UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE D.E.A (DIPLOME D’ETUDE APPROFONDIE)

Par : RAMARATSIALONINA EDDY Christian

Sous la direction de : Madame RATSIVALAKA Simone Professeur Date de Soutenance 10 Octobre 2008

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE D.E.A (DIPLOME D’ETUDE APPROFONDIE)

Par : RAMARATSIALONINA EDDY Christian

Sous la direction de : Madame RATSIVALAKA Simone Professeur 10 Octobre 2008

RESUME

Vondrozo a une population pauvre, victime de sous alimentation et de maladies variées telles que la filariose, le paludisme, la gale,…. Les vols de bœufs y constituent un phénomène prédominant qui fait de une zone rouge du point de vue sécurité. L’enclavement de la plupart des communes rurales de la zone est la cause principale de cette insécurité sociale. Or le bœuf joue un grand rôle dans la pratique culturale traditionnelle. Les techniques agricoles sont encore archaïques et ne permettent pas aux paysans d’améliorer leur production. Face à la faiblesse du rendement, les paysans se livrent de plus en plus à la culture itinérante sur brûlis qui provoque par la suite, des conséquences graves sur le plan écologique. Non seulement les ressources naturelles comme l’eau et le sol nécessaires à la production se dégradent, mais la biodiversité à l’instar des poissons Ptychochromoides vondrozo et Bedotia sp Vevembe endémiques de la région et beaucoup d’autres sont menacés de disparition. Le présent travail de recherche a pour objectif de mettre en relief la base de la dégradation de la forêt de Vondrozo - qui n’est d’autre que la dépendance de la population locale vis-à-vis de la nature - et d’apporter des recommandations de conservation pour le développement de la zone. Mais, comment faire, pour promouvoir ce développement sans pour autant nuire à la conservation des ressources naturelles de Vondrozo ? Le projet CAF/Dette Nature du WWF en collaboration avec le Ministère des Eaux et Forêts œuvre déjà dans la zone de Vondrozo dans le cadre de transfert de gestion de certaine forêt à la Communauté de Base. Cette initiative d’approche doit être renforcée par d’autres projets de développement visant à améliorer le moyen de production des paysans comme l’encadrement technique et la mise en place des infrastructures stratégiques comme les barrages d’irrigation, la route, les centres des services sanitaires et les marchés. L’exploitation des filières café, riz et écotourisme constituerait une opportunité de développement. Toutefois le renforcement de la sécurité des paysans est une priorité des priorités à Vondrozo. Toute intervention pour le développement de Vondrozo nécessite une stratégie de conservation de la nature. Cette stratégie doit contribuer à la politique actuelle de l’Etat dans la mise en œuvre de la vision Durban et la mise en place d’un Système des Aires Protégées à (SAPM).

Mots clés : biodiversité, stratégie, production, conservation, développement

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SOMMAIRE

RESUME ...... I SOMMAIRE ...... II REMERCIEMENTS ...... IV LISTE DES FIGURES ...... V LISTE DES TABLEAUX : ...... VI LISTE DES PHOTOGRAPHIES : ...... VII ACRONYME ...... VIII INTRODUCTION ...... 1 PREMIERE PARTIE : ...... 5 DEROULEMENT DE LA RECHERCHE ET PRESENTATION DES POTENTIALITES ECOLOGIQUES ET AGRICOLES DE VONDROZO ...... 6 CHAPITRE I : LES ETAPES SUIVIES POUR L’ELABORATION DU MEMOIRE ...... 6 1. La phase préparatoire ...... 6 2. L’exploitation des données brutes ...... 6 3. Le traitement des données recueillies ...... 8 CHAPITRE II : DES POTENTIALITES NATURELLES RARES A VONDROZO ...... 9 1. Un relief marqué par l’importance des cours d’eau et par un climat subtropical ...... 9 2. Une forêt abritant des espèces floristiques et faunistiques à taux d’endémicité élevé .... 13 3. Un sol sensible à l’érosion ...... 20 CHAPITRE III : DES FILIERES AGRICOLES PROMOTRICES DE DEVELOPPEMENT ...... 22 1. La population d’agriculteurs de Vondrozo ...... 22 2. Le café et le riz une source de revenu importante ...... 27 3. Un élevage : sous exploité ...... 30 DEUXIEME PARTIE : ...... 33 LES CONTRAINTES SOCIALES ET ECONOMIQUES ENTRAVANT LE DEVELOPPEMENT DE VONDROZO ET DEGRADANT SA FORET ...... 33 CHAPITRE IV : UNE PAUVRETE AGGRAVEE PAR LE MANQUE D’INFRASTRUCTURE ET D’ENCADREMENT A VONDROZO ...... 33 1. La pauvreté à Vondrozo ...... 33 2. L’enclavement partiellement intentionné dans la zone de Vondrozo ...... 37 3. Infrastructures scolaire, sanitaire et agricole insuffisantes et délabrées ...... 38 CHAPITRE V : ASPECTS DE L’INSECURITE SOCIALE A VONDROZO ...... 49 1. Le vol fréquent des bœufs ...... 49 2. Une Population sous alimentée et mal nourrie ...... 51 3. Prolifération des maladies ...... 53 CHAPITRE VI : PRODUCTION AU DETRIMENT DE LA FORET ...... 55 1. Pratique culturale itinérante sur brûlis ...... 55 2. Pâturage et élevage non conformes ...... 58 3. Exploitation irrationnelle des ressources naturelles ...... 59 TROISIEME PARTIE : ...... 62 STRATEGIES POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA CONSERVATION DE LA FORET DE VONDROZO ...... 62 CHAPITRE VII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA SECURISATION SOCIALE DE VONDROZO ...... 62 1. Renforcement de la sécurité publique ...... 63 2. Amélioration des conditions de production ...... 65 3. Orientation des habitudes alimentaires et amélioration des infrastructures sanitaires ... 67 CHAPITRE VIII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA CONSERVATION DURABLE DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO ...... 70

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1. Motivation de la population locale à la protection de la forêt ...... 70 2. Mise en place d’une aire protégée ...... 71 3. Gestion efficace de l’aire protégée ...... 72 CHAPITRE IX : RAPPROCHEMENT DES AXES DE SECURISATION SOCIALE A LA CONSERVATION DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO ...... 74 1. Militarisation de la zone forestière ...... 74 2. Valorisation des filières porteuses de développement dans la zone de Vondrozo ...... 75 3. Schéma de développement ...... 77 CONCLUSION...... 81 ANNEXES ...... I ANNEXE 1 : ...... II QUESTIONNAIRES SUR LES ENQUETES PARTICIPATIVES: ...... II RESULTATS DES ENQUETES PARTICIPATIVES ...... III ANNEXE 2 : ...... IV LES GRANDES ORIENTATION DU PNDR : ...... IV ANNEXE 3 : ...... VII MISE EN PLACE ET REHABILITATION DE BARRAGE DANS LA COMMUNE RURALE DE : ...... VII ANNEXE 4 : ...... VIII CONTEXTE DE PAUVRETE A MADAGASCAR ...... VIII BIBLIOGRAPHIE : …………………………………………………………………………X

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REMERCIEMENTS

Je n’aurai pu accomplir seul ce mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etude Approfondie en Géographie, et c’est dans un esprit de sincère reconnaissance que je m’adresse à tous ceux, qui de prés ou de loin, m’ont permis de le réaliser.

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Madame RATSIVALAKA Simone, Professeur du département de géographie à l’Université d’Antananarivo, qui m’a dirigé durant les étapes de l’élaboration de ce mémoire.

Je suis très reconnaissant également à Madame RABEARIMANANA Lucille, Professeur titulaire du département d’Histoire à l’Université d’Antananarivo d’avoir bien voulu accepter la présidence du jury.

Je tiens à exprimer aussi mes sincères remerciements à Monsieur ANDRIAMIHAMINA Mparany, Maître de conférences qui a bien voulu faire partie des membres de jury.

Mes remerciements s’adressent aussi à Madagascar Institut pour la conservation des Environnements Tropicaux (MICET), pour son appui technique lors de l’élaboration de ce mémoire.

Merci à mon épouse pour son soutien matériel, moral et financier et sa patience durant la réalisation de ce mémoire de D.E.A, sans oublier les aides de ma famille et mes amis sans exception.

Merci à tous !

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LISTE DES FIGURES

1- Corridor foresti er de Fianarantsoa……………………………………. 3 2- Localisation de la zone de Vondrozo …………………………………. 5 3- Le relief de Vondrozo …………………………………………………………. 9 4- Courbe ombrothermique de Gaussen …………………………………. 12 5- La V égétation de Vondrozo ………………………………………………. 16 6- Géologie de Vondr ozo ……………………………………………………….. 21 7- Taux de répartition de la population à Madiorano …………… 23 8- Plan d’occupation du sol à Madiorano ………………………………. 26 9- Arbre des problèmes à Madiorano ……………………………………. 36 10 - Arbre des solutions à Madiorano ………………………………………… 78

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LISTE DES TABLEAUX :

1- Données climatologiques de la station de ……………………………… ……………… 11 2- Le nombre d’espèces et familles répertoriées dans la forêt de 18 Vondrozo…………………………………………………………………………………………………………………………… 3- Données démographiques du quartier de Madiorano ………………………………………………… 22 4- La répartition de la superficie cultivée en cultures vivrières par district de la 27 région sud-est…………………………………………………………………………………………………………………. 5- La répartition des besoins en riz dans la région du sud -est ……………………………………. 28 6- Les rendements agricoles à Madiorano ……………………………………………………………………… 29 7- La situation de l’élevage extensif de bœuf par district dans la région sud -est en 31 1997………………………………………………………………………………………………………………………………… 8- Situation de l’élevage à Vondrozo ……………………………… ……………………………………………… 31

9- soldes intermédiaires de gestion globaux par catégorie d’exploitants ……………………… 34 10 - Effectifs des élèves dans l’école primaire de Madiorano en 2005 ……………………………… 39 11 - Le budget mensuel d’un ménage pauvre composé de 5 personnes ………………………… … 40 12 - Le calendrier cultural à Madiorano ……………………………………………………………………………… 42 13 - Le salariat agricole en nombre de "daba" en ariary (culture de riz) …………………………… 43 14 - Les matériaux de production et leurs fonctions ………………………………………………………… 44 15 - Le matériel agricole par ordre d’importance …………………………………………………………….. 45 16 - Les associations culturales …………………………………………………………………………………………. 46 17 - Comparaison de la situation nutritionnelle et sanitaire entre Vondrozo et 52 Farafangana………………………………………………………………………………………………………………………. 18 - Ex ploitation des ressources forestières ………………………………………………………………………. 59 19 - Inventaire des COBA dans la zone de Vondrozo …………………………………………………………. 72

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LISTE DES PHOTOGRAPHIES :

1- Le fleuve de Manapatrana traversant la plaine de Vondrozo …………………………………. 9 2- Orage aux a lentours de la forêt classée de Vondrozo …………………………………………….. 11 3- Aerangis citrata ………………………………………………………………………………………………………. 13 4- Formation secondaire avec des petits arbres …………………………………………………………. 14 5- Forêt de Vondrozo pourvue de Ravinala ……………………………………………………… …………… 14 6- TRANOBE …………………………………………………………………………………………………………………. 23 7- Rituel de la réception dans le « Tranobe »……………………………………………………………… 24 8- Elaboration d’une carte participative du plan d’occupation du sol à Madiorano 25 9- Séchage de café …………………………………………………… ……………………………………………….. 30 10 - Elevage extensif de porcin ………………………………………………………………………………… 32 11 - Vandalisme anti -économique ……………………………………………………………………………. 37 12 - Le chemin qui mène à l’école …………………………………………………………………………… 39 13 - Une vaste superficie cultivable partielleme nt aménagée ………………………………… 41 14 - Utilisation de la bêche ………………………………………………………………………………………. 45 15 - Piétinage de rizière inondée à l’aide des bœufs………………………………………….. 46 16 - Barrage traditionnel (tabika) de Madiorano kidy ……………………………………………… 47 17 - « Gardiennage » des rizi ères ……………………………………………………………………………… 48 18 - Parc de bœuf récemment vidé par les brigands ………………………………………………. 49 19 - Un enfant entrain de manger un fruit de jacquier …………………………………………… 52 - le gros ventre des enfants………………………………………………………………………………………. 52

20 - Paludisme / E léphantiasis / La gale / Filariose ………………………………………………. 54 21 - Extraction des œufs de puce sur la plante du pied …………………………………………. 54 - Soixantaine d’œufs tirés ……………………………………………………………………………………. 54 - Infection de la plante des pieds………………………………………………………………………………. 54 22 - Tavy à l’intérieur de la forêt ……………………………………………………………………………. 56 23 - Brûlis pour le tavy ………………………………………………………………………………………………. 56 24 - Erosion sur des sols à forte pente ……………………………………………………………………… 57 25 - Zone de pâturage pour les bovidés ……………………………………………………………………. 58 26 - Travaux de construction de route reliant Vondrozo et Manambidala ………………. 64 27 - Barrage de Namolo (Ambodiriha) ……………………………………………………………………… 67 28 - Les produits alimentaires écoulés sur le marché de Vondrozo …………………………. 68

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ACRONYME

ANGAP : Association National pour la Gestion des Aires Protégées CAF : Cadre d’Appui Forestier CIMAD : Conservation International à Madagascar COBA : Communautés de Base CSB : Centre de Santé de Base DAS : Détachement Autonome de Sécurité DEAP : Droits d’Entrée dans les Aires Protégées DSRP : Document Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté FAO : Food Alimentation Organisation IDH : Indice de Développement Humain INSTAT : Institut National des STATistiques MAP : Madagascar Action plan MARP : Méthode d’Approche et Recherche Participative MICET : Madagascar Institut Pour la Conservation des Ecosystèmes Tropicaux OMC : Organe Mixte de Conception PANSA : Plan d’Action Nationale pour la Sécurité Alimentaire PCD : Plan Communale de Développement PISAF : Projet Intégré de Sécurité Alimentaire dans la région de Farafangana PNBVPI : Programme National des Bassins Versants/Périmètres Irrigués PNDR : Programme National du Développement Rural PNF : Programme National Foncier PRD : Plan Régional de Développement SAPM : Système des Aires Protégées à Madagascar WWF : World Wide Fund for nature

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INTRODUCTION

Actuellement, avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,509 Madagascar a obtenu un léger succès sur la lutte contre la pauvreté et classé 143 ème sur 177 pays, comme l’a annoncé le rapport mondial pour le développement humain (PNUD, 2006). Ce classement est déjà un signe pour un bon début de la mise en œuvre du Madagascar Action Plan (MAP) 1. La valeur de l’indice de pauvreté humain (IPH) traduit les manques des capacités humaines de base telles que vivre longtemps, acquérir des connaissances et bénéficier d’un niveau de vie correct. Selon le PNUD en 2006, 2/3 des malagasy sont encore pauvres. La plupart des pauvres habite en milieu rural. Ce sont notamment les petits exploitants agricoles. Le FAO 2 (2005) définit les pauvres, comme les individus qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, qui ne disposent pas d’une ration alimentaire de 2133 calories par jour censé être le minimum nécessaire pour entretenir une vie normale et active. Les besoins énergétiques pour Madagascar sont évalués par FAO en 2005 à :  1810 Kcal/jour pour les seuls besoins d’entretien minimum,  2007 Kcal/jour pour les besoins d’entretien minimum avec activité professionnelle,  2133 Kcal/jour pour les besoins d’entretien minimum avec activité professionnelle et loisir.

Si le besoin énergétique de référence pour Madagascar est évalué à 2133 Kcal par personne par jour, la consommation moyenne du malgache est de l’ordre d 2115 Kcal/jour. Or 83% des calories des malgaches sont fournis par les céréales (riz), 60% par les racines et 23% par les tubercules. La contribution des produits animaux est très faible de l’ordre de 5%. (FAO, 2005)

1 Le MAP est un document de stratégie pour le Développement de Madagascar depuis 2006. Ses objectifs sont de réduire de ½ la proportion des pauvres jusqu’en 2015, préserver l’environnement et développer le monde rural. Le document a une vision de Madagascar naturellement et de contribuer à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. 2 Food and Agriculture Organization, créée en octobre 1945 dans le but d’améliorer l’état nutritionnel, le niveau de vie, la productivité agricole et le sort des populations rurales en général. 1

6,6 millions de personnes continuent de souffrir de sous alimentation à Madagascar entre 2002 et 2004 contre 5,7 millions entre 1995 et 1997, selon les dernières statistiques de la FAO en 2005. Ce qui signifie que le taux des malgaches sous alimentés n’a pas cessé d’augmenter pendant les 10 dernières années. Il est certain que ces statistiques sont temporaires, mais elles expliquent déjà l’ampleur de la situation dans le pays. L’équipe du Projet Intégré de Sécurité Alimentaire dans la Région de Farafangana démontre après ses études en 2002 que les maladies à impact nutritionnel qui frappent souvent les enfants de moins de cinq ans sont alarmantes dans la région de Vondrozo. En 2005, l’étude socio-économique effectuée par Madagascar Institut pour la Conservation de l’Ecosystèmes Tropical (MICET) à Vondrozo confirme cette situation de malnutrition. Vondrozo, un district se situant à la limite ouest de la région de Sud-Est. Il est naturellement riche. Vondrozo possède une couverture forestière - faisant partie du corridor forestier reliant le Parc National de Ranomafana avec celui de Midongy du Sud – qui joue le rôle d’habitat de plusieurs espèces animales et assure en même temps déplacements de ces animaux lors de leurs activités. (Figure 1). Avec une superficie de 2.964 km², le district de Vondrozo ne représente que 16,1% de la superficie totale de la région Sud-Est. Il n’est doté que de seize (16) communes rurales et traversé par la route nationale N°27 reliant Vondrozo et Ihosy. (Figure 2)

Malgré sa richesse naturelle, la population de Vondrozo est touchée par le phénomène de pauvreté. Elle est victime d’une insécurité sociale se manifestant par l’enclavement, la fréquence d’acte de brigandage, la difficulté d’accès au sol et le manque d’infrastructure dans tous les domaines entre autres, l’éducation, la santé, et l’agriculture (MICET, 2005). La vulnérabilité des paysans affaiblit de plus en plus le taux de production annuelle, à l’instar du riz et des cultures vivrières. Ces paysans n’ont d’autre choix que de chercher des moyens faciles et sans dépenses pour pouvoir améliorer leurs productions en s’attaquant à la forêt. Le cas du quartier de Madiorano, dans la commune rurale de Manambidala, district de Vondrozo sera choisi pour prouver et illustrer cette situation. D’abord parce que Madiorano constitue un passage unique des brigands (dahalo/malaso) localement appelé « Zohy ». Selon le dire des paysans locaux, ces brigands sont pour la plupart en provenance de la région voisine : Ihorombe. Ensuite l’emplacement de Madiorano à proximité de la couverture forestière de Vondrozo fait de sa population des exploitants des ressources forestières non seulement par la chasse et la cueillette mais également par la pratique de la culture itinérante sur brûlis ou tavy .

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Certaines des espèces animales et végétales de Vondrozo sont actuellement citées dans la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature comme gravement menacées d’extinction. De ce fait, la conservation de la biodiversité de la zone devrait être une préoccupation d’urgence de l’Etat. Comme Madagascar a participé au cinquième congrès mondial des parcs nationaux à Durban (Afrique du sud) en septembre 2003, le gouvernement malgache a pris l’engagement d’augmenter la superficie des Aires Protégées de 1,7 millions à 6 millions d’hectares pour 5 ans c'est-à-dire jusqu’en 2008. A travers ces 5 millions d’hectares additionnels, plus des deux tiers des forêts naturelles existantes vont être protégées. Il s’agit aussi bien des espaces marines que des systèmes d’eau douce (WWF, 2003). Pour contribuer à la mise en oeuvre de la vision Durban, notre étude a pour objectif de promouvoir la conservation de la forêt de Vondrozo et le développement économique local.

