UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT

FORMATION DOCTORALE

Mémoire de Fin d’Etudes en vue de l’obtention Du Diplôme d’Etudes Approfondies En AGRO- MANAGEMENT

APPUI A L’INITIATIVE RURAL INVEST DU PSDR:

REFLEXION STRATEGIQUE SUR LA FILIERE PECHE TRADITIONNELLE

DANS LE SUD EST DE

Président du Jury : Pr. Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY Rapporteur : Dr. Romaine RAMANANARIVO Examinateurs : Dr. Martien van NIEUWKOOP : Dr. Bart MINTEN : Dr. Abel RATOVO

Présenté par Yannick Ariane RASOARIMANANA RABEMANANTSOA

Promotion R.O.M.A.I.N.E. Année Universitaire 2002-2003

Décembre 2003 i

R E S U M E

Le PSDR veut optimiser l’utilisation des données et des outils dont il dispose pour augmenter sa capacité de gestion et de maîtrise des coûts, et sa visibilité économique et financière dans ses efforts de développement et de lutte contre la pauvreté. Dans ce cadre, le but de l’étude est de conduire une réflexion stratégique sur la filière Pêche maritime traditionnelle dans le Sud-Est de Madagascar. Il s’agit d’initier une analyse des principaux risques du sous-projet d’amélioration des moyens de pêche traditionnelle à partir d’enquêtes, d’observations et de rencontres sur le terrain, afin d’orienter l’analyse de sensibilité de la filière. Les principaux risques retenus et analysés sont d’ordre structurel, technologique, commercial , financier et environnemental. Une méthodologie d’orientation de l’analyse de sensibilité basée sur une technique de scorification a révélé que les risques commerciaux et les risques technologiques influent sensiblement sur la quantité et la qualité des produits de pêche, ainsi que sur l’augmentation de revenu des ménages des pêcheurs à travers les prix des produits pratiqués sur le marché. Ce marché, dont les règles échappent souvent aux petits producteurs est fortement dominé par les collecteurs. Une méthode d’analyse des risques et de la sensibilité basée sur les décisions d’investissement est aussi initiée par l’étude. Mots clés: PSDR, Filière Pêche, stratégie, risques, sensibilité, quantité, qualité, prix, commercial, technologique. Nombre de pages :36 S U M M A R Y

PSDR wants to optimise the use of its data and tools which it has, to increase the efficiency of its capacity and costs management, and its economical and financial visibility in regards to development and poverty reduction. In this context, the purpose of the study is to conduct a strategic reflection on traditional sea-fishing commodity in the Southeast of Madagascar. An analysis is initiated on the main risks of the sub-project concerning the improvement of the means of traditional sea-fishing. Surveys, observations and meetings were conducted to direct a sensitivity analysis of the commodity. The main reserved and analysed risks are of structural, technological, commercial , financial and environnemental order. A technique of scorification revealed that commercial risks and technological risks influence appreciably on the quantity and quality of sea-fishing products, as well as on the increase of fishermen household income, through the products prices practiced on the market. A method of risk analysis and sensitivity analysis based on investment decision making is also initiated by the study. Small producers, so often, do not master the market rules. The market is strongly dominated by products collectors. Keywords: PSDR, Sea-fishing sector, strategy, risks, sensibility, quantity, quality, price, commercial, technological. Number of pages:36 ii

R E M E R C I E M E N T S

Qu’il nous soit permis de remercier vivement et sincèrement tous ceux qui nous ont aidé dans la réalisation de notre travail. Nous ne pouvons tous les nommer, car il nous serait difficile de préciser ce que nous devons à chacun d’eux. Notre profonde gratitude s’adresse particulièrement : A notre Président du Jury, Monsieur Le Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY, Directeur Scientifique de la Formation Doctorale en Agro Management, qui nous fait le grand honneur de présider l’évaluation de notre travail. Ses enseignements nous ont appris à devenir de vrai chercheur. Qu’il reçoive nos plus hautes considérations.

A notre Chef de Département, notre tuteur, Madame Le Docteur Ingénieur Romaine RAMANANARIVO, Responsable du Projet de Formation Doctorale en Agro Management, qui nous a permis de faire partie de la première promotion de cette Formation Doctorale . Grâce à son infaillible compétence et l’aimable rigueur de ses remarques qui ne s’est jamais départie d’une bonne humeur pleine de dévouement, en ville comme à la campagne, nous avons pu mener cette étude fastidieuse. Qu’elle reçoive notre plus profonde estime.

A nos Examinateurs, Monsieur Le Docteur Martien VAN NIEUWKOOP, Chargé de Programme de Développement Rural et Environnement à la Direction des Opérations de la Banque Mondiale à Antananarivo, notre encadreur professionnel, qui nous a orienté de façon stratégique vers un thème pertinent illustrant parfaitement les apports des Universitaires aux problèmes du Développement Rural et des Paysans, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle forme de partenariat utile et efficace. En acceptant d’évaluer cette étude, malgré ses charges de travail, qu’il trouve ici notre plus profonde gratitude

Monsieur le Docteur Bart MINTEN, Enseignant d’Economie et Econométrie à la Formation Doctorale, qui nous a conseillé tout au long de notre recherche, et a toujours été attentif à ce que la démarche scientifique soit bien respectée. Malgré ses responsabilités, il accepte de siéger parmi nos examinateurs, qu’il trouve ici l’expression de notre extrême reconnaissance. iii

Monsieur Le Docteur Abel RATOVO, Enseignant à la Formation Doctorale, qui nous a inculqué tous les rouages de l’Economie en Développement, sous sa forme Macro et Micro, et qui, par ses critiques bienveillantes et constructives nous a permis d’améliorer notre méthode. Qu’il sache combien nous lui sommes très reconnaissante.

A nos encadreurs techniques, Monsieur Le Directeur des Opérations du PSDR, Rivo RATSIMBARISON, dont la compétence dans le domaine du Développement et de l’Environnement est sans conteste, et qui a su, avec patience, nous guider dans le cheminement de notre travail. Qu’il trouve ici notre gratitude et notre sympathie.

Monsieur Le Directeur des Pêches, Mamy ANDRIANTSOA, du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et la Pêche, qui a bien voulu partager ses précieuses expériences avec nous. Nous lui renouvelons notre grande reconnaissance et lui souhaitons « Bonne Voile ».

Monsieur le Directeur de l’UPEP/ PSDR de Fianarantsoa Solofonirina RAJOHANESA, et à Monsieur Le Chef Service des pêches de , Andrianasolo J. ZAFIMANDIMBY, qui n’ont pas ménagé leurs peines pour satisfaire notre besoin de savoir, de comprendre, d’être bien informée aussi, en mettant à notre disposition les données techniques nécessaires à notre étude. Qu’ils reconnaissent entre ces lignes notre reconnaissance et notre sympathie.

Au Président du GTDR du Grand Sud-Est, Monsieur Lala RAKOTOARISOA, qui, au risque d’être acculé par les paysans, nous a toujours accompagnée dans tous nos déplacements sur le terrain. Qu’il trouve ici l’expression de nos vifs remerciements.

A tous les habitants des Communes visitées, aux membres des groupements, aux producteurs professionnels, aux opérateurs, à toutes les Autorités locales administratives et traditionnelles, qui nous ont accueillie pendant nos travaux de terrain, nous adressons nos sincères remerciements.

A tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé à la réalisation de ce mémoire, Merci.

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SOMMAIRE

RESUME……………………………………………………………………………………....i

REMERCIEMENTS………………………………………………………………….……….ii

SOMMAIRE…………………………………………………………………………….…….iv

LISTE DES ABREVIATIONS………………………………………………………….…....vi LISTE DES TABLEAUX ……………………………………………………………….…..vii LISTE DES CARTES…………………………………………………………………..…….vii I . INTRODUCTION ...... 1 II. METHODOLOGIE ...... 3 1 – CONSIDERATIONS PARTICULIERES...... 3 1.1. RÉFLEXION SUR LES FILIERES...... 3 1.2. RÉFLEXION SUR L’ANALYSE DE SENSIBILITÉ ...... 4 1.3. LES DECISIONS D’INVESTISSEMENT...... 5 1.3.1. ESTIMATION DES CASH FLOWS EN AVENIR INCERTAIN...... 5 1.3.1.1. Estimation des Cash flows ...... 6 1.3.1.2. Les probabilités des différents états de l’économie ...... 6 1.3.1.3. Calcul de l’espérance mathématique des Cash flows (ou Cash flow attendu) ...... 6 1.3.2. LA MESURE DU RISQUE ...... 6 1.3.2.1. Mesure du risque par l’écart-type...... 7 1.3.2.2. Mesure du risque par le coefficient de variation...... 7 1.3.3. LES METHODES D’INTEGRATION DU RISQUE LORS DE...... 8 LA PRISE DE DECISION...... 8 1.3.3.1. L’analyse de sensibilité ...... 8 1.3.3.2. Méthode de simulation (ou de scénarios)...... 8 1.4. POUR LE CIBLAGE DES ACTIVITÉS...... 10 2 - COLLECTE D’INFORMATIONS...... 10 2.1. EXPLORATION PRELIMINAIRE...... 10 2.2. ENQUETE FORMELLE ...... 11 3 . RISQUES ...... 12 III. RESULTATS ...... 13 1. LA REGION DE L’ETUDE ...... 13 2. LA FILIERE PECHE TRADITIONNELLE...... 15 2.1. LA CARTE DE LA FILIERE PECHE MARITIME TRADITIONNELLE...... 18 2.2 . LES FORCES ET LES FAIBLESSES...... 19 2.3. LES RISQUES ...... 20 2.3.1. LES RISQUES STRUCTURELS ...... 20 2.3.1.1. Des Bailleurs de fonds du PSDR...... 20 2.3.1.2. Du Projet PSDR...... 20 2.3.1.3. Des organisations des producteurs...... 21 v

2.3.2. LES RISQUES TECHNOLOGIQUES...... 21 2.3.3. LES RISQUES COMMERCIAUX...... 23 2.3.4. LES RISQUES FINANCIERS...... 24 2.3.5. LES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX...... 26 2.4. ORIENTATION DE L’ANALYSE DE SENSIBILITE...... 27 2.5. EXEMPLE D’ANALYSE DE RISQUE...... 30 2.6. EXEMPLE D’ANALYSE DE SENSIBILITE ...... 31 2.7. LES BENEFICIAIRES REELS DU PROJET...... 32 IV. DISCUSSIONS...... 32 V. CONCLUSION ...... 35

