063-072 Boecking 30-01-2005.Qxd
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Bull. Soc. Préhist. Luxembourgeoise 30, 2008, 63-72. Sébastien Schmit, François Valotteau et Marie Wörle, Lame de hache plate en cuivre de Rimling-“Kohlhecke” (département de la Moselle, France). Sébastien Schmit, François Valotteau et Marie Wörle Lame de hache plate en cuivre de Rimling-“Kohlhecke” (département de la Moselle, France) Résumé : Une lame de hache plate en cuivre a été découverte en prospection de surface à Rimling dans le département fran- çais de la Moselle. Grâce à son signalement de la part de son inventeur, et à une coopération internationale entre divers acteurs de la sauvegarde du patrimoine (prospecteur, archéologues, conservateurs-restaurateurs, chimistes...), elle a pu faire l’objet d’une analyse chimique de ses éléments. On présente ici cet artefact, d’un type inédit dans la grande Région, ainsi que son analyse. Mots-clés : Moselle, hache plate en cuivre, spectrométrie d’absorption atomique, spectrométrie de fluorescence des rayons X, IIIème millénaire avant J.-C. Zusammenfassung: Bei einer Feldbegehung in Rimling (Frankreich, Dep. Moselle) wurde ein Kupfer-Flachbeil gefunden. Die Meldung des Fundes durch seinen Entdecker gestattete eine fächerübergreifende Zusammenarbeit von Finder, Archäologen, Konservatoren (Rest.) und Chemikern. Hierdurch wurde es möglich, diesen für die Groß-Region neuar- tigen Typ eines Kupferbeiles einer genauen chemischen Analyse zu unterziehen. Schlüsselwörter: Mosel, Kupfer-Flachbeil, Atomabsorptionsspektrometrie, Mikro-Röntgenfluoreszenzspektrometrie, 3. Jahr- tausend v. Chr. 1 Présentation connus jusqu’alors ont tous été découverts dans le seul département de la Moselle à Apach1 (FORRER 1923 : p. Les lames de hache en cuivre sont des objets raris- 89 ; LINCKENHELD 1932 : p. 516 ; BELLARD 1960 ; simes dans la région : seulement deux exemplaires sont MILLOTTE 1965 : p. 54 ; LIENHARD 1981 : p. 11), recensés sur le territoire luxembourgeois, à Remer - Marly (BLOUET et al. 1992) et Dabo2 (LIENHARD schen (GOLLUB 1971 ; KIBBERT 1980 : fig. 6, n° 38A ; 1981 ; BERTON 1989 : p. 60). La hache plate en cui vre WARINGO 1983 ; VALOTTEAU et al. 2006 ; GLE SER et découverte à Rimling-“Kohlhecke” provient également al. 2007). En proche Lorraine, les trois exemplaires de ce département. Des quatre exemplaires lorrains, 1 Hache découverte en 1918 et conservée au Musée archéo- 2 La date et le lieu précis de découverte et de conservation logique de Strasbourg. sont inconnus. 63 elle est cependant la seule à avoir fait récemment l’ob- - revers de côte : placages résiduels de Lehm et Lœss jet d’une analyse chimique complète de ses éléments. (Œ), couche à cératites (Muschelkalk supérieur, Les résultats de cette dernière sont exposés ici, après t5b) ; une présentation du contexte de découverte et une - front de côte : calcaire à entroques (Muschelkalk description de l’artefact. supérieur, t5a), dolomie à lingules (Muschelkalk moyen, t4b) ; - dépression orthoclinale : marnes bariolées 1.1 Cadre géographique (Muschelkalk moyen, t4a), Lehm et Lœss (Œ) ; - lit de la Bickenalbe : alluvions récentes (Fz) ; Le village de Rimling se situe aux confins de la - partie basse du glacis sur la rive droite du ruisseau : Lorraine orientale, dans le département de la Moselle3, zone supérieure dolomitique (Muschelkalk infé- à moins de trois kilomètres de la frontière allemande. rieur, t3c) ; Il fait partie du Pays de Bitche (aussi nommé - partie moyenne du glacis : Lehm et Lœss (Œ); Bitscherland), limitrophe de l’Alsace bossue au sud, du - sommet du glacis, aux abords de la Kœnigstrasse : Pays de Haguenau et de l’Outre Forêt à l’est, de la zone supérieure dolomitique (t3c). Plus à l’Est Sarre et du Palatinat au nord et du synclinal de apparaissent les grès (grès coquillier, t3a, grès à Sarreguemines à l’ouest. Voltzia, t2b). Le Pays de Bitche englobe deux entités géogra- Ce glacis sur la rive droite correspond vraisembla- phiques très différentes : à l’est le “pays couvert” ou blement à un relief résiduel de butte témoin arasée. Il Wasgau, dont les vastes forêts s’accommodent fort bien est couvert de Lœss (couche Lehm et Lœss, Œ) de des sols gréseux acides et du relief accidenté du puissance variable : en partie haute (abords de la Buntsandstein (massif des Vosges du Nord). A l’ouest, Kœnigstrasse) et basse (proximité de la Bickenalbe), le “pays découvert” (ou Imgau) a un relief peu marqué, l’épaisseur est quasiment nulle et le substrat calcaire et ses sols lœssiques fertiles couvrant les formations affleure sous forme de blocs et de dalles litées pris dans calcaires du Muschelkalk ont profité à l’agriculture. une matrice argileuse, alors qu’en partie médiane, l’é- Rimling appartient à cette dernière entité. paisseur atteint le mètre. Cette différence d’épaisseur peut s’expliquer par l’érosion fluviatile des zones bas- ses voisines du cours d’eau, et par le colluvionnement 1.2 Cadre géologique des lœss du sommet