Les camoufleurs français en Italie. Le cubisme d’André Mare s’est évanoui à Venise Yves Chevrefils Desbiolles

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Yves Chevrefils Desbiolles. Les camoufleurs français en Italie. Le cubisme d’André Mare s’est évanoui à Venise. Uomo nero, 2018, pp.10-23. ￿hal-03171070￿

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L’uomo nero Materiali per una storia delle arti della modernità

Nuova serie, anno XV n. 14-15, marzo 2018 L’uomo nero Materiali per una storia delle arti della modernità

Nuova serie, anno XV nn. 14-15, marzo 2018

14-15 L’uomo nero. Materiali per una storia delle arti della modernità

Nuova serie, anno XV, n. 14-15, marzo 2018 a cura di Antonello Negri direttore: Antonello Negri comitato scientifico: Silvia Bignami Yves Chevrefils Desbiolles Davide Colombo Rossella Froissart Ana Magalhães Antonello Negri Paolo Rusconi Jeffrey Schnapp Giorgio Zanchetti

UNIVERSITÀ DEGLI STUDI DI MILANO DIPARTIMENTO DI BENI CULTURALI E AMBIENTALI

Sezione arte – Cattedra di Storia dell’arte contemporanea via Noto 6, 20141 Milano tel. +39 02 50322000 http://users.unimi.it/uomo_nero/ e-mail: [email protected] redazione: Massimiliano Galli Viviana Pozzoli Silvia Vacca impaginazione: Francesca Adamo progetto grafico: Anna Steiner, Studio Origoni-Steiner, Milano editore e distributore:

mimesis edizioni (Milano – Udine) www.mimesisedizioni.it via Monfalcone, 17/19, 20099 Sesto San Giovanni (Milano) telefono +39 02 24861657 +39 02 24416383 fax: +39 02 89403935 e-mail: [email protected]

ISSN 1828-4663

© 2018, degli autori Il logo dell’Uomo nero è disegnato da Anna Steiner In copertina: anonimo lombardo, omaggio a A. B., secondo decennio del XXI secolo In quarta di copertina: “Art in America”, ottobre 1980, con la fotografia di Trailer Camp di Vito Acconci, allestito al Museum of Contemporary Art di Chicago nel marzo 1980. Materiali per una storia delle arti della modernità

anno XV, n. 14-15, marzo 2018 UNIVERSITÀ DEGLI STUDI DI MILANO Dipartimento di Beni culturali e ambientali Antonello Negri Cattedra di Storia dell’arte contemporanea 5 L’uomo nero camouflage

Camouflage Fuoritema

Yves Chevrefils Desbiolles Iconografie Les camoufleurs français en Italie. Ilaria Cicali Le cubisme d’André Mare s’est Umberto Boccioni e Alexander 11 évanoui à Venise Archipenko: un dialogo in contrappunto 153

Anna Mazzanti Michele Aversa “Le mannequin artistique”: Santi e angeli. Sculture degli anni camouflage del corpo umano Trenta e Quaranta nel Duomo di Milano 169 25 negli anni Venti Fortune Claudio Marra Andrea Lanzafame Fotografia e camouflage Giacomo Manzù: uno scultore europeo. 47 nell’esperienza futurista Londra 1952-1960 193

Maria Claudia Negri Mostrare l’arte Regia durante la tempesta di : Francesco Guzzetti un significato camuffato Information 1970: alcune novità sul 61 “dietro la maschera della forma”? lavoro di Giuseppe Penone 215

Maria De Vivo Mimetizzazione, invisibilità, Rarità, riscoperte, segnalazioni mascheramento: un’ipotesi di lettura 69 dell’arte di Piero Gilardi Amanda Russo Caterina Toschi Un ponte culturale fra l’Italia e il Belgio: Massimo Nannucci. Falso/Vero e lettere inedite di Vittorio Pica (1887-1920) 235 85 Mimetizzazioni (1970-1981) Irene Boyer Silvia Bignami Francesco Sapori storico e critico “The chameleon Acconci” dell’arte. Ascesa e declino tra il primo 101 e una copertina camouflage e il secondo dopoguerra 259