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………………..36

ANNEXES vi

LISTE DES ABREVIATIONS

BM : Banque Mondiale

CSB : Centre de Santé de Base

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FAO : Food and Agricultural Organization of the United Nations

FIMPAMIVO : Fikambanan’ny Mpanjono Mila Vonjy Nosimangarana

FNT : Flux Net de Trésorerie

FTMM : Fikambanan’ny Tanora Miara Mijoro

GELOSE : Gestion Locale Sécurisée

GSE : Grand Sud Est

GTDR : Groupe de Travail de Développement Rural Régional

MPAMI : Mpanarato Milay

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PADR : Plan d’Action pour le Développement Rural

PAGS : Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifié

PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural

SCS : Singata Consulting Service

TRI/TIR : Taux de Rentabilité Interne

UPEP : Unité Provinciale d’Exécution du Projet

VAN : Valeur Actuelle Nette vii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Les sous-projets PECHE TRADITIONNELLE MARITIME. Année 2001 ..... 16 Tableau n°2 : Les sous-projets PECHE TRADITIONNELLE. Année 2002...... 17 Tableau n° 3 : Forces et faiblesses de la filière pêche maritime traditionnelle dans le Sud Est...... 19 Tableau n° 4 : Récapitulation des TRI de quatre sous-projets de pêche traditionnelle...... 25 Tableau n° 5 : Orientation de l’analyse de sensibilité par rapport aux risques principaux...... 28 Tableau n°6 : Les déterminants de l’offre et de la demande...... 29 Tableau n°7 : Analyse du risque par l’écart type de 2 sous-projets de Pêche...... 30

LISTE DES CARTES

Carte n°1 : Répartition Spatiale des sous projets dans la région Sud Est (2001-2002)...... 14 Carte n°2 : La filière pêche maritime traditionnelle du Sud Est ...... 18

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I . INTRODUCTION

La grande majorité des pauvres à Madagascar se trouve concentrée dans le milieu rural. Ce milieu rural est constitué de plus de 78,1% de la population malgache dont 50,5% de femmes contre 49,5% d’hommes (9). C’est ainsi que, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, une attention particulière est accordée au développement rural et à la protection de l’environnement, à travers le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) (18). Le Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR) exécute une partie du PADR et doit permettre une augmentation de la productivité et une augmentation des revenus des petits producteurs. Pour mieux apprécier les impacts économiques des petits investissements productifs financés par le PSDR, la Direction Nationale de ce projet, avec l’appui de la Banque Mondiale, a l’intention de mettre en place le logiciel « RURAL INVEST », qui a été déjà testé et opérationnel dans plusieurs pays d’Amérique latine (19), pour une réflexion stratégique sur les filières qu’il finance. Ce Rural Invest constitue un outil d’analyse financière et économique et donc un outil d’aide à la décision d’octroi de financement des sous-projets présentés par les bénéficiaires. Il nécessite, cependant, le développement d’autres outils complémentaires comme préalables à sa mise en place. C’est ainsi que la mission de la FAO en début d’année 2003 a émis des recommandations au PSDR. Il s’agit, au niveau de chaque Unité Provinciale d’Exécution du Projet ou UPEP, d’initier une analyse des principaux risques par type de sous-projets afin d’orienter l’analyse de sensibilité et le recueil de données spécifiques au niveau local. Il s’agit également de réfléchir sur les filières actuellement encouragées par le projet, sur les risques commerciaux qui peuvent survenir, ainsi que sur les potentiels d’introduction de nouvelles filières ou activités par zone. En formulant l’hypothèse que le manuel d’exécution du PSDR est bien compris et respecté par tous les dirigeants et responsables du PSDR, les associations ou les groupements de producteurs en sont les bénéficiaires réels. De même, lors des formulations des sous- projets, les critères de décisions des choix des investissements se sont bien basés sur l’évaluation des flux nets de trésorerie générés par les opérations d’investissement qui doivent dégager un Taux de Rentabilité Interne ou TRI sur cinq ans supérieur à 10%, et que les Valeurs Actuelles Nettes ou VAN sont toutes positives. A moyen terme, on estime que l’investissement consenti dans ces petits projets productifs ait un impact positif dans la formation de la croissance économique. 2

La région du Grand Sud Est de Madagascar, dans la Province de Fianarantsoa, a été choisie en accord avec la Direction des Opérations du PSDR. Le Grand Sud Est de Madagascar est allongé sur une longueur de côte de plus de 400 Km de Ambinany- Sakaleona au Nord jusqu’à au Sud, face à l’Océan Indien. Ce qui lui confère l’état d’une zone de pêche par excellence. Compte tenu de ces objectifs, de ces hypothèses et des potentialités présumées, la structuration du présent document est basée sur : - La méthodologie décrivant les démarches, les types de risques et les variables retenus pour initier l’analyse de sensibilité suivant une option de scorification, suivie d’une méthode de mesure du risque, de son intégration lors de la prise de décision, puis d’une analyse de sensibilité. - Les résultats qui s’attachent, par filière et par type d’activités retenues, à ressortir les risques et sensibilités qui affectent la vie socio-économique des producteurs et la viabilité socio-économique des investissements consentis par le projet. - Les discussions sur l’anticipation des risques et sur la démarche supportée par les outils « Rural Invest », notamment l’implication des populations bénéficiaires à l’ensemble du processus, et l’élaboration des fiches d’informations saisies et de rapports produits par Rural Invest, qui en réalité, devrait inciter le technicien formulateur de sous-projets à réaliser une analyse de risques et à prévoir des mesures pour limiter les risques identifiés. - Des recommandations pour améliorer la formulation des sous-projets avec l’introduction des outils complémentaires de mesure du risque et d’analyse de sensibilité, préalables du logiciel Rural Invest.

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II. METHODOLOGIE

Si l’approche méthodologique s’est basée sur la recherche classique bibliographique, les contacts et rencontres de personnes ressources et personnes compétentes, les enquêtes et les observations effectuées sur le terrain, n’ont pas été pour autant négligés. Cependant, les particularités suivantes ont été priorisées dans l’approche.

1 – CONSIDERATIONS PARTICULIERES

Les considérations ci-après constituent des préalables : La filière est un système aux dimensions multiples et « représente à la fois : - un ensemble d’acteurs économiques en interrelation : de l’agriculteur au consommateur en passant par de multiples niveaux intermédiaires, - un ensemble de flux de produits, d’argent et d’informations, - un ensemble de comptes d’agents économiques, - un ensemble de processus techniques de production et transformation d’un produit, - un ou des types d’organisation des marchés. Sans marché, il n’y a pas de filière. » (13).

1.1. RÉFLEXION SUR LES FILIERES

Pour ce qui est de la filière, il est intéressant de savoir qu’elle « porte sur un produit final particulier et inclut toutes les entreprises participant à la fourniture des matières premières et à la production et distribution de ce produit » (7). D’une autre manière, « la notion de filière prend en compte les modes de coordination des échanges, les formes d’organisation des marchés et les rapports de forces entre groupes d’acteurs » (13). Il s’agit alors : • d’identifier les filières prioritaires pour le GTDR, • d’identifier la ou les filières qui pourraient avoir l’avantage d’être développées dans le GTDR,. • d’analyser la dynamique de la filière retenue dans le GTDR, à savoir : • la croissance de cette filière, • les forces motrices et contraintes de développement, • les meilleures possibilités de croissance,

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1.2. RÉFLEXION SUR L’ANALYSE DE SENSIBILITÉ

Il apparaît évident que l’analyse de la filière dans sa globalité ne peut être la prétention de cette étude, qui va se limiter alors à l’orientation de l’analyse de sensibilité des filières retenues, à travers un diagnostic rapide relevant en particulier les contraintes et les atouts des différents domaines de la filière, puis à l’analyse des risques, surtout les risques commerciaux liés aux investissements. Il s’agit alors de mener les actions suivantes : • Inventaire des sous-projets dans le GTDR concerné, • Identification de risques potentiels par sous-projet, • Identification des risques réels dans le contexte économique et de marché, • Évaluation sur le degré de risque réel pour l’ensemble des produits, • Contact et rencontres avec les intervenants de la filière,

Des variables critiques, de type effets ou impacts de chaque catégorie de risques liés aux activités seront choisies pour cette analyse de sensibilité. Elles serviront à une simulation sur variables critiques, pouvant influer de façon conséquente sur l’évolution de la filière. Il sera alors attribué une note allant de 1 (un) à 3 (trois) pour définir un degré de sensibilité croissante de telle sorte que : - la note 1 (+) signifie faiblement sensible, d’une hypothèse optimiste, - la note 2 (++) signifie moyennement sensible, d’une hypothèse moyenne, - la note 3 (+++) signifie fortement sensible, d’une hypothèse pessimiste. A ces notes sont assignés des coefficients de probabilités déterminant le poids des variables retenues par catégorie de risques. Les données de base sont celles issues des formulations techniques des sous-projets (20) du GTDR.

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1.3. LES DECISIONS D’INVESTISSEMENT

Pour apprécier la rentabilité des investissements qu’il consent, le PSDR utilise des critères de choix d’investissement utilisant l’actualisation. Il s’agit des critères de la VAN et du TRI qui tiennent compte de l’échelonnement des résultats d’exploitation dans le temps, généralement de cinq ans. Les catégories d’investissements, qui intéressent le PSDR dans les petits projets productifs, sont essentiellement : - des investissements d’expansion par accroissement de la capacité de production. Les calculs de rentabilité sont alors plus difficiles à cause de l’incertitude plus grande, liée à la technologie ou au marché, par exemple. - des investissements de remplacement ou de maintien. Il s’agit, généralement, de renouvellement d’immobilisations conditionnés par le progrès technique. En situation idéale, la décision d’investissement implique des dépenses importantes, fait souvent appel à des sources de financement externes, et exige de bonnes prévisions de ventes futures (21). Ce qui ramène, en sorte, à évaluer les projets d’investissement dans un avenir certain, donc sans risque. Cependant, dans le domaine du Développement Rural, il est rare qu’à Madagascar, à l’heure actuelle, l’on ait une certitude sur l’avenir des investissements. Ils comportent très souvent des risques liés à plusieurs phénomènes tels que le marché, la technologie, ou seulement au fait que les paysans tiennent rarement un compte d'exploitation ou de gestion. Aussi, dans la pratique, l’on ne peut évaluer un projet d’investissement sans s’intéresser au risque encouru. L’analyse de la rentabilité d’un projet devrait être alors complétée par une analyse du risque attaché à l’investissement pour permettre la prise de décision.

