JACQUES VILLON Dossier De Presse Né Gaston Duchamp (1875-1963)
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JACQUES VILLON dossier de presse né Gaston Duchamp (1875-1963) ANGERS MUSÉE DES BEAUX-ARTS er 4 NOVEMBRE 2011 - 1 AVRIL 2012 - DU MARDI AU DIMANCHE, DE 10 H À 18 H 015 2 4 0 3 8 0 0 www.musees.angers.fr Jacques Villon, Tête de femme, 1914, huile sur toile. © Providence, Museum of Art, Rhode Island School of Design’s (RISD Museum). Photo Erik Gould. ADAGP, Paris 2011. Graphisme Laurent Gendre. Sommaire Commissariat d’exposition : Communiqué de presse p. 4 Germain Viatte « En art l’intelligence l’emporte sur l’intuition » p. 6 Patrick Le Nouëne conservateur général honoraire du patrimoine Le monde de Jacques Villon p. 8 Patrick Le Nouëne Germain Viatte conservateur en chef du patrimoine et directeur des musées d’Angers Biographie p. 12 Œuvres exposées p. 16 Œuvres disponibles pour la presse p. 18 Autour de l’exposition p. 20 Les musées d’Art de la Ville p. 22 Angers la culture en partage p. 24 Monique Ramognino Visiter Angers p. 26 Monographie accompagnant l’exposition : Jacques Villon né Gaston Duchamp (1875-1963) éditions Expressions contemporaines Communiqué de presse Faut-il reconsidérer aujourd’hui l’œuvre de Jacques Villon ? A 16 ans il réalise ses premières gravures chez son grand-père, le peintre graveur rouennais Le musée des Beaux-Arts d’Angers répond à cette question en présentant une rétrospective Émile Nicolle. De 1894 à 1906, il travaille comme caricaturiste et illustrateur pour plusieurs qui traverse le xxe siècle et en éclaire, par ses différents aspects, l’histoire et les grandes journaux satiriques parisiens comme l’Assiette au beurre. À partir de 1906, il se consacre interrogations. à la peinture, influencé par Edgar Degas et Henri de Toulouse-Lautrec. En 1911, il est à l’initiative de la création du groupe de Puteaux puis de la « Section d’or », qui réunit, Jacques Villon (Damville 1875 – Puteaux 1963), de son vrai nom Gaston Émile Duchamp, autour de ses frères et sœur des artistes comme Gleizes, Metzinger, Picabia, Gris, Léger, est le frère aîné de Marcel Duchamp, du sculpteur Raymond Duchamp-Villon et de ou encore Delaunay et Kupka. Il participe à l’exposition, l’« Armory Show » à New York en Suzanne Duchamp, également peintre, qui épousa l’artiste dadaïste Jean Crotti. Étonnante 1913. Après la guerre où il est mobilisé et prend part au combat, Villon reprend son travail famille d’artistes dans un milieu de notables cultivés qui favorisa leur orientation ! Villon de peintre et graveur. Marcel Duchamp, réformé, est parti à New York en 1915 ; Raymond choisit son pseudonyme en hommage au poète français François Villon. Son œuvre suit Duchamp-Villon meurt en 1918 d’une typhoïde contractée au front. Leurs personnalités et un parcours qui s’engage au début du xxe siècle comme dessinateur satirique observateur leurs œuvres restent pour Villon une constante référence. Il expose plusieurs fois à New d’un monde en changement, puis participe au mouvement cubiste et à l’abstraction York où il est représenté dans les plus prestigieuses collections (C. Dreier, J. Quinn) d’après-guerre pour rejoindre celle des années 40 et 50 qui correspond à la fois à l’apogée de la deuxième école de Paris, avec Bazaine, Estève, Debré, Poliakoff, entre autres, puis au Le marchand Louis Carré acquiert en 1942 son fonds d’atelier et contribue, avec la déclin de l’influence parisienne au bénéfice de New York. reconnaissance des « Jeunes peintres de tradition française », à le mettre sur le devant de la scène artistique. Dès 1944, une exposition lui est consacrée à la galerie de France ; La reconnaissance de l’importance de l’œuvre de Villon intervient dans la carrière de ce sera la première d’une longue série qui fera voyager ses œuvres dans les plus grands l’artiste à la fin des années 1940, alors qu’il a déjà à son actif plus de sept à huit cents musées français et étrangers (musée national d’art moderne à Paris ; Stedelijk Museum à toiles et près de cinq cents gravures. La raison de cette reconnaissance tardive réside en Amsterdam, Museum of modern art à New York…). Il est un des rares peintres français partie dans le caractère secret et modeste de l’artiste et dans son choix d’installer son à avoir conservé son renom aux États-Unis : en 1945, son œuvre et celles de ses deux atelier dès 1906 à distance, sur les hauteurs de Puteaux, l’éloignant pour toujours de frères sont présentées à la Yale University Art Gallery et en 1950, il obtient le prestigieux l’agitation de Montmartre ou de Montparnasse. Esprit indépendant comme ses frères et premier prix Carnegie. Pour l’exposition d’Angers, de nombreux musées et galeries sœur, son style doit beaucoup au cubisme, Villon s’y appliquant dans une manière très français et aussi américains, des collectionneurs privés et la famille ont accepté de prêter personnelle, qui compose la fascination pour la mécanique, le mouvement et les théories leurs œuvres. de la peinture avec les émotions de la nature. Le musée bénéficie pour l’exposition de la collaboration de Germain Viatte auteur d’un livre sur Jacques Villon, édité à cette occasion (Éditions Expressions contemporaines). Germain Viatte a été à la tête des musées de Marseille (1985-1989), et de musées prestigieux comme le Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle au Centre Pompidou (1992- 1997), et le musée du Quai Branly dont il a dirigé le projet (1997-2006). Il fut en outre inspecteur général des musées de France de 1989 à 1991. 