Viviana Pozzoli Valentina Di Prospero 117 Nota a margine sull’attività di “L’ideogrammatica di Giuseppe Zeno Birolli al PAC Capogrossi” dipinta da Li Yuan-chia: un’inedita sinergia nei murali dell’ex Federica Muzzarelli convento dei Cappuccini di Gubbio 277 La mimesi fotografica come ridefinizione identitaria. Anne Brigman e Francesca Gallo 121 l’immersione panica nel mondo I Videogiornali della X Quadriennale, tra documentazione e autorialità 289 Antonello Negri 137 La Nike di Gallerani Gli autori dell’“Uomo nero” 303 Fig. 1. Façade de la Maison cubiste conçue par Raymond Duchamp-Villon (maquette), Paris, Salon d’automne 1912 (IMEC, Archives André Mare) Les camoufleurs français en mier XXe siècle: la Maison cubiste (fig. 1). Italie. Le cubisme d’André Mare L’évènement, âprement critiqué en son s’est évanoui à Venise temps, est depuis célébré par l’histoire des arts décoratifs, mais aussi de manière Yves Chevrefils Desbiolles ambigüe par l’histoire des avant-gardes; la façade dite cubiste de la maison cache, selon les mots mêmes d’André Mare, des aménagements au “décor aimable, coloré franchement et le tout dans une tradi- tion bien française”2, un décor qui inter- Le camouflage aura été l’une des grandes pelle le regard par le mélange des styles, affaires de la Grande Guerre. Dès 1915, le contraste des couleurs et le choix des sous l’impulsion du peintre Guirand de matières, sans toutefois correspondre à Scevola, les Français créent un premier la rupture à la fois conceptuelle et for- service intégré de conception et de fa- melle que représente le cubisme pictural brication de dispositifs de camouflage, (fig. 2). La guerre vient interrompre cette animé par des équipes spécialisées de démarche qui trouvait son origine dans militaires et de civils. Dans une guerre la concurrence entre l’Allemagne et la de positions où des dizaines de milliers France dans le domaine des arts décora- d’hommes sont massés de part et d’autre tifs et industriels. de la ligne de front, voir sans être vu pour Le 2 aout 1914, André Mare est affecté à tromper l’ennemie est devenu un enjeu un régiment d’artillerie. Vers la fin de l’an- vital. Bientôt, des officiers britanniques, née 1915, il apprend que son ami André américains, belges et italiens viennent Dunoyer de Segonzac dirige une unité de visiter les principaux ateliers de la sec- la toute nouvelle section de camouflage tion de camouflage situés à Amiens et à Noyon dans le nord de la France. En Ita- lie, un laboratorio di mascheramento est créé au début de 1917 et des camoufleurs français viennent épauler leurs confrères italiens dès septembre de la même année. Un atelier de fabrication de matériel de camouflage est installé près de Milan et un autre à Piazzola sul Brenta. Le com- mandement du camouflage français s’installe à Padoue puis à Vicence. L’histoire de l’art retient le nom d’André Mare (1885-1932) à deux titres: son rôle dans le renouvèlement de l’art décoratif Fig. 2. Aménagement du “Salon bourgeois” de français avant la Grande Guerre et son ac- la Maison cubiste par André Mare, Paris, Salon tion dans la section de camouflage de l’ar- d’automne 1912 (IMEC, Archives André Mare). mée française durant la Grande Guerre1. On peut voir sur la gauche le tableau Femme à Au Salon d’Automne de 1912, André l’éventail de . La figure féminine Mare prend la tête d’une équipe de jeunes dans un médaillon au centre de l’image, a été conçue par . À droite, se reflétant artistes presque tous liés au Groupe de dans le miroir, Le Passage à niveau de Fernand Puteaux; ensemble, ils réaliseront l’une Léger. Les boiseries, la cheminée et la pendule sont des icônes de l’histoire de l’art du pre- de

11 de l’armée française; il rejoint aussitôt quelques tableaux, peu nombreux, té- le groupe de décorateurs de théâtre et moignent de la persistance d’une styli- d’artistes3 qui portent l’insigne du Ca- sation cubiste avant que celle-ci ne dis- méléon brodé sur leur uniforme. Durant paraisse totalement à partir de 1923. On toute la durée du conflit, André Mare peut donc considérer que l’unique mo- a tenu un journal remarquable par le ment intensément cubiste d’André Mare nombre et par la facture des dessins dont correspond à la rédaction de ses carnets il orne ces pages, dix carnets dans les- de guerre7. Il s’agit d’un cubisme discret, quels il consigne sa formation d’artilleur, car inscrit dans un journal intime, mais puis ses activités de camoufleur, décrit aussi d’un cubisme foisonnant et exubé- les évènements dont il est témoin et les rant venu de l’univers de la décoration sentiments qu’ils suscitent en lui, le tout et des installations mobilières réalisées truffé de nombreuses photographies de au Salon d’Automne de 1911, 1912 et petit format et d’annotations graves ou 1913. Loin des déconstructions radicales légères: le nom des camarades tués au des “pères fondateurs” Braque et Picasso, combat ou le menu des repas… André ce cubisme porte fortement l’empreinte Mare relate sa mission de camoufleur en de Roger de La Fresnaye, ami fidèle Italie dans la seconde moitié du septième d’André Mare (fig. 5). carnet, dans l’ensemble du huitième car- Pourquoi dès lors André Mare n’est-il net et dans la première partie du neu- pas devenu un “peintre cubiste” épanoui vième carnet4. au moment où le cubisme faisait école? Deux remarques s’imposent avant de Pourquoi a-t-il refusé d’occuper une conclure cette introduction. Les dessins place parmi les “cubistes de salon”, alors d’André Mare réalisés au crayon, à l’encre que ses premiers succès le situaient au de Chine ou à l’aquarelle relèvent pour la cœur d’une génération de jeunes peintres plupart d’un tour de main cubiste par- et sculpteurs – pensons entre autres à faitement maitrisé au point que, dans l’historiographie récente, ces dessins ont pris une signification inattendue, celle d’une adéquation entre un art réputé in- tellectuel – le cubisme – et une démarche concrète et tangible liée aux nécessités de la guerre – le camouflage5. Certes, André Mare a réalisé quelques dessins de canons décorés de manière à donner l’illusion d’une fragmentation factice des formes (fig. 3). Mais c’est d’abord comme expert dans la conception de faux arbres – des arbres-observatoires – qu’André Mare se distingue dans la section des Caméléons (fig. 4). Plus important: André Mare a produit des œuvres de facture cubiste avant la Grande Guerre, mais nous ne les connaissons pas. L’artiste les a détruites6, signe probable d’une insatisfaction per- sonnelle ou d’une méfiance conceptuelle Fig. 5. Roger de La Fresnaye, sans titre et sans date envers cet art. Après la Grande Guerre, (IMEC, Archives Raymond Radiguet)

