COLLECTION PORTRAITS LITTÉRAIRES dirigée par P. M. de BIASI - Y. CHEVREL - M. COLLOT - J-L. JOUBERT

Arthur Rimbaud

par Jean-Marie Gleize

HACHETTE H Supérieur Couverture : Arthur Rimbaud par Ernest, © ADAGP.

ISBN 2-01-018717-2 -Livre, 1993, 79 Bld Saint Germain 75006 Tous droits de traduction, de reproduction et d 'adaptation réservés pour tous pays. Rimbaud comme

Essai

pour Jacques Roubaud

les ressemblances le gênaient il parlait de cette impossibilité de mentir Claude Royet-Journoud

Prologue Jadis, si je me souviens bien, Rimbaud était un poète maudit. Il était l'homme aux semelles de vent. Et puis, l'auteur du Bateau ivre et du Dormeur du val. Un de mes meilleurs souvenirs d'enfance (poétique) est ce jour où je me suis aperçu que les lettres initiales du dernier tercet de ce poème (le Dormeur) faisaient verti- calement le mot LIT. Ensuite, j'avais l'impression d'être autorisé à lire indifféremment «dans un trou de verdure» ou «dans un trou de vert dur», et plus bas, «lit vert» ou «l'hiver», etc. Le texte se met- tait à tourner. Ce fut ma première «hallucination des mots». Sinon, je n'ai jamais pu voir une mosquée à la place d'une usine, ni rien de ce genre. J'ai envie de dire : au contraire. Et mon débat avec Rimbaud n'a peut-être jamais cessé de concerner cela. Ou bien cul- ture et transmission de l'hallucination simple, l'hallucination ver- bale pouvant à la rigueur servir de relais, de moyen, de tremplin. Et jouissance panique à tout ce qui en résulte. Ou bien, mais c'est plus difficile à dire, à décrire, à justifier : pratique de la poésie (étude, calculs, séance des rythmes) jusqu'à ce qu'on parvienne à écrire en prose, jusqu'à «la morale et la langue réduites à leur plus simple expression, enfin !» C'est le sujet, ou la raison, de ce livre. Qui n'est pas une présen- tation de Rimbaud . Qui est une traversée intempestive, partiale et sans précautions, d'un texte consulté «de main nocturne et jour- nelle», pour y trouver quelque chose. Cela ayant à voir avec le quelque chose et le sans fin et le minage dont parle Rimbaud au second de ses Déserts de l'Amour : «minant sans fin quelque chose». Cette phrase serait un beau titre. Elle est simplement belle, c'est-à-dire juste, comme le titre qu'il me faudrait. Coïncidant au sans fin dont ces lignes ne pourront être qu'un fragment. Il est inutile, dans ces conditions, de préciser que je ferai comme si, contre toute superstition scolaire, et contre toute liturgie scienti- fique ou idolâtrique, tous les énoncés de Rimbaud n'avaient pas le même poids. Ils n'ont pas le même poids pour moi, au moment où j'écris. Certains sont inépuisables. D'autres nuls. Le fait même de la lecture permanente permettant à ces poèmes ou segments de poèmes, ou phrases, d'échanger leurs places, de re-devenir nuls ou inépuisables, selon. Il s'agit de valeurs d'usage. Rimbaud me parle de cette impossibilité de mentir. Rimbaud comme.

Hugo Pratt, Les Éthiopiques, © Casterman, 1978.

1. Qui n 'est pas d'abord, pour son auteur, une simple «présentation» de Rimbaud. Qui, en terme d engagement personnel, d'engagement d'écriture, représente pour son auteur beaucoup plus qu'une simple «présentation». Agencé toutefois de façon telle qu'au terme de son usage Rimbaud soit «présenté» à son lecteur. Et même rendu présent, s'il se peut. 2. «Il parlait de cette impossibilité de mentir». Ce vers de Claude Royet-Journoud (Le Renversement, Gallimard, 1972) vient ici en épigraphe. Selon moi il parle de la poésie comme refus des doubles. Il y a la poésie qui est l' exercice du mensonge, la production à volonté de la féerie des doubles. Et celle qui est au contraire l' expérience de l'impossibilité du mensonge. Sous certaines conditions la poésie est même la seule forme de «littérature» ou d'expression qui ne mente pas. Rimbaud ne veut rien d'autre que la vérité et la réalité c'est-à-dire la délivrance. Commencements «Rimbaud (Arthur), poète français, né à Charleville (1854-1891). Génie d'une précocité extraordinaire, il avait, à dix-neuf ans, donné toute son œuvre ; se révoltant contre toutes les traditions, il cherche à exprimer, dans sa poésie, l'absolu des choses ; il eut une grande influence sur Verlaine et le symbolisme. On lui doit : Le Bateau ivre, Les Illuminations, Une Saison en enfer. De vingt ans à sa mort, il mena une vie d'aventurier.»

Par lui-même, le 17 avril 1871 : «Ne sachant rien de ce qu'il faut savoir, résolu à ne faire rien de ce qu'il faut faire, je suis condamné, dès toujours, pour jamais.»

Écrire de Rimbaud après le dix novembre mille neuf cent quatre vingt onze est un peu étrange. Il vient de mourir à cent trente sept ans. Il vient de remourir. On le voit dans les cimetières : après la cérémonie la tombe dis- paraît sous les fleurs, étouffée. Le silence de Rimbaud est de plus en plus fort. Plus nous parlons de lui, plus nous écrivons de lui, plus son silence est audible, puis- sant, impressionnant. Est-il possible dès lors de faire comme si de rien n'était ? Comme si rien de tout cela (célébrations, biographies, nouvelles gloses savantes, œuvres «complètes» etc.) n'avait eu lieu ?

Peut-être. D'un côté : plus nous parlons de et pour lui, plus nous parlons à sa place, plus son silence est terrible. Mais d'un autre côté : jamais nous ne parviendrons à le faire taire. Rien ne peut le faire taire. Ou bien l'effacer.

D'où vient-il ? Se peut-il que nous ayons besoin de lui ? Comment ? S'il continue de parler malgré nous, en nous, comment et où le rejoindre ? Toutes ces questions je les sens maladroites, incorrectes, inconvenantes, impertinentes, à côté de ce qu'il fau- drait. Pourtant, je n'en ai pas d'autres, ou d'autres formules. Seules l'insistance de Rimbaud, la certitude qu'il survit en moi-en nous à sa re-mort, me poussent, me contraignent. Je ne suis jamais allé à Charleville, bien sûr

Il n'y a pas de commencement. En voici un : l'adjectif «brutal». C'est dans Les poètes de sept ans que j'ai d'abord (je parle ici d'une chronologie personnelle) rencontré ce mot, au centre du poème (c'est vrai, presque au centre, vers 38, quand il y a 64 vers dans ce texte) : il s'agit du saut, sexuel, de la «petite» (huit ans), sur le dos de l'enfant (sept ans) «en secouant ses tresses» : corps à corps, coups (de poings et de talons), morsure (aux fesses), «saveurs de la peau»... Et puis je l'ai retrouvé dans les Trois bai- sers : «Elle», assise et mi-nue «eut un doux rire brutal». Puis encore aux Réparties de Nina : «Lui», devant elle riante (toujours d'un «rire fou») est dit sur le point de la prendre, «brutal d'ivresse». Raturé enfin (sur les conseils du professeur Izambard) à la conclusion du poème À la musique : «Et mes désirs brutaux s'accrochent à leurs lèvres.» J'en déduis que brutal est de part et d'autre, lui ou elle, violence et douceur, et désir et ivresse. Brutal est donc et restera pour moi un mot «rimbaldien», à sens double, à double sexe (comme il est écrit du satyre à la poitrine de cythare dans Antique), lié à ce mystère de la douceur et de la douleur qui est à la fois, indissolublement, de Rimbaud à Anne-Marie Albiach, celui de l'amour et de la poésie.