1.3.1. ESTIMATION DES CASH FLOWS EN AVENIR INCERTAIN

Cette estimation est faite en plusieurs étapes, à savoir : - estimation des cash flows sous différentes hypothèses, - estimation de probabilités des différents états de l’économie, - calcul de l’espérance mathématique des cash flows, - présentation graphique des distributions de probabilités. 6

1.3.1.1. Estimation des Cash flows

Les Cash flows, ou Marge Brute d’Autofinancement, sont estimés à partir d’une distribution de probabilité. Généralement, on considère trois hypothèses : - une hypothèse haute ou optimiste, - une hypothèse moyenne, - une hypothèse basse ou pessimiste.

1.3.1.2. Les probabilités des différents états de l’économie

Il s’agit d’attacher un certain coefficient de probabilité aux différentes hypothèses retenues. Ces probabilités peuvent être subjectives et déterminées par le preneur de décision, ou objectives, c’est-à-dire tirées des statistiques passées.

1.3.1.3. Calcul de l’espérance mathématique des Cash flows (ou Cash flow attendu)

L’espérance mathématique ou la valeur attendue des Cash flows d’un investissement est égale à la moyenne pondérée des Cash flows du projet. Cette espérance mathématique, ou moyenne, d’une variable aléatoire Xi est donnée par la formule : N

E(X) = ∑ Xi Pi i=1 où E(X) = Espérance mathématique ou valeur attendue Xi = Variable aléatoire (cash flows, rendement, …) Pi = Probabilité correspondant à la variable Xi

1.3.2. LA MESURE DU RISQUE

Le risque est une notion difficile à appréhender. Dans le domaine de la finance, le risque est fonction de la variabilité des Cash flows attendus ou des rendements attendus. Le risque est mesuré par l’écart-type des Cash flows ou des taux de rendement attendu du 7 projet d’investissement. Si les écart-types des Cash flows ou des taux de rendement de deux projets sont identiques, par exemple, le risque est alors mesuré par le coefficient de variation.

1.3.2.1. Mesure du risque par l’écart-type

L’écart-type δ d’une variable aléatoire Xi est donné par la formule :

n

δ = ∑ (Xi – X)² Pi i = 1

Où Xi = variable aléatoire (cash flow, rendement, …) X = espérance mathématique

Pi = probabilité correspondant à la variable Xi

Plus l’écart-type d’un projet est faible, moins le projet est risqué. Dans le cas de deux projets dont les cash flows sont identiques, on préférera l’investissement le moins risqué à écart-type faible.

1.3.2.2. Mesure du risque par le coefficient de variation Dans le cas où les deux projets présentent le même écart type, le risque sera mesuré par le coefficient de variation. Le coefficient de variation est le rapport entre l’écart-type δ et la moyenne M. Il est donné par la formule : δ V =  M Où V = Coefficient de variation δ = Ecart-type M = Moyenne pondérée des Cash flows L’investissement qui a le coefficient de variation le plus faible, parmi plusieurs projets identiques par exemple, est le moins risqué. 8

1.3.3. LES METHODES D’INTEGRATION DU RISQUE LORS DE

LA PRISE DE DECISION

Il existe plusieurs méthodes utilisées pour intégrer le risque : - la méthode d’actualisation ajustée par le risque, - la méthode des équivalents certains, - la méthode des arbres de décision, - l’analyse de sensibilité, - les méthodes de simulation. L’objet de l’étude portera sur l’analyse de sensibilité. Une présentation des méthodes de simulation est donnée en méthodologie à titre complémentaire.

1.3.3.1. L’analyse de sensibilité

Lors d’une étude du projet d’investissement, de nombreuses variables sont étudiées. Avant de prendre une décision, il est important d’identifier les variables qui ont un impact considérable pour le succès ou l’échec du projet. L’analyse de sensibilité consiste à attribuer, successivement à chacune des variables, certaines valeurs correspondant à des hypothèses favorables, moyennes, ou défavorables et à étudier l’effet de ces changements sur la VAN ou le taux de rendement d’un projet. On peut étudier, par exemple, l’incidence d’une variation des coûts variables ou de taille du marché, ou de part de marché, sur la rentabilité du projet. Si l’on s’aperçoit qu’une taille du marché faible risque d’entraîner de très mauvais résultats, alors des dispositions doivent être prises pour développer ce part de marché.

La mesure du risque sera appliquée à un sous-projet de Pêche maritime traditionnelle, sur la base des données techniques de la formulation faite, et sur la base des statistiques données par la Direction de la Pêche (cf. Annexe 3 )

1.3.3.2. Méthode de simulation (ou de scénarios)

L’analyse de sensibilité présente le défaut d’étudier l’influence de chacune des variables prises séparément sur le Cash flow ou sur le taux de rendement. Or, dans la réalité, 9 ces variables sont souvent interdépendantes. La méthode des scénarios consiste à effectuer des prévisions pour toutes les variables dans certains cas spécifiés. La méthode de D. Hertz (21) expose un modèle de simulation dans lequel il étudie séparément les facteurs qui déterminent le taux de rendement du projet, et examine la sensibilité de ce taux pour chaque facteur. Neuf facteurs caractéristiques de l’investissement ont été définis pour ce faire. Les facteurs caractérisant le marché : 1- Importance du marché 2- Prix de vente 3- Taux de croissance du marché 4- Part du marché Les facteurs caractérisant l’investissement : 5- Investissement prévu 6- Valeur résiduelle de l’investissement Les facteurs caractérisant les coûts de production : 7- Coûts d’exploitation 8- Coûts fixes 9- Durée de vie utile des installations Ensuite, un calcul de distribution de probabilités pour chacun des neuf facteurs est effectué. L’étape suivante consiste en une simulation par ordinateur. Celui-ci sélectionne au hasard une valeur pour chacune des distributions, l’associe à d’autres valeurs parmi les autres distributions et calcule ainsi le taux de rentabilité de l’investissement correspondant. Le processus répété plusieurs centaines de fois permet d’obtenir des centaines de taux de rendement. Ces taux de rendement seront classés en distribution de probabilité. Ainsi, l’on pourra déterminer le profil de risque du projet d’investissement. 10

1.4. POUR LE CIBLAGE DES ACTIVITÉS

En ce qui concerne les bénéficiaires du PSDR, il est clair que le manuel de procédures du PSDR (15) stipule que les critères de sélection des Communes bénéficiaires des sous-projets du PSDR sont liées au niveau de pauvreté et de développement de la Commune. Ces critères sont essentiellement : - L’accessibilité du Chef-lieu de la Commune ; il est généralement prouvé que plus une Commune est difficile d’accès, plus elle est pauvre. La logique admet donc que le projet attachera une préférence aux Communes enclavées. - L’accès de la population de la Commune à l’éducation . - L’accès de la population de la Commune aux services de santé de base. La confrontation des réalités sur terrain confirmera ou infirmera ce ciblage. Il s’agit en fait : • de confirmer les critères de ciblage établi par le PSDR, • d’identifier les profils des bénéficiaires des sous-projets, • de constater sur le terrain la réalisation des sous-projets, • de constater sur le terrain le profil effectif des bénéficiaires des sous-projets, notamment ceux concernés par la filière retenue,

2 - COLLECTE D’INFORMATIONS

2.1. EXPLORATION PRELIMINAIRE

Une rencontre avec le Chargé de Projet PSDR de la Banque Mondiale, à la Direction des Opérations d’Antananarivo, a été menée pour identifier la nécessité de faire une réflexion stratégique sur les filières financées par le projet PSDR, suite aux recommandations de la mission exploratoire de la FAO, dans les perspectives d’introduire et de bien adapter le logiciel « Rural Invest » pour le projet PSDR. Une autre rencontre avec les dirigeants du projet PSDR, a été aussi nécessaire pour bien dégager les attentes de ces responsables vis-à- vis du travail requis, de formuler la problématique et les hypothèses de travail, et de fixer les objectifs de l’étude. Plusieurs contacts avec les personnes compétentes et les personnes ressources ont favorisé l’obtention des informations nécessaires sur la zone du projet et la liste exhaustive des sous-projets financés par le PSDR dans cette zone. 11

2.2. ENQUETE FORMELLE

Une fiche d’enquête a été élaborée, dans la mesure où l’hypothèse de départ est que les sous-projets listés pour 2001 et 2002 sont des projets financés ou tout au moins en cours de financement. La crise politique de l’année 2002 a conduit à réorienter l’approche dans l’enquête formelle. En effet, il s’est avéré difficile de faire remplir les fiches d’enquête par la population échantillon car les financements ne sont pas encore mis en place. Ainsi, il a été opté, pour les besoins de l’enquête, de procéder à des discussions ouvertes à l’aide d’un guide d’entrevue (cf. Annexe 2). Ces discussions sont enregistrées sur magnétophone, avec l’aval des personnes et des groupements en présence, sur leurs attentes des sous-projets qu’ils ont soumis au PSDR. L’enquête a duré 20 jours, y compris la visite et l’entretien à Fianarantsoa avec le Directeur de l’Unité Provincial d’Exécution du Projet (UPEP). L’enquête est de type prospectif. Ainsi, la manipulation des données exige beaucoup de précaution. Le traitement des données de terrain a surtout servi à identifier le ciblage des bénéficiaires visés par le projet, et à apprécier de façon qualitative les données de l’analyse financière fournie par les formulations des sous-projets effectuées par les partenaires stratégiques. Le principal problème rencontré lors des visites de terrain réside dans la déception des enquêtés qui s’attendent à des apports financiers en réponse à leurs demandes datant de près de deux ans. Sur 20 projets 2001-2002 confondus de Pêche Traditionnelle Maritime, sur tout le GTDR du Grand Sud-Est, 10 ont fait l’objet de l’enquête, en respectant les priorités du Bailleurs de fonds, en l’occurrence le PSDR. En terme de financement, l’échantillonnage sur la Pêche Traditionnelle Maritime représente 80% du financement (cf. Tableaux n°1 et n°2).