12 Fig. 3. Carnet 2, feuillet 73. En bas et à gauche du dessin: “Canon de 280”

Fig. 4. Carnet 3, feuillet 104. Étude pour la fabrication d’un arbre-observatoire

13 d’autres amis comme ou de Lombardie. Population indifférente”12. Fernand Léger – salués par tous les ma- À Mantoue, les Français sont cantonnés nuels d’histoire de l’art moderne? La ré- au Palazzo Te, dans la Sala di Cesare au- ponse, selon moi, se trouve dans les car- trefois décorée par Jules Romains et le nets mêmes: le choc de Venise! Primatice. Mantoue est la “première ville “Je suis désigné pour partir en Italie. je vois depuis guerre les rues allumées, Adieux à Noyon”8, s’exclame André Mare les façades aussi, toute la nuit”, note An- à la date du 23 novembre 1917. Il s’agit dré Mare dans un style télégraphique. Il d’une belle perspective pour un camou- poursuit: “Théâtre, cinéma, concert mar- fleur qui – à l’opposé d’une perception seillais. Accueil chaleureux au bordel. Les défavorable de certains combattants officiers italiens sont beaux et élégants”13. à l’égard des Caméléons – n’est pas un Le peintre dessine tout ce qu’il voit, tout “planqué”9. Pour réaliser un arbre-obser- ce qu’il ressent; ce sont d’abord les gens – vatoire, spécialité d’André Mare, il faut soldats en grand uniforme, soldats transis d’abord, en rampant la nuit dans le no de froid, civils croisés au théâtre ou dans la man’s land, établir un relevé précis de rue (fig. 6) – qui retiennent son attention l’arbre à reproduire, puis une fois son autant que l’architecture et son décor: clone réalisé, retourner de la même ma- nière entre les lignes, couper le l’arbre et “J’ai achevé aujourd’hui la visite le remplacer par le faux. Mare paiera cher de Mantoue et j’ai pu voir la salle son succès de camoufleur. Il est griève- des Époux au château S. Giorgio ment blessé à Lassigny au début de l’an- entièrement décorée de fresques de née 1917. Pis! Le gaz qu’il inhalera sur Mantegna. On commence à les recouvrir le front causera sa mort prématurée en de sac de terre. Les autres Mantegna du 1932 à l’âge de 47 ans. palais ducal ont été enlevés et emmenés En novembre 1917, André Mare, qui à Florence; la décoration même du n’est jamais allé en Italie, peut donc se palais sauf les petites pièces d’Isabelle réjouir qu’on lui ait confié une mission d’Este sont très inférieures. Les fresques qui l’extrait de l’ordinaire de ces années de Mantegna sont en fort mauvais état, guerrières. Le départ a lieu dans la nuit du mais admirables. Je crois plus beau que 28 au 29 novembre 1917. Le voyage est les Mantegna du Louvre […]. Il y a à long et parsemé de difficultés: pannes de côté de cette salle une autre absolument moteur, éboulements de pierre et chutes délabrée où l’on a réuni quelques de neige. Mais les camoufleurs voyagent fragments de fresques en mauvais état, en première classe! Il y a des moments de mais de premier ordre […]14”. joie: “À Tonnay le train s’arrête essouf- flé. Tout le monde descend sur la voie. Durant les premiers jours, l’exploration Grelat fait danser avec son violon”10. On de la plaine vénitienne se poursuit: Vi- passe le temps à la manière des soldats cence, Castelfranco, Cittadella, Pozzo- en casernement: “Lejeune est beaucoup leone, Montecchio Maggiore, Padoue moins saoul qu’hier. Pierre Bains perd ou Piazzola. Vérone impressionne An- toujours au poker”11. Au petit matin du dré Mare plus que ne l’a fait Mantoue: 3 décembre 1917, André Mare découvre l’“architecture intérieure des cours [y est] l’Italie par Novare, Pavie, Crémone. Mais très soignée. Beaucoup de symétriques c’est le pays réel qui s’offre à lui – celui en trompe l’œil. Fonds de cours aussi de l’Italie de la Grande Guerre – et non en trompe l’œil”15 [...]. Dehors, “la vie l’Italie rêvée: “Saules, peupliers. La plaine dans la ville est intense, les boutiques

14 Fig. 6. Carnet 7, feuillet 245 (IMEC, Archives André Mare). André Mare écrit sur la page de droite: “Théâtre à Mantoue, décembre 1917. Ragazza qui avait des jambes étonnantes et une voix extraordinaire. Revue au théâtre à Vérone” regorgent. C’est plein d’officiers. Tout relève. La population souffre aussi. Peu reste ouvert le soir, théâtre, cinéma”16. de contacts des officiers avec les troupes. Rien de tel, hélas! à Vicence: “Interdic- Les tranchées occupées seulement par tion aux Français de pénétrer sans motif les hommes, les officiers restant dans les de service. Arrivée de nuit. Rien vu”. Ni villes de l’arrière”17. à Padoue: “Grande ville très animée et très étendue, peu intéressante. Une pe- La situation de l’Italie en guerre lui appa- tite chapelle avec des Giotto que je n’ai rait confuse et embrouillée du point de pu voir, cachés par des sacs de terre”. De vue politique: manière générale, l’accueil reçu par les “L’armée italienne est belle et bien Français est réservé, froid même de la équipée. J’ai vu de très beaux canons. part des officiers italiens sur lesquels An- Mais le commandement est exécrable. dré Mare porte un jugement sévère: […] La grande cause du désastre [de Caporetto] est due pour une petite part “L’armée est très malheureuse et souffre. aux socialistes, pour la plus grande, Viande deux fois par semaine. Pas de au pape. On avait envoyé cet été une

