celles qui avaient donné lieu aux vieilles' théories du développement. De ce point de vue, la mondialisation est à considérer comme la. «sœur jumelle» du développement. A quelques nuances près, ce n'est ni plus ni moins qu'un «copier coller». Ay regarder de près, la prospérité d'un pays, selon cette vision de la société et de l'homme, trouve son explication dans les principes d'économie politique hérités de

ID Annuaire GERM l'histoire intellectuelle de l'Occident. Les économistes néoclassiques et marxistes ont réduit sa prospérité au développement de son économie et à sa puissance technique et scientifique que le marché fusionne progressivement selon les impératifs du profit. Cet enchevêtrement donne lieu à ce que nous avons appelé la« sainte alliance » entre le marché et la technoscience. Cet alliage est porteur de nombreuses incertitudes au plan de la bio diversité, de la diversité culturelle et de la cohésion sociale. La société européenne en prise avec une « surmodemité » est, d'ailleurs, devenue une « société du risque ». Elle devrait devenir un laboratoire pour les savoirs du Sud afin de ne pas commettre les mêmes erreurs cumulatives. Cette civilisation matérielle au sens de Braudel puise, en réalité, ses sources dans une culhlre de maîtrise et d'accumulation née de la Renaissance italienne et du siècle des Lumières. La raison y a détrôné la religion. C'était le cataclysme introduit par la modernité. L'ensemble des institutions de la société moderne en porte les empreintes. Ce qui explique les conflits de sens que les échecs du développement au Sud et les crises économiques aiguisent, aujourd'hui, dans les relations internationales. En vérité, l'idée que le changement culhlrel a précédé les changements industriel, technique et économique est soutenable dans l'analyse du parcours des pays d'Europe les plus puissants. De nombreux faits concordent pour asseoir les bases de ce diagnostic puisque les transferts Nord-Sud de modèles conduisent à des échecs cuisants. Le développement est exporté, sans pntdence, sous formes de théories, de modèles, de concepts réducteurs, d'institutions formelles et d'un« amas matériel» ayant peu d'adhérence locale au plan des trajectoires et des histoires des sites cibles. Le transfert d'un modèle ne garantit pas celui du sens commtm de son site d'origine. Dans ces conditions, il est tout à fait logique de considérer le «développement aéroporté» comme une «carrosserie sans moteurs ». D'ailleurs, sous les tropiques, elle rouille le plus souvent! Les faits en matière d'usines clefs en main le démontrent amplement. Lorsque tout est pensé et fait par les forces exogènes à un site, celui­ ci se rebiffe et phagocyte le changement imposé du dehors. De façon générale, l'industrie du développement impose le plus souvent la formule: ne pensez pas, nous le faisons pour vous, Annuaire GERM

payez ! Cette posologie du développement interdit le développement des capacités d'innovation locale. C'est de la pure consommation, donc de la destruction. A ce niveau de réalité, le développement s'auto détruit de lui-même et génère son contraire. C'est exactement ce qui se passe sur les terrains. Ni l'aide, ni la réduction de la dette, ni même l'investissement ne peuvent être d'lm grand secours de ce point de vue. En résumé, le développement est irréductible à un simple système économique que régulerait le marché. L'expérience montre amplement que ni l'argent ni la technologie ne garantissent le développement entendu comme progrès pour tous. Aujourd'hui, la croissance économique dans les pays mêmes qui s'affichent comme modèle n'est plus compatible avec un mieux être pour tous de par ses conséquences sur l'emploi, la répartition des richesses et au total sur la « qualité de vie ». Les catégories économiques ne sont plus régies par des relations mécaniques stockables dans des modèles formalisés. La science économique occidentale a fait long feu. Du point de vue éthique, l'homme moderne est en désarroi lorsque les lois économiques sont au pouvoir. Dépouillé de sa sociabilité, il est éduqué à devenir un homo économicus, un animal à produire et consommer. C'est cette anticulhtre (expression empruntée à S. Latouche) que nous propose la globalisation économique. Seul l'intérêt individuel est considéré comme aiguillon de tout comportement humain. Ce qui est générateur d'incertihldes qui viennent, paradoxalement, contrarier le projet des économistes orthodoxes de transformer l'ensemble de la société en société de marché. L'homo oeconomicus, de par ses mobiles, est porté à maintenir son semblable en situation d'asymétrie d'iT).formation ou tout simplement dans lme relation d'incertihtde. Que d'amis et d'ennemis nous avons rencontrés dans la même personne. L'homo oeconomicus, en détruisant la confiance, tend à neutraliser toute proximité et solidarité. En somme, ce modèle de l'homme que la pensée globale propose et impose à toute l'humanité a une essence antisociale. En Méditerranée comme ailleurs, nous avons tous besoin d'une nouvelle définition de l'homme dans son universalité et dans sa diversité. Annuaire GERM

Au plan de la critique interne du raisonnement économique, les économistes des conventions ont assez démontré que le marché s'auto paralyse en raison de ces insuffisances notoires à coordonner les agents économiques. Face à ces incompléhldes, les agents économiques ont besoin de règles, de conventions, de partenariat voire de croyances communes pour se repérer non seulement dans leur vie sociale mais même dans leur vie économique. Ces problématiques sont bien présentes dans les champs de recherche du management des entreprises, du développement local, dans les dimensions cachées des échecs des modèles formels d'économie et dans le succès des pratiques économiques locales qui relèvent, le plus souvent, des mondes informels. Tout ceci réintroduit l'éthique dans le monde de la technique qui se croyait à l'abri des valeurs que les hommes portent en eux-mêmes. Poussés à l'extrême, ces constats nous incitent à croire que les économies ont un caractère prophétique. Autrement dit, elles ont besoin d'un enracinement dans les croyances locales pour que ça marche. Leur variété contrarie toute idée d'lm modèle unique. La faillite du développement et les antagonismes culturels corroborent ce constat. De ce point de vue, c'est la fin de l'occidentalisation comme modèle unique. Cette conclusion a fait l'objet de nombreux travaux relatifs au paradigme des sites symboliques d'appartenance et cela dans divers domaines : coopération au développement, globaiisation, économie informelle au Maghreb et en Afrique subsaharienne, développement local, décentralisation, gouvernance, management interculturel d'entreprise et de projet, microcrédit, pauvreté, environnement, innovation et capital humain, habitat etc. B) La dissidence des économies prophétiques Tout semble indiquer que le dynamisme économique reposerait sur des prophéties auto réalisantes. C'est ainsi que la théorie des sites met au centre de son dispositif les systèmes des croyances communes des acteurs. Au plus près de la pratique, il n'y a plus de concepts ou d'outils neutres, d'où l'utilité de la pédagogie d'accompagnement de l'approche par les sites. Toute ceci est essentiel pour les futures pratiques du partenariat euro méditerranéen. La réorientation de la coopération internationale Annuaire GERM

en direction des acteurs de la société civile et des commlmautés de base en est lm des signes avant coureurs depuis quelques années. Dans ce contexte, la coopération décentralisée présuppose un dialogue de sens entre les acteurs concernés par une situation. Les niveaux de réalité et d'échelle les plus pertinents sont leurs visions du monde et leurs espaces de vie. C'est à cette profonde proximité qu'invite la théorie des sites. Elle mobilise la Proximité, la Diversité et la Gouvernance. Cette démarche d'accompagnement que l'on pourrait qualifier de PDG est flexible dans la mesure où toute rigidité, conceptuelle et/ou pratique, s'accompagne d'inefficacité. Une vision du dedans n'est pas d'un accès facile en raison du caractère insaisissable du site et de la proximité. « Proche est loin, loin est proche» dit un proverbe arabe. Ceci explique, entre autres, les difficultés concephlelles auxquelles se heurtent, aujourd'hui, les économistes qui portent un intérêt à la proximité et au territoire. En reprenant la notion d'espace sacré au sens de Mercia Eliade, nous avons déjà démontré, dans nos travaux, qu'à ce sujet nous sommes aux frontières supérieures des sciences rationnelles. En résumé, l'Homme est lm « animal territorial », incroyablement croyant. Ce qui fait de lui non pas un homo oeconomicus mais un homo situs avec toute la complexité que ça suppose. D'ailleurs, les paysans de Sidi Boumehdi (région de Settat, Maroc) ont bien raison de dire : « Celui qui calcul, reste seul » à quoi répond le proverbe sénégalais: « Pauvre est celui qui est seul» Ce constat bien réel minore les indicateurs statistiques de pauvreté de l'économiste et fonde l'actualité de l'ouvrage de Majid Ranhéma intitulé : « Quand la misère chasse la pauvreté» Il y démontre les bienfaits de la pauvreté conviviale propres aux sociétés communautaires contrairement au caractère destructeur de la « pauvreté modernisée » (misère) générée par l'économie d'accumulation et de compétition. Celle-ci, de par les lois économiques, n'a pas de solution à la misère et à l'exclusion qu'elle induit. C'est encore lm mythe d'y croire puisque cette économie n'a comme butqu'elle-même (marché, profit et accumulation). Aujourd'hui, en gardant le même système économique, la misère est, du moins dans les pays des droits de l'Homme, gérée, donc acceptée! Annuaire GERM

Dans ses principes rationnels de base, libérée de l'éthique et de la société, l'économie est antisociale et anti-écologique. L'économie politique considère que la performance passe exclusivement par la concurrence et que les ressources naturelles sont des biens libres exploitables à merci. Cette violence s'exerce sur la nature considérée comme un réservoir d'énergie inépuisable. Pourtant, « La durabilité requiert un niveau de vie simple avec une consommation limitée» écrit le Professeur américain Denis Goulet. Il ajoute plus loin: « Si le développement doit être socialement et culturellement durable, il faut protéger les fondements de la communautés et les systèmes symboliques. Sinon, ils seront relégués dans l'oubli sous prétexte de les soumettre aux nécessités de la « rationalité» scientifique et technologique. ». Ce n'est ni plus ni moins qu'un appel à la protection des sites symboliques et pratiques d'appartenance. Et, ceux sont eux qui résistent, à la base, à un total anéantissement. Ils alimentent clandestinement en diversité les dynamiques informelles rebelles. Se faisant, ils protégent les sociétés et les économies locales de l'uniformisation imposée par le développement et la mondialisation. Le site comme humanité corrige le capital comme catégorie économique. En effet, comme déjà indiqué, du fait que le développement transposé dans les pays de la rive Sud produit de la dette, de la pauvreté et en fin de compte de l'exclusion et de la destruction écologique. Les sihlations qui émergent de ces « ruines » sont porteuses d'anomie et de destruction du lien social. Nous avons affaire à des sociétés désorientées. Elles n'ont plus de repères mobilisateurs. Les mythes fondateurs du capitalisme y sont absents et leurs propres mythes sont en cours de destruction. En pratique, un vide s'installe. Et, c'est l'informel politique et économique qui prend place. Dans cette galaxie, les micro activités économiques côtoient la recherche effrénée de nouvelles croyances capables de stabiliser les individus dans leur existence. Des métissages et des multiples recompositions d'ordre imaginaire s'y opèrent clandestinement. Vu du dessous, tille grande diversité s'y affiche. Elle est révélatrice d'une production incessante de nouveaux sites symboliques que les acteurs construisent à partir de leurs parcours, de leurs appartenances d'ordre ethnique, religieuse, familial, spatial, Annuaire GERM

professionnel etc. Ces « économies voilées » sont proliférantes. La diversité y exerce toute sa vitalité. On y découvre des économies et des micro sociétés de proximité loin des institutions formelles qui régentent les pays en question. Ce décalage est grandissant et explique la faible emprise des pouvoirs publics sur les situations concrètes. Ces dissidences consacrent la faillite des pensées globales et des conceptions technocratiques. Elles remettent en cause toute décision sans adhésion de la base. En substance, c'est ce qui fait le succès des dynamiques informelles et la montée en puissance d'un besoin de ré enracinement territoriale dont les impératifs sont multiples. Les dimensions identitaires s'y imbriquent avec les exigences de la vie quotidienne. Tout se passe comme si, contrairement aux décisions officielles dictées par le discours de la globalisation, les acteurs ne séparaient pas l'économie du reste de leurs sociétés locales concrètes. Ces formes vie économique souterraines prolifèrent sans se concentrer. L'accumulation sur le modèle du capitalisme officiel y est contrariée par des particularités historiques et culturelles locales, d'où les principes et les concepts de la sitologie. Dans ces univers fortement hybrides, les comportements économiques sont encastrés dans des systèmes de valeurs et de règles qui les régissent selon d'autres rationalités dont lesquelles une pluralité de paramètres est bien présente : les croyances communes, l'appartenance, la confiance, la réputation, l'estime, la solidarité, la réciprocité etc. Le concept de rationalité située déduit de la théorie du site en restitue les influences sur les comportements individuels et collectifs. Il s'agit d'lm modèle complexe, varié et variable et indéterminé. Ce qui consacre, une fois de plus, la puissance du site par rapport aux catégories économiques ordinaires tels que la rationalité standard, l'homo oeconomicus, le capital, le profit, l'accumulation etc. En substance, le site borne et déroute le capitalisme des économistes. Ce n'est que dans cette perspective que nous pourrions mieux comprendre ce que cachent les échecs des transferts des modèles et projets de coopération ainsi que l'avenir de notre monde. L'expérience en matière de développement et de coopération montre, en effet, que les projets, grands ou petits, qui ne tiennent pas compte de ce que les sociologues et les anthropologues Annuaire GERM appellent le contexte d'action deviennent des projectiles. Ainsi, l'épistémologie des site dans nos travaux privilégie lm ensemble de principes : complexité, tolérance, diversité, singularité, ouverture et fermeture des organismes sociaux (code de sélection) et en fin de compte l'importance capitale de l'homo sihlS, l'homme de la siruation. Le complexe de l'expert y disparaît au profit de la nécessité d'tme confiance en soi. A contrario, toute la culture de maîtrise s'est constmite sur le mythe de la domination de la nahlre et de l'homme. Il s'agit en fait d'une épistémologie de chasse qui transforme sur quoi elle s'applique en cibles. Ainsi, en matière économique et sociale, la notion de populations cibles est largement utilisêe sans le moindre respect des acteurs concernés quels qu'ils soient. Cette démarche qui se veut scientifique est largement en crise au Nord comme au Sud. Où est passer le « zéro mépris» que l'on peut déduire du toyotisme? Somme toute, sur le bilan du développement, l'hypothèse forte au sens de Popper à retenir est à considérer que le développement tel qu'il a été pratiqué se réduit à lm débouché des économies les plus innovantes du capitalisme. Il se trouve que ceux sont celles des pays ex colonisateurs et elles le demeurent, d'ailleurs, à plus titre. La mondialisation et plus particulièrement la formation d'une zone de libre échange entre l'Union européenne et les pays de la rive Sud comme ceux du Maghreb ne changera pas fondamentalement les données de cette énigme. Les réformes exigées par ce paradigme sont toujours les mêmes: ouverrure des marchés, privatisation, compétitivité tous azimuts. C'est sur ces objectifs économiques que la démocratie et la société civile sont convoquées et mobilisées. De même, la gouvernance proposée est aussi celle d'lm modèle unique supposé stimuler l'évolution des pays assistés vers lme économie de marché. La performance de celle-ci y est mesurée dans les critères du profit. En fait, c'est une mise sous pression de la société en direction d'lm capitalisme dont les effets sont dévastateurs au plan des valeurs et de la cohésion des pays concernés. II) Les perspectives d'un co-changement radical Comme déjà évoqué, culrurellement et historiquement, les deux Annuaire GERM

rives de la Méditerranée sont enchevêtrées. AUClille d'entre elles n'est à l'abri de la déstabilisation de l'autre. Les faits que l'on constate sur le terrain sont porteurs d'une nuée de menaces si l'anticipation n'est pas conduite par une approche raisonnée. Les anomalies du développement se traduisent par un désarroi culturel qui incite à des replis identitaires de part et d'autre. A) De Maastricht à Marrakech: toujours plus de Marché L'Union européenne a forgé sa constihltion autour d'un libéralisme économique musclé qui ne garantit pas sa cohésion sociale et le respect du pluralisme des pays qui la constituent. En réduisant le projet européen à un simple marché, elle entame la destmction de l'éthique de ses fondateurs dont le principal souci n'était pas la constmction d'une économie de marché pour elle­ même. Le mythe fondateur de l'Europe était de créer un continent de paix et de dialogue dans la diversité de ses composantes. Il était éminemment éthique et politique. Le développement des échanges économiques n'en est qu'un moyen parmi d'autres mais non le but suprême. De fait l'intégration économique européenne, sans la prise en compte de sa diversité, conduira, de proche en proche, à sa désintégration. Le défi de la gestion de cette diversité est grandissant avec l'élargissement continuel de l'Union européenne. Comme à l'extérieur, l'Europe, en son sein, a aussi tille énigme interculhlrelle à résoudre. La sensibilité française n'est pas la même que celles des autres. La variété y est aussi omniprésente contrairement à ce que perçoivent, de l'extérieur, les élites bien pensantes de la rive Sud de la Méditerranée. Ainsi, la perception de ce que devrait être une «bonne économie» diffère selon les cultures nationales d'Europe. A ce titre, la notion de service public auquel tient la cohéSIOn de la République française est considérée dans la culture anglo-saxonne comme une « regrettable necessity » ! Dans cet imaginaire, tout ce qui est susceptible d'être régi par le marché, doit l'être sans qu'aucune aùtre considération soit prise en compte. La culture de marché y est totalisante. Ce qui tend .à conduire à une uniformisation des modes de transactions entre les humains. Toutes les sciences enseignent, pourtant, que tout système vivant, biologique ou social, qui s'uniformise se fragilise. Ce qui est arrivé à l'Est par le plan pourrait arriver à l'Ouest par le marché ! Annuaire GERM

L'hypothèse d'un effondrement moral, économique et politique de l'Ouest n'est pas donc à écarter, loin de là. Et, ce n'est par hasard que l'économie plurielle associant l'Etat, le marché et le tiers secteur a le vent en poupe dans le monde des organisations de la société civile européenne. Cette économie de la diversité est bien présente dans les entrailles des économies informelles des pays de la rive Sud de la Méditerranée. Ce qui est un repère commun à suivre avec l'Europe d'en bas. Les traités de Maastricht et celui de Marrakech présidant à la création de l'Organisation mondiale du Commerce, en niant ces faits apodictiques, multiplient les risques d'implosion des sociétés du Nord et du Sud de l~ Méditerranée. Continuons à nous enfoncer dans les profondeurs de la multi culturalité européenne. La France est, avant tout, tme conception politique de l'homme et du monde. Ainsi, en démontant les institutions de l'Etat social hérité du fordisme, la politique économique commune, fortement inspirée par la théorie de l'économie de l'offre, détnlÎt les valeurs et les principes civiques de nombreux pays d'Europe en l'occurrence ceux de ses deux piliers, la France et l'Allemagne. Les critères de convergence économique cachent un problème de valeurs dont les conséquences sont de plus en plus perceptibles au plan de l'engagement citoyen contre le dogmatisme économique des dirigeants et des réseaux influents. Comme par hasard, l'emploi, les salaires, la solidarité et autres nécessités de la vie en société sont absents des critères de convergences! L'orientation du projet européen choisie est purement économique, donc, antisocial. De plus, cette conception ne garantit aucunement dans les faits tme redynamisation des économies européennes. Celles-ci, dans leur rythme, s'apparentent à des économies quasi stationnaires en comparaison avec les performances des économies asiatiques notamment celle de la Chine. D'atelier du monde, la Chine tendra même à devenir, dans les années futures, le laboratoire du monde en raison de l'intégration progressive dans son évolution des impératifs de l'économie du savoir et de l'innovation. Aujourd'hui, à l'intérieur du système économique dominant, l'économie de la connaissance fait la différence. Cependant ce scénario risque d'être remis en cause par un éventuel effondrement de la globaiisation économique dont Annuaire GERM

dépend le miracle économique de la Chine. Tôt ou tard, lorsque le miracle deviendra un mirage, la Chine sera amenée à renouer avec une économie du tao, tirée de son patrimoine culturel, assurant une harmonie entre les hommes et l'écosystème. L'hypothèse de la nécessité d'une économie non violente est, sans aUClm doute, généralisable à l'ensemble de la planète. En effet, les processus de la globalisation, partout dans le monde, s'accompagnent de disparités sociales, régionales et continentales, en somme d'inégalités et de fmstrations criantes conduisant à des remises en cause à la base non seulement dans les pays du Sud mais aussi dans les pays installés aux commandes de la globalisation. Par ailleurs, le monde fini dans lequel nous vivons ne garantit pas les ressources naturelles et principalement énergétiques nécessaires à la continuité du système économique en cause. Comme disait Gandhi: « Pour développer la Grande Bretagne, il a fallu coloniser la moitié de la planète. Que faut-il pour développer l'Inde ?». Et, aujourd'hui, comment concevoir l'avenir de la planète, à la lueur de l'économie de la Chine qui gravite, en permanence, autour d'un taux de croissance de 10%. Ces limites expliquent déjà le bmit des bottes et les guerres entamées par les USA pour le contrôle des ressources énergétiques. Ce qui a déjà des répercussions irréparables sur le pourtour de la Méditerranée. Le but de tout ceci est aussi de maintenir l'emprise d'un empire en déclin sur le pétrole et les économies de la contrée dans un rôle de débouchés. Ce protocole de guerre leur interdit ainsi le saut vers la créativité, l'innovation etc. Au plan humain, la puissance en cause oublie que tout enfant du Maroc à la Syrie apprend, dès son jeune âge, que Bagdad était la capitale de ses ancêtres. Il s'agit d'lm imaginaire collectif bien réel. Cette ignorance époustouflante est à l'origine de la violence et de l'humiliation que subissent les peuples arabo-berbéro­ musulmans, une des plus fortes composantes de la civilisation méditerranéenne. L'Europe de la diversité a cQmme devoir moral de jouer le rôle d'une puissance de régulation dans la multiplication de ses conflits en Méditerranée. Comme écrivait en 1997 Maurice Berrard : « Le prochain siècle pourrait être celui de la violence ou, au contraire, celui de la coopération. » (1997, p. VI). Annuaire GERM

B) Dé-globaiisation et ouverture interculturelle Le mot coopérer vient d'opérer ensemble. Ce qui veut dire en clair que chaque partenaire doit apprendre de l'autre. En ce sens, chactm ne doit pas être l'objet de l'autre. Chacun est tm sujet en interactivité avec l'autre. C'est une mise en commun des ressemblances et des différences. Et, cela suppose l'application d'une économie de don mobilisant la créativité de tous. Ce qui fait évanouir tout idée de modèle et réveiller la nécessité d'une diversité féconde. A la division du travail de la vieille économie politique doit se substituer une division interculturelle de la créativité mobilisant les patrimoines et les expériences des acteurs en présence. C'est à cette interfécondation qu'invite la théorie des sites dans les relations euro-méditerranéennes. Dans ces conditions, les emprunts ne deviennent pas des emprises, ils enrichissent le site d'accueil par sa participation, celui-ci étant ouvert et fermé selon les principes de l'économie de la proximité et du site. Dans la plupart des situations, les solutions sont à sihler sur site. Comme l'indique la théorie du site, l'expertise est souvent enfouie dans les entrailles du vécu des populations. Autrement dit, le site, de par son parcours, contient dans sa « boîte noire » faite de mythes, de croyances, d'expériences, de souffrances, de révélations etc. des connaissances et des savoirs faire (( boîte conceptuelle») que l'histoire a sélectionnés. Sa « boîte à outils» en porte aussi les marques. Et, c'est sur cette base que les processus de coopération décentralisés doivent se greffer en tenant comptant ainsi des spécificités de site. Par ces échanges mutuels, d'autres trajectoires de savoir peuvent faire irruption et servir de repères pour la recherche-action au profit de tous. En d'autres termes, il n'y a pas de voie royale pour le savoir et la transformation sociale. Pour se faire comprendre, le supposé « sous développé » peut apprendre au supposé « développé » et inversement. Dans cette pédagogie, personne ne détient la vérité absolue. Ceci est d'autant plus vrai qu'aujourd'hui les catégories de l'expertise économique tournent dans le vide. Les indicateurs de sa thérapie ne sont plus d'tm grand secours dans la révélation de la vraie vie des gens de la base. Comme déjà indiqué, la croissance économique n'est plus une garantie du progrès. Les externalités Annuaire GERM

négatives qui s'y amoncellent sont révélatrices de la main mise de l'économie sur la société. Et, cette économie n'a plus comme but qu'elle-même. Il s'agit d'tme machine infernale qui scanne le monde et l'homme dont le but d'en tirer avant tout un profit, ni plus ni moins. La crise du progrès en la matière va progressivement faire basculer des pans entiers des sociétés méditerranéennes vers de nouvelles conceptions de « bonne vie » où le profit ne sera plus l'unique prophète dans la conduite des hommes. C'est à cette diversité du monde que les homo sihlS de la Méditerranée s'attèlent quotidiennement derrière le rideau de fumée de la globalisation. L'économie du don y reviendra en force. Contrairement à la formule de K. Marx : « Accumuler, accumuler, c'est la loi de prophètes », nous sommes tenté de dire « Donner, donner, c'est la vraie loi des prophètes ». C'est aussi ça la véritable pratique du réseau, si cher, à la pensée contemporaine. D'ailleurs, depuis toujours, les sites symboliques sont des boussoles éthiques de comportements. Elles orientent les acteurs et structurent, en profondeur, leurs réseaux qui font de l'homme, avant tout, tm être relationneL Des croyances communes naissent des substances sociales non quantifiables comme la confiance. Et, c'est celle-ci qui est un formidable carburant assurant la coordination et l'action des individus d't'll1e contrée quelconque. La vie des organisations humaines en dépend étroitement. Contrairement au scientisme, l'efficacité est donc à ramener à l'identité. Ce sont des dimensions stmchlrantes à la base que les accords de Barcelone ne devraient pas négliger dans les projets de terrain initiés ou à imaginer. Il y va de l'efficacité économique et sociale du soutien aux acteurs de la société civile et de la sécurité des peuples de cette mer qu'est la Méditerranée qui recherchent inlassablement la tranquillité. Annuaire GERM

Conclusion: «Ne désespère pas, même si la recherche d ure longtemps» Ibn Bachîr (Sud Irak, IX-X siècles)

Ce texte s'est attelé à démontrer qu'il n'y a plus de modèle à suivre puisque de part et d'autre de la Méditerranée, sous la pression d'tme tmiformisation déferlante, des risques d'implosion des sociétés en présence se précisent. La raison fondamentale en est tme orientation macroéconomique qui ne vise qu'à élargir l'espace d'une économie qui fonctionne concrètement contre la société. Dans leur conception de base, les accords de Barcelone ne sont pas exempts de telles limites puisqu'ils voient dans la constihltion d'une zone de libre échange la solution miracle. Les économies marocaine et hmisienne, en dépit de leurs parcours et stmchues beaucoup plus variés que ceux de l'économie algérienne, sont déjà confrontées à tme redoutable concurrence internationale dont les effets contribuent à détmire leurs diversités endogènes. Un modèle de simulation économétrique sur l'économie marocaine nous révèle qu'à l'horizon 2010, en l'absence d'une réelle mise à niveau des entreprises et des administrations publiques, l'entrée dans un libre échange intégral se traduirait par une destmction encore plus importante du tissu industriel notamment dans les industries de transformation fortement consommatrices de main d'oeuvre, une accélération des flux migratoires et une relative spécialisation agricole. Ces conséquences ne manqueront pas de surprendre les autorités publiques au plan de l'emploi et de l'insécurité urbaine. Ainsi, une des voies à explorer est un développement massif des activités à forte valeur ajoutée comme celles relevant de l'économie du savoir en liaison avec le tourisme et un développement rural durables. Le Maroc, comme d'autres pays du Sud, peut faire l'économie d'une industrialisation classique et massive dont les conséquences sont néfastes durablement sur l'environnement écologique et culturel du pays. Le changement ne suit jamais une voie toute droite. La linéarité, contrairement au caractère mécaniste des théories Annuaire GERM traditionnelles du développement, n'est pas de ce monde. Les sciences du chaos montrent, aujourd'hui, que les bifurcation':, sont multiples. L'indétermination y est synonyme d'tme liberté. On ne maîtrise pas le changement, on l'accompagne. Cette conclusion fondamentale dans les sciences de la nahlre n'a pas encore été capitalisée par la science économique orthodoxe qui continue d'imposer tme pensée globale et arrogante qui enferme les peuples dans une seule et unique voie sans issue. En substance, au Nord comme Sud, l'aplatissement des sociétés conduit par les forces de la globalisation s'accompagne d'une série de fractures qui mine la cohésion sociale. Ce qui génère des sihlations potentiellement explosives. Il s'agit d'une économie violente vis-à-vis de l'Homme et de la nahue. Elle n'assure plus que les impératifs que d'un seul point de vue, celui des capitaux à la recherche du profit le plus élevé dans tm temps le plus réduit. Ce mécanisme est au cœur des choix de société imposés par les forces de la globalisation. Face à cela, des dissidences de nature multiple surgissent et contestent, de par leur existences ou de leurs revendications, ce mode de gouvernance. L'informel au Sud et l'économie plurielle au Nord en sont des exemples. De même, le retour au religieux et au spirihlel en général, sous des formes diverses plus ou moins violentes, reflète le paroxysme des antagonismes d'une globalisation déracinante n'assurant auctme issue à des générations de jeunes de plus en plus importantes. L'absence d'un discours critique raisonnable et de moyenne portée favorise cette violence sous des formes multiples. Le terrain de la culture et des croyances étant déserté par la recherche en science sociale, sous prétexte de scientificité, la production de nouvelles utopies est en panne. Sans utopie, c'est l'entropie! Pourtant, la Méditerranée, de par sa richesse culturelle, est dans la possibilité de revisiter ses patrimoines spirituels et culturels pour en dégager une nouvelle vision capable de contrer les intégrismes· de tout bord y compris celui du marché. Ce qui veut dire en clair que le changement sur la rive Sud présuppose le changement sur la rive Nord. Il serait impossible de s'orienter vers une économie non violente au Sud capable de redéfinir, à chaque fois localement, le progrès sans une remise en cause de l'économie d'accumulation et de concurrence au Nord. Ces enchevêtrements Annuaire GERM sont révélateurs d'un destin commun dans la diversité. Dit autrement, il s'agira de lancer les bases d'une inter-indépendance, spécificités des sites obligent, valorisant les singularités dans l'échange mutuel. Cette civilisation de la diversité reste à construire sur les décombres de la globalisation dont l'essoufflement est notoire. L'anticipation en question assurerait une transition pacifique vers de nouvelles conceptions du progrès intégrant les erreurs du passé au Nord comme au Sud. En l'absence de ce principe de prudence, la démographie ainsi que l'accélération de la globalisation conduiront à des désordres insurmontables. Ils se payeront en vies humaines. Ce qui est déjà le cas avec la multiplication des frustrations et des violences urbaines et globales. Dans ce sillage, les flux migratoires s'accentueront avec l'ensemble des incertitudes économiques et politiques constatées. En cela, les destructions des sites au Sud par le développement et la globalisation agissent comme des moteurs qui libèrent des vagues humaines qui ne savent plus où aller. Leur fixation sur les lumières occidentales, pourtant déjà éteintes, est à ramener aux flux d'informations et d'images tronquées que déversent les paraboles présentes au fin fond de chaque village ou bidonville des pays du Sud. Le langage de vérité sur les limites de part et d'autre n'est pas tenu du fait que les médias de masse ne cherchent que des profits. Du jour au lendemain, chacun de nous peut devenir une star tel est le mirage qui envahit les déserts du Sud en venant des pays du Nord!

Nord de La France, le 13 mars 2005 Annuaire GERM

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ZAOUAL Hassan:

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Aziz HASBI*

Lorsqu'on aborde la question du dialogue politique euro­ méditerranéen, on est frappé par les nombreux et fréquents constats d'inefficacité, voire d'échec, qui sont dressés à son sujet, en dépit de certains acquis, notamment la mise en place d'un processus de dialogue et de concertation au niveau de la Méditerranée, le développement institutionnel, la quasi­ généralisation des accords d'association entre l'DE et les pays méditerranéens, l'effort financier consenti par l'Europe pour le financement du partenariat, etc. Pourtant le principe du dialogue est la voie par excellence en matière de relations entre entités souveraines. Mais le dialogue suppose un certain nombre de conditions pour aboutir: sa faisabilité et son adaptation à son objet, la confiance qui doit présider aux rapports des parties qui dialoguent, la concertation pour en déterminer les buts et les moyens, l'efficacité quant à ses résultats, la cohérence et l'équilibre de ceux-ci, etc. Autrement, il se transforme en dialogue formel et en problème au lieu d'être un mécanisme efficace de concrétisation de son objet, en l'occurrence le partenariat euro-méditerranéen (PEM). De quels atouts se sont dotés les partenaires du processus euro­ méditerranéen, lancé en 1995 à l'issue de la conférence de Barcelone des 27-28 novembre 1995 ? On constate, avec le recul, que le processus a certes bénéficié d'tme démarche volontariste louable, de la complémentarité virtuelle entre les rives de la Méditerranée, des attentes et de l'espoir suscités chez les partenaires méditerranéens de l'Europe; Annuaire GERM

mais il a intériorisé beaucoup de non-dits, de malentendus et d'ambiguïtés. Ceci va se répercuter sur son principal outil, le dialogue, et en particulier le dialogue politique censé constituer le support et la condition de réussite des deux autres dialogues (économique et social, culturel et humain). On lui a assigné des objectifs quasiment impossibles à atteindre, sans l'assortir des atouts nécessaires et des mécanismes pratiques. Ces défauts vont encore être aggravés au moment où, pour relancer le dialogue, on a apporté des remèdes dont l'inefficacité est patente, preuve en est le piétinement qui a marqué ce dialogue tout au long de ces dernières années. Mais, en fait, les causes de cette absence d'opérationnalité du dialogue politique sont à rechercher dans la démarche de base qui sous-tend le PEM dans son ensemble. Un processus original certes, mais combien difficile à concrétiser, car encore plus rhétorique et virtuel que réel, et en tout cas bien fragile et souvent incohérent. C'est ainsi que la réunion euro-méditerranéenne des Ministres des affaires étrangères (La Haye 29-30 novembre 2004), a mis l'accent sur les «efforts importants [qui] restent nécessaires pour traduire les mots en actes et manifester tille réelle volonté politique de mettre en œuvre les engagements pris conjointement dans le plan d'action de Valence» Certes, il n'est pas raisonnable de conclure à l'inutilité ou à l'impossibilité du dialogue politique, car l'expérience euro­ méditerranéenne est somme toute relativement récente. Cependant, aussi bien la conception qui est à la base dudit dialogue que les conditions actuelles de la mise en œuvre du PEM, voire ses perspectives de développement, ne fournissent pas les atouts suffisants pour un meilleur rebondissement du processus en général et du dialogue politique en particulier. En soi, le dialogue politique demeure incapable de remplir la mission démesurée qui lui a été assignée, du moins en l'absence d'une volonté politique des partenaires et sans solutions préalables des malentendus de base qui caractérisent les rapports entre eux. Il faut relever, à ce propos, que c'est seulement à l'issue de la VIIè Conférence euro­ méditerranéenne (Luxembourg, 30-31 mai 2005), et pour la première fois, que les Ministres des Affaires étrangères ont adopté des conclusions «communes» ; les conférences et les rétmions Annuaire GERM

précédentes étaient clôturées par des conclusions de la présidence. La présente évaluation se propose de passer en revue une série de trois questions qui touchent au dialogue politique, en l'occurrence la nature, le contenu et les perspectives de ce dialogue. A travers cet examen, nous essaierons de montrer, en particulier, que le dialogue pose problème et qu'il est loin d'être convaincant, du moins tel qu'il a été pratiqué jusqu'ici. A la lumière des développements qu'a connus l'espace méditerranéen ces dernières années, la faisabilité de ce dialogue est devenue encore plus hypothétique. Mais, en même temps, le dialogue est indispensable et il est nécessaire de l'assainir si on veut véritablement le faire fonctionner. 1- Nature du dialogue Bien que central, le dialogue politique souffre de certaines insuffisances quant à sa conception. 1- Centralité Le dialogue politique occupe une place de choix dans la déclaration de Barcelone. Il constitue le principal instrument de promotion des trois types de partenariats composant le processus euro-méditerranéen : politique et de sécurité ; économique et financier; dans le domaine social, culturel et humain. Pour la réalisation de ces trois volets, il est prévu respectivement: un dialogue politique et de sécurité, un dialogue économique et un dialogue des peuples et des culhtres. Le partenariat politique et de sécurité repose sur l'organisation d'un « dialogue politique renforcé et régulier », selon les termes mêmes de la déclaration de Barcelone des 27-28 novembre 1995. C'est le dialogue politique et de sécurité qui nous intéresse ici. Ce choix repose sur la centralité de ce dialogue qui est considéré comme un élément essentiel du PEM dans son ensemble et de sa réussite dépend celle des deux autres dialogues. La déclaration de Barcelone fait du « dialogue politique renforcé et régulier » la base de la réalisation du partenariat politique et de sécurité. Il figure parmi les éléments essentiels devant sous-tendre le partenariat global euro­ méditeranéen et comme tm moyen de définition d'« un espace commun de paix et de stabilité ». Le volet politique a été considéré comme une condition« des chances de succès des deux autres ». Annuaire GERM

2- Flottement On peut constater un certain flottement au moins à deux niveaux, ceux de sa définition et de sa délimitation. i- Au niveau de sa définition La déclaration de Barcelone, tout en utilisant de manière inflationniste la notion de « dialogue », ne la définit pas, mais l'assortit de qualificatifs qui en désignent de manière générique l'objet. En ce qui concerne le volet politique et de sécurité, il s'agit donc d' « un dialogue politique renforcé et régulier ». Cette formule est loin d'être claire. En effet, la formulation reste générale et imprécise Car le qualificatif « renforcé» n'a de sens que s'il renvoie à une comparaison avec une pratique donnée. Par ailleurs, la notion de régularité reste assez générale, dans la mesure où elle ne fournit pas de mesure précise de la fréquence du dialogue. En plus, tout cela ne permet pas de disposer d'une définition de la notion de dialogue retenue dans le texte de 1995. Cela explique la nécessité dans laquelle se sont trouvés les partenaires de recourir à de nouveaux qualificatifs, chaque fois qu'il a fallu réagir pour relancer le dialogue politique. On a ainsi souligné la nécessité d'un dialogue « véritable », « plus efficace », « mieux stmcturé », etc. Néanmoins, cela n'a pas plus contribué à fournir une définition, mais seulement à enraciner l'idée de l'insuffisance du dialogue mené. Ceci aura pour vocation de banaliser la notion de dialogue et de la rendre dépendante de qualificatifs qui, au niveau de l'efficacité, ne sont pas plus opérationnels. ii- Au niveau de sa délimitation: La déclaration de Barcelone a cependant essayé de fixer les limites, le but et l'objet du dialogue politique. Il a ainsi pour but de contribuer à « définir un espace commun de paix et de stabilité ». Il doit se dérouler conformément au droit international, aux droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et aux principes de l'intégrité territoriale et de l'unité de chacun des autres partenaires, de la non-intervention directe ou indirecte dans les affaires intérieures d'un autre partenaire, du règlement des différends par des moyens pacifiques, et du bon voisinage. Annuaire GERM

Quant à son champ d'application, la déclaration a recensé les domaines dans lesquels il est appelé à intervenir: la promotion de l'Etat de droit, la démocratie, le respect des droits de l'homme, le pluralisme, la tolérance, la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogue, l'instauration de la sécurité régionale, la non-prolifération des armes de destruction massive, etc. Par ailleurs, la déclaration a prévu, le cas échéant, la possibilité de l'élargissement de ces domaines d'action du dialogue politique. Pour ce qui est des destinataires des actions qui découlent du dialogue politique, le texte dispose que celles-ci « peuvent s'adresser aux Etats, à leurs entités locales et régionales et aux acteurs de la société civile ». Dans cette série d'affirmations, il y a un mélange des genres entre interétatisme, transnationalisme (érection des acteurs non étatiques en destinataires des actions découlant du dialogue politique) et interventionnisme dans les affaires intérieures (internationalisation de questions censées relever de la souveraineté des Etats). La déclaration de Barcelone a cependant essayé de doter le dialogue politique. 3- Atouts L'originalité du PEM et du dialogue qui lui sert de support est indéniable. Elle se mesure à l'aune de la complexité des relations entre les riverains de la Méditerranée, espace qui, selon la situation qui caractérise les rapports entre ceux-ci, est considéré tour à tour comme une « nIe d'eau» ou lm gouffre. Le partenariat a tendu formellement à aller au-delà de la conception traditionnelle de la coopération internationale en matière technique et financière. Cependant, c'est justement son originalité et son ambition de globalité qui pèsent sur ce partenariat, en particulier dans son volet politique et de sécurité. En effet, on lui a fixé des objectifs quasiment 'impossibles à atteindre, du moins sans conditions préalables. Et de ce fait, les espérances que son lancement avait générées ne pouvaient pas ne pas provoquer de grandes déceptions au vu de la minceur des réalisations. La réussite suppose lme conception préalable et bien réfléchie du partenariat et du dialogue qui doit y conduire, dans lm monde Annuaire GERM

aussi marqué que le monde euro-méditerranéen. Car, de l'avis de certains analystes, «Pour être efficace, et pas uniquement rhétorique ou virtuel, le Partenariat euro-méditerranéen, [...J, doit se bâtir sur des valeurs universelles, capables de garantir tm minimum de cohérence et de crédibilité à tm projet extrêmement complexe, fragile et, par sa propre nahlre, constamment menacé de paralysie». Le dialogue euro-méditerranéen, pour sa part, doit être envisagé «moins comme le problème à résoudre que comme faisant partie de la solution aux problèmes qui se posent différemment au Nord et au Sud respectivement ». Par ailleurs, il doit être adapté à l'objet dont il traite, celui-ci devant lui-même être faisable. Autrement, il se transforme en dialogue pour le dialogue, ou tout simplement en problème, au lieu de garder sa dimension de contribution à la solution d'un problème. Il reste à savoir si, dans le processus euro-méditerranéen, les partenaires se sont donnés des chances de réussir leur dialogue. La déclaration de Barcelone a prévu de mettre en place des « mesures de confiance» en vue de consolider l'espace de paix et de stabilité en Méditerranée. C'est dans ce cadre qu'avait été annoncée l'élaboration d'un « pacte» euro-méditerranéen en la matière. Ce pacte cèdera la place à un projet de « Charte euro-méditerranéenne pour la paix et la stabilité» qui n'a pas encore vu le jour. . Au niveau bilatéral, les accords d'association liant -ou devant lier- chacun des partenaires méditerranéens à l'UE contiennent tous des dispositions commtmes ayant, entre autres, trait au dialogue politique. Ils prévoient, notamment, une clause concernant le respect des droits de l'homme dont la violation peut en impliquer la suspension. Nous verrons que c'est au niveau bilatéral que le Ildialogue" s'avère efficace. Mais, en même temps, la dimension multilatérale, qui contribue, entre autres, à adoucir les conditionnalités et les pressions exercées sur les partenaires méditerranéens, risque d'être minorée. Ceci peut dénahtrer le dialogue. En réalité, on peut constater, déjà à ce niveau d'examen, que le dialogue politique, comme les autres dialogues devant présider aux volets économique et social et culturel, ne dispose pas d'atouts prédéterminés par la déclaration de Barcelone. Il a été ainsi, dès le Annuaire GERM

départ, mis dans les conditions d'être condamné à piétiner et à être inefficace. Ceci provient aussi bien des limites liées au concept de dialogue lui-même, qui n'est qu'un moyen et non tille panacée, que de la démarche qui est à la base du partenariat en question et de l'évolution de l'environnement international. Les relations euro­ méditerranéennes sont basées sur beaucoup de malentendus et un décalage entre les objectifs déclarés et les buts réels du partenariat mis en place en 1995. De ce fait, le processus euro-méditerranéen, bien qu'original et nécessaire, s'avère difficile, voire irréaliste. Le dialogue semble en soi incapable de répondre aux buts qui lui sont assignés, en l'absence de solutions aux problèmes inhérents aux relations entre les partenaires. Mais c'est surtout au niveau de son contenu que l'on peut mieux souligner ces insuffisances et leurs conséquences su l'efficacité du dialogue. 11- Contenu du dialogue Démesuré à la base, le contenue du dialogue politique a été élargi encore davantage; ce qui l'a compliqué et parfois inhibé. 1- Un objet démesuré et aléatoire à la base La déclaration de Barcelone a fixé comme suit le champ d'investigation du dialogue politique: - développement de l'Etat de droit et de la démocratie; - promotion du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales ; - lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et le trafic de drogue; - promotion de la sécurité régionale et lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Cet éventail est, par ailleurs, susceptible, selon ladite déclaration, d'être élargi en cas de besoin. En outre, la déclaration a prévu d'accompagner le dialogue politique de la mise en place de mesures de confiance et l'élaboration d'un "pacte" euro-méditerranéen pour la paix et la stabilité qui lui servira de support. Ceci constitue un vaste programme qui totalise toutes les question sur lesquelles la société internationale a jusqu'ici achoppé, Annuaire GERM

sans parler de l'internationalisation de questions difficiles qui relèvent des affaires intérieures des Etats, contrairement à l'affirmation selon laquelle le dialogue se déroulerait selon les règles de droit international. Or, les hauts fonctionnaires censés mener ce dialogue ne disposaient pas de pistes pratiques face à une tâche aussi monumentale et à leur mission de faire des propositions pratiques aux Ministres des Affaires étrangères; le programme de travail annexé à la déclaration de Barcelone est resté assez abstrait et a renvoyé la difficulté aux réunions à venir des instances euro­ méditerranéennes. Ces rétmions n'ont pas plus façilité la tâche des hauts fonctionnaires, mais l'ont plutôt compliquée. Du reste, le renvoi à des rétmions à venir est devenu une pratique courante au sein des instances euro-méditerranéennes. On compte ainsi sur le bilan qui sera fait à la conférence-anniversaire qui sera tenue en novembre 2005 pour résoudre tous les problèmes pendants ! La VIIè Conférence euro-méditerranéenne de Luxembourg, des 30 et 31 mai 2005, a déjà dressé la liste des activités qui seraient menées à un rythme accéléré. Il s'agit de nouveau de relancer le processus et le dialogue. A cette fin, et comme à chaque fois qu'il y a eu relance du processus et du dialogue, les hauts fonctionnaires sont chargés de faire des propositions pratiques en la matière et d'approfondir le dialogue politique. Les développements, intervenus depuis 1995 dans les rapports entre les partenaires euro-méditerranéens, n'ont pas fourni de meilleurs moyens d'opérationnaliser le dialogue politique. Ils l'ont plutôt compliqué. 2- Des développements ambivalents L'objet du dialogue politique est bien démesuré par rapport à l'état réel d'avancement du PEM, et il est aléatoire, dans la mesure où il dépend de l'évolution de questions qui dépassent le cadre euro-méditerranéen et les capacités de ce processus. i- Du « pacte» à la « Charte» euro-méditerranéenne pour la paix et la stabilité La déclaration de Barcelone avait annoncé l'élaboration d'un «pacte» euro-méditerranéen en matière de paix et de stabilité en Méditerranée. Ce pacte cèdera progressivement la place à un projet Annuaire GERM

d'élaboration d'une« Charte euro-méditerranéenne pour la paix et la stabilité». Mais ce projet a été renvoyé aux calendes grecques. En effet" lors de leur quatrième conférence, tenue à Marseille, les 15 et 16 novembre 2000, les Ministres des affaires étrangères euro­ méditerranéens avaient dressé «lm bilan nuancé de la mise en œuvre du partenariat» et s'étaient attelés à la relance du processus. En matière de partenariat politique et de sécurité, la conférence avait fait état de « la faiblesse des résultats atteints» imputée à des «difficultés». Elle avait renvoyé sine die l'adoption de la Charte pour la paix et la stabilité, tout en chargeant les hauts fonctionnaires d'en continuer l'examen. La principale cause évoquée était la situation au Proche-Orient et la reprise des violences en septembre 2000 entre Palestiniens et Israéliens. En liant l'adoption de la Charte aux perspectives de l'après-processus de paix, les partenaires euro­ méditerranéens ont cependant donné une autre signification au dialogue en la matière. Celui-ci est appelé à consigner des progrès à réaliser en dehors du processus de Barcelone. D'où la reconnaissance de ses limites et de son caractère aléatoire. ii- L'élargissement ambivalent et formel. du dialogue politique L'élargissement des domaines du dialogue politique a été accéléré après le 11 septembre 2001 et a tendu généralement à renforcer la teneur sécuritaire du PEM. Le contenu du dialogue politique s'est ainsi enrichi de questions aussi diverses que les migrations, les échanges humains, les évolutions régionales en matière de sécurité, le désarmement, la sécurité des transports maritimes, la justice, les causes d'instabilité, la prévention des conflits, la PE5D, l'environnement, etc. déjà, lors de la IVè conférence des Ministres des Affaires étrangères, en novembre 2000, à Marseille, on avait estimé qu'il ne devait plus y avoir de «sujets tabous» dès lors qu'il s'agissait de questions présentant un intérêt commun. Lors de la Vè conférence (Valence, 22-23 avril 2002), les Ministres avaient adopté un « document-cadre» en vue de la mise en place d'un programme régional touchant les questions sécuritaires, sur la base de la conclusion selon laquelle « Ces questions ne sont plus purement internes ». Cette démarche a été confirmée lors des conférences ultérieures. En réalité, l'élargissement du dialogue politique est demeuré Annuaire GERM

formel car il achoppe, notamment, sur l'absence d'accord au niveau international sur certaines questions telles que le terrorisme, le désarmement, les armes de destruction massive. La conférence de Valence avait d'ailleurs relevé l'absence d'un langage euro-méditerranéen commun en matière de défense et de sécurité. Par ailleurs, le dialogue est demeuré velléitaire sur certaines questions «délicates» telles que les droits de l'homme et la démocratie. Les conférences euro-méditerranéennes n'ont pas manqué de dresser un bilan nuancé à ce propos (Dublin, mai 2004). On cherche toujours à « insuffler un nouvel élan à la démocratie et au pluralisme» à travers une conférence euro-méditerranéenne sur les droits de l'homme et la démocratisation à teiür en 2006, selon une proposition de la Commission européenne. Cet élargissement est également limité par la différence d'optique entre, d'une part, les pays de l'UE qui ont tendance à surcharger le dialogue politique et la coopération dans les domaines répondant aux nécessités de sa sécurité, et, d'autre part, les partenaires méditerranéens pressés d'accepter toutes sortes de concessions, poussés par la nécessité d'obtenir des subsides nécessaires pour parer à leurs problèmes économiques et sociaux. Mais ceci ne crée pas les conditions d'un véritable dialogue mutuellement assumé, et ne fournit pas non plus la preuve de l'adhésion des pays méditerranéens à la démarche européenne. Le dialogue devient ainsi un dialogue fourre-tout et un dialogue pour le dialogue. iii- Des mesures de confiance symboliques La mise en place d'un réseau de correspondants politiques et de sécurité, d'lm réseau d'instituts de politique étrangère, l'organisation de séminaires au profit des diplomates, etc. ne semblent pas être plus efficaces que les appels à la relance du dialogue. Cette question fait elle-même l'objet de plusieurs relances. iv- Une amélioration limitée des méthodes de travail .Un accord est intervenu, en 2004, entre les hauts fonctionnaires, prévoyant que des groupes de travail pour préparer les discussions, des perfectionnements techniques et une meilleure responsabilisation des partenaires méditerranéens! Béatrice Hibou parle à ce propos de « réanimation bureaucratique ». Mais ceci ne Annuaire GERM

semble avoir mis un terme à leur peine, puisque, lors de leur réunion de La Haye, les 29 et 30 novembre 2004, les Ministres des Affaires étrangères leur ont redemandé d' « arrêter les méthodes de travail sur la base du principe du partenariat et de la confiance mutuelle en vue de renforcer la coopérationeuro-méditerranéenne». v- La marginalisation du multilatéralisme La pratique a rompu l'équilibre qui aurait dû être instauré entre les dimensions multilatérale et bilatérale du processus de Barcelone, au profit du bilatéralisme. En effet, la conclusion d'accords bilatéraux d'association et la mise en place des mécanismes institutionnels de leur gestion ont renforcé la coopération bilatérale entre chacun des pays méditerranéens et l'VE, du moins pour ceux dont l'accord est déjà en vigueur. Cette situation a permis à l'VE de créer lme dynamique variable de coopération selon les pays et de faire valoir le précédent créé avec l'un ou l'autre partenaire méditerranéen auprès du reste. En même temps, cette démarche a permis à certains pays méditerranéens, désireux d'accélérer leur rapprochement avec l'Europe, de monnayer leur zèle pour tenter d'obtenir un stahlt plus avancé auprès de l'VE. Cette tendance, qui va être confortée par les mécanismes de la « Politique Européenne de Voisinage », comme nous aurons l'occasion de le constater, est de nature à favoriser les pressions exercées sur les partenaires Est et Sud-méditerranéens, ainsi que l'imposition de conditionnalités. Ce qui contribue à terme à dénaturer le dialogue qui a tendance à devenir inégal. De ce fait, le dialogue politique est demeuré handicapé. 3- Vn dialogue inhibé A la lumière des difficultés qu'il affronte, le dialogue politique n'a pas été en mesure de permettre une avancée par rapport au tentaculaire. agenda qu'il s'est fixé. De ce fait, on met de plus en plus l'accent sur son inefficacité qui est reconnue par tous les partenaires. Force est de constater qu'il a le plus souvent abouti à de véritables impasses. i-Une inefficacité reconnue En dépit de toutes les mesures prises pour relancer le dialogue Annuaire GERM

politique et le rendre plus efficace, les résultats demeurent limités: des constats d'inefficacité sont régulièrement dressés par les instances euro-méditerranéennes en matière de partenariat politique et de sécurité, ainsi que pour l'ensemble des objectifs définis dans la déclaration de Barcelone. Les Ministres des Affaires étrangères euro-méditerranéens se sont eux-mêmes rendus compte des limites du dialogue, depuis au moins leur IVè Conférence (Marseille, 15-16 novembre 2000). Depuis, le même bilan nuancé est fait à l'issue des conférences euro-méditerranéennes qui mettent de plus en plus l'accent sur la lenteur des progrès tant au niveau du dialogue politique que des autres.dialogues. Ces constats sont systématiquement assortis de décisions de relance du dialogue. De ce fait, et au regard de la minceur des résultats, les espérances générées par le lancement du dialogue politique ont cédé la place à de grandes déceptions. On est, en effet, en droit de s'attendre à des réalisations plus tangibles de la part d'un mécanisme qui conditionne tout le processus de Barcelone! Tout cela a amené le groupe de sages mis en place à l'initiative du Président de la Commission européenne à observer que le dialogue euro-méditerranéen doit être envisagé « moins comme le problème à résoudre que comme faisant partie de la solution aux problèmes qui se posent différemment au Nord et au Sud respectivement H. Une autre manière de dire que le dialogue politique est devenu lm problème en lui-même. En fait, le dialogue politique s'est le plus souvent trouvé dans l'impasse. ii- Des impasses L'élargissement tous azimuts des questions dont traite le dialogue politique n'a pas été le reflet d'tme visibilité à toute épreuve quant à la dimension et aux enjeux des domaines en question. On a la nette impression que la difficulté n'a pas été appréciée de manière réaliste. L'important a été, jusqu'ici du moins, de recenser les problèmes et d'établir lm agenda théorique du dialogue politique. Il a fallu cependant finir par se rendre à l'évidence et constater qu'afficher une liste de questions n'est pas suffisant pour leur trouver les solutions idoines. Sur les problèmes Annuaire GERM

clés qui sous-tendent les objectifs mêmes du dialogue politique, on mesure de plus en plus la difficulté. Celle-ci provient généralement d'tme absence de conception commune des valeurs et institutions que ledit dialogue a pour mission de mettre en place, et d'une divergence de fond sur la nature des solutions à apporter aux problèmes en suspens. Ce genre de sihlation ne devrait pas a priori constituer un handicap insurmontable dans des rapports égaux; la négociation finit par dégager tm compromis. Mais il n'en pas été ainsi dans le cadre du processus euro-méditerranéen. Celui-ci repose sur un certain nombre de malentendus. Le principal réside dans l'existence de deux démarches contradictoires, l'une est fondée sur une obsession sécuritaire; l'autre repose sur la recherche à tout prix par les Etats méditerranéens de solutions à des besoins économiques et sociaux urgents, avec l'aide des pays européens. Or, le souci sécuritaire de l'Europe s'adresse principalement à des menaces censées venir des partenaires méditerranéens eux-mêmes; à leur tour, ceux-ci se méfient de la tendance interventionniste des pays européens. Tout cela montre l'absence de l'élément essentiel au dialogue, la confiance. Si la plupart des pays méditerranéens ont pour principale préoccupation la solution de problèmes urgents, leur perspective est souvent à court terme et répond souvent au besoin de survie des gouvernants en place. Les concessions qu'ils sont appelés à faire pour satisfaire leurs besoins immédiats sont plus dus à leur dépendance à l'égard des pays européens, qu'à une croyance sans faille au projet euro-méditerranéen. Cet imbroglio met à malle dialogue politique. On a l'impression d'être en présence d'un dialogue de sourds étant donné la divergence des objectifs poursuivis par les deux groupes de partenaires, l'une est éminemment politique, et l'autre est prioritairement économique. La démarche politique est tondamentalement en contradiction avec l'intérêt immédiat de la plupart des gouvernants des partenaires méditerranéens. S'ils appliquaient à la lettre tout ce que dictent leurs partenaires du Nord, cela les mènerait objectivement à scier la branche sur laquelle ils se tiennent. Mais leur dépendance et l'urgence des Annuaire GERM

problèmes qu'ils affrontent les poussent à faire des concessions et de faire croire à une adhésion convaincue aux valeurs et au modèle prônés par l'Europe. Par conséquent, il est tout à fait prévisible de voir le dialogue politique achopper sur des difficultés qui sont décuplées par ce type de divergences de base et par l'hétérogénéité des partenaires et leur inégale capacité de négociation, l'interférence des acteurs non étatiques, etc. En effet, un certain nombre d'impasses se sont fait jour à propos de la conception même que se font les partenaires européens et méditerranéens de certaines notions et valeurs. Ir en est ainsi de la démocratisation. La démocratie est un principe central dans le processus de Barcelone et un objectif fondamental du dialogue politique. Mais sa signification ne semble pas faire l'unanimité chez tous les partenaires euro-méditerranéens. Presque dix ans après l'adoption de la déclaration de Barcelone, La Commission européenne continue à insister sur la nécessité de « parvenir à une perception commune des défis de la démocratisation, en particulier le rôle des mouvements islamiques démocratiques dans la vie politique nationale». Le même souci a été exprimé par les Ministres euro-méditerranéens des Affaires étrangères, lors de leur VIIè conférence (Luxembourg, 30-31 mai 2005) et espèrent l'aide de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne pour arriver à tille conception commune de la démocratisation. On ne peut qu'être surpris par cette situation : les partenaires euro­ méditerranéens ont parlé pendant dix ans de « démocratisation» sans s'être mis d'accord sur la démarche à suivre, et ils attendent de l'Assemblée parlementaire, qui vient à peine de tenir sa première session en mars 2005, de contribuer à résoudre ce problème! La définition du «terrorisme» a également constitué un véritable obstacle sur la voie du dialogue politique. Lors de la VIIè conférence euro-méditerranéenne, les Ministres des Affaires étrangères (Luxembourg, 30-31 mai 2005) viennent, pour la énième fois, de réitérer leur engagement pour tm dialogue fmctueux à même de développer une approche commune pour le traitement du terrorisme. Mais ils ont également décidé de poursuivre les voies parallèles pour une plus grande coopération « pratique» et le Annuaire GERM

dialogue politique pour combattre le terrorisme. Cela revient à dire que les anciens débats sur les nuances à introduire entre mouvement de résistance contre l'occupation étrangère et les mouvements terroristes proprement dits sont en voie d'être transcendés. Ceci rejoint tme évolution constatée au niveau des Nations Unies à ce sujet. Le Groupe de personnalités de haut niveau nommé en 2003 par le Secrétaire général pour faire un rapport et des propositions sur les menaces, les défis et le changement du XXIè siècle, tout en ne discutant pas le droit de résistance des populations sous occupation étrangère, écartent l'idée de légitimité de l'emploi de la force contre les civils quelle que soit la situation. Ce Groupe a proposé un certain nombre d'éléments devant figurer dans tme définition du terrorisme par l'Assemblée générale des Nations Unies : « tout acte, outre les actes déjà visés dans les conventions en vigueur sur les différents aspects du terrorisme, les Conventions de Genève et la résolution 1566 (2004) du Conseil de sécurité, commis dans l'intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte, d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s'abstenir de le faire ». Dans le même ordre d'idées, et si on a, depuis 1995, entendu associer la société civile et les partenaires sociaux au processus de Barcelone, on est toujours en quête d'accord sur les mécanismes qui leur permettraient de jouer tm rôle conséquent dans ce cadre. Le même type d'impasse est atteint en ce qui concerne le conflit israélo-arabe. Les conférences euro-méditerranéennes ont consacré beaucoup de débats et de déclarations au Moyen-Orient. La position commune dégagée à ce sujet est en faveur « d'tme paix globale, juste et durable au Proche-Orient, sur la base d'une application fidèle des Résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations Unies» et des accords conclus entre les parties. Mais souvent le lien entre le processus de paix au Moyen-Orient et le partenariat euro-méditerranéen exprime plutôt la gêne et l'incapacité d'aborder efficacement le problème et de lui trouver une solution par le biais du dialogue politique euro-méditerranéen. Il a été ainsi affirmé, lors de la VIe conférence euro­ méditérranéenne de Naples, en décembre 2003, qu' «Il est Annuaire GERM

indéniable que les avancées observées ponchlellement dans le premier ont dans une large mesure contribué à créer lm climat plus propice aux progrès dans le second. L'inverse est également vrai, particulièrement pour ce qui est de la coopération politique et en matière de sécurité». Mais cette manière de vouloir esquiver le problème n'empêche nullement que le conflit israélo-arabe plane sur le partenariat euro­ méditerranéen dont le mécanisme de dialogue est demeuré tout à fait inefficace à ce sujet. Ceci provient du caractère complexe de la question et de ses enjeux aux niveaux régional et mondial, et donc de l'interférence des grandes puissances, et spécialement les Etats­ Unis, mais aussi de l'absence de confiance des protagonistes dans la capacité du dialogue euro-méditerranéen à résoudre cette question épineuse. Cette situation provient aussi de l'existence de deux lechlres différentes sur cette question: celle de l'Europe qui considère que le processus de Barcelone et celui de la paix au Moyen-Orient ne devraient pas se concurrencer ; et celle des partenaires arabes de l'UE qui considèrent que la paix au Moyen-Orient est centrale et constitue un préalable à tout rapprochement entre les deux catégories de partenaires. Les conférences euro-méditerranéennes ont essayé de refléter ces deux lectures. Mais il est difficile de trouver un compromis satisfaisant, surtout de la part des pays européens qui essaient de jouer un rôle dans la solution du conflit israélo-arabe en gardant une position médiane. Mais celle-ci constitue plutôt une neutralisation de l'Europe par Israël, dans la mesure où sa position équilibrée contribue paradoxalement à déséquilibrer le rapport en faveur de celui-ci. Pour Israël, l'intervention des Etats-Unis constitue une garantie irremplaçable. Les pays arabes seraient plutôt enclins à accepter toute intervention européenne capable de les soustraire de leur tête-à-tête avec les Etats-Unis. La Commission européenne semble effectuer un retrait sur cette question, puisqu'elle considère que «Le processus de Barcelone peut contribuer à favoriser des avancées, même si ce n'est pas l'enceinte adaptée pour convenir d'un règlement ». On comprend pourquoi le dialogue est demeuré inefficace et les résultats de la mise en œuvre du partenariat maigres. Annuaire GERM