Notre hypothèse de départ considère que la pauvreté est la cause principale de la dégradation incessante du couvert forestier de Vondrozo. Nous considérons que d’une part, le vol de bœuf à main armée dû à l’enclavement est la base de l’insécurité sociale qui entrave le développement de la zone. D’autre part, les pressions anthropiques incessantes sur la couverture forestière de Vondrozo menacent la biodiversité de la zone. Or la plupart des espèces qui se trouvent dans la zone sont endémiques de Madagascar et aussi pour la région, tel le poisson Ptychochromoides vondrozo sp . Compte tenu de cette hypothèse, nous avons choisi comme sujet : « CONTRIBUTION A UN DEVELOPPEMENT COMPATIBLE A LA CONSERVATION DE LA FORET DE VONDROZO».

Notre questionnement est de savoir quelles stratégies doit-on suivre pour promouvoir un développement dans la zone de Vondrozo sans pour autant nuire à la conservation des ressources naturelles. Nous allons adopter le plan suivant pour répondre à cette question. En première partie, nous allons voir la méthodologie de recherche adoptée pour la réalisation du mémoire et la présentation des potentialités écologiques et agricoles de Vondrozo. Nous démontrons dans la deuxième partie les contraintes sociales et économiques entravant le développement de Vondrozo et dégradant sa forêt. Dans la dernière partie, nous allons essayer de proposer des axes de stratégie pour permettre un développement et une conservation de la forêt de Vondrozo en vue de la sécurisation de la population.

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PREMIERE PARTIE : DEROULEMENT DE LA RECHERCHE ET PRESENTATION DES POTENTIALITES ECOLOGIQUES ET AGRICOLES DE VONDROZO

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CHAPITRE I : LES ETAPES SUIVIES POUR L’ELABORATION DU MEMOIRE

Nous avons élaboré notre méthodologie de recherche permettant de mener à terme la réalisation de notre travail. Elle passe par trois phases :

1. La phase préparatoire

Elle porte sur la recherche documentaire et les travaux de cabine. La recherche documentaire a été effectuée pour la plupart dans plusieurs centres de documentation d’Antananarivo. La bibliothèque du département de géographie, l’Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées, le Madagascar Institut pour la Conservation des Ecosystèmes Tropicaux, la Banque Mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement et le centre de recherche météorologique ont donné l’opportunité de consulter différents ouvrages généraux, articles et revues et d’interpréter des cartes qui ont permis d’obtenir une vision globale de la zone et d’apprécier d’avantage le thème choisi. Cette phase a été aussi consacrée à l’élaboration des axes de recherche et des questionnaires pour les enquêtes. (Annexe 1)

2. L’exploitation des données brutes

C’est la phase pendant laquelle des recherches au niveau de la population et des institutions ont été effectuées. Mais avant tous, signalons que l’insuffisance des données bibliographiques disponibles et des études antérieures sur la zone notamment en matière de cartographie et données socio-économiques, l’étendue du district et la peur d’attraper certaines maladies réputées dangereuses dans la région de Vondrozo comme le paludisme, la gale, la filariose, la diarrhée et la bilharziose ; nous ont amené à focaliser notre étude essentiellement sur le quartier de Madiorano dans la commune rurale de Manambidala. Ce quartier se trouve à 10 km au sud du chef lieu de commune et se situe à la limite ouest du district de Vondrozo à proximité de la lisière forestière.

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Malgré l’accord et l’encouragement des autorités locales, nous étions obligé de limiter nos séjours à Madiorano à trois mois à cause de notre propre sécurité, car le village subit des attaques et passages fréquents de bandits3.

Une partie de notre recherche a été entamé avec les équipes de recherche de Madagascar Institut pour la Conservation des Ecosystèmes Tropicaux (MICET) lors du projet de recherche de MICET/CIMAD intitulé « Inventaire socio-économique et biologique dans la région de la forêt classée de Vondrozo - ». Ce projet est conçu dans le but d’identifier des aires à protéger à Vondrozo. Nous avons débuté nos travaux par des visites de courtoisie auprès des autorités administratives et traditionnelles, pour leur présenter notre attestation de recherche et leur expliquer notre objectif afin qu’ils puissent nous donner des conseils, leur aide et surtout leur consentement. Les études ont été ensuite focalisées sur les exploitations agricoles, les pressions anthropiques, sur la forêt et l’insécurité dans la zone d’étude en particulier à Madiorano.

Nous avons pratiqué les techniques de :  Recherche qualitative qui consiste à poser des questions semi structurées dans des séances de discussion ou d’interview. L’objectif était d’éviter les questions fermées afin qu’on puisse creuser davantage les questions posées et encourager nos interlocuteurs à aller plus dans leurs explications. Nous avons effectué 8 séances de causerie de groupe qu’on a pu avoir 78 personnes dont 31 femmes.  Recherche quantitative qui consiste à faire des enquêtes avec questionnaire. Au total, quarante et un (41) ménages ont été enquêtés pour l’ensemble de la zone d’étude pendant laquelle on a pu identifier les critères de pauvreté de la zone tels que la non possession de bœuf, de terrain à cultiver et de réserve de nourriture pour subsister pendant la période de soudure. Ce qui a permis d’obtenir des données sur les différentes catégories sociales existants dans la zone à savoir les pauvres, moyens, riches.  Prise de photographies pour l’illustration.

Dans une optique d’éducation environnementale et de partage d’idée entre nous et les paysans, la méthode d’approche et de recherche participative a été largement

3 Les bandits venant de la région d’Ihorombe ont passée 2 fois en une semaine à Madiorano pendant nos séjours, en emmenant avec eux des troupeaux de bœufs volés.

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adoptée. Cependant les cartes participatives, la quantification par haricots et l’élaboration des calendriers culturaux ont constitué les outils de recherche.

Les informations et données ainsi cueillies sont nombreuses et différentes. Elles ont été dépouillées pour le traitement des données.

3. Le traitement des données recueillies

Après le dépouillement, les données, les données sont classées suivant le plan du devoir. L’analyse comparative dans le temps et dans l’espace des données bibliographiques avec les informations recueillies lors des interviews ou enquêtes effectuées, permet de comprendre la situation actuelle de la zone d’étude et d’en tirer des conclusions. Les données statistiques, les cartes et les photos illustrent la rédaction du mémoire.

Le présent mémoire est donc le fruit d’un assemblage de plusieurs données qualitatives ou quantitatives, des cartes et des photos pris dans la zone d’étude.

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CHAPITRE II : DES POTENTIALITES NATURELLES RARES A VONDROZO

1. Un relief marqué par l’importance des cours d’eau et par un climat subtropical

La zone est caractérisée par un relief disposé en marches d’escalier avec de nombreuses falaises. L’altitude moyenne est de 500 mètres. Une bande de collines escarpées atteignant 5 kilomètres de largeur sur le parallèle de Karianga au nord de Vondrozo. (Fig.03)

La configuration générale du réseau hydrographique est déterminée par les accidents cassants de la tectonique récente et par les lignes structurales du socle (Danloux, 1993). Toute la région est drainée par les affluents de Manapatrana qui prend sa source dans sur le versant Est de l’Andringitra avant de traverser la forêt de Vondrozo (photo 2). Manapatrana suit la direction ouest - est depuis sa source son affluent de la rive gauche : la Manambavaha draine une grande partie de la région.

« La fleuve de Manapatrana draine un bassin de 4.050km² » Danloux, 1993

Photo 1: le fleuve de Manapatrana traversant la plaine de Vondrozo (S ource : MICET (2005)

9 Figure 3 : Le Relief de Vondrozo

La Manampatrana présente un cours torrentiel occupé de nombreux rapides. Elle prend sa source à l’intérieur de la forêt. Elle est dangereuse en toute saison sur certaines tronçons : entre Mahazoarivo et Mahafasy le long d’une faille de direction Est-Ouest en toute saison, sur le plateau de Maropaika et dans son cours inférieur en aval de Bevoay. La rivière de Manambavaha a également un affluent torrentiel jusqu’à . Elle est navigable en toute saison à partir d’Ankarimbary. Les affluents de Manapatrana et de Manambavaha ont généralement un cours coupé de chutes et de rapides.

Ces cours d’eau ont pour la plupart un régime pérenne et drainent les bassins versants de la zone périphérique du corridor forestier Vondrozo-Karianga allant de l’Est vers l’Ouest. Cette pérennité s’explique par l’abondance des sources en amont, dans la forêt. Ce régime hydrographique est assuré par l’abondance de pluie dans la région.

La zone orientale de Vondrozo appartient au climat de type humide (Koechlin et al, 1974) avec deux saisons bien distinctes : la saison de pluie entre décembre et juillet et

« La forêt de Vondrozo est marquée par des précipitations fréquentes »

Source : EDDY (sept 2005) 2005) (sept : EDDY Source

Photo 2 : orage aux alentours de la forêt classée de Vondrozo

la saison sèche entre août et novembre. Sauf à proximité de la forêt le climat est marqué par des précipitations fréquentes (photo 3) et une température peu chaude.

Tableau 1 : Données climatologiques de la station de Farafangana

Mois J F M A M J J A S O N D Moyenne Total annuelle P (mm) 463,3 153,9 351,4 121,3 275,0 195,9 207,2 36,3 122,7 175,6 75,4 220,9 200 2398,9

T(°C) 25,75 27,2 21,6 23,65 21,5 19,25 20,15 20,35 22,05 22,3 24 19,5 23,2 Source : station météorologique de Farafangana, 2004

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La station météorologique de Farafangana est la seule station proche de Vondrozo. D’après les données météorologiques de cette station (tableau 1), les précipitations sont abondantes avec un total de 2398,9 mm pour 237 jours en 2004. En général, la pluie tombe presque pendant toute l’année. Mais la quantité d’eau pour chaque mois est différente. En janvier la précipitation atteint 463,3 mm alors qu’au mois d’août elle ne présente que de 36,3 mm seulement. La température moyenne annuelle pour l’année 2004 est de 23,2°C avec un minimum de 19,25°C en juin et un maximum de 27,2°C en février. Figure 4 :

COURBE OMBROTHERMIQUE DE GAUSSEN (P=2T)

500 250 450 225 400 200 En 2004 En2004 350 175 En 2004 En2004 300 150 Pluie (mm) 250 125

200 100 T (°C) Température (°C) PL (mm) 150 75 100 50 50 25 0 0 JJASONDJFMAM

. La présente courbe ombrothermique de Gaussen montre la variation de la pluviométrie et température dans la région de Farafangana en 2004. Pour la courbe de pluie, on observe 3 piqués qui représentent 3 mois de forte pluie à savoir les mois de janvier, mars et mai. La courbe thermique par ailleurs ne présente pas des piqués du fait que la variation de la température n’est pas remarquable. L’écart entre la température maximale et minimale qui est de 7,9°C seulement n’est pas important. Mais en superposant la courbe de pluviométrie (P) avec celle de la température (T) suivant l’échelle P=2T, on constate la prédominance de la saison de pluie pendant 8 mois, de décembre à juillet dont le maximum de pluie se trouve au mois de janvier avec une quantité de 463,3 mm. La saison sèche par contre ne dure que 4 mois d’août au novembre. Toutefois la température le plus élevée qui est de 27,2°C se trouve au mois de février pendant la saison de pluie. Donc la considération de la quantité de pluie est importante avant de définir la nature de la saison. Malgré la présence de peu de pluie

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pendant la saison dite « sèche », la courbe de pluviométrie se trouve en dessous de la courbe de température au mois d’août, d’où c’est le mois le plus sec de l’année avec seulement 36,3 mm de pluie.

2. Une forêt abritant des espèces floristiques et faunistiques à taux d’endémicité élevé

Selon Humbert (1965), la végétation de Vondrozo appartient à la série à Myristicaceae et Anthostema . Elle est caractérisée par une végétation typique de la forêt dense humide sempervirente de basse altitude entre 400 et 800 m d’altitude. (Faramalala, 1999) Physionomiquement la forêt est pluristratifiée, généralement à 3 strates, dont : une strate inférieure de 4 m, une strate moyenne de 4 à 8 m et une strate supérieure de 8 m et qui peut atteindre jusqu’à 18 m de hauteur avec des émergeants atteignant plus de 20m. La majorité des formations présentent une canopée plus ou moins fermée avec un taux de recouvrement (TR) entre 65 et 80 %, et un sous bois ouvert (TR = 25 à 30 %), MICET, 2005. Toute fois, on trouve à Vondrozo, trois types de formation végétale : les formations primaires, les formations secondaires à plante envahissante et les formations secondaires à Harunga et Macaranga

La forêt primaire est une formation qui n’a Photo 3 : Aerangis citrata pas encore subit des pressions anthropiques. La canopée est dominée par les arbres de grande taille des essences forestières telles que Cryptocarya ocoteifolia, Magnistipula tamenaka, Tina sp, Ocotea cymosa . La présence d’un bon nombre d’espèces endémiques à l’instar du « Didymelaceae, Melanophyllaceae, Physenaceae, Sarcolaenaceae, Sphaerosepalaceae,… » (MICET en 2005) 4 est une preuve que la formation n’est pas encore perturbée. Certain espèce comme le Aerangis citrata est endémique même de la région.

4 MICET a effectué des inventaires biologiques dans la forêt de Vondrozo en 2005, dans le cadre de la mise en place du Système d’Aires protégées à Madagascar

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Par contre, une bonne partie de la forêt est détruite d’une part par les aléas climatiques tels les cyclones et d’autre part par la pratique des cultures sur brûlis ou tavy et les fortes pratiques de feux de végétation. Ces deux facteurs de dégradation ont changé une partie de la forêt primaire en secondaire. La forêt secondaire se trouve sur les périphéries de la forêt primaire et on n’y observe que de petits arbres comme le Faucherea sp, Canthium sp, Diospyros sp et Protorhus sp. (MICET, 2005) Photo 4 : Formation secondaire avec des petits arbres

Le Harunga madagascariensis (Harongana), le Ravenala madagascariensis (Ravinala) qui est une espèce envahissante, le Weinmannia sp (Lalona), le Solanum auriculatum (Seva), le Croton sp, et le Macaranga sp (Makaranana) sont des espèces caractéristiques de la forêt secondaire.

« Le Ravenala madagascriensis envahi la forêt »

Photo 5 : Forêt de Vondrozo pourvue de Ravinala (MICET, 2005)

Mais la présence du Ravenala madagascariensis dans la forêt n’est pas forcement un signe de dégradation, elle s’était développé avec la forêt.

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Le processus de l’évolution de la forêt après la déforestation peut être imaginé d’après le schéma hypothétique suivant :

Forêt primaire

Défrichement, feu

1ère Aléas climatiques 2ème Culture (cyclone) 3ème

Reconstitution Abandon

Formation secondaire à plantes envahissantes

Formation secondaire à Harunga et Macaranga

La connaissance de la diversité spécifique biologique de Vondrozo est l’une des entreprises préliminaires indispensables pour la conservation et permet ainsi de justifier la protection d’une zone. Les résultats ci-joint sont obtenus après des inventaires biologiques effectués par l’équipe du MICET en 2005 dans la forêt de Vondrozo.

15 Figure 5 : La Végétation de Vondrozo

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Le cinq septième (5/7) des familles de flores endémiques de Madagascar sont présentes dans la région de Vondrozo. Ceci donne un taux d’endémicité élevé égale à 71,42% au niveau de ce taxon. Au niveau du genre, 20 soit 12% parmi les 162 recensés par l’équipe du MICET en 2005 dans la région sont endémiques. Au niveau des espèces, on peut avancer que d’autres espèces de cette région pourraient encore être endémiques car parmi les espèces identifiées par MICET, 70% sont endémiques. Trois huitième (3/8) des espèces d’orchidées recensées sont endémiques de Madagascar (Aerangis citrata, Bulbophyllum hamellinii, Aerangis fastuosa vondrozoensis ). Quatre palmiers sont endémiques de Madagascar à savoir : Beccariophoenix madagascariensis, Dypsis fibrosa, Dypsis nauseosa, Dypsis pinnatifrons (Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza, 2005)

Mais face aux diverses pressions anthropiques à l’intérieur de la forêt, nombreuses sont des espèces classées menacées comme le Beccariophoenix madagascariensis, Dypsis nauseosa, Dypsis trapezoïdes, Bulbophylum hamelinii, Sarcolaena sp, Physena madagascarriensis (UICN 5, 2003). Les menaces d’extinction des espèces sont à degré divers selon la catégorisation de l’UICN en 2003. Les Dalbergia baroni et Dalbergia orientalis sont classées vulnérables. Selon Dransfield (1995), les palmiers Beccariophoenix madagascariensis et Dypsis trapezoïdes sont en danger critique ou bien gravement menacées de disparition. Dans l’ensemble, les gros arbres (à DBH»10 cm) comme les bois d’ébène ( Diospyras sp ) commencent à devenir rare.

La forêt de Vondrozo abrite aussi un bon nombre d’espèces d’origine animale tels que les primates, les oiseaux, les amphibiens, reptiles, les poissons et les insectes.

La répartition géographique des espèces animales dans la forêt de Vondrozo est plus ou moins équilibrée, si on divise la forêt en 3 sites : au nord Ambaromana, au centre Vevembe et au sud Behara. Ces 3 sites abritent à peu près les mêmes effectifs d’espèces pour chaque taxon.

5 L’Union International pour la Conservation de la Nature publie régulièrement depuis 1963, une liste rouge des espèces menacées, recensant des espèces animales et végétales de toutes sortes dans le monde entier

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Tableau 2 : le nombre d’espèces et de familles répertoriées dans la forêt de Vondrozo. Insectes Taxon Primates Oiseaux Reptiles Amphibiens Poissons (Famille) Ambaromana 7 50 9 14 4 80 Vevembe 6 58 10 19 5 88 Behara 6 51 13 15 8 83 Nombre Total recensé 7 69 23 32 8 117 Espèces Endémique 7 46 23 31 5 - Espèces introduites 0 1 0 0 2 - Source : MICET, 2005

En général, le développement de ces espèces est conditionné par la qualité de la forêt qui est leur habitat naturel. Sept (7) espèces de primates ont été inventoriées par MICET dans la forêt de Vondrozo en 2005. Il s’agit de l’ Elemur rubriventer qui est classé vulnérable et l’ Elemur albocolaris gravement menacé. Cette dernière est la plus chassée dans la zone de Vondrozo. Les paysans arrivent à capturer en moyenne, 4 Eulemur albocollaris par mois par piégeage. Par contre, l’Hapalemure griseus, Microcebus murinus, Cheirogaleus major, l’Avahi lanigeret et le Lepilemur microdon sont encore dans la catégorie des préoccupations mineures.

Pour la rubrique oiseau, parmi les 69 espèces recensées dans la forêt de Vondrozo, 34 espèces sont dépendantes de la forêt, 46 espèces sont endémiques de Madagascar et 19 endémiques régionales. Selon le statut de conservation déterminée par « Bird Life International » en 2004, deux espèces ont été classées vulnérables à savoir : Xénopisostris polleni et Brachypteracias leptosomus . Cette dernière est une espèce quasi menacée. La raison de cette situation est toujours la pratique du tavy et de la chasse d’après les enquêtes.

