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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1

FACULTE DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON-SUD CHARLES MERIEUX

Année 2014 N° 85

AUTOPSIE MEDICO-LEGALE DES SUJETS EN 2002 ET EN 2012

COMPARAISON DES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES ET SOCIOLOGIQUES

THESE

Présentée à l'Université Claude Bernard - Lyon 1

et soutenue publiquement le mercredi 28 mai 2014

pour obtenir le grade de Docteur en Médecine

par

Mme Angélique Andrée Marcelle FRANCHI

Née le 25/12/1986

A le Pont de Beauvoisin

1

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON 1

. Président de l'Université François-Noël GILL Y

. Président du Comité de Coordination des Etudes Médicales François-Noël GILL Y

. Directeur Général des Services Alain HELLEU

SECTEUR SANTE

UFR DE MEDECINE LYON EST Directeur : Jérôme ETIENNE

UFR DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYONSUD - CHARLESMERŒUX Directeur : Carole BURILLON

INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES (ISPB) Directeur : Christine VINCIGUERRA

UFR D'ODONTOLOGIE Directeur : Denis BOURGEOIS INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE READAPTATION Directeur : Yves MA TILLON

DEPARTEMENT DE FORMATION ET CENTRE DE RECHERCHE EN BIOLOGIE HUMAINE Directeur : Anne-Marie SCHOTT

SECTEUR SCIENCES ET TECHNOLOGIES

UFR DE SCIENCES ET TECHNOLOGIES Directeur : Fabien DE MARCHJ

UFR DE SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES (ST APS) Directeur : Yannick V ANPOULLE

POL YTECH LYON Directeur: Pascal FOURNIER

I.U.T. Directeur : Christophe VITON

INSTITUT DES SCIENCES FINANCIERES ET ASSURANCES (ISFA) Directeur: Véronique MAUME-DESCHAMPS

I.U.F.M. Directeur : Régis BERNARD

CPELYON Directeur : Gérard PIGNAUL T

OBSERVATOIRE DE LYON Directeur : Bruno GUIDERDONI

2

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) U.F.R. FACULTE DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON SUD-CHARLES MERIEUX

PROFESSEURS DES UNIVERSITES- PRATICIENS HOSPITALIERS (Classe exceptionnelle)

BELLON Gabriel Pédiatrie BERGER Françoise Anatom ie et Cytologie pathologiques CHIDIAC Christian Maladies infectieuses ; Tropicales COIFFIER Bertrand Hématologie ; Transfusion COLLET Lionel Physiologie 1O.R.L. DEVONEC Marian Urologie DUBREUlL Christian O.R.L. GiLL Y François-Noël Chirurgie générale GUEUGNIAUD Pierre-Yves Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale LA VILLE Martine Nutrition MORNEX Françoise Cancérologie ; Radiothérapie PACHECO Yves Pneumologie PEI.X Jean-Louis Chirurgie Générale PERRTN Paul Urologie SAMARUT Jacques Biochimie et Biologie moléculaire SAUMET Jean Louis Physiologie VALETTE Pierre Jean Radiologie et imagerie médicale VTT AL DURAND Denis Thérapeutique

PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)

ANDRE Patrice Bactériologie- Virologie BERGERET Alain Médecine et Santé du Travai l BONNEFOY Marc Médecine Interne, option Gériatrie BROUSSOLLE Christiane Médecine interne; Gériatrie et biologie vieillissement BROUSSOLLE Emmanuel Neurologie BURILLON-LEYNAUD Carole Ophtalmologie CAILLOT Jean Louis Chirurgie générale CARRET Jean-Paul Anatom ie - Chirurgie orthopédique ECOCHARD René Bio-statistiques FLANDROIS Jean-Pierre Bactériologie- Virologie ; Hygiène hospitalière FLOURIE Bernard Gastroentérologie ; Hépatologie FREYER Gilles Cancérologie ; Radiothérapie GEORGIEFF Nicolas Pédopsychiatrie GlAMMARILE Francesco Biophysique et Médecine nucléaire GLEHEN Ol ivier Chirurgie Générale GOLFIER François Gynécologie Obstétrique ; gynécologie médicale GUERIN Jean-Claude Pneumologie KlRKORIAN Gilbert Cardiologie LLORCAGuy Thérapeutique MA GAUD Jean-Pierre Hématologie ; Transfusion MALI CIER Daniel Médecine Légale et Droit de la santé MA TILLON Yves Epidémiologie, Economie Santé et Prévention MOURIQUAND Pierre Chirurgie infantile NICOLAS Jean-François Immunologie PEYRON François Parasitologie et Mycologie PICAUD Jean-Charles Pédiatrie PlRIOU Vincent Anesthésiologie et réanimation chirurgicale POUTElL-NOBLE Claire Néphrologie PRACROS J. Pierre Radiologie et Imagerie médicale RODRIGUEZ-LAFRASSE Claire Biochimie et Biologie moléculaire SALLES Gilles Hématologie ; Transfusion

3

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) SAURIN Jean-Christophe Hépato gastroentérologie SIMON Chantal Nutrition TEBfB Jacques Rhumatologie THAl-VAN Hung Physiologie THIVOLET Charles Endocrinologie et Maladies métaboliques THOMAS Luc Dermato -Vénérologie TRJLLET-LENOIR Véronique Cancérologie ; Radiothérapie VlGHETIO Alain Neurologie

PROFESSEURS DES UNIVERSITES- PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

AD HAM Mustapha Chirurgie Digestive BARREY Cédric Neurochirurgie BERARD Frédéric Immunologie BOHEJulien Réanimation médicale BONNEFOY- CUDRAZ Eric Cardiologie BOULETREAU Pierre Chlrurgie maxillo-faciale et stomatologie CERUSE Philippe O.R.L. CHOTEL Franck Chirurgie Infantile DAVID Jean Stéphane Anesthésiologie et Réanimation DES PORTES DE LA FOSSE Vincent Pédiatrie DEVOUASSOUX Gilles Pneumologie DORET Muriel Gynécologie-Obstétrique; gynécologie médicale DUPUIS Olivier Gynécologie-Obstétrique; gynécologie médicale FARHAT Fadi Chirurgie thoracique et cardiovasculaire FESSY Michel-Henri Anatomie FEU GIER Patrick Chlrurgie Vasculaire FRANCK Nicolas Psychiatrie Adultes JOUANNEAU Emmanuel Neurochirurgie JUILLARD Laurent Néphrologie KASSAI KOUPAIBerhouz Pharmacologie Fondamentale LANTELME Pierre Cardiologie LEBECQUE Serge Biologie Cellulaire UFANTE Jean-Christophe Chirurgie Générale LONG Anne Chirurgie vasculaire LUAUTE Jacques Médecine physique et Réadaptation NANCEY Stéphane Gastro Entérologie PAPAREL Philippe Urologie PIALAT Jean-Baptiste Radiologie et Imagerie médicale POULET Emmanuel Psychiatrie Adultes REIX Philippe Pédiatrie RIOUFFOL Gilles Cardiologie SALLE Bruno Biologie et Médecine du développement et de la reproduction SAN LA VILLE Damien Génétique SER VIEN Elvi re Chirurgie Orthopédique SEVE Pascal Médecine Interne, Gériatrique THOBOIS Stéphane Neurologie IRA VERSE-GLEHEN Alexandra Anatomie et cytologie pathologiques TRJNGALI Stéphane O.R.L. TRONC François Chlrurgie thoracique et cardio.

PROFESSEURS ASSOCIES

FILBET Marilène Soins palliatifs SOU QUET Pierre-Jean Pneumologie

4

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) PROFESSEUR DES UNIVERSITES- MEDECINE GENERALE

DUBOIS Jean-Pierre

PROFESSEURS ASSOCIES- MEDECINE GENERALE

ERPELDINGER Sylvie GIRŒR Pierre

MATTRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (Hors Classe)

ARDAIL Dominique Biochimie et Biologie moléculaire BONMARTIN Alain Biophysique et Médecine nucléaire BOUV AGNET Patrice Génétique CARRET Gérard Bactériologie- Virologie ; Hygiène hospitalière CHARRIE Anne Biophysique et Médecine nucléaire DELAUNA Y-HOUZARD Claire Biophysique et Médecine nucléaire LORNAGE-SANT AMARJA Jacqueline Biologie et Médecine du développement et de la reproduction MASSIGNON Denis Hématologie - Transfusion VIART-FERBER Chantal Physiologie

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALlERS (1ère Classe)

CALLET-BAUCHU Evelyne Hématologie ; Transfusion DECAUSSfN-PETRUCCI Myriam Anatomie et cytologie pathologiques DIJOUD Frédérique Anatomie et Cytologie pathologiques GISCARD D'ESTAING Sandrine Biologie et Médecine du développement et de la reproduction KOCHER Laurence Physiologie MIL LAT Gil les Biochimie et Biologie moléculaire PERRAUD Michel Epidémiologie, Economie Santé et Prévention RABODONIR.INA Méja Parasitologie et Mycologie VAN GANSE Eric Pharmacologie Fondamentale

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES- PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

BELOT Alexandre Pédiatrie BREVET Marie Anatomie et Cytologie pathologiques BRUNEL-SCHOLTES Carol ine Bactériologie Virologie, Hygiène Hospitalière COUR Y LUCAS Fabienne Rhumatologie DESESTRET Virginie Cytologie - Histologie DUMITRESCU BORNE Oana Bactériologie Virologie LOPEZ Jonathan Biochimie Biologie Moléculaire MAUDUIT Claire Cytologie - Histologie METZGER Marie-Hélène Epidémiologie, Economie de la santé, Prévention PERROT Xavier Physiologie PONCET Delphine Biochimie, Biologie moléculaire RAS!GADE Jean-Philippe Bactériologie - Virologie; Hygiène hospitalière

MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES- MEDECINE GENERALE

DUPRAZ Christian PERDRIX Corinne

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0)

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Le Serment d’Hippocrate

Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la Médecine.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.

J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance.

Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.

Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne provoquerai délibérément la mort.

Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.

Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque.

7

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) COMPOSITION DU JURY

PRESIDENT : Monsieur le Professeur Daniel MALICIER Professeur de médecine légale, Université Lyon 1, faculté de médecine Lyon Sud et Lyon Est

MEMBRES : Monsieur le Professeur Jean-Louis TERRA Professeur de psychiatrie, Université Lyon 1, faculté de médecine Lyon Est

Monsieur le Professeur Alain VIGHETTO Professeur de neurologie, Université Lyon 1, faculté de médecine Lyon Sud

Madame le Docteur Géraldine MAUJEAN Docteur en médecine légale, Université Lyon 1, faculté de médecine Lyon Est

Monsieur le Docteur Patrick LEMOINE Docteur en médecine et titulaire d’une thèse d’Université (Neuroscience), Directeur de recherche à l’Université (UDR)

8

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Daniel MALICIER Professeur, vous me faites l’honneur de présider mon jury de thèse. Je vous remercie de la confiance que vous m’accordez en m’accueillant au sein de votre équipe où j’évolue en tant qu’interne depuis novembre 2013. La médecine légale est pour moi une profession mais avant tout une passion qui m’anime depuis des années maintenant et vous avez su me conforter jour après jour dans cette vocation. Veuillez trouver ici l’expression de ma reconnaissance et de mon profond respect.

A Monsieur le Professeur Jean-Louis TERRA Professeur, je vous remercie de l’honneur que vous me faites en acceptant de juger ce travail au vu de votre expérience en matière de . Soyez assuré de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

A Monsieur le Professeur Alain VIGHETTO Professeur, je suis honorée que vous ayez accepté de juger ce travail en siégeant au sein de mon jury. Soyez assuré de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

A Madame le Docteur Géraldine MAUJEAN Géraldine, je suis particulièrement honorée que tu aies accepté de diriger ma thèse. Je te remercie du temps consacré à cet encadrement, de tes relectures minutieuses et de tous tes bons conseils. L’apprentissage à tes cotés est un véritable plaisir et c’est un honneur pour moi d’être ta première élève. Sois assurée de toute ma gratitude et de mon profond respect.

A Monsieur le Docteur Patrick LEMOINE Docteur, vous me faites l’honneur d’avoir accepté mon invitation et je vous remercie pour toute l’aide que vous avez pu m’apporter tout au long de ce travail, pour toutes ces bonnes idées que vous m’avez suggérées et de la rapidité à laquelle vous avez su me répondre. Soyez assuré de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

9

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) A Monsieur le Docteur Jacques BAGUR Jacques, je te remercie pour ton aide précieuse dans ce travail et d’avoir consacré du temps à sa relecture. Sois assuré de ma reconnaissance et de mon profond respect.

A Madame le Docteur Delphine MAUCORT-BOULCH Docteur, je vous remercie d’avoir effectué aussi rapidement l’analyse statistique de cette étude, sans laquelle, ce travail n’aurait pu aboutir. Soyez assurée de toute ma gratitude et de mon profond respect.

A Monsieur le Professeur Michel DEBOUT Professeur, je vous remercie pour tous les conseils que vous avez pu me donner et du temps consacré à la lecture de ce travail quand il n’était encore qu’une ébauche. Soyez assuré de ma reconnaissance et de mon profond respect.

A Madame Virginie MALICIER Madame, je tiens à vous remercier pour votre aide en matière bibliographique et pour la traduction de l’article. Soyez assurée de toute ma gratitude et de mon profond respect.

A toute l’équipe de l’institut de médecine légale de Lyon Aux médecins légistes : A Monsieur le Professeur Laurent FANTON A Monsieur le Docteur Hervé FABRIZI A Monsieur le Docteur Alain TABIB A Madame le Docteur Tiphaine GUINET A Madame le Docteur Marie BARBESIER A Monsieur le Docteur Pierrick VACHER

Je vous exprime mes plus sincères remerciements pour votre disponibilité et votre gentillesse et espère pouvoir continuer à apprendre à vos côtés.

En particulier, à tous ceux qui m’ont aidé dans ce travail, Aux techniciennes de salles, aux secrétaires et aux externes qui se reconnaitront.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Je dédie ce travail :

A Nicolas Je ne saurais comment te remercier pour tout ce que tu m’apportes chaque jour, pour ta patience et ton soutien, et bien plus encore…

A mes parents Papa, Maman, Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez apporté durant toutes ces années. Il n’aurait aucunement été possible de franchir toutes ses étapes sans votre soutien et votre présence à mes côtés. Vous êtes des parents formidables, merci du fond du cœur.

A mon frère Geoffrey, Tu es un frère formidable et je te remercie également pour ton soutien et ton aide.

A ma famille, en particulier à mes grands-mères Vous êtes une famille remarquable et je vous remercie d’être là et de tous les bons moments passés à vos côtés. « Une vie, ça passe vite » c’est promis les grands-mères, je ferai en sorte de me le rappeler chaque jour qui passe afin de donner le meilleur de moi-même durant ce temps si précieux.

A ma belle-mère Je vous remercie pour votre gentillesse, votre disponibilité et votre efficacité en matière de traduction.

A mes amis Que ce soit dans l’enfance, au lycée ou dans le cadre de mes années de médecine en tant qu’externe et en tant qu’interne, j’ai fait de merveilleuses rencontres dans ma vie et vous comptez énormément pour moi. Merci à vous les copains.

A toutes les personnes venues me voir soutenir ma thèse Cette soutenance est pour moi l’aboutissement de ces dix années d’études où ma vocation de médecin légiste n’a jamais vacillé. Je suis d’avance très émue de vous savoir présent et de partager ce moment avec vous. Merci à tous.

A tous ceux que j’aurais pu oublier Qui se reconnaitront probablement…

11

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) LISTE DES SIGLES

AFSSAPS : Agence Française de Sécurité SAnitaire de Produits de Santé

AMM : Autorisation de Mise sur le Marché

ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé

CepiDc : Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de Décès

CESE : Conseil Economique, Social et Environnemental

CMP : Centre Médico-Psychologique

DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques

EAAD : European Alliance Against Depression

IML : Institut de Médecine Légale

INPES : Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

INSERM : Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale

MDMA : Méthylène-Dioxy-MethAmphétamine

MEPS : Méthode d’Entretien pour le Passage à l’acte Suicidaire

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONISR : Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière

THC : TétraHydroCannabinol

UNPS : Union Nationale pour la Prévention du Suicide

USA : United States of America

WHO : World Health Organization

WISQARS : Web-based Injury Statistics Query And Reporting System

12

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) TABLE DES MATIERES

TABLES DES ILLUSTRATIONS ...... 15

RESUME ...... 17

INTRODUCTION ...... 18

MATERIEL ET METHODE ...... 23

I. TYPE D’ETUDE ...... 23 II. POPULATION ...... 23 III. RECUEIL DES DONNÉES ...... 23 1. Données sociodémographiques ...... 23 2. Données médicales ...... 24 3. Données médico-légales ...... 24 4. Données toxicologiques...... 25 IV. METHODE D’ANALYSE ET STATISTIQUE ...... 25

RESULTATS ...... 26

I. RESULTATS CONCERNANT L’ANNEE 2002 ...... 26 1. Données sociodémographiques ...... 26 a. Sexe ...... 26 b. Age ...... 26 c. Profession ...... 28 d. Statut marital ...... 28 e. Domicile ...... 28 f. Isolement ...... 28 2. Données médicales ...... 28 a. Addictions ...... 28 b. Antécédents psychiatriques ...... 28 3. Données médico-légales ...... 29 a. Lieu de découverte ...... 29 b. Lettre d’adieu ...... 29 c. Etat de putréfaction...... 29 d. Modi operandi ...... 29 a) Pendaison ...... 31 b) Chute d’un point élevé ...... 33 c) Intoxication médicamenteuse volontaire ...... 34 d) Arme à feu ...... 36 4. Données toxicologiques...... 37 a. Alcoolémie ...... 37

13

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) b. Médicaments à dose infra-thérapeutique, thérapeutique et supra-thérapeutique ...... 38 c. Médicaments à dose toxique ou létale ...... 38 II. RESULTATS CONCERNANT L’ANNEE 2012 ...... 38 1. Données sociodémographiques ...... 38 a. Sexe ...... 38 b. Age ...... 39 c. Profession ...... 40 d. Statut marital ...... 40 e. Domicile ...... 41 f. Isolement ...... 41 2. Données médicales ...... 41 a. Addictions ...... 41 b. Antécédents psychiatriques ...... 41 3. Données médico-légales ...... 42 a. Lieu de découverte ...... 42 b. Lettre d’adieu ...... 42 c. Etat de putréfaction...... 42 d. Modi operandi ...... 42 a) Pendaison ...... 44 b) Chute d’un point élevé ...... 46 c) Intoxication médicamenteuse volontaire ...... 47 d) Arme à feu ...... 49 4. Données toxicologiques...... 50 a. Alcoolémie ...... 50 b. Médicaments à dose infra-thérapeutique, thérapeutique et supra-thérapeutique ...... 51 c. Médicaments à dose toxique ou létale ...... 51 III. ANALYSE STATISTIQUE ...... 51 1. Données sociodémographiques ...... 51 2. Données médicales ...... 53 3. Données médico-légales ...... 53 4. Données toxicologiques...... 57

DISCUSSION ...... 59

CONCLUSION ...... 66

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 69

ANNEXES ...... 74

14

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) TABLES DES ILLUSTRATIONS

FIGURES

Figure 1: Cas suicidés autopsiés en 2002 : 157 hommes et 85 femmes ...... 26

Figure 2: Effectifs des sujets suicidés et autopsiés en 2002 à l’institut de médecine légale de Lyon classés selon leur sexe et leur âge (total de 242 personnes) ...... 27

Figure 3: Répartition des types d’antécédents psychiatriques retrouvés chez les 242 sujets suicidés autopsiés en 2002 ...... 29

Figure 4: Modes opératoires des 242 cas de suicidés autopsiés en 2002 différenciés selon le sexe ...... 31

Figure 5: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par pendaison en 2002...... 33

Figure 6: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par chute de point élevé en 2002 ...... 34

Figure 7: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2002 ...... 35

Figure 8: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par arme à feu en 2002 ...... 37

Figure 9: Cas suicidés autopsiés en 2012 : 166 hommes et 78 femmes ...... 39

Figure 10: Effectifs des sujets suicidés et autopsiés en 2012 à l’institut de médecine légale de Lyon classés selon leur sexe et leur âge (total de 244 personnes) ...... 40

Figure 11: Répartition des types d’antécédents psychiatriques retrouvés chez les 244 sujets suicidés autopsiés en 2012 ...... 42

Figure 12: Modes opératoires des 244 cas de suicidés autopsiés en 2012 différenciés selon le sexe...... 44

Figure 13: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par pendaison en 2012 ...... 46

Figure 14: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par chute de point élevé en 2012 ...... 47

Figure 15: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2012 ...... 48

Figure 16: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par arme à feu en 2012 ...... 50

Figure 17: Répartition des hommes suicidés selon l’âge : comparaison entre 2002 et 2012 ...... 52

15

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0)

Figure 18: Répartition des femmes suicidées selon l’âge : comparaison entre 2002 et 2012 ...... 52

Figure 19: Comparaison des modes opératoires chez l’homme en 2002 (157 cas) et en 2012 (166 cas) ...... 54

Figure 20: Comparaison des modes opératoires chez la femme en 2002 (85 cas) et en 2012 (78 cas) ...... 55

TABLEAUX :

Tableau 1: Distribution des cas de pendaison en fonction de l’âge...... 31

Tableau 2: Distribution des cas de chute d’un point élevé en fonction de l’âge ...... 33

Tableau 3: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction de l’âge ...... 35

Tableau 4: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction du nombre de médicaments à des doses supra-thérapeutiques ...... 36

Tableau 5: Distribution des cas d’arme à feu en fonction de l’âge ...... 36

Tableau 6: Distribution des cas de pendaison en fonction de l’âge...... 44

Tableau 7 : Distribution des cas de chute d’un point élevé en fonction de l’âge ...... 46

Tableau 8: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction de l’âge ...... 48

Tableau 9: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuses volontaire en fonction du nombre de médicaments à des doses supra-thérapeutiques ...... 49

Tableau 10: Distribution des cas d’arme à feu en fonction de l’âge ...... 49

Tableau 11: Récapitulatif de l’ensemble des données du modus operandi selon le sexe et l’année ...... 55

Tableau 12: Analyse des variables de 2002 et de 2012 (hors toxicologie) selon les tests de Fisher et Wilcoxon 56

Tableau 13: Effectifs selon la positivité du dosage sanguin des différents types de psychotropes classés selon l’année ...... 58

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) RESUME

Le suicide reste un problème de santé publique préoccupant en France. On recense ainsi plus de 10 000 cas par an et ce, malgré la mise en place d’une politique spécifique de prévention.

Objectif. – L’objectif de ce travail était de comparer les données épidémiologiques et sociologiques des sujets décédés par suicide en 2002 et en 2012 et autopsiés à l’institut de médecine légale de Lyon.