En fait, l'ambiguïté provient du processus de Barcelone lui­ même dont la globalité laisse indéterminée la question de la centralité du politique (ou de l'économique). Il était beaucoup plus facile d'établir théoriquement l'équation entre décollage économique et renforcement de la démocratie et respect des droits de l'homme, que de la traduire dans la réalité. On peut aisément constater l'inefficacité du dialogue politique dans les domaines sécuritaires sur lesquels il s'est focalisé: les migrations illégales continuent, le terrorisme reste une menace permanente, etc. Quelles sont, à la lumière de ces constats, les perspectives de ce dialogue politique? 111- Perspectives Le dialogue politique est-il dépassé pour autant? La réponse est mitigée. Oui, si on examine les derniers développements qui tendent à mettre en place des mécanismes qui sont susceptibles de le doubler. Non, si on veut assainir le dialogue qui demeure tme base indispensable à toute volonté réelle de faire aboutir le processus euro-méditerranéen qui devrait lui-même être amendé à la lumière de dix années d'expérience. 1- Incertitudes Un certain nombre de développements sont en train de faire dévier le dialogue politique des missions qui lui ont été assignés dans le cadre du processus de Barcelone et de faire peser sur lui de nombreuses incertitudes. i- Intensification des préoccupations sécuritaires de l'Europe L'une des motivations de l'Europe à consentir au lancement du processus de Barcelone en 1995, résidait dans la volonté de faire face aux menaces que la pauvreté, la marginalisation et leurs conséquences dans les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée faisaient peser sur la quiétude et l'abondance du Nord. Loin de s'apaiser, le souci sécuritaire s'est accru avec les événements du 11 septembre 2001. L'Europe a dù renforcer ses moyens de protection avec l'adoption, en décembre 2003, par le Conseil européen de « la stratégie européenne de sécurité». Celle-ci élève le terrorisme au niveau de «menace majeure» contre les intérêts européens. 'La préoccupation sécuritaire de l'Europe a eu un impact de plus en plus grand sur les accords d'association avec les partenaires Est Annuaire GERM

et Sud-méditerranéens. Les sous-comités sur la justice ont été mobilisés contre le terrorisme et la coopération bilatérale en Méditerranée occidentale a été fortement réactivée, notamment entre l'Espagne et le Maroc, sans oublier les tentatives de relance de l'initiative 5+5 qui cherche à créer une dynamique à ce niveau sous-régional. La recrudescence de la menace terroriste est en train de façonner le dialogue politique. Mais celui-ci doit trouver le moyen d'équilibrer les rapports entre les partenaires du processus de Barcelone. Car les préoccupations sécuritaires des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée sont aussi grandes et ne peuvent trouver de solution satisfaisante dans la seule mobilisation en fonction de la sécurité de l'Europe. Le PEM doit les aider à éradiquer à terme les causes de l'insécurité et de l'extrémisme dont les manifestations ne les ménagent pas. Du reste, l'esprit de la déclaration de Barcelone n'est-il pas fondé sur la création d' « un espace commun de paix et de stabilité » et d' « une zone de prospérité partagée» ? ii- La Politique Européenne de Voisinage L'élargissement de l'VE a également été ressenti par les partenaires méditerranéens de l'Europe (des 25) comme une menace de dilution du PEM. En mettant en place une « Politique Européenne de Voisinage » (PEV), l'VE a tenté de rassurer ses partenaires méditerranéens en insistant sur la centralité du processus de Barcelone et son renforcement par la PEY qui est présentée comme Lm mécanisme complémentaire. Le lancement de cette politique de voisinage a été accompagné par le slogan émanant de la Commission européenne et consistant à proposer aux partenaires méditerranéens de partager avec eux «tout sauf les institutions ». Par ailleurs, le Conseil européen a considéré que les nouvelles politiques de voisinage ne devaient pas l'emporter sur le processus de Barcelone et les autres instruments liant l'VE à ses autres voisins dont la mise en œuvre demeure une priorité. Il a, par ailleurs, avancé que l'objectif de cette politique « est de faire bénéficier les pays voisins de l'élargissement de l'VE ». Cependant, la PEY non seulement n'est pas un mécanisme qui ne s'adresse pas exclusivement aux partenaires méditerranéens de Annuaire GERM

l'Europe, mais elle est appelée à jouer le rôle d'un instrument d'influence sur un voisinage très étendu à la faveur de l'élargissement de l'UE. Le Conseil européen de Bruxelles, des 17 et 18 juin 2004, en adoptant la proposition de la Commission a considéré que «L'UE dispose ainsi d'un nouvel instrument important pour faire progresser la mise en œuvre du vaste programme de réformes dans chacun de ces pays». A cet effet, le Conseil a approuvé la mise en place de plans d'action avec les partenaires avec lesquels un accord d'association est en vigueur. La Commission et le haut Représentant devaient faire au Conseil, en juillet 2004, des propositions pour tme première série de plans d'action. Des plans d'action, fondés sur le principe de la «différenciation», ont été adoptés, le décembre 2004, par la Commission européenne avec la Moldavie, l'Ukraine, le Maroc, la Tunisie, la Jordanie, Israël et l'Autorité Palestinienne. Le Conseil a adopté le principe de «la différenciation» comme «base des nouvelles politiques de l'UE à l'égard de ses voisins, qui seront mises en œuvre par des plans d'action ». Selon le Conseil européen, « Pour chaque voisin, l'ampleur des objectifs poursuivis dans le cadre de ces relations dépendra de son adhésion aux valeurs communes et de sa capacité à mettre en œuvre les priorités arrêtées d'un commun accord. Le rythme de développement des relations avec chaque voisin consacrera pleinement les efforts de ce dernier et les résultats concrets qu'il enregistrera dans la réalisation de ces engagements ». Les plans d'action sont censés réserver une place importante aux réformes politiques, au renforcement du processus démocratique et à l'état de droit. Les pays qui mettent en œuvre ces réformes sont appelés à bénéficier en 2006 d'tme aide financière dans le cadre du programme MEDA. Il est, par ailleurs, prévu un instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) d'aide financière. Une « facilité pour la démocratie », proposée par la Commission, et devant relever de l'IEPV, est destinée à « encourager, soutenir et récompenser les pays partenaires qui montrent aussi clairement leur adhésion aux valeurs commtmes et aux priorités fixées en matière de réforme politique». Bien que les partenaires considèrent les plans d'action comme tme concrétisation de la volonté politique de réaliser les objectifs de Annuaire GERM

la déclaration de Barcelone, la démarche qui les sous-tend a de fortes chances de venir renforcer le bialtéralisme dans le processus euro-méditerranéen et consacrer une nouvelle version des conditionnalités pratiquées à l'égard des pays demandeurs d'aide, notamment au sein des institutions financières internationales, et qui ont eu des retombées économiques et sociales graves sur certains de ces pays. iii- Stratégie de partenariat entre l'UE et la région méditerranéenne ainsi que le Moyen-Orient Après le 11 septembre 2001 et les attaques que subit leur territoire national, les Etats-Unis ont cherché' à renforcer leur influence dans la zone de la méditerranée et du Moyen-Orient, et dans le monde arabo-islamique en général, considérant celle-ci comme le terreau de tous les radicalismes et comme une source stratégique d'approvisionnement en hydrocarbures qu'il est vital de contrôler. A cette fin, plusieurs instruments ont été mis en branle, dont le plus globalisant est celui intitulé le « Grand Moyen­ Orient », évoqué pour la première fois par le Président George W. Bush en novembre 2003 à Londres. Il s'agit d'un projet de réforme globale, politico-institutionnelle, économique, sociale et culturelle. Il intéresse une région allant de la Mauritanie à l'Iran et à l'Afghanistan. Présenté par le Président George W. Bush comme une base de la lutte « préventive » contre le terrorisme et l'extrémisme, le plan avait été présenté en juin 2004aux réunions du GS et de l'OTAN. Le plan américain a provoqué des réserves au niveau de certains pays arabes et en Europe. Les pays européens ont réagi au CMO en essayant d'amender la déclaration du CS à son sujet. En effet, la déclaration finale du CS, en date du 9 juin 2004, a lancé un « Partenariat pour le progrès et tm avenir commun avec la région du Moyen-Orient élargi et de l'Afrique du Nord ». Ce texte a intégré des points portant sur le règlement du conflit israélo-palestinien et la prise en compte du fait que « La réussite de la réforme dépend des pays de la région, et le changement ne doit et ne peut être imposé de l'extérieur >J. Cette déclaration fait également justice aussi bien au partenariat euro-méditerranéen, au dialogue arabo­ japonais, qu'à l'initiative des Etats-Unis relative au partenariat

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avec le Moyen-Orient, ensemble sur lequel le partenariat lancé par le G8 devrait faire fond. De son côté, l'Europe est de plus en plus intéressée à la région méditerrano-moyen-orientale qui occupe une place de plus en plus grande dans sa stratégie de sécurité, dans le sens le plus large. Dans le cadre de cette compétition, et en réponse à l'initiative américaine, le Conseil européen a adopté, lors de sa réunion de Bruxelles, les 17 et 18 juin 2004, le principe d'un partenariat stratégique avec un ensemble de pays allant de la Mauritanie à l'Iran. L'objectif de la stratégie est de « promouvoir l'édification d'une zone commune de paix, de prospérité et de progrès dans la région méditerranéenne et au Moyen-orient ». Ce contre-projet donne cependant l'impression d'être plus une réaction improvisée qu'tm plan müri et réfléchi. Le partenariat utilisera les instruments existants, comme le processus de Barcelone. Il reprend la démarche adoptée par l'DE en matière de politique de voisinage. Il se fonde sur les préoccupations européennes, et constitue de ce point de vue une initiative éminemment européenne, en dépit des consultations menées avec les actuels et les futurs partenaires. Il est fondé sur le principe de la différenciation et consacrera donc le tête-à-tête entre l'DE et chacun des partenaires. Il s'agit aussi et surtout d'tme démarche à travers laquelle l'UE, à l'instar du GMO, entend interférer dans les affaires intérieures des pays en question en les poussant à adopter des réformes. Le ton employé est autoritaire: « les réformes que doivent engager d'urgence nos partenaires », en dépit du credo européen selon lequel les réformes ne peuvent être imposées de l'extérieur. Le GMO constitue ainsi un défi pour le partenariat euro­ méditerranéen: l'UE est acculée à préciser ses objectifs. Ceci risque de l'éloigner des partenaires méditerranéens et de mener à une surenchère élientéliste entre elle et les USA. Du côté américain, le risque de c1ientélisation des pays de la région est réel. Les offres américaines de zones de libre échange aux pays de la région con.-',tihlent déjà une piste intéressante à ce propos. Dans les deux cas, l'esprit du dialogue peut être supplanté par tme tendance dirigiste. Le résultat peut être une désaffection des Annuaire GERM

partenaires méditerranéens à l'égard de l'Europe dont la politique pourrait être considérée comme aussi hégémoniste que la politique américaine, alors que les pays et les peuples de la région s'attendent à ce que leurs relations avec l'Europe puissent les faire échapper au face-à-face ave les Américains. Dans tous les cas de figure, cette surenchère risque de diviser davantage les pays arabes et de les affaiblir encore plus. La compétition avec les USA va encore plus faire prédominer la démarche politique de l'UE et subordonner la contrepartie économique à la satisfaction des demandes d'ordre politique et sécuritaire, comme on l'a constaté dans le cas de la PEY. Cette compétition va mettre les partenaires méditerranéens au pied du mur, car l'UE insiste de plus en plus sur les dimensions concrètes du dialogue politique, c'est-à-dire des réponses à ses attentes politiques et sécuritaires. Last but not least, la démarche sous-tendant les réformes que les grandes puissances sont en train de prescrire aux pays méditerranéens et moyen-orientaux pourrait constituer une réédition des entreprises réformistes que les puissances européennes avaient déjà préconisées au XIXè siècle à certains pays du pourtour de la Méditerranée. Ces entreprises s'étaient neutralisées mutuellement, parce que chactme des puissances entendait maîtriser à son profit le processus de réforme. Ceci avait contribué à affaiblir davantage les pays en question et de les faire tomber dans l'escarcelle de la colonisation. La conjonction de tous ces facteurs fait ainsi peser un certain nombre d'incertitudes sur le dialogue politique, voire sur tout dialogue. Celui-ci tend à céder la place à des rapports inégalitaires et à un style de relation autoritaire. Cependant, le processus de Barcelone est loin d'être obsolète. En effet, son esprit est toujours valide, moyennant certains aménagements de fond. 2- Possibilités S'il est vrai que «la déclaration de Barcelone et son principe général demeurent valables», il n'est pas moins vrai qu'elle n'a pas réellement connu d'application convaincante. Tous les partenaires Annuaire GERM

en sont conscients. En plus, les changements envisagés ne sortent pas des techniques de relance du dialogue, lesquelles ont jusqu'ici monté leurs limites. Il faudrait, par conséquent, penser à une révision fondamentale de la vision qui a présidé à la promotion du PEM. Celle-ci devrait passer par un assainissement des bases du dialogue, un redimensionnement du dialogue politique, voire une réfection du processus de Barcelone lui-même. i- Assainir les bases du dialogue Le dialogue demeure un principe fondamental des relations pacifiques entre Etats et groupes sociaux. Personne ne peut raisonnablement nier la nécessité d'un dialogue afin de mettre en place les conditions d'une coexistence durable entre les partenaires d'lm monde aussi chargé de tensions que l'espace méditerranéen. C'est souhaitable, c'est obligatoire et c'est possible. Mais il faut que le dialogue réponde à un minimum de conditions préalables, comme nous l'avons signalé plus haut. Pour remplir sa mission, il faut éviter de mettre le dialogue au service de la méfiance et de la crainte, parce qu'il risque de poser lui-même des problèmes insurmontables au lieu de constihler une source de solutions. Il doit être doté de sens qui puisse trouver sa source dans les préoccupations fondamentales communes à l'ensemble des partenaires. Il doit être suffisamment pragmatique afin que ses résultats soient réalistes et réalisables. Il doit éviter les pièges de la moralisation béate. Comme il doit bannir les regards moyenâgeux réciproquement méprisants, façonnés par la géographie de la barbarie et/ou de l'incroyance par ou sur une civilisation ou une religion qui se croient supérieures. Car tous les riverains de la Méditerranée sont les héritiers de périodes faites de progrès et de stagnation, de puissance et de faiblesse, d'apogée et de déclin, de Lumières et d'obscurantisme, de victoires qu'on croyait décisives et définitives et de défaites perçues comme irrémédiables. Pour établir un dialogue sur de bonnes bases, on doit faire appel à la sagesse qui implique plutôt la relativisation que le triomphalisme qui a jusqu'ici fait beaucoup de dégâts. Pour sortir du stade des déclarations d'intention et donner à l'espace euro-méditerranéen de paix, de stabilité et de prospérité une chance de se réaliser, il faudrait repenser le processus et le Annuaire GERM

dialogue, et assortir les déclarations des moyens réalistes et effectifs de mise en œuvre. Par ailleurs, un dialogue qui vise à établir les conditions d'une coexistence durable doit éviter les méandres de la langue de bois. ii- Redimensionner le dialogue politique Le dialogue politique ne peut être efficace et muhtellement convaincant que s'il est le reflet d'un progrès en matière de partenariat économique et non pas une condition préalable au développement de celui-ci. De ce fait, le dialogue politique doit s'autonomiser par rapport au partenariat économique. La première démarche dans ce sens, consistèrait à repenser le PEM en révisant toute la démarche qui en est à la base. Le partenariat est certes ambitieux, mais en se politisant, en se ramifiant à outrance et en se focalisant sur la sécurité, il a été déraillé. En plus, l'évolution qu'a connue la région Europe­ Méditerranée depuis le 11 septembre, l'élargissement de l'UE qui n'a pas manqué de diluer le partenariat euro-méditerranéen et de lui ôter sa spécificité, nécessitent un réaménagement du processus de Barcelone. Le principal serait de rétablir la prééminence de l'économique et du social. Ceci reviendrait à dire que les relations entre les pays de la région devraient obéir aux lois économiques que devrait corriger la solidarité comme prix de la constmction d'une zone commune de paix et de stabilité. L'aspect politique devrait faire l'objet d'un mécanisme autonome et parallèle, fondé sur un dialogue politique devant créer des mesures de confiance et tille concertation sur des questions traitées au sein des instances internationales. En effet, il semble tout à fait vain de s'épuiser sur des questions qui sont trattées au sein d'organisations auxquelles tous les partenaires euro-méditerranéens appartiennent. L'apport de ceux­ ci peut résider dans l'harmonisation de positions plus fortes qui pourraient marquer la scène internationale et donner l'exemple d'une possible entente entre pays différents mais confrontés à des défis COmmtillS. Cette autonomisation du dialogue politique constitue aussi et surtout un moyen d'empêcher l'utilisation systématique de la conditionnalité. Si on veut avancer, il faudrait trouver le moyen de Annuaire GERM

dynamiser le partenariat économique et social et de ne pas le lier à des gains politiques immédiats, et vains à terme. Ainsi, à titre d'exemple, la position des pays arabo-islamiques ne peut, pour le moment, dépasser le discours abstrait sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, car tout alignement précis et ostensible sur l'Europe peut avoir pour conséquence d'éloigner les dirigeants de larges franges des populations pour lesquelles la guerre occidentale contre le terrorisme vise en premier lieu l'islam et les musulmans. Ceci est susceptible d'être instrumentalisé par les courants islamistes radicaux contre les pays en question et contre leur sécurité. De ce fait, ce qui peut venir à la rescousse des partenaires méditerranéens de l'Europe, ce ne sont pas des déclarations sur la relance du dialogue, ponctuées d'incitations à entreprendre des actions politiques dans la précipitation, mais une sérieuse philosophie de l'action qui se traduise par un véritable plan économique qui soit délié de toute conditionnalité et qui vise à renforcer les capacités de ces pays à lutter contre l'essence des problèmes, la pauvreté. Lier l'effort financier à des plans d'action censés montrer leur efficacité contre des fléaux qui minent le monde, c'est condamner toute entente et tout dialogue. Les concessions faites par des pays méditerranéens interpellés par des difficultés économiques internes, un chômage des jelmes qui fait de ceux-ci des candidats à l'aventure de l'immigration ou de l'extrémisme, des règles commerciales de plus en plus sévères, ne peut constituer une vraie solution viable. Ces concessions risquent de demeurer sans portée réelle et l'impuissance des partenaires euro-méditerranéens à maîtriser le cours des relations internationales, qui obéit à d'autres lois, finira par vider le dialogue de toute substance, faute d'une révision de la démarche suivie jusqu'ici. Apparemment, ce n'est pas ce genre de réflexion qui est en train de dominerJa préparation de la conférenc-anniversaire qui sera tenue en novembre 2005 à l'occasion des dix ans de la Déclaration de Barcelone. Pourtant ce rendez-vous est déCisif et ne devrait pas être manqué, si toutefois il existe une volonté politique de faire du processus de Barcelone autre chose qu'il n'a été jusqu'à présent.

Fait à Rabat, juin 2005 Les processus de démocratisation, entre partenariat et hégémonisme

Mme. Jamila Houfaidi Settar

Le 12 novembre 2005 s'est clôturé à Manama, capitale de Bahreïn, le Forum de l'avenir, dans l'indifférence quasi totale. Ce Forum, lancé en 2004 par les Etats-Unis dans le cadre de leur projet de démocratisation du Moyen-Orient, a réuni les chefs de diplomatie du G8, des pays arabes, islamiques et européens. Depuis sa première édition, tenue à Rabat, en décembre 2004, le Forum se veut la pièce maîtresse du « Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec la Région du Moyen-Orient élargi et de l'Afrique du Nord ». (1) Plus de vingt ministres des affaires étrangères et des finances du G8, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ainsi que des représentants de la société civile et des milieux d'affaires ont tenu des réunions préparatoires au Forum à New York les 23-24 septembre et le 1er octobre à Washington pour préparer cette manifestation. Qu'apporte donc de plus ce Forum, par rapport à la Déclaration de Barcelone? Est-ce là un projet concurrent ou lm nouvel affluent au processus de démocratisation? Document de référence s'il en est, la Déclaration de Barcelone fait de la démocratie la pierre d'angle du partenariat euro­ méditerranéen. Des clauses appropriées sont insérées dans les accords d'association afin de garantir l'instauration de la démocratie. Généralisée à tous les accords de coopération, ces clauses prennent valeur de "fondement" des relations de coopération. Annuaire GERM

1 - La démocratie, un fondement des relations de partenariat Cette exigence conventionnelle accrue est en fait, l'expression externe d'une évolution normative intervenue dans l'ordre juridique interne de l'Union Européenne. Elle commence avec l'article 6, paragraphe 1 du traité de l'Union, qui introduit une nouvelle clause stipulant que « l'Union est fondée sur les principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que de l'état de droit. Principes qui sont communs aux États membres», et confirmés par de nombreux autres instnlments, de la Charte à la constitution. Une fois cet ordonnancement entériné, l'Europe déclare avoir besoin à ses frontières de pays et de peuples qui "partagent les mêmes valeurs démocratiques, ainsi qu'un niveau élevé de prospérité". Et c'est dans cette perspective qu'il devient "indispensable de renforcer la coopération dans le bassin méditerranéen ». (2) Pour conforter l'effet normatif de ce principe lUE introduit dès 1992, une « clause essentielle » dans les accords de coopération: le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'homme, énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, devient le fondement des politiques internes et externes des parties et constitue un «élément essentiel» de l'accord dont la violation entraîne la suspension.. (3) Dans son rapport sur le respect des droits de l'homme dans le monde, en date d'avril 1995, le parlement européen apporte Lille innovation de taille en consacrant la dernière partie à la promotion de la démocratie comme base de la politique étrangère commLille (PESC). Last but not least, la constitution européenne, dans son titre relatif à l'Union et son environnement proche, stipule, dans son article 1-56, que l'Union développe avec les Etats de son voisinage des relations privilégiées, visant à établir un espace de prospérité et de bon voisinage fondé sur les valeurs de l'Union. Les contours de la politique de l'UE en matière de promotion des droits de l'Homme dans ses relations extérieures, se précisent

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donc, et acquièrent une expression achevée, tant au plan institutionnel qu'au plan conventionnel. L'Union entend à travers cette exigence conventionnelle assurer une condition jugée «essentielle» à la stabilité, interne des partenaires afin d'assurer la sécurité de la région. Il s'agit là, désormais, d'un double impératif pour les pays partenaires: se conformer à un dispositif normatif tout en apportant lme réponse renouvelée aux exigences de sécurité. A - La démocratisation, un impératif institutionnel L'action de la Commission dans le domaine des relations extérieures sera guidée par le respect des droits et des principes contenus dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union, officiellement proclamée lors du sommet de Nice en décembre 2000, ce qui aura pour effet de renforcer la cohérence entre les approches interne et externe de l'Union. (4) Dans cette approche, les États partenaires sont « les principaux responsables» de la défense des droits de l'homme et des libertés fondamentales ayant à répondre devant leurs citoyens, la commlmauté internationale et les Nations unies du non-respect éventuel des droits de l'homme dans leur pays. Le moyen le plus efficace de favoriser les changements souhaités est donc d'établir avec ces gouvernements lm partenariat positif et constructif, reposant sur le dialogue, le soutien et l'encouragement et ce au but « d'améliorer la compréhension et le respect mutuels et d'encourager une réforme durable». Pour ce faire, les programmes d'aide extérieure (Phare, Tacis, ALA, MEDA, CARDS) totalisent quelque 5 milliards d'euros par an, destinés à la promotion des droits de l'homme, de la démocratie et de l'État de droit. Le partenariat instaure aussi un droit de regard qui permet d'envisager favorablement la possibilité d'échanger des informations et de répondre aux demandes d'informations qui seraient faites aux différents partenaires. Quand en 2002, l'UE indique les orientations en matière de promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales avec les partenaires méditerranéens, elle l'inscrit dans le plan Annuaire GERM

d'action convenu par tous à la réunion ministérielle euro­ méditerranéenne de Valence (des 22 et 23 avril 2002) et par lequel les parties se sont engagées à renforcer leurs efforts dans ce domaine vital. Ce choix entre également en résonance avec la nouvelle politique de voisinage de l'Union. En 2003, la Commission adopte une communication intitulée: "Donner une nouvelle impulsion aux actions menées par l'Union européenne dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratisation, en coopération avec les partenaires méditerranéens". Ce document fait de la promotion de la démocratie, de l'État de'"droit et du respect des droits de l'homme et des libertés fondamê"ntales;l'un des objectifs fondamentaux des politiques extérieures de l'Union européenne (5). A ce sujet, Chris Patten, alors commissaire chargé des relations extérieures, déclare que « les droits de l'homme et les libertés fondamentales font partie intégrante et représentent un volet essentiel du cadre qui régit les relations entre l'Union Européenne et ses partenaires méditerranéens ». S'il insiste sur le fait que «les progrès à réaliser en vue du respect total des droits de l'homme et des principes démocratiques doivent venir de l'intérieur», le commissaire assure néanmoins, que l'Europe continuera à mettre « sa propre expérience positive au service de la création d'une société civile plus libre ». Cependant, l'évolution institutionnelle n'explique pas à elle seule, cette volonté de démocratisation des partenaires de l'UE. La démocratisation se veut aussi une réponse aux nouvelles menaces pesant sur la sécurité des partenaires. B- La démocratisation, une réponse sécuritaire Alors que dans les années quatre-vingt, la préoccupation de la sécurité porte sur le désarmement dans le droit fil de la gestion des antagonism~sentre l'Est et l'Ouest, la fin de la guerre froide change la donne. Inaugurée au lendemain de la chute du mur de Berlin, la nouvelle conception de la sécurité consiste pour l'UE à instaurer, dans sa proximité, des régimes démocratiques comme gage de sa propre sécurité. Annuaire GERM

Dans ces conditions, l'adhésion des partenaires de l'UE aux principes des droits de l'Homme n'est pas lm choix. Elle est due en partie aux changements intervenus sur la scène internationale, et à l'impact de la mondialisation. Sa dynamique repose sur la précarité économique qui rend les pays du sud de plus en plus tributaires de l'aide extérieure. Avant cette période, il était de bon ton de s'accorder sur le sens et la portée de la notion de sécurité, définie comme l'absence de guerre. La préoccupation majeure de l'Union était la stabilité des régimes et le fondement du respect des droits de l'Homme tenait plutôt à des considérations d'ordre politique et moral. Les temps ont changé. La fin de la bipolarité ci. privé nombre de pays du tiers-monde de l'intérêt de leurs positions géostratégiques antérieures. Elle a fait disparaître des situations de « rentes géop?litiques » ayant permis à certains pays de financer les projets de l'Etat providence et d'assurer, en conséquence, leur pérennité. Ainsi, les réformes engagées, dans certains pays partenaires de l'Union, se situent-elles à la charnière des exigences internes de réformes politiques et institutionnelles et du contexte extérieur. Comment apprécier aujourd'hui, cette exigence? Considéré par les Européens comme une victoire sur les régimes totalitaires, un droit de regard sur l'argent du contribuable et lme impulsion garantie de développement, cette exigence démocratique a, très tôt, révélée ses limites. Au final, l'expérience a démontré que l'UE s'est montée peu soucieuse d'assurer le respect de la démocratie en toutes circonstances. Elle a plutôt privilégié un examen des situations selon l'opportlmité. Ce qui semble lui importer, c'est de soutenir prioritairement des expériences de démocratisation formelle avec implémentation institutionnelle, au détriment de la situation réelle des droits de l'Homme. En fonction des intérêts en jeu, l'Union Européenne semble se contenter d'une présomption de démocratie à l'endroit de ses partenaires. Les limitations au libre jeu démocratique peuvent se mettre en marche dès lors qu'elles sont inspirées par la protection de la sécurité, le maintien de l'ordre public, la préservation de la stabilité politique ou tout autre motif. Annuaire GERM

Devant l'invocation des menaces réelles ou supposées, l'attitude de l'UE varie et sa marge d'appréciation s'étend. La notion de société démocratique acquiert de ce fait, une portée toute relative, ce qui laisse en outre, aux pays européens, la latitude de pratiquer la règle du double standard. Chris Patten en convient lorsqu'il écrit que « compte tenu de l'appui occidental aux dictatures arabes, on comprend que ces grands discours sur la démocratisation suscitent la méfiance de ce qu'on appelle la «me arabe». Trop longtemps les pays occidentaux ont pratiqué au Proche-Orient une politique purement opporhmiste, soutenant des autocrates acquis à leurs intérêts, de peur que leurs remplaçants potentiels ne soient pires encore» «La stabilité d'un pays justifie-t-elle de réprimer toute voix dissidente et d'étouffer la société civile? Interroge Chris Patten. Est­ il sage, se demande t-il, de soutenir des dirigeants autoritaires parvenus au pouvoir hors de toute voie démocratique, mais prêts à se soumettre aux volontés occidentales, simplement pour barrer la route à des tyrans fanatiques qui, eux, nous haïssent? Si vraiment nous croyons que la démocratie est une aspiration tmiverselle, nous devons la traiter comme telle. (6) En fait, dans la conception européenne, l'insertion des clauses sur les éléments essentiels ne signifie pas que l'UE entende poursuivre tme approche ptmitive. Pour elle, toutes les possibilités de progression sont exploitées avant de recourir à des sanctions. L'UE, qui affirme avoir à cœur l'intérêt des populations, peut ainsi, envisager la suspension de la coopération avec les gouvernements, « tout en continuant à soutenir les populations locales au moyen de projets exécutés par des organisations de la société civile ». Ces clauses sont en quelques sorte, destinées à favoriser le dialogue et les mesures positives, d'impulser, lorsque ceux-ci font défaut, l'adhésion, la ratification et la mise en oeuvre d'instruments internationaux se rapportant aux droits de l'Homme Elles rendent ainsi possible le dialogue qui devrait cependant, se déployer dans les deux sens : l'Union européenne acceptant également de débattre des questions des droits de l'homme et de la démocratisation à l'intérieur de ses propres frontières.e) Annuaire GERM

Comme nous pouvons le constater, la démocratie s'impose comme un enjeu central des relations Nord/Sud, tantôt comme régulateur des politiques de coopération pour le développement, tantôt, comme concept transfigurant les politiques de puissance. Cette double fonction de la démocratie trouve une illustration dans l'optique comparative entre le partenariat euro­ méditerranéen et le projet américain. II - La démocratisation du Grand Moyen-Orient, un projet unilatéral Ce projet démocratique est formalisé par le Forum de l'avenir. Forum dont nous connaissons davantage les antécédents que l'expression actuelle, puisque aussi bien la réunion de Rabat que celle de Manama n'ont donné lieu jusqu'à présent, qu'à des commentaires à caractère diplomatique, avec toutes les réserves qu'impose la courtoisie aux véritables déclarations traduisant les positions des protagonistes. Faisons la rétrospective des initiatives américaines. Au lendemain de la Conférence de Barcelone, les Etats-Unis organisaient à Casablanca, le sommet économique pour le MENA, sommet qui s'est depuis, régulièrement tenu en réplique aux rendez-vous euro-méditerranéens (Amman, Doha...) Les Américains ne voyaient pas d'un bon œil l'initiative euro­ méditerranéenne qui redonnerait une nouvelle vigueur au rôle de rUE face aux enjeux de la région, isolerait leur allié israélien et, en dernière analyse, gênerait leur accès aux ressources énergétiques du Moyen-Orient. (c'était d'ailleurs, quelques années auparavant, la même attitude hostile à l'égard du dialogue euro-arabe) La tragédie du 11 septembre tombe à point nommé pour réactiver le projet américain. La politique étrangère des Etats-Unis in.c:;trumentalise la guerre contre le terrorisme pour imposer une vision tmipolaire et opposer aux crises complexes du monde, une politique de puissance, déstabilisant les règles du droit international et partant le rôle de l'ONU. Les Etats-Unis prennent acte, à leur manière, de la fin de la bipolarité. La nouvelle politique étrangère américaine réactive la puissance hégémonique dans une relechtre de la nouvelle donne Annuaire GERM

géostratégique, comme ajustement à la grande transformation représentée par la mondialisation. A - Le projet américain, au mépris du droit international Si la démonstration de force engagée par les Etats-Unis signe le terme définitif de la guerre froide, signifie-elle pour autant la fin du rôle de l'Europe en tant qu'alliée? Cette démonstration de force va revêtir deux aspects: la guerre contre le terrorisme et la guerre préventive. A -La guerre contre le terrorisme Les événements du 11 septembre révèlent que dans le village global, qu'est devenu le monde, la violence ne constihle plus un problème de proximité ou de voisinage. «Aucun Etat aucun territoire ne peut se croire hors d'atteinte d'un fléau qui conjugue archaïsme et haute technologie pour déjouer les défenses, remarque Dominique de Villepin, Il souligne l'aggravation de la menace et sa mondialisation. Alors que "le danger est devenu imprévisible et les conflits asymétriques, le faible peut faire chanceler le fort, en s'insinuant dans les interstices de la puissance" (8) Ainsi, la guerre contre le terrorisme se décline en guerre du plus fort contre le plus faible. Elle favorise l'émergence de dérives, conforte les discours de guerre et ruine par l'exemplarité, le principe de l'interdiction du recours à la force dans les relations internationales. Certes, cette guerre va valider stratégiquement et légitimer politiquement le recours à la guerre asymétrique du fort au faible, elle aura cependant pour conséquence de populariser les guerres du faible contre le fort au risque d'une mondialisation de la violence. Les attentats du 11 septembre révèlent «la symétrie cachée de la guerre asymétrique». Celle-ci s'annonce dévastatrice, menaçant d'engager le "monde, à peine sorti de l'équilibre de la terreur, dans une logique de la riposte par l'horreur. Lorsque le président Bush trace l'axe du mal entre Ben Laden et lui-même, il ne fait qu'acculer des millions de laissés pour compte ne trouvant aucune raison à soutenir les Etats-Unis, à s'identifier plutôt à ce «héros» anti-américain qu'est Ben Laden. Annuaire GERM

L'onde de choc de cet irrédentisme frappe au sein même des pays d'accueil des musulmans expatriés où elle crée tme fracture entre la communauté musulmane et les autres composantes de la société. En effet, jusque dans ces pays, la réaction idéologique et militaire, aux attentats du llseptembre a eu pour effet de stigmatiser l'autre et de provoquer sa haine. , tant il est établi que, «la haine permet de réparer l'estime de soi blessée». Elle catégorise, et active tous les manichéismes: le bien et le mal, le noir et le blanc, le Parisien et le banlieusard, eux et nous et renforce le sentiment d'appartenance: l'amour du même et la haine du.différentJ9) En effet, comme l'écrit Daniel Bensaid, le sentiment d'appartenance est «dynamiseur et sécuriseur». Comme l'utopie, il «est délicieux et dangereux». Il nous aide à nous identifier. Mais quand ce «sentiment d'appartenance est clos, il mène au mépris des autres, à l'absence d'empathie et peut conduire au crime». (10) Le déclenchement de cette guerre, élargit ainsi le terreau de la violence et ajoute aux facteurs de sa dissémination. Du côté du fort comme du faible surgissent des acteurs étatiques ou infra-étatiques voire groupusculaires . Ils sont tous pressés de se ranger d'lm côté ou de l'autre de la ligne de clivage imposée par les Etats-Unis. Européens et Américains admettent que le terrorisme global est la menace la plus dangereuse, mais s'opposent sur la façon de le traiter et de désigner les ennemis à combattre. Ainsi, une ligne de fracture est passée entre les perceptions américaines et le reste du monde. La plus spectaculaire, celle entre les perceptions américaines et européennes est apparue à l'occasion de la crise irakienne où leurs divergences ont porté sur les conditions de recours à la force, ainsi que sur les notions de menace et de sécurité. (11) Mais, les Européens ont du mal à imposer leur vision au niveau des organisations universelles. Du coup, la déclaration de la guerre préventive, en même temps qu'elle constitue un défi crucial à la communauté internationale, ouvre une source de nuisance contre les formes de la coopération régionale. Annuaire GERM

L'équilibre déjà fragile entre l'Union Européenne et ses partenaires du Sud va s'en ressentir. B -La guerre préventive, un défi à la communauté internationale Nul besoin de revenir sur l'épisode conflictuel entre les Etats­ Unis et la commtmauté internationale, au sein de l'ONU. Il faut simplement rappeler que la guerre préventive, engagée par les Etats-Unis, bouleverse les critères communément admis jusqu'à présent par la communauté internationale dans la résolution des conflits à savoir, le droit international, le dialogue politique et l'aide au développement durable (12) Pour sa part, rUE élargie à 25 qu'on aurait pu imaginer plus forte, se trouve aux prises avec des dissensions internes, négociant laborieusement une réaction commtme face aux initiatives de la politique américaine. Cette absence d'Europe sur la scène internationale vide de sa substance le partenariat entre européens et méditerranéens. Le volet de ce partenariat qui consiste à créer une zone de paix, de sécurité et de coprospérité en confère une certaine responsabilité à l'UE. Il est difficile d'imaginer l'inverse. Du coup, si rUE n'est pas en mesure d'assumer cette charge, le partenariat se réduit à tme série d'accords commerciaux. Les événements subséquents au 11 septembre ont été un véritable défi lancé à l'Europe de prouver qu'elle peut assurer encore, un rôle en matière de sécurité. En réalité, le 11 septembre nous a livrés à l'hégémonie exclusive des Etats-Unis selon l'expression d'Alain Joxe dans son livre "l'empire du chaos», pour qui seule« la république européenne» serait la réponse aux menaces de cet empire. Depuis les attentats de Madrid et de Londres, les Européens s'interrogent sur la capacité de l'Europe à tirer les leçons du 11 septembre en surmontant les écueils de la politique d'armement, en intégrant la lutte contre le terrorisme international par des interventions extra muras et en assurant sa sécurité d'tme manière indépendante des Etats-Unis. Annuaire GERM

Car le projet européen de défense conçu, déjà en son temps, dans la divergence des positions des membres de rUE et de leur engagement très inégal, est tout simplement délitescent depuis l'élargissement. Aussi, l'unilatéralisme de l'administration Bush se heurte-t-il à bien des critiques mais à peu à de résistance. Si les opinions publiques manifestent leur hostilité à la guerre en Irak, les gouvernements européens semblent incapables de s'opposer au rouleau compresseur américain. S'ils osent qualifier d'échec la politique étrangère menée par Washington, leurs propos traduisent leur incapacité à changer le cours des évènements. « Nous sommes convaincus, affirme au lendemain des attentats de Madrid, M. de Villepin, alors ministre français des affaires étrangères, qu'il faut tm monde multipolaire et qu'une puissance seule ne peut pas assurer l'ordre du monde» . En écho à José Luis Rodriguez Zapatero, le ministre français déclare que "La guerre en Irak était une erreur, je dirais même une faute. Nous ne pouvons pas ne pas voir qu'il y a aujourd'hui deux foyers qui nourrissent le terrorisme dans le monde : le premier, c'est la crise au Proche-Orient, et le deuxième, c'est l'Irak....(13) L'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, n'a pas été en reste en déclarant, que "Cela se passe en Irak comme au dehors Istanbul, Moscou, Madrid. Le terrorisme que la guerre en Irak était censée faire cesser est infiniment plus puissant aujourd'hui qu'il y a tm an". Quant aux régimes arabes, il1? sont, tout simplement tétanisés. En se déliant du cadre des Nations-Unies, la politique étrangère des Etats-Unis, instrumentalise «la guerre contre le terrorisme» pour imposer sa vision du monde. Et, s'invitent dans la foulée aux zones de coopération traditionnelles de l'Europe, pour imposer une offre concurrente aux programmes européens de partenariat. B - Le projet américain, une thérapie de choc Très rapidement, après le 11 septembre, les idéologues néo conservateurs vont tenter légitimer la guerre contre le terrorisme par l'invocation de grands idéaux: la liberté et la démocratie. Par une formidable offensive des médias, l'administration Bush transforme les Etats-Unis en Etat de type impérial, en charge de la Annuaire GERM

démocratisation du monde, avec l'ambition d'en redessiner les frontières et policer les populations. Ils commencent par renverser le régime Saddam, première étape d'un long projet qui pièce par pièce, vise à " remodeler" tous les régimes de la région afin de consolider leur domination et de reproduire l'environnement favorable à leurs intérêts géostratégiques et à ceux de leurs alliés dans la région. (14) In fine, le projet offre une démocratie pervertie à des partenaires stigmatisés. A- Des partenaires stigmatisés Des termes génériques, connotés par leur globalisation : «arabes» ou «musulmans» voient le jour pour identifier des peuples constitués d'Etats différents D'autres qualifications sont attribuées pour distinguer dans cette globalité entre les pays non plus sur la base de leur degré de démocratisation mais, à l'aune de critères dictés par la diplomatie américaine puis, validés par la communauté internationale : Etats voyous, Etats radicaux, Etats modérés, Etats alliés... La signification de ces concepts varie selon les circonstances. Le critère constant est à cet égard, les bonnes ou les mauvaises dispositions montrées par un Etat à l'égard de la politique étrangère américaine ou sa meilleure collaboration aux solutions proposées par les Etats-Unis dans telle ou telle région du monde. C'est à travers cette grille de lecture que la normalisation publique avec Israël vaut à un Etat arabe le label d'Etat modéré, celui d'Etat radical étant attribué à tout Etat opposé à la politique israélienne. B- Une démocratie à haut risque Il n'est pas dans notre propos de donner une définition de la démocratie ni de contester la validité de tel ou tel modèle démocratique, mais plutôt de nous interroger, sur les processus de démocratisation proposés aux pays arabes et sur le rôle et la responsabilité principale de tout peuple à choisir sa voie vers l'organisation de ses propres instituons politiques. C'est un lieu commun, de rappeler qu'historiquement, l'hégémonisme s'est souvent paré d'universalisme. Dans son expression actuelle, l'universalisme de la démocratie et des droits Annuaire GERM de l'Homme ne prend pas en compte les spécificités des peuples, ni le pluralisme des cultures. La volonté d'imposer les mêmes valeurs, et selon le même modèle à tous les peuples du monde, quelle que soient leur culture et leurs conditions sociales, est loin d'être démocratique. Qu'en est-il projet démocratique formalisé par le Forum de l'avenir, qui s'est tenu à Rabat, en décembre 2004, puis a Manama, dans sa deuxième édition en novembre 2005. Se voulant la pièce maîtresse du «Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec la Région du Moyen-Orient élargi et de l'Afrique du Nord», il affiche «un programme commun de promotion des valeurs universelles que sont la dignité humaine, la démocratie, le progrès économique et la justice sociale». Les membres du Forum affichent « un programme commun de promotion des valeurs universelles que sont la dignité humaine, la démocratie, le progrès économique et la justice sociale Mais le credo menaçant de la démocratisation impériale «cannibalise» les prises de position et affecte les concepts. C'est bien pour cela que le projet américain de promouvoir les réformes politiques, économiques et sociales dans le monde arabe et musulman, a fait long feu. Hormis l'Iran, tous les pays arabo-musulmans invités participent Le Forum pour l'avenir qui devait être un moment fort de «l'agenda diplomatique international», s'est contenté en fait, de recommandations. Le thème des réformes démocratiques avait été à l'origine de sérieuses divergences de vues entre les pays membres de la Ligue arabe, avant le Sommet arabe qui s'est tenu à Tunis quelques mois auparavant (mai). La fronde contre des réformes "imposées de l'extérieur" avait notamment été menée par l'Egypte et l'Arabie saoudite. Les dirigeants arabes, embarrassés de se voir imposer une démocratisation par les Etats-Unis, expriment leurs réticences. Méfiants mais réalistes, les dirigeants européens sont présents. Ils se font néanmoins, un devoir d'insister sur le fait que cette rencontre n'est que la confirmation de « l'engagement de l'UE depuis dix ans de donner une dimension concrète au partenariat Annuaire GERM

euro-méditerranéen ». Le partenariat euro-méditerranéen est « une des dimensions fondamentales, et qui doit le rester de l'action extérieure de l'UE » rappelle Michel Barnier, ministre français des affaires étrangères(16) Même son de cloche, chez le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et la sécurité commtme, Javier Solana, qui estime que ce fomm est une occasion pour l'Union Européenne de réaffirmer son engagement dans cette région, illustré particulièrement par ses liens avec les pays méditerranéens dans le cadre du processus de Barcelone et la politique européenne de voisinage. L'un et l'autre n'ont eu de cesse de rappeler, que cette manifestation ne peut se substihler au projet initié en commun, à Barcelone. Aussi, les promoteurs du Forum de l'Avenir ont-ils été amenés à réviser les termes d'un projet jugé trop "unilatéral", et ne manquent plus désormais une occasion de souligner que les réformes qu'ils appellent de leurs vœux ne pourront venir que "de l'intérieur" des pays concernés, et à un rythme adapté à chaetill. Le Forum qui, en 2004, devait être un moment fort de « l'agenda diplomatique mondial », s'est contenté de recommandations. La résolution finale adoptée à l'issue des travaux insiste notamment sur les projets de réforme économiques et sociales dans le monde arabe. Certaines concerneront l'éducation. D'autres évoquent la création d'entreprises. La plus tangible a trait à la création d'un fonds régional doté, d'ici à trois ans, de 100 millions de dollars destinés à assurer la formation et l'assistance technique aux petites entreprises. On est loin du milliard d'euros de dons et 2 milliards d'euros en prêts bonifiés (en 2003), de l'aide civile l'Union européenne en Méditerranée et au Moyen-Orient Le volet politique de l'initiative se résumera à l'examen d'un document sur le "Dialogue pour l'assistance à la démocratie". Les Américains ont revu leur ambition d'exporter une démocratie clé en main, admettant que les réformes entreprises, ou à entreprendre, dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord "ne doivent pas être considérées comme étant imposées de Annuaire GERM

l'extérieur». La liberté doit être laissée à chaque pays d'avancer selon sa situation particulière et « a son propre rythme »(17) En place et lieu de l'unilatéralisme prôné depuis 2001, les Américains en appellent à leurs alliés du C8. Le Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, en soulignant la nécessité de promouvoir les libertés politiques et économiques dans les pays de la région du Moyen-orient élargie et d'Afrique du Nord met l'accent sur "tme cause commune" et compte sur le soutien de ses partenaires européens. Même en grande partie vidé de sa substance, le "Forum de l'avenir" n'a pas suscité cet enthousiasme qui dix ans auparavant avait marqué la naissance du processus de Barcelone. Et les précautions oratoires qui l'ont accompagné n'ont pas suffi à lever les réticences des Etats. A cette réticence s'est ajoutée une franche opposition de l'opinion publique dans les pays concernés. Au Maroc, une manifestation contre le Forum avait réunit à Rabat environ 50.000 personnes quelques jours avant sa tenue (le 28 novembre) pour, rappeler la solidarité avec les peuples palestinien et irakien, et l'opposition à la tenue du Forum. Cette manifestation s'est déroulée autour de mots d'ordre anti­ américains. "Le monde arabo-musulman a besoin de changement mais ce ne sont pas les Etats-Unis qui amèneront la démocratie », indiquaient les slogans. C'est sous leur égide que les droits de l'homme sont violés en Palestine, en Irak et en Afghanistan", expliquent ainsi les responsables des Associations des droits de l'Homme. (18) Dans sa deuxième édition de Manama, le Forum s'est articulé autour de quatre thèmes: le renforcement du rôle de la femme dans le développement économique, les droits de l'Homme, la transparence et la lutte contre la corruption, et l'état de droit. Il consacre le lancement d'un Fonds et d'une fondation dotée des mêmes 100 millions de dollars dont le capital initial s'élève à 54 millions de dollars pour la promotion de la démocratie dans le monde arabo-musulman. Les Etats-Unis sont les grands contributeurs aux deux projets, avec 50 millions de dollars pour le Fonds de l'Avenir et 35,S millions pour la Fondation de l'Avenir, annoncés par la délégation américaine Annuaire GERM

dans une tentative apparente d'instihltionnaliser le Fonrrn. L'adoption de la «Déclaration de Bahrein» qui aurait dû être le point culminant du Forum, a été reportée sine die à cause des objections des pays arabes. En effet, depuis l'intervention militaire américaine en Afghanistan et en Irak, on remarque une certaine crispation à l'égard de toute démocratisation de l'extérieur. Les bombes intelligentes pour démocratiser l'Irak, les violations des droits de l'homme, le mémoricide et autres atrocités ont semé plus que la souffrance et la mort; elles ont semé la haine et une soif de vengeance pour des générations. Elles ont enfanté et enfanteront encore des desperados, par dizaine (19). Comme déjà signalé, en érigeant la lutte contre le terrorisme en priorité sur l'agenda international, la politique américaine a généré des dérapages attentatoires à la démocratie et remis à l'ordre du jour, des procédures d'exception forcément liberticides. Aussi, posons-nous cette question: si la démocratie est mise ainsi à rude épreuve dans les pays démocratiques, la guerre contre le terrorisme ne met-elle pas en péril la démocratisation des partenaires sud méditerranéens ? Mettant à profit cette brèche ouverte dans l'exigence démocratique, ces derniers compromettent des réalisations péniblement acquises à la faveur de l'ère ouverte au lendemain de la chute du mur de Berlin. Depuis le 11 septembre, on compte 14000 prisonniers politiques de plus, dans les pays arabes, sur un total de 50 000. A l'échelle du monde arabe, le reflux des réformes politiques est justifié par le nécessaire durcissement à l'égard des courants islamistes. A cette condition, la répression et les restrictions des libertés individuelles et collectives sont passées sous silence au niveau des Etats européens En substance, comment les démocrates arabes font face dilemme entre un discours nationaliste souvent obscurantiste et une Amérique hyper puissante ~i s'est auto-proclamée porte­ étendard de valeurs universelles () A vrai dire, dans les pays arabes, les choses se passent comme si la jonction entre l'antiaméricanisme et le benladénisme dresse un Annuaire GERM

obstacle devant les projets de démocratisation menés par les démocrates. Dans l'espace d'expression confinée au champ étriqué du «bien» et du «ma!», le choix est vite fait. Il convient d'y voir l'effet pervers de l'abus de puissance qui ne laisse aucune alternative au dilemme coercitif: être avec les Etats­ Unis ou contre eux. A ce jeu manichéen, «chaque camp cherche à personnifier le mal chez l'autre». (21) C'est pourquoi, partout dans le monde arabe l'islamisme trouve de nouvelles recrues. A croire que la «communauté des musulmans» y compris sa composante laïcisante, fédérée par la foi transnationale s'entend pour donner «une réplique inquiétante» certes, mais point illogique, à l'Amérique arrogante. Cette démocratisation forcée pousse au repli sur les solidarités existantes et à en forger de nouvelles. Les unes et les autres étant bien éloignées des préoccupations du partenariat euro­ méditerranéen qui, il y a encore si peu de temps, était porteur d'espérances. Les unes retrouvent à s'exprimer avec une exigence implacable. Se sont les solidarités, exprimées à l'égard de toutes les victimes des Etats-Unis: les peuples palestinien, irakien, afghan, Hamas, Hisbollah... Les autres, nouvelles, sont celles qu'on a vu émerger à l'endroit des islamistes que l'acharnement des Etats.. Unis a élevé au rang de symbole de la résistance à la croisade américaine. Voilà, qui met ainsi, face à face deux radicalismes qui recoupent largement l'antagonisme idéologique Islam/Occident annoncé par Htmtington. Frappée par une sorte d'amnésie, la commtmauté musulmane semble oublier que les intégristes ont fait beaucoup plus de victimes, en majorité progressistes, dans les pays arabo­ musulmans, qu'en Occident. De ce fait, la volonté américaine d'instaurer par la force des armes la démocratie en Afghanistan et en Irak, impacte négativement la profession de foi du partenaire européen d'accompagner de l'extérieur le processus démocratique dans les pays du Sud. Annuaire GERM

Pour conclure, on pourrait dire que, le partenariat euro­ méditerranéen déjà fragilisé par ses faiblesses intrinsèques accuse le coup du 11 septembre. L'élan pris dans le sillage de ce que l'on avait appelé le nouvel ordre mondial basé sur l'adhésion aux valeurs universelles, et relayé par la Barcelone se trouve stoppé. Il est à craindre que la construction de la démocratie revête désormais, et partout dans le monde arabe le sens d'une opposition aux nouveaux phénomènes de domination quel qu'en soit le prix. Nous le savons que trop, l'ingérence étrangère a toujours pour résultat de doper l'idéologie de défense nationale et de bloquer la dialectique politique et sociale. Incapable de traduire dans les faits les attendus de Barcelone en matière de sécurité et de démocratie, rUE retire beaucoup de crédit à son projet de partenariat. L'histoire récente a montré que des Etats-Unis pèsent toujours, d'tm grand poids dans la région. et garde, face au partenariat euro­ méditerranéen des arguments capables de l'empêcher de se faire. «Sans vous rien ne se fait, avec vous tout est compliqué» avait dit un jour, Michel Jobert, alors ministre des affaires étrangères à son homologue américain Henry Kissinger. Paul Valéry n'avait-il pas écrit en 1925 déjà, que "l'Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine". Lui emboîtant le pas, un intellectuel européen de renom, contemporain celui-là, Régis Debray, relève que le non dit pro américain est l'inexprimé d'tme posture des élites européennes plaidant aujourd'hui pour la création des Etats-Unis d'Occident. Les EUO seraient selon lui, une fusion de l'Europe et des Etats­ Unis, sous une direction unique permettant de former un empire qui garantira la « communauté de destin des sociétés occidentales fragilisées par la montée des terrorismes» (22). Si d'aventure, c'en était le cas, le monde ferait face à un péril majeur : une politique de puissance et une logique de guerre débridée qui défiera la conscience universelle et assourdira la voix du droit international. Annuaire GERM

1- Il découle de l'accord exprimé par sept pays de la région et les dirigeants du G8lors du Sommet de Sea Island (Géorgie) en juin 2004. 2 - Stratégie en Méditerranée. Assemblée Parlementaire. Strasbourg. Les Éditions du Conseil de l'Europe, débats" 1995 p 69-70. 3 - COM(2001) 252 final Communication de la Commission au Conseil et Parlement européen. Le rôle de l'Union Européenne dans la promotion des droits de l'Homme et de la démocratie dans les pays tiers. Bruxelles, le 8 mai 2001 4 - idem 5- Hyperlinkhttp// europa.eu.int/rapid/start/cgi/guestenksh? p_action.gettxt=gt&doc=IP/ 01/6661 0 6 - Chris Patten La Démocratie ne se gagne pas à la pointe du fusil, Nouvel Observateur, 04/10/03 7 - COM(2001) 252 final op. dt. 8 - 14 X ème Conférence des Ambassadeurs. Paris, 27 aoùt 2002. 9 - P 10 Boris Cyrulnik Les clés du bonheur. Entretien conduit par Claude Weill. Nouvel Observateur. N° 19393 au 9 janvier 2002. p. 9 et 10 10 - Daniel Bensaïd et Willy Pelletier Dieu, que ces guerres sont saintes! Le Monde 22-11-2001 supplément p V 11- Lire l'article de Sarah Repucci : L'écart Europe / Etats-Unis Par Le Débat Stratégique N° 62 - mai 2002 12 - Saïda Bédar L'hégémonie américaine après le 11 septembre. Le Débat Stratégique N°58 septembre 2001 13 - Le Monde 17.03.04 14 - Rapport du Project for a New American Century, " 15 - Georgette Elgey et Jean-Philippe Derenne. Point de vue Un crime contre la mémoire de l'humanité 16 - Al Bayane 13-12-04 p 2 17 - Eric Edelman, ambassadeur des Etats-Unis en Turquie. Le Matin 11-1-04 18 - Abdelkhaleq Benzekri AMDH Voir article de Jean-Pierre Annuaire GERM

Tuquoi. Le Monde 11.12.04 19 - khalid Jamai. Les leçons d'une guerre. Le Journal Hebdomadaire du 12 au 18 avril 2003 p.5 20 - Forum pour l'avenir: le bide? le journal hebdo 15-1-04 21 - Jose Garçon Le 11 septembre a montré comment chaque camp cherche à matérialiser le mal chez l'autre. C'est désastreux, car cela joue sur la peur de choses impalpables. D'où la tentation de personnifier le mal chez l'autre. Sur ce plan, les deux camps se rejoignent et on en revient au discours très métaphysique du Bien contre le Mal. Libération samedi 07 septembre 2002 op. cit. 22- Régis Debray l'Etat de Caracalla, Xavier de C***, l'édit de Caracalla ou plaidoyer pour les Etats unis d'Occident, Fayard Paris 2002. Le processus de BARCELONE: Dix ans après, Quelles perspectives?