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3 . RISQUES

Les principaux risques (10) qui seront retenus dans l’intérêt de l’étude, sauf pour les risques naturels et les catastrophes, sont d’origine : - structurelle : BM, PSDR, procédures, lenteur administrative, organisations paysannes… - technologique : package utilisé et/ou préconisé dans la formulation de projet, adapté et/ou adopté par les bénéficiaires, sinon il va falloir présenter des scénarii en fonction des changements des variables. Les différents variables peuvent agir, interagir, ou interférer entre elles dans la réalisation du projet, et cela aura des conséquences fastes ou néfastes sur l’augmentation du revenu. - commerciale, liée à la filière, au marché qui existe réellement, aux infrastructures routières, à la transformation, à l’agro-industrie - financière : retard de la mise en place du financement par rapport au calendrier cultural, prévision faussée, effondrement du cours de l’Ariary ou de l’USDollar, arrêt imprévisible du financement, prévision de trésorerie faussée… - environnementale : la pêche étant une activité pas comme les autres. En effet, l’activité halieutique doit sa spécificité à la ressource naturelle. Cette dernière est renouvelable, son abondance est variable dans le temps et dans l’espace, elle est quasiment incontrôlable et, une fois exploitée, elle est extrêmement périssable (4).

En terme d’analyse financière, il convient de relever les différentes valeurs choisies et retenues par le PSDR, dans le cadre de la formulation des sous-projets, quant au choix de la décision d’investissement.

En effet, les petits projets d’investissement ont été étudiés sous un angle purement économique pour apprécier correctement leur profitabilité.

Cette profitabilité a été basée sur deux valeurs : la Valeur Actuelle Nette ou VAN du petit projet d’investissement, et le Taux de Rentabilité Interne ou TRI sur cinq ans du petit projet d’investissement, tout deux basés sur les Flux Nets de Trésorerie ou FNT.

La VAN est un critère de choix d’investissement qui permet d’apprécier l’importance de la trésorerie nette dégagée par un projet, actualisée à sa date de lancement. Elle est calculée par la somme des Cash flows actualisés déduites des Dépenses d’Investissement. 13

Le TRI est un taux qui annule la valeur actuelle nette (VAN) des flux nets de trésorerie (FNT) générés par un projet d’investissement. (3)

Dans les situations de projets indépendants, ce qui est souvent le cas des petits projets productifs financés par le PSDR, il est indifférent d’utiliser le critère de la VAN ou du TRI.

III. RESULTATS

1. LA REGION DE L’ETUDE

Le GTDR du Grand Sud Est a été parmi les derniers créés, et démontre une certaine force de dynamisme et de vivacité, malgré l’éloignement et les difficultés d’accès en période de pluie en certaines localités. Ce GTDR comprend onze Fivondronana du littoral allant de et Mananjary au Nord – Est, en passant par Manakara, , et au bord de la mer au Sud-Est à au Sud , Midongy Atsimo et au Sud – Ouest ainsi que et au Nord –Ouest(18). L’ensemble des régions du GSE totalise une superficie de près de 39 000 Km² (14). Le type de pêche qui intéresse l’étude est la « pêche maritime traditionnelle », définie comme « pratiquée par les pêcheurs traditionnels et caractérisée par l’utilisation des pirogues non motorisées, exploite surtout les ressources marines côtières ne dépassant pas les 10 km de la côte au large. Les espèces les plus exploitées par ce type de pêche sont les poissons, les crevettes, les crabes, les trépangs, les langoustes, les ailerons de requin,… » (11) Une scorification des projets présentés au financement par le PSDR, pendant les années 2001 et 2002, a permis de dégager prioritairement la filière « pêche traditionnelle » comme filière porteuse, et la filière « apiculture » comme filière émergente. La carte n°1 suivante montre les onze Fivondronana ainsi que la répartition spatiale des sous- projets dans la région du Sud-Est pour la campagne 2001/2002.

14

Carte n° 1 : Répartition Spatiale des sous projets dans la région Sud Est (2001-2002)

PSDR FIANARANTSOA REPARTITION SPATIALE DES SOUS PROJETS DANS LA REGION SUD EST ANNEE 2001/2002

# Æc NOSY-VARIKAå 12 "B # Ö

Vohitrandriana # Ö ð # # ð Ambodinonoka Mahela U # # " Æc # Þ # Vohilav a Mahatsara Efaka # Æc 25 "U MANANJARY # 13 å # IFANADIANA "P Ant aretra !A Ñ # Æc "U "Y # Æc # "M Kianjav ato "B Þ Legen de Sous Proje ts # Ö GCV # Æc "P Poules pondeuse Ñ Vaches laitières

Vohim anit ra # Amélioration Pêche traditionnelle Æc Am botak a å # Vohilav a # 13 # # # ð Amélioration moyen de production "B Ampasimboraka # Vohimasina Sud IKONGO Þ "B Apiculture

# 42 å Ik ongo å å å App ro visionneme e n matériel de p êch e å å ê Þ Arboriculture Am bila B # B # " Mahavelo " Conserva tion du sol et environ nemen t # # # Anosiala Ivakoana ó# Þ ó Sorom bo Þ Ñ Coupe et Couture Bek atra # # Þ # Þ "Y Vohim asy MANAKARA Cult ures vivrières Am balarok a # Ö ó Lok omby "U Þ ó # Ö# "U Æc Développement Integré Vat ana # # B Ö "U " "U Elevag e cana rds mulards # Mahasoabe # å B Elevag e porcin Æc # "P " VOHI PEN O Vohiboreka Ö # Vohipeno # Cult ure g ingembre

U ó # " 17 å # Onjat sy # Iv at o Ouvrages hydroagricoles "P # Æc PCD ó å "Y Pisciculture Ambohimandroso # "P Elèvag e pou les pondeuse Manambidala # "M Pépinière Agro

Pêch e continent ale 16 !A VONDROZO 30 Mahatsinjo FARAFANGANA # "P Cours d'eau Limite Sous-Préfecture Æc Limite GTDR # Ant okonala # Chef lieu Commune

09 Nombre Commune / Fivondronana

Routes

28 Route provinciale VANGAINDRANO Route Nationale Route Nationale classé "U # ó Am pasim alem y å 06 MIDONGY ATSIMO å å Masihanaka #

å å # Æc 20 0 20 Kilometers BEFOTAKA

06

Source : BD 500 FTM PSDR Fianarantsoa Réalisation : Nov 2002 Projection : Laborde Madagascar ( Km)

UTC Fianarantsoa

15

2. LA FILIERE PECHE TRADITIONNELLE

Les visites de terrain, ainsi que les interviews effectués au niveau des pêcheurs traditionnels se sont déroulés principalement dans la région de Manakara et de Vohipeno. La raison en est que l’identification par scorification des sous-projets financés par le PSDR, dans le GTDR du GSE, a fait ressortir les groupements de pêcheurs bénéficiaires pour les années 2001 et 2002, tel que cela est indiqué dans les tableaux n° 1 et n° 2. Sur 10 sous-projets productifs financés pour l’année 2001, les dix concernent tous la pêche traditionnelle pour un coût total de 550 967 150 Fmg, dont 49 470 500 Fmg constituent les apports des bénéficiaires. Les accords de dons ont été signés les 27 et 28 Décembre 2001, pour 10 groupements de pêcheurs à raison de sept à Manakara et trois à Vangaindrano (cf.Annexe1). Sur 96 sous-projets productifs devant être financés pour l’année 2002, 10 concernent la pêche et la pisciculture, pour un montant estimatif de 465 622 860 Fmg, pour des groupements répartis à Mananjary, Manakara, Vohipeno et Vangaindrano. Sur 39 sous-projets productifs financés pour l’année 2003, cinq concernent la pêche et la pisciculture pour un montant de 203 607 000Fmg. Les 7 groupements de pêcheurs de la région d’ Loharano Manakara, pour le financement de 2001, ont tous été visités, à savoir, MAMIRATRA, TARATRA, IRANTO, MIAVOTENA, MANDROSO, TSIMIALONA, VELON’ANTSIRAKA. Les groupements bénéficiaires de l’année 2002 visités sont : FIMPAMIVO de Mangatsiotra Manakara, le gros regroupement MPAMI ou Mpanarato Milay, qui regroupe 91 pêcheurs de six associations différentes, se trouvant dans les deux communautés d’Andakary et d’Ambinany dans la Commune Rurale de Vohindava, Vohipeno, et MIARA-MIZOTRA pour les femmes des pêcheurs, toujours à Ambinany, Vohipeno. Il a été difficile de faire une analyse économique et financière acceptable dans la mesure où aucun groupement visité, même de financement de 2001, n’a encore reçu en totalité le financement prévu ou les matériels prévus par le sous-projet. Les pêcheurs ne pouvaient donc répondre aux questions sur les variations des revenus, des pertes et des bénéfices générés par le projet, l’évolution des conditions de vie avec l’avancement du projet. A la question sur la sensibilité de leur activité de pêche par rapport à leur revenu, ils sont unanimes à dire que les mauvaises qualités de leurs moyens de production diminuent leur possibilité d’accroître leur revenu [« Fitaovana ratsy = Tsena ratsy »]. 16

Tableau n°1 : Les sous-projets PECHE TRADITIONNELLE MARITIME. Année 2001

Montant SP Sous Préfecture Commune Fokontany SP Type de SP Nom Association (Fmg) % tot SPr

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime MAMIRATRA 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime TARATRA 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime IRANTO 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime MIAVOTENA 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime MANDROSO 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Pêche trad maritime TSIMIALONA 61 930 000 11,24

MANAKARA Ambila Ambila SP 01 Appro matériel de pêche trad Velon’Antsiraka 62 897 150 11,42

Total MANAKARA 434 477 150 78,86

VANGAINDRANO Mahasihanaka SP 01 Pêche traditionnelle VASIA 38 830 000 7,05

VANGAINDRANO Manambondro Manambondro SP 01Pêche traditionnelle ZAZAMARO 38 830 000 7,05