Autre : Il m'est arrivé d'écrire que je me suis d'abord imaginé la littérature à partir de ces mots, que je ne «comprenais» pas : Un hydrolat lacrymal lave. Ou plutôt : la poésie. Ou plutôt : la littéra- ture comme, nécessairement : la poésie. C'est-à-dire : cette façon qu'a le langage de s'imposer, et de s'opposer, de «faire résonner le son-sens ; la sonorité qui crée ce bizarre environnement atmosphé- rique chargé d'un sens irréductible au sensé» (Bernard Noel). Ainsi, dans le souvenir que je dis : un ciel vert (chou) lavé par un

1. Contrairement à Alain Borer je ne crois pas utile de me rendre sur les lieux. Rimbaud a lieu ici- maintenant où je suis (en train de le lire). Tout le reste relève d'un tourisme douteux, ou d'une fausse idée de la présence. Pour être présent, et le devenir, chacun sait que Rimbaud n'était jamais là. 2. Léman, édition du Seuil, Coll. Fiction & Cie, 1990, p.27. bruit de langue, premier : un hydroLAT LAcrymAL LAve... : lallation, la-la-la, l.a. la, l'énergie insensée d'un départ. Plus loin, plus tard, la découverte des mots «étrangers» au milieu du poème, leur impé- rieuse nécessité, évidence, trouant à chaque fois le tissu, le wasser- fall blond, le steerage, le long pier en bois, le strom, le cœur ambre et spunk, jusqu'au fragment absent de tout lexique, dont les plus judicieux érudits peuvent à perte de vue justifier la présence, ima- giner le sens. En vain. Ce mot, à lui seul, figure la langue-la poésie telles qu'elles apparaissent à Rimbaud, puis au lecteur de la langue-Rimbaud, telle aussi que Rimbaud la rend, nous la rend : étrangère (brutale ?) : «BAOU».

J'ai prononcé le nom d'Anne-Marie Albiach. On cherche sou- vent à savoir ce qui de Mallarmé ou de Rimbaud ou d'autres de nos «classiques» parle dans la poésie contemporaine. J'aurais tendance à l'inverse (cela revient-il au même ?) à lire Rimbaud à partir de cette poésie qui m'est proche. C'est elle qui me rend Rimbaud lisible. L'érotisme flammigère, androgyne, d'Anne-Marie Albiach, la théâtralité «vocale» de Mezza Voce, sont, par exemple, d'excel- lents introducteurs à l'espace scénique, polytopique, centrifuge, des Illuminations. Lorsqu'en 1963, à Londres (précisément), avec Michel Couturier, Claude Royet-Journoud décide de créer une revue, il l'intitule Siècle à mains. Au même moment, à Paris, d'autres jeunes gens se situent par la référence à Paul Valéry : Tel Quel. C'est drôle : ceux qui vont devenir des écrivains-théoriciens très politisés, s'élancent d'abord en référence à la littérature «comme telle» ; ceux qui, au contraire, vont passer pour des poètes au moins très soucieux de l'autonomie formelle de l'énoncé poé- tique (jusqu'à l'«obscurité»), font référence au «siècle», et, par ce titre, à ce qui, chez Rimbaud, lie étroitement poésie et histoire, et société, et refus de participer à cet ordre-là : celui du travail, de la profession, des différentes «mains» (à plume, à charrue et autres). La poésie pensée en même temps que la grève (Rimbaud : «je suis en grève». Et dans la Saison : «J'ai horreur de tous les métiers»).

Autre : Rimbaud est celui qui intitule Roman un poème en vers et Sonnet un poème en prose. À partir de quoi il n'y a plus qu'à tirer la langue. Question : Y a-t-il quelque chose comme la «poé- sie» ? Y a-t-il lieu d'utiliser un de ces termes (poésie, poème, roman, prose, etc.) ? Que se passe-t-il après épuisement du sens de ces mots (après leur confusion systématique) ? Nous ne sommes pas sortis de cette question. Nous (ou peut-être, seulement, certains d'entre nous), cherchons à la formuler clairement, avec toute la netteté possible. Ça n'est semble-t-il pas si facile. Certains vou- draient que la poésie ne cesse de coïncider avec elle-même (c'est- à-dire avec ce qu'elle fut), ou d'autres, au moins, qu'elle ne cesse de se distinguer (de tout autre façon d'utiliser ou d'habiter le lan- gage). Rimbaud : Y a-t-il la poésie après la poésie ? Qu'y a-t-il après la poésie ?

Le pire : que la phase de célébration ait pu se dérouler sans fausse note. Rimbaud identifié (officiellement et populairement) à la Poésie. Une telle identification, un tel accord (consentement communautaire) ne pouvait se fonder que sur un (et même plu- sieurs) malentendu(s). Quant à Rimbaud, et quant à la poésie. Si telle ou telle question (celles du paragraphe précédent, et d'autres non moins abruptes, qui leur sont liées : Y a-t-il une poésie (pos- sible) après Rimbaud ? Quelle poésie y a-t-il après Rimbaud ?) peut être posée, elle ne peut l'être qu'au prix de l'ouverture de quelques fronts supplémentaires sur le champ de bataille. L'espace littéraire n'est pas un espace neutre. Pourquoi ceux qui détestent Rimbaud se sont-ils tus ? N'avaient-ils rien à dire ? Il aura donc suffi, par exemple, qu'un idéologue fin-de-siècle (le nôtre), s'avise d'écrire le fond de sa pensée : Rimbaud est un «douteux mélange d'archaïsme, de naïveté, de naturalisme, de candeur» ; l'essentiel de ses «dogmes» (voyance, enfance, innocence, immédiateté, exo- tisme-orientalisme) relève de mythologies «éculées» (voire dange- reuses), d'une inspiration «régressive et niaise». On respire ! Même s'il suggère - il ne faut pas désespérer les lecteurs - qu'il y a Rimbaud et Rimbaud, les poèmes (magnifiques, bien sûr) et le dogme (fondamentalement inacceptable), et propose un contre-poi- son (Baudelaire), il aura osé proclamer - en un contexte bien inti- midant -, et quelle que soit sa propre naïveté sur le fond, ou, ce qui revient au même, sa relative méconnaissance de Rimbaud, quelques vérités premières, précieuses plus que tout : il n'y a pas de poète sacré, la vérité ne sort pas de la bouche des Poètes, la poé- sie peut être le lieu et l'occasion des élucubrations les plus vaseuses, etc. Et puis, simplement : s'il y a ce que dit Rimbaud et ce qu'il fait (pour lui comme pour tout écrivain ou artiste cette dis- tinction est pertinente), il y a aussi ce que nous comprenons qu'il dit et ce que nous comprenons qu'il fait (et nous ne sommes pas d'accord les uns avec les autres sur ce point, de même que n'étaient pas d'accord, avant-guerre, Claudel et les surréalistes), et au delà : il y a encore ce que nous faisons de ce que nous avons compris (le compte que nous tenons de ce qu'il a dit ou fait, de ce que nous en déchiffrons) : Rimbaud est bien le «père» de l'écriture automatique, mais il l'est aussi de la poésie «objective» selon Francis Ponge (elle même parfaitement anti-automatique, anti- «poétique», etc.). De sorte que... Oui, au sujet de Rimbaud, nous (lecteurs, écrivains) nous séparons, nous opposons, luttons. C'est en quoi il est actif. En dépit des manifestations unanimistes aux- quelles, par erreur, on a récemment soumis son nom, Rimbaud, le texte-Rimbaud, est partie prenante : dans la Querelle en cours, dans le conflit des lectures, des interprétations, des projets, des écritures. Présent pour de vrai. Utile à quelque chose. Je souhaiterais qu'il n'y ait dans ce livre aucun portrait de Rimbaud. Si cela n'est pas possible, il aura été écrit que ce Rimbaud-ci est sans visage. Nous réclamons comme le nôtre un Rimbaud sans image

