Annuaire suisse de politique de développement

12 | 1993 Annuaire Suisse - Tiers Monde 1993

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/aspd/1403 DOI : 10.4000/aspd.1403 ISSN : 1663-9669

Éditeur Institut de hautes études internationales et du développement

Édition imprimée Date de publication : 1 février 1993 ISSN : 1660-5934

Référence électronique Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993, « Annuaire Suisse - Tiers Monde 1993 » [En ligne], mis en ligne le 30 avril 2013, consulté le 25 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/ aspd/1403 ; DOI : https://doi.org/10.4000/aspd.1403

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SOMMAIRE

Introduction Jacques Forster

Revue

I. Négociations internationales

II. Politique intérieure et extérieure

III. Culture et Science

IV. Politique économique extérieure

V. Coopération au développement

VI. Aide aux pays de l’Est

VII. Chronologie Suisse et internationale

Analyses et positions

Les conséquences d’une libéralisation du secteur agricole pour les pays en développement et la Suisse Heidi Bravo-Baumann

La Suisse et les pratiques commerciales restrictives Philippe Brusick

Le développement durable : l’utopie nécessaire Ernst A. Brugger

Partenaires dans la recherche avec les pays en développement Thierry A. Freyvogel

Les investissements directs de la Suisse à l’étranger Catherine Marrel

Le mécanisme suisse de désendettement – un bilan intermédiaire Rolf Kappel

Bibliographie

Bibliographie René Barbey et Viviane Maislisch

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Statistiques

1. Commerce

2. Flux financiers

3. Aide publique au développement

4. Appendice

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Introduction

Jacques Forster

1 Vers la fin de la deuxième guerre mondiale, les Alliés mirent en place des institutions telles que l’ONU, le GATT, le FMI et la Banque mondiale pour tenter de prévenir le retour de grandes crises économiques et des nationalismes belliqueux. La réduction des disparités économiques et sociales entre le Sud et le Nord faisait également partie de ce programme. Sur le plan économique, la stratégie fut d’opter pour un ordre économique mondial libéral, accompagné de mécanismes de transfert de ressources (notamment l’aide publique au développement) pour accélérer le développement économique et social des pays pauvres.

2 Au cours de ces dernières années, de multiples bilans de quatre décennies de développement furent établis. On sait à quel point les résultats sont mitigés, en deçà des espoirs parfois illusoires que la nouvelle ère de coopération au développement avait fait naître; en deçà aussi des besoins des populations de nombreux pays en développement. Les causes en sont nombreuses et il ne nous appartient pas de les évoquer ici. Cependant, depuis quelques années, cette stratégie est confrontée à plusieurs contradictions qui rendent sa crédibilité de plus en plus fragile: • Le libéralisme économique recommandé aux pays en développement n’est appliqué que très imparfaitement par les pays industrialisés qui en sont les avocats les plus éloquents. Il s’agit, dans la pratique, d’un libéralisme « à géométrie variable » destiné à protéger les intérêts – légitimes ou non – de groupes socio-économiques vulnérables et/ou influents dans les pays du Nord. L’ajustement structurel s’avère aussi difficile à mettre en œuvre au Nord qu’au Sud. • La croissance généralisée et soutenue des pays industrialisés marque nettement le pas. Issues des années de prospérité, les institutions dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la prévoyance sociale sont menacées ; la lutte pour l’allocation de ressources publiques se fait plus sévère. Dans ce contexte, même si la politique de solidarité internationale n’est pas remise en cause par les gouvernements, les dépenses y relatives subissent de sensibles réductions. Cette tendance risque de se renforcer car ces pays connaissent, notamment sous l’effet de la crise, une montée de tensions internes qui renforcent les courants isolationnistes et mettent de façon accrue la coopération internationale en concurrence avec la solution des problèmes intérieurs.

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3 Cette contraction des ressources, cet affaiblissement de la volonté politique interviennent à un moment où la coopération internationale est confrontée à des tâches de plus en plus nombreuses et complexes comme par exemple la coopération économique avec les pays de l’Europe centrale et de l’ex-URSS, la mise en œuvre des résolutions de Rio sur l’environnement et le développement, l’aide humanitaire consacrée aux anciens et nouveaux conflits (notamment en Somalie, et en ex- Yougoslavie).

4 Il ressort de ce constat plutôt sombre que la coopération internationale ne peut pas simplement continuer sur sa lancée. Depuis une décennie le monde a trop changé pour que l’on puisse faire l’économie d’une réflexion de fond sur l’avenir de la coopération internationale au développement. Nous savons fort bien qu’il ne s’agit pas de trouver des recettes, d’imaginer un nouvel ordre mondial fondé sur les meilleures intentions. Il s’agirait plus modestement, et de façon plus réaliste, de favoriser une politique de coopération avec les autres régions du monde s’inspirant d’une conception globale et à long terme des relations Nord-Sud fondée sur l’identification d’intérêts communs. Plus que sur des grandes déclarations, cette démarche s’appuyant sur des actes concrets peut seule restaurer une confiance bien ébranlée par des décennies de discours creux ou sans lendemains.

5 Les temps de crise ont au moins un avantage, celui de favoriser les remises en cause, de stimuler la créativité. Le contexte est aussi propice en raison des grands débats internationaux actuels. Les négociation de l’Uruguay Round, la Conférence de Rio sur l’environnement et le développement sont des occasions de poser la question des ajustements que nous devrons opérer, dans nos structures économiques certes, mais aussi et surtout dans nos comportements collectifs et individuels. Ces ajustements s’imposent pour faire face aux problèmes d’un monde de plus en plus déchiré par des processus générateurs de tensions tels que la détérioration de l’environnement naturel et la restructuration des économies partout en cours. A la mondialisation de l’économie répond un éclatement de la société mondiale issu de la résurgence de conflits anciens, du refus des inégalités et de l’émergence de résistances nouvelles à la domination économique et culturelle de la civilisation occidentale.

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6 Nous avons voulu, dans ce douzième volume de l’Annuaire Suisse – Tiers monde, analyser certains thèmes d’actualité dans la perspective des ajustements nécessaires évoqués ci-dessus. Ainsi dans le domaine des relations commerciales abordons-nous deux thèmes liés aux négociations de l’Uruguay Round sous l’angle des relations de la Suisse avec les pays en développement. Heidi Bravo-Baumann traite des effets d’une libéralisation dans le secteur agricole, tandis que Philippe Brusick présente le dossier des pratiques commerciales restrictives.

7 Le « Sommet de la Terre » de Rio compte certainement parmi les événements marquants de 1992. Quels seront les effets à long terme de cette conférence ? en présente un bilan synthétique et formule des propositions pour une nouvelle orientation de la coopération suisse au développement qui tienne compte des exigences d’une stratégie de développement durable.

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8 Dans le débat sur les inégalités Nord-Sud, celles qui ont trait à la capacité des deux régions dans le domaine de la recherche scientifique sont rarement évoquées. Elles sont cependant parmi les plus criantes. Pourtant les innombrables problèmes posés par le développement économique et social d’un pays ne peuvent être résolus que si ce pays dispose d’une capacité propre de recherche scientifique dans de multiples domaines. Thierry Freyvogel dresse le bilan de la coopération scientifique de la Suisse avec les pays en développement et présente les réflexions en cours dans les milieux de la recherche et de la coopération au développement pour un renforcement de la recherche dans le Sud.

9 La Suisse est depuis longtemps un des pays industriels dont les relations financières avec les pays en développement sont les plus importantes en termes relatifs, voire en chiffres absolus. Ceci est particulièrement vrai pour les investissements directs. Catherine Marrel analyse l’évolution récente de ces investissements en s’attachant à définir très précisément comment les statistiques sont établies dans ce domaine où la collecte de données est particulièrement délicate. Nous publions ainsi pour la première fois des statistiques détaillées de l’investissement direct et des emplois liés à cet investissement par régions, en distinguant le secteur industriel et celui des services.

10 On se souvient qu’en 1991, le 700e anniversaire de la Confédération avait été marqué dans le domaine des relations Nord-Sud par un crédit de programme exceptionnel de 700 millions de francs dont 400 millions de francs pour des mesures de désendettement en faveur des pays en développement à faible revenu. Rolf Kappel, dans un bilan intermédiaire, analyse le bien-fondé de la création de ce fonds de désendettement ainsi que les problèmes qui surgissent dans la mise en œuvre, dans ce contexte, de fonds en monnaie locale pour financer des projets de développement.

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11 A côté de ces articles qui n’engagent que leurs auteurs, l’Annuaire Suisse – Tiers monde 1993 comprend les rubriques suivantes: • Une revue des événements survenus jusqu’en octobre 1992, ayant trait aux relations bilatérales et multilatérales de la Suisse avec les pays en développement. Cette revue est accompagnée d’une chronologie. Ces dernières années, la coopération publique de la Suisse avec les pays d’Europe centrale et de l’ex-URSS a gagné en importance. Nous avons décidé de traiter cette nouvelle dimension de notre politique extérieure en raison d’une part des incidences inévitables de cette coopération sur les relations Nord-Sud, et, d’autre part, de notre volonté de poursuivre la réflexion sur les similitudes et les différences entre les pays en développement et ces nouveaux partenaires de la coopération publique suisse; • une bibliographie des textes parus depuis l’achèvement de l’Annuaire 1992 sur les relations Suisse – Tiers monde ainsi qu’une sélection d’ouvrages publiés en Suisse sur les problèmes de développement; • un recueil des statistiques portant sur le commerce, les flux financiers et l’aide publique au développement; • un index analytique se référant à l’ensemble des textes publiés dans l’Annuaire.

12 Je remercie très vivement de leur précieuse collaboration les auteurs des articles que nous publions dans la partie « Analyses et positions » de l’Annuaire. Leurs contributions fournissent des éclairages nouveaux sur des aspects importants des relations Suisse – Tiers monde. J’exprime ma gratitude à mes collègues du Comité de

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rédaction pour le très grand travail accompli pour rassembler, analyser, traduire et présenter la grande masse des informations contenues dans cette publication. Enfin, j’adresse ma reconnaissance aux experts de l’Administration fédérale, d’associations faîtières et d’œuvres d’entraide qui nous ont assisté, combien efficacement, dans la collecte et la vérification des données que nous publions.

AUTEUR

JACQUES FORSTER Professeur à l’IUED, responsable du Comité de rédaction

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Monika Egger et Gérard Perroulaz (dir.) Revue

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I. Négociations internationales

1.1. Situation économique des pays en développement en 1991

1 L’économie mondiale a été marquée en 1991 parla récession persistante des pays industrialisés, par un ralentissement de la croissance du commerce mondial, par les bouleversements des structures politiques et économiques survenus en Europe de l’Est, ainsi que par l’écroulement de l’Union soviétique à la fin de l’année. La dégradation économique subie par l’Europe orientale et l’ex-URSS explique en grande partie pourquoi la production mondiale a régressé en 1991 pour la première fois (–0,4 %). Les pays industrialisés ont réalisé une faible croissance d’environ 1 % de leur production intérieure brute (PIB) ; la Suisse a marqué quant à elle un léger tassement de sa production, chiffré à –0,1 %.Les pays en développement dans leur globalité ont enregistré une croissance de 3,5 %, ce qui correspond à la moyenne des années quatre-vingts. Leur développement économique a toutefois varié considérablement d’une région du monde à l’autre, la plus dynamique étant à nouveau l’Asie. Quelques pays d’Amérique latine ont également connu une croissance économique. Par contre, la mauvaise situation économique qui règne dans la plupart des pays d’Afrique noire ne s’est pas améliorée en 1991.

2 L’année 1991 a été caractérisée, dans les pays industrialisés, par le net fléchissement conjoncturel intervenu dès 1990 et accentué par les répercussions de la guerre du Golfe. Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède et Finlande ont été les plus marqués par la récession. Le Japon et l’Allemagne ont enregistré une croissance importante en 1991. La conjoncture s’est nettement ralentie en Suisse, avec un PIB réel en recul de 0,1 % par rapport à l’année précédente. Pour la première fois depuis 1982, l’emploi a subi une contraction dans les pays de l’OCDE. Ce phénomène combiné à l’accroissement de la population active a fait progresser le chômage de près de 1 %, ce qui le porte à 7 % en moyenne.

3 Dans les pays de l’Europe orientale et de l’ex-Union soviétique, la transition de l’économie à planification centralisée vers une économie de marché s’est heurtée à de grandes difficultés, encore aggravées par la dissolution du Conseil d’assistance économique mutuelle (COMECON). Le recul de la production dans ces pays en 1991 est estimé à 10 % au moins.

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4 Dans les pays en développement, la progression de 1991 correspond à la moyenne des années quatre-vingts : leur croissance économique réelle en termes de produit intérieur brut a été, pour l’ensemble de ces nations, de 3,5 % en moyenne. Ce chiffre doit être comparé avec celui de la croissance démographique. Le groupe des pays nouvellement industrialisés d’Asie a de nouveau réalisé une croissance remarquable, qui se chiffre à 7,2 %. L’Amérique latine, après la régression de 1990, a renoué avec la croissance (2,2 %), tandis que l’Afrique a vu la croissance de son PIB (3,1 %) neutralisée par l’accroissement de la population, ce qui se traduit par un nouveau recul de son revenu réel par tête d’habitant. Le tableau 1 présente la croissance de la production mondiale1. Comme le PIB ne fait que refléter la ligne générale d’une évolution économique, il a une valeur limitée lorsqu’il s’agit de comparer des pays aux situations économiques très diverses.

Tableau No 1. Croissance de la production mondiale1

1) Les taux de croissance moyens pour les sept principaux pays et les autres pays industriels sont calculés sur la base des pondérations du PIB et taux de change de 1989, tandis que les autres moyennes sont obtenues à partir des pondérations du PIB et taux de change de 1984-86, incluant tous les pays dont le PIB de 1989 atteignait au moins $EU 0,1 milliard. 2) Pays de l’OPEP, Mexique et Trinité-et-Tobago. 3) Nouvelles économies industrielles : Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan. 4) Les chiffres sur la production nationale sont convertis à des taux de change non commerciaux. Sources : FMI, Perspectives de l’économie mondiale ; OCDE, Comptes Nationaux ; ONU, Annuaire ; Banque mondiale, Atlas et Tableaux de la dette mondiale ; données nationales ; estimations BRI 1991/92, Rapport Annuel, juin 1992.

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Tableau No 2. Croissance du PIB dans les pays en développement et les NEI

1) Année budgétaire. 2) Année commençant le 21 mars. 3) Calculs effectués sur la base des pondérations du PIB et des taux de change de 1984-86. Sources : FMI, Perspectives de l’économie mondiale ; ONU, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes ; données nationales ; in Rapport BRI 1991/1992, juin 1992.

5 Nous donnons ci-après un aperçu plus nuancé de la situation des pays en développement, par régions et à l’aide de quelques indicateurs économiques. Le tableau 2 (page 5) montre la croissance de la production dans les pays en développement et les pays nouvellement industrialisés.

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Tableau No 3. Indicateurs du commerce extérieur des pays en développement*

* A l’exclusion des NEI. Sources : FMI, Perspectives de l’économie mondiale et données nationales ; in Rapport BRI 1991/92, juin 1992.

6 Tous les pays en développement sont touchés par la récession des marchés d’exportation et par la chute des prix des matières premières (à part le pétrole) dont la dépréciation s’est poursuivie (1990 : –7,5 % ; 1991 : –3,5 %). Les prix réels des matières premières non énergétiques sont retombés au niveau des années soixante. Le renchérissement du pétrole a lui-même ralenti. L’accroissement des prix à l’importation a encore détérioré les conditions de l’échange pour les pays en développement. Autre phénomène général : les gros efforts entrepris par les pays en développement pour ouvrir davantage leurs marchés et mettre ainsi en pratique cette exigence formulée par l’Uruguay Round du GATT. Beaucoup de pays en développement prennent des mesures de libéralisation du commerce, de privatisation et de déréglementation pour ouvrir toujours mieux leur économie au commerce extérieur et attirer les investissements étrangers. Le tableau 2 indique l’évolution du PIB par régions et dans différents pays en développement. La dégradation des termes de l’échange survenue dans toutes les régions concernées est mise en évidence par le tableau 3.

1.1.1. Asie

7 La forte expansion de son commerce intérieur explique pourquoi ce continent a le moins souffert en 1991 de la récession qui frappait les pays industrialisés. Les pays en développement asiatiques totalisent maintenant plus de 15 % du commerce mondial. Leur production a progressé de 5 % en moyenne, grâce aux exportations mais aussi en raison d’une demande intérieure qui reste forte. Cette moyenne élevée est due à la croissance des quatre pays nouvellement industrialisés que sont Singapour, Hongkong,

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Taiwan et Corée du Sud, ainsi qu’au développement économique de la Chine et de la Thaïlande. Les pays de l’Asean – Thaïlande, Malaisie, Singapour, Bruneï, Indonésie et Philippines – ont convenu début 1992 d’aménager entre eux une zone de libre-échange afin de faire pièce à la concurrence des blocs économiques qui se constituent en Europe et en Amérique du Nord.

8 Mais si l’Asie réalise une forte croissance économique, cela ne veut pas dire que les conditions de vie se sont améliorées pour la majorité de sa population. Cette région comprend toujours 75 % des pauvres de la planète. Les disparités entre masses indigentes et couches sociales prospères n’ont pas diminué. Selon une critique émise par le Programme des Nations unies pour le développement, seule une part relativement faible des dépenses publiques prend la forme d’investissements sociaux ; la priorité va au secteur industriel.

9 Le système libéral pratiqué par l’Etat de Singapour en matière de commerce passe pour exemplaire, et serait la preuve qu’un marché intérieur ouvert favorise la dynamique de la croissance. Effectivement très forte les dix années précédentes, celle- ci s’est quelque peu ralentie en 1991. En particulier le secteur électronique – Singapour est le premier producteur mondial de lecteurs de disquettes – a souffert de la récession subie par ses clients étrangers. L’économie de Singapour est considérée comme si évoluée que ses taux de croissance s’équilibreront à un niveau plus faible – comparable à celui des pays industrialisés en général. C’est que lest rais de production y sont élevés pour la région et que l’on assiste à une émigration des fabricants vers les pays voisins meilleur marché (Malaisie ou Indonésie).

10 La Chine a vu son PIB progresser en 1991 par suite d’une augmentation marquée de sa production industrielle et de la demande intérieure, ainsi qu’en raison d’exportations croissantes. La nature de ses exportations a évolué ces dernières années. Alors qu’elles étaient auparavant constituées essentiellement de matières premières et de semi- produits, les produits finis représentaient en 1991 près de 60 % des exportations chinoises. Ce pays a considérablement intensifié son commerce avec Hongkong, qui lui sert de plaque tournante pour ses relations avec Taiwan et le Japon. La Chine s’était ouverte des les années quatre-vingts aux investissements étrangers, surtout par le biais d’entreprises en participation (« joint ventures ») dans certaines régions déclarées zones économiques spéciales (Shanghai, quelques provinces côtières). Les entraves aux investissements ont encore diminué au début des années 1990, et il est maintenant possible que des entreprises soient entièrement en mains étrangères.

11 En Inde, la croissance du PIB est tombée à 2 % par suite de la stagnation du secteur industriel et d’une politique fiscale restrictive. Le gouvernement s’efforce d’ouvrir l’Inde au marché mondial en libéralisant sa politique économique. Il a facilité les importations et abaissé les droits de douane. Mais, par ailleurs, il a également resserré les dépenses dans le cadre de sa politique de réformes et conformément aux prescriptions du FMI. Les investissements des pouvoirs publics ont stagné en 1991, avec une régression des subventions en faveur des couches sociales les plus pauvres et pour le développement rural. Simultanément, les prix des produits alimentaires ont été augmentés. Cette politique d’austérité n’a pourtant pas donné lieu à des protestations de masse comme dans d’autres pays.

12 Thaïlande : la croissance du PIB s’est quelque peu ralentie en 1991. Ce pays subit déjà les conséquences de la surchauffe conjoncturelle des années précédentes, qui se traduit par des problèmes d’infrastructure matérielle et un manque de main-d’œuvre qualifiée.

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Son voisin le Cambodge fait partie des pays les plus pauvres du monde. La population de cet Etat – rendu exsangue par les répercussions de la guerre du Vietnam et par sa propre guerre civile – subsiste tout juste grâce à l’agriculture, plus particulièrement la culture du riz. L’édification d’un secteur industriel ne progresse que lentement du fait que les capitaux étrangers n’affluent pas. De plus, l’effondrement de l’Union soviétique et des pays socialistes d’Europe orientale ont rendu caduques les relations commerciales privilégiées que le Cambodge entretenait avec ces nations ; il est donc contraint d’importer aux prix du marché mondial.

1.1.2. Amérique latine

13 Une demande intérieure croissante a permis aux pays d’Amérique latine d’accroître leur production en dépit d’un affaiblissement de la demande à l’exportation (3 % de croissance réelle du PIB). Des mesures d’ajustement des cours de change et la suppression partielle de certains obstacles (taxes sur les marchandises exportées et restrictions aux importations) auraient dû relancer les exportations en 1991. Mais ce développement a tardé parce que les Etats-Unis – principal marché extérieur – se trouvaient dans une phase de récession, et aussi parce que la production a souffert du manque d’investissements des années précédentes. Les taux d’inflation ont considérablement baissé dans la plupart des pays puisqu’ils passent, en moyenne, de presque 1600 % en 1990 à quelque 200 % en 1991. Cela est dû à une politique anti- inflationniste rigoureuse et aux réformes structurelles des années précédentes. On a en particulier diminué le rôle du secteur public et privatisé des entreprises d’Etat. Le secteur financier a été libéralisé, les subventions de taux d’intérêt ont été réduites ou supprimées. Une forte croissance des importations a coïncidé avec des prix à la hausse pour les marchandises importées et à la baisse pour les matières premières. Les termes de l’échange ont continué de se dégrader dans une proportion qui dépasse 5 %, cela pour la septième année consécutive.

14 La régression du revenu moyen par habitant a été stoppée pour la première fois depuis 1987. Cependant, la libéralisation de la politique économique a entraîné des coûts économiques et sociaux importants. Des pays tels que la Bolivie, le Brésil, le Pérou et le Venezuela ont vu le chômage et un nouveau recul du pouvoir d’achat frapper surtout les couches sociales défavorisées. Les statistiques sociales du Venezuela et du Pérou révèlent en outre une paupérisation des classes moyennes. Le développement économique du Venezuela est largement tributaire du prix du pétrole. Celui-ci, après une forte hausse provoquée par la guerre du Golfe, est retombé à son niveau antérieur dans le courant de l’année. Le produit intérieur brut de ce pays a néanmoins marqué une forte croissance de 9 % en 1991. En dépit de l’évolution positive des indicateurs macro-économiques, la politique d’assainissement économique donne lieu à des critiques ouvertes et le démantèlement social – surtout en matière de santé et d’écoles – touche à ses limites politiques. Les tensions sociales et politiques ont suscité de nombreuses manifestations populaires. Les classes moyennes du Venezuela s’appauvrissent. Le Pérou réalise lui aussi un programme d’ajustement structurel, destiné avant tout à juguler une hyperinflation aux conséquences désastreuses (12’000 % en 1990). Les intérêts de la dette, qui totalise 22 milliards de dollars, n’ont plus été entièrement servis sous le gouvernement d’Allan Garcia (jusqu’à juillet 1990). En particulier les crédits du FMI et de la Banque mondiale n’étaient plus honorés et le pays devenait insolvable. Chômage, revenus réels en chute libre, déclin de la

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production, fuites des capitaux, Etat désargenté, dégradation de l’infrastructure sociale formaient un sombre tableau. L’épidémie de choléra, qui a éclaté en 1990 et s’est poursuivie l’année suivante, témoigne d’une détérioration persistante de la situation sociale dans ce pays. Le nouveau gouvernement Fudjimori (depuis juillet 1990) a tenté d’enrayer la ruine du pays. Soutenu par une communauté internationale de donateurs, il a repris le service de la dette afin d’obtenir de nouveaux crédits auprès du FMI, de la Banque mondiale et de banques commerciales. Le recul de la production a pu être arrêté en 1991. Cependant, les conséquences de la restructuration continuent de jouer en défaveur des plus faibles et le revenu du travail salarié a diminué depuis 1980 de 60 % en valeur réelle, ce qui conduit rapidement à l’indigence.

15 Le Mexique et le Chili poursuivent depuis plusieurs années une restructuration réussie en termes d’indices économiques. L’Argentine, qui passait par une phase de régression économique ces dernières années, a enregistré une croissance sensible de son PIB par rapport à 1990 ; le tait de supprimer l’indexation des salaires et de mettre en œuvre des réformes fiscales et monétaires a permis de freiner l’inflation. La politique de restriction des dépenses pratiquée par le gouvernement a toutefois provoqué de vigoureuses protestations politiques. La situation s’est aggravée en 1991 dans les domaines de la santé publique, des écoles, de la justice, du logement social. Une grande partie de la population n’a plus les moyens de subvenir à ses besoins. Le Brésil a réalisé une faible croissance en 1991, après une chute de production de 4 % l’année précédente. La voie empruntée en matière de réformes se heurte à des oppositions, et quelques projets de privatisation ont abouti à des échecs. De plus, l’emploi et le niveau des salaires continuent de régresser.

16 Les chiffres révèlent que la nouvelle politique économique des pays latino-américains suscite un regain de confiance. L’afflux net de capitaux dans la région a presque doublé en 1991 par rapport à l’année précédente, et les transferts de ressources se soldent par un résultat favorable à l’Amérique latine pour la première fois depuis 1981. Les apports de capitaux ont pris en grande partie la forme d’investissements productifs, ce qui a contribué à relancer l’économie.

17 Les grands déséquilibres économiques et sociaux n’ont pas encore été abolis, et les politiques de réformes appliquées en Amérique latine ne pourront réussir que si l’on parvient à en résorber les coûts sociaux et à vaincre la pauvreté.

1.1.3. Afrique

18 Les pays d’Afrique noire luttent contre les conséquences d’une dégradation du revenu réel par habitant qui sévit depuis plus de dix ans. Chômage croissant, maigres investissements qui continuent de diminuer, dette extérieure toujours plus lourde s’imbriquent aux tensions sociales et politiques. Les 3 % de croissance qu’enregistre le produit intérieur brut des pays africains en 1991 n’ont pas suffi à enrayer le recul du revenu réel par tête d’habitant. L’inflation a augmenté, notamment par suite de prix à l’importation plus élevés. Le tassement du prix des matières premières (pétrole excepté) se traduit par une détérioration massive des termes de l’échange, qui se chiffre à plus de 9 %. La dépréciation persistante des matières premières africaines sur le marché mondial explique en partie pourquoi le PIB ou le revenu par habitant reste faible en dépit de quelques succès économiques dans certains pays (Ghana, Niger). Il convient de relever, pour le continent africain en particulier, que les méthodes de

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calcul économique en usage rendent insuffisamment compte de l’importance, pour l’économie d’un pays, des prestations que fournissent les micro entreprises du secteur dit informel.

19 En 1991, pratiquement tous les pays d’Afrique suivaient un programme d’ajustement structurel sous la conduite et avec un financement partiel du FMI et de la Banque mondiale, ou bien ont négocié des programmes de ce type. Exclues du marché des capitaux privés, les nations africaines n’obtiennent des appuis financiers que par l’aide au développement publique et privée. Pays donateurs, PNUD et Banque mondiale ont constitué pour chaque pays des groupes consultatifs destinés à coordonner l’aide étrangère (rencontres consultatives de la Banque mondiale à Paris, et tables rondes du PNUD à Genève). Les chiffres à disposition indiquent que l’aide étrangère représente 8 % du revenu en Afrique, contre 1,7 % en Asie méridionale, 0,7 % en Asie orientale, 0,4 % en Amérique latine (1989).

20 Une grande partie des peuples d’Afrique orientale et australe – en particulier Mozambique, Somalie, Ethiopie, Erythrée – continuaient en 1991 d’en être réduits à lutter pour leur survie à la suite de ruptures dans l’approvisionnement en denrées alimentaires, causées par la sécheresse et les désordres de la guerre. Des centaines de milliers de personnes sont réfugiés dans leur propre pays ou vers des Etats voisins.

1.1.4. Proche-Orient

21 La guerre du Golfe a eu des effets variables d’un pays à l’autre du Proche-Orient. La phase d’interruption des relations commerciales a porté préjudice à l’économie de tous les pays concernés. Par ailleurs, la hausse du prix du pétrole provoquée par la guerre a été source de recettes supplémentaires. Dans le courant de l’année 1991, ce prix est retombé au niveau d’avant la guerre du Golfe. L’Iran et l’Arabie Saoudite enregistrent depuis deux ans un essor économique dû au surcroît de recettes pétrolières. Au Yémen et en Jordanie, le retour au pays de travailleurs migrants a porté les taux de chômage à plus de 25 %. De son côté, l’Egypte a en fin de compte profité économiquement de la guerre du Golfe. Elle a bénéficié en particulier d’un important soutien financier et d’allégements de sa dette extérieure ; la Suisse y a participé sous la forme d’un « crédit d’engagement de 130 millions de francs à titre d’aide à la Jordanie, à l’Egypte et à la Turquie ». La région essuie une perte sèche avec la fermeture de la Bank of Crédit and Commerce International (BCCI), dont les activités étaient axées sur les pays du Golfe.

1.1.5. Réforme de l’ordre économique mondial

22 Dans son 3ème « Rapport sur le développement humain », le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) signale les répercussions sur le Tiers monde que provoque la libéralisation du commerce mondial. Selon les auteurs de ce rapport, les disparités croissantes des revenus à l’échelon planétaire sont dues pour une bonne part au fait que les pays en développement n’ont qu’un accès limité aux marchés mondiaux. Mis à part les carences des politiques économiques suivies par certains pays du Tiers monde, l’attitude protectionniste du monde industrialisé se traduirait par un manque à gagner des pays en développement estimé à 500 milliards de dollars. Le protectionnisme se manifeste dans les branches économiques où les pays en développement ont des prix de revient plus avantageux, l’agriculture en particulier. Le

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rapport reproche aux institutions en place de l’économie mondiale de cimenter ce « partenariat inégal ».

