Quels bâtiments bruxellois méritent notre atten- tion en raison de leur génie technique ou leurs matériaux innovants ? Quelle est l’importance de l’ingénieur pour l’architecture et qui étaient ses

DOSSIER DE CONSTRUIRE L'ART Une publication de la Région DOSSIER prédécesseurs ? de Bruxelles-Capitale L’ART DE CONSTRUIRE

Saviez-vous que les cathédrales et les hôtels de ville gothiques étaient déjà renforcés avec du fer N    SEPTEMBRE 2012 forgé afi n d’en augmenter la stabilité ? Que les habitations bruxelloises typiques ont été constru- ites pendant des siècles sans l’intervention d’un architecte ? Que la Belgique en sa qualité de na- tion industrielle jeune et moderne était un pré- curseur de l’architecture métallique et verrière au XIXe siècle ? Ou que l’aménagement d’un parc nécessite d’importants travaux de construction ?

Ce numéro spécial de Bruxelles Patrimoines est consacré à la thématique des Journées du Pat- rimoine. Au travers de diff érents articles, « l’art BRUXELLESPATRIMOINES de construire » vous sera présenté sous diverses facettes.

20 € NUMÉRO SPÉCIAL JOURNÉES DU PATRIMOINE

ISBN : 978-2-930457-84-0

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Architecture hydraulique CONSTRUIRE AU FIL DE L’EAU

PIET LOMBAERDE Dr. ingénieur-architecte Universiteit Antwerpen

L’eau inspire, aujourd’hui encore, un renouveau fusionne technique, connaissance des architectural. Ce fut assurément le cas pour la ville matériaux, savoir hydraulique et volon- té de création architecturale. Bien sou- de Bruxelles au fil de son riche passé. Technologie vent, cela donne naissance à des sys - et typologie sont les principales caractéristiques tèmes complexes de distribution d’eau, dont il n’est pas toujours simple d’analy- de cette architecture spécifique. Dans cet article, ser les différentes parties constitutives. nous aborderons la multitude de réalisations Nous avons opté pour une approche ty- que compte Bruxelles dans ce domaine. pologique des constructions hydrau- liques afin d’en offrir un aperçu aussi complet que possible. Je commencerai par les puits, les viviers et l’utilisation de cloisonnements et d’écluses desti- nés à réguler le débit des eaux. Ensuite, nous nous pencherons plus avant sur les fontaines et les réseaux de distribu- tion d’eau, qui sont étroitement corré- lés et qui connaissent leur apogée avec l’approvisionnement en eau du palais ruxelles doit son existence et des jardins du Coudenberg. Enfin, et son nom à l’eau 1. Aux dé- nous terminerons par la distribution tours de sa vallée, le cours si- d’eau dans les immeubles, l’aménage- nueux de la Senne a dessiné ment des égouts et le voûtement de la Bdes lieux marécageux ponctués d’îlots Senne, les canaux et les châteaux d’eau. plus secs, sur lesquels la ville fut édi - fiée voilà plus de 1.000 ans. Son nom fait référence au mot celtique bruoc, MOULINS À EAU, VIVIERS, qui désigne la lande qui borde ces éten- CLOISONNEMENTS ET PUITS dues humides2. La présence de l’eau à Bruxelles a donné naissance à de nom- L’eau a été exploitée de diverses ma - breuses constructions typiques revê- nières dans une optique économique. tant chacune une fonction propre. Les cours d’eau ont été exploités soit Le moulin de Lindekemale, De tout temps, on a construit dans en raison de leur navigabilité, amé - Woluwe-Saint-Lambert, état l’eau et alentour et cela a toujours don- liorable ou non par des cloisonne - actuel (A. de Ville de Goyet, né lieu à une architecture nouvelle qui ments, des digues voire des écluses, 2012 © MRBC).

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Fig. 2 Réservoir d’eau gothique, composant du réseau de distribution d’eau du Groote Pollepel, disposé aujourd’hui dans le parc d’Egmont (photo de l’auteur).

Fig. 1 Détail de la Molenbeek avec ses étangs de pêche au niveau de Saint-Josse-ten-Noode et d’, après 1550 (Jacob van Deventer, Plan de Bruxelles © KBR). Fig. 3 Fontaine « Les Trois Pucelles », installée à proximité de l’église Saint-Nicolas. Gravure ancienne (© AVB).

soit en tant que force motrice pour afin de pouvoir faire fonctionner la déchargement de marchandises. les moulins hydrauliques. maison de pompage située plus haut. Les moulins à eau faisaient offi ce tant L’utilisation de cloisonnements et de Grâce aux cloisonnements, le moulin à de moulins à céréales que de moulins barrages permettait de réguler le dé- eau de la maison de pompage était ali- à papier (à partir du XVI e siècle). Ils bit du cours d’eau. Une description du menté par une quantité suffi sante d’eau étaient donc édifiés le long des nom- Maelbeek, dont l’eau était utilisée vers durant les périodes de sécheresse. Il ap- breux ruisseaux qui entouraient et tra- 1600 pour actionner le nouveau mou- paraît également que ces cloisonne- versaient Bruxelles, comme le Mael- lin à eau de la maison de pompage de ments étaient utilisés pour empêcher beek, le Geleytsbeek, l’Ukkelbeek, la Saint-Josse-ten-Noode, montre que des l’eau de geler. D’autres villes, comme Woluwe et, bien entendu, la Senne. Les barrages avaient été installés à inter- Gand, disposaient de bon nombre de moulins à céréales étaient utilisés en valles réguliers sur le ruisseau. L’idée cloisonnements sur l’Escaut et la Lys brasserie, une activité jadis importante provenait plus que probablement de à l’intérieur de la ville. Les construc- dans la capitale et ses faubourgs. Deux l’ingénieur Mathieu Bollin, qui avait tions y étaient utilisées pour rendre les moulins à eau historiques à roue sub- été chargé de déplacer le cours du Mael- eaux navigables sur de plus longs tron- sistent encore de nos jours: le mou- beek par les archiducs Albert et Isabelle çons et permettre le chargement et le lin Crockaert ou Nieuwen Bauwmolen

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LE FONCTIONNEMENT (D), qui transmet à son tour le mouvement à DU MOULIN À EAU un axe plus petit (F), qui actionne les meules (G et J). Les meules sont deux pierres plates ; Il existe trois types de moulins à eau la pierre inférieure, appelée meule dormante diff érents : les moulins à roue en dessous, ou gisante (J), est fi xe. La pierre supérieure, la les moulins à roue de côté et les moulins à meule tournante (G), est fi xée sur ce dernier roue au dessus. Cette classifi cation se fait en axe appelé petit fer (F). L’anille assure la fonction de l’eau, qui s’écoule soit au-dessus, liaison entre ce petit fer et la meule tournante. soit au centre, soit en dessous de la roue. Si Les meules peuvent avoir diff érents diamètres exprimés en pieds. La meule est pourvue d’un la pente est faible, comme c’est le cas pour E les ruisseaux et les petites rivières, on utilise rayonnage, un ensemble de stries permettant les moulins à roue en dessus (les moulins de moudre le grain. Le petit fer repose sur une C Crockaert à et de Lindekemale à lourde et solide poutre (H), car celle-ci doit en Wolume-Saint-Lambert) eff et contribuer à porter le poids de la meule tournante. La meule dormante repose sur un G En ce qui concerne leur fonctionnement, nous J plancher, aménagé au-dessus de la grande F donnerons l’exemple d’un moulin à céréales K DD à roue en dessous. Pour exploiter de manière roue dentée (D). De grandes balles de grain I optimale la force de l’eau, le ruisseau est dévié sont hissées dans le grenier du moulin, à l’aide H B dans un bief de manière à faire arriver un de cordes ou de chaînes, via une poulie et une C A maximum d’eau au-dessus de la roue. roue tournante, elle aussi actionnée par l’axe La roue à aubes et son axe horizontal, qui principal (C). Une fois que le meunier a hissé traverse le mur du moulin, transmettent le le blé ou le grain dans le grenier, il peut le mouvement à l’intérieur du bâtiment à une déverser dans une trémie reliée à la meule. roue dentée (A) montée verticalement sur l’axe. Cette roue dentée plus petite s’engrène Le mécanisme d’un moulin dans une roue dentée horizontale (B), montée à eau (SINGER, C. et al., sur un axe vertical principal (C). Sur le même A History of Technology, axe est placée une roue dentée plus grande Oxford, vol.4, 1958, Ill.117)