Quant aux Herpetofaunes (reptiles et amphibiens), ils constituent la moitié de la faune des vertébrés malgaches avec un taux d’endémisme très élevé : plus de 270 espèces ou 99% pour les amphibiens et plus de 300 espèces ou 95% pour les reptiles (Nicoll et Langrand 1989, Rasworthy et Nussbaum, 1997).

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Du point de vue écologique, il y a quatre types d’habitats dans ces trois sites forestiers pour les espèces herpétofauniques (MICET, 2005). Chaque groupe est alors classé suivant les différents types d’habitats pour chaque site : - Les espèces de la forêt primaire naturelle à l’instar du Mantella madagascariensis et Mantidactylus asper,… - les espèces non forestières qui se trouvent en dehors de la forêt tels que savane, lisière forestière, le milieu ouvert dégradé comme le Mantidactylus lugubris et le Boophis goudoti,… - les espèces du biotope aquatique forestier tels que cours d’eau, marécages par exempl le Mantidactylus grandidieri et Mantidactylus femoralis, … - les espèces à biotope aquatique en dehors de la forêt comme le Ptychadena mascarienensis et Boophis goudoti,…

Toutes les espèces reptiliennes répertoriées dans la forêt de Vondrozo sont endémiques de Madagascar. Dix-huit (18) sur les reptiles recensés ont une distribution limitée dans la partie Sud-Est de Madagascar. Trente et un (31) sur les trente deux (32) amphibiens recensés sont endémiques de Madagascar, dont 27 ont une distribution limitée dans la partie Sud-Est de Madagascar. Parmi les reptiles de Vondrozo, le Mantella madagascariensis est classée menacé par IUCN. Tandis que pour les amphibiens, l’ Anondonthylidae montana et la Zomosaurus maximus sont classées Gravement menacées. Leur répartition géographique est également limitée à cause du rétrécissement de la couverture forestière de Vondrozo. (MICET, 2005)

En général 70% de ces espèces vivent à l’intérieur de la forêt. Deux parmi eux vivent à la fois dans l’habitat forestier, et dans un habitat non forestier. Ces espèces sont appelées espèces mixtes et elles sont tolérantes vis à vis des perturbations.

Les cours d’eau de la région de Vondrozo, surtout ceux à l’intérieur de la forêt ne portent pas encore de traces de perturbation humaine. Ils constituent l’habitat de plusieurs espèces de poissons endémiques de Madagascar et de la région du Sud-Est. Toute fois, le Pratilapia sp Fiamanga (fiamainty) et le Ptychochromoides vondrozo sont actuellement gravement menacés. La pêche est pratiquée pendant toute l’année, surtout pendant la période d’étiage où les eaux sont claires et le lit de la rivière réduit. L’enquête effectuée auprès des ménages a permis de savoir qu’un ménage arrive à capturer 40 à 100 Pratilapia sp Fiamanga par semaine entre novembre et décembre.

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La Bedotia sp Vevembe est classée menacée tandis que l’ Auvaous macrorhynchus et la Sciciopterus franouxi ne préoccupent guère la population riveraine car il est difficile à attraper.

Enfin, pour les arthropodes, 1052 individus ont été inventoriés dans la forêt de Vondrozo. Dans l’ensemble, ce sont les biptères qui sont constitués par beaucoup de familles soit un nombre égal à 24, puis les coleoptères (21), les hymenoptères (14), les lépidoptères (14) qui sont tous des insectes bons voiliers et très actifs.

3. Un sol sensible à l’érosion

La formation géologique de la zone appartient à la série à graphite de Tolongoina et présente de nombreux bancs de quartzite. Le sol est du type ferralitique (Bertucat, 1958). Plus à l’est de la couverture végétale, la région Vondrozo bénéficie des sols volcaniques et des sols alluvionnaires à vocation agricole. Des coulées volcaniques forment un plateau légèrement incliné vers la mer.

On distingue trois grandes unités géologiques d’ouest en est (Figure 5) : - Le socle cristallin plissé et métamorphosé est divisé en deux séries : la série migmatite de Vondrozo avec une prédominance de migmatite à biotite, hornblende et diopside ;

- Viennent ensuite, les alluvions qui couvrent les grandes surfaces dans le cours inférieur de la Manampatrana et de la Manambavaha. - Les coulées volcaniques épaisses du crétacé moyen se trouvent dans la partie Est. Elles sont constituées de basalte et de rhyolite.

Face à la dégradation de la couverture forestière, le sol est dénudé et exposé à la pluie, au vent et au soleil. Il devient sensible à l’érosion. Les ruissellements arrachent les grains de sable des versants et les transportent vers les cours d’eau. Or la rivière a une capacité de transport de matériaux qui aboutit ensuite dans les bas fonds entraînant un problème d’ensablement des rizières.

La dégradation de la forêt affecte non seulement la vie des espèces floristiques et faunistique mais également la qualité du sol. Ainsi, l’agriculture qui est la base des activités de la population de Vondrozo peut être en danger.

20 Figure 6 : Géologie de Vondrozo

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CHAPITRE III : DES FILIERES AGRICOLES PROMOTRICES DE DEVELOPPEMENT

1. La population d’agriculteurs de Vondrozo

La population de Vondrozo est constituée principalement d’agriculteurs et d’éleveurs notamment dans la partie de Madiorano. Elle est composée d’autochtones appelés les « Sahafatra » et d’immigrants venant des régions périphériques : Ihorombe et Vatovavy Fitovinany.

Tableau 3 : Données démographiques du quartier de Madiorano

Effectif Taux

Ménage total 155 100%

Ménage enquêté 41 26,45%

Taille moyenne de ménage 5,22

Population totale 809 100%

Homme 396 48,9%

Femme 413 51,1%

Population active 347 42,9%

Population non active 462 57,1%

Population alphabète 312 38,6%

Population analphabète 497 61,4% Taux de scolarisation 65,38% Source : enquêtes personnelles, 2005 et données du comité local de sécurité, 2004

La population de Madiorano est constituée en 51,1% de femmes d’où la faiblesse du taux de la population active qui est de 42,9%. La taille moyenne d’un ménage varie de cinq à six individus. Dès l’âge de 12 ans, les enfants participent aux travaux de production comme extraction d’écrevisse ou gardiennage des cultures et des bœufs. Le 61,4% des paysans sont analphabètes et ont tendance à conserver les pratiques traditionnelles telles les techniques culturales archaïques. Les lettrés ne représentent que 38,6% de cette population dont la plupart a quitté l’école très tôt c'est-à-dire pendant la formation primaire. Ce sont ces derniers qui cherchent les moyens d’émerger de la pauvreté et améliorer leurs niveaux de vie. Cette répartition de la population est illustrée par la figure 7.

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Figure 7 : Taux de répartition démographique à Madiorano

Repartition de la population

Homme Femme 49% 51% Homme Femme

Taux de la population active Taux d'alphabétisation Population Population Population Population alphabète non active active analphabète 39% 57% 43% 61%

Population alphabète Population analphabète Population active Population non active

Les habitants de Madiorano ont une organisation sociale avec un ou plusieurs rois. Chaque village a au moins un roi dont l’élection se fait dans un comité restreint formé par des représentants de chaque ligné de famille qu’on appelle des conseillers. Le critère de choix du roi se fait d’abord suivant le droit d’aînesse puis suivant l’affiliation de l’aîné. Chaque roi possède un palais ou « Trano be » qui constitue le symbole du village. Le palais est une maison traditionnelle qui ressemble à toutes les autres maisons mise à

Porte orientale

Source : EDDY (2005) : EDDY Source

Photos 6 : TRANOBE (au dessus de la petite case)

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part sa taille qui est beaucoup plus grande que les autres maisons. Elle est construite spécialement pour héberger le roi et comme lieu de réunions lorsqu’on veut discuter de l’organisation de la société.

Le corps des notables définit les règles communautaires dont l’approbation et l’application sont discutées en conseil dans le palais. Le roi assiste obligatoirement à toutes formes de manifestation traditionnelle ou de cérémonies d’Us. C’est le cas des rites traditionnels liés à la mort et à la circoncision. Ces cérémonies se passent obligatoirement dans le palais. Les bovins sont sacrifiés à l’ouest du palais et l’alcool traditionnel est toujours présent.

Photos 7: rit uel de la réception dans le « Tranobe »

Rhum traditionnel « Le Tranobe est le bureau où le roi reçoit : EDDY, 2005) : les visiteurs » Source

Personne ne peut entrer par la porte orientale du palais sauf le roi. En cas de non-respect de cette règle une peine d’immoler un bœuf en guise de sacrifice sera attribuée à l’auteur du « délit ».

En ce qui concerne la gestion foncière, l’accès à la terre relève essentiellement du droit coutumier. Les habitants s’approprient la terre après l’avoir mise en valeur. Certains terrains comme les rizières irriguées ou « tanim-bary hosy » sont transmises par héritage ou en stockant la rizière contre des bovins. Le conflit foncier n’apparaît pour les cultures itinérantes sur brûlis ou tavy que dans le cas où lors de l’extension de ce dernier, les propriétés des autres sont touchées. Mais cette situation se produit rarement car la propriété est limitée par le défrichement.

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Les nouveaux venus sont toujours bien accueillis et bien servis. Il arrive que ceux qui possèdent un surplus de terre non exploité prêtent leur terre gratuitement aux nouveaux venus ou le laissent travailler sous forme de métayage.

Une forme de contrat verbal appelé « debaky » est aussi appliquée dans la zone pour payer une dette. Le débiteur prête gratuitement une partie de ses rizières au profit de son créancier pendant une période fixée entre les deux parties. Par exemple « RAKOTO a prêté une somme d’argent à RABE. En guise de remboursement, RAKOTO donne à RABE une partie de ses rizières afin que ce dernier puisse l’exploité à sa fin pendant une période bien déterminée»

Ainsi, la population de Madiorano s’organise bien dans le cadre de la gestion foncière. La carte du plan d’occupation du sol de Madiorano (Figure 8) élaborée par la population locale montre que les rizières sont sur les rives des cours d’eau ou bien à proximité des points d’eau. Quant aux cultures vivrières et café, ils sont placés aux alentours des habitations dans le but de pouvoir le surveiller de tout près. Les tavy sont pratiqués dans les zones forestières pour trouver des terres fertiles.

Photos 8 : Elaboration d’une carte participative du plan d’occupation du sol à Madiorano Source : EDDY, 2005

« Quelques représentants des hommes et femmes ont participé à l’élaboration de la carte »

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On constate que ce plan d’occupation du sol est en fonction de la possibilité d’aménagement de l’espace de la population de Madiorano. Les paysans cherchent toujours le moyen le plus facile pour obtenir des surfaces cultivables en s’approchant des points d’eau et en pratiquant le tavy. Ils ne se préoccupent pas du phénomène d’ensablement qui peut survenir à cause de la dégradation de la forêt.

2. Le café et le riz une source de revenu importante

«La sous région regroupant les districts de Farafangana, et Vondrozo, est caractérisée par la présence de plusieurs cultures de rente pratiquées par un nombre élevé d’agriculteurs, notamment le café avec 60% à 80% des exploitations, ainsi que le poivre et le girofle » (PRD Région Atsimo Atsinanana, 2005). Cette phrase montre déjà l’identité de la zone de Vondrozo en matière agricole. Le café peut être qualifié comme filière porteuse pour le développement économique de la région. Presque les 2/3 de la population cultivent le café, mais l’exploitation demeure encore traditionnelle. Il n’y a pas d’entretient et de renouvellement des pieds de café.

Tableau 4 : Répartition de la superficie cultivée en cultures vivrières par district de la région sud-est

DISTRICT Superficie cultivée

Farafangana 46,905Ha

Vond rozo 11,000Ha

Vangaindrano 10,350Ha

Midongy du Sud 47,060Ha

Befotaka 11,880Ha Source : PRD Atsimo Atsinanana, 2005

Parmi les cinq districts de la région Sud Est, Vondrozo ne dispose que 11 ha qui ne représentent que le 08,64% du total des surfaces cultivées en culture vivrière. Il se situe en 4ème place, juste avant Vangaindrano avec 10,350Ha qui est le dernier. Midongy du sud possède la plus grande surface cultivée avec une superficie de 47,060Ha, suivie de Farafangana avec 46,905Ha. Par contre, Vondrozo est le seul district de la région qui peut produire jusqu’à la moitié des besoins locaux en riz. Cela est confirmé par le tableau N°5 montrant la répartition des besoins en riz au niveau de la région en 1999.

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Tableau 5 : Répartition des besoins en riz dans la région du sud-est

Sous - Population Besoin en riz Production en riz Exèdent/déficit préfecture 1999 (1) (tonnes) (2) (tonnes) (tonnes)

Farafangana 3110237 37.348 10.811 -26.537

Vangaindrano 274 504 32.940 6754 -26.186

Midongy du 32 874 3.945 917 -3.028 sud

Befotaka 38 315 4.598 1043 -3.555

Vondrozo 89 103 10.692 5675 -5.017

Ensemble 746 033 89.523 25.200 -64.323 région Source :PRD Atsimo Atsinanana, 2005 (1) Projection effectuée par DDSS/INSTAT (2) Calcul fait sur la base de 120 kg/habitant/an

D’après ce tableau, le district de Vondrozo produit 22,51% du total de la production de riz de la région ; il est classé deuxième juste après celui de Farafangana. Mais par rapport à la satisfaction du besoin local en riz, Vondrozo tient la première place. Il arrive à produire 5675t/ 10.692 tonnes qui est plus de la moitié des besoins locaux en riz, alors que Farafangana n’en produit que le tiers c'est-à-dire 10.811t seulement sur les 37.348t voulues. Les paysans de Vondrozo produisent trois récoltes de riz par an, la riziculture irriguée de juin au décembre, la riziculture pluviale de novembre au juin et le tavy d’octobre au mois avril et mai.

L’essentiel de la production provient de la riziculture sur tavy . La riziculture irriguée ou « vary hosy » tient la seconde place suivie de la riziculture pluviale ou « vary vatomandry ». Le tavy occupe près de 10% de l’exploitation et 11% de la superficie rizicole, pendant la compagne 1998-1999, alors que le riz sur « tanety » n’occupe que 3% de la superficie totale. Plus de 50% des communes sont concernées par la pratique de la culture sur brûlis dans le district de Vondrozo, d’après le recensement de l’INSTAT 6 en 1999. Ces données sont confirmées actuellement par le fait que Vondrozo ravitaille Farafangana en riz.

6 L’Institut National des STATistiques

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Pour Madiorano le tableau suivant montre le rendement agricole et le nombre de récolte par an.

Tableau 6 : Les rendements agricoles à Madiorano

Spéculation Rendement (t/ha) Riz (irrigué) 1,250 Riz (pluviale) 1,875 Riz (tavy) 0,625 Manioc 10,0 0 Patate douce 4,800 Maïs 3,400 Haricot 0,800 Arachide 0,300 Café 1,700 Canne à sucre 27,000 Banane 25,000 Source : MICET/CIMAD Octobre 2005

Bien que le rendement du riz tavy soit plus faible avec une production de

0,625t/ha, cette forme de riziculture reste la plus pratiquée des agriculteurs du fait qu’elle exige peu de main d’œuvre et de temps, alors que les paysans peuvent aménager un espace nettement plus grand.

Quant au café et à la canne à sucre, ils procurent un complément de revenu aux exploitations agricoles de Madiorano. Le café et la canne à sucre sont plantés à proximité des villages pour qu’ils puissent être surveillés.

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Source MICET (2005)

Photo 9 : séchage de café

Les cultures comme les légumineuses : haricot et arachide, la banane occupent les collines et les « tanety » toujours à proximité des villages car elles nécessitent beaucoup de soins. Il en est de même pour les cultures vivrières : manioc, maïs et patate douce. Ces cultures ont été plantées à proximité des villages pour la sécurisation alimentaire. Ces cultures vivrières sont toujours une préoccupation majeure pour les paysans, même si ce n’est que pour satisfaire la consommation locale. Mais le niveau de production reste faible pour le haricot avec 0,300t/ha seulement.

Ainsi, l’importance des productions agricoles dans le quartier de Madiorano illustre la réalité rencontrée dans toute la zone de Vondrozo.

3. Un élevage : sous exploité

L’élevage bovin repose sur la gestion du pâturage dont la régénération se fait grâce au brûlis. Le système d’élevage est extensif presque pour toute la région du sud-est.

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Tableau 7 : La situation de l’élevage extensif de bœuf par district dans la région sud-est en 1997

Sous -préfecture Effectif Superficie de Nombre Tête par ha Tête par pâturages (ha) d’éleveurs de pâturage éleveur

Farafangana 26,500 39,750 6,625 0,67 4

Vangaindrano 48,200 72,300 12,050 0,67 4

Midongy/Befotaka 59,300 88,950 11,120 0,67 5,3

Vondrozo 27,800 41,700 5,210 0,67 5,3

Ensemble région 161.800 242.700 35.005 0,67 4,65 Source : DIRA Manakara, 1997

En moyenne un éleveur possède jusqu’à 5 têtes de zébu. L’élevage bovin constitue une priorité pour les paysans afin de produire mieux car les bœufs assurent le Piétinage des rizières avant la culture du riz. Malgré l’importance du zébu dans le domaine de la riziculture, moins de la moitié des exploitants possèdent un cheptel bovin (43,33%). Vu la multiplication des vols de bœufs, les ménages ne sont plus motivés à élever un bon nombre de bœufs et ne possède qu’en moyenne 4,69 têtes de bovin contre 5,3 têtes en 1997. Certains ménages louent les bœufs pour le Piétinage des rizières.

La zone d’étude représente une zone de production bovine importante et marque la transition vers le système d’élevage extensif. L’élevage des cheptels bovins coûte de plus en plus cher aux paysans car ils achètent un bœuf entre 200 000 et 400 000 ariary. Ces bœufs doivent être vaccinés tous les mois. Alors qu’un vaccin coûte entre 200 et 300 ariary par tête de bovin. Les bouviers sont souvent payés en nature à raison d’un bœuf par an.

La gestion de la fertilité des sols de pâturage se manifeste par le respect d’une jachère pouvant aller de trois à quatre ans. Tableau 8 : Situation de l’élevage à Vondrozo

Elevage Moyenne % Expl

Bovins 4,69 43,33

Porcins 2 ,00 13,33

Volailles 14,19 70,00 Source : enquête avec MICET en Octobre 2005

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L’élevage porcin concerne l’ensemble de la région sud-est. … le district de Vangaindrano qui concentre à lui seul près des ¾ de l’effectif. Par ailleurs l’effectif par éleveur y est également plus important par rapport à d’autres districts, avec un ratio de dix (10) têtes par éleveurs contre cinq (5) pour Farafangana et quatre (4) pour Vondrozo » (PRD Région Atsimo Atsinanana, 2005). Cette citation montre que l’élevage porcin est faible dans la zone de Vondrozo.

L’élevage des porcins reste à l’état extensif. Seuls les 13,3 % des exploitants le pratiquent dans la zone de Manambidala. Ceci est du à la non maîtrise des maladies. 70% de la population de Manambidala pratiquent par contre l’élevage de volailles : poules, dindes, canards et oies. Pour certains usuriers possédant un cheptel important de volaille. Ce type d’élevage contribue au paiement des travailleurs lors des grands travaux culturaux.

