Pour connaître les ensembles et musiciens québécois M qui jouent de ce répertoire : www.cqm.qc.ca O D

U

L E

I N I T I A INTRODUCTION T I O m N Le module de formation Initiation aux musiques du monde A U X u constitue une introduction générale à ces musiques. Son s contenu a été développé pour le Conseil ­québécois de la iq ­musique par Sophie Laurent, ethnomusicologue et réalisatrice u radio. Le présent document accompagne une formation de es e 90 min. avec animation. [Pour offrir cette formation, veuillez du d communiquer avec le CQM.] n Tout au long du XXe siècle, Mo les ethnomusicologues­ parcourent­ couter les musiques du monde, c’est aller à la planète pour faire leurs recherches et collecter des musiques dans leur contexte afin de Éla rencontre d’autres cultures, s’imprégner de nou- connaître, de préserver, d’apprendre et d’étudier les musiques du monde. Ils s’intéressent velles sonorités et aborder des conceptions musicales non seulement à l’aspect sonore et musical, mais également aux aspects sociaux et cultu- différentes. Même si elles existent depuis très longtemps, rels qui entourent la musique. Plusieurs enregistrements ­réalisés par ces spécialistes au les musiques d’ailleurs sont devenues accessibles assez fil des années ont été publiés et ont permis au public de découvrir à son tour des univers récemment. Aujourd’hui, avec la mondialisation, les mu- musicaux étonnants. siques du monde se transforment : l’ancien côtoie le nou- Par la suite, les ethnomusicologues ont voulu briser la hiérarchie entre l’Occident et le reste veau et la tradition dialogue avec la création. Cette initia- du monde, entre la musique classique et la musique populaire, en accordant une valeur tion vous propose de découvrir, comprendre et explorer les égale aux musiques de tous genres. multiples facettes de cet univers fascinant. La mondialisation, la technologie et la diffusion Le rapprochement des populations, la mondialisation et l’avancement technologique — PETITE HISTOIRE particulièrement le développement de l’enregistrement sonore — sont étroitement liés à la connaissance, à la diffusion, à la transformation et à l’évolution des musiques du monde. L’ouverture sur le monde et l’ethnomusicologie D’une part, les déplacements de populations, les migrations, les diasporas partout dans le e C’est à la fin du XIX siècle que les Occidentaux ont com- monde ont contribué non seulement à la diffusion, mais aussi à l’évolution des musiques mencé à reconnaître, nommer et apprécier les musiques du monde. Les immigrants ont souvent transporté et conservé la musique de leur pays d’ailleurs. Certains compositeurs de musique classique d’origine. Les diasporas deviennent à la fois un contexte de conservation des traditions et occidentale s’étaient déjà inspirés de chants et de danses un lieu de transformation. Elles sont essentielles dans la création de nouveaux styles musi- d’autres pays, mais ce sont les Hongrois Béla Bartók (1881- caux, comme la musique klezmer de la diaspora juive en Amérique du Nord ou le bhangra 1945) et Zoltán Kodály (1882-1967) — tous deux ethno- londonien de la diaspora indienne. musicologues et compositeurs — qui ont été parmi les premiers à étudier et à enregistrer, collecter et analyser les Les musiques du monde se diversifient et évoluent au fil des échanges. Les rencontres musiques traditionnelles de leur région. musicales ont donné lieu au cours de l’histoire, et encore aujourd’hui, à de nombreux mé- tissages musicaux. D’autre part, l’enregistrement sonore a permis de faire voyager ces musiques et de les e LA MUSIQUE KLEZMER DE LA DIASPORA JUIVE EN AMÉRIQUE DU NORD rendre accessibles au grand public. Depuis les rouleaux de cire (à la fin du XIX siècle) (ENSEMBLE MAGILLAH) PHOTO: MICHEL PINAULT jusqu’au MP3 d’aujourd’hui, les mélomanes ont pu découvrir des musiques en provenance des quatre coins du monde. Plus récemment, la distribution de musique via Internet et l’importance des réseaux sociaux transforment le monde de la musique et ont une influence sur la création musicale, entre autres, dans le domaine des musiques du monde. Par exemple, les DJ remixent les sons des traditions du globe et créent ainsi un nouvel intérêt pour les musiciens traditionnels.

Le « world music » et l’industrie de la musique L’intérêt de l’industrie musicale pour les musiques du monde est un phénomène relative- ment récent. En effet, depuis 1960, les maisons de disques, producteurs, festivals et autres

MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 1 diffuseurs dans ce domaine se sont multipliés. C’est dans les années 1980 qu’on remarque POINTS DE REPÈRE le plus de croissance. Le terme world music, même s’il est attribué à l’ethnomusicologue musiques du monde PETIT ATLAS Robert E. Brown au début des années 1960, est apparu dans le commerce en 1987 alors MUSIQUES DU MONDE Caractéristiques générales des principales zones géographiques. Le monde musical est vaste et il est qu’un groupe d’une douzaine de producteurs de Londres choisissaient ce terme pour amé- L’expression « musiques du monde » englobe une énorme impossible de rendre compte ici de toutes les ­particularités des musiques du monde entier. Voici donc un liorer la mise en marché de leurs disques. quantité de musiques diverses dans un spectre très vaste : atlas des grandes régions suivi des grandes lignes qui permettent de saisir les caractéristiques générales toutes les musiques de la planète… ou presque ! On peut C’est à ce moment que toutes les musiques du monde ont été rassemblées sans discer- des principales zones géographiques, leurs pratiques et genres musicaux, leurs instruments typiques ainsi cependant proposer une définition élargie : ce sont les que les influences musicales