Professeur Driss KHROUZ.

Dix ans après le lancement du processus issu de la déclaration de BARCELONE en 1995, tille évaluation s'impose. C'est un bilan d'étape parce que ce projet civilisationnel est par évidence de long terme. Il vise à corriger ce que l'histoire des économies et celle des sociétés a déstructuré, en orientant les deux rives, à partir de 1492, vers deux destins divergents. Quelques repères essentiels peuvent être retenus pour cerner les contours et surtout une méthodologie d'analyse de ce processus. 1. Le contexte géostratégique et socio-politique qui est à la base de ce processus; aux lendemains de la chute du mur de BERLIN, de l'implosion du monde soviétique et de la guerre du golf; a radicalement changé depuis septembre 200l. 2. Depuis septembre 2001, ce sont les préoccupations sécuritaires qui dominent le mO::lde en général et la région euro méditerranéenne en particulier. Le partenariat euroméditéranéen est passé au quatrième plan après la lutte contre le terrorisme, l'immigration clandestine et l'élargissement de l'Union Européenne. 3. C'est le contexte qui était à la naissance de l'Union Européenne avec l'alliance Franco-allemande aux lendemains de la seconde guerre mondiale qui explique en grande partie la logique de l'élargissement de l'Union Européenne, en partant des accords PHARE en 1988 jusqu'à la mise en œuvre du dernier élargissement de l'union européenne aux huit PECO à partir du 1er Mai 2004. Annuaire GERM

4. Le processus de BERCELONE est global et ses trois volets, pour atteindre leurs objectifs et réaliser les missions qui leur sont assignées, devaient être intégrés et interactifs. Cette dynamique n'a pas joué pleinement, malgré les progrès importants réalisés par les économies en termes d'ouverture ; par les Etats en termes d'avancées et de transitions politiques et institutionnelles et par les sociétés en termes de participation civique et civile des citoyens. 5. En effet, le développement économique, les performances des entreprises(l), la création d'emploi et les investissements extérieurs n'ont pas répondu aux immenses attentes des économies et des entreprises dans les PPM. Malgré des progrès notables, les pays MEDA (sans ISRAÊL) reçoivent, 3 à 4 fois moins d'IDE que les régions comparables du monde (2). Le monde a connu au cours des dix dernières années des bouleversements remarquables. Le partenariat euro-méditerraneén, issu du processus de BARCELONE a en fait été largement parasité tant au nord qu'au sud. Malgré cela, ses résultats souvent jugés insuffisants nous paraissent prometteurs. Des résultats insuffisants, qualifiés de mitigés, au regard des attentes énormes et des ambitions excessives qui ont été présenté à son lancement, mais malgré tout tangibles dans beaucoup de domaines. Si sur le plan politique, les lenteurs du processus de paix israélo­ palestinien et l'instabilité croissante en Irak, constituent des entraves importantes, le contexte mondial lié aux attentats terroristes dans différentes régions du monde, rend le dialogue et les concertations obligatoires. Comment renforcer le dialogue politique en intégrant les questions de sécurité de tous les peuples et de la stabilité dan.<; l'espace euromed mais sans s'arrêter à ce stade ? Telle est la question essentielle qui se dégage des dix ans du processus de BARCELONE et que BARCELONE II se doit d'aborder.

1)Pour la seule année 2004, les entreprises européennes ont investi dans la seule Pologne plus que dans toute la rive sud de la méditerranée depuis 1995. 2) Site ANIMA www.animaweb.org /Document. ...citant les données de la CNUCED utilisées en septembre 2005. Annuaire GERM

Sur le plan économique, les investissements pnves, les délocalisations et les intégrations des entreprises du Sud dans les réseaux des STN (Sociétés Transnationales) du Nord, sont faibles, en comparaison avec les mêmes mouvements dans le monde(3). Mais les financements MEDAII sont de loin plus efficaces et mieux ciblés que ceux de MEDAI. Les prêts de la BEI et de la FEMIP sont mieux orientés et plus efficients depuis 2002. Les relations bilatérales sont mieux articulées au cadre bilatéral. Les IDE (investissements directs étrangers) dans le monde sont de 648 millions de dollars en 2004, soit une baisse de 2% par rapport à 2003, mais plus de 40% se font dans les pays en développement, avec 233 milliards de dollars. Ce sont les Etats­ Unis d'Amérique, suivis du Royaume Uni et de la Chine qui en reçoivent le plus. Le stock mondial des IDE est de 9000 milliards de dollars en 2004. Ce sont quelques 70.000 sociétés transnationales qui les détiennent. La région MEDA n'a reçu sur l'ensemble de ces flux que 1% des IDE, alors qu'elle abrite 4% de la population mondiale. Ces résultats faibles ne sont pas appelés à s'améliorer à court et moyen terme. Le poids considérable de la Chine, de l'Inde et dans quelques années du Brésil, du Mexique, de l'Afrique du Sud et surtout le poids des pays du Sud-est asiatique, ne fera que réduire la part de l'Afrique et des pays MEDA La prédominance des services et de la Recherche-développement dans le commerce et la finance mondiale, ira de plus en plus s'accroissant. Au Maroc, les investissements privés étrangers se sont améliorés dans le cadre du processus de BARCELONE, mais hors grandes opérations de privatisations, ils restent faibles. L'ensemble des IDE atteint 23,9 milliards de DH en 2003 et 15,1 en 2004. Les raisons de cette faiblesse contrastent paradoxalement avec l'optimisme ambiant au Maroc sur ce plan. Le climat général dans les pays du Sud de la Méditerranée explique en partie cette faiblesse mais il y a d'autres raisons structurelles.

3) voir rapport: La CNUCED - Rapport sur l'investissement dans le monde 2005. septembre 2005. Annuaire GERM

Malgré les efforts importants réalisés depuis cinq ans au niveau politique, institutionnel et des droits humains, la bonne gouvernance ne s'implante pas suffisamment. L'administration et la justice sont loin d'être efficaces. Les problèmes liés au foncier sont lourds et la culture de l'entreprise est lente à venir. La main-d'œuvre, quoique moins coüteuse, n'a pas les qualifications requises. La culture économique en général n'a pas encore suffisamment intégré l'organisation sociale du travail capitaliste. Des progrès remarquables sont faits dans le cadre de MEDA.II, de la FEMIP et des prêts bilatéraux, au niveau de l'amélioration de l'environnement de l'entreprise, dans les NTIC, dans les réseaux autoroutier et aéroportuaire; mais l'entreprise dominante n'évolue pas au rythme voulu. Le programme indicatif national (PIN) constitue une base de travail intéressante. Le PIN, articulé au nouveau statut que l'union européenne propose créent déjà une dynamique intéressante. Le statut avancé de pays de voisinage proposé par l'Union Européenne a été adopté par le conseil de l'Europe en Février 2005 et s'exprime par «tout sauf les instihttions». Le Maroc a bénéficié au niveau de MEDA pour 1996-2004 d'un montant de 1300 millions d'euros, soit une moyenne annuelle de 140 millions d'euros. Le Maroc a reçu en 2004, un montant d'IDE de 138 euros par habitant. Grâce à une dynamique réelle et à tille conception cohérente de la composante investissement, le Maroc a pu attirer depuis le début des années 2000, des projets importants et struchlfants dans des secteurs clés et avec de nouvelles filières. La BEI a prêté à des opérateurs marocains une enveloppe de 1480 millions d'euros de 1997 à juillet 2005. La mise à niveau des entreprises marocaines lancée depuis 1995, n'a en fait été prise au sérieux par les opérateurs locaux qu'à partir du 1er Mars 2002, avec la mise en place du démantèlement tarifaire. Le paysage économique aujourd'hui est beaucoup plus transparent sur le plan du diagnostic, mais peu brillant sur le plan des performances. La mis à niveau de l'entreprise sera difficile et des choix douloureux devront être faits. Annuaire GERM

Les faibles performances de l'entreprise marocaine font que des pans entiers de secteurs clés devront être sacrifiés dans le textile habillement, l'agroalimentaire, la sous-traitance et surtout dans les activités de commerce informel. L'Etat devra arbitrer et avoir les moyens financiers, logistiques et politiques pour réguler dans des domaines très complexes, à rni­ chemin dans la mise en place de la zone de libre échange(4) . La compétitivité de l'entreprise et de l'économie marocaines ne s'améliore que trop lentement. Les écarts à rattraper sont énormes et les avancées des pays émergents concurrents sont beaucoup plus nettes. La croissance marocaine est trop lente, elle esf de 4,8% du PIB entre 2001 et 2004 et 1,5% entre 1997 et 2000. La création de l'emploi suit un rythme beaucoup trop faible par rapport aux besoins d'un marché très demandeur. Avec tm taux de croissance démographique satisfaisant de 1,6%, le Maroc a entamé sa transition démographique depuis 1980-1985. Jusqu'en 2020­ 2025, la pression des jeunes sur le marché du travail et sur l'émigration va rester forte. Après cette période il va falloir gérer les grands dossiers de financement des caisses d'assurances, de retraites et des maisons de retraites. La question cruciale de l'émigration clandestine se pose et se posera de plus en plus. La Maroc est un pays émetteur de clandestins, il sera de plus en plus un pays de transit. La nature des échanges extérieurs du Maroc réste fondamentalement dominée par des productions de faible valeur ajoutée. Les secteurs exportateurs sont peu porteurs. Les exportations marocaines sont rigides et leur ralentissement depuis 2001, dénote une perte des marchés. Le taux de chômage reste malgré tout élevé et tributaire des aléas dans les secteurs primaires. Les activités non structurées, informelles se développement considérablement. Elles présentent un dilemme évident: D'un côté elles procurent des auto-emploi et génèrent des revenus mais de l'autre côté, elles pénalisent les productions structurées créatrices de valeur ajoutée.

4) Cf. Driss KHROUZ - Coordinateur ouvrage collectif : BARCELONA MONITORING. Suivi de l'accord de libre échange - publication de la Fondation FRIEDRICH EBERT STIFTUNOR. Rabat 2004. Annuaire GERM

En 2004, le taux de chômage urbain est de 18,4%, le rural est de 3,2%. Le taux de chômage des jelmes est de 15,4% en 2004. Chez les jelmes diplômés ce taux est de 25,6%. La croissance reste tributaire de la demande intérieure. Le marché est globalement cloisonné. Le marché financier est embryonnaire et ne joue pas le rôle dynamisant qu'il doit jouer sur l'investissement privé et la FBCF. Le renchérissement du prix du pétrole, les graves dangers politiques, écologiques et humains que représente le type de développement des pays continents comme la Chine et l'Inde, repose le problème des IDE, des entreprises réseaux et des délocalisations dans de nouveaux termes. Le contexte régional aujourd'hui, y compris les questions migratoires et leurs implications sociales et sécuritaires -ici et là bas-; constitue lm excellent plaidoyer en faveur d'un PEM renouvelé où le développement économique ; basé sur la dynamique des entreprises, doit servir de levier à un partenariat culturel, politique, social et économique, centré sur la personne humaine, l'équité et des projet d'avenir respectant les intérêts durables des partenaires. Les grandes problématiques du partenariat euro-méditerranéen

Le Partenariat Euro- Méditerranéen à l' ~preuve des conflits du Proche-Orient

Par Abdelouhab Maalmi

Dix ans après la Conférence de Barcelone, le Partenariat Euro­ Méditerranéen (PEM) semble n'avoir été ni une réussite exemplaire ni une faillite totale. Première expérience à l'échelle de la Méditerranée, le PEM s'est dès le départ imposé comme un processus complexe, global et à longue échéance. Aussi sa simple survie est-elle en soi un succès, contrairement à celui, sous impulsion américaine, des Conférences MENA (Middle East and North Africa Conference) qui, né un an plutôt, n'a pu lui résister aux coups de boutoir du conflit israélo-arabe - mais que le nouveau projet du Grand Moyen-Orient tente de rééditer avec cette fois le parrainage du G8. Le PEM a non seulement survécu, mais a fonctionné et produit des résultats concrets. Impulsé par l'UE, dont l'ambition affichée était, et demeure, d'en faire un modèle de coopération Nord-Sud qui se distingue nettement de celui des Etats-Unis (1), le PEM a donné lieu à de nombreux forums, réseaux et autres organismes de dialogue, de débats et d'action commune ; il a présidé à la signature de plusieurs accords d'association, et permis la mobilisation de ressources appréciables - MEDA 1, MEDA II, BEI, FEMIP- pour financer les divers programmes de coopération dans Annuaire GERM

lesquels occupent une place de choix le secteur privé et les associations de la société civile. Le PEM a aussi évolué et s'est enrichi au fil des années, parallèlement à l'évolution interne de l'DE (intégration, élargissement), et grâce à l'intégration de l'espace méditerranéen d'abord dans la PESC (politique étrangère et de sécurité commune) dès l'an 2000 (Stratégie commune pour la région méditerranéenne adoptée lors du Conseil européen de Santa Maria de Feira de juin 2000), puis dans la PESD (politique européenne de sécurité et de défense) depuis la se Conférence du PEM à Valence en 2002, et surtout depuis 2003 quand le Conseil européen s'est doté d'une Stratégie Européenne de Sécurité ouverte sur les pays tiers méditerranéens (PTM), notamment en matière de gestion des crises. Mais l'évolution la plus importante, quoique diversement appréciée au Sud, demeure le lancement par le Conseil européen de Copenhague de décembre 2002 d'une «Nouvelle Politique de Voisinage pour l'Europe élargie» qui sera discutée à la 6e Conférence euro méditerranéenne de 2003 à Naples, et entrera en vigueur à partir de mai 2004 avec l'adhésion effective à l'DE de dix nouveaux membres appartenant à l'Europe centrale et orientale. Ainsi est-il indéniable que grâce au PEM l'espace méditerranéen se trouve aujourd'hui doté d'un véritable régime régional de coopération Nord-Sud qui lui a longtemps fait défaut, et qui, potentiellement, peut encore se développer à l'avenir. Il demeure toutefois tout aussi indéniable que le PEM n'a pas fonctionné comme l'on s'y attendait, ni donné les résultats que l'on espérait. Cet aspect du bilan du PEM est abordé en détail ailleurs dans ce volume. Soulignons seulement ici que, outre l'insuffisance relative des fonds mobilisés, la faiblesse des investissements transférés (comparativement à d'autres régions comme les PECQ notamment)(2), les «blocages bureaucratiques »(3), le faible impact économique et social, et la prédominance de la préoccupation sécuritaire(4), les échecs les plus sérieux du PEM, du point de vue politique, demeurent ceux relatifs aux intégrations régionales, à la démocratie et aux droits de l'homme, à la sécurité et la stabilité, et au rapprochement psychoculturel Nord-Sud. L'écart entre le discours et la pratique en ces domaines est tel qu'il s'avère difficile, Annuaire GERM

selon certains auteurs, de parler vraiment d'une «voie européenne» de pratique de la politique internationale. Plutôt que d'être le promoteur de la construction effective d'une «commtmauté euro­ méditerrenéenne intégrée», le PEM s'est finalement réduit à une entreprise de coopération de type classique ou prédominent les intérêts nationaux (économiques, commerciaux et de sécurité) des Etats participants, notamment du Nord, favorisant ainsi quasiment le statu quo au Sud (5). Notre objet ici n'est pas tant le bilan du PEM en soi que le lien entre celui-ci et les conflits et crises qui n'ont cessé de secouer la région du Proche-Orient durant toute la période considérée. Autrement dit notre propos consistera à répondre aux trois questions principales suivantes: 1- Dans quelle mesure les conflits du Proche-Orient ont-ils affecté le fonctionnement et les performances du PEM ? 2- Le PEM a-t-il joué un quelconque rôle dans les processus de gestion ou de résolution de ces conflits? 3- Quels défis posent les conflits du Proche-Orient pour une véritable relance du PEM dans le sens qui ne trahisse pas les objectifs initiaux de la Déclaration de Barcelone? Effets des conflits du Proche-Orient sur le PEM Les causes historiques du PEM sont diverses et plus ou moins lointaines(6), mais celles qui ont précipité son avènement sont les événements liés au contexte de l'après-guerre froide en Europe (réintégration des pays de l'Europe centrale et orientale dans l'espace européen), au Maghreb (la crise algérienne), et au Proche­ Orient (guerre du Golfe, Conférence de Madrid et processus de paix israélo-arabe), sans oublier évidemment l'effet tout aussi crucial des perspectives de la libération commerciale multilatérale ouvertes par les Accords du GATT (décembre 1993), et la création de zones de libre-échange en Amérique (ALENA, décembre 1994), et en Asie Pacifique (APEC, novembre 1994). En ayant présents à l'esprit tous ces facteurs, on peut toutefois isoler celui qui est lié aux conflits du Proche-Orient et tenter de voir dans quelle mesure ces derniers ont eu un effet surdéterminant sur à la fois la naissance et les performances du PEM. Annuaire GERM

La guerre du Golfe de 1991 a, en effet, autant aggravé l'incompréhension et l'éloignement entre les peuples des deux rives de la Méditerranée qu'elle a créé chez les responsables du Nord et les élites dirigeantes du Sud un besoin pressant de contrecarrer cette tendance et d'éviter l'irréparable. La Conférence de Madrid d'octobre et novembre 1991, et les progrès des négociations israélo-palestiniennes en 1993 (accords d'Oslo, signés à Washington la même année) ont permis d'avancer dans ce sens. Grâce à ces deux événements majeurs ridée de partenariat, d'abord euro-maghrébin puis euro-méditerranéen, a pu émerger par-delà l'embargo imposé à la Libye (affaire de Lockerbie), et de la crise algérienne. C'est sans doute ainsi que l'on peut comprendre toute la série de Communications que la Commission européenne a présentée à partir de 1992 jusqu'à mars 1995, balisant la voie vers la Déclaration de Barcelone de novembre de la même année (7). Souhaitant la normalisation des relations entre Israël et ses voisins arabes, l'VE voulait soutenir le processus de paix par la création d'une zone euro-méditerrenéenne de stabilité politique et de sécurité sur la base d'tm partenariat socio-économique et d'un espace euro méditerranéen de libre-échange (8). Mais il est spécifié dès le départ que si les deux processus de Barcelone et de paix au Proche-Orient sont complémentaires, ils ne sont pas pour autant liés (9). Or dès 1996, les événements du Proche-Orient, notamment les difficultés de plus en plus sérieuses du processus de paix (suite aux élections du printemps 1996 en Israël, et à l'avènement du Cabinet Netannyahou de droite), et les péripéties de la crise irakienne, vont hypothéquer dangereusement le processus de Barcelone sur ce qui constihle son fondement de base à savoir le dialogue politique, la sécurité et la stabilité. Du coup, et contrairement à la Déclaration de Barcelone, le PEM va être intimement lié aux conflits au Proche-Orient. Positivement, en se transformant en un second forum de dialogue et de discussions après que la Syrie et le Liban eurent décidé de boycotter dès 1992 les négociations multilatérales du processus de paix (qui visaient à mettre fin au boycott économique arabe contre Israël et à instaurer la confiance entre ce dernier et son voisinage arabe à travers une coopération sectorielle, pratique et technique, comme appui aux négociations bilatérales). Négativement, en Annuaire GERM

servant d'arène aux protagonistes pour y transposer leur conflit et tenter d'y peser au mieux de leurs intérêts sur la politique européenne au Moyen-Orient. En effet dès la seconde Conférence du PEM (Malte, avril 1997), le groupe arabe demande que la question du processus de paix soit évoquée et qu'elle soit maintenue dans les conclusions de la réunion. En pratique cela s'est traduit par des discussions préliminaires sur le conflit en laissant à la Présidence européenne la responsabilité de l'établissement des conclusions soumises à consensus. Mais plus le processus de paix s'enlisait (10), plus le PEM trouvait des difficultés à progresser, au point que la Quatrième Conférence de Marseille (novembre 2001) a failli ne pas avoir lieu, la Syrie et le Liban ayant décidé de ne pas y participer. D'autre part, les Palestiniens, conjointement avec la Syrie et le Liban, deviennent, sur fond d'Intifada (septembre 2000), de plus en plus réticents à participer à la coopération régionale et à ses différentes activités. L'échec de plus en plus patent du processus de paix finit enfin par anéantir tout espoir d'avancer en matière de mesures de confiance, et bloque définitivement le projet de la Charte de stabilité auquel tient tant l'Europe et en premier lieu la France (11). n est significatif à cet égard que le groupe arabe, conduit par la Syrie et le Liban (12), ait non seulement exigé l'abandon de l'expression «mesures de confiance» au profit de celle plus vague de «mesures de partenariat» afin d'en limiter la portée et d'en geler l'expansion (13), mais s'est opposé à la tenue de toute conférence ou réunion euro méditerranéenne sur un territoire arabe même au niveau des experts (14). Entre le marteau des crises et conflits du Proche-Orient et l'enclume de sa logique propre, comment le PEM a-t-il réagi pour survivre et fonctionner même avec des résultats modestes? Réaction cl u PEM Le fait de rester le seul cadre de « dialogue » israélo-arabe ­ couplé évidemment à l'intérêt économique qu'il représente pour nombre de pays du Sud, y compris Israël et l'Autorité palestinienne, et au désir de la partie arabe de faire jouer à l'Europe un rôle d'équilibre plus actif dans les affaires du Proche-Orient, face à la prépondérance d'tille Amérique plus pro israélienne et Annuaire GERM

plus prompte à recourir à la manière forte- a permis au PEM de survivre tant bien que mal à l'effondrement du processus de Madrid, à la crise irakienne, au 11 septembre et à ses conséquences. Le rôle actif de l'Europe en tant que telle dans les processus de conflit et de paix au Proche-Orient remonte, comme cela est connu, à la fameuse Déclaration de Venise de 1980 favorable à l'OLl~ mais elle date surtout de la guerre du Golfe de 1991 quand elle a promis une initiative de paix en faveur du conflit israélo-arabe une fois le Koweït libéré. Dans le processus de Madrid elle a pris une part active dans les négociations multilatérales en présidant le groupe de travail pour le développement économique régional, et en soutenant financièrement l'ensemble du processus, et tout particulièrement l'Autorité palestinienne suite aux Accords d'Oslo de 1993 et 1995. Elle s'implique encore davantage à partir de 1996, par l'envoi en Syrie en février 1996, sous la conduite de l'Italie, de la Troïka européenne, et la nomination pour la première fois d'un envoyé spécial au Proche-Orient en la personne de l'ambassadeur espagnol M.A.Moratinos (novembre 1996). Elle tente également d'améliorer ses relations avec Israël en instituant le«dialogue VE­ Israël» en 1997, ce qui permit une rencontre entre Arafat et le ministre des Affaires étrangères israélien D.Levy à la Conférence du PEM de 1997 à Malte, et la visite dans la même période d'un délégation israélo-palestinienne au Parlement européen. En 1999 elle apporte son soutien à la déclaration d'Arafat relative à la proclamation de l'Etat palestinien à la date prévue par les Accords d'Oslo (Sommet de Berlin de mars 1999), ce qui contribua à la chute du Cabinet Netannyahou et permit l'arrivée au pouvoir du leader travailliste E.Barak. En octobre 2000, elle se fait représenter par J. Solana, le coordonnateur de la PESC, et A.M. Moratinos, son envoyé spécial, au sommet de Sharm el- Cheikh sur la situation dans les Territoires occupés, et fait partie de la commission Mitchell chargée d'enquêter sur le causes de la seconde Intifada, et suggérer des propositions pour mettre fin à la violence et permettre la reprise des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne. Après le 11 septembre, l'VE soutient la «vision» de G.W.Bush d'un Etat palestinien qui vit en paix côte à côte avec l'Etat hébreu (déclaration de Tony Blair devant Arafat à Londres en octobre 2001), et participe à l'élaboration de la «Feuille de route pour la Annuaire GERM

paix au Proche-Orient» (septembre 2002-avril 2003) dans le cadre d'un groupe diplomatique dit «quartet» composé des Etats-Unis, de la Russie, de l'UE et de l'ONU. Sur l'Irak et l'Iran les Européens, ou du moins une partie d'entre eux, notamment la France et l'Allemagne, ont toujours eu des points de vue qui tranchent avec ceux des Etats-Unis: dialogue critique contre double endiguement, négociation et persuasion contre confrontation, s'agissant de l'Iran; désaccords sur : sanctions, frappes aériennes et invasion pour détention d'armes de destmction massive, concernant l'Irak (15). Bref, ces divergences avec les Etats­ Unis sur ces deux pays (ainsi que sur la lutte contre le terrorisme, notamment à propos de la doctrine américaine de la guerre préventive), jointes à des velléités de jouer un rôle politique plus conséquent dans le conflit israélo-palestinien, ont permis à l'Europe de conserver au PEM un certain crédit auprès de la partie arabe. A cela il faut évidemment ajouter le poids que représentent au sein du PEM des pays tels que l'Egypte, la Jordanie, l'Autorité palestinienne, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie en tant qu'acteurs régionaux entreprenants, et ardents défenseurs du PEM avec lesquels (en plus d'Israël et du Liban) l'UE a pu signer des accords d'association. D'un autre côté, le PEM bénéficie dans la partie occidentale de la Méditerranée d'lm appui de taille qui consiste dans le groupe 5+5 formé des cinq pays de l'UMA (Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye) et des cinq pays de l'Europe du sud (Portugal, Espagne, France, Italie, Malte), et dont la création en octobre 1990 sous le nom de «Dialogue 5+5» a été parmi les principaux facteurs qui ont préparé l'avènement du processus de Barcelone (16), et dont les réunions ont servi souvent, notamment depuis 2001, à dynamiser le PEM et à l'empêcher de sombrer sous l'effet des bmits et fureurs du Machrek. Le processus de Barcelone fête en novembre 2005 son dixième anniversaire. En fait il se trouve à la croisée des chemins: va-t-il progresser vers la construction d'une véritable communauté régionale euro méditerranéenne? Ou bien va-t-il continuer de fonctionner comme il l'a fait jusqu'à présent, c'est-à-dire à la manière bureaucratique et sécuritaire, dans un esprit plus proche de l'assistance classique que d'un partenariat véritable, nonobstant les principes et discours signifiant le contraire? Cette question sur Annuaire GERM

l'avenir du PEM ne nous intéresse ici que dans la mesure où elle est liée aux défis auxquels celui-ci se trouve confronté du fait de ses interactions internes et extérieures Défis au PEM Vn partenariat véritable est celui qui repose à la fois sur la solidarité et le respect mutuel comme principes éthiques de base, et sur la coresponsabilité comme principe pratique d'une bonne gestion des questions d'intérêt commun. C'est aussi celui qui, pour être performant - par apport à l'objectif ultime qu'est ici l'avènement d'une communauté régionale euro-méditerrenéenne -vise à apaiser les conflits, à promouvoir les intégrations régionales, et à favoriser dans l'aire qui est la sienne l'enracinement des principes et pratiques de la démocratie, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance. S'agissant du PEM, cela suppose que ce dernier puisse relever au moins trois séries de défis. La première a trait aux divisions internes à l'VE qui, allant s'accentuant au gré des extensions, empêchent celle-ci d'avoir tme vision cohérente commtme et du partenariat qu'elle veut effectivement établir avec les pays tiers méditerranéens, et des élargissements successifs qui lui imposent chaque fois des voisinages de plus en plus étendus et hétérogènes, et par conséquent une réadaptation continue et des stratégies et des moyens qui risquent d'être en fin de compte au détriment des PTM, arabes essentiellement. C'est ce qui pousse B. Khader, spécialiste connu des affaires de la Méditerranée, à revendiquer tme réorientation radicale de la politique méditerranéenne de l'VE vers un partenariat spécifiquement euro-arabe, à ses yeux bien plus significatif qu'un partenariat euro- méditerranéen(17). D'abord parce que, assure +it il existe bien une identité arabe, or tel n'est pas le cas de la Méditerranée; deuxièmement, les PTM non arabes ont soit intégré l'VE (Malte, Chypre), soit ont le statut de candidat ( la Turquie, qui a en plus déjà signé un accord douanier avec lIVEt soit n'ont pas besoin de partenariat (Israël qui, en raison de son niveau de développement économique, technologique et politique, bénéficie déjà du libre- échange et participe aux programmes de recherches de l'VE) ; enfin, un partenariat euro-arabe, toujours selon le même spécialiste, peut se prévaloir d'ici à 2025 d'un potentiel démographique énorme (un milliard d'habitants), Annuaire GERM

équivalent à celui de l'Inde, à peine inférieur à celui de la Chine...et plus que le double de celui des pays de l'ALENA (Etats­ Unis, Canada, Mexique) ! La seconde série des défis concerne encore l'Europe mais cette fois en tant qu'acteur international(18). Il est évident que l'UE ambitionne de devenir une puissance politique mondiale, et de n'être plus qu'un simple espace économique même le plus important de la planète. L'adoption et l'institutionnalisation des politiques commlmes en matière de relations extérieures (PESC), de défense et de sécurité (PESDC, SES) en sont la preuve. Il est non moins évident qu'une telle ambition, très légitime du reste, déteint sur les relations transatlantiques et affecte par ·conséquent les politiques régionales et des Etats-Unis et de l'UE, notamment en Méditerranée et au Moyen-Orient. En effet, depuis le début des années quatre-vingt-dix, déjà à propos de l'OTAN, puis des Balkans, et lors de la guerre du Golfe jusqu'à l'invasion anglo-américaine de l'Irak, la France notamment, au nom de l'équilibre et du multilatéralisme, s'efforçait de poser l'Europe comme contrepoids à l'hégémonie américaine, et comme défenseur de l'ONU et du droit international, tantôt avec le soutien de pays européens telles que l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie ou la Belgique, tantôt en s'alliant avec la Russie ou la Chine (19). Au Moyen-Orient et en Méditerranée une rivalité euro-américaine s'est faite nettement sentir depuis 1991, à coup de grands projets, zones de libre­ échange et autres initiatives régionales de dialogue ou de partenariat, mais jusque là sans effets immédiats importants sur les régions concernées. Déplorant une telle rivalité, H.Kissinger y voit, à tord ou à raison, une stratégie globale de l'Europe qui vise à réduire l'influence des Etats-Unis, en faisant fi de cette donnée incontournable qu'est la suprématie militaire américaine (20). En fait, s'agissant de l'Europe, il n'est pas du tout clair si cette rivalité a pour objectif ultime de contrebalancer l'hégémonie américaine dans un jeu d'équilibre classique, ou de servir tout simplement d'aiguillon pour consolider l'lmité européenne et réussir le passage rapide au statut de l'Europe-puissance. Quoiqu'il en soit, l'expérience a montré que non seulement l'Europe ne peut se construire contre les Etats-Unis (21), mais Annuaire GERM

qu'encore la rivalité euro-américaine risque d'être négative pour le reste du monde, en paralysant par exemple l'action de la commtmauté internationale face à des crises ou conflits, en incitant à l'unilatéralisme, ou en neutralisant des initiatives de coopération internationale en faveur de pays ou régions du Sud. A propos du processus de Barcelone justement, des voix européennes en effet, s'élèvent de plus en plus pour critiquer le fait que les Etats-Unis en soient exclus, ou que les projets européens et américains de partenariat se télescopent et se fassent concurrence dans une course insensée à la Méditerranée ou au Moyen-Orient élargie (22). Du point de vue du Sud, la rivalité euro- américaine peut paraître tme aubaine car elle rappelle le temps oû le Tiers-monde jouait l'Amérique contre l'Union soviétique pour en tirer le meilleur profit en termes de marge de manœuvre et d'avantages politiques et économiques. En fait le contexte aujourd'hui est tout à fait autre. Ni les rivaux sont des ennemis irréductibles, ni les enjeux sont semblables à ceux de la guerre froide. En outre, en termes purement de puissance et d'influence, l'Europe n'est nullement comparable à la défunte URSS. C'est dire que dans le contexte mondialisé achlel, oû le modèle libéral, quelles qu'en soient les variantes, est l'unique référence, seuls les régimes despotiques ou corrompus, et les Etats agresseurs ou violeurs de la légalité internationale (dont Israël) peuvent profiter des luttes d'influence entre l'Europe et les Etats-Unis, mais nullement le Sud en tant que tel dont les besoins urgents en termes de développement, de modernisation et de bonne gouvernance exigent plus que jamais le concours de la communauté internationale et l'action concertée des grandes puissances, notamment des Etats-Unis et de l'Europe. La troisième série de défis, enfin, est propre aux pays du sud de la Méditerranée au sens large, autrement dit le monde arabe. Or celui-ci, depuis la fin de la guerre froide, semble ne vivre que des catastrophes, n'avoir aucune prise sur la réalité, et n'être capable d'aucune adaptation si ce n'est de l'inertie ou pire, de l'action violente erratique, en guise résistance au nouvel ordre du monde. Il est en effet significatif de constater que seul le monde arabe, à quelques rares exceptions, est resté en dehors des processus de démocratisation et d'intégration régionale nord-sud et sud-sud Annuaire GERM

qu'ont connus d'autres reglOns du monde depuis le début des années quatre-vingt-dix, mais que dans le même temps c'est la zone ou les interventions extérieures sont tellement massives et prégnantes qu'elles paraissent représenter les seuls facteurs d'évolution possibles et décisifs pour cette partie du monde. Les deux guerres contre l'Irak, le processus de paix israélo-palestinien, les résolutions du Conseil de sécurité contre la Syrie à propos du Liban, les Conférences MENA, le projet du Grand Moyen-Orient, et la Nouvelle Politique de Voisinage de l'UE, illustrent parfaitement cet état de fait et semblent, par conséquent, exposer le monde arabe à trois scénarios possibles: Un scénario-catastrophe en termes d'extension de la violence et de l'instabilité, si les réformes échouent ou tardent à venir, et que les frustrations augmentent, et les crises d'identité s'aggravent; lm scénario tendanciel, si devant les résistances, l'inertie et la multiplication des incompréhensions, les grandes puissances relâchent leur pression et se désintéressent par lassitude de l'avenir à long terme de la région en se concentrant sur leurs intérêts à court terme; un scénario d'espoir enfin, si grâce à des pressions extérieures adroitement exercées, couplées à des incitations conséquentes, les forces démocratiques et de progrès se renforcent et investissent le pouvoir politique, et que des projets régionaux intégrateurs sont mis en place et aboutissent. Certes, les réformes, la démocratie et l'intégration régionale sont d'abord la responsabilité première du Sud, mais, comme l'écrit B.Khader, «par une sorte d'effet d'annonce, par des incitants multiples, par des conditionnalités positives, par des messages clairs et par une vision fondée sur un avenir solidaire, l'UE peut contribuer à casser le statu quo actuel et amorcer les transformations souhaitées» (22). En conclusion, les conflits du Proche-Orient ont sûrement empêché le PEM de fonctionner tel que le promettait la Déclaration de Barcelone, mais ils ne l'ont pas enterré. Mieux, le PEM a même servi par moments, telle une soupape de sécurité, de cadre de «dialogue» alternatif quand les négociations de paix au Proche­ Orient entraient en crise, s'enlisaient ou s'effondraient. Toutefois, on peut légitimement se demander si les conflits du Proche-Orient n'ont pas servi aussi de prétexte pour justifier ou masquer des dysfonctionnements inhérents au PEM lui-même? Annuaire GERM

Références 1 Volpi Frédéric, Regional Community Building and the Transformation of International Relations: The Case of the Euro-Mediterranean Partnership, in Mediterranean Politics, vo1.9 (summer 2004) n° 2, pp.145-164. L'auteur y discute, à partir de l'exemple du PEM, la thèse de R.Kagan selon laquelle les Etats-Unis et l'Europe conduiraient leur politique internationale en fonction de conceptions opposées de l'ordre mondial, les premiers en termes de politique de puissance classique, les seconds en termes d'une notion plus« post­ moderne » de la puissance, rejetant la force et donnant la primauté au droit, cf. Robert Kagan, Paradise and Power : America and Europe in the New World arder, Atlantic Books, London, 2003. 2 Ridha Gouia, Les flux d'investissements étrangers directs dans les pays sud-méditerranéens, in Alternatives du Sud, vol.VII (2000) nO 4, pp.81-100. 3 Béatrice Hibou, Le Partenariat en réanimation bureaucratique, in Critique internationale, n° 18, janvier 2003, pp.114-128. 4 Taoufik Bourgou/ Frédéric Ramel, Les perceptions de la menace en Méditerranée dans l'après-guerre froide: Regards croisés, in M. Bacot-Décriaud/ J-P. Joubert/ M-C. Plantin, La sécurité internationale d'un siècle à l'autre, l'Harmattan, Paris, 2001, pp.383-411 ; alfa Lamloum, L'enjeu de l'islamisme au cœur du processus de Barcelone, in Critique internationale, op.dt., pp.129-142. 5 Volpi Frédéric, op.dt., pp.156-161. 6 Bichara Khader, Le Partenariat Euro-Méditerranéen : Le processus de Barcelone, une synthèse de la problématique, in Alternatives du Sud, op.dt., pp. 13-22. 7 Il s'agit des Communications sur : «L'avenir des relations entre la Communauté et le Maghreb» du 30 avril 1992 ; «L'avenir des relations et de la coopération entre la Communauté et le Moyen-Orient» du 8 septembre 1993 ; « Le soutien de la Communauté au processus de paix au Moyen­ Orient» du 29 septembre 1993, ainsi que de la Communication au Conseil et au Parlement européen intitulée «Renforcement Annuaire GERM

de la politique méditerranéenne de la Communauté européenne établissement d'un partenariat euro­ méditerranéen» du 19 octobre 1994 revue et représentée sous forme de propositions en mars 1995. 8 Bichara Khader, Le Partenariat Euro-Méditerranéen, op.cit., pp.19-20. 9 La Déclaration de Barcelone établit le lien entre les deux processus en ces termes: « Soulignant que cette initiative euro­ méditerranéenne n'a pas vocation à se substituer aux autres actions et initiatives entreprises en faveur de la paix, de la stabilité et du développement de la région, mais qu'elle contribuera à favoriser leur succès ». . 10 Outre la recrudescence de la violence du fait de la résistance palestinienne (islamiste notamment) hostile aux Accords d'Oslo, et de la répression outrancière des forces d'occupation israéliennes, les moments les plus difficiles pour le PEM ont été les périodes de Netannyahou (mai 1996­ mai 1999), et de Sharon (depuis février 2001), et aussi les premiers mois (de janvier à septembre 2001) du premier mandat de G.W. Bush, marqués par une fixation sur l'Irak de S.Hussein contre une indifférence totale à l'égard du conflit israélo-palestinien . 11 Ce n'est qu'à la troisième Conférence de Shlttgart (avril 1999), durant le mandat du leader travailliste Ehud Barak (mai1999- février 2001) en Israël, que le projet de la Charte a connu quelques progrès par l'adoption d'un «Document­ cadre» intermédiaire définissant les orientations pour la struchlfe et le contenu du projet. 12 Dans le cadre du PEM s'est constitué un groupe de coordination arabe présidé par la Syrie depuis 1998, après l'avoir été par l'Algérie de 1995 à 1998, et le Liban durant quelques mois de l'année 1998. 13 Le climat de suspicion ayant repris le dessus avec l'arrêt des négociations de paix israélo-syriennes (janvier 1996) et le raidissement de la position israélienne (à partir de mai 1996), la partie arabe, dominée par une «culhlfe de sécurité» en décalage complet par rapport à celle européenne très Annuaire GERM

imprégnée par l'expérience du processus d'Helsinki de 1975, s'oppose à l'adoption de nouvelles mesures de confiance et lie toute avancée en ce domaine à l'aboutissement du processus de paix au Proche-Orient. Voir à cet égard, J.Le Morzellec, Le Partenariat Euro-Méditerranéen : La consolidation d'une zone de paix et de stabilité, in Filali Osman et Christian Philip, Le Partenariat Euro­ Méditerranéen. Le processus de Barcelone : Nouvelles perspectives, Bmylant, Bmxelles, 2003, pp. 65-83. Il est à souligner que la Syrie, active et influente au sein du groupe de coordination arabe qu'elle présidait depuis 1998, tenait en suspicion l'ensemble du processus de Barcelone en lequel elle voyait un nouvel instmment de l'impérialisme occidental visant à diviser les Arabes et à s'ingérer dans leurs affaires intérieures pour le seul bénéfice des Occidentaux et d'Israël, voir Habeeb Hani (ambassadeur syrien, chargé du partenariat euro-méditerranéen), Le Partenariat Euro-Méditerranéen: Le point de vue arabe, Publisud, Paris, 2002. 14 Michel Vauzelle, Le dialogue euro-méditerranéen après Barcelone : Bilan et perspectives. Rapport à la commission de affaires étrangères de l'Assemblée nationale, éd. l'Assemblée nationale, Paris, 1999. 15 Pour le rôle de l'UE au Proche-Orient, voir S0ren Dosenrode/ Anders StubkjéEr, The European Union and the Middle East, Sheffield Acdemic Press, London, 2002 ; Robert O. Freedman, The bush Administration, the European Union and the Arab-Israeli conflict, in Robert O. Freedman (ed.), The Middle East Enters the Twenty-first Century, University Press of Florida, Gainsville, 2002. 16 Tunis 2003: le Sommet 5+5 : reconstruire la Méditerranée, dossier in Les Cahiers de l'Orient ( Paris), nO 72(2003,; voir aussi lés articles de Khalifa Chater et Chedly Ayari in revue Etudes internationales (Tunis), n° 90 (2004). 17 Bichara Khader, Partenariat Euro-Méditerranéen ou Partenariat Euro-Arabe : Perceptions et propositions, www.euromed-forum.rzet/workshoplkhader.htm (10/04/2005). Annuaire GERM

18 S0ren Dosenrode / Anders Stubkjéer, op.dt., chp.l, The European Union's Foreign Policy: The Developpement of an International Actor, pp.2-33. 19 J.Patras and M. Morley, Contesting Hegemon: US-French relations in the "New World Grder", Review of International Studies, n° 26 (1),2000. 20 Entretien à la revue Politique internationale, nOlO, été 2003. 21 La crise irakienne en a été l'illustration la plus éclatante, voir L.Cohen-Tanugi, Le Monde, 24 octobre 2003. 22 B.Khader, op.dt. ; François Daguzan, La Méditerranée au prisme du nouveau panorama stratégique, .www.defnat.com (11/04/2005) ; S. Biscop, The European Strategy and the Neighbourhood Policy :A New Starting Point for a Euro­ Mediterranean Security Partnership, ·www.irri-kiib.be (10/04/2005) ; F. Attina, The Euro-Mediterranean project of Security Partenership in Comparative Perspective, Jean Monnet Working Papers (JMWP), n052, september 2004, University of Catania. 23 B. Khader, Partenariat Euro- Méditerranéen ou Partenariat Euro-Arabe: Perceptions et Propositions, op.dt. Fouad M. Ammor GERM (Morocco)

[email protected]• c;;

SECURITY IN MOROCCO: A POPULAR ISSUE AFTER 16TH MAY 2003

In this presentation, security will be addressed towards three perspectives: the first one will discuss the NATO dimension, especially within the Mediterranean Dialogue of NATO. The second will highlight the Euro Mediterranean one; precisely in the light of the Barcelona process. And the last point of analysis will be the internaI perspective: issues that were these days strongly raised. Il Security within the Mediterranean Dialogue of NATO Since the end of the cold war, NATO takes into consideration the big change in the international relations. In this way, NATO re­ thinks its poliey in the Mediterranean area in three directions: a) assuring peace and stability of its members, b) Combating the spread of WMD, c) creating a new partnership in order to maintain peace in this area. In fuis perspective, in 1994, during Brussels' summit, the first pillars for a bilateral dialogue were set up between the Mediterranean countries of both sides and the NATO's members. Then, in this framework, sorne countries, Morocco, Tunisia, Mauritania, Egypt, and Israel were invited to take part, in February 1995, at the first meeting of the Mediterranean Dialogue. In November 1995, Jordan and Aigeria were invited to participate in this Dialogue. Annuaire GERM

This Bilateral Dialogue expresses the approach to security's issues of Europe by NATO. The first objective of the Bilateral Dialogue is to irnprove the communication of the airns and the role of the NATO. But this role of preserving security is extended towards the security and stability of the rnernbers who are involved in the Bilateral Dialogue. In fact, the Bilateral Dialogue is one of the important signs of the post-cold war strategic changes. It is a response to the big change in the Southern and the Eastern shores of the Mediterranean area. The second Golf war (1991) and peace initiative in the Middle East after the Madrid summit in 1991 have introduced another geo strategie dimension of peace and security. FOlir topies were registered then on the agenda: Disarmament, water, asylum, and economic cooperation and enviromnent. It is worth reminding that this Dialogue was held by some scholars and some cooperation programmes in a variety of scientifie fields, and also by the special status offers to some members to be observer members to the GA of NATO. Those members of the bilateral Dialogue are Morocco and Israel since 1994 and Egypt since 1995. The scientifie and military dimension of this cooperation consist of the visiting rnilitary instihttions of NATO, participating in some workshops and seminars, visiting seaports, training sessions in sorne military schools of NATO, participating in sorne military dernonstrations. Among some important actions between NATO and countries of Dialogue, is the participation of Morocco, Egypt and Jordan in the peace keeping operations conducted by NATO in Bosnia and Iierzegovina within the SFOR and IFOR forces. The continuation of the presence o/Morocco and [ordan among the NATO's forces FROC in Kosovo. Since the llth of September 2001, NATO members have focused on the importance of the Mediterranean Dialogue. The NATO Council in July 2003 announced that the Mediterranean Dialogue is one of the most important priorities of NATO. The fields of cooperation are, henceforth, military training, military medicine, rnilitary reform, terrorism, proliferation of WMD. Annuaire GERM

It seems that a mutual attention is given ta Dialogue between NATO and the Maghreb region, particularly Morocco and Aigeria. This latter showed a special active raIe in this Dialogue; in one year the president of Aigeria visited the Headquarter of NATO twice (December 2001-2002). Morocco, beside its participation within the peace force corps in Bosnia and Herzegovina had noticed, at the time of some events (meetings and exchange of views) that NATO's members dearly expressed their sympathy and support at the wake of the terrorist attacks of 16th of may 2003.

MOROCCAN DEFENCE: SOME DATA: Total strength: 196 000 (+ 20 000 gendarmes) Budget (in millions of $) : 1 700) Military expenditure: (% GDP) 5.31 Evolution of the Defence Budget (in %): 30.77 Military expenditure per capita: (in %) : 60 Military expenditure per soldier (in $) : 8673

Army: Military strength : 175000 Armoured cars: 520 military tanks

Air force: Military strength : 13500 Fighter (planes) : 75

Navy: Military strength : 8000 Frigates: 2

Source: L'Année stratégique 2004, sous la . direction de Pascal Boniface, Editions Etudiant, Paris, p 379.

