Article 11-12
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N°011- 012 NUMERO SPECIAL - SEPTEMBRE 2014 journées du Patrimoine Région de Bruxelles-Capitale D o s s i e r HISTOIRE ET MéMOIRE p L U s Expérience photographique internationale des Monuments Une pUBLicAtion De BrUXeLLes DéVeLoppeMent UrBAin Des cHAMps-éLysées À eVere le cimetière ossier de Bruxelles D MArceL M. CELIS HistorIen De l’arT, membre hOnOraIre De la CommIssion rOyale Des MonumenTs eT Des Sites Mémorial aux soldats allemands, cimetière de Bruxelles à evere. Détail (A. de Ville de Goyet, 2014 © sprB). LE CIMETIÈRE DE BRUXEllES EST UN CHAMP DE REPOS TYPIQUE DU XIXe SIÈCLE. LOIN DU CENTRE-VillE, NOS MORTS Y TROUVENT REFUGE DANS DES TOMBES INDIVIDUEllES, TAPIES DANS UN LUXUriANT DÉCOR DE VERDURE. De nombreuses personnalités historiques y sont ensevelies. De par sa superficie, le terrain pouvait également accueillir les imposants monuments commémorant les événements majeurs d’une histoire mouvementée. Cet article se penche plus avant sur la genèse de certains de ces mémoriaux. fig. 1 l'entrée principale du cimetière, arch. pierre Victor Jamaer. extrait de, fOnTeyne, J., Recueil d’Architecture Funéraire, s.d. (ca 1879-1889), (coll. de l’auteur). le cimetière de Bruxelles est solen- intimes entourées de haies. érables la tombe de morts regrettés, la ques- Journées du Patrimoine nellement inauguré le 15 août 1877 argentés, cyprès, marronniers d’inde tion d’éloignement et de transport n’a par le bourgmestre libéral et laïque et marronniers roses, noisetiers de pas grande importance ; mais il n’en 2014 re Jules anspach. il constitue à plu- Byzance, chênes et platanes, ro- est pas de même de l’ouvrier, qui vit B sieurs égards le contrepoint du cime- biniers, taxus et saules pleureurs de son labeur quotidien et pour qui tem P tière de laeken. ici, pas de croissance constituent un magnifique décor vé- chaque minute dérobée au travail re- se organique, mais un vaste parc paysa- gétal qui semble bien plus protéger présente une perte sèche, réelle, irré- - ial ger, aménagé par l’architecte paysa- les monuments funéraires que leur parable! » 2 (fig. 3 ). C e P s giste louis fuchs (1818-1904) sur un servir de toile de fond. le cimetière terrain de 38 hectares. l’architecte en offre peu de néogothique prôné par le chef de la ville, Pierre victor Jamaer mouvement « Saint-luc » – à conno- Les sépULtUres numero (1825-1902), le pourvoit d’imposants tation religieuse –, mais d’autant plus trAnsférées pavillons d’entrée en style néo- de néo-renaissance et d’éclectisme, étrusque, d’une morgue et de cellules d’art nouveau et d’art déco, à conno- Plus de 900 tombes furent transfé- °011-012 – d’attente 1 (fig. 1 et fig. 2). tation plus laïque. rées aux frais de la ville, depuis les anciens cimetières de Bruxelles- N non pas une nécropole de pierre, une ligne de chemin de fer vicinal fait ville situés à molenbeek-saint-Jean mais des « Champs-élysées » par- halte dans le cimetière proprement et saint-gilles, mais également à courus par des drèves interminables dit. « Pour le riche, qui ne doit pas être saint-Josse-ten-noode, au quar- et des chemins sinueux, où de vastes avare de son temps et qui peut, sans tier léopold. ces pierres tombales pelouses côtoient des espaces arbo- regarder à la dépense, disposer de patinées et cippes funéraires dé- rés, où les perspectives monumen- voitures publiques ou privées pour se gradés à caractère néoclassique tales alternent avec des pelouses rendre fréquemment et rapidement à sont dispersés le long des allées Bruxelles Patrimoines 121 Des champs-ÉlysÉes à eVere extérieures. Parmi eux figurent ceux de bon nombre de victimes et d’an- ciens combattants de la bataille de Waterloo du 18 juin 1815, mais aussi celle de « Joséphine-napoléone de montholon, filleule de l’empereur napoléon ier ; née à sainte-Hélène le 26 janvier 1818 et décédée à Bruxelles le 30 septembre 1818 » 3 : il s’agit de la fille du général charles tristan, comte de montholon sémonville, adjudant de l’empereur vaincu, dont l’épouse prend résidence à l’hôtel Bellevue en 1818, sur la place royale de Bruxelles (fig. 4a et 4b). Jacques-louis david (1748-1825) 4, « restaurateur de l’école moderne fig. 2 de peinture » et ardent partisan de plan du cimetière avant son extension, arch. louis fuchs. extrait de, fOnTeyne, J., l’empereur, avait ouvertement exigé Recueil d’Architecture Funéraire, s.d. (ca 1879-1889), (coll. de l’auteur). la mort de louis XVI, ce qui, sous la restauration, lui valut d’être exilé à Bruxelles. décédé dans sa résidence de la rue léopold, derrière le théâtre de la monnaie, le corps embaumé luxembourg, de la cité fontainas et res fait déjà pratiquement figure de de david fut – après des mois de ti- de sa propre sépulture, et charles tradition. railleries – inhumé au cimetière du de Brouckère 9, bourgmestre de quartier léopold en octobre 1826. 