La Clé Des Champs Urbains En Gironde
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SPIL a c l é d e s c h a m pRIT s u r b a i n s e n G i r o n d e #32 ÉTÉ 2007 GRATUIT ÉTÉ #32 LA MATIÈRE ET L’ESPRIT Travailler moins, gagner autant Cela s’appelle les vacances. Ce fut une invention vraiment civilisée : créer un temps vacant, c’est-à-dire vide, débarrassé des contraintes productives et de l’ordre social, tout en gagnant suffisamment pour le vivre. Les vacances : un temps enfin vidé de cette chose barbare qui s’appelle le travail. La nature l’avait simplement proposé, mais la société l’a transformé pour le rendre raide et mortel. Le travail est ce temps social, imposé par les couards qui ont peur du vide et de leur vacuité. Effrayés par le temps, ils le remplissent en déplaçant les choses et en ordonnant les gens. Et leur influence est dangereuse moins pour leurs injonctions que pour leur ingérence dans le temps de vacance. Baudrillard mettait en garde contre cette invasion et dénonçait cette vacance occupée comme une journée de travail, reproduisant au cœur du loisir « les contraintes mentales et pratiques qui sont celles du temps productif et de la quotidienneté asservie ». La vacance doit rester vide et ouverte comme une grasse matinée ou une bonne sieste. Thierry Pacquot, philosophe contemporain, propose pour sauver sa vie, un art de la sieste, une pratique pour faire de « l’urbanisation des mœurs » un espace de civilisation plutôt que de barbarie. Car la sieste n’est pas un simple repos du corps-machine, c’est l’usage de son temps en dehors des horaires et des coups de téléphone. « Cette individualisation du temps ne consiste pas en un acte d’incivisme (…) en un mépris d’autrui, en un repli sur son confort personnel, mais au contraire, en une volonté d’être dans son temps, afin d’assurer sa présence-au-monde, avec et parmi les autres. » La sieste est donc la seule vacance véritable. Celle qui se remplit de soi et laisse la place aux autres. [Laurent Boyer] Plaît-il? Toiles & Lucarnes Magasinage 04 30 ans après sa tragique disparition, Spirit 18 Persepolis/Delirious : 38 Axsum, luxus pas cherum. n’oubliera jamais la mémoire d’Elvis Presley. Iran, États-Unis gagnants ex-aequo. Le bikini, ami ou ennemi de l’homme ? Mikey & Nicky, Cassavettes ressuscité. Sono En garde Tables & comptoirs 06 Comme chaque été, la rédaction se déploie 20 Nadia Galy, une histoire algérienne. 40 Un dîner avec vue sur le Bassin ? Où ça ? et s’aventure, à ses risques et périls, dans la La subjective sélection mensuelle. Au Panorama. jungle des festivals. Une terrasse à Saint-Pierre ? C’est possible. Cours & Jardins Azimut Agenda 12 Les Grandes Traversées n’ont lieu qu’en 28 La Winery d’Arsac, le tourisme version 42 Un truc utile pour sacrifier novembre et pourtant Erna Omarsdottir fluviale et les trésors cachés de Verdelais. à la civilisation des loisirs. a déja la parole L’œil en faim Formes Où 16 Zébra 3, l’autre banc public. 36 La Maison verte aime l’environnement. 60 C’est ici ou par là... Le Temps désarticulé au FRAC Aquitaine. Laure Lahitte, ébéniste à Nansouty. Enfin, je suis pas très sûr. Spirit Gironde est publié par Directeur de la publication : Rédaction : Nadège Alezine, Luc Bourousse, Crédit photos et illustrations : Régie publicitaire : Dépôt légal à parution PROXIMÉDIA José Darroquy Laurent Boyer, Cécile Broqua, Vanessa Beecroft (Vogue Hommes, 2002), PUB.L.I.C © Spirit Gironde 2007 31-33, rue Buhan Directeur associé : Cristian Tripard Emmanuelle Debur, GW™, Isabelle Comité Départemental du Tourisme de la 05 56 520 994 - Fax 05 56 52 12 98 Impression : Rotimpres 33 000 Bordeaux Rédacteur en chef : Marc Bertin Jelen, Christophe Loubes, Florent Mazzoleni, Gironde (Azimut), Bernard Lamarque (couver- [email protected] ISSN 1954-1155 Fax : 05 56 52 12 98 Tél. : 05 56 52 50 56 Odin™,André Paillaugue, Stéphanie Paquet, ture), Michel Garnier (Philippe Herrewegue), Publicité : Stéphane Landelle [email protected] Joël Raffier, Gilles-Christian Réthoré, LM (Ulla von Brandenburg, Zelt & Schlüssel 05 56 52 50 54 - [email protected] Direction artistique : Anthony Michel José Ruiz, Madeleine Sabourin, 2007), Isabelle Jelen (Laure Lahitte), Odin™ Pao : Anthony Michel 2006 www.spiritonline.fr [email protected] Jean-Pierre Simard, Nicolas Trespallé, (La Terrasse Saint-Pierre), Philippe Poirier (Le www.regie-public.com [email protected] Cyril Vergès Cœur de la mêlée), David Sepeau (BTT), Elvis, 1977-2007, 30 ans déjà... 04 Le Roi et moi Le 16 août 1977, dans sa demeure de Graceland à Memphis, Tennessee, Elvis Aaron Presley quittait prématurément la scène, abandonnant l’Humanité au chagrin éternel. Avant son dernier souffle, le Capricorne de Tupelo, fils unique de Gladys Love Smith et de Vernon Elvis Presley, survivant damné de son jumeau mort-né, Jesse Garon Presley, avait articulé de son organe céleste le Rock’n’Roll. Sinatra était « The Voice », mais Elvis, lui, était « The Voice » sexuel. 