Tenir la question Parmi les scénarios récents, certains, parce qu'ils témoignent d'un engagement particulier, demandent qu'on y réponde, au moins qu'on tente de les situer (de les exorciser ?). Ainsi, bien sûr, du scénario Borer. Il se résume en un mot, com-

1. Cela n'est pas possible, évidemment. Mais il suffit en effet de l'avoir écrit. Et puis de regarder dans les images la réalité des images : l'impuissance de Picasso à fixer cet embrouillamini de noir (cheveux s'échappant de la figure) sur le point d'envahir le cadre (comme dans telle Illumination des couleurs «très foncées»), le gribouilli giacomettien raturant un visage jusqu'à le faire apparaître..., etc. posé, celui d'Œuvre-vie pour lequel (puisqu'Alain Borer semble affectionner la condensation) il aurait pu faire surgir, tel un animal étrange et nécessaire, le mot bioeuvre, e dans l'o, dans l'os et la chair de la bio, de la vie. Qu'y a-t-il dans ce scénario ? Tout d'abord la guerre a tous ceux qui ont scindé Rimbaud en deux : le poète/le négociant (ou l'explorateur...), la poésie/le reste, l'expé- rience spirituelle ou visionnaire /l'aventure terrestre, l'écriture et le chant/le silence... Mettant l'accent sur l'un ou l'autre pôle, pour expliquer ou condamner, mythifier ou démystifier, soupçonner ou exalter. À ce jeu, beaucoup de coupables (de perdants), d'Isabelle la Catholique à Breton (André), celui qui trouvait que Rimbaud ignorait l'humour. La farouche certitude de l'unité œuvre-vie n'est cependant pas sans risques : Alain Borer a beau faire, il tord le fil dans un certain sens : Rimbaud en Abyssinie... Il tend à mettre l'accent sur le Rimbaud d'«après» la littérature, puisque pour lui il n'y a pas d'après : le silence n'est pas postérieur à l'œuvre, il est à l'œuvre dans l'œuvre, il est (dans) l'écriture. Il reste que : le bio- graphe (A.B., je le suppose, ne récuserait pas ce titre) voyage, il met ses pas dans ceux de Rimbaud. Il consacre beaucoup plus de pages dans ses livres à l'homme qu'à ce qu'il a pu écrire (qu'il s'est assimilé, qui est incorporé, incarné...) Il fait comme si, en der- nière instance, c'était la vie comme œuvre qui assumait toute l'importance. Cela, en effet, peut se concevoir. L'attitude est d'ailleurs parfaitement rimbaldienne. Fidèlement. Mais, s'agit-il d'être «rimbaldien» ? En ce sens ? L'identification a-t-elle un inté- rêt quelconque ? Peut-être. À chacun d'en juger, à chacun son pro- jet. Je suis de ceux qui répondraient : non. Même si je parviens à adhérer à cette idée qu'il n'y a pas, pour Rimbaud, de différence entre ces temps où il écrit (et sans cesse désécrit, désintégre, fait le ménage), et ces temps où il passe à autre chose (et continue d'écrire, - et ne cesse d'avoir la bougeotte, ou de poursuivre un but qui s'éloigne à mesure qu'il avance, comme fait l'aube d'Illuminations). Pas de différence. Pas de rupture. Mais je vois bien, quoiqu'on cherche à me faire croire, que, malgré la présence effective de «mothèmes» obsessionnels (l'urgence, la quête, le lieu, la formule), il subsiste pour le lecteur que je suis une réelle diffé- rence entre ce qui s'est écrit sous régime «littéraire» (voire post ou contre-littéraire à l'intérieur de la littérature) et ce qui s'est écrit en dehors de ce champ, sous le signe des simples nécessités de la communication (et qui comme tel peut être admirable). Que toutes ces traces soient mises sur le même plan, cela est tout à la fois salu- taire et gênant. Pour moi plus gênant que salutaire. Il n'y a pas deux Rimbaud, soit. Il n'y en a qu'un (c'est-à-dire un très grand nombre). Cela ne devrait pas autoriser à faire resurgir de sa boîte le spectre du Vagabond génial. Admettons que notre biographe ne succombe pas tout à fait à cette tentation (avec laquelle il flirte...). Cette constatation me suffit. Elle me prévient, me met sur mes gardes, informe ma lecture. Au delà : je dois confesser que je suis de ceux qui se moquent absolument de savoir qui Rimbaud fré- quentait au Harrar, quelles étaient exactement ses activités, en quels lieux il est passé, etc. Rien de tout cela ne me concerne. Il est vrai que Rimbaud, très jeune, a composé d'excellents devoirs en latin, comme d'autres parmi les excellents élèves de son époque, Il est vrai que Rimbaud a été un négociant européen en Afrique, plus ou moins taciturne et bizarre, nous ne nous intéressons à cet

L'auteur de ces lignes suppose, sans émotion particulière, que cette valise est vide.

Malle de Rimbaud conservée au Musé de Charleville-Mézière. Photo Musée de Charleville. élève et à ce négociant que pour autant qu'il a été capable de désé- crire Hugo-Musset-Banville, de mécrire Mémoire, ou d'écrire le Nocturne vulgaire. Certains même, dont je suis, sont prêts à laisser cet élève et ce négociant aux amateurs de destins exemplaires ou excentriques. À lâcher l'ombre de l'Abyssinie pour la proie de quelques phrases écrites.

Que la pratique de l'écriture puisse, ou doive, mener au delà du principe d'écriture... C'est même cela, s'agissant de Rimbaud, qui semble exiger l'attention. Ce qui, dans son écriture, et dans l'his- toire de cette écriture, et du dépassement de cette écriture et du délaissement de cette écriture, peut conduire à cette extrêmité. Il faut alors, toujours, en revenir au texte, à ces fragments, à notre incompréhension de ces fragments, à ces intuitions qu'ils déclen- chent.

Il y a deux fils (et ils sont noués). Celui de la réalité, du monde, tel qu'il se présente ou s'absente, tel qu'il défile ou se stabilise, et s'objective. Et celui des «vies», «enfances», «jeunesse», «mémoire», en métamorphose-anamorphose. Oui, ces deux fils sont noués. Et tout ce qu'il faut répéter c'est qu'ils ne sont pas ailleurs. Ils sont dans quelques pages, lignes. Ils sont ces lignes, ces mots, et toute leur scansion.

Un autre point fort de ce que j'ai appelé le scénario Borer, c'est le refus de la transformation de l'écrit-Rimbaud, par la tradition, l'institution, la culture, en «œuvre» de Rimbaud, et la transforma- tion de Rimbaud en son auteur, en un Auteur. Rimbaud est un écri- vain sans œuvre. Le seul livre qu'il ait donné à la publication est un mince volume dont la diffusion fut absolument nulle (et ceci quelles que soient les versions que l'on veuille adopter). Pour le reste : des projets, des inachèvements par impuissance, par impos- sibilité, ou par abandon. Vraiment, sans discussion, un chantier, un champ de ruines, d'éclatants déchets «à la voierie jetés sans retour» (conmme les cageots pongiens). En conséquence, une fois de plus, lire l'écrit-Rimbaud. Admettre son caractère provisoire, transitoire, voire, dans certains cas, dérisoire. Refuser les images de l'œuvre. Jacques Poot est spécialisé dans les publications judiciaires. Mais Rimbaud était brûlé à Paris et chez les parnassiens. Compte d'auteur, donc, en Belgique. Rue aux Choux.