15 grande quantité d’hommes en longues teries sont livrées le lendemain par les permissions, après ils ont été travaillés et déserteurs italiens. Il y en a plus de cent retournés par le clergé: la dernière note tous les jours”23. pontificale a fait beaucoup de mal”18. Ces raccourcis faits d’observations par- tielles, d’informations approximatives et Le pape souhaite la victoire des Autri- de préjugés courants ne préparent guère chiens, pense-t-il, afin de retrouver le André Mare et ses compagnons camou- pouvoir temporel perdu depuis l’unifi- fleurs à comprendre de manière objec- cation de l’Italie, ce qui expliquerait l’a- tive, si non bienveillante, la façon dont nimosité exprimée un dimanche par le est perçue et vécue la guerre par leurs curé de Castelfranco envers les Français: hôtes italiens. Certains jugements hâtifs “Méfiez-vous des Français”, aurait-il dé- ressemblent davantage à des obsessions claré en chaire. “Quelques-uns sont be- anti-allemandes typiquement françaises, aux, mais la plupart ressemblent à des par exemple les commentaires d’Avy rap- singes; si vous commettez le péché avec portés par Mare à propos de Milan, “ville eux, vous voyez ce qui vous attend”19. pleine d’activités, entièrement germa- Maigre consolation: “Les Anglais […] nisée” dont “le semblant de renaissance sont encore plus mal vus que nous”20. italienne de ces dernières années pro- Il faut dire que la défaite de Caporetto venait entièrement des méthodes et des est diversement commentée parmi les influences allemandes”24. Ce regard à la Français. André Mare relève quelques fois distancié et méfiant d’André Mare considérations exprimées par le général envers l’Italie et les Italiens domine de français Lévy. Après quelques heures de nombreuses pages du carnet n° 8 et per- combat, croit savoir le général, siste dans le suivant jusqu’au moment où apparaissent, de manière assez soudaine, “la brigade Roma a simplement laissé ses de longues considérations au ton plus armes et est partie en bon ordre; toute personnel ; elles pointent un trouble et l’armée a suivi. Les régiments défilaient signalent le début d’un renversement des en colonnes par 4, en ordre. Pas de sentiments. fuite, un départ bien ordonné. Ce ne fut Entre deux missions, l’artiste poursuit sa pas plus une victoire allemande qu’une quête fiévreuse des maitres de la Renais- retraite italienne […]. Les Autrichiens sance. À Padoue, il visite: ont avancé jusqu’à ce qu’ils rencontrent les Français”21. “Santa Maria dell’Arena, petite église entièrement peinte à la fresque par La victoire du corps expéditionnaire Giotto. Pour les protéger en cas de français au Monte Tomba semble confir- bombardement on a pendu à la voute mer cette perception des choses. Des des matelas, qui tombent jusqu’à terre à soldats autrichiens capturés sont réquisi- 2 [mètres] des peintures, de sorte qu’on tionnés par les Français pour les opéra- voit très mal particulièrement celles du tions de camouflage, à Castelfranco no- haut. Il y a au-dessus de la porte d’entrée tamment ; est-ce parce que “les officiers un énorme jugement dernier et le gardien italiens recommandent de se méfier de avec un grand bâton y montre le fronton leurs [propres] hommes au point de vue de Dante, de Giotto, de l’architecte de espionnage”22? Un officier italien aurait l’église et de quelques autres seigneurs. dit: “Vous avez beau faire les meilleurs Comme il appuie son bâton sur la fresque camouflages l’emplacement de mes bat- pour mieux désigner les personnages, il

16 Fig. 7. Carnet 8, feuillet 269 (IMEC, Archives André Mare). À gauche, le gardien de l’église Santa Maria dell’Arena, à Padoue. À droite sous les quatre photographies: “Caen, Lejeune et moi aux arènes de Vérone. Décembre 1917” en enlève un petit morceau à chaque fois. On voit tous les jours les paysages que Derrière les matelas le bâton est surmonté Giotto a représentés; l’architecture n’a d’une chandelle qui ne fait rien voir mais pas varié, les principes de construction qui dépose un peu de cire et de fumée. sont restés les mêmes. Les façades Les Giotto sont un peu dégradés, ce qui sont colorées pour les mêmes raisons; s’explique”25 (fig. 7). dans ce pays si peu industriel, si éloigné de la vie moderne, tout est À sa sortie de l’église, André Mare trouve resté et tout se retrouve. La lumière une ville silencieuse. Un raid de l’aviation est si caractéristique qu’elle n’a pu être ennemie a poussé ses habitants dans les reproduite différemment et que les refuges. différences d’interprétation n’existent Petit à petit, le sortilège italien se met en pas comme chez nous. Or la brume place. qui habille tout permet au peintre de se laisser aller à une façon de voir “L’Italie, même l’Italie du Nord, n’a moins strictement uniforme. La couleur pas changé depuis les grands peintres. existe encore dans ce vêtement, la ligne

