La Sciende Des Druides
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Quant à dru, les avis divergent : les uns disent qu’il s’agit du chêne, se ralliant ainsi à l’opinion antique de Pline, les autres voient là une particule d’intensité, l’équivalent de notre « très ». « Les sages du chêne » ou « les très savants », telle est l’alternative. Je me suis rallié longtemps à cette dernière opinion, développée par Christian-J. Guyonvarc’h, notam- ment dans son ouvrage Les Druides. Elle me parais- sait simple et correcte. La parution du Dictionnaire de la langue gauloise de Xavier Delamarre, aux éditions Errance en 2001, m’a fait changer d’avis : l’affirma- tion de Pline qui, après tout, savait mieux que nous ce dont il parlait, mais aussi l’invraisemblance séman- tique d’un « très savant », m’ont conduit à penser qu’il valait mieux conserver la forme imagée, plus proche de l’esprit de nos ancêtres. Et cela d’autant plus que, si les « très savants » ne correspondent à rien, en revanche « les sages du chêne » se rapprochent de façon assez étroite de l’expression grecque « philosophes de la nature » ou « physiologues ». L’expression « philosophes de la 5 LA SCIENCE DES DRUIDES nature » est analogue à « sages du chêne » : le mot phi- losophe ne signifie-t-il pas « sages » ou « amis de la sagesse » ? Le chêne n’est-il pas le résumé et comme le symbole de la nature, ce qui rejoint la terre au ciel ? Logos a, entre beaucoup d’autres, le sens de théorie, d’étude, de système philosophique. La physiologie est donc l’étude de la nature et celle-ci n’est-elle pas la sagesse du chêne ? Les conséquences que Xavier Delemarre tire de la discussion qu’il a entreprise, ne sont pas moins intéressantes. « … Il est plausible d’envisager, écrit-il, que le mot druwid ne signifie pas simplement “les connaisseurs des arbres et des chênes”, ce qui est un peu limita- tif pour désigner l’importante classe sacerdotale en question, mais “les connaisseurs de l’Arbre du Monde”. L’arbre cosmique qui traverse et soutient les trois mondes, supérieur (*albio-), médian (*bitu-) et inférieur (*dubno) est un mythologème indo-euro- péen récurrent (cf. l’Yggdrasil des Scandinaves, le skhambâ-“pilier” védique) et c’est une référence mieux appropriée pour des savants qui discutent de philosophie et d’astronomie (César BG 6, 13) que l’ar- boriculture, même religieuse… » On sait d’ailleurs l’importance que les druides atta- chaient à l’arbre et à la forêt. Leurs temples étaient forestiers : le nemeton était un bois sacré. L’arbre fut même proscrit de tout culte par les autorités chré- tiennes jusqu’au XVIe siècle. Quelle surprise de voir 6 LA SCIENCE DES DRUIDES le Pape Jean-Paul II dresser le 24 décembre 2004, un sapin de Noël gigantesque sur la place Saint-Pierre ! C’était là une inversion fondamentale de la religion chrétienne. Le mot druis, en irlandais, conserva jusqu’au XVIIIe siècle, le sens de « mage », « devin », voire « sorcier ». C’était bien là l’évolution normale, dans un monde christianisé, du sage d’autrefois. 7 Chapitre II : Des philosophes de la nature Au Ier siècle de notre ère, Cicéron écrivait à son frère Quintus Tullius quelques lignes sur la divination chez les Barbares. « Ce système divinatoire, disait-il, n’a même pas été négligé chez les peuples barbares. La Gaule a ses druides, parmi lesquels j’ai moi-même connu l’He- duen Diviciacus, ton hôte et ton panégyriste, qui affirmait connaître la science de la nature, appelée physiologie par les Grecs, et qui prédisait l’avenir en partie par une technique augurale, en partie par la conjecture. » Selon cette conception, telle qu’elle ressort des paroles du seul druide de l’Antiquité que nous connaissions, opinion exprimée entre 106 et 43 avant notre ère, l’art druidique se présente à nous sous