provenant des migrations. nement : des artistes traditionnels côtoient les artistes de la mondialisation qui pratiquent traditions musicales régionales de partout dans le monde une musique métissée. En peu de temps, les genres plus proches des musiques pop se sont auxquelles s’ajoutent des musiques métissées liées à ainsi retrouvés dans cette catégorie. l’immigration et à l’urbanisation. LE MÉTISSAGE : IL TRANSFORME LES RÉPERTOIRES ET SOUVENT LES ENRICHIT (CONSTANTINOPLE ET LE VENT DU NORD) 1 • AMÉRIQUES La « musique du monde » québécoise Les musiques du monde sont à la fois anciennes et AMÉRIQUE DU NORD modernes, rurales et urbaines. On y retrouve des musiques la musique. Heureusement, de nombreuses musiques du • Instruments acoustiques ou électroniques Grande pluralité de musiques traditionnelles : celle Depuis le début de la colonie, on retrouvait au Québec des Autochtones, mais aussi celle des immigrants classiques ou savantes, populaires ou traditionnelles, monde se transposent aisément à la scène. des influences françaises et celtiques. Dès 1911, l’an- Aujourd’hui, plusieurs musiques du monde utilisent des instruments modernes. Il ne faut d’Europe et du monde entier (diasporas). Musiques d’autres religieuses ou profanes et parfois même populaires nées des migrations et des métissages thropologue québécois Marius Barbeau faisait la re- • Chaque tradition possède son langage musical pas y voir une forme de trahison de la tradition, mais plutôt une adaptation. devenues des genres musicaux en soi (blues, jazz, commerciales. Elles peuvent faire danser ou appeler à la et ses sonorités particulières. musique pop, etc.) Importance de la musique cension des traditions orales canadiennes françaises et contemplation, elles peuvent avoir une fonction culturelle • Traditions transformées folk. Nombreuses musiques métissées issues du • échelles mélodiques comme les raga indiens ou les multiculturalisme. amérindiennes. La musique traditionnelle québécoise très précise ou simplement divertir. Chose certaine, les Métissage dastgah iraniens; se pratiquait principalement en milieu rural et intéres- musiques du monde sont vivantes, se transforment et Les identités se croisent et les traditions se fusionnent. Le métissage transforme les réper- AMÉRIQUE LATINE • rythmes typiques comme ceux de la musique cubaine, Musique des peuples indigènes et musiques relati- sait de nombreux chercheurs. évoluent. toires et souvent les enrichit. Il a d’ailleurs donné lieu, dans l’histoire, à de nouveaux genres vement récentes devenues les musiques tradition- par exemple; musicaux. nelles d’Amérique du Sud. Musique aux influences Dans les années 1970, un mouvement de retour aux Comment s’y retrouver ? On peut aborder les musiques multiples, issues de l’immigration et du métissage. • instrumentation; du monde selon leur origine géographique et culturelle Folklorisation Prédominance des musiques de danse et de fête. sources mène toute une génération de musiciens qué- Chants dont la poésie est chargée émotivement et (voir Atlas en pages 4 à 8). On peut également proposer • timbre des voix; bécois à redécouvrir leurs racines et à s’intéresser aux Cette pratique visant à figer une musique, à l’embellir pour représenter une idéologie qui parfois réfèrent à des sujets politiques. Influences des grandes lignes pour la classification des musiques • langue dans laquelle chante l’interprète; politique, pour plaire aux étrangers ou pour construire une identité, peut donner lieu à de la musique africaine et de la musique européenne. traditions du monde. C’est alors que des groupes de À son tour, la musique sud-américaine influencera les du monde, tout en se rappelant que ces limites sont • jeu d’ensemble qui peut être strict ou plus libre. quelque chose d’artificiel et non représentatif de la pratique musicale d’origine. musiques d’Afrique et d’Europe. musique traditionnelle comme La Bottine souriante perméables. voient le jour. Depuis, de nombreux groupes de mu- AIDE À LA CLASSIFICATION DES MUSIQUES DU MONDE sique « trad » québécoise ont émergé et ont connu LES PARTICULARITÉS DES MUSIQUES DU MONDE 2 • EUROPE beaucoup de succès partout dans le monde. Les musiciens, le contexte et les sonorités sont essentiels EUROPE pour reconnaître une musique du monde. Ces éléments Dans les années 1980, plusieurs organismes pour la MUSIQUES TRADITIONNELLES MUSIQUES MÉTISSÉES Musique sacrée et musique classique côtoient les nous orientent dans notre compréhension d’une musique nombreuses traditions musicales populaires des MUSIQUE TRAD : promotion et la diffusion de musiques traditionnelles différentes régions. Beaucoup de musique de danses CHANT, VIOLON, PODORYTHMIE d’ailleurs. Voici certaines particularités qui permettent 3 • AFRIQUE (OLIVIER DEMERS, LE VENT DU NORD) genres MÉTISSAGE DE TRADITIONS sociales. Ensembles instrumentaux, ensemble vocaux, de tous les horizons sont créés. Puis, les radios pro- d’identifier une musique comme appartenant au domaine chansons populaires. Prédominance des instruments PHOTO : GEORGES DUTIL MUSIQUE CLASSIQUE MUSIQUE POPULAIRE MUSIQUE RITUELLE MÉTISSAGE DE TRADITIONS ET DE COURANTS MAGHREB posent des émissions consacrées aux musiques du des musiques du monde. TRANSNATIONAUX à cordes (guitare, mandoline, violon, etc.) et des vents (cornemuse, accordéon, clarinette, flûte). Aussi, Lieu des métissages à la croisée de la Méditerranée, de monde qui accordent une place importante aux musiciens d’ici. C’est alors que l’engoue- précisions musique des diasporas d’Afrique, du Maghreb, d’Asie, l’Europe et de l’Afrique. Présence du judaïsme, du christia- • Origine du musicien • Musique religieuse • Grandes traditions classiques • Traditions musicales régionales • Fusion