17 aussi. Les caractéristiques de la race ne militaires alliés. Il faut donc en forcer sont pas modifiées. Il y a partout ici la porte. Munis d’un ordre de “mission des blondes cendrées qui rappellent spéciale urgente” auprès de l’aviation Véronèse. La couleur est uniformément française stationnée à l’aéroport du Lido, chaude, les ombres aussi. […] On ne dans la nuit du 9 avril 1918 – c’est-à- peut comprendre la vérité somptueuse dire quelques jours avant leur rapatrie- des artistes anciens, combien ils sont ment définitif en France –, André Mare terriblement près de la nature si on et Jean-Louis Boussingault débarquent n’a pas vu cela. Ce pays est fait sous dans ce qui subsiste de la gare de Mestre, le soleil, il est incompréhensible sans plusieurs fois bombardée et gardée par de lui. L’architecture ne s’explique pas nombreux soldats en armes. autrement, la répartition des lumières équilibre le tout”26. “À la sortie, sentinelle qui nous Le 28 février 1918, une dépêche refoule poliment dans un bureau. rappelle le camoufleur en France. Cela Questionnaire, papiers, […] on nous aurait pu signifier un soulagement de renvoie à un autre bureau où mêmes quitter une terre étrangère, le plaisir de formalités. Surpris, le Commandant retrouver son pays. Mais le désir d’Italie […] nous dit que nous ne pouvions – celui qui a lancé des générations partir le soir, qu’il n’y avait plus de d’artistes et d’écrivains sur les routes de bateau pour le Lido, qu’il nous ferait ce pays – a envahi André Mare. Sitôt accompagner jusqu’à l’Hôtel Terminus. arrivé à Paris le 7 mars, il sollicite un […] Un carabinier nous précède et nous prolongement de mission. Il est entendu remet seulement à l’Hôtel nos ordres de et le 30 mars, le voilà de retour en Italie mission qu’il avait conservés”29. où il rejoint quelques camarades dont Jean-Louis Boussingault, à la villa Corà, Le gardien des deux Français se retire près de Montebello entre Vérone et et aussitôt: “gondole jusqu’à la place St Vicence: Marc et retour. Vide complètement vide, St Marc nous parait tout petit”30. Les “Nous sommes magnifiquement amis y retournent le lendemain, à pieds, installés. J’ai une chambre pour moi dans le calme d’une ville dont ils sont seul et fort belle, avec un lit à rideaux, peut-être les seuls visiteurs. Ils entrent des meubles […], deux fenêtres et un dans la basilique Saint-Marc, voient les panorama splendide, un grand jardin, mosaïques, mais constatent que les sta- des pièces de réception, pas de gens tues et les objets précieux ont été enlevés alentour”27, et bonheur suprême, loin du et mis à l’abri. Ils traversent la cour du reste des troupes françaises. Là, André Palais Ducal et entrent dans l’église San Mare dépeint la nature telle qu’elle lui Giovanni “dont la coupole a été crevée apparait (fig. 8). par une bombe”31 (fig. 9). Mare est conquis. Sa réflexion s’aiguise: Le désengagement français se pour- suit néanmoins et des divisions entières “On a si souvent écrit sur Venise des sont rapatriées. “Pourvu que la mienne choses bêtes, elle a servi de prétexte à ne le soit pas”, note-t-il le 5 avril, “nous tant de mauvais tableaux que l’on n’y sommes si bien ici…”28. Mais les jours arrive point sans une certaine crainte d’André Mare en Italie sont comptés. de déception. J’ai eu un peu de soleil, Et Venise, si proche, est interdite aux des temps gris et de la pluie et sous ces

18 Fig. 8. Carnet 8, feuillet 288. À gauche, sous les deux photographies: “24 mars durant le premier bombardement par canon, Lejeune et les blessés de l’Hôpital […] vont déjeuner à l’abri d’en face”. À droite, au-dessus du paysage: “De ma fenêtre villa Cora”

Fig. 9. Carnet 9, feuillet 310. À gauche, sous les quatre photographies: “Venise, 10 avril 1918”. À droite, sous le dessin: “Venise”

19 trois aspects, la beauté de Venise a été composée des plus beaux matériaux, pour moi au-dessus de ce que je pouvais des débris les plus riches de l’ancienne imaginer, plus grande, plus forte, plus civilisation byzantine, faite de morceaux solide, dépouillée de romantisme redouté, hétéroclites, forme un ensemble d’une supérieure à ce que l’on en a écrit, unité inégalable. Et j’ai vu Venise sans infiniment plus belle que ce que l’on en vie à 18 km du front. La plupart des a peint, sans rien de joli ni de facile […]. œuvres d’art enlevées des monuments Les peintres modernes n’ont pas eu le cachés sous les sacs de terre, la place sens de la construction; ils ont fait des St Marc déserte, les cafés vides, des palais roses, des reflets dans l’eau et des maisons détruites, et le grand canal gondoles, mais n’ont pas compris que parcouru seulement par des vedettes à l’eau mouvante n’était que l’antithèse vapeur. Mais Venise vivante doit être d’une architecture rigide et sévère toute plus belle encore. Plus que partout en ligne en ombres et en plans.”. ailleurs on sent la vie facile et douce. Et encore: Ville presque sans bruit, sans tramway, ni voiture, ni auto, s’anime la nuit; les “Cette ville construite à force de gens chantent, des musiques sortent on puissance humaine sur de l’eau, ne sait d’où, tout cela plus saisissant