Méthodologie. – Il s’agissait d’une étude rétrospective. L’ensemble des suicidés autopsiés à l’institut de médecine légale de Lyon en 2002 et en 2012 ont été inclus. Les variables étudiées regroupaient des variables sociodémographiques, médicales, médico-légales et toxicologiques.

Résultats. – 486 cas ont été inclus au cours des deux années considérées (242 cas en 2002 et 244 en 2012). En 2012, l’âge moyen des sujets suicidés étaient significativement plus élevé qu’en 2002 (48.10 ans versus 51.02, p=0.047) avec un accroissement des plus de 55 ans (p=0.006), en particulier de la tranche d’âge 55-64 ans. Il existait également une augmentation des antécédents psychiatriques (p<0.001) chez les individus autopsiés en 2012. Quelle que soit l’année considérée, la classe d’âge la plus touchée était celle des 45-54 ans. La pendaison restait le modus operandi masculin dominant (38.22% en 2002 et 40.96% en 2012). Chez la femme, les deux modes de suicides les plus fréquents étaient les chutes d’un point élevé (37.65% en 2002 et 25.64% en 2012) et les intoxications médicamenteuses volontaires (34.12% versus 28.21%). Les résultats des analyses toxicologiques ont montré des différences significatives avec une diminution pour les carbamates (8.68% en 2002 versus 0.82% en 2012, p<0.001) et une augmentation pour les antipsychotiques (0.41% en 2002 versus 8.61% en 2012, p<0.001).

Conclusion. – Le vieillissement des sujets suicidés ainsi que l’augmentation des antécédents psychiatriques doivent inciter à la vigilance des soignants et alerter les pouvoirs publics afin de renforcer les dispositifs médicaux de prévention. La politique de la France à cet égard doit selon nous être entièrement repensée et réorganisée1.

Mots-clés : Suicide ; Autopsie ; Epidémiologie ; Toxicologie

1 Résumé de l’article soumis à la revue internationale de psychiatrie American Journal of Forensic Psychiatry (Annexe 1). 17

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) INTRODUCTION

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit le suicide comme « un acte délibéré accompli par une personne qui en connaît parfaitement ou en espère l’issue fatale ». La tentative de suicide se distingue du suicide dans la mesure où elle n'aboutit pas au décès de la personne, bien que l'intention initiale d'attenter à sa vie ait été délibérée dans l'esprit du suicidant. On entend par suicidant un sujet à propos duquel il existe un haut risque de suicide. En France, le Larousse fait état d’« une action de se donner la mort à soi-même », en d’autres termes, un acte délibéré et volontaire de mettre fin à sa propre vie. Etymologiquement, ce mot est du même type qu’« homicide » : on retrouve le pronom latin « sui » (soi-même) et la racine « cid » du verbe « cadere » (tuer).

L’origine du mot suicide est récente puisque sa paternité est fréquemment attribuée à un écrit de l'abbé Desfontaines en 1707 [1] qui fait mention du vocable « suicidum » dans le « Supplément du dictionnaire de Trévoux », publié en 1752 : il aurait relevé ce néologisme dans l’œuvre de Sir Thomas Brown (1642) [2]. En effet, en langue anglaise, le mot existe depuis le début du XVIème siècle. En 1734, le suicide est évoqué dans la revue « Le Pour ou Contre » créée et rédigée par l'abbé Prévost à son retour d’Angleterre. Voltaire, quant à lui, publie en 1739 « Du suicide ou de l'homicide de soi-même », soulignant la difficulté de la société d’alors à mettre un nom sur le phénomène. Le mot sera finalement adopté par des jurisconsultes, tel Daniel Jousse, juriste français du XVIIIème siècle : ces praticiens du droit n’hésiteront pas à faire cohabiter les deux termes « suicide » et « homicide de soi », contribuant ainsi à la diffusion du premier terme. Jean-Baptiste Racine en fait mention dans ses « Œuvres » en 1741, en soulignant le caractère incongru de ce néologisme. L’Académie Française statuera finalement en 1762, en reconnaissant officiellement le terme « suicide » puis en admettant ce même mot en 1798 pour désigner la personne qui se tue elle-même. De nos jours, beaucoup d'auteurs, dont Maurice Van Vyve, se plaisent à faire remarquer que l'expression « se suicider » est tautologique, le pronom réfléchi « se » étant déjà contenu dans « sui » [3].

Émile Durkheim, un des pères fondateurs de la sociologie moderne, publie en 1897 une étude sociologique, « Le Suicide, étude de sociologie », premier ouvrage de référence sur le sujet. S’appuyant sur l’outil statistique, avec pour données disponibles de l’époque, le sexe, l’état-civil et la religion, il établit que le suicide est un phénomène majoritaire et régulier dans la plupart des sociétés, avec une récurrence des taux de suicide et constitue ainsi un fait social à part entière. Fort de ce constat, Durkheim va d’abord identifier deux causes principales au fait suicidaire : l’intégration sociale (conscience et relations communes, objectifs reconnus par

18

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) tous) et la régulation sociale (une autorité morale s’exerçant sur les individus, leur fixant des limites et circonscrivant leurs désirs). Il classifiera ensuite les suicides en quatre types distincts : Premièrement, il définit le suicide égoïste, caractérisé par une trop faible intégration du sujet à la société, lequel sujet n’est plus suffisamment soumis aux normes sociales et ne reconnaît plus d’autres règles que celles fondées sur ses intérêts privés. Deuxièmement, il décrit le suicide altruiste, qui est caractéristique des sociétés dans lesquelles la collectivité prime sur l’individu, à tel point que le sujet peut être amené à oublier son instinct de conservation (exemple des veuves hindoues). Troisièmement, il expose le suicide anomique, caractérisé par le dérèglement de l’échelle sociale économique à laquelle est soumis le sujet (lors de crises économiques ou de périodes de brusque croissance). Enfin, la quatrième classe est le suicide fataliste caractérisé par le désespoir et le manque de perspectives du sujet ou encore par son impossibilité réelle ou supposée à modifier son destin. En définitive, cet ouvrage reflète la préoccupation de Durkheim pour la cohésion sociale et établit une relation de cause à effet entre les formes déséquilibrées du lien social et les taux de suicide.

Les philosophes se sont, eux aussi, emparés de ce champs d’investigation, et ce dès l’Antiquité. Toutefois, selon le courant de pensée, les points de vue divergent puisque, par exemple, le suicide peut être considéré comme un acte suprême de liberté ou une option de faiblesse et de renoncement, voire de sacrifice. Chez les penseurs grecs, Aristote le condamne fermement, l’assimilant à une « désertion » ; Platon, lui, introduit une nuance quant aux cas de maladies incurables ; les partisans des écoles cyniques, épicuriennes et stoïciennes lui accorderont un début de légitimité lorsque l’individu se ressent trop de la pénibilité de son existence. Les Romains ne tolèrent l’acte suicidaire que lorsqu’il se révèle en phase avec les valeurs stoïciennes alors en vigueur : les autres cas sont réprimés à la fois par la morale et la justice. L’avènement de l’Eglise Catholique ne voit pas de différences majeures quant à cette position : dès le IVème siècle, le suicide est qualifié de « crime » et d’ « effet d’une fureur diabolique ». Les suicidés sont privés de sacrements religieux, mis à la fosse commune, voire excommuniés et ce, à travers toute l’Europe. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour observer un assouplissement de ces sanctions. Plus récemment, Freud a consacré une littérature abondante au sujet entre 1905 et 1920, marquée par un grand écart intellectuel symbolisé par la publication de « Au-delà du principe de plaisir » : il définit la notion de « pulsion de mort », comme « la tendance fondamentale de tout être vivant à retourner à l’état anorganique ». Pour le fondateur de la psychanalyse, le fonctionnement psychique n’est autre que la conséquence de l’opposition entre la pulsion de mort et l’instinct de vie, conceptualisant ainsi le principe de l’auto destruction.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Paul Valéry affirme dans « Tel Quel » que le suicide est en général dû à l'impossibilité pour sa victime de supprimer chez elle une idée lui causant souffrance, et à laquelle elle pense ne pouvoir mettre fin qu'avec sa propre mort2. Pour Jean-Jacques Delfour [3], « le suicidant ne peut pas vouloir mourir, puisqu'il ignore ce qu'est la mort, dans le sens où il n'en a pas l'expérience. Le suicide serait donc uniquement une manière de mettre fin à une souffrance. Cependant, si le suicidé met fin à sa souffrance, il met aussi fin à la suppression de cette souffrance et n'en bénéficie pas ; la liberté que l'on a sur sa vie, le pouvoir de se tuer, disparaissant avec la vie elle-même, on ne peut en jouir ». Delfour fait sien le postulat selon lequel il n'y a pas à proprement parler de suicide, mais une agression du corps pour laquelle rien n'est venu interrompre le processus mortel.

En matière de droit, le suicide a connu de nombreuses péripéties en France. Une première évolution marquante s’opère au XVIIIème siècle, sous l'influence des élites intellectuelles, puis à la faveur de la Révolution Française, avec la Déclaration des Droits de l'Homme qui suspend le droit de contrôle du groupe sur l'individu. Cette tendance se formalise en 1810 avec le Code Pénal Napoléonien qui fera sortir le suicide du champ pénal. Cette évolution n’a pas été aussi nette que cela peut tout d’abord paraitre: la société de l’époque reste très marquée par les pesanteurs culturelles et religieuses liées au crime et à la culpabilité. Le XIXème siècle véhicule également des positions beaucoup plus radicales et moralisatrices, ce qui maintient, malgré la dépénalisation du suicide, son auteur au rang des proscrits, d'autant plus que le droit canon3 ne sera pas modifié avant la seconde partie du XXème siècle (1963), le refus à la sépulture chrétienne pesant lourdement dans le statut social du suicidé et de sa famille. Fait marquant du XXème siècle, le délit de « provocation au suicide » a été créé en 1987 à la suite de la publication du livre « Suicide, mode d'emploi » 4, ayant pour conséquence l'interdiction de publication de l'ouvrage. La seconde évolution majeure intervient dès lors que le suicide quitte le domaine pénal pour le domaine médical et plus particulièrement psychiatrique : le « nouveau malade » n’est pas mieux considéré, Jean-Etienne Dominique Esquirol dans son ouvrage « Des maladies mentales considérées selon les rapports médical, hygiénique et médico-légal » nous apprenant en 1838 que « l’homme n’attente à ses jours que dans le délire » et que « tous les suicidés sont des aliénés ». Criminel pendant des siècles, le suicidé devenait un fou, tout au mieux un malade dangereux, parfois même traité par électrocution et jets d’eau glacée.

Le caractère prégnant des problématiques induites par le suicide est incontestable. De nos jours, ce phénomène fait partie intégrante de nos sociétés et se pose en problème majeur que ce soit en France ou dans le monde entier.

2 « Le suicide est comparable au geste désespéré du rêveur pour rompre son cauchemar. Celui qui par effort se tire d’un mauvais sommeil, tue ; tue son rêve. Se tue rêveur. » 3 Ensemble des lois et des règlements adoptés ou acceptés par les autorités catholiques pour le gouvernement de l'Église et de ses fidèles. 4 Article 223-13 à 223-15-1 du Code pénal. 20

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Chaque année, on estime à environ 10 à 20 millions de personnes aux tendances suicidaires et à plus d’un million celles qui se suicident dans le monde, ce qui en fait la treizième cause de mortalité [4]. Aux USA, le suicide est classé comme la dixième cause de mortalité et même la troisième pour les adolescents et les adultes de moins de 35 ans [5].

En France, le suicide est un problème de santé publique important [6] et a été décrété priorité nationale en 2013 [7]. Sa prévention doit devenir une grande cause nationale selon le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) [8]. Avec plus de 10 000 cas de suicides recensés officiellement chaque année (soit 1.99% des décès annuels [9]), cette prévalence étant probablement sous-estimée, la France fait partie des pays européens les plus touchés par le suicide (3ème rang en Europe) [10]. Le taux standardisé global de suicide atteint ainsi 14.7 pour 100 000 habitants (soit 26,4/100 000 chez les hommes et 7,2/100 000 chez les femmes) [11] alors que les taux s’élèvent respectivement à 10,8/100 000 et à 3,1/100 000 au Royaume-Uni. Ces chiffres peuvent être rapprochés de ceux de l’alcoolisme et de la consommation de cannabis, addictions liées à la suicidalité et particulièrement répandues en France [12].

Le suicide concerne majoritairement les hommes (75% des suicidés) et touche majoritairement les 45-54 ans (22%), les 25-34 ans (20.6%), les 35-44 ans (17%) et les 55-64 ans (17%) [13]. Il s’agit de la première cause de mortalité chez les 25-34 ans et la deuxième chez les 15-24 ans, la première étant les accidents de la voie publique [14]. La mortalité par suicide augmente régulièrement avec l’âge, son incidence pour 100 000 habitants étant de 6.5 chez les 15-24 ans, 29.4 pour les 75-84 ans et 39.5 pour les 85-94 ans [7]. Malgré des différences selon les âges [15], il semble exister une relative stagnation des 30-65 ans ces dernières années. La pendaison reste le principal mode de suicide en France (52.5%), suivi des intoxications médicamenteuses volontaires (15.3 % ; avec 29.9% pour les femmes), des armes à feu (13.3 % ; avec 17.3% chez les hommes) et des chutes d’un point élevé (5.9 %) [7]. Dans certains cas, le suicide peut se révéler complexe avec l’association de plusieurs modes opératoires et dans quelques cas très exceptionnels, le suicide peut s’avérer de diagnostic difficile, voire masquer un acte criminel dont la mise en évidence ne pourra se faire qu’avec la pratique d’une autopsie médico-légale. En effet, selon les recommandations européennes5, le suicide est une indication d’autopsie médico-légale puisque considéré comme une mort violente.

Bien que d’une manière générale, sur les vingt dernières années, la prévalence du suicide en France tende à diminuer avec un nombre annuel de suicides chiffré à 11 403 en

5 Recommandations N°R(99)3 du comité des ministres aux états membres relative à l’harmonisation en matière des règles en matière d’autopsie médico-légale adoptée par le comité des ministres le 2 février 1999. 21

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) 1990 contre 10 333 en 2010 [7], cette dernière reste élevée, notre pays se plaçant à la 18ème place au rang mondial [16]. Ce constat alarmant a entraîné la mise en place de mesures par le gouvernement français, dont la dernière date de septembre 2011 [17]. Ce programme national d’action (Annexe 2) comporte six objectifs : développer la prévention et la postvention ; améliorer la prise en charge des personnes en risque suicidaire ; informer et communiquer autour de la prévention ; former les professionnels ; entreprendre des études et des recherches ; effectuer un suivi du programme d’actions contre le suicide. Force est de reconnaître que jusqu’à présent, ces mesures se sont révélées peu efficientes.

Dans ce contexte, il nous est apparu intéressant d’étudier les données épidémiologiques et sociologiques des personnes suicidées en 2002 et en 2012 en analysant les cas autopsiés à l’institut de médecine légale (IML) de Lyon. L’objectif principal de cette étude était de comparer ces données afin de rendre compte du profil des sujets suicidés en 2002 et ceux suicidés en 2012, et de repérer d’éventuelles différences significatives entre ces deux populations. Les objectifs secondaires étaient d’améliorer la prise en charge des patients suicidaires et de proposer des idées novatrices en matière de prévention anti-suicide.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) MATERIEL ET METHODE

I. TYPE D’ETUDE

Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée à l’IML de Lyon.

II. POPULATION

La population d’étude regroupe l’ensemble des personnes suicidées ayant été autopsiées à l’IML de Lyon en 2002 et en 2012. L’IML de Lyon est un centre hospitalo- universitaire pratiquant près de 800 autopsies par an. Il s’agit du deuxième centre de médecine légale thanatologique en France après celui de Paris en terme d’activité autopsique. La zone géographique qu’il couvre correspond à un peu plus de trois millions d’habitants comprenant les secteurs des tribunaux de grandes instances de Lyon (69), de Bourg en Bresse (01), de Bourgoin-Jallieu (38), de Villefranche (69) et de Vienne (38).

III. RECUEIL DES DONNÉES

Les données ont été collectées à partir des archives de l’IML de Lyon. Chaque dossier inclut le rapport spécial (constatations sur place de l’autorité judiciaire), le rapport d’autopsie (levée de corps, description et résultats de l’autopsie) et les examens complémentaires effectués (dont le rapport de toxicologie). A noter que l’ensemble des analyses toxicologiques ont été réalisées par le même laboratoire, selon les mêmes techniques de dosages. Les paramètres étudiés pour les années 2002 et 2012 ont été classés en quatre catégories : données sociodémographiques, données médicales, données médico-légales et données toxicologiques.

1. Données sociodémographiques

Elles regroupent le sexe, l’âge, la profession, le statut marital, la notion d’isolement et le lieu de résidence.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) L’âge a été étudié selon les catégories officielles de l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) [18] : strictement inférieur à 15 ans ; 15-24 ans ; 25-34 ans ; 35-44 ans ; 45-54 ans ; 55-64 ans ; 65-74 ans ; 75-84 ans ; égal ou supérieur à 85 ans. La profession a été classée selon les catégories de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) [19] : agriculteurs exploitants ; artisans, commerçants, chefs d’entreprise ; cadres, professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; ouvriers ; inactifs ayant déjà travaillé ; autres et sans activité professionnelle. Ont été considérées comme retraités les personnes de plus de 60 ans en l’absence de données spécifiques. Le statut marital comprenait la catégorie « en couple » - sujets mariés, pacsés ou en concubinage - et la catégorie « seul » - sujets veufs, séparés, divorcés ou célibataires. L’isolement était retenu pour les personnes décrites comme isolées socialement ou n’ayant aucun entourage (famille, amis) de mentionné dans le dossier. Le lieu de résidence a été considéré comme personnel lorsque celui-ci s’apparentait à un domicile individuel (excluant de facto foyer, hôpital psychiatrique, maison de retraite, cellule de prison).

2. Données médicales

Elles regroupaient les antécédents psychiatriques (syndrome dépressif et tentative de suicide, trouble psychotique incluant la schizophrénie, trouble bipolaire, trouble de la personnalité) et la présence d’une conduite addictive (alcoolisme chronique et toxicomanie incluant cannabis, cocaïne, MDMA, héroïne). Seules les données médicales précisées dans le rapport spécial ou dans le rapport d’autopsie ont été prises en compte. En leur absence, aucune différence n’a pu être faite entre les individus n’ayant aucun antécédent psychiatrique ni aucune addiction et ceux dont les données étaient manquantes.

3. Données médico-légales

Elles regroupent à la fois des données issues de la levée de corps (lieu de découverte du cadavre, présence ou non d’une lettre d’adieu, présence ou non d’un état de putréfaction) et des données issues de l’autopsie (modus operandi à l’origine du décès). Pour les suicides associant plusieurs modes opératoires, nous avons retenu le modus operandi ayant été directement à l’origine du décès (10 cas en 2002 et 6 en 2012). Afin d’illustrer ce propos, nous rapportons deux observations : En 2002, une personne a été retrouvée pendue et présentant également un traumatisme cranio-encéphalique par arme à feu. L’autopsie a mis en évidence des lésions vitales sur le trajet du projectile. Aucun signe en faveur d’une asphyxie mécanique par pendaison n’a été objectivé. Ce cas a ainsi été considéré comme un suicide par arme à feu.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) En 2012, un individu a été retrouvé sur les berges du Rhône. Alors que les résultats toxicologiques montraient la présence de médicaments à des concentrations sanguines toxiques, l’autopsie retrouvait des signes en faveur d’une submersion vitale et la recherche de diatomées se révélait positive dans les organes prélevés. Par conséquent, ce cas a été considéré comme une noyade.

4. Données toxicologiques

Toute détection sanguine de substances, quel que soit le type, a été considérée comme positive. Les variables qualitatives associaient la présence au niveau sanguin de psychotropes (benzodiazépines, carbamates, antidépresseurs, neuroleptiques, hypnotiques, thymorégulateurs et antipsychotiques) et/ou d’éthanol. Par ailleurs, des variables quantitatives ont été définies pour les médicaments en cinq catégories d’après les données de la littérature (dose infra-thérapeutique ; thérapeutique ; supra-thérapeutique ; toxique ; létale) et pour l’alcool selon le taux mesuré (négatif, inférieur à 0,5 grammes, entre 0,5 et 1 gramme, entre 1 et 1,5 grammes, entre 1,5 et 2 grammes, supérieur à 2 grammes, non connu).

IV. METHODE D’ANALYSE ET STATISTIQUE

L’analyse statistique comparant les données des deux années a été précédée d’une partie exposant les différents résultats obtenus pour l’année 2002 puis pour l’année 2012. En ce qui concerne la partie statistique, toutes les données ont été collectées avec un logiciel Excel. Les bases de données de 2002 et de 2012 ont été fusionnées par les variables communes entre les 2 bases. Les données ont été décrites en effectifs et pourcentages pour les variables qualitatives ou catégorielles, et en moyenne, médiane, quartiles, minimum et maximum pour les variables quantitatives continues. Les caractéristiques ont été comparées à l’aide de tests non paramétriques (Mann et Whitney pour les variables quantitatives, et test de Fisher pour les variables qualitatives). Les résultats ont été considérés comme significatifs lorsque la valeur du p était inférieure à 0.05. Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R (software 3.0.2, 2012) [20].

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) RESULTATS

La partie résultat de ce travail se décompose en trois axes : présentation des résultats de l’année 2002, présentation des résultats de l’année 2012 et analyse statistique des résultats des deux années.

I. RESULTATS CONCERNANT L’ANNEE 2002

1. Données sociodémographiques

En 2002, 818 autopsies ont été pratiquées à l’institut de médecine légale de Lyon dont 242 en rapport avec une mort violente par suicide, soit 29.58%.

a. Sexe

Parmi les 242 cas recensés en 2002, 157 étaient des hommes (64.88%) et 85 des femmes (35.12%) soit un sex ratio Homme/Femme (H/F) de 1.85.

Cas suicidés autopsiés en 2002 : répartition des sexes

35,12% Sexe masculin

Sexe féminin 64,88%

Figure 1: Cas suicidés autopsiés en 2002 : 157 hommes et 85 femmes

b. Age

En 2002, l’âge moyen était de 48.10 ans et l’âge médian de 46.00 ans (minimum 12 ans – maximum 93 ans).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Quel que soit le sexe, la majorité des sujets suicidés avaient un âge qui se situe entre 25 et 54 ans avec un effectif de 106 hommes (représentant 67.51% des individus de sexe masculin) et 47 femmes (représentant 55.29% des individus de sexe féminin), soit un total de 153 cas (63.22% de l’ensemble de la population incluse). Il existait une prédominance nette des 45-54 ans qui comprenait 39 hommes et 25 femmes. Cette classe d’âge représentait 26.45% de l’ensemble des cas de suicide autopsiés à Lyon en 2002. La seule classe d’âge où la proportion de femmes était supérieure à celle des hommes était la classe d’âge des 65-74 ans. En effet, elle regroupait 12 femmes et 8 hommes.

