Journal Des Débats
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
journal des Débats Le mercredi 4 avril 1979 Vol. 21 — No 14 Table des matières Projet de loi no 2 — Loi constituant l'Institut québécois de recherche sur la culture Deuxième lecture 621 M. Victor Goldbloom 621 M. Michel Le Moignan 625 M. Gérald Godin 628 Mme Thérèse Lavoie-Roux 630 M. Gérard Gosselin 633 M. André Raynauld 635 Dépôt de documents Rapport de la Régie des rentes du Québec 639 Rapports de commissions élues Etude du projet de loi no 97 — Loi modifiant la Loi de la Société de récupération, d'exploitation et de développement forestiers du Québec 639 Projet de loi no 13 — Loi modifiant la Loi de l'adoption Première lecture 639 M. Denis Lazure 639 Projet de loi no 195 — Loi modifiant la Loi électorale Première lecture 639 M. Michel Gratton 639 Questions orales des députés Règlement de placement dans l'industrie de la construction 640 Grève à la CTCUQ 643 Implantation d'un casino au Québec 645 Ordonnance contre une secte établie en Gaspésie 646 Conflit à la Union Carbide de Beauharnois 647 Mécontentement dans les CEGEP 647 Soins chiropratiques aux assistés sociaux 648 Acquisition de l'Asbestos Corporation 649 Réacteurs atomiques de Gentilly 649 Projet de loi no 119 — Loi constituant certaines municipalités dans l'Outaouais Mise aux voix de la deuxième lecture 650 Renvoi à la commission des affaires municipales 650 Question de privilège Erreur sur la personne 651 M. Henri Laberge 651 Avis à la Chambre Questions inscrites au feuilleton 651 Motion priant le gouvernement de préciser son option de souveraineté-association M. Yvon Picotte 652 M. Fernand Grenier 654 M. Camil Samson 656 M. Claude Morin 658 M. Jean-Noël Lavoie 659 M. Richard Guay 661 M. Maurice Bellemare 663 M. Jean-François Bertrand 665 M. Gérard D. Levesque 666 Mise aux voix de la motion 668 Ajournement 669 Annexe: questions inscrites au feuilleton 669 621 (Dix heures quatorze minutes) vers cette meilleure connaissance de nous-mêmes et des autres, cela nous paraît désirable égale- Le Président: A l'ordre, mesdames et mes- ment. Il y a dans notre société un besoin réel de sieurs! diffusion des travaux en matière culturelle. Il y a Veuillez vous asseoir. un besoin de vulgarisation de travaux en ce M. le leader parlementaire adjoint du gouver- domaine. Que l'on ait un organisme qui serve nement. comme lieu de concertation, d'organisation d'acti- vités, au premier abord, en principe, nous ne M. Bertrand: M. le Président, je vous deman- pouvons pas être en désaccord avec cela. derais d'appeler l'article 76), s'il vous plaît! Ayant dit cela, M. le Président, je suis obligé d'examiner ce que le gouvernement nous propose Projet de loi no 2 et je dois poser la question: Sommes-nous d'ac- cord non pas simplement avec l'objectif général, Deuxième lecture mais avec la proposition précise du gouverne- ment? Et là, je dois me trouver plus hésitant. Je ne Le Président: J'appelle maintenant la reprise voudrais pas enfreindre le règlement de la Cham- du débat sur la motion de deuxième lecture bre; je voudrais quand même aller au texte pour soumise par M. le ministre d'Etat au développe- citer correctement ce que le gouvernement nous ment culturel et proposant que le projet de loi no propose. Avec votre permission, M. le Président, 2, Loi constituant l'Institut québécois de recherche j'aimerais faire allusion à quelques phrases qui se sur la culture, soit maintenant lu la deuxième fois. trouvent dans le texte du projet de loi qui nous Je cède immédiatement la parole à M. le député de propose la création d'un Institut québécois de D'Arcy McGee. recherche sur la culture. (10 h 20) M. Victor Goldbloom Le projet de loi nous propose que cet institut ait pour objet, en vue de contribuer au dévelop- M. Goldbloom: M. le Président, la culture est pement culturel du Québec, d'effectuer, d'encou- un élément important de toute société évoluée. rager et de soutenir des recherches et des études Quand un gouvernement propose une action qui sur les divers aspects des phénomènes culturels. se veut constructive dans le domaine de la culture, M. le Président, il y a trois verbes là-dedans: effec- on doit, a priori, avoir une attitude favorable à tuer, encourager et soutenir. Je vous dirai que l'égard de cette initiative. Après tout, le Larousse soutenir, d'accord, sans hésitation; encourager, définit la culture de la façon suivante: "L'ensem- d'accord, sans hésitation; effectuer, là nous ne ble des connaissances acquises, l'ensemble des sommes plus d'accord. Nous ne croyons pas que structures sociales, religieuses, etc., des manifes- le but, l'objet de cet organisme devrait être tations intellectuelles, artistiques, etc., qui carac- d'effectuer lui-même des recherches parce que la térisent une société." fonction est tout à fait différente et j'y reviendrai. M. le