vers le milieu du glacis où des sources ont creusé çà et là quelques dépressions, par Le village est bâti sur le front de la côte du affouillement des lœss. Muschelkalk ou côte de Lorraine qui barre le paysage du nord au sud et dont les sommets culminent à 390 La hache a été trouvée sur la partie haute du glacis, m d’altitude. Le bourg est bordé à l’est par le ruisseau à 1300 m à l’est de la Bickenalbe et à 330 m à l’ouest de la Bickenalbe qui s’écoule en avant de la côte, cent de la Kœnigstrasse, au lieu-dit “Kohlhecke” 6. mètres plus bas, parallèlement à celle-ci, du sud vers le nord en direction de l’Allemagne, dans une dépression orthoclinale appelée vallée de la Bickenalbe. A l’est du 1.3 Contexte archéologique ruisseau, le relief se présente sous la forme d’un glacis montant régulièrement en pente douce jusqu’à la La découverte a eu lieu en surface, sur la partie hau- Kœnigstrasse, voie antique courant du nord au sud à te du glacis, dans une zone (lieux-dits “Kohlhecke” et une altitude moyenne de 330 m4. “Kammerforst”) relativement riche en mobilier préhis- torique mélangé et épars provenant de gisements rema- D’ouest en est, depuis le revers de la côte du niés et démantelés par le colluvionnement, le ruisselle- Muschelkalk jusqu’à la Kœnigstrasse, affleurent suc- ment et la solifluxion. cessivement les couches géologiques suivantes5 : 3 Canton de Volmunster, arrondissement de Sarreguemines. 6 Parcelle 55, feuille cadastrale n° 9. Coordonnées Lambert II 4 Cartes IGN au 1/25 000 : Sarreguemines 3613, Pays de étendu : X = 962024, Y = 2466496, Z = 324,5. Bitche 3713. 5 Carte géologique Bitche-Walschbronn XXXVII-13 au 1/50 000. 64 Le Paléolithique moyen est représenté par une lo-romaine d’Epping, qui s’inscrit dans un réseau den- industrie sur matière première locale (silex ou chaille se de sites ruraux antiques : une vingtaine de sites est du Muschelkalk), à débitage Levallois (nucléus, éclats, répertoriée pour le seul ban de Rimling (SCHMIT pointes), discoïde et unifacial non prédéterminé. 2009). Au nord-ouest, à moins de neuf kilomètres, le Quelques pièces en quartz et quartzite vosgiens ont Parc archéologique européen de Bliesbrück-Reinheim également été recueillies. Les racloirs dominent. Les concentre des vestiges remarquables, dans la vallée de la préhistoriques ont vraisemblablement été attirés sur le Blies, de part et d’autre de la frontière franco-alleman- glacis par la présence d’affleurements de silex. D’autres de : la tombe princière et l’immense villa antique de gisements de la même période ont été découverts Reinheim, et l’agglomération gallo-romaine de Blies- ailleurs sur le ban de Rimling et sur les bans limitro- bruck (PETIT et BRUNELLA 2005). phes (SCHMIT 2005). La présence de quelques pièces bifaciales suggère une influence orientale. Le mobilier a été confié pour étude à Jean DETREY7 et fera l’objet 1.4 Description de l’objet d’une future publication. Il s’agit d’une lame de hache plate en cuivre, relati- Le Paléolithique supérieur est totalement absent. vement peu épaisse, trapézoïdale avec le talon et le tran- Seuls quelques grattoirs unguiformes et microlithes chant arrondis, à section lenticulaire aplatie (Fig. 1). Ses sont attribuables au Mésolithique. La présence néoli- bords sont fins, ainsi que son tranchant. Ses dimen- thique est plus sensible. Les pièces les plus représenta- sions sont de 79,5 mm de longueur, 36 mm de largeur tives trouvées sur le glacis sont : une herminette plate maximale (au tranchant), 17 mm de largeur au talon et rubanée en amphibolite, une lame polie de hache en 7,5 mm d’épaisseur, pour une masse de 96,88 g. pélite-quartz de Plancher-les-Mines, un fragment brû- lé de hache en silex imitant le type Puy, une lamelle de L’ensemble de la pièce est couvert d’une couche faucille avec lustre des céréales, plusieurs dizaines de d’oxydation verdâtre ou rougeâtre (Fig. 2). Le forage fragments de meule en grès conglomératique grossier, effectué sur un bord pour l’analyse révèle cependant des bouchardes ou broyons (galets de quartzite), une que le métal interne est sain et a échappé à l’oxydation fusaïole en terre cuite … Plus largement, plusieurs gise- de surface. L’objet a été succinctement restauré dans les ments néolithiques ont été découverts sur la rive gau- ateliers du MNHA. L’inventeur lui a attribué le numé- che de la Bickenalbe et sur le revers de la côte du Mu- ro d’inventaire RIM 06 KO 6 9. schelkalk juste en arrière de ses sommets. Ces gise- ments ont livré une trentaine de lames polies en pélite- quartz, schistes noduleux et autres roches tenaces, des 1.5 Historique : de la découverte à l’analyse pointes de flèche, et un matériel de mouture abondant : et à la publication fragments de meule, bouchardes, molettes en basalte (SCHMIT 2006 et 2007). La hache a été découverte par l’un des auteurs (Sébastien SCHMIT) en mai 2004, à l’occasion d’une On n’évoquera que succinctement les périodes ulté- des nombreuses prospections effectuées sur le glacis10.