45

40 39

35 34 33

30

25 25

Sexe masculin 20

15 Sexe féminin 13 13 13 12 10 10 9 8 8 8 7

5 4 3 2 1 0 0 0 < 14 ans 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85ans Non ans ans ans ans ans ans ans connu

Figure 2: Effectifs des sujets suicidés et autopsiés en 2002 à l’institut de médecine légale de Lyon classés selon leur sexe et leur âge (total de 242 personnes)

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) c. Profession

En considérant que les personnes de plus de 60 ans étaient retraitées (54 cas en 2002 soit 22.31%), seul 20 dossiers comportaient une information sur l’activité professionnelle du sujet suicidé (8.26 %). Parmi ces 20 cas, 7 étaient chômeurs, 2 collégiens et 2 étudiants. Ce critère d’étude était donc manquant pour 168 cas soit 69.42%.

d. Statut marital

Le statut marital était inconnu pour 104 sujets soit 42.98%. 82 cas ont été considérés comme étant « seul » avec 33 célibataires, 21 divorcés, 9 séparés et 19 veufs. 56 cas ont été considérés « en couple » avec 43 mariés et 13 en concubinage.

e. Domicile

Le domicile des sujets suicidés en 2002 était majoritairement un domicile personnel avec 211 cas (87.19%). Pour les autres, 8 séjournaient en prison (3.31%), 7 en résidence pour personnes âgées (2.89%), 4 en foyer (1.65%), 3 au domicile parental (1.24%), 2 en hôpitaux psychiatriques (0.83%), 1 en chambre étudiante (0.41%), 1 chez un tiers (0.41%) et 1 en chambre d’hôtel (0.41%). 3 étaient sans domicile fixe (1.24%) et dans un seul cas, le domicile n’était pas déterminé (0.41%).

f. Isolement

En 2002, 46 sujets ont été considérés comme isolé (19.01%).

2. Données médicales

a. Addictions

En 2002, 38 cas étaient éthyliques chroniques connus (15.70%) et 13 cas consommaient des drogues (5.37%). Les 191 cas restants (78.93%) regroupaient les sujets dont le statut addictif n’était pas connu et les sujets n’ayant aucune addiction.

b. Antécédents psychiatriques

150 sujets avaient des antécédents psychiatriques (61.98%). La répartition des antécédents psychiatriques par type de troubles est représentée dans la figure 3 ci-dessous. Par ailleurs, parmi ces individus, 44 avaient déjà essayé d’attenter à leurs jours (29.33%).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Répartition des antécédents psychiatriques par type de troubles

Syndrome depressif 92 Troubles bipolaires

142 Troubles psychotiques

Trouble de la personnalité

4 4 Aucun ou non connu

Figure 3: Répartition des types d’antécédents psychiatriques retrouvés chez les 242 sujets suicidés autopsiés en 2002

3. Données médico-légales

a. Lieu de découverte

En 2002, 152 cas ont été découverts à leur domicile personnel (62.81%) et 87 sur la voie publique (35.95%). A noter que le lieu de découverte du corps concernait le lieu de travail pour 2 cas (0.83%) et une chambre d’hôtel pour 1 cas (0.41%).

b. Lettre d’adieu

En 2002, 58 personnes avaient laissé une lettre d’adieu avant de mettre fin à leurs jours (23.97%) avec une répartition de 36 hommes et 22 femmes.

c. Etat de putréfaction

29 corps ont été découverts avec des signes d’altérations (11.98%) avec une répartition de 22 hommes et 7 femmes.

d. Modi operandi

Les différents modes opératoires ont été représentés sur la figure 4 en fonction du sexe. En 2002, les modi operandi prédominants, quel que soit le sexe, étaient au nombre de quatre : la pendaison (70 cas soit 28.93%), la chute de point élevé (61 cas soit 25.21%), l’intoxication médicamenteuse volontaire (50 cas soit 20.66%) et l’utilisation d’une arme à feu (31 cas soit 12.81%).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Chez les hommes, la pendaison était majoritaire avec 60 cas (38.22%), suivie de la chute d’un point élevé avec 29 cas (18.47%), de l’utilisation d’une arme à feu avec 26 cas (16.56%) et de l’intoxication médicamenteuse volontaire avec 21 cas (13.38%). Les autres modes regroupaient la noyade avec 5 cas (3.18%) ; l’utilisation d’une arme blanche avec 5 cas (3.18%) ; le franchissement par un train avec 5 cas (3.18%) ; la suffocation avec 2 cas (1.27%) ; l’intoxication oxycarbonée avec 2 cas en 2002 (1.27%) et l’immolation par le feu avec 2 cas (1.27%).

Chez les femmes, les deux modi operandi les plus fréquents étaient la chute d’un point élevé avec 32 cas (37.65%) et l’intoxication médicamenteuse volontaire avec 29 cas (34.12%). Venaient ensuite la pendaison avec 10 cas (11.76%) et la noyade avec 5 cas (5.88%). Les autres modes moins fréquents étaient l’utilisation d’une arme à feu avec 5 cas (5.88%) ; l’intoxication oxycarbonée avec 2 cas (2.35%) ; l’utilisation d’une arme blanche avec 1 cas (1.18%) et le franchissement par le train avec 1 cas (1.18%). Il n’y avait aucun cas d’immolation par le feu, ni de suffocation.

En 2002, parmi les 242 cas de suicidés autopsiés, 10 suicides étaient complexes (4.13%). Parmi ceux-ci, 3 cas de chutes de point élevé associés à une intoxication médicamenteuse volontaire ont été considérés comme une chute de point élevé. 5 cas de noyade associées à une intoxication médicamenteuse volontaire ont été considérés comme une noyade. 1 cas de chute de point élevé associée à une noyade a été considéré comme une chute de point élevé et 1 cas de pendaison avec utilisation d’une arme à feu a été considéré comme un suicide par arme à feu.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Asphyxie 0 2

Immolation 0 2

Intoxication oxycarbonnée 2 2

Franchissement par un train 1 5

Arme blanche 1 5 Sexe féminin Noyade 5 5 Sexe masculin Arme à feu 5 26

Intoxication médicamenteuse volontaire 29 21

Chute d'un point élevé 32 29

Pendaison 10 60

0 10 20 30 40 50 60 70

Figure 4: Modes opératoires des 242 cas de suicidés autopsiés en 2002 différenciés selon le sexe

a) Pendaison

Age et sexe 70 cas de pendaison (28.93%) ont été retrouvés en 2002 avec une proportion de 10 femmes pour 60 hommes. Sur ces 70 sujets, la tranche d’âge dominante était celle de 45-54 ans avec 23 cas (32.86%). L’âge médian était de 45.00 ans et l’âge moyen de 44.77 ans (minimum 12 ans et maximum 93 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 1 4 12 17 23 8 1 3 1 70

Tableau 1: Distribution des cas de pendaison en fonction de l’âge

31

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Type de pendaison Il s’agissait d’une pendaison complète dans 40 cas (57.14%) et incomplète dans 30 cas (42.86%).

Type de lien Le matériel utilisé était une corde pour 26 cas pour les pendaisons complètes (65.00%) et 15 cas pour les pendaisons incomplètes (50.00%). Les autres types de liens utilisés associaient essentiellement des ceintures, des câbles électriques, des draps (moyen unique retrouvé chez les prisonniers) et des sangles. Dans quelques cas rares de pendaison, le lien correspondait à des lacets ou à une laisse de chien.

Lieu de pendaison 59 individus se sont pendus en milieu fermé (porte, fenêtre, radiateur, poutre, tuyau, escalier) soit 84.29% et 11 cas en milieu ouvert (arbre essentiellement) soit 15.71%. 43 cas ont privilégié leur domicile personnel pour se pendre (61.43%), 4 leur lieu de travail (5.71%), 7 leur cellule de prison (10%), 7 l’hôpital psychiatrique (10%) et 9 la voie publique (12.86%).

Données médicales 45 cas avaient des antécédents psychiatriques (64.29%) dont 38 étaient porteurs d’un syndrome dépressif. Parmi eux, 17 avaient déjà attenté à leurs jours (37.78%). En ce qui concerne les addictions, parmi les 70 individus qui se sont pendus, 10 étaient considérés comme alcooliques chroniques (14.29%) et 4 comme toxicomanes (5.71%).

Données de la levée de corps 8 corps ont été retrouvés dans un état de putréfaction avancé (11.43%). 29 cas avaient laissé une lettre d’adieu avant de passer à l’acte (41.43%).

Analyses toxicologiques Les résultats des analyses toxicologiques ont mis en évidence une alcoolémie positive chez 27 individus (38.57%). Tous xénobiotiques confondus, l’analyse toxicologique était positive pour 19 cas (27.14%) avec essentiellement des doses thérapeutiques et supra- thérapeutiques de benzodiazépines et d’antidépresseurs. Du tétrahydrocannabinol (THC) était présent dans 4 cas (5.71%).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Répartition du taux d'alcoolémie

1 2 0g 5 7 < 0,5g 0,5-1g 8 43 1-1,5g 1,5-2g >2g 4 Non connu

Figure 5: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par pendaison en 2002

b) Chute d’un point élevé

Age et sexe 61 individus ont été recensés pour le modus operandi chute d’un point élevé (25.21% de l’ensemble des suicides) avec 32 femmes et 29 hommes. Les tranches d’âges dominantes étaient les 45-54 ans (19.67%), les 25-34 ans (16.39%) et les 75-84 ans (16.39%). L’âge médian était de 46.00 ans et l’âge moyen de 50.34 ans (minimum 15 ans et maximum 89 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 8 10 9 12 1 7 10 3 61

Tableau 2: Distribution des cas de chute d’un point élevé en fonction de l’âge

Lieu de découverte Le lieu de découverte du corps était essentiellement la voie publique devant le domicile personnel (46 cas soit 75.41%). 8 cas ont été retrouvés à l’aplomb de leur chambre d’hôpital (13.11%) et 7 en ville ou en contre-bas d’un pont (11.48%). 11 cas étaient encore vivant lors de l’intervention des secours et sont décédés à l’hôpital (18.03%).

Point de départ de la chute Le point de départ de la chute était majoritairement une fenêtre (25 cas soit 40.98%) ou un balcon (18 cas soit 29.51%). Parmi les 61 cas, 42 ont chuté d’une hauteur équivalente ou supérieure au quatrième étage d’un immeuble soit 68.85%.

33

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Données médicales 35 cas étaient porteurs d’un syndrome dépressif (57.38%) dont 11 qui avaient déjà tenté de mettre fin à leurs jours. En ce qui concerne les addictions, 8 individus étaient considérés comme alcooliques chroniques (13.11%) et 1 comme toxicomane (1.64 %).

Données de la levée de corps Aucun corps n’a été retrouvé putréfié. 9 d’entre eux avaient laissé une lettre d’adieu (soit 14.75%).

Analyses toxicologiques Les résultats des analyses toxicologiques ont mis en évidence une alcoolémie positive pour 22 sujets (36.07%). Tous xénobiotiques confondus, l’analyse toxicologique était positive dans 22 cas (36.07%) avec des benzodiazépines, des antidépresseurs et des neuroleptiques à des doses thérapeutiques et supra-thérapeutiques. Des stupéfiants étaient mis en évidence dans 4 cas (6.56%).

Répartition du taux d'alcoolémie

0g 4 5 2 < 0,5g 4 0,5-1g 1-1,5g 37 4 5 > 1,5g >2g Non connu

Figure 6: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par chute de point élevé en 2002

c) Intoxication médicamenteuse volontaire

Age et sexe 50 individus ont été recensés en 2002 (20.66%) avec 21 hommes et 29 femmes. La tranche d’âge prédominante était celle des 45-54 ans avec 16 cas (32.00%). L’âge médian était de 47.00 ans et l’âge moyen de 45.90 ans (minimum 14 ans et maximum 81 ans).

34

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) <15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 1 1 9 10 16 8 4 1 0 50

Tableau 3: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction de l’âge

Lieu de découverte 47 corps ont été découverts au domicile personnel (94.00%), 2 dans un foyer d’accueil ou de travailleurs (4.00%) et 1 sur le lieu de travail (2.00%).

Données médicales 36 sujets présentaient des antécédents de dépression (72.00%) dont 7 avaient déjà fait une tentative de suicide. En ce qui concerne les addictions, 9 individus étaient considérés comme alcooliques chroniques (18.00 %) et 6 comme toxicomanes (12.00 %).

Données de la levée de corps 16 cas ont été retrouvés dans un état de putréfaction avancé (32.00%). 13 sujets avaient laissé une lettre d’adieu (26.00%).

Analyses toxicologiques En ce qui concerne les résultats des analyses toxicologiques, l’alcoolémie était positive dans 23 cas (46.00%) et non connu dans 2 cas (4.00%).

Répartition du taux d'alcoolémie

0g 4 4 2 < 0,5g 4 25 0,5-1g 4 1-1,5g > 1,5g 7 >2g Non connu

Figure 7: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2002

41 cas avaient ingéré plus de deux types de médicaments (82.00%). Parmi ces intoxications poly médicamenteuses, les psychotropes détectés au niveau sanguin étaient, par ordre de fréquence, les benzodiazépines (32 cas soit 64.00%), les antidépresseurs (22 soit 44.00%), les morphiniques ou antalgiques (11 soit 22.00%), les carbamates (7 soit 14.00%),

35

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) les neuroleptiques (6 soit 12.00%) et les hypnotiques (3 soit 6.00%). En ce qui concerne les autres types de médicaments, seulement 3 ont été retrouvés : anti-hypertenseur, anti-paludéens et anti-épileptique. Quant aux drogues, 3 individus étaient concernés (6.00%). A noter, un cas d’intoxication avec un pesticide. Dans la majorité des cas, une association poly-médicamenteuse était objectivée. Le tableau 4 représente le nombre de médicaments retrouvés à des doses supra-thérapeutiques (comprenant les doses supra-thérapeutiques, toxiques et létales) chez les individus suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2002.

Nombre de médicaments détectés au niveau sanguin à des doses 1 2 3 4 >5 TOTAL supra-thérapeutiques Nombre de cas 9 14 9 10 8 50

Tableau 4: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction du nombre de médicaments à des doses supra-thérapeutiques

d) Arme à feu

Age et sexe En 2002, 31 cas de suicide par arme à feu étaient recensés (12.81%) avec 26 hommes et 5 femmes. Les deux tranches d’âge prédominantes étaient les 35-44 ans avec 7 cas (22.58%) et les 75-84 ans avec 6 cas (19.35%). L’âge médian était de 49 ans et l’âge moyen de 53.55 ans (minimum 19 ans et maximum 88 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 2 4 7 4 3 4 6 1 31

Tableau 5: Distribution des cas d’arme à feu en fonction de l’âge

Lieu de découverte Le lieu de découverte du corps concernait le domicile personnel dans 26 cas (83.87%), la voie publique dans 4 cas (12.90%) et l’hôpital dans 1 cas (3.23%). 3 ont été pris en charge par les secours et sont décédés à l’hôpital (9.68%).

Arme et orifice d’entrée Le type d’arme utilisé était majoritairement un fusil de chasse (9 cas soit 29.03%), un revolver (8 cas soit 25.81%) ou une carabine (6 cas soit 19.35%).

36

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) L’orifice d’entrée était majoritairement endobuccal (11 cas soit 35.48 %) et temporal (11 soit 35.48%). Pour les autres cas, il était thoracique (5 soit 16.13%), frontale (3 soit 9.68%) et auriculaire (1 soit 3.23%).

Données médicales 16 personnes étaient porteuses d’un syndrome dépressif (51.61%) dont 3 qui avaient déjà attenté à leurs jours. En ce qui concerne les addictions, 7 individus étaient considérés comme alcooliques chroniques (22.58%) et aucun n’était considéré comme toxicomane.

Données de la levée de corps Une lettre d’adieu avait été rédigée dans 8 cas (25.81%). Un état de putréfaction n’était présent que dans 1 seul cas (3.23%).

Analyses toxicologiques En ce qui concerne les résultats toxicologiques, l’alcoolémie était positive pour 6 cas (19.35%) et non connue pour 1 (3.23%). Aucun xénobiotique n’a été détecté hormis pour 1 cas la présence de benzodiazépine à des doses thérapeutiques (3.23%).

Répartition du taux d'alcoolémie

1 0g 1 3 1 1 < 0,5g 0,5-1g 1-1,5g 24 > 1,5g >2g Non connu

Figure 8: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par arme à feu en 2002

4. Données toxicologiques

a. Alcoolémie

Sur l’ensemble des cas de 2002, quel que soit le sexe, l’âge ou le modus operandi, 79 cas étaient positifs (32.64%), 148 négatifs (61.16%) et 15 non connus.

37

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) b. Médicaments à dose inf ra-thérapeutique, thérapeutique et supra-thérapeutique

Les psychotropes étaient la classe de médicaments la plus fréquemment retrouvée avec les benzodiazépines (119 personnes soit 49.17%), les antidépresseurs (58 soit 23.97% ; dont 31 cas d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine), les neuroleptiques (27 soit 11.16%) et les hypnotiques (17 soit 7.02%). Les médicaments non-psychotropes associaient uniquement les anti-épileptiques (11 soit 4.54%), les bétabloquants (2 soit 0.83%) et les inhibiteurs calciques (2 soit 0.83%). Par ailleurs, la présence de paracétamol a été objectivée chez 35 individus (14.46%).

c. Médicaments à dose toxique ou létale

Les psychotropes constituaient également la classe de médicaments la plus fréquemment retrouvée avec les benzodiazépines (24 personnes soit 9.92%), les antidépresseurs (18 soit 7.44%), les hypnotiques (16 soit 6.61%), les carbamates (8 soit 3.31%) et les opiacés (5 soit 2.07%). Les autres médicaments détectés étaient des anti- épileptiques (3 soit 1.24%), des bétabloquants (3 soit 1.24%), des anti-paludéens (2 soit 0.83%) et du paracétamol (1 soit 0.41%).

II. RESULTATS CONCERNANT L’ANNEE 2012

1. Données sociodémographiques

En 2012, 797 autopsies ont été pratiquées à l’institut de médecine légale de Lyon dont 244 en rapport avec une mort violente par suicide, soit 30.61%.

a. Sexe

Parmi les 244 cas recensés en 2002, 166 étaient des hommes (68.03%) et 78 des femmes (31.97%) soit un sex ratio H/F de 2.13.

38

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Cas de suicidés autopsiés en 2012 : répartition des sexes

31,97% Sexe masculin

Sexe féminin 68,03%

Figure 9: Cas suicidés autopsiés en 2012 : 166 hommes et 78 femmes

b. Age

En 2012, l’âge moyen était de 52.02 ans et l’âge médian de 50.00 ans (minimum 16 ans – maximum 98 ans). Quel que soit le sexe, la majorité des sujets suicidés avait un âge qui se situe entre 35 et 64 ans avec un effectif de 98 hommes (40.16% des individus de sexe masculin) et 44 femmes (18.03% des individus de sexe féminin) représentant au total, 142 cas (58.20%). Il existait une prédominance de la classe d’âge des 45-54 ans qui regroupait 30 hommes et 20 femmes, représentant 20.49% de l’ensemble des cas de suicide autopsiés à Lyon en 2012. Mais en ce qui concerne les hommes, la tranche d’âge la plus représentée était celle des 35-44 ans avec 37 cas (15.16%). La seule classe d’âge où la proportion de femmes était supérieure à celle des hommes était la classe d’âge des plus de 85 ans. En effet, elle regroupait 8 femmes et 4 hommes.

39

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) 40 37

35

31 30 30

25 23

20 20 Sexe masculin

15 15 15 13 13 Sexe féminin 10 10 9 9 8

5 4 4 2 1 0 0 0 0 < 14 ans 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85ans Non ans ans ans ans ans ans ans connu

Figure 10: Effectifs des sujets suicidés et autopsiés en 2012 à l’institut de médecine légale de Lyon classés selon leur sexe et leur âge (total de 244 personnes)

c. Profession

En considérant que les personnes de plus de 60 ans étaient retraitées (49 cas en 2012 soit 20.08%), seuls 47 dossiers comportaient une information sur l’activité professionnelle du sujet suicidé (19.26%). Parmi ces 47 cas, 19 étaient chômeurs. Ce critère d’étude était donc manquant pour 148 cas soit 60.66%.

d. Statut marital

Le statut marital était inconnu pour 78 sujets soit 31.97%. 78 cas ont été considérés comme étant « seul » (31.97%) avec 46 célibataires, 12 divorcés, 10 séparés et 10 veufs. 88 cas ont été considérés « en couple » (36.07%) avec 63 mariés et 25 en concubinage.

40

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) e. Domicile

Le domicile des sujets suicidés en 2012 était majoritairement un domicile personnel avec 218 cas (89.34%). Pour les autres, 6 cas séjournaient au domicile parental (2.46%), 5 en résidence pour personnes âgées (2.05%), 4 en prison (1.64%), 4 en hôpitaux psychiatriques (1.64%), 2 en foyer (0.82%), 1 chez un tiers (0.41%) et 1 sur le lieu de travail (0.41%). 3 étaient sans domicile fixe (1.23%).

f. Isolement

En 2012, 59 sujets ont été considérés comme isolés (24.18%).

2. Données médicales

a. Addictions

En 2012, 27 sujets étaient connus comme chroniquement dépendant à l’alcool (11.07%) et 14 consommaient des drogues (5.74%). Les 203 cas restants (83.20%) regroupaient les sujets dont le statut addictif n’était pas connu et les sujets n’ayant aucune addiction.

b. Antécédents psychiatriques

164 sujets avaient des antécédents psychiatriques (67.21%). La répartition des antécédents psychiatriques par types de troubles est représentée dans la figure 11 ci-dessous. Par ailleurs, parmi ces individus, 60 personnes avaient déjà essayé de mettre fin à leurs jours (36.59%).

41

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Répartition des antécédents psychiatriques par type de troubles

Syndrome depressif 80 Troubles bipolaires

151 Troubles psychotiques

2 Trouble de la personnalité 8 3 Aucun ou non connu

Figure 11: Répartition des types d’antécédents psychiatriques retrouvés chez les 244 sujets suicidés autopsiés en 2012

3. Données médico-légales

a. Lieu de découverte

Les lieux de découverte du corps était le domicile pour 154 cas (63.11%) et la voie publique pour 81 cas (33.20%). Seuls 9 cas dérogent : 4 personnes ont été découvertes sur leur lieu de travail (1.64%) et 5 dans une chambre d’hôtel (2,05%).

b. Lettre d’adieu

En 2012, 68 personnes avaient laissé une lettre d’adieu (27.87%) avec une répartition de 39 hommes et 29 femmes.

c. Etat de putréfaction

17 corps ont été découverts avec des signes d’altération (6.97%) avec une répartition de 11 hommes et 6 femmes.

d. Modi operandi

Les différents modes opératoires ont été représentés sur la figure 12 en fonction du sexe. En 2012, les modi operandi prédominants, quel que soit le sexe, étaient au nombre de 4 : la pendaison (80 cas soit 32.79%), l’intoxication médicamenteuse volontaire (45 cas soit 18.44%), la chute de point élevé (44 cas soit 18.03%) et l’utilisation d’une arme à feu (35 cas soit 14.34%).

