BénouvilleBordeaux-Saint-ClairCriquebeuf-en-CauxÉtretat Fécamp FrobervilleLa Poterie-Cap-d’AntiferLe Tilleul Les LogesSaint-Jouin-BrunevalSaint-LéonardVattetot-sur-MerYport CommunautécommunesCriquetot-l’Esneval de du cantonAgglomérationFécamp de Caux Département Littoralla Seine-Maritime de
Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre
TOME 1 LE PROJET JUILLET 2018
Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre
TOME 1 LE PROJET JUILLET 2018 SOMMAIRE
A. L’esprit des lieux du Grand Site, partir du monument falaises vers le territoire. . 11 GRAND SITE 1. Un territoire aux trois paysages ...... 12
FALAISES 1.1 Le plateau : de vastes étendues ondulantes ...... 12 1.2 Le trait de côte : une interface de craie monumentale et D’ÉTRETAT - abrupte...... 12 1.3 Les vallées et valleuses : CÔTE D’ALBÂTRE un lien entre terre et mer...... 13 2. Un territoire qui questionne sur EN NORMANDIE notre rapport aux temps...... 14 3. Un territoire qui se mérite...... 16
B. Un monument naturel SEINE-MARITIME et culturel protégé ...... 17 1. Le territoire de la démarche...... 17 2. Une protection à la hauteur de la renommée paysagère et environnementale du site. . . . 18
2.1 Les protections nationales...... 18 2.2 Les protections européennes...... 20 2.3 Les sites du conservatoire du littoral et les Espaces Naturels Sensibles ...... 23 3. La dynamique paysagère du territoire. . . . . 28
3.1 Des paysages façonnés par l’agriculture...... 30 3.2 Des vallées et des valleuses aux enjeux différenciés. . . .42 3.3 L’érosion du littoral, une évolution naturelle du paysage. . 44 3.4 Les points de vue remarquables du Grand Site...... 44 4. Un paysage en faveur de la transition écologique et énergétique . . . . 48 5. Le cadre de vie du territoire, au-delà du Site classé...... 52
Crédits photos : Département de la Seine-Maritime Alan Aubry - Marceau Bellenger
BRGM
Office de tourisme d’Étretat
Office de tourisme de Fécamp
Seine-Maritime Attractivité conservatoire du littoral / Frédéric Larrey
Conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement
2 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre C. Le diagnostic du territoire ...... 56 4. Le programme d’actions : des axes stratégiques pour répondre aux enjeux paysagers du Site 1. Les études de la démarche Grand Site . . . . .56 classé et du Grand Site...... 98 1.1 Le déroulement des études...... 56 Axe 1 1.2 Les actions existantes de protection du littoral...... 58 Préservation du paysage 2. Les enjeux de la fréquentation soulevés lors des et son esprit des lieux...... 98 études...... 58 Axe 2 2.1 Les caractéristiques de la fréquentation du Grand Site...... 59 Mise en réseau des mobilités, un levier pour 2.2 L’érosion du territoire, vers une mise en déconcentrer la fréquentation touristique. . . 99 sécurité intégrant les usages du site...... 61 2.3 Les impacts sur les milieux naturels et les paysages. . . .64 Axe 3 3. Un territoire où cohabitant les habitants et les Contribution du territoire à l’immersion. . . . .99 visiteurs...... 70 Axe « Gouvernance » : 3.1 La population du territoire...... 70 3 opérations...... 99 3.2 Une signalétique trop présente...... 70 3.3 L’accès au Grand Site : un réseau Conclusion :...... 100 stratégique bien desservi...... 72 4. Les difficultés de circulation et de stationnement dans les villages côtiers et les valleuses. . . .74 Annexes...... 102 5. Les activités de promenade et Charte de gouvernance pour la de randonnée pour parcourir préservation, la gestion et la mise en le Grand Site et relier son monument. . . . . 79 valeur du territoire du Grand Site Falaises d’Étretat – côte d’Albâtre
D. Un projet qui fédère autour d’une gouvernance à l’image du territoire. . 83 1. L’histoire du Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre...... 83 2. Le Grand Site, un projet commun pour fédérer les acteurs...... 85
2.1 Le rôle de la structure de gestion...... 85 2.2 Le principe de fonctionnement de la structure de gestion...... 86 2.3 La charte de gouvernance du Grand Site...... 88 3. Les orientations stratégiques d’interprétation et de déplacements...... 90
3.1 Le schéma d’interprétation : une stratégie de valorisation et de découverte du territoire ...... 90 3.2 Le schéma des déplacements : pistes et intentions pour la gestion des flux...... 91
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 3 Le cap Fagnet à Fécamp
Ce que je ferai ici aura au moins le mérite de ne ressembler à personne, parce que ce sera l’impression de ce que j’aurai ressenti, moi tout seul. Claude Monet (1840-1926)
Le site d’Étretat retient l’attention de Monet dès l’hiver 1868-1869. Puis, l’artiste y revient chaque année de 1883 à 1886. Tout comme de nombreux peintres, Monet est séduit par la majesté de l’endroit. Aussi s’en inspire-t-il pour une cinquantaine de toiles.
4 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome I Le projet du Grand Site Falaises d’Étretat – côte d’Albâtre
Ce rapport présente le territoire du Grand Site Falaises atypique et unique, qui témoigne du dynamisme des élus d’Étretat - côte d’Albâtre, son esprit des lieux, ses enjeux locaux et de leur volonté d’aboutir à une mise en valeur et son ambition pour préserver ses caractéristiques pay- des richesses paysagères et du cadre de vie des habi- sagères remarquables tout en en offrant une expérience tants de ce territoire. de visite de qualité dans le cadre de la démarche Grand Site. Des focus ponctuent le rapport pour présenter des ac- tions réalisées par des partenaires de la démarche en Les études réalisées de 2014 à 2016 ont permis de faire faveur de la protection des paysages et d’un meilleur un état des lieux du territoire et d’orienter le projet pour accueil des publics. préserver son paysage. Les études ont été riches en production : un livret « esprit des lieux », un schéma d’in- Ce tome 1 permet la compréhension des opérations pro- terprétation, un schéma des déplacements et au final posées dans le programme d’actions (tome 2) et leurs un programme d’actions. De nombreux éléments de ces priorités qui constituent le projet du Grand Site. documents sont présentés dans ce rapport et ont permis de mettre en exergue la stratégie du territoire pour le pré- Il est à noter que les documents qui illustrent ce rapport server et le valoriser. (photographies, diagrammes) sont issus de sources diffé- rentes (bureaux d’études, partenaires, Département, etc.) Une mise en lumière est aussi faite sur la gouvernance ce qui leur confèrent une forme distincte.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 5 La Manneporte à Étretat
6 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre En 2013, 13 communes littorales et rétro-littorales de la Seine-Maritime ont souhaité engager une Opération Grand Site sur leur territoire pour le préserver et le mettre en valeur. Il s’agit des communes de Bénouville, Bordeaux-Saint-Clair, Criquebeuf-en-Caux, Étretat, Fécamp, Froberville, Saint-Léonard, La Poterie- Cap-d’Antifer, Le Tilleul, Les Loges, Saint-Jouin- Bruneval, Vattetot-sur-Mer, Yport situées sur deux intercommunalités, la communauté de communes du canton de Criquetot-L’Esneval et l’agglomération Fécamp Caux littoral. Elles sont en partie concernées par une protection de Site classé (Site classé de la côte d’Albâtre, Site classé de la valleuse de Bruneval, Site classé de Notre-Dame-du-Salut à Fécamp) ou Site inscrit (Site inscrit de l’arrière-pays de la côte d’Albâtre). Bénéficiant d’une importante renommée, ces communes sont fortement concernées par la fréquentation tou- ristique qui se concentre sur le littoral, notamment au niveau d’Étretat (dégradation du paysage, difficultés de déplacements, etc.). Aussi, avec l’accord du Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie en octobre 2013, elles ont pu engager l’Opération Grand Site. Le Grand Site fait partie du littoral du département de la Seine-Maritime, appelé côte d’Albâtre, qui est caractérisé par ses hautes falaises de craie du Havre au Tréport et par ses valleuses aux paysages plus intimes. Le Grand Site représente environ 30 km de côte sur les 120 km du littoral de Seine-Maritime et s’élève jusqu’à 105 mètres au-dessus de la mer.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 7 Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre
8 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 9 Témoignages d’hier, etc. et d’aujourd’hui
Ce que j’ai vu à Étretat est admirable. La falaise est percée de distance en distance de grandes arches na- turelles sous lesquelles la mer vient battre dans les ma- rées. J’ai attendu que la marée fût basse, et, à travers les goémons, les flaques d’eau, les algues glissantes et les gros galets couverts d’herbes peignées par les flots qui sont comme des crânes avec des chevelures vertes, je suis arrivé jusqu’à la grande arche, que j’ai dessinée. Victor Hugo - Lettre à Adèle
Le soleil de midi tombe en large pluie sur les champs. Ils s’étendent, onduleux, entre les bouquets d’arbres des fermes, et les récoltes diverses, les seigles mûrs et les blés jaunissants, les avoines d’un vert clair, les trèfles d’un vert sombre, étalant un grand manteau rayé, re- muant et doux sur le ventre nu de la terre. Guy de Maupassant - Contes du jour et de la nuit, L’aveu
Intimement attachée à la Seine-Maritime et en particu- lier à Vattetot-sur-Mer, entre Étretat et Fécamp où elle séjourne régulièrement depuis sa plus tendre enfance, Ariane Doublet y a également trouvé ses meilleurs ac- teurs, toutes ces personnes qui ne sont pas des comé- diens, mais qui font vivre ses films. Ariane Doublet. Réalisatrice de cinq films majeurs tournés en Seine-Maritime. (Les Terriens, les Bêtes, les Sucriers de Colleville, La Maison neuve et La Pluie et le beau temps).