« Les porcs circulent librement dans la Commune rurale de Manambidala et se nourrissent de tout ce qu’ils peuvent avaler » : EDDY (2005)

Source

Photo 10 : Elevage extensif de porcin

Les facteurs indiquant l’importance de l’agriculture dans la zone de Vondrozo sont caractérisés par la présence d’une population d’agriculteurs à 80% ainsi que la variation de type de cultures pratiquées comme le riz, le café et des cultures vivrières. Cette potentialité agricole peut donc assurer un développement dans la zone si elle est bien exploitée. Malheureusement, la situation est embarrassante car plusieurs facteurs comme l’insécurité sociale et le manque d’encadrement technique empêchent cette exploitation.

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DEUXIEME PARTIE : LES CONTRAINTES SOCIALES ET ECONOMIQUES ENTRAVANT LE DEVELOPPEMENT DE VONDROZO ET DEGRADANT SA FORET

CHAPITRE IV : UNE PAUVRETE AGGRAVEE PAR LE MANQUE D’INFRASTRUCTURE ET D’ENCADREMENT A VONDROZO

1. La pauvreté à Vondrozo

Malgré les potentialités écologiques et agricoles existantes dans la zone de Vondrozo, 27% de la population est désormais pauvre. A Madiorano, la pauvreté se manifeste à travers la faiblesse de production à 1,25t/ha seulement pour le riz, le taux élevé d’analphabétisme à 61,4% , la prolifération des maladies et l’insécurité.

Les signes extérieurs de richesse restent le niveau de production de café supérieur à 1,5t/ha, les superficies possédées en rizières inondées est plus de 3ha, la possession de toiture en tôle, la possession d’un cheptel bovin important supérieur à une quinzaine de tête.

Les exploitants de Vondrozo peuvent être répartis dans trois catégories suivant leur revenu agricole annuel, la taille des surfaces exploitées et le nombre de bœufs en possession.

Un ménage pauvre ne possède en moyenne que 0,28 ha de surface cultivée. Or, les riches qui représentent 37% de la population ont en moyenne une surface cultivée de 3,71 ha par ménage. Même le nombre de journée de travail par saison est largement différent pour les deux catégories de paysans. Les riches travaillent 250 jours par saison, alors que les pauvres ne réalisent que 23 jours de travail par saison car ils consacrent un minimum de temps aux tâches agricoles au profit d’autres activités comme le salariat agricole et la vente de produits miniers qu’ils ont pu trouvé dans la régions même.

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Tableau 9 : soldes intermédiaires de gestion globaux par catégorie d’exploitants

Rubriques Riche Moyen Pauvre

Pourcentage du nombre d’exploitant 36 37 27

Surface moyenne cultivée par ménage ( Ha) 3,71 1,42 0,28

Journée de travail par saison 250 150 23

Nombre d’actifs par ménage (en moyenne) 2 2 2

Produit annuel brut (Ar) 5107862 1463351 348480

Consommation intermédiaire (travail 192000 0 0 extérieur en (Ar)

Valeur ajoutée brute (Ar) 491586 2 1463351 348480

Amortissement du matériel agricole (Ar) 6700 6700 6700

Valeur ajoutée nette (Ar) 4909162 1456651 341780,8

Rente foncière (métayage ½ hosy) 0 232750 56350

Revenu agricole annuel (Ar) 4909162 1223901 285430

Revenu agricole mensuel (Ar) 409096 101991 23786 Source : MICET/enquête personnel, 2005

Les résultats de notre enquête montrent que la population se trouvant dans la catégorie « pauvre » a un revenu agricole annuel de 285430 ariary/an. Par rapport au seuil de pauvreté à Madagascar qui est de 119600 ariary par an, les « pauvres » de Vondrozo doivent être dans la catégorie des riches. Mais l’ampleur de la malnutrition, sous- alimentation, faiblesse du pouvoir d’achat, multiplication du taux d’analphabètes, insécurité publique et le non-accès aux services sanitaires, sont des réalités rencontrées dans la zone. On a tendance à se demander « pourquoi une telle situation, alors que la population encaisse autant de revenu annuel ».

Une mauvaise gestion des stocks de nourriture constitue un facteur essentiel de pauvreté dans la zone. Les paysans ne se préoccupent guère de l’avenir pour mettre à part des réserves pendant la période de récolte. De plus, ils ont tendance à consommer le double, voire le triple de la quantité normale consommée pendant la période de récolte. Alors que pendant la période soudure, ils ne mangent presque pas de riz.

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La population de Madiorano a essayé de sortir un arbre des problèmes lors de notre recherche participative (Figure 9). L’objectif est de comprendre les causes de leur pauvreté, afin de pouvoir identifier les solutions nécessaires pour y remédier. Dans cet arbre de problème, la relation de cause à effet a été mise en exergue. Chaque problème identifié a toujours un impact négatif à la vie de la population. Cet impact est devenu un problème additionnel qui va en engendrer d’autre et ainsi de suite.

La figure 9 montre que la base de la pauvreté à Madiorano est l’enclavement. Ceci a engendré l’isolement de la zone et l’insécurité. Par conséquent, la population vit dans l’autosubsistance et ne parvient pas à augmenter leur production. La réalité ne permet pas aux paysans d’émerger. Ils doivent vivre avec leur propre moyen qui est la nature. Or cette nature ne persiste pas à une forte pression anthropique car après plusieurs années d’exploitation, la forêt se dégrade, le sol devient stérile et érodé, les rizières sont ensablées, la production s’affaiblit, la population devient vulnérable et ne résiste pas à la prolifération des maladies. Une population vulnérable ne parvient à augmenter leur revenu. D’où une pauvreté accentuée.

Les sous chapitres suivants vont nous montrer la manifestation de ces différents facteurs de la pauvreté à Vondrozo.

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Figure 09 : ARBRE DES PROBLEMES A MADIORANO

ENCLAVEMENT

Insécurité Isolement

Vols de boeuf Manque d'encadrement Difficulté d'accès au sol technique et de matériel agricole Etroitesse des périmètres cultivés

Diminution du nombre de Paysans démotivés bœuf qui participe au Piétinage des rizières (mise en boue) Pratique du Tavy Perte de temps pendant la poursuite des boeufs volés Dégradation de la forêt

Diminution des ressources naturelles Difficulté d'accès aux Erosion Diminution de infrastructures Diminution du temps la quantité de scolaires et sanitaires Eloignement pluie consacré aux travaux de la forêt agricoles

Difficulté Ensablement Mauvaise qualité de l'eau d'irrigation des des rizières et rizières des sources (impropre à la santé) d'eau

Prolifération Diminution de la production des maladies

Transport des produits à dos d’homme

Quantité des produits agricoles Malnutrition évacués très faibles

Faible revenu

Paysans vulnérables Faiblesse du pouvoir d'achat faible

Paysans très pauvres

Source : Méthode d’Approche et de Recherche Participative à Madiorano (enquête personnelle, 2005)

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2. L’enclavement partiellement intentionné dans la zone de Vondrozo

Des routes en terre non praticables en période de pluie relient les chefs lieu de commune au chef lieu de district de Vondrozo. Parmi ces routes, seule la route nationale

Y (2005) : EDD :

Source

Photo 11 : Vandalisme anti-économique n°27 reliant Vondrozo à Ihosy a été récemment réhabilitée jusqu’à Manambidala. Mais les travaux n’ont pas tenu longtemps à cause du creusement provoqué par les pneus des camions des collecteurs et du vandalisme anti- économique de certains collecteurs égoïstes qui détruisent quelques ponts, afin d’empêcher les autres collecteurs concurrents de passer. L’axe reliant Manambidala et Ihosy est coupé depuis 1999 à cause de l’insécurité. L’enclavement de la zone dû à une absence ou au mauvais état des infrastructures routières : routes et ponts, a un impact négatif à l’écoulement des produits locaux. Les collecteurs n’arrivent plus sur place mais attendent l’arrivé des produits sur le marché de Vondrozo.

Le problème de transport limite considérablement les flux commerciaux ainsi que le niveau de production car les exploitants s’adonnent à l’autosubsistance. L’enclavement actuel n’encourage pas les producteurs à réaliser des investissements productifs comme le métayage ou l’allocation de terrain à cultiver. La commune rurale de Manambidala a accès à une route nationale n°27 qui est désormais coupée dans le but d’atténuer les vols de

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bœufs. Aucun taxi-brousse ne le relie aux autres communes ou au Chef lieu de district. Quoiqu’il en soit le transport par taxi-brousse est possible au niveau régional mais la fréquence n’est pas stable en moyenne 2 fois par semaine. Par conséquent, la quantité des produits évacués est limitée en fonction du produit qui arrive sur le marché et le nombre de camion ou taxi-brousse présents. Le chemin emprunté reste encore celui de Farafangana.

Au niveau communal, le transport en charrette est rare. La majorité des paysans transporte les produits et marchandises à dos d’homme depuis les champs de cultures jusqu’aux villages et des villages jusqu’au marché soit sur une moyenne de 11km pour 3 heures environs. Il faut signaler que la plupart des villages ne sont reliés au marché que par de simples pistes. Il arrive que, les paysans sont obligés de traverser des cours d’eau avant d’arriver au marché. Il s’ensuit que les quantités transportées et vendues sont limitées par la capacité physique du transporteur et la distance. Ceci oblige les paysans à brader leurs produits agricoles au profit des collecteurs qui prennent les risques en allant sur place pendant la période de récolte. Ce pendant le prix du kilo de café baisse jusqu’à 700 ariary alors qu’au marché il est 1050 ariary. De même pour le riz, le 1 kilo est acheté à 700 ariary aux paysans mais vendu à 980 ariary au marché. Le fruit de cette vente leur permet à peine de se procurer les Produits de Première Nécessité dont les prix sont élevés par exemple le kilo du gros sel est vendu à 800 ariary. Certains paysans échangent un gobelet de riz contre ½ gobelet de gros sel aux épiciers .

En pratiquant le tavy , le rendement agricole de la zone s’avère amélioré. Le phénomène d’autosubsistance devrait être résolu si les produits sont bien acheminés vers le marché à bon prix. Malheureusement, ce n’est pas le cas à cause de l’enclavement de la zone.

3. Infrastructures scolaire, sanitaire et agricole insuffisantes et délabrées

Dans le cadre de l’éducation, l’éloignement des écoles dû à cette situation d’enclavement entraîne une hausse du taux de déperdition scolaire. A Madiorano sur les 240 enfants scolarisables, 220 sont scolarisés. Les 8,33 % des enfants scolarisables ne vont pas à l’école. Seuls trois instituteurs, dont deux titulaires et un suppléant, se chargent de cinq classes qui s’échelonnent du CP 1 jusqu’au CM 2.

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Tableau 10 : Effectifs des élèves dans l’école primaire de Madiorano (Source : Direction EPP Madiorano , 2005 )

L’infrastructure scolaire est en mauvais état ; non seulement Niveau Effectifs les 3 salles de classe pour les 5 niveaux qui existent ne sont pas CP 160 1 réhabilitées, mais le nombre de tables bancs et le matériel CP 32 2 d’enseignement sont insuffisants et usés. Ainsi, les cours des CE 14 élèves du CP1 et CP2 sont alternés d’une journée. Tandis que CM 2 1 le CE et CM1 sont groupés dans une seule salle. Certains élèves CM 2 12 sont obligés de s’asseoir sur le dallage de la salle de classe. Le temps consacré à l’école est seulement 4 heures par jour pour chaque classe. Le taux de redoublement en CP1 est de 65%. Certains élèves abandonnent

: EDDY EDDY (2005) :

Source

Photo 12 : le chemin qui mène à l’école

l’école dès le CP 1. Selon les explications des enseignants, l’attaque fréquente des « dahalo » - qui est en moyenne 2 fois par mois - et le besoin en main d’œuvre pour la production perturbent la scolarité des enfants. Ainsi en 2004, seul un élève sur cinq a réussi à l’examen de CEPE. Pour aller à l’école l’élève est obligé de se déplacer à pied à Vondrozo situé à 12 km de Madiorano, là où se trouve le collège d’enseignement secondaire le plus proche.

Sur le plan sanitaire, la commune rurale de Manambidala ne possède qu’un seul CSB II 7 dans le chef lieu de commune. Un seul infirmier se charge de la santé de la population locale. Combiné avec le manque de médicaments et le manque de techniciens

7 Centre de santé de Base Deuxième catégorie

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sanitaires, l’éloignement du centre de santé accroît la prolifération des maladies. Le taux de fréquentation du CSB II est seulement de 40,08% (source : CSB II de Manambidala, 2005). Les malades doivent être transférés au seul centre hospitalier de district à Vondrozo en cas de maladie hors de la compétence du CSB II de Manambidala.

Tableau 11 : Le budget mensuel d’un ménage pauvre composé de 5 personnes Désignation des dépenses Revenue Dépenses Dépenses Ecart (Ar) mensuelle (Ar) Prévues (Ar) Réalisées (Ar) 25 000 Achat de pétrole 2000 2000 0 Achat de sel 1000 700 +300 Achat de sucre 1300 1000 +300 Achat d’huile 1000 800 +200 Achat de café 1000 2000 -1000 Achat de riz 13500 14600 -1100 Achat d’allumette 200 200 0 Achat de viande 0 3000 -3000 Achat de médicament 0 2600 -2600 Autres 5000 1500 +3500 SOMME 25000 25000 28400 - 3400 Source : enquête personnel, Octobre 2005

Ici un ménage pauvre gagne en moyenne 25000 ariary par mois. Or la part des dépenses alimentaires seulement atteint 23600 ariary. L’achat des médicaments n’est pas prévu dans le budget mais réalisé. Ceci veut dire que le revenu mensuel de ce ménage ne suffit pas pour satisfaire le minimum de besoin de la famille. Leurs enfants ne vont plus à l’école après avoir terminé le niveau CP2 afin d’aider les parents à chercher de l’argent. Le budget pour la santé n’est pas prévu car le revenu est très faible.

On peut dire que la population de Vondrozo est vulnérable. La force productive est réduite. Les paysans adoptent, par conséquent, la théorie du « minimum de main d’œuvre pour un maximum de surface cultivée». C'est-à-dire, en pratiquant le tavy les paysans n’ont besoin que du feu pour brûler la forêt et quelque main d’œuvre pour le repiquage.

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Le manque de main d’œuvre est alourdi par le manque d’infrastructure et de

EDDY (2005) : e e Sourc

Photo 13 : une vaste superficie cultivable partiellement aménagée matériels. Cette insuffisance ou absence de matériels et d’équipement combinés à la non maîtrise de l’eau limite l’aménagement des vastes superficies cultivables qui s’étendent sur près de 60 ha à Madiorano.

Par contre, les paysans essaient toujours de maîtriser la situation en arrangeant un calendrier cultural (tableau 12).

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Tableau 12 : Le calendrier cultural à Madiorano Spéculation Durée du Juil Août Sept Oct Nov Déc Janv Févr Mars Avr Mai Juin cycle Riz hosy 6 à 8 mois Riz vatomandry 6 à 7 mois Riz tavy 7 à 8 mois Manioc 10 à 13 mois Patate douce 4 mois Café 5 ans Banane 12 mois Canne à sucre 12 mois Haricot 4 mois Arachide 5 mois

(Source : MICET/CI, Octobre 2005)

LEGENDE:

: Fauchage et récolte : Recepage : semis : repiquage : Trouaison

: Travail du sol Piétinage : sarclage : plantation : Défrichement + Brûlis + repiquage

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La répartition des travaux culturaux dépend souvent de la nature du terrain à cultiver. A Madiorano, la riziculture de bas fond est répartie en deux saisons de culture. La durée du cycle cultural varie entre six et huit mois : La riziculture irriguée est pratiquée sur les bas fond et dure environ 8 mois qui commence par le Piétinage des bœufs en juin suivi du semis entre mis juillet et mis août, ensuite le repiquage entre mis août et mis septembre suivi du jusqu’au fin octobre. Enfin le fauchage et la récolte commencent en décembre jusqu’au Février. Par contre, la riziculture pluviale se pratique plus précisément entre les rives des fleuves et le flanc de la colline qu’on appelle « baiboho », elle ne commence qu’au mois de novembre et se termine en juin. Les opérations et la durée sont à peu près identiques à celui de la riziculture irriguée. La riziculture sur tavy dure 8 mois et commence par le défrichement, le brûlis et repiquage d’octobre au mis décembre. La population riveraine du corridor utilise la hache et le coupe-coupe pour défricher et du silex et/ou du bois pour obtenir le feu. Toutefois, le sarclage est obligatoire pour la culture tavy . Le semis se déroule en mis décembre, le sarclage en février et la récolte en avril et mai. Le niveau élevé de travail exigé par le repiquage, le sarclage et la récolte font que les rizicultures de bas fond demandent plus de temps aux exploitants, comparé à la riziculture tavy . Les légumineuses : arachide et haricot sont les plus grandes consommatrices de main d’œuvre avec 6 personnes par hectare en moyenne, suivies de la banane 5 pers/ha. Les vieilles plantations ne font l’objet d’aucun entretien dans la majorité des cas.

Tableau 13 : Le salariat agricole en nombre de "daba" en ariary (culture de riz) Travaux HJ/Ha Daba Salaire/ha Travail du sol 9 1 9 000 semis 3 0,3 3 000 sarclage 11 1 11 000 Fa uchage et récolte 20 2 20 000 transport 4 0,4 4 000 décortiquer 13 1 13 000 Total 60 6 60 000 Source : MICET, Octobre 2005

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La rentabilisation de la main d’œuvre est essentielle pour exercer les travaux culturaux. Les pointes de main d’œuvre se situent aux mois de juin à août pour les travaux du sol et aux mois de décembre à février pour le fauchage et récolte. Les exploitants peuvent exercer d’autres activités de mars à mai.

La rémunération est de l’ordre de 1000 Ariary par personne et par jour, restauration en sus (10 kapoaka 8 de riz par personne et par jour). Les charges liées à la main d’œuvre pour chaque exploitation sont ainsi en fonction des superficies cultivées.

Le tableau 14 résume les principaux matériels de production des exploitations agricoles et les types de travaux pour lesquels ils sont utilisés :

Tableau 14 : Les matériaux de production et leur fonction

Matériels Piétinage Semis Repiquage Tavy Sarclage Billons/Plantation Récolte

Bovins X

Bêche X X X X X

Pelle X

Faucille X

Allumettes X

Bois/Pierre X

Bâton X

Couteau X X Source : enquête avec MICET Octobre 2005

Les paysans utilisent généralement la bêche et le couteau dans les processus des travaux de culture. Or ces matériels s’avèrent insuffisants. Par conséquent, ces paysans utilisent les bœufs pour piétiner les rizières des bas fonds.

8 Gobelet, ou boite de lait concentré de 33 cl

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Tableau 15: Le matériel agricole par ordre d’importance Bêche Matériel Bovins Couteau/faucille hache Charrue Sarcleuse Charrette (angady) Nombr e par ménage 2,86 2,00 2,00 0,71 0,14 0,29 0,29 (moyenne) Source : MICET/CI Octobre 2005

La riziculture en ligne n’est pas pratiquée compte tenu du manque d’encadrement. Les sarclages sur les « baiboho » et les rizières inondées se font à la main ou à la bêche. Les canaux traditionnels en bois sont quelquefois utilisés pour amener l’eau d’irrigation vers les rizières des bas fonds. Le couteau à multiple usage est utilisé lors de la récolte. : EDDY (2005) rce Sou

Photo 14 : utilisation de l’angady (bêche)

Comme le montre le tableau 15, le bœuf constitue l’essentiel du matériel agricole, non seulement pour les travaux de Piétinage des rizières inondées, mais aussi pour la défection qui sert également d’engrais. Il est à remarquer que les producteurs de la zone n’utilisent ni fumure ni intrant sur leurs terres.

