Cahiers D'ethnomusicologie, 21
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Cahiers d’ethnomusicologie Anciennement Cahiers de musiques traditionnelles 21 | 2008 Performance(s) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/58 ISSN : 2235-7688 Éditeur ADEM - Ateliers d’ethnomusicologie Édition imprimée Date de publication : 1 novembre 2008 ISSN : 1662-372X Référence électronique Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008, « Performance(s) » [En ligne], mis en ligne le 01 novembre 2010, consulté le 06 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/58 Ce document a été généré automatiquement le 6 mai 2019. Tous droits réservés 1 Dans le monde anglophone, les performance studies sont depuis longtemps un domaine à part entière de l’anthropologie de la musique et des arts scéniques (en anglais : performing arts). C’est grâce aux travaux de Richard Schechner, de Victor Turner ou, pour ce qui est de la musique, de Bruno Nettl que la discipline a acquis ses lettres de noblesse. Or le concept a tardé à s’imposer parmi les chercheurs francophones, probablement en raison de l’ambiguïté que comporte en français le terme même de « performance ». En effet, celui-ci définit l’exploit d’un athlète ou la prouessea d’une machine aussi bien que l’acte de « mettre en jeu », d’interpréter une pièce d’un corpus ou une œuvre d’un répertoire, qu’il s’agisse de poésie, de musique, de danse ou de théâtre. La diversité des approches, des situations et des champs musicaux abordés dans cet ouvrage montre bien que cette mise en jeu – qui implique aussi souvent une mise en scène – prend des formes très variées, déterminées en fonction du contexte culturel et événementiel dans lequel elle se produit, de l’assistance à laquelle elle est destinée et, évidemment, de la finalité de la performance. Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 2 SOMMAIRE Dossier : Performance(s) Le tour du monde en musique Les musiques du monde, de la scène des festivals à l’arène politique Talia Bachir-Loopuyt Transe, musique, liberté, autogestion Une immersion de douze ans dans le monde des free parties et des teknivals Guillaume Kosmicki Ruse, système et opportunité Victor A. Stoichiţă Le paradoxe de la performance flamenca Une expérience sensible de l’intériorité portée à la scène Corinne Frayssinet Savy Les poèmes improvisés des cantadores brésiliens Une performance sans cesse renouvelée Thierry Rougier Entre texte et performance : l’art de raconter Monique Desroches Chants de pouvoir au Vanuatu Raymond Ammann L’improvisation du joueur de tablā dans le khyāl Antoine Bourgeau « Asio Elany ! » Le tsapiky, une « jeune musique» qui fait danser les ancêtres Julien Mallet Ce que « faire ensemble » peut vouloir dire en musique Trois études de cas en Afrique centrale Sylvie Le Bomin, Emeline Lechaux et Marie-France Mifune La technique et le jeu de l’arc musical Angeline Yegnan-Touré Entretiens Une longue expérience de l’Afrique Entretien avec Monique Brandily Miriam Rovsing Olsen et Monique Brandily Jean-Michel Guilcher Un demi-siècle de recherches sur la danse traditionnelle en France Yves Defrance et Jean-Michel Guilcher Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 3 Rencontre Les musiques dans le monde de l’islam Un congrès à Assilah (Maroc), 8-13 août 2007 Michel Guignard Livres Simha AROM : La boîte à outils d’un ethnomusicologue Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, 2007 Éric Vandal Simha AROM et Frank ALVAREZ-PÉREYRE : Précis d’ethnomusicologie Paris : CNRS Editions, 2007 Michel Plisson Laurent BAYLE, dir. : Instruments et cultures, introduction aux percussions du monde Paris : Cité de la Musique, Les Éditions, avril 2007 Patrik Vincent Dasen Sara LE MÉNESTREL, dir. : Musiques populaires. Catégorisations et usages sociaux Revue Civilisations LIII/1-2. Bruxelles : Université libre de Bruxelles, 2006 Nina Reuther Marc CHEMILLIER : Les mathématiques naturelles Paris : Odile Jacob, 2007 Jérôme Cler Rolf KILLIUS : Ritual Music and Hindu Rituals of Kerala Delhi : B.R. Rhythms, 2006 Christine Guillebaud Enrique CAMARA DE LANDA (dir.), Ignacio CORRAL BERMEJO, Monica DE LA FUNENTE GARCIA, Maria GONZALEZ LEGIDO : Sangita y Natya. Musica y Artes Escénicas de la India Valladolid (Espagne) : Universidad de Valladolid, 2006 Jeanne Miramon-Bonhoure Theodore LEVIN et Valentina SÜZÜKEJ : Where Rivers and Mountains Sing. Sound, Music, and Nomadism in Tuva and Beyond Bloomington & Indianapolis : Indiana University Press, 2006 Frédéric Léotar Jean DURING et Sultonali KHUDOBERDIEV : La voix du chamane. Étude sur les baxshi tadjiks et ouzbeks Paris : IFEAC-L’Harmattan, collection Centre-Asie, 2007 Élise Heinisch Speranţa RĂDULESCU : Taifasuri despre muzica ţigănească /Chats about Gypsy Music Bucarest : Paideia, 2004 Victor A. Stoichiţă Antonello RICCI & Roberta TUCCI : Musica arbëreshe in Calabria. Le registrazioni di Diego Carpitella ed Ernesto de Martino (1954) Roma : Squilibri, 2006 Ardian Ahmedaja Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 4 Cyril ISNART et Jean-François TRUBERT : Musique du col de Tende. Les archives de Bernard Lortat-Jacob 1967-1968 Nice : Editions ADEM06, 2007 Jean-Jacques