42

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Chez les hommes, la pendaison était majoritaire avec 68 cas (40.96%), suivie par la chute d’un point élevé avec 24 cas (14.46%), l’utilisation d’une arme à feu avec 29 cas (17.47%) et l’intoxication médicamenteuse volontaire avec 23 cas (13.86%). Les autres modes regroupaient la noyade avec 7 cas (4.22%), l’utilisation d’une arme blanche avec 5 cas (3.01%), la suffocation avec 4 cas (2.41%), l’intoxication oxycarbonée avec 4 cas (2.41%), le franchissement par un train avec 1 cas (0.60%) et l’immolation par le feu avec 1 cas (0.60%).

Chez les femmes, les deux modi operandi les plus fréquents étaient l’intoxication médicamenteuse volontaire avec 22 cas (28.21%) et la chute d’un point élevé avec 20 cas (25.64%). Venaient ensuite la pendaison avec 12 cas (15.38%) et la noyade avec 7 cas (8.97%). Les autres modes moins fréquents étaient l’utilisation d’une arme à feu avec 6 cas (7.69%), la suffocation avec 5 cas (6.41%), l’utilisation d’une arme blanche avec 4 cas (5.13%) et l’intoxication oxycarbonée avec 2 cas (2.56%). Aucun cas d’immolation par le feu ni de franchissement par un train n’a été retrouvé.

En 2012, parmi les 244 cas de suicidés autopsiés, 6 suicides étaient complexes (2.46%). Parmi ceux-ci, 3 cas de suffocation associées à une intoxication médicamenteuse volontaire ont été considérés comme une suffocation. 1 cas de noyade associée à une pendaison a été considéré comme une noyade. 1 cas de noyade associée à une intoxication médicamenteuse volontaire a été considéré comme une noyade et 1 cas de pendaison associée à une intoxication médicamenteuse volontaire a été considéré comme une pendaison.

43

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Franchissement par un train 0 1

Immolation 0 1

Intoxication oxycarbonnée 2 4

Asphyxie par suffocation 5 4

Arme blanche 4 5 Sexe féminin Noyade 7 7 Sexe masculin

Arme à feu 6 29

Chute d'un point élevé 20 24

Intoxication médicamenteuse volontaire 22 23

Pendaison 12 68

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Figure 12: Modes opératoires des 244 cas de suicidés autopsiés en 2012 différenciés selon le sexe

a) Pendaison

Age et sexe 80 cas de pendaison (32.79%) ont été retrouvés avec une proportion de 12 femmes pour 68 hommes. Sur ces 80 sujets, la tranche d’âge dominante était celle de 45-54 ans avec 22 cas (27.50 %). L’âge médian était de 44.5 ans et l’âge moyen de 44.44 ans (minimum 16 ans et maximum 90 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 8 13 19 22 12 3 2 1 80

Tableau 6: Distribution des cas de pendaison en fonction de l’âge

44

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Type de pendaison Il s’agissait d’une pendaison complète dans 45 cas (56.25%) et incomplète dans 35 cas (43.75%).

Type de lien Le matériel utilisé était une corde dans 21 cas pour les pendaisons complètes (46.67%) et dans 13 cas pour les pendaisons incomplètes (37.14%). Les autres types de liens utilisés associaient essentiellement des ceintures, des câbles électriques, des draps (moyen unique retrouvé chez les prisonniers) et des sangles.

Lieu de pendaison 64 individus se sont pendus en milieu fermé (porte, fenêtre, radiateur, poutre, tuyau, escalier) soit 80.00% et 16 cas en milieu ouvert (arbre, pont) soit 20.00%. 59 cas ont privilégié leur domicile personnel pour se pendre (73.75%), 9 la voie publique (11.25%), 6 l’hôpital psychiatrique (7.5%), 3 leur lieu de travail (3.75%) et 3 les cellules de prison (3.75%).

Données médicales 56 cas avaient des antécédents psychiatriques (70.00%) dont 51 étaient porteurs d’un syndrome dépressif. Parmi eux, 18 avaient déjà attenté à leurs jours (32.14%). En ce qui concerne les addictions, 10 individus étaient considérés comme alcoolique chronique (12.50%) et 6 consommaient des drogues (7.50%).

Données de la levée de corps 5 corps ont été retrouvés en état de putréfaction avancé (6.25%). 27 cas sur les 80 avaient laissé une lettre d’adieu avant de passer à l’acte (33.75%).

Analyses toxicologiques Les résultats des analyses toxicologiques ont mis en évidence une alcoolémie positive dans 23 cas (28.75%). Tous xénobiotiques confondus, l’analyse toxicologique était positive pour 11 cas (13.75%) avec exclusivement des benzodiazépines à des doses thérapeutiques. Du THC était présent dans 8 cas (10.00%).

45

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Répartition du taux d'alcoolémie 3 4 3 0g 4 3 < 0,5g 0,5-1g 6 1-1,5g 57 1,5-2g >2g Non connu

Figure 13: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par pendaison en 2012

b) Chute d’un point élevé

Age et sexe 44 individus ont été recensés pour le modus operandi chute d’un point élevé (18.03% de l’ensemble des suicides) avec 20 femmes et 24 hommes. Les tranches d’âges dominantes étaient les 55-64 ans avec 12 cas (27.27%), et les 25-34 ans, les 75-84 ans et les plus de 85 ans, chacune de ces classes d’âge étant représentée par 7 cas (15.91%). L’âge médian était de 59.00 ans et l’âge moyen de 58.75 ans (minimum 22 ans et maximum 88 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 1 7 4 5 12 1 7 7 44

Tableau 7 : Distribution des cas de chute d’un point élevé en fonction de l’âge

Lieu de découverte Le lieu de découverte du corps était essentiellement la voie publique devant le domicile (41 cas soit 93.18%). 2 cas ont été retrouvés à l’aplomb de leur chambre d’hôpital (4.55%) et 1 cas en contre-bas d’un pont (2.27%). 8 cas étaient encore vivants lors de l’intervention des secours et sont décédés à l’hôpital (18.18%).

Point de départ de la chute Le point de départ de la chute était majoritairement une fenêtre (38 cas soit 86.36%) ou un balcon (3 cas soit 6.81%). Parmi les 44 cas, 29 ont chuté d’une hauteur équivalente ou supérieure au quatrième étage d’un immeuble soit 65.91%.

46

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Données médicales 28 cas étaient porteurs d’un syndrome dépressif (63.64%) dont 14 qui avaient des antécédents de tentatives de suicide. En ce qui concerne les addictions, 1 seul individu était considéré comme alcoolique chronique (2.27%) et aucun ne consommait de drogues.

Données de la levée de corps Aucun corps n’a été retrouvé putréfié. 6 d’entre eux avaient laissé une lettre d’adieu (soit 13.64%).

Analyses toxicologiques Les résultats des analyses toxicologiques ont mis en évidence une alcoolémie positive pour 3 (6.82%). Tous xénobiotiques confondus, l’analyse toxicologique était positive dans 5 cas (11.36%) avec majoritairement des benzodiazépines, des antidépresseurs et des neuroleptiques à des doses thérapeutiques. Du THC était présent dans 3 cas (6.82%).

Répartition du taux d'alcoolémie

2 1 0g < 0,5g 0,5-1g 1-1,5g 41 1,5-2g >2g Non connu

Figure 14: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par chute de point élevé en 2012

c) Intoxication médicamenteuse volontaire

Age et sexe 45 individus ont été recensés en 2012 (18.44%) avec 23 hommes et 22 femmes. Les tranches d’âges prédominantes étaient celles des 35-44 ans avec 13 cas (28.89%) et celles des 45-54 ans avec 11 cas (24.44%). L’âge médian était de 46.00 ans et l’âge moyen de 49.04 ans (minimum 24 ans et maximum 90 ans).

47

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) <15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 1 6 13 11 8 3 2 1 45

Tableau 8: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction de l’âge

Lieu de découverte 41 corps ont été découverts au domicile personnel (91.11%), 1 en foyer (2.22%), 1 sur la voie publique (2.22%), 1 au domicile familial (2.22%) et 1 dans une caravane (2.22%).

Données médicales 37 cas présentaient des antécédents de dépression (82.22%) dont 12 qui avaient déjà fait des tentatives de suicides. En ce qui concerne les addictions, 6 individus étaient considérés comme alcoolique chronique (13.33%) et 7 consommaient des drogues (15.56%).

Données de la levée de corps 18 avaient laissé une lettre d’adieu (40.00%). 5 cas ont été retrouvés dans un état de putréfaction avancé (11.11%).

Analyses toxicologiques En ce qui concerne les résultats des analyses toxicologiques, l’alcoolémie était positive dans 23 cas (51.11%).

Répartition du taux d'alcoolémie

1 0g 3 4 < 0,5g 4 21 0,5-1g 1-1,5g 5 1,5-2g 7 >2g Non connu

Figure 15: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2012

34 personnes avaient ingéré plus de deux médicaments différents (75.56%). Parmi ces intoxications poly-médicamenteuses, les psychotropes détectés étaient des benzodiazépines (29 personnes soit 64.44%), des antidépresseurs (18 soit 40.00%), des morphiniques ou antalgiques (14 soit 31.11%), des neuroleptiques (14 soit 31.11%), des traitements substitutifs (4 soit 8.89%) et des carbamates (2 soit 4.44%). En ce qui concerne les médicaments non

48

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) psychotropes, 4 types ont été retrouvés : anti-paludéens, anti-épileptiques, insuline, et bétabloquants. Quant aux drogues, 4 individus étaient concernés (8.89%), A noter, un cas d’intoxication avec un pesticide. Dans la majorité des cas, une association poly-médicamenteuse était objectivée. Le tableau 9 représente le nombre de médicaments retrouvés à des doses supra-thérapeutiques (comprenant les doses supra-thérapeutiques, toxiques et létales) chez les individus suicidés par intoxication médicamenteuse volontaire en 2012.

Nombre de médicaments détectés au niveau sanguin à des doses 1 2 3 4 >5 TOTAL supra-thérapeutiques Nombre de cas 10 9 9 8 9 45

Tableau 9: Distribution des cas d’intoxication médicamenteuse volontaire en fonction du nombre de médicaments à des doses supra-thérapeutiques

d) Arme à feu

Age et sexe En 2012, 35 cas de suicide par arme à feu ont été recensés (14.34%) avec 29 hommes et 6 femmes. Les deux tranches d’âge prédominantes étaient les 65-74 ans avec 8 cas (22.86%) et les 55-64 ans avec 7 cas (20.00 %). L’âge médian était de 58.00 ans et l’âge moyen était de 55.23 ans (minimum 20 ans et maximum 91 ans).

<15 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 85< TOTAL 0 2 5 4 4 7 8 4 1 35

Tableau 10: Distribution des cas d’arme à feu en fonction de l’âge

Lieu de découverte Le lieu de découverte du corps concernait le domicile personnel dans 27 cas (77.14%), la voie publique dans 5 cas (14.29%), une chambre d’hôtel dans 1 cas (2.86%), l’hôpital dans 1 cas (2.86%) et le lieu de travail dans 1 cas (2.86%). 3 ont été pris en charge par les secours et sont décédés à l’hôpital (8.57%).

Arme et orifice d’entrée Le type d’arme utilisé était majoritairement un fusil de chasse (15 cas soit 42.86%), une carabine (8 cas soit 22.86%) ou un revolver (4 cas soit 11.43%).

49

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) L’orifice d’entrée était majoritairement temporal (15 cas soit 42.86%) et endobuccal (10 soit 28.57 %). Pour les autres cas, 5 étaient thoraciques (14.29%), 2 frontaux (5.71%), 2 sous-mentonniers (5.71%) et seulement un auriculaire (2.86%).

Données médicales 15 personnes étaient porteuses d’un syndrome dépressif (42.86%) dont 3 qui avaient déjà attenté à leurs jours. En ce qui concerne les addictions, 3 individus étaient considérés comme alcooliques chroniques (8.57%) et aucun n’était considéré comme toxicomane.

Données de la levée de corps Une lettre d’adieu avait été rédigée dans 7 cas (20.00%). Aucun corps n’a été retrouvé en état de décomposition.

Analyses toxicologiques En ce qui concerne les résultats toxicologiques, l’alcoolémie était positive pour 6 (17.14%). Aucun xénobiotique n’a été détecté hormis pour 2 cas avec la présence de benzodiazépines à des doses supra-thérapeutiques (5.71%).

Répartition du taux d'alcoolémie

1 1 0g 2 3 < 0,5g 0,5-1g 1-1,5g 1,5-2g 28 >2g Non connu

Figure 16: Répartition du taux d’alcoolémie chez les suicidés par arme à feu en 2012

4. Données toxicologiques

a. Alcoolémie

Sur l’ensemble des cas de 2012, quel que soit le sexe, l’âge ou le modus operandi, 64 cas étaient positifs (26.23%), 175 négatifs (71.72%) et 5 non connus (2.05%).

50

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) b. Médicaments à dose inf ra-thérapeutique, thérapeutique et supra-thérapeutique

Les psychotropes étaient la classe de médicaments la plus fréquemment retrouvée avec les benzodiazépines (113 soit 46.31%), les antidépresseurs (73 soit 29.92% ; dont 36 inhibiteurs de la recapture de la sérotonine), les hypnotiques (26 soit 10.66%) et les neuroleptiques (23 soit 9.43%). Les quatre médicaments à visée non psychiatrique retrouvés étaient les anti-épileptiques (6 soit 2.46%), les bétabloquants (5 soit 2.05%), les inhibiteurs calciques (4 soit 1.64%) et les an-tipaludéens (1 soit 0.41%). Par ailleurs, la présence de paracétamol a été objectivée chez 53 individus (21.72%).

c. Médicaments à dose toxique ou létale

Les psychotropes constituaient également la classe médicamenteuse la plus fréquemment retrouvée avec les antidépresseurs (12 soit 4.92%), les antihistaminiques (10 soit 4.10%), les opiacés (12 soit 4.92%) et les benzodiazépines (9 soit 3.69%). Les autres médicaments étaient des bétabloquants (3 soit 1.23%), des anti-paludéens (2 soit 0.82%) et du paracétamol (2 soit 0.82%).

III. ANALYSE STATISTIQUE

En cumulant les chiffres de l’année 2002 et de l’année 2012, 1 615 autopsies ont été pratiquées à l’institut de médecine légale de Lyon, dont 486 cas de suicides, représentant ainsi près d’un tiers des autopsies (30.09%). Aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux années en termes d’effectif (242 cas sur 818 autopsies pratiquées en 2002 soit 29.58% versus 244 cas sur 797 en 2012 soit 30.61%).

1. Données sociodémographiques

Concernant la répartition du sexe de notre population, aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux années (sex ratio H/F (2002) = 1.85 versus sex ratio H/F (2012) = 2.13, p=0.502).

Pour ce qui est de l’âge, il apparaissait que la population des individus suicidés de 2012 était significativement plus âgée que celle de 2002 (âge moyen (2002) = 48.10 ans versus âge moyen (2012) = 51.02 ans). Ainsi, il existait une différence significative entre les âges médians (âge médian (2002) = 46 ans versus âge médian (2012) = 50 ans, p=0.047).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) En s’intéressant plus spécifiquement à la répartition des individus de notre population au sein des classes d’âge définies par l’INSERM, il était noté qu’en 2002, 63.22% des suicidés appartenaient au groupe des 25-54 ans et que la classe d’âge des 45-54 ans était la plus représentée (26.45% des cas). En 2012, 58.20% des suicidés appartenaient au groupe des 35-64 ans, avec, par ailleurs, la classe d’âge des 45-54 ans qui était à nouveau la plus représentée (20.49% des cas).

Les figures 17 et 18 comparent les suicidés en 2002 et en 2012 selon l’âge et le sexe. Chez les hommes, en 2002, la majorité des suicidés avaient entre 25 et 54 ans (106 cas soit 67.52%) alors qu’en 2012, la plupart avaient entre 35 et 64 ans (98 cas soit 59.04%) ; chez les femmes, le même phénomène était constaté avec une majorité de suicidées âgées de 25 à 54 ans en 2002 (47 cas soit 55.29%), contre 35 à 64 ans pour 2012 (44 cas soit 56.41%).

Quel que soit le sexe, les sujets âgés de 55 ans et plus étaient significativement plus nombreux en 2012 qu’en 2002 (99 (40.57%) en 2012 versus 69 (28.61%) en 2002, p=0.006). En particulier, la proportion d’individus appartenant à la classe d’âge 55-64 ans a ainsi augmenté en passant de 8.28% en 2002 à 18.67% en 2012 chez les hommes et de 9.41% en 2002 à 19.23% en 2012 chez les femmes.

50 37 39 40 33 34 30 31 30 23 2002 20 13 13 15 13 13 10 8 2012 10 4 4 2 0 1 0 0 < 14 ans 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85ans Non ans ans ans ans ans ans ans connu

Figure 17: Répartition des hommes suicidés selon l’âge : comparaison entre 2002 et 2012

30 25 25 20 2002 20 15 15 13 12 9 10 9 9 10 7 8 8 8 2012 4 2 3 5 0 0 0 1 0 < 14 ans 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85ans Non ans ans ans ans ans ans ans connu

Figure 18: Répartition des femmes suicidées selon l’âge : comparaison entre 2002 et 2012

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Concernant le statut professionnel, celui-ci n’était que rarement renseigné, quelle que soit l’année considérée. Ainsi, la profession était connue pour 74 personnes en 2002 (30.58%) et pour 96 en 2012 (39.34%). Du fait du grand nombre de données manquantes, aucune analyse statistique n’a pu être réalisée à partir de cette variable.

Le statut marital était également souvent inconnu, quelle que soit l’année d’intérêt, avec une proportion de données manquantes de 42.98% en 2002 et de 31.97% en 2012. Pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus, aucun test statistique n’a été effectué à partir de cette variable.

Concernant le lieu de résidence et le statut d’isolement social, aucune différence significative n’a été objectivée entre les années étudiées. Ainsi, les personnes suicidées résidaient majoritairement dans un domicile personnel (211 cas en 2002 (87.19%) versus 221 cas en 2012 (90.57%), p=0.118). Les personnes étaient isolées respectivement en 2002 et en 2012 dans 19.01% et dans 24.18% des cas (p=0.193).

2. Données médicales

Concernant les addictions, aucune différence significative n’a été objectivée entre les individus autopsiés en 2002 et ceux autopsiés en 2012. Ainsi, bien qu’une tendance à la diminution du nombre de suicidés souffrant de dépendance vis-à-vis de l’alcool ait été perçue entre 2002 et 2012 (38 cas (15.70%) versus 27 (11.07%)), celle-ci n’apparaissait pas comme significative sur le plan statistique (p=0.14). Par ailleurs, la proportion des suicidés toxicomanes semblait relativement stable (13 cas (5.37%) en 2002 versus 14 cas (5.74%) en 2012, p=1 ).

En ce qui concerne les antécédents psychiatriques des personnes constituant notre population d’étude, il est apparu que les suicidés de 2012 présentaient significativement plus d’antécédents psychiatriques que ceux de 2002 (150 cas (61.98%) en 2002 versus 164 cas (67.21%) en 2012, p<0.001).

3. Données médico-légales

Pour ce qui est du lieu de découverte du corps, aucune différence significative n’a été mise en évidence, quelle que soit l’année (p=0.33). Effectivement, le domicile était majoritaire (152 cas (62.81%) en 2002 versus 154 cas (63.11%) en 2012) par rapport à la voie publique (87 cas (35.95%) en 2002 versus 81 cas (33.20%) en 2012).

Quant à la présence d’une lettre d’adieu, aucune différence significative n’a été objectivée (58 cas (23.97%) en 2002 versus 68 cas (27.87%) en 2012, p=0.352).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Une tendance à la diminution sans différence significative de la découverte des personnes en état de putréfaction avancée a été mise en exergue (29 cas (11.98%) en 2002 versus 17 (6.97%) en 2012, p=0.064).

Concernant les modi operandi, aucune différence significative n’a été retrouvée entre les individus autopsiés en 2002 et ceux autopsiés en 2012 (p=0.255 avec pour les quatres modes principaux : la pendaison p=1, la chute d’un point élevé p=0.55, l’intoxication médicamenteuse p= 0.41 et l’utilisation d’une arme à feu p=1). Les figures 19 et 20 comparent les différents modes opératoires classés selon le sexe et l’année d’étude et le tableau 11 récapitule l’ensemble des modi operandi selon le sexe et l’année.

Chez l’homme, la pendaison était majoritaire (60 cas (38.22%) en 2002 versus 68 cas (40.96%) en 2012). Les trois autres modes opératoires les plus fréquents étaient la chute d’un point élevé (29 cas (18.47%) en 2002 versus 24 cas (14.46%) en 2012), l’utilisation d’une arme à feu (26 cas (16.56%) en 2002 versus 29 cas (17.47%) en 2012) et l’intoxication médicamenteuse volontaire (21 cas (13.38%) en 2002 versus 23 cas (13.86%) en 2012). Les autres modes (regroupés dans la catégorie « Autres ») concernaient la noyade (5 cas (3.18%) en 2002 versus 7 cas (4.22%) enl 2012), ’utilisation d’une arme blanche (5 cas (3.18%) en 2002 versus 5 cas (3.01%) en 2012), le franchissement par un train (5 cas (3.18%) en 2002 versus 1 cas (0.60%) en 2012), la suffocation (2 cas (1.27%) en 2002 versus 4 cas (2.41%) en 2012), l’intoxication oxycarbonée (2 cas (1.27%) en 2002 versus 4 cas (2.41%) en 2012) et l’immolation par le feu (2 cas (1.27%) en 2002 versus 1 cas (0.60%) en 2012).

22 Autres 21 Intoxication médicamenteuse 23 volontaire 21 24 2012 Chute d'un point élevé 29 2002 29 Arme à feu 26 68 Pendaison 60

0 20 40 60 80

Figure 19: Comparaison des modes opératoires chez l’homme en 2002 (157 cas) et en 2012 (166 cas)

Chez les femmes, les deux modi operandi les plus fréquents étaient l’intoxication médicamenteuse volontaire (29 cas (34.12%) en 2002 versus 22 cas (28.21%) en 2012) et la chute d’un point élevé (32 cas (37.65%) en 2002 versus 20 cas (25.64%) en 2012). Venaient ensuite la pendaison (10 cas (11.76%) en 2002 versus 12 cas (15.38%) en 2012) et la noyade (5 cas (5.88%) en 2002 versus 7 cas (8.97%) en 2012). Les autres modes, moins fréquents 54

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) (regroupées dans la catégorie « Autres ») étaient l’utilisation d’une arme à feu (5 cas (5.88%) en 2002 versus 6 cas (7.69%) en 2012), l’utilisation d’une arme blanche (1 cas (1.18%) en 2002 versus 4 cas (5.13%) en 2012), la suffocation (aucun cas en 2002 versus 5 cas (6.41%) en 2012), l’intoxication oxycarbonée (2 cas (2.35%) en 2002 versus 2 cas (2.56%) en 2012). Aucun cas d’immolation par le feu ni d’écrasement par un train n’a été retrouvé.