VANGAINDRANO Mahabe Vangaidrano SP 01Pêche traditionnelle MAROMANGA 38 830 000 7,05

Total VANGAINDRANO 116 490 000 21,14 MONTANT TOTAL 550 967 150 100,00

Sources : PSDR/UPEP Fianarantsoa et Auteur

17

Tableau n°2 : Les sous-projets PECHE TRADITIONNELLE. Année 2002 Montant Sous Préfecture Commune Fokontany SP Type de SP Nom Association SP(Fmg) % tot sp 2002 % tot SPr SP VOHIPENO Vohindava Ambinany Andakary 02 Pêche Maritime et continentale MPAMI 55 658 000 69,83 SP VOHIPENO Vohindava Ambinany Andakary 02 Pêche Maritime et continentale MIARA MIZOTRA 24 043 300 30,17

Total VOHIPENO 79 701 300 1,49 100,00 SP MANAKARA Mangatsiotra Nosimangarana , Antsary 02 Pêche Maritime et continentale FIMPAMIVO 47 109 700 100,00

Total MANAKARA 47 109 700 0,88 100,00 SP VANGAINDRANO Masianaka AmbalabeMahatsinjo 02 Pêche Maritime et continentale FFMPALM 55 175 000 SP VANGAINDRANO Manambondro Kidilanitra 02 Pêche Maritime et continentale TSARADIA 56 256 000

Total VANGAINDRANO 111 431 000 2,08 SP MANANJARY Nakitaina 02 Pêche Maritime et continentale FANDRESENA 46 314 600 SP MANANJARY TSARAVARY Ankatafana 02 Pêche Maritime et continentale MMTM 51 628 160 SP MANANJARY TSARAVARY Ampangalana/Marohita 02 Pêche Maritime et continentale LEMA 37 454 400 SP MANANJARY TSARAVARY Ambohitsara 02 Pêche Maritime et continentale FTMM 47 410 000 SP MANANJARY Mahela Anilavinany 02 Pêche Maritime et continentale TSARAVINTANA 44 573 700

Total MANANJARY 227 380 860 4,25

MONTANT TOTAL 465 622 860 8,71 18

2.1. LA CARTE DE LA FILIERE PECHE MARITIME TRADITIONNELLE

Les informations recueillies sur la circulation des produits de pêche, ont permis de dresser sommairement la carte de la filière pêche maritime traditionnelle suivante.

Carte n°2 : La filière pêche maritime traditionnelle du Sud Est (Source : Auteur)

Consommateurs Consommateurs

Urbains Ruraux Etrangers

Grandes surfaces Marché local Marché étranger Vente au Poissonneries (100% femmes) Détail

Vente en gros Opérateurs/ Exportation Opérateurs Exportateurs

Collecte/ Conditionnement Opérateurs Mareyeurs (80% Opérateurs/ femmes) Conditionneurs

Pêche/Capture Pêcheurs Pêcheurs Pêcheurs (100% hommes) (100% hommes) (100% hommes)

Intrants Artisans locaux Artisans locaux Artisans locaux (Pirogues, filets...) Epiciers Epiciers Epiciers 19

2.2 . LES FORCES ET LES FAIBLESSES

Le tableau n° 3 suivant résume les principales forces et faiblesses de la filière pêche maritime traditionnelle dans la zone d’étude, telles qu’elles sont perçues par les pêcheurs eux-mêmes, par leur famille, par l’administration communale ou technique, et par l’auteur.

Tableau n° 3 : Forces et faiblesses de la filière pêche maritime traditionnelle dans le Sud Est

CRITERES FORCES FAIBLESSES GEOGRAPHIQUE Littoral marin de 400 km Façade violente de l’Océan Indien

Courant marin stable sur influence des alizés - alizés forts jusqu’à 50km/h de 5h à 10h pendant une grande partie de l’année CLIMATIQUE - fréquence des houles - fréquence de vents forts de Mai à Août (12) - Pêcheurs depuis des générations Pas d’entraide; chacun pour soi; Métier à haut - Plus de 40% des pêcheurs ont fait l’école risque; SOCIO CULTUREL primaire Inexistence de véritables organisations professionnelles de pêcheurs; Maîtrise de la technique traditionnelle et - Équipement et matériel inadaptés TECHNIQUE rudimentaire de pêche dans les zones autorisées - Mauvaise qualité des filets entraînant de mauvaises captures - Existence de plusieurs espèces de fruits de mer à - Faiblesse de la qualité des captures due à valeur ajoutée intéressante; mauvaise qualité des moyens de production; ECONOMIQUE - Demande très élevée; Marché encore vaste - Mauvaises techniques de conservation, (niveau local, national, international) manque d’accès au marché.

Assurance d’un revenu monétaire consistant, - Dominance des collecteurs maîtres des prix; surtout pour les produits à haute valeur - Concurrence avec les pêcheurs industriels, à

commerciale : civelle, bichique, langouste, chalutiers qui empiètent sur les zones des FINANCIER crevettes « deux miles »(2),entraînant dans leur sillage les filets de pêche, les pirogues et même les pêcheurs

- Existence d’un Service des Pêches à Manakara - Difficulté dans les suivis et évaluations dues assurant l’encadrement technique et le contrôle des aux équipements et matériels de déplacement et produits de pêche et des pêcheurs; de surveillance, inadaptés

- Relevés systématiques et réguliers des - Mal aisance si recours aux équipements ou ADMINISTRATIF statistiques des pêches; matériels des opérateurs - Informations des pêcheurs sur la situation du marché ou autres communications intéressantes par voie de radio locale;

Environnement marin riche, encore peu exploité - Ressources Naturelles Tarissables

Renouvelables. Stocks mal connus. ENVIRONNEMENTAL -Exploitation irrationnelle des forêts environnant par la confection de pirogues ; Source : Auteur 20

2.3. LES RISQUES

Plusieurs types de risques peuvent être identifiés si l’on tient compte des difficultés rencontrées par la filière qui découlent des faiblesses décrites plus haut. Cependant, pour l’intérêt de l’ étude, quatre types principaux de risques seulement sont retenus, parce que la plus petite variation de leurs effets ou conséquences peuvent influer plus ou moins grandement sur une ou plusieurs sections de la filière.

2.3.1. LES RISQUES STRUCTURELS

Il s’agit des risques qui sont liés à la structure même des entités entrant en ligne de compte dans la décision d’octroi de crédit aux petits projets d’investissements productifs, présentés par les groupements de producteurs. Ils peuvent être de diverses origines.

2.3.1.1. Des Bailleurs de fonds du PSDR

Dans la mesure où les accords de crédit sont signés et mis en œuvre par l’Etat Malagasy et la Banque Mondiale, ce type de risque aura très peu d’influence, à moins que la non mise à disposition des lignes de crédit relevant de chaque partie est manifeste ou accuse un très grand retard. Dans ce cas-là, c’est tout le système qui se trouve paralysé, y compris l’arrivée à temps du financement prévu auprès des pêcheurs.

2.3.1.2. Du Projet PSDR.

Le changement de structure du personnel du projet a pu entraîner un retard d’approbation et de mise en place des financements à octroyer aux pêcheurs. Alors qu’il faut noter qu’il existe bien une saison de pêche et de capture des produits de la mer. Par conséquent, les revenus escomptés par la demande de financement du projet seront retardés d’une saison entière qui peut durer de huit à dix mois. Il est nécessaire de bien prévoir ces périodes de changement dues normalement aux fins de contrat des agents d’exécution, de les raccourcir et d’éviter au maximum les effets néfastes sur la crédibilité du projet.

21

Les lenteurs d’analyse des demandes, de formulation par les partenaires stratégiques, et de décision d’octroi du financement peuvent également nuire à la qualité des différents résultats escomptés. Apparemment, le manuel d’exécution du PSDR n’exige pas en soi des procédures ni sophistiquées, ni trop longues, mais tout repose sur le niveau de professionnalisme des concepteurs et des techniciens analysant ces sous-projets.

2.3.1.3. Des organisations des producteurs.

Il a été remarqué que les associations en face du PSDR viennent presque toutes d’être créées tout récemment, uniquement dans l’optique d’obtenir « l’argent du PSDR ». Ceci nuit gravement à la durabilité et la pérennité des acquis du projet. Un manque manifeste de professionnalisation dans le regroupement des pêcheurs fait que des besoins en formation en gestion d’exploitation et en technique de production sont de nouveau enregistrés. A Ambinany Vohipeno, les pêcheurs mal organisés risquent d’être démotivés car n’ont pas appris à être animés des mêmes aspirations dans la perception de lutte contre la pauvreté. Ceci est d’autant plus vrai, que parmi leurs faiblesses figure l’absence d’entraide, mais qu’ils se disent prêts à assumer de nouveaux rôles à condition qu’ils soient formés. Le sujet sur la Professionnalisation des Producteurs s’avère d’une grande acuité dans cette région du Sud-Est.