23 Pour mieux protéger les intérêts des pauvres, il faudrait selon le PNUD engager un processus de réformes mondiales et passer un « contrat global ». La puissance économique détenue par les sept pays leaders, les entreprises transnationales, le FMI et la Banque mondiale devrait être mieux répartie sur l’ensemble des nations du monde. Il s’agirait de donner au FMI la fonction de banque centrale à l’échelon global, tandis que la Banque mondiale devrait accorder aux pays en développement davantage de crédits à des conditions de faveur. Et l’on créerait dans le cadre de l’ONU un « conseil de sécurité pour la politique de développement » destiné à contrôler ce nouvel ordre économique mondial.

24 Pour financer ce contrat global, le PNUD fait la proposition suivante : réduction globale des dépenses militaires de 3 % par année jusqu’en l’an 2000, ce qui produirait un « dividende de la paix » de 1'500 milliards de dollars, soit 1’200 milliards dans les nations industrialisées et 300 milliards dans les pays en développement. L’ouverture des marchés améliorerait la répartition des revenus. Il faudrait accroître l’aide au développement et la concentrer davantage sur les pays les plus démunis. Le contrat prévoit également un nouvel accord sur la dette, de manière à inverser la valeur nette des transferts de capitaux entre pays en développement et pays industrialisés – valeur qui se chiffre annuellement à quelque 50 milliards de dollars en faveur de ces derniers.

Programmes sociaux pour les pauvres

25 Dérégulation et libéralisation de l’économie mondiale n’ont effectivement pas aboli les disparités de revenus. Même les pays qui appliquent de façon exemplaire les programmes de réformes du FMI voient leurs populations pauvres durement touchées par les coûts sociaux que cela implique. Le FMI et la Banque mondiale s’intéressent, désormais, aux répercussions sociales des programmes d’ajustement structurel, notamment à la protection des indigents et de ceux qui risquent de le devenir durant le processus de réformes économiques. La mise en place d’un réseau de sécurité sociale ainsi que des investissements accrus dans les ressources humaines doivent permettre aux catégories défavorisées de profiter elles aussi des réformes économiques. Il s’agit en particulier d’améliorer les programmes d’alimentation, de santé et de formation. C’est ainsi que le subventionnement de certains biens ou services pourra être maintenu dans les pays où les besoins fondamentaux de la population démunie l’exigent. Ainsi, le FMI donne suite aux critiques que les programmes d’ajustement structurel avaient suscité de la part de l’UNICEF et du PNUD notamment.

Endettement, développement, environnement

26 La Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED), tenue à Rio en juin 1992, a reconnu que l’endettement des pays en développement porte préjudice à une croissance économique durable et écologiquement raisonnable. La Déclaration de Rio contient 27 principes fondamentaux pour un développement compatible avec les exigences de la protection de l’environnement. Elle ne mentionne pas explicitement la nécessité de réduire le niveau de l’endettement, mais les participants à la Conférence se sont prononcés en faveur d’une amélioration du transfert de technologie et ont promis des apports financiers accrus en vue de soutenir

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une croissance respectueuse de l’environnement dans les pays en développement. Le Groupe des 77 a reproché à la CNUED de ne pas avoir accordé une attention suffisante aux problèmes aigus des pays en développement – endettement, fuite de capitaux, dégradation continue des termes de l’échange – qui font obstacle à un développement durable. (Cf. le chapitre consacré à la CNUED).

1.2. Relations financières internationales

27 Depuis la crise de l’endettement qui a éclaté en 1982, les relations financières internationales restent dominées par la gestion de la dette extérieure des pays en développement, laquelle atteint maintenant 1351 milliards de dollars selon la Banque mondiale et 1490 milliards de dollars selon l’OCDE. La gestion de la dette a conféré un poids accru au rôle que jouent les institutions financières internationales FMI et Banque mondiale, qui étendront désormais leurs activités aux pays d’Europe de l’Est et de l’ancienne Union soviétique. Les banques privées ont considérablement restreint leur engagement dans les pays en développement au cours des années quatre-vingts. Elles ont longtemps refusé d’abandonner en partie le recouvrement de leurs créances comme le postule l’initiative Brady pour une gestion efficace de la dette. L’entente à laquelle sont parvenues les banques et le Brésil en juillet 1992 pourrait montrer la voie à suivre en matière de conversions de dettes envers les banques commerciales : selon cet accord, le Brésil remboursera 41 milliards de dollars – sur les 115 milliards qui en font le pays le plus endetté en valeur absolue – avec une réduction de 35 % des exigibilités et une période de remboursement de 30 ans2.

1.2.1. Situation de l’endettement

28 La dette extérieure des pays en développement a totalisé 1’351 milliards de dollars (Banque mondiale) en 1991, se maintenant ainsi au niveau de l’année précédente en valeur nominale. Les accroissements de dettes ont été pratiquement compensés par les conversions, remises de dettes et variations des cours du change, qui se chiffrent globalement à 38 milliards de dollars. La baisse des taux d’intérêts internationaux a procuré un certain allégement du service de la dette.

29 De nouvelles mesures ont été proposées aux plus démunis des pays en développement, qui éprouvent de grosses difficultés à honorer le service de la dette. Il est notamment prévu d’allonger la liste des pays bénéficiaires des conditions dites de Trinidad (réduction de moitié de la dette extérieure actuellement exigible) en y ajoutant par exemple le Nigeria, la Côte-d’Ivoire, le Cameroun et le Congo. La décision doit être prise dans le cadre du Club de Paris, qui coordonne les mesures bilatérales des pays donateurs en matière de dettes.

30 La situation de l’endettement a quelque peu changé à l’échelon régional. Alors que les pays d’Amérique latine à revenus moyens sont parvenus à réduire leur dette extérieure, l’endettement a augmenté en Asie et en Afrique. Le tableau 4 présente les chiffres de la dette extérieure.

31 En ce qui concerne l’apport net de ressources vers les pays en développement, le CAD de l’OCDE l’estime pour 1991 à 137,5 milliards de dollars (prix de 1990). Identique à celui de l’année précédente, ce total représente un nouveau recul en valeur réelle de 3 %. Le tableau 5 indique la répartition des apports de capitaux privés et publics selon des données de l’OCDE (qui ne sont statistiquement pas comparables aux chiffres de la

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Banque mondiale et du FMI). Il en ressort que les apports publics de pays industrialisés constituent une part toujours plus importante de l’afflux de capitaux vers les pays en développement ; cette part atteignait 56 % du total en 1991. Les apports de capitaux privés ont totalisé 55,4 milliards de dollars, dont un peu plus de la moitié sous forme d’investissements directs (28,4 milliards de dollars). Ces derniers ont été injectés en grande partie dans les pays d’Asie et d’Amérique latine. On observe une diminution frappante des crédits bancaires qui ont passé de 15 milliards de dollars en 1990 à 7 milliards en 1991, et qui, de surcroît, n’ont plus été accordés qu’à court terme.

32 Les investissements directs ont augmenté par rapport à l’année précédente. Les 28,4 milliards de dollars d’investissements représentent plus de la moitié des apports de capitaux privés dans les pays en développement. La plus grande partie de ces fonds ont pris le chemin de l’Asie. L’OCDE souligne l’importance des investissements directs pour les pays du Tiers monde. Elle attribue l’afflux d’investissements vers l’Asie et la zone du Pacifique au libéralisme économique qui règne dans ces régions.

Tableau No 4. Endettement extérieur (montants en milliards de $)

1) Pour les chiffres de 1991 il s’agit de projections ; tous les chiffres – à l’exception de la ligne « Autres pays en développement » et du total « Endettement total – concernent les 114 pays qui rendent compte de leur dette à la Banque mondiale ». Source : Banque mondiale, World Debt Tables 1991/92.

33 Selon l’OCDE, les intérêts et dividendes dus par les pays en développement ont atteint en 1991 la somme record de 96 milliards de dollars. La même année, les échéances du service de la dette (amortissements compris) ont totalisé 141 milliards de dollars.

34 Les mesures prises pour diminuer l’endettement et les remises de dettes opérées par des créanciers publics bilatéraux sont restées modestes (selon le FMI, 29 milliards

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de dollars en 1990 par rapport à une dette extérieure des pays en développement qui dépasse 1’300 milliards de dollars).

Tableau No 5. Transferts de ressources nets en faveur des pays en développement (en milliards de $ aux prix courants)

1) Chiffres provisoires. 2) Provenant des pays de l’OCDE. 3) Sans Taïwan. Source: OCDE, in NZZ, 14.9.1992.

35 Le plan Brady, annoncé en 1989, avait été suivi à fin 1991 par cinq pays et leurs banques créancières privées. Le Costa Rica, le Mexique, les Philippines, l’Uruguay et le Venezuela ont conclu avec les banques commerciales un accord portant sur la renonciation à un quart environ de leurs créances. L’Argentine et le Brésil étaient en négociations à ce sujet en 1992.

Amérique latine

36 Les pays lourdement endettés d’Amérique latine ont pu renouer avec le marché des capitaux, attirer des investissements directs et rapatrier des capitaux en fuite ; ces éléments positifs ont quelque peu atténué l’urgence des mesures de conversion de dettes. Dans le cas du Mexique – pays qui fait figure de modèle d’une gestion efficace de la dette –, on estime le reflux de capitaux en fuite à 5 milliards de dollars. Le Brésil est le plus gros débiteur parmi les pays en développement. Il a procédé à la restructuration d’une partie de son endettement dans le cadre du Club de Paris, et négocié avec les banques privées un allégement de ses dettes qui se chiffrent à 41 milliards de dollars. De son côté, l’Argentine a convenu en 1992, avec les banques d’affaires, d’un plan de consolidation comprenant une remise de 35 % sur 23 milliards de dollars de dettes privées. Dans un cas comme dans l’autre, le FMI avait octroyé de nouveaux crédits avant l’ouverture des négociations avec les banques commerciales. Alors que celles-ci avaient longtemps repoussé l’idée d’une remise de créances proposée par le « Plan Brady », elles ont fini par contribuer à sa réalisation. Outre l’abandon de créances des banques privées, ce plan prévoit de nouveaux crédits du FMI et de la Banque mondiale pour les pays qui s’astreignent à un programme d’ajustement économique.

37 Le cours des titres de dettes de pays en développement latino-américains négociés sur le marché parallèle s’est quelque peu amélioré en 1991, mais ces opérations ont eu

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assez peu d’effets sur la situation globale des pays concernés. Si le fait de substituer des emprunts aux engagements envers les banques ont porté le volume des affaires à quelque 100 milliards de dollars en 1991, cette conversion n’a pas encore permis de réduire la dette extérieure dans des proportions vraiment appréciables.

38 Certains commentateurs estiment que les accords passés avec les gros débiteurs que sont l’Argentine et le Brésil représentent une détente décisive pour la crise de l’endettement, alors que le Chili et le Mexique étaient déjà parvenus à contrôler le leur. Cette façon de gérer la dette a pour conséquence que les banques d’affaires privées se retirent et sont remplacées par des créanciers publics, ainsi que par le FMI et la Banque mondiale.

Asie

39 L’Inde a vu les crédits bancaires affluer constamment jusqu’en 1991, ce qui a porté sa dette extérieure à plus de 70 milliards de dollars à la fin de l’année. L’alourdissement du service de la dette et l’inversion des flux bancaires ont entraîné, vers l’été 1991, des problèmes de liquidités aigus que le FMI et la Banque mondiale ont aidé à surmonter par l’octroi de crédits. L’Inde est maintenant l’un des plus gros débiteurs parmi les pays en développement. La gestion de la dette s’avère un problème difficile pour les Philippines, seul pays asiatique à négocier des allégements dans ce domaine. Dans le cadre du plan Brady, il a adopté en 1991 un second programme d’allégement de sa dette sous la conduite du FMI. Les créanciers pouvaient choisir entre racheter les dettes comptant à prix réduit, convertir leurs crédits en emprunts garantis à bas taux d’intérêt, ou accorder de nouveaux crédits. Le programme prescrit par le FMI n’a pas pu être tenu, en raison de ses répercussions sur une population déjà éprouvée par l’instabilité politique du pays. A la fin de l’année, le gouvernement a été contraint d’engager de nouvelles négociations avec le FMI.

Afrique

40 La plupart des pays d’Afrique noire, lourdement endettés, comptent parmi les plus pauvres du monde. Leur endettement s’est encore aggravé en 1991. Dans certains de ces pays, intérêts échus et arriérés dépassent de loin les recettes des exportations. En Afrique comme dans les pays en développement d’autres continents, une grande partie de la population vit en économie de subsistance. Le ravitaillement de la famille en biens de première nécessité exige des efforts considérables qui ne s’expriment pas en termes de travail productif et n’apparaissent pas dans la comptabilité nationale. Cette lacune dans le calcul du PIB, qui n’enregistre que le travail productif rémunéré, rend les comparaisons malaisées lorsqu’on veut examiner l’état de développement d’un pays. Cependant, les pays d’Afrique noire se classent dans les pays les moins avancés du monde même si l’on complète l’évaluation par une série de facteurs comme le fait l’« indice de développement humain » du PNUD.

41 Des concessions spéciales (dites « conditions de Toronto ») ont été créées en 1988 afin de permettre à ces pays de réduire le poids de leur endettement. Le Sommet économique de Londres, qui réunissait en 1991 les sept premières puissances industrielles, a convenu de nouveaux allégements dénommés « conditions de Trinidad ». Mais ces concessions offertes par les créanciers publics n’ont pas suffi à soulager les pays endettés. Il sera indispensable de les compléter, au niveau bilatéral,

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par d’importantes remises de dettes ou du service de la dette. Les gouvernements concernés doivent suivre un programme d’ajustement prescrit par le FMI et la Banque mondiale. Pratiquement tous les pays d’Afrique noire sont en train d’accomplir un programme de réformes économiques suivi et contrôlé par le FMI et la Banque mondiale. Le service de la dette pose de graves problèmes à la plupart des pays africains, qui ne versent en moyenne que la moitié environ des annuités échues.

Europe orientale et pays de la CEI

42 Le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché pose des problèmes énormes à l’Europe de l’Est et aux pays de l’ex-Union soviétique (CEI). Un de ces problèmes est le besoin de capitaux, lequel exige que l’on résolve la question du service de la dette extérieure. Il s’agit en particulier de négocier la participation des différents pays de l’ancienne URSS au service de la dette en monnaie convertible, laquelle se chiffre à 65 milliards de dollars. Les Etats de la CEI se sont engagés à être solidairement responsables de la dette, à la suite de quoi les gouvernements occidentaux créanciers et les banques d’affaires ont accordé plusieurs prorogations des remboursements. Ces pays tardaient également à payer les 4 à 5 milliards de dollars d’intérêts annuels. Après la désagrégation du Comecon, il s’agit également de trouver une solution pour les dettes en monnaies non convertibles entre les pays qui appartenaient à cette organisation.

43 Une comparaison entre les problèmes d’endettement de l’Est européen et de l’ex-URSS d’une part, et ceux des pays en développement d’autre part, conduit la BRI à faire le commentaire suivant : « A l’inverse de ce qui s’était passé il y a dix ans lors de la crise de l’endettement des pays en développement, les problèmes des pays d’Europe de l’Est et des nouveaux Etats de l’ex-Union soviétique en matière de dette ne menacent pas sérieusement la solidité du système financier international. Une large part des créances bancaires sont assorties de garanties publiques et des provisions ont été constituées. De ce fait, les engagements ne sont pas élevés par rapport aux réserves et au capital des banques. En outre, ces créances ne sont pas fortement concentrées, même s’il existe des différences significatives d’un pays à l’autre quant à leur montant, les banques d’Europe en détenant une part notable. » (BRI, p. 76)

1.2.2. Mesures de la Suisse en matière de désendettement

44 La Suisse a ouvert en 1991 un crédit de 400 millions de francs pour des mesures de désendettement3. En tout, il y a 500 millions de francs à disposition si l’on compte les 100 millions destinés à des actions de désendettement dans le cadre du quatrième crédit de programme pour la continuation des mesures de politique économique et commerciale. Les mesures prévues sont les suivantes : rachat de créances commerciales à la valeur sur le marché, financement d’arriérés dus à des institutions financières internationales, et, sous « autres mesures », notamment les aides à la balance des paiements.

45 Le fonds suisse de désendettement a aidé des pays comme le Nicaragua (9,6 millions de francs) ou le Pérou (13,5 millions) à régler des dettes envers la Banque mondiale. Cela leur a permis d’obtenir ainsi de nouveaux crédits de la Banque mondiale, du FMI et de l’AID. Au Mozambique et au Niger, le fonds a servi à racheter des créances de banques commerciales avec une forte baisse de 90 % sur la valeur initiale dans le cas du

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Mozambique et de 82 % dans celui du Niger. Grâce au soutien combiné de la Suisse (3 millions de dollars), de la France (10 millions) et de la filiale de la Banque mondiale AID (10 millions), le Niger a pu amortir complètement sa dette envers les banques privées qui se montait à 126 millions de dollars. Par ailleurs, la Confédération a racheté en 1991 à plusieurs banques suisses des créances envers des pays en développement totalisant 12 millions de francs, pour le prix de 0,7 million. Les pays concernés sont le Soudan, la Sierra Leone et le Togo. Cependant, les banques suisses se sont généralement montrées peu disposées à vendre des titres de créance de pays en développement.

46 Le Pérou – dont la dette extérieure atteint 22 milliards de dollars – a été un premier exemple de désendettement par la création de fonds de contrepartie. Ceux-ci ont pour but d’investir dans l’infrastructure sociale en créant des écoles. Les mesures de désendettement prises par la Suisse font partie d’un programme international auquel participent le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède.

47 Le système des fonds de contrepartie appliqué aux opérations de désendettement est limité par le manque de capitaux disponibles dans les pays débiteurs – surtout chez les plus pauvres qui sont censés bénéficier du crédit de programme. (Cf. l’article « Le mécanisme suisse de désendettement – un bilan intermédiaire » de Rolf Kappel dans la deuxième partie du présent Annuaire, ainsi que la section sur le désendettement du chapitre Coopération au développement / mesures de politique économique et commerciale.)

1.2.3. Fonds monétaire international

48 Dans la ligne adoptée depuis quelques années, le Fonds monétaire international a continué d’accroître ses crédits durant l’exercice 1991. Le transfert de ressources entre FMI et pays en développement est redevenu positif, après plusieurs années où ces pays avaient payé davantage en remboursements et intérêts qu’ils n’avaient reçu en nouveaux prêts du FMI. La neuvième augmentation de capital du Fond – avec une nouvelle répartition des quotes-parts – se traduit par un accroissement de 50 % de son capital propre, qui atteint ainsi 144,8 milliards de DTS. L’adhésion au FMI des pays de la CEI en fait un organisme universel. La Suisse a voté en mai 1992 en faveur d’une adhésion au FMI.

49 Durant l’exercice 1992 (au 30 avril 1992), le Fonds monétaire international (FMI) a augmenté son engagement en matière de crédits à 26,3 milliards de dollars. Les promesses de crédits ont été portées à 8,7 milliards de dollars (5,6 milliards l’année précédente), ce qui indique l’élargissement du cercle des pays emprunteurs. Cependant, les nouveaux membres d’Europe orientale et de la CEI ne sont pas encore tous en mesure de faire appel aux crédits dont ils ont besoin. Le FMI verse ses crédits par tranches, et se réserve le droit de différer le paiement de la tranche suivante à titre de sanction si le programme d’ajustement structurel du pays considéré n’est pas appliqué de façon satisfaisante.

50 Les crédits effectivement versés ont régressé en 1992 par rapport à l’exercice précédent, de 6,8 à 5,9 milliards de DTS (tableau 6). Parmi ceux-ci se trouvent les premiers crédits octroyés à des pays de la CEI. D’autres bénéficiaires importants comme le Brésil ou la Pologne n’ont pas encore été en situation de faire appel aux crédits promis. Des commentateurs reprochent au FMI de s’être engagé trop tôt et trop précipitamment avec ses crédits dans le processus de réformes des pays de l’Est, et de

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compromettre ainsi sa fonction première qui est d’ordre monétaire. Selon ces critiques, d’autres institutions – comme la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) fondée pour financer la relance économique en Europe de l’Est ou la Banque mondiale – sont mieux à même de remplir une telle mission.

51 Le tableau 6 montre que le transfert de ressources entre FMI et pays en développement est redevenu positif en 1991 et qu’en 1992 également les crédits versés (5,9) ont été supérieurs aux remboursements (4,8).

Extension de la FASR

52 La facilité d’ajustement structurel élargie (FASR) consiste à accorder des crédits particulièrement avantageux (0,5 % d’intérêt) aux pays pauvres (faible revenu par habitant, surendettement, difficultés persistantes de la balance des paiements). Contrairement aux crédits normaux du FMI qui sont accordés à court terme, les crédits FASR sont remboursables au plus tôt après 5 ½ ans et au plus tard après 10 ans. Face à la paupérisation – régression du revenu réel par habitant – de nombreux pays en développement, le FMI a ajouté 11 membres à la liste des pays bénéficiaires des conditions FASR. Ainsi, 30 pays en tout peuvent actuellement faire appel à ce type de crédits. Le FMI classe ces crédits à taux de faveur dans l’aide élargie à la balance des paiements, en marge de ses comptes normaux. Le fonds de la FASR est alimenté par des dotations spéciales des pays industrialisés, auxquelles la Suisse participe. Les pays qui obtiennent des crédits FASR doivent appliquer un programme d’ajustement structurel.

Tableau No 6. Octroi de crédits du FMI (chiffres en milliards de DTS1 ; clôture au 30 avril 1992)

1) DTS = $1,37 à la tin de la période de référence. Source : FMI, in NZZ, 11.9.1992.

53 Les crédits engagés par le FMI devraient encore augmenter durant l’exercice 1992, du fait que la Communauté des Etats indépendants (CEI) et les pays d’Europe de l’Est comptent sur les capitaux de cet organisme pour soutenir leurs processus de réformes.

Les fonctions du FMI ont changé

54 Lorsqu’il a commencé à fonctionner en 1946, le FMI avait pour mission d’accorder des crédits à court terme aux pays confrontés à un déficit temporaire de leur balance des paiements. Sous le régime des changes à taux fixes qui régnait à l’époque, les crédits du

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FMI servaient à éviter que ces cours ne fluctuent par suite de manques de liquidités momentanés. Lorsque le système des changes fixes s’est effondré, en 1973, il semblait que le FMI n’avait plus de raison d’être. Cependant, la crise pétrolière a suscité alors de nouvelles difficultés de balance des paiements. Par la suite, le FMI a complété ses prestations par des crédits à plus long terme, et créé de nouveaux mécanismes.

55 Le champ d’activité du FMI s’est encore étendu avec la crise de l’endettement qui a éclaté en 1982. Cet organisme s’est mis à élaborer des programmes d’ajustement économique pour les pays débiteurs, s’attirant ainsi les critiques des pays en développement qui lui reprochaient d’être l’agent des nations industrialisées. Après l’adoption du plan Brady, le FMI s’est également engagé en faveur d’une réduction des dettes des pays surendettés afin que ceux-ci puissent à nouveau bénéficier d’un afflux de capitaux privés. Ce sont alors les banques commerciales qui ont reproché au FMI de leur imposer un abandon partiel de leurs créances.

56 Le bouleversement des anciens pays socialistes de l’Union soviétique et d’Europe orientale a conféré au FMI une nouvelle tâche pour les années 1990 : servir à ces pays – comme à ceux du Tiers monde – de catalyseur en vue de leur approvisionnement en capitaux. L’adhésion des pays de la CEI en 1991/92 fait d’ailleurs du FMI une organisation financière véritablement universelle, à laquelle la Suisse s’est également jointe en 1992 (Cf. chapitre 2.6.).

Conditionnalité et ajustement structurel

57 Le FMI fait dépendre ses crédits du respect des objectifs macro-économiques que doivent poursuivre les pays bénéficiaires. Les crédits étant accordés par tranches, ces pays sont tenus d’appliquer avec discipline les réformes économiques soumises au contrôle du FMI. De leur côté, des organisations de développement privées ont vivement critiqué l’orientation exclusivement macro-économique des programmes d’ajustement structurel des années quatre-vingts. Depuis lors, le FMI se préoccupe davantage des répercussions du processus de libéralisation économique sur les populations démunies.

Neuvième augmentation des quotes-parts

58 La décision de principe d’accroître d’environ 50 % le capital du FMI a été prise par ses membres en mai 1990 déjà. Les majorités qualifiées (70 % des droits de suffrage au sein du FMI pour la simple augmentation des quotes-parts, et 85 % pour la modification des statuts nécessaire cette fois-ci) devaient être réunis fin 1991, de manière à ce que le FMI dispose de capitaux en suffisance pour affronter les tâches accrues de l’avenir. Les Etats-Unis avaient été le seul pays industrialisé à refuser pendant longtemps l’augmentation du capital. Leur part d’environ 19 % des voix permettait aux USA de boycotter longtemps la modification des statuts envisagée. Toutefois, celle-ci était aussi contestée par les pays en développement. Cette révision prévoit notamment la possibilité de suspendre les droits des pays membres qui ont du retard dans leurs paiements, afin d’améliorer leur discipline dans ce domaine. Le consensus nécessaire à la révision des statuts du FMI a pu être trouvé en novembre 1992, ce qui permet de réaliser l’augmentation de capital a 146 milliards de DTS.

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Réduction de l’endettement

59 Dans le cadre de l’initiative Brady, les crédits du FMI peuvent désormais servir également à réduire le niveau de l’endettement. Entre autres les gros débiteurs que sont le Brésil et l’Argentine ont fait usage de cette possibilité. Le quart du total des crédits d’assistance accordés en 1992 peut être affecté à des réductions de dettes.

1.2.4. Le groupe de la Banque mondiale

60 La Banque mondiale accorde des crédits de développement à long terme ainsi que des crédits à conditions particulièrement avantageuses aux gouvernements des pays les plus pauvres du Tiers monde, par le biais de l’Association internationale de développement (AID). Le groupe comprend en outre l’Agence multilatérale de garantie des risques à l’investissement (AMGI) et la Société financière internationale (SFI) qui octroie des crédits aux entreprises privées. Le volume des crédits mis à disposition par la Banque mondiale a fortement augmenté au début des années quatre-vingts. Ceux qui ont été accordés alors arrivent maintenant à échéance et doivent être remboursés. Le transfert net de ressources entre Banque mondiale et pays en développement est ainsi devenu négatif en 1990. Ces dernières années, la Banque mondiale a recentré ses activités sur la lutte contre la pauvreté. La Suisse en est devenue membre en 1992, après avoir participé depuis quelques années au financement de divers fonds spéciaux de la Banque mondiale et à l’AID.

61 En 1989, les membres de la Banque mondiale ont augmenté son capital à 170 milliards de dollars. Cette base solide a été créée pour étayer comme il convenait les nouvelles priorités de la Banque, soit la lutte contre la pauvreté et l’octroi de crédits aux pays d’Europe de l’Est et de la Communauté d’Etats indépendants (CEI).

62 Le volume des crédits accordés chaque année par la Banque mondiale, l’AID et la SFI se chiffre à un peu plus de 20 milliards de dollars. Ces crédits sont concédés à des conditions commerciales, mis à part ceux de l’AID. Au cours de l’exercice clos le 30 juin 1992, la Banque mondiale a octroyé des promesses de crédit pour un total de 21,8 milliards de dollars (dont 6,6 milliards par l’AID), ce qui correspond à un léger recul des crédits commerciaux par rapport à l’année précédente (22,7 milliards de dollars, dont 6,3 milliards de crédits AID) (Cf. chiffres du tableau 7). Les emprunts de la Banque mondiale sur le marché financier international totalisent entre 10 et 12 milliards de dollars par année, ce qui en fait le plus gros émetteur – en particulier sur le marché suisse des capitaux, dont l’importance régresse cependant ces dernières années en raison du renchérissement des emprunts et d’une certaine saturation du marché suisse par les obligations de la Banque mondiale. Mais le franc suisse totalisait encore 2 milliards de dollars (18 %) dans les emprunts effectués par la Banque mondiale durant l’année fiscale 1991, ce qui le plaçait au troisième rang derrière le dollar US et le DM, et avant le yen.

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Tableau No 7. Octroi de crédits de la Banque mondiale (chiffres en milliards de $ ; clôture au 30 juin)

1) Versements moins les amortissements de capital. 2) Versements nets moins les intérêts, total Banque mondiale et AID. Source : Banque Mondiale, Rapport annuel 1991, in NZZ, 16.9.1992.

La fonction d’agence de développement de la Banque mondiale

63 La Banque mondiale accorde ses propres crédits et réalise ses propres programmes. Elle assume ainsi une fonction d’agence de développement internationale, et coordonne aussi une partie de l’aide multilatérale aux pays en développement. Ses actions font l’objet de rencontres consultatives à Paris, au cours desquelles les participants (pays donateurs et organisations internationales) composent les paquets financiers destinés aux différents pays bénéficiaires.