On a une chance inouïe chez nous. Ici on a la mer, on a la campagne, une diversité de cultures : le lin, le colza, le blé, etc. c’est magnifique ! Et tous ces troupeaux qui pâturent dans les prairies : les normandes, les holsteins, les troupeaux charolais, etc. Je trouve ça très joli ! On est vraiment bien chez nous ! On a un patrimoine naturel extraordinaire. [etc.] L’agriculture, c’est un métier que l’on fait avec passion, tous les jours, sans discontinuer. Le faire à contrecœur est impossible. On vit au rythme de la nature et des saisons. On a plaisir à voir pousser ses cultures, assister à la naissance des veaux. Rien n’égale ce contact avec la nature, c’est notre origine cela s’en- tretient, et se respecte. Florence. Agricultrice
10 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Le plateau, les vallées et valleuses et le trait de côte, constituent les trois visages du ter- A ritoire des Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre. L’esprit des Ils forment un tout indissociable, une sorte de « bout du monde » qui nous projette tantôt vers lieux du Grand la Mer (début du monde pour les marins, les pêcheurs), tantôt vers la Terre, un lieu authen- tique et contradictoire jusque dans son patri- Site, partir du moine culturel matériel et immatériel (« gens de terre » / « gens de mer » ; villégiateurs et monument falaises touristes / population locale, etc.) mais aussi un lieu d’échanges et d’influences réciproques que l’on retrouve dans l’architecture, les chants et vers le territoire danses, etc. Textes issus du livret « Esprit des lieux » du Grand Site Falaises Étretat - côte d’Albâtre
Même si les cultures dominent l’occupation du plateau, les clôtures qui jalonnent les horizons signalent la présence de Le lin est une culture emblématique du prairies permanentes et territoire des Falaises d’Étretat – Côte rappellent l’importance de d’Albâtre. Sa floraison éphémère de couleur l’activité d’élevage, rattachées bleue et son léger balancement sous les effets généralement aux sièges du vent lui vaut un rapprochement fréquent d’exploitations agricoles. avec la mer.
Valleuse de Grainval Pointe du Chicard Le bord de falaise: un Yport Porte d’Amont balcon sur l’immensité de la mer... Depuis le bord de falaise, c’est le sentiment de projection et de suspension au-dessus de la mer qui domine. La sensation de vertige alterne avec le sentiment de toute- Falaises vues depuis le Cap Fagnet puissance. La peur de basculer laisse parfois place à l’envie de sauter, comme si les lieux nous rendaient Le trait de côte est une interface entreTome Terre 1 : Le projetet Mer. - Opération En haut,Grand Site il Falaisespossède d’Étretat une - côte certaine d’Albâtre - 11 invulnérables. profondeur qui se définit par le rapport visuel progressif qui s’instaure avec l’étendue marine. Depuis le plateau, sur les cent derniers mètres, parfois plus, parfois moins, l’horizon de la mer prend peu à peu une place plus importante dans le champ visuel. Les étendues vertes sont remplacées au fur et à mesure que l’on avance par une étendue bleue, de plus en plus présente.
Aller voir la mer est un but en soi et la ligne de falaises qu’on atteint enfin est un véritable balcon sur la mer. C’est un lieu de contemplation, on y vient voir cet horizon, cet infini qui n’est pas un lieu pour l’Homme. A l’image de ces grands pins qui émergent Cet espace très pratiqué des randonneurs est aussi un fil tendu qui permet d’embrasser au bord d’un chemin, quelques arbres du regard une immensité d’eau confrontée à une immensité de terre. La mise en relation de remarquables par leur aspect graphique Les clochers, comme ici celui deces Saint-Jouin-Bruneval, deux éléments massifs que sont sont le plateaudes éléments et la mer estde évidenterepère surimportants le rebord de dansfalaise. viennent parfois pontuer le paysage. le paysage de plateau. Cette mise en relation, qui n’est ni tout à fait une confrontation, ni tout à fait un rapprochement, 6 est résolument ce qui fait l’attrait et la force de cette partie du territoire.
Cette mise en relation est également matérialisée par le biais d’éléments construits.Ce balcon sur la mer est en effet ponctué d’édifices qui, malgré une vocation résolument maritime, sont de véritables points de repère à l’échelle du territoire et font le lien entre le plateau et le trait de côte. C’est le cas du phare d’Antifer, qui culmine à près de 130 mètres au niveau de la mer et de ce fait rayonne sur plusieurs kilomètres (il est visible depuis le plateau de Bénouville). De même, la Chapelle Notre-Dame de la Garde à Étretat, la Chapelle Le sémaphore de la Vierge à Fécamp culmine à plus de 110 Notre-Damedu Salut et le sémaphore de la Vierge, installés sur le Cap mètres au-dessus de la mer. Fagnet à Fécamp, eux aussi liés de près à la vie des marins, trouvent un écho jusque dans les terres puisque eux aussi sont visibles à plusieurs Phare d’Antifer kilomètres. 12 Falaise d’Amont 1 Un territoire aux trois paysages
1.1 Le plateau : de vastes étendues ondulantes Le plateau, lieu de labeur battu par les vents, est entaillé de nombreuses petites vallées sèches, communément appelées valleuses, qui nous accueillent chaleureuse- ment et nous emmènent doucement vers la mer. Le pla- teau se déroule en légères ondulations occupées quasi exclusivement par l’agriculture. Les grandes parcelles de cultures et, dans une moindre mesure, de prairies laissent filer le regard au loin, parfois jusqu’à la mer. De nombreux noyaux habités ponctuent toutefois ces éten- dues. Ils émergent, signalés par l’abondante végétation qu’ils renferment ou par un clocher qui pointe, quand il s’agit des bourgs. Il est un espace surtout vécu au quotidien par ses ha- bitants - qui l’appellent « la plaine » - et les agriculteurs Galets de Seine-Maritime qui le façonnent. C’est un lieu que l’on traverse mais qui laisse entrevoir, au détour d’un chemin ou d’une route, au hasard des courbes du relief, une vue sur la mer ou sur un 1.2 Le trait de côte : une interface de craie élément rappelant la présence de la mer (phare d’Antifer, monumentale et abrupte sémaphore de Fécamp, etc.). Les falaises, hautes de 80 à plus de 100 mètres, créent la Les bourgs et hameaux du plateau sont riches de l’ar- ligne de rupture entre la Terre et la Mer. Vues d’en haut ou chitecture qui les compose et de l’abondante végétation d’en bas, leur verticalité les rend infranchissables. Gi- qu’ils renferment (clos-masures, talus ou fossés cau- gantesques, monumentales, sculpturales, ces véritables chois, anciens vergers). L’imbrication de ces éléments murailles de craie blanche offrent un tableau de matières donne une qualité à ces secteurs habités. brutes, presque primitif. Apparemment immobiles et éternelles, elles sont pourtant des géants en constante Il existe un fort contraste entre le sentiment d’ouverture mutation. et de « lointain » qui domine au milieu des champs et la sensation d’intimité qui règne dans les lieux d’habita- Le trait de côte du territoire des Falaises d’Étretat - côte tions. Mais ce contraste tient plus de la complémentarité. d’Albâtre est un formidable témoin, une véritable coupe On vient chercher au cœur des hameaux ou des bourgs géologique présentée verticalement devant nos yeux. Les l’ombre qui manque dans les champs en été. On vient falaises sont surtout « visitées » parce qu’elles sont de aussi se protéger du vent, qui souffle sans limite sur les véritables « monuments naturels ». On emploie souvent étendues agricoles. pour parler d’elles les termes de « mur » ou de « mu- raille », on les qualifie de « sculptures », elles s’apparen- tent à une forme d’architecture dessinée par la nature.
Leur géomorphologie rare, leur couleur blanche, si lu- mineuse, leurs avancées dans la mer et leurs formes (arches), les aiguilles qui semblent s’en être détachées, leur donnent une renommée mondiale. Chaque pointe, chaque porte, chaque arche, chaque aiguille, chaque source est nommée. Elles sont alors familières et servent de point de repère pour les locaux. Au pied des falaises, la grève crayeuse est couverte de galets de silex, roulés et
12 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Aller voir la mer est un but en soi et la ligne de falaises qu’on atteint enfin est un véritable balcon sur la mer. C’est un lieu de contemplation, on y vient voir cet horizon, cet infini qui n’est pas un lieu pour l’Homme. Cet espace très pratiqué des randonneurs est aussi un fil tendu qui permet d’embrasser du regard une immensité d’eau confrontée à une immensité de terre. La mise en relation de ces deux éléments massifs que sont le plateau et la mer est évidente sur le rebord de falaise. Cette mise en relation, qui n’est ni tout à fait une confrontation, ni tout à fait un rapprochement, est résolument ce qui fait l’attrait et la force de cette partie du territoire.
1.3 Les vallées et valleuses : un lien entre terre et mer Si les vallées et valleuses constituent de manière globale un des visages de la personnalité du territoire, chacune a son propre caractère.
Urbanisées de manière dense, à l’image des vallées accueillant Étretat, Yport ou Fécamp ; jardinées comme les valleuses de Bruneval et de Vaucottes ; sauvages comme la valleuse du Fourquet ; semi-boisées ou boisées et naturelles comme la valleuse d’Antifer ou la valleuse d’Étigue ; elles ont cette particularité commune d’être des lieux d’accueil et les seuls accès à la mer, véritables liens physiques entre le plateau et la côte. Galets de Seine-Maritime De par leur forme naturelle, leur relief doux et leur végé- polis par les vagues et les courants. Si inconfortables sous tation arborée, elles constituent des havres, des refuges, les pieds, ils rendent la baignade sportive et vivifiante. véritables réceptacles d’une vie floristique et faunistique Le galet est devenu un véritable symbole pour le territoire. riche et préservée. À l’inverse du plateau, elles sont pré- D’une part pour l’histoire qu’il raconte, liée aux ramas- servées des vents forts et bénéficient d’un microclimat seurs de galets (le galet était utilisé comme matériau de plus favorable. construction une fois taillé, mais aussi par exemple dans Leur position en interface douce entre la terre et la mer la fabrication de la porcelaine), dont l’activité a largement a fait de ces vallées et valleuses, à l’exception des val- décliné dans les années 1970. Cette activité est aujourd’hui leuses du Fourquet et d’Antifer et du Fonds d’Étigue, des interdite puisque les galets constituent une véritable pro- lieux privilégiés d’implantation humaine. tection au pied des falaises et devant les valleuses aména- gées contre l’érosion et l’assaut des tempêtes. Les premières tribus dont les historiens et archéologues ont repéré des traces, ont trouvé là des sites privilégiés pour développer les trois activités qu’étaient la pêche, l’agriculture et le commerce. Véritables lieux de ren- contres et d’échanges, les vallées et valleuses ont vu se croiser les « terriens » (venant commercer ou pour cer- tains travailler sur la côte) et les gens de mer (pêcheurs, ramendeuses et ramasseurs de galets - aujourd’hui disparus, etc.), les agriculteurs, la population locale, les villégiateurs et touristes, les impressionnistes et leurs détracteurs, etc.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 13 2 Un territoire qui questionne sur notre rapport aux temps
Site grandiose par la monumentalité des falaises, l’im- mensité de la mer et des champs qui s’étendent à perte de vue, le territoire des Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre personnifie la jonction de diverses temporalités qui s’af- frontent, interagissent et se mêlent pour créer un pay- sage en transformation permanente, à la fois toujours le même, reconnaissable entre mille, et toujours différent. Les falaises, les vallées, valleuses et le plateau, consti- tués progressivement depuis des millions d’années, sont soumis à l’action des hommes qui les pratiquent depuis des millénaires, ainsi qu’aux changements très rapides des éléments (la mer, la pluie, le vent, etc.) qui les éro- dent, les façonnent, les éclairent de manière sans cesse renouvelée et modifient la vision et l’appréhension de ce territoire par sa population et par les visiteurs.