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Photo 15 : Piétinge de rizière inondé à l’aide des bœufs (Source : Eddy, 2005)

La majorité des paysans loue actuellement des bœufs ainsi que la charrue et la sarcleuse. Les paysans associent les différentes sortes de culture comme le montre le tableau 16. Tableau 16 : Les associations culturales

Spéculation Riz Manioc Patate Saonjo Haricot Arachide Banane Letchi Café Légumes Agrumes douce Riz Manioc x x x x Patate douce x x Saonjo x Haricot x Arachide Banane x Letchi x x Café x Légumes Agrumes Source : MICET Octobre 2005

: Case inutile

x : Association de 2 cultures différentes

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Aliment de base complémentaire du riz, le manioc est cultivé presque tous les ans. La culture de manioc dure 8 à 12 mois. Certains paysans le cultivent avec la patate douce ou le haricot, l’arachide et les légumes. Le café peut être aussi associé avec la culture fruitière, banane ou letchi.

Les agriculteurs essaient en outre de maîtriser leurs ressources en eau afin d’étendre la surface irriguée. Des barrages d’irrigation traditionnelle sont construits à l’aide de plusieurs morceaux de pierres et de feuilles de banane sur certains cours d’eau afin de pouvoir retenir l’eau et le dévier vers les rizières. L’emplacement des barrages est très bas par rapport à l’altitude des sources d’eau. De plus ces barrages traditionnels sont en piteux état et ne résistent pas aux fortes pluies, ce qui a pour effet de limiter l’eau disponible pour l’irrigation. 25 ha de rizières sont irrigués approximativement par ces petits barrages traditionnels à Madiorano. Le barrage de Namolo est le seul barrage en dur de la zone, mais les canaux d’irrigation sont en mauvais état, faute d’entretien et de réhabilitation. : EDDY (2005) Source

Photo 16: Barrage traditionnel (tabika) de Madiorano kidy

L’analyse permet de dire que les pauvres essaient de valoriser au mieux la surface cultivée et le temps qu’il consacre à l’agriculture par les moyens qu’ils possèdent. Alors que le plus important pour les exploitations moyennes et riches, c’est le revenu total que peut gagner un actif agricole.

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Les ravageurs de cultures tels les oiseaux et les sangliers inquiètent grandement les exploitants d’autant plus qu’ils n’ont aucun moyen de lutte outre la chasse ; d’où le gardiennage de leurs parcelles de cultures. Ainsi, pour lutter contre les vols sur pieds, les attaques de sangliers, d’oiseaux ravageurs et des rats, les agriculteurs se déplacent toujours près de leurs parcelles de riz, notamment en période de sarclage jusqu’à la période de récolte. Or, pendant le gardiennage des rizières, les paysans ne peuvent rien faire d’autre que de veiller le riz. : EDDY (2005) (2005) EDDY : Source

Photo 17: Gardiennage des rizières

Ainsi les paysans ne peuvent pas pratiquer d’autres activités génératrices de revenus pendant ce moment de gardiennage.

Face au manque d’infrastructure agricole et à l’insuffisance d’infrastructure routière pour l’évacuation des produits locaux, les paysans se trouvent dans une situation délicate qui limite leur faculté d’améliorer la production. Outre les ravageurs de culture, les paysans s’inquiètent également de l’insécurité de la zone.

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CHAPITRE V : ASPECTS DE L’INSECURITE SOCIALE A VONDROZO

1. Le vol fréquent des bœufs

L’acte de banditisme dans la zone a été remarquable depuis les années 80. L’année 1987 a marqué une attaque sanglante des brigands ou « dahalo » dans la région,

Photo 18 : Parc de bœuf récemment vidé par les brigands. : EDDY : (2005)EDDY Source

en tuant des dizaines enfants en bas âge et femmes, et en brûlant 27 villages. Selon le dire des gens, ces brigands sont venus des régions voisines mais pas bien précises. Malgré l’instauration et la mise en application de conventions sociales « dina » qui permettent de régler les conflits,- une peine de mort ou « dina menavozo » est appliquée spécialement aux voleurs de bœufs, aux meurtriers et aux violeurs des mineurs, - depuis le 27 juillet 1988, les attaques des « dahalo » ne s’arrêtent pas.

D’autres crimes comme les vols sur pieds, l’entrée par effraction et les viols sont sanctionnés par l’offre de bœufs, dont le nombre varie selon le degré du crime aux victimes.

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Les vols de bœufs ne sont plus motivés comme auparavant, selon le dire des paysans, par la coutume de leurs voisins Bara qui oblige les jeunes garçons à voler des bœufs afin de pouvoir conquérir une femme. Aujourd’hui, le vol de bœuf est pratiqué non seulement par les bara mais également par certains jeunes autochtones de Vondrozo. Poussé par la pauvreté et la jalousie ces jeunes se lancent sur le vol de bœufs. La plupart de bœuf volé se disparaît dans la forêt qui sépare la région de Sud-Est avec celui d’Ihorombe. Ainsi il est fort probable que ces bœufs volés sont vendus dans la région d’Ihorombe.

L’effectif total des bovidés dans la commune rurale de Manambidala en 2005 était de 1976 avec 327 éleveurs (Mairie de Manambidala). Le quartier de Madiorano ne possède que 152 têtes de bœufs. Selon toujours le rapport de la commune rurale de Manambidala, de janvier au mois d’août 2005, seuls 48 sur 106 des bœufs volés ont été retrouvés. On remarque que dans cette commune, il y a deux issues (kizo) des brigands tels que Madiorano et Vohilava qui se trouvent sur la périphérie de la forêt de Vondrozo. Le village de Tsaragisa de la commune rurale de Vondrozo a subi deux attaques successives en une semaine, le mois de décembre 2005.

Les paysans victimes des vols fréquents sont d’une part, terrorisés. Leurs temps de travail diminuent d’autre part à cause des poursuites qu’ils doivent mener sans cesse pour récupérer les bœufs volés. Ils tendent alors à limiter leurs cultures et élevage entraînant de la sorte une diminution de leur consommation alimentaire. Or, afin de prévenir les dépenses occasionnées par la poursuite communautaire des bovins volés, les paysans doivent toujours se préparer à une caisse communautaire par village.

De plus, les paysans n’échappent pas aux taxes et droits qu’ils doivent à la commune. Ceux qui ont trouvé les bœufs perdus doivent informer l’autorité communale. Quant aux propriétaires des bœufs trouvés et ramenés par les villageois à la mairie, ils doivent payer à la commune 400 ariary/bœuf/jour, comme frais de séjour en fourrière, à la commune. Sinon, 4000 ariary si les personnels de la mairie se chargent de la conduite des bovins chez les propriétaires.

Face à l’insécurité et au manque de circulation de la monnaie dans la zone, les exploitants se tournent vers le système de thésaurisation utilisant les bovins, les rizières et les volailles en tant que moyens d’épargne. La conversion de cette épargne en monnaie à

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lieu lors des grandes fêtes ou cérémonies comme la circoncision et la fête de l’indépendance ou en cas de besoin urgent de liquidité.

La tendance à limiter la production à cause de l’insécurité diminue le taux de consommation alimentaire des paysans.

2. Une Population sous alimentée et mal nourrie

Selon la FAO en 2005 la sécurité alimentaire est une « Situation caractérisée par le fait que toute la population a en tout temps un accès matériel et socio-économique garanti à des aliments sans danger et nutritifs pour couvrir les besoins physiologiques, répondant à ses préférences alimentaires, et lui permettant une vie active et d’être en bonne santé », PANSA (Plan d’Action Nationale pour la Sécurité Alimentaire). Cette définition montre que l’apport des aliments sans danger et nutritifs est très importante pour promouvoir la capacité productive d’une personne. A Vondrozo la malnutrition est un phénomène encore remarquable. Elle se montre par la perte des poids, la croissance tardive et le gros ventre chez les enfants. L’aliment de base est le riz mais seulement en période de récolte entre décembre et juin car une fois que la période de soudure s’approche depuis août au novembre, les réserves commence à épuiser et la plupart des ménages ne mange que du manioc et du fruit de jacquier pour « tenir le ventre » comme on a l’habitude de le dire à Vondrozo. Or c’est à ce moment que les paysans doivent fournir des efforts intenses pour effectuer les travaux agricoles nécessaires tels que le travail du sol et le sarclage.

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Photo 19 : Source : (2005)EDDY

Un enfant entrain de manger le fruit de jacquier Des enfants avec un Gros ventre

Tableau 17 : Comparaison de la situation nutritionnelle et sanitaire entre Vondrozo et Farafangana Paramètre Farafangana Vondrozo

Prévalence de la malnutrition infantile entre 12.7 % et 61.7 % entre 7.9 % et 17.9 %

Risque de mortalité infantile causée par 2.3 % 1.43 % la malnutrition

Manque de viande 8.6 % 14.6 %

Manque de lait et de 34.6 % 62.4 % Consommation ses dérivés alimentaire Consommation nutritionnelle insuffisante de 20.3 % 35.4 % légumineuses Consommation normale de fruits et 31.5 % 53.9 % légumes Aliments tabous 21.5 % 69.1 % Comportement Allaitement maternel à risque à 48.2 % 40.3 % exclusif avant 6 mois impact Absence de nutritionnel. 89.8 % 93.8 % contraception Morbidité des Paludisme 88.6 % 79.9 % maladies à Parasitoses 85.9 % 82.7 % impact intestinales nutritionnel Infections 49.5 % 55.3 % (chez les respiratoires aiguës enfants de Maladies diarrhéiques 45 % 36.8 % moins de 5 ans) Source : PISAF 9, 2002

9 Projet Intégré de Sécurité Alimentaire dans la Région de Farafangana

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Cette comparaison (tableau 14) met en exergue la nuance de la situation sanitaire et nutritionnelle entre Vondrozo et Farafangana. L’enquête a été menée par l’équipe du Projet Intégré de Sécurité Alimentaire dans la Région de Farafangana, sur 4 535 enfants répartis dans 3 190 ménages, dans les districts de Farafangana et de Vondrozo, en 2002. Elle a touché 30 communes rurales ; 20 communes de Farafangana sur les 30 existantes et 10 de Vondrozo sur un total de 16. (PISAF, 2002)

Les résultats montrent que le district de Vondrozo est moins touché par la malnutrition par rapport à Farafangana. On peut dire que la situation diffère suivant l’espace, car la vulnérabilité de la sécurité alimentaire est plus importante en zones côtières qu’aux zones situées sur les collines. Le risque de mortalité des enfants en situation de malnutrition devrait être faible à Vondrozo. Mais en voyant le taux de morbidité des maladies à impact nutritionnel qui frappent souvent les enfants de moins de cinq ans qui est 82.7 % à Vondrozo et 85.9 % à Farafangana , on constate que les deux districts se ressemblent. Ceci est peut être dû au taux élevé des ménages privés de viande ( 14.6 %), de lait et de ses dérivés ( 62.4 %) à Vondrozo. Il ne faut pas non plus négliger le comportement à risque sur l’impact nutritionnel, 69.1 % des ménages à Vondrozo ont des aliments tabous comme la viande, le poisson et l’œuf. De ce fait les paysans ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins physiologiques. L'allaitement est souvent exclusif avant 6 mois pour plus de 40% des mères dans la région à cause de l’insuffisance du lait maternel.

3. Prolifération des maladies

La prolifération des maladies telles que le paludisme, la gale, la filariose ou l’éléphantiasis, la diarrhée et la bilharziose peut également provenir d’une sous- alimentation ou une malnutrition à l’image de la région sud-est. Ces diverses maladies touchent la plupart des habitants de Manambidala, ainsi que de Vondrozo. Selon PISAF en 2002, 79.9 % de la population de Vondrozo sont atteints du paludisme. Le Service de Santé du District de Vondrozo ne possède aucune donnée statistique sur les personnes atteintes du Filariose et de l’éléphantiasis car les paysans ont honte de les déclarer au médecin. Quant aux infections respiratoires aiguës, 55.3 % de la population de Vondrozo sont touchés en 2002 (PISAF).

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Photo 20 : Source : MICET (2005) (2005) MICET : Source

Paludisme Eléphantiasi s

La gale Filariose

La propagation des puces à cause de l’élevage extensif des porcins provoque des infections cutanées non négligeables chez les enfants. Comme les parents sont tout le

Photo 21 :

Extraction des œufs de Source : EDDY (2005) Infection de la plante des pieds puce sur la plante du pied Soixantaine d’œufs tirés temps préoccupés par les travaux de production, les enfants ne sont pas bien surveillés. D’où des soixantaines de puce peuvent être trouvé sur les pieds d’un enfant. Ces puces pondent sur la plante des pieds provoquant des plaies après l’extraction des œufs comme le montre les photos ci-dessus.

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La faiblesse de productivité chez la population de Madiorano est la conséquence de leur vulnérabilité. Non seulement les paysans sont fragiles mais le temps consacré à la production diminue également à cause de l’insécurité.

CHAPITRE VI : PRODUCTION AU DETRIMENT DE LA FORET

1. Pratique culturale itinérante sur brûlis

Face à l’inégalité de l’accès au sol entre les riches et les pauvres, la croissance démographique galopante et l’insécurité dans la région, les petits exploitants agricoles qui ne possèdent que de petite surface cultivée tendent à se réfugier dans les cultures vivrières d’autosubsistance nécessitant un minimum de main d’œuvre et de capital. Le tavy représente alors le moyen idéal pour la réalisation de cet objectif d’autant plus que l’accès à la terre y est facile et à coût nul pour l’ensemble de la communauté. L’usage du feu permet d’exploiter un maximum de surface en un minimum de temps. Malgré le fait que le tavy nécessite un certain effort pour le sarclage, cette pratique demeure la plus rentable. La culture de la canne à sucre destinée à la fabrication d’alcool artisanal constitue aussi une source de revenu des paysans. Un ménage arrive à écouler de 50 à 1500 litres d’alcool artisanal sur le marché dont le prix du litre varie entre 800 et 1000 ariary.

La culture sur tavy se déroule sur les collines, flancs de montagne, et à l’intérieur de la forêt suivant une rotation culturale comme suit : - La riziculture tavy pour la première année de culture fait partie des cultures pluviales. - La deuxième année de culture est consacrée à la culture des haricots, - La troisième année, à celle de la patate douce, - la culture de manioc succède à celle de la patate douce, la quatrième année. - Après quatre à cinq ans de culture sur le tavy , les paysans laissent le terrain se reposer ou en jachère pendant au moins 5 ou 6 ans avant de le retravailler. Ils défrichent et brûlent tout de suite après une autre partie de la forêt pour avoir de nouveau une terre fertile à cultiver et ainsi de suite.

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Photo 22 : « Tavy » à l’intérieur de la forêt

MICET (2005) : Source

On distingue en général, quatre grandes phases de travail aucours d’une année de culture : les travaux du sol, le semis, les sarclages et la récolte. Les travaux du sol consistent à défricher puis à brûler la forêt. Les grains sont ensuite semés. Les sarclages sont obligatoires pour éliminer les mauvaises herbes. A la récolte, les grains de riz sont fauchés à l’aide d’un couteau. La paille de riz laissée après fauchage n’est pas valorisée mais brûlée au champ pour apporter quelques éléments fertilisants au sol et pour minimiser les travaux d’élimination des adventices pour la prochaine campagne. : EDDY (2005) Source

Photo 23 : brûlis pour le tavy

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Du point de vue social, il ne faut pas oublier que les croyances et la superstition ont un rôle primordial dans la stratégie des exploitants agricoles. C’est ainsi que les fluctuations du rendement sont attribuables essentiellement au sort ou à une malédiction divine. Par conséquent, selon la logique locale, les pratiques ou l’effort d’amélioration de la production présentent un impact négligeable face au destin.

Une stratégie d’autosubsistance permet par la suite aux ménages de faire face aux besoins vivriers du ménage, bien que la tâche ne soit pas facile avec la forte croissance démographique. Tout cela ne fait que renforcer la pratique des cultures sur brûlis pour augmenter la production. Or les zones subissant les effets de brûlis intenses et répétitifs présentent des débuts de « lavakisation » qui risque une menace d’improductivité sur de plus grandes surfaces.

Le sol du tavy est riche uniquement jusqu’à la première récolte. Sur des sols à forte pente et découverts, l’effet conjugué des pluies et du vent lessive le sol et le dépouille de l’humus qui conditionne la qualité et la quantité des récoltes suivantes. D’où

Photo 24 : Erosion sur des sols à forte pente : EDDY (2005) Source

« Les ruissellements arrachent les grains de sable des versants et les transportent vers les bas fonds »

un abandon des terrains cultivés dû à la baisse de fertilité des sols à partir de la cinquième ou sixième année de culture. Par ailleurs, un début d’ensablement des rizières se fait

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sentir. Les ruissellements arrachent les grains de sable des versants et les transportent vers les cours d’eau. Or, la rivière a une capacité de transport de matériaux qui aboutit ensuite dans les bas fonds entraînant un problème d’ensablement des rizières.

Chaque année, 1/4 des parcelles de rizières sur le long des cours d’eau sont ensablés (MARP à Madiorano, 2005). Ce phénomène commence à se propager dans les bas fonds à cause des érosions sur les pentes des collines dénudés.

2. Pâturage et élevage non conformes

Les bovidés sont laissés en libre pâturage le jour et parqués au niveau des villages la nuit pendant toute l’année. Comme pour toute la région, les collines, les plaines et les bas fonds de la zone d’étude constituent des zones de pâturage pour les bovidés. Mais il y a quand même des zones interdites au pâturage. Il s’agit des zones de production pour lesquelles la divagation des animaux peut affecter les récoltes, des tombeaux à l’intérieur de la grande forêt et des zones définies comme interdites d’accès par les autorités. Les bouviers sont sensés Source : (2005)EDDY

Photo 25 : zone de pâturage pour les bovidés connaître ces zones interdites et les endroits susceptibles de mettre en danger les bovidés comme les endroits où on peut rencontrer certaines essences forestières qui possèdent un caractère toxique. Par contre, les bouviers ne se préoccupent pas de l’importance écologique des jeunes plantes que les bœufs pourraient piétiner. Ils laissent librement les bœufs pâturer à l’intérieur de la forêt.

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Le feu de pâturage est pratiqué surtout pendant la période sèche afin de régénérer des jeunes herbes pour le bétail. Certaines parties de la forêt sont brûlées par des feux volontaires ou involontairement laissés par les « Dahalo » ou par les passagers de la route vers Maropaika. La forêt constitue non seulement une zone de production mais également de chasse, de pêche et de cueillette pour les riverains de la forêt de Vondrozo.