17 Autres 9 7 Noyade 5 12 2012 Pendaison 10 2002 22 Intoxication médicamenteuse volontaire 29 20 Chute d'un point élevé 32

0 5 10 15 20 25 30 35

Figure 20: Comparaison des modes opératoires chez la femme en 2002 (85 cas) et en 2012 (78 cas)

MODI OPERANDI SEXE 2002 2012 TOTAL Pendaison H 60 68 128 F 10 12 22 Chute d’un point élevé H 29 24 53 F 32 20 52 Intoxication médicamenteuse H 21 23 44 volontaire F 29 22 51 Arme à feu H 26 29 55 F 5 6 11 Noyade H 5 7 12 F 5 7 12 Arme blanche H 5 5 10 F 1 4 5 Franchissement par un train H 5 1 6 F 1 0 1 Intoxication oxycarbonée H 2 4 6 F 2 2 4 Suffocation H 2 4 6 F 0 5 5 Immolation H 2 1 3 F 0 0 0

Tableau 11: Récapitulatif de l’ensemble des données du modus operandi selon le sexe et l’année

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) An 2002 2012 p-value Total N = 242 N = 244 N = 486 Age Moyen (SD) 48.10 (18.17) 51.02 (17.94) p=0.047 (Wilcoxon) 49.56 (18.10) Médian 46.00 50.00 48.00 Q1-Q3 34.00 - 57.00 39.00 - 63.00 36.00 - 61.00 Min-Max 12.00 - 93.00 16.00 - 98.00 12.00 - 98.00 N 241 243 484

Sexe F 85 (35.1%) 78 (32.0%) p=NS (Fisher) 163 (33.5%) H 157 (64.9%) 166 (68.0%) 323 (66.5%) N = 242 N = 244 N = 486 Isolement Non 196 (81.3%) 184 (75.7%) p=NS(Fisher) 380 (78.3%) Oui 46 (19.1%) 59 (24.3%) 105 (21.6%) N = 241 N = 243 N = 486 Domicile personnel 1 (0.4%) 4 (1.6%) p=NS (Fisher) 5 (1.0%) Non 30 (12.4%) 19 (7.8%) 49 (10.1%) Oui 211 (87.2%) 221 (90.6%) 432 (88.9%) N = 242 N = 244 N = 486 Antécédents psychiatriques 52 (21.5%) 66 (27.0%) p< 0.001 (Fisher) 118 (24.3%) Non 40 (16.5%) 13 (5.3%) 53 (10.9%) Oui 150 (62.0%) 165 (67.6%) 315 (64.8%) N = 242 N = 244 N = 486 Lieu de découverte Domicile 152 (62.8%) 154 (63.1%) p=NS (Fisher) 306 (63.0%) Hôtel 1 (0.4%) 5 (2.0%) 6 (1.2%) Lieu de travail 2 (0.8%) 4 (1.6%) 6 (1.2%) VP 87 (36.0%) 81 (33.2%) 168 (34.6%) N = 242 N = 244 N = 486 Lettre d’adieu Non 184 (76.0%) 176 (72.1%) p=NS (Fisher) 360 (74.1%) Oui 58 (24.0%) 68 (27.9%) 126 (25.9%) N = 242 N = 244 N = 486 Putréfaction Non 213 (88.0%) 227 (93.0%) p=0.064 (Fisher) 440 (90.5%) Oui 29 (12.0%) 17 (7.0%) 46 (9.5%) N = 242 N = 244 N = 486 Mode de suicide Pendaison 70 (28.9%) 80 (32.8%) p=NS (Fisher) 150 (30.9%) Chute de point élevé 61 (25.2%) 44 (18.0%) 105 (21.6%) Intoxication médicamenteuse 50 (20.7%) 45 (18.4%) 95 (19.5%) volontaire Arme à feu 31 (12.8%) 35 (14.3%) 66 (13.6%) Autres 30 (12.4%) 40 (16.4%) 70 (14.4%) N = 242 N = 244 N = 486

Tableau 12: Analyse des variables de 2002 et de 2012 (hors toxicologie) selon les tests de Fisher et Wilcoxon NS : Non Significatif

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) 4. Données toxicologiques

L’état de putréfaction était significativement associé au taux d’alcoolémie (p=0.002), du fait de la production endogène d’éthanol par les phénomènes de décomposition du corps.

En excluant de l’analyse les sujets putréfiés (29 cas (11.98%) en 2002 versus 17 cas (6.97%) en 2012), aucune différence significative n’a été retrouvée concernant la positivité de d’alcoolémie au niveau sanguin malgré une baisse en 2012 (63 cas (30.58%) en 2002 versus 57 cas (25.56%) en 2012, p=0.281).

Une tendance à l’augmentation de la présence de xénobiotiques (tous confondus) au niveau sanguin, considéré comme toxicologie positive, a été mise en évidence (173 cas (73.31%) en 2002 versus 190 cas (80.17%) en 2012, p=0.08).

Quant à la présence de psychotropes chez les individus autopsiés en 2002 et ceux autopsiés en 2012, aucune différence significative n’a été objectivée (141 cas (58.26%) en 2002 versus 144 cas (59.02%) en 2012, p=0.926).

Le tableau 13 expose les différents types de psychotropes détectés chez ces individus selon l’année. Une différence significative a été mise en évidence pour deux types de psychotropes : les carbamates (21 cas (8.68%) en 2002 versus 2 cas (0.82%) en 2012, p<0.001) et les antipsychotiques (1 cas (0.41%) en 2002 versus 21 cas (8.61%) en 2012, p<0.001). Par contre, aucune différence significative n’a été retrouvée pour les benzodiazépines (101 cas (41.74%) en 2002 versus 105 cas (43.03%) en 2012, p=0.783), pour les antidépresseurs (74 cas (30.58%) en 2002 versus 80 cas (32.79%) en 2012, p=0.626), pour les neuroleptiques (35 cas (14.46%) en 2002 versus 33 cas (13.52%), p=0.794), pour les hypnotiques (32 cas (13.22%) en 2002 versus 36 cas (14.75%), p=0.695) et pour les thymorégulateurs (4 cas (1.65%) en 2002 versus 5 cas (2.05%), p=1).

En ce qui concerne les médicaments non psychotropes, les anti-épileptiques sont majoritaires (11 cas (4.54%) en 2002 et 6 cas (2.46%) en 2012), résultat à nuancer puisqu’utilisé parfois comme thymorégulateur.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0)

PSYCHOTROPES 2002 2012 p

Benzodiazépine 101 (41.74%) 105 (43.03%) p=NS

Carbamates 21 (8.68%) 2 (0.82%) p<0.001

Antidépresseur 74 (30.58%) 80 (32.79%) p=NS

Neuroleptique 35 (14.46%) 33 (13.52%) p=NS

Hypnotique 32 (13.22%) 36 (14.75%) p=NS

Thymorégulateur 4 (1.65%) 5 (2.05%) p=NS

Antipsychotique 1 (0.41%) 21 (8.61%) P<0.001

Tableau 13: Effectifs selon la positivité du dosage sanguin des différents types de psychotropes classés selon l’année NS : Non significatif

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) DISCUSSION

Le suicide est un problème majeur de santé publique en France. Le constat est alarmant puisque depuis quelques années, le taux annuel de suicide stagne aux environ de 10 000 cas par an alors que la prévalence du suicide avait connu une baisse importante dans les années 90. Si l’on compare ces chiffres avec ceux de la mortalité routière où une politique réellement volontariste a été mise en place, on constate que si la courbe des suicides n’a que très peu diminué au cours des dix dernières années, celle du nombre de tués sur les routes a beaucoup chuté, passant de 7655 en 2002 à 3842 en 2012 [21].

C’est dans ce contexte que nous nous sommes interrogés initialement sur l’efficience de la politique anti-suicide en France puis que nous avons restreint notre interrogation aux individus directement concernés, à savoir les sujets suicidés. Nous avons émis l’hypothèse que le profil du suicidé avait pu subir des modifications au fil des années et que l’appréhension de ces différences pouvait apporter un regard nouveau et des éléments moteurs dans la prise en charge du suicidant. Le point fort de cette étude est l’exhaustivité des cas inclus permettant une bonne représentativité de la population des suicidés en Rhône-Alpes en 2002 et en 2012. En effet, la politique pénale du Parquet de Lyon respecte les recommandations européennes [22] et les bonnes pratiques internationales : « Lors de tout décès de mort violente survenant par suicide, une autopsie médico-légale est ordonnée avec tous les examens complémentaires indispensables, en particulier le bilan toxicologique ».

Cette comparaison exhaustive des personnes suicidées et autopsiées en 2002 et en 2012 a permis de mettre en évidence une augmentation de l’âge moyen de la population touchée par l’acte suicidaire. L’une des hypothèses susceptibles d’expliquer cette augmentation consiste dans le fait du vieillissement de la population française, sous l'effet de l'allongement de la durée de la vie et de l'avancée en âge des générations du baby-boom [23]. Nous avons également observé que les sujets appartenant à la classe d’âge 45-54 ans étaient les plus touchés par le suicide quelle que soit l’année, conformément aux données de la littérature [13]. De surcroît, le taux de suicide chez les 55-64 ans a triplé chez les hommes et quasiment doublé chez les femmes. Une des explications à ce phénomène pourrait être que, selon l’INSEE, le nombre de personnes de 60 ans ou plus en France a augmenté de 22.6% en dix ans, leur part dans l’ensemble de la population française étant devenu quasi équivalent à celle des jeunes de moins de 20 ans (respectivement 23.5% et 24.5%) [24].

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Se posent, malgré tout, les questions des conditions de vie des actifs les plus âgés de notre société et de leur prise en charge sur le plan médico-psychologique. Une des approches pour appréhender ces éléments est l’autopsie psychologique, méthode développée aux États- Unis puis dans quelques pays européens - notamment nordiques - et introduite en France dans les années 1990 à Lyon [25]. Cette démarche permet, entre autres, de reconstituer les circonstances sociologiques et psychologiques associées au décès afin de mieux comprendre le processus suicidaire et d’identifier les facteurs précipitants. Toutefois, cet outil demeure peu utilisé et il conviendrait peut-être d’approfondir les recherches dans ce domaine en vue d’une diffusion et d’une exploitation plus large. Parmi les autres hypothèses que l’on pourrait privilégier afin d’expliquer cette prévalence importante des suicides chez les personnes de plus de 55 ans, et qu’il serait intéressant de confirmer par cette méthode, figurent l’augmentation du nombre de personnes vivant seules [26], l’inflation du taux de chômage [27] et le contexte de crise économique touchant plus spécifiquement les personnes de plus de 55 ans et générant une diminution du pouvoir d’achat particulièrement marquée chez les retraités [28]. L’économiste Shu-Sen Chang et al. [29] ont ainsi établi une relation entre suicide et indicateurs économiques : ses résultats ont montré un accroissement de 4.7% du taux de suicides en France directement lié à la crise économique. Enfin, l’aggravation régulière du taux de chômage dans cette classe d’âge est également susceptible de véhiculer l’idée d’une inutilité sociale, élément pouvant s’avérer hautement péjoratif d’un point de vue narcissique au sein d’une société qui s’appuie pour l’essentiel sur des valeurs à la fois productivistes et consuméristes.

En outre, notre étude a mis en évidence un plus grand nombre de personnes porteuses de troubles psychiatriques, en particulier de syndrome dépressif en 2012 par rapport à 2002. Bien que ces résultats divergent de ceux du baromètre santé de notre pays où la prévalence des dépressions majeures semble relativement stable [30], il pourrait tout de même illustrer le fait que la prévention du suicide chez les patients déprimés soit, de nos jours, un peu moins opérante que par le passé. Ce constat préoccupant devrait amener à renforcer les actions faites en matière de prévention anti-suicide auprès des professionnels de santé concernés, en particulier en psychiatrie et en médecine générale.

Concernant les modi operandi pourvus par les suicidés, notre étude a montré une relative stabilité. Nous avons objectivé que la pendaison restait le moyen privilégié du passage à l’acte chez l’homme. Toutefois, au vu de nos résultats, les deux modes les plus fréquemment retrouvés chez la femme, qui étaient l’intoxication médicamenteuse volontaire et la chute de point élevé, semblaient régresser au profit de modes plus violents tels que la pendaison, la noyade, l’arme à feu, l’arme blanche, la suffocation et l’intoxication oxycarbonée. V. Ajdacic-Gross et al. [31] exposait que l’intoxication médicamenteuse volontaire restait le mode de suicide principalement employé par les femmes européennes, ce qui est en corrélation avec nos résultats.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Quant à la prévalence des suicides par chute de point élevé, quel que soit le sexe, elle est en baisse en 2012 par rapport à 2002, alors que, paradoxalement, les constructions urbaines sont toujours plus hautes, sous-entendant probablement une sécurité plus efficace.

La réalisation d’une analyse toxicologique systématique de tous les corps autopsiés à l’institut de médecine légale de Lyon a permis une exhaustivité des résultats en matière de détection de xénobiotiques. Nous nous sommes penchés sur la détection de psychotropes au niveau sanguin chez les individus suicidés et autopsiés, et une légère augmentation (0.7%) a été retrouvée en 2012 par rapport à 2002. Des benzodiazépines étaient consommées par quasiment la moitié des sujets corroborant ainsi avec les données du rapport d’expertise de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé6 (AFSSAPS) [32], lequel précise que la France est le deuxième pays consommateur de benzodiazépines en Europe. La diminution significative des carbamates retrouvée s’explique par la suspension des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) des spécialités à compter du 10 janvier 2012 [33]. Les antipsychotiques, quant à eux, sont de plus en plus nombreux sur le marché, certains étant apparus récemment et pouvant même s’utiliser hors AMM pour certaines pathologies [34], entraînant de fait une augmentation de leur prescription. En ce qui concerne les antidépresseurs, nous avons été surpris par la relative stabilité de la détection de ce type de psychotrope (environ un tiers de notre population, quelle que soit l’année) alors que les antécédents psychiatriques étaient significativement plus importants en 2012. Une des hypothèses pouvant être à l’origine de cette divergence serait l’amélioration du recueil des données personnelles du défunt par les enquêteurs et/ou par le médecin légiste en 2012 par rapport à 2002. Parmi les molécules les plus souvent retrouvées à dose toxique ou létale, les psychotropes sont majoritaires quelle que soit l’année. Néanmoins, l’interdiction des carbamates en janvier 2012 a permis la suppression d’une intoxication potentiellement létale à faible dose. Contrairement à d’autres pays européens, les médicaments non psychotropes ne sont que très peu représentés dans les intoxications mortelles, avec uniquement des anti- paludéens, des bétabloquants, des anti-épileptiques et du paracétamol (9 cas en 2002 et 7 cas en 2012). Prenons l’exemple de la Grande-Bretagne, le paracétamol est le toxique le plus fréquemment retrouvé dans les intoxications médicamenteuses [35].

Nos résultats confirment que la putréfaction entraine une production endogène d’éthanol dans le sang [32]. Il est donc nécessaire de contrôler chez le putréfié une alcoolémie positive en dosant le taux d’alcool dans d’autres matrices comme l’urine ou l’humeur vitrée [33]. Dans notre étude, nous avons volontairement exclu les personnes en état de putréfaction avancée afin de limiter les biais d’interprétations. Malgré ces précautions méthodologiques,

6 AFSSAPS a été remplacé par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) après la promulgation de la loi du 29 décembre 2011, en vigueur depuis le 1er mai 2012. 61

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) aucune différence significative n’a pu être mise en évidence concernant le taux d’alcool présent chez la personne au moment du passage à l’acte malgré une baisse en 2012. Conner K.R. et al. [36] ont montré que la consommation d'alcool avant le passage à l’acte était influencé par plusieurs facteurs, notamment par l'âge, l'origine ethnique et la méthode de suicide. Il aurait été intéressant de réaliser dans notre étude une analyse ciblée entre le taux d’alcoolémie et les différents critères susceptibles de l’influencer afin d’être plus précis quant à la modification ou non de la consommation d’alcool avant le passage à l’acte en 2012 par rapport à 2002.

En ce qui concerne les stupéfiants (THC, cocaïne, MDMA), leur présence au niveau sanguin n’a été détectée que dans quelques rares cas. Le caractère qualitatif de ces variables ne permet pas une bonne distinction des profils du suicidé en matière de consommation (chronique, anecdotique…). Ces résultats peuvent être aussi partiellement biaisés par le fait que la détermination précise de l’héroïne et de ses métabolites dans les différentes matrices est difficile. Effectivement, cela est principalement dû à l’instabilité thermodynamique de cette molécule, s’hydrolysant rapidement en morphine, seul xénobiotique détecté dans le sang dans le cas d’une overdose à l’héroïne [37]. Le diagnostic d’overdose à l’héroïne est donc très complexe à établir puisque équivalent à un surdosage en morphine. Une étude montre l’intérêt des prélèvements narinaires post mortem dans les intoxications aux opiacés permettant un diagnostic différentiel [38], non réalisés dans l’ensemble de notre population.

La principale faiblesse de l’étude est l’absence de mise en relation du modus operandi avec les antécédents psychiatriques. En effet, il apparaît clairement dans la littérature que les méthodes de suicides les plus violentes concernent plus particulièrement les patients porteurs d’un épisode dépressif majeur sévère ou mélancolique (souvent dans le cadre d’un trouble bipolaire) [39], ou d’une schizophrénie [40]. Ce type de données pourrait influer la politique de prévention et les pratiques actuelles comme l’utilisation plus adaptée des régulateurs de l’humeur ou des antipsychotiques à libération prolongée afin d’améliorer la compliance des patients schizophrènes et bipolaires. Rappelons qu’en France, il s’écoule en moyenne 10 à 12 ans entre les premiers signes de bipolarité et le diagnostic accompagné du traitement adéquat, soulignant ainsi la nécessité d’une meilleure formation des médecins généralistes dans ce domaine [41]. Cela pourrait également être à la base de préconisations auprès du grand public. L’existence de tentatives de suicides antérieures et l’évocation du geste suicidaire du patient à son entourage au cours des jours précédant le passage à l’acte sont autant de facteurs prédictifs à connaître lors de la prise en charge d’un patient suicidaire. 5.5% des 15-85 ans (7.6% de femmes et 3.2% d’hommes) déclarent avoir tenté de se suicider au cours de leur vie [42]. Une autre faiblesse de notre étude concerne l’absence d’information quant aux facteurs protecteurs, reconnus comme tels dans la littérature, notamment ceux qualifiés de culturels (religion, croyances ou l’origine culturelle et ethnique) [43]. Effectivement, il est loisible de penser que l’appartenance à une communauté religieuse peut apporter un soutien à l’individu

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) en repoussant l’isolement. De surcroît, la plupart des religions condamnent fermement le suicide limitant ainsi le passage à l’acte de leurs fidèles.

Nous nous sommes interrogés sur la situation des pays européens en matière de suicide et par conséquent, si la France pouvait s’inspirer de leur fonctionnement pour remanier sa propre politique anti-suicide. Prenons l’exemple de l’Allemagne, avec un taux de suicide annuel en 2010 qui était de 10 021, avec un taux standardisé global de suicide de 9.4 pour 100 000 habitants (14.9/100 000 chez les hommes et 4.4/100 000 chez les femmes), située au 50ème rang mondial [16]. Ce pays s’est montré novateur en matière de prévention du suicide puisqu’en 2001, un projet a été lancé dans la ville de Nuremberg auprès de 500 000 habitants par un réseau allemand de recherche sur la dépression et les tendances suicidaires, ayant engendré une réduction significative du comportement suicidaire de plus de 20%. Ces résultats encourageants ont permis la création, en 2004, par 18 partenaires internationaux représentant 16 pays européens différents, de l’European Alliance Against Depression (EAAD) [44]. L’objectif de ce réseau international d’experts est d’agir sur la dépression, pathologie pourvoyeuse de tendances suicidaires. Krause T.J. et al. [45] ont montré que l’amélioration des soins et du soutien social par l’intermédiaire d’une nouvelle politique, mise en place suite à la réunification de l’Allemagne, a permis une décroissance importante de la prévalence du suicide depuis les années 90. Il est donc licite de penser qu’une réforme en matière de santé pourrait effectivement diminuer la prévalence de ce phénomène dans notre pays. Autre exemple, l’Espagne se situe au 69ème rang mondial avec un taux de suicide de 5.8 pour 100 000 habitants (9.4/100 000 chez les hommes et 2.5/100 000 chez les femmes) [16]. Depuis les années 1980, ce pays a connu une augmentation très importante du taux de suicide sans pour autant avoir entraîné la création de programme spécifique de prévention [46]. Cependant, une étude comparative entre la France et l’Espagne inciste sur le rôle du médecin généraliste comme étant essentiel dans la prise en charge de ce problème [47], ce qui est en corrélation avec l’étude de Rutz et al. [48]. En ce qui concerne l’Italie, ce pays se situe au 73ème rang mondial avec un taux de suicide de 5.4 pour 100 000 habitants (8.8/100 000 chez les hommes et 2.3/100 000 chez les femmes) [16]. Depuis les années 1990, une diminution de ce taux a été constaté dans ce pays, phénomène expliqué par certains auteurs comme principalement dû à l’amélioration de la survie des individus après une tentative de suicide [49]. Ces deux exemples confortent l’idée d’une action en matière de santé bien que la prévalence de la culture religieuse dans ces deux pays latins nuance ces constats. Le Royaume Uni est situé, par ailleurs, au 64ème rang mondial [16] où une politique très volontariste est menée depuis de nombreuses années et il est sociologiquement et culturellement plus proche de la France. Il existe une avance considérable en matière de suicide puisqu’un observatoire du suicide a été mis en place outre-Manche dans les années cinquante, a contrario de la France qui a dû attendre jusqu’à 2013 [50]. Malheureusement, depuis 2008, la Grande-Bretagne connait une recrudescence de la prévalence du suicide [51].