In October 2003, Four Units belonging ta the maritime arsenal of NATO berthed at the Mediterranean Sea in arder ta do some mutual military exhibitions with units of Moroccan Royal Marine. Annuaire GERM

This operation is a component of the programme of cooperation and assistance between the two partners. Morocco considers his participation to the NATO activities as a strategic act and one the most foreign affairs' priorities. He sees his involvement in NATO activities the best way to commtmicate his position towards the two north cities (Seta and Melilia) which are still tmder the occupation of Spain. The Mediterranean Sea as a hole is likely to become more and more important in the future not only in the security point of view but also in the economic and social perspective, for security of the northern side of the sea is strongly linked to the stability of the region as a hole. It is obvious to recall that the Israeli-Palestinian peace process is one of the key factors of the stability of the region beside the Western Sahara problem which opposes Morocco and Aigeria. The stability of the Mediterranean region depends strongly but not exclusively on the ability to sort out those problems among others. III The perception of Security within the Euro Mediterranean Partnership For the Euro Mediterranean Partnership (EMP), the issue of security presents a big challenge because of the menaces that might affect the bilateral and multilateral relation between the EU and its southern Mediterranean neighbours, namely because of clandestine immigration, fanatic movements, and economic crises. The Barcelona Declaration of 1995 is a great futurist project and bearing fundamental values that- if implemented properly- will assure stability and prosperity in the EMP cotmtries. EMP has played an important role in implementing many real and practical projects in Morocco through cooperation and conventions of exchange of products and experience. It is also worth mentioning that the projects latmched by the European Union in Morocco, and other countries of the southern part of the Mediterranean, like MEDA in the domains of education (Tempus program, and Erasmus Mundus in the coming years) and socio economic development within the same project and others are very interesting and effective instruments of reform and development in the third world, namely the MENA area. But this Annuaire GERM

cannot be achieved without a mutual will and hard work, and a practical neighbourhood policy. Morocco is considered as a privileged partner by the EU that supports its economic and social reform program. The amount al10cated is about 700 millions euros as a gift in the framework of MEDA II (2000-2001). This amount was 610 millions Euros for MEDA 1 (1996-1999). Conceming MEDA l, the signing of the association's agreement in 26/2/96 was the starting point of the accompaniment of the transitional economic process and the establishment of the free trade area. Since 1996, the establishment of MEDA was the framework of the new generation of financial cooperation that came out of the Barcelona Process. The National Indicative Program (PIN) 1996-1998 was defined as a priority in this cooperation, the support of economic transition towards an effective and open economy plus a reinforced support of a social equilibrium during the economic restructuring process. About thirty projects for an amolmt of 630 M Euros were set during the period 1996-1999 divided up towards the three sectors as follows: support of economic reforms (19%), support of the economic transition (29%) and the strengthening of socio-economic equilibrium. Even though the absorbing capacity of Morocco of the MEDA funds was sufficient, the experiences of the implementation of the projects remain, nevertheless, limited especially in terrns of time required to put MEDA process into practice. At the end of 2000, the level of payment reached 28% out of the amount engagement during the period 1996-1999. As far as MEDA II is concemed, the programming for this new period was based on the CSP 2000-2006 and the PIN 200-2002. In order to facilitate the implementation of the program and to enhance its impact, it was dedded with the Moroccan national coordinator to concentrate on the finandal means of MEDA II within a small number of priority sectors. Yet, this great project of Barcelona Process concentrated in the basket of security on military cooperation between the signing countries in the area of fighting WMD proliferation and purchase Annuaire GERM

and drugs and humans trafficking trade. May be we were not enough conscious of the fact that security concerns civilians in the first place as they are the most vulnerable targets or victims of dangers and menaces and not authorities. However, the future of the EMP highly depends on peoples' security by reviewing the way they dealt with this issue from a kind of exclusive point of view. In this paper, 1 will discuss the way in which security has become a popular concern in the 2000s from a Moroccan perspective, namely for the present after 10 years of the Barcelona Declaration. In fact, before 1995, the relation between Morocco and Europe was exclusively financial and economic. Most of Moroccan relations were based on conventions of cooperation and exchange of products especiaIly in agrictùtural and technological assistance. The declaration of Barcelona is a holistic approach in which the economic dimension is one of the main others: the political, social, and cultural. The Barcelona Declaration is the first among other regional agreements aIl over the world which stresses the crucial role of civil society in this relationship. Accordingly, economic development is tied to Democracy, while this latter is a prerequisite condition for Security (EuroMeSCo Report "Barcelona Plus: Towards a Euro-Mediterranean Community of Democratie States) 1111 Important security issues of modem Morocco It should be remembered that the EMP for Morocco constitutes a sort of Lever of this country's reform, for the EMP inspires a kind of readiness to implement political as weIl as economic and social reforms. Being a linking point between third world and first world due to its belonging to Africa and the Middle East, Morocco is facing many dangerous menaces that might affect the fuhlre of its stability and development negatively. These dangers can be summarized in three main points: 1 Western Sahara Issue 2 Clandestine Immigration 3 Terrorism and fanaticism Annuaire GERM

11 Western Sahara Issue When Morocco got its independence in 1956, two enclaves remained within the hands of Spain (one of the two colonised powers then). Given the bargaining power at this moment between Spain and Morocco, the issue of Seta and Melila and West Sahara was not raised by Morocco. The sovereignty of the Western Sahara remains the subject of dispute between the Govemment of Morocco and the Polisario Front (Popular Front for the Liberation of the Saguia el Hamra and Rio de Oro), organization seeking independence for the region. In fact, it is Algeria who expressed itself via Polisario for historical reasons. To understand that, we have to remember the competition of the two economic and ideological systems in this region: the socialistlcommunist one represented by Algeria and the liberal/capitalist one leading in the region by Morocco. After Spain withdrew from the area in 1975, the Moroccan Government sent troops into the Western Sahara, and extended its administration over the southern province of Oued Ed-Dahab. Moroccan and Polisario forces fought intermittently from 1975 unti11991 ceasefire and deployment in the area of the United Nations peacekeeping contingent known by its French initiais, MINURSO. In 1975, the International Court of Justice issued an advisory opinion on the stahlS of the Western Sahara. It had to answer two questions: a) was this region a terra nullius and b) what about the nature of ties between this region and Morocco? The judgement given was: this region was not terra nullius and Morocco, had ties of allegiance with it. Accordingly, Morocco considers recovering the Western Sahara as a sort of achieving the processes of decolonisation. Algeria backing Polisario, gives, not only a part of its territory for sorne refugees from Sahara, but also tries, at the regional and internationa11evels, to defend the idea that Western Sahara has to be free and Polisario has to govern it. In 1988, Morocco and the Polisario accepted the UN plan for a referendum allowing the Sahraouis to choose between integration with Morocco or independence for the territory. However, Annuaire GERM

disagreements over voters' eligibility were not resolved and a referendum has not yet taken place. Since it is quasi impossible to recognise who is sahraoui and who is not, and since the last administration census organised by the Spain in 1974, the solution of this issue could be only political one. At this point, and since this conflict is a heritage from the cold war period, EU has to be more involved in order to get a political solution between Morocco and Aigeria. To what extent the European leaders (decision makers) are aware of the importance of this issue? This is another question. We are at the deadlock. This situation of instability worsens the economi~ and political conditions of the region. The pace of armament costs a lot and this effort is done at the expense of the economic and social development of this area. Both the MENA or Maghreb Arab Union areas to whieh Morocco belongs are bombs that might expIode at any time if a conflict over the Moroccan Sahara was not solved between Morocco and Aigeria, whieh can cause a very destmctive war. As the self determination project is not accepted by Morocco and the Aigerian authorities refuse to cooperate because of geo­ strategie interests, the future of this region could be a source of great instability. 2/ Immigration and security In the last two decades, migration has taken many different dimensions, for it does concern seeking job opportunities. Therefore, the EU has started in the last years to take many procedures to stop people's flows to the member states; mainly in what concerns visa conditions. Yet it has not yet been able to control clandestine immigration. And since Morocco is very near to Spain, it is an ideal place for clandestine immigration's activity in the north (Tangier, Nador...) and south (Laayotme). Hence, many Moroccan young men and sub­ Saharans die every day drowned in water or caphlred by the Spanish in the shore. Indeed, Morocco in the last years started with collaboration with the Spanish authorities'- campaigns to control this activity. There have been legislative procedures of imprisonment of traffickers from five years to life prison, sending Annuaire GERM

poor clandestine victims back to their countries by signing agreements of cooperation with sorne African countries like Nigeria. EMP's role in controlling immigration and of course attacking drug, human beings trafficking, and arms illegal trade- is to enhance projects of development in the source cotmtries: young people who do not have any jobs opportunities because of low educational level, or unsuitable diplomas with the business market, or little opporhmities- think that Europe is the "Land of Promise or Eldorado". We cannot deny the fact that poverty and joblessness in southem countries are one direct causes of religious fanaticism. And to defend itself from the danger of such groups, the European Union has adopted a security and defensive approach to migration to hinder such people from entering its land and spreading their ideas among the generations of ancient immigrants as it is the case in France, Germany, Belgium, and lately Spain (the llth March terrorist act) This extreme security approach is highly criticised because it does not conform to the EMP' aims in the Barcelona Process: that called for free circulation of trade with free circulation of people. Plus, migrants integration doesn't get enough attention by most European Union's members, for migration is seen as a security problem while it should be seen as a socio-economic one that should be solved.(Towards a Euro-Mediterranean Community of Democratic States, A EuroMeSCo report, April 2005) From the Moroccan point of view, illegal immigration is tied to development more than security from the EU view point. Accordingly, reducing these illegal flows requires an approach combining development, investment encouragement, and relocating major companies' activities to Morocco to provide jobs to many young people. This can be applied to other countries as weIl. 3/ Terrorism and fanaticism The 11 th March 2004 in Spain did not affect Morocco so badly because a rapid mobilisation of efforts; mainly by NGOs and the two concemed governments made it less hostile to Moroccans who live there. Indeed, there was a kind of mischief towards Moroccans but it vanished graduaIly: may be because our Spanish neighbours Annuaire GERM

are more tolerant and less violent for the historical and culhual links between the two countries. The 11 th March events have discouraged investment and postponed sorne plans of cooperation, but we should be aware that a mutual responsibility and assistance in the domain of security of the poorly developed countries in the domain (high technological means) can save the EMP from failure. If the 11 th September 2001 brought out new laws against terrorism and illegal arms trade, the causes of such violent acts have not got the same importance. Ithas tmforhmately made many southem countries in general show a worrying signs of moving backwards in terms of human rights and good govemance. We are all aware that Islamic movements present a big challenge to all Arab Moslem States because of the socio-economic crises and the problematic of legitimacy of political systems, but experience in Egypt and Algeria proved that limitation of the freedom of expression and violence only created violent reactions that make the state lose more than gain from such exclusive behaviour of a big component of opposition in the South. Therefore, freedom of expression with legal control is the only solution to stop any violent reactions in the future from fanatic groups or general protests from joumalists-whose job is to make all different trends of the society express their views and inform the people of what happens in their cmmtry- and the different components of civil society. Until the "Black Friday" of the 16th May 2003, Morocco was considered as a "safe" country from the threat of terrorism by comparing it to Aigeria and Egypt for instance. This terrorist attack that targeted three public spaces in Casablanca showed-for the first time- that Morocco or Moroccans were not immune against terrorism. From that moment of total panic and shock, Moroccans started asking questions like: were we really protected from terrorism? What security should we talk about in the future? What are we expected to do in order to protect ourselves from any new threats in the future? Can the state alone provide us protection? Why did these young men decide to kill themselves and others? How can we protect the coming generation from becoming "human bombs"? Annuaire GERM

In fact, the answers to the above questions were found in the attack itself and the places that were object of explosion. In a different way, the desire of these YOlmg men to explode themselves and kill others reflects a deep despair and refusaI of their life's miserable conditions and a protest against the big gap between a minority of rich happy elite and a majority of miserable unhappy common people. This event, according to Moroccan citizens and intellectuals­ had confirmed the existence of two in one: Morocco of the Centre and another of the Margin. lt should be pointed out that the choice of the targeted places was not arbitrary but it had a symbolic connotation to transmit a specific message: La Casa de Espaiia and Hotel Farah are forbidden luxuries to the margin who cannot afford a decent living while others enjoy aIl possible pleasures. While the attempt to explode the Jewish Cemetery expresses both a reaction against what happens in Palestine on the one hand, and a refusaI to the existence of different cultures and religions in Morocco: sorne Moroccan intellechlais think that the process of globalisation that gives one polar power aIl the rights to impose its principles and consuming values on the world pushes these young "bombs" to stick tmconsciously to their cultural roots which are embodied in Religion as it is the principal component of the Arab Moslems culture. Moreover, the investigations made about the kamikazes showed that they: - Come from very low social backgrounds where there are no real family ties that offer them psychological stability. - Live in very bad habitation where the simplest means of a decent clean living is absent: no electricity, clean water, protected houses from fires or any other dangers -These conditions deprive this class from enjoying education that enables them to get integrated in the job market or in social development. Consequently, they hate their existence, poverty, misery, and a State where there is no equal distribution of the country's riches between aU people. And having nothing to stick to in order to have a better life, these young people either commit suicide in "Death's Annuaire GERM

Boat" in an attempt to traverse the Mediterranean to a world where everyone is perceived equal and happy; or tum their heads to the Sky in order to go to "paradise where aIl their wishes come true" by leaving the world of unfaithfulness and egoism. Unfortunately, there are weIl organized groups who use religion to fulfil political aims through these "innocent victims", exploiting the "nihilistic situation in which they live". But, according to sorne thinkers, the movement of religious reform is a natural phenomenon in any society which is indeed totally different from the terrorist ideology. EquaIly important, we can say that this event was a real starting point of the mass involvement in the country's security, which pushed authorities to alter its view of people as subjects of its protective measures and not as participants in decision making as security concems them in the first place. It has become clear now that civilians should propose their opinions to maintain peace and stability in their countries according to their needs and not to the central state's interest: to keep in power over the masses. Hence, directly after 16th May 2003, manifestations, studies, articles, and analyses of the Moroccan common opinion came up with many proposaIs: The securicy needed is the socio-economic one: we need practical and brilliant plans of integration of aIl people in development by: a) Setting up good and decent habitation and eliminating the bad one: the starting off of such projects immediately after the explosion in the .:ities where these kamikazes come from was a very symbolical event. It showed that the state is trying to correct the mistake of neglecting people's opinions conceming the notion of security. b) Implementing the new family code in order to protect women and children rights from one hand, and to avoid more family falling apart; Inaugurating real plans of economic reform by solving or at least reducing the crisis of tmemployment, reforming the educational system; mainly the texts of religious education to protect children from fanatic influences because of bad interpretation of the religious discourse. Annuaire GERM

c) The unification of aU forces of civil society to resist aU exclusive and fanatic ideologies and replacing them with ideas of tolerance and openness. In fact, as said before, the image of the "safe Morocco" was undermined after 16th May. As Moroccans started doubting the capacities of the state for protecting them and maintaining peace or stability in the country despite aU the security measures taken at the military, police services, and technicals levels. This doubt is justified because of two main factors: 1-The crisis of the Perejil or Leila Island between Morocco and Spain: In 11 th July 2002, Morocco sent 12 gendarmes to the island that that has been always used by Moroccans and was never mentioned in a document that it was a Spanish property. In 17th July, the Spanish reaction was incredible: they sent military forces that imprisoned Moroccan militaries and put the Spanish flag in the rock. This event was very criticised by Moroccans who manifested against the colonialist behaviour of the Spanish. Sorne members of nationalist associations went to the island in order to show how Morocco is an independent country and that aU Moroccans are ready to sacrifice their lives for their cotmtry. Under such circumstances, the image of the state became very negative in people's minds because they could not understand: a) How could the Spanish dare do such act if they were sure of the Moroccan power and ability to resist any threat in the future? b) Should Morocco always ask for help from the USA or any other intemationalleading power to rescue it? l think that this crisis made the groups who planned for 16th May attack to underestimate the state's capacities to protect citizens from any danger; which obliges people to find ways to assure their security regardless of the means even if they were destructive. Despite the 16th May's terrorist attacks in Casablanca in 2003, Morocco had the sympathy of its Euro-Mediterranean partners e~peciallyFrance and Spain as it has always been a land of tolerance Annuaire GERM

and political stability. Therefore, it was assisted in the domain of security and defence measures against terrorism by the EMP.

Conclusion Still, Morocco expects from the EMP to be a very active and effective neighbour: 1- The EMP should use aIl means to solve the problem of Western Sahara to preserve peace in the MENA zone. Because despite the Moroccan government's intentions to end this issue legaIly, Algerian neighbours still refuse to cooperate in the regional appropriate way. The EU should use its prestigi0us and strategie position to help both parties to reinforce peace and stability in the region. 2- More projects for economic and social development should be implemented to help the country progress, especially with the high rate of unemployment whieh either push young people to insecure immigration (clandestine movements towards Europe) or terrorist groups. 3- Make more pressure on authorities to give social society more freedom and assistance to do its work under good conditions: 1 would like to salute NGOs for their active involvement in opening dialogue between cultures and organising campaigns against corruption, hatred, terrorism, and women and children's protection) And since development and immigration are strongly related, in addition to the danger that illegal immigration presents since it is nianaged by organised criminality, 1will discuss this phenomenon from a Moroccan perspective. The Barcelona process should be energized and hope be injected. In this respect, EU must admit Hs needs for immigrants' labour and create more human plans of integration for this category. Thus, more efforts have to be done by the EU in order to enhance the flux of investments towards countries in the south of the MedHerranean Sea. Partner countries, in their part, have to be more involved in the EMP dynamism not at the afterwards of the process but at the upstream phase. Leaders should build up the Annuaire GERM

bases of effective and longstanding cooperation between their states upon a futurist look: they must reconsider their way to see the future and especially the fuhlre of coming generation and not continue to be obsessed by the pasto They must be sensitive to their peoples' aspirations and aware of a fast developing world, they must integrate reforrns in the field of hurnan rights by giving more rights of free expression; employing highly qualified responsibles for the sake of good govemance, which will help enhance aU positive changes. The European Union must help implementing political reforms mainly through finandal and technological support to encourage these states' cooperation between each other with the project of South-South cooperation, which is a key element of the region stability and the stability guarantee in the region. ln fine, partnership projects between the EU and its SOllthem Mediterranean neighbours should not be given less importance or delayed for the benefit of the new EU members. To sum up, 1 think that the EMP should not only review its lirnited perspective conceming the basket of secllrity, but also help Morocco solve the problem of the Sahara and clandestine immigration to avoid any future danger of a war in the South of the Mediterranean shore. And the EU should play more effective and positive role in this sense and not to be a passive observer while the USA interferes all the time to solve such problems like the crisis of the Leila Island between Morocco and Spain. Accordingly, only muhlal understanding of conditions and challenges will make the EMP more successful in the future; which only means that the hope for more peace and stability is highly cherished if the three baskets of the Barcelona Process are respected through real and concrete actions. Annuaire GERM

Selective References: 1 EuroMeSCo Report "Barcelona Plus: Towards a Euro­ Mediterranean Comrmmity of Democratie States, April 2005 2 Fouad M.Ammor «Partenariat Euro-Mediterranéen à l'Heure de l'Elargissement», GERM, 2004 3 NATO Defense College "Le Maghreb stratégique", Première partie, Researeh Branch-Rome, June 2005. (especially "Laure Borgomano-Loup "Introduction" and Jean Dufourcq "Quel voisinage stratégique en Méditerranée". 4 Moroeean Magazine Azzamane publisl1ed in Arabie 2003(N°40) Articles by Moroccan intelleetuals after 16th May terrorist attacks in Casablanca. Mesure de l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur un pays tiers, questions méthodologiques

Lahcell OULRAI, professeur de sciences économiques à l'Université Mohammed V-Agdal, Rabat

Cette communication est d'ordre méthodologique. Son sujet choisi n'est qu'un prétexte. Elle va tenter de répondre à deux questions: 1- Pourquoi mesurer l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur un pays tiers? 2- Comment mesurer cet impact? Nous venons d'annoncer ainsi le plan en deux sections du présent papier. 1 Pourquoi mesurer l'impact de l'élargissement de l'UE ? Cette question peut recevoir une réponse générale concernant la nécessité de la mesure et une réponse particulière en relation avec le sujet. 1.1. Réponse générale à la question de la mesure La réponse à cette question générale du pourquoi de la mesure est apparemment simple. C'est que la connaissance scientifique requiert la mesure. Toute mesure n'est évidemment pas science. Nous n'en voulons pour preuve que l'astrologie. Mais, en revanche, toute science implique la mesure. La chimie, par exemple, n'est devenue science qu'avec Lavoisier et l'introduction Ge la mesure. Il en va de même pour la discipline économique. C'est avec l'utilisation des mathématiques que l'économie a commencé à prétendre à la scientificité. Annuaire GERM

Cette affirmation du caractère quantitatif de la science soulève le plus souvent, cependant, deux objections. La première est celle qui consiste à dire que tout n'est pas quantifiable. La seconde objection est celle qui vise le réalisme scientifique qu'on suppose impliqué par la mesurabilité. La réponse à la première objection est soit le rejet pur et simple de l'objection en affirmant le contraire, à savoir que tout est quantifiable, soit l'affirmation que ce qui n'est pas quantifiable ne peut justement pas faire l'objet d'tme connaissance scientifique. Ces deux réponses, quoique opposées, peuvent être faites à la première objection. Nous préférons la première réponse à savoir que tout est quantifiable et que ce qui n'est pas encore quantifié n'est pas encore connu scientifiquement. La seconde réponse ne nous dérange pas non plus. S'il existe quelque chose de non quantifiable, alors il ne pourra jamais faire l'objet d'une connaissance vraiment scientifique, au sens de Karl Popper. Pour ce qui est de la seconde objection, celle concernant le réalisme scientifique supposé par la quantification, est que ce qui est quantifié n'est pas la réalité elle-même, si cette dernière existait. En tout cas, la mesure n'est qu'une comparaison entre deux perceptions de la réalité et non pas entre deux objets. L'objet, s'il existe, n'est pas directement connaissable. Nous le percevons à travers nos sens. Ceux-ci nous trompent souvent, car nos organes sont d'une imperfection manifeste et heureusement d'ailleurs! Ce n'est qu'en comparant le phénomène concerné avec d'autres phénomènes déjà «connus» qu'on atteint une connaissance interpersonnelle et non tme connaissance objective inaccessible. C'est que nous pensons que les théories scientifiques ne sont que des constructions et non des descriptions de la réalité. La preuve la plus évidente de cela nous est administrée par les mathématiques qui n'ont pas cessé d'aller à l'encontre de ce que nous considérions comme la vérité. Les géométries non euclidiennes et la démonstration de leur validité ont été un choc terrible et un coup mortel porté au réalisme. La construction des nombres relatifs négatifs, puis celle des nombres non rationnels et enfin des nombres imaginaires ou complexes et la démonstration de leur efficacité dans l'analyse des phénomènes naturels ont achevé toute idée de réalisme des mathématiques. Annuaire GERM

Concernant les sciences physiques, les théories contradictoires de la lumière ont été une première remise en cause du réalisme. Les développements postérieurs relatifs à la physique théorique puis quantique semblent n'avoir laissé aucun doute sur la force de la thèse principale du constmctivisme radical. Ce dernier ne signifie nullement que l'on peut construire n'importe quelle théorie. L'homme de science est certes libre, plus libre même qu'tm poète dit-on. Mais, une fois que les hypothèses sont posées, la liberté devient très restreinte. En réalité, poser des hypothèses n'est un acte libre que pour celui qui s'est affranchi des idées reçues. Celui qui est emprisonné dedans n'est certes pas libre. Les idées reçues constituent souvent ce qu'on appelle le backgrOlmd du chercheur. Plus ce background est lourd, moins on est libre. La construction bâtie sur les hypothèses posées est tenue d'être cohérente. Et, surtout, la théorie scientifique ainsi construite doit démontrer son efficacité. Evidemment, elle doit être falsifiable. Autrement, la théorie en question n'est pas scientifique mais plutôt idéologique. Toutefois, la théorie doit passer le test empirique. Elle ne doit pas être infirmée par les phénomènes naturels. Elle doit être plutôt corroborée. Pour qu'tme théorie soit falsifiable, c'est-à-dire pour qu'elle soit en mesure d'être mise à l'épreuve empirique, nous ne voyons pas d'autre moyen que la quantification. Lorsqu'tm énoncé est quantifié, on peut l'infirmer ou le corroborer sans trop de peine. Quand un énoncé est « qualitatif », il est difficilement falsifié et les stratagèmes irnmunisateurs (ou immunisants) peuvent se multiplier. L'énoncé s'éloigne de la science et s'approche de l'idéologie. Nous disions que tout, tout phénomène était quantifiable. En effet, l'intensité de l'amour et de la haine peut être chiffrée. Si cela n'est pas encore fait, ce n'est point parce que l'amour et la haine sont de par leur nature non quantifiables, mais c'est que ces sentiments n'ont pas été suffisamment éhtdiés. La couleur semblait dans le passé correspondre à un phénomène qualitatif. On sait maintenant qu'il n'en est rien. Les fréquences de la lumière prenant telle ou telle couleur sont désormais calculées avec précision. Les objets ne portent pas de couleur, mais ils portent des caractéristiques physiques qui font qu'ils absorbent certaines Annuaire GERM

fréquences de la lumière et en réfléchissent d'autres correspondant pour nos imparfaits yeux à des couleurs données. 1.2. Réponse particulière La réponse particulière à la question spécifique du pourquoi de la mesure de l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur un pays tiers est que les prévisions relatives à cet impact sont contradictoires et que l'impact en question est très controversé. e est qu'en effet, cet impact est complexe et non simple ou élémentaire. Il s'agit d'un nœud de forces opposées et d'intensités différentes. Ce nœud doit être décomposé et l'intensité de chacune des forces doit être estimée pour que l'on puisse en déterminer la résultante, son intensité et son sens. e est que pour prendre position sur l'élargissement de l'Union Européenne et sur les mesures qu'il y a lieu de prendre pour y faire face ou pour en bénéficier dans lm pays comme le nôtre, il faut en déterminer avec précision ce que sera son impact. Autrement, on restera partagé entre des sentiments opposés qui n'ont aucun fondement. On balancera entre un optimisme qui nous fera oublier de prendre à temps les mesures d'accompagnement nécessaires et un pessimisme qui nous fera prendre des mesures intempestives qui nous empêcheront de bénéficier de l'élargissement ou qui nous éloigneront de notre environnement géographique et civilisationnel nahlrel. Pour décider en connaissance de cause et à bon escient, la mesure de l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur notre économie s'impose donc pour les Pouvoirs Publics et pour les conseillers du prince que sont les économistes. 2. Comment mesurer cet impact ? Encore ici, nous ferons deux réponses à la question. Une réponse générale à la question de la mesure des effets d'un choc exogène et une réponse particulière sur la mesure de l'impact spécifique de l'élargissement de l'Union Européenne sur une petite économie ouverte en développement comme celle du Maroc. 2.1. Comment mesurer l'impact d'un choc exogène? Il s'agit ici de répondre à la question de méthodologie posée par la mesure des effets d'lm choc macroéconomique exogène sur une Annuaire GERM

économie. Pour mesurer de tels effets, nous pourrons, sans prétendre à l'exhaustivité, envisager trois démarches. i) La première est celle développée par Bella Balassa concernant les chocs exogènes. Cette méthode consiste à mesurer l'écart entre les valeurs courantes de variables macroéconomiques et leurs valeurs hypothétiques, celles qu'elles auraient prises s'il n'y avait pas de choc. Cette démarche ne peut s'appliquer que de manière rétrospective, c'est-à-dire plusieurs années après le choc. En plus, elle suppose que s'il n'y avait pas le choc en question, l'économie considérée aurait continué à évoluer de la même manière qu'avant le choc. Ce qui exclut les effets d'autres chocs que le choc en question. Elle est basée sur le raisonnement économique standard qui applique la clause ceteris paribus dont on sait pertinemment qu'elle ne correspond pas à la réalité perceptible. Evidemment pour une économie sujette à l'influence de toutes sortes d'événements, il sera difficile de considérer que les tendances antérieures, si tendances il y a, auraient continué si le choc considéré n'avait pas eu lieu. La méthode de Balassa pourrait donc aisément et fructueusement s'appliquer dans le cas d'une économie assez stable n'ayant subi qu'un choc dont il s'agirait de mesurer l'impact. ii) La deuxième démarche est celle du modèle d'équilibre général calculable. C'est la méthode la plus appropriée puisqu'eUe est globale. La mesure de l'effet d'un choc sur lme variable précise suppose cependant que cette variable soit intégrée au modèle. Quand le modèle est ainsi suffisamment désagrégé, il devient extrêmement lourd, comprenant un très grand nombre d'équations. Ceci multiplie les coefficients et paramètres à calculer. Ensuite, ce genre de modèle est généralement statique et les simulations que l'on fait avec relèvent de la statique comparative. C'est que les coefficients et paramètres ne peuvent être calculés qu'en se référant à une année passée donnée pour laquelle on dispose de sulfisamment de données pour élaborer une matrice de comptabilité sociale. L'écriture même des équations n'est pas aisée, puisqu'eUe repose sur des hypothèses de comportement des différentes variables économiques. La dynamisation du modèle est difficile à obtenir. Evidemment, son nom même indique son défaut majeur, savoir qu'il suppose que l'équilibre général se réalise. Annuaire GERM

Comment une économie absorbe-t-elle un choc dans le déséquilibre? Le modèle ne permet pas de le savoir. Il n'empêche qu'un modèle d'équilibre général calculable écrit et estimé par une équipe de spécialistes peut fournir beaucoup d'enseignements à travers les simulations de chocs qu'on pourrait faire avec. En réalité, pour ce type de modèles, la théorie économique est sollicitée non seulement au moment de leur élaboration, mais aussi lorsqu'on envisage de mesurer avec - moyennant des simulations -les effets d'lm choc exogène sur l'économie considérée. C'est qu'il faut d'abord savoir quels en sont les effets directs sur quelles variables, pour ensuite faire la simulation et saisir l'impact global sur l'économie. . iii) La troisième et dernière démarche retenue ici est la voie économétrique. Nous pensons au modèle VAR pour analyser et mesurer l'impact d'un choc sur des variables macroéconomiques. Toutefois, cette approche, développée à l'origine pour analyser les effets de la politique économique, ne saurait servir pour mesurer directement l'effet d'un choc extérieur comme l'élargissement de l'Union Européenne. Il faut définir au préalable les variables affectées et dans quelle mesure avant d'analyser et mesurer l'impact de la variation d'une innovation sur les différentes variables macroéconomiques retenues par le modèle. En plus, cette démarche, tout comme celle de Balassa, s'appuie fondamentalement sur la clause toutes choses égales par ailleurs (ceteris paribus) qui n'est pas toujours commode. Qui plus est, cette méthode ne donne pas de résultats robustes car ceux-ci dépendent et de l'ordre des variables et du sens de la causalité. On voit bien que les trois démarches ne peuvent pas se passer de la réflexion économique préalable. L'analyse qualitative doit de toutes façons précéder l'application de méthodes quantitatives. Une telle analyse ne peut pas se faire en général. Elle se rapporte toujours à un cas précis et particulier. Voilà qui pose notre question centrale dans sa particularité. 2.2. Réponse particulière à la question du comment Dans sa particularité, notre question est donc comment mesurer l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur lm pays tiers déterminé. La question est complexe et aucune mesure ne Annuaire GERM

pourrait prétendre à l'exhaustivité. Elle touche au commerce, aux flux de capitaux publics et privés, aux questions démographiques... Pour ne prendre que l'exemple de l'impact commercial de l'élargissement de l'VE sur un pays tiers, on pourra retenir trois effets. Il y a d'abord un effet prix résultant des changements dans les droits de douane frappant les échanges d'tm pays tiers avec un pays nouvellement admis dans l'VE. C'est que pour le commerce extérieur du Maroc par exemple, ce qui est valable à l'exportation comme à l'importation avec la France en matière des droits de douane, s'appliquera désormais à notre commerce extérieur avec un pays comme la Pologne. Les produits du Maroc seront désormais moins chers en Pologne et les biens polonais seront aussi moins chers qu'auparavant au Maroc. Mais, ceci est également valable pour les échanges entre la France et la Pologne. Il y a ensuite un effet quantité causé par les changements des prix. En effet, ces changements de prix dont il vient d'être question, pourront entraîner toutes sortes de flux additionnels ou nouveaux de marchandises. Le Maroc pourrait acheter davantage qu'il ne le faisait à la pologne. Inversement, la Pologne pourrait acheter davantage au Maroc et ainsi de suite. Enfin, il y a l'effet de substitution dont l'origine est le changement des prix et de la compétitivité relative du pays tiers considéré et des pays nouvellement intégrés à l'VE. La France pourrait substituer des biens polonais aux marocains. Le Maroc pourrait substihter des biens polonais aux biens d'un pays tiers... Concernant les mouvements de capitaux, pour ne nous intéresser qu'aux fonds destinés à la coopération scientifique, il faut mentionner que l'élargissement de l'VE se traduira par tme réorientation de ces fonds vers les pays du sud de la Méditerranée. Ce qui ne peut qu'inciter à l'optimisme. Les effets probables de l'élargissement de l'Vnion Européenne sur tm pays tiers sont donc nombreux et certains d'entre eux sont positifs et d'autres négatifs. Obtenir la résultante de tous ces effets n'est pas chose facile. Élargissement de l'UE

Jawad Kerdoudi

Historique des Élargissements 1957 : 6 pays fondateurs: France, Allemagne Fédérale, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg. 1973 : Danemark, Irlande, Royaume-Uni 1979: Grèce 1986 : Espagne, Portugal 1994-1996: Autriche, Finlande, Suède 1er Mai 2004 : 8 pays de l'Est : Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Tchèque, Slovaquie,Slovénie. 2 pays Méditerranéennes: Malte et Chypre 2007: Roumanie et Bulgarie Moyen Terme: Croatie, Macédoine, Bosnie-herzégovine, Serbie­ Monténégro, Albanie Long terme: Turquie Conséquences de L'élargissement: Les 10 pays ont mis tille dizaine d'années pour se préparer à l'adhésion. Reformes internes pour être conforme aux conditions de l'adhésion; 1 Régime démocratique stable 2 Prééminence du droit 3 Respect des droits de l'Homme 4 Économie de marché opérationnelle et compétitive Annuaire GERM

Aide financière conséquente de l'UE aux pays candidats pour se mettre à niveau. Dés l'adhésion, les pays candidats doivent appliquer la législation de l'Union Européenne. Bénéficient de tous les avantages de l'Union, mais doivent également respecter toutes les règles de l'Union. Principaux Indicateurs des Nouveaux membres

Pays Capitale Superficie Population PIBI Habitant en en km- en Million d'Habitants Euros

Chypre Nicosie 9.200 0,7 18.252 Malte La Valette 300 0,4 16.380 Slovénie Liubliana 20.300 2,0 15.912 Tchéquie Prague 78.900 10,1 14.274 Hongrie Budapest 93.000 10,2 11.934 Slovaquie Bratislava 49.000 5,4 10.530 Pologne Varsovie 312.700 38,2 9.549 Estonie Tallin 45.200 1,4 9.126 Lituanie Vilnius 64.600 3,5 8.658 Lettonie Riga 65.300 2,3 7.722 Total 738.500 74,2 PIB Moyen 12.233 PIB UEà 15 23.400 52%

Élargissement de l'VE Conséquence pour le Maroc Investissements: Ces nouveaux États membres vont attirer des investissements ouest-européens au détriment du Maroc Délocalisation vers les Annuaire GERM

pays de l'Est (Siemens en Hongrie, Lufthansa en Pologne) Échanges: Le Maroc pourra accéder à des nouveaux marchés (Produits agricoles) Développement du Tourisme de ces pays vers le Maroc Concurrence des produits de ces pays sur le marché intérieur marocain Finances: Fonds Communautaires vont être orientés en priorité vers ces nouveaux membres POLITIQUE EUROPÉENNE DE VOISINAGE (PEV) OBJECTIFS: Resserrer les liens de rUE avec les voisins de l'Est et du Sud après l'adhésion de 10 nouveaux membres en 2004. Intégration économique la plus poussée possible. Partage des valeurs de rUE. Coopération à la carte, selon les souhaits des pays voisins, et leurs capacité à s'intégrer à rUE. Assurer une sihIation de paix et de stabilité dans toute la Région. PAYS CONCERNÉS Dans une première étape: Maroc, Tunisie, Jordanie, Israël, Autorité Palestinienne, Moldavie et Ukraine. Étapes suivantes: Liban et Égypte Arménie, Azerbaïdjan, Georgie Outils: Rapprochement des législations en vue de l'intégration économique. Coopération dans tous les secteurs économiques (primaire, secondaire, tertiaire, Recherche) Aide Financière: Instrument Européen de Voisinage et de Annuaire GERM

Partenariat remplacera TACIS et MEDA à compter de 2007. Montant non encore déterminé. PEY pour le Maroc: Création en 2003 de 7 Sous-comités Sectoriels entre l'UE et le Maroc. - Sous-comité de l'Industrie, du Commerce et des Services (Octobre 2004) 1 Rapprochement des normes et des réglementations techniques - Sous-comité de l'Agriculture et de la pêche ( Mars 2005) 1 Commerce des produits agricoles et des produits agricoles transformés. 2 Analyse du marché de la tomate à la lumière de la campagne en cour. 3 Mise en place d'un plan de surveillance sanitaire dans l'aquaculture et les mollusques. 4 Mise à niveau des circuits de commercialisation des produits de la pêche. S Système de Traçabilité des produits de la pêche.

CONCLUSION

1 Élargissement continuel de l'UE montre son succès indéniable. 1 Risque de voir l'VE s'occuper plus de l'EST Européen que du Sud Méditerranéen. 1 Le Maroc doit cependant tirer au maximum profit de la Politique Européenne de Voisinage. 1 Pour cela, il doit harmoniser sa législation avec celle de l'UE, en vue d'une intégration la plus approfondie possible dans tous les secteurs économiques. 1 Le Maroc doit en parallèle développer ses relations avec les Pays Arabes (Maghreb en priorité) et avec l'Amérique (USA et Amérique Latine) sans négliger l'Afrique Sub-Saharienne. Vers un Partenariat euroméditerranéen proche des citoyens: trois propositions d'action en matière d'éducation et d'emploi

Ivan Martin* Universidad Carlos III de Madrid

Dix ans après son avènement et quelle que soit l'évaluation qu'on fasse de ses résultats, on ne peut s'empêcher de penser que le Partenariat euroméditerranéen souffre du manque de légitimité démocratique et reste loin des préoccupations, des besoins et des intérêts des peuples de la région. Il manque de visibilité et d'appropriation, mais pour de bonnes raisons; il est resté jusqu'à présent plutôt sans rapport avec la vie quotidienne des gens ordinaires et est perçu à raison comme une construction bureaucratique voire technocratique dont le seul impact réel est d'imposer encore aux pays de la région un autre cycle d'ajustement structurel dans le cadre des Zones Euroméditerranéennes de Libre Echange qui doivent être installées définitivement entre 2008 (pour la Tunisie) et 2017 (pour l'Algérie). Ce point de vue est peut-être partiellement injuste, mais il est justifié. Bien entendu, un vrai partenariat devrait promouvoir la réalisation progressive de tous les droits économiques, sociaux et culturels. Mais on pourrait ajouter que les deux véritables droits fondamentaux qui ouvrent la voie à la réalisation de tous les autres sont l'éducation, qui permet à l'individu de valoriser pleinement son potentiel, et l'emploi qui lui permet de s'intégrer dans la société et réaliser son émancipation personnelle. Annuaire GERM

Le respect des droits économiques et sociaux est au premier chef une responsabilité des États, d'abord au plan national mais également à l'échelon de l'UE (dans le cadre du PEM) et de la communauté internationale dans son ensemble (dans le cadre des organismes internationaux, financiers ou de toute autre nahlre). Il faut, à cette fin, structurer un débat sur la co-responsabilité dans le cadre du PEM, au moment d'aborder le droit au travail et le droit au développement, et plus particulièrement en ce qui concerne l'emploi. Les propositions qui suivent sont basées sur trois principes de base: a) le défi principal que doivent affronter conjointement les PAM et les pays européens est de donner lme éducation de qualité à leurs populations jeunes et de savoir comment garantir un emploi de qualité tant au Nord qu'au Sud de la Méditerranée; b) pour y parvenir, il faut inclure la création d'emplois et l'amélioration des droits économiques et sociaux des PAM parmi les objectifs explicites et directs du Partenariat euroméditerranéen et donc, il est nécessaire d'entreprendre des actions directes dans ce sens, assorties de ressources financières spécifiques; c) le principe de co­ responsabilité, base de toute véritable Partenariat, c'est-à-dire la responsabilité partagée entre les pays de l'UE et les PAM sur les questions d'intérêt commlm (l'emploi et la situation économique et sociale l'étant sans aucun doute). Ce qui sous-entend la nécessité absolue de rechercher conjointement des solutions et, éventuellement, de concevoir des stratégies communes et d'utiliser des ressources partagées pour mener à bien ces propositions. Education: l'alphabétisation comme impératif moral L'éducation, du moins pour ce qui est de l'éducation de base, devrait être comprise pour ce qu'elle est, c'est-à-dire par-dessus tout: un droit humain fondamental, et ne pas être considérée, comme c'est souvent le cas, uniquement dans son acception purement fonctionnelle. Elle est au contraire un levier fondamental et un facilitateur du développement, le logiciel du développement si on la définit comme un moyen qui permet "d'élargir les choix humains", surtout dans des sociétés où près de 30% de la population sont âgés de moins 15 et presque 70% de la population ont moins de 25 ans. Annuaire GERM

Le développement, c'est donc sans aucun doute le défi de l'éducation, mais on pourrait dire la même chose du partenariat lui-même; le voisinage peut lui aussi être considéré essentiellement comme un défi (interculturel) éducationnel. Or, nous sommes aujourd'hui en face d'un diagnostic plutôt déprimant de la situation du savoir et de l'éducation dans les pays arabes et des défis qu'elle pose. Mais très peu a été fait jusqu'ici par le Partenariat euroméditerranéen pour s'attaquer à ce défi, soit parce la question de l'éducation est considérée comme étant une responsabilité exclusivement nationale soit pour d'autres raisons. La plupart des initiatives ont été axées sur l'enseignement supérieur, et principalement la recherche et les éthanges. Ceux-ci sont certainement précieux, mais ne s'attaquent pas au véritable problème. L'amélioration de la qualité de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire est beaucoup plus importante pour l'avenir de ces pays, et si l'on devait choisir une seule priorité dans le domaine de l'éducation, on ne peut certainement imaginer une avancée plus importante que celle qui pourra permettre l'accès à l'alphabétisation à un quart de la population qui est encore privée de cette faculté humaine fondamentale. 1) Lancement d'une campagne euroméditerranéenne d'alphabétisation en vue de réduire le taux d'analphabétisme de 80% en cinq ans (d'ici l'an 2010) dans la région Il y a presque 50 millions d'analphabètes dans les pays méditerranéens partenaires, une moyenne proche de 25% de la population adulte (et près de la moitié de la population féminine adulte). Ce chiffre lui-même rend les concepts de participation de la société civile et du Partenariat en général vides de tout sens. En termes pratiques, l'alphabétisation est une étape essentielle pour, à titre d'exemple, promouvoir tme véritable démocratie et un débat public, émanciper les commtmautés, optimiser les régimes de micro-crédit, mobiliser les transferts des immigrants pour promouvoir le développement dans les sociétés d'origine, sans parler, des avantages que l'on peut tirer des technologies de l'information et de la communication d'une manière ou d'une autre. Une réduction de l'analphabétisme dans la région devrait en principe contribuer à réduire l'incidence même des conflits dans la Annuaire GERM

région. En d'autres termes, on peut affirmer que l'éradication de l'analphabétisme dans la région est une condition matérielle de la réalisation des objectifs du Partenariat Euroméditerranéen. Mais l'alphabétisation est avant tout un droit humain fondamental. L'éducation de base, dont l'alphabétisation est un outil d'apprentissage essentiel, a été reconnue comme un droit de l'homme depuis plus 50 maintenant, dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. C'est tm scandale qu'tme partie aussi grande des populations des pays méditerranéens partenaires continue d'être privée de ce droit. En outre, investir dans l'alphabétisation a un sens économique. Il existe une forte corrélation entre l'alphabétisation et le revenu (un coefficient de 0,584 par rapport au PNB par tête). Il existe également une corrélation directe et forte entre l'accroissement de l'alphabétisation et l'élévation du niveau de productivité chez les travailleurs ainsi que certains indicateurs de bien-être (corrélation entre alphabétisation et mortalité infantile: -0,815; entre alphabétisation et espérance de vie: 0,822). De plus, avec une structure démographique extrêmement jeune comme celle qu'on trouve dans les pays méditerranéens partenaires (70% de la population est âgée de moins de 30 ans), la plupart des analphabètes "adultes" ont une longue vie active devant eux. Ils représentent un capital humain qui ne peut être gaspillé à cause de l'analphabétisme. Par conséquent, l'éradication de l'analphabétisme dans les pays méditerranéens partenaires est d'abord un enjeu moral pour le Partenariat Euroméditerranéen, et ce serait un pas hautement symbolique qui donnerait une idée de la véritable hiérarchie des priorités, et qui serait d'ailleurs, pour une fois, une contribution européenne authentique à la Décennie 2003-2012 des Nations Unies en faveur de l'alphabétisation. Il n'y a aucune excuse de ne pas s'attaquer à cette question: pas de manque de ressources naturelles (comme l'absence d'eau salubre) ou d'infrastruchues (santé et éducation). D'autre part, les campagnes d'alphabétisation sont probablement la stratégie de développement la plus rentable et la plus simple. Selon les données de la campagne nationale Annuaire GERM

d'alphabétisation en Inde, le coût par apprenant de toute la campagne d'alphabétisation varie entre 1 euro et 3 euros et le coût d'une campagne post-alphabétisation entre 1,5 et 2,3 euros supplémentaires (les campagnes de suivi sont un facteur clé du succès des campagnes d'alphabétisation pour éviter tout recul, comme ce qui s'est passé dans certains pays, tel le Nicaragua). Même en supposant qu'il faille allouer davantage à ces campagnes dans certains pays méditerranéens en raison d'tme plus faible densité de la population, cela resterait quand même une somme relativement faible (même en comparaison avec des normes Euroméditerranéennes modestes), si l'on mesure notamment l'impact considérable que cela aurait sur les perspectives sociales et économiques des populations concernées et sur leur vie quotidienne. La raison de ne pas opter pour une éradication totale de l'analphabétisme réside dans le fait que le coût marginal des campagnes d'alphabétisation augmente au fur et à mesure que l'on essaie de les élargir à tm pourcentage de la population toujours en augmentation, puisqu'il est beaucoup plus coûteux d'alphabétiser des personnes âgées ou des personnes sans motivation ou vivant dans des zones trop éloignées. Tableau 1. Différences dans les taux d'alphabétisation des femmes et des hommes, en pourcentage Annuaire GERM

La campagne d'alphabétisation elle-même créerait des milliers d'emplois dans la région pendant une certaine période, contribuant ainsi à soulager un autre fléau social de la région, sans parler du fait que l'alphabétisation et l'apprentissage du calcul, ainsi que l'éducation scolaire, sont les meilleurs leviers de l'employabilité des jeunes. En même temps, les campagnes d'alphabétisation sont un mécanisme puissant de mobilisation et de structuration de la société civile grâce à la participation de la communauté. C'est également le meilleur moyen de promouvoir l'égalité entre les sexes et l'émancipation des femmes, comme cela est démontré dans le Tableau 1 ci-dessous, en plus du fait que c'est précisément dans les Etats arabes et en Afrique du Nord (avec l'Asie du sud et de l'ouest) que le fossé entre les hommes et les femmes est le plus large (autour de 23 pour cent dans chacune de ces régions). Face à tous ces bénéfices potentiels, les considérations politiques ne peuvent servir d'alibi pour ne pas s'attaquer directement à ce fléau social. Si tout le discours autour de la co-responsabilité a tille quelconque signification, alors il n'y a pas d'autre domaine que celui-ci pour mieux le prouver, d'autant plus que les Etats membres de l'Union Européenne et les pays méditerranéens partenaires vont ensemble ressentir les conséquences de leurs actions actuelles ou de leurs omissions à l'avenir. Emploi: un impératif social partagé Il est largement reconnu que l'emploi est et sera le principal défi économique et social que les Pays Associés Méditerranéens (PAM) devront relever pendant les vingt prochaines années pour le moins. Avec un taux de chômage de plus de 15 % la population active, les pays du Moyen Orient et d'Afrique du Nord (région MENA) enregistrent déjà les taux moyens les plus élevés de chômage de toutes les régions du monde. Ce problème est aggravé par la croissance démographique. Bien que la plupart des pays de la région MENA aient déjà achevé leur transition démographique (les taux de natalité ont été ramenés à des niveaux faibles de croissance démographique), l'extrême jeunesse de la structure d'âge de la population va se traduire par de fortes augmentations de la Annuaire GERM

population en âge de travailler au cours des deux prochaines décennies. D'après le rapport annuel 2003 du Forum euroméditerranéen des Instituts Économiques (FEMI5E), à supposer que le taux d'activité actuel soit maintenu dans les dix

PAM (à savoirl que le pourcentage de la population active par rapport à la population ayant atteint l'âge de travailler se maintienne à son taux actuel: 48 % chez les hommes et moins de 30 % chez les femmes)1 pour que le taux (officiel) déjà élevé du chômagel 15 % de la population activel n'augmente pasl il faudrait créer d'ici 2010 environ 20 millions d'emplois et près de 33 millions avant 2020 (voire Table 1). Et cel toujours sans tenir compte de la tendance prévisible à la baisse de l'emploi agricolel qui représente 30 % de la population active de la région. Même si l'on parvenait à créer cette quantité impressionnante d'emplois, deux tiers des femmes en âge de travailler demeureraient en marge du marché du travail et le nombre absolu des chômeurs de la région passerait des 8 millions actuels à 12 millions en 2010 et 16 millions en 2020.

D'après les estimations de la Banque mondialel pour que l'ensemble des pays du Nord de l'Afrique et du Moyen Orient (pays MENA) arrivent simplement à faire une place aux jelmes qui arriveront sur le marché du travail en quête d'lm emploi au cours des deux prochaines décenniesl ces pays devront créer 80 millions de nouveaux postes de travait qui se transforment en 100 millions s'ils prétendent de surcroît absorber les niveaux élevés du chômage actuel. La Commission européenne elle-mêmel dans sa proposition de Programme de Travail pour les cinq prochaines annéesl parle de la nécessité de «créer 5 millions d'emplois par an pour offrir de meilleures perspectives économiques aux nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travait tout en assurant la possibilité d'un développement durable ». Ces nécessités de création d'emploi impliqueraient une atlgmentation de plus de 50 de la population occupée - nombre total des emplois - dans la région ces dix prochaines annéesl ce qui exigerait que soient au moins doublés les taux de croissance économique enregistrés au cours des deux dernières décennies

(entre 1980 et 2001 1 la moyenne du taux annuel de croissance accumulé dans les pays associés méditerranéens s'est située à 2,4°/<»)1 «une performance que même les économies très

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performantes du Sud-est asiatique n'ont pas su égaler dans les moments où la croissance de l'emploi y était à son zénith ». Or, il ne s'agit pas de simples projections statistiques: la majorité de ces jetmes sont déjà nés puisqu'un tiers des 240 millions d'habitants des pays associés méditerranéens ont moins de 15 ans. Table 1. Situation de l'emploi et besoins de création d'emploi dans les pp

Populati Population Emplois Chômeurs Taux de Taux IEmplois Emplois on (200 active (2000) (2000) chômage d'activité à créer à créer Milliers (2000) (2000) (2000) 2010 2020 Milliers %%

Algérie 31.040 8.154 5.726 2.428 29,78 41 2.536 2.997 Egypte 65.336 18.616 16.750 1.481 10,02 48 5.386 11.799 Jordanie 5.182 998 852 147 14,63 32 366 644 Liban Maroc 4.385 1.362 1.246 116 8,52 47 397 108 Palestine 29.170 10.870 9.555 1.315 12,10 53 2.680 4.180 Syrie 3.299 Thnisie 16.720 5.457 4.844 613 Il,23 55 2.332 3.936 Thrquie 9.674 2.978 2.504 475 15,92 49 662 1.002 l'PM 68.618 22.263 20.579 1.453 7,56 47 4.058 8.237 233.424 70.698 62.056 8.028 12,22 41,33 18.417 32.903

Source: Élaboration propre à partir du Rapport FEMISE 2003 (voire note 3). S'il Ya aujourd'hui un consensus de plus en plus large sur le fait que 'le problème le plus grave auquel doivent faire face les économies de la région du Moyen Orient et d'Afrique du Nord consiste pour ces pays à relever le défi de fournir de bons emplois à leur population', il est cependant inquiétant de constater qu'il y n'a aucune stratégie volontariste pour relever cet énorme défi dans le cadre du Partenariat Euroméditerranéen. La subsidiarité de l'emploi dans de Partenariat euroméditerranéen et la manque de résultats en termes de croissance L'approche adoptée dans le cadre du Partenariat etlroméditerranéen a consisté à centrer tous les efforts sur la libéralisation économique et sur les réformes structurelles, espérant ainsi attirer des investissements étrangers directs et, en corollaire, contribuer à la création d'emplois. En d'autres termes, Annuaire GERM

cette question n'est abordée que de manière subsidiaire et complémentaire et non pas comme lm objectif direct principal des actions de coopération. Sachant que jusqu'à présent, on n'a pas encore établi de diagnostic systématique, exhaustif et précis des conséquences sociales des zones euroméditerranéennes de libre­ échange et des processus de réforme économique, comment s'étonner que les contenus concrets de la coopération euroméditerranéenne aient été bâclés dans cette déclaration d'intentions. Il s'ensuit que pendant ces dix ans, aucune action directe n'a eu lieu en matière d'emploi. La preuve en est qu'il n'y a pas eu une seule Conférence euroméditerranéepne des ministres du Travail ou des Affaires sociales, alors que se sont réunis, par exemple, les ministres de l'Industrie, du Commerce, de l'Environnement, de l'Eau, de l'Agriculture, de l'Énergie, des Transports, de la Justice et de l'Intérieur, de la Culture et de la Santé ainsi que la société de l'information. Le Programme de travail proposé par la Commission pour les cinq prochaines années réitère cette approche. Neuf actions y sont prévues pour atteindre l'objectif prioritaire de « contribuer à la création d'emplois et à une croissance économique durable par la libéralisation du commerce et l'intégration régionale» - l'tme des trois grandes priorités signalées, avec les droits de l'homme, la démocratie et l'éducation - : la libéralisation du commerce des services et d'établissement, la libéralisation et la coopération agricole et en matière de pêche, la convergence de la législation, l'intégration économique Sud-Sud, lm contexte macro-économique assaini, l'étude de la création d'une Banque euroméditerranéenne de Développement, le transport, l'énergie et la durabilité de l'environnement. En revanche, parmi ces actions, on ne trouve aucune mesure concrète en faveur de la création d'emplois. Or voilà longtemps qu'au plan européen on est arrivé à la conclusion que pour lutter efficacement contre le chômage, il fallait non seulement des politiques de croissance et des réformes structurelles, mais aussi des politiques actives et directes en faveur de l'emploi et des stratégies communes au plan européen. Rien n'empêche d'étendre cette logique à l'espace euroméditerranéen. Annuaire GERM

Pourtant, au-delà de ce caractère subsidiaire de l'emploi, il n'y a eu aucun avancement significatif, même en termes de croissance, qui est l'objectif sur lequel ont convergé les ejJorts du Partenariat euroméditerranéen. Malgré l'évolution constatée en matière de stabilité macro-économique (ajustement) et d'intégration dans l'économie globale (libéralisation externe), on n'a pas observé, au cours des dix dernières années, de progrès quel qu'il soit en ce qui concerne la convergence économique entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée et le différentiel de revenu s'est maintenu à 5,5 fois en parité de pouvoir d'acquisition; et ce, malgré les faibles taux de croissance en Europe. En réalité, exception faite du cas de la Tunisie, qui a « gagné» quatre points en pourcentage, jusqu'à 26,8 % du PIB européen par tête, dans tous les aldres pays ce différentiel s'est enlisé, voire, aggravé en comparaison avec le revenu par tête en Europe. Ù1 moyenne du taux de croissance atteint entre 1995 et 2004 par les PAM, 3,9 % par an, n'a pas été suffisante pour diminuer leur écart économique par rapport à l'Europe (compte tenu de ce que la population des PAM s'est multipliée par 2,1 % par an pendant la même période), ni même pour créer les emplois nécessaires pour absorber la croissance de 3,0 % de moyenne de la population active. L'emploi dans les PAM a augmenté à une cadence d'un peu plus de 1 % par an pendant ces dix ans. Or, ni à l'échelon national ni au niveau eur01néditerranéen on ne prête une attention suffisante, en matière d'emploi, à l'intensité de la croissance et à la contribution des programmes de coopération à la création d'emploi. Ù1 plupart des PAM ne disposent pas de stratégies nationales explicites pour l'emploi. Qui plus est, il n'y a même pas de statistiques fiables ni d'information systématique sur la situation et les politiques de l'emploi ou sur les droits économiques et sociaux dans les PAM. En synthèse, l'équation économique» qui devait traduire le succès du Partenariat euroméditerranéen n'a pas fonctionné et au cours de ses dix premières années la seule chose que l'on peut dire, c'est que la contribution du Partenariat euroméditerranéen à la création d'tme «zone de prospérité partagée» dans la Méditerranée a été à peu près insignifiante. Perspectives: Le modèle actuel du Partenariat euroméditerranéen est-il socialement viable? Les Zones euroméditerranéennes de libre-échange (ZLE) établissent des périodes transitoires de douze ans et concentrent le Annuaire GERM

démantèlement des droits de douane sur les articles de consommation produits au plan national (c'est à dire, sur les secteurs les plus sensibles à la concurrence des produits européens) dans les quatre dernières années de ladite période. Ce qui signifie que les citoyens des PAM commenceront à ressentir les effets réellement négatifs des ZLE huit ans après l'entrée en vigueur des Accords d'Association: en 2006 pour la Ttmisie, le premier pays où l'accord est entré en vigueur, en 2008 dans le cas du Maroc, etc. Alors que les bénéfices économiques des ZLE sont incertains (en particulier à cause de leur limitation aux produits industriels et de l'exclusion des produits agricoles, mais aussi parc~ qu'ils dépendent en partie de facteurs externes, comme les flux des investissements étrangers) et qu'au mieux, ils ne se feront sentir qu'à moyen ou à long terme et se répartiront sur l'ensemble de la société, leurs effets sociaux négatifs se feront sentir à court terme et sur des groupes sociaux spécifiques. Plus particulièrement les ZLE auront un impact négatif à court terme sur l'emploi (le Maroc, l'Algérie et la Syrie étant les pays où l'emploi est le plus vulnérable au libre-échange), probablement aussi sur les revenus de la population (baisse des salaires réels) et sans aucun doute sur les revenus de l'État (le Liban, la Jordanie, le Maroc et l'Égypte sont les pays à plus grande fragilité budgétaire face au libre-échange; suivant le pays, les PAM subiront une perte de 10 à 20 % des revenus de l'État prélevés sur les droits de douane, et de 1 à 4 % du PIE ; cette perte ne sera que partiellement compensée par l'afflux des fonds MEDA, qui représentent entre 10 et 25 % des pertes de gain de l'État sur les droits de douane). Cette diminution des revenus de l'État risque de se traduire par des coupes dans les dépenses sociales en éducation et santé et, par conséquent, d'affecter négativement les systèmes de protection sociale dans les PAM. De plus, les zones de libre-échange, qui prétendent consolider le fonctionnement des marchés des PAM, peuvent paradoxalement finir par dynamiser l'économie informelle en tant que soupape de sécurité, ce qui provoque une distorsion dans les conditions de la concurrence, accenhle les inégalités et freine la capacité d'action de l'État, minant en outre les droits économiques et sociaux et les conditions de travail dans le secteur formel. S'il n'y a pas d'augmentation importante des flux d'investissements étrangers Annuaire GERM

directs ou une libéralisation des marchés agricoles européens, les zones de libre-échange risquent bien d'affecter négativement les perspectives de croissance de ces pays. En synthèse, les ZLE se présentent comme des instruments de politique économique, qui doivent prolonger la logique de l'adaptation structurelle entamée par les gouvernements des PAM depuis le milieu des années quatre-vingts, ayant abouti en matière de stabilisation mais sans résultats tangibles pour la croissance, l'emploi et les conditions de vie de la population. La logique permet de prévoir des effets similaires des ZLE. La déficience de l'intégration Sud-Sud entre les PAM, et plus particulièrement entre les pays du Maghreb, aggrave cette situation, impliquant des coùts indéterminés mais considérables en termes d'attraction des investissements étrangers, compétitivité, flux commerciaux et, partant, en termes d'emploi. Vu ce panorama, on peut se demander si ces zones de libre­ échange sont socialement viables à partir de la dernière phase de la période transitoire. Si des mesures compensatoires ne sont pas adoptées, on s'expose à ce que certains groupes sociaux et certains pays dépassent « le seuil de soutenabilité sociale» ; c'est-à-dire la limite absolue des effets négatifs d'une politique ou de mesures de réforme économique, en termes de détérioration de situation ou de perspectives économiques, qu'un groupe social ou la société en général est prêt à supporter, sans se rebeller d'une manière ou d'tille autre, que ce soit en émigrant ou en ayant recours à des options politiques de rédemption, avec l'instabilité inévitable qui s'ensuit. Il est évident que pour que l'analyse soit complète, on ne peut pas tenir compte des seuls coùts sociaux de la réforme et de la libéralisation économique ; il faut également prendre en considération les coùts sociaux qu'entraînerait la décision de ne pas engager ces réformes. D'où l'importance d'aborder simultanément les processus de réformes politiques, économiques et institutionnelles dans les PAM et la dimension sociale de l'intégration économique euro-méditerranéenne. Même en termes de viabilité politique, pour que les réformes économiques dans les PAM soient acceptables, elles doivent au moins être assorties de stratégies pour la gestion des conséquences sociales des réformes Annuaire GERM

en question. La crédibilité du Partenariat Euro-méditerranéen exige que cette gestion soit partagée sur la base du principe de co­ responsabilité, au lieu de retomber uniquement sur les PAM, comme cela a si souvent été le cas jusqu'à présent. 2) Définir une stratégie euroméditerranéenne de l'emploi avec l'objectif de veiller à ce que le nombre de chômeurs dans la région n'augmente pas au cours des 10 prochaines années Si les pays méditerranéens partenaires et l'VE sont sérieux à propos de l'objectif de réaliser un développement économique et social durable et équilibré, tel que cela est affirmé dans la Déclaration de Barcelone, il serait alors tout à fait.sensé d'intégrer des objectifs quantifiés en matière d'emploi et une évaluation des répercussions du Partenariat Euroméditerranéen, y compris des fonds MEDA et des Zones Euroméditerranéennes de Libre Echange sur l'emploi à tous les niveaux, car il n'y a pratiquement pas de défi social et économique plus important dans le proche avenir que celui d'offrir des opportunités d'emploi à leurs populations en rapide croissance. Il est très significatif qu'à ce jour pas un seul programme MEDA ne s'est intéressé à l'emploi en tant que tel (quoique plusieurs projets MEDA ont certes lm impact sur l'emploi sur une petite échelle). Par ailleurs, ils devraient mettre en place une stratégie Euroméditerranéenne de l'emploi alliant un système régional de surveillance de l'emploi et des indicateurs de la politique de l'emploi (voir proposition suivante) ainsi que la formulation de directives communes d'orientation qui seraient régulièrement revues, avec des objectifs quantifiés spécifiques pour chaque pays, la définition des instruments et des engagements nécessaires pour les réaliser, et l'allocation des ressources nécessaires dans le cadre des Programmes MEDA. Le modèle à suivre serait cellù du processus de la Stratégie Européenne de l'Emploi en place depuis 1999. La première action pour lancer cette large initiative serait de convoquer une Conférence ministérielle Euroméditerranéenne sur l'emploi rassemblant les ministres de l'emploi de tous les pays Euroméditerranéens partenaires et la Commission Européenne. Il est difficile de comprendre que des conférences ministérielles sectorielles Euroméditerranéennes aient été convoquées sur le Annuaire GERM

commerce (4x), l'industrie (5x), l'environnement (2x), l'eau (2x), la société de l'information, l'énergie (3x), l'agriculture, la culture (2x) et la santé, mais pas une seule sur l'emploi - ni l'éducation d'ailleurs. Il est important de souligner que la formulation et le suivi de cette Stratégie Euroméditerranéenne de l'Emploi en tant que telle n'auraient aucun coût direct ni pour l'DE ni pour les pays méditerranéens partenaires, à l'exception du cotH limité de la préparation des documents et données nécessaires et de la tenue des réunions à caractère politique et technique. La stratégie commune de l'emploi pourrait ainsi s'articuler autour des stratégies nationales en matière d'emploi suivant les orientations générales (et l'approche méthodologique?) définies par la conférence ministérielle et régulièrement évaluées et discutées dans le cadre des Conseils de l'Association - au sein desquels tille sous-commission de l'emploi pourrait être créée, comme il existe d'autres sous-commissions pour différentes questions et, s'il y a lieu, dans le cadre des Plans d'Action du Voisinage. Ensuite ces stratégies nationales pourraient être intégrées avec la Stratégie Européenne de l'Emploi dans tille Stratégie Euroméditerranéenne unique de l'emploi. La formulation de cette Stratégie Euroméditerranéenne de l'Emploi devrait impliquer les partenaires sociaux (notamment les syndicats et les employeurs). Elle devrait également prendre en considération le potentiel de création d'emplois dans ce qu'on est convenu d'appeler secteur tertiaire ou économie sociale, y compris le micro-crédit, les coopératives, etc. En même temps, la nouvelle Stratégie Euroméditerranéenne de l'Emploi devrait être intégrée avec les efforts de promotion des investissements directs, ainsi que la formation professionnelle et les mesures de mise à niveau de l'économie, menés grâce aux fonds MEDA. Les politiques de promotion et de soutien des investissements ainsi que de renforcement de la compétitivité des entreprises locales dans les pays méditerranéens partenaires ont jusque-là été, dans une grande mesure, menées de manière dissociée des stratégies d'emploi, en les liant plutôt à la situation juridique, à l'environnement économique, aux partenariats d'affaires et aux marchés. Annuaire GERM