Certains lieux du trait de côte, nous rappellent l’immen- sité du temps géologique. Les falaises qui semblent im- muables peuvent pourtant, d’un instant à l’autre, s’effri- ter, se déliter, voire même perdre tout un pan de leur paroi sans qu’on puisse le prévoir. Cette nature défie la volonté humaine de prévoir et de temporiser les choses. Il est au- jourd’hui en effet impossible d’anticiper les éboulements de manière précise.
Les artistes, peintres, écrivains, musiciens, photo- graphes, cinéastes, etc. ne s’y sont pas trompés en pre- nant depuis longtemps ce territoire pour source d’inspira- tion ou modèle, tentant d’immortaliser par leurs œuvres le passageLES du temps VALLÉES sur le paysage, ET VALLEUSES essayant de capturer: Un lien entre terre et mer, 12 lieux intimes comme autant de lieux de vie et d’accès à la mer Entre Étretat et Bénouville l’insaisissable. Tous viennent, reviennent, s’installent parfois durablement sur la côte d’Albâtre, s’attachent à en explorer et représenter les différentes facettes, étudiant et documentant les évolutions des activités hu- maines, sociales et des modes de vie, travaillant le même sujet, notamment les falaises et le bord de mer, encore et encore, observant les changements de saisons, les transformationsSi les de lavallées lumière et d’heure valleuses en heure, constituent de minute en minute,de leursmanière effets surglobale le paysage. un des visages de Né dansla la premièrepersonnalité moitié du XIXterritoiree siècle, avecdes laFalaises volonté de certainsd’Étretat artistes – de Côte s’inspirer d’Albâtre, directement chacune de la naturea son dans leurspropre œuvres, caractère. et accentué par le développement de la villégiature, l’apparition du chemin de fer et les innova- tions techniques (chevalets et sièges pliants, tubes de peinture à bouchonsUrbanisées à vis, de etc.), manière l’attrait dense, des artistes à l’image pour la côte d’Albâtredes vallées a contribué accueillant à la renommée Étretat, de ceYport terri -ou toire à traversFécamp le monde ; jardinées et le temps. comme Ces paysages les valleuses sont aujourd’huide encoreBruneval associés et de aux Vaucottes peintures de; Monetsauvages et aux descriptions de Guy de Maupassant et de Maurice Sur le GR21, la valleuse de Vaucottes Leblanc.comme la valleuse du Fourquet ; semi- émerge du plateau. boisées ou boisées comme la valleuse 14 - Tome 1 : Led’Antifer projet - Opération ou Grand la Site valleuse Falaises d’Étretat d’Étigue - côte d’Albâtre ; elles ont cette particularité commune d’être des lieux d’accueil et les seuls accès à la mer, À l’exception de la valleuse du Fourquet, les vallées et valleuses du territoire des Falaises d’Étretat - Côte véritables liens physiques entre le plateau d’Albâtre ont toutes les versants boisés. Elles constituent donc de véritables écrins verts. Depuis le plateau, c’est et la côte. la végétation qui émerge de l’horizon qui nous indique leur présence.
Vue sur Étretat et son écrin boisé depuis la falaise d’Amont13 2 Un territoire qui questionne sur notre rapport aux temps
Site grandiose par la monumentalité des falaises, l’im- mensité de la mer et des champs qui s’étendent à perte de vue, le territoire des Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre personnifie la jonction de diverses temporalités qui s’af- frontent, interagissent et se mêlent pour créer un pay- sage en transformation permanente, à la fois toujours le même, reconnaissable entre mille, et toujours différent. Les falaises, les vallées, valleuses et le plateau, consti- tués progressivement depuis des millions d’années, sont soumis à l’action des hommes qui les pratiquent depuis des millénaires, ainsi qu’aux changements très rapides des éléments (la mer, la pluie, le vent, etc.) qui les éro- dent, les façonnent, les éclairent de manière sans cesse renouvelée et modifient la vision et l’appréhension de ce territoire par sa population et par les visiteurs.
Certains lieux du trait de côte, nous rappellent l’immen- sité du temps géologique. Les falaises qui semblent im- muables peuvent pourtant, d’un instant à l’autre, s’effri- ter, se déliter, voire même perdre tout un pan de leur paroi sans qu’on puisse le prévoir. Cette nature défie la volonté humaine de prévoir et de temporiser les choses. Il est au- jourd’hui en effet impossible d’anticiper les éboulements de manière précise.
Les artistes, peintres, écrivains, musiciens, photo- graphes, cinéastes, etc. ne s’y sont pas trompés en pre- nant depuis longtemps ce territoire pour source d’inspira- tion ou modèle, tentant d’immortaliser par leurs œuvres le passageLES du temps VALLÉES sur le paysage, ET VALLEUSES essayant de capturer: Un lien entre terre et mer, 12 lieux intimes comme autant de lieux de vie et d’accès à la mer Entre Étretat et Bénouville l’insaisissable. Tous viennent, reviennent, s’installent parfois durablement sur la côte d’Albâtre, s’attachent à en explorer et représenter les différentes facettes, étudiant et documentant les évolutions des activités hu- maines, sociales et des modes de vie, travaillant le même sujet, notamment les falaises et le bord de mer, encore Un attrait jamais démenti puisque les artistes, profes- et encore, observant les changements de saisons, les Si les vallées et valleuses constituent sionnels ou amateurs, reconnus ou non, continuent de transformations de la lumière d’heure en heure, de minute s’inspirer de la côte d’Albâtre et d’en produire des repré- en minute,de leursmanière effets surglobale le paysage. un des visages de sentations. la personnalité du territoiree des Falaises Né dans la première moitié du XIX siècle, avec la volonté De la même façon, les fêtes locales, religieuses ou de certainsd’Étretat artistes – de Côte s’inspirer d’Albâtre, directement chacune de la naturea son laïques, ont longtemps marqué la succession des saisons dans leurspropre œuvres, caractère. et accentué par le développement de et la périodicité des activités humaines : fêtes des mois- la villégiature, l’apparition du chemin de fer et les innova- sons, fêtes destinées à marquer les départs en mer des tions techniques (chevalets et sièges pliants, tubes de pêcheurs puis leur retour avec le produit de leur labeur, peinture à bouchonsUrbanisées à vis, de etc.), manière l’attrait dense, des artistes à l’image pour etc. la côte d’Albâtredes vallées a contribué accueillant à la renommée Étretat, de ceYport terri -ou toire à travers le monde et le temps. Ces paysages sont Les chants traditionnels, accompagnés de rituels Fécamp ; jardinées comme les valleuses (quêtes, repas, gerbes de blé tressées offertes à la maî- aujourd’huide encoreBruneval associés et de aux Vaucottes peintures de; Monetsauvages et aux descriptions de Guy de Maupassant et de Maurice Sur le GR21, la valleuse de Vaucottes tresse de maison à la fin des moissons, etc.), sont parti- Leblanc.comme la valleuse du Fourquet ; semi- émerge du plateau. culièrement représentatifs de cette saisonnalité et des boisées ou boisées comme la valleuse d’Antifer ou la valleuse d’Étigue ; elles ont Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 15 cette particularité commune d’être des lieux d’accueil et les seuls accès à la mer, À l’exception de la valleuse du Fourquet, les vallées et valleuses du territoire des Falaises d’Étretat - Côte véritables liens physiques entre le plateau d’Albâtre ont toutes les versants boisés. Elles constituent donc de véritables écrins verts. Depuis le plateau, c’est et la côte. la végétation qui émerge de l’horizon qui nous indique leur présence.
Vue sur Étretat et son écrin boisé depuis la falaise d’Amont13 liens avec le calendrier social et les travaux collectifs. Ainsi, les formulettes accompagnant la quête des « agui- gnettes » (étrennes et désormais gâteaux) marquaient la première partie de l’année tandis que les chants de début et de fin de moissons retentissaient en été. Les chants 3 de marins s’entendaient quant à eux en février, lors des départs en haute mer. Les danses accompagnaient lar- Un territoire qui se mérite gement ces chants, et notamment les rondes à trois pas telles que celles pratiquées lors de la fête des Rois, qui était la seule journée de congés des ouvriers agricoles dans l’année. Découvrir, redécouvrir et comprendre le territoire dans sa globalité et dans sa diversité, autrement dit dans ses Malgré la disparition ou presque de certaines activités, nuances, nécessite de le protéger et d’adopter une dé- ces fêtes continuent d’être célébrées (Saint-Pierre des marche volontaire, de fournir un effort à la fois intellectuel Marins par exemple) et les chants et danses traditionnels et physique et donc aussi de prendre le temps de visiter, qui les accompagnaient font aujourd’hui l’objet d’un tra- d’arpenter, d’expérimenter, d’explorer, d’observer, de vail de collecte, d’analyse et de transmission aux jeunes questionner, etc. générations dans le but d’empêcher la disparition de ce patrimoine immatériel. Par le plateau, vouloir atteindre le rebord de falaise, c’est se heurter à des voies en impasse, faire demi-tour, aban- donner ou laisser sa voiture et se dire qu’il faut marcher. Même par beau temps, le vent souffle souvent et peut rendre l’expérience pénible. Chercher un abri ou conti- nuer ? La récompense de ce que l’on trouve au bout du chemin est à la hauteur des efforts fournis. Un bout de terre et une vue sur l’infini de la mer qui semble n’appar- tenir qu’à nous. Prendre le temps d’expérimenter le territoire rend les lieux que l’on découvre infiniment plus précieux. Certains lieux uniques, confidentiels, ne peuvent être découverts qu’en sortant des sentiers battus. Sur ces treize communes formant le Grand Site, les patrimoines divergent, se rap- prochent et se répondent. Le territoire des Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre n’est pas d’un abord facile et il faut être patient, gagner sa confiance pour connaître toutes les facettes de sa per- sonnalité. C’est un territoire qui se mérite, un territoire à côté duquel on passerait si on ne prenait pas le temps de l’explorer, de le parcourir, de le découvrir. De l’éprouver presque. C’est en cela aussi que ce territoire se mérite.