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Dans ce pays, l’accent était surtout mis sur l’information de la population générale, plutôt que sur la prévention primaire, visant à réduire l’apparition des troubles psychiatriques. En 2008, le pays européen qui avait le taux de suicide le plus bas était la Grèce avec 2.8 pour 100 000 habitants (4.8/100 000 chez les hommes et 1.0/100 000 chez les femmes) [16]. Les mesures drastiques d'austérité imposées en Grèce pour assainir les finances publiques du pays se sont accompagnées d'une augmentation des suicides de 43% entre 2008 et 2011 [52] avec une aggravation des pathologies mentales dûe aux évènements stressants de la vie quotidienne [53]. Ce constat alarmant a fait partie intégrante des sujets de préoccupations de la journée mondiale de prévention du suicide qui a eu lieu le 10 septembre 2013. Actuellement, le taux standardisé global de suicide en Grèce est de 5 pour 100 000 habitants [54] et les mesures de préventions peinent à se mettre en place. Enfin, la Lituanie détient un triste record puisqu’étant le pays européen le plus concerné par le suicide avec un taux de 30.7/100 000 habitants (55.9/100 000 chez les hommes et 9.1/100 000 chez les femmes) [16]. D’après Alvydas Navickas7, la consommation excessive et quotidienne d’alcool serait, en grande partie, à l’origine de ce phénomène [55] rappellant la nécessité d’une prise en charge globale des suicidants incluant de fait, les addictions. Ainsi, de nombreux pays européens connaissent une augmentation du nombre de suicides depuis quelques années, comme en particulier la Grèce, l’Espagne ou l’Angleterre. La France doit donc se montrer novatrice en matière de restructuration de sa politique anti- suicide puisque ne pouvant s’inspirer de systèmes défaillants.

La politique française actuelle a surtout mis l’accent sur cette priorité nationale par la mise en place en 2011 d’un programme de prévention contre le suicide sur 3 ans et la création d’un observatoire national du suicide en septembre 2013, chargé de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide mais aussi de produire des recommandations, notamment en matière de prévention [50]. Néanmoins, d’autres projets paraissent nécessaires afin de rechercher les facteurs qui pourraient améliorer la prise en charge des personnes suicidaires. Le remaniement de l’organisation de la prévention du suicide en France pourrait s’opérer sur l’information de la population générale, devant, à notre sens, faire l’objet de campagnes répétées, en particulier sur les signes annonciateurs d’un passage à l’acte suicidaire. D’après Johnston et Cooper « Ce sont des facteurs essentiellement individuels qui jouent dans les réitérations suicidaires » [56] sous-entendant des facteurs propres au mode de vie de l’individu et identifiables par son entourage. De même, la France étant un des plus gros consommateurs de psychotropes, des campagnes d’informations devraient se développer comme cela fut le cas en matière d’antibiotiques8 [57]. D’après une étude menée auprès de la Mutuelle Générale de santé chez les assurés de plus de 65 ans, 40% ont bénéficié d’au moins un remboursement de psychotropes au cours de l’année écoulée, en sachant que pratiquement 90% des prescriptions

7 Président de l’association lituanienne de suicidologie et vice-responsable de psychiatrie à l’Université de Vilnius (Lituanie) 8 « Les antibiotiques, c’est pas automatique » 64

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) sont issues de médecins généralistes et que plus de la moitié seraient inappropriées [58]. De fait, les enseignements et formations concernant les principales pathologies suicidogènes auprès du personnel médical devraient être renforcés, en particulier dans le cadre de la Formation Médicale Continue, actuellement encore hésitante en France. De surcroît, les facteurs prédictifs du suicide et de la réitération suicidaire, parmi lesquels se trouvent le sexe masculin, la tranche d’âge 30-60 ans, les tentatives de suicides antérieures, les troubles psychiques antérieurs, les traitements psychiatriques antérieurs, la notion d’hospitalisation et le mode de vie (statut professionnel, statut marital, addictions en particulier à l’alcool, l’isolement) [59], semblent aisément identifiables par le médecin généraliste qui aurait reçu la formation adéquate.

Ainsi, la prise en charge des patients suicidaires est essentielle d’un point de vue individuel mais surtout collectif, et de nouvelles méthodologies prometteuses se sont développées comme la méthode d’entretien pour le passage à l’acte suicidaire (MEPS) destiné à reconstruire les différents phénomènes psychopathologiques qui se produisent chez un sujet avant un passage à l’acte suicidaire [61]. Ces méthodes restent du domaine du spécialiste et il est nécessaire en France de mettre en avant le rôle fondamental de l’entourage du suicidant et du médecin de famille, en première ligne pour l’instauration d’une prévention adaptée et pour le dépistage de la présence d’une suicidalité.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) CONCLUSION

La réduction du nombre de suicides demeure pour tout pays un enjeu de santé publique important qui s’inscrit dans l’objectif plus large de réduction de la mortalité prématurée (mortalité survenant avant l’âge de 65 ans). Avec chaque année plus de 10 000 cas, la France se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide au sein de l’Union Européenne. La politique anti-suicide française actuelle a mis l’accent sur cette priorité nationale via la création, en 2011, d’un programme de prévention contre le suicide sur trois ans puis, en septembre 2013, d’un observatoire national du suicide, chargé de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide mais aussi de produire des recommandations, notamment en matière de prévention. Malgré cela, la prévalence de ce phénomène semble se maintenir, inquiétant les autorités à juste titre.

Ce constat alarmant suscite également des questionnements auprès des médecins généralistes puisque ces derniers sont souvent en première ligne dans la prise en charge des suicidants.

Ce travail visait à déterminer une origine possible de l’absence de décroissance de la prévalence du suicide au cours de ces dernières années, en se basant sur l’hypothèse d’un possible changement de profil de la personne suicidée qui serait, de fait, responsable d’une inadéquation de la prise en charge médicale. La mise en exergue de modifications supposerait une mise à jour des soins apportés au suicidant afin d’éviter le passage à l’acte.

L’originalité de cette étude a résidé dans la population étudiée puisqu’elle concernait des individus pour lesquels la prévention n’avait malheureusement pas été efficace. Ce travail rétrospectif à partir des cas de suicidés autopsiés à l’institut de médecine légale de Lyon pouvait être considéré comme représentatif de la population des suicidés de la région lyonnaise, la politique pénale du parquet de Lyon permettant la réalisation quasi systématique d’une autopsie médico-légale chez toutes les personnes décédées par suicide. L’intervalle de dix ans séparant les deux années choisies pour ce travail a permis une comparaison adéquate des données concernant les sujets suicidés et donc de mettre en évidence les différences potentielles entre les populations de 2002 et de 2012.

En ce qui concerne les données sociodémographiques, la population de 2012 était significativement plus âgée que celle de 2002 avec un âge médian respectif de 46 ans versus 50 ans. En effet, quel que soit le sexe, les sujets de 55 ans et plus étaient plus nombreux avec 40.57% de la population étudiée en 2012 contre 28.61% en 2002. D’autre part, une

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) augmentation sensible de la classe d’âge 55-64 ans a été constatée, passant de 8.28% en 2002 à 18.67% en 2012 chez les hommes et de 9.41% à 19.23% chez les femmes. Quant aux données médicales, il est apparu que les sujets suicidés en 2012 présentaient significativement plus d’antécédents psychiatriques que ceux de 2002 avec respectivement 67.21% et 61.98% de la population de l’année étudiée. Concernant les données médico-légales, une tendance à la diminution - sans différence significative - a été mise en évidence pour la proportion de personnes découvertes en état de décomposition avec 11.98% en 2002 et 6.97% en 2012. Les données toxicologiques étudiées ont permis de montrer une tendance à l’augmentation de la présence de xénobiotiques au niveau sanguin avec 73.31% des cas en 2002 versus 80.17% en 2012. Il est loisible de penser que ce résultat est en relation avec le plus grand nombre d’antécédents psychiatriques retrouvés en 2012. En outre, la surconsommation de psychotropes en France reste problématique sans pour autant résoudre la délicate question du risque suicidaire toujours élevé. De manière prévisible, une différence significative est apparue, pour deux types de molécules, les carbamates et les antipsychotiques. Ainsi, les carbamates étaient significativement plus fréquemment détectés dans la population des suicidés en 2002, tandis que les antipsychotiques l'étaient dans celle de 2012. De ce fait, une vigilance particulière doit être portée sur le suicidant approchant de l’âge de la retraite et porteur d’antécédents psychiatriques.

Ainsi, il apparaît nécessaire que chaque praticien, quelle que soit sa spécialité, soit capable de reconnaître les signes annonciateurs d’un passage à l’acte afin d’adresser son patient à un psychiatre pour une prise en charge adéquate en urgence.

En France, l’organisation des soins psychiatriques connait depuis quelques années déjà, des difficultés. Tandis que celle-ci est désormais centrée sur les centres médico psychologiques, il s'avère que la demande actuelle n'est plus totalement satisfaite du fait notamment du déficit récurrent des médecins psychiatres. Ainsi, les délais de prise en charge dans de telles structures sont de plus en plus longs, empêchant l'assurance de soins et de suivi de qualité.

Se pose alors la question du rôle du médecin généraliste, pierre angulaire d’une politique de prévention efficace, susceptible de briser les tabous autour du suicide, de prendre en charge le mal-être des patients et de détecter les signes précurseurs d'un passage à l'acte avant qu’un geste funeste ne soit commis.

A l'heure actuelle, plusieurs problèmes subsistent, expliquant le fait que l'ensemble des médecins généralistes ne prennent pas part activement à cette prévention du risque suicidaire. D'une part, la spécificité de la prise en charge de ces patients - et notamment le temps important de ces consultations dédiées, sans aucune contrepartie proposée de la part des pouvoirs publics – peuvent réfréner certains médecins généralistes à s’investir dans ce type de

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) prise en charge ; d'autre part, la non-obligation de formation en matière de suicide peut également être à l'origine, à terme, d'un certain manque de connaissances du médecin généraliste, et de fait, de difficultés dans la gestion de ce type de pathologie.

Comme le disait Marc Fillatre, vice-président de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS) « Le médecin est indispensable mais il ne peut rien s’il gère seul les patients : il doit travailler en synergie avec les autres professionnels de santé, les associations, l’entourage du patient... car les conduites suicidaires ont une origine polysémique. L’histoire personnelle de la personne, son environnement depuis la petite enfance et peut-être même, son patrimoine génétique peuvent expliquer certaines fragilités. Aujourd’hui, toute la difficulté est de faire travailler les bonnes volontés ensemble, contre le suicide ».

D'autres études sont nécessaires auprès des médecins généralistes mais également auprès du grand public, afin de permettre une meilleure appréhension des rôles effectifs et attendus du médecin généraliste dans ce domaine mais également de déterminer la nature des freins éventuels existants à la prévention du suicide dans cette population médicale spécifique.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) ANNEXES

ANNEXE 1 : Texte intégral de l’article scientifique en anglais soumis en avril 2014 à la revue de psychiatrie internationale American Journal of Forensic Psychiatry

ANNEXE 2 : Sommaire du programme national d'action contre le suicide (2011-2014) mis en place par le gouvernement français en 2011

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) ANNEXE 1

Forensic autopsy of people having committed suicide in 2002 and in 2012: comparison of epidemiological and sociological data Autopsie médico-légale des sujets suicidés en 2002 et en 2012: comparaison des données épidémiologiques et sociologiques

A.Franchi1, J.Bagur1, P. Lemoine3, D. Maucort-Boulch2, D. Malicier1, G. Maujean1 1Service de médecine légale de Lyon, CHU Edouard Herriot 2Service de biostatistiques des Hospices Civils de Lyon 3Clinique Lyon-Lumière. 69330 Meyzieu ______

Summary: Suicide is a worrying public health problem in France, where more than 10,000 persons commit suicide every year despite the existence of a public prevention policy.

Objective: to compare epidemiological and sociological data on persons having committed suicide in 2002 and in 2012. Methodology: Retrospective study of every suicide case having led to an autopsy at the Institute for Forensic Medicine of the University of Lyon (Institut Universitaire de Médecine Légale de Lyon, i.e IML) in 2002 and in 2012. We included in our study socio-demographic data (sex, age, type of housing, social isolation, marital status, occupation), medical data (psychiatric history including suicide attempts and addictive behaviour) and toxicological data (psychotropic drugs, alcohol and other xenobiotic). Results: As a whole, 486 cases were included in our study (242 cases in 2002 and 244 cases in 2012). We found that people committing suicide were on average older in 2012 than in 2002 (51.02 years in 2012 versus 48.1 years in 2002, p=0.047) with a larger proportion of over-55 (p=0.006), in particular belonging to the 55-64 age range. We also found an increase in the proportion of psychiatric antecedents (p<0.001). Whatever the date of death by suicide, the most affected age range is the 45-54. Hanging remains the most frequent suicide mode among men (38.22% in 2002 versus 40.96% in 2012). Regarding women, the two most frequent modes are the fall from a deadly height (37.65% versus 25.64%) and self-poisoning with prescription drugs (34.12% versus 28.21%). Decomposed bodies are associated with a positive blood alcohol level (p=0.002). Regarding psychotropic drugs, we found a significant difference as the use of carbamates decreased from 8.68% in 2002 to 0.82% in 2012 (p<0.001), while the use of anti-psychotic drugs increased from 0.41% in 2002 to 8.61% in 2012 (p<0.001). Conclusion: The fact that people committing suicide are on average older than they used to be should incite health professionals to be more vigilant and emphasize the need for public authorities to strengthen preventive measures. According to us, France needs to completely rethink its policy on the issue.

Keywords: Suicide, comparison, epidemiological and sociological data. ______

Résumé: Le suicide reste un problème de santé publique préoccupant en France : en effet, on recense plus de 10 000 cas par an et ce, malgré la mise en place d’une politique spécifique de prévention.

Objectif: Comparer les données épidémiologiques et sociologiques des sujets décédés par suicide en 2002 et en 2012. Méthodologie: Etude rétrospective regroupant tous les suicidés autopsiés à l’Institut de médecine légale de Lyon en 2002 et en 2012. Les variables étudiées sont d’ordre sociodémographique (sexe, âge, lieu de résidence, isolement, statut marital, profession) ; d’ordre médical (antécédents psychiatriques dont les tentatives de suicide, les conduites addictives) ; d’ordre médico-légal (lieu de découverte du corps, présence d’une lettre d’adieu, datation du décès, modus operandi) et d’ordre toxicologique (psychotropes, stupéfiants, alcoolémie et autres xénobiotiques). Résultats: 486 cas ont été inclus au cours des deux années considérées (242 cas en 2002 et 244 en 2012). Par rapport à 2002, nous constatons un âge globalement plus élevé des sujets suicidés en 2012 (48.10 ans versus 51.02, p=0.047) avec un accroissement des plus de 55 ans (p=0.006), en particulier de la tranche d’âge 55-64 ans, ainsi qu’une augmentation des antécédents psychiatriques (p<0.001). Quelle que soit l’année considérée, la classe d’âge la plus touchée est celle des 45-54 ans. La pendaison reste le modus operandi masculin dominant (38.22% en 2002 et 40.96% en 2012). Chez la femme, les deux modes de suicides les plus fréquents sont les chutes d’un point élevé (37.65% en 2002 et 25.64% en 2012) et les intoxications médicamenteuses volontaires (34.12% versus 28.21%). L’état de putréfaction est significativement corrélé au taux d’alcoolémie (p=0.002). En ce qui concerne la présence de psychotropes, nous notons des différences significatives : diminution pour les carbamates (8.68% en 2002 versus 0.82% en 2012, p<0.001) et augmentation pour les antipsychotiques (0.41% en 2002 versus 8.61% en 2012, p<0.001). Conclusion : Le vieillissement des sujets suicidés doit inciter à la vigilance des soignants et alerter les pouvoirs publics afin de renforcer les dispositifs de prévention médicaux. La politique de la France à cet égard doit selon nous être entièrement repensée et organisée.

Mots-clés: Suicide ; Comparaison ; Données épidémiologiques et sociologiques

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Introduction National statistics [14] show that unlike suicide Every year, over one million persons commit attempts, which are made mostly by women, suicide in the world, making suicide the 13th most suicides are committed mostly by men (75%), important cause of death globally [1]. In the US, mainly by 45- 54 years old people (22%), then by suicide is the 10th most important cause of death 25-34 years old (20.6%), 35-44 years old (17%) and and even the third most important for teenagers and 55-64 years old (17%). Suicide is the main cause of adults aged less than 35 [2]. Moreover, according to death among 25-34 years old people and the second global estimations, 10 to 20 million people make an one among 15-24 years old, after road accidents unsuccessful each year [1]. In [15]. The proportion of suicides in the general France, suicide is a major health issue [3] and is population increases with age: out of 100,000 considered a national priority since 2013 [4]. inhabitants, the incidence of suicide is 6.5 for the Officially, more than 10,000 suicides are committed 15-24 years old, 29.4 for the 75-84 years old and in France each year, i.e. 1.99% of annual deaths [5]; 39.5 for the 85-94 years old [4]. Hanging remains actual figures are likely to be even higher. France, the main mode of (52.5%) which ranks 18th in the world [6], is one of the most followed by self-poisoning with prescription drugs affected European countries in term of suicide (15.3% as a whole; 29.9% for women), firearms prevalence (third rank in Europe) [7], with a (13.3% as a whole; 17.3% for men) and intentional standardised prevalence proportion of 14.7 cases of fall from a potentially deadly height (5.9%) [4]. The suicide per 100,000 inhabitants (26.4 for men and main other suicide modes are drowning, use of a 7.2 for women) [8] versus 10.8 and 3.1 per 100,000 bladed weapon, or asphyxia by inhalation of toxic inhabitants in the United Kingdom (64th rank in the gases. In a few cases, the suicide mode can be world) [6], where a very proactive approach has complex (combining two methods such as drug been adopted for many years and while the number poisoning and hanging) or even uncertain such as a of suicides increased in UK since the financial suicidal cut of the throat that evokes a murder crisis of 2008 [9]. These figures could be compared committed with a bladed weapon. Conversely, there with those of alcoholism and consumption of are sometimes murders that are disguised as cannabis (types of addiction particularly linked to suicides and that would not been detected if a suicidal tendencies) since France ranks also top in forensic autopsy had not been conducted. the European Union for these addictions [10]. Regarding suicide attempts, 5.5% of 15-85 years Overall, over the last twenty years, the prevalence old inhabitants of France (7.6% of women and of suicide tends to decrease in France with 10,333 3.2% of men) say that they attempted to commit suicides in 2010 versus 11,403 suicides in 1990 [4]. suicide at least once in their life [11]. This alarming Nevertheless, we found out that the evolution of the observation led the French government to set up prevalence varies with age [16], with a decrease various measures. The latest measure was set up in observed among people less than 25 years old and September 2011 [12] and has six objectives: to people over 65, while the prevalence is broadly develop prevention and postvention; to improve the stable among the 30-65 years old people. care of people with suicidal tendencies; to inform and communicate on prevention; to train the In this context, it would be interesting to compare professionals; to conduct studies and research; to epidemiologic and sociologic data on the people conduct a follow-up of the action plan set up to having committed suicides in 2002 and in 2012 prevent suicides. However, until now, these through the analyse of the cases for which an measures have not been very efficient. Let’s autopsy was conducted in the IML (second largest compare the suicide figures with those of deaths forensic centre in France). The main objective of caused by road accidents, against which a real this study is to compare these pieces of data in proactive policy was set up: while the number of order to spot potential significant differences suicides barely decreased over the past ten years, between the profile of people having committed the number of deaths on the road was almost suicide in 2002 and those having committed suicide halved, falling to 3,842 in 2012 from 7,655 in 2002 in 2012. [13].

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Tools and methodology retirement home/caring/nursing home, prison cell). The marital status was used to differentiate two categories: the "couple" category (married or living We conducted a retrospective study about the with a partner) and the "single" category (widowed, autopsy cases of violent deaths by suicide in 2002 separated, divorced or single). The and 2012. profession/occupation was classified according to

the criteria of the French national statistics body POPULATION INSEE [18]: farmers; artisans, shopkeepers, The studied population concerns all the people company managers; executives, higher intellectual having committed suicide whose body was occupations; intermediary occupations; employees; autopsied in the IML in 2002 and 2012. The factory workers; inactive professionally but who autopsies conducted in Lyon cover a geographic used to have a professional occupation; others and area where a little over 3 millions people live and without professional occupation). We considered as that corresponds to the District Courts of Lyon (in retired all the persons aged 60 years and over. Were Rhone, department 69), Bourg en Bresse (in Ain, classified as isolated the persons who were clearly department 01), Bourgoin-Jallieu (Isere, department known as isolated or for whom no relations (family 38), Villefranche (also in Rhone) and Vienne (also relatives, friends, neighbours) was mentioned in the in Isere). The inclusion criterion was "death by file. suicide in 2002 and in 2012 diagnosed by an autopsy at the IML". Medical data brings together the medical history of psychiatric disorders (depressive disorder, and DATA GATHERING suicide attempts, psychotic disorder, bipolar Data was collected in the archives of the IML. Each disorder, personality disorder, schizophrenia) and file includes the police report on the body addictive behaviours (chronic alcoholism, drug discovery, the autopsy report (the external addiction to cannabis, cocaine, MDMA, heroin). examination of the body on the place of discovery We took into account only the data that was clearly by a forensic team, the description and the results of mentioned in the police report or the autopsy report. the autopsy) and the supplementary tests (including the toxicology report). At the IML, the body of Forensic data groups together the elements each dead person believed to have committed collected during the body recovery (place of suicide will systematically undergo an external discovery, presence of a , putrefaction examination (body recovery), an internal level) and the results from the autopsy (modus examination (autopsy) and a toxicological analysis. operandi which caused death). When faced with a Only after these tests will the diagnosis of death by suicide that combined at least two methods, we suicide be confirmed or disproved. took into account the modus operandi that was the The studied parameters for the years 2002 and 2012 most likely to have caused death (10 cases in 2002 were classified in four categories: socio- and 6 in 2012). For example, in 2002, a person was demographic data, medical data, forensic data and discovered hanged, but the hanging was combined toxicological data. with a wound caused by a firearm whose entrance wound was endo-buccal. The autopsy showed fatal Socio-demographic data groups together the sex, injuries on the path of the bullet inside the body, age, occupation, marital status, notion of isolation which led the forensic expert to conclude that it was and the place of residency. The age was classified a suicide by firearm. In 2012, a case of drowning according to the official categories of INSERM was combined with self-poisoning with prescription (French Institute of Health and Medical Research) drugs, but the toxicological analysis showed that [17]: 14 years and below, 15-24 years, 25-34 years, the drug doses, while supra therapeutic and actually 35-44 years, 45-54 years, 55-64 years, 65-74 years, toxic, were not lethal. Since the autopsy showed 75-84 years, 85 years and over. The place of signs of a death by asphyxia, which resulted from a residency was looked at to determine the type of massive inhalation of water, we considered this housing: it was considered as individual housing case was a suicide by drowning. when the person lived in an individual home (which excludes de facto shelter, psychiatric hospital,

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Toxicological data is composed of qualitative-type cases (30.61%) among the 797 autopsies. No variables with presence in the blood of significant difference was found between 2002 and psychotropic compounds (benzodiazepines, 2012. carbamates, anti-depressant, neuroleptic, hypnotic, thymo-regulator and anti-psychotic) and ethanol. Socio-demographic data Each time a xenobiotic was present in the blood, the Among the 242 cases of 2002, 157 were men toxicology was considered positive. The dose of (64.88%) and 85 were women (35.12%), i.e. a sex each prescription drug found in the blood was ratio M/W of 1.85. Among the 244 cases of 2012, classified in five categories according to the current 166 were men (68.03%) and 78 were women standards of the toxicology lab: infra-therapeutic (31.97%), i.e. a sex ratio of 2.13. We did not find dose; therapeutic dose; supra-therapeutic dose; any significant difference between the sex ratio of toxic, lethal. However, determining precisely the both years. presence of heroin and its metabolites in the However, suicides were committed in 2012 by different matrices is difficult due the people who were on average older than those thermodynamic instability of this particular having committed suicide in 2002, p=0.047. The molecule. Indeed in the body, heroin gets quickly median age was 46 years in 2002, and 50 years in hydrolysed into morphine, which is the only 2012; the average age was 48.1 years in 2002 and xenobiotic that will be found in the blood in the 51.02 years in 2012. In 2002, the most case of heroin overdose [19]. All the results (in representative age range was 25-54 years (63.22% 2002 and 2012) have been obtained through the of cases) with a clear predominance of 45-54 years same dosage techniques in the same toxicology lab. (64 cases including 39 men and 25 women). In 2002, 26.45% of all the suicides autopsied in Lyon METHOD OF ANALYSIS AND STATISTIC were within this age range. In 2012, the majority of The whole data was collected with the software suicides were committed by people aged between Excel. The databases from 2002 and 2012 were 35 and 64 (58.20%) with a clear predominance of merged with the variables that were shared by both the 45-54 age range (50 cases including 30 men and databases. The data was expressed in headcounts 20 women). In 2012, 20.49% of all the suicides and in percentages for the qualitative or the autopsied in Lyon were within this age range. category-specific variables, and in average, median, Graphs 1 and 2 compare the number of suicides in quartiles, minimum and maximum for the 2002 and 2012 per age range and sex. In 2002, the continued quantitative variables. Characteristics majority of men having committed suicide were were compared with the help of non-parametric aged between 25 and 54 (106 cases, i.e. 67.52%), tests (Mann and Whitney for the qualitative while in 2012 the majority of men having variables, and Fisher test for the qualitative committed suicide were aged between 35 and 64 variables). The results were considered significant (98 cases, i.e. 59.04%). We observe the same when the value of p was inferior to 0.05. Statistical phenomenon among women with of majority of analyses were conducted withy the software R women aged 25 to 54 in 2002 (47 cases, i.e. (software 3.02, 2012) [20]. 55.29%), versus a majority of women aged 35 to 64 in 2012 (44 cases, i.e. 56.41%). Whatever the sex, Results the subjects aged 55 and over were significantly more numerous in 2012 (99 cases, i.e. 40.57%) than Overall, 1,615 autopsies were conducted in the IML in 2002 (69 cases, i.e. 28.61%), p=0.006. over both years (2002 cases + 2012 cases), In particular, the proportion of people aged 55-64 including 486 suicide cases, which represents increased from 8.28% in 2002 to 18.67% in 2012 almost one third of autopsies (30.09%). In 2002, among men, and from 9.41% in 2002 to 19.23% in there were 242 suicide cases (29.58%) among the 2012 among women. 818 autopsies, while in 2012 there were 244 suicide

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) 60 37 39 40 33 34 30 31 2002 23 13 13 15 13 13 20 10 8 2012 2 0 4 4 1 0 0 < 14 years 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85 years Unknown years years years years years years years

Graph 1: Distribution of men having committed suicide according to age: comparison between 2002 and 2012.