64 Certains des projets cofinancés et coordonnés par la Banque mondiale, d’envergure exceptionnelle, ont d’importantes retombées écologiques et sociales. Le projet de barrage de Sardar Sarovar (Narmada, Inde), en voie de réalisation depuis 1987, a suscité des controverses durant l’exercice sous revue. Sa construction est budgetée à plus de 4 milliards de dollars. L’essentiel des coûts est supporté par l’Inde, tandis que le cofinancement par la Banque mondiale se chiffre à 450 millions de dollars. Ce vaste projet implique le déplacement de 140’000 personnes. Des critiques le qualifient de catastrophe écologique et humaine. Pour la première fois de son histoire, la Banque mondiale a fait évaluer le projet par une commission d’enquête indépendante sous la direction d’un ancien administrateur du PNUD. Le rapport de cette commission a porté un jugement négatif sur le projet, et conseillé à la Banque mondiale d’en arrêter le financement. En octobre 1992, le comité directeur a résolu de poursuivre provisoirement le financement du projet en invoquant que l’Inde le réaliserait même sans la Banque mondiale et que seule une poursuite de la participation permettrait d’y apporter des améliorations. Les organisations de développement privées suivent le projet de Sardar Sarovar avec une grande attention et le considèrent comme un test pour la Banque mondiale, qui a déclaré lors de la CNUED à Rio qu’elle pèserait désormais avec soin l’impact écologique et social de ses projets de développement.

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Rapport sur le développement dans le Monde 1992

65 Le rapport sur le développement dans le Monde en 1992 se concentre sur le thème « environnement et développement ». La Banque mondiale part de l’hypothèse que la population de la planète passera de 5,3 milliards d’individus actuellement à 8,9 milliards en l’an 2030. Cette croissance démographique requiert une politique économique qui respecte scrupuleusement l’environnement dans tous les pays du monde. La Banque mondiale plaide pour une dérégulation accrue (de sorte que les mécanismes du marché englobent aussi la protection de l’environnement) et contre le changement d’orientation que demande, par exemple, le rapport d’un groupe d’industriels à la veille de la CNUED 924.

66 La Banque mondiale reprend ses thèses du rapport 1991, selon lesquelles il est essentiel d’intégrer toutes les couches de la population dans le processus de développement. Il est indispensable, pour ce faire, de pousser le travail de formation dans les pays en développement, en particulier l’instruction, jusqu’ici négligée, des femmes et des filles. D’autres facteurs sont la création d’un climat économique favorable aux investissements dans tous les secteurs y compris la technique de l’environnement, l’intégration de tous les pays sur un marché mondial ouvert, la stabilité des relations économiques. Les auteurs du rapport sont d’avis que si le développement économique inclut ces éléments, il tiendra aussi mieux compte de l’environnement et de ses coûts.

67 Mais ces auteurs se rendent compte que même ce scénario idéal implique des dégâts écologiques. Indépendamment des impulsions positives émises par les gouvernements et les organismes internationaux, il faudra inévitablement soumettre les politiques économiques à des contrôles et à des sanctions contre les comportements nuisibles à l’environnement (command and control policies). Critique envers soi-même, la Banque mondiale admet qu’elle n’a pas assez fait attention jusqu’ici à l’impact écologique de ses projets de développement.

68 Les organisations de développement privées reprochent au rapport sur le développement dans le Monde d’omettre des corrélations importantes. Il n’examine pas les liens qui peuvent exister entre endettement et destruction de l’environnement ou entre libéralisation globale dans le cadre du GATT et libéralisation nationale en relation avec les programmes d’ajustement structurel et le bradage des ressources. Selon le service de développement des Eglises protestantes d’Allemagne (epd- Entwicklungspolitik, mai 1992), il est regrettable que le rapport sur le développement dans le Monde 1992 idéalise le régime de l’économie libérale et entrave ainsi la recherche de solutions face à la menace de catastrophe écologique.

Fonds pour l’environnement

69 Le Fonds international pour l’environnement (Global Environment Facility) a commencé de fonctionner en 1991. Il a été créé par 24 pays (15 nations industrialisées et 9 en développement), et doté d’un capital de 1 milliard de DTS (environ 2 milliards de francs) pour une première période de trois ans.

70 Sa gestion incombe à la Banque mondiale en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ce fonds est destiné à financer des projets écologiques d’importance globale dans les pays en développement ; y ont accès tous les pays dont le

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revenu par habitant est inférieur à 4’000 dollars et qui sont engagés dans un programme du PNUD. Les quatre domaines d’activité prévus sont la protection de la couche d’ozone, la biodiversité, les mers et la réduction des pollutions provoquant l’effet de serre. La Suisse y participe par un versement de 80 millions de francs prélevé sur le crédit du 700ème anniversaire de la Confédération en faveur de mesures écologiques.

71 La Conférence de Rio (CNUED) a confié au Fonds international pour l’environnement la gestion des apports que feront les pays participants dans le cadre de la Convention sur le climat et d’autres apports.

Lutte contre la pauvreté

72 Sous la direction de son nouveau président Lewis Preston, la Banque mondiale a l’intention de se concentrer sur la lutte contre la pauvreté dans le Tiers monde. Elle liera l’octroi de ses crédits à l’obligation, pour le pays débiteur, de se consacrer à cette lutte. Face à la paupérisation des masses populaires, il faut que les gouvernements et l’élite économique des pays en développement fassent cause commune avec les organisations d’entraide internationales et se prononcent clairement en faveur d’une meilleure répartition des revenus.

73 Mandats de la Banque mondiale pour l’économie suisse

74 La Banque mondiale confie des mandats pour la réalisation de projets dans les pays en développement, sur la base d’appels d’offres internationaux. Malgré le fait que la Suisse n’était pas membre de la Banque mondiale avant 1992, l’économie helvétique avait le droit de soumissionner et obtenait sa part des contrats de la Banque mondiale, cela de façon régulière et dans des proportions croissantes. Le volume des exportations suisses effectuées en vertu de ces contrats ont cependant régressé de 317 millions de dollars en 1990 à 209 millions en 1991. L’AID a financé des exportations suisses pour un montant de 45 millions de dollars (69). En sa qualité de membre, la Suisse peut prendre part sans restrictions à tous les appels d’offres concernant des projets de la Banque mondiale et de l’AID.

1.2.5. Session annuelle 1992 du FMI et de la Banque mondiale

75 La session annuelle du FMI et de la Banque mondiale, tenue du 22 au 24 septembre 1992 à Washington, a été marquée par les fortes turbulences du Système monétaire européen survenues les jours précédents. Michel Camdessus, directeur du FMI, a tiré des suffrages émis par les délégués à cette réunion la conclusion que le FMI devra assumer plus rigoureusement encore sa fonction globale de surveillance économique et de coordination entre les pays. Le président de la Banque mondiale Lewis Preston a exprimé la crainte que la récession touchant les Etats-Unis et l’Europe n’entraîne une nouvelle diminution des transferts de capitaux – aide publique au développement comprise – vers les pays en voie de développement. La Suisse est officiellement devenue membre et a obtenu, tout comme la Russie, un siège dans les organes exécutifs du FMI et de la Banque mondiale, qui ont été portés de 22 à 24 sièges.

76 Alors que la session annuelle de 1991 avait été dominée par la dissolution de l’Union soviétique, c’est l’agitation du marché des changes qui a pris le pas sur tous les autres thèmes lors de la réunion de 1992. Le comité intérimaire du FMI a demandé aux pays industrialisés de mieux coordonner leur politique économique à l’avenir. Les autres

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thèmes – désendettement et développement économique du Tiers monde, 10ème reconstitution du capital de l’Association internationale de développement (AID), financement des réformes économiques dans les pays de l’Est et de la CEI, accroissement des quotes-parts et révision des statuts du FMI – s’en sont trouvés marginalisés.

77 Le FMI fait paraître régulièrement pour sa session annuelle une nouvelle édition de son World Economie Outlook. L’édition 1992 critique vivement les pays industrialisés – surtout les Etats-Unis et l’Allemagne – pour l’ampleur de leur déficit budgétaire et de la dette publique. Les mesures de première urgence que recommande le FMI sont une meilleure coordination des politiques économiques, l’harmonisation des taux d’intérêt et une réduction durable de ces taux. Les pays industrialisés seraient restés trop longtemps passifs face aux déséquilibres qui s’annonçaient, au lieu de procéder aux ajustements structurels nécessaires. En revanche, une bonne partie des pays en développement auraient fait preuve de discipline dans la restructuration de leur gestion budgétaire. Le FMI estime que 35 pays réalisent un ajustement structurel positif.

78 En dépit de l’éloge que leur faisaient ainsi le FMI et la Banque mondiale, les pays en développement se sont sentis abandonnés à leurs problèmes lors de cette session annuelle. Dans le communiqué du Groupe des 24, ces pays ont adressé une série de revendications au FMI et à la Banque mondiale, ainsi qu’aux pays du Nord en général. Ils ont notamment demandé l’allocation gratuite de droits de tirage spéciaux du FMI et l’ouverture immédiate des marchés aux produits du Tiers et du Quart monde. Le nouveau gouverneur suisse auprès du FMI, Markus Lusser, a déploré que la réunion annuelle du FMI ait effectivement été complètement dominée par l’agitation monétaire, de sorte que les problèmes des anciennes économies dirigées d’Europe et ceux des pays en développement ont « pratiquement disparu de l’ordre du jour »5.

79 Le président de la Banque mondiale Lewis Preston craint que les ressources affectées à la coopération au développement ne diminuent par suite des difficultés budgétaires qu’éprouvent de nombreux pays industrialisés. Il redoute en particulier que la 10ème reconstitution du capital de l’AID ne soit compromise. Lors de son discours à la réunion annuelle, le conseiller fédéral a annoncé que la Suisse « assumerait une part appropriée de la dixième reconstitution » (cf. note 4).

Institutions du FMI et de la Banque mondiale Conseil des gouverneurs : instance suprême du FMI et de la Banque mondiale, à laquelle chaque pays délègue un gouverneur et un remplaçant. Le gouverneur est en général le chef de la banque d’émission ou un ministre du pays considéré. Le Conseil se réunit normalement une fois l’an et prend les décisions de première importance, concernant par exemple l’adhésion de nouveaux membres ou la modification des quotes-parts. Conseil d’administration : organe de gestion des affaires courantes du FMI et de la Banque mondiale. Avec la Russie et la Suisse, il comprendra désormais 24 membres. Ceux-ci sont élus pour deux ans lors d’une session annuelle. Comité intérimaire : organe commun du FMI et de la Banque mondiale pour les questions monétaires ; il est constitué des gouverneurs des pays représentés au Conseil d’administration. Comité de développement : organe consultatif de la Banque mondiale pour les

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questions de développement. Ses membres sont également les 24 pays faisant partie du Conseil exécutif.

Les Suisses nommés dans les organes exécutifs

80 Jusqu’à son adhésion au FMI et à la Banque mondiale, la Suisse participait à la session annuelle avec un statut d’observateur. Lorsque le nombre de sièges des conseils d’administration a été porté à 24 – ce que les Etats-Unis avaient longtemps empêché –, la Suisse a pu occuper un siège et prendre part aux décisions. Les représentants de notre pays au Conseil des gouverneurs sont le président de la Banque nationale Markus Lusser (FMI) et le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz (Banque mondiale). Nos délégués aux conseils d’administration sont Daniel Kaeser de l’Administration fédérale des finances (FMI) et Jean-Daniel Gerber du service du développement de l’OFAEE (Banque mondiale).

81 Les conseils d’administration gèrent les affaires courantes. Ils se réunissent en moyenne trois fois par semaine et définissent aussi bien la politique générale que les détails opérationnels de leur organisation. Les décisions sont prises normalement à l’unanimité. Lors de scrutins, chaque directeur exécutif dispose du nombre de voix correspondant à l’apport en capital (quote-part) de son pays ou groupe de pays. Les Etats-Unis ont dans les deux organes une quote-part d’environ 18 % qui leur confère de facto le droit de veto, dans la mesure où les décisions importantes nécessitent une majorité qualifiée de 85 % des voix.

82 La Suisse conduit un groupe comprenant la Pologne – qui a passé du groupe « Italie » au groupe « Suisse » –, les pays islamiques de la CEI : Azerbaïdjan, Kirghizie, Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan, lequel doit encore réaliser son adhésion. Ce groupe représente en tout une quote-part de 2,75 %, ce qui en fait la dix-neuvième en importance des 24 délégations. Il a également été envisagé que l’Afrique du Sud entre dans le groupe mené par la Suisse, mais ce pays n’est pas entré en matière sur les conditions posées par notre pays – entre autres que la décision sud-africaine s’appuie sur un large consensus politique.

83 L’adhésion au FMI fait également de la Suisse un membre à part entière du Club des Dix (elle en était jusqu’ici membre associé). Avant la session annuelle du FMI et de la Banque mondiale, le Club des Dix avait décidé de reconduire les Accords généraux d’emprunt (AGE) pour cinq ans à dater de fin 1993. Le Club des Dix met ainsi à la disposition du FMI des crédits pouvant totaliser 18 milliards de DTS, afin d’aider le Fonds à surmonter d’éventuelles difficultés de trésorerie.

Appel à la solidarité avec les pays en développement

84 Lors d’une conférence de presse tenue à Washington à la veille de la session annuelle, la Communauté de travail des cinq grandes œuvres d’entraide suisses a rappelé les principes de la politique suisse de développement et la responsabilité particulière de la Suisse envers le Tiers monde. Les œuvres d’entraide suivront de près le travail des représentants suisses au FMI et à la Banque mondiale, et tenteront d’exercer une influence sur certains points, par exemple en rapport avec le débat sur rajustement structurel dans le Tiers monde. La Communauté de travail entend collaborer avec d’autres pays progressistes du Nord et du Sud en vue de promouvoir des réformes

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profondes du FMI et de la Banque mondiale, et pour s’engager plus particulièrement en faveur d’une remise de dettes. Les œuvres d’entraide demandent à la délégation suisse de faire pression sur la Banque mondiale pour que celle-ci se retire du projet hydroélectrique controversé de Sardar Sarovar en Inde ; selon elles, la Suisse devrait en faire dépendre son approbation de la 10ème reconstitution du capital de l’AID.

85 La Communauté de travail a publié, à l’occasion de la session annuelle du FMI et de la Banque mondiale, une thèse intitulée « Réformes structurelles pour la Suisse »6. Celle-ci adopte le point de vue du Sud pour proposer une réforme des structures économiques et sociales de la Suisse. Ce programme en dix points contient entre autres les postulats suivants : • Ouverture de la Suisse au monde, et non seulement à l’Europe (pas de « forteresse européenne ») ; ouverture du marché suisse aux produits des pays en développement, en particulier aux produits agricoles ; équilibrage de la balance commerciale avec les pays en développement (suppression de l’excédent annuel de quelque 7 milliards de francs) ; remise de dettes et rapatriement des capitaux illégalement en fuite, par une amélioration de l’entraide judiciaire. • Participation de toutes les catégories sociales, sans discrimination des femmes, de manière à pouvoir formuler une politique globale qui intègre aussi le développement. • Réduire la consommation d’énergie et éliminer les déchets dans le pays même. • Doubler les dépenses d’aide au développement pour atteindre le niveau de 0,7 % du PNB en l’an 2000. • Le programme d’ajustement structurel de la Suisse doit être financé par des économies, notamment par une réduction de moitié des dépenses militaires ; des taxes écologiques et la vente de réserves d’or créeront de nouvelles recettes ; les déficits de trésorerie momentanés pourront être neutralisés par un crédit à court terme du FMI.

1.2.6. La Suisse devient membre du FMI et de la Banque mondiale

86 Le peuple a voté le 17 mai 1992 en faveur de l’adhésion de la Suisse au FMI et à la Banque mondiale, avec une proportion de 55,8 % de oui. La loi d’exécution a été adoptée avec 56,4 % de oui. Celle-ci régit entre autres la participation de la Banque nationale et contient également un article relatif à l’observation de la loi sur l’aide au développement. La votation populaire a été précédée d’un débat intensif au cours duquel le travail de ces deux institutions a été abondamment honoré et violemment critiqué. A la suite de laborieuses négociations, la Suisse a pu obtenir un siège dans leurs organes exécutifs.

87 Les arguments pour et contre l’adhésion peuvent être résumés comme suit7 : Pour l’adhésion : celle-ci représente un nouveau pas de la Suisse pour sortir de l’isolement. Une participation engagée de notre pays lui permettra d’exercer une influence sucres organisations centrales de la coopération internationale en matière de finances et de développement, et d’infléchir ainsi leur politique. La qualité de membre actif donne une valeur accrue à la collaboration qui existait déjà entre la Suisse d’une part, le FMI et la Banque mondiale d’autre part. Le FMI joue un rôle central dans l’aménagement du cadre général de l’économie mondiale. L’économie suisse est tributaire de l’étranger et doit pouvoir exporter. Ces trois dernières années, rien que les commandes du groupe de la Banque mondiale ont représenté 500 millions de francs d’affaires en moyenne pour l’économie suisse. « Le Conseil fédéral approuve l’adhésion aux institutions de Bretton Woods : en effet, celles-ci assument une fonction essentielle

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sur la scène internationale et jouent un rôle important pour le maintien de notre prospérité. » (Citation tirée de la brochure sur la votation populaire). Le Conseil fédéral appuie en principe la politique de développement pratiquée par les deux institutions. Les principales œuvres d’entraide privées étaient divisées sur la question de l’adhésion, mais l’ont tout de même recommandée dans leur majorité. Contre l’adhésion : un regroupement qui comprenait des organisations de développement (dont Déclaration de Berne – section alémanique, Action place financière Suisse – Berne), des coalitions de femmes, des milieux d’Eglise et des groupes de solidarité, ont lancé un référendum motivé par des raisons politiques en relation avec le développement. On accuse la politique du FMI et de la Banque mondiale de cimenter l’ordre économique existant, basé sur l’exploitation des pays en développement et leur paupérisation croissante. Le FMI sert aux banques d’affaires et aux pays donateurs d’autorité de poursuite internationale. Le Tiers monde a versé depuis 1982, par le service de la dette, 418 milliards de dollars de plus qu’il n’a reçu en nouveaux crédits. Cela entraîne la misère pour beaucoup de gens, surtout des femmes et des enfants. Le surendettement est un des facteurs de destruction des bases d’existence naturelles et de l’environnement dans les pays en développement. « Le Conseil fédéral a toujours soutenu la politique prédatrice du FMI. Ses déclarations d’intention contenues dans le projet d’adhésion, déclarations qui ne l’engagent d’ailleurs pas, ne peuvent masquer ce fait. Il existe pourtant d’autres solutions. Le développement se fait à la base, il repose sur les efforts de la population elle-même : la politique du FMI contredit ce principe. » (Tiré des « Arguments des comités référendaires », brochure sur la votation populaire). Dire non à l’adhésion marquerait un changement d’orientation en faveur d’un développement compatible avec les nécessités sociales et écologiques8.

88 Un second comité, issu des milieux isolationnistes de droite, s’opposait à l’adhésion en arguant de son coût excessif.

Loi d’exécution

89 La loi d’exécution définit en sept articles le concours de la Suisse au FMI et au groupe de la Banque mondiale (Banque mondiale, AID, SFI). Elle prescrit que l’Assemblée fédérale doit être préalablement informée des augmentations de capital de ces institutions. Il incombe à la Banque nationale de fournir les prestations financières de la Suisse au FMI, qui se montent à environ 90 millions de francs par année durant cinq ans. Les apports au groupe de la Banque mondiale s’effectuent dans le cadre de la coopération au développement, en se conformant aux directives de la loi fédérale de 1976 sur la coopération au développement et l’aide humanitaire internationales. L’article 6 de la loi sur le FMI et la Banque mondiale stipule que les représentants de la Suisse doivent s’inspirer des principes adoptés par notre pays en matière de politique de développement.

Siège dans les instances de décision

90 Le conseiller fédéral Otto Stich a signé le 29 mai 1992 à Washington les documents officiels qui font de la Suisse le 164ème membre du FMI, le 158ème membre de la Banque mondiale, le 146ème membre de la SFI et le 141ème membre du l’AID. La quote-part helvétique a été fixée à 1,7 milliard de DTS. Notre gouvernement espérait que cet

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apport considérable lui vaudrait un siège au Conseil d’administration du FMI, ce qui lui a été accordé après de longues négociations. Cette instance a été élargie de deux sièges lors de la session annuelle 1992 pour accueillir également l’autre nouveau membre qu’était la Russie, ce qui la porte à 24 sièges. La Suisse représente un nouveau groupe de pays comprenant la Pologne et certains Etats de la CEI : Kirghizie, Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan. Le gouvernement helvétique s’est déclaré d’accord de prendre en charge le coût de l’adhésion pour deux de ces pays, sous la forme d’un crédit d’environ 5 millions de francs qui grèvera le budget de l’aide aux pays de l’Est.

1.2.7. Rééchelonnements et remises de dettes

91 Les créanciers publics et privés de la dette extérieure des pays en développement se sont regroupés dans le but de défendre leurs intérêts ensemble lors des négociations sur le problème de l’endettement. Les banques d’affaires traitent avec les pays débiteurs dans le cadre du Club de Londres. Les gouvernements de pays créanciers négocient à l’échelon multilatéral des aménagements et des remises de dettes avec les pays en développement, par le biais du Club de Paris. Ces tractations servent à établir des critères en vue des négociations bilatérales qui ont lieu ensuite entre pays débiteurs et créanciers. La Suisse participe généralement aux négociations de Paris lorsque sa part du montant à consolider dépasse 1 million de DTS. Ces conversions portent normalement sur les remboursements, et non sur l’ensemble de la dette. Une exception a été consentie en 1991 pour l’Egypte et la Pologne, dont c’est la dette globale qui a fait l’objet des pourparlers.

92 A l’avenir, le Club de Paris fera également office de forum pour la négociation des conditions de rééchelonnement des échéances pour les pays de l’ex-URSS et de l’Europe orientale.

Conditions de Toronto

93 Lorsque la « vague d’aménagements de la dette » a débuté au milieu des années 1980, on ne faisait en général que rééchelonner les dettes publiques échues d’année en année. L’aggravation de la crise a entraîné le prolongement des délais de remboursement, qui peuvent maintenant aller jusqu’à 30 ans, et même des arriérés d’intérêts ont été rééchelonnés. Le Sommet économique mondial de Toronto en 1988 a donné aux nations industrialisées l’occasion de débattre pour la première fois d’un système de désendettement, lequel devait par la suite contribuer à l’allégement de la dette sous le nom de « conditions de Toronto ». Celles-ci offrent le choix entre trois possibilités équivalentes : réduction des intérêts, remise partielle des créances (jusqu’à un tiers) ou prolongation des délais de remboursement. Pour qu’un pays en développement endetté puisse bénéficier des conditions de Toronto, il doit présenter un faible revenu par habitant (qualification pour des crédits de l’AID) et appliquer un programme d’ajustement structurel d’entente avec le FMI et la Banque mondiale. Des concessions dans ce sens ont été accordées en 1990 à 17 pays d’Afrique noire ainsi qu’à deux pays latino-américains (Bolivie et Guyane). En 1991, les pays bénéficiaires étaient au nombre de deux. La Suisse choisit généralement la variante du taux d’intérêt réduit.

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Conditions de Trinidad

94 Lors d’une réunion du Commonwealth tenue en automne 1990 à Trinidad, la Grande- Bretagne a proposé d’accroître les remises de dettes à deux tiers de la dette globale et d’étendre les concessions de Toronto à d’autres pays endettés, afin de réduire l’endettement dans des proportions substantielles. Les Sommets économiques de 1991 à Londres et de 1992 à Munich ont discuté les conditions de Trinidad et les directives à appliquer dans les négociations multilatérales du Club de Paris. Le Nicaragua et le Bénin ont été les premiers pays à bénéficier des conditions de Trinidad lors de négociations sur le rééchelonnement de la dette en décembre 1991.

Lower middle income countries

95 Le Club de Paris a défini en septembre 1990 les critères relatifs aux « lower middle income countries » (LMIC), une nouvelle catégorie de pays endettés auxquels les créanciers accordent davantage que les conditions habituelles mais moins qu’aux pays les plus pauvres. Ils leur concèdent en particulier des délais de remboursement qui peuvent atteindre jusqu’à 20 ans avec 10 ans de carence pour les crédits de développement, tout en maintenant sur toute la période de rééchelonnement le bas taux d’intérêt convenu au départ. Un délai de carence est le temps durant lequel les intérêts doivent être réglés, mais sans qu’il y ait amortissement. Pour les crédits à l’exportation garantis, on fixe un délai de remboursement de 15 ans avec 8 années de carence et un taux d’intérêt déterminé par le marché. Jusqu’à fin 1991, les pays classés dans la catégorie des LMIC pour l’aménagement de leur dette extérieure étaient le Maroc, le Honduras, le Salvador, le Nigeria, les Philippines et la Jamaïque.

Conditions de rééchelonnement en 1992

96 Il n’existe pas de liste officielle des pays bénéficiant d’une catégorie donnée de concessions ou de conditions. Les pays créanciers prennent leurs décisions de cas en cas dans le cadre du Club de Paris. En juillet 1992, les conditions d’aménagement de la dette étaient les suivantes : • Les conditions normales prévoient deux options à choix : remboursement en 10 ans avec 5 années de carence et le taux d’intérêt pratiqué sur le marché, ou bien remboursement en 15 ans avec 1 ou 2 années de carence, sous forme de versements progressifs et aussi avec l’intérêt normal sur le marché. • Pour les LMIC le délai de remboursement est de 15 ans, avec 5 à 8 ans de carence et taux d’intérêt normal. • Les conditions de Trinidad (depuis décembre 1991) prévoient de diminuer l’endettement par une réduction de 50 % du service de la dette extérieure (valeur actuelle nette), avec les options suivantes : remise de dettes avec taux d’intérêt normal, réduction des intérêts, réduction et capitalisation des intérêts. Le délai de remboursement peut atteindre 30 ans pour les crédits publics de développement ; pour les autres crédits, le remboursement s’effectue en 25 ans au maximum y compris 14 années de carence, avec taux d’intérêt normal.

97 A l’occasion du Sommet économique mondial de Munich en juillet 1992, les sept principales nations industrialisées ont recommandé au Club de Paris d’élaborer de nouvelles modalités d’allégement de la dette et, en particulier, d’accorder des

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conditions de remboursement plus larges aux pays endettés faisant partie de la catégorie des LMIC.

Rééchelonnements multilatéraux

98 En 1991, seize nouvelles conventions multilatérales d’aménagement de la dette, portant sur un total de 67 milliards de dollars, ont été négociées dans le cadre du Club de Paris. La Pologne et l’Egypte constituent des cas à part. Ces deux pays ont obtenu la remise de la moitié de leur dette extérieure ; l’allégement se chiffre à 14,9 milliards de dollars pour la Pologne et à 10,5 milliards pour l’Egypte. Les conditions de Toronto ont été négociées pour le Sénégal et le Burkina Faso, deux pays en développement parmi les plus démunis. Deux autres pays, le Nicaragua et le Bénin, ont bénéficié des conditions de Trinidad. Quatre pays ont été classés dans la catégorie des LMIC.

99 Douze accords multilatéraux de rééchelonnement ont été conclus durant le premier semestre 1992. Les conditions de Trinidad ont été accordées à cinq pays (cf. tableau no 8).

100 Le tableau no 8 permet de constater que le montant des dettes soumises à des opérations de rééchelonnement en 1991 se chiffre à quelque 67 milliards de francs, ce qui représente une part modeste de la dette extérieure des pays en développement qui totalise, elle, plus de 1’300 milliards de dollars. Mais, par ailleurs, une consolidation – surtout combinée à une remise de dettes – peut apporter un soulagement sensible à l’économie d’un pays donné.

Rééchelonnements bilatéraux

101 La Suisse a conclu en 1991 des accords d’aménagement de la dette avec 11 pays en développement : 7 pays africains, 3 pays latino-américains et les Philippines (cf. tableau no 9). Les conditions de Toronto ont été appliquées à cinq pays d’Afrique noire : République centrafricaine, Zambie, Togo, Madagascar et Sénégal. Cinq autres pays ont obtenu les conditions accordées aux LMIC. Six rééchelonnements bilatéraux ont eu lieu durant le premier semestre 1992. L’Egypte et la Pologne ont été exonérées de la moitié de leur dette envers la Suisse, conformément à la proposition du Club de Paris. Le Cameroun, l’Equateur et la Jordanie ont été classés LMIC, avec des délais de remboursement prolongés en conséquence. Le total des dettes soumises à rééchelonnement a été d’environ 600 millions de francs en 1991. A la fin de l’année 1991, on comptait 102 accords d’aménagement de la dette bilatéraux entre la Suisse et 35 pays.

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Tableau No 8. Accords multilatéraux de rééchelonnement de dettes

* Les conditions de Toronto permettent de choisir entre les trois variantes suivantes : A. Remise de 30 % de la dette, l’intérêt du solde au cours du marché. B. Prolongation du délai de remboursement à 25 ans et 14 années de carence ; service selon les conditions du marché. C. Réduction du taux de l’intérêt de 3,5 points ou de 50 % lorsque cette réduction est supérieure à 3,5. ** Conditions habituelles d’aménagement : jusqu’à dix années de remboursement avec une moyenne de 5 années de carence ; taux d’intérêt au cours du marché. *** Lower Middle Income Countries : prolongation des délais pour les pays non Toronto à un maximum de 20 ans. En 1990, le Maroc, El Salvador et l’Honduras ont déjà obtenu cet aménagement sans avoir encore été officiellement reconnus comme LMIC. Source : OFAEE.

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Tableau No 9. Accords bilatéraux de rééchelonnement de dettes

Source : OFAEE.

1.3. Commerce international

1.3.1. CNUCED

102 Les discussions menées lors de la CNUCED VIII ont permis d’entamer une réforme institutionnelle et de mettre sur pied le programme de travail pour les années à venir. La confrontation Nord Sud a fait place à la recherche de consensus et de coopération constructive. La réforme se fait aussi sentir dans le langage utilisé pour parler du développement, qui passerait notamment par une libéralisation des marchés, ainsi que par une « bonne gestion » (« Good Governance ») des affaires publiques et privées. Les principaux thèmes de discussion ont porté sur les produits de base, la technologie, les services et sur l’amélioration de l’efficacité dans les procédures administratives des transactions commerciales.