de différentes • Fusion de musiques d’Amérique latine, etc. nisme et de l’islam. Traditions ancestrales, influences arabes, 5 • ASIE et OCÉANIE ment pour les musiques du monde chez le public québécois se développe autant pour les ou sacrée influences tsiganes,musiques rituelles, de transe et de fête. La question de l’identité est importante, même si on traditions musicales traditionnelles et de musiques d’ici que pour celles d’ailleurs. • Musique de cour • Musique de danse • Cérémonies EUROPE DE L’EST et EX-URSS Musique classique arabo-andalouse. ASIE DE L’EST trouve parfois chez les musiciens de ce milieu une identité sonorités transnationales Coexistence d’une grande variété de traditions conser­ Traditions très anciennes. Musique instrumentale axée sur les solistes • Musique semi-classique • Musique de divertissement • Rites de passage vées malgré les conflits au fil de l’histoire. Nombreuses AFRIQUE DE L’OUEST, croisée. • Aux limites des musiques ( ), virtuosité, systèmes mélodiques et rythmiques élaborés, Les musiques d’ailleurs au Québec • Dévotion traditions locales liées à l’identité des groupes socio- AFRIQUE CENTRALE et DE L’EST, AFRIQUE DU SUD monodie du monde ornementation raffinée, importance du timbre, hétérophonie dans le jeu culturels. Importance de la voix (harmonies­ vocales, Grande richesse musicale, reflet des nombreux groupes • Savoir ou savoir-faire • Transe d’ensembles. Musiques traditionnelles et folkloriques rurales. Traditions L’Expo 67, avec son Festival mondial, a certainement éveillé la curiosité des mélomanes ensembles vocaux). Complexité rythmique et virtuosité socioculturels et ethnolinguistiques. Prédominance théâtrales comprenant une importante tradition d’opéra. Musiques québécois. Dans les années 1970, des artistes de musique populaire, comme George La connaissance du langage musical propre à sa tradition, caractéristiques dans les musiques de danse. Ensembles instrumentaux des percussions,­ importance des voix. Nombreux styles musicaux populaires. Musique de danse. Musiques de rituelles jouées dans les temples. • Pratique musicale • Pratique musicale plus • Joue un rôle précis • Combinaison d’instruments • Caractéristiques stylistiques pour festivités (mariages, etc.). Tentatives de folklori- ­Harrison des Beatles, intègrent des sonorités exotiques à leur musique, et des musiciens la maîtrise de son instrument et sa formation donnent au sation dans certaines régions. cour. Musiques rituelles (rites de passage, etc.). Grandes ASIE DU SUD plus formelle informelle, plus accessible dans le déroulement d’un de différentes origines locales minimales familles de (culture mandingue). Spécificités propres musicien sa crédibilité et sa compétence. griots Culture musicale millénaire ayant la voix comme instrument premier. étrangers, comme le sitariste indien Ravi Shankar, sont présentés à l’Occident. Au cours des événement extramusical SCANDINAVIE à certaines îles dont celles du Cap-Vert et . • Distance entre • Public en interaction • Emprunts mélodiques et • Sonorités pop occidentale Complexité du paysage musical : immense diversité de genres. Grandes Richesse des voix et importance du violon dans Engagement politique chez les chanteurs populaires. années 1980, plusieurs festivals de musiques du monde voient le jour et permettent au • Statut professionnel ou amateur du musicien musiciens et public avec les musiciens • Musiciens détenant rythmiques de différentes traditions classiques de l’Inde du Nord et de l’Inde du Sud, autant • Visées commerciales, la musique traditionnelle de plusieurs régions. Berceau des musiques populaires des Caraïbes et des États- • Plutôt acoustique un savoir-faire spécifique traditions vocales qu’instrumentales. Système musicaux très élaborés : modes public québécois de découvrir ces musiques en concert. • Acoustique ou électronique médias de masse Ornements caractéristiques à chaque région. Danses Unis. Grandes stars internationales. • Tradition orale mélodiques raga, cycles rythmiques tala, ornementation caractéristique, • Virtuosité, savoir dont les valses, polkas et mazurkas. Aujourd’hui, les • Virtuosité ou non solistes virtuoses. Musique essentiellement modale où l’improvisa- et excellence jeunes musiciens scandinaves explorent leurs racines De nombreux artistes internationaux ont connu beaucoup de succès au Québec, comme La transmission orale est un moyen privilégié d’appren- tion joue un rôle important. Abondance de musiques traditionnelles • Musiciens appartenant • Professionnels ou amateurs et réinventent leurs traditions. les Bretons Malicorne, Petru Guelfucci et les corses, la diva du Cap-Vert tissage de la musique dans de nombreuses cultures, mais 4 • MOYEN-ORIENT et ASIE CENTRALE populaires ayant des particularités régionales. Nombreuses musiques à une élite, • Peut avoir une influence ou MUSIQUE CELTIQUE rituelles et religieuses. Grandes traditions de danse et de théâtre musical. la notation musicale existe aussi dans certaines musiques souvent professionnels Cesaria Evora ou les papis cubains du Buena Vista Social Club. Les mélomanes s’ouvrent une signification sociopolitique Héritage partagé entre Irlande, Écosse, Bretagne, MOYEN-ORIENT Importante influence à l’échelle mondiale. sur le monde et plusieurs écoles spécialisées font leur apparition. Il est désormais possible (particulièrement classiques). exemples Espagne (Asturies et Galicie), aussi Portugal, Belgique, Traditions classiques très élaborées côtoient des musiques ASIE DU SUD-EST Pays-Bas, États-Unis, Canada. Rythmes et mélodies populaires vocales et des musiques rituelles (religieuse, Grandes traditions de musique de cour. Remarquable tradition de de s’initier aux danses d’ailleurs — du à la danse