30 25 20 2002 20 13 15 10 12 7 9 9 8 9 8 8 10 4 3 2012 0 0 2 0 1 0 < 14 years 15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 > 85 years Unknown years years years years years years years

Graph 2: Distribution of women having committed suicide according to age: comparison between 2002 and 2012.

In the meantime, we noted that the occupation of syndrome (58.68%), 4 from bipolar disorder the deceased was often missing from the file: we (1.65%), 3 from psychotic disorder (1.24%) and 1 found the occupation of 60 deceased in 2002 from schizophrenia (0.41%). In 2012, among the (24.79%) and of 96 deceased in 2012 (39.34%). 164 deceased having had a psychiatric disorder, 151 Therefore, it is not possible to seriously analyse this were suffering from a depressive syndrome parameter due to the lack of information. The (61.89%), 7 from schizophrenia (2.87%), 3 from marital status of the deceased was also missing bipolar disorder (1.23%), 2 from personality from many files as it was mentioned in only 138 disorder (0.82%) and 2 from psychotic disorder cases in 2002 (57.02%) and 168 cases in 2012 (0.82%). In 2002, 18.18% of the deceased had (68.85%). In 2002, 82 deceased were "single" out already made a suicide attempts (44 cases) versus of 138 cases for which the marital status was 24.59% in 2012 (24 cases). known (59.42%), while in 2012, 78 deceased were "single" out of 168 cases for which the marital Forensic data status was known (46.43%). Conversely, in 2002, Whatever the year, most bodies were discovered at 56 deceased out of 138 were "in couple" (40.58%), the home of the deceased: in 152 cases in 2002 while in 2012, 88 deceased out of 158 were "in (62.81%) and in 154 cases in 2012 (63.11%). Then couple" (52.38%). Regarding the type of housing, the most frequent location was the street with 87 the deceased were in majority living in an cases in 2002 (35.95%) and 81 cases in 2012 individual home (211 cases in 2002 i.e. 87.19% and (33.20%). Two bodies were discovered in the 221 cases in 2012 i.e. 90.57%). Only 46 deceased deceased's workplace in 2002 (0.83%) and 4 in were isolated in 2002 (19.01%) and 59 in 2012 2012 (1.64%). One body was discovered in a hotel (24.18%). room in 2002 (0.41%) versus 5 in 2012 (2.05%). In 2002, 58 people left a suicide note (23.97%) versus Medical history 68 in 2012 (27.87%). We noted there were fewer In 2002, 38 deceased were known to be chronic discoveries of bodies in an advanced stage of alcoholic (15.70%) versus 27 in 2012 (11.07%). In putrefaction, but we do not consider the difference 2002, 13 deceased used drugs (5.37%) versus 14 in significant: 29 cases in 2002 (11.98%) versus 17 in 2012 (5.74%). Regarding history of psychiatric 2012 (6.98%), p=0.064. Tables 3 and 4 show the disorders, we found a significant increase of their modus operandi according to the sex. We did not prevalence (150 cases in 2002 i.e. 61.98% versus find any statistically significant difference between 164 cases in 2012 i.e. 67.62%, p<0.001. In 2002, 2002 and 2012 regarding the modus operandi. among the 150 deceased having had a psychiatric disorder, 142 were suffering from a depressive

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Among men, hanging was the main modus operandi 54 years. It was a complete hanging in 56.25% of with 60 cases in 2002 (38.22%) versus 68 in 2012 cases. Three persons hanged themselves at their (40.96%). The three other most frequent modus workplace, 3 in prison (which represents 3.75% of operandi were the fall from a deadly height -29 hanging cases) and 6 in a psychiatric facility. We cases in 2002 (18.47%) versus 24 in 2012 found 5 bodies that were putrefied. Blood alcohol (14.46%)-, the use of a firearm -26 cases in 2002 level was negative in 71.25% of hanging cases. (16.56%) versus 29 in 2012 (17.47%)- and self- poisoning with prescription drugs with 21 cases in Regarding falls from a potentially deadly height, 2002 (13.38%) versus 23 in 2012 (13.86%). The there were 61 cases in 2002 (25.21%) including 32 other modus operandi are brought together in the women (52.46%). The most prevalent age ranges category "other" in table 3: drowning in 5 cases in were the less than 34 (29.51%), followed by the 45- 2002 (3.18%) versus 7 in 2012 (4.22%), bladed 54 and the over 75. Eight persons jumped out of a weapon with 5 cases in 2002 (3.18%) and also 5 in hospital window and 7 jumped out of a nursing 2012 (3.01%), train with 5 cases in 2002 (3.18%) home window. Blood alcohol level was negative in versus 1 in 2012 (0.60%), choking with 2 cases in 60.66% of fall cases. In 2012, there were 44 cases 2002 (1.27%) versus 4 cases in 2012 (2.41%), of fall from a potentially deadly height (18.03%) intoxication with carbon monoxide with 2 cases in including 20 women (45.46%). The most prevalent 2002 (1.27%) versus 4 cases in 2012 (2.41%) and age ranges were the over 75 (31.81%), followed by immolation by fire with 2 cases in 2002 (1.27% the 55-64 and the less than 34. Two persons jumped versus 2 cases in 2012 (0.60%). out of a hospital window (4.55%). Blood alcohol level was negative in 67.21% of fall cases. Among women, the two most frequent modus Whatever the year, people had jumped from a operandi are self-poisoning with prescription drugs height higher than the fourth floor. -29 cases in 2002 (34.12%) versus 22 in 2012 (28.21%)- and the fall from a deadly height with 32 Regarding self-poisoning with prescription drugs, cases in 2002 (37.65%) versus 20 in 2012 there were 50 cases in 2002 (20.66%) including 29 (25.64%). They were followed by hanging -10 women (58%). The most prevalent age range was cases in 2002 (11.76%) versus 12 in 2012 45-54 (32%). 16 bodies were putrefied. Blood (15.38%)- and drowning with 5 cases in 2002 alcohol level was positive in half of the self- (5.88%) versus 7 in 2012 (8.97%). The other less poisoning cases. 82% of people had swallowed frequent modus operandi are brought together in the more than two different prescription drugs. Among category "other" in table 4: firearm in 5 cases in these intoxications with many drugs, the drugs that 2002 (5.88%) versus 6 in 2012 (7.69%), bladed were detected in the blood by toxicological analyse weapon with 1 case in 2002 (1.18%) versus 4 in were mostly benzodiazepines (32 cases i.e. 64%), 2012 (5.13%), choking with no case in 2002 versus followed by anti-depressant (22 cases i.e. 44%), 5 in 2012 (6.41%) and intoxication with carbon morphinic compound or analgesic (11 cases i.e. monoxide with 2 cases in 2002 (2.35%) versus 5 in 22%), carbamates (7 cases i.e. 14%), neuroleptic (6 2012 (1.28%). there were neither a case of cases i.e. 12%), hypnotic (3 cases i.e. 6%) and non- immolation by fire nor a case of crushing by a train. prescription drugs (3 cases i.e. 6%). In 2012, there were 45 cases of self-poisoning with prescription Regarding hanging, there were 70 cases in 2002 drugs (18.44%) including 22 women (48.89%). The (28.93%) including 60 men (85.72%). In 57.14% of most prevalent age range was 35-44 (28.89%). 5 these hanging cases, it was a complete hanging (no bodies were in an advanced stage of putrefaction. body part was touching the ground or any support). Blood alcohol level was negative in 46.67% of the Four people hanged themselves at their workplace, self-poisoning cases. 75.56% of people had 7 in prison (which represents 10% of hanging swallowed more than two different prescription cases) and 7 in a psychiatric facility. We found 8 drugs. Among these intoxications with many drugs, bodies that were in an advanced stage of the drugs that were detected in the blood by putrefaction. Blood alcohol level was negative in toxicological analyse were mostly benzodiazepines 61.43% of hanging cases. In 2012, there were 80 (29 cases i.e. 64.44%), followed by anti-depressant cases of hanging (32.79%) including 68 men (18 cases i.e. 40%), morphinic compound or (85%). The most representative age range was 45- analgesic (14 cases i.e. 31.11%), non-prescription

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) drugs (4 i.e. 8.89%), substitutive treatments (4 i.e. between 2002 and 2012 regarding the use of 8.89%) and carbamates (2 i.e. 4.44%). carbamates (p<0.001) and anti-psychotic (p<0.001).

Regarding suicides by firearm, there were 31 cases Regarding the drugs whose dose was toxic or lethal, in 2002 (12.81%) including 26 men (83.87%). The we noted a predominance of psychotropic drugs most representative age ranges were 35-44 years both in 2002 and in 2012. In 2002, the psychotropic (22.58%) and the 75-84 years (19.35%). The drugs that were the most used were weapon used was a hunting rifle in 29.03% of benzodiazepines (24 cases i.e. 9.92%), anti- cases. The entrance wound was, by decreasing depressant (18 cases i.e. 7.44%), hypnotic (16 cases frequency order, endo-buccal (in the mouth), i.e. 6.61%), carbamates (8 cases i.e. 3.31%) and temporal, thoracic left, frontal and the right ear. In opiates (5 cases i.e. 2.07%). The other detected 2012, there were 35 suicides by firearm (14.34%) drugs were anti-epileptic drugs (3 cases i.e. 1.24%), including 29 men (82.86%). The most beta-blockers (3 cases i.e. 1.24%), anti-malaria representative age ranges were 65-74 years drugs (2 cases i.e. 0.83%) and paracetamol (1 cases (22.86%) and 55-64 years (20%). 42.85% of people i.e. 0.41%). In 2012, the detected psychotropic used a hunting rifle. The entrance wound was, by drugs were anti-depressant (12 cases i.e. 4.92%), decreasing frequency order, temporal, endo-buccal anti-histaminic drugs (10 cases i.e. 4.10%), opiates (in the mouth), thoracic left, frontal, under the chin (12 cases i.e. 4.92%) and benzodiazepines (9 cases and the right ear. Whatever the year, blood alcohol i.e. 3.69%). The other detected drugs were beta- level was positive for 6 persons, i.e. 19.35% in blockers (3 cases i.e. 1.23%), anti-malaria drugs (2 2002 and 17.14% in 2012. cases i.e. 0.82%) and paracetamol (2 cases i.e. 0.82%). Toxicological data The putrefaction stage was significantly linked to Regarding the prescription drugs whose dose was the blood alcohol level (p=0.002), because of the infra therapeutic, therapeutic and supra therapeutic, production of endogenous ethanol through the we found similar results in 2002 and in 2012 phenomena of body decomposition. If we exclude regarding psychotropic drugs. In 2002 were mostly from the analyse all the putrefied bodies (29 in detected benzodiazepines (119 cases i.e. 49.17%), 2002 and 17 in 2012), 143 persons had a negative anti-depressants (58 cases i.e. 23.97%, including 31 blood alcohol level when they committed suicide in cases with presence of an inhibitor of serotonin 2002 (69.42%) and 63 had a positive blood alcohol recapture), neuroleptic drugs (27 cases i.e. 11.16%) level (30.58%). In 2012, 166 persons had a negative and hypnotic drugs (17 cases i.e. 7.02%). The non- blood alcohol level (74.44%) and 57 a positive psychotic drugs were the anti-epileptic drugs (11 blood alcohol level (25.56%). Seven files in 2002 cases i.e. 4.54%), the beta-blockers (2 cases i.e. and four files in 2012 did not include the blood 0.83%) and the calcium blockers (2 cases i.e. alcohol level. No significant difference was found 0.83%). In 2012, the most frequent psychotropic regarding the blood alcohol level in 2002 and in drugs were benzodiazepines (113 cases i.e. 2012, although it was less frequent in 2012. 46.31%), anti-depressants (73 cases i.e. 29.92%, Among the 486 files, 13 of them were missing the including 36 cases with presence of an inhibitor of toxicological report (2.67%). We found an upwards serotonin recapture), hypnotic drugs (26 cases i.e. trend in the presence of xenobiotic in the blood as 10.66%) and the neuroleptic drugs (23 cases i.e. there were 173 cases with positive toxicology in 9.43%). The four other non-psychotropic drugs 2002 (73.31%) versus 190 cases in 2012 (80.17%), were anti-epileptic drugs (6 cases i.e. 2.46%), beta- p=0.08. There was no detection of xenobiotic in 63 blockers (5 cases i.e. 2.05%), calcium blockers (4 persons in 2002 (26.03%) versus 47 in 2012 cases i.e. 1.64%) and anti-malaria drugs (1 case i.e. (19.26%). We did not find any significant 0.41%). Whatever the year, a large number of difference regarding the presence of a psychotropic toxicological analyses showed the presence of drug between 2002 (58.3% of cases) and 2012 paracetamol (35 in 2002 i.e. 14.46% versus 53 in (59%). The different types of psychotropic drugs 2012 i.e. 21.72%). have been separately analysed in table 2. We observed a statistically significant difference

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0)

2002 2012 p Benzodiazepines 101 105 (43.03%) p=NS (41.74%)

Carbamates 21 2 p<0.001 (8.68%) (0.82%)

Anti-depressant 74 80 (32.79%) p=NS (30.58%)

Neuroleptic drug 35 33 (13.52%) p=NS (14.46%)

Hypnotic drug 32 36 (14.75%) p=NS (13.22%)

Mood stabilizer 4 5 p=NS (1.65%) (2.05%)

Antipsychotic drug 1 21 P<0.001 (0.41%) (8.61%)

Table 1: Number of people whose blood tested positive to different types of psychotropic drugs, in 2002 and in 2012 NS: not significant

22 Other 21

23 Self-poisoning with prescription drugs 21

24 Fall from a potentially deadly height 29 2012

29 2002 Firearm 26

68 Hanging 60

0 20 40 60 80

Graph 3: Comparison of modus operandi among men in 2002 (157 cases) and in 2012 (166 cases).

17 Other 9

7 Drowning 5

12 2012 Hanging 10 2002 22 Self-poisoning with prescription drugs 29

20 Fall from a potentially deadly height 32

0 5 10 15 20 25 30 35

Graph 4: Comparison of modus operandi among women in 2002 (85 cases) and in 2012 (78 cases).

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Year 2002 2012 p-value Total N = 242 N = 244 N = 486 Age Average (SD) 48.10 (18.17) 51.02 (17.94) p=0.047 (Wilcoxon) 49.56 (18.10) Médian 46.00 50.00 48.00 Q1-Q3 34.00 - 57.00 39.00 - 63.00 36.00 - 61.00 Min-Max 12.00 - 93.00 16.00 - 98.00 12.00 - 98.00 N 241 243 484 Sex W 85 (35.1%) 78 (32.0%) p=NS (Fisher) 163 (33.5%) M 157 (64.9%) 166 (68.0%) 323 (66.5%) N = 242 N = 244 N = 486 Isolation No 196 (81.3%) 184 (75.7%) p=NS(Fisher) 380 (78.3%) Yes 46 (19.1%) 59 (24.3%) 105 (21.6%) N = 241 N = 243 N = 486 Individual home 1 (0.4%) 4 (1.6%) p=NS (Fisher) 5 (1.0%) No 30 (12.4%) 19 (7.8%) 49 (10.1%) Yes 211 (87.2%) 221 (90.6%) 432 (88.9%) N = 242 N = 244 N = 486 Psychiatric history 52 (21.5%) 66 (27.0%) p< 0.001 (Fisher) 118 (24.3%) No 40 (16.5%) 13 (5.3%) 53 (10.9%) Yes 150 (62.0%) 165 (67.6%) 315 (64.8%) N = 242 N = 244 N = 486 Place of body discovery Home 152 (62.8%) 154 (63.1%) p=NS (Fisher) 306 (63.0%) Hotel 1 (0.4%) 5 (2.0%) 6 (1.2%) Workplace 2 (0.8%) 4 (1.6%) 6 (1.2%) Street/Public place 87 (36.0%) 81 (33.2%) 168 (34.6%) N = 242 N = 244 N = 486 Suicide note No 184 (76.0%) 176 (72.1%) p=NS (Fisher) 360 (74.1%) Yes 58 (24.0%) 68 (27.9%) 126 (25.9%) N = 242 N = 244 N = 486 Putrefaction No 213 (88.0%) 227 (93.0%) p=0.064 (Fisher) 440 (90.5%) Yes 29 (12.0%) 17 (7.0%) 46 (9.5%) N = 242 N = 244 N = 486 Suicide mode Hanging 70 (28.9%) 80 (32.8%) p=NS (Fisher) 150 (30.9%) Fall from a potentially deadly height 61 (25.2%) 44 (18.0%) 105 (21.6%) Self-poisoning with prescription drugs 50 (20.7%) 45 (18.4%) 95 (19.5%) Firearm 31 (12.8%) 35 (14.3%) 66 (13.6%) Other 30 (12.4%) 40 (16.4%) 70 (14.4%) N = 242 N = 244 N = 486

Table 2: Analyse of variables according to the Fisher and Wilcoxon's tests, in 2002 and in 2012. NS : no significant

Discussion

Our study took into account the totality of suicides Lyon's High Court complies with the European committed in the region, since Lyon's legal recommendations regarding good forensic practices authorities apply the good international [21] as well as with forensic practices in the US, recommendations: "In each case of violent death by where an autopsy is conducted for each case of suicide, a forensic autopsy is ordered with all the violent death by accidents, suicides or murders. supplementary tests that are necessary, including This exhaustive comparison between suicide cases the toxicological analyses". The penal policy of in 2002 and in 2012 shows an increase in the

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) average age of people committing suicide. We country, where the prevalence of major depressions suppose that this significant difference is linked to is rather stable [29]. This paradox could mean that the fact that the French population is ageing due to among the persons suffering the longer life expectancy and to the progressive from depression is currently less efficient than in ageing of the baby-boom generation [22]. We also the past. If this is the case it is highly worrying and observe that in 2002 and in 2012, suicide was most should give impetus to act at the side of health prevalent amongst the 45-54 years old people; and professionals dealing with psychiatry and general this observation corresponds to the data found in medicine. medical literature [14]. Moreover, the suicide rate among 55-64 years old people tripled for men and Modus operandi does not significantly differ in almost doubled for women. This phenomenon 2002 and in 2012. We note that hanging remains could be explained by the fact that, according to the the main modus operandi for men and that for French national statistics body INSEE, the number women, the two most frequent suicide modes (self- of France inhabitants aged 60 years and over has poisoning with prescription drugs and fall from a increased by 22.6% in ten years and that their deadly height) tend to proportionally decrease proportion of the population of France is now versus more violent modes (hanging, drowning, use almost the same as the proportion of 20 years old of firearms, use of a bladed weapon, choking and and less (23.5% and 24.5% respectively) [23]. This carbon monoxide intoxication). However, V. observation raises questions over the life conditions Ajdacic-Gross, and al [30] show that self-poisoning of the oldest part of the working population and with prescription drugs remains the main suicide over how they are cared for on the medical and mode amongst European women, which is not psychiatric level. The psychological autopsy, which disproved by our results. Paradoxically, the is a method developed in the US and in a few other proportion of fall from a deadly height is lower in countries (mostly Nordic) and introduced in France 2012 than in 2002, whatever the sex, whereas urban including Lyon in the 1990s [24], enables a buildings are generally higher, which could be reconstitution of the sociological and psychological explained by more efficient safety measures. circumstances surrounding the death in order to better understand the suicidal process and identify Our study confirms that putrefaction tends the triggering factors. to increase an endogenous production of ethanol, as is shown by medical literature data [31]. We must Among the hypotheses that we could put forward thus test the alcohol level in other matrices than are the increase in the number of people living blood, such as the urine or the vitreous humour alone [25], the rise in unemployment [26] and the [32]. In our study, we have intentionally excluded economic crisis which affects more specifically the bodies that were in a stage of advanced over-65 years old people and leads to a reduction of putrefaction to assess whether or not someone had purchasing power, especially among retired people drunk alcohol before committing suicide. Indeed, if [27]. The economist Shu-Sen Chang and al. [28] we had taken into account the alcohol levels found linked the number of suicides to economic in bodies whose putrefaction was advanced, then indicators: the results show a 4.7% increase in the our analysis would not have had any statistical number of suicides linked to the economic crisis. value. Despite these cautious methodological Finally, the regular increase of the unemployment measures, the study did not show any significant rate within this age range evokes the idea of social difference regarding the presence of ethanol when uselessness, which is all the more negative in a the suicide was committed, even if we note a society that relies essentially on productivist and smaller proportion of suicides with positive blood consumerist values. alcohol levels in 2012 than in 2002.