(Uccle) et le moulin de Lindekemale crustacés. Particuliers comme abbayes retrouve de remarquables exemples (Woluwe-Saint-Lambert) (voir fi g. page en faisaient un usage intensif. Le vi- dans les palais et les couvents. Leur 56)3. L’ensemble de la mécanique in- vier du Coudenberg se composait de nombre est, par exemple, estimé à une térieure du moulin Crockaert a été cinq étangs de pêche, où étaient élevés cinquantaine dans les jardins du châ- conservée, de même que la roue à aubes séparément des crabes, des tortues, des teau ducal du Coudenberg. L’eau de ces en bois. Ce moulin, un des nombreux du carpes, et d’autres poissons 4. C’est le puits urbains ne servait pas unique- genre présents à Uccle au Moyen Âge, a long du Maelbeek et de la Senne que les ment comme boisson ou pour la pré- été construit en 1476 à la demande des étangs de pêche étaient les plus abon- paration des repas, mais aussi et sur- ducs de Brabant. Jusqu’en 1963, il a été dants. Leur nombre atteignit son apo- tout comme moyen d’extinction en utilisé en alternance comme moulin à gée vers le milieu du XVe siècle. Par la cas d’incendie. Les édiles firent donc céréales et comme moulin à papier. Du suite, il allait progressivement dimi- installer des puits de quartier. Pour moulin de Lindekemale, il ne subsiste nuer et quasiment disparaître du pay- lutter contre les risques de contami- que les structures extérieures et sa roue sage bruxellois après le XVIII e siècle. nation, la plupart des puits étaient re- à aubes qui a été restaurée. Ce moulin à Ces étangs de pêche –parfois au nombre couverts d’une dalle et desservis par céréales était déjà en activité en 1129 et de trois ou quatre à proximité l’un de une pompe. L’eau provenant de nappes appartenait à l’abbaye de Park (Leuven). l’autre– avaient par ailleurs un eff et ré- aquifères pouvait également être col- Il était situé en aval du confl uent entre gulateur sur le débit des cours d’eau. lectée dans de grands bassins ou ré- le Struykbeek et la Woluwe. Il fut utili- Dans le cas de la Senne, ils réduisaient servoirs. Au Moyen Âge déjà, il existait sé pour la fabrication de papier au XIXe ainsi le nombre d’inondations à l’inté- des réseaux de sources et de réservoirs siècle. La bâtisse du moulin adjacente, rieur de la ville5. d’eau reliés entre eux. L’un de ces ré- en grès, est elle aussi remarquable. Les puits furent longtemps les prin- servoirs gothiques s’appelle Den Grote Un des usages particuliers mais très an- cipales sources d’approvisionnement Pollepel, un puits du XVe siècle. Il était cien de l’eau (depuis les Romains) ré- en eau de la ville. Ils étaient alimentés situé à l’origine à l’endroit où s’élève side dans l’aménagement de viviers soit par de l’eau de pluie soit par une aujourd’hui la coupole de la galerie Ra- ou d’étangs d’élevage piscicoles. Des source souterraine et étaient générale- venstein. Ce e dernière fut aménagée étangs de pêche jalonnaient le cours ment situés aux carrefours ou sur les en 1954 et le puits fut démonté pierre de ruisseaux tels que le Maelbeek, le places publiques, mais aussi dans les par pierre. Il fut reconstruit quatre Geleytsbeek et la Woluwe (fi g. 1). On y habitations, par exemple dans la cour ans plus tard dans le parc d’Egmont élevait des carpes, des brochets et des intérieure, la cave ou le jardin 6. On en par l’architecte Jean Rombaux (fi g. 2).

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Fig. 7 Fontaine publique dans la rue Isabelle. Dessin du XVIIe siècle (© MVB).

Fig. 4 Manneken-Pis, Bruxelles. Copie d’après la statue originale de 1619 de Jérôme Duquesnoy l’Ancien (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

Fig. 5 Fontaine murale « Le Cracheur », réalisée par Claude Fisco en 1786, Bruxelles (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

Fig. 6 La fontaine de Charles-Quint à la porte de Hal (gravure de A. Heins, 1883, d’après un dessin de P. Vitzthumb, 1826).

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Fig. 8 Pierre-Denis Plumier, fontaine de L’Escaut, Hôtel de Ville de Bruxelles (A. de Ville de Goyet © MRBC).

Fig. 9 Le grand étang avec sa fontaine dans le parc Royal, Bruxelles, fin du XVIIIe siècle (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

LES FONTAINES médiévales les plus monumentales fi- faisait fonction de fontaine publique. gurait celle des «Trois Pucelles» à proxi- La statuette connue aujourd’hui sous Les fontaines sont de plus en plus utili- mité de l’église Saint-Nicolas (fig. 3). le nom de Manneken-Pis est une co - sées dans la typologie de distribution de L’eau y jaillissait des seins de trois jo - pie qui correspond plus ou moins à une l’eau dans la ville vers la fin du Moyen lies femmes, logées dans des niches. statue e en bronze datant de 1619, réa- Âge. L’eau, qui sourd ou jaillit du sol ou Ce e fontaine a malheu- d’un mur grâce à des sources ou d’éven- reusement disparu après Bruxelles possédait par ailleurs des fontaines tuels réseaux de distribution aménagés 1776. Un groupe de sta - à l’eau particulièrement claire, provenant artificiellement, joue de plus en plus un tues similaires, datant de de sources naturelles. L’une des principales était rôle d’élément décoratif dans l’espace 1545, est aujourd’hui ex- public. À partir des XVe et XVIe siècles, posé au musée de la Ville le Broebelaer, une source située à Etterbeek, les fontaines sont abondamment déco- de Bruxelles. Vers la fin dans l’actuel parc Jean-Félix Hap. rées et deviennent d’authentiques at- du Moyen Âge, une pre- tractions dans le paysage urbain. mière fontaine fut décorée avec une lisée par Jérôme Duquesnoy l’Ancien statue e de petit garçon. Ce e fontaine à la demande du magistrat de la Ville L’eau a principalement été captée et était appelée «Petit Julien». Il s’agis - de Bruxelles7 (fig. 4). Il se pourrait que canalisée vers des fontaines ou des sait d’un petit garçon sculpté dans la le but ait été de remplacer l’ancien Pe- puits sur le versant oriental de la val - pierre, installé dès 1452 à l’angle des tit Julien par ce petit bonhomme plus lée de la Senne. Parmi les fontaines rues de l’Étuve et du Chêne et qui élégant. Une deuxième statue e célèbre

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Fig. 10 Jacques Bergé, fontaine de Minerve, fin du XVIIIe siècle (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

Fig. 11 Charles-Auguste Fraikin, statue d’Egmont et de Hornes avec fontaine, square du Petit Sablon, Bruxelles (A. de Ville de Goyet © MRBC).