3. Exploitation irrationnelle des ressources naturelles

L’exploitation des ressources forestières d’après les enquêtes auprès de la population de Madiorano est résumée dans le tableau 15 : Tableau 18 : Exploitation des ressources forestières

Méthode ou Fréquence de Revenus bruts % Produit forestier Saison matériel Quantité moyens (en la collecte Exploitants d’extraction ariary par an)

Octobre à 5-50 par 8,33 32640 Crabe janvier Journalier Nasse (vovo) jour/pers

Octo bre à 20 -60 par 2 34660 Ecrevisse d’eau douce janvier Journalier Nasse (vovo) jour/pers

A la ligne et nasse (heva et 1.85 120000 Anguille Mai à juillet vovo)

02 à 10 litres par semaine/pers 12,5 360000 Novembre à Une fois par (tantely Miel décembre semaine mena)

Toute 1 à 3 par 4,17 172800 Lémurien l’année pièges chasse

Toute 1 par 2 160000 sanglier l’année pièges piège/chasse

SOMME EN MEYENNE 880100 Source : MICET et enquête personnel, 2005

La chasse et la cueillette occupent la seconde place dans les activités de la population après l’agriculture. L’extraction de miel est le plus rentable dont 12,5% de la population la pratique. Un exploitant qui otient 2 à 10litres de miel par semaine peut

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gagner jusqu’à 360000 ariary par an. 8,33% des paysans pratiquent l’extraction de crabe dont le revenu moyen annuel est de 32640 arriary/an. Les paysans pratiquent également la cueillette des ignames, des mangues, des oranges,…et la chasse aux tanrecs, aux sangliers, aux pintades sauvages, aux lémuriens et coqs sauvages pour pallier au manque de revenus ou tout simplement pour une diversification alimentaire procurant un apport nutritif complémentaire. La chasse aux sangliers et aux lémuriens est pratiquée pendant toute l’année. Les paysans utilisent des pièges traditionnels pour les chasser. Ils arrivent à capturer 3 lémuriens par chasse, soit environs une quinzaine par année. Tandis que l’extraction des ressources halieutiques telles que le crabe, l’écrevisse d’eau douce et l’anguille est pratiquée d’octobre à janvier. Le matériel d’extraction le plus utilisé est la nasse qui ne suit pas les normes de pêche. Une personne arrive à extraire 50 crabes ou 60 écrevisses par jour.

Environ 75% des paysans exploitent ces ressources forestières. Toute personne apte à pratiquer la pêche participe en général à cette exploitation. A Tsararano, un village de Madiorano par exemple, un groupe d’enfants avec une moyenne d’âge de 10 ans extraie une cinquantaine d’écrevisses par jour en période pluviale correspondant à un gain de 1500 ariary. On peut dire que la pratique de la pêche est excessive et sans limite dans la région. Elle se fait toute l’année, surtout en période d’étiage où les eaux sont claires et le lit de la rivière est réduit. L’exploitation de ces ressources aquatiques ne fait actuellement l’objet d’aucun contrôle concernant la régénération des espèces. La vente des ressources forestières tels que le crabe, l’écrevisse, l’anguille, le miel, le lémurien et le sanglier procure essentiellement un appoint en terme de revenu des ménages proches du Corridor Forestier car en moyenne ces filières peuvent rapporter jusqu’à 880100 ariary/an. Les activités de pêche et de collecte de miel au niveau de la couverture forestière distinguent le village d’Ambohipeno des autres villages voisins qui forment le quartier de Madiorano. 12 ,5% de la population de Madiorano collectent le miel. C’est dans le village d’Ambohipeno qu’on rencontre les 70% des collecteurs de miel à cause de sa proximité de la forêt. La population devient ainsi plus dépendante des ressources naturelles en matière de revenus. Les collecteurs de miel ont observé le départ des abeilles vers l’extérieur de la forêt et ce, depuis trois ans. Les abeilles rallient les villages à cause de la dégradation de la forêt. D’après l’estimation des collecteurs de miel, la durée de vie maximale probable de la forêt primaire n’excédera pas 20 ans, s’il n’y a pas d’alternative à la pratique du tavy . Cette estimation est faite en tenant compte de la multiplication du nombre de paysans qui pratique tous les ans le tavy .

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Ecologiquement, la forêt primaire constitue l’habitat d’origine de tous les animaux sauvages. Or, la forte pression anthropique sur cet habitat,- comme l’extraction des bois de construction et bois de chauffe et surtout, le déboisement dû à une surexploitation du domaine forestier et à l’abattage pour culture sur brûlis,- perturbe la vie de ces animaux. Donc, la fuite des abeilles vers les villages périphériques est un indicateur indiscutable de la dégradation de la forêt.

Nombreux sont les indicateurs de cette dégradation de la forêt : la formation des forêt secondaire, la menace d’extinction des diversités biologiques, le phénomène d’érosion suivi de l’ensablement des rizières. Le système d’exploitation agricole et élevage de la région se trouve à l’état archaïque vu la technique et le matériel utilisés. Le rendement obtenu par cette pratique archaïque est généralement faible. La pratique de tavy est une solution facile pour les paysans mais la conséquence est grave.

Le tavy atteint actuellement des proportions alarmantes. « Selon les responsables, le déboisement intéresse environ 2.500 hectares par an et à ce rythme, ne subsisteront dans deux siècles que quelques lambeaux de forêt sur les fortes pentes de la falaise et autour des tombeaux » (PRD Région Atsimo Atsinanana, 2004). Tout cela veut dire que la vitesse du déboisement s’accélère davantage par rapport autre couverture forestière déjà protégée comme Ranomafana et Midongy du sud Faute de précaution, la forêt primaire de Vondrozo ne tiendra plus une dizaine d’année.

Sur le plan socio-économique, la faiblesse du taux de la population active combinée au manque d’encadrement technique de production et d’infrastructure d’approvisionnement réduit le taux de production. Ce dernier entraîne non seulement le phénomène de sous-alimentation et de malnutrition, mais réduit également le revenu annuel des paysans. La population devenue vulnérable risque d’attraper facilement diverses maladies à cause de la faiblesse du pouvoir d’achat des médicaments et de l’insuffisance de centre médical adéquat. Cette situation se trouve ensuite aggravée par l’attaque fréquente des brigands qui volent les bœufs et arrivent même à ruiner la vie des paysans. Tout cela explique les conditions naturelles et sociales de la zone de Vondrozo. Or cette zone possède des potentialités agricoles et écologiques nécessaires pour assurer son développement.

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TROISIEME PARTIE :

STRATEGIES POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA CONSERVATION DE LA FORET DE VONDROZO

CHAPITRE VII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA SECURISATION SOCIALE DE VONDROZO

Vondrozo possède diverses filières considérées comme porteuses de développement à savoirs le café et le miel qui ont des caractères rémunérateurs de revenu, le riz pour son caractère stratégique et l’écotourisme pour son caractère d’intérêt écologique et économique. La conservation de l’environnement et l’exploitation de ces filières sont envisageables pour parvenir à un développement durable. Mais à cause de l’enclavement de la zone, les paysans demeurent impuissants face à l’insécurité et ne peuvent vivre que de l’autosubsistance. L’amélioration des conditions de vie, sur le plan foncier, éducation et sanitaire, est une condition sine qua non pour le développement économique de Vondrozo.

D’ailleurs la politique général de l’Etat actuel vise à améliorer la condition de vie des paysans et concrétiser la vision Madagascar Naturellement 10 du MAP.

Les priorités de l’Etat sont actuellement : - la Bonne gouvernance - les infrastructures (routes, télécommunication et énergie) - l’Education pour tous - Monde rural et Environnement - Eau potable pour tous - Santé : sida paludisme - Secteur privé - Tourisme Ces huit priorités de l’Etat se rapportent à l’amélioration de la condition de vie de la population de Vondrozo, mais la stratégie doit être relative à la réalité vécue sur place. Il faut donc, planifier par priorité les étapes d’intervention, car les atouts pour permettre le développement à Vondrozo existent mais son exploitation demeure insuffisante.

La mise en ordre de la sécurité publique est la base de la réussite de la lutte contre la pauvreté à Vondrozo.

10 Madagascar Naturellement est une vision dans le Madagascar Action Plan : objectif à long terme pour une meilleure organisation du monde rural, développement des agro-industries alimentaires et non alimentaires, et protection de l’environnement.

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1. Renforcement de la sécurité publique

Le seul poste de brigade de gendarmerie du district se trouve à Vondrozo. Il n’emploie que 14 personnes depuis le commandant de brigade jusqu’au simple agent. Ce chiffre peu élevé combiné au manque d’équipement et de matériel de déplacement rend difficile le travail des gendarmes de Vondrozo. Ce poste de brigade de gendarmerie ne dispose ni bicyclette ni véhicule. Les gendarmes deviennent donc impuissants face aux attaques fréquentes des brigands. Il n’y a aucun poste avancé dans les communes rurales.

L’application des conventions sociales « Dina » est une nécessité pour la région. Quand les brigands attaquent, les paysans s’organisent pour suivre les traces des bovidés volés. Ce qui pourrait les mener vers les voleurs. Cette poursuite demande beaucoup de prudence. Les paysans se lancent à la poursuite de leurs bœufs volés bien avant l’arrivée de la gendarmerie sur le lieu de vol. Les gendarmes n’ont qu’à rattraper les poursuivants. Si jamais, les traces des bovidés volés s’arrêtent dans un quartier quelconque, la convention de la société exige que les habitants de ce quartier remboursent la totalité des bovidés disparus. Les habitants sont alors censés se préparer et se tenir tout le temps sur leur garde pour éviter ce genre de situation.

Pour se protéger contre les brigands, les paysans consultent les « Zamà ». Il s’agit de groupes d’hommes qui offrent leur service pour récupérer les bœufs volés ou protéger les paysans contre les vols de bœufs, en pratiquant la sorcellerie et en utilisant des fusils et des armes blanches. Ces derniers sont au nombre de 200 environ dans la région de Vondrozo et ont un grand chef Betsileo qui habite dans la région d’Ihorombe. La fonction des « Zama » est agréée par l’autorité locale. Elle a été lancée dans la région depuis l’année 2002.

Les « Zamà » travaillent individuellement ou en groupe selon la demande et ne se préoccupent guère des bœufs de ceux qui n’ont pas contracté avec eux. Un « Zamà » est payé entre 20 000 et 120 000 ariary par an, en biens et en nature en fonction du nombre de bœufs retrouvés (10 bœufs retrouvés coûtent 4 bœufs au propriétaire). Il est nourri et hébergé en plus de ce salaire.

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La communauté loue quelquefois les services des « Zamà » lorsque le bétail volé appartient à plusieurs familles. Selon le dire des villageois, les « zamà » ont pu répertoriés en 2004, 76 bœufs volés dans la commune rurale d’Ambanimaso, 62 dans celle d’Ambohimanana et 14 à Ambalakibo qui se trouve à l’Est de la commune rurale de Mahazoarivo.

« Il est intéressant que les zamà travaillent toujours ensemble pour combattre les brigands car ils peuvent être très forts et utilisent des armes dangereuses» disait un Zamà. Il faut au moins 6 « Zamà » en effet pour affronter 20 brigands.

La collaboration des paysans ainsi que celle des « zama » est recherchée pour aider les gendarmes dans leur fonction. Mais pour rassurer les paysans contre la vengeance des malfaiteurs après leur arrestation, il faut appliquer toujours la convention sociale « Dina menavozo » et renforcer la lutte contre la corruption afin de combattre la propagation du phénomène mafia des « dahalo ».

Toutefois, le désenclavement des zones encore isolées surtout dans la partie ouest de Vondrozo est avant tout une nécessité très importante. La construction des routes reliant les différentes communes améliorera la relation interne des habitants locaux ainsi que leur ouverture avec l’extérieur. A cela s’ajoute la desserte des communes rurales par des moyens de communication comme la radio BLU et des matériels de déplacement comme les voitures ou motos. EDDY (2005)EDDY Source :

Photo 26 : Travaux de construct ion de route reliant Vondrozo et Manambidala

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L’existence de ces moyens de communication facilitera la tâche des gendarmes dans la mise en ordre de la sécurité publique, sans pour autant oublier de multiplier leur effectif et leurs équipements. Ainsi ces gendarmes peuvent être détachés vers les communes rurales.

2. Amélioration des conditions de production

Le recours aux faibles marges bénéficiaires et les difficultés pour accéder à la propriété foncière est désormais une priorité de l’Etat. A Madiorano par exemple, 60% des terres cultivées ne sont pas encore titrées mais régies par l’organisation sociale. Ces terrains de culture étaient obtenus après sa mise en valeur et transmis d’une génération à l’autre par héritage. Seule la minorité riche (37%) a le moyen de régulariser la possession des terrains. La politique actuelle de l’Etat vise de près la facilitation de la régularisation du titrage de la propriété. L’objectif est de rassurer les paysans sur la sécurité de leurs propriétés afin qu’ils puissent améliorer, sans souci leurs productions agricoles. Mais cet accès doit être tributaire d’un régime foncier approprié qui définit clairement les droits des propriétaires et des fermiers et qui sécurise l’occupation et la tenure. La démarche du titrage de la propriété doit être bien saisi par les paysans afin qu’ils soient rassurés de la sécurité de sa propriété. La facilitation de l’accès au sol est donc indispensable pour la relance d’un développement agricole durable et soutenue. Un accès large, équitable et sûr, aux ressources naturelles est une des conditions préalables à leur utilisation et à leur gestion durable. Le programme national foncier (PNF) aura pour objet :

• L’élaboration d’une nouvelle loi accompagnée de ses textes d’application. • L’innovation de la gestion foncière décentralisée avec les guichets fonciers communaux. • La modernisation de la conservation aux niveaux régional et central.

Le désenclavement des communes rurales à Vondrozo est toujours une nécessité pour contribuer à la facilitation de ce titrage, car les techniciens des services des

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domaines et de la topographie doivent venir sur le lieu pour reconnaître la propriété foncière des paysans.

Une fois que le rapprochement de l’administration et des services fonciers à proximité des paysans est effectué et que les démarches sont simplifiées, les dépenses vont diminuer automatiquement.

« La gestion foncière décentralisée sera la base du développement communal par la maîtrise foncière et la relance de la fiscalité locale en vue du financement durable des collectivités territoriales » (PNDR). Les avantages que cette simplification de la gestion foncière apportera pour la commune de Manambidala sont la sécurisation foncière et le gain du versement fiscal relatif à l’appropriation du sol par la commune. Ainsi la commune pourrait financer des activités de développement local.

En outre, l’accès au crédit agricole permet aux paysans d’acheter des semences et des matériaux de production. Il faut ensuite encadrer ces paysans sur la gestion durable des surfaces cultivables et surtout la maîtrise de l’eau pour améliorer la production.

Mais avant tout, il faut sensibiliser les paysans à maîtriser le phénomène d’ensablement par le biais du reboisement. Ici, l’éducation environnementale joue un grand rôle pour persuader les paysans à comprendre le cycle de l’eau et son interrelation avec la forêt et le sol. Il faut que les paysans comprennent l’importance de la forêt sur l’agriculture car non seulement la forêt protège le sol contre l’érosion, mais elle augmente aussi la précipitation dans la région.

La démonstration logique de l’origine du phénomène d’ensablement et de la diminution des ressources en eau devra être facilement comprise par les paysans. L’essentielle dans l’éducation environnementale est d’aider les paysans à chercher des solutions face aux problèmes environnementaux existants. Les paysans sont conscients qu’il faut faire des reboisements, mais cela n’est pas suffisant car ils doivent trouver des alternatives à la pratique de tavy et aménager les surfaces cultivables non exploitées. Les techniques d’exploitation de l’eau pour l’irrigation doivent être donc améliorées car la ressource en eau de Vondrozo est très importante mais suffisamment exploitée pour l’agriculture. Avec des réseaux de rivières à écoulement concentré et à régime pérenne, les surfaces cultivables des bassins versants de la région de Vondrozo sont

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susceptibles d’être aménagés et drainés. Il faut donc construire des barrages d’irrigation afin de maîtriser ces ressources en eau au profit de l’agriculture.

Photo 27 : Barrage d’irrigation de Namolo (Ambodiriha) Source : EDDY (2005)

Le barrage de Namolo construite en 2004 est le seul à Madiorano qui irrigue une trentaine d’hectare de rizière. Faute d’entretien, les canaux d’irrigation sont en piteux états et perdent beaucoup d’eau.

3. Orientation des habitudes alimentaires et amélioration des infrastructures sanitaires

Les couches importantes de la population de Madiorano, voire de la région de Vondrozo, sont vulnérables face aux différentes maladies à cause de l’instabilité en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.

Il est donc nécessaire de renverser cette tendance par l’amélioration de la productivité, sa gestion et mode de consommation :

• L’amélioration de la productivité rurale consiste à orienter le mode de production, l’utilisation des ressources naturelles et les formes d’exploitation économique. Premièrement, il faut renforcer le partenariat entre agriculteurs et investisseurs pour

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Photo 28: Les produits alimentaires écoulés sur le marché de Vondrozo (Source : Eddy, 2005)

résoudre les problèmes de semences, d’intrants, de matériel agricole et surtout d’encadrement technique. Ensuite l’aménagement des espaces cultivables et la préservation des facteurs naturels de production eau, sol sont des nécessités pour atténuer les cultures au détriment de la forêt. Enfin la valorisation de filières porteuses telles le café, le poivre ou le miel… améliorerait le revenu des paysans. Aussi, le désenclavement de la zone permettra-t-il l’évacuation des produits agricoles vers les zones déficitaires et assurera également l’approvisionnement en intrants et produits de base contribuant ainsi à la réduction des coûts de transaction.

• La gestion de la production participe largement à la lutte contre l’insécurité alimentaire. Il faut sensibiliser les paysans à rationaliser leurs consommations pendant la période de récolte afin de mettre à part des réserves pour une utilisation en période de soudure. A l’instar du Grenier Commun Villageois, le stockage d’une partie des produits agricoles permet également aux paysans d’éviter de brader leurs produits pendant la récolte et d’en racheter à un prix nettement supérieur au moment de la soudure.

• Pour permettre l’accès des paysans à tout moment à une alimentation équilibrée et salubre, il faut promouvoir une diversification des aliments quotidiens qui sera accessible à son pouvoir d’achat. Orienter les paysans des habitudes alimentaires consiste à améliorer la qualité des aliments en valorisant les autres produits du terroir et en assurant

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l’approvisionnement de la zone. Les travaux déjà entamés par la SECALINE 11 dans certaines zones de Vondrozo doivent être poursuivis et élargis dans les autres zones encore isolées. Les paysans bien alimentés sont capables d’augmenter leur temps de travail et de résister à la maladie. Or ceci n’est pas suffisant. Il est sollicité que l’effectif des responsables sanitaires chargés de recevoir les patients soit augmenté et que les équipements de soin et d’accueil soient améliorés. Les visites régulières de ces responsables sanitaires auprès des villages sont nécessaires pour le suivi et la sensibilisation des paysans à consulter davantage les centres de santé de base. Les autorités locale ou régionale, voire nationale doivent prévoir les maladies telles que la Filariose, le paludisme, la gale, l’Infection Respiratoire Aigue, les maladies diarrhéiques, et les infections cutanées dans la région.

Le désenclavement des Communes rurales de Vondrozo permet aux habitants de s’ouvrir vers les régions voisines. Leur relation avec l’extérieur contribuera à l’amélioration du comportement des paysans vis-à-vis de la pratique agricole, de l’éducation, de l’hygiène, de la nourriture et de la sécurité. Ce désenclavement incitera également les investisseurs à utiliser leur argent dans la zone et permettra aux paysans à se consacrer davantage à l’augmentation de la production.

11 SECALINE : SECurité ALImantaire et Nutritionnelle pour l’Enfant

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CHAPITRE VIII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA CONSERVATION DURABLE DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO

1. Motivation de la population locale à la protection de la forêt

Les activités de conservation à Madagascar manquent de bénéfices tangibles pour les communautés locales qui sont pauvres et que ceci affecte à long terme leur succès. Les alternatives pour le développement local face à la conservation de la biodiversité sont le transfert de gestion de la forêt à la communauté de base ou COBA, la mise en place des agents de forêt qui vont travailler avec la COBA et la vulgarisation de la technique de Jachère. Ces alternatives sont insuffisantes pour orienter les activités de production au détriment de la forêt. Sans modèles appropriés pour l’intégration de la communauté et le partage équitable des bénéfices le soutien local pour des projets de préservation est peu probable.