2.3.2. LES RISQUES TECHNOLOGIQUES

D’après J.MORIN (16), la « technologie, c’est l’art de mettre en œuvre, dans un contexte local et pour un but précis, toutes les sciences, techniques et règles fondamentales qui entrent aussi bien dans la conception des produits que dans les procédés de fabrication, les méthodes de gestion ou les systèmes d’informations de l’entreprise ». Le Petit Larousse la traduit comme un « ensemble de savoirs et de pratiques, fondé sur des principes scientifiques, dans un domaine technique ». Ainsi, les risques technologiques sont-ils aussi bien liés à des critères de valeur du « système à faire », qu’à des critères de projet, c’est-à-dire, du « système pour faire ». Il est très important de noter que, de tout temps, les innovations techniques et technologiques sont les meilleures gageures de réussite des projets de développement. Un bon usage doit, 22 cependant, en être fait, c’est-à-dire avoir des utilisateurs capables de les apprécier,de les internaliser, et de se les approprier. En ce qui concerne les pêcheurs du Sud-Est, il a été déjà décrit que leurs techniques de pêche sont restées des plus traditionnelles se transmettant de génération en génération. Ils utilisent des moyens de pêche très rudimentaires, avec des rendements de capture très faibles. Ils ont cependant pris bien conscience des avantages que leur procure une amélioration des techniques, par l’introduction d’innovations technologiques, qui se traduit en amélioration des filets de pêche de capacités variables. Plus mitigée est l’amélioration des pirogues de pêche qui leur a été soumise et qu’ils ont accepté « à titre expérimental ». En effet, la pirogue améliorée consiste en une pirogue toujours en bois du pays, à balancier et à moteur, ceci afin d’augmenter la vitesse et le ratissage plus large, dans le but d’augmenter la quantité et la qualité des captures. Les conséquences seront certainement l’augmentation du revenu. Malheureusement, sans recherche et développement préalable, la mise en mer de ce type d’innovation technique a provoqué son coulage en mer. Tous les efforts d’investissement pour améliorer la production, augmenter le revenu ,améliorer les conditions de vie et lutter contre la pauvreté se trouvent du coup anéantis et ont coûté trop cher. L’on enregistre alors de nombreux types de pertes : temps, argent, production élevée escomptée, augmentation du revenu élevée escomptée, de motivation des pêcheurs… Il est intéressant de noter que toutes les formulations de projets soumis par les partenaires stratégiques, ne font état d’aucune fiche technique de référence dans leur calcul de besoins d’investissement des sous-projets. Il serait également intéressant de pouvoir les comparer avec les appréhensions paysannes des procédés décrits dans ces fiches de référence par rapport à leur fiche technique empirique. Le non accomplissement de l’un ou l’autre critère ou de plusieurs critères combinés de ces fiches de référence, entraîne plusieurs types de risques liés à la non satisfaction des exigences requis par la bonne exécution du sous-projet même. Le lien, qui pourrait être fait à ce moment-là, sera le partage des responsabilités sur les causes de l’échec des projets. Les risques technologiques peuvent avoir également des impacts négatifs sur l’environnement. Si l’on dénombre près de 20 000 pirogues dans toute l’île pour les pêcheurs traditionnels, à renouveler tous les deux ou trois ans, cela signifie que près de 10 000 arbres de grandes tailles par an doivent disparaître si aucun moyen de substitution n’est adopté, comme par exemple, les pirogues en polymères très résistants et modernes. Il est clair alors que les risques technologiques présentent des sensibilités assez élevées dans l’évaluation qui peut être faite. 23

2.3.3. LES RISQUES COMMERCIAUX

Ces risques sont liés à la filière, au marché qui existe réellement, aux infrastructures routières, à la transformation, à l’agro-industrie. En ce qui concerne la filière, l’on peut dire que les produits des pêches constituent la principale source de consommation locale de protéines à Madagascar. La pêche traditionnelle, qui est une source vitale d’emplois, de sécurité alimentaire et de nutrition, est surtout pratiquée sur la côte Ouest de l’île tel à Toliara, Morondava, Mahajanga et Nosy Be . La côte Est est en général fortement exposée aux variations climatiques et à la relative violence de la mer, quoiqu’elle n’en soit pas moins riche en biodiversité marine.

De bons prix du marché de poissons, associés aux richesses et diversités des captures, font que les pêcheurs ne peuvent tout de même pas être classés parmi les couches les plus pauvres, les plus vulnérables et défavorisées. Cependant les rendements par pêcheur, ne dépassant pas en moyenne 5 kg par jour de pêche et les revenus individuels en conséquence, sont assez bas et tendent à décliner.

Le marché des produits de la mer est vaste, malgré les difficultés rencontrées par les pêcheurs, car les malgaches en général méritent encore de manger plus de poissons qu’ils ne le font aujourd’hui. Sur le plan commercial, c’est une filière prometteuse aussi bien sur le plan local, national qu’international. Toutefois, des attentions particulières méritent d’être retenues quant à l’estimation des stocks de produits de mer. Effectivement, ils font partie des Ressources Naturelles Renouvelables et Tarissables, ce qui peut être un « risque système » lié à des critères de valeur.

Une surproduction des produits de la mer ne constitue pas un vrai risque à court terme, car en conséquence, si le marché est en parfaite concurrence, il s’équilibre par les jeux de l’offre et de la demande. Mais une surexploitation de certaines espèces risque fortement de nuire à l’écosystème marin et à la préservation de la biodiversité marine. « Madagascar est entouré de mers tropicales de productivité relativement faible. Ses ressources marines sont aussi relativement mal connues. Les ressources halieutiques, en général, sont limitées » (1). Le marché des produits de mer existe réellement mais apparaît toutefois assez fragmenté dans la mesure où, très souvent, les pêcheurs sont à la merci des petits collecteurs, ou des 24 mareyeurs, qui fixent les prix au niveau des producteurs même si les variations des prix du marché sont insignifiantes quel que soit la période. Il suffit que l’état des routes soit de très mauvaise qualité, qu’il faut faire plus de 10 km à pied avec les marchandises sur la tête, ou encore être accompagné par des hommes à bicyclette, que les « mareyeurs » imputent tous les frais d’approche à la charge des pêcheurs. Les mareyeurs sont généralement des femmes commerçantes de poissons, qui achètent le produit au débarquement et le revendent au marché du village ou dans les villages avoisinants (1). Les opérateurs, qui passent des contrats avec les pêcheurs et qui viennent jusqu’à eux pour récupérer les produits des pêches, raisonnent à peu près de la même façon. L’alternative pour les pêcheurs, pour essayer de gagner plus dans leurs affaires, c’est de bien s’organiser autour de la filière et de mettre toutes les forces à contribution pour développer chaque section de la filière depuis l’amélioration des moyens de production, l’amélioration des capacités de stockage, l’amélioration des équipements de fumage ou de transformation, à l’acheminement des produits vers les marchés locaux. Il est clair aussi que l’état des accès aux zones productrices, mais pratiquement enclavées, conditionne les motivations des industries de transformation à s’implanter dans les zones. Les opérateurs autorisés dans le Sud-Est, au nombre de sept pour l’année 2003, reconnaissent les difficultés des pêcheurs traditionnels à satisfaire les commandes contractuelles. Cependant, ils ne se lassent pas non plus de les supporter de leur mieux dans la mesure où ils reconnaissent tous que le marché est encore grand, et que certainement la pêche maritime traditionnelle améliorée, bien organisée, arrivera le plus rapidement à améliorer les conditions de vie des pauvres du Sud-Est. Les retombées économiques sont de plusieurs natures, comme la création d’emplois pour les jeunes qui peuvent s’investir dans l’approvisionnement des intrants, dans la distribution et la commercialisation des produits suivant un réseau à densifier au fur et à mesure de l’avancement des réhabilitations des routes dans la région, dans la province et dans le pays.

2.3.4. LES RISQUES FINANCIERS

Les risques financiers peuvent survenir aussi bien du système que du projet. Du système, le principal risque est la variation du cours de la monnaie locale, s’il s’agit du marché intérieur, ou du cours du dollar US généralement, s’il s’agit du marché extérieur. 25

Les conséquences en seraient la diminution des revenus escomptés, qui peuvent entraîner la démotivation et même l’abandon de l’activité, comme ce qui se passe pour la culture du café. Quoiqu’il en soit, ce type de risque n’est pas inhérent à la filière pêche toute seule et se règle à des niveaux de décisions plus élevés. Les risques liés au projet sont cependant assez réels, tel le retard de la mise en place du financement par rapport aux périodes de pêche, entraînant une baisse du revenu et une démotivation des pêcheurs. Généralement, les périodes de pêche sont de Septembre à Mars pour les poissons et de Avril à Décembre pour les langoustes et les crevettes. Les pêcheurs espèrent obtenir le maximum de production et de revenu de Septembre à Décembre. Alors, si le financement n’arrive pas à temps, leur espoir se reporte à la campagne suivante de l’année prochaine, et tous les délais se retrouvent alors décalés. Les prévisions de trésorerie, base de calcul des formulateurs des sous-projets, sont alors faussées, dans la mesure où le financement n’a pas été mis en place comme prévu. Les critères de choix d’investissement utilisés comme la VAN et le TRI, doivent alors être actualisés par rapport à un coefficient de risque, qui pourrait être le même que le taux d’actualisation, ramené à la probabilité de retard engendré entre l’octroi effectif du financement et son arrivée réelle chez les bénéficiaires. L’analyse des tableaux de financement soumis dans les formulations des sous-projets, par exemple, a fait ressortir des différences considérables quant à la valeur du TRI, pour le même type de projets d’amélioration des moyens de pêche traditionnelle, dans la même région du Sud-Est, tel que le montre le tableau n°4 récapitulatif suivant :

Tableau n° 4 : Récapitulation des TRI de quatre sous-projets de pêche traditionnelle Commune Organisation Formulateur de TRI Fivondronana Rurale Demandeur sous-projet (%) 18 Manakara Mangatsiotra FIMPAMIVO ONG IFT

16 Mangatsiotra FTMM ONG IFT

Singata Consulting Vohipeno Vohindava MIARA MIZOTRA 85 Service (SCS) 72 Vohindava MPAMI SCS

Source : Auteur

26

A voir ce tableau, il apparaît que les modes de calcul diffèrent selon le formulateur de projet, puisque la variation des TRI est trop sensible d’un service à l’autre, pour un même type de projet, dans une même région. Mais comme on est dans des situations de projets supposés indépendants les uns des autres, ces différences notoires n’influent pas sur les décisions d’investissement. Il serait intéressant, cependant d’en constituer une base de données de références pour les calculs et les décisions futurs, pour toutes les filières et tous les types d’activités financées par le PSDR. C’est la raison pour laquelle le support méthodologique de Rural Invest, utilisé par tous les techniciens en charge de la conception et de la formulation des sous-projets, gagnerait à minimiser les écarts trop important du genre de ces calculs de TRI.