Fig. 12 Fontaine en l’honneur de Jules Anspach, aujourd’hui installée quai du Commerce, 1897 (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

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Fig. 13 Vue panoramique du château et des jardins du Coudenberg, 1652. Gravure de Lucas Vorsterman le jeune, Palatium Bruxellense Ducis Brabantiae, 1659 (© Österreichische qui fait office de fontaine est celle du des armoiries de Charles-Quint et de sa Nationalbibliothek, Vienne). «Cracheur» (angle de la rue des Pierres devise «Plus Oultre» (fig. 6). Deux jets et de la rue du Marché au Charbon) d’eau en jaillissaient. Ce e fontaine dis- (fig. 5). Elle est déjà mentionnée au XIVe parut malheureusement en 1826, suite siècle sous le nom de «Fontaine bleue» à l’aménagement des grands boulevards et se dressait contre la façade de la mai- de ceinture mais les reliefs sont conser- son du «Boterpot», détruite lors du vés à la porte de Hal. bombardement de Bruxelles en 1695. En 1704, on y plaça une nouvelle fon - L’eau des fontaines ne servait pas seu- taine représentant une tête de lion cra- lement d’eau potable ou à la prépara - chant de l’eau. L’ingénieur Claude Fisco tion des repas, mais aussi au ne oyage restaura ce e fontaine en 1786 et la tête des maisons, des rues, des échoppes, de lion fut remplacée par un buste de etc. Les animaux pouvaient également triton8. Une fontaine murale fut instal- s’y abreuver. L’eau était recueillie dans lée aux environs de la porte de Hal du- des cruches, des seaux ou des bassins et rant la première moitié du XVIe siècle. transportée sur des charre es tirées par Elle était ornée d’une vasque et de deux des chevaux. Une autre fontaine était panneaux muraux en léger relief ornés installée sur la Grand-Place, non loin

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de la Maison du Roi. Le prix de location placer une statue ou un obélisque. La L’APPROVISIONNEMENT EN EAU d’un emplacement augmentait en fonc- statue ne vit cependant jamais le jour. ET L’EXEMPLE REMARQUBLE tion de la proximité avec la fontaine. Le En revanche, on y aménagea un par - DU COUDENBERG métier de porteur d’eau vit ainsi le jour, terre et finalement, en 1855, une fon - garantissant le transport de l’eau sur taine y fut installée suite à la réalisation Bruxelles possédait un des réseaux ur- de plus grandes distances contre paie- du nouveau réseau de distribution d’eau bains d’approvisionnement en eau les ment. Le bon fonctionnement et l’en- de Bruxelles (fig. 9). Le parc compte un plus novateurs d’Europe. Au cours du tretien des fontaines urbaines étaient deuxième plan d’eau, sous la forme Moyen Âge, trois réseaux de distribu - confiés à des fontainiers et à des maîtres d’un bassin octogonal. Il se trouve lui tion souterrains assuraient l’approvi- fontainiers. aussi sur l’axe central du parc. Aména- sionnement en eau des puits, pompes gé en 1780, il s’agit du plus ancien plan et fontaines de la ville. Le réseau des Bruxelles possédait par ailleurs des fon- d’eau du parc. Dès sa création, il fut doté «Pollepels» approvisionnait la fontaine taines à l’eau particulièrement claire, d’une fontaine, raccordée au réseau de Les «Satyres», celles de la Grand-Place provenant de sources naturelles. L’une distribution d’eau du palais du Couden- et de l’hôtel de ville, ainsi que le «Cra- des principales était le Broebelaer, une berg (voir plus loin)11. Le Grand Sablon cheur» et la fontaine du Marché aux source située à E erbeek, dans l’actuel est paré d’une fontaine monumentale Poissons. À hauteur de l’église des Jé - parc Jean-Félix Hap. Grâce à l’ingénieux surmontée d’une Minerve assise, sculp- suites, plus tardive, des conduites me- système d’adduction d’eau du Couden- tée par Jacques Bergé à la demande de naient aux fontaines de la place Saint- berg (voir plus loin), trois fontaines pu- Lord Thomas Bruce, un comte anglais Géry et de la place Saint-Jean. Des bliques du quartier du Coudenberg bé- en exil à Bruxelles (fig. 10). De part et sources, destinées à alimenter en eau le néficièrent de ce e eau de source pure: d’autre du socle, une tête de lion crache Petit Julien (Manneken-Pis), les Lions, une fontaine située sur la place des l’eau dans une vasque. La place Saint- les Trois Pucelles et les deux fontaines Bailles, une deuxième juste au-delà de la Géry possède également une fontaine de la cour intérieure de l’Hôtel de Ville porte de Louvain et une troisième dans remarquable. Ce e fontaine-obélisque furent captées dans l’actuel jardin Saint- la rue Isabelle. Cette dernière se trou - en forme de pyramide et en style Louis Georges. À partir du XIVe siècle, les acti- vait à proximité de la Domus Isabellae, XV date de 1767. Elle avait été dres - vités de la ville s'étendirent progressive- une imposante bâtisse édifiée en 1625 sée à l’origine sur le parvis de l’abbaye ment vers des quartiers situés plus haut, par l’archiduchesse Isabelle pour les Ar- de Grimbergen, mais fut démontée en entre la Senne et le Maelbeek. L’appro- balétriers et a enante au parc du Cou- 1802 et transférée à la place Saint-Géry. visionnement y était malaisé (vu l’ab- denberg (fig. 7). Il s’agissait d’une jolie sence de sources en raison de l’éléva - fontaine murale, entièrement en style Au cours du XIXe siècle, de nombreuses tion du terrain) et il faudra a endre le baroque avec motifs de coquillages, fontaines monumentales furent en - règne des archiducs Albert et Isabelle d’hermès et de festons. L’eau s’écoulait core érigées à Bruxelles et dans sa péri- pour voir ce problème traité en profon- de la gueule d’une tête de lion dans un phérie. Elles avaient pour vocation pre- deur. bassin, entouré d’une grille en fer. On mière d’embellir l’espace public et de estime que Bruxelles comptait quelque commémorer un événement impor - Au début du XVII e siècle, un système 80 fontaines et pompes au XVIIe siècle9. tant ou un personnage célèbre. Une des d’approvisionnement en eau original plus belles d’entre elles est celle à l’effi- fut élaboré par un groupe d’ingénieurs Au début du XVIIIe siècle, l’architecte gie d’Egmont et de Hornes, conçue en et d’artisans venus de France, d’Italie et en chef Jean-André Anneessens (1687- 1864 par Charles-Auguste Fraikin et des Pays-Bas méridionaux. Ils construi- 1754) construisit deux fontaines monu- magnifiquement intégrée dans le parc sirent une maison de pompage –bap- mentales pour la cour intérieure agran- du Petit Sablon en 1876, dessiné par l’ar- tisée la «machine hydraulique»– per- die de l’Hôtel de Ville de Bruxelles. chitecte Henri Beyaert (fig. 11). La fon- mettant de pomper l’eau potable en Ces travaux d’extension et d’embellis- taine Anspach fut érigée sur la place provenance de la source du Broebelaer, sement s’inscrivaient dans le cadre de de Brouckère en 1897, suite au voûte - vers le Coudenberg. Le Broebelaer se la campagne de reconstruction suite ment de la Senne et aux grands travaux trouvait à E erbeek et l’eau potable était au bombardement de la ville en 1695. qu’il avait engendrés (fig. 12)12. Elle se acheminée vers la maison de pompage Les fontaines se composent de deux fi- présente sous la forme d’un obélisque, par une canalisation séparée en terre gures mythologiques représentant l’Es- dressé en l’honneur de Jules Anspach, cuite. Ce bâtiment était situé à proximi- caut et la Meuse, sculptées en 1714 par le «père des grands boulevards». Elle té immédiate de l’étang de Saint-Josse- Pierre-Denis Plumier et Jean De Kin - est surmontée de l’archange Michael en ten-Noode au pied du Coudenberg. der (fig. 8). Au XVIIIe siècle toujours, les bronze doré. La fontaine fut déplacée En guise de force motrice, on utilisa fontaines étaient souvent aménagées vers le quai du Commerce en 1973, en l’eau du Maelbeek, qui actionnait une dans des parcs ou des jardins, souvent raison des travaux du métro. grande roue à aubes et assurait la pres- en même temps que des étangs. Les fon- sion nécessaire dans les pompes. À l’ori- taines du parc de Bruxelles en sont un gine, ce e eau n’était destinée qu’au pa- bel exemple10. Au départ, l’intention de lais ducal, à l’abbaye du Coudenberg et l’architecte parisien Guimard était d’y aux résidences de quelques courtisans