Bibliothèque de Charleville-Mézière. Photo Musée de Charleville-Mezière. Trois : Rimbaud effectue rapidement, en cinq ou six ans l'«his- toire» de la poésie. Il traverse cette histoire, la récapitule, pour la prolonger, pour voir ou faire voir la suite. Il invente formellement. Après quoi il cesse. Deux formulations il a atteint une limite (la sienne) ; il a porté la poésie à cette limite. - il a atteint la limite de toute poésie. Le silence comme limite de la poésie. A lire Alain Borer, on ne sait pas très bien s'il pense en termes de limite relative ou de limite absolue. Je crois déceler qu'il pense, non sans hésita- tion ou prudence, en termes de limite absolue. J'ai déjà évoqué ce type de question, j'y reviens, il ne m'est pas permis de m'en éloi- gner, «Rimbaud» pour moi signifie ces questions, la condamnation à la répétition de ces questions : - Y a-t-il quelque chose après les Illuminations ? Après la prose «inouie». Rimbaud, de fait, a répondu. - La question devient donc : Y a-t-il quelque chose après Rimbaud ? Quelque chose tenant compte du fait, comme disait Ponge, que Rimbaud a eu lieu ? Curieusement, lorsqu'il examine la suite (la réponse historique à cette ou ces questions), Alain Borer voit les répétitions (des Champs magnétiques ou Constellations), il voit aussi quelques ini- tiatives ou propositions dont il ne dit pas explicitement ce qu'elles doivent à Rimbaud (Yves Bonnefoy, Francis Ponge, d'ailleurs par- tiellement contradictoires), pour finir par ceci, stupéfiant : la poésie moderne «a donné aussi beau ou différent, mais (...) elle n'est pas allée plus loin. Après les Illuminations ne peut-on plus que décons- truire ?». Cela veut dire : Non, il n'y a plus rien qui soit vraiment après les Illuminations, ou vraiment après Rimbaud. Il a conduit la poésie à ses limites, à sa limite. Réponse courte. Mais non sans mérites à mes yeux. Au moins, il souffle sur les braises. D'autres avec lui, autrement, Jacques Roubaud, Denis Roche... Il nous faut tenir la question, comme on tient la note.

Du Parnasse, tête nue Une lettre à monsieur Théodore de Banville, Cher Maître... En trois temps trois mouvements... Trois poèmes donc, sensés manifester une certaine orthodoxie parnassienne, à tout le moins de bonnes intentions poétiques. Trois poèmes en principe convergents, compatibles. Qu'il faut regarder ensemble comme était supposé le faire le destinataire de la lettre...

Credo in unam... est un poème long, très long (164 vers). Un poème-discours, interminable suite d'alexandrins à rimes plates, comme on en lit chez Hugo. C'est aussi, comme son titre l'indique, un «credo», soit explicitement un poème «philosophique», idéolo- gique, éloquent, délivrant les différentes rubriques d'une profession de foi. Et une prière, bien sûr, invocatrice, anaphorique, exclama- tive, lyrique, prophétique. Virtuellement, un tel poème pourrait ne jamais finir. Comme il juxtapose les questions dans le but d'expri- mer l'ignorance humaine, ou se termine par une suite de petits tableaux mythologiques (Ariane et Thésée, Zeus et Léda, Cypris, Heraclès, Séléné et Endymion...), cette structure cumulative est ouverte, infiniment extensible. À cet égard, le poème est sans forme, ou formellement plus romantique que parnassien. Parnassien, il l'est en revanche par son objet : l'exaltation du paga- nisme, de l'antique religion «naturelle», celle de l'accord de l'Homme avec la Nature, religion d'avant la chute, ou d'avant l'idée de la chute, de la rupture. S'il est difficile de faire la part, concernant l'école parnassienne, de ce qui pouvait relever d'une conviction philosophique et de ce qui relevait d'une esthétique, voire d'un simple formalisme thématique, pour ce qui concerne Rimbaud, c'est beaucoup plus simple : il adhère à une idéologie poétique qui semble correspondre à certaines de ses sensations les plus immédiates. La grande différence sans doute entre Rimbaud et ses condisciples ne réside pas dans une plus grande virtuosité lin- guistique et prosodique en latin, elle réside dans le fait que pour lui l'invocation à Vénus de Lucrèce n'est pas que matière à traduction ou imitation, ni même que littérature ; sa «nostalgie» des «temps de l'antique jeunesse» s'exprime avec d'autant plus de véhémence qu'elle est proportionnelle à sa haine personnelle du christianisme. Le premier titre du poème, celui de la lettre, est ouvertement et vio- lemment polémique : au masculin du dieu unique Rimbaud substi- tue le féminin unique, celui de Vénus, Aphrodite, Cybèle, Nature et Terre, «divine Mère». Le monothéisme «actuel» est bien pour lui la religion de la croix, c'est-à-dire lien forcé, soumission, au culte de la souffrance. Pensée enfantine : à la faute, la laideur, la douleur, s'opposent la vie, la chair, l'amour, la lumière, l'innocence, la «soif» (mot durablement rimbaldien pour le désir, déjà présent dans ce texte). Le débat avec la religion indélébile (la marque ou le stigmate du baptème), la recherche d'une «Rédemption» (i.e. réconciliation de l'homme avec lui-même, son corps, la nature), cela sera la poésie de Rimbaud, longtemps après l'oubli des «bons parnassiens».

Il m'a toujours semblé au plus haut point significatif que dans ce texte par ailleurs si rhétoriquement convenu, plein à ras bords d'une mythologie d'école, affleure dès le début l'expression de l'expérience sensible (vers 3-4) : «Et quand on est couché sur la vallée, on sent/Que la terre est nubile et déborde de sang». Le savoir sensible est en fait hétérogène à la figuration académique qui va bientôt la relayer et la recouvrir : Europe, Ariane et Leda, spectres formels, ne sont rien sinon à la lumière du «être couché sur» (la terre), sentir contre son propre corps les mouvements de son corps à elle. D'un côté si l'on veut, les images (qui viennent par la société, le texte, l'école), de l'autre le branchement, l'accès, le contact, la morsure, la vibration : la présence au réel, la connais- sance sans images, physique-poétique. Un poème lourdement rhé- torique, laborieusement doctrinal, artificiel... Mais il exprime avec naïveté pulsions et répulsions effectivement ressenties, assez puis- santes pour continuer longtemps à servir de «nourriture» à la poé- sie de Rimbaud.