2.3.5. LES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX

« La ressource naturelle est à même de se reproduire sans l’intervention de l’homme. Ceci étant, la nature impose des limites à cette reproduction. » (4). C’est ainsi que les environnementalistes et les biologistes, en général, s’intéressent particulièrement et prioritairement à la dynamique (ou production nette) de la population ichtyque. La disponibilité de la ressource halieutique varie au cours de l’année, ainsi que la part relative des différentes espèces. Ce phénomène ne rythme pas seulement l’exploitation, mais aussi le cycle de vie des ressources halieutiques, en imposant des périodes de repos à l’ovulation et à la croissance biologique, par exemple. La ressource est aussi sujette à des variations d’une campagne à l’autre, dont les tendances sont plutôt liées aux capacités des stocks. Stocks, malheureusement encore mal connus à Madagascar sinon que nos mers ne paraissent pas si productives par rapport aux autres mers des côtes de l’Afrique Occidentale. En outre, la ressource est aussi mobile, et les fameux bancs, de telle ou telle espèce repérée une fois, risquent de disparaître la fois suivante. « Enfin, une fois capturé, le poisson est une denrée extrêmement périssable, ce qui en l’occurrence, est d’autant plus préjudiciable que les lieux d’embarquement sont multiples et les chaînes de froid inexistantes », que les procédés de préparation et de transformation font défaut également. (4) C’est ainsi qu’il existe un antagonisme entre les objectifs biologiques et les objectifs économiques. « La ressource doit pouvoir se reproduire harmonieusement et son exploitation rester en deçà du niveau biologiquement acceptable, maximum sustainable yield. Cet objectif 27 est atteint avec l’effort de pêche, et tout dépassement conduirait infailliblement à la surexploitation biologique. » (4) Le pêcheur a conscience de ces préoccupations. Il tient à se prémunir contre des risques écologiques d’une baisse de production et des risques économiques d’une baisse de l’autoconsommation et du pouvoir d’achat. Cependant, les objectifs immédiats qu’il poursuit sont de réaliser un volume de production souhaité et rentabiliser ses facteurs de production. Pour éviter des risques écologiques graves, il doit y avoir un niveau de production « idéal » à respecter, maximum economic yield, qui correspond à l’effort de pêche. Cet effort de pêche se caractérise à la fois par le surinvestissement économique, la surexploitation biologique et la dissipation de la rente. (4). Ici, le contrôle et la surveillance des pêches joue un rôle primordial sur l’aspect environnemental.

2.4. ORIENTATION DE L’ANALYSE DE SENSIBILITE

L’analyse des principaux risques, faite plus haut, fait ressortir un certain nombre d’impacts défavorables, pour la plupart, dans l’atteinte des objectifs du projet. Les principaux impacts, ressentis uniquement du côté et du point de vue du pêcheur qu’on peut identifier, peuvent se décliner en autant de variables critiques qui peuvent influer sur l’activité de pêche:

- Baisse de la quantité produite, - Qualité dégradée des produits, - Prix défavorables aux pêcheurs, - Démotivation des pêcheurs, - Abandon du métier.

Les variables sont pris expressément dans le négativisme, dans la mesure où l’aversion pour le risque est normalement et couramment comprise sous sa forme d’ effet néfaste ou défavorable. Ces variables peuvent parfois être appelées variables groupées ou variables dimensionnées, car elles admettent le même ensemble de réponses, et qu’il est commode de les traiter parallèlement, par les appréciations « peu sensible », « moyennement sensible » ou « très sensible ». Il existe des relations entre ces variables qui, combinées entre elles, peuvent augmenter les effets néfastes des risques encourus. 28

L’orientation de l’analyse de sensibilité est donnée dans le tableau n°5 suivant :

Tableau n° 5 : Orientation de l’analyse de sensibilité par rapport aux risques principaux RISQUES STRUCTUREL TECHNIQUE COMMERCIAL FINANCIER ENVIRONNE IMPACTS MENTAL Baisse de la production + +++ +++ ++ +++

Qualité dégradée ++ +++ ++ + ++

Prix défavorable + +++ +++ ++ +

Démotivation ++ + +++ + +

Abandon métier + + +++ ++ ++

Surproduction + +++ +++ ++ +++

Total score 8 14 17 10 12 Source : Auteur

D’après la scorification obtenue, il apparaît que les réponses de sensibilité sont plus élevées par rapport aux risques commerciaux, puis en décroissant, aux risques techniques, aux risques environnementaux, puis aux risques financiers, et enfin aux risques structurels. Les risques commerciaux, c’est-à-dire liés au marché, à l’offre et à la demande, sont les plus déterminants. Si l’on suppose que les pêcheurs fixent les quantités de l’offre, et le marché celles de la demande, la rencontre de l’offre et de la demande se situe à un point d’intersection ou « équilibre de l’offre et de la demande ». Au prix d’équilibre, la quantité offerte égale la quantité demandée (6). Une modification de l’offre ou de la demande qui peut soit augmenter soit diminuer, déplace le point d’équilibre du marché. On peut décrire les déterminants de l’offre et de la demande tels qu’ils sont résumés dans le tableau n°6 suivant :

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Tableau n°6 : Les déterminants de l’offre et de la demande Variables influant sur la quantité... Une modification de cette variable entraîne… Offerte

- Prix - Mouvement le long de la courbe Les Déterminants de l’Offre - Prix des facteurs - Déplacement de la courbe - Technologie - Déplacement de la courbe - Anticipations - Déplacement de la courbe - Nombre de vendeurs - Déplacement de la courbe

Demandée - Prix - Mouvement le long de la courbe - Revenu - Déplacement de la courbe Les Déterminants de la - Prix produits comparables - Déplacement de la courbe Demande - Goûts - Déplacement de la courbe - Anticipations - Déplacement de la courbe - Nombre d’acheteurs - Déplacement de la courbe

Source : Introduction à la microéconomie (8)

Il est clair que le modèle présenté n’est qu’une représentation simplifiée de la réalité. Il serait inutile de décrire tous les aspects de la réalité mais seulement de se concentrer sur les aspects essentiels et pertinents qu’il faut essayer de comprendre (8). Cette réalité, en économie, se résume en offre du producteur, offre de la filière, demande du marché, équilibre, technologie, maximisation du profit, minimisation du coût, production, marchés des facteurs, comportement du marché (monopole, oligopole,…), échange, bien-être, externalités, technologie de l’information. Les modèles sont nombreux et variés, et à notre connaissance, il n’existe pas encore de références exactes de vrai modèle, tant l’utilité et l’objectif dépend du type et du nombre de variables que l’on veut gérer. En résumé, il faudrait orienter l’analyse de sensibilité, dans le cas de l’étude, prioritairement, vers les risques commerciaux, puis les risques technologiques. Ainsi, la suite de l’analyse se focalise sur les décisions d’investissement qui revêt un caractère très important pour le PSDR, alliant plusieurs types de risques suivant les variables retenues. 30

2.5. EXEMPLE D’ANALYSE DE RISQUE

Soit le sous-projet (A) du village de Mangatsiotra, du groupement FTMM, et le sous- projet (B) du village d’Andakary Vohindava, du groupement MPAMI, l’intérêt de l’analyse réside dans la comparaison des deux sous-projets de pêche. En considérant trois hypothèses, les Cash flows sont estimés à partir d’une distribution de probabilité Pi tel qu’elle a été supposée. Hypothèse basse Î Données des statistiques de la Direction de la Pêche (Pi = 0,20) Hypothèse moyenne Î Données des formulations des sous-projets (Pi = 0,60) Hypothèse haute Î Données estimées par les pêcheurs (Pi = 0,20) En calculant l’espérance mathématique ou la valeur attendue des cash flows de l’investissement , qui est égale à la moyenne pondérée des cash flows du projet, puis la variance et l’écart type, tel que le montre le tableau n° 7 de mesure du risque suivant :

Tableau 7: Analyse du risque par l’écart type de 2 sous-projets de Pêche (en milliers fmg)

Ecart à la Espérance Carré des Variance Probabilité Revenu moyenne Ecart TRI (%) mathématique écarts à la (6) = (5) x Pi (1) (2) (4)= (2) -SUM type calculé (3)=(1) x (2) moyenne (5) (1) (3) Hypothèse basse 0,2 715 143 -1 412 1993744 398748,8 Projet (A) Hypothèse moyenne 0,6 1 890 1134 -237 56169 33701,4 Hypothèse haute 0,2 4 250 850 2 123 4507129 901425,8 2127 1333876 1 154 16

Hypothèse basse 0,2 715 143 -26730 714492900 142898580 Projet (B) Hypothèse moyenne 0,6 4 250 2550 -23 195 538008025 322804815 Hypothèse haute 0,2 123 760 24752 96 315 9276579225 1855315845 27445 2321019240 48 176 72 Source : Auteur (A) : Mangatsiotra (B) : Andakary

Les calculs montrent que l’écart type du projet (A) de Mangatsiotra, de 1154, est largement inférieur à celui du projet (B) d’Andakary de 48 176. Le projet (A) est alors moins risqué que le projet (B), pour des TRIs calculés cependant par les formulateurs de projets de , respectivement, 16% pour (A) et 72% pour (B). Il est à rappeler que le projet d’Andakary a été modifié par le regroupement obligé des 91 membres de 6 associations différentes, appartenant à deux villages différents.

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2.6. EXEMPLE D’ANALYSE DE SENSIBILITE

Le projet envisage un investissement, en pêche traditionnelle, de 47 300 000 Fmg d’une durée de vie de 5 ans. Les prévisions supposées concernant cet investissement sont : Hypothèses sur différentes variables du projet Hypothèse basse Hypothèse moyenne Hypothèse haute Taille du marché 100 000 200 000 300 000 Part de marché 20% 30% 40% Prix unitaire 800 F 1 000 F 1 200F Coût variable unitaire 700 F 500 F 400 F Coût fixe 6 000 000 F 5 000 000 F 4 000 000 F Taux d’imposition : 0% Taux d’actualisation : 10% Amortissements linéaires sur 5 ans.

Il s’agit alors de calculer la VAN de ce projet à partir des données de l’hypothèse moyenne et de procéder à un calcul de sensibilité.