La Commission pourrait faire un premier pas et élaborer des orientations stratégiques spécifiques en matière d'emploi et de droits économiques et sociaux, comme elle l'a fait en 2003 pour les droits de l'homme. Ce document devrait avoir des objectifs clairs, quantifiés et évaluables. Il devrait incorporer : un mécanisme amenant la ratification et la transposition effective des conventions de l'OIT; un système multilatéral de supervision de la sihlation des droits économiques, sociaux et de l'emploi ; et il devrait favoriser des mesures au bénéfice de l'emploi, de la protection sociale et de la cohésion, en éradiquant la pauvreté. 3) Etablir un système régional euroméditerranéen de surveillance de l'évolution de la situation économique et sociale Il est paradoxal de voir qu'au moment où l'VE est en train de prendre des mesures pour sauvegarder et consolider son propre modèle social, elle ignore complètement cet aspect dans ses relations avec ses 'partenaires', et notamment avec les pays méditerranéens partenaires. Dans ce sens, 1) lm noyau minimum de droits sociaux et économiques - sur le modèle de la Charte Sociale Européenne - devrait devenir une partie intégrante de la coopération avec les pays méditerranéens partenaires - élément essentiel du Partenariat, comme cela a été affirmé pour ce qui est des droits de l'homme, dont les droits économiques et sociaux sont une partie intégrante et indivisible - 2) avec un Plan d'Action Sociale commun visant à réaliser aussi rapidement que possible cet ensemble de droits fondamentaux sur la base de la co­ responsabilité. Des objectifs explicites de politique sociale en termes de taux d'activité, d'incidence sur la pauvreté, d'indicateurs en matière d'éducation et de couverture sociale, accompagnés d'une évaluation et d'lm suivi réguliers des évolutions dans ce domaine (suivant le principe de co-responsabilité) devraient être incorporés comme caractéristiques permanentes du processus de Barcelone, à l'instar de ce qui a déjà été fait au sein de l'VE dans le cadre du processus de surveillance de la politique de l'emploi. L'VE a une large expérience en matière de surveillance multilatérale des politiques sociales et de l'emploi en vertu de "L'Agenda de la Politique Sociale" et "La Stratégie Européenne de l'Emploi". Mais elle l'a mise en pratique exclusivement au sein de Annuaire GERM

ses Etats membres, et non dans ses relations avec les "pays tiers", aussi étroit fusse le partenariat qu'elle entretient avec eux. L'intérêt des méthodologies de surveillance de l'VE - qui ont été développées avec le temps sur la base des erreurs et des échecs ­ réside précisément dans le fait que, dans ces affaires-là, les institutions de l'VE n'ont aucune compétence propre, et qu'elles doivent par conséquent travailler sur la base d'engagements volontaires, du contrôle et de la pression de la part des pairs et les incitations politiques, plutôt que par le truchement de coercition légale et un abandon de la souveraineté de la part des autorités nationales. La situation légale est à cet égard comparable à celle qui prévaut entre l'VE et les pays méditerranéens partenaires en vertu des Accords d'Association. Il est important de souligner que le système de surveillance multilatérale préconisé n'est pas un mécanisme de contrôle indépendant du type observatoire, mais un processus à forte intensité d'information, de dialogue politique orienté vers les programmes, d'échanges et de coopération entre les gouvernements partenaires (c'est-à-dire un processus politique) qui recherche un terrain d'entente sur des questions d'intérêt Commtm. A ce titre, la participation de la société civile en tant que telle dans l'ensemble du processus serait limitée, mais l'existence même du système de surveillance et les informations générées dans ce cadre (qui serait public) deviendrait un instrument essentiel pour l'implication de la société civile et un moyen de pression politique. La surveillance des politiques sociales au sein de l'VE fonctionne sur la base d'lm processus de suivi d'un certain nombre d'indicateurs sélectionnés en vue d'une double comparaison avec la moyenne régionale et un ensemble d'objectifs quantitatifs explicites (pour tous les Etats membres et pour chaque Etat pris individuellement), convenus par les membres/partenaires, et qui doit être réalisé? suivant des calendriers précis. Cela permet la construction d'un tableau de bord qui reflète les performances de chaque pays prenant part à l'exercice et la publication de façon régulière de rapports sur l'état d'avancement ainsi que de recommandations/orientations (soit pour chaque pays individuellement ou pour tous les pays en tant que groupe) sans Annuaire GERM

que cela ait un effet juridiquement contraignant, mais avec un fort impact politique et médiatique. Si elle est adoptée au niveau régional, cette 'approche tableau de bord' pourrait créer lm cadre objectif de référence et susciter lme forte incitation à réaliser des progrès dans ces domaines grâce à une analyse comparative et en mettant une pression politique sur les traînards tout en offrant des incitations financières aux champions (comme c'est d'ailleurs déjà le cas dans le cadre de la nouvelle Politique Européenne de Voisinage comme moyen de ce qui est convenu d'appeler une "conditionnalité positive"). Ce processus d'analyse des politiques axé sur les résultats se prête également à une approche différenciée suivant le pays, prenant en compte les niveaux différents de départ ou les différents degrés d'engagement des pays. Les objectifs peuvent être définis non en pas en termes absolus (c'est-à-dire par exemple "réaliser un taux de chômage de 10% avec lm taux d'activité de 60%"), mais plutôt en termes relatifs (c'est-à-dire par exemple "réduire le taux d~ chômage de 10% et augmenter le taux d'activité de 5 pour cent") pour justement tenir compte de ces différences. Ce processus pourrait aussi servir de base à l'identification et au transfert des meilleures pratiques dans certains domaines en particulier. Bien entendu, étant donné qu'il s'agit d'un processus d'analyse à forte intensité de connaissance et de partage d'informations dans lequel la bonne qualité des données fournies est lm élément essentiel, comme il s'agit aussi d'un exercice politiquement sensible, le rôle d'un organe "technique" relativement indépendant telle que la Commission Européenne dans un tel processus est essentiel pour son succès. Bien qu'il reste encore à créer une institution de ce type dans le cadre du Partenariat Euroméditerranéen, les réseaux des inStihlts de recherche FEMISE et EuroMesco pourraient jouer un rôle important dans les étapes initiales. Etant donné que les politiques sociales et de l'emploi en tant que telles continueraient de relever entièrement de la compétence des pays partenaires, le coùt direct de l'instauration d'un tel système de surveillance serait très limité (et largement attribué aux institutions officielles et administrations étatiques déjà en place), surtout si on le compare avec le fort impact sur l'élaboration des politiques induit au niveau régional. Annuaire GERM

Enfin, la surveillance de la performance des politiques sociales et de l'emploi pourrait être intégrée dans un processus plus large de suivi des politiques économiques et sociales dans leur ensemble (comme cela s'est produit au sein de rUE où les Orientations et Recommandations annuelles relatives aux Politiques des Etats Membres en matière d'Emploi sont depuis 2003 soumises au large exercice des Grandes Orientations de Politique Economique). La question migratoire dans les relations Euro-méditerranennes

Mohamed Khachani Président de l'Association Marocaine d'Etudes et de Recherches sur les Migrations

INTRODUCTION Point de contact des continents asiatique, africain et européen ce bassin a été, depuis toujours, l'aboutissement focal des grands réseaux qui plongent leurs racines à l'intérieur des continents pour venir à la rencontre d'autres cultures et d'autres civilisations. Cette réalité, le bassin méditerranéen la doit à la géographie, au fait que la mer relie trois continents et réduit les distances entre des espaces lointaines. Dans ce bassin, l'histoire des sociétés est fortement liée aux flux migratoires. La constitution des empires, les conquêtes, la colonisation ont forgé à travers le temps des circuits et des réseaux migratoires. A l'intérieur de ce bassin, l'époque contemporaine marque une série de mutations dans ces mouvements migratoires, les années 60 constituent à cet égard, une période charnière, l'Europe - qui avait développé Lme tradition de terre d'émigration depuis la découverte du nouveau monde et les conquêtes coloniales est devenue une terre d'accueil mais qui déploie depuis le début des années 90 une politique migratoire de plus en plus restrictive. L'examen de cette mobilité humaine dans l'espace Annuaire GERM

méditerranéen renvoie à lme problématique multidimensionnelle qui s'articule autour de 5 axes: (i) Comment évolue l'immigration dans le bassin méditerranéen et quelles en sont les formes actuelles? (ii) Quelle est l'évaluation de la population immigrée? (iii)Quels sont les déterminants de la migration? Uv) Quelle est la situation des immigrés dans les pays d'accueil, ie la problématique de l'intégration? (V) Quels sont les incohérences de la politique de l'Union Européenne en la matière? (VI) Quelles sont les perspectives d'avenir? 1- Les flux migratoires dans le bassin méditerranéen: Les formes de la migration Dans les années 60, l'Europe vivait sous l'ère des "trente glorieuses", les besoins en force de travail sont énormes. Trois principaux foyers d'émigration alimentaient ces flux: (*) L'Afrique du Nord , à destination principalement de la France, mais également de la Belgique et des Pays Bas,... (**) L'Europe méridionale: l'Italie, l'Espagne et le Porhlgal, pays d'émigration à l'époque, mais à destination principalement de la France, de l'Allemagne, de la Suisse et de la Belgique. (***) L'Europe orientale, la Grèce, l'ex- Yougoslavie, et la Turquie, à destination de principalement de l'Allemagne. Cette migration de travail était à l'origine temporaire comme l'indique le terme allemand Gastarbeiter (travailleurs- invités). Mais ce qui caractérisait cette vague d'émigration, c'est qu'elle était essentiellement masculine et individuelle. A partir de 1974, le déclenchement de la crise dans les pays européens suite au premier choc pétrolier, la montée et l'aggravation du chômage étaient à l'origine d'lm renversement des politiques migratoires; celles-ci vont ralentir les flux de départ à destination de l'Europe. Cette politique restrictive s'est accompagnée de l'apparition de 4 formes principales d'émigration dont certaines existaient auparavant mais se sont intensifiées depuis: Annuaire GERM

(i) L'émigration dans le cadre du regroupement familial qui va prendre le relais de l'émigration individuelle. Par son ampleur, ce processus qui a bénéficié surtout aux migrants anciennement installés en Europe a changé la finalité du projet migratoire qui de provisoire devient définitif, il a par ailleurs complètement transformé les structures par âge et par sexe de la population étrangère dans les différents pays d'accueil; ce qui a engendré un rajeunissement et surtout une féminisation de la population immigrée en Europe. (iD L'émigration féminine: Le phénomène est plus visible chez la femme marocaine et s'est développé à partir principalement de la deuxième moitié de la décennie SOs . Les femmes migrent de plus en plus en leur qualité d'entités économiques autonomes, il s'agit de femmes surtout célibataires, mais également divorcées ou veuves, parfois même mariées avec ou sans enfants. Ces femmes souhaitant améliorer leurs conditions de vie arrivent dans les pays d'accueil à la recherche d'un travail.

Tableau N° 1 : Maghrébins de 15 ans ou plus, actifs et taux d'activité par pays en France en 1999

Nationalités Hommes Femmes Les deux sexes Total Actifs Taux Total Actifs Taux Total Actifs Taux Algériens 229620 140105 61.0 206456 74889 36.3 436076 214994 493 Marocains 217 171 144000 66.3 199669 60255 30.2 416840 204 255 49.0 Thnisiens 77 679 56784 73.1 20702 20702 36.7 134034 77 486 57.8 Total 524470 340889 65,0 462480 155846 33,7 986950 496735 50,3

Source: INSEE: Enquête Emploi de Mars 2000

Les données disponibles pour l'Italie montrent l'importance croissante de la féminisation du mouvement migratoire:

5- Mohamed Khachani: "Les femmes maghrébines immigrées". communication au XXIVème Congrès Général de la Population organisé par l'Union Internationale pour l'Etude Scientifique de la Population. Salvador. Brésil. 18­ 24 août 2001. Annuaire GERM

Tableau N° 2 : Permis de sejour délivrés aux femmes maghrébines entre 1994 et 1999

Nationalité 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 Algériennes 540 484 517 612 681 916 1043 1211 Marocaines 8180 8844 12010 14641 17660 23722 27960 34349 Tunisiennes 3733 3117 3783 4346 5193 6866 7829 8827 Total 12453 12445 16310 19599 23534 31504 36832 44387

Source: Statistiques du Ministère de l'Intérieur 2000

L'effectif des migrantes a été multiplié par 3,5 entre 1992 et 1999. Pour Les Marocaines, il a plus que quadruplé. Si l'émigration dans le cadre du regroupement familial avait des causes essentiellement culturelles, l'émigration féminine autonome a des causes fondamentalement économiques; la crise qui a frappé les économies tiers- méditerranéennes à partir de la fin des années 70 et qui va engendrer des disfonctionnements qui se sont intensifiés à partir du début de la décennie 80. (im Depuis 1990, les flux d'émigration vers les pays d'accueil traditionnels ont fortement régressé, les réseaux clandestins ont pris le relais des circuits légaux. En fait dans cet espace, la migration clandestine n'est pas tm phénomène nouveau. Dès les années 50 et surtout 60 et 70, elle existait parallèlement à la migration légale. Cette forme d'immigration fut toutefois tolérée. En effet, il n'est pas sans intérêt de rappeler qu'entre 1950 et 1975, la plupart des pays de destination de la migration clandestine avaient accepté cette présence irrégulière et se sont même abstenus d'élaborer des lOis pour la .contrer. L'absence de contrôle de l'immigration clandestine à l'époque se justifiait pour reprendre un argument du Ministre des affaires sociales du Général De Gaules, Jean Marcel Jeanneney, par les besoins de l'économie françaisé , ce même 6- Emmanuel, VAILLANT: L'immigration- coll. Les essentiels -ED Milan - France. 1996,p14. Annuaire GERM

argument, füt avancé par le ministre belge Servé, devant le parlement. La migration clandestine offrait alors dans ce contexte de grands avantages financiers et sociaux aux entrepreneurs, c'était l'époque des trente glorieuses. Seulement, après la crise de 1973 et le premier choc pétrolier, le contexte a commencé à changer. De nos jours, le phénomène prend une autre dimension depuis les accords de Schengen. Le nom de cette petite bourgade viticole du Luxembourg devint désormais lié à une panoplie de dispositifs réglementaires et de digues administratives destinée à contrôler en amont les flux migratoires. Les dispositions prises à la suite de la convention d'application des accords de Schengen signée en juin 1990 (établissement de visas, contrôles rigoureux aux frontières, système très sélectif de délivrance de permis de travail, ...) ont réduit l'émigration légale. Seulement, ces mesures ont-ils arrêté le phénomène? Force est de constater que ces mesures n'ont pas pour autant arrêté le phénomène de la migration clandestine. L'illusion de la maîtrise de ces flux par le «tout contrôle» parait patente, car chaque jour, dans des conditions difficiles et au prix parfois de leur vie, des milliers de personnes tentent de traverser les frontières de l'espace européen à la recherche de meilleures conditions de vie dans les pays de la rive Nord. Les candidats à l'émigration clandestine empruntent différentes voies pour accéder au territoire de l'Union Européenne (UE). La plupart des migrants clandestins arrivent en Europe par voie légale avec un visa en règle. Mais les trois principaux passages, où opèrent les réseaux des passeurs, demeurent la frontière gréco-turque, les côtes italiennes et le Détroit de Gibraltar qui demeure le passage le plus médiatisé à cause des drames quotidiens des pateras et de ce que la presse espagnole appelle « las espaldas mojadas». Le nombre de pateras (embarcations de fortune) interceptées par les autorités espagnoles a été multiplié par 23 en l'espace de 6 ans (1994 - 2000). L'année 1995 constitue une année charnière dans l'intensification de ce mouvement de pateras dont le nombre a quadruplé passant de 34 en 1994 à 130 en 1995.Entre 1995, année de la Déclaration de Barcelone et 2000, le nombre de pateras a sextuplé. Annuaire GERM

L'évolution récente de ce phénomène a été marquée par l'apparition de nouveaux profils d'émigrés clandestins. Les changements constatés dans cette forme d'émigration se sont opérés au niveau de quatre paramètres7: * Le sexe: la migration clandestine, masculine au départ, est devenue mixte; de plus en plus de femmes tentent l'avenhlre dans les mêmes conditions difficiles que les hommes. Il est devenu fréquent que les gardes côtes espagnols interceptent des pateras aVec à bord des femmes.( Le journal ABC du 23 juin 1999 rapporte le cas de cette patera interceptée par la gtiardia civile espagnole aVec à bord 15 femmes près des côtes marocaines de Ceuta. * L'âge: des enfants mineurs émigrent dans la clandestinité en se cachant dans des camions remorques, sous des cars ou dans des containers. Leur présence est devenue visible dans certaines villes en Espagne (Madrid, Barcelone,...) et en Italie ( Milan, Rome,...)8. Les candidats à cette forme de migration sont souvent des enfants abandonnés ou des enfants qui travaillent et qui ont tendance à incuber le projet d'émigrer. L'importance de ce phénomène peut être appréciée à partir d'une enquête sur le travail des enfants menée au Maroc. Parmi les conclusions de cette enquête, 18,2% des enfants de moins de 15 ans ( 13,2% des filles et 23,2% des garçons) ont comme projet d'avenir l'émigration9. Les destinations les plus ciblées de ces mineurs sont l'Espagne et l'Italie1O. * Le niveau d'instruction : Les candidats à l'émigration clandestine, avant personnes analphabètes ou ayant un niveau de

7- Voir Mohamed Khachani: Les Marocains d'ailleurs: la question migratoire à l'épreuve du partenariat euro-marocain. Publications de l'AMERM. 2004, P 57. 8- Voir Khachani Mohamed: Jeunesse et migration. RAPPORT SOCIAL 2003. Publications du Bulletin Economique et Social 9- Benradi,M, Guesous, Ch, Khachani,M et Tebbaa, J: Le travail des enfants au Maroc. Association Marocaine d'Aide à l'Enfant et à la Famille. Casablanca. 1995. Document non publié.. 10- Les statistique espagnols, sous estimant le nombre réel, indiquent que le nombre de mineurs marocains qui résident d'une manière illégale en Espagne a connu une augmentatIOn importante, il est passé de-:382 en 1998 a 705 en 1999 pour atteindre 1134 en 2000. Voir Maroc rlebdo international N° 454 du 2 au 7 mars 2001.P8. En Italie, au 31-1-01-2002, sur un total recensé de 7.921 enfants mineurs non accompa~nés,les Albanais représentent 50%( 4.018) suivis par les Marocains 7,4%). Voir Caritas: IMMIGRAZIONE. Dossier Statistico.200 . P.176 Annuaire GERM

formation professionnelle généralement bas, sont de plus en plus instruits avec une proportion de diplômés et de lauréats d'écoles de formation professionnelle. Ces diplômés occupent, dans les pays d'accueil, des emplois se situant au bas de l'échelle sociale comme la cueillette des tomates ou des fraises, ou encore le petit commerce et «autres petits jobs» sur les plages. * Les régions d'origine: Les candidats à l'émigration clandestine ne sont pas tous originaires de l'espace euro- méditerranéen mais de plus en plus de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie. Le Maroc à l'ouest et la Turquie à l'est sont devenus des espaces de transit et ont tendance à devenir des pays d'immigration. En effet, en ce qui concerne l'Afrique, de plus en plus de jetmes africains des deux sexes traversent le désert par différents moyens afin d'arriver en Afrique du Nord, dans l'espoir de terminer ce périple dans tm pays de l'Union Européenne. Cette traversée se passe parfois dans des conditions suicidaires. Une dépêche de l'AFP rapporte à ce propos la mort de soif de 93 Africains dans le désert à la frontière sud de la Libye après la tombée en panne du camion qui les transportait 11. Ceux qui transitent par le Maroc sont originaires d'une quarantaine d'Etats africains. Les Maliens viennent en tête suivis des ressortissants de la Sierra Leone, du Sénégal,du Nigeria, de la Guinée, du Ghana et du Cameroun. (iv) L'émigration élitiste: L'exode des compétences est un grand défi auquel sont confrontés les pays tiers méditerranéens( PTM). Ce nouveau profil de migrants, coïncide avec le redéploiement au Nord d'tm mode de croissance fortement utilisateur de matière grise en provenance du Sud. L'arrivée des cadres du «Baby Boom» à la retraite et le manque relatif de spécialistes dans certains pays de l'Union Européenne, en particulier dans le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication, accule ces pays à lancer des campagnes de recrutements dans différents pays du Sud. Les données sur ces recnttements sont rares, mais certains indices révèlent l'importance de cet exode, telle l'existence en France d'associations créées par ces compétences: Fédération des Ingénieurs Maghrébins de France, Amicale des Médecins

11- Le Monde du 19 mai 2001 Annuaire GERM

d'Origine Maghrébine de France, Association des Anciens de l'Ecole Nationale Polytechnique d'Alger, Association des Médecins Algériens de France, l'Association des Informaticiens Marocains en France, Association des Avocats Marocains de France et l'association «Savoir et Développement» qui regroupe des chercheurs marocains de différentes spécialités opérant dans différentes régions françaises, au Canada et aux Etats tmis 12. Ce "transfert inverse de technologie" qui permet aux pays d'accueil d'accroître leur potentiel scientifique accentue les déséquilibres entre les deux rives de la Méditerranée. Ce « brain drain» interpelle aussi bien les pays du Sud que ceux du Nord et ce pour deux raisons: - D'une part, cette élite représente l'une des ressources les plus rares des PTM, - D'autre part, sa formation a demandé du temps, coùté cher et bénéficié d'importants subsides étatiques. II-La dimension du phénomène: A la lumière de cette évolution, quel est le volume de l'immigration tiers méditerranéenne dans les pays de l'Union Européenne? Le nombre des Immigrés originaires des PTM en Europe est difficile à évaluer en raison de l'importance des flux clandestins et du nombre important des naturalisés, phénomènes engendrant des évaluations parfois très disproportionnées suivant les sources statistiques( par exemple entre les statistiques d'Eurostat et celles des pays émetteurs des flux migratoires). Concernant l'évaluation de la migration clandestine, il convient de relever que ,de par sa nature même, le phénomène de la clandestinité est difficile à mesurer. Si des statistiques sur les personnes régularisées ou arrêtées en sihlation d'illégalité sont parfois disponibles, il n'en demeure pas moins que les estimations les plus contradictoires quant à sa quantification sont avancées selon les différentes sources d'information. Certaines estimations que nous présentons à titre indicatif pour

12- Mohamed Khachani: "L'émigration élitiste Sud-Nord: le cas du Maroc"ln Annuaire de la Méditerranée 2001. Ed du GERM. 2002 Annuaire GERM

montrer le désarroi face à l'évaluation de cette forme d'émigration, avancent le chiffre de 500.000 clandestins qui rentrent chaque année dans les pays de rUE (Europol), estimation confirmée par Jonas Widgren, directeur du Centre international pour le développement des politiques migratoires à Vienne13 . - L'Organisation Internationale pour les Migrations estime que le stock de migrants clandestins dans les pays de rUE atteint 1,5 millions de personnes, estimation en deçà des 2,6 millions des sans papiers faite au début des années 90 par le BIT, estimation incluant les travailleurs saisonniers et les demandeurs d'asile dont les demandes ont été rejetées mais qui n'ont pas quitté le territoire14 . Mais le BIT a estimé récemment que les migrànts en situation irrégulière dans le monde représentent entre 10 à 15% de la population migrante15 . Citoyens des PTM par pays de nationalité dans les pays de l'UE Tableau 1 : Ressortissants des pays tiers méditerranéens résidant dans un pays de l'Union Européenne, selon le pays de nationalité et le pays de résidence, en 2000

Pays de Année Algérie Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie résidence Autriche 2001 Belgique 1999 8452 613 215 1098 125082 699 4243 Danemark 2001 408 594 785 2538 3293 588 470 Finlande 2001 216 200 113 84 537 93 164 France (1) 1999 685558 15974 933 33278 725782 869 10826 260622 Allemagne 2000 17186 13811 11190 54063 81450 24421 24260 Grèce 1998 216 6599 1381 2465 444 2587 336 Irlande 2000 Italie (2) 2000 11435 33652 2936 3729 170905 2370 55213

Source: Conseil de l'Europe, sauf Autriche (recensement de 2001) et France (recensement 1999) 13 - Entretien avec Jonas Widgren. In Cahiers Français N° 307. mars-avril 2002 14 - Cité in Conseil de l'Europe : Les caractéristiques démographiques des populations immigrées ;Ed. Conseil de l'Europe. 2002 p,27. 15 - L'ECONOMISTE N°1819 du 26 juillet 2004 Annuaire GERM

(1) y compris les résidents ayant acquis la nationalité française. (2) Les estimations suivantes d'immigrés en sihlation régulière, mises à jour pour 2002, sont fournies par http://www.stranieriinitalia.ithœws/dati6jeb2003.htm : Egypt: 52719; Morocco : 257513; Tunisia :79149 Aujourd'hui, on compte plus de six millions de migrants tiers méditerranéens résidant dans les pays de l'UE. Parmi cette population et par ordre d'importance, les migrants turcs constihlent la première communauté, suivis par les Maghrébins, soit respectivement 50,3% et 41% Cette population maghrébine est répartie entre plus de 22% pour le Maroc, près de 13% pour l'Algérie et 5,8% pour la Tunisie. C'est une population dispersée mais fortement représentée dans certains pays de l'Union européenne. Les ressortissants hircs occupent la première place en Allemagne et aux Pays Bas. Les Maghrébins occupent la première place parmi les étrangers non commtmautaires en France, en Belgique, en Italie et en Espagne, ils occupent la deuxième place en Allemagne et aux Pays Bas (derrière les Turcs).

Cette évaluation de la population migrante et sa répartition entre les différents pays de destination confirment l'importance du fait migratoire devenu un phénomène de société voire même tme culture dans la plupart des pays tiers- méditerranéens. III- Les déterminants de la migration Afin de comprendre ce phénomène, il faut d'abord connaître ses causes. Le schéma explicatif du phénomène est assez complexe, Annuaire GERM

l'acte d'émigrer est le produit d'tme conjonction de plusieurs facteurs internes, mais il n'aurait pas pris cette importance s'ils n'existaient pas d'autres facteurs d'appel dans les pays d'accueil16. Certes, une décision aussi lourde de conséquences que celle de quitter « chez soi», son milieu social et vivre l'altérité ne se fait pas à la légère. L'enjeu n'a d'égal que l'acharnement qui accompagne assez souvent la décision de partir. III-II Les causes dans les pays de départ Cet engouement pour la rive Nord de la Méditerranée s'explique par divers facteurs. Dans son enclenchement, son activation et sa continuation, le processus migratoire est le résultat de l'effet combiné de deux types de facteurs: (i) des facteurs générateurs (ii) et des facteurs incitateurs -111-1-1 Les facteurs générateurs -(i) Le phénomène de l'émigration exprime fondamentalement les disparités économiques qui caractérisent les deux rives : le Revenu National (RN) per capita dans les PTM est trop faible comparé aux principaux pays de destination des flux migratoires. Exceptés Israël, la Turquie et le Liban, il se sihle en dessous de 10% du revenu per capita européen. Tableau N° 4: RNI habitant en % de celui de lIVE

Source: World Bank: World Development Report 2002 A cet écart entre les deux sphères s'ajoutent d'autres écarts internes, celui résultant de la répartition des revenus entre les différentes catégories sociales, mais également les écarts de développement entre les différentes régions à l'intérieur des pays d'origine. (ii) La plupart des économies de l'Est et du Sud méditerranéens, est soumise à une forte instabilité économique. C'est le secteur primaire qui conditionne le rythme de la croissance économique.

16 - Eurostat: Facteurs d'attraction et de répulsion à J'origine des flux migratoires internationaux. Rapport national-Le Maroc,préparé par fadfollah.A, Berrada.A , et KhachanLM . Eurostat. 2000. Annuaire GERM

L'agriculhlre, en dépit des efforts déployés pour développer le secteur irrigué, demeure dépendante des aléas climatiques. La récurrence des années de sécheresse durant les deux dernières décennies a eu, compte tenu d'un PIB agricole très fluchlant, un impact négatif sur le rythme de croissance. Tableau N°S: Taux de croissance annuel du Produit Intérieur Brut

PSEM 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Maroc 6,9 -4,0 -1,0 10,4 -6,5 12,1 -2,2 6,8 -0,7 2,2 Algérie 0,2 1,6 -2,1 -0,9 3,8 3,8 1,1 5,1 3,0 2,1 Tunisie 3,9 7,8 2,2 3,2 2,4 7,1 5,4 5,0 6,2 4,7 Egypte 1,2 4,4 2,9 4,0 4,6 5,0 5,5 5,6 - 4,6 Turquie 0,9 6,0 8,0 -5,5 7,2 7,0 7,5 3,1 -5,0 3,7 Source: Statistiques euro- méditerranéennes. Eurostat. 2000 l'Etat Cette instabilité de la croissance (en dents de scie) produit des effets déstabilisants au niveau du marché de l'emploi. Elle pose avec acuité le problème de l'absorption des déficits d'offre d'emplois et la satisfaction de l'offre de travail additionnelle. (im En dépit de l'état avancé de la transition démographique dans les PTM, la croissance de la population demeure relativement élevée. Cela agit directement sur le volume de la population active et engendre une offre de travail additionnelle importante que le marché du travail local n'est pas en mesure de satisfaire. Le chômage affecte ainsi tille population nombreuse. Sous le poids de l'application des politiques d'ajustement structurel et du désengagement de 17, ce fléau a pris des dimensions inquiétantes, accusant les inégalités et jetant dans la pauvreté de larges couches de la population. (iv) Le différentiel des salaires : cette pression migratoire s'explique également par le faible niveau des revenus. A cet égard,

17 - L'Etat, traditionnellement un créateur d'emploi, a réduit énormément sa contribution au marché du travail. Le moms d'Etat a engendré moins d'investissements publics et par conséquent moins d'emplois. Au Maroc, par exemple, l'Etat qUI créait en moyenne par an plus de 40.000 emplois entre 1979 et 1982, n'en créait plus que 10.000 à 15.000 entre 1983 et 1994 et 16.854 en moyenne entre 1995 et 2oo1.La loi des finances 2005 prévoit la création de 7000 emplois seulement. Annuaire GERM

la part des «working poors» c'est à dire les personnes qui ont un emploi mais qui reçoivent des rémlmérations trop faibles pour vivre décemment est en constante croissance; le différentiel des salaires demeure important et exerce lm puissant attrait sur les émigrés potentiels. (iv) les facteurs politiques : les crises politiques déclarées ou latentes, l'occupation des territoires, l'absence de démocratie, les déficits de gouvernance constituent autant de facteurs déterminants pour s'expatrier. Les exemples de ces déficiences abondent dans le pourtour méditerranéen engendrant parfois lme hémorragie de compétences vers les pays du Nord, ce qui prive les PTM d'une ressource vitale pour la mise à niveau de son système productif. 111-1-2- Les facteurs incitateurs Si les causes économiques et politiques sont autant de facteurs d'émigration, l'idée d'émigrer peut ne pas se manifester chez des candidats potentiels. L'incubation du projet d'émigrer est souvent enclenchée sous l'effet d'autres facteurs d'attraction, ces facteurs incitateurs engendrent les mécanismes de l'émigration et provoquent un effet d'entraînement qui assure le passage du stade latent à celui de la concrétisation du projet. (i) L'image de la réussite sociale qu'affiche l'immigré de retour au pays pendant ses vacances annuelles. Cette image conforte l'idée qu'on se fait de ce présumé "Eldorado" largement médiatisé par la télévision. (ii) L'impact de l'audiovisuel: En effet, la révolution de la communication a provoqué une banalisation de la parabole, le bas pris du« plateau magique» le rend accessible à des populations périurbaines voire même rurales. Par l'intermédiaire de l'image diffusée par des dizaines de chaînes, des couches déshéritées sont transportées chaque soir, dans un monde magique qui cultive en eux le désir d'émigrer. (Hi) La proximité géographique :A l'est, la Turquie a une frontière terrestre avec l'Union Européenne. A l'Ouest, l'Europe est à 14 kilomètres des côtes marocaines, le littoral espagnol est visible à partir de la côte marocaine qui s'étend de Tanger à Ceuta. Si ces facteurs générateurs et incitateurs entretiennent une forte propension à émigrer, celle-ci demeure stimulée également par des facteurs émanant des pays d'accueil. Annuaire GERM

1I1-2- Les facteurs d'appel dans les pays d'accueil (i) Le rêve d'émigrer est aussi le produit de l'interdit, le développement de cette forme de migration est la conséquence de la politique migratoire européenne fondée sur la réduction drastique des visas et le contrôle rigoureux aux frontières, instmctions dictées par l'arsenal juridique de Schengen. Cependant, ces mesures, comme on l'a précisé précédemment, ont eu des effets pervers, ils ont paradoxalement engendré le développement de l'émigration illégale et ont eu principalement pour effet de rendre le coùt de la traversée des frontières plus prohibitif. Dans ces conditions et en dépit de la désillusion à laquelle peut être confronté l'émigré, le retour est une option à exclure, celui-ci ne peut en auCtm cas revenir au pays «les mains vides» et montrer à son entourage familial l'échec de son entreprise. (ii) Une demande de travail spécifique existe dans les pays d'accueil, cette demande répond, pour des raisons de coùt et de flexibilité, aux besoins d'un marché secondaire, caractérisé par des emplois précaires et/ou socialement indésirables. Cette demande de travail émane principalement de certains secteurs comme l'agriculture, le bâtiment et les services. Cette demande est particulièrement forte dans le secteur informel qui représente dans les pays de l'arc latin entre 20 à 25% du pm. Ces secteurs, en particulier, tirent de grands avantages financiers et sociaux de cette main d'œuvre clandestine, réputée docile et peu coùteuse. La sanction encoume par l'employeur qui recourt à la main d'œuvre clandestine, selon les législations en vigueur, ne semble pas constituer un facteur de dissuasion. Cet appel économique qui explique en grande partie la recmdescence du phénomène de la migration clandestine est pratiquement occulté par les médias et presque absent du discours officiel18 . Cette dialecti.que du rejet juridique et de l'appel économique a favorisé le développement de ce qu'on pourrait appeler le «commerce des illusions».

18- Voir: Khachani Mohamed"Des liens en migration et développement". Document üIM présenté lors de la rencontre ministérielle 5+5 à Tunis. 16­ 17 octobre 2002. Tunis Annuaire GERM

(iii) Le «commerce des illusions» est tille activité qui prend des dimensions dramatiques. Des réseaux structurés se sont formés dans les trois rives pour faire passer des clandestins aux pays de lUE, ils assurent leurs services à des prix exorbitants ; au Maroc, par exemple, les candidats paient des sommes qui varient entre 600 Euros et 5500 Euros, selon que les passeurs sont des Marocains ou des Espagnols19 . Le prix peut être plus élevé si le service inclut la promesse de documents de travail en règle, promesse souvent sans fondement20 . 111- La situation des immigrés dans les pays d'accueil : la problématique de l'intégration «Ils ont voulu des bras, ils ont reçu des hommes ». Ainsi résumait le sociologue français Alain Touraine la problématique de l'intégration. Celle-ci demeure tille question très vaste et très complexe, complexe parce que le statut de l'immigré et sa condition diffèrent en fonction de plusieurs paramètres. L'intégration des migrants renvoie à une problématique à différents paliers. Elle pose d'abord un problème de conceptualisation : qu'est ce que l'intégration ? elle renvoie également aux sujets de l'intégration, groupe hétéroclite dont l'hétérogénéité se situe à plusieurs niveaux: la nationalité, le milieu d'origine, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction,... L'intégration renvoie à la dynamique des relations et des affiliations collectives dans les pays d'accueil, ce que Jacques Berque nommait : «la dialectique de l'unitaire et du plural». Intégration et lutte contre l'exclusion vont de paire, l'une conditionne l'autre. Or ce que l'on constate c'est que l'exclusion se maintient dans la sphère sociale et en particulier dans la sphère du travail. Ainsi, une fois franchies «les frontières externes», le migrant se trouve confronté aux «frontières internes» qui sont

19- D'après des témoignages de clandestins marocains en Espagne, des réseaux espagnols participent au trafic dans le Détroit, ils opèrent a partir de l'enclave occupée de Ceuta. Le statut colonial anachronique de la ville en fait une plaque tournante du trafic humain à destination de la rive Nord. Cf. Attar,B& Khacha.ni, M: Emigracion clandestina : una responsabilidad compartida. CAMBIO 16 N° 1565 du 3 décembre 2001. 20- Il est difficile d'estimer les bénéfices tirés par ces réseaux de ce trafic humain. Au niveau international, le chiffre d'affaires des réseaux maffieux des passeurs est estimé entre 5 à 7 milliards de $ par an . Cf. Peter SALKER : Travailleurs sans frontières, l'impact de la mondialisation sur les migrations internationales. Bureau International du Travail-2000. Annuaire GERM

d'ordre économique, politique et sociale. En fait, les frontières externes ne constituent qu'«un mirage», puisqu'en réalité les véritables frontières sont les barrières internes faisant la différence entre ceux qui sont à l'intérieur de la société et ceux qui sont à l'extérieur21 . Cette frontière se manifeste avec plus d'acuité au niveau du marché du travail. (i) La discrimination dans le marché du travail: Les mutations économiques ont en général fragilisé la position de la main d'œuvre immigrée sur le marché de l'emploi des pays d'accueil et engendré des taux de chômage des immigrés supérieurs à ceux des nationaux. La répartition des chômeurs par nationalité n'est pas égale: ce sont les Maghrébins et les Turcs qui sont les plus touchés. Cette discrimination dont l'intensité diffère selon les pays s'explique par la «préférence nationale» et l'exclusion dont souffre une large partie de la commtmauté immigrée dans les pays d'accueil, Ce contexte, accentue le déficit dont souffrent les immigrés en matière des droits de l'homme et qui se manifeste dans le racisme et la xénophobie, voire même la haine et la violence dont sont victimes ici et là des immigrés. (ii) La discrimination dans l'espace social: Le racisme Il est certain qu'aucun facteur n'a à lui seul, un effet aussi dangereux pour l'intégration des immigrés que le racisme. Concernant cette attihlde de rejet, la grande enquête réalisée par l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes en 1997, année décrétée «Année européenne contre le racisme» a fourni «des informations très préoccupantes quant à la perception du racisme et de la xénophobie en Europe».Comparé aux résultats de l'année 1989, on s'aperçoit que le racisme progresse parmi la population européenne; près de 33% des personnes interrogées se déclarent ouvertement «assez racistes» ou «très racistes;; et 41% des européens déclarent trouver trop nombreux les minorités ethniques d'une autre nationalité, religion ou culture vivant dans leur pays (contre 37% en 1989). Les immigrés subissent la ségrégation tant sociale (étiquetage, stigmate, ...) que spatiale (quartier d'habitation, seuil de

21- Cf. Bermudez Maria deI Mar: Le mirage des frontières: Les migrations clandestines et leur contrôle en Espagne. Thèse IEP de Paris. décembre 2004.

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tolérance,...) Ce rejet se traduit dans la multiplication des comportements discriminatoires non seulement dans les relations de travail mais également dans les services et les instihltions ouverts aux usagers et à la clientèle, dans l'accès au logement et dans le bénéfice des droits et avantages sociaux. IV- Les politiques migratoires dans l'espace euro- méditerranéen. En effet, si la politique migratoire dans les PTM s'articule autour de 3 axes: la migration comme facteur de régulation du marché du travail, l'encouragement des transferts et son corollaire le maintien des liens culhlrels et humains avec le pays d'origine , axes auxquels il faut ajouter dans certains pays la lutte contre la migration illégale2 ,dans les pays de l'UE, là forte présence étrangère a érigé l'immigration en «tm enjeu transnational, commun aux Etats Européens». Afin de mieux saisir cet enjeu, il serait intéressant de rappeler les principales étapes de cette politique migratoire européenne. - La première ébauche en la matière fut tme initiative franco­ allemande, l'accord de Sarrebruck signé le 13 juillet 1984. - Cet accord fut étendu aux pays du Benelux le 14 juin 1985 à Schengen. Les signataires de« l'Acte unique européen» prirent les décisions suivantes: * l'adoption d'un système de visa tmique, obligatoire pour les non communautaires qui veulent pénétrer et circuler en touristes dans l'espace Schengen23 . * la suppression des contrôles aux frontières entre Etats et l'instauration d'tme coopération pour le contrôle des frontières extérieures entre l'espace Schengen et le reste du monde. - Cette coopération entre les pays membres de l'Union Européenne se concrétisa notamment par la mise en service du SIS (Système d'Information Schengen)24 permettant ainsi de

22- Voir Mohamed Khachani: la question migratoire au Maroc: la dimension juridique. RAPPORT SOCIAL 2004. Publications du Bulletin Economique et Social. 23- La France était le premier pays à instituer le visa pour les Maghrébins en 1986 our être généralisé après par tous les pays de l'UE 24- Ee système informatique d'enregistrement et d'échange de données est composé de deux réseaux, un SIS national créé dans chaque Etat membre et un SIS central situé à Strasbourg en France. Des terminaux du SIS sont installés dans t.ous les po.ints de passage frontaliers des Etats membres et fournissent en informations les consulats qui délivrent les visas. Annuaire GERM

centraliser les informations sur la question des visas. La convention d'application des accords de Schengen fut signée le 19 juin 1990 et entrée en vigueur depuis le 26 mars 1995. - En 1990, les accords de Dublin devaient définir au niveau de l'Union européenne une politique d'asile commune, assortie d'un dispositif de filtrage renforcé. Le Centre d'Information, de Discussion et d'Echange sur l'Asile (le CIDEA). Ce dispositif devrait permettre une coopération dans le contrôle et de définir des critères communs pour déterminer le statut de réfugié. - Le traité de Maastricht (1992) fait de la liberté de circulation, de séjour, d'installation et de travail l'un des fondements essentiels de la citoyenneté européenne (définie dans son article 8 comme un élément de l'union politique pour les Européens) et différencie ainsi les Européens communautaires des non communautaires. La maîtrise des frontières et la politique de l'asile font partie du troisième pilier, càd du domaine des décisions intergouvernementales (justice et affaires intérieures)25. Afin de soutenir cette stratégie et lutter contre l'immigration clandestine, des accords de réadmission sont signés, à partir de 1991, avec les pays non communautaires riverains ou voisins de l'Union Européenne émetteurs de flux migratoires. Ces pays s'engagent dans le cadre de ces accords à reprendre sur leur territoire les migrants ayant franchi de manière illégale les frontières de l'Union, qu'ils soient originaires de ces pays ou qu'ils aient transité par leurs territoires. Ils sont appelés ainsi à assumer le rôle de «garde-frontières» du système Schengen. - Avec la signature du Traité d'Amsterdam en 1997, l'espace Schengen s'étendit à 12 Etats membres de l'Union. L'importance de ce Traité vient du fait qu'il révise les autres traités sur lesquels est fondée l'Union Européenne, notamment le Traité de la Communauté Européenne (TCE) et le Traité de l'Union Européenne (TUE). L'apport fondamental en matière d'immigration et qui constitue lm pas qualitatif important sur la question, est la communautarisation de la politique migratoire de l'Union. Dans ce nouveau traité, l'UE insère lm nouveau titre, le

25- Catherine de WENDEN ; L'Europe migratoire. Document non publié. Annuaire GERM

titre IlIA sur les visas, l'asile et l'immigration à la deuxième partie du TUE et y intègre «l'acquis de Schengen». Le Traité constitue désormais «le principal fondement juridique de la politique européenne d'immigration"26 . Ce domaine qui relevait avant de la compétence exclusive des Etats est désormais en partie transféré à l'Union Européenne, celle­ ci devrait légiférer en la matière. Un rôle essentiel est assigné à la Commission, exécutif communautaire, indépendant des Etats. C'est sur la base des propositions formulées par celle-ci que les décisions sont prises par le Conseil des ministres de l'Union Européenne dans sa formation "Justice et Affaires Intérieures". Le Parlement européen n'exerce à ce niveau qu' «lm rôle purement consultatif». Pendant les cinq années qui suivront l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam, le 1er mai 1999, les décisions seront prises à l'unanimité et les Etats disposeront au sein du Conseil des Ministres d'un droit de veto en matière d'asile et d'immigration. Mais à partir du 1er mai 2004, les procédures de décision communautaires devraient être appliquées et les décisions seront prises dès lors à la majorité qualifiée, les Etats disposeront en fonction de leur importance d'un nombre déterminé de voix27 et la majorité requise sera d'environ deux tiers. En outre, ce passage à la majorité qualifiée se double de la reconnaissance du pouvoir législatif du Parlement européen, qui partage dès lors avec le Conseil des ministres la responsabilité de statuer sur les propositions de la Commission. Les Etats membres seront ainsi contraints d'appliquer les nouvelles lois sous peine de lourdes sanctions pécuniaires prononcées par la Cour de Justice Européenne. Cette nouvelle donne laisse subsister toutefois des brèches. D'tme part, comme l'indique Catherine de WENDEN, il s'agit d' «une communautarisation à géométrie variable» dont ne font pas partie le Royaume Uni et L'Irlande et d'autre part, en verht du

26- Maxime Tandonnet: "la nouvelle donne de l'immigration en Europe". Migration et Société. Vol 13,no74, mars avril 2001.Voir également Maaroufi Abaellatif: le Traité d'Amsterdam. Doc non publié 27- Cette pondération qui entrera en vi~ueur le 1er janvier 2005 a été ainsi fixée par le Conseil européen de Nice( decembre 2000): 29 pour l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume uni, 27 pour l'Espagne; 13 pour les Pays Bas, 12 pour la Belgique, la Grèce et le Portugal ; 10 pour la Suède et l'Autriche; 7 pour le Danemark, la Finlande et l'Irlande,3 pour le Luxembourg. Annuaire GERM

«principe de la subsidiarité», les Etats gardent la possibilité de légiférer sur le plan national en matière d'asile et d'immigration, à Condition toutefois de respecter les dispositions du droit communautaire en la matière. Il convient de signaler également que le Traité d'Amsterdam, qui a entériné l'acquis de Schengen en sUpprimant les contrôles aux frontières entre Etats membres prévoit la possibilité pour ces Etats de maintenir ce contrôle en cas de menace pour l'ordre public et la sécurité nationale. Enfin, même si le traité d'Amsterdam inaugure tme ère de commtmautarisation de la question migratoire, ceci reste, pour le moment soumis à une longue procédure et risque d'engendrer des clivages et des accords entre les différents partenaires européens. Les exemples abondent, l'Allemagne a utilisé fréquemment son droit de veto lorsque ses partenaires ont voulu lui imposer une extension du regroupement familial ou l'accès au marché du travail des demandeurs d'asile, la France a fait de même quand l'Union européenne a proposé tme répartition contraignante des réfugiés sur le territoire de l'Union,...». Demain, en l'absence de pouvoir de veto, quelle sera leur attitude, quand ils se trouveront minoritaires sur des sujets d'une haute sensibilité en politique intérieure ?»28 - Le Conseil de Tampéré constitue tme étape importante dans la politique européenne en matière d'asile et d'immigration. Réuni les 15 et 16 octobre 1999 sous la présidence finlandaise, il a défini une nouvelle philosophie fondée sur 4 principes: (i) Inscrire la politique européenne en la matière dans une approche globale intégrant à la fois les aspects politiques, les droits de l'homme et les questions de développement dans les pays d'origine et de transit ainsi que l'abandon du mythe de «l'immigration zéro». (ii) privilégier l'intégration des immigrés en assurant «un traitement équitable aux ressortissants des pays tiers qui résident légalement sur le territoire des Etats membres (...). Le statut juridique des ressortissants des pays tiers devrait être rapproché de celui des ressortissants des Etats membres». (iii) «Combattre à sa source l'immigration clandestine, notamment en s'attaquant à ceux qui se livrent à la traite des êtres humams . ...»,

28· Maxime Tandonnet : Migrations: la nouvelle vague. L'Harmattan. 2003,p188 Annuaire GERM

(iv) réaffirmer l'importance que l'Union et les Etats membres attachent "au respect absolu du droit d'asile »29 . Cette approche équilibrée du sommet de Tempéré a été perturbée par les événements du 11 septembre Le conseil européen de Laeken tenu les 14-15 décembre 2001, ie trois mois après ce drame marquait un net durcissement de la politique migratoire européenne. Le lien entre migration clandestine et risque du terrorisme est nettement souligné par les chefs d'Etat et des gouvernements: «Une meilleure gestion du contrôle des frontières contribuera à lutter contre le terrorisme, les filières d'immigration illégale et la traite des êtres humains. Le Conseil européen demande au Conseil des ministres et à la Commission de définir les mécanismes de coopération entre les services chargés de contrôle des frontières et d'éhldier les conditions dans lesquelles pourrait être créé lm mécanisme ou des services communs de contrôle aux frontières extérieures». Le Conseil européen de Séville consacre cette tendance du durcissement. Le chef du gouvernement espagnol proposait avec ses homologues italien et britannique de «sanctionner» les pays émetteurs de flux migratoires clandestins et «de faire dépendre l'aide de l'Union à certains pays tiers (le Maroc entre autres) des efforts qu'ils consentent pour endiguer l'immigration clandestine», proposition à laquelle se sont opposées la Commission, la France et la Suède 30. -Le conseil européen de Salonique (juin 2003) : Dans le projet de constitution présenté, les décisions sur l'immigration seront soumises au contrôle des institutions européennes et approuvées à la majorité qualifiée. En fait, malgré ce foisonnement d'instruments instihltionnels,la commlmautarisation de la politique européenne en matière d'asile et d'immigration continue de butter contre lm certain nombre d'obstacles et les désaccords sur la question semblent dominer entre les partenaires européens. L'Allemagne, par exemple

29- Conclusions du sommet européen de Tampere des 15-16 octobre 1999. 30- Il est regrettable que l'Espagne et l'Italie qui, dans leur histoire récente, étaient des pays émetteurs de flux migratoires clandestins aient défendu avec insistance la proposition des sanctions à l'encontre des pays d'origine de la mi~ration clandestine, proposition qui a été qualifiée par le premier ministre suedois de stupide. Allttihad AI Ichtiraqui du 5/ juillet 2002. Annuaire GERM

s'oppose à un projet de loi européen sur le regroupement familial qui aurait pour effet d'assouplir son régime en la matière et permettre, selon elle, l'arrivée sur son sol de plusieurs milliers de migrants, en particulier de nationalité turque. Certains Etats ont des approches différentes en la matière pour des raisons historiques profondes, comme la France, qui reste réticente à toute remise en cause de sa loi sur les étrangers. En matière d'asile, les Etats membres ont des systèmes très différents auxquels, ils refusent de renoncer au profit d'une législation communautaire31 . Dans d'autres cas, la question est instrumentalisée à des fins politiques. Certains discours manipulent la question à des fins électoraux et n'hésitent pas, par opportunisme, à conforter «la peur de l'Autre» chez l'opinion publique et à raviver le spectre de l'invasion exprimé par les sondages dans différents pays d'accueil32. Dans ce contexte, certains Etats se sont tournés vers des solutions nationales en élaborant des lois contraignantes en matière d'immigration sans tenir compte des résolutions du traité d'Amsterdam, sans concertation et dans «le plus grand désordre». C'est le cas de l'Allemagne, du Royaume Uni, de l'Espagne, de l'Italie, du Danemark, de l'Autriche et des Pays Bas. Ainsi, le désarroi des pays de l'UE face à la question migratoire apparaît dans la multiplication des lois sur l'immigration. En France, par exemple, entre 1992 et 2003, 5 lois ont été promulguées sur la question: La loi Marchand en 1992, la loi Pascua en 1993, la loi Debré en 1997, la loi Chevènement en 1998 et la loi Sarkozy en 2003(cette loi a été ainsi modifié 38 fois depuis l'ordonnance de 1945). Le Royaume Uni a modifié sa législation à deux reprises en trois ans, dans le sens du durcissement. En Italie, trois lois ont été promulguées entre 1993 et 2002. La loi Martelli en 1990, la loi N° 40 en 1998 et la loi Bossi-Fini en 2002. En Espagne, la loi 4/2000( 11 janvier 2000) a été révisée la même année, c'est l'une des lois espagnoles qui ont le moins vécu pour être remplacée par la loi 8/2000 (22 décembre 2000), cette même loi vient encore d'être modifiée. 31- Philippe Fargues : «La politique migratoire en Méditerranée Occidentale : contexte, contenu et perspectives »In Rencontre Ministérielle 5+5 . OIM .Tunis 16-17 octobre 2002. 32- Voir pour le cas espagnol, par exemple, différents sondages du crs. II faut rap'peler c~penda~t commele confirme Catherine De Wendel que sur les 374 ml1lio~ d Europeens, <

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Cet arsenal juridique viole parfois les engagements internationaux de ces Etats, L'Allemagne, le Danemark, l'Espagne et l'Italie, ont adopté des mesures destinées à restreindre le regroupement familial, en contradiction avec leurs engagements au titre de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme sur «le droit au respect de la vie privée et familiale»33. Par voie législative ou réglementaire, on cherche ainsi à durcir la politique de maîtrise des flux migratoires, afin de satisfaire une opinion publique que la médiatisation du «spectre de l'invasion» a rendue allergique à l'immigration. Par ailleurs, et afin de lutter contre la migration clandestine, un arsenal répressif a été mis en place dans différents pays de l'Union Européenne. Ainsi, l'Allemagne avait créé au début des années 90, « L'agence Centrale pour lutter contre l'Immigration illégale" et la France, en 1994 « La Direction Centrale de l'Immigration et de la lutte contre l'Emploi des Clandestins (la DICILEC). Dans le même but, d'importants moyens militaires sont déployés dans les pays du sud de la Méditerrané, comme en Espagne où en 1999, le gouvernement espagnol a pris la décision d'investir 25milliards de pesetas pour le contrôle de la frontière sud. Ce plan, baptisé «Système Intégral de Vigilance Extérieure» (SIVE), est tille véritable barrière électronique», il comporte trois tours pourvues de radars de longue distance, de caméras de vision nocturne et de caméras infrarouges capables de détecter la chaleur d'un corps humain dans un rayon de 15 kilomètres. Des hélicoptères, de nombreux camions-radars et des moyens perfectionnés en véhicules et vedettes rapides permettent un repérage immédiat des migrants clandestins. En Italie, on a fait appel à la Marine de guerre pour lutter contre