Fig. 10. Carnet 9, feuillet 305. Sous le dessin, à droite: “Venise, 10 avril 18”

20 Fig. 11. Carnet 8, dernière page. Les déplacements d’André Mare en Italie peut-être en ce moment où pas une curer en Italie”34. André Mare cherche lumière ne brille et où l’oreille est désormais à déchiffrer l’hymne si inti- attentive aux avions”32 (fig. 10). me qui résonne dans l’âme de celui qui accomplit son “Grand Tour” même si L’Italie est ce décor dans lequel le ca- celui-ci reste limité à la plaine vénitienne moufleur perd pied; le cubisme de style parcourue par un homme portant l’uni- et de circonstance terré au fonds des forme (fig. 11). carnets d’André Mare et à peine entre- Les derniers feux d’un cubisme pâle di- vu hors d’eux, semble s’évanouir à la vue sparaitront de l’œuvre d’André Mare au de Venise33. Le militaire circonspect, un début des années 1920. Au-delà, cet- peu égaré dans un pays qu’il n’était pas te œuvre est restée fermement ancrée préparé à comprendre, a baissé les armes. à l’intérieur de la dimension naturel- Certes, en France, les paysages sont “aus- le des êtres et des choses. “Il apparait”, si grands et aussi forts, voire même aus- écrit André Mare dans un carnet tardif, si charmants et plus solides peut-être”, “que le cubisme, qui n’était rien, fut une mais on n’y trouve guère “ce sentiment nécessité, comme le fut le retour à l’anti- de bien-être que tout concorde à pro- que il y a un siècle.”35 Le cubisme, dit-il

21 encore, n’est une fièvre qu’“il est bon de conservées à l’Institut Mémoires de l’édition s’inoculer dans la jeunesse, les maladies contemporaine (IMEC): http://www.imec- de son siècle afin d’en être mieux préser- archives.com/fonds/mare-andre vées plus tard”36. L’expérience italienne 3. Parmi lesquels Jean-Louis Forain, Charles Camoin, Charles Dufresne, Jacques Villon, désormais totalement assumée, André , Henri Bouchard ou Charles Mare cherchera – comme il le faisait Despiau. avant la guerre – à “faire résider la nou- 4. Pour une étude des dix carnets tenus par veauté dans la sensibilité plutôt que dans l’artiste durant la Grande Guerre, voir: André l’invention”37. En 1922, André Mare re- Mare, Carnets de guerre, 1914-1918, présentés tourne une dernière fois en Italie. À Vi- par Laurence Graffin, Paris, Herscher, 1996. cence, le 10 septembre, il écrit: Au-delà des dix carnets de guerre, André Mare a tenu encore pendant quelques années un journal, “Me voilà ‘de retour’ à Vicence, après peu illustré toutefois. cinq ans, la paix, les habitudes reprises, 5. Point de vue défendu dans le catalogue de l’exposition Camouflage présentée à l’Historial les travaux accomplis, et la santé un de la Grande Guerre, à Péronne dans la Somme, peu ébréchée, et je retrouve la ville avec en 1997. la même animation, la même quantité 6. Fait rapporté par la famille d’André Mare. innombrable de jeunes officiers, les 7. Et à quelques dessins publiés sous la forme palais aussi beaux, mais on ne parle plus de lithographies, Dessins faits aux armées (1914- français”. 1916), [s.l.n.d.], reproduits sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France: http:// Mélancolique, il conclut: “Boussingault gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b103159500/ manque à mon paysage et le campanile f1.item. de la place dei Signori semble désolé 8. Carnet 7, f. 238. 38 9. C’est-à-dire, en temps de guerre, s’arranger d’avoir perdu son frère” . pour ne pas participer aux combats. 10. Carnet 7, f. 240-241. Il s’agit probablement de Tenay, commune du département de l’Ain. 11. Carnet 7, f. 241. 1. Ajoutons une troisième dimension à la 12. Carnet 7, f. 242. réputation artistique d’André Mare: après la 13. Ibidem. Grande Guerre, la Compagnie des arts français 14. Carnet 7, f. 247. qu’il dirige avec Louis Süe a constitué un jalon 15. Carnet 7, f. 249. important de l’histoire des arts décoratifs en 16. Carnet 7, f. 250. France jusqu’au rachat de l’entreprise par les 17. Carnet 7, f. 251. Galeries Lafayette en 1927. 18. Carnet 8, f. 256. 2. Lettre d’André Mare à Maurice Marinot, 19. Carnet 8, f. 272. 20 février 1912 (Institut national d’histoire de 20. Carnet 8, f. 256. l’art, Archives Maurice Marinot). Pour plus 21. Carnet 8, f. 256-258. de précisions sur la carrière d’André Mare, 22. Carnet 8, f. 267. notamment en ce qui concerne sa contribution 23. Carnet 8, f. 271. aux Salons d’automne de 1911, 1912 et 1913, 24. Carnet 8, f. 263. nous renvoyons le lecteur à notre introduction 25. Carnet 8, f. 269-271. à la correspondance de Roger de La Fresnaye 26. Carnet 8, f. 282-283. adressée à André Mare, parue dans Par-delà le 27. Carnet 8, f. 286. cubisme. Études sur Roger de La Fresnaye suivies 28. Carnet 8, f. 288. de correspondances de l’artiste, sous la direction 29. Carnet 9, f. 310-311. de Françoise Lucbert, Yves Chevrefils Desbiolles, 30. Carnet 9, f. 311. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017, 31. Carnet 9, f. 313. pp. 223-321. Les archives d’André Mare sont 32. Carnet 9, f. 303-308.