1°) Calcul des Cash flows annuels Ventes (200 000 x 0,30 x 1 000)…………………………………... 60 000 000 F - Coûts variables ( 200 000 x 0,30 x 500)………………………....(30 000 000) - Coûts fixes ………………………………………………………( 5 000 000) - Amortissements (47 300 000 / 5)………………………………..( 9 460 000) Bénéfice (à impôt zéro)……………………………………………...15 540 000 + Amortissements…………………………………………………... 9 460 000 = Cash flow net annuel…………………………………………….. 25 000 000 2°) Valeur Actuelle Nette des Cash flows 25 000 000 25 000 000 25 000 000 25 000 000 25 000 000

______Cash flows

I = 47 300 000 -5 VAN = - 47 300 000 + 25 000 000 x [ 1 – (1+ 0,10) ] 0,10

VAN = - 47 300 000 + (25 000 000 x 3, 79078677) VAN = 47 469 669 F

Le TRI serait alors de : 44%

3°) Calcul de la VAN en faisant varier une seule variable En supposant toutes les autres données stables, et si la part du marché passe de 30% à 40%, on aura une augmentation du bénéfice (à impôt zéro) de : (1 000 F – 500 F) 200 000x (0,40 – 0,30) = 10 000 000 F Et un Cash flow de 10 000 000 F + 25 000 000 F = 35 000 000 F La VAN passe à : -47 300 000 + (35 000 000 x 3,79078677) = 85 377 537 F Et le TRI serait alors de : 69% 32

2.7. LES BENEFICIAIRES REELS DU PROJET

Les enquêtes sur terrain ont amené la recherche dans des zones très reculées par rapport au centre communal. Toutefois, ces zones sont toutes accessibles en véhicule tout terrain, avec quelques kilomètres à faire à pied. Toutes les associations bénéficiaires des financements PSDR, visitées, habitent toutes ces zones éloignées. Au niveau des Communes rurales de leur appartenance, il existe une école d’éducation de base,ce qui justifie en partie le niveau d’éducation des chefs de ménage. La plupart ont fait l’école primaire. Toujours au niveau de la Commune, la population a accès aux services de santé de base, à cause de la présence des centres de Santé de Base ou CSB. L’on peut affirmer que les résultats soutiennent bien les spécifications du manuel d’exécution du PSDR. Toutefois, des bénéficiaires indirects du projet peuvent également se trouver parmi la population de la commune rurale ainsi concernée.

IV. DISCUSSIONS

A la lumière des résultats de l’étude, il est intéressant de réfléchir à une démarche qui peut anticiper les risques à chaque étape même de la conception des sous-projets (10). Cela suppose de : • bien prendre en compte les risques liés au projet qui correspondent aux risques économiques, mais concernent aussi la stratégie utilisée, la technologie, les délais, les ressources et les compétences, le degré d’innovation accepté, ainsi que l’impact sur la crédibilité du PSDR; • utiliser une démarche de conception rigoureuse, associée à des processus de décision; • disposer d’outils de raisonnement, à chaque étape, pour anticiper les risques; • disposer d’aides à la décision pour leur prise en compte, dès la spécification des risques retenus.

Cette démarche gagnerait à ne plus subir les risques mais à les maîtriser pour les faire évoluer vers le Management des risques. A ce moment-là, l’anticipation autant que les aides à la décision deviennent des priorités dans la formulation des sous-projets. 33

En plus de la mise en place d’actions correctives, ou de suivi rigoureux des risques pour en limiter les impacts, il va falloir intégrer la créativité et l’anticipation dans la mise en évidence des risques, ainsi que des logiques et outils d’aide à la décision dans leur prise en compte. Dans la plupart des cas, les risques interagissent généralement sur le résultat en terme de qualité, de coûts et de délais. Le raisonnement des risques doit être intégré au processus de conception, donc depuis l’expression des besoins par les populations cibles du projet même, quitte à partager les conséquences avec les bénéficiaires, si le cas se présente et que leur responsabilité est engagée. Pour ce qui est de l’analyse de sensibilité proprement dite, les variables critiques étant déterminées, la simulation consiste à faire varier une variable à la fois et effectuer l’ analyse sur Excel. Les résultats obtenus sont d’une grande utilité quant à l’aide aux décisions. Et c’est là tout l’intérêt de la démarche supportée par les outils du logiciel « Rural Invest » qui implique une participation des populations cibles à l’ensemble du processus. Cette démarche inclut quatre modules, à savoir : - Diagnostic et planification participative au niveau local (module 1). - Préparation de profils de sous-projets (module 2). Ce qui permet de préciser l’effort de priorisation au niveau local et d’effectuer un premier tri sur la faisabilité des projets. - Formulation détaillée et évaluation des sous-projets (module 3). - Suivi et évaluation (module 4, en cours de préparation). Les fiches élaborées à partir de la méthodologie et du module 3 du logiciel Rural Invest (cf. Annexe 5), comportent à la fois une analyse qualitative des sous-projets (partie descriptive, dont la présentation est structurée par le logiciel) et une analyse financière quantitative. Elles permettent d’évaluer la faisabilité des sous-projets d’un point de vue technique, financier, environnemental, commercial, et organisationnel. Elles incitent le technicien formulateur à réaliser une analyse de risques et à prévoir des mesures pour limiter les risques identifiés. Elles permettent la comparaison de différentes solutions techniques alternatives. En attendant la mise à disposition effective du logiciel Rural Invest version française, des améliorations peuvent déjà être apportées dans les formulations des sous-projets, en harmonisant les informations, les présentations et les modes de calculs de la VAN et du TRI, 34 suivant le concept « Rural Invest ». Le PSDR gagnerait en améliorant les formulations et en facilitant la constitution de base de données. Des mesures correctives, par exemple ont été déjà apportées par le PSDR, en exigeant une harmonisation des différents modes de calculs des VAN et des TRI, formulés par divers organismes partenaires du projet. Il est intéressant d’analyser les différentes masses du tableau de financement servant à ces calculs, afin d’éviter les charges variables « fixes » sur les cinq années du calcul de l’analyse financière Les formulations doivent inclure les fiches techniques utilisées dans le choix des types d’investissement, par activité, pour avoir en permanence des références techniques de base. Ces références doivent servir par la suite au suivi des activités menées sur terrain, mais aussi au suivi rigoureux des risques afin de les éviter, à l’avenir. L’introduction d’ innovations techniques et technologiques méritent de retenir l’attention des responsables du PSDR, qui, par prudence, dès lors que le degré d’innovation est assez élevé, devrait recourir à la recherche et développement, afin d’éviter des pertes de toutes sortes. Par ailleurs, le processus de sélection des projets d’investissement, tel qu’il ressort de la méthodologie sur les décisions d’investissement, doit inclure les trois étapes suivantes : 1- dresser la liste des projets d’investissements avec leurs différentes variantes, 2- recueillir les données nécessaire à leur évaluation et calculer l’échéancier des cash flows, 3- choisir les projets à retenir en fonction des critères de choix d’investissement retenus. En ce qui concerne les zones de pêche sur le littoral, le PSDR gagnerait à adresser au Ministère responsable, le règlement des empiètements des zones de pêches des pêcheurs traditionnels et des pêcheurs artisanaux en chalutier, qui se battent sur la même bande de 10 km, tel que stipulé par l’article 11 du Décret 71-238 du 18 mai 1971 qui décrit une dérogation qui mérite réflexion (cf. Annexe 4). Une autre issue serait de réfléchir à mener des actions de gestion concertée type PAGS, pour les zones de pêches (cf. Annexe 6). Ces actions sont menées sur la côte Ouest mais peuvent aussi bien être envisagées sur la côte Est. S’il est difficile d’entamer le processus GELOSE, il serait intéressant néanmoins d’amener les associations villageoises des pêcheurs à réfléchir sur les grandes phases de ce processus, et d’y trouver un intérêt certain pour la sauvegarde de leur métier.

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V. CONCLUSION

Les organismes demandeurs de financement PSDR, les associations ou groupements de villageois, les bénéficiaires directs ou indirects des sous-projets du PSDR, sont très souvent exposés à une série d’aléas économiques qui ne remplissent pas les conditions de viabilité usuelle des projets. Ces aléas économiques, qui se traduisent le plus souvent en risques micro et macroéconomiques, découlent principalement des rapports sociaux, des rapports avec la clientèle, jusqu’ici se résumant au nombre limité de petits collecteurs avec lesquels les pêcheurs doivent faire face, et avec les fournisseurs d’intrants. Ces aléas peuvent également être conjoncturels. Mais les pêcheurs ne doivent pas être pénalisés pour autant. Les travaux menés dans cette étude ont surtout consisté à ouvrir des pistes de réflexion, des chantiers de travail à effectuer pour améliorer les formulations des sous-projets. L’outil proposé est assez convivial sur les décisions d’investissement qui ne peuvent pas exclure l’analyse des risques et l’analyse de sensibilité, pour des projets de type productif et rural. L’avenir de ces types de projets ne paraît pas toujours certain vis-à-vis du marché futur, des avancées techniques, ou encore de la professionnalisation des producteurs. Il est certain que les limites de cette étude ont été : - les recueils de données sur le terrain, sur les projets en cours d’exécution ou à financement achevé, qu’il n’a pas été possible d’obtenir, permettant ainsi d’avoir plusieurs points de vue, - la non disponibilité du logiciel Rural Invest, ce qui n’a pas permis de faire des simulations et des analyses telles qu’il a été souhaitées. Toujours est-il que, pour répondre au mieux aux attentes des populations cibles les plus démunis, le PSDR devrait se donner tous les moyens pour éviter ou tout au moins minimiser les risques qui peuvent porter atteinte à l’objectif de lutte contre la pauvreté et à la crédibilité du projet . La filière pêche maritime traditionnelle est une filière très porteuse, très dynamique et à croissance palpable. Dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ou DSRP, elle reste une filière stratégique, pourvoyeuse de devises (17) et contribue assez rapidement à une réduction consistante de la pauvreté, si tous les rouages techniques et économiques sont maîtrisés. Cela est bien à la portée du PSDR actuel. La réflexion stratégique mérite d’être poursuivie et soutenue, sur la filière émergente de l’apiculture, et sur les autres filières prioritaires du PSDR dans les autres régions. 36

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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A N N E X E S

Annexe n°1 : Liste des Sous-projets du Grand Sud Est 2001 et 2002, PSDR/UPEP Fianarantsoa

Annexe n°2 : Guide d’entrevue

Annexe n°3 : Monographie des ressources Halieutiques de la région du Sud Est, Direction de la Pêche , MAEL

Annexe n°4 : Décret n° 71-238, réglementant l’exercice de la Pêche par chalutage, dans la mer territoriale Malgache

Annexe n°5 : FAO, division des Centres d’Investissement, Note de présentation de la méthodologie Rural Invest

Annexe n°6 : Les grandes phases du processus Gélose. Élaboration du PAGS

Annexe n°7 : Déroulement de la descente sur terrain et quelques fiches de présence