4 5 « En art l’intelligence 1 l’emporte sur l’intuition » Patrick Le Nouëne En 1951, lorsque le musée national d’Art moderne était encore situé boulevard du Président-Wilson, son qui avait été annoncée par la fermeture de la galerie Louis Carré de New York, en 1952, puis confirmée par directeur, Jean Cassou, a présenté une vaste rétrospective du travail de Jacques Villon. Ce fut une consécration celle de la galerie Daniel Cordier, en 1964. La peinture américaine allait imposer son idéologie esthétique, pour cet artiste âgé de soixante-seize ans et une révélation pour une génération qui sortait de la Seconde son histoire de l’art, ses galeries, son marché, mais aussi une autre attitude en matière d’art. Cette alternance Guerre mondiale et qui, après avoir hésité à l’admettre, accédait à la modernité. Peu de temps plus tard, ce amorçait le début de l’oubli de la peinture de Jacques Villon. […] musée s’enorgueillissait de posséder seize de ses tableaux. Né dans un milieu cultivé au cours des dernières années d’un siècle qui avait été dominé par le positivisme, Dans les années qui suivirent, il obtint les plus grands honneurs auxquels un artiste français eut droit au esprit brillant et curieux, il s’intéressa au Traité de la Peinture de Léonard de Vinci, dont une nouvelle traduction xxe siècle. Mais depuis sa rétrospective organisée, il y a plus de trente-cinq ans, en 1975, à l’occasion du centième commentée par Joséphin Peladan avait été publiée en 1910. Cette lecture lui fit découvrir l’importance de la anniversaire de sa naissance, au musée des Beaux-Arts de Rouen, puis à Paris, au Grand Palais, ses œuvres ont Section d’or et des théories du tracé pyramidal. Comme son illustre aîné, il tenta de penser le monde à l’aide été de moins en moins présentées dans les grandes institutions nationales et internationales, comme si elles de la géométrie et de la couleur pour mieux penser la peinture. Soucieux d’une pratique la moins subjective avaient perdu de leur actualité et de leur séduction. possible, plus tard, dans les années 1930, il s’est aussi passionné pour les doctrines sur la couleur, et prit beaucoup d’intérêt à celles que l’Américain Ogden Nicholas Rood avait publiées en français en 18815. […] À la fin des années 1970, l’historien de l’art Jean Laude fut l’un des premiers à proposer « d’évaluer le rôle, important que joua soudain » ce peintre pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Au cours de cette À l’un l’art conceptuel et spéculatif, les ready-made et les parties d’échecs, à l’autre la peinture conceptuelle. période, la reconnaissance de son influence et son ascendant furent servis par plusieurs expositions marquantes L’un et l’autre eurent en commun, en toute confraternité et amitié, complicité même, de se défendre d’une qui lui ont été consacrées à Paris. La première à la galerie de France, en 1942 ; puis après la Libération, à la attitude romantique, qui les poussa à leurs manières respectives à faire tout autant abstraction de leur sensibilité dynamique galerie Louis Carré : une, en 1945, introduite par un émouvant poème de Paul Éluard et une préface et de leur émotion que de retenue à l’égard de l’expressivité de la touche picturale. de René-Jean, qui situait son œuvre dans la continuité de Poussin, Corot, Ingres et Seurat, puis une deuxième, trois ans plus tard. Contrairement à beaucoup de peintres de sa génération – dont son frère Marcel – Jacques Villon mena son aventure plastique non avec audace et esprit de provocation, mais avec discrétion, sens de l’équilibre, respect Dans son étude sur l’idéologie esthétique de cette période, Jean Laude citait quatre peintres, parmi lesquels d’une certaine idée de la peinture et de la tradition, amour de la nature. Serait-il encore possible d’accorder Villon, qui servirent de référence à « la jeune peinture de tradition française ». À l’exception de Matisse, les quelques vertus à ces qualités ? trois autres, Bonnard, Braque et celui qui nous intéresse ici, n’eurent plus guère d’influence depuis le milieu des années 1960 sur les jeunes peintres et sont même délaissés ou méconnus, ils auraient pourtant alors contribué à Comment la rigueur de sa peinture et sa grande liberté intellectuelle et artistique peuvent-elles faire sens alimenter « au plan formel, une réflexion nouvelle sur l’espace pictural, au plan du chromatisme, une conception aujourd’hui ? raisonnée de la couleur, et, au plan de l’esthétique, une distinction très fine de l’expressivité et de l’expression.