D'Ophélie on pourrait dire qu'a priori c'est un poème formelle- ment plus parnassien que Credo in unam. Beaucoup plus court, et surtout : structuré, équilibré, bouclé. Deux fois quatre strophes, puis une troisième partie faite d'un quatrain isolé reprenant les rimes du premier quatrain du poème. Une forme, là où Credo in unam entraînait le lecteur en avant, sur la pente. Et puis c'est une image, un arrêt sur image, sur un seul vers-image : «La blanche Ophelia flotte comme un grand lys», autour de laquelle et duquel flottent quelques éléments associés. Mais tous ces éléments ren- trent dans l'image, dans le cadre, aucun, même ceux qui appartien-

Préface par Paul Verlaine à la première édition des Illuminations. Photo Musée Charleville-Mézière.

découvert par MM.Matarasso et Bouillane de Lacoste dans les papiers d'A. Messein, successeur de Vanier. Ce feuillet présente au verso deux proses évangéliques, mais au recto une partie de Mauvais sang. Il figure dans la collection Matarasso. En 1987 André Guyaux a pu établir le texte de ces brouillons d'après le manuscrit autographe de la collection Jacques Guérin (pour la réédition des Oeuvres, Classiques Garnier) ; cette retranscription précise se trouve reproduite dans l'édi- tion Garnier Flammarion 1989 procurée par Jean Luc Steimetz. Les manuscrits des Illuminations que nous possédons ne sont pas des brouillons. Le petit nombre de ratures et la qualité de la transcrip- tion laissent penser qu'il s'agit de copies, de la main de Rimbaud le plus souvent, à l'exception de l'un des deux Villes et de la fin de Métropolitain qui sont de la main de Germain Nouveau. Il s'agit pour l'essentiel des «feuilles volantes et sans pagination» que Félix Fénéon a classées et paginées pour la publication dans La Vogue en mai-juin 1886. La très grande majorité de ces autographes se trouvent à la Bibliothèque Nationale à Paris. Les manuscrits de Jeunesse II. Sonnet, III. Vingt ans et IV «Tu en es encore à la tentation d'Antoine» se trou- vent à la fondation Martin-Bodmer, Cologny, près Genève. Un fac simile de ces manuscrits est conservé au musée Rimbaud à Charleville. Le manuscrit de Promontoire se trouve à la Bibliothèque municipale de Charleville. A.R. 555, Réserve. Un fac simile en a été publié dans le Cahier n° 2 du centre culturel Arthur Rimbaud (mars 1972). L'autographe de Scènes, appartenant à la collection Pierre Bérès a été reproduit pour la première fois dans Illuminations par Bouillane de Lacoste (Rimbaud et le problème des Illuminations, Mercure de 1949). Celui de Bottom, dans la même collection, se trouve sur la même page que H. Ces deux autographes furent repro- duits pour la première fois par Bouillane de Lacoste (ibid. Mercure de France, 1949). Pour Soir Historique et Génie, appartenant à la Collection Bérès, il n'existe pas de fac simile. Pour Dévotion et Démocratie, pas de manuscrit connu. Pour Mouvement, de la collec- tion Bérès, la première reproduction se trouve dans le livre de Guyaux (1985) d'après la photographie conservée dans la William J. Jones collection aux U.S.A. (Southwest Missouri State College Library, Springfield, Missouri). La totalité des autographes connus et repro- ductibles l'ont été dans André Guyaux, Poétique du fragment, A la Baconnière, Neuchâtel, 1985, pp. 257 à 290. Voir également : Manuscrits autographes des illuminations, reproduits et transcrits par Roger Pierrot, Paris, Ramsay, 1984. 2. Éditions des œuvres

2.1. Éditions «historiques» et «originales» Une saison en Enfer, Bruxelles, Alliance typographique, 1873. [Reprint Genève, Slatkine, coll. «Ressources», 1979]. Une saison en Enfer, in La Vogue, t.II, n° 8, n° 9 et n° 10 (des 6-13, 13-20 et 20-27septembre 1886). [Reprint Genève, Slatkine, 1971]. Les Illuminations, in La Vogue, n° 5, n° 6, n° 8, n° 9 (mai-juin 1886). [Reprint Genève, Slatkine, 1971]. Les Illuminations, notice par Paul Verlaine, publications de La Vogue, 1886. [Reprint Genève, Slatlkine, coll. Ressources, 1979]. Le Reliquaire. Poésies, préface par Rodolphe Darzens, Genonceaux, 1891. Poésies complètes, préface de Paul Verlaine, Paris, Vanier, 1895. Œuvres de J.-A. Rimbaud. Poésies. Illuminations. Autres Illuminations. Une Saison en Enfer, préface de P. Berrichon et E. Delahaye, Paris, Mercure de France, 1898. Œuvres : vers et proses, édition établie par Paterne Berrichon, préface de Paul Claudel, Paris, Mercure de France, 1912. Les Manuscrits des Maîtres. A. Rimbaud. Poésies, Messein, 1919 [fac similé des autographes].

2.2. Éditions «modernes» et «critiques» Un cœur sous une soutane, texte intégral préfacé par Louis Aragon et André Breton, Paris, Ronald Davis, 1924. Une saison en Enfer, édition critique, introduction et notes par H. de Bouillane de Lacoste, Paris, Mercure de France, 1941. Œuvres complètes, texte établi et annoté par A. Rolland de Renéville et Jules Mouquet, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1946. Illuminations : Painted Plates, édition critique avec introduction et notes par H. de Bouillane de Lacoste, Paris, Mercure de France, 1949. Poésie. Une saison en Enfer. Illuminations, texte établi et présenté par Antoine Raybaud, Paris, Bibliothèque de Cluny, 1959. Œuvres, introduction, notices, variantes et notes, par Suzanne Bernard, Paris, Classiques Garnier, 1960. Édition revue et corrigée par André Guyaux, 1981, puis 1983, 1987 et 1991. Les Illuminations, préface de Pierre Jean Jouve, Lausanne, mermod, 1962. Œuvres poétiques, préface de Michel Décaudin, Paris, Garnier- Flammarion, 1964. Illuminations, texte établi, annoté et commenté par Albert Py, avec une introduction et un répertoire des thèmes, Genève-Paris, Droz- Minard, 1968, rééd. 1969. Œuvres complètes, édition présentée et annotée par Antoine Adam, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1972. Poésie. Une saison en Enfer. Illuminations, préface de René Char, édi- tion établie par Louis Forestier, Paris, Gallimard-Poésie, 1973. Lettres du voyant (13 et 15 mai 1871), éditées et commentées par Gérald Schaeffer, avec une étude sur «La voyance avant Rimbaud» par Marc Eigeldinger, Genève-Paris, Droz-Minard, coll. «Textes litté- raires français», 1975. Poésies, édition critique, introduction, classement chronologique par Marcel A. Ruff, Nizet, 1978. Poésies (1869-1872), édition établie par Frédéric Eigeldinger et Gérald Schaeffer, Neuchâtel, La Baconnière, 1981. Poésies, édition établie par Daniel Leuwers, Livre de poche 1972. Nouvelle édition augmentée, 1984. Œuvres poétiques, textes présentés et commentés par C. A. Hackett, L'Imprimerie nationale, «Lettres françaises», 1986. Illuminations, texte établi et commenté par André Guyaux, Neuchâtel, La Baconnière, 1986. Une saison en Enfer, édition critique par Pierre Brunel, José Corti, 1987. Œuvres, préface, notices et notes par Jean-Luc Steinmetz, t.I : Poésies, t.II : Vers nouveaux, Une saison en Enfer, t. III : Illuminations, Paris, Flammarion, coll. GF, 1989. Un cœur sous une soutane, édition et commentaire par Steve Murphy, Charleville-Mézières, Musée-Bibliothèque Arthur Bimbaud, coll. Bibliothèque sauvage, 1991. Oeuvre-Vie, édition du centenaire, établie par Alain Borer avec la col- laboration d'Andrée Montègre, Paris, Arléa, 1991. Bibliographie critique

Félix Valloton, Arthur Rimbaud. Photo Musée Charleville-Mézière «Moi. je suis intact, et ça m'est égal» Arthur Rimbaud