indienne — ou d’apprendre à • Contexte et musique souvent très liés • Hindoustani • Flamenco (Espagne) • Qawwali (Pakistan) • Musique arabo-andalouse • Pop indonésienne caractérisés par la vitalité. Virtuosité des instru- rites de passage, etc.). Importance du langage et de la gumboots théâtre accompagné de musique. Prédominance des percussions ou carnatique (Inde) (Maroc, Espagne) mentistes. Sujets des paroles ancrés dans l’histoire. poésie dans l’expression artistique. En musique classique : • Son cubano (Cuba) • Polyphonies vocales • Bhangra et complexité rythmique. Grands ensemble instrumentaux. Danses jouer une musique exotique — du gamelan balinais aux percussions africaines. Plusieurs musiques ne sont pas destinées au concert, mais Enchaînements de chansons et de pièces instrumen- mélodiques ( ou , en Iran), • Sanat (Turquie) (Sardaigne) • Jazz cubain (Cuba) (Inde, Angleterre) modes maqâm makam dastgâh classiques élaborées. Influences de l’Inde et de la Chine. Aujourd’hui : • Bossa nova (Brésil) tales. Musique de danse et de fête (par ex. : dans le jeu d’ensembles instrumentaux, ont plutôt une fonction culturelle spécifique; elles jouent ceilidhs hétérophonie beaucoup de musique pop. Les musiques du monde au Québec sont aussi un reflet de l’immigration et de la diversité • Musique • (Sénégal) • Musiques de mariage (Monde) • Rumba congolaise en Écosse), reels, ballades. ornementation des mélodies, grande variété de rythmes, un rôle dans le déroulement d’un événement. Le rapport arabo-andalouse (Maroc) improvisation (taqsim). Présence d’éléments classiques culturelle. Plusieurs musiciens issus de différentes cultures s’y installent et y développent • Tango (Argentine) • Musique gnawa (Maroc) • Bouzouki dans MUSIQUE TSIGANE OCÉANIE et POLYNÉSIE entre le musicien et le public varie beaucoup selon le dans les styles musicaux populaires. Lignées d’instrumen- Musiques des aborigènes caractérisées par le chant et la danse ainsi que • Piphat (Thaïlande) la musique celtique Musique variant considérablement d’un endroit à leur carrière. C’est là une de nos grandes richesses ! • (Portugal) • Chants rituels des tistes virtuoses. les tambours. Musiques rituelles. Apport musical extérieur : hymnes et contexte et, en ce sens, le concert peut « décontextualiser » l’autre. Ensembles instrumentaux ou chant accom- moines bouddhistes (Tibet) cantiques ( ). Quelques particularités régionales : le didgeridoo • Trad (Québec) pagné. Musiques de danse. Musique festive, rapide ASIE CENTRALE himene d’Australie ou le ukulélé d’Hawaii. • Raï (Algérie) et virtuose (p. ex. : fanfares). Grande expressivité Héritage musical commun provenant de l’Iran et de SUPERVISION DU PROJET : DANIELLE BEAUCHEMIN • LE CQM REMERCIE LES PERSONNES SUIVANTES dans les chants. Des millions de Tsiganes ou Roms — la Turquie. Bardes itinérants, chants épiques. Traditions POUR LEUR PRÉCIEUSE COLLABORATION : MARIE-NOËLLE LAVOIE, MUSICOLOGUE; LUC BEAUCHEMIN, DESIGNER GRAPHIQUE. originaires du Rajasthan — vivent principalement en rurales : petits ensembles accompagnant la voix. ISBN 978-2-924158-08-1 • DÉPÔT LÉGAL : 2e TRIMESTRE 2013, BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC Note : Cette terminologie n’est pas universelle. Par exemple, le terme « classique » n’existe pas dans plusieurs cultures. Il est préférable de se référer à la classification dans Avec la participation financière de : Europe de l’Est, mais aussi en France, Russie, Turquie, Musique de cour basée sur des modes mélodiques CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 1908, RUE PANET, BUREAU 302 MONTRÉAL QC H2L 3A2 chaque culture. © • Emploi-Québec Grèce, Espagne et même Égypte. (maqôm ou maqam). 514-524-1310 • 1 866 999-1310 www.cqm.qc.ca • Conseil des arts et des lettres • Ministère de la Culture et des Communications 2 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 3 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 4 1 • AMÉRIQUES 2 • EUROPE 3 • AFRIQUE 4 • MOYEN-ORIENT et ASIE CENTRALE 5 • ASIE et OCÉANIE

CANADA • Katajjaq — NORVÈGE • Danse typique : TURQUIE • Grande variété ARMÉNIE • Grand répertoire TIBET • Chants rituels des MONGOLIE • Chants dipho- CORÉE • p’ansori — duo voix musiques du monde PETIT Chants de gorge des Inuits halling > hardanger (violon) FINLANDE • Influences de la musicale ayant des liens avec de chant choral > moines bouddhistes > haut- niques : khöömii > morin et tambour • samulnori — ATLAS • Traditions musicales ROYAUME-UNI • Chants Russie et de la Suède • Chants la musique persane, moyen- (hautbois) • achoughs (bardes) bois, trompes, tambours, khuur (vielle à tête de cheval), ensemble de tambours des Amérindiens > chant, traditionnels régionaux polyphoniques de la Carélie orientale et des Balkans • sanat > luth, kamantcha (vièle) cymbales • gar — musique de dombra (luth) • Chants PAYS ET RÉGIONS tambours, flûtes, sonailles QUÉBEC Musique trad • Musique celtique • Musique • Chants épiques inspirés du — musique classique ottomane cour, danse épiques, chants satiriques JAPON • Musique instrumen- • Genres et styles • Chants à tambour • Musique > chant, violon, accordéon,­ des diasporas Kalevala > kantele (cithare), > oud (luth), nay (flûte), tale > koto (cithare), shamisen > Instruments caractéristiques des diasporas guitare, ­podorythmie accordéon, ensemble de violons kemancheh (vièle), kanoun ASIE CENTRALE [Azerbaijan, (luth), biwa (luth), • Turlutte • Reels, FRANCE • Musiques bretonne, Ouzbekistan, Tadjikistan, CHINE • Opéra – compre- (flûte) • Musique de cour : (cithare) • Traditions des ashik Kazakstan, Turkmenistan, complaintes, danses (valse, alsacienne, normande, basque, SUÈDE • Danse typique : polska — bardes s’accompagnant du nant chant, danse, acrobaties — chant et danse etc. > accordéon, vielle à et sa variante moderne hambo Kyrgystan] • Musique instrumentale pour gigue, set carré) • Chants à saz (luth) • fasil — influences • Bardes itinérants, chants accompagnés de percussions, répons roue, violon, cornemuse > nyckelharpa (vièle à clavier) ensembles > pipa (luth), sheng vents et cordes • Théâtre • Polyphonies corses • Jazz tsiganes > clarinette, darbouka, épiques. Traditions rurales : violon, kanoun • Tradition SYRIE, LIBAN • dabka – danse (orgue à bouche), erhu (vièle), chanté : kabuki, nô • Tambours ÉTATS-UNIS • bluegrass manouche petits ensembles accompa- (flûte) • Petits orchestres soufie associée aux derviches gnant la voix. Musique de taïko • Musique rituelle • cajun, zydeco > accordéon, CÔTE EST CANADA et IRAK, SYRIE, LIBAN, ÉGYPTE sizhuyue (« soie et bambou ») et Mevlevi (tourneurs) > nay cour basée sur des modes (shinto, bouddhiste) violon, guitare, percussions • ÉTATS-UNIS • Musique ALLEMAGNE (MUNICH) POLOGNE • podhale • Musique classique > oud chuida (« vent et percussion ») • Musique bavaroise : • davul-zurna — duos tambour gospel • tex mex • klezmer > celtique, mouth music (puirt- > ensemble de violons mélodiques (maqôm ou (luth), nay (flûte), qanun • Musique instrumentale danses ländler, polkas, valses et hautbois ). > luths, vièles et chant, clarinette, accordéon, a-beul) • appalachian maqam (cithare), darbouka (tam- solo > qin (cithare), pipa > accordéon, tuba, clarinette, RUSSIE > balalaïka, accordéon tambours sur cadre HAWAII • musiques tikies violon, tsimbl (cymbalum), bour en forme de gobelet), (luth), zheng (cithare sur trompette, contrebasse dulcimer > ukulélé UKRAINE > bandoura MAGHREB [Maroc, Algérie, Tunisie] > oud (luth), rabab (vièle); daf, riqq, tar table) • Musique de temples CUBA • salsa, rumba, son ESPAGNE • flamenco > chant, nay (flûte), bendir (tambour sur cadre), darbouka (tambourins) • Musiques folkloriques, chants NOUVELLE-ZÉLANDE > sexteto — chant, guitare, guitare, cajon • Musique arabo- GÉORGIE • chant choral (tambour), rabab (vièle), qanun (cithare), zourna et danses des nombreuses • chants et danses maoris minorités tres (guitare à 3 cordes), andalouse • Musique sépharade polyphonique (hautbois) • Musiques berbères • Musique arabo- IRAN • Musique classique • haka — danse chantée MEXIQUE • mariachi > percussions (bongo, claves, andalouse • Musique sépharade persane (musiqi-e assil) PORTUGAL • fado • fanfares de • ensemble violons, trompettes, guitare, maracas, guiro), contrebasse, MOLDAVIE > chant, setar (luth), tombak ILES SALOMON > chant, guitarra portuguesa, cuivres TUNISIE • malouf — musique de flûtes — polyphonies vihuela (luth), guitarron piano, trompette • trova et (tambour), kamancheh (vièle), viola, cavaquinho et bandolim arabo-andalouse (grosse guitare) • canción nuevo trova • jazz cubain santur (cithare), nay (flûte) ranchera (guitares) ROUMANIE • contra > trio PAKISTAN • qawwali — chants à cordes • — « blues » ALGÉRIE • raï • ghazal – chant à connotation soufis > dholak (tambour), AUSTRALIE • songlines — JAMAÏQUE • , ska HAÏTI • misik rasin, rara SUISSE • yodel, cor des Alpes roumain > flûte de Pan mystique harmonium chants aborigènes > didgeridoo MAROC • chaâbi • Musique TRINIDAD • calypso et steel RÉPUBLIQUE DOMINICAINE ITALIE • Chant napolitain des confréries des Gnawas ou ÉGYPTE • — chanson PAKISTAN, INDE du NORD bands, soca • merengue > mandoline • Polyphonies BULGARIE • Ensembles de Jilalas > ghumbri ou hajouj populaire • Musique nubienne • Musique hindoustani vocales : cantu a tenore polyphonies vocales • Traditions (luth) — puisant dans ses origines > tabla, sitar, (flûte), [ ], [ ] régionales > (cornemuse), Sardaigne trallalero Ligurie gaida africaines tanpura, sarod, shehnai (haut- COLOMBIE • cumbia > chant, NORDESTE du BRÉSIL • forro • Danses : saltarello, tarantelle (flûte),gadulka (vièle), bois), sarangi (vièle), santur accordéon, flûte de Pan, > chant, accordéon, zabumba > organetti (accordéon) HONGRIE • csárdás, verbun- tambura (luth) AFRIQUE DE L’OUEST > kora (harpe-luth), (cithare) • dhrupad, khyal — (tambour), triangle kos — danses traditionnelles (xylophone), mbira ou sanza chant classique GRÈCE • rébétiko > bouzouki • orchestres tsiganes (piano-pouce), ngoni (luth), percussions PÉROU, CHILI, BOLIVIE BRÉSIL • samba, batucada (luth) — grande variété de tambours dont • Musique andine > flûte de > cuica (percussion), pandeiro le djembé, des hochets, etc. RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE INDE • thumri, ghazal — Pan, charango (petite guitare), (tambour sur cadre), guiro MUSIQUE CELTIQUE MUSIQUE TSIGANE • polyphonies pygmées chants d’amour poétiques à tambours, (flûte) (percussion), sifflets • Bossa Irlande, Écosse, Bretagne, Espagne Europe de l’Est, France, CAP-VERT • morna, > trompes connotation mystique, consi- nova • Capoeira > bérimbau (Asturies et Galicie), Portugal, Espagne, Russie, Turquie, Grèce > cavaquinho (guitare) dérés comme semi-classiques­ ESPAGNE : FLAMENCO • ensembles instrumentaux ou (PATRICE SERVANT ET MARION Belgique, Pays-Bas, États-Unis, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE • traditions régionales : JONCAS, ORCHESTRE Canada > Harpe celtique, chant accompagné • musiques de SÉNÉGAL • mbalax DU CONGO Rajasthani, Bengali, Cashmiri, SYMPHONIQUE DE GATINEAU) cornemuse, violon, danse • musique festive, rapide et bodhrán • , rumba congolaise Punjabi, etc. > tambours, THAILANDE • piphat — PHOTO : MARIE-ANDRÉE BLAIS (tambour sur cadre), accordéon, virtuose • chants GUINÉE • culture mandingue : trompes, hautbois, flûtes, musique classique (influences guitare, flûte irlandaise, parfois Balkans • Orchestres locaux, griots TANZANIE, , harmonium, guimbardes, etc. de