22 33. Il en a probablement été de même pour son compagnon Jean-Louis Boussingault qui pratiqua avant la guerre un cubisme mondain, avant de l’abandonner. Voir: François Fosca, La Peinture en France depuis trente ans, Paris, Milieu du monde, coll. “Bilans”, 1948, p. 77, et Michel Charzat, La Jeune Peinture 1910-1940. Une époque française. Un art de vivre, Paris, Hazan, 2010, pp. 112-115. 34. Ibidem. 35. André Mare, Carnet n° 17, aout 1924-septembre 1925. 36. André Mare, Carnet n° 19, aout-décembre 1926. 37. Lettre d’André Mare à Maurice Marinot, 20 février 1912. 38. Carnet n° 14, septembre 1921-septembre 1922.

23 Gli autori dell’“Uomo Nero”, di Firenze, 2016-2017), è autore di nu- numero 14-15 merose pubblicazioni relative agli sviluppi della scultura del Novecento. Yves Chevrefils Desbiolles, dottore di ri- cerca in Storia dell’Arte, è responsabile dei fondi artistici dell’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC). I suoi lavori propongono un nuovo sguardo cri- tico su personalità chiave del sistema delle Michele Aversa è laureato in Storia e arti a partire da elementi inediti rintraccia- Critica dell’Arte presso l’Università degli ti nei loro archivi. Il suo ultimo libro pub- Studi di Milano con una tesi su “Moda”, blicato è Waldemar-George, critique d’art. rivista della Federazione Nazionale Fasci- Cinq portraits pour un siècle paradoxal sta Industriali dell’Abbigliamento (1928- (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1941). I suoi principali interessi di ricerca 2016). Per la rivista “Archives juives” (n. comprendono il rapporto fra le arti e la 50/1, 2017), ha curato con Emmanuelle moda in Italia dagli anni Venti agli anni Polack il dossier Juifs et marché de l’art pa- Quaranta del Novecento. Nel 2017 ha risien en contexte de guerre. pubblicato per il Fai – Fondo Ambiente Italiano un saggio sulle testimonianze ar- Maria De Vivo Storica dell’arte, dottore di tistiche dell’Albergo Diurno “Venezia” di ricerca in Metodi e Metodologie della Ricer- piazza Oberdan a Milano (1924-1925). ca Archeologica e Storico-Artistica e dei Si- stemi Territoriali, è attualmente assegnista di Irene Boyer si è laureata in Storia e Critica ricerca presso il Dipartimento di Studi Let- dell’Arte presso l’Università degli Studi di terari, Linguistici e comparati dell’Università Milano con una ricerca volta a ricostruire degli studi di Napoli “L’Orientale”. Collabo- la biografia intellettuale di Francesco Sa- ra con il Museo del ’900 di Napoli. I campi pori in veste di storico e critico d’arte. È principali della sua ricerca riguardano l’arte borsista presso la Scuola di Specializzazio- italiana del secondo Novecento, il sistema ne in Beni Storico Artistici del medesimo dell’arte a Napoli, la storia delle mostre. ateneo per la quale si prepara a discutere una tesi sul gallerista Massimo Minini. At- Valentina Di Prospero ha conseguito la tualmente è impegnata nella catalogazione laurea magistrale in Storia dell’Arte Con- del patrimonio del Museo del ‘900 di Mi- temporanea, presso l’Università di Roma lano con quale collabora dal 2016. Tre, nel 2016, con una tesi che indaga i rapporti del pittore romano Giuseppe Ca- Ilaria Cicali, dottore di ricerca in Storia pogrossi con l’architettura e le arti applica- dell’Arte, ha conseguito il suo dottorato te, dal titolo Un altro Capogrossi: il dialogo nel 2013 con una tesi dedicata ad Alexan- con l’architettura e le altre arti, frutto di una der Archipenko svolta grazie a un program- ricerca d’archivio durata due anni presso ma di cotutela tra l’Università di Firenze la Fondazione Capogrossi, sotto la super- e l’Université de Paris Ouest Nanterre. visione della professoressa Barbara Cinelli. Post-doctoral Fellow presso il CIMA di Recentemente ha pubblicato in un volu- New York (gennaio-luglio 2015), Profes- me, a cura della succitata Fondazione, un soressa a contratto di Storia dell’Arte Con- saggio che analizza l’immagine di Giusep- temporanea per il PROGEAS (Università pe Capogrossi sui rotocalchi italiani.