16 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre 1 Le territoire de la démarche
Le territoire concerné par cette Opération Grand Site com- prend 13 communes littorales dont 2 sont rétro-littorales, B elles sont réparties sur 2 intercommunalités. La superficie Un monument du Grand Site est de 10 701 ha. Les limites communales marquent l’entrée dans le Grand naturel et culturel Site. En effet, les études de la démarche ont mis en avant une cohérence paysagère du plateau vers le littoral, ne justifiant pas une autre entrée. Il est aussi à noter qu’il protégé demeure une volonté des communes du territoire d’être entièrement incluses pour une cohérence d’actions sur leur périmètre. Ce territoire comprend : }} Les communes situées sur les Sites Classés concer- nés par l’affluence touristique (Étretat, Bénouville, Fécamp, Yport, Vattetot-sur-Mer, Le Tilleul, La Pote- rie-Cap-d’Antifer, Saint-Jouin-Bruneval), }} Les communes intermédiaires qui jouent un rôle im- portant dans la logique de site en termes de déplace- ment à l’intérieur du Grand Site (Bordeaux-Saint-Clair qui jouxte Étretat à son entrée, Froberville qui se situe sur la départementale entre Étretat et Fécamp, etc.) ou de paysage (Criquebeuf-en-Caux, Les Loges, Saint-Léonard). Même si le territoire est fréquenté de manière très dis- parate, les visiteurs convergent vers Étretat en venant par le sud de l’estuaire de la Seine, par le plateau via la route de Criquetot-l’Esneval ou par le nord de Fécamp. La démarche Grand Site a permis de mieux appréhender la diffusion et la gestion des flux de visiteurs avec les interlocuteurs concernés (Région, intercommunalités, etc.) et de mettre en commun les réflexions. Les actions proposées dans le programme d’actions permettront de mieux accueillir en diffusant à travers des modes doux et mutualisés de déplacement.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 17 2 Une protection à la hauteur de la renommée paysagère et environnementale du site
2.1 Les protections nationales Ces communes sont concernées par trois Sites Classés fortement fréquentés et un Site inscrit.
Communes Intercommunalités Site classé Site inscrit Littorale ou rétro-littorale
Criquebeuf-en-Caux littorale
Fécamp X littorale
Froberville rétro-littorale Fécamp Caux Saint-Léonard X littorale littoral Les Loges littorale
Vattetot-sur-Mer X littorale
Yport X X littorale
Bénouville X littorale
Bordeaux-Saint-Clair rétro-littorale
Étretat Communauté X X littorale de Communes du canton de La Poterie-Cap-d’Antifer X littorale Criquetot-l’Esneval
Le Tilleul X littorale
Saint-Jouin-Bruneval X littorale
18 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Le cap Fagnet à Fécamp
Le Site classé de la côte d’Albâtre Le Site classé de la valleuse de Bruneval Il suit la côte normande depuis les falaises qui dominent Il se situe sur les communes de Saint-Jouin-Bruneval et Yport et le vallon de Vaucottes, à l’Est, jusqu’en limite de de La Poterie-Cap-d’Antifer. Le site a été classé le 31 août la valleuse de Bruneval (également classée) à l’Ouest. Il 2006 pour son caractère historique. Le 27 février 1942, intègre les falaises d’Amont et d’Aval d’Étretat et la val- dans le cadre de l’opération Biting, des parachutistes leuse d’Antifer sur la commune du Tilleul et de la Poterie britanniques ont détruit un important radar sur La Pote- cap d’Antifer. Le site a été classé le 4 janvier 1979. La rie-cap d’Antifer, avec l’aide de membres normands de la partie terrestre du Site classé couvre 1 180 ha environ et la Résistance et ont rembarqué depuis la plage de Bruneval. partie maritime (classé le 28 mars 1979) 775 ha environ. En lien avec ce souvenir de la Résistance, Bruneval a été le lieu d’un fameux discours du Général de Gaulle, le Telles qu’elles ressortent du rapport de présentation de 30 mars 1947. classement du site rédigé par l’inspecteur des sites en 1977, les caractéristiques qui ont conduit à la protection de ce territoire sont les suivantes : Le Site classé de Notre-Dame-du-Salut à Fécamp Il se situe sur la falaise nord de la ville, appelé plus com- }} Les roches et falaises de la côte d’Albâtre à Étretat et munément cap Fagnet. La chapelle est dédiée aux marins sur les communes limitrophes, qui venaient y prier avant de partir en mer. À la grande }} Une « démonstration » géologique, époque de la pêche à la morue, des dizaines de marins perdaient leur vie tous les ans. Les peintures votives de }} Une diversité faunistique et floristique de première impor- marins rescapés accrochées aux murs de la chapelle tance tant sur le littoral que dans les vallées et valleuses, rappellent la dureté de la pêche à Terre-Neuve. La cha- pelle et ses environs ont été classés au titre des sites le }} La coexistence de formes architecturales carac- 27 juillet 1928. La chapelle est inscrite Monument Histo- téristiques : d’un côté les maisons anciennes des rique depuis le 15 janvier 1929. pêcheurs sur le littoral et les fermes du plateau et de l’autre le style balnéaire. Le Site inscrit de l’arrière-pays de la côte d’Albâtre Le site s’interrompt au niveau de la ville d’Étretat qui est protégée par un Site inscrit. Le centre-ville d’Étretat est, Il couvre principalement les parties urbanisées d’Étretat également, un site patrimonial remarquable depuis 2016. et d’Yport, les fronts de mer ainsi que les vallées et les coteaux boisés en amont de ces deux villes. Ce site a été inscrit le 16 juin 1978.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 19 Protections réglementaires 2.2 Les protections européennes et inventaires Le réseau Natura 2000 comprend 3 sites majoritairement marins sur le département de la Seine-Maritime : patrimoniaux }} Zone spéciale de conservation « Estuaire de la Seine », }} Zone spéciale de conservation « Littoral cauchois », }} Zone de protection spéciale « Littoral Seinomarin ». Le territoire du Grand Site est concerné par la Zone spé- ciale de conservation « Littoral cauchois » et la Zone de protection spéciale « Littoral Seinomarin ». La Zone de protection spéciale « Seinomarin » recouvre partiellement la Zone spéciale de conservation « Littoral cauchois », notamment sur la partie intertidale. Néanmoins, il s’agit de deux sites Natura 2000 bien distincts, ne portant pas sur les mêmes enjeux et dont les Documents d’objectifs (docob) ne sont pas au même stade et seront de toute façon distincts : }} élaboration à lancer pour la zone de protection spé- ciale par l’agence française de la biodiversité, }} animation du docob opérationnel depuis 2013 pour la zone spéciale de conservation par le conservatoire du littoral.
Le site Natura 2000 Habitats-Faune-Flore - FR2300139 « Le Littoral cauchois » La zone spéciale de conservation (ZSC) au titre de la di- rective « Habitats-faune-flore » a été désignée par arrêté préfectoral du 2 mai 2016. Ce site Natura 2000 occupe la majeure partie du littoral de Seine-Maritime. Il se caractérise par un domaine marin de côte rocheuse long de 130 km en pied de falaise et s’étendant jusqu’à l’isobathe de -10 mètres en mer. La zone marine est une zone de balancement des ma- rées constituée d’un platier rocheux où se développent des algues. La richesse de ce taxon est réelle puisqu’on trouve des espèces de chaque grande famille de végé- taux marins : algues vertes, brunes et rouges. Le site du Littoral cauchois a été déterminé de façon à prendre en compte les champs de laminaires de la zone infralitto- rale. Ces forêts marines (Laminaria digitata et Laminaria saccharina en majorité) constituent un milieu particuliè- rement riche car elles hébergent une flore et une faune variées : espèces benthiques, comme démersales et pé- lagiques. Cette variété est d’autant plus forte que la zone sélectionnée se caractérise par une variété de conditions abiotiques (profondeur, conditions hydrodynamiques). Le milieu marin est très riche du point de vue des habi- tats naturels avec notamment les récifs constitués de substrat calcaire (seule zone en France présentant cette particularité), la présence de champs de laminaires et de moulières. Il est à noter qu’il s’agit d’un habitat ciblé par la convention OSPAR « Communautés des calcaires du littoral ».
20 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 21 On note également la présence de certaines espèces de Natura 2000 Oiseaux - FR2310045 – mammifères marins d’intérêt communautaire, comme le « Le littoral seinomarin » Grand Dauphin (Tursiops truncatus - 1 349), le Marsouin commun (Phocoena phocoena - 1 351), le Phoque gris (Ha- La Zone de protection spéciale (ZPS) « Littoral seinoma- lichoerus grypus- 1 364) et le Phoque veau-marin (Phoca rin » d’une surface de 180 050 ha, s’étend d’un seul te- vitulina - 1 365). Leur comportement est souvent côtier, nant sur un peu plus de 70 km de linéaire côtier, depuis le et la faible largeur en mer du site n’exclut pas forcément port d’Antifer à Saint-Jouin-Bruneval jusqu’au cap d’Ailly leur présence. Toutefois, leurs observations sont très à Sainte-Marguerite-sur-Mer : ponctuelles, et les données sont essentiellement des }} À l’ouest de Veulettes-sur-Mer, le site comprend la données d’échouage. bordure du plateau terrestre sur environ 150 mètres, la Côté terrestre, les falaises crayeuses constituent un éco- falaise propice à la nidification des oiseaux marins, la système remarquable en Europe. Les valleuses, vallées plage, l’estran et s’étend jusqu’à la limite des 12 milles sèches débouchant sur la mer, sont souvent occupées nautiques, par des forêts de ravin constituant un habitat d’intérêt }} Le secteur à l’est de Veulettes-sur-Mer est quant à communautaire prioritaire. Certains secteurs boisés lui entièrement marin, couvrant l’espace depuis la sont très riches en habitats d’intérêt communautaire et limite des plus basses mers (zéro hydrographique des complètent le site sur la partie terrestre. Du point de vue cartes marines) jusqu’à la limite des 12 milles nau- des espèces d’intérêt communautaire, la faune marine tiques. (mammifères marins, poissons migrateurs) a contribué à la désignation du site. La superficie marine du site représente 99 % de sa superficie totale. Le site comprend 4 grands types de Le site présente également la particularité d’accueillir des milieux : le front de falaise et les pelouses littorales aé- chauves-souris, notamment une colonie de petits rhino- rohalines associées, les dépôts de galets situés en pied lophes repérés en hibernation et en chasse. de falaises, la zone intertidale puis la mer, atteignant la profondeur maximale de 33 m. L’intérêt écologique majeur du site « Littoral Seinomarin » justifiant sa désignation dans le réseau Natura 2000, est la présence d’oiseaux marins d’intérêt communautaire en grand nombre, migrateurs pour l’essentiel (article 4.2 de la directive oiseaux) ou ciblés à l’annexe I de la directive « oiseaux ». Cette ZPS comprend les deux principales colonies d’oi- seaux marins nicheurs de Seine-Maritime : au niveau du cap d’Antifer à la Poterie-Cap-d’Antifer et du cap Fagnet à Fécamp. De fait, cette Zone de protection spéciale, en plus d’être représentative et exemplaire de l’ensemble du littoral seinomarin, présente ainsi un intérêt national voire européen pour les espèces nicheuses. En outre, elle accueille des espèces d’intérêt communautaire en hiver- nage et en migration. La très grande majorité des effectifs hivernants au large du Pays de Caux se trouve chaque année dans ces secteurs et l’ensemble des oiseaux mi- grant au large du Pays de Caux passe par la ZPS, notam- ment au niveau d’Antifer. Au large des falaises, cette zone constitue également un secteur de migration important pour les oiseaux marins.