33- La loi allemande du 1er mars 2002 limite le droit au regroupement familiql aux mineurs de moins de 12 ans. En Italie, qui avait un régime très génét~ux, étendu aux ascendants et aux enfants majeurs, la loi de 2002 a restreint le regroupement familial au conjoint et aux enfants mineurs. En Espagne, ce droit est limité aux mineurs de moins de 16 ans. Au Danemark, le regroupement familial est interdit aux couples de moins de 24 ans pour éviter les mariages blancs. Normalement, les pays de rUE ne pourraient enfreindr~ ce droit car ils risqueraient d'être condamnés par la Cour européenne des droits de l'homme, chargée de sanctionner les violations de la Convention. Annuaire GERM

la migration clandestine34. D'autres opérations ont été menées en concertation, comme "l'opération Ulysse", menée par des pays de rUE riverains de la Méditerranée pour contrôler les pateras. Cette option sécuritaire, comme on peut le constater, est très coûteuse. , Un dernier projet, celui initié par l'Allemagne et l'Italie consiste a créer des «centres d'accueil» pour les migrants subsahariens dans les pays d'Afrique du Nord en commençant par des centres pilotes en Libye. Il s'agit de traiter les dossiers de ces migrants en dehors du territoire de l'Union. La France et l'Espagne se sont opposées à ce projet. Il est évident que ce projet manque de réalisme, des pays de l'union européenne ont été incapables de gérer ces centres comme le confirment les expériences de Sangatte en France et même celles des deux centres installés dans les deux villes oCcupées de Ceuta et Melilla35. Cette complexité institutionnelle en matière de migration rejaillit d'une manière pesante dans les relations entre l'Union européenne et les pays de la rive sud considérée comme un grand foyer d'émigration. V. Les perspectives d'avenir Au terme de cette analyse, il est permis de conclure que toute tentative de modération du phénomène nécessite d'agir sur les causes profondes qui l'engendrent et le maintiennent, sachant bien que la tâche est très complexe, particulièrement dure et s'inscrit dans la durée. Cette action sur les causes interpelle à la fois les gouvernements des PTM et les gouvernements des pays de l'Union Européenne. L'examen de la question de la migration dans l'espace méditerranéen, dans son avenir et devenir, s'inscrit dans une problématique plus globale qui s'articule autour de trois idées clés: (i) Démystifier le syndrome sécuritaire et rompre avec ~'obsession du risque migratoire» 34- Cette mesure a suscité la réaction suivante du président de l'association «MIGRANTES LAZIO,,: " on ne peut pas traiter les immigrés comme si on est en état de guerre... dans tous les cas, ifs vont venir vers nous, nous ne pouvons pas aller à contre courant de l'histoire...ce sont des politiques aveugles». LE MONDE du 12 février 2002. 35- Il s'agit pour paraphraser Michel Foucault, auteur de l'Histoire de la folie d'enfermer les insensés «à l'intérieur de l'extérieur, et inversemenb> : aujourd'hui aux frontières de l'Union, comme hier aux portes des villes. Cf : Mathieu Potte-Bonneville: «Les nouvelles frontières de l'intolérable" . In le Monde du dimanche 19- Lundi 20 septembre 2004. Annuaire GERM

L'approche sécuritaire en matière d'immigration a montré ses limites et le contrôle des frontières s'étant révélé d'une efficacité forcément limitée (on n'arrête pas la mer avec ses bras disait l'ex président sénégalais Abdou diouf). Il est donc plus judicieux d'adopter une approche plus préventive et promotionnelle que sécuritaire et protectionniste, et dans cette perspective, il faut: - en premier lieu rompre avec «1'obsession du risque migratoire», - organiser «l'ordre migratoire» en concertation entre les pays émetteurs et récepteurs de flux migratoires. - et adopter une politique raisonnable et digne de l'homme, fondée sur la constatation que dans les décennies à venir, l'immigration sera non seulement tme réalité pour l'Europe mais une nécessité. (m Repenser la question dans sa dimension démographique d'autant plus que dans moins d'une décennie, l'Europe connaîtra tm grand déficit en main d'œuvre. Selon les rédacteurs du « livre bleu» : «sur les 170 millions de riverains supplémentaires que l'on comptera en 2025, 68% seront nés dans tm pays arabe, 22% en Turquie et 10% seulement en Europe»36. Tableau 6 : Indicateurs démographiques dans les principaux pays émetteurs de flux migratoires PSEM Taux de croissance annuel Population Projection moyen de la population en 2000 en 2025 1990-1999 Algérie 22 30 49.888 Egypte 19 64 89.525 Jordanie 44 5 10.240 Liban LR 4 - Maroc 18 29 39.188 Syrie 28 16 19.566 Tunisie 1 h 10 13.142 Turquie 15 65 85.974 Autres pays Tiers - 10 17.373 méditerranéens Total - 233 324.896 Union Européenne - 376.438 388,3 Source: Banque Mondiale. 2001 36- sous la direction de Michel Grenis et Michel Battis: Le livre bleu. Economica Paris, 1989 Annuaire GERM

Comparativement à l'évolution enregistrée dans les pays de l'UE37, où la croissance en l'espace de 25 ans serait à peine de 3,5% passant de 376,4 millions à 388,3 millions d'habitants, celle des PTM serait de 42% passant de 229,1 millions de personnes à 324,9 millions d'habitants avec trois pôles démographiques: la Turquie, l'Egypte et le Maghreb. Il est révélateur à cet égard que le pays le plus peuplé de la région serait un pays du Sud de la Méditerranée, l'Allemagne (84,169 millions d'habitant) serait ainsi devancée par l'Egypte (89,525 millions d'habitants) et qu'un pays comme l'Espagne dont la population a été supérieure en 2000 de près de 40% à la population marocaine sera aligné sur ce dernier pays à l'échéance 2025. Dans des sociétés pluriethniques et pluriculturelles, les étrangers doivent être perçus non comme un problème à résoudre, mais comme une chance à exploiter et un défi à assumer dans la Communication. Le 3éme volet de la Déclaration de Barcelone avait bien insisté sur cette question. Mais le bilan des mesures prises à ce niveau demeure mitigé. (iii) Repenser la politique de coopération et la rendre plus dynamique pour soutenir la croissance dans les pays de départ et créer par conséquent des emplois, seul moyen susceptible d'atténuer la pression migratoire. Dans la foulée de la mondialisation, les PTM ont signé à intervalles différents des accords d'association avec l'Union Européenne. L'aboutissement de ces accords requiert lme mise à niveau de ces économies afin de les rendre plus performantes et donc plus compétitives. La thèse qui considère le libre-échangisme comme alternative à l'émigration n'est concevable en tant que mécanisme d'ajustement qu'à très long terme et sous certaines conditions. L'hypothèse sous­ jacente, souvent implicite, est que le libre échange ( assorti d'apports significatifs de capitaux extérieurs ) pourrait permettre l'amorce d'un processus de convergence économique et contribuerait à la réduction des écarts de développement entre l'Europe et les pays

37· Le taux de fécondité moyen dans les pays de l'UE est de 1,47 , le taux le plus élevé est enregistré par la France (1,9), le plus bas est enregistré par l'Espagne et l'Italie(l,25) Annuaire GERM

tiers méditerranéens. Ce processus serait ainsi susceptible de réduire d'une manière significative les flux migratoires38. C est un pari difficilement réalisable car Il semble que le projet européen pour la Méditerranée ait une confiance « peut être excessive », dans les processus d'intégration par le marché des pays du Sud. La multiplication des accords d'association sur cette base semble constituer pour ce projet une panacée pour l'édification d'un espace euro-méditerranéen intégré. Or, circonscrire la libéralisation des échanges aux seuls produits industriels accule les pays signataires des accords d'association à des réajustements contraignants et aggrave la situation de l'emploi déjà très critique dans ces pays. Certains auteurs continuent à voir dans la libre circulation des marchandises et des capitaux la méthode par excellence pour réduire les pressions migratoires39. Les expériences concrètes apportent un message plus mitigé. L'instauration du libre échange en Amérique du nord (NAFTA) n'a pas réduit le franchissement, légal ou illégal, du Rio GrandéO• L'expérience la plus réussie est fournie par l'Espagne et le Portugal dont l'émigration a pris fin, non pas dans le cadre d'accords de libre échange, mais dans celui d'une pleine intégration à l'Union Européenne, assortie de la liberté de circulation et d'installation des personnes. A ces déficiences s'ajoute la faiblesse du soutien financier ; l'exécution du programme MEDA a souffert de beaucoup de retard.Le programme MEDA II serait-il en mesure de pallier les déficiences de MEDAI. Le montant indicatif de MEDA II ­ rappelons le-- pour l'ensemble des partenaires méditerranéens est de 5,35 milliards d'euros auquel il convient d'ajouter 7,4 milliards assurés par la BEI. Autre déficience, la faiblesse des investissements étrangers dans les pays de la rive sud dont le niveau reste bien en deçà des flux d'investissement des pays de l'UE à destination d'autres régions

38- Mahjoub AZZAM :"L'émigration et la dette" in. Marier le Maghreb à l'Union Européenne. In PANORAMIQUES 3eme trimestre 1999 N° 41 39- Martin, Philip & Thomas Strabhaar (2002), « Best Practices to Reduce Migration Pressures ", Iiüernational Migration, Vol. 40, n° 3, Special Issue 1/2002: 5-23. 40- Papademetriou, Demetrios (1998), « New Directions for Managing U5-Mexican MIgration ", in OECD (1998), Migration, Free Trade and Regionallntegration in North America, OECD, Paris: 279-290. Annuaire GERM

du monde. Ce constat figure dans les conclusions de la conférence de Lisbonne sur l'investissement en Méditerranée (29 février-1er mars 2000). A cet égard, l'apport de l'U. E peut être capital. Les investissements ainsi réalisés contribueraient par les emplois créés à endiguer la vague des candidats à l'émigration et à contribuer ainsi à satisfaire au moins en partie l'offre de travail additionnelle. (iv) démystifier l'image négative de la migration, celle-ci est abordée en général sous un signe négatif (immigration clandestine, problèmes d'intégration, terrorisme, délinquance, drogue,...). Certains discours politiques brandissent la notion du "coùt de l'immigration" occultant l'apport indéniable de ces allochtones aux économies d'accueil. Il existe incontestablement lme "dette à l'envers", mais qui demeure occultée par lm discours dominant, stigmatisant et ancré dans la conscience collective. Ce discours considère que les immigrés prélèvent plus de la société qu'ils n'apportent, ce qui attise des attitudes xénophobes, entretient les appréhensions et conforte des préjugés comme la menace de l'identité, et la sur criminalité des allogènes. Il est certes regrettable que l'immigration soit traitée dans la Déclaration de Barcelone de la même manière et au même chapitre que celui du crime organisé, du terrorisme et de la drogue. Cette Déclaration ne doit pas être considérée, par ailleurs, comme un référentiel pour des accords entre "commerçants". La Méditerranée doit être un espace pour la circulation des hommes et non seulement pour l'échange des marchandises et des capitaux. Les migrants sont en fait des acteurs importants dans ce PEM, ils Sont la courroie de transmission à différents niveaux: - économique, par l'importance des échanges financiers et Commerciaux qu'ils effectuent, - culturel, par le rôle qu'ils jouent dans les échanges culhuels, - social, par leur implication dans des réseaux sociaux et les liens qu'ils maintiennent avec les pays d'origine, - politique, par l'émergence d'une élite politique dans les pays d'accueil qui peut constituer des interlocuteurs indiqués dans les relations entre les deux rives. Annuaire GERM

CONCLUSION La question du rapport entre sécurité et migration mérite maintenant d'être retournée, car c'est enfin de compte l'absence de sécurité économique, sociale, politique, le déficit de gouvernance qui est le fadeur clé de la migration. C'est Alfred Sauvy qui disait : "Si les richesses ne vont pas là où sont les hommes, les hommes vont naturellement là où sont les richesses."41 Posé en ces termes simples mais lucides, le problème interpelle les pays de la rive nord de la Méditerranée. Par des mesures réglementaires, ces pays ne peuvent pas maintenir d'une façon permanente loin de leurs frontières des poches de la misère. Toute tentative de modération du phénomène nécessite d'agir sur les causes profondes qui l'engendrent et le maintiennent, sachant bien que la tâche est très complexe et s'inscrit dans la durée et interpelle tous les gouvernements de la région. Pour cela , il faut retourner la question du rapport entre migrations et sécurité et se demander comment les migrations sont susceptibles de contribuer à réduire l'insécurité économique et sociale dans les pays d'origine De même, il faut donner une dimension plus concrète à la solidarité internationale et un sens plus réel au dialogue et au partenariat euro - méditerranéen, projet dont l'objectif déclaré est de faire cette "Mare Nostmm " lm havre de paix et de prospérité partagée.

41- Idée que semble partager Jaime Ignacio Gonzalez, le Délégué du gouvernement espagnol pour les étrangers et l'immigration, quand, tout en défendant le projet de réforme de la loi sur les étrangers, reconnaît qu'en définitive, tant que les déséquilibres économiques se maintiennent dans le monde, la pression migratoire se maintiendra. Cf El Pais du 16 août 2003 La nouvelle politique de voisinage face aux défis de la connexion des systèmes de transport trans­ méditerranéens

Mohamed MOUHITANE

Confrontée à de nouveaux VOlsms orientaux après son élargissement à l'Est, l'DE cherche à développer une politique intégrée de voisinage pour éviter de créer de nouvelles divisions en Europe. En mars 2003, la Commission a adopté une communication établissant un nouveau cadre pour la prochaine décennie pour les relations avec la Russie, les Etats nouvellement indépendants et le Sud de la Méditerranée, pays qui n'ont pas actuellement de perspective d'adhésion mais qui vont bientôt partager une frontière avec l'Union. Dans ce contexte et en allant beaucoup loin que l'application des actuels Accords d'Association, la nouvelle Politique de Voisinage de l'DE vise à proposer aux pays voisins de l'Europe élargie, de la Russie au Maroc, un objectif global, celui d'une mise à niveau identique à celle des pays adhérents à l'exception des obligations financières et de la participation aux instihltions. Une mise à niveau allant du marché intérieur à l'environnement, des réseaux trans-européens de transports, de télécommunications et d'énergie, à une coopération en matière de sécurité et de conflits et à un dialogue renforce sur la gouvernance et les culhtres. Comme l'Histoire le montre, les événements politiques et économiques majeurs que l'Humanité a connus ont toujours eu comme expression, le franchissement par les tunnels ou les ponts des obstacles naturels. La coïncidence de l'ouverture du tunnel Annuaire GERM

sous la Manche (mai 1994) et l'avènement du Marché unique (1er janvier 1992) constitue une parfaite illustration de cette affirmation. Ce qui est valable au-delà des Pyrénées peut être valable en deçà: le partenariat euro-méditerranéen mis en scelle à Barcelone en 1995 et la nouvelle politique de voisinage ne pourront donner les résultats attendus si la fracture, en termes d'infrastructures de transport trans-méditerranéennes, persiste encore entre les deux rives de la Méditerranée. La compétitivité de l'Euro-Méditerranée est largement tributaire de la mise à niveau des interconnexions des systèmes de communication entre le nord et le sud de la Méditerranée. Modes de transport et compétitivité des territoires De nos jours, dans le secteur des transports, la compétitivité se mesure en termes d'économies de temps et de degré de fluidité des logistiques de transport (gains de temps et commodités des moyens de transport). Pour la firme aujourd'hui, le choix d'un mode de transport donné est déterminé moins par les frais de transport,qui figurent généralement en 2ème ou 3ème rang, que par les facteurs autrement plus importants que «le juste à temps», les délais et la garantie de livra i son Partant de ces considérations, la proximité géographique entre les deux rives de la Méditerranée ne suffit plus à elle seule pour justifier l'importance du partenariat euro-méditerranéen. La proximité est appelée à être pensée en termes d'augmentation conséquente de la compétitivité des modes de transport dans l'espace euro-méditerranen et d'une meilleure articulation des réseaux et des logistiques de transport entre les deux rives de la Méditerranée. Ainsi, l'objectif d'instaurer une vaste zone de libre-échange euro-méditerranéenne, à l'horizon 2010, risque d'être un pari perdu d'avance si les notions de mise à niveau, de restructuration et de compétitivité des économies n'intègrent pas la mise à niveau des systèmes de transport transméditerranéens. « La Banane bleue» et le « désert euro-méditerranéen »... En plus des fractures économiques, sociales, technologiques, numériques qui la traversent, la Méditerranée, connaît également Annuaire GERM

des fractures d'un autre type: les ruptures de charges et les chaînons manquants entre les deux rives du pourtour méditerranéen. Il devient ainsi plus facile et plus rapide d'acheminer des produits ou de transporter des personnes entre l'Europe et l'Asie, qu'entre les pays du pourtour méditerranéen. Comme le disait le géographe français Jean François Gravier en 1947 : «Paris et le désert français», on peut par analogie dire la même chose pour l'espace euro-méditerranéen: «l'Europe au nord de la Loire et le désert euro-méditerranéen» Ainsi, de Londres à Milan en passant par l'axe Rhin-Rhur vers le Rhône, nous sommes en présence d'une Europe suréquipée en infrastructures de transport performantes; Au sud de la Loire et au sud de la Méditerranée, des Balkans à la péninsule ibérique en passant par le Maghreb, c'est un vaste espace géographique manifestement sous-équipé en infrastruchlres de transport compétitives. Dans l'Europe du nord, les logistiques et les modes de transport sont déjà à l'heure des TGV de dernière génération (TGV pour voyageurs de 300 km/h et pour marchandises de 200 km/h), des autoroutes à grande vitesse, des aéroports internationaux dotés de pistes d'atterrissage pour les longs courriers et les avions commerciaux supersoniques. Des deux côtés des Alpes, d'énormes chantiers d'infrastructures de transport sont en construction pour porter dans certaines passages de ce massif les capacités du trafic trans-alpin de 40 millions de tonnes à plus de 80 millions de tonnes à l'horizon 2015. En Suisse, deux nouveaux tunnels ferroviaires sont en construction sous le Lotschberg et le Saint-Gothard. Comme le projet de tunnel de Brenner (55 km) devra mettre en connexion l'Autriche et l'Italie. En janvier 2001, la France et l'Italie ont convenu de construire, entre Lyon et Turin une liaison ferroviaire à grand débit et à grande vitesse, avec un tunnel international de 52 km sous le massif du Mont-Cenis (ouverture prévue en 2017). La France et l'Italie ont décidé de doubler la capacité du hlnnel Annuaire GERM

ferroviaire actuel sous le Fréjus (14 km), pour la porter sa capacité à 20 millions de tonnes par an, à l'horizon 2010. A l'opposé, lme grande partie de l'Europe méridionale les P5EM, accusent un fort déficit en matière d'équipement de transport et de communication. Dans ces régions du pourtour méditerranéen la notion de distance se compte, non pas en terme kilométrique qui sépare deux régions voisines, mais en terme de distance horaire entre des territoires voisins: il faut plus de temps pour se déplacer entre des villes de province, qu'entre ces villes et les métropoles. Il est plus pratique d'aller de Marseille à Paris (TGV) que de Marseille.à Perpignan. Actuellement, Il le trafic terrestre de marchandises entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe est estimé à 70 millions de tonnes soit en moyenne plus de 15 000 camions par jour qui traversent les Pyrénées. Il est appelé à être multiplié par 2 à l'horizon 2010 ; cela risque de se traduire par des risques d'asphyxie et des goulots d'étranglement. Déjà à l'heure actuelle, des «tâches noires» de concentration du trafic sont enregistrées au niveau de la Costa d'El Sol, qui présente des signes de difficultés d'accessibilité et de faible degré de fluidité. La Déclaration de Barcelone de 1995 et la mise à niveau des systèmes de transport dans l'espace euro-méditerranéen L'idée de créer une zone de libre-échange euro-méditerranéenne devrait, en principe, se traduire par une augmentation ascendante des besoins en transport, à cause de l'accroissement des flux, que le projet de partenariat euro-méditerranéen implique. Partant de ces perspectives, les signataires de la Déclaration de Barcelone ont notamment, annexé à ce document, un programme de travail, spécialement réservé au secteur du transport. L'objectif, assigné à ce programme, est de développer la coopération entre les 27 pays du partenariat euro-méditerranéen, dans le secteur des transports, à travers « la mise en place d'un système de transport multimodal, air-mer, dans le région méditerranéenne, l'amélioration et la modernisation des ports et aéroports, la suppression de restrictions injustifiées, la simplification des procédures, le renforcement de la sécurité maritime et aérienne, Annuaire GERM

l'harmonisation des règles environnementales à lm niveau élevé, y compris l'instauration d'lm contrôle, plus efficace, de la pollution, due aux transports maritimes, et la mise en place de systèmes harmonisés de gestion du trafic». Dans le cadre de cette annexe, la Déclaration de Barcelone, a mis l'accent sur la nécessité de développer les «liaisons terrestres est­ Ouest, sur les rives méridionale et orientale de la Méditerranée» et <

à la fin du XXème siècle. Par ailleurs, un projet d'axe autoroutier de 10 000 km, le TransEuropean Motorway-TEM, est envisagé dans le cadre de la coopération entre les pays européens; un tel projet a pour objectif de relier les pays scandinaves au Moyen Orient et l'Asie, via la Turquie et les Balkans. La Conférence Européenne des Ministres des Transports a retenu, dans son plan d'action, un programme appelé «Venesco», ayant pour but la réalisation d'une liaison routière rapide, entre la Finlande et l'Afrique, à travers le détroit de Gibraltar. A la faveur de son intégration à l'Europe ,unie (1986), de l'organisation des jeux olympiques à Barcelone (1992) et de l'Exposition universelle à Séville (1992), l'Espagne a entrepris un vaste programme de développement et de modernisation de ses réseaux de transport. Ainsi, en Espagne, le projet de train à grande vitesse entre Madrid et Séville, adapté au gabarit UIC (écartement européen) à été réalisé; de même que l'éhlde de faisabilité relative à une ligne ferroviaire mixte (voyageurs et fret) liant Barcelone à Montpellier, à travers un nouveau tunnel de 8 km, entre Perpignan et Perthus, est programmée, dans le cadre de la politique d'aménagement du territoire en Espagne. Un nouvel axe autoroutier trans-Pyrénées a été également ouvert, entre la France et l'Espagne, suite à l'inauguration, le 17 j a nvier 2003, du hmnel de Somport, et dont le cotît est évalué à 255 millions d'euros; d'une longueur de 8,6 km, ce tunnel entre dans la catégorie des grands tunnels européens, après le Fréjus (12 8 7 0 mètres) et le Mont-Blanc (11 600 mètres) (530) . Ces réalisations et les efforts de modernisation entrepris vont permettre au réseau ferroviaire espagnol de se mettre au niveau des logistiques ferroviaires européennes. Ces dernières années, la France n'a cessé de multiplier les efforts en vue de développer les réseaux de communication entre la France méridionale, le reste du pays et son environnement régional. Ainsi, un réseau de TGV relie, désormais, Marseille à Nice. Dans sa programmation, la SNCF projette d'établir une liaison TGV entre la France et la Catalogne, ainsi que la Annuaire GERM

constmction d'une troisième ligne ferroviaire entre l'Italie et la France, via le massif de Fréjus. Un axe autoroutier est programmé en Europe, en vue d'établir Une interconnexion routière directe, entre le Royaume Uni et l'Afrique; ce corridor, dit «la voie des eshlaires», qui traversera les régions atlantiques de la France (le Nord Pas de Calais, la Bretagne, l'Aquitaine) va permettre, à l'avenir, de relier, via la péninsule ibérique le htnnel sous la Manche et le détroit de Gibraltar. Au Maghreb, des projets d'infrastmcture de transport sont en Cours de réalisation ou en voie de programmation. Ainsi, le Maroc est en train de moderniser son réseau ferroviaire pour réduire de 5 H à 3 H, la durée, du trajet par train, entre Tanger et Casablanca. Dans le cadre de l'UMA la commission sectorielle du transport s'est fixée, comme priorité de réduire dans un premier temps, de 44 H à 25 H, la durée du trajet reliant par train Casablanca à Tunis, en passant par Alger, en espérant de ramener ultérieurement ce trajet à 10 H, grâce à la réalisation d'un TGV maghrébin, qui devrait mettre en connexion ferroviaire les différentes capitales des cinq pays membres de l'UMA. Dans le domaine routier, sur la rive Sud de la Méditerranée, le Maroc a déjà lancé les travaux de réalisation de la «Rocade méditerranéenne», qui constihle lm axe routier devant longer la côte méditerranéenne marocaine, de Tanger jusqu'à la frontière algérienne. La réalisation de cet axe routier, sur la rive Sud de la Méditerranée, pourra être la pierre angulaire de développement d'lm aXe routier méditerranéen allant de Tanger à Alger, Tunis et Tripoli. Suite à la récupération de ses provinces du Sud, le Maroc a également procédé à la réalisation d'un axe routier en conformité aVec les normes internationales et desservant les villes de Tanger à Lagouira. Il ne reste actuellement, qu'une centaine de km à réaliser pour voir ce corridor arriver jusqu'au coeur de l'Afrique de l'ouest, via Dakar. Il convient de rappeler que la réalisation de cette route transafricaine, de 3500 km, reliant Tanger à Lagouira, s'inscrit, d'une part, dans la stratégie du Maroc, de doter ses provinces du Sud, d'une infrastructure de transport de qualité, susceptible de rattraper le retard accusé dans tous les domaines, et dans la volonté Annuaire GERM

du pays de répondre aux recommandations et résolutions d'organismes internationaux spécialisés, visant à promouvoir la réalisation du projet de Liaison fixe Europe-Afrique à travers le détroit de Gibraltar, d'autre part. En Afrique, la Conférence Africaine des Ministre des transports a adopté plusieurs résolutions préconisant le développement rapide des axes Tanger­ Lagos et Tanger-Le Caire. La réalisation du tronçon Tanger- Lagouira, procède de la volonté de la Communauté internationale d'oeuvrer à la réalisation d'un réseau routier en Afrique, allant de Tanger à Lagos. Long de 6000 km, ce corridor a fait l'objet de plusieurs travaux de liaisons inter-Etatiques. Il convient de préciser, l'axe Tanger- Lagos, qui longe la côte atlantique est favorable aux modes de transport routier et ferroviaire, en raison de la fraîcheur océanique et de l'existence des très beaux sites et paysages que cette région d'Afrique recèle. Par ailleurs, et dans le but d'optimiser sa rente géographique et de faciliter son ouverture sur l'extérieur, dont l'espace euro­ méditerranéen, le Maroc a, comme nous l'avons précédemment signalé, lancé les travaux de deux grands projets d'infrastmchlre de transport, à savoir, la «Rocade méditerranéenne» et le port de Tanger-Méditerranée. La «Rocade méditerranéenne», qui avait fait l'objet d'un avis favorable du Comité MED de l'U.E. (15 novembre 1999), une fois finalisée, permettra au Maroc de disposer d'une infrastructure routière de qualité, reliant les pôles économiques de Tanger-Tétouan et de Berkane-Oujda. D'une longueur totale d'environ 520 km, l'axe routier reliant Tanger-Oujda, à la frontière algéro-marocaine, est non seulement d'une grande importance pour le développement socio-économique de la région, mais il contribuera à désenclaver certaines zones des provinces du Nord, qui souffrent d'isolement et de déficit d'articulation territoriale. De son côté, le port Tanger-Méditerranée, achlellement en chantier, et dont l'ouverture est prévue en 2007, est implanté sur le site du Détroit de Gibraltar, à l'intersection des grandes routes maritimes internationales, à 35 km de Tanger et à 15 km de l'Europe. Le choix d'un tel site, va permettre à ce port qui est situé au coeur du détroit de Gibraltar, d'être à l'intersection, d'une part, Annuaire GERM

de la route Nord-Sud reliant l'Europe à l'Amérique latine et à l'Afrique, et de la route Est-Ouest, qui relie l'Amérique au Moyen­ Orient, et l'Europe à l'Asie et l'Australie, d'autre part. Il convient de préciser, que la première route Nord-Sud représente un trafic international combiné, de plus de 3 millions de EVP (équivalent de 20 pieds) tandis que la seconde route Est-Ouest représente un trafic Combiné de + 2 millions de EVP. Le port de Tanger-Méditerranée, vient répondre à la volonté des décideurs marocains d'en faire le premier hub régional, en Méditerranée occidentale, destiné au transbordement des céréales, entre autres, pour être en mesure de capter lille partie importante du trafic, transitant par le détroit de Gibraltar. Il constitue actuellement un haut lieu de passage du trafic international. Cette enceinte porhlaire en eau profonde qui sera adossée à des Zones franches logistiques, commerciales et industrielles, devrait également permettre le développement des activités conteneurs, du transport international routier (TIR) ainsi que du transport de passagers. Une trame d'infrastructures d'accompagnement est programmée pOur relier le complexe portuaire au réseau de communication nationale, tels que les réseaux de routes express, d'autoroutes et de chemins de fer, qui devraient connecter le site du port Tanger­ Méditerranée aux régions du centre du Maroc. Ces infrastmctures de connexion devraient également comprendre une liaison autoroutière reliant le complexe à l'autoroute du Nord Casablanca­ Tanger, lille autre liaison autoroutière, reliant le port à la zone franche commerciale parallèlement à lill axe ferroviaire,entre la ville de Tanger et le complexe port-zones franches. De formidables effets de synergie seraient ainsi possibles entre ce port et la trame de réseaux de communication, qui seraient amenés à accompagner le lien fixe Europe-Afrique, à travers le détroit de Gibraltar, dès que celui-ci verra le jour. Le projet de liaison fixe Europe-Afrique à travers le détroit de Gibraltar, un levier pour l'émergence d'une EuroMed-région en Méditerranée occidentale Comme pour le tunnel sous la Manche, qui a une charge symbolique pour l'engagement irréversible du Royaume-Uni dans Annuaire GERM

l'intégration européenne et sa déconnexion relative du giron anglo­ saxon, la réalisation du projet de liaison fixe Europe-Afrique à travers le détroit de Gibraltar peut aussi avoir une forte signification symbolique au cas où la Comrmmauté internationale euro-méditerranéenne accepte de s'engager fermement dans le financement et la mise en œuvre de cette infrastructure de transport trans-méditerranéenne. Des deux rives du détroit de Gibraltar, un « fossé» de 14 km rempli d'eau, plus précisément des hauteurs de Tanger ou des collines de Tarifa, les côtes sont clairement visibles par beau temps; donc un obstacle naturel «si banal», souvent agité de courants, qui invite à se laisser vaincre par l'installation d'un lien fixe. La proximité est telle que l'idée de s'affranchir des bateaux a pu stimuler les ingénieurs les plus audacieux et l'imagination des hommes d'Etat les plus vLqionnaires Les premières idées sérieuses du projet de liaison fixe Europe­ Afrique à travers le détroit de Gibraltar remontent au début du XXème siècle. Mais contrairement aux militaires Britanniques, les militaires Espagnols étaient de fervents défenseurs du lien fixe de Gibraltar (nouvel essor du capitalisme au début du XXème siècle) Paradoxalement, l'idée du lien fixe a connu un renouveau, après la Marche Verte en 1975 qui a permis au Maroc de récupérer les provinces du sud sous domination espagnole, et cela au Sommet de Fès, en juin 1979 entre le Souverain Marocain le Roi Hassan II et le Roi d'Espagne Juan Calos l, tme rencontre historique qui a donné une forte impulsion au projet Du haut de sa vision prospective et géostratégique, le Roi défunt Feu S.M. le Roi IIassan II a été un fervent défenseur du projet; il ne cessait de répéter que « Le miracle de la mer n'est pas seulement celui de Moïse, il peut être celui de l'Espagne et du Maroc» Pour le souverain défunt, l'Espagne et le Maroc, pays amis et pacifiques, pourront grâce à la liaison fixe tmir deux zones géographiques et deux modes de pensée Cette détermination de S.M. le Roi Hassan II pour le projet est à la mesure de sa vision géopolitique: sa demande d'adhésion du Maroc à la Communauté européenne (le lien fixe est pour Hassan Annuaire GERM

II un moyen d'échapper à l'épée de Damoclès de l'article 237 du traité de Rome, qui stipule que« tout Etat européen peut demander à devenir membre de la Communauté» ; comme si le Souverain était à contre-courant de l'article 237 et cherchait donc à donner par le béton armé une autre idée de la géographie de l'Europe. Pour se faire Hassan II s'est appuyé sur un certain nombre d'arguments et considérations: - « dans quelques années nous auront le pont sur le détroit de Gibraltar...en définitive le Maroc est plus européen que la Grèce » (Hassan II, Le Monde, 10 novembre 1984) ; - l'Europe a besoin d'un arrière pays. L'Europe n'est pas l'Europe dans ses frontières, elle est l'Europe en dehors de ses frontières (Discours du Trône, 1985) ; -« l'Europe n'a plus de recul stratégique ... et elle aura besoin d'lm arrière - pays pour respirer et cet arrière - pays et bien, elle le trouvera au Maroc plus facilement qu'en Grèce (Le Matin du Sahara et du Maghreb, 2 juin 1981). Pour la réalisation technique du lien fixe Europe-Afrique à travers le détroit de Gibraltar, la solution hmnel semble être la dernière solution retenue. Il s'agit d'ouvrage, comme le tunnel sous la Manche, avec trois tubes forés sous le seuil du détroit. Techniquement et économiquement, sa réalisation peut s'opérer en trois phases: - Phase 0 (galerie de reconnaissance), transformée par la suite en galerie de service ; pour encourager les promoteurs privés potentiels de la réalisation du projet, les deux Etats marocain et espagnol ont décidé de prendre en charge les frais de réalisation de cette galerie de reconnaissance. A ce niveau et contrairement aux idées reçues qui veulent que la con.'>truction des grands projets d'infrastructures soit le fait de l'Etat, l'exemple du hlnnel sous la Manche est édifiant et montre que ce projet est l'œuvre de l'initiative privee, qui est chargée, dans le cadre d'une concession, du financement, la construction et l'exploitation de l'ouvrage, en contrepartie d'tme prestation de service, prélevée sous forme de péage et payée par l'usager; - Phase 1 (phase monohlbe) : premier tunnel ferroviaire, avec les terminaux et la galerie de service; Annuaire GERM

- Phase 2 (phase bitube) ; elle interviendra 30 ans après la phase l, une fois que le niveau du trafic aura atteint le niveau nécessaire qui justifierait sa réalisation. Les études en cours ou à venir vont se pencher: - la clarification des inconnues géologiques (nouvelles campagnes de forages en mer ); -l'approfondissement des méthodes en matière de prévision de trafic (observation directe des flux réels Europe-Afrique, actualisation des modèles prévisionnels disponibles) ; - la reformulation de l'alternative de base du projet à la lumière des nouvelles connaissances. L'analyse comparée de l'ouvrage du tunnel sous la Manche et du projet de liaison fixe Europe-Afrique à travers le détroit de Gibraltar permet de tirer un certain nombre d'enseignements. Ainsi, le hlnnel sous la Manche a stimulé la coopération transfrontalière entre le Nord/Pas-de-Calais et le Kent; grâce à cet ouvrage intercontinental, les contacts se sont multipliés entre les deux territoires d'ancrage: le Kent et le Nord/Pas-de-Calais ; deux Régions désormais à l'origine du label « Eurorégion ». Cette coopération régionale transfrontalière ne s'est pas limitée uniquement au simple label, elle s'est concrétisée sur le terrain à travers la conduite conjointe de programmes et projets de coopération dans les domaines politiques, économiques, culhlrels, scientifiques, environnementaux, etc. Le cas du htnnel sous la Manche montre par ailleurs que l'ingénierie financière et juridique qui a prévalu pour la réalisation de cet ouvrage ne démontre pas que la rentabilité du projet a été validée uniquement par la seule preuve du marché; ce précédent de concession d'un service public au secteur privé apporte la preuve que pour des projets de cette envergure, leur réalisation dépend, certes de l'intérêt des opérateurs privés au projet, mais aussi et dans une large mesure de l'engagement et le volontarisme étatique. Egalement, du point de vue macroéconomique, le hlnnel sous la Manche a introduit des transformations importantes sur le marché des transports entre le Vieux continent et la Grande-Bretagne, mais Annuaire GERM

aussi et plus globalement, au niveau de l'Europe du nord-ouest; de même que le lien fixe transManche a eu des effets positifs sur la situation économique et sociale des régions, les plus directement concernées, essentiellement le kent du côté britannique, et le Nord/Pas-de-Calais du côté français. Ainsi et en perspective de la réalisation future du lien fixe dans le détroit de Gibraltar, l'émergence d'une Euro-région entre le Kent et le Nord-Pas de Calais grâce au hmnel sous la Manche mérite d'être soulignée pour le cas de l'Andalousie et du Maroc méditerranéen, deux régions transfrontalières qui à l'heure actuelle s'ignorent relativement et sont en quelque sorte dos à dos comme des chats en faïence. Le lien fixe entre les deux rives du détroit de Gibraltar en perspective peut donner à réfléchir aux élites et aux décideurs des deux régions au nord et au sud du détroit de Gibraltar pour œuvrer ensemble, dans le cadre du système de coopération décentralisée du PEM, à asseoir les bases d'une EuroMed-Région entre les deux rives du détroit de Gibraltar, une première en matière de coopération décentralisée retenue comme axe de partenariat dans le cadre du processus euro-méditerranéen de Barcelone. Annuaire GERM

Références bibliographiques

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III. Revue documentaire

Processus de ratification de la constitution européenne

"Le processus de ratification du traité constitutionnel continue, il n'y aura pas de renégociation, mais une période de réflexion et de débat" A l'issue de la première journée du conseil européen (16 -17 juin), le président en exercice de l'Union, Jean-Claude JUNCKER a évoqué la question du processus de ratification du traité établissant Une Constihltion pour l'Europe et les décisions des chefs d'Etat et de gouvernement dans les termes suivants: "Le processus de ratification poursuit son chemin. Il n'y aura pas de renégociation parce qu'il n'y avait jamais de plan B, mais il y a un plan D de "dialogue" et de "débat." Les Etats membres qui procéderont par voie parlementaire le feront au moment qu'ils jugeront opporhm. Les Etats membres qui procéderont par voie référendaire le feront également au moment où ils le jugeront Opporhm". Le communiqué précise que "tous les membres du Conseil européen ont exprimé de la compréhension pour le fait que les Etats qui procéderont par voie référendaire auront besoin de plus de temps".

Tableau par pays du processus de ratification Annuaire GERM

PAYS Recours Date prévue Référendum précédent Résultat au pour la référendum rahfification Allemagne Non 27 Mai 2005 1994-Adhésion à l'UE Oui Autriche Non 25 Mai 2005 Oui Belgique Non Mai 2005 Chypre Non 30 Juin 2005 Oui Danemark Oui Reporté 1972 - Adhésion à rUE 1986 - Acte Unique Européen 1992 - traité de Maastricht (non) 1993 - traité de Maastricht (oui) 1998 - traité d'Amsterdam 2000 - Référend~m sur l'euro (non) Espagne Oui 20 Février 2005 Oui Estonie Non Automne 2005 SeL1t 2003 - Adhésion à rUE Finlande Non Reporté Octobre 1994 - Adhésion à rUE 29 Mai 2005 1972 - Elargissement France Oui Non 1992 - traité de Maastricht Grèce Non 19 Avril 2005 Oui Hongrie Non 20 Décembre 2004 Avril 2003 - Adhésion à rUE Oui Irlande Oui Reporté 1972 - Adhésion à l'UE 1987 - Acte Unique Européen 1992 - traité de Maastricht 1998 - traité d'Amsterdam 2001 - traité de Nice (non) 2002 - traité de Nice (oui) Italie Non 06 Avril 2005 Oui Lettonie Non 2 Juin 2005 Seot.- 2003 Adhésion à rUE nui Lituanie Non 11 Novembre 2004 Mai -2003 - Adhésion à l'UE (),li Luxembourg Oui 10 Tuillet 2005 Oui Malte Non 07 Juillet 2005 Mars 2003 - Adhésion à l'UE (),'i Pilvs-Bas Oui 1er luin 2005 Non (),. Polo 'I1f' Rpnnrtp luin 2003 - Adhésion à l'UE Portu\!al Oui Reporté Rén.Tchèoue Oui h;" ~,~, ?1Y17 luin 2003 - Adhésion à l'UE Royaume-uni Oui Suspendu 1975 - Maintien dans le marché commun Slovaauie Non 11 Mai 2005 Mai 2003 - Adhésion à l'UE Oui Slovénie Non 1er Février 2005 Mars 2003 - Adhésion à l'UE 1Oui Suède Non Reporté 1994 - Adhésion à l'UE 2003 - Référendum sur l'euro (non) 7EME CONFERENCE EURO-MEDITERRANEENNE DES MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES - CONCLUSIONS - (Luxembourg, 31 mili 2(05) Annuaire GERM

1. INTRODUCTION 1. La 7ème Conférence euro-méditerranéenne des ministres des Affaires étrangères, tenue à Luxembourg les 30 et 31 mai ("Barcelone VII"), a permis aux ministres d'évaluer ce qui a été accompli à ce jour et de débattre d'orientations générales pour l'avenir du partenariat euro-méditerranéen, préparant ainsi la voie pour la rétmion extraordinaire à haut niveau qui aura lieu à Barcelone les 27 et 28 novembre afin de célébrer le 10ème anniversaire du partenariat et de définir tm ensemble d'actions pour l'avenir. Ces deux réunions constituent les événements politiques marquants de 1"'Année de la Méditerranée". L'adoption, le 28 novembre 1995, de la déclaration de Barcelone a marqué tm tournant dans les relations entre l'Union européenne et ses voisins des rives sud et est de la Méditerranée. Un partenariat a été lancé qui, par sa portée, est unique en son genre. La déclaration de Barcelone fixait des objectifs à moyen et long terme qui devaient être atteints en se fondant sur la responsabilité conjointe, le dialogue et la coopération. Les participants à la rétmion ministérielle de La Haye, qui a eu lieu en novembre 2004, ont été d'accord pour estimer qu'un bilan complet du processus devait être présenté aux ministres pour approbation à Luxembourg, bilan qui servirait de base aux décisions sur l'avenir du processus devant être adoptées lors de la réunion extraordinaire à Barcelone. II. BILAN DU PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN 2. Les hauts fonctionnaires ont effectué un bilan des dix ans du processus de Barcelone en se fondant sur les apports d'un certain nombre de sources variées. L'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne a adopté diverses résolutions lors de sa première session plénière, qui s'est tenue du 12 au 15 mars 2005 au Caire. Des partenaires arabes ont diffusé un document exposant leurs points de vue, document qui a apporté une contribution très utile à l'exercice et a renforcé le sentiment de responsabilité conjointe. D'autres partenaires ont aussi présenté des idées et des propositions. La Commission a diffusé une communication concernant un programme de travail pour relever les défis des cinq prochaines années, qui comprend Annuaire GERM

une évaluation de ce qui a été accompli au cours des dix dernières années. Le Réseau euro-méditerranéen des instituts de politique étrangère, EuroMeSco, et le Forum euro-méditerranéen des instituts économiques, FEMISE, ont effectué leurs propres évaluations qui figurent dans deux rapports intitulés respectivement "Vers une communauté euro-méditerranéenne d'Etats démocratiques" et "Le partenariat euro-méditerranéen, dix ans après Barcelone: acquis et perspectives". La plate-forme non gouvernementale Euromed a aussi présenté ses idées, qui ont été développées lors du forum civil tenu du 1er au 3 avril 2005 à Luxembourg. Le présent document contient une évaluation globale qui met en lumière les principales réalisations ehnsuffisances du partenariat euroméditerranéen, tandis que son annexe contient une description plus détaillée des actions entreprises dans le cadre des trois chapitres (politique, économique et social) de la déclaration de Barcelone depuis la réunion ministérielle de La Haye. 3. C'est un tableau mitigé qui émerge de ce processus de bilan. S'il y a beaucoup de réalisations positives, il reste beaucoup à faire pour réaliser pleinement le potentiel de la déclaration de Barcelone. En effet, alors que le monde a connu des changements majeurs, que l'élargissement de l'Union européenne a doté le partenariat de nouveaux éléments positifs et que les instihltions de l'Union ont continué à évoluer, la déclaration de Barcelone est toujours la clé de voûte du partenariat et est en fait plus pertinente que jamais. Son vaste potentiel est loin d'être épuisé et fixe les objectifs pour de nombreuses années à venir. L'importance du processus de Barcelone est un principe unanimement reconnu comme le montre le profond attachement de tous les partenaires à cette relation toute particulière. En effet, l'un des résultats les plus fondamentaux du processus est l'instauration, grâce au dialogue et à la coopération systématiques et structurés menés au fil des années, d'un meilleur climat de confiance, ce qui permet aux partenaires de développer une meilleure compréhension mutuelle. 4. Au niveau institutionnel du partenariat, des progrès marquants ont été accomplis. Si tous les accords d'association ont été négociés et si la plupart d'entre eux sont en vigueur, certains doivent encore être signés et/ou ratifiés. Dès que la signature avec la Syrie sera confirmée, tous les accords d'association seront Annuaire GERM

effectifs. Les conseils et les comités d'association se rétmissent régulièrement et une série de sous-comités techniques assure la mise en œuvre pratique. Cette stmcture offre aussi une base solide pour la mise en œuvre de la politique européenne de voisinage qui veut renforcer le processus de Barcelone. Sur le plan multilatéral, les ministres, les hauts fonctionnaires et les experts se réunissent régulièrement tant au niveau de la coordination générale (ministères des Affaires étrangères) que dans un large éventail de secteurs et se mettent d'accord sur les principaux domaines de leur coopération. Le processus a aussi permis d'encourager la coordination entre les partenaires eux-mêmes. Par rapport à 1995, les relations euro-méditerranéennes disposent aujourd'hui d'un cadre solide alors qu'auparavant les contacts n'étaient qu'intermittents. Les administrations publiques européennes attachent davantage d'importance à la région méditerranéenne qu'auparavant et les administrations publiques de tous les partenaires méditerranéens ont pris davantage conscience du processus de l'intégration européenne et de l'importance qu'il revêt pour elles; les contacts entre les administrations des partenaires méditerranéens eux-mêmes ont également augmenté. Des progrès complémentaires ont été enregistrés dans l'affirmation de la responsabilité conjointe du processus, par exemple par le biais de la co-présidence de réunions ministérielles sectorielles, de consultations plus étroites sur les résultats des réunions ministérielles, ainsi que par le biais de l'élaboration conjointe de la politique de voisinage. S. La mise en place de l'Assemblée parlementaire euro­ méditerranéenne (APEM) constitue dans ce contexte une réalisation très positive qui doit être saluée à la fois comme une contribution à la démocratie et comme une preuve de la réussite de la mise en œuvre de la politique de responsabilité conjointe. A la suite de la rétmion inaugurale de l'APEM, qui s'est tenue à Athènes les 22 et 23 mars 2004, et qui a été un succès, l'APEM a maintenant constitué ses trois commissions et une première session plénière s'est déroulée avec succès au Caire du 12 au 15 mars 2005. La présidence a été représentée à cette réunion par le ministre délégué aux Affaires étrangères et a entretenu des contacts étroits avec la présidence et le secrétariat de l'APEM afin de développer des liens mstitutionnels appropriés. Annuaire GERM

6. Une avancée majeure a été réalisée avec la création de la "Fondation euroméditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures" Il s'agit de la première institution commtme du processus de Barcelone financée par des contributions de tous les pays partenaires et de la Commission. Création originale, elle agit comme un réseau de réseaux (35 réseaux nationaux) mis en place par les partenaires, pennettant ainsi à la société civile de la région de jouer un rôle important. Son objectif est de promouvoir le dialogue entre toutes les cultures de la région et de contribuer à la visibilité du partenariat par le biais d'échanges intellectuels, culturels et au niveau de la société civile. Les ministres ont salué son inauguration, le 20 avril à Alexandrie, ainsi que le fait qu'après une très courte période de lancement, elle est maintenant pleinement opérationnelle, avec tm plan d'action adopté pour trois ans, un budget pour sa première année de fonctionnement, des procédures administratives et financières approuvées et la plupart de son personnel recruté. 7. La société civile est davantage sensibilisée au partenariat, ce qui a conduit à la création d'une plate-forme non gouvernementale Euromed lors du forum civil tenu récemment à Luxembourg. L'adoption d'une charte ainsi que l'élection d'un conseil représentatif ont aidé à structurer les activités d'une société civile indépendante et devraient permettre d'assurer une meilleure interface avec les activités officielles du partenariat à l'avenir. Les contacts Nord-Sud et Sud-Sud entre les sociétés civiles ont été renforcés, les échanges au niveau des populations ont augmenté, notamment panni les jetmes, et la coopération s'est développée entre les ONG dans des domaines aussi variés que les Droits de l'Homme, l'environnement, le développement durable, le patrimoine culturel, l'émancipation des femmes ainsi qu'entre les syndicats, les organisations professionnelles, les conseils économiques et sociaux, etc. S. En s'appuyant sur les réalisations du processus de Barcelone et en se fondant sur le principe de responsabilité conjointe et de différenciation, la politique européenne de voisinage (PEV) devrait renforcer les formes actuelles de coopération dans le cadre Euromed, avec l'objectif d'offrir aux partenaires une participation au marché intérieur de l'Union européenne, ainsi que la possibilité Annuaire GERM

de participer aux programmes et aux politiques de l'Union européenne sur la base du respect de priorités établies d'un commun accord, correspondant à des valeurs et à des objectifs COmmuns. Elle relancera le processus de Barcelone et le fera avancer, dans sa dimension régionale également, à condition que l'on veille à faire en sorte que tous les partenaires poursuivent des Objectifs globaux compatibles. Divers plans d'action avec des pays partenaires ont déjà été conclus tandis que d'autres se trouvent à un stade préparatoire. L'lm des principaux objectifs de la PEY est de soutenir et de promouvoir les efforts en matière de réformes sur la base des priorités et des programmes nationaux de chaque partenaire méditerranéen. Les plans d'action bilatéraux conclus à ce jour contiennent donc tm programme ambitieux de convergence réglementaire progressive avec l'Union européenne. 9. La coopération politique et en matière de sécurité s'est accme, mais à un rythme moins rapide que celui que l'on espérait. Le partenariat n'a pas eu d'incidence directe sur les principaux conflits non résolus dans la région. Il a cependant été possible de mettre en place un certain nombre de mesures de renforcement du partenariat et une approche plus souple (bilatérale ou sous­ régionale) a été adoptée. Un dialogue a été engagé sur des projets concrets dans le cadre de groupes de travail. En février, les bases ont été jetées pour la mise en place d'un système d'alerte rapide Contre les raz-de-marée en Méditerranée. Des discussions approfondies ont eu lieu en vue d'entamer un dialogue et une cOopération dans le domaine de la lutte contre les mines et du déminage dans les pays partenaires et en vue de préparer un séminaire, sur ce sujet. 10. Bien que les partenaires méditerranéens aient souscrit à l'objectif de réforme, les progrès enregistrés ont été inégaux. Les ministres ont salué la dynamique croissante en faveur de la réforme, de l'approfondissement de la démocratie et de la consolidation de l'Etat de droit dans les pays partenaires méditerranéens. Ils ont relevé les mesures prises dans les pays méditerranéens dans le domaine des Droits de l'Homme et de la démocratie. Les ministres ont réaffirmé leur engagement sans réserve en faveur de la réalisation de l'ensemble des objectifs de la déclaration de Barcelone, à savoir transformer le bassin Annuaire GERM

méditerranéen en une reglOn de dialogue, d'échange et de coopération garantissant la paix, la stabilité et la prospérité, renforcer la démocratie et le respect des Droits de l'Homme, assurer un développement économique et social équilibré, adopter des mesures destinées à lutter contre la pauvreté et promouvoir une meilleure compréhension entre les différentes cultures. Dans l'ensemble, le processus de Barcelone a conduit à la création d'une stmcture de coopération et à la mise en place de mesures de partenariat. A la fin de l'année 2003, des dialogues institutionnalisés ou informels sur les Droits de l'Homme ont été engagés avec plusieurs partenaires; dans le cadr~ de la politique européenne de voisinage, les plans d'actions conclus à ce jour, contenant des priorités de coopération fixées d'un commun accord dans le domaine de la promotion des Droits de l'Homme sont élaborés avec les pays qui ont déjà ratifié les accords d'association. Les programmes indicatifs nationaux et régionaux pour la période 2005-2006 dans certains pays partenaires favorisent les objectifs de renforcement des Droits de l'Homme, de la société civile et de la démocratie ainsi que, dans certains cas, la coopération, l'assistance technique et d'autres formes d'assistance destinées à moderniser le système judiciaire. 11. Aujourd'hui, dans lm monde de plus en plus globalisé, l'Union européenne demeure le principal partenaire des pays méditerranéens pour le commerce des biens et des services. Ce partenariat est avantageux pour les deux parties. Plus de 50% du commerce de la région se fait avec l'Union européenne et, pour certains pays, plus de 70% de leurs exportations sont à destination de l'Union européenne. Les partenaires méditerranéens ouvrent progressivement leurs marchés, ce qui permet une augmentation des exportations de l'Union européenne. L'Europe est le plus important investisseur étranger direct et le plus important fournisseur d'aide financière et bailleur de fonds de la région, avec près de 3 milliards d'euros par an sous forme de prêts et de dons. L'Union européenne est également la principale source du tourisme et la première destination des migrants. 12. La création d'un espace de prospérité partagée continue d'être un objectif central du partenariat euro-méditerranéen. Certaines bases essentielles ont déjà été jetées. Certains partenaires Annuaire GERM

ont fait des progrès considérables en ce qui concerne la stabilité macroéconomique et la libéralisation du commerce des biens se fait en grande partie dans les délais prévus. Le partenariat a acquis une nouvelle dimension grâce à la création, en 2002, de la FEMIP (Facilité euroméditerranéenne d'investissement et de partenariat) dans le cadre de la Banque européenne d'investissement qui offre des possibilités de transferts financiers importants, tm cadre institutionnel et une précieuse connaissance des questions microéconomiques. Dans le cadre du programme MEDA, toute tme série de programmes couvrant tous les aspects du partenariat a été élaborée. Bien qu'essentiellement bilatéral, le partenariat a aussi une importante dimension régionale et constitue tm soutien pour la transition économique, un meilleur équilibre socio-économique et l'intégration régionale. Par le biais des programmes MEDA 1 et MEDA II, plus de 9,7 milliards d'euros ont été alloués et les subventions représentent maintenant plus de 800 millions d'euros par an. Ces dernières années, des progrès importants ont été réalisés pour accélérer la mise en œuvre des projets et des programmes, notamment du fait de la révision radicale du programme d'aide de la Commission. Ces résultats sont allés de pair avec tme meilleure appropriation par les partenaires, un approfondissement du partenariat, une amélioration du suivi, suite à la délégation de compétences. La prise de décision relève maintenant essentiellement des acteurs sur le terrain. Ce bon fonctionnement résulte entre autres du fait que les programmes de réformes sectorielles pour soutenir les réformes économiques et sociales sont devenus le pilier de la coopération financière dans le cadre du MEDA. Etant donné que l'aide technique continue à apporter des contributions significatives au processus de développement dans les pays partenp.ires méditerranéens, elle demeure un instrument du développement institutionnel. Même si l'aide financière et technique a apporté des contributions positives au processus de développement dans les pays partenaires méditerranéens, il n'a pas été possible de réaliser tous les objectifs économiques figurant dans la déclaration de Barcelone. Annuaire GERM