103 La politique internationale de concertation sur les produits de base est en crise. Seul l’Accord international sur le caoutchouc naturel fonctionne avec un mécanisme d’intervention sur le marché et les négociations en vue de l’adoption des nouveaux accords sur le café et sur le cacao piétinent. Les autres accords ne prévoient pas de dispositions économiques et se limitent à améliorer la transparence des marchés. Un nouvel Accord international sur le sucre a été adopté en mars 1992.

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CNUCED VIII et 37ème session du Conseil de la CNUCED

Toile de fond pour la CNUCED VIII

104 Depuis le début des années 80, un rôle important a été accordé au FMI et à la Banque mondiale pour tenter de résoudre la crise de l’endettement. Les revendications des pays en développement pour résoudre globalement ce problème se sont heurtées à l’approche du cas par cas préconisée par les pays industrialisés. Les négociations du GATT, de l’Uruguay Round, entamées depuis 1987, comportent des thèmes de discussions qui étaient abordés à la CNUCED (services, transferts de technologie…). L’importance prise par ces négociations commerciales du GATT et par la stratégie des grandes institutions financières multilatérales a laissé la CNUCED dans l’ombre. Le relatif désintérêt des médias pour la CNUCED VIII est l’un des signes révélateurs de cette évolution.

105 Pendant les années 60 et 70, la CNUCED avait pourtant représenté un Forum de discussion important. Les travaux de la CNUCED ont permis notamment l’adoption de résolutions non contraignantes qui s’appliquent à l’ensemble des pays membres de l’organisation, ainsi que l’adoption de traités internationaux (Accords ou conventions contraignants), applicables seulement aux pays qui les ratifient. Les instruments les plus marquants mis sur pied durant cette période sont le Programme intégré pour les produits de base, le Système généralisé des préférences, un ensemble de principes et de règles pour le contrôle des pratiques commerciales restrictives et des conventions dans le domaine des transports maritimes. Une attention particulière a été accordée à l’aide au « pays les moins avancés » (PMA). Les négociations, trop politisées pour les uns, reposaient souvent sur de profondes divisions entre les participants, dans un forum où les pays industrialisés n’avaient pas la majorité des voix (principe 1 pays = 1 voix). Le fonctionnement des négociations par groupes de pays reflétait de moins en moins la diversité des situations à l’intérieur d’un groupe (Groupe des 77 des pays en développement, Groupe B des pays de l’OCDE, Groupe D des pays de l’Est, Chine). Plusieurs instruments négociés ont mis beaucoup de temps pour être opérationnels (Fonds commun pour les produits de base par exemple). D’autres n’ont jamais vu le jour (code contraignant sur les transferts de technologie). Les instruments n’ont pas apporté les résultats souhaités : le Système généralisé des préférences n’a pas vraiment relancé les exportations des pays en développement vers les pays industrialisés, et un seul accord sur les produits de base fonctionne de manière satisfaisante (caoutchouc).

106 Pour la Suisse, la CNUCED connaît une réelle crise d’identité. « Elle a en effet perdu l’influence qu’elle exerçait sur l’aménagement des relations entre pays en développement et pays industrialisés. La fin d’un ordre mondial bipolaire, le large consensus sur les lignes directrices de la politique économique, de même que l’assouplissement des tensions idéologiques obligent la CNUCED à redéfinir ses tâches et à réformer ses méthodes de travail, si elle veut continuer à jouer un rôle utile au sein du nouvel ordre économique mondial »9.

107 Les pays membres de la CNUCED devaient donc trouver le moyen de redonner un souffle à l’organisation. La CNUCED VIII s’est déroulée du 8 au 25 février 1992 à Carthagène, en Colombie, avec la participation de 125 pays seulement, dont la Suisse. 179 pays étant actuellement membres de l’organisation, il est révélateur que toute une série de pays en développement n’ont pas envoyé de délégations à Carthagène. Les délégations ont adopté un texte donnant une nouvelle orientation aux travaux de la

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CNUCED : « Un nouveau partenariat pour le développement : l’engagement de Carthagène ».

Réformes institutionnelles de la CNUCED

108 Une modification quasi-complète des organes intergouvernementaux de la CNUCED a été décidée pendant la Conférence de Carthagène. La Session de printemps 92 du Conseil de la CNUCED a été exclusivement consacrée à la définition des mandats des organes créés.

109 Le schéma ci-après donne une indication de la nouvelle structure institutionnelle de la CNUCED. Le Conseil se réunira comme auparavant en deux sessions ordinaires annuelles et au besoin en sessions extraordinaires. Mais conformément aux propositions de la Suisse, les représentants permanents des Etats membres se réuniront aussi en séances d’une journée ou d’une demi-journée. Ces nouvelles réunions directives permettront au Conseil d’orienter les travaux de la CNUCED selon l’actualité économique mondiale et de stimuler les travaux en cours.

110 Les mandats du Comité spécial des préférences et du Groupe d’experts sur les pratiques commerciales restrictives sont maintenus tels quels. Tous les autres organes subsidiaires disparaissent pour faire place à des nouvelles commissions, établies pour une période de 4 ans, ainsi qu’à des groupes de travail spéciaux, pour une durée de deux ans. La Commission sur les produits de base a pour but de promouvoir des politiques équilibrées dans ce domaine, aux niveaux national et international, tout en tenant compte des tendances du marché. Elle pourra comme l’ancienne commission encourager la création de groupes d’étude et la conclusion d’accords internationaux viables (réunissant donc la majorité des pays producteurs et des pays consommateurs). L’accent est mis sur un renforcement de la compétitivité, de la transparence des marchés, ainsi que sur la diversification du secteur primaire. Cette commission assure donc une continuation de la politique des produits de base conforme aux désirs de la Suisse (voir point 3.1.2. sur les accords sur certains produits de base). La Commission sur le développement des services a pour objectif d’accroître la participation des pays en développement aux échanges mondiaux de services (renforcer la capacité technologique et la capacité d’exportation). La Commission sur l’atténuation de la pauvreté doit examiner les données et analyses existantes sur la répartition et l’ampleur de la pauvreté, ainsi que les expériences des pays dans la lutte contre celle-ci. Des échanges auront lieu sur les incidences des programmes d’aide au développement et d’assistance d’urgence.

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Nouvelle structure de la CNUCED

Nouvelle orientation des travaux de la CNUCED

111 Les pays participants à la CNUCED VIII ont, à travers le texte « Engagement de Carthagène », voulu donner une nouvelle impulsion aux travaux de la CNUCED, sur la base « d’un large consensus sur la valeur des lois du marchés » en vue d’un « partenariat pour le développement ». L’attention sera dans l’avenir portée sur l’analyse des expériences et des politiques nationales qui influent sur le développement, ainsi que sur la coopération technique. La conclusion d’accords internationaux ou de résolutions ayant force exécutoire n’est plus du tout une priorité. Les négociations d’accords seraient l’aboutissement éventuel de tout un processus allant de l’identification et l’analyse de questions au dialogue intergouvernemental. Les négociations devraient reposer sur un large consensus à propos de l’opportunité de parvenir à un résultat et sur la forme de ce résultat. Il n’est donc plus question pour une majorité de pays (en développement par exemple) d’imposer des accords à une minorité de pays (industrialisés). Le Secrétariat de la CNUCED, dont les rapports constituent une base des discussions, devrait mieux tenir compte de la diversité des situations et des expériences nationales (et donc ne plus parler d’un bloc de pays en développement homogène). Le système des groupes de pays fait place à des coalitions mouvantes dans le but d’atteindre un consensus sur certaines questions. Le nouveau rôle de la CNUCED pourrait s’apparenter au niveau mondial à celui de l’OCDE pour les pays industrialisés.

112 Les pays industrialisés ont insisté pour que la CNUCED n’empiète pas sur les compétences du FMI et du GATT. Les pays industrialisés, dont la Suisse, ont amené depuis le milieu des années 80 un nouveau langage, plus libéral, au sein de la CNUCED, notamment pour inciter les pays à lutter contre la mauvaise gestion des affaires

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publiques et privées, y compris la corruption. Le texte « Engagement de Carthagène » précise cette notion de la « bonne gestion » (good governance). Il relève que « le fonctionnement efficace des marchés doit aller de pair avec des politiques gouvernementales favorables, garantissant la liberté et la sécurité des personnes afin de favoriser une large participation de la population aux activités économiques et politiques. Une bonne gestion, encourageant tout à la fois une administration publique efficace, efficiente, honnête, équitable et responsable, le respect des droits individuels et l’initiative, est une condition essentielle d’un développement durable et général et de bons résultats économiques à tous les niveaux de développement » (p. 15).

113 Les gouvernements devraient stimuler l’esprit d’entreprise et l’accroissement de la productivité. Les pays en développement doivent « créer des conditions propices à l’investissement productif local et étranger », en favorisant la stabilité macro- économique, la protection juridique adéquate des investissements et la libéralisation des marchés (mandat d’étude du Groupe spécial sur les investissements). Les expériences des pays en matière de privatisation seront examinées par un autre groupe de travail. L’idée d’un code de conduite sur les transferts de technologie est mise de côté, au profit de l’étude des facteurs qui peuvent favoriser ce transfert, dont le rôle jugé crucial de la protection de la propriété intellectuelle (Groupe de travail investissements et transfert de technologie).

114 Les adaptations du mandat de la CNUCED au nouvel environnement politique et économique international ont été saluées par beaucoup de pays, dont la Suisse. Le chef de la délégation suisse Franz Blankart a considéré que les travaux de la CNUCED VIII ont été un grand succès. Les décisions devraient selon lui être appliquées sans délai, avec une restructuration du secrétariat de la CNUCED. (Communiqués de presse CNUCED)

115 Malgré le nouveau climat de discussion, les problèmes risquent pourtant de resurgir lors des interprétations contradictoires des mandats adoptés pour les différents organes. Des résistances peuvent aussi provenir du Secrétariat de la CNUCED qui, pour beaucoup de pays industrialisés, en est resté ces dernières années à des conceptions jugées dépassées. Certains pays en développement et certaines Organisations non gouvernementales se sont montrés plus sceptiques quant aux chances de revitalisation de la CNUCED de cette manière. Pour certains, le fait de ne plus insister sur des négociations d’accords contraignants revient à condamner l’Organisation à perdre encore de son importance, face aux institutions mieux contrôlées par les pays industrialisés. Pour d’autres, les recettes de libéralisation des marchés et de soutien à l’économie privée ne sauraient devenir une panacée universelle pour régler les problèmes des pays en développement. Pour l’ICDA, coalition internationale d’ONG, le climat des discussions à première vue serein cache en fait une désunion au sein du Groupe des 77 et la crainte de voir certains pays industrialisés (les USA en premier) quitter la CNUCED, ainsi qu’une résignation face aux accords âprement négociés dans le passé et qui sont resté lettre morte. (epd-Entwicklungspolitik 8/92).

Thèmes discutés lors de la CNUCED VIII

116 Compte-tenu de la réforme institutionnelle, les thèmes généraux de discussion de la CNUCED VIII ont été placés au second plan. Ils couvraient les questions des ressources pour le développement, du commerce international, de la technologie, des produits de base et du secteur des services. Si le texte final n’apporte pas de nouveautés en ce qui

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concerne les ressources pour le développement et les produits de base (voir point ci- dessous), la Conférence a abordé le commerce international sous l’angle de la recherche d’une meilleure efficacité des formalités administratives. Le coût de l’établissement et de l’exploitation des documents sur les mouvements de marchandises peuvent selon la CNUCED représenter 10 % de la valeur totale du commerce international. L’informatisation et l’amélioration des réseaux de télécommunication pourraient donc permettre de réduire ces coûts pour les gouvernements et négociants (en remplaçant notamment les échanges de renseignements sur papier entre partenaires commerciaux par la transmission de données informatiques). Auparavant la CNUCED examinait surtout les questions d’infrastructures portuaires et des transports. La recherche d’une meilleure efficacité est le but notamment du Centre ce commerce international (CCI), géré conjointement par la CNUCED et le GATT. Elle est aussi expérimentée par la CNUCED dans la création de « points de commerce », réunissant sous le même toit, dans les locaux de la douane ou de la Chambre du commerce, ou en mettant en réseau les banques, assureurs, compagnies maritimes et aériennes, agents des douanes. La Conférence a demandé la convocation en 1994 d’un Colloque international sur l’efficacité commerciale. Un Groupe de travail va se pencher sur ce thème.

117 Le débat sur la technologie portait sur les politiques nationales propres à favoriser les transferts de technologie. Les négociations débutées dans les années septante sur l’élaboration d’un code de conduite international en matière de transfert de technologie sont suspendues. Des entretiens informels ont lieu pour amener des suggestions plus conformes aux conditions actuelles de transferts

Matières premières

Crise dans la concertation internationale sur les matières premières

118 Le Programme intégré pour les produits de base (PIPB) élaboré en 1976 par la CNUCED avait pour objectifs l’atténuation des fluctuations de prix, l’accroissement des recettes d’exportations des pays en développement, la diversification de la production, ainsi que la promotion des systèmes de commercialisation, de distribution et de transport. 4 types de mesures devaient être mis sur pied dans ce but : les accords internationaux sur les produits de base comportant si possible des mécanismes d’intervention sur le marché (Stock régulateur, quotas d’exportation…), le Fonds commun pour ces produits destiné à financer diverses mesures dont les stocks régulateurs, un mécanisme de financement compensatoire des déficits de recettes d’exportation, ainsi que l’assistance technique pour les pays en développement.

119 Le bilan de ces efforts internationaux reste décevant. Les trois mécanismes de financements compensatoires n’ont pas été créés par la CNUCED : financement du FMI, le Stabex qui lie les pays de l’ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et la CEE, ainsi que le mécanisme de la Suisse. Ce dernier permet de compenser les déficits de recettes d’exportation des PMA fournisseurs de la Suisse. Ces financements restent insuffisants face aux pertes de recettes d’exportation dues aux fortes fluctuations des prix mondiaux de la plupart des produits de base. Le Fonds commun pour les produits de base n’est quasiment pas opérationnel et les retards dans le versement des souscriptions au capital de base du Fonds sont importants. Les accords internationaux sur les produits de base n’ont pas réussi à stabiliser les prix à long terme. L’accord sur

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l’étain est tombé en faillite. Seul l’Accord international sur le caoutchouc naturel dispose d’un stock régulateur opérationnel. Certains accords n’ont pas de dispositions économiques : Accords sur le blé, les bois tropicaux, le jute et le sucre (accords dont la Suisse est membre), Accord sur l’huile d’olive. Pour d’autres matières, la concertation s’opère au sein de simples groupes d’étude internationaux (cuivre, étain, minerai de fer, tungstène). Ils sont moins intéressants pour la Suisse, compte-tenu de la part relativement faible des importations de la Suisse dans les importations mondiales de ces produits. Les négociations des nouveaux accords sur le cacao et le café sont très difficiles.

120 Le blocage actuel dans les négociations traduit un certain désenchantement : les pays consommateurs, dont la Suisse, ne sont pas disposés à redresser artificiellement les prix des matières premières. La Suisse, comme d’autres pays, doute de plus en plus de l’utilité des Accords internationaux. Ceux-ci ne peuvent pas maintenir à long terme des prix artificiellement élevés et les producteurs pourraient trouver d’autres solutions pour diminuer les effets néfastes des grandes fluctuations des prix à court terme (ventes à terme par exemple). Une nouvelle politique internationale pour les produits de base reste encore à définir. La diversification est souvent difficile et les politiques de transformation des matières premières dans les pays producteurs se heurtent au protectionnisme des pays consommateurs, les taxes à l’importation étant croissantes en fonction du degré de transformation du produit. Ces droits de douanes ne représentent pourtant plus le principal obstacle à l’accès aux marchés des pays industrialisés (sauf certains produits particuliers). La Suisse par exemple prélève des taxes ou droits de douanes relativement importants sur les préparations contenant du cacao, le sucre, le tabac, les extraits de café et de thé, les fruits et légumes transformés. Les barrières non-tarifaires sont souvent bien plus importantes. Les taxes intérieures sont aussi très répandues : Dans les pays de la Communauté économique, la TVA sur les fèves et les produits du cacao peuvent atteindre les taux de 5,5 % à 22 %10.

Mandat de la Commission pour les produits de base

121 Lors de la CNUCED VIII, les pays participants ont spécifié les tâches de la nouvelle Commission permanente sur les produits de base. La CNUCED pourra ainsi continuer à encourager la conclusion d’accords internationaux et la création de groupes d’étude sur certains produits. Les objectifs de la politique internationale et des stratégies nationales sont les suivants : • Améliorer le fonctionnement des marchés en réduisant les distorsions entre l’offre et la demande ; • Améliorer l’accès des produits de base aux marchés des pays industrialisés ; • Renforcer la transparence des marchés, grâce aux échanges d’information sur les plans d’investissements des pays, les perspectives des marchés et les débouchés des produits ; • Examiner les mécanismes de financement compensatoire ;

122 A ces thèmes déjà traités à la CNUCED s’ajoutent de nouvelles pistes : • Étudier « les relations entre les politiques relatives aux produits de base, la bonne gestion des ressources naturelles et le développement durable »11 ; • Encourager l’utilisation de systèmes de gestion des risques : mécanismes de couverture des prix liés aux marchés (marchés à terme, options), échanges de produits, obligations et prêts indexés sur les produits de base…

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123 La CNUCED VIII a aussi décidé d’amorcer la préparation d’une Conférence mondiale sur les produits de base.

Accord International sur le cacao

124 Les deux premiers accords sur le cacao (1972 et 1975) prévoyaient un système de contingents à l’exportation et un stock régulateur qui n’ont pas été appliqués en raison de prix mondiaux relativement élevés. Le 4ème Accord de 1986 vient à échéance fin septembre 1993 (après avoir été prolongé d’une année en avril 1992). Cet Accord prévoyait une stabilisation des prix au moyen d’un stock régulateur qui a atteint sa capacité maximale de 250’000 tonnes fin février 1988. Le mécanisme de retrait permettant un stockage complémentaire d’une partie de la production n’a jamais été opérationnel, les pays membres de l’Accord n’ayant jamais réussi à s’entendre sur son mode de fonctionnement et son financement. 40 pays étaient membres de l’Accord de 1986, dont la Suisse. Parmi les 10 principaux producteurs de cacao, 3 n’étaient pas membres de l’Accord : la Malaisie et l’Indonésie, dont la production a fortement augmenté ces dernières années, ainsi que la Colombie. Le principal importateur de cacao, les États-Unis, n’était pas non plus membre. Une taxe prélevée sur les exportations et importations de cacao permettait de financer les activités de l’Organisation internationale du cacao (OIC). Les arriérés de paiement s’élevaient à 152 millions de dollars en septembre 1991 (dus surtout par la Côte d’Ivoire et le Brésil). Les pays auraient dû selon une résolution du Conseil de l’OIC payer le 10 % de leur dette d’ici septembre 1992.

Marché international du cacao

125 Le marché a connu une offre excédentaire depuis le milieu des années 80 (sauf en 1991/92), cela malgré une croissance rapide de la demande (3,6 % par an dans les années 80). L’augmentation de la production globale est due notamment à l’apparition de l’Asie du Sud-Est comme nouvelle zone importante de production, à l’augmentation des rendements (utilisation de nouvelles variétés hybrides), aux programmes officiels d’encouragement de la production de certains pays (Côte d’Ivoire, Ghana), ainsi qu’aux besoins d’obtenir des devises pour assurer le service de la dette.

126 Les prix mondiaux du cacao ont subi une forte baisse, puis de grandes fluctuations ces dernières années : de 680 à 800 droits de tirage spéciaux (DTS) la tonne entre avril à octobre 1992, 910 DTS environ en janvier 1992, 880 DTS en janvier 1991, 730 DTS en janvier 1990, contre 1136 DTS en janvier 1989 et 1765 en moyenne annuelle en 1986. Les prix réels du cacao sont les plus bas jamais atteints depuis 30 ans et ne permettent dans certains cas plus l’entretien des plantations ou l’achat des intrants.

127 Au niveau de la demande, l’industrie de transformation, située surtout dans les pays industrialisés, est dominée par de grandes firmes transnationales, avec Nestlé (plus grand producteur mondial de chocolat et de confiserie), Jacobs Suchard (racheté par Philip Morris, USA), Cadburry Schweppes (GB), Hershey Foods (USA), Mars (USA). Cette industrie connaît une concentration croissante. De nombreuses marques de chocolats ou firmes renommées en Europe ont passé sous le contrôle de grandes entreprises, avec par exemple les acquisitions récentes de Nestlé : Rowntree, 2ème plus grande entreprise du secteur au Royaume-Uni, Bouquet d’Or en France (acquis indirectement

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par Buitoni), Nestlé-Rowntree devenant le plus gros fournisseur de chocolat en France. La Côte d’Or (Belgique) a été acquise par Jacobs Suchard.

Négociations d’un nouvel Accord sur le cacao

128 Un groupe de travail avait été créé en juin 1991 pour étudier les modalités d’un nouvel accord. Diverses propositions ont été examinées lors des sessions du Conseil international du cacao. Les trois premières sessions de la Conférence des Nations Unies sur le cacao d’avril, juillet et novembre 1992 n’ont pas permis de lever les nombreuses et profondes divergences entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Le choix du mécanisme d’intervention sur le marché a été controversé, les pays producteurs (sauf le Brésil) souhaitant un système de contingents à l’exportation, complété par un stock régulateur financé par tous les pays membres. Peu à peu, ces pays ont abandonné cette formule en faveur d’un mécanisme de retrait d’une partie de la production exportable, proposé par les pays consommateurs. Les pays producteurs ont alors souhaité un plafond de 380’000 tonnes pour les retraits, sur la durée de vie de l’accord de 8 ans, contre les 330’000 tonnes, proposés par les pays consommateurs. Pour les pays producteurs, les dispositions économiques devraient permettre de relever les prix mondiaux, dans le but notamment d’assurer une meilleure réalisation des programmes d’ajustements structurels et de contribuer à la relance des économies des pays dont les revenus dépendent encore beaucoup du cacao. Les pays producteurs souhaitaient fixer le prix moyen à 1’475 DTS, alors que les pays consommateurs voulaient fixer un prix moyen de 1’050 DTS. Quelques pays ont relevé que le soutien des prix pourrait éviter que certains producteurs ne se tournent vers les cultures de drogues, beaucoup plus rémunératrices. Cette politique de la production devrait être accompagnée d’un encouragement à la consommation, notamment par un abaissement des taxes sur la consommation, ainsi qu’en évitant l’utilisation de substituts à la graisse de cacao (autres graisses végétales).

129 Les pays consommateurs, dont la Suisse, voulaient l’établissement d’un système permettant aux pays producteurs de retirer une partie de la production exportable pour soutenir les prix. Ils refusaient l’idée de contingents à l’exportation avec un stock international, notamment à cause du risque de formation de marchés parallèles hors quotas, comme cela avait été le cas avec le café. Ce système proposé parles pays consommateurs ne permettant de traiter que des problèmes conjoncturels, il devrait être accompagné d’une politique de la production (ralentir les programmes de remplacement des plantes, réduire les subventions pour l’achat d’engrais, réduction des surfaces plantées). Ces pays veulent un approvisionnement de bonne qualité à un prix stable, mais refusent tout soutien des prix qui serait artificiel. Le financement du mécanisme d’intervention devrait être assuré tout d’abord par les pays producteurs (par le paiement des arriérés), puis par la vente du stock international actuel et en dernier lieu par une taxe sur le commerce du cacao. Les divergences portaient aussi sur l’établissement de la fourchette des prix d’intervention, les pays producteurs refusant que les prix moyens particulièrement bas de ces trois dernières années servent de référence.

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Accord international sur le café

Crise sur le marché mondial du café

130 Les problèmes de fonctionnement de l’Accord de 1983 ont été évoqués dans les Annuaires précédents : • Rigidités du système de quotas d’exportation qui ne tenait pas compte des différences dans la demande des divers types de café ; • Incapacité des pays producteurs de s’entendre sur une répartition du quota global entre les pays ; • Problèmes liés à l’existence d’un double marché qui permettait aux pays producteurs d’écouler du café en plus des quotas attribués, vers les pays non-membres de l’Accord ou indirectement même vers des pays membres.

131 La suspension des contingents à l’exportation en juillet 1989 a amplifié la baisse des prix du café (baisse de 50 %), avec des graves conséquences sur des millions de petits producteurs et sur les économies des pays exportateurs qui ont connu, malgré l’augmentation quantitative des exportations, des pertes de recettes d’exportation évalués entre 3 et 4 milliards de dollars par an.

Préparation d’un nouvel Accord sur le café

132 Les négociations d’un nouvel Accord sur le café se sont engagées avec beaucoup de peine, tant les positions des différents pays semblaient inconciliables. Certains pays ont quitté l’Organisation internationale du café (Australie, Canada). Les producteurs latino- américains ont en automne 1991 tenté, sans succès, de proposer un système de rétention d’une partie de leur production exportable pour soutenir les cours du café.

133 Le Brésil, premier producteur mondial de café, n’a accepté de revenir à la table des négociations qu’après de longues hésitations, en avril 1992, en posant certaines conditions, dont le rétablissement d’un quota d’exportation universel, englobant les exportations vers les pays non membres de l’Accord. Les contingents devraient s’appliquer séparément à 4 groupes de café. Les Etats-Unis ont pour leur part accepté l’idée d’un quota universel, tout en restant très réticents à l’idée d’un retrait de la production exportable ou de stocks régulateurs, qu’ils considèrent impossibles à appliquer. La Colombie et les pays producteurs africains ont ces dernières années déployé beaucoup d’efforts pour formuler de nouvelles propositions et inciter les autres pays à reprendre les négociations. La Communauté Européenne reconnaissait qu’un Accord devait non seulement refléter les tendances du marché, mais aussi jouer un rôle en faveur des politiques de développement des pays en développement. Pour la Suisse, un accord efficace (sur le cacao ou sur le café) doit se fonder sur une large participation des pays producteurs et consommateurs. La fourchette des prix d’intervention sur le marché devrait tenir compte des grandes tendances du marché, par un ajustement automatique.

134 Les négociations ont été menées au sein de plusieurs groupes de travail de l’Organisation internationale du café depuis l’été 1991, les décisions étant prises par le Conseil de l’Organisation. Elles sont ouvertes aux pays non-membres qui ont un statut d’observateur. La Suisse est membre d’un comité de travail composé de 10 pays exportateurs et 10 pays importateurs. Ce comité doit définir les modalités principales

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de fonctionnement du futur accord. Un autre comité règle les questions des mesures de contrôle.

135 Un consensus s’est peu à peu dégagé en faveur de l’établissement d’un quota universel englobant les exportations vers les pays non membres et établi sur trois groupes de café. Les pays producteurs voudraient que ce quota global se situe à 62 millions de sacs de 60 kilos de café par année, alors que les exportations de la saison 1990/91 s’élevaient à 72,6 millions de sacs. Cette mesure entraînerait une augmentation des prix mondiaux et une diminution des stocks des pays consommateurs évalués à 18 millions de sacs. Le niveau proposé par les pays consommateurs, dont la Suisse, est de 72 millions de sacs.

136 La question délicate de la répartition des quotas entre les trois types de café et entre les producteurs n’a pas encore été résolue. Cette répartition est compliquée car certains pays producteurs exportent plusieurs types de café. Celle-ci devrait aussi pouvoir s’adapter en cours d’année selon les variations de la demande et pourrait être basée sur les performances à l’exportation, sur la production exportable et/ou les stocks des 3 ou 5 dernières années. Les pays consommateurs, dont la Suisse, souhaitent avoir le choix d’importer les types de café qu’ils souhaitent. Un système de contrôle efficace du respect des quotas doit ensuite être mis sur pied, lors de l’exportation du café, voire aussi lors de l’importation (les pays consommateurs étant d’avis que les contrôles doivent être entrepris surtout du côté des pays exportateurs). Diverses questions doivent être réglées : certificat, timbre d’exportation, contrôle d’origine, sanctions contre les contrevenants. Des mesures de transition du marché libre vers le marché contingenté doivent encore être adoptées.

137 Pour la firme Nestlé, favorable à un Accord, « les consommateurs devront payer un prix raisonnable aux pays producteurs, plutôt que de leur fournir une aide directe ou de leur octroyer des crédits ». Pour cette firme, le manque de soins apportés aux cultures aurait déjà un impact négatif sur la qualité du café vert12.

Café Max Havelaar en Suisse

138 En Suisse, un système de soutien aux petits producteurs a été mis sur pied, sur la base d’un modèle néerlandais, avec la commercialisation de marques de café sous le label « Max Havelaar », fondation créée par des œuvres d’entraide suisses13 au printemps 1992 et soutenue financièrement par l’OFAEE. La fondation octroie son label sous licence aux torréfacteurs et aux distributeurs qui commercialisent du café acheté à des organisations regroupant des petits producteurs des pays en développement, sur la base de contrats d’achat d’au moins une année. Le préfinancement de la récolte permet d’éviter que les producteurs ne s’endettent entre le moment de la récolte et celui du paiement. Le consommateur paie ce café Max Havelaar plus cher et obtient la garantie que la différence est destinée à un petit producteur qui obtiendra un prix minimum garanti supérieur à celui du marché (actuellement plus du double). En automne 1992, les ventes de café Max Havelaar dans les Magasins du Monde, les grandes surfaces (dont Migros, Coop, Unip, Waro) et les épiceries représenteraient déjà le 4,5 % des ventes de café en Suisse, alors que les années précédentes, le café commercialisé dans les réseaux alternatifs ne représentaient que le 0,2 % du marché suisse du café. Nestlé, Jacobs et Mövenpick ne commercialisent pas encore de café sous ce label. Une large campagne d’information a été lancée en octobre 1992 sur ce café « solidaire » et la Fondation

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évalue les possibilités d’étendre cette formule de commercialisation à d’autres produits (cacao, chocolat, riz, bananes).