22 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre 2.3 Les sites du conservatoire du littoral et les Espaces Naturels Sensibles
Présentation de sites Le périmètre du Grand Site inclut trois sites qui sont la propriété du conservatoire du littoral : la valleuse de Bruneval, la valleuse d’Antifer et la falaise d’Amont. Ces deux derniers sites sont désignés pour partie en Espaces Naturels Sensibles depuis 2004 et le Département de Seine-Maritime en est le gestionnaire. Des actions fortes de gestion écologique sont mises en œuvre sur ces sites naturels : pâturage extensif, débardage, fauchage. Elles permettent de maintenir ouverts les milieux typiques de ces lieux d’exception du territoire et surtout contribuer à la qualité paysagère du Grand Site.
La falaise d’Amont Elle est constituée d’un plateau en sommet des falaises surplombant la ville d’Étretat, avec en arrière une côte boisée, pentue et ancrée sur le flanc d’une valleuse. La présence de falaises caractéristiques ainsi que le point de vue imprenable sur l’aiguille et l’arche d’Étretat (fa- laise d’Aval), en ont fait un site de notoriété mondiale. Cette renommée a fait que le site de la falaise d’Amont fut fréquenté par les plus grands artistes peintres impres- sionnistes du XIXe siècle. La frange côtière et les falaises constituent des habitats pour de nombreux oiseaux de mer. Le haut des falaises La falaise d’Amont à Étretat crayeuses est recouvert d’une végétation spéciale, adap- tée aux vents et aux embruns. La côte du Mont en arrière de la falaise d’Amont, avec ces ronces, ces massifs d’ajoncs et ses jeunes boisements offre quant à elle un territoire privilégié pour la nidification des petits passe- reaux.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 23 L’intérieur de la valleuse, avec ses milieux diversifiés de La valleuse d’Antifer et la valleuse du Fourquet pelouses, landes et boisements aux contours peu mar- La valleuse d’Antifer possède un riche passé d’évène- qués, peu rectilignes, constitue un îlot naturel en avant du ments historiques. Elle fut une voie sur laquelle chemi- plateau cultivé et bâti. Elle est une des rares à offrir une naient les exploitants de galets et les pêcheurs pour telle surface sans aucune construction ni équipement, sur accéder au littoral. Aujourd’hui, elle est consacrée à la la frange littorale de Seine-Maritime. Elle bénéficie d’un état préservation de la nature et à l’accueil du public. satisfaisant de conservation en termes de paysage. Outre son cadre paysager quasiment vierge d’aménage- La valleuse du Fourquet fait partie du site du conservatoire ment qui lui offre un caractère sauvage très fort, elle dis- du littoral de la valleuse d’Antifer et s’échappe sous le cap pose de richesses naturelles qui lui confèrent un intérêt d’Antifer où trône le Phare. C’est un site naturel qui donne national. Elle est protégée par la falaise et le débouché de accès au rivage de galets. Le coteau Est profite d’une dy- l’estran. namique végétale en libre évolution tandis que le coteau ouest est pâturé.
La valleuse d’Antifer – vue sur l’estran
24 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre La valleuse d’Antifer et la valleuse du Fourquet La valleuse de Bruneval FOCUS La valleuse d’Antifer possède un riche passé d’évène- Plus au sud, cette immense valleuse débouche sur un ments historiques. Elle fut une voie sur laquelle chemi- perré avec vue sur le port pétrolier d’Antifer. C’est une naient les exploitants de galets et les pêcheurs pour valleuse boisée abritant des cavités souterraines et leurs Des actions de accéder au littoral. Aujourd’hui, elle est consacrée à la chauves-souris. Certains boisements de ravins font par- préservation de la nature et à l’accueil du public. tie du patrimoine européen. La « non-intervention » est sensibilisation au paysage préconisée pour la gestion de ces milieux. Cette valleuse Outre son cadre paysager quasiment vierge d’aménage- contrairement aux autres est bâtie. et à la biodiversité sur les ment qui lui offre un caractère sauvage très fort, elle dis- pose de richesses naturelles qui lui confèrent un intérêt Espaces Naturels Sensibles national. Elle est protégée par la falaise et le débouché de l’estran. et l’estran Par le biais des visites guidées des Espaces Naturels Sensibles présents sur le territoire, un travail de sensi- bilisation à la biodiversité et à la fragilité des paysages s’organise auprès du grand public et des scolaires. Ces visites guidées mises en place depuis plusieurs années par le Département sur le Grand Site accueillent en moyenne 900 personnes par an.
En parallèle se déroulent des visites de découverte du littoral organisées aussi par le Département avec le tissu associatif local. Ces animations permettent de sensibiliser le grand public à la protection du littoral, de sa biodiversité et à la structure des falaises de craie qui font la renommée de ce territoire. Ces animations ac- cueillent jusqu’à 300 personnes par an sur les plages de Saint-Jouin-Bruneval, Le Tilleul, Étretat, Yport et Fécamp.
Ces opérations sont en lien avec l’action 8 du tome 2 : programmes de formation et d’animation de sensibilisa- tion aux paysages et aux ressources naturelles.
La valleuse d’Antifer – vue sur l’estran
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 25 La falaise d’Amont à Étretat
26 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre La falaise d’Amont à Étretat
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 27 Le Caux maritime correspond au secteur nord du pays de Caux du Havre à Dieppe. Il est défini comme une bande d’une dizaine de kilomètres de largeur qui s’enfonce dans les terres depuis le bord de mer. Ses principales caracté- 3 ristiques paysagères, définies dans l’atlas des paysages, La dynamique paysagère du se retrouvent dans le Grand Site : } territoire } Un plateau ouvert sur les horizons lointains de la mer, }} Les falaises, un paysage majestueux difficilement accessible, }} L’alternance entre plateau et vallées / valleuses, L’atlas des paysages de l’ancienne Haute-Normandie source de contrastes, (couvrant les départements de l’Eure et de la Seine-Ma- ritime), publié en 2011, met en évidence 7 grands en- }} Les vallées et les valleuses, des paysages intimes en sembles de paysages : limite du plateau, }} 1. la vallée de la Seine, }} Une agriculture simplificatrice du paysage, }} 2. le pays de Caux, }} Des villages issus du regroupement de maisons et }} 3. le Petit Caux, d’exploitations agricoles, }} 4. le pays de Bray et le territoire entre Caux et Vexin, }} Une urbanisation récente qui colonise le plateau, }} 5. le Vexin Normand, }} 6. le plateau de l’Eure, }} La production d’énergie, source de transformation des }} 7. les pays de l’ouest de l’Eure. paysages du Caux maritime. À l’intérieur de ces ensembles se distinguent 44 unités de paysage. L’atlas s’attache à décrire de manière détaillée chacune des unités de paysage de la Seine-Maritime et de l’Eure en faisant ressortir leurs caractéristiques principales, leurs valeurs paysagères, les risques et les problèmes qu’elles subissent. Le territoire concerné par l’Opération Grand Site appar- tient au pays de Caux et plus précisément au Caux ma- ritime (unité n° 11) d’où émergent « les vallées littorales » (unité n° 12).
28 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Carte issue de l’atlas des paysages
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 29 3.1 Des paysages façonnés par l’agriculture Un plateau ponctué par des noyaux habités Le phénomène d’extension urbaine (surtout observé Le plateau du Pays de Caux est un openfield où les talus sur la partie nord du territoire) est un enjeu prépondé- cauchois ne sont pas les reliques de zones boisées mais rant pour la qualité des paysages du plateau. Dans un ont été plantés, il y a des siècles, par les paysans cau- contexte de paysage ouvert, les projets d’extension pa- chois pour leur activité économique : villonnaire doivent être composés et réalisés au regard de la qualité des silhouettes de village et en prenant en }} tirer parti des sols agricoles très riches (parmi les compte la forte présence végétale dans la trame urbaine meilleurs d’Europe) en cultivant les céréales dans des traditionnelle. champs ouverts, La qualité des constructions (volumes, formes et cou- }} protéger du vent l’habitation, les vergers et les prairies, leurs) est également un paramètre important à étudier }} limiter l’écoulement de l’eau de pluie. tant d’un point de vue lointain que d’un point de vue proche (cohérence avec le bâti traditionnel brique-silex). Près de 80 % de terrains agricoles et 83 sièges d’exploi- tations couvrent le territoire du Grand Site. Cette activité, Les clos-masures, quant à eux, sont toujours visibles qui apporte, par nature, une contribution essentielle au mais ont peu à peu été transformés par l’évolution de maintien de la qualité des paysages, est un atout éco- l’agriculture (développement de l’agriculture intensive nomique mais aussi touristique et culturel à mettre en notamment et augmentation de la taille des machines et valeur et à faire découvrir aux habitants et aux visiteurs. des exploitations) et des modes d’habiter, transfigurant Avec le concours des communes et de la chambre d’agri- par là même le paysage. culture de Seine-Maritime, des actions sont déjà menées avec les acteurs agricoles du Grand Site depuis le lance- ment de la démarche : des randonnées de découverte des paysages agricoles et des produits locaux, des réunions d’information, un guichet unique agricole, etc.
Le plateau agricole à Bénouville
30 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Exemple de clos-masure
En ce qui concerne les clos-masures qui viennent former ment par le Département de la Seine-Maritime, dans le des noyaux habités, un des enjeux de leur conservation cadre d’une éventuelle inscription au patrimoine mondial (talus et ensemble intérieur) est de trouver de nouvelles de l’Unesco. À ce jour, le nombre de clos-masure sur le formes de valorisation pour leur production ou leur cadre territoire du Grand Site n’est pas connu mais un recense- de vie. Il s’agit donc de poursuivre le travail d’inventaire, ment est en cours au titre de la démarche Unesco. de documentation et de sensibilisation entrepris notam-
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 31 Ci-contre Comparaison des photos aériennes du secteur de La Poterie cap d’Antifer (1955 / 2012) : on note un élargisse- ment du maillage parcellaire très marqué. L’absence de structures arborées au sein de la trame agricole semble être une caractéristique historique au sein du paysage de plateau (absence de bosquets, présence uniquement autour des fermes, hameaux ou bourgs). Ci-dessous Comparaison des photos aériennes du secteur des Loges (1947 / 2012) : les observations sont similaires aux précé- dentes. La préservation des structures arborées autour des hameaux apparaît même plus marquée.