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Fig. 14 Georg Müller (?), dessin détaillé de la roue actionnant les trois pompes foulantes destinées à la « machine hydraulique » de Saint-Josse- ten-Noode, vers 1602 (© AGR).

Fig. 15 La « tour hydraulique » à la porte de Louvain. Gravure d’après un tableau de François Haseleer, 1843.

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Fig. 16 Réservoir d’eau de la rue de la Vanne, (A. de Ville de Goyet, 2012 © MRBC).

Fig. 17 Reconstruction de l’orgue actionné par l’eau qui se trouvait dans l’Hoogen Hof, Coudenberg (photo de l’auteur).

(fig. 13). La particularité de ce système et une distance de 640 m avant d’abou- avec des fontaines ludiques, des auto- d’approvisionnement d’eau, dont la tir dans un réservoir d’eau, monté sur mates et un orgue hydraulique, est re- conception théorique est attribuée à une tour de la deuxième enceinte de la marquable (fig. 17). L’ingénieur français l’ingénieur italien Pietro Sardi, réside ville, tout près de la porte de Louvain Salomon de Caus fut l’inventeur d’un dans la séparation entre l’eau potable et (fig. 15). De là, l’eau s’écoulait sur les grand nombre de ces jeux d’eau14. l’eau servant de force motrice aux trois pentes de la Warande vers le palais du- (par la suite quatre) pompes foulantes cal via un réseau de tuyaux souterrains Cette réalisation technique hors du (fig. 14). C’est le fondeur allemand en terre cuite. D’autres pompes, raccor- commun allait fonctionner et serait Georg Müller qui fabriqua les trois cy- dées au même réseau, allaient encore systématiquement étendue jusqu’au lindres avec leurs pistons, leurs bielles être installées dans le labyrinthe du Ho- XIXe siècle, alimentant en eau de et les roues dentées en 1603. Au départ gen Hof, juste à côté du palais ducal, ain- grandes parties du haut de la ville et de la machine hydraulique, l’eau est si que dans les écuries de la cour 13. Le même du quartier Royal récemment acheminée dans des conduites en mé- raffinement dans la mise en œuvre de aménagé. Un recensement fait appa - tal équipées de clapets antiretour, fran- ce système d’irrigation dans le parc, no- raître qu’en 1788, à la veille de la Ré - chissant une hauteur d’environ 45 m tamment au bénéfice de pièces d’eau volution française, 180 particuliers

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Fig. 18 Catalogue de sanitaires de la firme Morrisson & Co. (VAN CRAENENBROECK, W., Historique de l’alimentation en eau en Belgique).

étaient déjà raccordés à ce réseau de Toutefois, au début du XIX e siècle, la 185116. Différents projets virent ainsi distribution. Le débit était toutefois plupart des habitants de Bruxelles le jour, comme celui du géologue Har- trop faible pour assurer un approvi - devaient encore s’approvisionner en dy de Beaulieu, de l’ingénieur Delave- sionnement suffisant durant les pé- eau potable à une des 29 fontaines, leye et du conducteur Théodore Del- riodes de sécheresse répétitives. Un des 76 puits publics, des 91 puits des saux. Des études comparatives avec deuxième réseau d’eau avait toutefois domaines communaux ou des 8.027 et Londres furent réalisées. On été mis en service entretemps. En 1661, puits privés. L’ingénieur Théodore examina également s’il fallait opter l’administration communale avait en Teichmann fut le premier à propo - pour une distribution continue ou effet décidé de canaliser et de distri - ser d’installer des machines à vapeur s’il fallait limiter celle-ci à quelques buer de l’eau de source en provenance pour augmenter le débit des pompes heures par jour. Le 11 décembre 1852, de Saint-Gilles pour l’amener dans aspirantes de Saint-Josse-ten-Noode. la ville trancha en faveur du pro - d’autres parties de la ville, jusqu’à une L’entreprise échoua. Les premières jet de l’ingénieur Maximilien Carez. fontaine située au Grand Sablon, ainsi propositions en vue d’un nouveau ré- Ce plan portant sur un captage d’eau qu’à la fontaine de la Sainte-Trinité et seau de distribution d’eau pour la ville plus étendu pour Bruxelles fut mis en celle de la Steenpoort15. de Bruxelles furent rédigées de 1844 à oeuvre à partir de 1853. On recourut

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Fig. 19 encore aux sources du Broebelaer, en Mathieu Vliegen, catalogue sollicitant de nouvelles réserves à plus d’appareils sanitaires, Bruxelles, 1906 : exemple de de 100 m de profondeur. L’eau du Hain toilette avec chasse en faïence. à Braine-l’Alleud fut également inté- (BILLEN, C., DECROLY, J.-M., grée dans le nouveau réseau de distri- Petits coins dans la grande bution d’eau. On recourut à cet eff et à ville. Les toilettes publique un aqueduc passant par Mont-Saint- à Bruxelles du Moyen Âge à Pont. L’eau poursuivait ensuite sa nos jours, Bruxelles, 2003, p.51 © MVB). route par les étangs de Rhode-Saint- Genèse, puis vers Vleurgat, après quoi elle était amenée à Ixelles dans deux conduites-mères de 60 cm de diamètre. Elle y était recueillie dans deux grands réservoirs, dont celui de la rue de la Vanne (fi g. 16). De là, elle était répartie à travers la ville. Le pro- jet fut achevé en 1855À17. Une galerie de drainage fut encore construite en fo- rêt de Soignes en 1872, mais elle appa- rut insuffisante. La Compagnie inter- communale bruxelloise des eaux (CIBE), qui réalisa un nouveau et vaste réseau de conduites d’eau, fut créée en 189118. Une galerie souterraine fut aména- gée en 1895 pour acheminer l’eau du Bocq, près de Spontin, vers Bruxelles. Les communes d’Ixelles, de Saint- Gilles, de Saint-Josse-ten-Noode et de furent à leur tour appro- visionnées en eau en 1899. En 1902, l’eau de la CIBE desservait déjà plus de 24 communes à Bruxelles et en Wal- lonie. Dès 1922, l’eau fut captée dans le Hoyoux près du château de Modave et amenée dans une conduite de pas moins de 100 km de longueur, débou- chant dans deux galeries d’une lon- gueur totale de 5 km, jusqu’à Rhode- Saint-Genèse, où elle était recueillie dans un grand réservoir.