Cette bibliographie critique n'est pas exhaustive. Elle souhaite présenter toutefois l'essentiel du travail effectué sur le texte de Rimbaud, sur la vie de Rimbaud ou sur l'«œuvre-vie» de Rimbaud depuis les premiers essais critiques écrits dans la proximité du poète. Une telle recension est nécessairement chronologique, si l'on veut suivre l'évolution des lectures, des interprétations, le renouvellement des questions «classiques», etc. En consultant les différentes bibliographies qui sont à notre disposition, on s'aperçoit très vite que la distinction entre études «biographiques» et études sur l'œuvre elle-même est artificielle et intenable. Pour ne prendre qu'un exemple, le livre d'Yves Bonnefoy (1960) ne saurait être tenu pour une simple biographie de Rimbaud. Celui de Borer (1984) non plus. Pour couper court à toute discussion académique et inutile, il convient de restituer le flux continu des travaux dont l'objet est par définition (rimbaldienne) «impur» : écriture, fiction, biographie, «anabiographie» (comme le propose très justement J.L. Steinmetz sur le modèle d'«anamorphose», en 1990). Je signale d'un point noir les ouvrages qui me paraissent les plus importants. On ne saurait prétendre étudier le système Rimbaud en faisant par exemple l'économie des plus aiguës recherches thématiques (Richard, Poulet, Eigeldinger, Collot...). En 1982, dans un «état présent» de la recherche rimbaldienne (publié par la revue Romantisme, n° 36), André Guyaux se montrait extrêmement sévère et pessimiste. Les années qui ont suivi l'ont sans doute ras- suré : du savoir philologique à l'érudition historique, de l'engage- ment poétique à l'engagement théorique, toute une série d'éminents rimbaldiens ont fait leurs preuves et considérablement renouvelé notre lecture des textes et notre façon de poser les pro- blèmes : André Guyaux, Jean-Luc Steinmetz, Pierre Brunel, Steve Murphy, Alain Borer, Anne Berger, pour n'en citer que quelques- uns dont les travaux sont d'ores et déjà indispensables à toute approche informée. Paul VERLAINE, «Rimbaud», dans la revue Lutèce, octobre-novembre 1983, repris dans Les poètes maudits, éd. Léon Yannier, 1884. Félix FÉNÉON, «Arthur Rimbaud, les Illuminations», dans la revue Le Symboliste n° 1, octobre 1887. Stéphane MALLARMÉ, «Arthur Rimbaud», dans la revue The Chap Book (Chicago), 15 mai 1896. Paterne BERRICHON, La vie de Jean-Arthur Rimbaud, éd. du Mercure de France, 1897. Jean BOURGUIGNON et Charles HOUIN, «Poètes ardennais. Arthur Rimbaud», série d'articles dans la Revue d'Ardenne et d'Argonne, 1896-1901 [Rééd. critique par Michel Drouin, Plon, 1991]. [Première biographie historique d'Arthur Rimbaud, étouffée par la «famille Rimbaud» occupée à constituer le monument hagiographique.] Paterne BERRICHON, Jean-Arthur Rimbaud le poète (1854-1873), poèmes, lettres et documents inédits, portrait en héliogravure et auto- graphe, éd. Mercure de France, 1897. Jacques RIVIÈRE, «Rimbaud», dans la Nouvelle Revue Française n° 67, 1 juillet 1914, et n° 68, 1 août 1914, repris dans Rimbaud éd. Kra, 1930. [Réed. Rimbaud. Dossier, 1905-1925, établi par Roger Lefèvre, éd. Gallimard, 1977]. Isabelle RIMBAUD, Reliques : Rimbaud mourant. Mon frère Arthur. Le dernier voyage de Rimbaud. Rimbaud catholique, éd. Mercure de France, 1921. Ernest DELAHAYE, Rimbaud, l'artiste et l'être moral, éd. Messein, 1923. Marcel COULON, Le Problème de Rimbaud, poète maudit, Nîmes, éd. Gomès, 1923. Ernest DELAHAYE, Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau, éd. Messein, 1925. Marcel COULON, Au cœur de Verlaine et de Rimbaud, éd. Le Livre, 1925. • Jean-Marie CARRE, La vie aventureuse de Jean-Arthur Rimbaud, éd. Plon, Coll. «Le Roman des grandes existences», 1926 [éd. revue, 1939]. • André ROLLAND DE RENÉVILLE, Rimbaud le voyant, éd. Au Sans Pareil, 1929. [Réed. Thot, 1983]. [L'œuvre de Rimbaud comme entre- prise systématique. Mise en œuvre d'une «méthode» métaphysique, voyance, déréglement des sens, expérience poétique comme connais- sance de l'Absolu] François RUCHON, Jean-Arthur Rimbaud, sa vie, son œuvre, son influence, éd. Champion, 1929. Marcel COULON, La vie de Rimbaud et de son œuvre, éd. Mercure de France, 1929. • Benjamin FONDANE, Rimbaud le voyou, éd. Denoël et Steele, 1933. [Réed. éd. Plasma, 1979. Réed. éd. Complexe, «Le champ littéraire», 1990]. [Rimbaud en désespéré kierkegaardien, en «homme tragique» chestovien, en chercheur d'inaccessible dostoievskien. En dépit du titre antithétique un Rimbaud non moins métaphysique-mystique que celui de Renéville]. Jules MOUQUET, Rimbaud raconté par Paul Verlaine, éd. Mercure de France, 1934. André DHOTEL, L'œuvre logique de Rimbaud, Mézières, Société des écrivains ardennais, Coll. «Les cahiers ardennais», 1933. [Nouvelle éd. revue et corrigée sous le titre : Rimbaud et la révolte moderne, éd. Gallimard, coll. «Les Essais», 1952]. ÉTIEMBLE et Yassu GAUCLERE, Rimbaud, éd. Gallimard, coll. «Les Essais», 1936. Colonel GODCHOT, Arthur Rimbaud ne varietur, Nice, chez l'auteur, 2 vol. 1936 et 1937 [Reprint Genève, Slatkine, 1983]. Robert GOFFIN, Rimbaud vivant, documents et témoignages inédits, éd. Corrêa, 1937. Enid STARKIE, Rimbaud-Abyssinia, Oxford, Carendon Press, 1937 [Traduction en français, Paris, Payot, 1938]. • Enid STARKIE, Arthur Rimbaud, Londres, Faber & Faber, 1938 (puis 1947 et 1961) [traduit par Alain Borer, Paris, Flammarion, 1983, rééd. 1989 et 1991]. [Cette biographie reste un ouvrage de référence, pour avoir su, même si de façon contestable, ne pas séparer la vie du projet poétique et de sa signification. Il est marqué par une certaine naïveté quant aux relations de Rimbaud à l'alchimie ou à la Kabale. Et cou- pable d'erreur, plus tard reconnue par E. Starkie, quant au Rimbaud «négrier».] Cecil-Arthur HACKETT, Le lyrisme de Rimbaud, éd. Nizet et Bastard, 1938. Georges IZAMBARD, Rimbaud tel que je l'ai connu, éd. Mercure de France, 1946 [Rééd. Nantes, Le Passeur, 1991]. Cecil-Arthur HACKETT, Rimbaud l'Enfant, [Préface de Gaston Bachelard], éd. Corti, 1948. Pierre PETITFILS, L'Œuvre et le visage d'Arthur Rimbaud, essai de bibliographie et d'iconographie, éd. Nizet, Coll. «Nouvelle biblio- thèque littéraire», 1949. • Henry DE BOUILLANE DE LACOSTE, Rimbaud