En ce qui concerne le commerce Sud-Sud, l'évolution la plus significative a été la signahtre en février 2004, à Agadir, de l'accord de libre échange entre l'Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. D'autres ALE (accords de libre-échange) ont été conclus entre des pays méditerranéens, ce qui reflète les progrès réalisés dans le domaine de l'intégration régionale dans l'espace méditerranéen. 13. Malgré ces évolutions positives, les ministres ont noté que les avancées dans le processus de libéralisation ont été lentes dans certains domaines importants. Bien que la plupart des accords d'association aient maintenant été mis en place entre l'Union européenne et les partenaires méditerranéens, le processus de création d'un véritable marché régional demeure à achever, notamment afin d'attirer l'investissement étranger direct (IED). Le commerce intrarégional dans le sud de la Méditerranée, qui représente actuellement moins de 15% du total, devrait augmenter avec l'entrée en vigueur de l'accord d'Agadir et la mise en œuvre du système paneuropéen de cumul des règles d'origine. 14. Depuis le lancement du partenariat, d'importants travaux ont eu lieu dans beaucoup d'autres domaines tels que l'environnement et le développement durable, la coopération industrielle et commerciale, les transports, l'énergie, les technologies de l'information et des communications, l'enseignement et la formation professionnelle, le patrimoine culturel, l'audiovisuel, la justice et les affaires intérieures, les échanges de jeunes, les questions sociales, la science et la technique, etc., comme le montre l'annexe de la communication de la Commission du 12 avril 2005. 15. Si la déclaration de Barcelone et son approche globale demeurent valables, les progrès enregistrés dans la réalisation d'un certain nombre des objectifs fixés dans celle-ci ont été lents. Le processus de Barcelone demeure toutefois la clé de voûte du partenariat et du dialogue entre l'Union européenne et la région méditerranéenne qui, à leur tour, permettront de réaliser les objectifs des réformes et des plans de développement politiques, sociaux et économiques entrepris par les sociétés concernées, comme le stipulait également la déclaration du sommet de la Ligue arabe de Tunis en 2004 sur les efforts en faveur du développement Annuaire GERM

et de la modernisation dans la région, réaffirmée lors du sommet d'Alger en 2005 et dans le cadre du partenariat stratégique entre l'Union européenne et la région méditerranéenne ainsi que le Moyen-Orient. Il convient de prendre acte des rapports du PNUD Sur le développement humain dans le monde arabe et des déclarations de Sanaa et d'Alexandrie. III. ORIENTATIONS POUR L'AVENIR 16. Dans l'esprit des principales idées avancées dans le cadre de l'évaluation, les ministres se sont intéressés à la nécessité d'intensifier les activités liées au partenariat compte tenu des possibilités offertes par la Politique européenne de voisinage en vue de rapprocher ce partenariat de la population. Ils ont reconnu que la Turquie se trouvait dans tille position particulière en raison de sa double qualité de candidat à l'adhésion et de membre du partenariat euro-méditerranéen. Tout en convenant de la nature globale du partenariat telle qu'elle ressort de ses trois volets, les ministres ont recommandé de mettre l'accent en particulier sur un certain nombre d'activités à fixer d'un commun accord qu'il conviendrait d'accélérer et d'orienter davantage sur les résultats, notamment en matière de paix, de sécurité, de stabilité, de bonne gestion des affaires publiques et de démocratie, en matière de développement économique durable et de réformes, en matière d'éducation et d'échanges socioculhtrels, ainsi qu'en matière de justice, de sécurité, de migrations et d'intégration sociale. 17. Afin d'accroître la prospérité, de renforcer la sécurité et d'instaurer une meilleure qualité de vie dans la région, et dans la perspective du dixième anniversaire du partenariat euro­ méditerranéen qui sera célébré en novembre 2005, les ministres ont chargé les hauts fonctionnaires d'étudier la possibilité de fixer d'un commun accord des objectifs dans les domaines susmentionnés. 18. A mesure que des avancées sont réalisées dans la mise en œuvre des engagements en faveur de valeurs communes qui figurent dans les accords d'association et les plans d'action de la PEV conclus à ce jour, les partenaires devraient être de plus en plus associés aux programmes de l'Union européenne. La mise à disposition de ressources financières adéquates devrait être envisagée en tenant compte de l'importance attachée aux pays sud- Annuaire GERM

méditerranéens. La politique européenne de voisinage, qui sera soutenue par l'Instrument européen de voisinage et de partenariat dont la création a été proposée, s'appuiera sur l'expérience du MEDA et envisagera des formes de coopération nouvelles. 19. Les ministres sont convenus de la nécessité d'améliorer les méthodes de travail dans le cadre du partenariat. Ils ont décidé de maintenir une conférence officielle au niveau des ministres des Affaires étrangères tous les dix-huit mois, une session infonnelle étant prévue entre deux conférences. Dans ce contexte, les partenaires devraient s'efforcer de formuler conjointement des conclusions en vue des réunions ministérielles. Les ministres ont en outre demandé au Comité Euromed de renforcer sa fonction de coordination et d'évaluation afin de veiller à ce que les priorités adoptées soient mises en œuvre. 1. PAIX, SECURITE, STABILITE, BONNE GESTION DES AFFAIRES PUBLIQUES ET DEMOCRATIE 20. Il ressort de l'évaluation que les conflits non résolus entravent les progrès au sein du partenariat. Cela se vérifie en particulier pour le conflit israélo-arabe. Des signes encourageants de progrès ont toutefois été relevés depuis la dernière réunion ministérielle Euromed à La Haye. Les ministres se sont déclarés satisfaits des engagements des deux parties, lors du Sommet de Chann el-Sheikh, notamment de mettre fin à toute violence. Les ministres ont souligné la nécessité pour les deux parties de respecter pleinement leurs engagements conformément à l'Accord de Charm el-Sheikh. Ils se sont félicités des bases qui ont été jetées en vue d'un règlement pacifique et négocié du conflit israélo-palestinien. Les ministres ont réaffirmé qu'aucune partie ne devait prendre de mesures unilatérales susceptibles de porter préjudice au résultat des négociations sur un règlement définitif. Le processus de Barcelone contribue dans tme large mesure à favoriser les avancées et à renforcer la compréhension mutuelle, même si ce n'est pas dans ce cadre qu'un règlement sera trouvé. Les ministres ont rappelé leur attachement à la Feuille de route et souligné le rôle central et tmifié du Quartet. Ils ont exprimé le souhait de voir la Feuille de route mise en œuvre rapidement et ont Annuaire GERM

encouragé les parties à poursuivre sur la voie du dialogue direct et des négociations directes afin de réaliser l'objectif de deux Etats, un Etat d'Israël sùr et une Palestine viable, souveraine, démocratique et dotée d'un territoire d'un seul tenant, vivant côte à côte pacifiquement et en sécurité. Les questions relatives au statut définitif, notamment celles relatives aux frontières, doivent faire l'objet d'un accord entre les deux parties. Les ministres ont rappelé qu'une paix juste, durable et globale devait être fondée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations tmies, sur le mandat de la Conférence de Madrid et sur le principe de la terre contre la paix. En outre, ils ont souligné l'importance de l'initiative arabe de paix. Les ministres ont également appelé à renforcer les efforts en vue de promouvoir les progrès du processus de paix sur tous les volets, palestinien, syrien et libanais. Les ministres ont réaffirmé que la décision du gouvernement israélien de se retirer de la bande de Gaza et d'une partie du nord de la Cisjordanie représenterait, dans le cadre des paramètres formulés par l'Union européenne, un progrès significatif dans la mise en œuvre de la Feuille de route. La viabilité économique des territoires palestiniens a été considérée comme déterminante à cet égard. Les ministres ont salué à cet effet la nomination par le Quartet de l'envoyé spécial pour le désengagement de la bande de Gaza et se sont engagés à le soutenir afin qu'il mène à bien sa mission. Il convient que le partenariat euro-méditerranéen continue à soutenir la coopération entre les parties, notamment dans les secteurs économique et industriel, afin de faire pendant au processus politique. 21. Les ministres ont souligné l'importance d'établir une région euro-méditerranéenne pacifique, sùre et stable, fondée sur le développement durable, l'Etat de droit, la démocratie et les Droits de l'Homme. Les partenaires euro-méditerranéens sont invités à examiner les moyens de progresser dans ces domaines, y compris en élaborant des politiques visant à promouvoir l'égalité entre les sexes, le pluralisme et le renforcement des instihltions, à examiner les moyens de mieux associer les partenaires sociaux et la société civile à leurs efforts, et de favoriser cette évolution, tout en Annuaire GERM

respectant conformément aux règles du droit international le principe de non-intervention, directe ou indirecte, dans les affaires intérieures d'lm autre partenaire et en reconnaissant la spécificité de chaque société. Il importe à cet égard de tendre à des perceptions communes des défis liés à la démocratisation; l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne peut contribuer à cet objectif. A la lumière des discussions des ministres et dans la perspective du dixième anniversaire du partenariat euro­ méditerranéen qui sera célébré en novembre 2005, les ministres ont chargé les hauts fonctionnaires d'étudier la possibilité de définir des objectifs concertés dans ces domaines. Les ministres se sont employés à poursuivre activement la promotion du rôle des femmes dans la société, au nord comme au sud de la Méditerranée, comme convenu lors de la réunion à mi­ parcours des ministres des Affaires étrangères, tenue à Dublin les 5 et 6 mai 2004. En outre, les hauts fonctionnaires devraient également réfléchir aux moyens d'approfondir le dialogue politique. Ils pourraient notamment examiner la possibilité d'élaborer, sur une base volontaire, lme coopération conjointe et lm échange d'expériences dans le domaine des élections, à la demande du pays concerné. 22. Les ministres ont souligné que la Libye a sa place dans le partenariat euroméditerranéen. Ils ont encouragé les autorités libyennes à faire le nécessaire pour y adhérer et ont pris note des consultations en cours en vue de régler les questions en suspens. 23. Les ministres ont pris acte de la demande d'adhésion au partenariat euroméditerranéen présentée par la République islamique de Mauritanie, qui sera dûment examinée. 24. La lutte contre le terrorisme est un autre élément important du partenariat politique et de sécurité. Des progrès ont été accomplis en ce qui concerne le renforcement de la coopération entre les autorités policières et les autres autorités, et cette coopération sera encore développée dans la deuxième phase du programme régional de coopération dans le domaine de la justice, mais il faudrait faire davantage pour établir la confiance indispensable à lme intensification des échanges d'informations sur les menaces que représentent les organisations terroristes et les Annuaire GERM

terroristes. La coopération d'Etat à Etat s'est avérée importante, mais devrait être renforcée par des mesures décidées d'lm commun accord, destinées à lutter contre la menace mondiale du terrorisme. Les ministres ont souligné qu'il importait d'adopter toutes les conventions pertinentes des Nations unies et de mettre en œuvre intégralement les engagements relatifs à celles qu'ils ont ratifiées ainsi que ceux qui résultent des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant la lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, les ministres ont également invité à signer, ratifier et mettre en œuvre la convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire qui a été conclue récemment. Ils ont réaffirmé leur engagement en faveur d'un dialogue fructueux en vue d'élaborer une approche globale de la lutte contre le terrorisme et salué la réussite de la réunion de 18 mai à cet égard. Les pays de la zone euro-méditerranéenne ont été durement frappés par le terrorisme, mais le dialogue régional achoppe trop Souvent sur des désaccords sur les définitions. Dans ce contexte, les ministres ont soutenu les efforts conjoints visant à parvenir à un Consensus aussi large que possible sur le texte d'une convention globale relative à la lutte contre le terrorisme. Ils sont convenus de renforcer simultanément la coopération concrète et le dialogue politique en matière de lutte contre le terrorisme. 25. Les ministres ont observé que des consultations étaient en cours, avec l'assistance du représentant personnel du Secrétaire général/Haut représentant, M. Solana, en matière de lutte contre la prolifération des ADM (armes de destruction massive), en vue de parvenir à l'accord nécessaire sur le mandat et les modalités d'organisation d'une réunion ad hoc sur les ADM dans la région méditerranéenne, conformément aux principes énoncés dans la déclaration de Barcelone. 26. Compte tenu de la rétmion fructueuse entre les hauts fonctionnaires etla troïka du COPS qui a eu lieu le 11 avril 2005, les ministres ont souligné qu'il importe de développer et d'approfondir le dialogue dans le domaine de la PESD sur une base régionale, sous-régionale ou bilatérale, en vue de sensibiliser davantage les parties aux occasions de coopérer en ce qui concerne la protection civile et les activités liées à la prévention des conflits Annuaire GERM

et à la gestion des crises, telles que le séminaire qui doit se tenir en juin 2005 à Athènes. Les ministres ont réaffirmé leur soutien aux mesures actuelles de renforcement du partenariat qui ont été mises en œuvre avec succès dans le cadre du programme MEDA, notamment les séminaires de Malte, le réseau euro-méditerranéen des instituts de politique étrangère (EuroMeSco) et la coopération en matière de protection civile, en particulier dans le cadre du projet relais intermédiaire 2005-2007 du partenariat euro-méditerranéen, en attendant la mise en œuvre d'tm projet à long terme. 2. DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE. DURABLE ET REFORME 27. Les ministres ont réfléchi à la manière de réduire les disparités économiques entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée en définissant des moyens de renforcer l'intégration économique nord-sud, d'tme part, et sud-sud, d'autre part. Afin de réaliser l'objectif de créer une zone euro-méditerranéenne de libre échange d'ici 2010 et dans la perspective du dixième anniversaire du partenariat euro-méditerranéen qui sera célébré en novembre, les ministres ont chargé les hauts fonctionnaires d'étudier la définition d'une série d'objectifs de réforme économique et de croissance, dans le but d'accroître la prospérité et d'améliorer la qualité de vie dans la région méditerranéenne par le biais d'un développement effectif et de la création d'emplois. Ces objectifs devraient privilégier, entre autres, les points suivants: renforcer les systèmes juridiques concernés, accentuer l'intégration commerciale y compris l'intégration sud-sud, diversifier davantage les échanges, mettre en adéquation les compétences des travailleurs et les demandes des entreprises du secteur privé, mettre en place un réseau de transport euro-méditerranéen, créer un marché euro­ méditerranéen de l'énergie, promouvoir le développement économique écologiquement durable, faciliter l'accès réciproque aux marchés et accroître l'investissement étranger direct. a) Une approche globale en matière commerciale en vue d'atteindre l'objectif de créer une zone euro· méditerranéenne de libre-échange d'ici 2010: 28. Les ministres ont recommandé que soit élaborée une feuille Annuaire GERM

de route aux fins de la création d'une zone euro-méditerranéenne de libre-échange d'ici 2010, laquelle engloberait la libéralisation des services et du droit d'établissement, la libéralisation du commerce de produits agricoles et de produits transformés de l'agriculture et de la pêche, en tenant compte des différences et des caractéristiques du secteur agricole dans les différents pays, et sur la base des accords de libre-échange bilatéraux et régionaux actuels, notamment l'accord d'Agadir et le protocole commun d'origine pan euro-méditerranéen. 29. L'objectif de libéralisation des services et le débat relatif au droit d'établissement sont prévus par tous les accords d'association entre l'Union européenne et ses partenaires méditerranéens. Il s'agit d'une priorité si l'on veut parvenir à une zone de libre­ échange dans la région euro-méditerranéenne. Les ministres ont convenu d'ouvrir un nouveau chapitre en matière d'intégration en engageant des négociations sur une base volontaire, compte tenu des conclusions ·de la réunion tenue à Istanbul en juillet 2004, et notamment du point relatif au protocole­ cadre facultatif sur les services. Les ministres ont constaté que le rythme de l'investissement étranger et national direct dans les pays partenaires est trop lent. L'intégration plus grande des pays partenaires méditerranéens et la coopération accrue entre ces pays devraient avoir des effets positifs en termes d'attraction de l'investissement étranger et national direct. Les efforts entrepris par les partenaires méditerranéens pour faire face à l'absence d'un grand marché régional, à l'absence de sécurité juridique suffisante et pour simplifier les procédures bureaucratiques doivent être soutenus. Les ministres ont convenu que la mise en œuvre de la déclaration de Barcelone devait contribuer à augmenter de manière significative le niveau de l'investissement étranger direct dans la région. 30. Sur la base des travaux menés au cours des réunions de hauts fonctionnaires chargés du secteur de l'agriculture qui se sont tenues à Bruxelles et Rabat, les ministres sont convenus de recommander aux ministres compétents d'adopter une feuille de route pour la libéralisation des échanges de produits agricoles, de produits agricoles transformés et de produits de la pêche prévoyant de Annuaire GERM

poursuivre la libéralisation, moyennant un certain nombre d'exceptions et des calendriers de mise en œuvre progressive conformes aux dispositions et aux objectifs des accords d'association et de l'article XXIV du GATT. Des mesures d'accompagnement prévoyant le soutien structurel, instihltionnel, juridique et administratif nécessaire afin de faciliter l'accès aux marchés d'exportation devraient être envisagées. Des mesures de coopération et d'assistance technique dans les secteurs sanitaires et phytosanitaires devraient également être mises à l'éhlde. Ces mesures s'accompagneraient d'un engagement à lancer un programme de coopération régionale en matière de développement rural, tenant compte de la déclaration ministérielle de Venise et conforme aux objectifs de la déclaration de Barcelone et de la politique de voisinage, afin d'aligner la libéralisation des échanges de produits agricoles et de produits de la pêche sur l'objectif d'tme zone de libre-échange en 2010. Les ministres ont examiné l'opportunité de mesures de soutien destinées à compenser l'effet des changements structurels sur les secteurs concernés. 31. Le rapprochement des législations techniques dans les domaines des normes et de l'évaluation de la conformité peut représenter un important gisement d'échanges commerciaux, permettre d'attirer l'investissement et, en dernière analyse, favoriser l'intégration des économies. Il s'agit de stimuler le commerce en alignant les normes et les prescriptions techniques, en réduisant les coûts dus à la duplication des essais et de la certification, et de faciliter ainsi l'accès au marché. Les travaux d'harmonisation des législations économiques ont déjà débuté, sur la base du programme de travail adopté par la conférence Euromed des ministres du commerce qui s'est tenue à Palerme, en juillet 2003, et un certain nombre d'avancées notables ont été effectuées vers l'harmonisation finale ou la reconnaissance mutuelle de normes liées au commerce dans toute la région Euromed. 32. Les ministres ont estimé que l'expansion des relations commerciales Sud-Sud dans la région relève d'un intérêt économique vital pour les pays méditerranéens. Afin d'instaurer une zone de libre-échange à part entière dans la région Euromed d'ici 2010 comme convenu, il est nécessaire qu'un grand nombre Annuaire GERM

d'autres accords soient conclus et que les accords existants soient mis à jour. Les ministres ont plaidé pour que les pays méditerranéens se hâtent de conclure entre eux des accords de libre-échange. Ces accords de libre-échange permettront la mise en œuvre du cumul pan-euro-méditerranéen de l'origine. En effet, ce système de cumul de l'origine présuppose l'existence de relations préférentielles entre les partenaires concernés. Le cumul pan-euro­ méditerranéen de l'origine devrait se traduire par des avantages substantiels pour les partenaires. b) Nouvelle méthode de coopération 33. Les ministres sont convenus que la politique régionale de l'Union européenne pourrait être, parmi d'autres politiques, lUle source d'inspiration pour le développement régional dans les pays méditerranéens, en collaboration avec les structures régionales concernées. Il convient, pour autant que des structures de gestion adaptées soient en place, que la Commission examine si des régions pilotes du sud du bassin méditerranéen peuvent se voir appliquer les modalités des instruments de l'Union européenne en matière de politique régionale à partir de 2007, en tenant également compte des objectifs de la coopération Sud-Sud et de la coopération transfrontalière, ainsi que de la coopération entre régions. Les régions seraient déterminées en consultation avec l'ensemble des parties intéressées. Une action décentralisée de ce type permettrait un renforcement de l'approche fondée sur les partenariats et aiderait à mettre en place une politique structurelle émanant des partenaires du Sud eux-mêmes. Les ministres ont salué le fait que la Commission ait l'intention de fournir une assistance technique à tous les pays partenaires intéressés, en vue d'ouvrir la voie, à partir de 2005, à une politique de développement régional conforme à ces méthodes. Celles-ci pourraient servir à promouvoir la coopération entre régions de pays différents, dans le cadre de la coopération Sud-Sud et de la coopération transfrontalière. c) Un environnement macroéconomique sain 34. Il convient de maintenir un environnement macroéconomique sain au moyen de politiques budgétaires et monétaires adaptées et de le favoriser par des réformes structurelles visant à lever les obstacles à la croissance, à Annuaire GERM

l'investissement et à la création d'emploi. Dans ce contexte, il convient de veiller tout particulièrement à mettre en place un environnement favorable aux entreprises et à l'amélioration de la gouvernance économique. Le rôle clé joué par les PME et d'autres formes de gestion d'entreprise a été mis en avant, notamment "l'économie sociale"(l), et il convient de l'encourager afin d'augmenter le nombre des créations d'emploi. Dans ce contexte, les ministres ont encouragé les partenaires méditerranéens à tirer pleinement parti des dialogues économiques prévus dans le cadre des accords d'association pour consolider les progrès des politiques de stabilisation macroéconomique et de croissance. Les ministres sont convenus que ces questions seraient évoquées lors des réunions ministérielles euro-méditerranéennes ECOFIN/FEMIP qui se tiendront à Rabat, les 19 et 20 juin 2005. 1 Terme utilisé pour décrire d'autres formes de gestion d'entreprises, comme les entreprises coopératives, dans lesquelles les travailleurs sont détenteurs du capital et à ce titre, participent à la gestion de l'entreprise. d) Le rôle de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat 35. La BEI (Banque européenne d'investissement) a permis des progrès notables grâce à la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP); c'est le cas, en particulier, depuis que cette dernière a été renforcée et maintenant qu'elle accorde aux partenaires de la Méditerranée des prêts à hauteur de 2 milliards d'euros par an. Il convient de souligner les apports concrets de la FEMIP à certains secteurs économiques (PME, eau, transports, produits financiers etc.), ainsi que son action en matière de capital-risque. La réussite de son soutien aux activités du secteur privé sera évaluée d'ici la fin de 2006, conformément au délai fixé par le Conseil ECOFIN, en novembre 2003, pour réexaminer le mandat de la FEMIP. Les ministres ont à nouveau indiqué que la constitution éventuelle d'une filiale détenue majoritairement par la BEI et dédiée aux pays partenaires méditerranéens serait pleinement analysée en décembre 2006, sur la base d'une évaluation des performances de la FEMIP conformément à ce qui a été convenu lors de la conférence euro­ méditerranéenne de Naples. Annuaire GERM

e) Transports 36. Le fonctionnement efficace de la zone de libre-échange suppose de développer un réseau de transports euro­ méditerranéen caractérisé par de bonnes interconnexions (entre l'Union européenne et les partenaires méditerranéens, et entre ces partenaires eux-mêmes) et de partager les mêmes objectifs en matière de politique des transports. La réforme de la réglementation et l'ouverture des marchés, qui s'imposent, devraient aussi s'accompagner d'investissements notables dans les infrastructures. D'importantes ressources destinées aux investissements devraient continuer à être mises à disposition, notamment par l'intermédiaire de la FEMIP. Les ministres se félicitent de la réunion euro-méditerranéenne des ministres des Transports qui se tiendra à Marrakech en décembre 2005, à laquelle participera la BEI, et qui devrait approuver lm réseau régional d'infrastructures de transports, de même qu'tme liste de projets prioritaires, et adopter une série de recommandations visant à stimuler la coopération euro­ méditerranéenne dans le secteur des transports et la réforme de celui-ci dans les pays partenaires du bassin méditerranéen. f) Energie 37. La mise en place progressive d'un marché euro­ méditerranéen de l'énergie est au cœur de la réalisation des objectifs de la déclaration de Barcelone et du développement économique et social global de la région. Pour développer ce marché, d'importants projets sous-régionaux sont achlellement en Cours, tels que l'intégration progressive des marchés de l'électricité des pays du Maghreb avec ceux de l'Union européenne, l'intégration des marchés du gaz dans la région du Mashrek, des projets relatifs à l'énergie présentant lm intérêt commun pour Israël et l'Autorité palestinienne et la construction du gazoduc Medgaz et du gazoduc ar-abe. Les ministres concernés ont été encouragés par leurs collègues à se pencher sur la manière de faire progresser l'intégration sous-régionale des marchés et des infrastructures énergétiques. Les ministres ont préconisé la poursuite des activités menées dans le cadre de la plate-forme euro-méditerranéenne de Rome sur l'énergie (MEDREP). Annuaire GERM

g) Environnement et développement durable 38. Les ministres ont soutenu l'aboutissement de la rédaction de la stratégie méditerranéenne pour le développement durable, celle­ ci étant appelée à devenir un outil important pour intégrer le développement durable dans les partenariats. Il convient d'améliorer la qualité de vie des citoyens du bassin méditerranéen en lançant une initiative de dépollution de la mer Méditerranée d'ici à 2020. Il s'agit de s'attaquer aux principales sources de pollution, notamment les émissions industrielles et les déchets urbains, dont les eaux usées. Cette initiative créerait des perspectives favorables de développement touristique, contribuerait à enrayer le déclin des stocks de pêche locaux et permettrait d'approvisionner des millions de personnes en eau potable. Les ministres ont appuyé la mobilisation de ressources financières destinées à soutenir les pays euro-méditerranéens à cet égard. h) Technologies de l'information et de la communication 39. La coopération dans le domaine des technologies de l'information et de la communication est et restera un important facteur contribuant au développement durable du bassin méditerranéen. Les ministres ont préconisé l'intensification de la coopération dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des actions concrètes décidées par les ministres, lors de leur réunion à Dtmdalk, en Irlande, les 10 et 11 avril 2005. Les ministres ont exprimé leur intention de coopérer et de contribuer au succès de la deuxième phase du Sommet mondial sur la Société de l'Information qui se tiendra à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005. Ils ont exprimé leur soutien à la coopération conjointe euro­ méditerranéenne dans ce cadre. i) Coopération industrielle 40. Les ministres ont examiné les moyens de renforcer la coopération industrielle, comme l'a décidé la cinquième conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l'industrie (qui s'est tenue à Caserta, les 3 et 4 octobre 2004), en vue de relever les défis de la compétitivité dans un contexte de mondialisation croissante, notamment pour les secteurs qui sont fortement menacés. Reconnaissant le rôle vital de la recherche et du développement, ils ont souligné qu'il importait de faciliter l'accès aux informations, Annuaire GERM

aux transferts de technologies et aux réseaux, et de développer les liens entre les universités et les entreprises. 3. ENSEIGNEMENT ET ECHANGES SOCIOCULTURELS a) Enseignement et formation professionnelle 41. Les ministres ont reconnu l'importance cruciale du développement de l'enseignement et de la formation professionnelle pour l'essor économique et social des pays méditerranéens. La Commission a alloué à cet effet 704 millions d'euros à des programmes de soutien dont bénéficient actuellement les pays méditerranéens partenaires dans le cadre du programme MEDA 2000-2006. Les ministres ont examiné la possibilité d'une augmentation significative des fonds alloués à ces secteurs. Ils ont souligné que toute coopération dans le domaine de l'éducation devait être fondée sur l'implication des gouvernements partenaires. Les ministres ont également mis l'accent sur le principe d'égalité, ce qui suppose de s'adresser particulièrement à des groupes défavorisés, tels que les analphabètes, les filles poursuivant des études, et les populations des zones urbaines et des banlieues. Les ministres ont décidé d'adopter une démarche plus stratégique en soutien aux efforts des partenaires méditerranéens en matière de réforme de l'enseignement. Cette démarche implique d'apporter lm soütien à la modernisation des établissements, aidant ainsi les partenaires méditerranéens à améliorer les conditions et la qualité d'enseignement à tous les niveaux, notamment en ce qui concerne le primaire et le secondaire, à faire fortement reculer l'illettrisme des adultes et à mieux préparer les étudiants au monde du travail dans un environnement économique compétitif au sein d'une économie de la connaissance en pleine évolution. Les ministres ont chargé un groupe de hauts fonctionnaires "de réfléchir à la possibilité, dans ces domaines, d'adopter des buts et objectifs éducatifs conformes aux objectifs de développement du millénaire des Nations unies, à l'occasion du dixième anniversaire du partenariat euro-méditerranéen. Les ministres ont souligné que le partenariat devrait se fixer pour but d'améliorer la qualité, la validité et l'efficacité de Annuaire GERM

l'enseignement et de la formation professionnelle, afin de remplir les objectifs de développement du millénaire, c'est-à-dire, d'ici à 2015: l'éradication de l'illettrisme dans la région, la scolarisation de tous les enfants dans l' 'nseignement primaire et l'élimination des inégalités entre les filles et les garçons à tous les niveaux du système éducatif, ce qui exige un effort particulier pour assurer la participation des femmes à l'enseignement à tous les échelons. Les ministres ont souligné qu'il importait de promouvoir les programmes et les initiatives en faveur de l'éducation à la tolérance et du pluralisme, destinés à améliorer la compréhension entre les peuples de la région. Les ministres ont également apporté leur soutien aux efforts de modernisation des systèmes et à l'extension de l'accès aux technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement, sur la base des recommandations formulées lors de la réunion ministérielle euro-méditerranéenne sur la société de l'information qui s'est tenue à Dundalk. Dans ce contexte, les ministres ont souligné le rôle que pourrait jouer la Fondation Anna Lindh, avec le soutien des programmes régionaux actuels, dans la création de réseaux virtuels d'écoles et d'tmiversités dans la région euroméditerranéenne. b) Mobilité dans l'enseignement supérieur 42. Depuis 2002, le partenariat euro-méditerranéen a adopté un certain nombre d'initiatives relatives à la mobilité et aux contacts universitaires pour permettre une meilleure compréhension et lme meilleure connaissance mutuelles dès le plus jeune âge. Dans le prolongement de la conférence ministérielle de Valence en 2002, il a été décidé d'étendre le programme Tempus aux partenaires méditerranéens et d'intensifier la coopération dans le cadre du programme euroméditerranéen pour la jeunesse. Ces activités complètent l'appui apporté à des réformes générales. Les partenaires ont accepté d'organiser des échanges socioculturels et éducatifs. Les ministres ont pris acte de ce qu'en 2006, la Commission entend renforcer les programmes de mobilité actuels en lançant lm important programme de bourses à l'intention des universitaires et des professeurs, cofinancé par elle et les pays hôtes à l'intérieur de la région euro-méditerranéenne. Annuaire GERM

Il convient, pour faciliter les échanges personnels entre l'Union européenne et les pays partenaires, que les ministres collaborent à la mise en place d'un régime de reconnaissance des qualifications, tant pour l'enseignement que pour la formation professionnelle. A cette fin, les pays partenaires pourraient examiner la possibilité d'une qualification universitaire générale dans toute la région, qui serait reconnue dans l'Union européenne et à l'échelle internationale. c) Société civile 43. La société civile a un rôle à jouer dans le partenariat euro­ méditerranéen. Le Fomm civil de Luxembourg a contribué à la création d'un lieu de débat prometteur pour l'avenir. La poursuite des efforts visant à élargir et à diversifier la société civile dans le cadre du processus de Barcelone devrait être encouragée par le biais d'un renforcement des réseaux et des contacts personnels. Les ministres ont pris note des recommandations figurant dans la déclaration finale du fomm civil de 2005 et invité à trouver un accord sur des mécanismes visant à renforcer le poids de la société civile dans le partenariat. La Fondation Anna Lindh a un important rôle à jouer dans la promotion et la participation de la société civile. d) Culture 44. De plus, les opporhmités qu'offre tm héritage commun en matière de culture, d'histoire et d'environnement devraient être mises à profit comme il convient pour promouvoir et renforcer les échanges dans tous ces secteurs étroitement liés. Dans ce contexte, les ministres ont souligné le rôle de la Fondation Anna Lindh dans le domaine de la culture. L'importance que revêtent les programmes "Euromed Audiovisuel", "Euromed Héritage" et "Euromed Jeunesse" est également un signal clair qui montre la pertinence de la pourstùte du dialogue entre partenaires dans ce domaine. e) Autorités régionales et locales 45. Prenant ~n compte la nécessité de rapprocher le partenariat des préoccupations des citoyens et l'importance croissante des villes et régions dans les pays partenaires Euromed, les ministres ont rappelé qu'une association plus étroite des autorités locales et régionales au partenariat euro-méditerranéen est nécessaire, afin de recenser leurs défis communs et d'échanger les expériences et les meilleures pratiques. Annuaire GERM

f) Visibilité donnée au partenariat 46. Ce dixième anniversaire et la consécration de 2005 comme "l'Année de la Méditerranée" offrent tille précieuse occasion de répondre à la nécessité de donner davantage de visibilité au partenariat en développant tille stratégie soutenue d'activités et de manifestations visant à sensibiliser l'opinion publique. Comme en sont convenus les ministres des Affaires étrangères lors de leur dernière réunion à La Haye, l'efficacité de la communication dépend de la convergence des messages transmis par l'ensemble des partenaires. La Commission invite ces derniers à mobiliser les circuits gouvernementaux et non gouvernementaux pour y parvenir. Les partenaires euro-méditerranéens ont lancé, dans toute la région, une campagne baptisée "Euromed Dialogue" conçue pour mieux faire connaître l'Union européenne et le partenariat euro­ méditerranéen, et créer un sentiment de vision partagée et d'appropriation locale. Une meilleure visibilité suppose l'adoption, d'un commun accord, d'un certain nombre de messages clairs et cohérents, qui devront être adressés à l'homme de la rue par les moyens de communication et de diffusion les plus efficaces. Dans ce contexte, les ministres ont salué la récente adoption du logo Euromed et préconisent son utilisation systématique en association avec les activités Euromed. 4', JUSTICE, SECURITE, MIGRATION ET INTEGRATION SOCIALE 47. L'adoption, à la réunion de Valence, du document-cadre régional et la mise en œuvre ultérieure du programme régional correspondant ont représenté till réel pas en avant, qui a aussi encouragé la coopération au niveau bilatéral. Il faudrait désormais concrétiser de nouveaux programmes et actions qui visent à favoriser la réforme des autorités judiciaires et la coopération éventuelle, à favoriser la résolution des conflits familiaux, à lutter contre la criminalité organisée, les stupéfiants et le terrorisme, et qui garantissent une approche commune de la gestion des flux migratoires. Les accords d'association et les plans d'action de la politique de voisinage jouent un rôle particulièrement important, notamment grâce au dialogue institutionnel qui a lieu au sein du Annuaire GERM

sous-comité "justice et sécurité" et du groupe de travail "migrations et affaires sociales" qui ont été créés jusqu'à présent. Le jumelage entre administrations de l'Union européenne et des partenaires méditerranéens se révèle tout à fait précieux dans ce domaine spécifique et devrait être encore encouragé. Dans le prolongement du document-cadre régional adopté à Valence et des programmes régionaux correspondants qui en découlent, les ministres ont chargé lm groupe de hauts fonctionnaires de réfléchir à l'adoption de buts et d'objectifs dans ce domaine. 48. Les migrations et l'insertion sociale des migrants sont un dossier central du partenariat Euromed. Les partenaires devraient adopter une démarche plus stratégique dans le but d'optimiser les avantages des migrations pour l'ensemble des partenaires. Cette démarche consisterait notamment à intensifier la coopération, afin de favoriser des programmes de coopération avec les pays d'origine des migrants potentiels. Les ministres ont étudié la possibilité d'organiser des réunions ministérielles spécifiques, préparées à l'avance lors des réunions des hauts fonctionnaires compétents. Les accords d'association et les plans d'action de la politique de voisinage contribueront à encourager la gestion conjointe de la circulation des personnes et de l'intégration des migrants. Il convient de poursuivre des efforts en faveur de l'intégration dans le pays d'accueil, notamment en intensifiant la lutte contre la discrimination et l'exclusion sociale. Le nouvellEVP (instrument de la Politique européenne de voisinage) peut servir à promouvoir lme approche globale, notamment une coopération transfrontalière entre les pays partenaires, de même qu'entre eux et les pays d'origine. Tous les aspects devraient être pris en compte, y compris la lutte contre le racisme et la xénophobie, ainsi qu'une éhlde du marché du travail dans l'Union européenne et les pays partenaires. Les ministres sont convenus qu'une stratégie régionale de lutte contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance devrait être conçue dans le cadre des instruments de partenariat, y compris la Fondation Anna Lindh. 49. Compte tenu du problème commun de l'immigration clandestine dans l'Union européenne, caractérisée par les souffrances et les tragédies humaines, il faut une coopération renforcée qui s'attaque aux racines du mal ainsi qu'aux effets Annuaire GERM

négatifs de l'immigration clandestine, notamment des migrations de transit. Cette coopération devrait couvrir tous les aspects de l'immigration clandestine, comme la négociation des accords de réadmission, la lutte contre la traite des êtres humains et les réseaux qui y sont liés, ainsi que les autres formes d'immigration clandestine, la gestion des frontières et le renforcement des capacités en matière de contrôle de l'immigration. ANNEXE Aperçu des évolutions récentes du processus de Barcelone La présente annexe contient un aperçu détaillé des évolutions récentes du processus de Barcelone. Des activités multiples ont été organisées, témoignant de l'ampleur de la coopération entre l'Union européenne et ses partenaires méditerranéens au niveau tant bilatéral que régional. Si cet aperçu énumère les activités qui ont eu lieu entre la réunion ministérielle tenue à La Haye en novembre 2004 et la conférence "Barcelone VII" tenue à Luxembourg en mai 2005, la Commission a fourni une description plus détaillée des activités menées dans le cadre du processus de Barcelone depuis 1995 dans l'annexe de sa communication sur le dixième anniversaire du partenariat euro-méditerranéen. Accords d'association 1. La ratification des accords avec le Liban et l'Algérie est bien avancée. Le Liban a ratifié son accord d'association avec l'Union européenne à la fin de 2002. L'Algérie a achevé, le 31 mars 2005, la procédure de ratification de son accord d'association signé à Valence en 2002. La ratification par les parlements de tous les Etats membres de l'Union européenne est en voie d'achèvement. Les négociations avec la Syrie ont été menées à bien. Des conseils et des comités d'association sont tenus régulièrement dans le cadre des accords en vigueur. Depuis le début de la présidence luxembourgeoise, les réunions suivantes ont eu lieu: - la Sème session du Conseil d'association Union européenne­ Tunisie s'est déroulée le 31 janvier 2005 à Bruxelles; - la 4ème réunion du Comité d'association Union européenne­ Israël s'est tenue le 14 avril 2005 à Jérusalem; -la 3ème réunion du Comité Mixte CE-OLP a eu lieu le 11 mai 2005 à Bruxelles. Annuaire GERM

2. En outre, les réunions de sous-comités ci-après ont eu lieu: - le Sous-comité Union européenne-Jordanie "Agriculture et pêche" s'est réuni le 11 janvier 2005 à Bmxelles ; - le Sous-comité Union européenne-Jordanie "Recherche et innovation" a tenu tme réunion le 13 février 2005 à Amman, suivie par une réunion du Sous-comité "Industrie, commerce, services et promotion de l'investissement" et du Sous-comité "Marché intérieur" les 14 et 15 février, à Amman également; -le Sous-comité Union européenne-Maroc "Justice et sécurité" a tenu sa 2ème réunion le 25 février 2005 à Rabat (en vue, entre autres, d'examiner le moyen de mettre en œuvre le plan d'action dans le cadre de la politique européenne de voisinage dans ce domaine) ; - le Sous-comité Union européenne-Tunisie "Industrie, Commerce, Services" s'est réuni le 1er mars à Ttmis ; - le Sous-comité Union européenne-Maroc "Agriculhtre et pêche" a tenu sa première réunion les 16 et 17 mars 2005 à Rabat; -la première rélmion du Sous-comité Union européenne-Maroc "Marché intérieur" a eu lieu le 25 avril 2005 à Bmxelles. Politique européenne de voisinage (PEV) 3. Les consultations avec le Maroc, la Tunisie, la Jordanie, Israël et l'Autorité palestinienne sur les plans d'action se sont achevées en décembre 2004. Les premiers plans d'action dans le cadre de la PEY (Israël, Jordanie, Maroc, Autorité palestinienne et Tunisie) ont été approuvés par la Commission le 9 décembre 2004 et entérinés par le Conseil de l'Union européenne les 13 et 14 décembre 2004. Ils sont destinés à soutenir le renforcement de la démocratie, de la bonne gouvernance, de l'Etat de droit et des Droits de l'Homme, ainsi qu'à promouvoir la modernisation économique. Les plans, qui s'appuient sur les accords d'association actuels, fournissent un calendrier des travaux avec l'Union européenne pour les trois à cinq prochaines années. Ce sont les sous-comités créés dans le cadre des accords d'association qui veilleront en grande partie à la progression de la mise en œuvre des plans d'action. Assemblée euro-méditerranéenne 4. La première session plénière de l'Assemblée parlementaire Annuaire GERM

euro-méditerranéenne (APEM) s'est déroulée du 12 au 15 mars 2005 au Caire. Les délégations des 35 parlements des Etats membres euro-méditerranéens et le Parlement européen ont souligné le rôle central du processus de Barcelone, qui est l'instrument principal du partenariat et du dialogue entre les partenaires euro-méditerranéens. Dans leur déclaration finale, les participants à cette assemblée consultative ont salué les progrès accomplis dans l'évolution de la politique européenne de voisinage en une politique renforçant le processus de Barcelone. Ils ont appelé l'Union européenne à jouer un rôle politique plus prononcé dans le règlement pacifique du conflit israélo-arabe. Ils ont également demandé que tous les moyens soient utilisés pour faciliter les investissements européens directs dans la région méditerranéenne. Les participants ont en outre invité les commissions de l'APEM à examiner la proposition relative à la création d'un mécanisme de protèction civile comprenant un système d'alerte précoce, ainsi que celle relative à la création d'un groupe de travail chargé d'étudier la question des mines dans la région. L'Assemblée a approuvé la création, en son sein, d'un groupe de travail chargé de se pencher sur le conflit au Moyen­ Orient, comme l'avait proposé la Commission politique. Droits de l'homme et démocratisation 5. Le Conseil des ministres de l'Union européenne a adopté, le 2 décembre 2004, un règlement prorogeant jusqu'à la fin de l'année 2006 le soutien de l'Union européenne au développement et à la consolidation de la démocratie et au respect des Droits de l'Homme dans les pays tiers, avec des programmes d'aide d'un montant de 134 millions d'euros destinés à des pays du monde entier, y compris aux partenaires méditerranéens. Coopération politique et en matière de sécurité 6. Le dialogue politique et en matière de sécurité s'est poursuivi lors de réunions régulières entre hauts fonctionnaires du processus de Barcelone et a couvert une vaste série de questions intéressant tous les partenaires. Une rélmion fructueuse sur la PESD (politique européenne en matière de sécurité et de défense) a notamment eu lieu le 11 avril 2005 en vue d 'œuvrer au dialogue dans ce domaine. Il a été convenu de tenir un séminaire sur le sujet à Athènes, du 27 Annuaire GERM

au 29 juin 2005. Des consultations visant à organiser une réunion ad hoc sur le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive au Moyen-Orient ont été menées activement par Mme Annalisa Giannella, la représentante personnelle du Secrétaire général/Haut Représentant, ainsi que par la présidence de l'Union européenne. Le Groupe ad hoc informel sur les mesures visant à étayer le partenariat s'est réuni le 9 février à Bruxelles: les travaux en vue de l'organisation d'un séminaire sur le déminage ont débuté ; la mise en place d'un système d'alerte précoce Concernant les raz-de-marée en Méditerranée a été examinée; il a été décidé d'utiliser la coopération en cours en matière de protection civile pour élaborer des plans d'intervention et d'urgence lors d'lm séminaire sur la question qui sera organisé à Marseille d'ici la fin du mois de juin 2005. 7. Par ailleurs, les mesures actuelles de renforcement du partenariat ont été poursuivies dans le cadre du programme MEDA: Les séminaires réguliers de Malte pour les jeunes diplomates ont continué, le l7ème devant avoir lieu du 3 au 6 décembre 2005. Ces séminaires se tiennent tous les six mois et fournissent aux responsables géographiques des 35 pays partenaires des informations et une formation sur le partenariat ainsi que sur la struchtre institutionnelle et le processus de décision de l'Union européenne. Des ateliers sont désormais organisés de façon régulière et permettent un échange d'idées et une analyse approfondie des questions d'achtalité liées à Euromed. Le Réseau euro-méditerranéen des instituts de politique étrangère (EuroMeSco) - une autre des mesures de renforcement du partenariat organisées dans le cadre du premier volet de la Déclaration de Barcelone - a consacré l'essentiel de ses travaux à un rapport détaillé sur la relance du processus de Barcelone intitulé "Vers une Communauté euro-méditerranéenne d'Etats démocratiques". Ses recommandations ont été examinées par les hauts fonctionnaires Euromed en tant que contribution aux travaux en cours dans la perspective des conférences de Luxembourg et de Barcelone. Les activités de protection civile dans le cadre du projet Annuaire GERM

intermédiaire 2005-2007 "Bridge project" (proposé par la France, l'Italie, l'Egypte et l'Algérie) se sont poursuivies avec un succès notable, dans l'attente de la mise en œuvre d'un projet à long terme. Il vise à tirer progressivement parti de l'achèvement fructueux du "projet pilote visant à créer un système d'atténuation, de prévention et de gestion des effets des catastrophes naturelles ou d'origine humaine", destiné à contribuer à améliorer la confiance par la promotion de la coopération et de l'interaction entre les différentes autorités et institutions concernées. Il aborde la prévention et la gestion des catastrophes en intégrant la prévention, la réduction des risques, la capacité de réponse (y compris la planification pré-désastre), les capacités de réponse en cas d'urgence, ainsi que la réhabilitation et la reconstruction posturgence. Il comprend des séminaires et des cours de formation, des échanges d'experts, le renforcement de la coopération sub­ régionale, une assistance technique, une assistance opérationnelle en cas de nécessité, l'activation du réseau des écoles nationales de protection civile, un exercice d'Etat-major et la préparation du projet à long terme. Justice, liberté et sécurité 8. Au niveau bilatéral, les accords d'association ont commencé à inclure progressivement des dispositions sur la justice, la liberté et la sécurité, comme il ressort de la mise en œuvre des plans d'action PEY conclus jusqu'à présent, qui comportent des sections faisant référence aux systèmes juridiques, à la corruption, à l'asile, aux migrations, à la circulation des personnes, à la réadmission, aux contrôles aux frontières, à la lutte contre la criminalité organisée ­ y compris la traite des êtres humains, la drogue, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme -, ainsi qu'à la coopération policière et juridique. 9. Au niveau régional, le programme Euromed Justice, qui couvre les secteurs de la justice, de la police et des migrations, a poursuivi ses activités destinées à permettre aux experts et aux formateurs des pays Euromed de travailler ensemble à la coopération judiciaire en matière civile et pénale, à la lutte contre le terrorisme, la drogue et la criminalité organisée et à une approche commune des migrations. L'Institut européen d'administration publique de Maastricht, le Collège européen de Police (CEPOL) et Annuaire GERM

le Centre Robert Schuman de l'Institut universitaire européen, à Florence, ont participé à ces activités. C'est ainsi que: - la deuxième partie du programme Euromed justice a été lancée le 20 décembre 2004 à Bruxelles en vue de créer une communauté interprofessionnelle de magistrats, d'avocats et de praticiens du droit dans le cadre d'lm service de justice ouvert et moderne qui renforce l'Etat de droit et la mise en œuvre effective des Droits de l'Homme; - le Sème séminaire de formation sur les principes de l'Union européenne destiné aux fonctionnaires méditerranéens s'est déroulé du 14 au 18 mars 2005 à Bruxelles, dans le cadre du programme régional de formation des administrations publiques. Technologies de l'information et de la communication 10. La réunion ministérielle euro-méditerranéenne sur les technologies de l'information et de la commtmication (TIC) a eu lieu les 10 et 11 avril à Dtmdalk, en Irlande. Elle était organisée par le gouvernement irlandais, en coopération avec la présidence luxembourgeoise de l'Union européenne et la Commission européerme. Dans leur déclaration finale, les ministres ont estimé qu'il était nécessaire d'intensifier la coopération dans ce domaine, dans la droite ligne de l'objectif visant à établir tme zone de libre échange Euromed d'ici à 2010. Les ministres ont envisagé de créer un groupe de travail sur la société de l'information chargé d'instaurer lm dialogue permanent en la matière. Ils sont convenus d'échanger des connaissances et des expériences concernant la sécurité des réseaux, la protection des consommateurs les questions liées à la vie privée. Ils ont estimé que l'administration en ligne devait constituer un domaine prioritaire de l'aide destinée aux partenaires méditerranéens. Ils ont décidé d'encourager une initiative Euromed visant à promouvoir une plus grande utilisation des TIC dans l'enseignement. Les ministres ont projeté de revoir la coopération Euromed actuelle, y compris les projets MEDA, gérés par l'Office dé coopération EuropeAid de la Commission européenne et les délégations de la Commission dans la région. Enfin, ils sont convenus d'élaborer une stratégie commtme de développement afin de permettre aux partenaires méditerranéens de tirer pleinement profit des effets positifs des TIC. Annuaire GERM

11. La première conférence internationale consacrée au programme régional EUMEDIS (Société de l'information euro­ méditerranéenne) a eu lieu les 17 et 18 avril 2005 en Jordanie. Elle a permis aux participants de prendre note des résultats, de procéder à lm échange d'expériences et d'accroître la visibilité du programme et de ses projets pilotes, tels qu'EMISPHER (télémédecine) et MEDNETU (apprentissage à distance). Commerce 12. L'Union européenne et les partenaires méditerranéens ont poursuivi l'objectif de la création de la zone de libre-échange euro­ méditerranéenne au moyen d'activités concrètes: - Les hauts fonctionnaires des pays partenaires du Sud et la Commission se sont réunis les 4 et 5 avril à Rabat pour discuter de la libéralisation des échanges dans le domaine agricole. Dans leurs conclusions, ils ont recommandé que les ministres adoptent à Luxembourg, les 30 et 31 mai, la feuille de route euro­ méditerranéenne pour l'agriculture, principal résultat de la rélmion. - Le 3ème séminaire des administrateurs des sites du réseau ANIMA s'est déroulé du 6 au 10 décembre 2004 à Marseille en vue d'analyser les sites web des organismes de promotion des investissements et de formuler des recommandations relatives aux améliorations à apporter à l'avenir. En outre, un séminaire régional consacré à l'adaptation de l'offre aux besoins des investisseurs s'est tenu du 7 au 10 décembre à Ankara. - La réunion de lancement du Dialogue de coopération industrielle euroméditerranéenne sur les textiles et l'habillement a eu lieu le 13 décembre à Bruxelles, au niveau des hauts fonctionnaires, avec pour toile de fond la suppression progressive de l'accord multifibres en janvier 2005 (concernant les contingents à l'importation de produits textiles et de vêtements). Les hauts fonctionnaires des dix partenaires méditerranéens, de dix-sept Etats membres de l'Union européenne, de Bulgarie et de Roumanie ont estimé qu'il était nécessaire de créer de concert des synergies industrielles stratégiques et des complémentarités afin de répondre à la pression croissante de la concurrence provenant d'autres parties du monde. Annuaire GERM

- La 2ème réunion du groupe de travail Euromed sur les règles d'origine s'est tenue le 15 décembre 2004 à Bruxelles et a permis aux pays participants de faire connaître leur position quant à l'introduction du protocole pan-euroméditerranéen relatif aux règles d'origine dans leurs accords de libre échange. - Un sommet euro-méditerranéen consacré aux investissements s'est déroulé les 13 et 14 janvier 2005 à Marseille et a réuni des décideurs des deux côtés de la Méditerranée qui ont examiné les moyens pratiques de stimuler les investissements dans la région méditerranéenne. Coopération financière 13. Le Comité des experts de la FEMIP s'est réuni à Luxembourg les 7 et 8 mars et a recommandé Lm certain nombres de mesures visant à moderniser les marchés financiers à l'intention du Comité ministériel de la FEMlp, qui tiendra une réunion au Maroc le 20 juin 2005. 14. Le 9 décembre 2004, le premier bureau "local" de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP) a été officiellement inauguré à Tunis. La présence accrue de la BEI sur le terrain a débuté par l'ouverture, en octobre 2003, du bureau "régional" du Caire, premier bureau de la BEI situé à l'extérieur de l'Union européenne. 15. Les statistiques relatives à l'exécution budgétaire dans la région méditerranéenne en 2004 ont été publiées le 11 janvier par la Commission. Les engagements de crédit en 2004 ont dépassé 1 milliard d'euros et les paiements 1,1 milliard d'euros. Les paiements au titre du seul programme MEDA ont atteint plus de 800 millions d'euros, tandis que les engagements se sont élevés à 700 millions d'euros (rapport paiements/engagements:115%). MEDA II couvre la période 2000-2006 et se chiffre à 5,35 milliards d'euros. Pour la seule année 2004, les paiements effectués dans le cadre de MEDA ont été presque aussi élevés que les montants versés au cours de l'intégralité de la période couverte par le programme MEDA I (1995-1999). Autres questions économiques 16. Le 9ème séminaire des experts sur la transition économique s'est déroulé les 11 et 12 avril à Bruxelles. Dans la perspective du Annuaire GERM

10ème anniversaire du processus de Barcelone, le séminaire de cette année s'est centré sur les réalisations économiques du partenariat et sur les accords d'association. A cette occasion, la Direction générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne a publié lm document intihtlé "10 years of Barcelona Process : taking stock of economic progress in EU Mediterranean partners". 17. La Sème réunion du Forum euro-méditerranéen des transports s'est tenue les 21 et 22 décembre 2004 à Bruxelles, au niveau des hauts fonctionnaires. Les participants ont examiné l'état d'avancement du projet "Infrastruchlres", dont les activités sont incorporées dans les travaux du groupe de haüt niveau pour l'extension du réseau de transport transeuropéen aux pays du nouveau voisinage; ils ont parlé de la possibilité d'organiser la première réunion des ministres euroméditerranéens des transports. En outre, le Forum a été informé des derniers développements concernant deux nouvelles activités d'Euromed Transport, le GNSS Euromed (Système mondial de navigation par satellite ou "GALILEO") et le projet SAFEMED de sécurité maritime. 18. Le groupe de travail sur la coopération industrielle euro­ méditerranéenne s'est réuni les 1er et 2 février 2005 à Bruxelles et a discuté du suivi de la Charte Euro-Med pour l'Entreprise. 19. Un séminaire consacré à l'eau dans la région euro­ méditerranéenne a eu lieu du 15 au 17 mars 2005 à Marseille et rélmi des industriels, des représentants des autorités locales et des experts pour débattre de l'enjeu de l'eau dans la région, dans le cadre du Colloque scientifique et technique Hydrotop organisé en partenariat avec le Système euro-méditerranéen d'information sur les savoir-faire dans le domaine de l'eau (SEMIDE), qui fait partie du programme régional MEDA-Eau. Durabilité 20. Un atelier sur l'intégration de l'environnement dans les politiques sectorielles a été organisé, au niveau des experts, les 27 et 28 janvier 2005 à Rabat, dans le cadre du Programme d'actions prioritaires à court et à moyen terme en matière d'environnement. Les participants ont examiné les mécanismes pouvant être utilisés pour promouvoir efficacement les objectifs de développement Annuaire GERM

durable dans les différents domaines d'action au niveau national et favoriser la pensée transversale. Dialogue entre les cultures 21. La Fondation Anna Lindh pour le dialogue des culhues a été officiellement inaugurée à Alexandrie le 20 avril 2005. Elle s'efforcera de promouvoir le dialogue entre les culhlres et de contribuer à la visibilité du processus de Barcelone par des échanges intellectuels et culturels, notamment en agissant comme un réseau des réseaux des 35 partenaires et en renforçant le rôle de la société civile. Forum civil 22. Le Forum civil Euromed s'est déroulé à Luxembourg du 1er au 3 avril 2005 et a été le premier à être préparé et organisé par la Plate-forme non gouvernementale Euromed. Il a rassemblé 350 représentants de la société civile issus de 42 pays. Dans leurs conclusions, ceux-ci ont souligné qu'il était nécessaire de tenir compte, dans les politiques publiques, des Droits de l'Homme, de l'égalité entre les femmes et les hommes, des droits des migrants et des demandeurs d'asile, du respect du droit international dans le règlement des conflits, des politiques de l'emploi, du développement durable, de la diversité culhuelle et de la lutte contre la pauvreté et le sida. Jeunesse, éducation et culture 23. Dans le cadre de la PEY, les partenaires ont décidé de procéder à des échanges socioculturels et éducatifs pour compléter les réformes systémiques. 24. La Plate-forme euro-méditerranéenne de la jeunesse a tenu sa 3ème réunion ciblée du 25 au 28 février 2005 à Gammarth, en Ttmisie. Cet événement visait à accroître la participation des jeunes des pays de l'Union européenne dont la représentation est minoritaire daps les activités euro-méditerranéennes destinées à la jeunesse. Coopération entre villes 25. Le réseau Eurocités, qui regroupe 121 villes européennes et possède un groupe de travail euro-méditerranéen, s'est réuni le 19 avril à Bruxelles dans les locaux du Parlement européen et a Annuaire GERM

présenté sa position sur l'avenir du processus de Barcelone et le rôle des villes de la région. Les participants ont invité les gouvernements et les institutions de l'Union européenne à reconnaître les villes comme partenaires dans les relations euro­ méditerranéennes ainsi que dans le cadre de la PEY. Visibilité 26. La visibilité accrue du processus de Barcelone est une question actuellement très débattue. Le dixième anniversaire de ce processus et la célébration, en 2005, de l'''Année de la Méditerranée" sont deux occasions de discuter en profondeur d'une stratégie à long terme d'activités eJ d'actions de sensibilisation. Dans les conclusions ministérielles de La Haye, la nécessité de s'attacher à la cohérence des messages transmis par tous les partenaires a été soulignée. La Commission a déjà présenté aux partenaires une liste détaillée d'actions d'information et de communication prévues à l'échelle régionale et nationale, qui est toujours en discussion. Le dialogue Euromed, établi en plein accord et en coopération avec les Etats membres et les pays partenaires, comprendra plus de 200 heures de programmes télévisés sur une importante chaîne de télévision par satellite arabe. Des chaînes de télévision (et de radio) nationales de cinq pays MEDA diffuseront des programmes spécialisés et des événements en direct à l'occasion des célébrations du lOème anniversaire du processus de Barcelone, en novembre. Des suppléments et des articles sont prévus dans les principaux organes de pre.se nationaux de sept pays MEDA. Pour encourager et appuyer les efforts de communication à l'égard de la communauté journalistique, une série d'activités seront réalisées, notamment l'organisation, pour la première fois, d'une conférence euro-méditerranéenne de journalistes de haut rang. Ces efforts augmenteront considérablement la visibilité du processus de Barcelone et contribueront à sensibiliser le public à ce qui a été fait depuis 1995. Préparation du lOème anniversaire de la déclaration de Barcelone 27. La préparation du lOème anniversaire avait déjà été préconisée lors de la conférence ministérielle de La Haye; au cours Annuaire GERM

de la période considérée, les contributions suivantes ont été examinées par le Comité Euromed : le rapport d'EuroMeSco dressant le bilan des dix années du processus de Barcelone ; - une évaluation économique des dix années du processus de Barcelone réalisée par le Forum euro-méditerranéen des instihlts économiques (FEMISE) ; -la commlmication de la Commission sur le 10ème anniversaire du partenariat Euromed, qui comprend lm programme de travail quinquennal; - la contribution du Groupe arabe des hauts fonctionnaires Euromed concernant l'évaluation et le renforcement du processus de Barcelone ; - une contribution du Royaume-Uni sur l'avenir du processus de Barcelone ; - une contribution allemande sur l'approfondissement du dialogue politique euro-méditerranéen; - une contribution grecque sur l'avenir de la coopération euroméditerranéenne ; - une contribution turque sur la position de la Turquie concernant l'avenir du processus euro-méditerranéen; - la résolution de l'Assemblée Euromed sur l'évaluation du processus de Barcelone à la veille de son lOème anniversaire./. Evaluation a mi-parcours du programme Meda II-Rapport final

Le Programme MEDA 1 a été formellement a~opté en 1996. Il s'agit de l'instrument financier du Partenariat euro-méditerranéen lancé à Barcelone en novembre 1995. Dans le contexte plus vaste du Processus de Barcelone, les Accords d'Association ont été signés par la plupart des Pays Partenaires méditerranéens. Ces Accords couvrent la coopération dans les domaines politique, économique, social et culhlrel. MEDA 1 couvre la période 1995-1999 avec un budget indicatif/de référence de 3,42 milliards d'euros. MEDA II couvre la période 2000-2006 avec un budget de référence de 5,35 milliards d'euros. Le Programme MEDA Il a été mis en oeuvre dans un environnement qui a très rapidement évolué. En 2000, le Règlement MEDA a été révisé en vue d'aligner la programmation et la mise en oeuvre du Programme. Le cycle de gestion de projets a aussi été révisé avec la mise en place en 2001 d'EuropeAid, Office de coopération de la Commission européenne. Enfin, la politique de déconcentration a accordé un plus grand rôle aux délégations dans la mise en oeuvre du Programme. Eu égard à l'obligation de procéder à tille évaluation à mi-parcours comme le stipule le Règlement MEDA, la Commission a engagé la firme ECORYS-NEI à cet effet en février 2004. Dans les termes de référence, la Commission souligne que l'évaluation vise à «l'amélioration des politiques et des stratégies pour l'utilisation des fonds MEDA en accord avec le contexte de la politique euro-méditerranéenne, comme le stipulent les Accords d'Association et le Processus de Barcelone, ainsi qu'à l'amélioration par la Commission et les Pays bénéficiaires de la gestion du Programme». Annuaire GERM

Le Rapport a été finalisé en juillet 2005. Il contient les conclusions et recommandations de l'équipe d'experts indépendants. Ce rapport vient à propos. A la veille du 10ème Anniversaire de la Déclaration de Barcelone, le Rapport invite à tme réflexion sur de nombreux aspects-clés du Programme, de même qu'il émet des recommandations pour l'avenir. Richard Weber, Directeur de la Direction A « Europe, Méditerranée du Sud, Moyen-Orient et Politique de voisinage» d'EuropeAid, Office de Coopération de la Commission européenne, a accepté de discuter avec le Dossier Spécial Euromed de certains aspects liés aux conclusions et recommandations du Rapport.