Accord international sur le sucre

139 Un nouvel Accord sur le sucre a été adopté à l’issue de la Conférence des Nations-Unies sur le sucre qui s’est tenue à Genève en mars 1992. Le nouvel Accord est entré en vigueur en janvier 1993. Des accords ont réglé le marché de ce produit depuis 1937, mais celui qui a été adopté en 1992 ne comporte, comme les trois qui l’ont précédé depuis 1973, pas de dispositions économiques. Cet accord administratif permet de maintenir l’existence de l’Organisation internationale du sucre, de favoriser la coopération internationale concernant les questions liées au marché du sucre, les échanges d’information sur le marché. Les Etats-Unis et beaucoup d’autres pays se sont opposés à l’inclusion de mécanismes de régulation dans cet accord-ci. L’établissement de statistiques de la production et de la consommation et l’analyse du comportement du marché, l’analyse des effets des produits de remplacement seront menées dans un Comité de la situation du marché du sucre, institué par l’Accord.

140 La Suisse avait adhéré à l’Accord sur le sucre en automne 1990, après être resté longtemps à l’écart. Les précédents accords précisaient que les pays membres de l’accord devaient limiter, voire empêcher les importations de sucre en provenance des pays non-membres. Or, la Communauté européenne ne faisait pas encore partie de ces accords et représentait la très grande part des importations de sucre de betterave, ce qui posait un problème pour l’adhésion de la Suisse. Le nouvel Accord a été ratifiée par la Suisse fin décembre 1992.

1.3.2. GATT

141 La crise dans les négociations du domaine agricole entre les Etats-Unis et la Communauté européenne a contribué à retarder l’issue de l’Uruguay Round. Seul le compromis trouvé entre ces deux grandes puissances commerciales a permis de relancer en novembre 1992 les négociations sur le plan multilatéral. De nombreuses questions doivent cependant encore être réglées avant l’adoption d’un texte final complet. Les divergences existantes doivent encore être aplanies dans certains dossiers (agriculture, services, propriété intellectuelle). La Suisse, très dépendante de son commerce extérieur, accorde une très grande importance à un résultat favorable de l’Uruguay Round. Le régime commercial de la Suisse a été examiné lors d’une réunion spéciale du Conseil du GATT.

Etat des négociations de l’Uruguay Round

142 Le 8ème cycle de négociations du GATT visant une libéralisation du commerce international se déroule depuis 1986, avec la participation de 108 pays, dont la Suisse. Les participants souhaitent poursuivre la libéralisation dans les dossiers traditionnellement examinés au sein de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) : baisse générale des droits de douanes, (avec pour but une réduction d’un tiers de ces droits de douanes), ressources naturelles et produits tropicaux, textiles, sauvegardes. Ils cherchent aussi une amélioration des règles et du fonctionnement global du GATT, ainsi qu’une intégration de l’agriculture dans les règles du GATT et l’élaboration de nouveaux accords sur les services et les droits de

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propriété intellectuelle. Un accord séparé sur les marchés publics pourrait être adopté dans les mêmes délais que l’Uruguay Round (même si cet accord n’en fait formellement pas partie). Compte-tenu des divergences profondes sur certains thèmes de négociation, notamment l’agriculture, une prolongation de l’Uruguay Round avait été décidée lors de la Conférence ministérielle de décembre 1990.

143 Les positions longtemps inconciliables des USA et de la CE sur la question de la libéralisation du secteur agricole ont bloqué l’ensemble du processus multilatéral jusqu’en novembre 1992. D’autres percées politiques doivent cependant encore être réalisées avant l’adoption de l’Acte final des négociations, notamment dans les domaines des services, de la propriété intellectuelle et du Code antidumping.

144 Depuis le début de l’année 1992, les négociations s’opèrent sur la base du « Projet d’Acte final reprenant les résultats des négociations commerciales multilatérales », qui avait été présenté par le Directeur général du GATT, le Suisse Arthur Dunkel, le 20 décembre 1991. Une partie de ce texte est le résultat d’un consensus entre les négociateurs, alors que d’autres points sont des propositions de compromis. Dans leurs premières réactions au contenu de projet, les pays en développement ont estimé qu’il ne tient pas suffisamment compte de leurs intérêts. Les pays en développement sont restés parfois de simples spectateurs des conflits entre les puissances économiques du Nord, alors que l’un des buts de l’Uruguay Round avait été de les intégrer le plus largement possible dans le processus multilatéral. Pour les USA, les propositions ne représentaient pas une réduction suffisante des obstacles au commerce et une plus grande importance devrait être accordée à l’établissement de disciplines fortes et de moyens de recours efficaces. Des amendements au Projet d’Acte final ont ainsi encore été proposés par plusieurs pays.

145 Le résultat final de l’Uruguay Round sera constitué d’une part d’un ensemble de 28 accords, et d’autre part des engagements contraignants présentés par chaque pays. Ces engagements comprendront l’abaissement de certains obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce des marchandises, ainsi que des réformes initiales de certaines réglementations intérieures qui restreignent le commerce des services. Avant de pouvoir clore le cycle de négociation, les pays doivent donc encore s’entendre sur les amendements à apporter au projet, sur les concessions que chaque pays doit faire, ainsi que sur quelques questions techniques. Des discussions ont aussi lieu sur la question de la création d’une Organisation multilatérale du commerce (OMC), qui deviendrait le cadre institutionnel pour tous les accords conclus sous les auspices du GATT.

Position de la Suisse

146 La Suisse, fortement dépendante de son commerce extérieur, accorde une très grande importance au succès de l’Uruguay Round. En 1991, la Suisse se situait au 14ème rang des plus grands importateurs mondiaux (commerce représentant le 1,8 % des importations mondiales de marchandises). Elle était le 15ème exportateur mondial (1,7 % des exportations mondiales), perdant de 1990 à 1991 une place au profit de la République de Corée. Une baisse des droits de douane pourrait ainsi être bénéfique à l’industrie d’exportation. La Suisse devra faire des concessions pour libéraliser le secteur agricole, mais elle souhaite obtenir en contre partie l’extension des disciplines multilatérales pour la protection de la propriété intellectuelle, les investissements et les services.

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Négociations agricoles

147 La partie du Projet d’Acte final qui concerne l’agriculture présenté par le Directeur général du GATT, contient les éléments suivants : 1. Les barrières non tarifaires à l’importation sur les produits agricoles devront être converties en tarifs douaniers. Ces tarifs seront ensuite abaissés de 36 % sur une période de six ans. Cette mesure impliquera des changements importants pour la Suisse qui connaît de fortes barrières à l’importation. 2. Les subventions à l’exportation devront être réduites de 36 % et les quantités exportées de produits subventionnés abaissées de 24 %. Les deux mesures conjointes sont nécessaires pour éviter qu’une baisse des subventions ne soit totalement compensée par des paiements directs, ce qui n’entraînerait pas forcément une baisse des quantité exportables. La baisse des quantités exportée a été jugée trop importante par la Communauté européenne (CE). La Suisse accorde des subventions à l’exportation surtout pour les fromages (trois quart des subventions à l’exportation), les bovins et certaines préparations de fruits. 3. Les mesures de soutien interne à l’agriculture qui ont des effets de distorsion sur les échanges devraient être réduits de 20 % sur une période de six ans. Toute une série de mesures internes qui n’ont pas d’effets ou qu’un impact minime sur les échanges seront tolérés : versements directs aux agriculteurs (uniquement si ceux-ci n’ont aucun impact sur la production), versements visant la protection de l’environnement, l’aide régionale ou pour l’ajustement des structures, recherche, etc. Pour la Suisse, la mesure concerne particulièrement les soutiens des prix du lait, de la viande et des céréales. La réorientation de la politique agricole suisse de ces dernières années tient compte de ces changements : augmentation des paiements directs, mesures d’orientation de la production végétale. Le 7ème Rapport d’orientation de la politique agricole suisse traite également des réformes nécessaires. 4. L’application des mesures sanitaires et phytosanitaires ne doivent pas établir de discrimination arbitraire ou injustifiée.

148 Les PMA sont exemptés des engagements de réduction et les autres pays en développement doivent réduire leurs subventions ou tarifs moins fortement que les pays industrialisés (n’atteindre que le deux tiers des objectifs fixés ci-dessus). Ces pays ont la possibilité de maintenir leurs subventions aux intrants agricoles et leur aide à l’investissement, ceci pour soutenir le développement rural.

Position de la Suisse

149 La Suisse s’était déclarée prête à baisser de 20 % les trois types de soutien (internes, à l’importation et à l’exportation), mais souhaite des délais transitoires plus longs (10 ans au lieu de 6 ans), ainsi qu’une amélioration des clauses de sauvegardes spécifiques à l’agriculture14. Elle s’oppose à la tarification généralisée des barrières à l’importation (aux côtés du Canada, de la Corée, l’Egypte, Israël, le Japon, le Mexique, le Nigeria et la Tunisie). Elle aimerait maintenir certains contingents à l’importation (produits laitiers par exemple). Les paiements directs devraient être expressément autorisés, afin de compenser le coût des fonctions non commerciales de l’agriculture. L’Union Suisse des Paysans (USP) exprime les mêmes arguments contre le projet d’Acte final. Elle s’oppose en plus à la « clause de développement » qui permettrait de négocier une poursuite de la libéralisation avant l’expiration de la période transitoire de 6 ans. L’accord

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entraînerait selon l’USP une disparition de nombreuses exploitations agricoles et le GATT ne permet pas le développement d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. La baisse des revenus des paysans est encore accentuée par le fait que les diminutions mentionnées dans le projet d’accord sont nominales, ceci pourrait signifier par exemple qu’une baisse nominale de 20 % des soutiens internes aux agriculteurs peut représenter une diminution réelle de 38 % sur six ans si l’inflation moyenne est de 3 % par an. Les milieux paysans ont en Suisse comme dans d’autres pays européens manifestés à plusieurs reprises pour exprimer leurs inquiétudes face aux mesures préconisées par le GATT. (Voir aussi l’article de Heidi Bravo dans la Partie Analyses et positions).

Divergences entre les Etats-Unis et la Communauté européenne

150 Les mesures préconisées dans le projet d’Accord suscitent aussi de fortes oppositions parmi d’autres pays membres du GATT. La Communauté européenne (CE) n’avait au départ présenté qu’une offre de diminution de 30 % du soutien interne à l’agriculture, alors que les Etats-Unis souhaitaient à l’origine une baisse drastique de tous les types de soutien : baisse de 75 % du soutien interne et de la protection face aux importation, diminution de 90 % des subventions à l’exportation.

151 Le conflit commercial entre les USA et la CE sur les oléagineux a failli déboucher en 1992 sur une guerre commerciale qui aurait été fortement nuisible au climat nécessaire à une négociation multilatérale. Depuis 1986, les USA accusaient la CE de concurrence déloyale à propos des subventions versées aux producteurs communautaires d’oléagineux (colza, soja, tournesol), subventions portant préjudice aux exportations américaines de soja vers les pays de la CE. Les USA avaient menacé d’appliquer des sanctions commerciales sous la forme détaxes à l’importation sur certains produits en provenance de pays de la CE, dont le vin. Les négociateurs américains et ceux de Bruxelles sont finalement parvenus à un compromis le 20 novembre 1992. La CE acceptait de diminuer les surfaces plantées pour le soja, ce qui entraînerait une baisse de 25 à 35 % de la production. La CE acceptait aussi une baisse de 21 % du volume des exportations subventionnées (au lieu des 24 % proposés dans le point 2 du Projet de l’Accord), permettant ainsi de débloquer les négociations commerciales multilatérales. La France a cependant déclaré qu’elle s’opposerait à ce compromis négocié par Bruxelles. Les grands exportateurs de produits agricoles de la Communauté (France, Danemark et Pays-Bas) refusent des concessions supplémentaires à celles qui ont été accordées tors de la réforme de la politique agricole commune de l’été 1992 (baisse de 29 % des prix garantis des céréales, de 15 % pour la viande de bœuf et 5 % du prix du lait, avec large compensation du revenu des paysans par les paiements directs).

Examen des restrictions quantitatives de la Suisse

152 La Suisse est membre du GATT depuis 1966. Dans son protocole d’accession au GATT, la Suisse avait obtenu un statut particulier lui permettant de maintenir certaines restrictions quantitatives à l’importation de produits agricole. Indépendamment de l’Uruguay Round, les parties contractantes examinent tous les trois ans les mesures appliquées à ce titre par la Suisse. L’examen de la période 1987-1989 s’est terminée début novembre 1992. Ce statut particulier suscite des critiques de la part d’autres pays

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membres du GATT (la Nouvelle-Zélande et l’Australie surtout, mais aussi l’Argentine, le Brésil, le Chili et l’Uruguay). Les questions relevées par les parties contractantes concernaient surtout le système de contingentement qui oblige un importateur à acheter et commercialiser des produits suisses jusqu’à concurrence d’une certaine proportion des quantités importées, ceci pour toute une série de produits agricoles (système de prise en charge). Le système des trois phases qui prévoit un contingentement des importations en fonction de la production saisonnière indigène, l’augmentation du taux d’approvisionnement du pays et les exportations subventionnées de surplus de produits laitiers ont constitué d’autres sujets de préoccupation. La Nouvelle-Zélande souhaite que la Suisse mette en œuvre la totalité des résultats de l’Uruguay Round, cela en dépit des exceptions autorisées parle Protocole (voir aussi les remarques formulées lors de l’examen plus global de la politique commerciale de la Suisse, point 3.2.5).

Propriété intellectuelle

153 Les Etats-Unis, la Communauté européenne, le Japon et la Suisse accordaient une importance primordiale au renforcement des règles de protection de la propriété intellectuelle, ainsi qu’à la lutte contre le commerce des marchandises de contrefaçon (voir la partie 8 de la Revue de l’Annuaire 1992 sur l’UPOV, l’OMPI et le GATT). L’industrie suisse (chimique et pharmaceutique surtout) souhaite une meilleure harmonisation internationale des législations sur les brevets, ainsi qu’un instrument de règlement des différends permettant de lutter efficacement contre le piratage et la contre-façon. Les instruments disponibles à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle sont jugés insuffisants. La Suisse est actuellement le pays du monde qui compte le plus grand nombre de nouveaux brevets déposés par habitant. Une meilleure protection pourrait, selon l’industrie et la délégation suisse au GATT, contribuer au maintien de la capacité d’innover et favoriser les exportations ou les investissements à l’étranger (dont l’octroi de licences à des firmes situées dans d’autres pays). La Communauté de travail des œuvres d’entraide rappelle pourtant que la croissance de l’industrie chimique suisse s’était à la fin du siècle passé et au début de ce siècle largement basé sur la copie de procédés développés dans d’autres pays en phase d’industrialisation et que cette industrie avait à l’époque combattu l’instauration de brevets en Suisse.

154 Certains pays en voie de développement craignaient que le renforcement des règles de propriété intellectuelle ne puisse freiner leur développement industriel, notamment dans le domaine pharmaceutique et des textiles, et renforcer la position des pays qui ont déjà une avance technologique. Des mouvements tiers-mondistes et écologiques s’opposent au principe même du brevet sur les variétés végétales et des organismes manipulés génétiquement : des souris transgéniques, les microorganismes et les procédés biologiques d’obtention de végétaux peuvent être brevetés aux USA. En Suisse, la Communauté de travail des œuvres d’entraide, la Déclaration de Berne, l’Appel de Bâle contre les technologies génétiques et divers mouvements écologiques se sont opposés au principe de l’appropriation du vivant.

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Projet d’Accord de l’Uruguay-Round sur la propriété intellectuelle

155 Le projet d’Acte final de l’Uruguay Round reprend pour une large part les propositions des pays industrialisés, tout en accordant une période transitoire plus longue aux pays en développement. Les dispositions générales prévoient l’application de la clause de la nation la plus favorisée, ce qui constitue une nouveauté dans le domaine de la propriété intellectuelle. Selon cette clause, tout avantage accordé par une partie aux ressortissants d’un autre pays sera automatiquement étendu aux ressortissants de tous les autres pays membres du GATT.

156 Le projet règle les questions telles que les marques de fabrique ou de commerce, les indications géographiques et les appellations d’origine, les secrets commerciaux, les schémas de configuration de circuits intégrés, les dessins et modèles industriels, ainsi que les droits d’auteurs (avec pour les droits d’auteurs, l’obligation de se conformer à la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires, y compris les programmes d’ordinateurs). Les pays devront se conformer aux dispositions fondamentales de la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle (101 Etats membres, dont la Suisse).

157 Les brevets se rapportant aux inventions d’un produit ou d’un procédé dans tous les domaines technologiques devront être assurés pendant 20 ans. Certains pays en développement s’étaient opposés à ce délai jugé trop long. « Les droits conférés par un brevet dont l’objet est un procédé doivent être étendus aux produits directement obtenus par le procédé breveté »15. Le renversement de la charge de la preuve soulevait l’opposition de certains pays. Le projet prévoit pourtant que dans certaines conditions, un tribunal peut effectivement demander au contrevenant présumé de prouver qu’il n’a pas utilisé le procédé breveté. Jusqu’à présent, c’était généralement au plaignant de prouver que le contrevenant a copié un procédé illégalement.

158 Certains pays en développement souhaitaient garder la possibilité d’exclure certains domaines techniques de la protection par brevet et obtenir une période transitoire avant d’adopter un système de protection de la propriété intellectuelle (10 à 15 ans étaient demandés lors des discussions à l’OMPI sur l’harmonisation des législations). Le projet prévoit une période transitoire pour l’adaptation des législations et des pratiques nationales. Celle-ci sera d’un an pour les pays industrialisés, de 5 ans pour les pays en développement et les pays en transition vers l’économie de marché, de 11 ans pour les Pays les moins avancés, de 10 ans pour les pays en développement qui n’accordent pas encore de protection dans certains domaines technologiques. Les produits pharmaceutiques et les produits chimiques pour l’agriculture doivent cependant être protégés dès le début de la période de transition, cette clause correspondant aux demandes des industries chimiques des pays du Nord. Les pays pourront ne pas accorder de brevets pour des inventions contraires à l’ordre public ou la moralité (conformément au vœu de la Suisse), ainsi que pour des méthodes diagnostiques, thérapeutiques et chirurgicales, les procédés essentiellement biologiques d’obtention de végétaux et d’animaux, les végétaux et les animaux eux- mêmes. Le pays qui exclut les brevets sur les variétés végétales devra pourtant assurer une protection semblable à celle prévue par la Convention internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV). L’UPOV ne reconnaissait pas le droit de breveter une variété végétale jusqu’en mars 1991, date de modification de la Convention (voir point 8.2. de l’Annuaire 1992 sur la révision de la Convention qui

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concerne presque exclusivement des pays industrialisés). La révision de la Convention permettait un renforcement des droits de l’obtenteur, l’allongement de la durée de la protection et une limitation du « privilège du paysan » (droit d’utilisation d’une partie de la récolte pour les prochains semis). Selon les règles du GATT, un pays en développement devra donc soit reconnaître les brevets sur les variétés végétales, soit établir une législation conforme à l’UPOV.

Prolongation de l’Accord multifibres (AMF)

159 Le renforcement des règles sur la propriété intellectuelle ne semble pas favorable aux pays en développement qui souhaitent une industrialisation basée partiellement sur la copie de procédés utilisés dans les pays industrialisés. Ces pays souhaitent donc en compensation obtenir une amélioration de l’accès aux marchés des pays industrialisés pour leurs produits agricoles et les textiles. L’Accord multifibre de 1974 (AMF) permettait aux pays industrialisés de négocier des quotas d’importation de textiles, bilatéralement avec les pays exportateurs. Cette dérogation à l’Accord général du GATT devait permettre une restructuration de l’industrie des pays industrialisés face à la concurrence des pays à bas salaires. Entre 1973 et 1988, le nombre d’établissements en Suisse a diminué de 40 % dans le secteur des textiles et de 58 % dans celui des vêtements. La production suisse s’est spécialisée dans les produits de luxe ou de qualité supérieure. De plus en plus d’opérations de transformation sont exécutées à l’étranger (Hongrie et Ex-Yougoslavie surtout).

160 Les pays en développement déplorent depuis de nombreuses années l’existence de cette mesure protectionniste dans un secteur où ils possèdent un avantage comparatif. Malgré le fait que ces pays souhaitaient une abrogation de l’AMF avant la fin de l’Uruguay Round, celui-ci a été prorogé pour la 4ème fois le 31 juillet 1991, pour une durée de 17 mois (jusqu’à fin 1992). La Suisse est membre de l’AMF depuis 1974. Les Chambres fédérales ont accepté la prolongation de l’Accord. Une nouvelle prolongation de l’AMF a été nécessaire pour l’année 1993 puisque l’Uruguay Round n’a pas été terminé en 1992.

161 La Suisse applique des taxes à l’importation sur les textiles et l’habillement plus fortes que dans les autres secteurs de l’industrie, avec une forte progressivité des droits selon le degré de transformation du produit (de 1,6 % pour les fibres jusqu’à plus de 20 % pour les articles confectionnés. La Suisse n’a par contre jamais fait usage des possibilités de restrictions des importations. Elle exerce une surveillance des prix sur les importations. Les fournisseurs des pays en développement les plus compétitifs sont exclus du régime du Système généralisé des préférences. Les importations en provenance des pays en développement restent très faibles. La part des importations directes est de 10 % pour les textiles et 19 % pour les vêtements en 1989. En tenant compte des produits qui transitent par des pays voisins, la proportion réelle est estimée à 30 % pour ces deux secteurs.

162 Le projet d’accord de l’Uruguay Round prévoit l’intégration progressive du secteur des textiles dans le cadre du GATT, sur une période de 10 ans après la clôture du cycle des négociations. Des mesures de sauvegarde pourront être adoptées « si le pays importateur peut démontrer qu’un produit particulier est importé en quantités tellement accrues qu’il porte ou menace de porter un préjudice grave à la branche de production nationale concernée, et qu’il y a accroissement brusque et substantiel des importations en provenance du pays en question »16.

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Examen de la politique commerciale de la Suisse

163 Lors de l’examen à mi-parcours de l’Uruguay Round qui s’était déroulé en décembre 1988, les participants avaient décidé que les politiques commerciales des pays membres feront l’objet d’un examen régulier par le Conseil du GATT. L’examen de la politique commerciale de la Suisse s’est effectué en 1991, lors d’une réunion spéciale du Conseil du GATT, sur la base de deux rapports, l’un présenté par la Suisse, l’autre établi par le Secrétariat du GATT. Les Parties contractantes pouvaient lors de la réunion poser des questions sur les objectifs généraux de la politique commerciale ou sur les incidences sectorielles des instruments de politique commerciale utilisés par la Suisse (avec droit de réponse pour le représentant de la Suisse). La Suisse a regretté que l’examen ne porte que sur une partie de cette politique (secteurs agricoles et industriel. L’examen accordait ainsi une importance démesurée à l’agriculture (par rapport à son rôle dans le PIB), en laissant de côté les importants domaines des services ou des investissements directs).

164 Le Rapport relève le caractère hautement protectionniste de la politique agricole suisse qui protège le pays des signaux donnés par les prix internationaux, politique coûteuse pour les consommateurs, les contribuables et pour les partenaires commerciaux qui pourraient offrir des produits moins chers. Les droits de douanes sont en moyenne bien plus élevés dans le secteur agricole que dans le secteur industriel, avec des crêtes tarifaires pour certains produits agricoles et certaines préparations alimentaires. L’éventail des mesures de restriction à l’importation est très étendu : prélèvements variables à l’importation sur les produits transformés (taxe ajustée tous les 3 mois), droits supplémentaires (produits laitiers, graisses oléagineuses), prix minimaux à l’importation, contrôles, système des 3 phases (importation libre, limitée ou interdite selon l’offre intérieure), licences d’importations. La complexité de ces mesures peut constituer un obstacle sérieux pour ceux qui voudraient commencer à exporter des produits vers la Suisse.

165 L’interprétation du concept de sécurité alimentaire est contestée. Pourquoi utiliser ce concept pour justifier les barrières à l’importation du vin et des fleurs coupées ? (question du Chili). L’éventail des produits visés par le schéma du système généralisé des préférences devrait être élargi, surtout pour les produits agricoles.

166 Dans sa réponse, le délégué suisse a reconnu la nécessité de libéraliser le secteur agricole, grâce à la baisse des prix garantis, l’introduction de paiements directs compensatoires, la réduction des droits de douanes et la tarification partielle des mesures non tarifaires. Un consensus existe en Suisse pour reconnaître les objectifs non commerciaux de l’agriculture (sécurité alimentaire, protection de l’environnement et conservation d’une agriculture à petite échelle). La notion de sécurité alimentaire comprend la votante de maintenir une base de production adéquate et de contribuer au bien-être social.

167 Pour le GATT, cette politique agricole protectionniste contraste avec le secteur industriel, beaucoup plus ouvert à l’étranger. Les droits de douanes sont globalement moins élevés que ceux des pays de l’OCDE dans ce domaine et les restrictions quantitatives peu nombreuses. La Suisse a été félicitée de n’avoir jamais appliqué de mesures de sauvegarde, ni de droits antidumping ou compensateurs sur des produits de

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ce secteur. Elle n’a pas appliqué d’accords bilatéraux restrictifs, ni conclu des arrangements de limitation des exportations de produits industriels.

168 Plusieurs pratiques commerciales restrictives ont été relevées par le Rapport du Secrétariat et par certaines Parties contractantes (au niveau par exemple des marchés publics des cantons et communes, ou de l’homologation coûteuse des équipements de télécommunication). L’existence d’un grand nombre de cartels tolérés par la législation suisse a été déplorée. Le manque de transparence des pratiques dans certains domaines a aussi été relevé (normes, subventions, achats publics…), (voir aussi l’article de Philippe Brusick sur les pratiques commerciales restrictives dans la partie « Analyses et positions » de cet Annuaire).

1.4. Environnement, Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement à Rio (CNUED)

169 La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, conférence dite de Rio, a constitué un Forum de discussion sans précédent sur les liens entre l’environnement et le développement, avec un dialogue entre les pays du Nord et ceux du Sud, les milieux de l’économie et les Organisations non gouvernementales. Deux conventions internationales ont été adoptées lors du Sommet : sur le climat et pour la préservation de la biodiversité. La Déclaration de Rio énonce les principes de base pour une meilleure protection de l’environnement.

170 L’Agenda 21 constitue un catalogue des actions à entreprendre pour assurer un développement durable. La question du financement des mesures permettant une utilisation plus efficace des ressources naturelles a été au centre des débats. Les promesses de financement complémentaire pour les pays en développement se situent largement en dessous de ce qui est estimé nécessaire. Ce sont essentiellement les institutions de financement existantes qui se chargeront de la gestion des fonds. Le projet de Convention sur les forêts a été transformé en simple déclaration. Les pays en développement opposés à ce projet y voyaient un instrument d’ingérence du Nord dans leur souveraineté territoriale. Pour la Suisse, cette conférence représentait l’important point de départ de la discussion et de l’adoption de mesures en vue d’un développement plus respectueux de l’environnement. Si la Suisse était prête à aller plus loin dans la protection du climat, elle a par contre exprimé quelques réserves sur le texte adopté sur la biodiversité.

171 Après plus de deux ans de travaux préparatoires, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement s’est déroulée à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992. Elle a réuni des représentants de 172 pays. Le Sommet s’est déroulé en deux partie, avec en premier lieu les négociations sur les passages encore conflictuels de l’Agenda 21, de la Déclaration de Rio et des principes sur les forêts, puis la réunion de 117 chefs d’Etats ou de gouvernements.

172 La délégation suisse à Rio, forte de 31 membres, était menée par le conseiller fédéral . Parmi les membres externes à l’administration se trouvaient des représentants de l’économie (Vorort et secteur énergétique), des milieux académiques, ainsi que des représentants d’ONG (Communauté de travail des œuvres d’entraide et Société suisse pour la protection de l’environnement).

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1.4.1. De Stockholm à Rio

173 La prise de conscience des problèmes liés aux atteintes à l’environnement s’est intensifiée dès le début des années 70. Une première Conférence des Nations Unies pour l’environnement et l’habitat humain s’est déroulée en 1972 à Stockholm. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement a été créé suite à cette Conférence, avec siège à Nairobi. 1972 a aussi été l’année de publication du Rapport du Club de Rome, « Halte à la croissance ». Ce rapport prévoyait une aggravation des atteintes à l’environnement et une rapide pénurie des ressources naturelles, renforcées notamment par l’explosion démographique.

174 Au début des années 80, sous pression notamment des pays Scandinaves, la réflexion17 et les recherches des Nations Unies ont porté sur la définition d’une nouvelle stratégie face aux problèmes de l’environnement. La Commission Mondiale pour l’environnement dirigée par Gro Harlem Brundtland (alors Premier Ministre de la Norvège) avait pour mission de faire des propositions en vue d’une stratégie de l’environnement pour l’an 2.000, sur la base d’enquêtes et d’études d’experts. Le diagnostic inquiétant de la crise de l’environnement mondial et les recommandations de la Commission ont été rendues publiques en 1987 dans le Rapport Brundtland, « Notre avenir à tous ». Un nouveau concept constituera un des fondements de la Conférence de Rio celui du développement durable, soit « Répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs »18.

175 Il serait selon ce Rapport possible de lutter à la fois contre la pauvreté et contre la dégradation de l’environnement. Le Sommet de la Terre de 1992 a permis d’approfondir l’analyse des liens entre développement et environnement. Pour certains pays et les représentants des milieux économiques, il s’agissait de montrer qu’une croissance économique pouvait être compatible avec une meilleure protection de l’environnement.