et le problème des «Illuminations», éd. Mercure de France, 1949. [aujourd'hui dépassée par les travaux d'André Guyaux, cette thèse très «engagée» est fonda- trice d'une vision renouvelée de l'œuvre rimbaldienne : la Saison en Enfer n'est pas l'«adieu» de Rimbaud à l'écriture. Un livre à visiter comme un monument important de l'histoire du rimbaldisme érudit]. André BRETON, Flagrant délit, éd. Thésée, 1949 [Sur le faux : La Chasse spirituelle]. Jacques GENGOUX, La Pensée poétique de Rimbaud, éd. Nizet, 1950. Henry MILLER, Rimbaud, éd. Mermod, 1952. • ÉTIEMBLE, Le Mythe de Rimbaud, I. Genèse du mythe, 1954 ; II.Structure du mythe, 1952, et trois volumes de compléments, éd. Gallimard, de 1952 à 1968, «Bibliothèque des Idées». [Ouvrage lui- même mythique. Dénonçant et analysant les différents «avatars» du mythe : Rimbaud symboliste, ésotériste, kabbaliste, catholique, mys- tique, saint, voyou, bolchévique, etc. L'intérêt est davantage historique et sociologique que littéraire. Polémique, incontournable et irritant.] • Jean-Pierre RICHARD, «Rimbaud ou la poésie du devenir» dans la revue Esprit, décembre 1954, repris dans Poésie et profondeur, éd. du Seuil, Coll. «Pierres vives», 1955 [Article fondamental pour l'approche thématique du texte rimbaldien, considéré comme un tout]. Pierre GUIRAUD, «L'évolution statistique du style de Rimbaud et le problème des Illuminations», dans le Mercure de France, 1 octobre 1954. Pierre GUIRAUD, Index des mots des Illuminations, Klincksieck, 1954. Henri MONDOR, Rimbaud ou le génie impatient, Gallimard, 1955. • Hugo FRIEDRICH, «Rimbaud», in Die Struktur des modernen Lyrik, Hambourg, 1956 [Structures de la poésie moderne, éd. Denoël- Gonthier, Coll. «Médiations», 1976]. [le moment Rimbaud dans l'his- toire de la poésie «moderne» : systématique des ruptures, brouillage référentiel, techniques de la dé-figuration, dynamique de la nouvelle harmonie, etc. Chapitre très suggestif, mais très peu précis et factuelle- ment contestable]. Henry MILLER, (The Time of the Assassins, New Directions Publishers, 1956 [Le Temps des assassins, Essai sur Rimbaud, trad. par F.-J. Temple éd. P.-J Oswald, 1870, rééd. Christian Bourgeois éd., coll «10/18», 1894, 1991]. Suzanne BRIET, Rimbaud notre prochain, Nouvelles éditions latines, 1956. Bruce MORRISSETTE, La Bataille Rimbaud. L'affaire de «La Chasse spirituelle», éd. Nizet, 1959. Charles CHADWICK, Études sur Rimbaud, éd. Nizet, 1960. • Yves BONNEFOY, Rimbaud, éd. du Seuil, Coll. «Écrivain de toujour», 1961. [Livre essentiel d'un poète, sur le sens de la recherche de Rimbaud : présence et vérité, réalité, fût-elle «rugueuse à étreindre», par-delà l'illusion des images (fussent-elles enivrantes et esthétique- ment comblantes). Un vrai dialogue avec Rimbaud vivant]. • Maurice BLANCHOT, «l'œuvre finale», août 1961 dans la Nouvelle Revue française, repris dans L'Entretien infini, éd. Gallimard, 1969. • Robert FAURISSON, «A-t-on lu Rimbaud ?», n° 20-21 de la revue Bizarre, 4e trimestre 1961, et n° 23, 2 trimestre 1962. [Peut être pris comme exemple de l'herméneutique bloquée et totalement impuissante : substitue, sur le sonnet des Voyelles, aux pauvres clefs alchimiques (Starkie) d'aussi pauvres clefs érotiques. Incompréhension radicale du travail de poésie]. • Marc EIGELDINGER, Rimbaud et le mythe solaire, Neuchâtel, A la Baconnière, 1964. André DHOTEL, La Vie de Rimbaud, éd. Albin Michel. Coll. «Vies et visages», 1965. Jacques PLESSEN, Promenade et Poésie : expérience de la marche et du mouvement dans l'œuvre de Rimbaud, La Haye, éd. Mouton, 1967. Henri MATARASSO et Pierre PETITFILS, Album Rimbaud, éd. Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1967. Marcel A. RUFF, Rimbaud, l'homme et l'œuvre, éd. Hatier, coll. «Connaissance des Lettres», 1968. Pierre GASCAR, Rimbaud et la Commune, éd. Gallimard, Coll. «Idées», 1968. Suzanne BRIET, Madame Rimbaud : essai de biographie, Paris, Minard, 1968. ÉTIEMBLE, Le Sonnet des Voyelles : de l'audition colorée à la vision érotique, éd. Gallimard, Coll. «Les Essais», 1968. • Jean-Louis BAUDRY, «Le texte de Rimbaud», dans la revue Tel Quel, n 35 et n° 36, automne et hiver 1968-1969. [Article très impor- tant parce qu'il restituait partiellement Rimbaud au contexte théorique d'époque : textualisme et sémanalyse ; ouvrait la voie à de fructueuses discussions, notamment sur le statut du «sens» dans Illuminations]. Margherita FRANKEL, Le code dantesque dans l'œuvre de Rimbaud, Nizet, 1975. Henri PEYRE, Rimbaud vu par Verlaine, éd. Nizet, 1975. Margaret DAVIES, «Une Saison en Enfer» d'Arthur Rimbaud, Analyse du texte, éd. Minard, «Archives des lettres modernes», 1975. Alain DE MIJOLLA, «La désertion du capitaine Rimbaud, enquête sur un fantasme d'identification inconscient d'A. Rimbaud», 1975, repris dans Les Visiteurs du moi, éd. Les Belles Lettres, Coll. «Confluents psychanalytiques», 1981, puis 1987. • Atle KITTANG, Discours et jeu. _ Essai d'analyse des textes d'Arthur Rimbaud, Presses Universitaires de Grenoble, 1975. [L' œuvre de Rimbaud comme lieu de la crise du discours romantique ; opposition, dans l'œuvre même, de poèmes «lisibles» (relevant de l'idéologène romantique) et de poèmes «illisibles» relevant du faire ou du jeu.] André THISSE, Rimbaud devant Dieu, éd. José Corti, 1975. • Vernon-Philip UNDERWOOD, Rimbaud et l'Angleterre, éd. Nizet, 1976. • Roger MUNIER, Aujourd'hui, Rimbaud, [enquête de Roger Munier auprès d'écrivains et philosophes contemporains], Archives A. Rimbaud, n° 2, Minard, 1976. Lionel RAY, Arthur Rimbaud, éd. Seghers, Coll. «Poètes d'aujourd'hui», 1978. • Jacques ROUBAUD, «Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours», in La vieillesse d'Alexandre, essai sur quelques états récents du vers fran- çais, éd. François Maspero, 1978. [Description fondamentale du «tra- jet» formel rapidement accompli par Rimbaud. Et non moins éclairante inscription de ce trajet dans l'histoire formelle de la poésie française]. • Tzvetan TODOROV, «Une complication de texte : Les Illuminations», revue Poétique n° 34, Seuil, 1978, reprit dans La notion de littérature et autres essais, éd. du Seuil, Coll. «Points», 1987. [Dans la perspec- tive ouverte par Baudry 1968, et Kittang 