Castéret Michel GUIGNARD : Musique, Honneur et Plaisir au Sahara. Musique et musiciens dans la société maure Paris : Geuthner, 2e édition augmentée, 2005 Edouard Fouré Caul-Futy Jocelyne GUILBAULT : Governing Sound : The Cultural Politics of Trinidad’s Carnival Musics Chicago : Chicago Studies in Ethnomusicology, 2007 Aurélie Helmlinger Sean WILLIAMS (ed.) : The ethnomusicologists’ Cookbook : Complete Meals from Around the World New York, London : Routledge, 2006 François Borel CD | Multimédia Gramoun Bébé, le maloya kabaré Enregistrements réalisés en 2004 à La Réunion, Takamba/Pôle Régional des Musiques Actuelles, 2005 Benjamin Lagarde Madagascar : Imerina et Antandroy Enregistrements (1999) : Monique Desroches, Laboratoire de recherche sur les musiques du monde (LRMM), 2007 Jessica Roda Thèses Anne DAMON-GUILLOT : La Liturgie en mouvements : ‘aqwaqwam, réalisation chantée, gestuelle et instrumentale du texte liturgique dans l’Église chrétienne orthodoxe unifiée d’Éthiopie Thèse de doctorat de Musicologie/Ethnomusicologie, soutenue le 8 juin 2007 à l’Université de Saint-Etienne Mehdi NABTI : La confrérie des Aïssawa du Maroc en milieu urbain : les pratiques rituelles et sociales du mysticisme contemporain Thèse de doctorat en sociologie-anthropologie, soutenue le 12 janvier 2007 à l’EHESS, Paris William TALLOTTE : La voix du serpent. Les sonneurs-batteurs du periya mēḷam et le culte āgamique de Śiva : ethnomusicologie d’une pratique musicale au delta de la Kaveri (Tamil Nadu, Inde du Sud) Thèse de doctorat en musique et musicologie, soutenue le 15 décembre 2007 à l’Université Paris-IV Sorbonne Nina REUTHER : La mémoire chantée des Secwepemc. Transmission orale des savoirs et gestion d’accès aux ressources chez les « Shuswap » (Colombie Britannique, Canada) Thèse de doctorat en ethnologie, soutenue le 8 décembre 2007 à l’Université Strasbourg 2 – Marc Bloch Stéphanie GENEIX-RABAULT : Nyima me elo thatraqai haa nekönatr ngöne la qene drehu : Chants et jeux chantés pour enfants en langue drehu (Îles Loyauté, Nouvelle- Calédonie). Analyse de l’expression d’un répertoire en renouvellement permanent Thèse de doctorat en ethnomusicologie, soutenue le 11 avril 2008 à l’Université Paris IV-Sorbonne Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 5 Dossier : Performance(s) Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 6 Le tour du monde en musique Les musiques du monde, de la scène des festivals à l’arène politique Talia Bachir-Loopuyt 1 Dans cet article, je me propose d’étudier comment les musiques du monde existent dans nos sociétés, en partant d’un paradoxe qui relève, pour tous les acteurs engagés dans ce monde de musiques, d’une expérience commune : chacun sait que cette catégorie ne veut rien dire d’un point de vue musical, qu’elle est contestable et contestée, et pourtant on continue à y recourir, comme à un outil incontournable pour faire exister « chez nous » ces musiques. Les musiques du monde ne seraient ainsi qu’un simple « tiroir », une « boîte »1, un contenant au contenu indéfinissable, un non-sense déconnecté de l’expérience sensible de la musique. Et comme s’il fallait constamment s’en assurer de manière renouvelée, pour ne pas être soi-même soupçonné de naïveté (ou pire, de complicité avec « l’Occident » ), ce soupçon sur l’étiquette est régulièrement affirmé par tous les acteurs, musiciens, médiateurs, chercheurs ou journalistes qui font et produisent les musiques du monde2. La critique de la notion relève de l’évidence partagée, elle n’est nullement un frein, mais plutôt un préambule à l’action : 2 « On sait que ‘musiques du monde’, ça ne marche pas… alors il faut se souvenir de choses indépendantes du terme, des choses liées à la force de l’art, à la force de la musique en général… il faut en revenir à la question : pourquoi une société a besoin de l’art et a besoin des artistes ?…3 » 3 Ce que suggère ici Birgit Ellinghaus, directrice de l’agence de production Albakultur à Cologne, c’est qu’il importe finalement moins de définir ce que sont les musiques du monde que de se demander ce qu’on en fait, et pourquoi. Les musiques du monde, parce qu’elles ne sont pas définissables en termes musicaux, obligent d’autant plus à considérer la musique comme un « fait social total », comme une médiation performatrice d’un lien entre les hommes. 4 C’est que depuis la réunion fondatrice des labels anglais en 1987 (cf. n. 1), les choses sont devenues légèrement plus compliquées : les étiquettes world music, musiques du monde, Weltmusik4 ont depuis donné lieu à une multiplicité d’événements, d’objets, d’institutions, et d’acteurs qui en proposent des interprétations divergentes et concurrentes, et qui Cahiers d’ethnomusicologie, 21 | 2008 7 débattent de ces significations. De la « boîte » à musiques est sorti un réseau de personnes et d’objets réunis autour d’une « chose-cause » commune : une scène musicale, mais aussi une arène de débats, dans laquelle on n’a jamais fini de s’interroger sur les assemblages et les assemblées qui composent cette res publica de musiques 5. Il faut toujours re-faire le « monde » des musiques du monde, et c’est bien pour cela que cette notion continue d’exister.