176 En 1988, le PNUE et l’OMM créèrent le Groupe intergouvernemental pour l’étude des changements climatiques (IPCC). Il a pour but de collecter les données scientifiques sur les changements climatiques et d’étudier les mesures pour prévenir (ou s’adapter à) ces changements.

1.4.2. Enjeux Nord-Sud de la Conférence

177 Le lien entre environnement et développement a été au centre des débats de la CNUED. Les pays industrialisés portent la plus grande responsabilité dans les atteintes à l’environnement : pollution de l’air par le chauffage, les activités industrielles et les moyens de transport privés, problèmes des déchets ménagers, industriels et atomiques, utilisation de substances chimiques, pollution des nappes phréatiques et des cours d’eau, utilisation intensive des réserves d’eau douce, déforestation dans les zones tempérées, modification des paysages. Certains problèmes se sont renforcés par l’urbanisation (pollution, bruit et encombrements de la circulation). Certaines pollutions peuvent menacer la vie humaine, par des changements climatiques. L’appauvrissement de la couche d’ozone peut provoquer une augmentation des cas de cataractes et des cancers de la peau.

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178 La pauvreté peut aussi entraîner des atteintes à l’environnement : • surexploitation de terres désertifiés. • érosion des sols, notamment par l’exploitation agricole intensive sur des terrains en forte pente. • économie orientée vers l’exploitation de certains produits agricoles et forestiers, sous contrainte, pour obtenir des devises et assurer le service de la dette. • pollution de l’eau par l’absence de traitement adéquat des eaux usées, des déchets ménagers et industriels. • sur-utilisation de bois de feu (déforestation).

179 Ces dégradations de l’environnement et la vie dans un environnement pollué peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des populations, et aggraver la pauvreté, en érodant les moyens d’existence (baisse de la productivité)19 : • Un demi-milliard de personnes vivent dans des régions très sensibles à l’érosion des sols, à la dégradation des terres, aux inondations et autres catastrophes écologiques (dangers industriels). • 1,5 milliard de citadins des pays en développement n’ont pas d’eau salubre et plus de deux milliards de personnes n’ont aucune installation d’assainissement. 80 % des maladies qui sévissent dans les pays en développement et un tiers des décès sont liés à la contamination de l’eau, porteuse de germes pathogènes ou de vecteurs de maladies, en raison d’absence d’eau salubre et d’hygiène suffisante. Selon la Banque Mondiale, 2 millions de décès par an seraient imputables à la pollution de l’eau (maladies diarrhéiques surtout). • La fumée des feux de bois et des poêles à charbon à l’intérieur des maisons a des conséquences sur la santé de 400 à 700 millions d’habitants. (Chiffres de la CNUED, Guide de l’agenda 21). • L’appauvrissement des lieux de pêche, de même le temps consacré à la recherche de l’eau et du bois ont pour conséquence une perte de productivité.

180 L’interdépendance des pays dans les solutions à trouver pour limiter les atteintes à l’environnement est de plus en plus reconnue. Les enjeux Nord-Sud sont très importants et les solutions aux problèmes requièrent la coopération internationale, et en particulier la coopération Nord-Sud. Le type de développement à promouvoir constitue un débat fondamental. Le modèle de consommation du Nord n’est pas généralisable tel quel au Sud car il entraînerait une forte augmentation de l’utilisation des combustibles fossiles et des minerais métallurgiques. Or, les Etats-Unis ont laissé entendre pendant la CNUED que leur style de vie et de consommation n’était pas négociable. La question est de savoir dans quelle mesure les pays du Nord sont disposés à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à freiner la surconsommation et la production de déchets et remettre en question la civilisation de l’automobile. Les pays en développement craignent pour leur part d’être contraints à limiter leur potentiel de croissance économique pour des raisons écologiques, alors même que la croissance des pays industrialisés s’est reposée sur une exploitation des ressources mondiales, le déboisement des forêts et sur l’utilisation de technologies polluantes.

1.4.3. Rapport de la Suisse à la CNUED

181 Le Secrétariat de la CNUED avait demandé à chaque pays d’établir un Rapport sur la politique nationale d’environnement. La définition de la politique suisse à Rio a contraint un renforcement de la coordination entre services et départements de

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l’administration fédérale, services qui n’ont pas forcément les mêmes opinions (OFEFP, OFAEE, DDA…). La Suisse devait ainsi rechercher une meilleure cohérence dans sa politique extérieure : « Dans le contexte de la politique extérieure, la cohérence signifie, par exemple, que les mesures prises en faveur de l’industrie d’exportation soient harmonisées avec les interventions de la coopération au développement et les mesures visant à lutter contre les problèmes écologiques mondiaux et non pas, dans le pire des cas, qu’elles s’annulent mutuellement. Mais la cohérence signifie aussi que les objectifs de politique écologique soient accompagnés d’instruments qui prennent en compte les axes de la politique économique et commerciale comme c’est le cas, par exemple, au sein du GATT » (OFEFP, Rapport présenté par la Suisse à la CNUED, p. 84). Le Rapport a été rédigé par l’Office fédéral de l’environnement, il ne reflète donc pas forcément totalement l’avis d’autres départements fédéraux (économie publique par exemple).

182 Le Rapport de la Suisse décrit la situation de l’environnement et rappelle les buts et les instruments de la politique nationale dans ce domaine. Il souligne le rôle actif de la Suisse sur le plan international. La collaboration transfrontière s’est faite d’abord avec les pays limitrophes, puis avec les pays de l’OCDE et la Communauté européenne.

183 Sur le plan international, la Suisse a ratifié le Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone (voir Annuaires 90 et 91). Avec 12 autres pays, la Suisse s’était engagée à mettre fin à la production et à la consommation de CFC plus rapidement, d’ici 1997. Les CFC et gaz halon seront pour la plupart éliminés d’ici 1995 des sprays (sauf pour les médicaments), des réfrigérants, des solvants et des produits de lutte contre les incendies.

184 Rappelons aussi que la Suisse a joué un rôle important dans l’élaboration de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination (négocié en 1989, voir Annuaire 1990). Cette Convention est entrée en vigueur le 5 mai 1992. Les pays africains voulaient en 1989 interdire totalement les exportations de déchets des pays industrialisés vers les pays en développement. Le Groupe des 77 et la Chine ont vainement tenté pendant la CNUED de faire inscrire cette revendication dans la Déclaration de Rio. La Suisse s’est opposée à une interdiction totale des exportations de déchets.

185 Face à l’ampleur des problèmes actuels et compte-tenu du lien entre écologie et développement, le Rapport de la Suisse reconnaît que « les nations industrialisées doivent d’abord prendre elles-mêmes des mesures d’assainissement urgentes. Elles doivent ensuite octroyer une aide financière et technique aux pays du tiers monde pour qu’ils puissent eux aussi élaborer une politique environnementale durable et apporter leur contribution à la résolution des problèmes écologiques à caractère global » (OFEFP, Rapport présenté à la CNUED, p. 63).

1.4.4. Convention sur les changements climatiques

186 L’atmosphère constitue une sorte de serre, laissant passer les rayons du soleil et retenant une partie de la chaleur accumulée à la surface de la planète. L’accumulation de certains gaz, liée à des phénomènes naturels ou à l’activité humaine, peut renforcer cet effet de serre, et contribuer ainsi au réchauffement de la planète. Ce réchauffement pourrait avoir pour conséquence une augmentation du niveau des océans, l’immersion

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des terres côtières et des îles basses, et une aggravation de la sécheresse dans d’autres régions.

187 Les principaux gaz qui contribuent à cet effet de serre sont la vapeur d’eau (phénomène

naturel), le gaz carbonique (Dioxyde de carbone CO2), le méthane CH4, l’ozone, l’oxyde

nitreux (N2O (par usage d’engrais) et les composés chlorofluorocarbones (CFC, de spray,

de l’industrie du froid et des mousses isolantes). Les émissions de CO2 par habitant des USA est 15 fois supérieure à celles d’un habitant des pays en développement

(La Recherche, mai 1992, p. 527). Le CO2 dégagé provient essentiellement des activités industrielles, du chauffage, des transports et de la déforestation par le feu. Les émissions de méthane proviennent de la fermentation (rumination, rizières inondées, décharges…).

188 Si les scientifiques sont unanimes à constater l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les divergences existent dans la prévision des conséquences sur le climat (amplitude du réchauffement de la planète et de la montée du niveau des océans), ainsi que pour évaluer l’urgence des mesures à prendre. De plus en plus de scientifiques, d’organisations et de pays reconnaissent qu’il faudrait diminuer fortement ces émissions de gaz, par des économies d’énergie, un changement de certains modes de consommation, des modes de transports, ainsi que par l’encouragement des énergies renouvelables.

189 Les négociations en vue d’une convention dans ce domaine ont révélé que les pays industrialises ne sont pas prêts à remettre en question leur mode de consommation, alors que les pays en développement craignent que des mesures puissent freiner leur potentiel de développement. Des divergences existent aussi sur l’évaluation de la part de responsabilité des pays en développement dans les émissions totales de gaz à effet de serre. La Communauté européenne a finalement renoncé à proposer la taxe sur l’énergie (écotaxe) suggérée par la Commission de Bruxelles. Les milieux économiques s’étaient opposés à ce projet (risque de perte de compétitivité), et plusieurs pays restaient sceptiques (dont la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Grèce et le Portugal). Les USA se sont déclaré opposés à toute hausse « artificielle » du prix de l’énergie, compte- tenu des difficultés économiques du pays.

190 La convention adoptée pendant la CNUED a pour but de limiter les émissions de gaz à effet de serre. C’est un accord-cadre sans objectif précis, ni échéancier contraignant (suite aux pressions des Etats-Unis). Les pays devront rendre compte des mesures qu’ils prennent pour lutter contre ces émissions. Lors de la préparation du texte, les pays exportateurs de pétrole se sont opposés à toutes formulations critiquant l’exploitation du pétrole et encourageant l’utilisation d’énergies renouvelables, au dépend du pétrole.

191 Pour la délégation suisse de cette convention était l’une des priorités du Sommet de Rio. La Suisse, l’Autriche et le Lichtenstein d’une part, la Communauté Européenne

de l’autre, ont fait des déclarations pour s’engager à stabiliser leurs émissions de CO2 d’ici l’an 2000, but qu’ils auraient voulu voir figurer dans la Convention. Pour la Suisse, cet objectif pourrait être atteint par la concrétisation du programme Energie 2000 et

par l’introduction d’une taxe sur le CO2. Le principe d’une taxe sur le CO2 a été approuvé par le Conseil fédéral en automne 1991 déjà. Certaines questions doivent néanmoins encore être examinées (montant de la taxe, harmonisation internationale…). Dans son allocution à Rio, le Conseiller fédéral Flavio Cotti a plaidé en faveur d’une introduction

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coordonnée d’une taxe de ce type, simultanément dans la plupart, ou tous les pays industrialisés.

192 Le programme Energie 2000 a pour objectif de stabiliser la consommation totale d’énergie entre 1990 et la fin du siècle. Pour le WWF Suisse, les mesures prévues seront insuffisantes pour une baisse des émissions. Pour Greenpeace, vouloir stabiliser les émissions de CO2 est une mesure insuffisante. La Suisse devrait réduire ses émissions de 30 % d’ici l’an 2005 et de 80 % d’ici 2050. En comptant les polluants émis à l’étranger pour les marchandises importées de l’étranger (« émissions grises »), une étude de Greenpeace révèle que 11 tonnes de CO2 seraient ainsi dégagés par an et par habitant en Suisse, contre une moyenne de 9 tonnes pour l’Europe occidentale.

1.4.5. Convention sur la biodiversité

193 La diversité biologique est en danger. L’uniformisation des agricultures, l’élevage d’un nombre réduit de sélections animales, la déforestation, l’aménagement moderne du territoire ont entraîné la disparition de beaucoup de races d’animaux et d’espèces végétales. Des estimations évaluent à 20’000 les espèces de plantes, d’insectes et d’autres animaux qui disparaissent chaque année. Cette réduction de la biodiversité pourrait menacer un réservoir potentiel important pour les générations futures. Les cultures pourraient devenir de plus en plus vulnérables aux maladies. Les plantes représentent une ressource très précieuse pour l’élaboration de nouveaux médicaments et pour l’agriculture.

194 Les objectifs de la Convention adoptée sont la préservation de la diversité biologique et le partage équitable des bénéfices issus de l’utilisation durable des ressources génétiques. Elle établit le principe d’une aide à la préservation des espèces, en faveur des pays abritant des espèces protégées (par le biais de crédits ou en favorisant le transfert de technologie, sans porter préjudice aux droits de propriété intellectuelle). Les pays membres de la Convention devraient inventorier et prévoir une conservation des espèces dans leur milieu (in situ, réserves naturelles, plantations traditionnelles) ou hors du site d’origine (ex situ, dans des jardins botaniques ou des banques de gènes). L’accès aux ressources génétiques dans d’autres pays doit être facilité, mais le pays fournisseur doit être informé. Les pays fournisseurs devraient aussi être associés aux recherches dans le domaine des biotechnologies et avoir accès aux résultats.

195 L’originalité de cette convention réside dans le fait qu’elle pourrait permettre la mise sur pied d’un mécanisme de compensation entre le Sud qui préserverait la biodiversité et le Nord qui augmenterait son aide, notamment par le transfert de capacités de recherche et de savoir-faire dans le domaine des biotechnologies. Actuellement, les firmes biotechnologiques situées sou vent dans les pays industrialisés puisent dans les ressources naturelles gratuites conservées dans les pays en développement et protègent par brevets les produits ou procédés issus de leur recherche basée sur ce patrimoine génétique (plus d’un millier de brevets déposés dans le monde concernent la biotechnologie végétale, selon chiffre Monde diplomatique, mai 1992). Le Groupe des 77 et la Chine ont vainement proposé l’établissement d’un code de conduite sur la sécurité des expériences et applications de la biotechnologie (réglementer notamment la dissémination d’organismes manipulés génétiquement dans la nature).

196 Certains aspects de la Convention doivent encore être réglés. Le texte prévoit un encouragement à l’accès aux ressources génétiques. Une interprétation étroite voudrait

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par exemple qu’un centre international de recherche agricole doive obtenir l’autorisation des pays fournisseurs d’une variété de plante avant de pouvoir l’offrir à des chercheurs, alors que l’accès est actuellement libre. Les procédures bureaucratiques pourraient ainsi freiner la diffusion de plantes, ce qui va à rencontre de l’objectif de la Convention.

197 Les Etats-Unis ont refusé de signer la Convention sur la biodiversité qui mettrait selon eux la croissance des industries biotechnologiques en péril (en limitant l’accès des firmes aux ressources génétiques des pays en développement). La Suisse a signé la convention, aux côtés d’environ 150 pays. La Suisse a néanmoins déposé une note interprétative lors de la signature. La note précise d’une part que les facilités de transfert de technologie doivent tenir compte des règles de propriété intellectuelle. D’autre part, les questions de financement doivent tenir compte non seulement des intérêts et besoins des pays en développement, mais aussi des intérêts et possibilités financières des pays industrialisés. La Convention entrera en vigueur lorsqu’elle sera ratifiée par 30 pays.

1.4.6. Agenda 21

198 Le Programme d’action 21, ou Agenda 21, représente un long catalogue (de 800 pages) des mesures à adopter pour assurer un développement et une protection de l’environnement durables au 21ème siècle. Il n’a pas de valeur juridiquement contraignante pour les Etats. Les programmes de l’Agenda 21 sont regroupés autour d’une série de 7 thèmes : • Revitalisation de la croissance par la durabilité, « un Monde prospère », en vue d’une utilisation plus efficace des ressources, avec internalisation de tous les coûts de protection de l’environnement (principe du pollueur payeur). • Qualité de vie durable (Un Monde Juste), en luttant contre la pauvreté, en répondant aux besoins sanitaires essentiels, en modifiant les modes de consommation. • Etablissements humains (Monde habitable), en développant l’hygiène du milieu, l’énergie et les transports publics, l’approvisionnement en eau et la gestion des déchets. • Utilisation efficace des ressources terrestres et en eau douce (Monde fertile). C’est dans ce cadre que les questions de l’exploitation durable des forêts et de la gestion d’écosystèmes fragiles ont été abordées (voir points 6.2 à 6.4). • Ressources mondiales et régionales (Un monde partagé), avec protection de l’atmosphère, des océans et des mers, ainsi que des ressources marines vivantes. • Gestion des substances chimiques et des déchets (Un monde Propre). • Participation des populations, par l’éducation, la sensibilisation du public et le renforcement du rôle des groupes concernés, dont les femmes, les communautés autochtones, les ONG, l’industrie.

Financement pour la protection de l’environnement

199 La question cruciale du financement des mesures prises par les pays en développement et du transfert de technologies moins polluantes a été au centre des débats à Rio. L’aide extérieure nécessaire aux pays en développement a été évaluée par le Secrétariat de la CNUED à 125 milliards de dollars par an, soit plus du double de l’Aide publique au développement des pays de l’OCDE (55 milliards de dollars en 1990). Cet objectif pourrait être atteint si tous les pays s’engageaient à porter leur aide au développement

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à 0,7 % de leur PNB. Or, seuls les pays Scandinaves et les Pays-Bas ont atteint ou dépassé cet objectif. La France a déclaré qu’elle visait ce but d’ici l’an 2000.

200 En 1991, un crédit de programme de 300 millions de francs avait été alloué par la Suisse pour le financement de projets en faveur de l’environnement (crédit du 700e). Le Rapport que la Suisse a présenté à la CNUED reconnaissait que « des moyens nettement plus importants seront nécessaires pour financer également les programmes qui naîtront de la Conférence de Rio » (p. 81). Dans son allocution au Sommet de Rio, Flavio Cotti a réaffirmé que la Suisse voulait s’engager aussi rapidement que possible à augmenter son APD. Ce but a été remis en question par les mesures de coupure budgétaire adoptée par le Conseil national durant la session d’automne 92 des Chambres fédérales. L’application de ces mesures fera stagner l’APD de la Suisse à 0,33 ou 0,34 % du PNB jusqu’en 1995. La Communauté des œuvres d’entraide demandait que l’APD soit portée à 0,4 % du PNB au minimum d’ici 1995.

201 A Rio, aucun engagement précis n’a été pris par l’ensemble des pays industrialisés pour atteindre le but des 0,7 %. Le texte final se borne à réaffirmer la nécessité d’une augmentation de l’aide et l’ensemble des promesses de financement ne dépasse pas quelques milliards de dollars. L’Agenda 21 reste donc un catalogue de mesures à prendre sans que l’on sache comment les pays pourront effectivement financer les mesures.

202 Les Pays en développement n’ont pas réussi à faire accepter la création d’une nouvelle institution financière (« Green Fund »), destinée à financer les activités prévues dans l’Agenda 21. Ils désiraient la création d’un fonds géré démocratiquement par les pays donneurs et les pays receveurs, tout en maintenant une diversification des flux financiers. Les Pays en développement souhaitaient recevoir des fonds supplémentaires par le biais de la 10ème reconstitution des fonds de l’Agence Internationale pour le Développement (AID), les banques régionales de développement et le PNUD. Aucun engagement n’a été pris dans ce sens. Les ONG de développement et d’environnement soutenaient ces revendications. Certains Pays en développement souhaitaient un renforcement du rôle du PNUE plutôt que de celui de la Banque Mondiale.

203 Conformément à la volonté des pays industrialisés, c’est le Fonds mondial pour l’environnement (GEF, Global Environment Facility) qui va gérer une partie importante des sommes destinées à concrétiser les programmes de l’Agenda 21, ainsi que les fonds liés aux conventions adoptées. La responsabilité du Fonds est partagée entre 3 institutions. La Banque mondiale assure la gestion du Fonds, le PNUD identifie les projets à financer et le PNUE se charge de l’évaluation scientifique des projets.

204 Le GEF gère déjà le fonds instauré par le Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone stratosphérique. Les modalités de financement prévus par le Protocole représentaient un premier exemple de coopération internationale en la matière. Les 200 millions de dollars prévus doivent permettre d’aider les pays en développement à acquérir des produits de remplacement et des technologies n’utilisant pas de CFC. Les pays en développement avaient obtenu un délai plus long que les pays industrialisés pour éliminer l’utilisation de CFC. Le point faible est qu’aucune mesure d’incitation n’est prévue pour une élimination plus rapide des CFC. L’expérience de ce fonds va servir de base pour l’élargissement de l’aide aux pays en développement, pour financer des mesures freinant le réchauffement de la planète ou l’appauvrissement de la biodiversité.

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205 Le GEF pourra financer le coût supplémentaire des installations qui permettent de limiter l’impact nocif sur l’environnement. Les domaines couverts par le financement seront la limitation des émissions de gaz à effet de serre, la préservation de la flore et de la faune, la lutte contre la pollution de l’eau, ainsi que la poursuite de la protection de la couche d’ozone (phase-pilote de 1992 à 1994). Le GEF va assurer la gestion des fonds prévus dans la Convention sur le climat, alors que la Convention sur la biodiversité prévoit la création d’un autre mécanisme financier. A Rio et conformément aux vœux des pays en développement, le financement du GEF a été étendu à la lutte contre l’érosion et la déforestation. Le budget total du GEF pour 1993-1995 s’élève à 1 milliard de DTS (contributions volontaires). La Suisse va verser un montant de 80 millions de dollars. Elle aurait souhaité un système de répartition équitable des contributions (selon la taille et le PNB des pays), mais soutenait entièrement l’idée d’une canalisation des ressources financières à travers le GEF de la Banque Mondiale.

206 Répondant partiellement aux critiques des pays en développement jugeant le GEF trop peu démocratique, les mécanismes de décisions vont être modifiés. Les pays donateurs et receveurs forment une assemblée des participants et les décisions requièrent un consensus.

Protection de la forêt

207 Le rythme de déboisement annuel des forêts tropicales s’élève selon la FAO à quelque 17 millions d’hectares dans le monde, dont près de la moitié dans la forêt brésilienne. Les forêts contiennent une grande biodiversité et jouent pourtant un rôle important dans la protection des sols, la régulation des cycles hydrologiques, les échanges de gaz. Les pays industrialisés souhaitaient établir une Convention internationale de protection de la forêt tropicale. L’Inde, le Brésil, l’Indonésie et la Malaisie se sont fortement opposés au projet de Convention. Les négociations se sont heurtées à deux problèmes principaux. L’un concernait à nouveau le problème financier. Les coupes plus sélectives des forêts requièrent des moyens techniques importants. Certains pays en développement réclamaient donc l’obtention de ressources financières additionnelles pour mieux protéger les forêts. Le deuxième problème était que pour beaucoup de pays en développement, le droit d’exploiter ses ressources forestières est une question de souveraineté nationale. Ces pays n’appréciaient pas que l’on puisse limiter ces exportations, sources de précieuses devises.

208 Le texte final adopté n’est plus qu’une liste de principes non contraignants pour une gestion, la conservation et l’exploitation écologiquement viable de tous les types de forêts. La Déclaration reconnaît le droit souverain de chaque pays à exploiter ces propres ressources. L’exploitation durable devrait répondre aux besoins des générations actuelles et futures.

209 Le WWF suisse regrette que la notion d’exploitation rationnelle des ressources forestière reste floue et non contraignante. Les pays industrialisés auraient aussi esquivé un débat sur les forêts tempérées en insistant sur la sauvegarde des forêts tropicales.

Lutte contre la désertification

210 Les pays africains avaient proposé l’élaboration d’une convention pour combattre la désertification, avec la mise en place de « ceintures vertes » autour du désert. Les Etats

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Unis et l’Europe communautaire, à l’origine réticents à ce type de convention, se sont à Rio déclarés prêts à accepter le projet, en échange de la signature de la Convention sur la forêt par l’ensemble des pays africains. Certains pays africains ont refusé ce marché. Le compromis accepté spécifie que l’Assemblée générale des Nations Unies devra créer un comité intergouvernemental de négociation pour élaborer d’ici 1994 un projet de convention internationale sur la lutte contre la désertification.

Développement durable en montagne

211 C’est grâce à l’initiative de la Suisse que l’Agenda 21 mentionne l’importance de la préservation des écosystèmes de montagnes, menacés d’érosion accélérée, de glissements de terrains, de perte de l’habitat et de la diversité biologique. Les connaissances sur l’écologie de ces régions devraient être renforcées et le transfert de techniques adaptées et de méthodes améliorées d’élevage encouragés. Cette partie de l’Agenda 21 est le résultat notamment des recherches et propositions de l’équipe du Professeur Bruno Messerli de l’Université de Berne (Voir Mountain Agenda dans l’Annuaire 92).

1.4.7. Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement

212 Une Charte de la Terre de nature essentiellement éthique aurait dû définir les droits et les devoirs de l’être humain à l’égard de la nature et de l’écosystème Terre. C’est finalement une Déclaration qui a été adoptée. Elle fixe des principes généraux pour un développement durable. Parmi les 27 principes évoqués, le droit souverain d’un Etat à exploiter leurs propres ressources est reconnu (sans imposer le devoir d’utiliser prudemment ses ressources). Les pays ont « le devoir de veiller à ce que les activités qui relèvent de leur compétence ne portent pas atteinte à l’environnement d’autres Etats »20. Un autre principe recommande aux Etats d’élaborer « des lois nationales concernant la responsabilité pour les dommages causés par la pollution et autre dommages à l’environnement, et pour l’indemnisation des victimes » (principe 13). L’intégration des coûts écologiques dans les prix selon le principe du pollueur-payeur est encouragée.

1.4.8. Suivi de la Conférence

213 Les pays devront faire état des mesures adoptées pour réaliser le programme énoncé dans l’Agenda 21. La Commission pour le développement durable dépendant du Conseil économique et social (ECOSOC) a été créée pour assurer le suivi de l’Agenda 21. La Suisse doit entreprendre des démarches pour pouvoir être membre de cette commission sans être membre des Nations Unies. La Suisse s’est déclarée prête à accueillir le siège de cette commission à Genève (New York a finalement été choisi), de même que le secrétariat pour la protection du climat, celui de la convention pour la diversité biologique, ainsi que l’éventuel Centre pour l’intervention rapide lors de catastrophes naturelles. La Suisse souhaite réunir sous le même toit, une « maison de l’environnement », toutes les organisations qui s’occupent d’environnement à Genève. Le Secrétariat de la Convention de Bâle est à Genève.

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1.4.9. Rôle des Organisations non gouvernementales et réactions

214 La participation des ONG à la préparation de la CNUED a été très importante. De nombreuses ONG faisaient partie des délégations nationales. Pour Flavio Cotti « il n’y aura pas de politique internationale efficace en matière de développement durable sans la participation directe des ONG »(Allocution devant la Conférence). La Conférence « Les racines de l’Avenir » a réuni 811 responsables d’ONG a eu lieu à Paris du 17 au 20 décembre 1991. Elle a permis aux ONG d’élaborer un plan d’action commun sur les thèmes étudiés. Environ 5000 ONG de 120 pays ont organisé un Forum parallèle au Sommet de la terre, le Forum Global. Des réseaux entre ONG de développement et d’environnement du Sud et du Nord se sont créés ou renforcés grâce aux contacts, échanges et réflexions sur les thèmes du Sommet.

215 En Suisse, le réseau d’ONG Infocord s’est créé pendant la préparation de la Conférence de Rio. C’est une plate-forme d’information et de réflexion sur les actions possibles des ONG. Des consultations ont eu lieu entre les représentants des œuvres d’entraide et l’administration fédérale. La Communauté de travail a regretté que les consultations et la décision d’intégrer des représentants d’ONG dans la délégation suisse aient été aussi tardives.

216 Diverses ONG ont lancé une campagne « Action protection du climat » en août 1992. Les organisations demandent à la Confédération de prendre des mesures énergiques, soit une baisse de 80 % des émissions de CO2 et le remplacement progressif de l’utilisation du pétrole et de l’énergie nucléaire par des énergies renouvelables d’ici le milieu du 21ème siècle. Un journal d’information a été diffusé à 1 million d’exemplaires.

217 Certains pays en développement et certaines ONG ont regretté que plusieurs thèmes liés à l’environnement n’aient pas ou insuffisamment été abordés lors de la Conférence. Le problème du contrôle de la croissance démographique n’apparaît quasiment pas dans les documents finaux. Pour certains, les activités des grandes firmes transnationales sont restées dans l’ombre. Les risques liés au nucléaire n’ont pas été abordés, et il n’est toujours pas interdit de déverser les déchets nucléaires dans les océans. Les résultats tangibles de la CNUED restent pour beaucoup limités.

218 Pour certains pays en développement et certaines ONG, la Conférence n’a pas suffisamment abordé la question des réformes jugées nécessaires à l’engagement réel des pays en développement vers un développement durable (réduction du poids de la dette, réformes structurelles du Nord, baisse du protectionnisme sur les produits transformés, etc.

219 Les promesses de financement complémentaire sont jugées par beaucoup insuffisantes. La Communauté de travail des œuvres d’entraide et la Société de protection de l’environnement se sont déclarés globalement satisfaits du Sommet de Rio. Elles ont salué l’attitude de la Suisse dans la question du climat, mais regrettent la teneur de la note interprétative sur la biodiversité.