DISTRIBUTION D’EAU DANS LES HABITATIONS

L’approvisionnement en eau dans les habitations, les couvents et les édi- fi ces publics a été très précoce dans le palais du Coudenberg, dans les cours aristocratiques et les abbayes avoisi- nantes. Telle était en eff et la situation au début du XVIIe siècle. Les raccorde- ments particuliers à ce réseau de dis- tribution allaient progressivement se multiplier jusqu’au milieu du XIX e siècle. On recensait même à l’époque 560 concessionnaires, parmi les- quels fi guraient tous les habitants et

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utilisateurs du quartier Royal récem- ment aménagé 19.

La première véritable percée eut lieu vers 1850, lorsque les pouvoirs publics comprirent que tant le système d’ap - provisionnement en eau que le système d’égouts devaient pouvoir être raccor- dés à toutes les maisons. Il faut dire que l’hygiène avait régressé dans des villes comme Bruxelles, en partie en raison de l’important développement démo- graphique provoqué par la révolution industrielle, qui produisit une véritable congestion au cœur de la ville. Un phé- nomène amplifié par la détérioration de la qualité de l’eau des puits.

L’eau courante dans les intérieurs était destinée aux lavabos, aux bains, aux toi- le„es, aux cuisines, etc. Tout le monde ne pouvait pas se raccorder au réseau de distribution. Nombreux étaient ceux qui ne disposaient que d’un puits dans la cour et il n’était absolument pas question d’une salle de bains. La ville avait donc envisagé la construction de bains publics dans les quartiers les plus pauvres, comme les Marolles, qui pouvaient être utilisés en même temps comme lavoirs publics20. Les raccorde- ments à l’eau potable, encore très coû- teux à l’époque, étaient réglés au moyen d’abonnements. À l’origine, cette eau était réservée aux demeures des ci - toyens les plus nantis, ce qui poussa les commerçants à proposer des superbes catalogues présentant des sanitaires dans divers styles décoratifs adaptés, tels le Louis XV, l’Empire et par la suite aussi l’Art nouveau (fig. 18). L’approvi- sionnement en eau des maisons était par ailleurs très utile, voire nécessaire pour garantir l’hygiène personnelle dans les habitations. De nombreuses Fig. 20 maisons étaient même dépourvues de Reconstitution de la Senne «˜cabinets d’aisances˜» (des réduits, gé- dans le centre-ville (A. de Ville néralement situés au fond de la cour, de Goyet © MRBC). où une planche en bois percée d’un trou circulaire et placée au-dessus de la fosse septique faisait office de toile„es). Un rapport du Conseil d’Hygiène pu- blique fait apparaître qu’en 1838, la plu- part des habitations étaient dépourvues de «˜pompes, latrines, égouts, si ce n’est communautaires˜»21. On recensa même un cas où septante familles étaient rac- cordées à une seule et même latrine.

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Fig. 21 Le canal de Willebroek à la hauteur de la porte du Rivage. Gravure in Description de la Ville de Bruxelles, enrichie du plan de la ville et de perspectives, à Bruxelles chez J.L. Boubers, 1782.

Après 1860, les maisons purent néan- Autrique, l’architecte Victor Horta avait être réalisés en même temps que les sys- moins être raccordées au nouveau ré- déjà prévu, dès 1883, une salle de bains tèmes de distribution d’eau afin de do- seau de distribution d’eau et au système complète avec baignoire et WC au pre- ter ainsi les quartiers résidentiels et les d’égouts (voir plus loin). Les conditions mier étage de la nouvelle construction. rues du confort moderne nécessaire. étaient donc réunies pour aménager C’était exceptionnel. des toile es privées dans les maisons. Le problème du voûtement de la Senne En théorie du moins, car la plupart s’inscrit dans ce cadre plus large des des habitations étaient encore conçues CONSTRUCTION D’ÉGOUTS cités et de leurs cours d’eau à ciel ou - sans pièces adaptées à l’hygiène, équi- ET VOÛTEMENT DE LA SENNE vert, d’une part de plus en plus pol - pées d’eau courante, d’aérations ou lués et, d’autre part, de plus en plus d’évacuations efficaces. Dans les hautes Toute grande ville qui voit le jour le souvent sources d’inondations dans le sphères, on utilisait encore des pots de long d’une rivière rencontre tôt ou tard centre-ville. Avec la Senne, Bruxelles chambre, qui étaient ensuite vidés par des problèmes d’hygiène liés à ce cours était confrontée à ce problème depuis le personnel de maison. Les premières d’eau. Au fil des siècles, les détritus le XVIe siècle (fig. 20). Deux solutions toile es à part entière apparurent vers étaient fréquemment jetés ou évacués se présentèrent alors: rectifier le cours la fin du XIXe siècle. On peut les retrou- dans les divers canaux, affluents, fossés capricieux de la rivière et couvrir cer- ver dans des catalogues, où elles sont jo- et ruisseaux qui finissaient par conver- tains tronçons. Les premières tenta - liment illustrées, avec des décorations ger dans le cours principal. Il existe tives de rectifiation de la Senne datent en faïence des chasses et des cuvettes deux solutions à ce problème: soit du XVIe siècle, du moins en partie. En (fig. 19). Dans la bourgeoisie, le porte- conserver le cours d’eau comme collec- 1571, un méandre de la Senne fut com- rouleau décoratif était même surmon- teur de déchets et le voûter, soit déve - blé à la hauteur du couvent des Augus- té d’une bougie, accompagnée d’une lopper une réseau d’égouts séparé. Les tins et la rivière y fut en partie recti - boîte d’allumettes. Dans la maison systèmes d’égouts peuvent par ailleurs fiée. Au début du XVIIe siècle, la Senne

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fut voûtée à la hauteur du Rempart des Moines et aménagée en égout couvert. En 1644, toutefois, l’ingénieur-archi- tecte Pierre Merckx élabora un projet visant à rectifier la Senne sur toute sa longueur à l’intérieur de la ville. On en- visageait à l’époque déjà le creusement d’un canal, la «Fosse Léopoldine», à tra- vers Bruxelles pour relier le canal de Willebroek avec la Senne en direction de Hal22. Le projet fut toutefois arrêté après la pose de la première pierre.