l’Inde et de Chine) • luk vielle à roue, bouzouki • – poésie chantée des INDONÉSIE — Java et Bali fanfares > violon, clarinette, • bhajan — chant dévotion- thung et mor lam — musiques ARGENTINE • tango MALI • culture mandingue : Swahili • gamelan — orchestres Écosse, Québec • mouth music et contrebasse, cymbalum, guitare nel hindou > chant, dholak, populaires • Musique des > bandonéon, violon, piano, griots • blues de gongs, métallophones turlutte tabla, harmonium • filmi git tribus des montagnes contrebasse • tango nuevo Espagne • Flamenco LA RÉUNION • – et tambours • • couples de sonneurs — chansons tirées des trames • Nueva canción • Chamame Bretagne Turquie • Fasil GHANA • musique créole VIETNAM • Influence de la — ensemble de hochets de > biniou (cornemuse), bombarde sonores de films de Bollywood > guitare, accordéon Chine — opéra vietnamien, bambou • indiennes CHINE : MUSIQUE (hautbois) Épopées NIGER • musique des Touaregs , , INDE du SUD • Musiques musique instrumentale, théâtre (inspirées du Ramayana et INSTRUMENTALE SOLO — PIPA (YADONG GUAN) QUÉBEC : MUSIQUE TRAD OUGANDA • Tambours royaux musical, musique impériale, carnatique > vina, violon, du Mahabharata) • kecak – PHOTO : CLAUDE BRAZEAU AVEC VIOLON NIGÉRIA • juju • afro-beat nagaswaram (hautbois), chants traditionnels percussions vocales en chœur, ET ACCORDÉON MADAGASCAR • musique mridangam­ (tambour) rituel • kulit — théâtre (PIERRE SCHRYER, CAMEROUN • , ZIMBABWE • chimurenga malgache > valiha (cithare MALAYSIE • wayang kulit – RAYNALD OUELLET) JAZZ CUBAIN AU PIANO • bharata natyam — danse d’ombre (marionnettes) acc. du PHOTO : COLLECTION DU MUSÉE (YOEL DIAZ) > kalimba (piano tubulaire), accordéon, kabosy théâtre d’ombre classique • kathakali — théâtre gamelan DE L’ACCORDÉON, MONTMAGNY PHOTO : PHILIPPE FANGEAUX pouce), balafon (xylophone) AFRIQUE du SUD • Chant (petite guitare), marovany dansé AMERIQUE LATINE : TANGO NUEVO, ARGENTINE MÉTISSAGES : MUSIQUE CLASSIQUE ARABO-ANDALOUSE choral : iscathamiya ou (cithare), lokanga (vièle à CANADA : TRADITIONS MUSICALES DES AMÉRINDIENS (ODAYA) PHOTO : NIANE NAÏANE AUTRICHE : VALSES, POLKAS (ENSEMBLE TRANSATLANTIK SCHRAMMEL) (QUARTANGO) PHOTO: ANDRÉ TREMBLAY (ENSEMBLE SÉFARADE ET MÉDITERRANÉEN ESEM) PHOTO : MICHEL BÉRARD (traditions des Sotho et 3 cordes), sodina (flûte) Zoulous), gospel • Jazz africain • hira gasy, théâtre popu- laire chanté • Rythmes

MOYEN ORIENT : LE OUD (MOHAMED MASMOUDI) PHOTO : HERVÉ LEBLAY typiques : , séga [aussi à La Réunion, Île Maurice, Madagascar, Îles Comores, , Rodrigues]

INDONÉSIE: GAMELAN BALINAIS (ENSEMBLE DE MUSIQUE BALINAISE GIRI KEDATON, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL) PHOTO : OSA IMAGES — FESTIVAL MMM musiques du monde LIGNE DU TEMPS Points de repère de l’évolution des musiques du monde. • Les faits marquants, les médias et technologies DÉCORUM • Les musiques du monde au Québec Les musiciens et la scène Disposition sur scène LE DIDGERIDOO : INSTRUMENT À VENT TRADITIONNEL DES ABORIGÈNES D’AUSTRALIE (APADOURAÏ) PHOTO : OSA IMAGES Selon le genre ou l’instrumentation, les musiciens se • 2011 — Mundial Montreal – vitrine et conférence de musique du monde (dans le cadre de M pour Montréal) placent soit en cercle ou face au public. Ils peuvent choi- 9 • Années 2010 — World 2.0 sir d’être debout ou assis. Certains auront besoin de tapis, • 2000 — Première édition du Festival du monde arabe, à Montréal comme les joueurs de tabla, par exemple. Il est alors pré- INSTRUMENTS ACOUSTIQUES ET ÉLECTRIQUES, AMPLIFICATION DE LA VOIX (ATNA NJOCK) PHOTO : JULIE TAXIL • Années 2000 — Circulation de la musique, beaucoup de fusions ou de métissages, découvertes et redécouvertes férable de les asseoir sur un praticable pour qu’ils soient • 1997 — Parution de l’album Buena Vista Social Club (de Cuba) Le déroulement et le programme de concert • 1995 — Le Festival Mémoire et Racines (Lanaudière) voit le jour à la même hauteur que les autres musiciens sur scène. • 1994 — Womex (WOrld Music Expo), le plus important salon international des professionnels des musiques du monde, voit le jour Plusieurs musiques du monde comprennent une part importante d’improvisation. Il est • 1990 — Fondation de Musique Multi-Montréal (MMM) et du Festival Musiques et Monde Dans certaines traditions, musique et mouvement sont donc parfois difficile de prévoir le déroulement et la durée exacte des pièces. • 1990 — Invention du World Wide Web indissociables. On retrouve parfois au sein de l’ensemble 8 • 1989 — Première édition du Carrefour mondial de l’accordéon de Montmagny un ou plusieurs danseurs. Il faut concevoir l’espace scé- En musique classique indienne, par exemple, un concert peut être composé de quelques • 1989 — La maison de disques Real World Records est fondée par WOMAD et Peter Gabriel (9) longues pièces. Dans d’autres cas, les musiciens enchaînent plusieurs pièces musi- • 1987 — Première édition du Festival international Nuits d’Afrique, à Montréal (8) nique ainsi que l’éclairage en fonction de leurs mouve- • 1987 — Le Corse Petru Guelfucci connaît un grand succès au Québec et obtient un disque d’or au Canada ments. Aussi, les musiciens eux-mêmes peuvent danser cales dans un seul bloc, sans interruption. Cela se voit en musique celtique alors qu’on • 1987 — À Londres, un groupe de directeurs de maisons de disques choisissent le terme world music pour promouvoir leurs produits et bouger sur scène. ­enchaîne des morceaux chantés et instrumentaux. 