1.4.10. Economie privée et problèmes de l’environnement

220 Tous les milieux économiques n’étaient pas sur la défensive face aux mesures de politique de l’environnement.

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221 En septembre 1990, le Secrétaire général de la CNUED, Maurice Strong a choisi le suisse Stephan Schmidheiny comme conseiller principal pour les affaires de l’industrie. Cet industriel a créé le Business Council for Sustainable Development (BCSD), groupement d’une cinquantaine de personnalités de l’économie privée (dont trois membres de firmes suisses, Asea Brown Boveri, Ciba-Geigy et la Société Générale de Surveillance). Leurs vues ont été publiées dans le rapport « Changer de cap »21. Le Conseil d’entreprises cherche à développer la conception d’une économie éco-efficiente, en vue d’un développement durable (produire plus et de meilleurs produits, en utilisant moins de ressources et en polluant moins). L’efficacité et la croissance économiques pourraient ainsi ne pas être en contradiction avec la protection de l’environnement. La régulation devrait s’opérer par l’industrie elle-même, et non par des règles contraignantes édictées par l’Etat, en encourageant les PME à innover dans le domaine de l’environnement. Il faudrait pour cela que l’économie puisse intégrer le coût écologique de l’utilisation de l’eau, la terre et l’air aux autres composantes économiques (matières premières, travail, capital, technologies). Il faudrait aussi supprimer les subventions qui incitent un gaspillage des ressources et introduire des certificats d’émissions négociables (voir aussi l’article d’Ernst Brugger, du BCSD, dans la partie Analyses et positions).

222 Ce n’est pas tant le discours qui est nouveau, mais le fait que cela soit énoncé par l’économie privée. La conception de la formation des prix issue des théories économiques néo-classiques fait que le prix de certains biens est largement sous- évalué. Par exemple, le prix du pétrole ne tient compte ni des millions d’années nécessaires à sa formation, ni des conséquences de la combustion de cette énergie fossile sur la qualité de l’air, ni des conséquences que l’épuisement des réserves aura sur les générations futures. L’internalisation des coûts de l’environnement pourrait remédier à ce problème. Fin mai 1992, une douzaine d’industriels suisses ont signé un appel au Conseil fédéral pour qu’il propose au Parlement un projet de taxe sur les émissions de CO2, à introduire progressivement, de concert avec les autres pays industrialisés. Le produit de la taxe devrait être fiscalement neutre et exclu de l’indice des prix à la consommation (pour ne pas attiser l’inflation).

223 La Chambre internationale de Commerce (ICC) a été active à défendre les intérêts de l’économie privée. Elle a édicté une charte des entreprises pour un développement durable (sans moyens de coercition), signée par 700 entreprises, dont une trentaine de sociétés et institutions suisses. La Charte s’appuie sur 16 principes, dont la formation et la motivation du personnel, l’évaluation préalable de l’impact sur l’environnement de toute nouvelle activité et mise en œuvre de projets et l’incitation des transferts de technologies respectueuses de l’environnement.

224 Les ONG de défense de l’environnement ont déploré le fait que la Charte ne prévoit pas de mesures contraignantes, ce qui selon eux transforme le texte en opération publicitaire.

1.5. Ressources humaines

225 Aux côtés des activités au sein des institutions financières internationales et sa participation dans les plates-formes de négociation commerciale, la Suisse soutient toute une série d’organisations qui se concentrent sur le développement humain (entre parenthèse montant des contributions publiques de la Suisse en 1991) : PNUD

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(67,1 millions de francs), OIT (4,2), OMS (8,8), UNICEF (31), UNESCO. Les activités de ces organisations portent sur la coopération au développement, les conditions de travail (OIT), la nutrition et la santé (OMS/UNICEF), l’éducation (UNESCO/UNICEF) et la culture (UNESCO). Elles récoltent aussi des données statistiques et établissent des indicateurs de développement humain.

1.5.1. OIT : Conférence internationale du travail 1992

226 La 79ème Conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (qui s’est tenue à Genève du 3 au 23 juin 1992) a adopté une convention ainsi qu’une recommandation concernant la protection des créances des travailleurs en cas d’insolvabilité de leur employeur. Une convention sur la prévention des catastrophes industrielles ainsi que sur les mesures à prendre lors d’un accident a été soumise à Une première lecture ; une discussion générale a été consacrée à la mise en valeur et à l’encouragement de la main-d’œuvre en cas d’ajustement structurel et de crise économique et la Convention sur les salaires minima a fait l’objet d’une réflexion générale.

227 Les 154 pays membres de l’Organisation internationale du travail (OIT) se réunissent chaque année à Genève à l’occasion de leur Conférence générale. Le système de représentation à l’OIT étant tripartite, chaque délégation comprend quatre délégués : deux sont envoyés par le gouvernement et les deux autres représentent les travailleurs et les employeurs. La Suisse est membre de l’OIT depuis sa fondation en 1919.

228 La Conférence internationale du Travail a pour tâche principale d’adopter les normes internationales sur le travail et de voter le budget de l’OIT. Une commission est chargée de vérifier l’application des normes dans les différents pays. La Conférence s’ouvre toujours par un débat général concernant son rapport annuel et le rapport du directeur de l’OIT. En 1992, ce dernier portait sur les préoccupations de l’OIT face à la démocratisation de la société.

229 Depuis la fondation de l’organisation, la Conférence générale a déjà adopté 172 conventions internationales et 179 recommandations. Les conventions sont des instruments juridiques qui règlent différents aspects du monde du travail. Elles doivent être ratifiées par le Parlement des différents pays membres. Les recommandations servent à orienter les mesures qui devront être prises sur le plan national. Chaque année, les pays membres sont tenus de présenter un rapport sur l’application de certaines conventions sur leur territoire ; en 1992, ce rapport devait porter sur les salaires minima.

Protection des travailleurs en cas de faillite

230 La préparation de la Convention concernant la protection des créances des travailleurs en cas d’insolvabilité de leur employeur a débuté en 1991 par un examen en première lecture. Cet examen a conclu que les créances des travailleurs (salaires et autres indemnités) doivent bénéficier d’un privilège par rapport aux autres créances. Ce droit à un traitement préférentiel doit être garanti par des institutions indépendantes. La délégation gouvernementale suisse, de même que le représentant des travailleurs, se sont prononcés en faveur de la convention, tandis que le représentant des employeurs suisses s’y est opposé, tout comme 64 autres représentants d’employeurs.

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Prévention des catastrophes industrielles

231 Constatant que le nombre d’accidents industriels, qui sont la cause d’innombrables drames humains et de dégâts à l’environnement, s’est accru ces dernières années, l’OIT a décidé de préparer une convention internationale dans ce domaine. Son texte a été soumis à une première lecture au cours de la Conférence annuelle de 1992. La discussion a surtout porté sur les mesures permettant d’éviter les accidents. Le calendrier prévoit que la convention sera adoptée par la Conférence du Travail de 1993. Elle ne s’applique pas aux installations nucléaires, ni aux entreprises traitant du matériel radioactif, ni aux installations militaires, ni aux transports.

Ajustement structurel et ressources humaines

232 Le rapport et le débat portant sur les mesures d’ajustement structurel et sur leurs répercussions sur la main-d’œuvre, c’est-à-dire sur le marché du travail, présentèrent un intérêt tout particulier pour les relations Nord-Sud. Les membres de l’OIT ont envisagé les moyens permettant d’endiguer les effets négatifs de l’ajustement sur l’emploi et la mobilisation de la main-d’œuvre. Un rapport consacré à ce sujet analyse les effets de l’ajustement structurel sur le budget de la formation et de l’éducation, qui est le premier à souffrir des restrictions dues à l’ajustement. Le rapport propose une politique de formation visant à stimuler la main-d’œuvre en cas d’ajustement économique. La Conférence a adopté une résolution dans laquelle elle recommande aux gouvernements d’assurer le libre accès à l’éducation de base à toute la population. En effet, pour pouvoir s’adapter à un marché du travail en fluctuation constante, les travailleurs doivent jouir du droit au recyclage et au perfectionnement, qui doit cependant aussi tenir compte de leur épanouissement personnel. Dans les pays en développement, il importe de prendre des mesures spéciales en faveur de la formation, afin d’atténuer les effets sociaux de l’ajustement structurel.

Application des normes

233 Les participants à la Conférence se sont déclarés conscients des difficultés que rencontrent certains pays en développement où le niveau de vie est bas à négocier et à appliquer des normes sur le travail. La Commission de l’application des normes de l’OIT a par exemple mis en doute l’application par le Soudan de la Convention numéro 30, adoptée en 1930, interdisant le travail forcé et l’esclavage. Le Gouvernement incriminé nie certes l’existence de cas d’esclavage sur son territoire, mais refuse toutefois de présenter un rapport sur la situation nationale. Une fois de plus, l’Organisation internationale du travail a offert son aide pour assurer le respect de cette convention.

234 La Convention sur les salaires minima a été soumise en 1992 à une réflexion générale. Les représentants des travailleurs ont souligné l’importance de cette norme au vu de la récession mondiale. Dans la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité sociale, la garantie d’un salaire minimum constitue en effet un instrument stratégique. Les Etats ont été appelés à ratifier la Convention et à veiller à son application. Les représentants des employeurs estiment quant à eux que la garantie des salaires minima est une mesure d’urgence temporaire et un instrument de « deuxième catégorie ». Ils ont plaidé en faveur d’une liberté totale dans les négociations collectives entre les partenaires sociaux.

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235 L’interprétation de la Convention sur les droits syndicaux fondamentaux et l’application de cette norme dans certains pays font régulièrement l’objet de débats très animés au sein de la Commission de l’application des normes. C’est en particulier la notion de droit de grève, qui n’est pas expressément cité dans la norme, mais que la commission d’experts considère comme l’un des droits syndicaux de base, qui a conduit ces dernières années aune nouvelle polarisation de l’opposition entre représentants des travailleurs et des employeurs.

Résolutions

236 La Conférence de l’OIT a adopté une résolution sur le rôle des entreprises dans l’emploi et donc dans le développement économique d’un pays. Dans ce contexte, la Conférence a rappelé que les femmes jouent un rôle important dans le processus de développement et que l’intégration des femmes doit faire partie de toute politique de l’emploi. Une deuxième résolution sur la promotion de l’emploi définit le plein-emploi comme objectif prioritaire. Lorsque le taux de chômage est élevé, des programmes sociaux doivent garantir l’entrée des jeunes dans le monde du travail, ainsi que la réintégration des chômeurs dans la vie active. Une autre résolution a porté sur les droits des travailleurs étrangers et de leurs familles. L’Organisation internationale du travail a été chargée de développer ses activités et ses conseils en matière de migrations et, plus particulièrement, de proposer des mesures pour endiguer la montée du racisme et de la xénophobie envers les travailleurs étrangers.

Sujets politiques

• La Conférence a appelé la communauté internationale a maintenir les sanctions contre l’Afrique du Sud aussi longtemps que le changement social amorcé vers une égalité des droits entre noirs et blancs ne sera mené à terme. Dans ce contexte, la délégation gouvernementale suisse a maintenu la position adoptée au cours des sessions précédentes : la Suisse souhaite que les citoyens d’Afrique du Sud soient tous égaux en droits, mais refuse cependant de prendre des sanctions envers ce pays. La délégation gouvernementale estime plutôt que l’OIT devrait soutenir les signes positifs du changement social en cours. • Au cours d’une séance extraordinaire, les participants se sont penchés sur la situation des travailleuses et des travailleurs des territoires arabes occupés par Israël. Un rapport révèle que les droits des travailleurs, ainsi que de toute la population arabe, sont très restreints. L’OIT appelle le gouvernement israélien à accepter un renforcement de l’aide technique de l’OIT en faveur des travailleurs arabes et à cesser d’empêcher cette aide.

1.5.2. OMS : Assemblée mondiale de la santé 1992

237 L’Assemblée Mondiale de la santé est l’organe directeur de l’institution. Les délégations des Etats membres ont en mai 1992 examiné la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de la santé pour tous d’ici l’an 2000, ainsi que la politique des médicaments et vaccins essentiels, la protection maternelle et infantile et le domaine des maladies tropicales. La Suisse soutient la mise en œuvre de plusieurs programmes de l’OMS. Une loi sur le contrôle du commerce des médicaments est en préparation en Suisse.

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238 L’OMS dirige et coordonne depuis 1948 les activités internationales en matière de santé, notamment par l’information sur la situation sanitaire dans le monde, l’encouragement de la coopération technique, la recherche et la formation du personnel de la santé.

239 La 45ème Assemblée s’est déroulée du 4 au 14 mai 1992, avec la participation de plus de 1200 délégués de 173 pays. La délégation suisse était menée par le Directeur de l’Office fédéral de la Santé publique, Thomas Zeltner. Parmi les 35 points inscrits à l’ordre du jour, l’Assemblée a évalué la mise en œuvre de la « stratégie mondiale de la santé pour tous d’ici l’an 2000 ». Un autre point, important pour la Suisse, examinait la stratégie pharmaceutique.

240 En 1992, l’OMS et la FAO ont préparé la mise sur pied d’un plan d’action pour lutter contre la faim qui a été présenté à Rome en décembre 1992 lors de la première Conférence des Nations Unies sur la nutrition.

241 La contribution ordinaire de la Suisse à l’OMS s’est élevée à 4,7 millions de francs en 1991. La Suisse verse en outre des contributions aux programmes spéciaux de l’OMS, soit en 1991, 3 millions de francs pour le Programme sur les médicaments essentiels, 2 millions pour le Programme de recherche sur les maladies tropicales, 0,9 million pour lutter contre les maladies diarrhéiques, 550’000 pour les médicaments essentiels et la santé maternelle et 450’000 pour la recherche sur la reproduction humaine.

Politique des médicaments

242 L’objectif du Programme d’action pour les médicaments essentiels est d’assurer à toute la population un approvisionnement régulier et au coût le plus bas des 300 médicaments qui permettent de lutter contre 90 à 95 % des maladies existantes. La résolution adoptée par l’Assemblée de l’OMS reconnaît que plus de la moitié des habitants des pays en développement n’a toujours pas accès régulièrement aux médicaments essentiels. Cette situation s’explique notamment par les politiques mal coordonnées, les systèmes de distribution mal organisés, les contrôles de qualité inadaptés et par la détérioration des conditions socio-économiques de certains pays. L’OMS invite les pays à intensifier leurs efforts de mise en place de programmes nationaux de médicaments essentiels.

243 L’OMS avait formulé des critères éthiques applicables à la promotion publicitaire des firmes pharmaceutiques. Comme de nombreux pays n’ont pas les ressources administratives nécessaires à la réglementation de la publicité pour les médicaments, l’Assemblée demande à l’industrie pharmaceutique de respecter les critères éthiques de façon volontaire.

244 L’Assemblée a aussi examiné les directives proposées par l’OMS pour l’application d’un système de certification de la qualité des produits pharmaceutiques entrant dans le commerce international, ceci pour décourager l’exportation, l’importation et la contrebande de médicaments faussement étiquetés. L’Assemblée mondiale de la santé demande aux pays membres d’appliquer ces directives et d’établir d’ici 5 ans des certificats de qualité.

Activités récentes de l’OMS dans les pays en développement Grâce à l’impulsion de l’OMS (et de l’UNICEF pour se qui concerne la santé maternelle et infantile), la variole a été éradiquée, l’incidence de l’onchocercose (cécité des rivières) diminue sensiblement. Le Programme élargi de vaccination

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vise la protection de 80 %, voire 90 % des enfants du monde (voir le point 5.3. sur l’UNICEF). D’autres programmes de l’OMS concernent les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, le SIDA, la recherche sur les maladies tropicales, la maternité sans risques, la recherche sur la reproduction humaine et les médicaments essentiels. L’OMS entreprend aussi des recherches sur les médecines traditionnelles. L’objectif de la santé pour tous d’ici l’an 2000 avait été adopté en 1977. Les soins de santé primaires ont été considérés comme le moyen approprié d’atteindre cet objectif (lors de la Conférence d’Alma Ata en 1978). Ces soins essentiels impliquent une responsabilisation du personnel de la santé et de la population, ainsi que des mesures au niveau des communautés locales. Ils reposent non seulement sur la fourniture de médicaments et vaccins essentiels, l’éducation à la santé, le traitement des maladies courantes, mais aussi sur la promotion d’une meilleure nutrition, la protection maternelle et infantile, la planification familiale, l’approvisionnement en eau et l’assainissement.

245 La contrefaçon de médicaments touche surtout les régions les plus pauvres (pas de cas connu en Suisse). Ces préparations peuvent être très dangereuses : médicaments périmés, contrefaçons contenant trop peu de substances actives ou des poisons (solvants industriels par exemple), l’utilisation d’étiquettes qui induisent le consommateur en erreur.

246 En Suisse, la Déclaration de Berne poursuit sa campagne sur l’utilisation rationnelle des médicaments. Son bulletin d’information « Medin »fournit des exemples de commerce de médicaments inutiles, inefficaces, voire dangereux.

247 La Suisse est le troisième exportateur mondial de produits pharmaceutiques. 90 % de sa production est exportée, dont un quart vers les pays en développement. Contrairement aux deux premiers pays exportateurs de médicaments (USA et Allemagne), la Suisse n’a pas encore de législation sur l’exportation de ces produits. L’Office Fédéral de la Santé Publique prépare une loi sur le contrôle de l’importation et de l’exportation de médicaments, couvrant aussi les transactions commerciales réalisées depuis la Suisse, sans que les produits transitent sur ce territoire (activités d’import-export). La Déclaration de Berne et la Communauté de travail des œuvres d’entraide demandaient depuis plusieurs années le contrôle sur les exportations de médicaments. Les organismes regrettent que parmi un échantillon d’un millier de médicaments exportés par la Suisse dans 51 pays en développement, seuls 17 % figuraient sur la liste des médicaments essentiels et près d’un tiers n’étaient même pas enregistrés en Suisse (auprès de l’Office intercantonal de contrôle des médicaments, OICM). Les organisations d’entraide demandent une interdiction de l’exportation des médicaments qui sont interdits ou non enregistrés en Suisse, ou encore retirés du marché (sauf demande expresse des autorités du pays importateur). Ces autorités devraient être informées de toutes les données pertinentes concernant le médicament en question et son enregistrement en Suisse. Les sanctions devraient être très sévères.

Maladies tropicales

248 Plus de 600 millions de personnes souffrent des maladies tropicales (paludisme, l’onchocercose, la maladie du sommeil, la schistomiase, maladie de Chagas…). Les conséquences socio-économiques sont très élevées. Les investissements du secteur

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privé dans la recherche sont relativement faibles, le marché étant considéré comme peu rentable, face aux potentiels énormes de bénéfice dans le domaine du SIDA ou du cancer. Le paludisme provoque selon l’OMS le décès de deux millions de personnes par an. Certains parasites deviennent résistants à presque tous les médicaments. Une stratégie mondiale de lutte contre cette maladie a été adopté lors d’une conférence ministérielle mondiale sur le paludisme qui s’est tenue les 26 et 27 octobre 1992, à Amsterdam. Le 4ème Programme de lutte contre l’onchocercose (cécité des rivières) a été lancée en février 1992, avec pour but d’éliminer cette maladie en Afrique d’ici l’an 2000.

Santé des femmes

249 Les discussions techniques ont en 1992 porté sur la situation sanitaire des femmes. Celles-ci jouent un rôle déterminant dans la protection de la santé et la nutrition de toute la famille, mais vivent souvent dans des conditions socio-économiques qui affectent leur propre santé : éducation scolaire plus courte, enfance défavorisée par rapport aux garçons, grossesses précoces, accouchements dans de mauvaises conditions sanitaires, violence, vieillesse prématurée, solitude, nombre disproportionné de femmes parmi les pauvres. Les femmes sont dans bon nombre de sociétés particulièrement touchées par la malnutrition (part de la ration alimentaire destinée à la femme est relativement réduite). Une résolution adoptée invite de Directeur général de l’OMS à créer une Commission mondiale pour la santé des femmes qui aura pour tâche d’établir un programme d’action et de sensibilisation des décideurs.

1.5.3. UNICEF

250 Le suivi de la mise en œuvre de la Convention des droits de l’enfant et du Plan d’action qui avait été adopté lors du Sommet mondial pour les enfants ont été au centre des activités de l’UNICEF durant la période passé en revue. Les efforts conjoints de l’UNICEF et de l’OMS dans le domaine de la vaccination des enfants et de la promotion de l’allaitement maternel se sont poursuivis. La Suisse se prépare à ratifier la Convention des droits de l’enfant (après 123 autres pays).

251 Le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF) a été créé en 1947. La Suisse est membre du Conseil d’Administration depuis cette date. L’UNICEF déploie ses activités dans plus de 120 pays (voir encadré sur la structure de l’Organisation). Dans les années 80, l’UNICEF avait lancé des appels en faveur d’un ajustement structurel à visage humain, pour que l’ajustement structurel ne se fasse pas au détriment des couches de population les plus pauvres. Les activités récentes du Fonds se sont concentrées sur les domaines de la santé maternelle et celle des enfants, de la nutrition et de l’éducation (en collaboration avec l’UNESCO).

252 Deux points ont été notamment à l’ordre du jour de la session du Conseil d’administration qui s’est déroulé du 15 au 26 juin 1992 à New York, soit l’examen de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la réalisation du Plan d’action adopté en 1990 lors du Sommet mondial pour les enfants. Ce plan d’action s’était fixé pour objectif d’ici l’an 2000 la réduction d’un tiers de la mortalité des enfants de moins de 5 ans, la réduction de moitié de la malnutrition dans cette même classe d’âge, l’accès à la planification familiale pour tous les couples, l’accès à l’eau salubre et l’alphabétisation. Chaque pays doit établir un Plan d’action national en

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faveur des enfants pour la réalisation des objectifs du Sommet (la Suisse doit encore établir ce Plan). l’UNICEF constate qu’il y a dans beaucoup de pays un large fossé entre les promesses formulées dans les Plans d’action et les moyens financiers (nettement insuffisants) mobilisés dans ce but.

253 Le Conseil d’administration s’est aussi penché sur les moyens d’améliorer l’efficacité à long terme des activités de l’UNICEF. L’Organisation devrait ainsi mieux concentrer son travail sur les domaines spécifiques à son mandat et renforcer les capacités nationales des pays receveurs (cela sur proposition de la Suisse). Une priorité devrait être accordée d’une part à l’Afrique et aux PMA. Le soutien des centres de santé de base en Afrique s’opère notamment par le biais de l’Initiative de Bamako, lancée en 1987 par l’UNICEF, qui vise une protection sanitaire globale pour ce continent. L’initiative encourage les communautés locales à prendre en charge administrativement et financièrement la santé de la population.

254 Un renforcement des activités en Europe orientale et dans la CEI a été décidé d’autre part par le Conseil d’administration, malgré l’inquiétude de certains pays en développement qui craignent que cela s’opère au dépend des pays du Sud. Ces activités devront être financées par des contributions spéciales (et non par le budget général de l’UNICEF).

255 L’UNICEF souhaite que l’aide internationale se concentre beaucoup plus sur le développement social au bénéfice des plus pauvres. Le Rapport 1992 de l’UNICEF donne des indications, pour 12 pays industrialisés, sur la part de toute l’aide au développement consacrée aux besoins considérés comme essentiels : soins de santé primaires, enseignement primaire et secondaire, planification familiale, approvisionnement en eau et assainissement dans les zones rurales. Cette part est en moyenne de 9,3 %, avec en tête la Suisse (15,8 %), puis les Pays-Bas (13,6 %), le Danemark (11,7 %), l’Allemagne (11,4 %), la France (9,8 %), le Royaume-Uni (9,1 %), la Finlande (8 %), les USA (7,9 %), l’Australie (7,7 %), la Suède (7,2 %), le Canada (5,2 %),

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l’Italie (4 %). Si l’on considère l’aide bilatérale et multilatérale de tous les pays donateurs, seuls 1,5 % de l’aide est destinée aux soins de santé primaires et 0,5 % à renseignement primaire, alors même que l’investissement dans la formation de base devrait considéré selon la Banque Mondiale et l’UNESCO comme étant prioritaire. Les systèmes de soins de santé primaires efficaces pourraient prévenir ou traiter le 80 % des maladies, des cas de malnutrition et des décès précoces dans les pays en développement22.

Convention des droits de l’enfant

256 La Convention relative aux droits de l’enfant a été adoptée par les Nations-Unies en 1989, après 10 ans de consultations. Les 54 articles de la Convention énoncent des normes minimales de protection de la vie et de la santé des personnes âgées de moins de 18 ans. Les droits à une alimentation saine, à un logement décent, à des soins médicaux et à l’éducation devraient être reconnus. Les enfants devraient aussi être protégés contre l’exploitation au travail, contre les mauvais traitements physiques et sexuels, ainsi que contre les effets de la guerre. La vie et le développement normal de l’enfant devraient être une priorité absolue dans les préoccupations de la société.

257 Certaines dispositions avaient été jugées insatisfaisantes parles Organisations non gouvernementales : selon les textes adoptés, la participation active à des conflits armés est autorisée dès 15 ans au lieu des 18 ans souhaités par certains pays, l’interdiction de l’expérimentation médicale sur des enfants n’est pas stipulée. Le Conseil de l’Europe prépare une Convention européenne plus sévère.

258 Les Etats qui ratifient la Convention doivent adapter les lois nationales en conséquence et informer les Nations Unies sur la manière dont ils appliquent les normes prévues. Jusqu’en octobre 1992, 124 pays ont signé et ratifié la Convention. 35 pays ne l’ont pas signée, dont l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Inde, les Etats-Unis (où existe la peine de mort contre les mineurs). 27 pays l’ont signée, mais pas encore ratifiée (dont le Japon, les Pays-Bas et la Suisse).

259 Une coordination d’organisations non gouvernementales s’était créée en Suisse en 1991 pour informer le public et les écoles de l’existence de cette Convention et pour faire pression sur le Conseil fédéral afin qu’il signe, ce qui a été fait entre-temps, et ratifie la Convention. Plusieurs obstacles s’opposaient à une ratification de la Suisse : droit d’acquisition de la nationalité (non reconnu pour un enfant né en Suisse de parents apatrides), droit au regroupement familial (non reconnu dans le statut de saisonnier) et droit à l’éducation (jusqu’à il y a peu de temps non reconnu aux enfants d’immigrés clandestins à l’école primaire). Le Conseil fédéral a ouvert en 1992 la procédure de consultation pour la ratification de la Convention.

Vaccination des enfants

260 Selon les évaluations de l’OMS, 4,3 millions d’enfants meurent chaque année par des infections respiratoires aiguës (pneumonie surtout), 840’000 décès sont dus à la rougeole et un million de personnes meurent en Afrique du paludisme. 116’000 cas de poliomyélite sont recensés chaque année.

261 Des campagnes de vaccination ont été entreprises dans beaucoup de pays, sous l’égide de l’OMS et de l’UNICEF (Programme élargi de vaccination). L’objectif d’un taux de couverture vaccinale de 80 % en moyenne pour 6 maladies constituant une cause

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majeure de mortalité des enfants a été atteint23, sauvant ainsi chaque année la vie de 3 millions d’enfants (ce taux se situait entre 10 et 20 % à la fin des années 70). Les buts sont actuellement de parvenir à un taux de couverture de 90 % dans toutes les provinces d’ici à l’an 2000 (éviter les disparités existantes selon la région), d’éliminer d’ici 1995 le tétanos néo-natal et la poliomyélite d’ici l’an 2000. L’intégration de nouveaux vaccins tel que celui contre l’hépatite B est aussi prévue. Le virus de l’hépatite B provoque plus de décès que le SIDA et 80 % des cancers du foie (chiffres OMS). Le vaccin autrefois très coûteux (110$) pourrait, grâce à la recombinaison génétique, ne revenir qu’à 1,5$. L’UNICEF estime que 5 à 6 millions de décès d’enfants par année pourraient être évités par la mise au point de nouveaux vaccins. Dans le but de combler le fossé entre les vaccins déjà techniquement faisables et les potentialités technologiques, l’OMS, le PNUD, l’UNICEF et la Banque mondiale ont lancé en 1990 « l’Initiative pour la vaccination des enfants », pour trouver de nouveaux vaccins peu coûteux contre le paludisme, les infections respiratoires, la méningite et d’autres maladies. Le but ultime serait la mise au point d’un « super vaccin », à injection unique et protégeant des principales maladies.

Allaitement maternel

262 L’OMS et l’UNICEF ont lancé en 1991 une nouvelle campagne pour combattre le regain de l’allaitement au biberon et attirer l’attention sur les dangers de l’utilisation d’eau insalubre, de préparations pour bébés trop diluées et de biberons non stérilisés. Le Code international de commercialisation des substituts de lait maternel, prévoyait l’interdiction de toute publicité publique et de distribution d’échantillons aux mères. La promotion publicitaire s’est alors concentrée sur le personnel de la santé et les maternités. Les Organisations non gouvernementales ont à maintes reprises dénoncés les violations du code. L’UNICEF et l’OMS ont maintenant édicté une Déclaration destinée aux professions de la santé des hôpitaux et maternités, intitulée « Dix conditions essentielles pour le succès de l’allaitement maternel ». Il faudrait selon ces recommandations encourager l’allaitement au sein exclusif pendant les 4 à 6 premiers mois (sauf indication médicale particulière).

Ressources financières

263 Le financement de l’UNICEF est assuré par les contributions volontaires des gouvernements (près de 80 % du budget) et les dons privés, récoltés par les comités nationaux pour l’UNICEF. Les pays en développement assurent le 5 %du financement direct du Fonds. De plus, le pays concerné par un programme prend à sa charge en moyenne 2,5 fois la contribution de l’UNICEF (transport, salaire du personnel local, bâtiments…). Les dépenses de l’UNICEF en 1991 pour les programmes dans 127 pays se sont élevées à 591 millions de dollars (sur des dépenses de 755 millions de $). 34 % des dépenses sont consacrées au secteur de la santé, 19 % pour les opérations d’urgence (en nette augmentation en 1991 et 1992), 15 % pour la planification, 12 % pour l’assainissement et la fourniture d’eau, 8 % pour l’éducation, 5 % pour la nutrition des enfants (7 % de divers).