1848 à 1860. l’obélisque triangulaire, attribué MéMoriAL AUX officiers, à gilles lambert godecharle, fut soUs-officiers et soldats transféré à evere en 1882 en même MéMoriAUX pUBLics BritAnniqUes toMBés temps que le cercueil de plomb ; À LA BAtAiLLe De WAterLoo mais cependant sans le cœur, qui fut Bien souvent, la fermeture et l’éva- DU 15 AU 18 JUin 1815 transféré dans le caveau familial à cuation des anciens cimetières P ar is , au Pèr e-l achais e (fi g. 5 a et 5 b). suscitent l’incompréhension et la mise en service du cimetière et soulèvent l’indignation des familles l’imminence du 50e anniversaire le rejoignent également françois concernées. Pour d’autres, majo- de l’accession au trône de la reine van campenhout (1779-1848) 5, ritairement des associations et des victoria en 1887, sont l’occasion compositeur de la Brabançonne ; instances officielles, l’exhumation rêvée, après une précédente ten- Jacques-nicolas günther (1822- et l’inhumation dans le nouveau tative en 1861, de rassembler en un 1868) 6, fondateur de la manufacture cimetière constituent une oppor- seul et même endroit les dépouilles de pianos du même nom (1870-1872), tunité unique et immanquable de disséminées çà et là des combat- située rue du fort à saint-gilles, sur regrouper des dépouilles apparen- tants britanniques tombés durant la le caveau familial duquel Jacques tées et de les commémorer par un bataille de Waterloo. l’administration marin (1877-1950) apposa, en 1900, mémorial. evere offre une profu- communale est favorable à l’initia- un haut-relief en marbre blanc por- sion d’espace. le cimetière devient tive et se dit disposée à mettre gra- tant une effigie tragique d’ange ; le dès lors d’emblée le théâtre d’une tuitement à disposition une parcelle mathématicien, astronome et so- série de cérémonies de commémo- de terrain de 30 m². une collecte de ciologue adolphe Quetelet (1796- ration. lorsque la population bruxel- fonds par un comité sous la prési- 1874) 7, fondateur de l’observatoire loise compte ses victimes à l’issue dence de s.e. lord vivian, ministre royal situé sur l’actuelle place de la Première guerre mondiale, plénipotentiaire et envoyé extraordi- Quetelet ; antoine trappeniers (1824- l’aménagement d’impressionnantes naire de sa majesté la reine victoria, 1887) 8, concepteur de la place du pelouses d’honneur civiles et militai- parvient à récolter des contributions 122 stèle art Déco d'eugène Dhuicque pour monument funéraire de la famille Oor (a. de Ville de Goyet, 2014 © sprb). sa mère. Dessin (coll. privée) ArcHitectes, Artistes de vosmaer ; émile Janlet (1839-1918), plus originales qui soient en pierre cal- et tAiLLeUrs De pierre créateur de la fontaine anspach, caire rouge 4 . ernest Hendrickx (1844-1892) ; ernest on trouve dans ce cimetière bon acker (1852-1912), albert dumont Parallèlement, on peut y admirer aussi nombre d’exemples remarquables (1853-1929) et Joseph caluwaers des œuvres de toute une génération de d’art funéraire. ils sont pour la plu- (1863-1948). sculpteurs : albert desenfans, Julien part l’œuvre de ténors de l’archi- dillens, albert Hambresin, Pieter Journées du patrimoine tecture formés dans les académies victor Horta y réalise un authentique Braecke, le comte Jacques de lalaing, des beaux-arts tels félix laureys ; chef-d’œuvre avec son sarcophage godefroid devreese, Jules lagae et albert charle, connu pour le châ- en granit pour françois verheven 2 . charles samuel. avec leurs confrères teau portant son nom à Watermael- eugène dhuicque (1877-1955), fi ls architectes, ils fournirent de nom- Boitsfort ; Henri Beyaert (1823-1894), naturel de Beyaert, y dessine pour breuses commandes aux sociétés de inhumé ici comme quelques-uns de sa mère une stèle fl orale art déco, tailleurs de pierre établies le long de ses confrères 1 ; antoine mennessier qui servira plus tard de modèle pour l’avenue du cimetière : émile laloux, (1838-1890), créateur du quartier la sienne 3 . le moderniste lucien louis cordemans, émile vander notre-dame-aux-neiges ; Wynand françois y réalise pour les facteurs de auwera, Bougart & dupont, Bléhen- Janssens (1827-1913), qui y aména- pianos oor – leur manufacture réalisée detiege et émile Beernaert d’ixelles, gea la place de la liberté, où Joseph par léon sneyers, rue des tanneurs, qui maîtrisa comme nul autre le travail naert (1838-1910) édifi a l’hôtel Knuyt existe encore – une des sépultures les des granits de couleur5 . notes 1. Pelouse 2, chemin 16, concession 1992. 3. Pelouse 17, chemin 17, concessions l., « antoine & émile Beernaert, vandervelde, c., La Nécropole de 3432 et 011/1520. steenhouwers (ca 1850-1924) », M & L , Bruxelles , commission d’Histoire de 22 e année, n° 4, 2003, p. 28-53. l’europe, Bruxelles, 1991, p. 213. 4. Pelouse 22, avenue 57, concession 4240.