Il n’était pas question d’un voûtement de la rivière à l’époque, car elle était encore considérée comme une artère économique importante au cœur de la cité. De nombreuses petites entreprises –tanneries, brasseries, moulins à pa - pier et à céréales– qui avaient besoin de l’eau de la Senne, s’étaient instal - lées sur ses berges. Le trafic complexe généré par leurs activités était répar - ti tout au long des heures de la jounée. Les foulonniers pouvaient utiliser l’eau Fig. 22 du matin au midi, après quoi c’était aux La Grande Écluse, début du 23 brasseurs d’entamer leurs activités . XIXe siècle (A. de Ville de Un nouveau tronçon de la Senne fut en- Goyet, 2011 © MRBC). core voûté en 1772, à la hauteur du quai des Poissonniers. Mais la pollution de la rivière augmenta fortement à partir de la fin du XVIII e siècle. La situation devint dramatique à partir du milieu du XIXe siècle: l’eau était jonchée de ca- davres d’animaux, entièrement polluée et fangeuse. En période de sécheresse, Il entreprit une étude systématique des Adolphe Le Hardy de Beaulieu (1814- l’odeur était pestilentielle et les boues courbes et des différences de niveau, 1894) établit un premier plan d’égout. s’accumulaient. La Senne était devenue censées perme re l’aménagement d’un Une commission provinciale fut créée un égout à ciel ouvert. Lors d’inonda - système d’égouts efficace. Le nouveau en 1861 pour résoudre le problème de tions, les quartiers denséments peuplés quartier entourant la place des Mar - l’assainissement de la Senne. L’objec - et paupérisés du centre étaient parfois tyrs fut également inclus dans l’étude26. tif était clair: la Senne devait être voû- frappés d’épidémies comme le choléra. Cependant, à partir du milieu du XIXe tée. Le plan faisait partie du vaste projet La toute première initiative d’installa- siècle, l’aménagement d’un réseau de l’inspecteur des voiries Victor Besme tion systématique d’égouts à Bruxelles d’égouts allait brusquement prendre (1834-1904) visant à aménager un bou- date du XVIIIe siècle, suite à l’aména- une tournure définitive suite au projet levard de ceinture autour de Bruxelles, gement du quartier Royal. À l’époque, de voûtement de la Senne dans la ville. ainsi qu’un large boulevard traversant la machine hydraulique de Saint-Josse- le centre-villeÀ27. Pas moins de 40 projets ten-Noode était utilisée pour amener La décision fut prise suite à un violent furent soumis au bourgmestre Anspach l’eau dans tous les palais et habitations orage, en 1850, à l’issue duquel tout le bas entre 1863 et 1865. Le 28 octobre 1865, nouveaux du quartier, mais on songea de la ville se trouva inondé. La ville fut le conseil communal bruxellois approu- en même temps à la mise en place d’un par ailleurs régulièrement frappée par va l’ambitieux plan de Léon Suys. Celui- réseau d’égouts pour l’évacuation des des épidémies de choléra, qui firent des ci prévoyait de voûter la Senne dans la eaux usées24. Le luitenant-colonel Ni- milliers de victimes entre 1832 et 1870. ville sur une longueur de 2 km et, dans colas-Bernard de Hucher, directeur de Rien qu’un 1866, elles tuèrent 3465 per- le même temps, d’aménager par-dessus l’académie bruxelloise d’ingénieurs mi- sonnes. La Senne fut considérée comme un monumental boulevard nord-sud de litaires, fut le premier chargé de la pros- le principal vecteur de la maladie. Il fut 30 m de largeur. Les eaux usées seraient pection du sous-sol 25. Son travail fut donc décidé de construire un égout sé- recueillies dans deux conduites-mères poursuivi par l’ingénieur Claude Fisco. paré dans tout Bruxelles. L’ingénieur disposées parallèlement à celui-ci.

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Fig. 23 Projet de canal périphérique autour de Bruxelles et d’un nouveau canal Bruxelles- Vilvorde, avec sas (Michel- Florent van Langren. Invention et proposition que Michel Florencio van Langren, cosmographe & mathematicien de Sa Majesté a faict à Messieurs les Magistrats & Superintendent du canal de ceste royale ville de Bruxelles pour empescher & prevenir les dommages & interests dont la basse ville est annuellement fatiguée, par le debordement de la riviere de Senne. Censurée par quelques fameux ingenieurs de Sa Majesté, Bruxelles, 1644).

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CANAUX ET BASSINS Le géographe et et astronome Michael Molenbeek et délester ainsi la Senne. Florent van Langren s’était déjà inté- Il élabora également un plan pour Les cours d’eau sont une réelle force ressé au double problème de la Senne creuser directement un nouveau ca - économique pour les villes. Ils consti- durant la deuxième moitié du XVII e nal entre Bruxelles et Vilvorde, qui tuent souvent d’importantes routes siècle: sa navigabilité et son rôle délé- recueuillerait les eaux de la Senne et commerciales et relient les villes à des tère dans l’hygiène urbaine. Dès 1643, perme rait par ailleurs la mise sous ports ou à d’autres cités portuaires. Les ce savant élabora des perspectives de eau des prairies de Vilvorde. L’eau cours naturels doivent parfois être élar- solution visant à ne plus utiliser la ri- de la Senne est ainsi séparée du ca - gis ou approfondis, voire rectifiés. Par- vière comme artère économique ma- nal de Willebroek. Van Langren pré- fois aussi, des canaux doivent être amé- jeure –notamment en raison de l’ir - voit également la construction d’un nagés à travers ou autour d’une ville régularité de son débit– et pour la pont (Schoftbrugge) à la porte de Lae - afin de garantir la navigabilité. Des débarrasser de son eau excédentaire, ken. Il s’agit d’un pont surélevé à trois ports naissent alors aux endroits où ces cause d’inondations à répétition dans arches, permettant de monter ou de canaux pénètrent dans l’agglomération. la ville, avec leur cortège de détério - descendre des poutres de barrage, afin L’exemple de Bruxelles et de la Senne rations et de maladies, telles la peste que l’eau de la Senne puisse être dé - s’inscrit entièrement dans ce dévelop- et le choléra31. En prove- pement. nance de Hal, la Senne À partir du milieu du XIXe siècle, pénétrait dans la ville La Senne a joué un rôle primordial dans par deux endroits: à la l’aménagement d’un réseau d’égouts allait le système commercial de Bruxelles Grande Écluse, aux en- brusquement prendre une tournure définitive dès la naissance de la ville. Une bonne virons du Rosbempt (pré suite au projet de voûtement de la Senne liaison avec un fleuve comme l’Escaut aux Chevaux), et la Pe - dans la ville. est bien vite apparue comme essentielle, tite Senne (bras laté - mais elle était insuffisamment garantie ral de la Senne) à la Pe - par la Senne. Les travaux de creusement tite Écluse, à la hauteur du couvent tournée dans le nouveau canal vers d’un canal reliant Bruxelles à Willebroek des Chartreux (fig. 22). De là, les deux Vilvorde et ne gêne pas les bateaux qui ont été entamés en 1550 déjà, notam - bras poursuivaient leur chemin à tra- arrivent d’Anvers par le canal. Il pré- ment à l’initiative de Jean de Locquen- vers la ville pour se rejoindre au pont voit en outre la construction de deux ghien, bourgmestre de Bruxelles, offrant du Miroir, à la hauteur du moulin. La écluses permettant la remontée des dès 1561 une jonction directe avec le Ru- Senne passait sous quatorze ponts en bateaux au niveau du fossé afin qu’ils pel et, plus loin, avec l’Escaut28. Au dé- pierre dans la ville et sept moulins puissent poursuivre leur navigation part de Bruxelles, l’accès au canal était jalonnaient son parcours. Les rétré - vers le port de Bruxelles. Le niveau du assuré via la porte du Rivage (fig. 21). Le cissements aux moulins à eau et aux canal et et de la Senne ne correspon- bassin Sainte-Catherine fut aménagé en ponts provoquaient une retenue d’eau dait en effet pas toujours, ce qui com - 1560 sur les prairies du béguinage. On dans la ville, causant diverses inon - pliquait singulièrement la navigation. y creusera dans les années 1639-1650 le dations. Elle quittait la ville par la Ces propositions furent toutefois re- Bassin au Fumier (mouillage pour les porte de Laeken. Elle y passait sous jetées par les ingénieurs des pouvoirs bateaux chargés de déchets et de boues) trois arches, larges de 16 pieds au to - publics, dont Jacques Francart, archi- et le Bassin des Marchands. Un aqueduc- tal, contraignant l’eau à s’écouler dans tecte et ingénieur de la cour. siphon, appelé Trois-Trous, y est ajou- un lit plus étroit. Une grande quanti- té en 1589 par l’ingénieur italien G. Ri- té d’eau s’accumulait par ailleurs à la naldi.29 Avec cet aménagement, l’activité hauteur des prairies des communes CHÂTEAUX D’EAU commerciale portuaire de Bruxelles se de Molenbeek et d’ durant déplaça définitivement de la «Grande- les mois d’hiver, gonflant également Les châteaux d’eau sont peut-être les Île» sur la Senne vers la périphérie ouest le cours de la rivière. Van Langren se constructions les plus emblématiques de la ville. Il manquait toutefois encore rabattit donc sur une carte plus an - de la présence de l’eau dans la ville ou une liaison favorable avec le sud de la cienne, qui suggérait déjà l’aménage- dans le paysage. Ce sont des outils tech- ville. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle ment d’un canal périphérique autour niques qui forment un maillon mo - que l’on entama à cette fin le creuse - de la ville. Ce plan l’incita à propo - deste dans le processus de production ment d’un nouveau canal jusqu’à Char- ser la Leybeke ou petite Senne: un ruis- et de distribution d’eau potable. En fait, leroiÀ30. Désormais, l’importante région seau périphérique qui, partant de la ils ne sont guère plus qu’une citerne ou minière du Borinage et de Charleroi bé- Grande Écluse, contournerait la ville un réservoir collecteur, mais ils peu - néfiçiait elle aussi d’une bonne liaison jusqu’à la porte de Laeken (fig. 23) 32. vent aussi faire fonction d’organe de avec Bruxelles, mais aussi avec le Rupel La terre excavée servirait à l’édifica- régulation dans le réseau d’approvi - et l’Escaut. Le port allait une nouvelle tion de la digue de ceinture, le Niwen sionnement d’eau. Les exemples bruxel- fois être déplacé, ce e fois sur les quais [Nieuwen] dijck. Ce nouveau canal si - lois, disparus ou non, sont une belle il- le long de la jonction entre les canaux de tué à l’ouest de la ville pourrait alors lustration de cette évolution d’une Willebroek et de Charleroi. absorber les eaux d’Anderlecht et de citerne pure et simple à une savante

