L'évaluation Des Impacts Sociaux: Vers Un Développement Viable?
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L'évaluation des impacts sociaux: vers un développement viable? sous la direction de CHRISTIANE GAGNON Collection développement régional GROUPE DE RECHERCHE ET D'INTERVENTION RÉGIONALES Coordination à l'édition: Suzanne Tremblay Correction linguistique: Nicole Fradeîte Édition finale: Esther Cloutier © Université du Québec à Chicoutimi Dépôt légal — 2e trimestre 1995 Bibliothèque du Canada Bibliothèque du Québec ISBN: 2-920730-32-0 Distribution: GRIR 555, boul. de l'Université Chicoutimi (Québec) G7H2B1 Tél.: (418)545-5534 TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS. INTRODUCTION: La participation des communautés à l'évaluation des impacts sociaux: une pratique incontournable pour asseoir un développement viable Christiane GAGNON, Université du Québec à Chicoutimi, Québec PARTIE I: HISTORIQUE, DIFFICULTES, RÔLE ET PERSPECTIVES DE L'ÉVALUA- TION DES IMPACTS SOCIAUX In praise of SIA. A personal review of the field of social impact assessment: feasibility, justification, history, methods and issues Kurt FINSTERBUSCH, University of Maryland at College Park, US A 13 PARTIE II: ÉTUDES DE CAS ET CONSIDÉ- RATIONS MÉTHODOLOGIQUES The need for retrospective impact assessment: the megaprojects example Peter BOOTHROYD, Center for Human Settlements, University of British Columbia, British Columbia 43 Évaluation ex post des impacts sociaux du mégaprojet d'aluminerie sur la communauté laterroise Christiane GAGNON, Université du Québec à Chicoutimi, Québec 65 Social impact assessment, community and environmental sustainability: a comparative analysis of two australian communities Roy E. WeESON, Australian-School of Environmental Studies, Australia Mark LYNCH-BL0SSE, University of Queensland, Australia Marcus LANE, Australian School of Environmental Studies, Australia John S. WESTERN, University of Queensland, Australia 83 PARTIE HI: ETUDES DE CAS AUTOCHTONES ET CONSIDÉRATIONS SUR LES SOLUTIONS DE RECHANGE AU DÉVELOPPEMENT Solutions de rechange aux grands projets en territoires autochtones: impacts socio-environnementaux et dévelop- pement durable Paul CHAREST, Université Laval, Québec 105 SM-3 et l'évaluation des impacts sociaux Mes DUFOUR, Université du Québec à Chicoutimi, Québec 129 SIA, sustainability and developmentalist narratives of resource regions Richard HOWITT, Macquarie University, Australia 165 AVANT-PROPOS Le présent volume fait état des actes du colloque sur L'évaluation des impacts sociaux: vers un développement viable? Ce colloque s'est tenu sous les auspices du Grir, le 13 juin 1994, à l'Université du Québec à Chieoutimi. Il regroupait des experts, des universitaires, des chercheurs oeuvrant dans le champ de l'évaluation des impacts, et dont la formation recouvre des disciplines aussi diverses que l'aménagement, l'anthropologie, la géographie et la sociologie. Les sept conférenciers provenaient majoritairement du Canada, de l'Australie et des États-Unis, étant donné l'état d'avancement des réflexions et des pratiques en évaluation d'impacts dans ces pays. Il s'agit donc d'une publication bilingue, quatre des textes étant ici présentés en anglais, avec cependant un bref résumé (abstract). La plupart des textes ont fait l'objet d'une révision de la part de l'auteur et la présentation originale de Roy E. Rickson a donné lieu à un article cosigné par trois autres auteurs. Ce colloque, de même que la réalisation de cette publication, ont été rendus possibles grâce à l'appui financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSHC), du ministère du Patri- moine canadien, du Conseil des Montagnais de Mashteuiatsh et de l'Université du Québec à Chieoutimi. INTRODUCTION La participation des communautés à l'évaluation: une pratique incontournable pour asseoir un développement viable ChristianeGAGNON Université du Québec à Chicoutimi L'évaluation d'impacts (El), comme pratique réglementée et for- melle, s'impose. Depuis l'introduction dans la législation améri- caine du National Environmental Policy Act (1969), plusieurs autres pays ont emboîté le pas, dont l'Australie (1974) et le Canada (1984), Ces législations prévoyaient des procédures d'EI dans les cas où des projets de développement peuvent affecter la qualité de l'environnement. Cette pratique s'est étendue à plusieurs villes et pays - y compris à des pays en voie de développement - aux institutions financières, dont la Banque mondiale, aux organismes d'aide internationale; la mouvance suscitée par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (1987) ainsi que l'Agenda 21 (Rio, 1991) l'ont encouragée. Il faut toutefois reconnaître que l'évaluation des impacts sociaux (EIS) est demeurée l'enfant pauvre de la procédure, du moins au Québec, même si le public peut manifester ses opinions lors des audiences publiques. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer la faiblesse de l'EIS; d'abord, la formulation des impacts sociaux est plus ou moins limitée aux audiences et arrive en fin de parcours; ensuite, le caractère environnemental, c'est-à-dire biophy- sique, domine le concept d'impact; et, enfin, l'EIS ne fait pas l'objet d'une systématisation rigoureuse ou scientifique (analyse et prédiction) où les communautés affectées seraient au coeur de la définition des enjeux, selon Gagnon et Boothroyd. Cependant, un certain redressement de ces lacunes tend à s'effectuer, aussi bien en Amérique du Nord qu'à l'échelle internationale. Si les incidences sociales retiennent davantage l'attention des promoteurs, des déci- deurs et des hommes politiques, c'est parce qu'elles font l'objet de résistances sociales qui ralentissent, voire bloquent, les projets de L'é¥aluatÍQn des impacts sociaux: vers un développement viable? développement. Devant ce blocage, de nouvelles modalités de négociation sont recherchées. Ce qui n'implique pas pour autant que le modèle de développement soit explicitement remis en ques- -ÛO&. Carr-coîame^le^discttte^H0witt4ans^sa-«onclusi©n,4e^champ de l'EIS a été à ce jour dominé par le paradigme de développement productiviste centré sur des projets et des discours d'exploitation extensive des ressources naturelles. Tout de même, trois tendances ou perspectives témoignent du redressement amorcé, et quelque peu obligé par le contexte politico- économique. La première concerne la prise en compte, dès l'étape de l'élaboration d'un projet ou d'un changement majeur de programme ou de politique, des impacts sociaux appréhendés ou ressentis par les individus ou les populations concernées. À ce titre, la pratique renouvelée de l'EIS tout comme la recherche sont appelées à jouer un rôle clé dans dans la prise de décision (voir Gagnon, Howitt, Rickson et al.). Une deuxième tendance se des- sine: l'évaluation d'impacts, notamment sociaux, ne se limiterait plus à une procédure législative formelle et centralisée, mais s'inté- grerait de plus en plus à un processus de planification territoriale et d'aménagement intégré des ressources, tant aux échelles locale que régionale et nationale (Finsterbusch, Rickson et al). Une troisième et dernière tendance s'affirme: pour que les évaluations puissent assurer un maximum de bénéfices aux communautés locales, ces dernières doivent être associées à toutes les étapes de l'évaluation, de la prise de décision et du suivi. Cette participation directe des communautés à leur devenir favorise l'intégration du savoir et du savoir-faire local, bref l'émergence d'un processus maîtrisé de changement et d'apprentissage social (Boothroyd, Gagnon, Finsterbusch et Howitt). Toutefois, malgré la présence sensible de ces nouvelles tendances, la question de la portée future de l'EIS en regard du développement viable (DV) demeure entière et problématique: comment l'EIS peut- elle opérer comme une interface entre la prudence écologique, la satisfaction des besoins fondamentaux des communautés locales et mondiale et la restructuration des modèles de développement? Autrement dit, l'évaluation des impacts sociaux est-elle une condition sine qua non du développement viable? Introduction Ce fut du moins la question posée aux conférenciers en guise d'introduction au colloque. Toutes les réponses formulées ont été affirmatives. Pour que l'EIS puisse répondre au défi du DV, les conférenciers ont cependant insisté sur le rôle majeur du public et des communautés dans le processus de prise de décision. Ce qui signifie que pour asseoir le DV, les dimensions territoriale, culturelle aussi bien qu'économique des incidences doivent être intégrées à l'évaluation (Howitt). En outre, en évaluant, voire en prédisant, les incidences tant positives que nuisibles de chaque projet ou changement proposé en interaction avec les populations concernées, l'atteinte d'objectifs sociaux, telle une plus grande démocratie ou une meilleure équité dans la redistri- bution des bénéfices, peut être réalisée (Charest). Le présent volume se divise en trois parties. La première partie se veut une sorte de synthèse de FEIS, à travers l'analyse de ses difficultés, de son historique (surtout américaine), de sa faisabilité et de ses perspectives d'avenir. Kurt Finsterbusch, sociologue et expert de l'EIS, pose le problème de la complexité des phénomènes sociaux en regard du caractère prédictif limitatif de l'EIS. Il croit que l'EIS peut produire, avec efficience, une information crédible et viable pour les décideurs, selon certaines conditions. Par exemple, l'information produite doit obligatoirement, tant d'un point de vue scientifique que politique, passer par la validation non seulement des parties prenantes mais du public: cela serait même une exigence méthodologique. La