1975, description des procé- dés antiréférentiels mis en œuvre dans Illuminations. Description utile et sérieuse gâchée par une conclusion hâtive et maladroite sur un pré- tendu «discours schizophrénique» [légué par Arthur Rimbaud] comme modèle à la poésie du XX siècle]. Jean-Pierre GIUSTO, Rimbaud créateur, éd. P.U.F., 1980. • Georges POULET, «Rimbaud», in La Poésie éclatée : Baudelaire, Rimbaud, PUF, Coll. «Écriture», 1980. Gérard MACÉ, «Rimbaud «recently deserted»», in Ex libris (Nerval, Corbière, Rimbaud, Mallarmé, Segalen), éd. Gallimard, Coll. «Le Chemin», 1980. Paule LAPEYRE, Le Vertige de Rimbaud, clé d'une perspective poétique, Neuchâtel, éd. A la Baconnière, 1981. Jacques ROBICHEZ, Verlaine entre Rimbaud et Dieu, éd. S.E.D.E.S., 1982. • Pierre PETITFILS, Rimbaud : biographie, éd. Julliard, Coll. «Les Vivants», 1982 [Rééd. 1991]. • Benoit DE CORNULIER, Théorie du vers : Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, éd. du Seuil, Coll. «Travaux linguistiques», 1982. Jean-Marie GLEIZE : «La mise en mouvement : Rimbaud», in Poésie et Figuration, éd. du Seuil. Coll. «Pierres Vives», 1983. • Pierre BRUNEL, Rimbaud. Projets et réalisations, éd. Champion, 1983. [Travail très original et intelligent sur la genèse du texte rimbal- dien. Tout ce qui concerne le projet de «poésie objective», l'échange Verlaine/Rimbaud, la genèse de la Saison et des Illuminations est remarquablement précis et convainquant]. Pierre BRUNEL, Arthur Rimbaud ou l'éclatant désastre, éd. champ Vallon, coll. «Champ poétique», 1983. ÉTIEMBLE, Rimbaud, système solaire ou trou noir ? Paris, PUF, Coll. «Écrivains», 1984. • Alain BORER, Rimbaud en Abyssinie, éd. du Seuil, Coll. «Fiction & Cie», 1984 [Rééd. 1991] [Contre le mythe des deux Rimbaud. Pour connaître l'œuvre-vie, il faut faire soi-même le voyage. On ne peut avoir de l'amour physique une connaissance livresque. Livre person- nel-engagé d'un écrivain partageant l' inquiétude rimbalienne]. • André GUYAUX, Poétique du fragment, Neuchâtel, éd. La Baconnière, Coll. «Langages», 1985. [Ouvrage fondamental sur les Illuminations. Outre l'apport érudit (sur la question chronologique et la structure du pseudo «recueil»), une importante réflexion sur le statut formel de ces «poèmes» vers, prose, poème en prose, écriture fragmen- tale. Antoine FONGARO, Sur Rimbaud. Lire «Illuminations», Université de Toulouse-Le Mirail, Coll. «Littérature», 1985. Jean-Luc STEINMETZ, «Rimbaud en personne», in Le Champ d'écoute, Neuchâtel, éd. La Baconnière, 1985. • Michel DEGUY, «Note sur la méthode d'Arthur Rimbaud», Parade Sauvage, Revue d'études rimbaldiennes, n° 4, sept. 1986. Repris dans Choses de la poésie et aff aire culturelle, Hachette, 1986. Mario MATUCCI, Les deux visages de Rimbaud, Neuchâtel, A la Baconnière, Coll. «Langages», 1986. Mario RICHTER, Les deux «Cimes» de Rimbaud : «Dévotion» et «Rêve», Slatkine, 1986. Yoshikazu NAKAJI, Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d'analyse textuelle d'Une saison en enfer, éd. Corti, 1987. Danielle BANDELIER, Se dire et se taire : l'écriture d'Une saison en enfer, d'Arthur Rimbaud, Neuchâtel, A la Baconnière, Coll. «Langaes», 1988. • Michel COLLOT, «L'horizon fabuleux (pour une thématique évolutive de l'espace rimbaldien)», in L'Horizon fabuleux, t.I : XIX siècle, éd. Corti, 1988. • Antoine RAYBAUD, Fabrique d'Illuminations, éd. du Seuil, 1989. Gilles MARCOTTE, La Prose de Rimbaud, éd. Boréal, 1989. Antoine FONGARO, «Fraguemants» rimbaldiques, Université de Toulouse-Le Mirail, Coll. «Littératures», 1989. Michel BUTOR, Improvisations sur Rimbaud, éd. de la Différence, 1989. • Jean-Luc STEINMETZ, quatre études sur Rimbaud, sous le titre «Variables» : «Le chant traverse l'identité», «Rimbaud et le roman», l'«Anabiographe», «La Lanterne magique des Illuminations», in La poésie et ses raisons, éd. José Corti, 1990. Bruno CLAISSE, Rimbaud ou le dégagement rêvé : essai sur l'idéologie des Illuminations, Charleville-Mézières, Musée-Bibliothèque A. Rimbaud, Coll. «La Bibliothèque Sauvage», 1990. • Steve MURPHY, Le premier Rimbaud ou l'apprentissage de la sub- version, éd. CNRS-Presses universitaires de Lyon, 1990. Steve MURPHY, Rimbaud et la ménagerie impériale, éd. CNRS-Presses universitaires de Lyon, 1991. James R. LAWLER, Rimbaud Theater of the Self, Cambridge, Harvard University Press, 1991. André GUYAUX, Duplicités de Rimbaud, éd. Champion-Slatkine, 1991. Gérard BAYO, L'Œuvre inconnue de Rimbaud, éd. Librairie Bleue/Essais, 1991. Christian PRIGENT, «Celui qui aima un porc (Rimbaud)», in Ceux qui merdRent, éd. P.O.L., 1991. • Claude JEANCOLAS, Dictionnaire Rimbaud, éd. Balland, 1991. [Recence près d'un millier de termes «rimbaldiens», latins, français, anglais, allemands, en langue «amhara» ou «ardennaise», ainsi, bien sûr, que les archaïsmes, néologismes, et autres étrangetés lexicales.] Claude JEANCOLAS, Les Voyages de Rimbaud, Balland, 1991. Alain BORER, Rimbaud d'Arabie, éd. du Seuil, Coll. «Fiction & Cie», 1991. • Alain BORER, Rimbaud, l'heure de la fuite, éd. Gallimard, Coll. «Découverte», 1991. [La cohérence de l' «œuvre-vie» au delà de l'apparente rupture de 1875. Une vie «belle de logique et d'unité, comme son œuvre» (Verlaine). Vérification systématique de la clé : «moi pressé de trouver le lieu et la formule». De surcroît, un des plus riches dossiers iconographiques qui soient]. Alain JOUFFROY, Arthur Rimbaud et la Liberté libre, éd. du Rocher, Coll. «Les infréquentables». • Jean Luc STEINMETZ, Arthur Rimbaud, une question de présence, éd. Taillandier, Coll. «Figures de proue», 1991. [La «biographie» la plus sérieuse à ce jour]. • Pierre MICHON, Rimbaud le fils, éd. Gallimard, Coll. «L'un et l'autre», 1991. Jean-Marie GLEIZE : «D'ailleurs il n'y a rien à voir là dedans», in A noir, Poésie et littéralité, éd. du Seuil, Coll. «Fiction & Cie», 1992. • Anne-Emmanuelle BERGER, Le Banquet de Rimbaud, Recherches sur l'oralité, éd. Champ Vallon, 1992. [Le lien expérience lyrique-satisfac- tion orale. Travail essentiel sur la dé-figuration lyrique, la poétique du dégoût, l'injure faite à la «beauté»]. «D'ailleurs ...

Fernand Léger, Portrait d'Arthur Rimbaud, 1948. Encre de chine sur papier. Photo Musée Rimbaud de Charleville-Mézière.