303 Andrea Lanzafame ha frequentato i servizi sociali. Ripresi gli studi all’Univer- corsi di Philippe Dagen e Michel Poivert sità di Milano, nel 2015 vi ha conseguito all’Université Panthéon-Sorbonne (Paris la laurea magistrale con lode in Storia e 1). Ha collaborato con la Fondazione critica dell’arte. Giacomo Manzù e nel 2016 si è laureato in Storia dell’Arte Contemporanea presso Claudio Marra è professore ordinario di l’Università di Roma Tre con una tesi dal Storia della Fotografia presso l’Università titolo Giacomo Manzù scultore. Venezia di Bologna. 1948-Londra 1960, sotto la supervisione La sua attenzione storico-teorica è in par- di Barbara Cinelli. Attualmente svolge ticolare rivolta al problema della colloca- attività di ricerca e catalogazione per zione della fotografia in una più organica Roma Tre, Scuola Normale Superiore di prospettiva di estetica generale, nonché ai Pisa, ASAC della Biennale di Venezia. rapporti che intercorrono tra ricerca foto- grafica e arti visive. Tra i suoi libri: Fotogra- Francesca Gallo è ricercatore confermato fia e arti visive, Carocci 2014; Fotografia e di Storia dell’Arte Contemporanea presso pittura nel Novecento (e oltre), Bruno Mon- la Sapienza Università di Roma. Si è occu- dadori 2012; L’immagine infedele. La falsa pata del nesso fra teoria e tecniche esecuti- rivoluzione della fotografia digitale, Bruno ve nell’arte e nella critica d’arte dell’Otto- Mondadori, 2006. cento e del Novecento. Fin dal dottorato le sue ricerche si sono rivolte verso le mostre Anna Mazzanti è ricercatore presso il d’arte, con la monografia e diversi studi su Politecnico di Milano, Dipartimento di Les Immatériaux, nonché su singole esposi- Design, dopo essere stata assegnista e pro- zioni. Gli studi sulle neoavanguardie italia- fessore a contratto fino al 2009 presso l’U- ne hanno prediletto le pratiche performa- niversità di Siena. Si occupa di arte, critica tive e le ricerche video. e teoria dell’arte fra XIX e XX secolo, di spazi d’artista, di tendenze dell’arte con- Francesco Guzzetti è ricercatore alla temporanea come arte ambientale, arte Scuola Normale Superiore di Pisa, dove pubblica, video arte. Ha curato alcune si è laureato e ha sostenuto il dottorato. mostre di ricerca come Novecento sedotto. Si occupa ora di arte povera nel contesto Il fascino del Seicento fra le due guerre (Fi- internazionale. È stato borsista al Center renze, Museo Annigoni, 2011); Mondi a for Italian Modern Art e visiting scholar a Milano. Culture ed esposizioni 1874-1950 CUNY Graduate Center a New York nel (Milano, MUDEC, 2015). 2014-2015, e ha ricevuto una Lauro De Bosis Postdoctoral Fellowship in Italian Culture all’Università di Harvard per il Federica Muzzarelli è professore associa- 2018. Ha partecipato a convegni interna- to di Fotografia e Cultura Visuale presso zionali e pubblicato saggi sull’arte del XIX l’Università di Bologna. Dirige la Collana e XX secolo. Scientifica “Culture, moda e società” (Pe- arson-Bruno Mondadori). Tra le principali Maria Claudia Negri, dopo studi artistici pubblicazioni: Il corpo e l’azione. Donne e a Brera, si è diplomata in Calcografia alla fotografia tra otto e novecento (Bologna, At- Scuola Superiore di Arte Applicata del Ca- lante, 2007); Moderne icone di moda. La stello Sforzesco di Milano; ha lavorato ai costruzione fotografica del mito (Torino, Ei- Servizi sociali del Comune di Milano e si naudi, 2013); L’invenzione del fotografico. è laureata nel 2004 a Trieste in Scienze dei Storia e idee della fotografia dell’Ottocento

304 (Torino, Einaudi, 2014); Lee Miller and Man Ray (Bologna, Atlante 2016); The Photo Booth and the Automatic Photo- graphic Portrait (Pearson-Bruno Monda- dori, 2016); Women Photographers and Fe- male Identities: Annemarie Schwarzenbach, New Dandy and Lesbian Chic Icon, in “Vi- sual Resources” n. 34, Routledge-Taylor & Francis, London 2018. Amanda Russo è storica dell’arte, nel 2016 ha conseguito il dottorato di ricer- ca presso l’Università degli Studi di Trie- ste con la tesi I pittori italiani e il Belgio (1851-1912): salons, incontri e pagine d’ar- te, ottenendo la certificazione Doctor Eu- ropaeus. Negli anni precedenti, ha avuto l’opportunità di frequentare due anni di formazione archivistica e di acquisire espe- rienza professionale nella gestione degli ar- chivi e nel settore museale in Italia e poi in Belgio, dove vive dal 2014. Caterina Toschi è dottore di ricerca e Ju- nior Scholar del Getty Research Institute, insegna Storia dell’Arte Contemporanea presso l’Università degli Studi di Cassino e del Lazio Meridionale e la New York Uni- versity Florence. È cofondatrice di Sen- zacornice, rivista digitale e laboratorio di ricerca e formazione per l’arte contempo- ranea. Autrice dei volumi Dalla pagina alla parete. Tipografia futurista e fotomontaggio (Firenze University Press, 2017) e L’Idioma Olivetti (1952-1979)/The Olivet- ti Idiom (1952-1979) (Quodlibet, 2018), ha co-curato il libro Arte a Firenze 1970- 2015. Una città in prospettiva (Quodlibet, 2016). Ha scritto testi per volumi di set- tore e partecipato a numerose conferenze in centri di cultura italiani e stranieri. È responsabile scientifica della collezione di Beatrice Monti della Corte presso The Santa Maddalena Foundation.

305 Finito di stampare giugno 2018 presso Digital Team, Fano (PU)