Président, pour nous la culture c'est un Il y a dans cela une certaine contradiction facteur séminal, un facteur d'épanouissement, un avec le rôle que l'on peut voir attribuer à des facteur élévatoire, si je peux utiliser un mot aussi organismes qui s'appellent conseils et qui éva- physique pour décrire un phénomène aussi spiri- luent les projets de recherche dans divers domai- tuel. Mais il s'agit d'élever des esprits, les élever nes. On demande à des gens qui ont des connais- au-dessus du matérialisme, du mercantilisme, de sances qui peuvent dépasser celles de l'équipe l'ennui, du quotidien, de l'ordinaire. Il s'agit de gouvernementale, l'équipe d'un ministère, et qui, nous amener à nous dépasser ou à apprécier ceux ayant oeuvré dans le milieu, connaissent non qui nous ont dépassés à cause de leur talent seulement le milieu lui-même, non seulement la exceptionnel pour nous amener à pouvoir recon- matière, mais également les personnes qui font un naître et apprécier le talent exceptionnel qui se travail valable dans ce domaine; on dit à ces gens- trouve parmi nous. là: Ecoutez! Vous avez une expérience que nous Il faut que nous puissions capter le message que n'avons pas. Non seulement cela, mais vous avez veulent nous communiquer les gens qui s'occupent une indépendance que nous n'avons pas. Au de promouvoir directement la culture et, sans avoir niveau gouvernemental, on risque toujours d'être été éveillés au langage, au message que veulent nous accusé de dirigisme, de partisanerie, de vouloir communiquer ces gens, nous ne sommes pas en faire effectuer des travaux afin de réaliser un mesure de les rejoindre, le recevoir, de comprendre objectif politique. Or, on demande à des gens qui le message qu'ils veulent nous communiquer. Alors, n'ont pas de telles préoccupations de recevoir des il s'agit véritablement de chercher une connaissance protocoles de recherche, de les évaluer et de de soi et une connaissance des autres aussi. recommander l'attribution de ressources financiè- res pour que ces recherches puissent être effec- Qu'il y ait un forum sur la culture dans tuées. une société comme la nôtre, c'est une chose dési- rable. Qu'il y ait une concertation en matière cul- M. le Président, cela est une fonction valable turelle, qu'il y ait un mécanisme qui permette de pour un organisme de cette nature. Mais effectuer canaliser des efforts vers des résultats valables, lui-même des recherches, c'est autre chose. 622 M. le Président, comme vous le savez bien, ce se, la Canadian Historical Association, l'American projet de loi a un historique. La notion de la Historical Association. Il en va de même pour les création d'un Institut de recherche sur la culture études de civilisation et la prospective. n'est pas celle du gouvernement actuel; d'autres "Pour être utile — c'est toujours M. L'Allier avant lui en ont parlé, ont écrit des documents qui qui parle — un institut d'histoire et de civilisation doivent retenir notre attention. Un ancien ministre du Québec devrait être entièrement autonome, ce des Affaires culturelles a signé, en 1976, un qui suppose que sa complète indépendance et sa document passablement important intitulé "Pour permanence soient formellement garanties dans la l'évolution de la politique culturelle". Il y a dans ce loi ou la charte qui le créera, autrement, il ne sera document de M. Jean-Paul L'Allier des considéra- même pas considéré comme existant; s'associer, tions qui me paraissent importantes, et je me entre autres, des historiens, des chercheurs uni- permettrai d'en citer de larges extraits. versitaires en activité de même que des humanis- On trouve, à la page 217 de ce rapport, les tes, autrement, il sera caractérisé comme dépassé mots suivants: "Ce n'est évidemment pas la créa- et arriéré au moment même de sa formation. Il tion de structures artificielles autour desquelles serait prudent de tenir compte de ce qui précède pourraient se regrouper quelques penseurs qui en élaborant un projet d'institut." réglera ce problème." Un peu plus loin: "Qui (10 h 30) donc, si ce n'est le ministère des Affaires cultu- Je vais citer un dernier extrait de ce texte, un relles, peut à ce moment-ci servir de catalyseur extrait qui porte sur le mandat global que l'on aux forces et aux ressources susceptibles de se devrait donner à un tel institut: "Favoriser et cristalliser autour de cet objectif?" organiser les travaux de recherche et de rédaction Mais écoutez bien ce qui suit, M. le Président: en vue de la publication d'une histoire monumen- "II ne s'agit pas pour le ministère de se substituer tale du Québec, c'est-à-dire en déterminer le aux universités; il ne s'agit pas de remplacer les caractère, en fixer l'étendue, en concevoir le plan, instituts, académies ou sociétés savantes par des en choisir les collaborateurs, en superviser la créatures administratives.