Comparaison des photos aériennes du secteur de Crique- beuf-en-Caux / Froberville (1947 / 2012) : La partie nord du territoire des Falaises d’Étretat - côte Saint-Léonard d’Albâtre est la plus concernée par le phénomène d’extension urbaine. On le remarque aisément sur la com- paraison ci-contre. Le bourg de Froberville a connu une augmentation de sa surface considérable. Le bourg de Criquebeuf également mais dans une moindre mesure. On voit également de nouveaux quartiers apparus en limite de Saint-Léonard. Cette dynamique d’évolution est un enjeu prépondé- rant pour la qualité des paysages du plateau. Dans un contexte de paysage ouvert, les projets d’extension pa- villonnaire doivent être composés et réalisés au regard de la qualité des silhouettes de village et en prenant en compte la forte présence végétale dans la trame urbaine traditionnelle. La qualité des constructions (volumes, formes et cou- leurs) est également un paramètre important à étudier tant d’un point de vue lointain que d’un point de vue Froberville proche (cohérence avec le bâti traditionnel brique-silex).
32 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Concilier le paysage, les activités agricoles et le développement urbain L’agriculture, l’élevage en particulier, joue un rôle majeur sur le territoire dans sa capacité à façonner les paysages du Grand Site. Cependant, sur les dernières années, les prairies tendent à disparaître en raison d’un contexte économique peu favorable à l’activité d’élevage. Elles subsistent au niveau des topographies les plus escar- pées aux endroits où la qualité agronomique des sols est la moins favorable aux grandes cultures. Le paysage agricole se transforme également sous l’effet de l’urbanisation. Les formes d’habitat traditionnel évo- luent vers des modèles standardisés. C’est une banalisa- tion des paysages qui s’est amorcée à grande vitesse : entre 2009 et 2015, 75 hectares d’espaces agricoles ont été artificialisés sur le territoire. L’évolution des outils et les politiques visant à optimiser la production ont probablement joué sur le parcellaire mais l’impact a été bien moindre dans ces paysages déjà ouverts, qu’ailleurs. Afin de préserver les paysages traditionnels, sans pour autant obérer son développement, un travail est néces- saire avec les acteurs de l’agriculture pour faciliter et garantir l’émergence de projets compatibles avec les caractéristiques du Grand Site et le modèle économique agricole. Les PLU et PLUi en cours constituent également des outils de projets sur lesquels, il faut mettre l’accent. En effet, les ouvertures à l’urbanisation et les aménage- ments futurs y sont encadrés. Les protections au titre des classements et la loi Littoral y sont d’ailleurs traduites.
Saint-Léonard
Criquebeuf-en-Caux
Froberville
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 33 FOCUS Association du monde agricole à la vie du Grand Site
Le guichet unique agricole En concertation avec les services de l’État, les services instructeurs des collectivités du Grand Site, la chambre d’agriculture et le CAUE, un guichet unique agricole s’est constitué en fin d’année 2017. Cette instance a vocation à accompagner les porteurs de projets agri- coles en amont (extensions ou créations de bâtiments Opérations du programme agricoles, etc.) des démarches administratives et à d’actions faciliter l’instruction ultérieure des dossiers. Ce guichet unique agricole est ouvert à tous les agriculteurs du Grand Site, en Site classé ou hors Site classé. Il permet d’assurer une bonne cohérence des projets avec les Action 2 : Guichet unique des agriculteurs du réglementations du territoire (Loi littoral, etc.). Grand Site
Cette instance est de nature à montrer que le Grand Action 8 : Programmes de formation et d’ani- Site n’est pas une contrainte mais une opportunité pour mations de sensibilisation aux paysages et le territoire, permettant d’engager des actions nova- ressources naturelles trices pour le paysage et les acteurs agricoles. Action 37 : Mise en tourisme des filières pêche et agriculture Les journées d’échanges agricoles Action 38 : Programme « filières courtes » Deux journées d’échanges agricoles autour des dé- marches Grands Sites ont été organisées avec l’as- Action 42 : Animations des groupes d’informa- sociation des paysans du Grand Site de France des tion et d’échanges pour les habitants et les Deux-Caps dans le Pas-de-Calais. La première journée acteurs socio-économiques s’est déroulée le 31 janvier 2017 avec une quarantaine de participants.
La deuxième journée s’est déroulée le 8 novembre 2017 avec le déplacement d’agriculteurs du Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre sur le territoire du Pas-de-Calais en présence des élus et de l’association des paysans. Cette action pilote et innovante a valeur exemplaire pour d’autres Grands Sites aux probléma- tiques agricoles fortes.
La randonnée agricole Depuis 2016, en collaboration avec la chambre d’agri- culture, un dimanche de juin, une randonnée agricole du Grand Site est proposée aux habitants et visiteurs, pour mettre en lumière la profession agricole et la fabri- cation des produits du terroir.
Tous les ans, un nouveau parcours, adapté à la ran- donnée familiale, est proposé sur une commune et sur une ou plusieurs exploitations. Les paysages agricoles sont liés avec un élément du patrimoine naturel ou bâti (Chapelle Notre dame de la Garde à Étretat - falaise d’Amont, Chapelle de Grainval à Saint-Léonard).
Cette action permet de valoriser le paysage agricole du territoire et de créer le lien entre les visiteurs et les agriculteurs.
34 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Randonnée agricole de juin 2017 – visite d’une ferme à Criquebeuf-en-Caux
Journée d’échange agricole de novembre 2017 - Visite d’une ferme aux Deux Caps
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 35 Entités paysagères du Grand Site
36 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 37 Entités paysagères du Grand Site
38 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 39 La valleuse de Grainval à Saint-Léonard et Fécamp en arrière-plan
40 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 41 Depuis la pointe du Chicard – Yport vers Fécamp
3.2 Des vallées et des valleuses aux Les problématiques du Fonds d’Étigue sont d’abord enjeux différenciés d’ordre hydraulique. Il existe en effet d’importantes ra- vines dans le fond de la valleuse. La valleuse étant très Les vallées et valleuses sont de véritables havres d’in- étroite, elle constitue en cas de fortes pluies, un véritable timité et d’harmonie, par la qualité des coteaux boisés, torrent. D’un point de vue paysager, le Fonds d’Étigue des milieux naturels sauvages et des villas balnéaires manque de gestion qui rend l’accès à la mer parfois peu qu’ils accueillent. Les enjeux portent sur la préservation avenant alors qu’elle offre un point de vue sur la mer et de ces caractéristiques ainsi que la limitation du mitage une entrée possible vers le sentier du littoral de part et des coteaux et l’effacement de points noirs sur les fronts d’autre de ses flancs. de mer. Pour la valleuse de Vaucottes, l’une des priorités est la La valleuse du Fourquet est un lieu sauvage, calme et très préservation et la mise en valeur de la qualité architec- peu fréquenté. Son évolution dépendra du projet d’ou- turale des villas ainsi que de la qualité de leur environ- verture au public du Phare d’Antifer mais il subsiste une nement paysager (jardins, arbres sur talus, etc.). Comme volonté locale commune de préserver cette valleuse. toutes les valleuses, Vaucottes est un endroit probléma- tique pour la gestion des eaux pluviales. La valleuse d’Antifer est un site où l’intervention de l’Homme est discrète et place le visiteur dans un contexte déconnecté du temps. L’un des projets est de poursuivre la connexion de cette valleuse avec Étretat et les autres sites forts du territoire par les chemins de randonnée sans pour autant compromettre la gestion qui est mise en œuvre.
42 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Les problématiques du Fonds d’Étigue sont d’abord d’ordre hydraulique. Il existe en effet d’importantes ra- vines dans le fond de la valleuse. La valleuse étant très étroite, elle constitue en cas de fortes pluies, un véritable torrent. D’un point de vue paysager, le Fonds d’Étigue manque de gestion qui rend l’accès à la mer parfois peu avenant alors qu’elle offre un point de vue sur la mer et une entrée possible vers le sentier du littoral de part et d’autre de ses flancs. Pour la valleuse de Vaucottes, l’une des priorités est la préservation et la mise en valeur de la qualité architec- turale des villas ainsi que de la qualité de leur environ- nement paysager (jardins, arbres sur talus, etc.). Comme toutes les valleuses, Vaucottes est un endroit probléma- tique pour la gestion des eaux pluviales.
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 43 3.3 L’érosion du littoral, une évolution 3.4 Les points de vue remarquables du naturelle du paysage Grand Site L’érosion côtière est un enjeu important pour l’accessi- D’un point de vue paysager, le seul moyen d’appréhender bilité à la mer par les piétons. L’anticipation du recul des le trait de côte dans sa globalité est de l’observer depuis falaises afin d’assurer la sécurité des promeneurs et ran- la mer. Cette possibilité est aujourd’hui très peu offerte au donneurs est une donnée importante. visiteur et reste à développer. Les falaises sont formées par des alternances de lits de À terre, le trait de côte propose une multitude de points de silex noirs et de craie très blanche, formées au Crétacé vue sur la mer et sur des points d’appels du territoire. Il Supérieur (entre - 100 millions et - 65 millions d’années). existe une relation visuelle très étroite entre Yport et Fé- Cette craie, rare au niveau planétaire, est friable et donc camp. Il est d’ailleurs possible d’observer les deux villes sensible à l’érosion. La mer sape inlassablement le bas depuis la Pointe du Chicard (en venant d’Étretat) quand des falaises tandis que la dissolution du sommet par on emprunte le GR21© en haut de falaises. l’eau de pluie altère la masse de craie. La conjonction de ces deux phénomènes érosifs conduit à un recul des Entre Yport et Saint-Jouin-Bruneval, les vues depuis le lignes de rivage et à une instabilité du trait de côte. haut des falaises sont plutôt portées vers la mer. Il y a peu d’avancées qui permettent de poser le regard sur un Elles peuvent reculer jusqu’à un mètre par an ou plus linéaire de côte important. Cette possibilité s’offre princi- selon les épisodes, rongées par la mer à leur pied par palement depuis le cap Fagnet à Fécamp, où le regard se vagues incessantes et infiltrées par les eaux du plateau. jette entre le Roc Vaudieu et l’Aiguille de Belval et selon Les éléments crayeux se dissolvent dans l’eau, lui don- les conditions météo jusqu’à la descente du chaudron à nant une couleur gris bronze laiteux caractéristique, tan- Étretat, qui offre elle-même une vue vers le cap Fagnet. dis que la partie dure, les morceaux de silex, sont roulés et érodés par le remous jusqu’à former des galets aux Les différentes « portes » à Étretat sont également, au- formes lisses et parfaites. tant de possibilités d’avoir des pointes de vue sur ce « Monument falaises » là où il est le plus échancré. Les études de la démarche, et un récent effondrement sur le littoral à Étretat (février 2018), ont conforté l’idée À Étretat et Yport, le stationnement au niveau du front de que l’érosion côtière est un enjeu important pour les amé- mer est malheureusement l’un des points noirs visuels et nagements sur le littoral comme pour le positionnement spatiaux que la démarche a décidé de traiter activement d’itinéraires de découverte (sentier du littoral, boucles de (transfert du parking de la falaise d’Amont, requalification randonnée, etc.). Il est convenu que l’évolution du recul du front de mer, etc.). du trait de côte doit faire l’objet d’un suivi dans le cadre de la démarche Grand Site pour concilier aménagement et sécurité des visiteurs et des habitants. Ce qu’il faut en retenir Dans cette logique, une intervention de l’enseignant- L’ensemble de ces points de vue pourra être chercheur, Stéphane Costa, a été faite auprès des élus du relié, de manière sécurisée, dans le cadre de Grand Site dans le cadre des études. Cette intervention la restauration du sentier du littoral, menée avait permis de mieux comprendre les phénomènes et par le Département de la Seine-Maritime, en d’intégrer l’aléa érosion dans la démarche Grand Site. lien avec l’itinéraire de Grande Randonnée GR21©. À ce jour, ce sentier n’existe pas ou n’est pas continu du fait de la présence de clôture ou d’élément naturel qui empêche le passage. Des liaisons seront à créer avec les boucles de randonnée des plateaux pour permettre aux visiteurs des connexions physiques entre le littoral, les valleuses et le plateau. Ces itinéraires de randonnée seront concertés avec les agriculteurs concernés et seront respectueux des activités agri- coles. Ils pourront principalement s’appuyer sur l’existant. Opérations du programme d’actions Action 17 : Développement des itinérances douces du Grand Site Action 20 : Accueil sur Yport Action 25 : Valorisation de la découverte par la mer
44 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre La descente du chaudron – falaise d’Amont
Le cap Fagnet à Fécamp
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 45 FOCUS Une action de sensibilisation aux paysages engagée auprès du Conseil des collégiens du Département C’est par l’intermédiaire du Conseil départemental des Collégiens, version junior de l’assemblée départemen- tale, qui rassemble au sein de cinq commissions des re- présentants titulaires et suppléants de chaque collège du département, qu’une 1re opération de sensibilisation au paysage du Grand Site a été engagée en 2017. Le choix s’est porté sur un travail auprès de la Commis- sion Environnement et Développement Durable.