L’intégration de la population locale à la valorisation de la forêt permettra la mise en œuvre plus souple de la conservation en alliant à la fois préservation, utilisation durable des ressources naturelles - écotourisme, exploitation des produits agricoles et forestiers - et développement des communautés environnantes : « Humanisation de la Conservation ».

La préservation et la valorisation de ces richesses naturelles au profit de la population locale pourraient changer son niveau de vie. Dans l’exploitation durable des ressources naturelles ainsi que les cascades et les chutes d’eaux importantes à attrait touristique, il faut mettre en place une organisation et un encadrement au niveau de la population pour qu’elle puisse participer à la valorisation et bénéficier toute forme d’avantage.

La population riveraine peut ainsi en tirer profit à travers les tarifs d’entrée, l’emploi comme guide ou porteur et la valorisation de l’artisanat local comme objet de souvenir pour les visiteurs. La population peut apprendre à apprécier le système écologique pour les services qu’il peut offrir et surveiller les activités qui pourraient endommager l’écosystème.

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Face à l’urgence de la conservation de la biodiversité et de la lutte contre la pauvreté, un statut d’Aire Protégée doit être octroyé à tout habitat et biodiversité stratégique, avec une dynamisation du développement local et régional par la mobilisation et la participation de toutes les entités concernées. La conservation et le développement sont inséparables afin de concilier l’homme et la nature.

2. Mise en place d’une aire protégée

Une bonne partie de la richesse biologique qu’héberge la forêt de Vondrozo est identifiée actuellement, grâce aux inventaires effectués par divers chercheurs. Comme quoi, la forêt de Vondrozo constitue une richesse biologique très importante mais mal exploitée. La valorisation de ces richesses doit être commencée par la transformation du statut de la zone en aire protégée.

La forêt de Vondrozo n’est pas encore incluse dans le réseau national d’Aires Protégées à Madagascar. Elle n’a même pas un statut de protection.

Vu le contexte qui montre l’état actuel de l’habitat et de sa biodiversité, et les menaces que présente la pression anthropique dans la zone, la protection de la forêt classée de Vondrozo devra être une priorité.

Le site de Vondrozo est ainsi identifié mais sa catégorisation et la définition du cadre législatif le régira, restent au niveau des comités du groupe vision Durban 12 qui a été crée au niveau national en septembre 2003, pour matérialiser la vision globale pour la gestion des écosystèmes naturels à Madagascar et élaborer les stratégies permettant d’intégrer les surfaces supplémentaires à conserver.

Il est impératif d’accompagner cette protection d’un développement local, pour permettre son succès. La mise en place d’une Aire Protégée doit suivre un processus de conception et de l’aménagement de l’aire protégée conformément aux législations et politiques concernant les Aires Protégées.

12 Le groupe vision Durban est formé de 5 comités : Identification des sites potentiels, catégorisation, définition du cadre législatif, pérennisation financière et communication.

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Or jusqu’à maintenant la stratégie de protection concentrée de la nature s’avère en difficulté malgré la remise de la moitié des Droits d’Entrée dans les Aires Protégées (DEAP) à la population riveraine pour financer les micros projets, comme fait l’ANGAP.

Il faut cependant remettre en cause ce mode de gestion centralisée au profit d’une gestion locale des ressources naturelles impliquant les populations concernées. A cela s’ajoute la responsabilisation de tous les acteurs et les concernés ; notamment les communautés de base dans tout le processus de gestion durable et du développement local.

3. Gestion efficace de l’aire protégée

Le succès d’une aire protégée dépend de l’efficacité de sa gestion. Grâce aux recours international pour la Protection et la Conservation Environnementale à Madagascar, le projet CAF/Dette Nature du WWF œuvre actuellement avec le Ministère des Eaux et Forêts dans la zone de Vondrozo.

La gestion de certaines forêts a été transférée à des communautés de base (COBA) qui sont sensées protéger efficacement les ressources du fait de leur proximité.

Le tableau ci-dessous recense les terroirs ayant fait l’objet de transfert de gestion ainsi que leurs superficies respectives :

Tableau 19 : Inventaire des COBA dans la zone de Vondrozo EFFECTIF COMMUNE FOKONTANY TERROIR NOM DU COBA SUPERFICIE (Ha) MEMBRE Vondrozo Antevongo Antevongo Maromaniry 4 221 130 Manambidala Madiorano Madiorano 9 895 Anandravy Ifoitry Andasibe 21,700 Antemana Antesonjo Antema Miray 9 400 75 Tena Antevolozatsy mandroso 3 014,92 109 Antandoharano Mahavitena 3 868 63 Source : CAF/DETTE NATURE

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Le Cadre d’Appui Forestier en collaboration avec WWF Dette Nature a déjà mis en place dans quelques Fonkontany de Vondrozo des Communautés de Base ou COBA chargé de gérer localement la forêt à savoir le Fokontany d’Antevongo Dans la Commune de Vondrozo, Madiorano dans la commune de Manambidala, Ifoitry dans la commune de Anandravy et Antesonjo dans la commune de Vohimary. En total, 30420,62 ha de forêt sont actuellement gérés par 6 COBA car le Fokontany Antesonjo possède 3 COBA alors que les 3 autres Fokontany n’en possède qu’une chacun.

La surveillance par la communauté est la façon la plus effective de contrôler une région protégée. Il sera probablement nécessaire qu’il y ait aussi une patrouille de contrôle. Dans cette gestion communautaire de la forêt, le suivi–évaluation des processus de gestion et la formation des acteurs locaux doivent être appliqués.

Des études et recherches continues à travers la forêt permettent d’apprécier les découvertes et évaluer l’état et les menaces dans la forêt. La planification des étapes d’intervention dépend des résultats de recherche. Le plan édité permet ensuite de préparer les éléments nécessaires à l’intervention qu’on appelle « intrant ». L’intervention a toujours pour objectif la préservation et valorisation de la forêt. L’évaluation de cette intervention permettra de comprendre le travail accompli et les produits ou services générés qu’on appelle « extrants ». Enfin les résultats obtenus suscitent de nouveau l’évaluation de l’état de la forêt ou les menaces qui peuvent survenir. Ainsi de suite.

Dans la formation de la communauté, il faut ancrer dans l’esprit des acteurs l’importance des richesses floristique et faunistique uniques de la région. La sensibilisation des paysans sur la valeur écologique et économique de leurs richesses biologiques pourra les motiver davantage à protéger la forêt.

Ainsi la responsabilisation de la population locale sur la conservation de la forêt comme le CAF/Dette nature a fait, reste la meilleur afin de rendre succès la mise en place de l’aire protégée.

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CHAPITRE IX : RAPPROCHEMENT DES AXES DE SECURISATION SOCIALE A LA CONSERVATION DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO

1. Militarisation de la zone forestière

Le renforcement du dispositif de sécurité et de développement par le biais de la force militaire est également une nécessité qui n’est pas encore mise en place dans la zone de Vondrozo. Quand on parle de militarisation d’une zone, la première idée qui vient en tête est souvent une opération de guerre. Mais signalons que dans les forces armées il y a le service civique, génie militaire et développement qui peut avoir plusieurs intérêts : sécurité, foyer social de diffusion des nouvelles techniques en monotoriat agricole, construction routière. Cependant, le Détachement Autonome de Sécurité (DAS) équivalent du poste avancé pour la police ou le poste de gendarme, assure la sécurité. Le DAS en général doit être composé de 5 personnes et peut être attribué à plusieurs zones.

Les missions et attributions du DAS doivent être redéfinies par l’Organe Mixte de Conception (OMC) avant son emplacement. L’OMC est une entité prise en charge par l’Etat. Il décide l’emplacement ou non du DAS.

Une zone militarisée est sensée être strictement interdite à l’accès d’une personne autre que les militaires sauf avec une autorisation. Mais dans l’intérêt d’une protection d’urgence de la couverture forestière de Vondrozo, la mise en place des forces militaires est indispensable pendant une certaine période, afin d’empêcher toute forme d’exploitation des ressources forestières et de favoriser le développement de la zone. Les forces armées doivent cependant travailler étroitement avec les chercheurs, les forces vives et les communautés locales pour permettre l’épanouissement du développement de la zone dans toutes ses potentialités.

Par le biais du foyer social de diffusion des nouvelles techniques en monotoriat agricole, les militaires peuvent également encadrer les paysans sur les techniques d’exploitation agricole surtout sur la maîtrise des ressources naturelles.

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Nombreuses sont les organismes internationaux et nationaux s’occupant de l’environnement et du développement rural à Madagascar. Les autorités locales de Vondrozo voire de la région sud-est doivent capitaliser les résultats des inventaires biologiques et socio-économiques effectués dans la région en élaborant des documents de projet de développement qui pourraient convaincre davantage les bailleurs à s’investir dans la région.

Il est vrai que quelques organismes travaillent déjà dans la région de Vondrozo tels que le CAF/Dette nature du WWF, la Secaline, …mais, leur approche restent sectorielle. Il faut donc intégrer des investisseurs qui peuvent se préoccuper de l’agriculture, du désenclavement, de la protection des ressources naturelles, de la valorisation des produits locaux, de la mise en place des infrastructures d’accueil, d’adduction d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène. Ces derniers sont des bases du développement, le reste dépend des activités génératrices de revenu à entreprendre.

2. Valorisation des filières porteuses de développement dans la zone de Vondrozo

Vondrozo possède des filières porteuses de développement tels que le café, le maïs, la canne à sucre, la banane et l’écotourisme. La détermination des potentialités et des atouts de chaque filière est nécessaire afin de dresser une stratégie de son exploitation. A cela s’ajoute l’étude de marché et l’identification des flux et des acteurs.

La valorisation des filières agricoles consiste à améliorer les techniques et services agricoles.

Par rapport à l’écologie, le lancement de la filière écotourisme permet de valoriser la biodiversité. L’intégration de la zone de Vondrozo dans le circuit écotouristique nationale fera de Vondrozo une zone d’attraction de renommée nationale voire internationale.

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Mais si on se réfère à l’Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégée, il faut savoir que l'Ecotourisme doit se baser sur la qualité des produits offerts aux visiteurs des Aires Protégées : - Assurer l'hébergement avec diverses formes de gestion et différents types d'hébergement des touristes autour des AP, - recherche de partenaires, - aménagement de l’aire protégée en valorisant et en variant les attractions, - formation progressive et continue du personnel, - service d'accueil de qualité et Centres d'interprétation, - mise en place du système de réservation.

La pérennisation du programme et l'intégration des populations riveraines et régionales proviendront en partie du développement des produits.

La mise en place d’infrastructure d’accueil ou d'appui dans les zones de service suivant le code du tourisme, est une nécessité absolue pour attirer des visiteurs dans la région.

Le district de Farafangana est pour le moment le lieu le plus proche où on peut trouver une infrastructure d’accueil adéquate.

Par rapport à la production agricole, on remarque que le riz et le café sont les filières génératrices de revenu pour la commune rurale de Manambidala ainsi que les communes périphériques.

La définition des filières qui méritent d’être considérées se base sur les critères suivants : Le caractère stratégique du produit tel le riz ; Le caractère rémunérateur du produit tels le café et le miel ; Le caractère d’intérêt écologique en raison des menaces d’extinction tel le poisson FIA MAINTY.

Ces filières pourraient être bénéfiques pour la société locale afin de parvenir à son développement économique concilié à la conservation et préservation de la biodiversité du Corridor à condition d’une résolution des handicaps existants.

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Nombreuses sont les organismes internationaux et nationaux s’occupant de l’environnement et du développement rural à Madagascar. Les autorités locales de Vondrozo voire de la région sud-est doivent capitaliser les résultats des inventaires biologiques et socio-économiques effectués dans la région en élaborant des documents de projet de développement qui pourraient convaincre davantage les bailleurs à s’investir dans la région.

3. Schéma de développement

Dans le processus de développement l’étude et investigations sont obligatoires. Cette étude doit résulter les éléments suivant : la zone d’intervention, état du lieu, actions à entreprendre, acteurs cibles, stratégies d’exécution, l’objectif, et les résultats attendus. Tous les résultats d’étude devraient être gravés dans un document qui va servir de référence à tous les intervenants. La période d’exécution des travaux dépend des moyens et des initiatives des autorités locaux.

Ici, la zone d’intervention est Vondrozo. Comme état du lieu, on a déjà élaboré l’arbre des problèmes rencontrés dans la zone plus précisément à Madiorano(figure 9), lors de la recherche participative. CRADEC a défini en 2003, « Le principe de base du développement - surtout dans les milieux ruraux – est basé sur la cohésion sociale entre les membres de la communauté ». La recherche participative à Madiorano est une forme de cohésion sociale. Les membres de la communauté cherchent ensembles les problèmes qui entravent le développement local dont la finalité est de pouvoir le transformer en arbre de solution (figure 10).

C’est à partir de cet arbre de solution qu’on dégager un Plan Communautaire d’Action (PCA). Ce dernier présente toutes les priorités de développement du village, les actions et conditions proposées, les obligations et responsabilités des individus ou groupes et les domaines où les villageois ont besoin d’assistance extérieur.

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Figure 10 : ARBRE DES SOLUTIONS A MADIORANO

DES ENCLAVEMENT

Ouverture vers l’extérieur Renforcement de la sécurité

Appui technique et Facilitation de l 'accès au sol matériel agricole

Aménagement des surfaces cultivables Paysans rassurés

Paysans motivés Reboisement et conservation de la forêt

Conservation des ressources naturelles Protection du sol Facilité d'accès aux Augmentation infrastructures Augmentation du de la quantité scolaires et sanitaires temps consacré aux de pluie travaux agricoles

Protection des Facilitation de rizières et des Bonne qualité de l'eau l'irrigation des sources d'eau (propre à la santé) rizières souterraine

Sécurité Augmentation de la sanitaire production

Facilitation de l’écoulement des produits

Augmentation des quantités des Sécurité alimentaire produits agricoles Augmentation de évacués revenu

Paysans en bonne santé Amélioration du pouvoir d'achat

Paysans prospères

Source : MARP à Madiorano, 2005

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Dans la figure 10, on essais de cadrer les actions à entreprendre à Madiorano. Le désenclavement et la sécurisation sociale sont classés prioritaires d’après l’analyse des paysans. Ce qui correspond effectivement au programme de l’Etat.

Le désenclavement permettra aux villageois de se rapprocher facilement vers l’extérieur de la zone. La réhabilitation de la RN 27 relierait Madiorano voir Vondrozo à la région d’Ihorombe. Les acteurs de développement venant de l’extérieur peuvent entrer et apporter leurs contributions au développement du village ainsi que du District même.

Le renforcement de la sécurité s’ensuit pour rassurer et motiver en premier lieu ces paysans à se consacrer de plus en plus aux activités de productions agricoles et ensuite aux acteurs de développement à accomplir leurs devoirs sans soucis.

Parmi ces acteurs de développement, la mise en place de la guiche foncière est vivement sollicitée pour faciliter l’accès des paysans au sol. Ainsi les paysans peuvent exploiter leurs propriétés foncières en toute sécurité.

Quelques organismes travaillent déjà dans la région de Vondrozo tels que le CAF/Dette nature du WWF, la Secaline, …mais, leur approche restent sectorielle. Il est donc nécessaire d’intégrer d’autres organismes ou investisseurs qui peuvent se préoccuper d’autres secteurs comme l’agriculture, le désenclavement, la protection des ressources naturelles, la valorisation des produits locaux, la mise en place des infrastructures d’accueil, l’adduction d’eau potable, assainissement et d’hygiène.

Tous les intervenants ou acteurs désirant de travailler au niveau du village peuvent utiliser ce Plan Communautaire d’Action pour la programmation des projets et des financements.

L’implication de la population dans la réalisation des activités qu’apportent ces acteurs de développement est un moyen de les responsabiliser. Par exemple la gestion locale de la forêt, les travaux communautaires lors de la construction de route ou canaux d’irrigation ou adduction d’eau potable.

Nombreux sont les actions à mener à Madiorano comme la protection de la forêt, le reboisement, aménagement des surfaces cultivables qui souhaitent des encadrements. Ces dernières actions sont vitales car l’avenir de la biodiversité est en jeu actuellement.

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Ce schéma de développement de Madiorano est valable dans tous les territoires du district de Vondrozo. Ce n’est qu’un pas de développement car la suite des actions comme la valorisation des filières déjà identifiées et la mise en place des infrastructures de développement dépend de la réalisation des actions dans le PCA.

On peut dire que le développement du district de Vondrozo doit commencer au niveau des villages.

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CONCLUSION

L’enclavement constitue un handicap majeur de la zone de Vondrozo. La plupart des communes rurales du district de Vondrozo est isolée. La population locale formée d’agriculteur ne parvient pas à écouler ses produits au marché. Les agriculteurs sont victimes de la mainmise des collecteurs qui achètent à bas prix les produits agricoles. Ils vivent parfois en autosubsistance. L’insécurité alimentaire, sanitaire et l’insécurité publique constituent l’image de la zone de Vondrozo. Les habitants du Fokontany de Madiorano dans la commune rurale de Manambidala souffrent de la malnutrition à cause de non variation des aliments consommés. Ils sont fragiles face aux maladies comme paludisme, la gale, la filariose ou l’éléphantiasis, la diarrhée et la bilharziose. L’insuffisance des infrastructures sanitaire accentue la propagation des maladies. Le Fokontany de Madiorano constitue également un passage des « dahalo ». Les paysans vivent toujours dans l’angoisse car les bandits ne restent pas au stade du vol mais arrivent parfois à tuer les habitants. La vulnérabilité des paysans limite donc leur capacité de production. Par conséquent, le revenu des ménages diminue. Ainsi, la population de la zone vit dans la pauvreté.

La pratique du tavy est désormais une solution lâche des paysans pour survivre. Or cette pratique va ruiner la vraie image de la région sur le plan écologique qui est entrain de disparaître.

Ainsi, une stratégie visant la réduction de la pauvreté et la conservation de la forêt est recommandée à Vondrozo. Un schéma de développement est déjà tracé pour la zone. Les actions telles que le désenclavement, la sécurisation sociale et l’aménagement du territoire sont vivement souhaités par la population locale. Pour conserver l’image écologique de Vondrozo, il faut mettre en place des actions de conservation et de protection des ressources naturelles de la forêt de Vondrozo. Cela exige des mesures d’accompagnement au profit de la communauté locale.

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Par ordre d’importance, le désenclavement est la clé de l’émergence de la région. Ce désenclavement facilite l’intervention des acteurs de développement dans la zone. La sécurisation des biens publics devrait être ensuite renforcée. Par ailleurs, la facilitation de l’accès des paysans au sol et le renforcement de leurs capacités productives sur le plan technique, matériel, santé et éducation contribueraient davantage à la réduction de la dépendance des populations riveraines aux ressources forestières.

La valorisation durable des ressources forestières par le biais de l’écotourisme permettrait à la population riveraine de se procurer ou de créer du travail afin d’améliorer son revenu et de préserver la forêt. L’important est de créer des emplois locaux au profit de la forêt et de la population locale. Ceci motiverait la population concernée à surveiller davantage les activités susceptibles d’endommager ces ressources. Ainsi le développement local et la conservation des ressources naturelles sont interdépendants.

Pour soutenir donc un développement dans la zone de Vondrozo sans pour autant nuire à la conservation des ressources naturelles, il faut responsabiliser la population locale par la formulation ensemble de ses besoins, la recherche des moyens pour les acquérir et la promotion des activités de conservation génératrices de revenu.

L’action de militarisation de la zone forestière n’est nécessaire qu’au cas où l’insécurité qui entrave le développement de la zone et la conservation des ressources naturelles persiste toujours.