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NOTES 12. FINCOEUR, M., SIL- 1. VANHAMME, M., Les Ori- VESTRE, M., WANSON, I., gines de Bruxelles, Office de Bruxelles et le voûtement de la Publicité, Bruxelles, 1944. Senne, Bibliothèque Royale de Belgique, Bruxelles, 2000, p.97. 2. Au sujet du mot « broek », voir GYSSELING, M., Topony- 13. LOMBAERDE, P., « Pietro misch woordenboek van België, Sardi, Georg Müller, Salomon Nederland, Luxemburg, Noord- de Caus und die Wasserkünste Frankrijk en West-Duitsland des Coudenberg-Gartens in (vóór 1226), s.l., 1960, p.190. Brüssel », Die Gartekunst, 3, 1991, 2, p.159-173. 3. CROKAERT, H., « Les Moulins d’Uccle », Le folklore 14. WEINAND, Y., « Die Brabançon, 1962, 155, p.289-329, Maschinen des Salomon de en particulier p. 316-319. Voir Caus – Dukumentation der aussi AGR, CPIM, 881. Sur Planung und Realisierung einer cette carte du XVIIIe siècle, Konstruktion », in SCHMUHL, nous distinguons clairement B., Omonsky, U. (éd.), Mas- l’emplacement de ce moulin à chinen und Mechanismen in la hauteur de Calevoet (Uccle). der Musik, Wissener-Verlag, Augsburg, 2006, p.257-305. 4. AGR, CPIM, 1380. 15. BRUNELLO, P., « Résumé 5. DELIGNE, C., Bruxelles et sa d’une histoire de la distribution rivière. Genèse d’un territoire d’eau à Bruxelles », Technologia e e urbain (12 -18 siècle), (Urban Bruxellensis, 2, 3-4, 1979, p.3-10. History, 1), Brepols, Turnhout, Fig. 24 2003. 16. VIRÉ, L., La distribution Château d’eau au bois de la publique d’eau à Bruxelles 6. VAN CRAENENBROECK, Cambre, 1879-1880 (A. de Ville 1830-1870, Crédit communal W., « Historique de l’alimenta- de Goyet, 2012 © MRBC). de Belgique, Bruxelles, 1973, en tion en eau en Belgique », in particulier p.41-52 (Pro Civitate, VAN CRAENENBROECK, W. Collection Histoire, série in-8°, (dir.), L’unité dans la diversité. 33). architecture hydraulique. La Belgique des châteaux d’eau, Crédit Communal de 17. DE ROOSE, F., op.cit., L’ancienne tourelle à proximité de la Belgique, Bruxelles, 1991, 2003, p.16-17. porte de Louvain peut être considérée p.17-39. 18. HAESAERTS, J., “Drinkwa- comme le plus ancien château d’eau de 7. COUVREUR, M., DEKNOP, tervoorziening in ons land”, 33 Bruxelles . Cette tour ronde était sur- A., SYMONS, Th., Manne- Technisch Wetenschappelijk montée d’un réservoir d’eau, où était ken-Pis dans tous ses états, Tijdschrift, 11, 1942, 4, p.109-116. accumulée l’eau pompée dans le Broe- Musées de la ville de Bruxelles, 19. VAN NIMMEN, M., « De belaer. Bruxelles, 2005 (Historia la Cour à la ville. Les eaux de Un des plus anciens châteaux d’eau Bruxellae, 9). la machine hydraulique de Bruxelles (1601-1858) », in DAE- encore existants en Belgique est si - 8. GALAND, M., « L’ingénieur- LEMANS, F., VANRIE A. (éd.), tué dans le bois de la Cambre, avenue architecte Fisco, contrôleur des Travaux de la Ville de Bruxelles et la vie urbaine. de la Belle Alliance (fig. 24). Ce e tour Bruxelles », in D’HAINAUT- Archives-art-histoire, Bruxelles, en brique à deux niveaux avec citerne ZVENY B. (dir.), La Place 2001, vol. 1, p.305-339, plus en fer fut construite en 1879-1880. Elle des Martyrs, CFC-Éditions, particulièrement p.314-315 présente un fond de cuve plat et une ca- Bruxelles, 1994, p.133-155, en (Archives et Bibliothèques de Belgique, 64). pacité de 600 m3.34 Sur son socle for- particulier p.143. mé de moellons s’appuie un étage po - 9. DE ROOSE, F., Les fontaines 20. LOMBAERDE, P., « Het casino, het thermengebouw lygonal, surmonté d’un toit en pavillon. racontent Bruxelles, Racine, Bruxelles, 2003, p.13. en het openbare zwembad: Cette construction, haute de 15 m, a evolutie en invloed op de été transformée en bureau par l’archi- 10. DUQUENNE, X., Le Parc stedelijke ontwikkeling », in tecte Louis De Beauvoir. Le bois de la de Bruxelles, CFC-Éditions, L’initiative publique des com- Bruxelles, 1993, p.89-93 ; De Cambre abrite, sur le même terrain, munes en Belgique 1795-1940, Roose, F., op.cit., 2003, p.66-67. un deuxième château d’eau en brique Crédit Communal de Belgique, 11. DUQUENNE, X., op.cit., Bruxelles, 1986, p.145-171, en construit dix ans plus tard. Il fut re - 1993, p.93. particulier p.153-160 (Pro haussé en 1908 et présente une capa - Civitate, Collection Histoire, 3 cité de 800 m . Pour le reste, il subsiste série in-8°, 71); BOQUET, F., encore des châteaux d’eau au quai des HOUSSIAU, J., SYMONS, TH., Usines (démoli), le long de la chaussée Se baigner à Bruxelles. Du Romaine (démoli), à Tour et Taxis à Lae- temps des baignades au temps des loisirs, Musées de la ville ken, à la brasserie Léopold dans le quar- de Bruxelles, Bruxelles, 2005 tier Léopold, etc. (Historia Bruxellae, 6).