Lors d’une séance de commission, une présentation de la démarche, des Grands Sites de France, puis un moment d’échange autour du territoire en mettant en avant les particularités ont été réalisés. Un atelier de sensibilisation à l’évolution des paysages dans les milieux ruraux et sauvages a aussi été proposé en salle auprès de cette commission.
Enfin cette collaboration s’est clôturée par une sortie pour découvrir le territoire, observer ses spécificités et comprendre tout l’enjeu de sa préservation et sa valori- sation. Tous les élus collégiens membres de cette com- mission ont désormais les premiers outils pour accom- plir leur devoir d’ambassadeurs du Grand Site. Un film a été réalisé au cours de cette sortie. Cette initiative sera renouvelée régulièrement auprès du Conseil départe- mental des Collégiens. Cette opération est en lien avec l’action 8 : Programmes de formation et de sensibilisa- tion aux paysages et ressources naturelles.
La valleuse d’Antifer
46 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Saint-Jouin-Bruneval
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 47 4 Un paysage en faveur de la transition écologique et énergétique
Le territoire, dont les atouts sont reconnus, doit aussi tirer profit de ses ressources pour engager sa transition éco- logique et énergétique et s’illustrer comme un modèle et un précurseur au niveau local et national. Le vent, caractéristique du site et constitutif de l’esprit des lieux, est une source de production d’énergie renou- velable à exploiter. Fécamp est déjà productrice d’électri- cité grâce à son parc existant de 5 éoliennes terrestres qui accompagne la bordure du plateau nord.
Un parc de 83 éoliennes en mer est en projet, entre 13 et 22 km au large Fécamp. La production envisagée équi- vaut à couvrir l’équivalent de la consommation domes- tique en électricité de plus de 770 000 personnes, soit plus de 60 % des habitants de Seine-Maritime. Les effets sur le paysage seront plus ou moins marqués suivant les points de vue (cf. montages http://parc-eolien-en-mer-de- fecamp.fr/le-parc-eolien-en-mer/simulation-visuelle/). Par courrier du 7 octobre 2013, le Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a donné son accord pour le lancement d’une Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre au Préfet de Seine-Mari- time et a précisé que « parmi les thèmes de travail, figure la cohérence entre l’Opération Grand Site et le projet éo- lien offshore en cours d’élaboration au large de Fécamp. Le collectif d’élus a souhaité que cet important projet énergétique soit traité comme une donnée à part entière du futur Grand Site, cherchant à en faire un atout pour l’avenir. La question paysagère devra être au cœur de cette réflexion ». Suite à cette demande, une convention a été établie dès 2015 entre le Département et la société éolienne Offshore afin de travailler de manière collaborative sur le montage et l’avancement des deux dossiers. La société éolienne Offshore a fait une intervention auprès des élus du Grand Site dans le cadre de la collégiale des élus afin de ré- pondre aux interrogations de ces derniers et préciser l’accompagnement que ce dernier pourra apporter sur la mise en œuvre de certaines opérations du programme d’actions du Grand Site. Au-delà de ces échanges, le futur parc éolien sera intégré aux éléments du paysage du Grand Site à découvrir, et à faire comprendre lors des actions de sensibilisation. Il permettra d’évoquer avec les habitants, les jeunes géné- rations et les visiteurs, les problématiques de la transition écologique, l’évolution des paysages, le patrimoine mari- time, etc. Éoliennes à Fécamp
48 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 49 Photomontage du parc Éolien de Fécamp Parc éolien en mer de Fécamp et Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre
50 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Photomontage du parc Éolien de Fécamp Parc éolien en mer de Fécamp et Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 51 5 Le cadre de vie du territoire, au-delà du Site classé
La structure urbaine du territoire se répartit entre bourgs, villages et hameaux séparés par de grandes étendues agricoles, de prairies et de zones boisées. L’architecture de ce territoire présente une diversité remarquable, mar- quée par le temps. On y trouve notamment des bâtiments anciens constitués de brique et de silex, des maisons à structures variées (maisons de pêcheurs, colombages, etc.).
Étretat – Front de mer
Fécamp – Front de mer
Les différentes époques ont marqué les formes urbaines du territoire, entre villas et jardins de villégiatures, habitat collectif, maisons individuelles, maisons de pêcheurs, etc. Les noyaux urbains ont ainsi conservé leurs ruelles étroites. Les bâtiments sont la plupart du temps alignés le long des voies. Des chemins viennent agrémenter le ré- seau viaire, tout comme les placettes des centres bourgs.
52 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Le port pétrolier du Havre à Saint-Jouin-Bruneval, mis en service en 1976, est la plus récente infrastructure liée à l’activité maritime créée sur le territoire. Ce complexe in- dustriel, port satellite du Havre, est installé en contrebas des falaises. Il est composé d’une digue principale de 3,5 kilomètres de long et de plusieurs cuves de stockage.
Ce qu’il faut en retenir Le paysage du Grand Site est une mosaïque d’éléments naturels, patrimoniaux et culturels se situant sur le Site classé ou en dehors. De par cette diversité paysagère, plusieurs acteurs interviennent et contri- buent à préserver et valoriser le territoire (conservatoire du littoral, Département au titre des Espaces Naturels Sensibles, chambre d’agriculture, etc.). Ce cadre de vie est à préserver car il fait la renommée du territoire. Opérations du programme d’actions Action 1 : Assurer la cohérence et la coordi- nation des acteurs pour la préservation des paysages et des milieux naturels du territoire du Grand Site Action 13 : Requalification du centre-ville et du front de mer à Étretat Action 14 : Requalification de la rue Eugène Erbran à Yport On note des influences diverses : Action 15 : Définition d’un programme de requa- }} patrimoine lié à l’industrie maritime (port pétrolier lification des RD940 et RD39 du Havre - Antifer), }} patrimoine portuaire (port de Fécamp, Yport, Étretat, phare d’Antifer), }} patrimoine de villégiature (stations balnéaires d’Étre- tat, d’Yport, de Fécamp), }} patrimoine architectural (villas et jardins de villégia- tures, maisons de pêcheurs, clos-masures), patri- moine culturel (Guy de Maupassant, Maurice Leblanc, Claude Monet), }} patrimoine de mémoire (bunker, blockhaus, mémorial de Bruneval, etc.), }} patrimoine religieux (Chapelle Notre-Dame-du-Salut, sémaphore de la Vierge, etc.).
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 53 Patrimoine du Grand Site
Patrimoine religieux et ex-voto Patrimoine militaire Église Notre Dame de l’Assomption d’Étretat-Avenue Blockhaus du Cap Fagnet (label XXe) Nungesser et Coli Valleuse et falaise de Saint-Jouin- Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Léonard Bruneval (opération biting) Chapelle Notre-Dame du Salut à Fécamp-Cap Fagnet Blockhaus le long de la côte Église Saint-Martin à Yport Phare d’Antifer – La Poterie Cap d’Antifer Édifices classés Monument Historiques Église Notre Dame de l’Assomption d’Étretat – Avenue Nungesser et Coli Patrimoine maritime Phare d’Antifer et Sémaphore de la Musée et espaces d’interprétation Vierge (Cap Fagnet à Fécamp) Clos Lupin – rue Guy Maupassant à Étretat Musée Nungesser et Coli/Musée du Patrimoine d’Étretat – Ensemble urbain maritime Falaise d’Amont Villégiatures Château Les Aygues à Étretat (inscrit MH) Maisons des pêcheurs Caloges d’Etretat et caïques d’Yport Lieux à investir Cabanes et cabinets de plage Chapelle Notre Dame d’Etretat - Falaise d’Amont Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Léonard Musée Nungesser et Coli/Musée du Patrimoine d’Étretat Ports Clos Masure « La sauvagère » - Le Tilleul Phare d’Antifer - La Poterie Cap d’Antifer
54 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Patrimoine religieux et ex-voto Patrimoine militaire Église Notre Dame de l’Assomption d’Étretat-Avenue Blockhaus du Cap Fagnet (label XXe) Nungesser et Coli Valleuse et falaise de Saint-Jouin- Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Léonard Bruneval (opération biting) Chapelle Notre-Dame du Salut à Fécamp-Cap Fagnet Blockhaus le long de la côte Église Saint-Martin à Yport Phare d’Antifer – La Poterie Cap d’Antifer Édifices classés Monument Historiques Église Notre Dame de l’Assomption d’Étretat – Avenue Nungesser et Coli Patrimoine maritime Phare d’Antifer et Sémaphore de la Musée et espaces d’interprétation Vierge (Cap Fagnet à Fécamp) Clos Lupin – rue Guy Maupassant à Étretat Musée Nungesser et Coli/Musée du Patrimoine d’Étretat – Ensemble urbain maritime Falaise d’Amont Villégiatures Château Les Aygues à Étretat (inscrit MH) Maisons des pêcheurs Caloges d’Etretat et caïques d’Yport Lieux à investir Cabanes et cabinets de plage Chapelle Notre Dame d’Etretat - Falaise d’Amont Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Léonard Musée Nungesser et Coli/Musée du Patrimoine d’Étretat Ports Clos Masure « La sauvagère » - Le Tilleul Phare d’Antifer - La Poterie Cap d’Antifer
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 55 1 Les études de la démarche Grand Site
1.1 Le déroulement des études De mai 2014 à fin 2016 se sont déroulées les études de la C démarche, en maîtrise d’ouvrage départementale et en Le diagnostic concertation avec les acteurs locaux. Elles ont fait l’objet d’un cofinancement du Département (50 %), de l’État (40 %) et des communes concernées (10 %) pour un du territoire montant de 228 474 €. Les études furent marquées par trois phases clôturées par un Comité de pilotage coprésidé par l’État, le Dépar- tement et le représentant des élus du Grand Site. Ces phases ont permis d’acter l’élaboration de documents fondamentaux pour la démarche : }} un livret d’esprit des lieux, synthétisant ce qui fonde l’identité remarquable et unique du Grand Site : valida- tion au comité de pilotage du 22 mai 2015, }} un schéma d’interprétation qui définit la stratégie de valorisation de l’ensemble des potentialités du Grand Site : validation au comité de pilotage du 16 juin 2016, }} un schéma des déplacements qui propose des orien- tations pour la gestion des flux et un programme d’actions, feuille de route opérationnelle du Grand Site (présenté dans le tome 2) : validation au comité de pilotage du 27 janvier 2017. Lors de la présentation de ce programme d’actions au comité de pilotage du 27 janvier 2017, il fut précisé que ce document évoluerait dans sa forme et que les priorités seraient aussi affinées pour constituer le projet du Grand Site. Ces études furent rythmées par des groupes de travail, des comités techniques et comités de pilotage. Elles ont permis aux élus et techniciens de mettre en commun leur connaissance du territoire et de faire converger les attentes en faveur de la protection du paysage, de la gestion des flux et du maintien de l’économie touristique tournée vers un tourisme durable et de qualité. Elles furent un temps précieux et nécessaire de la dé- marche, permettant ainsi de fédérer le territoire autour de son « Paysage ». Ces études ont aussi permis aux élus de s’approprier la démarche et de pouvoir l’expliquer à leur population avec l’aide du Département et des services de l’État. La synthèse du diagnostic et des enjeux soulevés lors des études, est présentée ci-après.