7 • 1985-2005 — Émission Des musiques en mémoire, animée par Élizabeth Gagnon sur les ondes de la Chaîne culturelle de Radio-Canada S’il s’agit de musiques rituelles, il se peut que les musi- En musique populaire, les chansons ou les pièces instrumentales sont présentées une • 1982 — Le Festival mondial de folklore de Drummondville voit le jour ciens aient besoins de certains accessoires sur scène pour à la suite de l’autre avec applaudissements et présentations entre chacune. Souvent, le • 1982 — Sony et Philips introduisent le disque compact sur le marché public applaudit après des solos (comme en jazz). • 1982 — Fondation du festival WOMAD en Angleterre exécuter leurs rituels. • 1981 — La Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise (SPDTQ) voit le jour à Montréal. L’idée d’avoir un programme n’est pas pratique courante dans la plupart des traditions Le festival La Grande Rencontre s’ajoutera aux activités de la Société en 1993 Code vestimentaire musicales. Pour orienter le public, il est toujours intéressant de faire une brève présen- • Fin des années 1970 — Renouveau de la polyphonie corse Il arrive souvent que les musiciens choisissent de porter • 1976 — Le groupe La Bottine souriante est fondé dans la vague du renouveau de la musique traditionnelle québécoise tation avant le concert ou de demander aux musiciens de parler des particularités de des costumes traditionnels, mais pas toujours! • 1970 — L’ethnomusicologue et communicateur suisse Marcel Cellier fait découvrir le virtuose roumain de la flûte de Pan leur musique. Gheorghe Zamfir et, en 1975, il produit le disqueLe Mystère des voix bulgares Amplification • 1970 — Dans son album Renaissance de la harpe celtique, le musicien breton Alan Stivell fusionne musique traditionnelle et rock — renais- 6 sance de la musique celtique (7) La plupart du temps, les artistes demanderont à être • Années 1970 — Naissance du chaâbi, en Égypte. Naissance du raï, en Algérie amplifiés, même si cette amplification ne paraît pas • 1967 — Expo 67 et le Festival mondial — 190 jours de spectacles du monde entier (6) • 1967 — Nonesuch Explorer Series : une collection d’enregistrements de terrain en provenance d’Asie, d’Afrique, des Caraïbes, nécessaire; cela fait partie de l’esthétique de certaines d’Amérique centrale et du Sud et d’Europe de l’Est (jusqu’en 1984) musiques. Souvent, on retrouvera sur scène des instru- 5 • Années 1960 — Nueva cancion, chanson engagée des pays d’Amérique latine ments aux niveaux sonores très variés et il faudra s’assu- • Début des années 1960 — La bossa nova est inventée par Tom Jobim et Joao Gilberto (Brésil) • 1956 — Le sitariste Ravi Shankar se produit en Amérique pour la première fois (5) rer que le sonorisateur trouve un équilibre qui convient à • 1955 — Création de la Société de radiodiffusion de la France d’outre-mer (SORAFOM), société de coopération entre la France l’esthétique de la musique proposée. et l’Afrique. À l’origine du label spécialisé en musique du monde OCORA dans les années 1970 • 1946 — Le Musée de l’Homme à Paris commence la publication d’enregistrements ethnographiques Le public 4 • 1944 — Fondation des Archives de folklore à l’Université Laval Les musiques du monde attirent toujours un public • 1944 — Constantin Brˇailoiu fonde les Archives internationales de musique populaire à Genève • 1933 — Alan Lomax (1915-2002), ethnomusicologue américain, collecteur et producteur, fait ses premiers enregistrements, diver­sifié. Il s’agit souvent d’un heureux mélange de gens en compagnie de son père John Lomax (4) de la même diaspora que les musiciens et de mélomanes • 1932 — Congrès du Caire sur la musique arabe toutes origines confondues. • Années 1920 — Premiers enregistrements de musiques extra-occidentales disponibles au public (3) • 1911 — Marius Barbeau (1883-1969) — anthropologue, ethnologue et folkloriste québécois — amorce sa collecte Dans le cas de musiques plus festives ou dansantes, il y a UTILISATION DE PRATICABLES (SHAWN MATIVETSKY, RAJA BHATTACHARYA ET SUDESHNA MAULIK) PHOTO : CAROLINE TABAH 3 et ses enregistrements de musique amérindienne et de chansons folkloriques québécoises (2) • 1905 — Belá Bartók commence à recueillir les chants folkloriques de Hongrie, à l’instar de Kodály, qui a déjà commencé les explorations (1) beaucoup d’interaction entre le public et les artistes. Le • Fin du XIXe siècle — Naissance de plusieurs styles musicaux dont le tango argentin, le fado portugais, la morna capverdienne, public frappe des mains, s’exclame pendant les pièces et, RÉFÉRENCES la rumba cubaine, le jazz, le blues, etc. dans certains cas, il se rend même près de l’artiste princi- BOHLMAN, Philip V., World Music – A Very Short Introduction, Oxford University Press, 2002. • 1893 — Exposition universelle de Chicago (World’s Columbian Exposition in Chicago) pal pour faire des demandes ou lui offrir quelque chose. • 1889 — Exposition universelle de Paris BOURS, Étienne, Dictionnaire thématique des musiques du monde, Fayard, Paris, 2002. COLLECTIF, Petit atlas des musiques du monde, Mondomix, Cité de la musique, Panama, Paris, 2006. • 1887 — Début de l’industrie de l’enregistrement sonore. Les premiers enregistrements vendus par Edison et Columbia Quelquefois, des membres de l’auditoire montent carré­ étaient sur rouleaux de cire COLLECTIF, World Music: The Rough Guide, I: Africa, Europe and the Middle East, Rough Guide, Londres, 2000. 2 • 1877 — Thomas Edison invente l’enregistrement sonore ment sur la scène pour danser. Les musiciens y sont • 1674 — L’esclavage prend son essor habitués et savent comment gérer la situation. Il faudra COLLECTIF, World Music: The Rough Guide, II: Latin and North America, Caribbean, India, Asia and Pacific,Rough Guide, Londres, 2000. • 1534-1935 — Jacques Cartier observe les chants et danses des Amérindiens parfois réserver un espace à l’avant ou sur les côtés de la MILLER, Terry E. et Andrew SHAHRIARI, World Music: A Global Journey, Routledge, New York, 2012. alors que les Iroquois d’Hochelaga surveillent les Français jouant de leurs instruments de musique • 1492 — Fin de la Reconquista (IX-XVes siècles) dans la péninsule Ibérique salle pour permettre à l’auditoire de danser. • 1492 — Christophe-Colomb « découvre » le Nouveau Monde. Début des diasporas • 2000 av. J.-C. à 50 apr. J.-C. — Tribus des Celtes • Entre le XVe et le Xe siècle av. J.-C. — Les Veda (Inde). Fondement de la musique indienne 1