1. Le rapport est généralement positif quant à la performance de MEDA II en comparaison avec MEDA I. Qu'en pensez­ vous? D'après vous, quels sont les facteurs ayant contribué à cela? R.W. : Nous sommes tout à fait d'accord avec les experts à ce sujet. Tout le monde sait que les résultats de MEDA II sont excellents et continuent à progresser depuis 2001. Trois facteurs principaux y ont contribué. En premier lieu, à la suite des grands changements survenus dans la mise en oeuvre de la politique extérieure d'assistance de la Commission européenne, les Délégations se sont vu dotées de plus de responsabilités dans la gestion de MEDA II. Les pays MEDA se sont retrouvés à l'avant­ garde de ces changements. Et aujourd'hui que le processus est achevé, on peut dire qu'il a eu un effet très positif sur la qualité de notre coopération. En deuxième lieu, l'adoption du Règlement MEDA II en 2000 a introduit une plus grande flexibilité dans la programmation et la mise en oeuvre. Et enfin, la programmation que nous avons mise en oeuvre depuis 2000 a donné plus d'importance aux programmes d'appui sectoriels. Ceci s'est avéré beaucoup plus efficace que les programmes d'assistance technique à plus grande échelle sous MEDA I. Le processus a été bien compris par les pays bénéficiaires et en réponse, ils ont adopté des programmes de réformes éligibles au soutien de MEDA. Dans Annuaire GERM

certains pays, ces programmes représentent aujourd'hui plus de 50 (Ya de notre aide et connaissent un grand succès. 2. Le Rapport émet une vingtaine de recommandations. Quel ordre de priorités la Commission a l'intention de leur accorder? Quel cadre temporel envisagerait elle pour leur éventuelle mise en œuvre? R.W. : Tout d'abord, permettez-moi de souligner le fait que ces recommandations ont été formulées par des experts indépendants et que la Commission n'est pas nécessairement d'accord avec toutes celles-ci. Elles se répartissent dans les 3 grandes catégories suivantes: « Recommandations pour améliorer la pertinence du règlement MEDA et de son successeur nnstrument européen de Voisinage et de Partenariat (ENPI) », « Recommandations pour améliorer la pertinence, l'efficacité et l'efficience des CSP/NIP et des RSP /RIP » et enfin « Recommandations pour renforcer l'amélioration de l'efficacité de la gestion et de la mise en œuvre de MEDA ». Pour ce qui est du premier groupe de recommandations, le nouvel instrument de voisinage devrait fournir dans une grande mesure la réponse à un bon nombre des inquiétudes soulevées, plus particulièrment celles relatives à l'«ownership » (appropriation), à l'amélioration de la qualité de la programmation stratégique et indicative et aussi celle par exemple relative à une plus grande implication des initiatives de la société civile. Il est évident qu'il faut attendre que le nouvel instrument fasse ses preuves. Mais je pense néanmoins que celui-ci fournira le cadre approprié à cet effet. Quant à l'amélioration de la pertinence, de l'efficacité et de l'efficience de la programmation, le deuxième groupe de recommandations, ceci n'est pas de la compétence d'EuropeAid. Ces recommandations sont principalement destinées à nos collègues de la Direction Générale des Relations extérieures (DG RELEX) avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration. Ce qui est important ici, c'est la notion de « ownership » du partenariat (approppriation) ainsi que le besoin de se concentrer sur les activités d'intérêt commun. Dès lors, la mise en place d'un dialogue structuré et bien développé est certainement une condition sine qua non. Les struchlres créées sous le Conseil d'Association s'avèreront très utiles. Enfin, quant au dernier groupe de recommandations relatives à l'amélioration de Annuaire GERM

l'efficacité de la gestion et de la mise en œuvre de MEDA, qui tombe directement sous la responsabilité de notre Direction Générale A, le rapport d'évaluation se félicite d'abord du passage des programmes d'appui aux projets vers les programmes d'appui sectoriels. La Commission continuera dans cette voie qui a fait ses preuves. La question de renforcer les capacités dans les Délégations a aussi été soulevée et sera très sérieusement prise en considération. Une autre recommandation a trait à la « complémentarité » entre nos actions et celles de la Banque Européenne d'Investissement (BEI). Un dialogue fruchteux a été établi à cet effet and nous collaborons achlellement avec la BEI tant au niveau stratégique que sur des projets concrets. 3. Quels sont les défis à venir pour l'amélioration de MEDA ? Quel rôle envisagez-vous pour EuropeAid si l'on tient compte du fait qu'EuropeAid a joué un rôle essentiel dans l'amélioration de la mise en œuvre de MEDA II? R.W. : L'amélioration de la mise en œuvre de MEDA II est le résultat d'un effort collectif de la part de tous les services concernés de la Commission, sous la supervision et direction de notre Direction Générale, et bien sûr avec la collaboration totale de nos partenaires méditerranéens. MEDA a encore une année à courir. Par conséquent, c'est la période de transition qui sera la plus cruciale. Des leçons peuvent être tirées de MEDA, notamment pour l'amélioration de la programmation, le renforcement de « l' ownership » de la part des pays bénéficiaires et tille coopération plus étroite avec les Délégations. Le rôle d'EuropeAid est essentiel à cet égard. La déconcentration ne peut réussir que si les Délégations peuvent compter sur le soutien ininterrompu de notre Direction Générale au siège d'EuropeAid. Ceci concerne tant les aspects relatifs à l'orientation de notre coopération que les aspects financiers et contrachlels. 4. Le Rapport recommande « une plus grande participation des partenaires à toutes les étapes du cycle de gestion et de programmation ». Comment envisagez"vous cela dans la pratique? Quel rôle pour les pays partenaires en terme de responsabilité conjointe et « d'ownership» (appropriation)? R.W. : Je souscris entièrement à la Recommandation en faveur Annuaire GERM

d'une appropriation de la part de tous les acteurs concernés. Il s'agit d'lm élément essentiel pour arriver à de bons résultats. Il est dès lors important d'impliquer tous les acteurs concernés depuis la phase de programmation jusqu'à la mise œuvre d'un programme. Le rapport fournit d'ailleurs à cet égard un nombre de recommandations pertinentes telles que, à titre d'exemple, celle - d'une implication précoce des autorités des pays partenaires et ce, dès la phase de l'élaboration de la stratégie dans les CSP (( COlmtry Strategy Papers » ou Stratégies par Pays). En outre, il est très important d'utiliser autant que possible l'expertise locale. En effet, par le passé, la tendance a été très forte de rechercher l'expertise en dehors des pays bénéficiaires. Aujourd'hui, nous reconnaissons le fait que beaucoup d'expertise peut être puisée dans les pays mêmes et qu'en utilisant celle-ci, on renforçait la notion d'appropriation. Le rapport parle aussi d'évaluation conjointe des dossiers d'appels d'offre. Nous faisons déjà cela. Les évaluations ex-post sont aussi très importantes. Un projet ne s'achève pas lors de sa clôture. Une évaluation doit suivre et sur base des résultats, des leçons sont à tirer. Les partenaires pourraient certainement être impliqués dans ce processus. 5. Le Rapport évoque le « manque d'expertise géographique» en tant qu'obstacle au travail des programmateurs. Qu'en pensez-vous? R.W. : Nous ne sommes pas d'accord avec les experts sur ce point. Bien sûr, c'est lme question d'appréciation indépendante. Je pense néanmoins que la Commission est en mesure de mobiliser toute l'expertise nécessaire. Et au sein même de la Commission, cette expertise est largement disponible dans les divers services concernés tels que la DG RELEX, EuropeAid, les DGs thématiques ainsi que les Délégations. Nous sommes bien conscients du fait que la connaissance des pays bénéficiaires est essentielle. Et heureusement, nous avons d'ailleurs des Délégations dans ces pays. Celles-ci sont les yeux et oreilles de la Commission sur le terrain. 6. Le Rapport souligne le fait que les ressources ne sont pas à la mesure des ambitions du Processus de Barcelone et du futur Instrument de voisinage ni de la pertinence politique croissante pour l'VE du développement des pays MEDA. Qu'en pensez-vous ? Annuaire GERM

R. W. : Je regrette de devoir souscrire à l'avis des consultants à cet égard. Depuis 1995, nous avons assisté à l'élargissement des domaines de coopération avec les Partenaires méditerranéens. Aujourd'hui, la coopération est de plus en plus riche. MEDA est un vaste Programme. Mais il n'en demeure pas moins, comme le souligne le rapport, que les ressources sont relativement peu élevées eu égard aux ambitions et besoins de la politique méditerranéenne de l'VE. Mais la réalité dans laquelle nous opérons est celle du contexte budgétaire. Nous n'avons cesse de souligner l'importance de la mise à disposition de ressources adéquates. Il nous reste à espérer que les discussions sur les perspectives financières finiront par trouver une meilleure solution. Comme les experts le soulignent : « Chaque politique nécessite des ressources financières et humaines adéquates ». Ceci est valable aussi pour MEDA et le futur Instrument de voisinage. 7. Le Rapport a l'impression que la valeur potentielle des petits projets qui visent à mobiliser les intiatives de la société civile est sous-exploitée pour des raisons surtout liées aux ressources élévées que leur gestion nécessiterait. R.W. : Nous connaissons les implications importantes en terme de ressources humaines que la gestion de petits projets entraînerait. Toutefois, la proposition avancée dans le rapport de faire appel à des BATs (Bureaux d'Assistance Technique) pour régler cet aspect est exclue. Notre unique réponse serait d'augmenter directement nos capacités afin de gérer ces tYl-,es de projets. Dans ce cas particulier, les experts n'ont pas assez tenu compte des contraintes du règlement financier de l'VE qui ne contient aucune marge de manœuvre pour les BATs. 8. Comment envisagez-vous MEDA/ENPI dans les 10 prochaines années? Sur la base de quels critères pourriez­ vous conclure de la réussite de l'Instrument de la Politique européenne de voisinage? R.W. : Il s'agit d'tme question très difficile. Tout d'abord, l'Instrument de voisinage se constituera sur la base de MEDA. Par la suite, il se développera encore plus. De nombreux instruments utilisés sous MEDA le seront aussi sous L'ENPI. Il Y aura une continuité assurée entre MEDA et l'ENPI. La différence réside dan.s Annuaire GERM

le fait que sous le nouvel instmment, la Commission a opté pour une approche flexible qui tient mieux compte des caractéristiques spécifiques de chaque pays. Notre coopération sous l'ENPI évoluera vers un model de mise en oeuvre plus décentralisée. Ceci implique un plus grand rôle pour les pays partenaires, donc un plus grande «ownership». Ceci est d'autant plus vrai pour les pays partenaires qui avanceront bien dans leurs réformes politiques, économiques et financières. A part cela, nous espérons parvenir à des résultats concrets en terme de dialogue politique, d'intégration économique, de développement de la société civile, etc. Le degré de progrès dans tous ces domaines sera déterminant dans notre évaluation de l'instmment de voisinage d'ici les 10 prochaines aIinées. 9. D'après vous, quel est l'élément le plus important qui explique le succès du Programme MEDA II qui est devenu, au cours des trois dernières années, le meilleur instrument de coopération de l'UE ? R.W. : La recette est très simple. Le succès de MEDA est dît à la bonne coopération entre les divers services concernés de la Commission (DG RELEX, les Délégations et EuropeAid), et aux efforts considérables, au travail et au dévouement que tout le personnel de la Commission a investi au quotidien. Mais surtout, le succès de MEDA II est le résultat du dévouement, du travail et de la coopération des fonctionnaires, administrateurs, entrepreneurs et membres de la société civile des pays partenaires qui ont participé entièrement dans le développement des divers projets et programmes. Sans ce partenariat entier entre les deux rives de la Méditerranée, jointes dans leur effort pour aboutir à des objectifs communs, rien n'aurait été possible. Le succès de MEDA II est avant tout leur succès. Et je pense que la recette pour faire de l'instmment de voisinage une réussite sera la même: coopération et partenariat entre nos amis et collègues au sud et les services de la Commission et les partenaires européens au nord. Ce Rapport sera disponible en trois langues (EN, FR et AR) et sera publié prochainement sur le site de la Commission. Plan de financement 2005 : L'Union européenne alloue au Maroc plus de 1 milliard 460 millions de dirhams La Commission européenne vient de décider l'allocation de 133 Annuaire GERM

millions d'euros pour la poursuite des actions de coopération avec le Maroc, au titre du Plan de Financement National 2005. Ces ressources seront intégralement consacrées à 6 programmes, visant tant à prolonger des actions existantes qu'à mettre en place de nouveaux appuis qui bénéficient au processus de réforme et de modernisation en cours au Maroc. La coopération entre l'Union Européenne et le Maroc se situe dans le cadre du Partenariat euro-mediterranéen lancé à Barcelone en 1995. Le Maroc est le principal bénéficiaire de l'aide communautaire attribuée par le programme MEDA aux pays méditerranéens dans ce cadre, et a bénéficié de 1995 à 2004 d'engagements (au titre de subventions) de 1 milliard 332 millions d'euros, en appui à la transition économique et au renforcement de l'équilibre socio-économique du pays. Pour l'année 2005, cet appui se porte sur divers projets visant notamment la lutte contre la pauvreté (habitat, développement rural), s'intégrant parfaitement aux objectifs que s'est assigné l'Initiative Nationale pour le Développement Humain mise en place par Sa Majesté Mohammed VI, l'adaptation des réglementations, le renforcement des associations professionnelles dans les secteurs-clé de l'économie marocaine, les infrastruchlres, la protection de l'environnement et le domaine des droits de l'Homme. Les programmes qui seront réalisés sont les suivants: - Programme d'appui à la résorption de l'habitat insalubre: doté d'une enveloppe de 90 millions d'euros, ce programme appuiera le programme national « Villes sans Bidonvilles» en favorisant non seulement la réalisation d'infrastruchues de base, mais aussi en accélérant la mise en place d'équipements socio-économiques (écoles, centres de santé) et en favorisant l'accompagnement social via les collectivités locales; -Développement des Provinces du Nord : ce projet vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales en favorisant leur désenclavement, par le financement de routes et prises rurales qui déboucheront sur de plus grands axes de circulation. Le montant total prévu pour ce projet est de 30 millions d'euros. La première tranche de 15 millions d'euros est concernée par cette décision; Annuaire GERM

.Programme d'Accompagnement de l'Accord d'Association II: Avec une nouvelle enveloppe budgétaire d'un montant de 15 millions d'euros, le projet donne un outil pour fournir de l'expertise à l'administration marocaine dans des domaines pour lesquels le Maroc est demandeur, particulièrement sous forme d'opérations de jumelages administratifs. Ces actions visent en particulier le renforcement de la capacité de l'administration marocaine et l'accompagnement dans le processus de rapprochement législatif et institutionnel DE/Maroc; • Projet d'Appui aux Associations Professionnelles II: ce projet, doté d'une nouvelle enveloppe de 5 millions d'euros, poursuivra la consolidation d'associations professionnelles en leur donnant les moyens de mieux répondre, pas des services appropriés, aux demandes des entreprises; • Développement rural et participatif dans le Moyen Atlas Central II : ce projet est en cours avec succès et se verra doté d'une nouvelle enveloppe de 6 millions d'euros qui permettra de poursuivre les actions dans le domaine de l'amélioration de la production agricole, de l'élevage, de la gestion des forêts et des infrastructures socio-économiques ; • Appui au Plan national en matière de Démocratie et Droits de l'Homme: ce projet, doté d'une enveloppe de 2 millions d'euros, répond à la volonté du Maroc de consolider ses acquis en matière d'ouverture démocratique et de consolidation de l'Etat de droit. Recommandations de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne sur l'avenir du Processus de Barcelone - adoptée le 20 novembre 2005, à Rabat-

sur la base du projet de résolution déposé au nom de la commission politique, de sécurité et des droits de l'Homme, par Mme Tokia Saïfi, Présidente L'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne: - vu la déclaration de Barcelone du 28 novembre 1995 et son programme de travail, - vu sa résolution sur "l'évaluation du Processus de Barcelone à la veille de son dixième anniversaire" adoptée le 15 mars 2005 au Caire, - vu les conclusions concertées de la 7ème Conférence euro­ méditerranéenne des ministres des affaires étrangères lors de sa réunion des 30 et 31 mai 2005 au Luxembourg et, en particulier, les points 5 et 21, - vu la communication de la Commission européenne intitulée "Dixième anniversaire du partenariat euro-méditerranéen, un programme de travail pour relever les défis des cinq prochaines années", - vu la résolution du Parlement Européen du 27 octobre 2005 sur le "Processus de Barcelone revisité", - vu le débat qui s'est déroulé lors des séances du 15 juin 2005 et du 20 septembre 2005, - vu les considérations soulevées par M. Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune lors de la séance du 15 juin 2005, Annuaire GERM

- vu l'article 3, paragraphe l, de son règlement, 1. salue les résultats tangibles du Processus de Barcelone, initiative unique et ambitieuse visant à favoriser la paix et la prospérité sur les rives de la Méditerranée, tant dans les domaines économique que politique; constate que, dans le contexte actuel, les objectifs et la philosophie de coopération définis par la déclaration de Barcelone en 1995, sont devenus encore plus pertinents pour le partenariat euro-méditerranéen; 2. souligne que le Processus de Barcelone constitue, depuis dix ans, le seul projet visant, dans la région euro-méditerranéenne, à créer un espace de stabilité et de prospérité fon<;lé sur des valeurs communes privilégiant tme coopération toujours plus étroite, solide et symétrique entre tous les États et les peuples euro­ méditerranéens; 3. souligne que, pour être efficace, la politique euro­ méditerranéenne doit être dotée d'lm budget à la hauteur de ses ambitions; réaffirme la nécessité de veiller à ce que le montant des crédits assigné à partir de l'année 2007, par le biais du nouvel instrument financier de voisinage, permette de réaliser efficacement tous les objectifs prévus dans le prochain Plan d'action pour les cinq années à venir; 4. considère, dans ce contexte, que beaucoup a été fait depuis lors pour atteindre ces objectifs, mais que beaucoup doit encore être fait pour y parvenir et relève que les réalisations du partenariat sont inégales en fonction des domaines; 5. considère que la politique européenne de voisinage et le partenariat stratégique pour le bassin méditerranéen devraient être intégrés au Processus de Barcelone de manière à éviter tme dispersion des ressources et invite, à cet égard, le Conseil des ministres de l'Union et la Commission européenne à clarifier l'articulation institutionnelle et opérationnelle entre ces irtstruments et le Processus de Barcelone; 6. souhaite que soient trouvées des modalités pratiques permettant aux pays partenaires méditerranéens de jouer un rôle plus important dans le dialogue politique officiel afin de renforcer la coresponsabilité, et l'esprit d'appropriation muhlelle qui doivent caractériser le partenariat; considère, à cet égard, que les principes Annuaire GERM

de coprésidence et de lieu alterné des réunions ministérielles devraient être mis en œuvre dès que possible; 7. recommande la création d'tm Secrétariat général permanent afin de suivre et de coordonner le Processus de Barcelone et d'assurer son développement au-delà de l'accent politique et des priorités établies par chaque Présidence semestrielle; 8. se réjouit de la conclusion d'accords euro-méditerranéens d'association avec les neuf pays partenaires et du fait que l'accord avec la Syrie ait été paraphé et estime que ces accords devraient devenir complètement opérationnels au plus tôt et être renforcés par des accords Sud-Sud comme celui d'Agadir, permettant ainsi le développement d'une réelle coopération interrégionale; 9. accueille favorablement le désengagement israélien de la bande de Gaza et estime que, malgré son caractère tmilatéral, il constitue tme étape importante qui doit être considérée comme partie intégrante de la Feuille de route pour la paix vers un règlement politique global du conflit; considère indispensable que soient créées les conditiops institutionnelles et matérielles pour garantir la création d'lm Etat palestinien économiquement viable; salue, dans ce contexte, les efforts financiers de l'Union européenne en faveur du développement économique de Gaza et demande à la communauté internationale d'y investir davantage et d'honorer ses engagements financiers; 10. soutient fermement le processus en cours de consolidation des institutions démocratiques conduit par le Président Abbas ainsi que la prochaine organisation d'élections législatives en Palestine; salue l'effort que l'Union Européenne est en train de déployer pour l'organisation de ces élections; 11. interpelle les autorités Israéliennes et les Palestiniennes afin qu'elles rétablissent les contacts de haut niveau pour reprendre le dialogue et qu'elles réaffirment leur volonté de parvenir à tme solution juste, globale et pacifique au conflit avec le soutien de la communauté internationale; conscient de la fragilité de ce processus et du risque du retour à la violence, demande à toutes les parties concernées de trouver une réponse aux questions en suspens par une négociation politique et directe conformément aux résolutions des Nations unies en la matière et à la Feuille de route pour la paix; Annuaire GERM

12. invite la communauté internationale à soutenir ce processus qui doit reposer sur la solution, telle qu'envisagée, de deux États, sur les résolutions des Nations unies pertinentes en la matière, ainsi que sur le droit fondamental des peuples israélien et palestinien à vivre en paix et dans la sécurité, au sein de frontières internationalement reconnues; demande aux deux parties de s'abstenir de toute action nuisible au processus visant à tille paix durable; 13. tient pleinement compte, dans ce cadre, des inquiétudes de la délégation palestinienne concernant des questions importantes telles que, entre autres, la sécurité, la décision de la CI} sur le mur de séparation israélien (appelé la clôture de sécurité), les réfugiés, les colonies et les questions liées au statut final des négociations; tient également pleinement compte des inquiétudes de la délégation israélienne concernant des questions importantes telles que, entre autres, la sécurité; 14. accueille favorablement le retrait syrien du Liban et la tenue d'élections législatives démocratiques au Liban en tant qu'éléments positifs de stabilisation politique et demande aux autorités libanaises de poursuivre leur collaboration avec la mission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de l'ancien Président du Conseil des ministres libanais, M. Rafic Hariri; 15. est favorable à la constitution d'une "alliance des civilisations" ayant notamment pour objectif de développer l'éducation et de soutenir la formation d'une société civile diversifiée; souligne parallèlement la nécessité de s'attaquer aux causes du terrorisme, en combattant les inégalités et en favorisant le développements économique et humain; 16. appelle tous les partenaires euro-méditerranéens à agir de concert contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance - y compris l'antisémitisme et l'islamophobie -, en rejetant les thèses extrémistes qui fentent de nous diviser et d'inciter à la violence, et en s'unissant pour promouvoir des valeurs communes; 17. rappelle que l'Assemblée parlementaire euro­ méditerranéenne condamne fermement tout type de terrorisme et d'incitation à la haine, quel que soit son origine; 18. demande à la Conférence ministérielle d'adopter une nouvelle approche de la lutte contre le terrorisme par le biais d'une Annuaire GERM

stratégie commune structurée des États euro-méditerranéens; regrette qu'aucun consensus n'ait été trouvé au niveau international sur une définition juridique du terrorisme et soutient les efforts entrepris au niveau subrégional par le Maroc, l'Espagne et la France pour créer un réseau euro-méditerranéen de coopération policière et judiciaire; 19. s'inquiète du fait qu'au nom de la lutte contre le terrorisme, un certain nombre d'États ont adopté ou annoncé l'adoption de législations qui dérogent aux obligations internationales en matière de droits de l'homme, de droit international humanitaire, de droit des réfugiés et de principes de l'État de droit et rappelle que ces obligations incluent la prohibition de la torture et de tout traitement dégradant contre des êtres humains; 20. souligne que les parlements euro-méditerranéens ont un rôle significatif à jouer dans la lutte contre le terrorisme et estime nécessaire qu'ils transposent dans les législations nationales les différents instruments juridiques internationaux; 21. demande, à cet égard, qu'tme assistance technique soit accordée dans le cadre du partenariat afin de faciliter une transposition et une mise en oeuvre rapide et efficace de ces dispositions juridiques; 22. souligne qu'il est indispensable d'alléger le poids de la dette externe pesant sur les pays partenaires du bassin méditerranéen qui se sont engagés à faciliter les objectifs du partenariat; encourage à cet égard les États membres de l'Union européenne à utiliser davantage les formules innovatrices visant à convertir les créances en dépenses consacrées à la formation des ressources humaines, aux projets sociaux et aux projets liés à l'environnement; 23. exprime sa préoccupation face à la menace potentielle de l'influenza aviaire et de l'éventualité d'une pandémie de grippe dans la région; réclame tme coopération plus étroite dans le travail en réseau, le contrôle et la surveillance concernant les maladies transmissibles et les questions de santé publique; 24. souligne que la sécurité est un concept global et collectif qui ne peut être conçu selon les seuls intérêts et exigences d'un seul pays et qui doit être traité dans un cadre multilatéral; est d'avis que le partenariat euro-méditerranéen est le cadre approprié pour Annuaire GERM

traiter des questions liées à la sécurité; 25. invite les États membres du Processus de Barcelone à reprendre les contacts en vue d'adopter la Charte euro­ méditerranéenne pour la paix et la stabilité, qui constihle le cadre général de référence pour la sécurité dans la région; 26. appelle à la mise en oeuvre, par tous les partenaires sans exception, des clauses de non-prolifération des armes de destmction massive contenues dans les accords et plans d'actions, en vue de faire de la Méditerranée tme zone exempte d'armes de destmction massive et demande que tous les pays euro-méditerranéens soient signataires du Traité de non-prolifération (TNP); . 27. recommande une plus grande implication des pays partenaires au sein de la politique européenne de sécurité et de défense; 28. demande la mise en place des sous-comités des droits de l'homme dans le cadre des accords d'association afin de développer un dialogue stmcturé sur les droits de l'homme et la démocratie; 29. adresse un appel pressant aux États euro-méditerranéens qui ne l'ont pas encore fait afin qu'ils adhèrent au plus vite aux conventions et protocoles des Nations tmies suivants: _ les deux Protocoles facultatifs se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, _le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et en particulier son article 41, en faisant tme déclaration qui accepte la compétence du Comité des droits de l'homme sur les plaintes interétatiques, _ le protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, tout en retirant le plus grand nombre possible de réserves conformément aux engagements assumés lors de la 4ème Conférence mondiale sur les droits des femmes, _ la Convention sur la protection internationale des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. 30. encourage vivement tous les pays euro-méditerranéens à collaborer étroitement avec les mécanismes de l'ONU; Annuaire GERM

31. invite les pays partenaires à envisager la possibilité d'une adhésion au Tribunal pénal international et au moratoire sur la peine de mort; 32. est d'avis que l'APEM devrait être pleinement impliquée dans la préparation de la Conférence euro-méditerranéenne sur les droits de l'homme et la démocratisation qui sera organisée en 2006 par la Commission européenne; invite, à cet égard, l'APEM à mettre en place lm groupe de travail traitant de ce sujet; 33. constate que la stabilité et la modernisation politique sont liées à la formation d'tme société civile organisée et diversifiée et salue, à cet égard, la constitution de la plate-forme non gouvernementale Euromed; 34. constate que la création de l'Assemblée parlementaire euro­ méditerranéenne a soulevé l'espoir de la société civile, en tant qu'instrument susceptible de générer une dynamique nouvelle permettant de réaliser des progrès concrets dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratisation et relève que les efforts conjugués des instances parlementaires et de la société civile devraient permettre d'augmenter la visibilité du Processus de Barcelone auprès des populations; 35. considère que la coopération décentralisée entre les autorités locales et régionales peut contribuer à renforcer les institutions et les capacités au niveau local, ainsi qu'à conférer davantage de visibilité et lme plus grande adhésion au partenariat; souligne que des petits projets de coopération concrète entre des villes, concernant une série de questions liées au développement urbain viable (par exemple la gestion de l'eau et des déchets, l'approvisionnement en eau potable) sont susceptibles de produire des résultats tangibles pour les citoyens et des améliorations immédiates dans leur qualité de vie; 36. s'engage, dans ce cadre, à proposer aux organisations de la société civile-et aux gouvernements des occasions de rencontre qui favorisent le dialogue, afin de progresser sur la voie du respect des droits civils, politiques et sociaux et des réformes nécessaires pour la démocratisation des institutions et de la société euro­ méditerranéenne; Annuaire GERM

37. propose d'établir tme journée euro-méditerranéerme, à célébrer le jour armiversaire de la Déclaration de Barcelone, qui constituera une occasion annuelle pour faire connaître le partenariat et promouvoir ses valeurs auprès des jeunes, en conjugaison avec la création d'lm réseau entre les villes euro­ méditerranéermes pour la paix; charge son Président de transmettre la présente résolution au prochain Sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement euro-méditerranéens, au Conseil des ministres de l'Union européerme, à la Commission européerme, aux parlements et aux gouvernements des pays participant .au Processus du Barcelone et au Parlement européen. Manifestations organisées en marge du Sommet de Barcelone pour le Xème anniversaire du partenariat euro-méditerranéen.

DATES REUNIONS LIEU Novembre 14/15 nov Forum Euromed sur la santé Barcelone 20/21 nov. Conseil Euromed économique et social Jordanie 20/21 nov. Session spéciale de l'assemblée parlementaire euroméditerranéenne Rabat 21/22 nov Sommet euromed des leaders du monde de l'entreprise Barcelone 24/25 nov. Conférence euro-méd sur les Femmes Barcelone 25/26 nov. Conférence des régions euro-méditerranéennes Barcelone 25/26 nov. Séminaire « les médias et la Méditerranée» Barcelone 26 nov. Conférence des Villes euro-med Barcelone 26 nov. 5ème conférence des présidents d'assemblées parlementaires Barcelone 26 nov. Concert «Musimed» Barcelone 27/28 nov. Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement Barcelone Décembre 1/2 déc. 4ème réunion annuelle ANIMA Rabat 15 déc. Réunion des Ministres des Transports Marrakech Conseil Européen - Bruxelles, 16 & 17 juin 2005 Conclusions de la présidence

Politique européenne de voisinage Le Conseil européen se félicite de la conclusion d'une première vague de plans d'action dans le cadre de la politique européenne de voisinage avec l'Autorité palestinienne, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Moldavie, la Tunisie et l'Dkraine, et salue la décision d'établir également de tels plans d'action en 2005 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie, incluses en juip 2004 dans la politique européenne de voisinage, ainsi qu'avec l'Egypte et le Liban, et de préparer un rapport national sur l'Algérie. Le Conseil européen invite la Commission et le SG/HR à faire régulièrement rapport sur les progrès accomplis. Le Conseil européen salue les efforts consentis par le gouvernement ukrainien en vue d'instaurer dans ce pays une démocratie à part entière et une économie sociale de marché et se félicite de son adhésion aux normes et aux valeurs européennes. Il a hâte de poursuivre le dialogue et les contacts renforcés entre l'DE et l'Ukraine et soutient la mise en œuvre rapide du plan d'action UE Ukraine. Par ailleurs, le Conseil européen prend note de l'adoption du plan d'actiOl) UE Moldavie, de la désignation d'un RSUE pour la Moldavie, un pays qui est appelé à devenir prochainement un voisin direct de l'Union européenne. Il se déclare prêt à participer activement à la recherche d'une solution au conflit en Transnistrie et accueille favorablement un renforcement du dialogue avec la Russie, l'Ukraine et l'OSCE sur ce sujet. Annuaire GERM

Le Conseil européen réitère l'engagement de l'UE en faveur d'un approfondissement de ses relations avec le Belarus, y compris par l'élaboration d'un plan d'action, lorsque les autorités de ce pays auront clairement démontré leur volonté de respecter les valeurs démocratiques, l'État de droit et les droits de l'homme. L'UE est préoccupé par l'intensification de la répression à l'encontre des forces démocratiques et de la société civile en Belarus. L'UE prendra des mesures pour faire connaître et démontrer à la population biélorusse les avantages de la politique européenne de voisinage et soutiendra le renforcement de la société civile et le processus de démocratisation dans ce pays. Partenariat stratégique avec la région méditerranéenne et le Moyen-Orient Le Conseil européen a approuvé le rapport de la Présidence, du Secrétaire général/Haut Représentant et de la Commission sur la mise en œuvre du Partenariat stratégique entre lUE et la région méditerranéenne ainsi que le Moyen Orient. Le Conseil européen souligne l'importance du partenariat stratégique pour les relations de l'UE avec les pays de la région du Moyen Orient. Il continuera à suivre la mise en œuvre des objectifs du partenariat stratégique selon les principes d'action de l'appropriation commune et du partenariat. Le Conseil européen convient de la nécessité d'accorder une attention particulière à la mise en œuvre du Partenariat stratégique dans les pays situés à l'est de la Jordanie. La volonté politique commune de promouvoir les relations et une coopération dans tous les domaines, au-delà des questions commerciales et économiques, a été notamment réaffirmée lors du 1Sème Conseil conjoint et de la réunion ministérielle CCG UE, qui s'est tenu le S avril 200S à Manama. Processus de Barcelone Le Conseil européen se félicite de la tenue à Luxembourg de la VIIème Conférence ministérielle euro-méditerranéenne, qui a permis de dresser un bilan exhaustif du partenariat depuis son lancement en 1995, de définir les bases de l'avenir du processus et d'adopter, pour la première fois, des conclusions communes portant, entre autres, sur la nécessité de promouvoir des réformes politiques et sociales dans les pays partenaires. Il a par ailleurs pris Annuaire GERM

note avec satisfaction des progrès réalisés dans le dialogue politique et de sécurité ainsi que dans la mise en œuvre du partenariat social, culturel et humain du Processus de Barcelone, notamment à travers l'inauguration, à Alexandrie, de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les culhlres, et la constitution, à Luxembourg, de la plate-forme nongouvernementale euro méditerranéenne. Le Conseil européen salue enfin la tenue de la première session plénière de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, au Caire, qui traduit l'attachement aux valeurs démocratiques et au principe de l'appropriation commlme propres au Processus de Barcelone. Il se réjouit de l'organisation, fin novembre à Barcelone, d'tme réunion extraordinaire à haut niveau marquant le dixième anniversaire de la déclaration de Barcelone. L'intégration complète de la Libye dans le processus de Barcelone constitue l'objectif global de la politique d'engagement de l'UE avec ce pays. La participation à ce processus, et la progression ultérieure vers la conclusion d'lm accord d'association, restent fonction de la volonté de ce pays d'accepter dans son intégralité et sans condition la déclaration ainsi que l'acquis de Barcelone. Des consultations sur ce sujet et sur d'autres questions en suspens se poursuivent. DÉCLARATION SUR LE PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT Le Conseil européen souligne l'importance stratégique globale que revêtent la paix, la stabilité et la prospérité dans la Méditerranée. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'engagement européen en faveur de la résolution du conflit au Proche-Orient. L'Union européenne est fermement résolue à poursuivre son action en vue d'atteindre cet objectif. Le Conseil européen se félicite des développements positifs des derniers mois. Ainsi, la transition du pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne dans le respect des instihltions et dans le calme, le sommet de Charm el Cheikh tout comme la concrétisation du désengagement de Gaza et de certaines parties du Nord de la Cisjordanie ont créé lme opportunité pour des progrès tangibles vers la résolution du conflit. Il est crucial que les parties au conflit, Annuaire GERM

tout comme la communauté internationale, accomplissent tous les efforts pour mettre pleinement à profit ce contexte et éviter une nouvelle escalade de la violence. Le Conseil européen rappelle à cet égard l'importance d'une pleine application par les parties des obligations leur incombant au titre de la première phase de la Feuille de route. Il relève que celle­ ci prévoit des mesures à prendre en parallèle par les deux côtés. Le Conseil européen souligne l'importance pour l'Autorité palestinienne de remplir l'ensemble de ses obligations en matière sécuritaire, y compris celles acceptées à Charm el Cheikh, où toutes les parties se sont engagées à cesser tout acte de violence. L'Autorité palestinienne doit notamment manifester sa complète détermination à combattre le terrorisme et à continuer la réorganisation de tous les services de sécurité. Le Conseil européen appelle l'Autorité palestinienne à poursuivre le processus de réformes qu'elle a entamé, à intensifier la consolidation institutionnelle et à fixer au plus tôt une date pour l'organisation d'élections législatives libres et équitables. Le Conseil européen appelle toutes les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre la tenue de ces élections dans l'ensemble des Territoires palestiniens, y compris Jésusalem-Est. Le Conseil européen souligne également la nécessité d'un gel des activités de colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens. Ce gel suppose l'arrêt complet des activités de constmction de logements et de nouvelles infrastmctures telles que les routes de contournement. Le Conseil européen appelle également à la suppression des mesures d'incitations financières et fiscales, des subventions directes et indirectes, et à l'annulation des stahlts dérogatoires, bénéficiant aux colonies et à leurs habitants. Le Conseil européen engage Israël à démanteler les colonies de peuplement sauvages. La politique de colonisation constitue un obstacle à la paix et menace de rendre matériellement impossible toute solution fondée sur la coexistence de deux Etats. Le Conseil européen, tout en reconnaissant le droit d'Israël de protéger ses citoyens contre des attentats, demeure préoccupé par la poursuite de la constmction de la barrière de séparation dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jémsalem-Est et dans ses Annuaire GERM

alentours, en contradiction avec les dispositions pertinentes du droit international. Le Conseil européen salue le courage politique dont font preuve les dirigeants des deux côtés en ce qui concerne le retrait de Gaza et de certaines parties du Nord de la Cisjordanie. Le Conseil appelle les pays de la région à faciliter les efforts de l'Autorité palestinienne à établir le contrôle sur son territoire et à intensifier leur soutien politique et économique. Il souligne l'importance du succès du désengagement, y compris pour la poursuite du processus de paix. Le Conseil européen rappelle le soutien de l'Union européenne au Représentant spécial du Quartet pour le désengagement, M. James Wolfensohn, et sa détermination à travailler en étroite coordination avec lui dans le but d'assurer la réussite de ce projet. Afin d'assurer la viabilité socio-économique de Gaza, le Conseil européen souligne la nécessité d'avoir un accès vers l'extérieur, notamment par les frontières avec l'Egypte ainsi que par un port et lm aéroport, et d'établir lm lien effectif avec la Cisjordanie. Le Conseil européen réaffirme dans ce contexte que le retrait israélien doit se faire dans le cadre tracé par les conclusions du Conseil européen de mars 2004, et notamment s'inscrire dans le processus défini par la feuille de route. Le Conseil européen s'engage à intensifier son aide à l'Autorité palestinienne pour la poursuite de la consolidation institutionnelle. Le Conseil européen réitère l'importance qu'il attache au respect de la légalité internationale par les parties. En particulier, aucune partie ne devrait entreprendre des mesures unilatérales ni préjuger des questions relatives au statut final. L'Union européenne ne reconnaîtra aUClme modification des frontières de 1967 autre que celles qui sont négociées entre les parties. Un règlement juste, durable et global du conflit doit être basé sur les résolutions 242, 338 et 1515 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les fermes de référence de la Conférence de Madrid et le principe territoire contre paix. Le Conseil européen encourage les parties à progresser résolument dans la mise en oeuvre de la Feuille de route sur base de ces principes. Il s'engage à aider Israéliens et Palestiniens à faire progresser le processus de paix et à réaliser l'objectif de la Annuaire GERM

coexistence de deux Etats par la création d'un Etat palestinien indépendant, démocratique, continu et viable, vivant côte à côte avec Israël et ses autres voisins dans la paix et la sécurité. L'Union européenne ne saurait s'engager dans tme autre voie. Le Conseil européen réaffirme qu'une paix juste, durable et globale doit répondre aux aspirations légitimes des peuples tant israélien et palestinien et englober le Liban et la Syrie. Il appelle à tme relance des efforts afin de réaliser des progrès sur tous les volets du processus de paix. L'Union européenne continuera à s'opposer à tous ceux qui recourent à la violence et à appuyer tous c~ux qui rejettent la violence et aspirent à la paix et à la sécurité pour construire un avenir meilleur pour la région. DÉCLARATION SUR LE LIBAN Le Conseil européen prend acte du retrait des forces militaires syriennes du Liban et du retour imminent sur le terrain de l'équipe de vérification des Nations Unies. Il réaffirme son attachement à la souveraineté, l'intégrité territoriale, l'unité et l'indépendance politique du Liban et réitère sa demande d'une mise en œuvre intégrale de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Il renouvelle dans ce contexte son plein appui à la mission de M. Terje Roed­ Larsen. Le Conseil européen salue le bon déroulement, à ce stade, des élections législatives libanaises qui répondent à la volonté d'indépendance exprimées par le peuple libanais. Il attend avec intérêt le rapport global qui sera établi par la mission d'observation électorale de l'Union européenne à l'issue des élections. Le Conseil européen condamne fermement les récents attentats et assassinats politiques, dont il dénonce l'effet déstabilisateur, et demande que leurs auteurs soient traduits devant la justice dans les meilleurs délais. Le Conseil européen réaffirme son soutien à la Commission d'enquête internationale indépendante sur l'assassinat de Rafic Hariri, formée conformément à la résolution 1595 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il renouvelle son appel aux autorités libanaises afin qu'elles continuent d'assurer leur soutien total à la Commission d'enquête internationale et exprime l'espoir que celle­ ci puisse rapidement mener à bien ses travaux. Annuaire GERM

Key findings of the 2005 Progress Reports on Croatia and Turkey Relations between the EU and Croatia and Turkey entered a new and historie phase with the opening of accession negotiations on 3 October 2005. The negotiations will offer both countries the opporhmity to demonstrate their determination and ability" to complete the necessary transformation and meet all requirements for membership. Any candidate country wishing to join the EU must meet the politieal and economic criteria and has to fully transpose and implement EU laws and standards[l]. The Progress Reports describe politieal and economic developments in Croatia and in Turkey as well as the cOtmtry's ability to transpose and implement EU legislation. They highlight the main achievements and pinpoint the shortcomings. Croatia Political criteria Croatia meets the politieal criteria. On 3 October 2005 the Chief Prosecutor of the International Criminal Tribtmal for the former Yugoslavia (ICTY) stated that Croatia was fully cooperating with the Tribunal. This full cooperation with ICTY needs to be maintained and the last remaining indietee must be located, arrested and transferred to The Hague. There has been progress in the field of the judiciary, for example with adoption of a judicial reform strategy. At the same lime Croatia is facing important challenges which need serious attention, such as to reduce the large case backlog and ensure proper enforcement of judgements. Despite improvements in the prosecution of war crimes, an ethnie bias against Serb defendants persists. Efforts aimed at tackling corruption, which remains a serious.problem, need to be further stepped up. The position of minorities has continued to improve,in general, but implementation of the Constitutional Law on National Minorities has been slow. Serbs and Roma continue to face discrimination and the need to improve their situation especially with respect to job opportunities as well as creating a more Annuaire GERM

receptive climate in the cOlmtry is an urgent priority. There have been positive developments on refugee return but progress has been partieularly weak in implementing housing care programmes for former tenancy rights holders. Partieular attention should be paid to ensuring aU ethnicaUy motivated incidents are properly investigated and those responsible are prosecuted. There has been good progress in the area of regional cooperation from Croatia but more efforts are needed to find definitive solutions to aU pend~g bilateral issues, partieularly as regards borders. Economie criteria Croatia can be regarded as a functioning market economy. It should be able to cope with competitive pressure and market forces within the Union in the medium term, provided that it continues implementing its reform programme to remove remaining weaknesses. Stability-oriented macroeconomic policies have contributed to a relatively low inflation and stable exchange rate and signifieant budget and current account deficits have been reduced. However, there are still significant external and fiscal imbalances. State interventions in the economy remain signifieant and little progress has been made with respect to the restmcturing of large state­ owned enterprises. The privatisation process has regained sorne momenhlm in 2005. Business and land registration procedures have been simplified but private sector and FDI development has been hampered by complex mIes and deficiencies in public administration and courts. Transposition and implementation of EU laws and standards Croatia has made progress, partieularly in areas such as the free movement of goods, public procurement, information society, education and culhue and in foreign, security and defence poliey. Croatia needs to continue legislative alignment across the board. At the same time the strengthening of administrative and judicial stmctures is necessary for the effective enforcement of EU laws and standards. In particular, increased efforts will be needed in the field of free movement of capital, company law, information society, fisheries, transport, energy, consumer and health protection, Annuaire GERM

eustoms union and financial control. Considerable and sustained efforts will be needed in the areas of competition poliey, agriculture, food safety, taxation, social policy and employment, regional policy, justice, freedom and security and on the free movement of goods, workers and serviees and public procurement. Very significant efforts will be required in the area of environment. The European Commission will continue to provide substantial financial assistance to support Croatia in the accession process. In 2005 EUR 105 million is available for Croatia, rising to EUR 140 million in 2006. Turkey Political criteria Turkey's political transition process is ongoing and the country continues to meet sufficiently the political criteria. Important legislative reforms have now entered into force and should lead to structural changes of the legal system, particularly in the judiciary. However, the pace of the reforms has slowed in 2005. Although human rights violations are diminishing, they continue to occur and there is an urgent need to both implement legislation and take further legislative initiatives in certain areas. Substantial further efforts are needed in view of integrating the reform process into the work of aIl state bodies. As regards democracy and the rule of law, important structural reforms have been put in place, mainly in the area of the judiciary. The six pieces of legislation mentioned in the Commission's recommendation of last year entered into force.[2] However, implementation on the ground remains uneven. Reforms conceming civil-military relations have continued but the armed forces still exert influence. Conceming human rights and the protection of minorities, the legal framework to fight against torture and ill-treatrnent is established, but such cases are still reported and more vigorous efforts are required to fight against impunity for those perpetrating such crimes. Although legislative progress has been achieved, prosecutors continue to open court cases against individuaIs for expression of non-violent opinion on the basis of the new Penal Annuaire GERM

Code. If this trend continues, the relevant provisions of the Penal Code will need to be amended. Despite sorne ad hoc measures, the problems encountered by non Muslim religious minorities persist and there is an urgent need to adopt legislation in line with the EU. Greater attention is being paid to women's rights, but violence against women remains a matter of serious concern. Despite greater tolerance for cultural events using languages other than Turkish, there are still important limitations on the exercise of cultural rights. The economie and social sihlation in the South East has hardly improved and needs to be addressed. The situation of internally displaced persons is largely lillchanged. Economie Criteria Turkey can be regarded as a functioning market economy, as long as it firmly maintains its recent stabilisation and reform achievements. Turkey should be able to cope with competitive pressure and market forces within the Union in the medium term, provided that it firmly maintains its stabilisation poliey and takes further decisive steps towards structural reforms. Significant gains on macroeconomie stabilisation have been achieved over the last year. Considerable progress has been made on improving publie financial management and control. Improvements in the supervisory and regulatory framework of the banking sector and the advances in privatisation are progressively tightening economic agents' finandal discipline and improving Turkey's business and investment climate. Foreign direct investment has also pieked up. Certain concerns remain regarding the recent sharp increase in the current account deficit, and possible or actual deviations form the reforms programme. Resources should be more efficiently allocated, in particular by a reform of key factor markets. Transposition and implementation of EU laws and standards Turkey has aligned EU legislation to a large extent with a number of provisions relevant for the functioning of the internaI market, including free movement of goods, and competition policy provisions concerning undertakings. However, Turkey should make considerable further efforts to adopt the relevant EU laws and standards in many other areas. Annuaire GERM

The financial sector remains relatively weak and EU standards are not entirely adopted, but there is progress towards a more transparent and efficient legal framework. In most sectoral policies, alignment is limited or very limited. There is insufficient alignment of the regulations in the agricultural sector. The gap conceming regional development policies should be addressed and there is a need for increased efforts in the environmental field. In the area of the European Security and Defence Poliey, there are still outstanding difficulties. The European Commission will continue to provide substantial financial assistance to support Turkey in the accession process. In 2005, around EUR 300 million is available for Turkey, rising to EUR 500 million in 2006. [1] The accession criteria are defined in the conclusions of the European Councils in Copenhagen in 1993 and in Madrid in 1995. [2] Law on Associations, new Penal Code, Law on Intermediate Courts of Appeal, Code on Criminal Procedure, legislation establishing the judicial police, Law on execution of punishments and measures. Annuaire GERM

Bruxelles, le 29 juin 2005

Questions fréquemment posées en ce qui concerne les négociations d'adhésion et les relations Turquie-DE

Pourquoi la Commission propose-t-elle dès maintenant un cadre de négociation pour la Turquie? En décembre 2004, l'Union européenne a décidé au niveau politique le plus élevé que des négociations d'adhésion avec la Turquie seraient entamées le 3 octobre 2005"à condition que, dans le cadre de la réforme politique, la Turquie mette en œuvre 6 actes législatifs. Le 1er juin 2005, la Turquie remplissait cette condition. Elle s'est également engagée à signer le protocole étendant l'accord d'Ankara aux dix nouveaux États membres. La Commission doit à présent soumettre un projet de négociation au Conseil afin que celui-ci puisse se prononcer en temps utile sur celui-ci avant le 3 octobre 2005. En quoi consiste le cadre de négociation ? Le cadre de négociation fixe les principes directeurs et les procédures à suivre po~tr les négociations d'adhésion. Il constitue la base sur laquelle les Etats membres se fonderont pour mener les négociations avec la Turquie. Quand la Turquie adhèrera-t-elle à rUE? L'adhésion de la Turquie n'est certainement pas pour demain. Le rythme des négociations dépendra en grande partie de la capacité de la Turquie à mener à bien les réformes nécessaires. Il s'agit d'tille procédure longue et parfois difficile, qui pourrait prendre une décennie voire davantage. Quelle est l'histoire des relations entre la Turquie et l'UE ? Les relations contractuelles entre la Turquie et l'UE remontent à 1963, année de la signature de l'accord d'association appelé /Accord d'Ankara'. La Turquie a présenté tille première demande d'adhésion en 1987. L'avis de la Commission concernant cette demande, formulé en 1989, conclut qu'il ne serait pas utile d'ouvrir immédiatement des négociations d'adhésion avec la Turquie, mais Annuaire GERM

qu'en même temps les relations avec ce pays devaient être intensifiées. L'union douanière a été établie en 1995. En 1997, l'éligibilité de la Turquie à l'adhésion à l'VE a été confirmée par le Conseil européen de Luxembourg. En 1999, le Conseil européen d'Helsinki a accordé à la Turquie le statut de pays candidat. En décembre 2002, le Conseil européen de Copenhague a décidé que dès lors que la Turquie satisfaisait aux critères politiques de Copenhague[1], l'VE ouvrirait sans délai des négociations d'adhésion avec la Turquie. En décembre 2004, le Conseil européen a conclu que la Turquie remplissait suffisamment les critères politiques pour ouvrir des négociations d'adhésion le 3 octobre 2005. En quoi consistent l'accord d'Ankara et l'union douanière? L'accord d'Ankara est un accord d'association signé en 1963 par la Turquie et les Communautés européennes (aujourd'hui l'VE). La pierre angulaire de cet accord est la création d'une lmion douanière en trois étapes, la dernière ayant été réalisée en 1995 avec la signature d'un accord sur l'union douanière. En quoi consiste le protocole à l'accord d'Ankara? Ce protocole étend l'accord d'Ankara à tous les États membres de l'VE. Quels sont les six actes législatifs précités? Loi concernant les associations, code pénal, loi sur les cours d'appel intermédiaires, code de procédure criminelle, législation établissant la police judiciaire et loi sur l'exécution des peines. Quel est le contenu des négociations d'adhésion? Chaque pays candidat est tenu d'adopter les droits et les obligations de l'appartenance à l'VE, et de les appliquer pleinement dès l'adhésion, sauf si des dispositions transitoires ont été adoptées. L' 'acquis communautaire', c'est-à-dire l'ensemble de la législation et des politiques de l'UE, est réparti en 35 chapitres. Les négociations sont menées chapitre par chapitre.

[1] Critères politiques fixés par le Conseil européen de Copenhague en 1993, inscrits ultérieurement dans l'article 6, paragraphe l, du traité sur l'Union européenne et consacrés dans la Charte des droits fondamentaux. Annuaire GERM

Comment se déroulent les négociations d'adhésion? Les négociations d'adhésion avec les pays candidats sont menées dans le cadre d'une conférence intergouvernementale, au cours de laquelle les 25 États membres négocient directement avec le pays candidat. Les 25 États membres adoptent à l'unanimité chaque position commune de l'Union européenne. Quel est le rôle de la Commission européenne? Durant les négociations d'adhésion, la Commission élabore tous les projets de positions commtmes de l'Union européenne sur la base d'un mandat des États membres. Elle surveille les progrès accomplis par le pays candidat et publie, chaque année, un rapport exhaustif concernant la situation de ce pays. Ce rapport comporte une évaluation approfondie du degré de conformité du pays candidat avec l'ensemble des critères de l'UE : politiques, économiques et pour chacun des chapitres de négociation. Que se passerait-il si des problèmes politiques majeurs se posaient en Turquie, en ce qui concerne les libertés fondamentales et les droits de l'homme? Le cadre de négociation, qui s'appuie sur les conclusions du Conseil européen de décembre, prévoit un mécanisme de suspension éventuelle des négociations en cas de «violation grave et persistante» des principes démocratiques fondamentaux. La Commission assurera-t-elle le respect des droits de l'homme? La Commission continuera à observer de manière rigoureuse le respect par la Turquie de tous les critères politiques. Cela inclut des contacts avec le Conseil de l'Europe, les ONG internationales et nationales, ainsi que des réunions régulières avec les autorités turque!!> au cours desquelles l'état d'avancement des réformes législatives et leur mise en œuvre sont examinés en profondeur. En outre, la Commission présentera, dans le cadre du paquet «élargissement» d'automne, un partenariat d'adhésion révisé, comportant un ensemble de priorités détaillées auxquelles la Turquie devra s'atteler en ce qui concerne les critères politiques.

TABLE DES MATIERES

1) Evenements Le partenariat Euro Méditerranéen. Quçlle actualité ? " 11 Habib EL MALKI Cinquième session du Conseil d'association UE-Maroc (Bnlxelles, le 22 novembre 200S) 14 Israël-Palestine, Déclaration du Quartet 40 Déclaration de la présidenœ au nom de l'Union Eumpéenne sur le désengagement d'ISRAËL deGAZA 43 Déclaration de la l'résidence au nom de l'Union europét!I1ne sur l'élection présidentielle en Égypte, le 8 septembre 200S 46 Agenda de Tunis pour la société de l'information 47 Statement By H.E. MI'. Kofi Annan , 84 10th Anniversay of tht' Euro-Meditemmean partenership ' 87 Sommet du dixième anniversaire de l'Euromed déclaration du président (28/11/OS) : 106 II) Rencontre du GERM Le bilan du partenariat euro-méditt~rranéen liS le dialogue politiqur euro-méditerranéen 14S Aziz HASBI Les processus de démocratisation entre partenariat et hégémonisme 170 Mme. Jamila Houfaidi SETTAR Le processus de BARCELONE: Dix ans après, Quelles perspectives? 190 Professeur Driss KHROUZ Les grandes problématiques du partenariat euro-méditerranéen 196 Abdelouhab Maalmi Security in Morocco :A popular issue after 16th May 2003 2U Fouad M. Ammor Mesure de l'impact de l'élargissement de l'Union Européenne sur un pays tiers, questions méthodologiques 227 Lahcen OUI.HAJ Élargissement de l'UE 234 jawad Kerdoudi Vers un Partenariat euroméditerranéen proche des citoyens: trois propositions d'action en matière d'éducation et d'emploi 238 Ivàn Martin La question migratoire dans les relations Euro-mediterraneenes 256 Mohamed Khachani La nouvelle politique de voisinage face aux défis de la connexion des de transport trans-méditerranéens 285 Mohamed MOUHTTANE III) Revue documentaire Processus de ratification de la constitution européenne 303 Évaluation a mi-parcours du programme meda 11- rapport final 342 Recommandations de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéene sur l'avenir du processus de Barcelone . . 351 Conseil Européen-Bruxelles, 16 et 17 juin 2005. Conclusions de la présidence 359