56 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre La plage d’Yport FOCUS Les journées du paysage du conservatoire du littoral sur le Grand Site Le conservatoire du littoral a réalisé en 2014, une ses- sion de sensibilisation à la prise en compte des « pay- sages » dans les projets de protection et valorisation de ses sites. Cette action s’est tenue sur le Grand Site, avec les équipes du conservatoire du littoral, les ges- Phare d’Antifer – La Poterie-Cap-d’Antifer tionnaires de ses sites naturels et différents partenaires concernés par la démarche Grand Site.
Un premier jour était consacré à des échanges en salle, afin de mieux s’approprier le guide « les paysages du conservatoire du littoral, de la reconnaissance au pro- jet » et de bénéficier des explications de deux profes- sionnels Alain Freytet et Tim Boursier Mougenot. Le se- cond jour s’est déroulé sur le terrain, afin de développer une approche sensible des abords du phare d’Antifer et de la chapelle d’Étretat. Ces deux bâtiments s’insérant pleinement dans les sites respectifs du conservatoire du littoral : valleuse du Fourquet et falaise d’Amont.
Suite à ces journées, le conservatoire du littoral a rédi- gé un document permettant de faire un état des lieux du paysage sur ces sites et proposant des actions pour révéler l’esprit des lieux du territoire (transfert du parking de la falaise d’Amont, mosaïque d’habitat à préserver, favoriser les itinéraires intégrés au territoire, etc.). Ce document s’appelle « Pistes et intentions pay- sagères, contributions du conservatoire du littoral à la démarche Grand Site ».
Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre - 57 1.2 Les actions existantes de protection du littoral L’ensemble de cette façade littorale, fait l’objet d’une at- 2 tention particulière et d’actions pour la protéger, gérer et valoriser son patrimoine. Les enjeux de la fréquentation Ces actions qui sont déjà existantes sur le territoire pro- soulevés lors des études fitent au Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre et sont des leviers pour la mise en œuvre du programme d’actions du Grand Site. Elles ont été recensées lors des études de la démarche : Le littoral du Grand Site est un espace attractif qui subit des dégradations liées à la forte fréquentation sur le Site }} La promotion de l’itinérance douce menée sur l’en- classé. L’un des objectifs du Grand Site est de permettre semble du littoral grâce à l’itinéraire européen de la la découverte d’un territoire unique, au-delà des falaises véloroute du littoral, la véloroute du lin, la voie verte, d’Étretat, contribuant ainsi à répartir les visiteurs sur un le vélorail des Loges, le train touristique des Loges périmètre plus important afin d’en limiter l’impact. vers Étretat, les itinéraires de randonnée (pédestres, équestres, etc.), Sur le Site classé, des lieux phares du territoire souffrent de cette forte fréquentation touristique, telles que les }} La restauration du sentier du littoral par le Départe- falaises d’Aval et d’Amont à Étretat. D’autres territoires ment, assurant la valorisation et la découverte des réussissent à maintenir un état satisfaisant de leur pay- paysages littoraux, sage, par les moyens de gestion mis en place : le cap }} La politique d’acquisition, d’aménagement, de ges- Fagnet, la valleuse d’Antifer, la valleuse de Bruneval. tion et d’ouverture au public de sites littoraux par le Hors Site classé, on note les difficultés de circulation et conservatoire du littoral et le Département via sa poli- accessibilité dans le bourg d’Étretat, le bourg d’Yport, la tique Espaces Naturels Sensibles, gestion des flux à organiser pour accéder au phare d’An- }} Les activités nautiques, de pêche et portuaires et le tifer, les répercussions sur les communes voisines (Le patrimoine maritime sont reconnus et soutenus par Tilleul, Les Loges, Bénouville, Bordeaux-Saint-Clair, etc.), les acteurs socio-économiques parce que vitales pour le stationnement sauvage des véhicules légers, des auto- le territoire, cars ou encore des camping-cars. }} La gestion intégrée du trait de côte par le Départe- Ce qui rend ce territoire particulier, c’est qu’il présente ment, qui entretient un parc de plus de 150 ouvrages un paysage exceptionnel, dont la beauté du « monument de type digues, perrés, épis, enrochements, est falaises » crée une émotion et une contemplation de re- conduite pour une prise en compte des risques ma- nommée internationale. Dans le même temps, il subit des jeurs, et dans le même temps permettre l’accès aux pressions très fortes dues à sa notoriété que la démarche plages à tous (travaux d’entretien, de réhabilitation, Grand Site traite actuellement. des différentes digues promenades départementales comme à Étretat, Yport, Fécamp, etc.). L’étude de fai- sabilité d’une gouvernance littorale dans le cadre de la GEMAPI (milieux aquatiques et inondation), menée conjointement par le Département et l’État, dont la structure qui en découlerait est envisagée à être mise en place à partir 2020, }} Le réaménagement des exutoires des fleuves côtiers en cours de réalisation pour permettre la libre circula- tion des poissons migrateurs, }} Le soutien aux associations œuvrant pour la protec- tion, l’entretien, le suivi et la sensibilisation et l’éduca- tion à l’environnement littoral.
58 - Tome 1 : Le projet - Opération Grand Site Falaises d’Étretat - côte d’Albâtre Tableau 1 2.1 Les caractéristiques La raison de leur présence : de la fréquentation du Grand Site Personnes Catégorie interrogées % La fréquentation est très inégale sur ce territoire avec Randonnée 1 0 % une forte prévalence de fréquentation à Étretat et sur l’actuel GR21© qui longe le littoral. Les estimations Travail 2 1 % couramment données sur la fréquentation des falaises Congé itinérant 2 1 % d’Étretat au niveau des portes d’Amont et d’Aval sont de Résidence secondaire 8 3 % 1 million de visiteurs par an. C’est un chiffre considérable, étant donné la surface du secteur concerné par cette Excursion à la journée depuis fréquentation. Plusieurs lieux ouverts au public font le domicile 34 15 % l’objet d’un comptage du nombre de visiteurs qui permet Séjour 61 26 % de suivre cette fréquentation : l’Office de tourisme Excursion depuis le lieu de d’Étretat, le Clos Arsène Lupin, le Vélorail Les Loges- vacance 61 26 % Étretat et le Musée de Fécamp. Résident 65 28 % Les études de la démarche ont mis plusieurs points en Total 234 100 % avant concernant cette fréquentation : Les résidents secondaires sont faiblement représentés. }} L’indice journalier de fréquentation est estimé à 100 Par contre, les séjours, sont la catégorie qui est la plus en moyenne journalière annuelle. Il est constaté une élevée, elle représente plus de la moitié de la fréquenta- très forte saisonnalité de l’indice 2 à l’indice 400 en tion. période de forte affluence. En parallèle, l’analyse de l’emploi touristique au niveau régional montre la très En matière d’activité de séjour la plupart sont venus forte saisonnalité de cette activité en Normandie, plus pour : Tableau 2 marquée que sur la moyenne française. Normandie Midi de la France Nord de la France Autres régions Région Parisienne Européens Département de la }} Se reposer en bord de mer : 10 % Seine-Maritime }} La majorité des personnes se rendant sur Étretat uti- }} Visiter les falaises et se reposer0,02 en bord de0,04 mer : 27 % 0,05 0,08 0,15 0,28 0,38 lise comme mode de déplacement la voiture (total de 86 %) et de manière générale, les principaux axes }} Visiter les falaises : 59 % d’accès au centre-ville sont saturés aux heures de pointe en été et pendant certains week-ends. Leur localisation : } } Il a ainsi été recensé au niveau d’Étretat : Majoritairement, les visiteurs sont originaires du départe- }} Journées normales : flux de 4 500 véhicules par ment de la Seine-Maritime et plus largement de l’Europe. jour, Les visiteurs franciliens ne représentent que 15 % des personnes interrogées. }} Journées chargées : flux de 6200 véhicules par jour, Midi de la France 4 % }} Pointes exceptionnelles : flux de 8 600 véhicules par jour. Nord de la France 5 % Le trafic se compose de 88,4 % de véhicules légers, de Normandie 0,4 % de poids lourds et cars, et de 11,2 % des deux 2 % Autres régions roues. 8 % Département de la Seine-Maritime En août 2014, dans le cadre des études, plusieurs en- 38 % quêtes ont été effectuées sur le Grand Site (234 enquêtes Région Parisienne sur 22 lieux différents du territoire, entre Saint-Jouin-Bru- 15 % neval et Saint-Léonard) pour mieux identifier et com- prendre le flux des visiteurs. Les graphiques ci-dessous sont issus de ces enquêtes. Européens 28 %
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