La zone de Vondrozo peut être un carrefour entre la région d’Ihorombe et celle du sud-est si la route nationale N° 27 est de nouveau ouverte vers l’ouest. Cette ouverture vers l’ouest contribuerait au développement de Vondrozo.

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ANNEXES

I

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRES SUR LES ENQUETES PARTICIPATIVES: I- Sur la gestion des ressources naturelles :

1- Profil du village : - Historique - Localisation - L’économie - L’organisation sociale - La démographie

2- Définition du terroir : - Quelle est l’occupation de l’espace ? - Quelles sont les ressources naturelles qui s’y trouvent ?

3- L’utilisation des ressources naturelles dans la forêt : Identifier l’utilisation des ressources naturelles par les villageois - Qui fait la collecte ? - Quand est ce qu’ils sont collectés ? - Quelles techniques sont utilisées? - pourquoi ? - Où ?

4- Pression sur les ressources naturelles : Identifier les facteurs au niveau communautaire ou familial qui accélèrent la dégradation des ressources naturelles et analyser les causes et conséquences des facteurs principaux.

5- Identification des interventions potentielles :

II- Sur la situation de sécurité sociale 1- Identifier les principales menaces à la sécurité des villageois 2- Identifier la fréquence des actes de banditisme 3- Comment faire face aux actes de banditisme

III- Sur la situation de sécurité alimentaire 1- Décrire la structure sociale et économique au niveau de la communauté et de la famille 2- Identifier la production alimentaire, les sources de revenu de la famille et la variation de la consommation au cours de l’année 3- Identifier les principales menaces à la sécurité alimentaire

IV- Sur la des derniers évènements marquants : 1- Sécurité 2- Production

II

RESULTATS DES ENQUETES PARTICIPATIVES

Récapitulation des derniers évènements marquants ressortis par la population et expliquant les stratégies actuelles de production des exploitations agricoles.

DATE EVENEMENT

Jusqu’à 1930 Exportation nati onale de café

1975 Chute du prix du café

1987 Attaques de dahalo tuant des enfants en bas âge et femmes. 27 villages ont été brûlés

1988 Instauration du dina « mena vozo » (27 juillet 1988)

1995 Chute du prix du café (de 2 500 fmg/kp à 250 fmg/kp)

199 7 Cyclone « Gretelle’ ravageant la forêt , villages et apportant une famine

1998 Attaque acridienne détruisant les récoltes de riz « vatomandry »

2005 Redressement du prix du café Source : MARP/MICET 2005

L’année 1995, période de chute du prix du café est importante du fait qu’à partir de cette date les exploitants ont commencé à se tourner vers la riziculture tavy pour pouvoir subvenir à leurs besoins alimentaires.

III

ANNEXE 2 : LES GRANDES ORIENTATION DU PNDR :

ORIENTATION N°1 : RENDRE LE CADRE IN STITUTIONNEL DU SECTEUR PLUS EFFECTIF ET PLUS EFFICACE

AXES STRATEGIQUES Programmes -a/ Poursuivre la réforme de l’administration publique 1.1. Amélioration du cadre -b/ Renforcer le programme de déconcentration et de institutionnel et des structures décentralisation d’accueil du développement rural a -c/ Consolider les plates-formes de concertation et les structures eu égard à la nécessité de la d’appui au niveau régional collaboration et de la -d/ Mettre en place un ou des systèmes d’information responsabilisation des acteurs et au économique fiables besoin de promouvoir les systèmes -e/ Renforcer les services de proximité et d’appui aux de partenariat producteurs agricoles 1.2. Mise en place d’un environnement juridique et -a/ Mettre en adéquation et actualiser le cadre réglementaire réglementaire favorable au -b/ Elaborer le Code rural développement rural

ORIENTATION N°2 : FACILITER L’ACCES AU CAPITAL ET AUX FACTEURS DE PRODUCTION 2.1 Facilitation de l’accès des producteurs et investisseurs à la -a/ Mettre en œuvre le PNF terre 2.2 Introduction des mécanismes - a/ Réhabiliter les infrastructures rurales d’organisation, de gestion et de - b/ Développer des mécanismes durables de financement et développement des infrastructures de gestion des infrastructures - a/ Mettre en œuvre la stratégie nationale de micro finance - b/ Mettre en place un système de financement pour le 2.3 Développement et pérennisation développement rural au niveau des banques primaires du financement du monde rural - c/ Développer un programme d’accès aux équipements amont et aval 2.4 Facilitation de l’accès à - a/ Entreprendre la formation des artisans ruraux l’amélioration du matériel et de - b/ Promouvoir la production de matières premières l’équipement 2.5 Promotion de l ’électrification - a/ Accélérer la mise en œuvre de l’électrification rurale rurale

IV

ORIENTATION N°3 : AMELIORER LA SECURITE ALIMENTAIRE ET AUGMENTER LA PRODUCTION ET LA TRANSFORMATION AGRICOLES -a/ Renforcer la recherche Agricole -b/ Assurer la diffusion de technologies appropriées dont la 3.1. Amélioration de la mécanisation productivité Agricole -c/ mettre en œuvre le Programme National des Bassins Versants/Périmètres Irrigués (PNBVPI) -a/ Dév elopper les filières et valoriser les produits 3.2. Diversification de la -b/ Promouvoir la diversification des produits production et de l’alimentation -c/ Promouvoir la modification des habitudes alimentaires -a/ Poursuivre e t améliorer le Programme Transport en Milieu 3.3. Assurance d’une stabilité et Rural d’une permanence des -b/ Développer et gérer de façon intégrée les infrastructures de approvisionnements alimentaires transport rural, les infrastructures de stockage, silo -c/ Désenclaver effectivement les zones isolées -a/ Con solider et développer les systèmes d’alerte et de 3.4 Préparation aux urgences surveillance des catastrophes -a/ Appuyer les acteurs locaux pour développer des formules de coopératives de production et/ou de transformation -b/ Appuyer les petites entreprises à l’accès aux technologies de 3.5. Transformation des produits transformation -c/ Promouvoir la création d’unité de transformation artisanale et industrielle

ORIENTATION N°4 : VALORISER LES RESSOURCES NATURELLES ET PRESERVER LES FACTEURS NATURELS DE PRODUCTION AXES STRATEGIQUES Programmes -a/ Mettre en place et développer le système des aires protégées 4.1. Gestion durable des de Madagascar. écosystèmes et de la biodiversité -b/ Développer des programmes d’écotourisme. -a/ Mettre en œ uvre les programmes de gestion des bassins 4.2. Gestion durable des eaux et versants et périmètres irriguées. des sols -b/ Etendre la mise en œuvre des programmes agro écologiques -a/ Faire le zonage et l’aménagement forestier 4.3. Gestion durable des -b/ Valoriser les ressources forestières non ligneuses (filières ressources forestières huiles essentielles, plantes médicinales et ornementales…) -c/ Promouvoir les énergies renouvelables -a/ Développer des schémas d’aménagement et de 4.4. Gestion durable des espaces développement durable à différent niveau du territoire ruraux -b/ Elaborer un schéma national de migration

V

4.5. Mise en compatibilité des -a/ Développer les mesures environnementales dans les projets de investissements ruraux avec développement rural en référence au cahier de charges l’environnement environnemental du PADR ORIENTATION N°5 : DEVELOPPER LES MARCHES ET ORGANISER LES FILIERES 5.1. Partenariat Public Privé (3P) : articulation des réseaux - a/ Mettre en place et développer les structures d’acteurs ruraux interprofessionnelles par filière - a/ Appuyer la mise en place de forum économique local 5.2 Entrée d’opérateurs en aval - b/ Professionnaliser le monde rural et Rehausser le niveau dans le marché d’éducation 5.3 Diversification et - a/ Ide ntifier et développer par anticipation les filières porteuses développement des exportations - b/ Créer des pôles de développement - a/ Elaborer une stratégie marketing et de communication 5.4. Marketing/Communication adéquate pour le développement des filières porteuses

VI

ANNEXE 3 : Mise en place et réhabilitation de barrage dans la commune rurale de Manambidala :

Objectif : Augmentation des surfaces cultivées Lieu Canal Construit Date Betay 20m, C 22m, 12m Oui 2004 Latsaha 10m, C 26m Non - Fangeha 10m, C 800m Non - Taratona (Vo hilava) 16m, C 20m Oui 2005 Volosy (Antsoro II) 40m, C 24m Oui 2004 Maromanitra C 120m Oui 2004 (Vohimarina) Ambatoharanana 40m, C 18m Non - Ambodiriha 18m, C 40m Oui 2004 (Madiorano) Madioranokidy 10m, C 1km Non - Mroforoha (Antsoro 15m, C 3km Oui 2004 Est) Tsiongana 16m, C 800m Oui 2004 () Lonapotsy 30m, C 3km Oui 2005 (Ambohitsara) Source : PCD Manambidala, 2003

VII

ANNEXE 4 :

CONTEXTE DE PAUVRETE A MADAGASCAR

La valeur de l’indice de pauvreté humain (IPH) traduit le manque de capacité humaine de base (vivre longtemps, acquérir des connaissances et bénéficier d’un niveau de vie correct). La valeur de l’IDH (Indice de Développement Humain) varie de 0 à 1. De 2002 à 2006, l’IDH enregistré dans notre pays s’est amélioré de 0,499 à 0,509, selon le dernier rapport du PNUD (2005).

Tableau 1 : Taux de pauvreté à Madagascar Année 2001 2002 2003 2004 Taux de pauvreté 69% 80,7% 73,6% 74,1% Source : Primature

Figure 1 : Taux de pauvreté à Madagascar (2001 à 2004) TAUX DE PAUVRETE

85% 80% 75% 70% 65% 60% 2001 2002 2003 2004

Taux de pauvreté

VIII

Tableau 2 : Quelques statistiques sur Madagascar selon les critères de classement de l’IDH (2004)

Espérance de vie à la naissance 55 ans

Taux d’alphabétisation des adultes 70,7%

Taux brut de scolarisation 57%

PIB par habitant 857 US dollar par an

Indice d’espérance de vie 0,51

Indice de niveau d’instruction 0,66

Indice de PIB 0,36 Source: PNUD, 2005

Tableau 3 : répartition par tête par an, selon le groupe socio-économique du chef de ménage en 1999

Consommation par tête Groupe socio-économique indice de pauvreté en % (en millier de francs)

Grand exploitant agricole 90,8 628

Moyen exploitant agricole 86,6 691

Petit exploitant agricole 85,9 598

Eleveur pêcheur 79,5 805

Entrepreneur agricole 47,4 1239

Commerçant entrepreneur de service 32,6 1851

Cadre salarié 16,7 2687

Employé et ouvriers 40,2 1497

Main d’œuvre s ans qualification 64,1 915

Autres 48,0 1572

Total 69,6 981 Source : INSTAT / EPM 2001

IX

BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrage général :

1. Bailly A, 1997, « Elément d’épistémologie de la géographie », Africa , p 73 - 74 2. CIMAD et POLFOR, 1999, Aménagement et gestion participative des forêts, 154p 3. Desfontaines P., « L’homme et la forêt », Librairie GALLIMARD, 25è édition, p 165 - 175 4. Dudley Stamp L, 1955, « Natural resources, food and population in intertropical 5. Durand A, et Lasserve, 1986, « L’exclusion des pauvres dans les villes du tiers monde », 170 p 6. Encarta, 2004 7. PINTON F. et AUBERTIN C., 2000, « Du bon usage des ressources renouvelables : l’extractivisme entre conservation et développement, P.241 - 256 8. GENYP et al, 2001, « Environnement et développement rural : guide de la gestion des ressources naturelles, édition Frison, ACCT Paris, 418p 9. Géographie : Etat des lieux 1 : « la dimension environnementale », 1996 10. GIUB/FOFIFA, 1995, Terre Tany : « Terroir et ressources » n°2, 80 p 11. Henry P.M., 1990, « Pauvreté, Progrès et Développement », l’Harmattan – UNESCO, 303 p 12. Humbert H., 1965. Les divisions phytogéographiques de Madagascar 13. Goedefroit S, 2002, « Patrimonialiser la nature tropicale : Stratégies patrimoniales au paradis de la nature », (IRD), P.125 - 164 14. Chaperon P, Danloux J. et Ferry L, 1993, « Fleuve et rivières de Madagascar », Paris, Editions ORSTOM 15. SECALINE, 1996, Evaluation de la situation alimentaire et nutritionnelle à Madagascar Tome III (Fianarantsoa), 83 p 16. UNESCO, 1996, La pauvreté : « Repenser la pauvreté » par John Friedmann, p 187 – 200 17. RANDRIANARIVO D, Décembre 2003, Formation à la carte sur le Plan Communal de Développement et Investigation participative, CRADEC, 35p

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Ouvrage spécifique : 1. Groupe Vision Durban, Février 2004, les sites de conservation et la concrétisation de la vision, document élaboré par le secrétariat technique, sous la direction du comité de pilotage. 2. IUCN Madagascar, 2002 (CDROM). Evaluation et Plans de Gestion pour la conservation (CAMP) de la faune de Madagascar : Lémuriens et Amphibiens, Poisson d’eau douce et Evaluation de la Viabilité des Populations et des Habitats de Hypogoemys antimena (Vositse) 3. Mittermeier R. A., Valladares-Pádua C., Raylands A.B., Eudey A.A., Butynski T.M., Ganzhorn J.U., Kormos R., Aguiar J.M. et Walker S., 2005. The World’s 25 Most Endangered Primates 2004-2006. Lemur News Vol.10, 2005 : 3-6 4. Plan Régional de Développement, Région Atsimo Atsinanana, 2005 5. Rakotomahefa J.D., 2005, Sécurisation foncière et conservation de la forêt : cas d’Andasihotsaka, Tsinjoarivo Ambatolampy. 6. Rakotonarivo G. E. T/Projet CAF – Dette Nature WWF, 1998, « le projet CAF », extrait du rapport de l’atelier du 14, 15, 16 octobre 1998, Aménagement et participative des forêts, p 58 7. Ratovoson C, 1979, les problèmes de tavy sur la côte Est Malgache in Madagascar Revue de Géographie N°35 8. Ratsimba F, 2005, « Organisation de l’espace rurale dans la périphérie de la réserve spéciale de Farafangana », mémoire de maîtrise en géographie 9. Ravoniarisoa M, 2005, « Vers la mise en place de site de conservation dans le corridor Ranomafana - Andringitra, cas de Tolongoina », mémoire de maîtrise en géographie, pp 74 – 82 10. RANAIVONASY Herinaivo Jeannine, 1996, Etude géographique de l’occupation du sol et perspective d’aménagement de la bordure occidentale du massif de Manongarivo, mémoire de maîtrise en géographie, p 28 -29 11. RASAMIMANANA L. M., 1996, Les contraintes de la vie rurale dans le bassin versant de Jabo, le cas du terroir d’Ampahitrizina, p 66 – 73 12. Terre tany, 1995, Vol 1 N°2, Avenir du tavy et dynamique des ressources naturelles, p 69 – 72 13. BERTUCAT, M. 1958. Etude géologique des feuilles de Karianga - . Service Géologique Antananarivo. 14. FARAMALALA M. H., RAJERIARISON C., 1999. Nomenclature des formations végétales de Madagascar. Editions ANGAP Antananarivo

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TABLE DES MATIERES

RESUME ...... I SOMMAIRE ...... II REMERCIEMENTS ...... IV LISTE DES FIGURES ...... V LISTE DES TABLEAUX : ...... VI LISTE DES PHOTOGRAPHIES : ...... VII ACRONYME ...... VIII INTRODUCTION ...... 1 PREMIERE PARTIE : ...... 5 DEROULEMENT DE LA RECHERCHE ET PRESENTATION DES POTENTIALITES ECOLOGIQUES ET AGRICOLES DE VONDROZO ...... 6 CHAPITRE I : LES ETAPES SUIVIES POUR L’ELABORATION DU MEMOIRE ...... 6 1. La phase préparatoire ...... 6 2. L’exploitation des données brutes ...... 6 3. Le traitement des données recueillies ...... 8 CHAPITRE II : DES POTENTIALITES NATURELLES RARES A VONDROZO ...... 9 1. Un relief marqué par l’importance des cours d’eau et par un climat subtropical ...... 9 2. Une forêt abritant des espèces floristiques et faunistiques à taux d’endémicité élevé .... 13 3. Un sol sensible à l’érosion ...... 20 CHAPITRE III : DES FILIERES AGRICOLES PROMOTRICES DE DEVELOPPEMENT ...... 22 1. La population d’agriculteurs de Vondrozo ...... 22 2. Le café et le riz une source de revenu importante ...... 27 3. Un élevage : sous exploité ...... 30 DEUXIEME PARTIE : ...... 33 LES CONTRAINTES SOCIALES ET ECONOMIQUES ENTRAVANT LE DEVELOPPEMENT DE VONDROZO ET DEGRADANT SA FORET ...... 33 CHAPITRE IV : UNE PAUVRETE AGGRAVEE PAR LE MANQUE D’INFRASTRUCTURE ET D’ENCADREMENT A VONDROZO ...... 33 1. La pauvreté à Vondrozo ...... 33 2. L’enclavement partiellement intentionné dans la zone de Vondrozo ...... 37 3. Infrastructures scolaire, sanitaire et agricole insuffisantes et délabrées ...... 38 CHAPITRE V : ASPECTS DE L’INSECURITE SOCIALE A VONDROZO ...... 49 1. Le vol fréquent des bœufs ...... 49 2. Une Population sous alimentée et mal nourrie ...... 51 3. Prolifération des maladies ...... 53 CHAPITRE VI : PRODUCTION AU DETRIMENT DE LA FORET ...... 55 1. Pratique culturale itinérante sur brûlis ...... 55 2. Pâturage et élevage non conformes ...... 58 3. Exploitation irrationnelle des ressources naturelles ...... 59 TROISIEME PARTIE : ...... 62 STRATEGIES POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA CONSERVATION DE LA FORET DE VONDROZO ...... 62

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CHAPITRE VII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA SECURISATION SOCIALE DE VONDROZO ...... 62 1. Renforcement de la sécurité publique ...... 63 2. Amélioration des conditions de production ...... 65 3. Orientation des habitudes alimentaires et amélioration des infrastructures sanitaires ... 67 CHAPITRE VIII : LES AXES STRATEGIQUES POUR LA CONSERVATION DURABLE DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO ...... 70 1. Motivation de la population locale à la protection de la forêt ...... 70 2. Mise en place d’une aire protégée ...... 71 3. Gestion efficace de l’aire protégée ...... 72 CHAPITRE IX : RAPPROCHEMENT DES AXES DE SECURISATION SOCIALE A LA CONSERVATION DE LA COUVERTURE FORESTIERE DE VONDROZO ...... 74 1. Militarisation de la zone forestière ...... 74 2. Valorisation des filières porteuses de développement dans la zone de Vondrozo ...... 75 3. Schéma de développement ...... 77 CONCLUSION...... 81 ANNEXES ...... I ANNEXE 1 : ...... II QUESTIONNAIRES SUR LES ENQUETES PARTICIPATIVES: ...... II RESULTATS DES ENQUETES PARTICIPATIVES ...... III ANNEXE 2 : ...... IV LES GRANDES ORIENTATION DU PNDR : ...... IV ANNEXE 3 : ...... VII MISE EN PLACE ET REHABILITATION DE BARRAGE DANS LA COMMUNE RURALE DE MANAMBIDALA : ...... VII ANNEXE 4 : ...... VIII CONTEXTE DE PAUVRETE A MADAGASCAR ...... VIII BIBLIOGRAPHIE : ...... X

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