8 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013 9 de notes, ascendantes et Musique populaire Semi-classique descendantes, qui com- Musique pratiquée par des En Asie du Sud, musique prennent une hiérarchie musiciens professionnels mêlant des thèmes et des schémas. Les modes ou non, souvent dans un provenant de musiques peuvent correspondre à contexte de fête ou de populaires à la musique une humeur, un sentiment, célébration, dans des buts classique. une couleur, un moment de de divertissement. Dans la journée. Ils permettent le commerce, musique Tradition orale au musicien d’en explorer produite pour les médias Transmission de connais- les possibilités par l’impro- de masse. sances qui se fait de visation. Exemples : raga génération en génération, (Inde), dastgâh (Iran), ma- Musique rituelle parfois de père en fils ou qâm (monde arabe) et ses Musique qui s’inscrit parmi de maître en élève, sans variantes makam (Turquie), d’autres éléments parti- notation ou avec une CHANT DE GORGE DES INUITS DU CANADA (TAGAQ KALLUK) mugam (Azerbaïdjan), cipant à un événement notation minimale. rituel. C’est une musique maqôm (Ouzbékistan et Trad Musique appar- Tadjikistan). purement fonctionnelle qui LEXIQUE caractéristiques propre- a des buts extra-musicaux tenant à un patrimoine ment musicales. Monodie (par exemple : rites de vivant où se côtoient de Cajun Musique des (ou monophonie) passage, mariages, transe, nouveaux arrangements Folklorisation, descendants des Acadiens Musique n’ayant qu’une offrandes). du répertoire traditionnel en Louisiane. folklorisme seule ligne mélodique (par et de nouvelles compo- Stéréotypes de la tradition opposition à polyphonie ou Musique traditionnelle sitions dans la lignée des Carnatique Musique figés dans une démarche hétérophonie). Musique issue d’un musiques traditionnelles. classique de l’Inde du Sud. de représentation, processus de transmission servant souvent des buts Musique classique liant le passé au présent Tsigane Musique du Celtique Qualifie la politiques. La musique classique, et possédant un répertoire peuple des Roms, originaire musique des pays ou parfois appelée « musique propre à une collectivité du Rajasthan. Aussi régions qui ont préservé la Griot En Afrique occi- savante », est un répertoire donnée. appelés « gitans », ce peuple culture des Celtes (Irlande, dentale, dans la culture qui est habituellement nomade s’est déplacé Écosse, Bretagne, Galice, mandingue, le griot (aussi associé à une élite. Elle a Polyphonie En musique jusqu’à la péninsule pays de Galles, Asturies, appelé jeli) est un chanteur souvent une base théo- instrumentale ou vocale, Ibérique, en passant par le Cornwall, Île de Man, et les et musicien, chroniqueur rique assez élaborée et elle juxtaposition ou superpo- Moyen-Orient et l’Europe. diasporas aux États-Unis, de la société, historien, est érigée en un système sition de plusieurs lignes La musique est très impor- au Canada et en Australie, généalogiste et conteur comportant un répertoire mélodiques. Il existe de tante dans leurs activités entre autres). qui rend souvent hommage spécifique de pièces. nombreuses façons de et varie considérablement aux dignitaires. produire de la musique d’une région à l’autre. Chant de gorge Musique de cour à plusieurs parties dont Chant guttural qui Hétérophonie Dans une (ou impériale) l’homophonie (plusieurs Turlutte Au Québec, utilise beaucoup la gorge musique monodique, varia- Musique liée aux cérémo- sons, un seul rythme), la chant utilisant des syllabes profonde, pratiqué entre tions simultanées de la nies ou aux divertissements polyphonie indépendante dépourvues de sens pour autres dans les jeux de même ligne mélodique ; les de la cour royale. (plusieurs lignes diffé- reproduire des airs de gorge katajjaq des Inuits musiciens jouent la même rentes) et l’hétérophonie. danse. Aussi en Écosse du Canada. mélodie avec des ornemen- et dans les provinces atlan- tations différentes. tiques du Canada : mouth Chant diphonique music, puirt-a-beul. Technique vocale par Hindoustani Musique

laquelle un chanteur classique de l’Inde du Nord. LE GRIOT : CHANTEUR, MUSICIEN, CHRONIQUEUR, HISTORIEN, GÉNÉALOGISTE, CONTEUR… (ZAL SISSOKHO) PHOTO : NETUN LIMA émet simultanément une note fondamentale et ses Métissage Styles harmoniques. Pratiqué interculturels et projets notamment à Touva, en musicaux proposés par Mongolie, et chez les des musiciens d’origines femmes Xhosa en Afrique diverses, qui mélangent les du Sud. Aussi appelé instruments, les langues, « chant harmonique » ou les rythmes et les mélodies « chant des harmoniques ». de différentes traditions. Fusion de genres alliant Chant épique, épopée souvent musique tradition- Longs récits contés ou nelle et musique occiden- chantés qui remontent aux tale telle que le jazz, le origines de la littérature, rock, etc. surtout transmis par tradi- tion orale. Mode En musique occidentale, cela signifie Ethnomusicologie une échelle, c’est à dire Discipline qui étudie un ensemble de sons. toutes les musiques, En Asie et en Afrique du qu’elles soient locales, Nord, il s’agit de séries régionales, nationales ou transnationales, avec une approche qui observe autant le contexte que les

10 MODULE INITIATION AUX MUSIQUES DU MONDE : © CONSEIL QUÉBÉCOIS DE LA MUSIQUE 2013