The analyse of psychiatric history showed that Regarding psychotropic drugs, the study shows that among the persons having committed suicide, there their presence in the blood increase by 0.7% in was a greater number of people suffering from 2012 versus 2002. While consumption of psychiatric disorders, in particular of depressive benzodiazepines was slightly higher among the syndrome, in 2012 than in 2002. These results persons having committed suicide in 2012, it diverge from those of the health barometer of our represents a very large proportion of the

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) psychotropic drugs used both in 2002 and in 2012. the basis of recommendations for doctors and the This observation is not a surprise, since the general public. Our study has another weakness: the AFSSAPS expert report [33] indicates that France lack of information regarding cultural data such as is the second biggest consumer of benzodiazepines religion, faith or cultural or ethnic origin [40]. in Europe. The significant reduction in the proportion of carbamates is explained by the fact Perhaps France could get inspiration from the UK's that the marketing approval for these substances anti-suicide policy, even if the prevalence of suicide was suspended as of January 10, 2012 (34). rose in the UK since 2008 due to the financial crisis Meanwhile, more and more anti-psychotic drugs [9]. Indeed, even if other European countries such received marketing approval, and some are even as Italy or Spain have lower suicide rates, the used for the treatment of specific pathologies importance of the religious culture in these two without marketing approval [35], meaning more of countries prevents any useful comparison. them are prescribed. We also find similar However, the UK is sociologically and culturally proportion of anti-depressants in both years, while closer to France. In this country, information of the there are significantly more cases with psychiatric general public is put forward rather than the history in 2012. This is probably due to an primary prevention, in order to reduce the improvement in the collection of personal data on apparition of psychiatric disorders. We note that a the deceased by the investigators. Psychotropic suicide observatory was set up in the UK as early as drugs are dominant among the molecules that are the 1950s, while France had to wait until 2013 [41]. the most found in toxic or lethal doses. Nevertheless, the interdiction of carbamates led to All these elements led us to think that suicide the suppression of an intoxication that was prevention in France should be rethought and potentially lethal even with a small dose. We find a reorganised. First of all, campaigns to inform the few cases of deadly intoxication with anti-malaria general population should be conducted repeatedly, drugs, with beta-blockers, with anti-epileptic drugs in particular about the warning signs. Since France and with paracetamol. This latest observation is also one of the countries where the most differs in other European countries such as in the psychotropic drugs are consumed, information United Kingdom, where paracetamol is the drug the campaigns should be launched such as those about most frequently found in cases of self-poisoning antibiotics [42]. Teaching and training doctors and with prescription drugs [36]. other health professionals about the main pathologies likely to increase the risk of suicide One of the main weaknesses of this study ought to be built further, in particular in the is the lack of data which would have enable us to framework of the Continued Medical Training link the modus operandi to the psychiatric history. (Formation Médicale Continue), which is still Indeed, it seems that the violent suicide modes are somehow half-hearted in France. more used by persons suffering from a major depression with melancholy, often associated with Although prevention plans have been set up over bipolar disorder [37] or schizophrenia [38]. This the last years, it seems that public authorities do not type of data could impact the prevention policy and do much to prevent suicide, as they don't seem to the current practices such as an adapted use of do much to fight alcoholism and smoking. As mood stabilisers or the use of antipsychotic drugs disconcerting as it may be, a part of this inertia whose action lasts longer to improve the treatment might simply be linked to financial considerations, of schizophrenia. Let's not forget than in France, 10 as the death of elderly people (due to alcohol, to 12 years go by on average between the first signs tobacco, suicide) represents substantive savings for of bipolarity and the diagnosis accompanied by the the Social Security (Sécurité sociale) and the adequate treatment, which highlights the necessity complementary health insurances. of a better training of doctors in this field [39].

Likewise, previous suicide attempts and the mention of the suicidal act to relatives or friends a Conclusion few days beforehand constitute predictive factors that someone caring for suicidal patients should The profile of the person committing suicide has know about. This type of information could also be not changed much between 2002 and 2012. The

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) most prevalent age range remains the 45-54 years suicidaires», septembre 2011. old (24.45% in 2002 versus 20.49% in 2012). [12] Gouvernement français, «Programme national However, the age of people committing suicide has d'action contre le suicide (2011-2014)», 2011. increased on average. Our results highlight the [13] Observatoire National Interministeriel de Sécurité necessity of bolstering the prevention plans, in Routière, «La sécurité routière en France : bilan de particular for people over 45. Suicide has become a l'année 2012», 2013. national priority since a three-year prevention plan [14] «Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en against suicide was set up in 2011 and a national France», Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire , suicide observatory was created in September 2013. pp. n° 47-48, décembre 2011. This observatory is meant to coordinate and [15] ONISR, «Accidents corporels de la circulation improve knowledge on suicide and suicide routière France métropolitaine», 2012. attempts, as well as produce recommendations, in particular in term of prevention [41]. [16] M. Anguis, C. Cases et P. Surault, «L’évolution des suicides sur longue période : le rôle des effets d’âge, Nevertheless, other studies seem needed to find de date et de génération», DREES Etudes et what could improve the care of suicidal persons and Résultats, p. 185, 2002. better estimate the impact of the measures set up by [17] E. Michel, E. Joubgla, F. Hatton et L. Cherie- the government since 2011. According to the Challine, «Principaux indicateurs de mortalité», authors, politic and economic powers in France, Inserm-CepiDc. whose relative inertia regarding suicide prevention [18] INSEE, «Nomenclature des Professions et is worrying, should be lobbied to tackle this issue. Catégories Socioprofessionnelles».

[19] J. G. Guillot, J. Weber and M. Lefebvre, References «Determination of Heroin, 6-Acetylmorphine, and Morphine In Biological Fluids Using their Propionyl Derivatives with Ion», Journal of Analytical [1] Organisation Mondial de la Santé (WHO), Toxicology, vol. 21, March/April 1997. «Prévention du suicide», 2012. [20] «Référence du logiciel de biostatistique : R [2] Centers for Disease Control and Prevention, Development Core Team. R: A Language National Center for Injury Prevention and Control, Environment for Statistical Computing. Vienna, «Suicide in the U.S. : statistics and prevention», Austria. ISBN 3-900051-07-0. URL: http: //www.R- Web-based Injury Statistics Query and Reporting project.org 2013». System (WISQARS), 2006. [21] Comité des ministres, «Recommandations N° R (99) [3] M. Debout, «Le suicide, rapport au conseil 3 du comité des ministres aux états membre relative économique et social», Journal officiel, Paris, juillet à l'harmonisation des règles en matière d'autopsie 1993. médico-légale», 2 février 1999. [4] Ministère des Affaires sociales et de la Santé, «Etat [22] Eurostat, «The greying of the baby boomers», des lieux du suicide en France», juillet 2013. communiqué de presse n° 23/2011, juin 2011. [5] CepiDc-INSERM, «Rapport annuel», 2002. [23] Insee, «Projections de population à l ’horizon 2060 : [6] OMS, «Liste des taux de suicides par pays», 2008. un tiers de la population âgé de plus de 60 ans», [7] Eurostat, «Death due to suicide, by sex in Europe; Première, n°1320, octobre 2010. Standardised death rate by 100 000 inhabitants», [24] E.S. Deluermoz, P. Lemoine et J. Vedrine, janvier 2014. «L'autopsie Psychologique, Pratique indiscrète ou [8] INSEE, «Indicateur du développement durable, taux licite ?», Psychologie Médicale, vol. 6, n°697-699, de décès par suicide», 2010-2013. p. 18, 1986. [9] B. Barr, D. Taylor-Robinson, A. Scott-Samuel, D. [25] J-L. Shon, et K. Pan, «Isolement relationnel et mal- Taylor-Robinson, A. Scott-Samuel, M. McKee et D. être», Insee, Novembre 2003. Stuckler, «Suicides associated with th 2008-10 [26] P.-Y. Cabannes, «G Dossier - Trois décennies economic recession in England : time trend d’évolutions du marché du travail», Insee, 2012. analysis», BMJ, 12 August 2012. [27] Insee, «Revenu, pouvoir d'achat et consommation [10] Observatoire français des drogues et des des ménages», Les comptes de la Nation - Base toxicomanies, «Drogues, chiffres clés», 5ème 2005, décembre 2013. édition, juin 2013. [28] C. Shu-Sen, S. David, Y. Paul et G. David, «Impact [11] InPes, «Tentative de suicides et pensées of 2008 global economic crisis on suicide: time

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) trend study in 54 countries», BMJ ; 347:f5239, 17 L'information psychiatrique, p. 81 : 120-4, 2005. September 2013. [36] K. Hawton, S. Simkin et J. Deeks, «Coproxamol and [29] F. Beck et R. Guignard, «La dépression en France suicide: a study of nationa lmortality statistics and (2005-2010) : prévalence, recours au soin et local non-fatal self poisonings», BMJ, vol. 106, n°8, sentiment d’information de la population, Baromètre p. 326, 2003. santé 2010», La santé de l’homme , n°421, [37] A. Pelissolo, «Les dépressions sévères : quels septembre-octobre 2012. concepts? quels critères?», L'Encéphale, vol. 35, [30] V. Ajdacic-Gross, M. G. Weiss, [...] and W. Rössler, n°S7, p. 243-249, décembre 2009. «Methods of suicide: international suicide patterns [38] J. Kreyenbuhl, D. Kelly et R. Conley, derived from the WHO mortality database», Bull «Circumstances of suicide among individuals with World Health Organ., n°86(9) : 726-732, Septembar schizophrenia», Schizophrenia Research, vol. 58, p. 2008 . 253-261, décembre 2002. [31] K. Ziavrou, B. V.A. et T. Vougiouklakis, «Insights [39] «http://www.bipolaire-info.org» 2013. [En ligne]. into the origin of postmortem ethanol», Int J [Accès le 2 mars 2014]. Toxicol., n°24(2):69-77, 2005 Mar-Apr. [40] H. Chen, K. Cheal, E. C. M. Herr, C. Zubritsky et S. [32] L. Straka, F. Novomeský, J. Krajcovic, F. Stuller, A. E. Levkoff, « Religious participation as a predictor Brzobohatá, T. Vojtísek et L. Soud, «Forensic of mental health status and treatment outcomes in interpretation of postmortal ethanol neogenesis in older persons», International Journal of Geriatric blood samples of cadaverously decomposed bodies», Psychiatry, vol. 22, p. 144-153, february 2007. n°55(2):18-21., 2010 April. [41] «Décret n° 2013-809 du 9 septembre 2013». [33] AFSSAPS, «État des lieux sur la consommation des benzodiazépines en France. Rapport d’expertise 45 p.», janvier 2012. [34] Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, «Spécialités contenant du méprobamate seul : Suspension des autorisations de mise sur le marché (AMM) à compter du 10 janvier 2012 - Lettre aux professionnels de santé», octobre 2011. [35] C. L. Shriqui, «Réflexion sur l’utilisation grandissante hors AMM des psychotropes»,

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) ANNEXE 2

LJhH1~ - E~lrJ ~ F1ot~•Jttft4 R ~PUIIUQUii FRANÇA IS!;

MINISTERE DE LA JUSTICE ET DES LIBERTES MINISTERE DU TRAVAIL, DE L'EMPLOI ET DE LA SANTE MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE MINISTERE DE L'AGRICULTURE, DE L'ALIMENTATION, DE LA PECHE, DE LA RURALITE ET DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE MINISTERE DE LA SOLIDARITE ET DE LA COHESION SOCIALE

Programme national d'actions contre le suicide (2011-2014)

Septembre 2011

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) SOMMAIRE

1 AXE 1 : Développement de la prévention et de la postvention

!Mesure 1 :1 Développer la qualité et l'efficacité des actions de promotion de la santé mentale et de la prévention du suicide Action 1 : Développer la qualité et l'efficacité des actions de développement des compétences psychosociales des enfants et des adolescents

Action 2: Développer la qualité et l'efficacité des actions de prévention du suicide par la diffusion d'une synthèse de la littérature sur les interventions efficaces

!Mesure 2 :1Améliorer, développer et faire connaître les dispositifs d'intervention à distance dédiés à la prévention du suicide et à la prévention/promotion de la santé mentale Action 3 :Réaliser une étude des pratiques d'écoute dans le champ de la téléphonie santé et du mal-être Action 4 : Améliorer l'offre des dispositifs d'intervention à distance dédiés à la prévention du suicide et à la prévention/p~omotion de la santé mentale Action 5 :Promouvoir les dispositifs d'aide à distance Action 6 : Développer le dispositif d'écoute à distance pour répondre aux préoccupations des assurés agricoles en situation de détresse

!Mesure 3 :1 Prévenir l'isolement social et la détresse psychique Action 7 : Lutter contre l'isolement des personnes atteintes de handicap psychique et en situation de fragilité au travers des groupements d'entraide mutuelle (GEM) Action 8 : Prévenir et accompagner la détresse psychologique des personnes sourdes et malentendantes Action 9 : Diffuser et promouvoir un outil pédagogique visant à prévenir les attitudes et comportements homophobes et leurs conséquences sur les jeunes de 11 à 20 ans Action 10: Favoriser l'émergence et le développement d'actions visant à prévenir l'isolement social chez les personnes âgées Action 11 : Développer des cellules pluridisciplinaires de prévention pour détecter et prévenir les risques psychosociaux élevés chez les assurés agricoles de la MSA

!Mesure 4 :1Renforcer la prévention du suicide en milieu institutionnel Action 12 : Renforcer la collaboration entre les intervenants afin d'améliorer l'efficacité des interventions en milieu carcéral Action 13 : Renforcer la collaboration entre les intervenants afin d'améliorer 1'efficacité des interventions au sein des établissements médico-sociaux Action 14 : Améliorer les pratiques professionnelles autour de la dépression chez le sujet âgé

!Mesure 5 :1Soutenir les personnes et les équipes endeuillées par le suicide Action 15 : Former les professionnels à la prise en charge des proches de personnes décédées en établissement de soins, notamment par suicide

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Action 16: Créer un outil de gestion de crise et de postvention à destination des professionnels travaillant en établissement médico-social (EHPAD, SAMSAH ... ) ou dans certains services (SSIAD, SAAD, ... ) Action 17 : Élaborer des documents visant à sensibiliser les professionnels sur le risque suicidaire chez la personne âgée

!Mesure 6 :1Agir sur la communication sur Internet concernant le suicide Action 18 : Organiser le signalement des sites contrevenants sur le site intemet-signalement.gouv.fr Action 19: Contribuer à une meilleure connaissance des jeunes utilisateurs d 'internet sur la question du suicide Action 20 : Contribuer à une meilleure connaissance de la question du suicide à travers l'accès à des sites internet de référence dans le champ de la prévention du suicide

!Mesure 7 :1Limiter l'accès aux moyens létaux Action 21 :Limiter l'accès aux armes à feu et à leurs munitions Action 22 : Faire un état des lieux et propositions de préconisations visant la diminution de la dangerositl de produits et la sécurisation de lieux utilisés pour des passages à l'acte suicidaire

AXE II : Amélioration de la prise en charge des personnes en risque suicidaire

!Mesure 1 :1Améliorer la prise en charge de la dépression chez l'adolescent Action 23 : Élaborer des recommandations sur la prise en charge de la dépression chez l'adolescent

!Mesure 2 :1Développer les structures pour la prise en charge des personnes en risque suicidaire Action 24 : Mettre en place des modalités spécifiques de prise en charge des personnes ayant fait une tentative de suicide, reposant en partie sur des structures dédiées

!Mesure 3 :1 Améliorer la prise en charge psychiatrique des personnes en situation de précarité Action 25 : Améliorer l'organisation et la coordination des soins psychiatriques et somatiques des personnes en situation de précarité

!Mesure 4 :1 Renforcer la prévention en établissement de santé Action 26: Poursuivre et adapter l'attention portée à la prévention et la prise en charge du suicide dans le manuel de certification des établissements sanitaires

jMesure 5 :1 Améliorer le repérage et la prise en charge de la souffrance liée au travail Action 27 : Prévoir les modalités' de préservation de la santé dans les processus de restructuration (plans sociaux ou suivi post licenciement. .. )

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) 1 AXE III : Information et communication autour la prévention du suicide

[Mesure 1 :1Développer l'information du grand public Action 28 : Poursuivre et développer les actions d'information sur la dépression auprès du grand public Action 29 :Développer des actions d'information à destination des jeunes et de leur entourage Action 30 : Soutenir les projets portés par les associations portant sur les projets d'information et de communication autour du suicide Action 31 : Sensibiliser les étudiants en journalisme à la thématique du suicide

[Mesure 2 :1 Mieux diffuser l'information sur les dispositifs d'aide et d'écoute Action 32 : Créer/actualiser des annuaires à destination des professionnels et du public

1 AXE IV : Formation des professionnels

[Mesure 1 :1 Renforcer les actions de sensibilisation et de formation sur la souffrance psychique et la crise suicidaire des·enfants et des adolescents en direction des professionnels en contact avec ce public Action 33 : Élaborer un guide pour le repérage de la souffrance psychique et des troubles du développement chez l'enfant et l'adolescent à destination des professionnels du soin et de l'action sociale non médecins Action 34 : Déployer des actions de sensibilisation et de formation en direction des différentes catégories de professionnels de l'éducation nationale

[Mesure 2 :1 Renforcer les actions de sensibilisation et de formation sur la crise suicidaire Action 35 : Améliorer la formation pluridisciplinaire et interprofessionnelle en milieu carcéral Action 36 :Déployer les actions de formation initiale et continue

[Mesure 3 :1 Former les responsables en milieu de travail sur les risques psychosociaux Action 37 : Diffuser des informations et mettre à disposition des outils pédagogiques sur les risques psychosociaux Action 38 : Former les managers et les responsables à la santé au travail

1 AXE V : Études et recherche

[Mesure 1 :1Améliorer la qualité des données et le suivi des tentatives de suicide (TS) en population générale et au sein de populations ou dans des lieux de vie spécifiques (personnes détenues, travail, ...) Action 39 : Améliorer les connaissances sur les données concernant les tentatives de suicide en population générale, ainsi que leur suivi au cow-s du temps.

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) Action 40 : Améliorer la qualité des données et le SUIVI des tentatives de suicide en relation avec le travail Action 41 : Améliorer la qualité des données et le SUIVI des tentatives de suicide dans la population carcérale

!Mesure 2 :1 Améliorer la qualité des données et le suivi de la mortalité par suicide en population générale et au sein de populations ou dans des lieux de vie spécifiques (personnes détenues, travail, ... ) Action 42 : Améliorer la connaissance de la mortalité par suicide Action 43 : Améliorer la qualité des données et le suivi de la mortalité par suicide en relation avec le travail Action 44 : Améliorer la qualité des données et le suivi de la mortalité par suicide des personnes détenues Action 45 : Améliorer la qualité des données sur les décès par suicide SUI'Venant en établissements médico-sociaux en améliorant le système d'alerte

!Mesure 3 ~Mener de nouvelles études et recherches pour améliorer l'état des connaissances Action 46 : Développer la recherche sur les actes suicidaires Action 47: Mettre en œuvre et évaluer des modalités spécifiques de suivi des patients pour prévenir les récidives de TS dans le, cadre des PHRC

1 AXE VI: Suivi et animation du programme d'actions contre le suicide

!Mesure 1 :1 Suivre ct animer les déclinaisons régionales du programme national d'actions contre le suicide

Action 48 :Définir avec les agences régionales de santé un objectif territorial Action 49 : Animer le réseau des ARS sur la thématique suicide

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FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0) FRANCHI Angélique Andrée Marcelle Autopsie médico-légale des sujets suicidés en 2002 et en 2012 : comparaison des données épidémiologiques et sociologiques Nb. f.92 , nb. tab.20 , nb. fig.13 Thèse de médecine : Lyon 2014 ; n° 85

RESUME : Le suicide est un problème de santé publique en France avec plus de 10 000 cas par an malgré la mise en place d’une politique spécifique de prévention. L’objectif de ce travail rétrospectif était de comparer les données épidémiologiques et sociologiques des sujets décédés par suicide et autopsiés à l’institut de médecine légale de Lyon en 2002 et en 2012. 486 cas ont été inclus (242 cas en 2002 et 244 en 2012). En 2012, l’âge moyen des sujets suicidés étaient significativement plus élevé qu’en 2002 (48.10 ans versus 51.02, p=0.047) avec un accroissement des plus de 55 ans (p=0.006), en particulier de la tranche d’âge 55-64 ans. Il existait également une augmentation des antécédents psychiatriques (p<0.001) chez les individus autopsiés en 2012. Quelle que soit l’année considérée, la classe d’âge la plus touchée était celle des 45-54 ans. La pendaison restait le modus operandi masculin dominant (38.22% en 2002 et 40.96% en 2012). Chez la femme, les deux modes de suicides les plus fréquents étaient les chutes d’un point élevé (37.65% en 2002 et 25.64% en 2012) et les intoxications médicamenteuses volontaires (34.12% versus 28.21%). Les résultats des analyses toxicologiques ont montré des différences significatives avec une diminution pour les carbamates (8.68% en 2002 versus 0.82% en 2012, p<0.001) et une augmentation pour les antipsychotiques (0.41% en 2002 versus 8.61% en 2012, p<0.001). Le vieillissement des sujets suicidés ainsi que l’augmentation des antécédents psychiatriques doivent inciter à la vigilance des soignants et alerter les pouvoirs publics afin de renforcer les dispositifs médicaux de prévention.

MOTS CLES : Suicide Profil suicidaire Autopsie médico-légale Epidémiologie Toxicologie

JURY : PRESIDENT : Monsieur le Professeur Daniel MALICIER MEMBRES : Monsieur le Professeur Jean-Louis TERRA Monsieur le Professeur Alain VIGHETTO Madame le Docteur Géraldine MAUJEAN Monsieur le Docteur Patrick LEMOINE

DATE DE SOUTENANCE : Mercredi 28 mai 2014

ADRESSE DE L'AUTEUR : 790 le Roulet, 73330 le Pont de Beauvoisin

FRANCHI (CC BY-NC-ND 2.0)

TTHÈTHHTHÈÈÈSESSES MAZENOD

℡ 06 01 99 75 70

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