1 milliard de disques vendus, 67 albums, 27 films, SamP hillips et Sun sessions, Elvis ’68 NBC Special, le concert par satellite du 14 janvier 1973 au International Center Arena d’Honolulu, Priscilla Beaulieu, Hollywood, Las Vegas... Qui ne connaît pas la mythologie définitive duXX ° siècle ? À l’heure des commémorations, artistes français et américains répondent à la seule question valable : « Que représente Elvis Presley pour vous ? » ALEXANDRE VARLET Elvis est dans mes toilettes, pleine face, il me regarde, et sa bouche est un vrai cul-de-poule. Avant tout, c’est le souvenir d’Elvis quand j’étais petit : le mec est comme déguisé, col en pelle à tarte, paillettes à gogo ; le mec semble colossal, il est en sueur, pas très glamour à mes yeux. Je sais aussi que le mec est une vedette, une grande star américaine, qu’il aurait inventé le rock’n’roll. Je sais ça comme je sais aussi que la tour de Pise est penchée, et que la Statue de la Liberté est à New York ; au fond, j’en sais pas plus, c’est de l’histoire quoi. Voilà, je connais sans connaître. C’est très tard que je calerai pour la première fois un disque du King sur ma platine. Sérieusement, j’ai tellement souvent entendu les noms Beatles, Rolling Stones, Elvis et j’en passe, que je ne m’y suis jamais intéressé vraiment. Ma croissance musicale s’est faite loin, très loin des ces artistes- là. Bon ça swingue méchant, ce blues-là est sexuel c’est pas croyable, c’est dancefloor, c’est langoureux à se damner, et la tronche des nanas à ses pieds. Whaou ! Ce mec-là fait rêver, c’est un gourou le salaud, j’aime son jeu de jambes, sa gueule et ses cheveux qui rebondissent, et puis il est grave bien sapé, je tombe comme un gosse dans le cliché Elvis (première époque, hein ! ), et je dois l’avouer le cliché devient plus fort en moi que sa musique. C’est comme ça, je suis midinette. Elvis est avant tout une image puissante, immortelle, un cliché générateur de fantasmes, plus qu’une chanson finalement. J’imagine combien le patrimoine musical d’Elvis est dense et majeur, mais ça me va très bien comme ça, je connais essentiellement la réédition du premier album, trop peu diront les puristes, je m’en balance, assez en tout cas pour rentrer dans la secte. Don’t be cruel… Ciel de fête (Fargo Records/Naïve) APRIL MARCH La réponse la plus courte que je puisse faire, c’est qu’Elvis, à mes yeux, représente le surnaturel. D’abord, je pense au son de sa voix. Dans ses jeunes années, elle avait ce tressautement sexy, été véritablement impressionnée par l’atmosphère ARMELLE PIOLINE (HOLDEN) BENJamIN DIamOND ce côté détaché du monde qui surprenait... Puis, qui règne à Graceland lorsque je m’y suis rendue, Elvis, pour moi, c’est d’abord sa voix Elvis Presley est une icône de l’Amérique c’est devenu plus étouffé et plus indistinct, mais il y a quelques années. Alors que nous avancions impeccable, une des plus belles de toute moderne, au même titre que James Dean ou elle avait encore des éclats sporadiques, balancés d’une pièce à l’autre, les guides étaient toutes de l’histoire de la musique… Ça fait 20 ans que Marylin Monroe. C’est une étoile filante dans çà et là, témoins de cette énergie surnaturelle. De jeunes étudiantes guillerettes. Puis, subitement, j’écoute ses mythiques Sun Sessions et je le firmament de l’entertainment américain. là, mon esprit se fixe sur son physique et je pense dans la dernière salle, consacrée à sa mort, une suis toujours autant épatée... Quand je suis Comme toutes les étoiles, il aura brillé sur plus à ses combinaisons blanches qu’il avait l’habitude femme bien plus âgée, peut-être la soixantaine mélancolique, j’écoute Blue Moon, et alors je de trente ans de carrière, avec des hauts et des de porter sur scène (jumpsuits) et à la ceinture de voire plus, remplaçait les charmantes guides. Cela trouve ça tellement beau que je reviens à la vie bas. Son come-back en 68 est aussi flamboyant la période Las Vegas. Cette ceinture m’évoque m’a fait réfléchir au sujet de sa mère. Qui était-elle en 3 minutes. J’aime Elvis de tout mon cœur, que son dernier tour de piste Las Vegas 70 le godemiché géant d’Orange Mécanique. J’ai ? La légende veut qu’elle ait été pour lui un point il mérite largement sa cote cosmique et son Il aura, comme tous ceux qui ont voulu toucher une explication à ce sujet, que l’on me pardonne d’ancrage (dans le réel) et qu’à sa mort, il se soit statut d’icône, il était temps qu’il revienne en au divin, une mort tragique, mise en scène.