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21. BILLEN, C., DECROLY, 31. VAN LANGREN, M.-F., BIBLIOGRAPHIE Hydraulic architecture. J.-M ., Petits coins dans la Invention et proposition que BRUNELLO, P., « Résumé d’une grande ville. Les toilettes pu- Michel Florencio Van Langren, histoire de la distribution d’eau Building along the waterside bliques à Bruxelles du moyen Cosmographe & Mathema- à Bruxelles », Technologia âge à nos jours, Musées de la ticien de sa Majesté a faict Bruxellensis, 2, 3-4, 1979, p.3-10. Thanks to its location in the geological ville de Bruxelles, Bruxelles, à Messieurs les Magistrats 2003, p.50 (Historia Bruxel- & Superintendent du Canal DE ROOSE, F., Les fontaines area of central , boasts lae, 4). de ceste Royalle Ville de racontent Bruxelles, Racine, a wide range of examples of water Bruxelles : pour empescher Bruxelles, 2003. 22. WAUTERS, A., « Michel- architecture. The terrain is one of rolling Florent Van Langren, cosmo- & prevenir les dommages & FINCOEUR, M., SILVESTRE, graphe et mathematician du roi interests dont la basse Ville est M. et WANSON, I., Bruxelles et hills and countless natural springs. In le voûtement de la Senne, Bi- d’Espagne », Ciel et Terre, 12, annuellement fatiguée, par le and around the city, the River Zenne 1892, p.297-304. debordement de la Riviere de bliothèque Royale de Belgique, Senne, Bruxelles, 1644. Bruxelles, 2000. also contributes heavily to the hydraulic 23. FINCOEUR, M. (et al.), op. cit., p.12. 32. La Leybeke est une VAN CRAENENBROECK landscape, branching into various ancienne dénomination de la (o.l.v.), L’unité dans la diversité. 24. À propos de l’aménage- petite Senne, qui constituait La Belgique des châteaux directions and forming smaller tributaries ment du quartier Royal, voir déjà au Moyen Âge un dédou- d’eau, Crédit communal de and streams. The approach is typological, surtout : d’Hainaut-Zveny, B., blement artifi ciel du fossé de Belgique, Bruxelles, 1991. as dealing with water involves a myriad of « L’édifi cation d’une allégorie fortifi cation de la ville. Voir politique néoclassique », VIRÉ, L., La distribution VANHAMME, M., op.cit., 1944, publique d’eau à Bruxelles architectural concepts and, occasionally, in SMOLAR-MEYNART, A., p.9 ; BONENFANT, P., « Les pre- VANRIE, A. (éd.), Le Quartier 1830-1870, Crédit communal, heavily symbolic imagery. One noteworthy miers remparts de Bruxelles », Bruxelles, 1973 (Pro Civitate, royal, CFC-Éditions, Bruxelles, Annales de la Société d’Archéo- process was a shift from uses that were 1998, p. 155-187. Collection Histoire, série in-8°, logie de Bruxelles, 40, 1936, 33). purely economic in nature, such as water 25. Lemoine-Isabeau, C., « La 18, p.20. carte de Ferraris, les écoles mi- mills and wells, to those intended to 33. On trouve une belle litaires aux Pays-Bas et l’École photographie de cette tour beautify public spaces, as the fountains of hydraulique à Bruxelles », (photographe G. Montefi ori) the middle ages and, especially, the 16th Revue d’histoire militaire, 18, aux AVB, FI, F 1326. 1969, 2, p. 73-92; and 17th centuries so nicely demonstrate. 34. VAN CRAENENBROECK, 26. GALAND, M., op. cit., 1994, W. (dir.), op. cit., p.77-78. The waterworks developed for the ducal en particulier p.143-145. palace and gardens of Coudenberg were 27. À propos de ce plan, voir : APERS, J., VANDENBREE- exceptionally original in their conception, DEN, J., VAN SANTVOORT, employing a pumping installation in L., « Aperçu chronologique des réalisations urbaines les combination with the thrust provided by a plus importantes à Bruxelles water mill. From the 18th century on, water et dans son agglomération, 1780-1982 », Pierres et rues. was more and more an element associated Bruxelles : croissance urbaine with problems and pollution in the urban 1780-1980, (catalogue d’exposi- context, and waterways were often tion), Crédit communal de Bel- gique, Bruxelles, 1982, p.10-122, vaulted over or even fi lled in, especially plus particulièrement p.55. in the 19th century. The vaulting over of 28. WAUTERS, A., Docu- the Zenne meant the end of the river’s ments concernant le canal de Bruxelles à Willebroek palpable presence in the city centre. In précédés d’une introduction terms of sewers, the waterworks were also contenant le résumé de l’histoire de ce canal, Ville de spectacular. Canals were another area of Bruxelles, Bruxelles, 1882. attention, and as early as the beginning 29. DEMEY, Th., op.cit., 1990, of the 16th century, the city could boast an p.123. 30. DEMEY, Th., op.cit., 1990, effi cient connection to the Schelde thanks p.126 et.seq. to the Willebroek canal. This was extended to the economically important areas of Charleroi and Borinage at the beginning of the 19th century. At the same time, eff orts were made address water distribution in buildings and the use of water towers.

-PB 003-FR-def.indd 5 12/08/12 23:32 COMITÉ DE RÉDACTION GRAPHISME IMAGE DE COUVERTURE Jean-Marc Basyn, Stéphane Demeter, supersimple.be Palais 5 (Brussels Expo) Paula Dumont, Cecilia Paredes et Brigitte (Chr. Bastin & J. Evrard © MRBC) Vander Brugghen avec la collaboration d’Anne- Sophie Walazyc pour le Cabinet du Ministre- IMPRESSION Président chargé des Monuments et Sites. Dereume Printing LISTE DES ABRÉVIATIONS AAM – Archives d'Architecture Moderne REMERCIEMENTS ARB – Académie royale de Belgique COORDINATION DE PRODUCTION AVB – Archives de la Ville de Bruxelles Koen de Visscher Philippe Charlier, Julie Coppens, Marcel Vanhulst IRPA – Institut royal du Patrimoine artistique KBR – Koninklijke Bibliotheek van België / RÉDACTION ÉDITEUR RESPONSABLE Bibliothèque royale de Belgique MRAH – Musées royaux d’Art et d’Histoire Dossier : Patrick Burniat, Bernard Espion, Philippe Piéreuse, Direction des Monuments MRBAB – Musées royaux des Beaux-Arts de Odile De Bruyn, Rika Devos, Benoît Fondu, et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale, Belgique Pierre Halleux, Leen Lauriks, Géry Leloutre, CCN – rue du Progrès 80, 1035 Bruxelles Piet Lombaerde, Michel Provost, Véronique MRBC – Ministère de la Région de Bruxelles- Les articles sont publiés sous la responsabilité Samuel-Gohin, Joris Snaet, Elisabeth Van Besien, Capitale – Centre de Documentation de de leur auteur. Tout droit de reproduction, Ine Wouters l’Administration du Territoire et du Logement traduction et adaptation réservé. Plus : David Attas, Paula Dumont, Michel Provost, MVB – Musées de la Ville de Bruxelles Brigitte Vander Brugghen. SPW – Service public de Wallonie ULB – Université libre de Bruxelles CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES La majorité des documents ont été fournis par TRADUCTION les auteurs et proviennent de diverses collections Gitracom ISNN (références mentionnées à chaque illustration). 2034-578X Malgré tout le soin apporté à la recherche RELECTURE des ayants droit, les éventuels bénéficiaires DÉPÔT LÉGAL Elisabeth Cluzel et le comité de rédaction. n’ayant pas été contactés sont priés de se D/2012/6860/12 manifester auprès de la Direction des Monuments et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale. Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands onder de titel Erfgoed Brussel.

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