trois modalités différentes. La première tient de la science de la nature, encore appelée physiologia en grec. Le Dictionnaire grec-fran- çais de Planche, tirage de 1852, « composé sur le The- saurus linguae graecae de Henri Estienne » donnait à physiologia, le sens d’ » étude ou philosophie de la nature » ou encore « philosophie naturelle » ou bien « explication d’après les principes physiques ou natu- rels » qui se traduirait par un français « physiologie ». Plutôt que d’une science au sens où nous l’enten- 8 LA SCIENCE DES DRUIDES dons, il s’agirait d’une philosophie, encore que les textes des présocratiques, qui nous intéressent ici, soient emplis de considérations d’ordre physique, comme de données astronomiques ou telluriques. Les deux points de vue s’ajoutent et se complètent. Les druides apparaissent donc comme des gens qui réfléchissent sur les éléments de connaissance qui nous sont fournis tant par nos sens que par notre intellect. La réalité historique de ce fait nous est bien confirmée par des auteurs postérieurs, Diodore de Sicile (90-20 av. notre ère), Strabon (58-25 avant notre ère), Pline l’Ancien. Déjà au IIe siècle avant l’ère chrétienne, on lit dans le Magikos du pseudo-Aristote les lignes suivantes : « Certains prétendent que le travail de la philoso- phie a commencé chez les barbares, chez les Perses par les mages, chez les Babyloniens et Assyriens par les Chaldéens, par les gymnosophistes chez les Indiens, chez les Celtes et Galates par les druides et les semnothées. » Les philosophes grecs d’avant Socrate sont donc, dans l’histoire, postérieurs aux druides. Le premier des physiologues avait été sur la Méditerranée, Thalès de Milet (635-548 av. notre ère). Lui avaient succédé Anaximandre, Anaximène et Pythagore. Pour Thalès, selon Aétius, l’âme était non seulement immortelle, mais encore et surtout un mobile éternel dans un monde un. Pour Aristote : « la plupart des premiers philosophes estimaient que les principes de toutes 9 LA SCIENCE DES DRUIDES choses se réduisaient aux principes matériels ». Nous sommes ici en présence d’un monisme qu’on appel- lera bien plus tard panthéisme, fondé sur la matière éternelle où rien ne se crée et rien ne se détruit. Pythagore avait été lui-même en contact avec les druides et avait reçu d’eux l’enseignement d’une doc- trine. De tous les auteurs de l’Antiquité qui ont parlé de lui et cité ses sources, un seul, un chrétien, Hippo- lyte a considéré que les druides avaient été ses élèves. Pour tous les autres, c’était Pythagore qui était l’élève et qui avait appris des druides les principes de la phi- losophie de la nature. Ne disait-on pas de lui d’ailleurs qu’il était l’Apollon Hyperboréen ? Ces mots, pour un Grec, signifiait le dieu, venu de l’Extrême nord-ouest de l’Europe et qui se maintenait en contact avec ses origines. Si tel était bien Pythagore, cela veut dire très clairement qu’il était arrivé sur la Méditerranée, à Crotone notamment, en Italie du Sud, après avoir séjourné pendant bien longtemps dans le pays prin- cipal des Mégalithes, c’est-à-dire dans l’espace d’Al- bion, d’Eire et de Létanie. Cela confirme donc qu’il a été l’élève des Maîtres de Sagesse. Pomponius Mela, en 43 de notre ère, les connais- sait. La date n’est pas dénuée d’importance : nous sommes là à l’époque où Tibère, empereur de 14 à 37, et Claude, empereur de 41 à 54, viennent de condam- ner ces insupportables magiciens. Pline l’Ancien et Suétone les traitent avec mépris, parlent de leur cruauté et de leurs opérations occultes. 10 LA SCIENCE DES DRUIDES Pomponius Mela, lui, dans son Livre III, se dresse contre ces accusations et défend les philosophes celtes. C’est, à leur égard, l’auteur le plus documenté. « Les Gaulois, dit-il, ont leur éloquence et des maîtres de sagesse, les Druides.