264 Les contributions générales de la Confédération suisse à l’UNICEF se sont élevées à 18 millions de francs en 1991. De plus, la Suisse verse des contributions pour des projets spécifiques (aide associée), pour un montant de 8,9 millions de francs en 1991, ainsi que

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pour des actions humanitaires (4,1 millions de francs). Le Comité suisse pour l’UNICEF a en outre versé en 1991 le montant record de 20,2 millions de francs au siège de l’Organisation, grâce aux collectes auprès du public (campagnes Cambodge et enfants de la rue au Brésil) et aux ventes de produits (cartes de vœux…).

1.5.4. 26ème Conférence générale de l’UNESCO

265 Les activités de l’UNESCO portent sur l’éducation, les sciences exactes et naturelles, la culture et la communication, les sciences sociales. La Conférence générale de 1991 s’est déroulée dans une atmosphère plus sereine que les précédentes. Elle a été marquée par l’adoption du programme de travail pour les années 1992 et 1993 et d’une réforme du Conseil exécutif. La Suisse poursuit de l’intérieur son travail en faveur des réformes de l’Organisation.

266 La Conférence s’est déroulée à Paris du 15 octobre au 6 novembre 1991, avec la participation de délégués des 160 Etats membres. La délégation suisse était menée par l’ancien Directeur des Organisations internationales, Jean-Pierre Keusch, du Département fédéral des Affaires étrangères.

Réformes institutionnelles

267 L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) se trouvait dans une crise profonde depuis le début des années 80, crise culminant en 1984-85 lorsque les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Singapour avaient quitté l’Organisation. Le nouveau Directeur général élu en 1987, l’espagnol Federico Mayor, a entrepris un processus de réforme de l’UNESCO, visant notamment un retour à l’universalité.

268 La 26ème Conférence a approuvé la proposition japonaise visant à transformer le Conseil exécutif de l’UNESCO en un organe représentatif des pays membres. Le Conseil sera désormais composé de diplomates des pays et non plus de personnalités indépendantes. La création d’un Forum de réflexion aux côtés du Conseil Exécutif a été acceptée. Ce Forum composé de personnalités pourra renforcer la réflexion proprement intellectuelle et faire des propositions au Conseil Exécutif. La Suisse était favorable aux propositions japonaises.

269 Depuis le début des années 80, la Suisse demande une accélération des réformes, soit l’abandon des controverses idéologiques stériles, la concentration des activités sur un nombre plus restreint de programmes et une meilleure efficacité du secrétariat. Elle voulait appuyer ces réformes tout en restant à l’intérieur de l’Organisation, en exprimant son point de vue lors des interventions devant les Conférences et par sa participation au Conseil exécutif, dont elle était membre de 1987 à 1991.

270 Pour la Suisse, l’UNESCO doit concentrer ses activités sur des réalisations mobilisatrices et pratiques dans les domaines de l’alphabétisation, de la communication, de l’éducation à l’environnement, ainsi que de la coopération scientifique. Cela permettrait d’éviter une trop grande dispersion des ressources financières. Si les objectifs et les priorités ne sont pas encore définis de manière satisfaisante, les réformes vont cependant dans le sens de ce que la Suisse demandait.

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Programme d’activité 1992/93

271 Contrairement aux dernières Conférences où des questions politiques dominaient les débats, ceux-ci se sont concentrés en 1992 sur les réformes institutionnelles et surtout sur le programme des activités pour les années 1992 et 1993. Celui-ci prévoit une diminution du nombre de programmes et une augmentation du budget des activités prioritaires. Federico Mayor a proposé avec succès une concentration de l’action de l’UNESCO sur les PMA, sur l’Afrique et sur un groupe-cible : les femmes.

272 Communication : Les querelles idéologiques sur la notion d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication se trouvaient au début des années 80 au centre de la crise de l’UNESCO (voir Annuaires 91, 89 et 83). Le Programme s’était alors dirigé sur un appui technique pour le développement et la modernisation des infrastructures, ainsi que sur l’accroissement des compétences et capacités en matière de communication dans les pays en développement (PIDC, Programme international pour le développement de la communication, soutenu par la Suisse).

273 Culture : le Programme comprend notamment la sauvegarde du patrimoine culturel mondial (Angkor, Sri Lanka, Venise, Jérusalem…), la promotion du livre et la poursuite de l’élaboration des ouvrages sur l’histoire africaine. A la satisfaction de la Suisse, un rapport mondial devra être rédigé sur la culture et le développement.

274 Sciences exactes et naturelles : La Conférence a examiné le rôle que l’UNESCO pourrait jouer dans la préparation et le suivi de la Conférence de Rio sur l’environnement et le développement, comme conseiller pour les questions scientifiques et plus particulièrement dans les domaines de la biodiversité, l’éducation à l’environnement et les technologies respectueuses de l’environnement.

275 Lors des débats sur le Programme « La science pour le progrès de l’environnement », la Suisse a insisté d’une part sur l’importance de la formation permettant une meilleure connaissance de la biodiversité (taxonomie, écologie, génétique des populations). D’autre part, la Suisse a relevé l’importance de l’éducation et de l’information relative à la gestion des déchets industriels et ménagers (cours d’éducation à l’environnement dans les écoles, contacts avec les producteurs et décideurs…).

276 Sciences sociales : La proposition conjointe de la Suisse et de l’Espagne portant sur la création d’un Programme international en sciences sociales a été bien accueillie. Ce Programme pourrait renforcer la position des sciences sociales dans l’UNESCO et encourager la recherche dans ce domaine. Une étude de faisabilité en vue de la création de celui-ci va être entreprise.

277 La Suisse est représentée dans le Bureau International de l’Education, le Comité intergouvernemental de la Décennie mondiale du développement culturel et le Comité de la Campagne de sauvegarde des monuments de Nubie.

Situation financière

278 Le budget adopté pour les années 1992-93 s’élève à 444,7 millions de dollars. Le budget n’a plus connu de croissance réelle depuis la crise de 1984/85 (les USA représentaient le quart du financement de l’UNESCO). La situation financière reste préoccupante, d’autant plus que le 60 % des ressources sont consacrées au paiement des salaires de l’administration. Seuls 30 % des ressources peuvent effectivement être engagées pour

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les programmes. Les arriérés de contributions s’élevaient en octobre 1991 à 67 millions de dollars.

279 La Commission nationale suisse pour l’UNESCO est un organe d’information du public et de consultation pour préparer les interventions suisses auprès du siège de Paris. Elle est composée de 45 personnes issues des milieux de l’éducation, des sciences sociales ou naturelles et de la culture.

1.6. Agriculture/nutrition

1.6.1. FAO : 26ème Assemblée générale (1991)

280 Contrairement aux assemblées précédentes, la 26ème Conférence de la FAO, qui s’est tenue à Rome du 9 au 27 novembre 1991, s’est déroulée dans un climat plutôt serein. Le risque de voir l’aide au développement s’adresser désormais en premier lieu aux pays de l’ancien bloc de l’Est a relégué au second plan les discussions politiques sur l’orientation de la FAO, ainsi que les questions de budget et a incité les participants à trouver un consensus. Tel qu’il a été accepté, le budget ordinaire pour les deux années 1992 et 1993 ne dépasse pas la limite de 645,6 millions de dollars fixée par les Etats-Unis. Dans le cadre du processus de réforme de l’organisation, la Conférence a eu pour la première fois à examiner des plans à moyen terme sur l’organisation et sur le contenu du travail de la FAO pour les années 1992 à 1997. Le secrétariat, conduit par le directeur Edouard Saouma, a ainsi manifesté sa volonté de rendre l’organisation plus efficace, comme les pays industrialisés le demandent instamment depuis un certain temps.

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a été fondée en 1945 dans le but de résoudre les problèmes alimentaires de l’après- guerre dans les pays industrialisés. Au cours des décennies qui suivirent, la FAO est peu à peu devenue une organisation d’entraide qui lutte avant tout contre la faim et la pauvreté dans les pays en développement. Son effectif de 6000 personnes, fait de la FAO la plus grande des institutions spécialisées des Nations Unies. Son siège se trouve à Rome et son plus important bailleur de fonds sont les Etats-Unis. Depuis la nomination du Libanais Edouard Saouma au poste de directeur général, en 1975, ceux-ci ont souvent exprimé leur désaccord avec la politique de l’organisation en suspendant leurs versements. La Suisse est membre de la FAO depuis 1946 et elle siège au sein du Conseil selon le principe de rotation (elle y a exercé son dernier mandat entre 1986 et 1989). La Conférence est convoquée tous les deux ans, tandis que le Conseil se réunit une ou deux fois par année. L’organisation s’efforce de promouvoir une plus grande participation de la population rurale et, pour cela, elle a mis sur pied le « Plan d’action pour une plus grande participation de la population au développement agricole », qui a été adopté par l’Assemblée générale de 1991.

281 Au cours de la Conférence, les thèmes sont répartis en trois groupes correspondant à trois commissions : alimentation et agriculture (commission I), activités et budget ordinaire de la FAO (commission II) et questions juridiques et administratives (commission III).

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Agriculture et alimentation

282 A chacune de ses sessions, la Conférence examine un rapport sur la situation de l’agriculture et de l’alimentation, qui sert de base aux débats sur l’orientation à donner aux activités de la FAO. Pour la première fois depuis les années quatre-vingt, les estimations font état d’un recul de la production vivrière pour 1991. C’est la tendance à la détérioration de la production par habitant en Afrique qui suscite les préoccupations les plus vives. La FAO souhaite donc accorder une attention particulière à la sécurité alimentaire des couches de populations défavorisées dans le cadre des programmes d’ajustement structurels actuellement en cours. La Conférence de la FAO a exprimé sont désir de voir l’Uruguay Round du GATT se conclure dans un avenir proche et accorder un traitement de faveur aux pays en développement dans le domaine de l’agriculture.

La FAO et l’environnement

283 A l’avenir, la FAO souhaite orienter ses programmes et ses activités en tenant compte des objectifs d’un développement durable et respectueux de l’environnement. A ce sujet, la Conférence a examiné un rapport qui constituait également la contribution de la FAO à la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, tenue à Rio en juin 1992. L’organisation a été invitée à élaborer un concept pour un développement rural durable qui se répercutera également sur les programmes de la FAO. Celle-ci a donc aussi aborde avec sérieux le débat sur l’environnement et se voit chargée de résoudre le conflit entre agriculture et environnement en donnant la priorité à un développement durable.

284 Les milieux écologistes reprochent aux programmes de la FAO de détruire pour moderniser l’agriculture détruisent des structures sociales ainsi que l’environnement. Selon eux, l’orientation de la production agricole vers l’exportation néglige par trop la priorité qu’est l’auto-approvisionnement des pays en développement. La politique de la révolution verte, qui va de pair avec un emploi massif d’engrais chimiques, de pesticides et de semences hautement sélectionnées, aurait forcé nombre de petits agriculteurs à quitter leurs terres et aurait causé de nombreux dommages à l’environnement. Ces reproche sont notamment été formulés dans la publication écologiste britannique « The Ecologist » (numéro de mars/avril 1991).

285 La Conférence a souligné à quel point il est nécessaire que la stratégie visant à atteindre une agriculture et un développement rural durables réponde simultanément aux trois grandes exigences que sont la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et la préservation des ressources naturelles. Elle reconnaît ainsi implicitement la polyvalence de l’agriculture. Le succès de cette stratégie repose entre autres sur un renforcement de la coopération régionale et sur la participation de la population. Dans ce cadre, l’intégration des femmes revêt une importance décisive. Elle compte parmi les six priorités du programme de travail que l’organisation a adopté pour la période 1992-1993. Selon la Conférence de la FAO, tous ces efforts devraient être regroupés au sein d’un « Programme cadre de coopération pour l’agriculture et le développement rural durables ».

286 La Suisse soutient les efforts de la FAO pour développer une agriculture respectueuse de l’environnement. Elle souhaite notamment que les priorités soient clairement définies dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie efficace et plaide pour un

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renforcement du personnel dans ce domaine. La délégation suisse estime en particulier que la FAO doit assumer un rôle important pour évaluer dans quelle mesure le plan d’action adopté par la Conférence de Rio respecte les objectifs agricoles. L’agriculture étant polyvalente, il lui appartient d’assurer – outre la production vivrière – la préservation de l’environnement, ainsi que d’autres tâches qui varient selon les régions.

Programme de travail et budget 1992-1993

287 La FAO est dotée d’un programme de travail ordinaire, financé par les contributions obligatoires des membres, et gère un programme de terrain alimenté par des contributions volontaires, un programme de coopération technique, ainsi que des programmes spéciaux. Pour les années 1992 et 1993, le nombre des activités de la FAO a de nouveau été étendu, ce qui a soulevé de sévères réprobations de la part de divers pays, car cette extension s’oppose à la volonté de concentrer les efforts de l’organisation dans les domaines prioritaires, volonté qui est inscrite dans le nouveau plan de travail à moyen terme. La Suisse s’est montrée très critique envers un nouvel élargissement des activités de la FAO. Au cours de l’Assemblée générale, elle s’est une fois de plus prononcée en faveur d’une concentration dans les domaines prioritaires. Selon la délégation suisse, la FAO pourrait par ailleurs confier plus de projets d’entraide directe à des organisations privées pour se consacrer avant tout à l’analyse et aux conseils en matière de politiques agricoles.

288 Une part importante de la Conférence est régulièrement consacrée à l’adoption du budget biennal de l’organisation, car l’on s’efforce de parvenir à un consensus entre la croissance réelle zéro du budget (souhait des pays industrialisés) et l’accroissement des finances de la FAO (désir des pays en développement et du secrétariat). Les grands bailleurs de fonds de l’organisation que sont les Etats-Unis et le Japon – ils couvrent 38 % du budget ordinaire de la FAO – ont beaucoup de retard dans leurs versements, ce qui est l’une des causes des crises financières incessantes que traverse la FAO. En 1991, le directeur général a même emprunté des fonds sur le marché des capitaux pour faire temporairement face à un manque de liquidités. Des retards de paiement correspondant aux contributions de trois années (300 %) impliquent automatiquement la perte du droit de vote et de la qualité de membre. En 1991, les arriérés des Etats-Unis se montaient à 280 %, une situation qui a rendu inévitable l’adoption d’un budget à croissance réelle zéro, sans quoi les Etats-Unis auraient été exclus du Conseil de la FAO ou seraient partis de leur plein gré.

289 Le budget ordinaire pour 1992/1993 a été adopté par consensus et il ne dépasse pas la limite de 645,6 millions de dollars fixée par les Etats-Unis ; selon les comptes de la FAO, ce montant correspond à une croissance nulle en termes réels. Les contributions obligatoires vont s’accroître en raison de l’augmentation du fonds de roulement (+5 millions de dollars) et du compte de réserve spécial (+28 millions de dollars). Pour ce qui est des ressources extraordinaires consacrées au financement des activités sur le terrain, la FAO escompte percevoir 880 millions de dollars pour 1992 et 1993 (dont des contributions du PNUD, ainsi que des versements spéciaux de pays donateurs). Pour cette période, la FAO compte donc disposer de quelque 1,5 milliard de dollars. La contribution ordinaire de la Suisse se monte actuellement à 4 millions de dollars par an.

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Processus de réforme

290 Depuis plusieurs années, les pays membres les plus riches exigent des réformes. Ils prônent notamment la concentration des activités sur des domaines prioritaires, une plus grande discipline interne dans les dépenses et une meilleure transparence dans les prises de décisions et dans la politique personnelle du directeur général. Mais la réalisation des réformes ne va pas sans mal. Le secrétariat fait dépendre ses efforts de réforme d’un accroissement des ressources financières, accroissement auquel s’opposent les pays industrialisés.

291 La Suisse s’est prononcée pour un nouveau resserrement des activités de la FAO et pour un meilleur partage du travail avec d’autres organisations internationales, telles que le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). La répartition des compétences entre la FAO et ces organisations donne en effet lieu à des frictions. La Suisse a plaidé en faveur d’une concentration des forces et d’une croissance réelle zéro du budget.

292 Le plan de travail à moyen terme (1992-1997) constitue pour l’heure le résultat le plus marquant des efforts de réforme de la FAO. Ce plan prévoit que l’organisation concentrera ses forces sur des domaines offrant des avantages comparatifs. Il comprend les cinq priorités suivantes : développement durable et environnement ; service de conseils en matière de politique agricole ; développement des ressources humaines, femmes et développement ; coopération économique et technique entre les pays en développement. Au cours de l’Assemblée générale, d’aucuns ont déploré que l’on n’ait quantifié ni les besoins de fonds ni leur attribution aux différents domaines. Le plan à moyen terme devrait être réexaminé tous les deux ans et reconduit pour les deux années suivantes (planification continue).

Préservation des ressources phytogénétiques

293 Le matériel phytogénétique revêt une grande importance pour l’agriculture en général. La FAO souhaite garantir le libre accès au matériel phytogénétique et protéger dans le même temps les ressources phytogénétiques. Une commission et un fonds volontaire ont été créés dans cet objectif. Ils fonctionnent conformément à l’« Engagement international sur les ressources phytogénétiques ». Ce thème occupe une place prépondérante dans les relations Nord-Sud. En effet, la majorité du matériel phytogénétique provient de plantes sauvages et d’anciennes plantes de culture du Sud, tandis que la recherche et le développement de ce matériel s’effectuent principalement dans le Nord. La biodiversité ayant été inscrite à l’ordre du jour du Sommet de Rio en juin 1992, la Conférence de la FAO de novembre 1991 a adopté dans ce domaine une attitude attentiste.

294 La Suisse a salué la fondation d’un institut international pour les ressources phytogénétiques et a signé en septembre 1991 l’acte de fondation de cet institut qui a son siège à Rome. L’Institut a pour tâche de coordonner et de soutenir les efforts visant à préserver la diversité génétique du monde végétal. Il collabore étroitement avec la commission de la FAO mentionnée ci-dessus.

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Code des pesticides

295 Lors de la Conférence de 1989, les pays membres ont inscrit le principe de l’information et du consentement préalables (ICP) dans le Code des pesticides volontaire adopté en 1985. Selon ce principe, des pesticides dangereux ne peuvent être exportés que lorsque le pays destinataire en a autorisé l’importation. La FAO a été chargée d’assurer la mise en pratique de l’ICP, en collaboration avec le PNUE. Une liste des pesticides dangereux ayant été établie et le mode de fonctionnement de l’ICP défini, le principe est appliqué dans la pratique depuis le début de 1992. Les pays en développement souhaitent transformer ce code volontaire – y compris l’ICP – en une convention ayant force de loi. Lors de la Conférence de 1991, la majorité des membres ont cependant jugé qu’il était encore trop tôt pour franchir ce pas, tout en étant conscients qu’un code des pesticides contraignant contribuerait grandement à encourager une agriculture écologique et durable. Divers membres en ont appelé à la FAO d’accroître ses activités dans le domaine de la protection intégrée des végétaux et de promouvoir des solutions pour remplacer l’utilisation des pesticides. De l’avis de la Suisse, on devrait dans un premier temps appliquer le Code des pesticides sur une base volontaire, ce qui permettrait de réunir des expériences pratiques. De plus, les pays en développement devraient pouvoir compter sur un soutien technique pour pouvoir appliquer le Code des pesticides.

La CE : membre à part entière

296 Jusqu’à la Conférence de 1991, la FAO comptait 157 pays membres. L’admission de la Communauté européenne est une nouveauté, car c’est la première fois qu’une organisation régionale devient membre d’une institution des Nations unies. Cette décision s’imposait : les pays de la CE ayant délégué une part de leurs compétences dans divers domaines politiques (commerce, agriculture, pêche, environnement et développement) à la Commission européenne, ils ont sensiblement réduit leur pouvoir de décision au sein de la FAO. L’admission de la CE s’est faite grâce à une révision des statuts, qui permettra à l’avenir à d’autres organisations régionales de devenir membres de la FAO. Les différents pays concernés délèguent à la Commission de la CE leur droit de vote, ainsi que la compétence de prendre position, de prendre des décisions et de conclure des contrats. La délimitation exacte des compétences de l’organisation doit être présentée en même temps que la demande d’admission à la FAO.

Programme alimentaire mondial de l’ONU/PAM

297 Le Programme alimentaire mondial (PAM) a été fondé en 1963 dans le but de mettre sur pied des projets et de faire appel à l’aide humanitaire pour garantir durablement la sécurité alimentaire de la population mondiale, en utilisant avant tout les excédents agricoles. Le PAM est géré conjointement par l’ONU et la FAO et a également son siège à Rome. Il s’efforce cependant d’acquérir une plus grande indépendance administrative à l’égard de la FAO. Le budget du PAM est soumis au règlement financier de la FAO, mais la Conférence de 1991 de la FAO a transféré au directeur du PAM la responsabilité en matière d’utilisation des fonds et élargi ses compétences. Jusqu’alors, l’octroi d’une aide alimentaire d’urgence relevait en dernier ressort du directeur général de la FAO.

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1.7. Industrialisation

1.7.1. Quatrième conférence générale de l’ONUDI

298 N’étant pas parvenue à s’imposer dans le domaine de la coopération technique industrielle et à proposer une stratégie précise pour le développement industriel dans les pays du Tiers Monde, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel, ONUDI, est toujours à la recherche d’une identité propre. Les problèmes de financement et de gestion de l’organisation dirigée par Domingo Siazon sont à nouveau apparus au grand jour lors de la quatrième Conférence générale, qui s’est tenue à Vienne du 18 au 22 novembre 1991 et dont l’ordre du jour ne comptait pas moins de quarante points. Les décisions relatives à la réorganisation des structures de l’ONUDI – concentration des départements et des activités en faveur des domaines prioritaires de l’industrialisation – ont été reportées à la cinquième session de la Conférence. La Suisse trouve que le fonctionnement de l’ONUDI est par trop pesant et que l’organisation manque ainsi d’efficacité ; elle s’engage donc en faveur de réformes.

L’ONUDI a été créée en 1966 par une décision de l’Assemblée générale de l’ONU suite à une demande des pays en développement. Elle a commencé ses travaux en 1967, remplaçant ainsi la Commission des Nations unies pour le développement industriel mise en place en 1960 dans le cadre du PNUD et qui était directement soumise à l’Assemblée générale. En 1986, l’ONUDI est devenue une institution spécialisée de l’ONU avec statut autonome ; son siège est à Vienne. Depuis lors, son organe suprême est la Conférence générale des Etats membres, qui se réunit tous les deux ans. Elle élit le Conseil de l’ONUDI. Depuis 1986, c’est Domingo Siazon (Philippines) qui est directeur général de l’ONUDI. Le budget est alimenté par les contributions des pays membres et par des versements du PNUD. Conformément à son plan à moyen terme, l’ONUDI déploie principalement ses activités dans les cinq domaines suivants : encouragement des ressources humaines, réhabilitation d’entreprises industrielles et encouragement des petites et moyennes entreprises, énergie et environne ment, transfert de technologie, promotion des investissements. La deuxième Conférence générale de l’ONUDI, qui s’est tenue à Lima en 1975, avait décidé que la part des pays en développement à la production industrielle devait passer de 9 % à 25 % jusqu’en l’an 2000 (objectif de Lima). En ce début des années nonante, cette part stagne aux environs de 14 %. La Suisse est membre de l’ONUDI et, en alternance avec l’Autriche, elle siège au Conseil de développement industriel et au Comité du programme et du budget selon le principe de rotation.

299 Depuis qu’elle est devenue une institution spécialisée indépendante, l’ONUDI est en quête de son identité. De plus, elle est confrontée à des problèmes de financement et de direction. Suite au passage à l’économie de marché des pays d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que de l’ex-Union soviétique, la concurrence est plus vive entre les pays qui cherchent à attirer les investissements étrangers ainsi que l’aide publique au développement.

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Budget 1992-1993

300 Une part importante des débats de la Conférence générale a été consacrée au programme et au budget. Faute de consensus, le budget de 180 millions de dollars prévu pour 1992-1993 – accepté sans opposition par le Conseil de développement industriel – a dû faire l’objet d’un vote à la Conférence générale. Quelques pays latino- américains se sont opposés à ce budget (Mexique) ou se sont abstenus de voter (Chili et Brésil) pour exprimer leur désapprobation face au budget consacré à l’informatisation. Le montant du budget représente une croissance nominale de 20 % par rapport au précédent (150 millions de dollars pour 1990-1991, 120 millions pour 1988-1989).

301 Au cours du débat portant sur le budget, les pays en développement ont fait part de leur crainte de voir les flux de financement se réorienter vers les pays de l’ancien bloc de l’Est au détriment de leur propre développement industriel.

Contributions de la Suisse

302 La contribution annuelle suisse à l’ONUDI se monte à 1,5 millions de francs pour 1991 et à 1,7 millions pour 1992. Outre ces contributions régulières, la DDA (Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire) a alloué 5 millions de francs au Fonds pour le développement industriel destiné à financer des projets concrets qui s’étendent sur plusieurs années. Sur ce montant global, 1,5 millions de francs ont été versés en 1991. Le même montant a été accordé au Fonds en 1991 par l’Office fédéral des affaires économiques extérieures. La Confédération accorde en outre des contributions régulières au bureau de l’ONUDI installé à Zurich, en lui versant quelque 1,4 millions de francs chaque année.

Dette extérieure et développement industriel

303 Nul n’ignore l’effet néfaste de l’endettement sur le développement industriel. Les pays en développement estiment que l’ONUDI a un grand rôle à jouer dans la résolution de ce problème complexe, tandis que les pays industrialisés – dont notamment la Suisse – jugent que l’ONUDI ne constitue pas le cadre approprié pour évoquer cette problématique. A leurs yeux, le débat sur l’endettement et le développement doit se tenir dans le cadre de la CNUCED et des institutions internationales (FMI, Banque mondiale). De concert avec les Etats-Unis et le Japon, la Suisse a invité l’ONUDI à se consacrer essentiellement à sa tâche, c’est-à-dire à l’industrialisation des pays en développement.

Activités sous mandat

304 Divers pays industrialisés et en développement ont conclu des contrats de mandat avec l’ONUDI, par l’intermédiaire desquels ils financent des projets dans des pays en développement. L’ONUDI gère des fonds spéciaux à cet effet. Des entreprises dans les pays en développement mettent sur pied ce que l’on appelle des « self-financing projects », qu’elles planifient en consultant directement l’ONUDI et qui sont financés par ces fonds spéciaux. Ces activités comprennent par exemple des études de faisabilité, des conseils en matière de gestion, la commercialisation de produits, l’achat d’équipements, pour lesquels l’ONUDI sert de médiateur. Aux yeux des pays industrialisés, les principes régissant ces activités sous mandat sont trop vagues. Dans

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une proposition, la Suisse a exigé que tous les projets financés par les fonds de mandat soient tous évalués selon les mêmes critères, des critères qui sont également valables au sein de l’ONUDI. Ce système permettrait d’assurer une plus grande transparence et un meilleur contrôle. Cette évaluation ne devrait cependant pas relever de la seule compétence de la section chargée des projets sous mandat, mais devrait au contraire – toujours selon la proposition présentée – suivre la procédure d’évaluation ordinaire de l’ONUDI et remplir tous les critères de l’organisation. Le Conseil de l’ONUDI a été chargé de revoir les principes régissant les projets sous mandat et de présenter le résultat de ses travaux à la prochaine Conférence générale.

Programmes spéciaux

305 Dans un rapport, l’ONUDI fait part de son inquiétude de voir l’industrialisation n’avancer que très lentement, voire de piétiner, dans les pays les moins développés. L’ONUDI souhaite donc accorder une attention particulière à ces pays dans ses projets futurs. La Conférence générale a approuvé un plan d’action en faveur de l’industrialisation des pays les moins développés.

306 L’ONUDI gère des programmes spéciaux à l’échelon régional pour encourager le développement industriel en Asie, en Afrique, en Amérique latine, dans les Caraïbes, ainsi que dans les pays arabes. Ces programmes doivent s’harmoniser avec le Programme des Nations unies pour le développement, qui encourage également l’industrialisation au niveau régional. La troisième Conférence générale avait proclamé en 1989 une deuxième décennie industrielle pour l’Afrique. L’Assemblée générale des Nations unies de 1990 a de son côté également déclaré que les années 1990 à 2000 seraient la deuxième décennie de développement pour l’Afrique. Il faut savoir que la première décennie (1980 à 1990) n’a pas engendré de progrès notoires. La Suisse s’est montrée sceptique face à cette deuxième décennie pour l’Afrique. Elle souhaite par contre que l’on améliore la qualité des projets et estime qu’il importe d’analyser avec soin les divers impacts industriels concrets des projets et des programmes.

307 L’ONUDI se trouve face à un choix fondamental dans le domaine du développement : faut-il encourager en priorité les projets et les programmes mis en place dans les pays et les régions où les chances de succès économique sont les plus grandes ou bien s’agit- il d’accorder là priorité aux pays industriellement les moins avancés ? La Conférence générale dont nous traitons ici a souligné l’importance que revêt l’encouragement de l’industrialisation en Afrique. Elle a adopté le programme de la deuxième décennie pour l’Afrique lancée lors de la troisième Conférence générale en 1989 et l’a déclaré programme prioritaire de l’ONUDI. Le Secrétariat a été chargé de coordonner ses efforts avec les activités d’autres programmes spéciaux pour l’Afrique des institutions onusiennes et de la Banque mondiale. La cinquième Conférence générale de l’ONUDI se tiendra en 1993, probablement en Afrique, à Yaoundé (Cameroun).

Investissements directs

308 La Conférence générale de l’ONU Dl se préoccupe de la réduction de la part des pays en développement aux investissements mondiaux. Pour remédier à cette situation, L’ONUDI a ouvert des bureaux pour encourager les investissements dans divers pays, mais d’autres efforts devront encore être consentis. Avant toute chose, l’ONUDI souhaite dresser la liste des instruments qui pourront améliorer et mieux cibler la

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promotion des investissements privés. L’accent sera notamment mis sur l’encouragement aux petites et moyennes entreprises.

Processus de réforme

309 La Suisse soutient le processus de réforme de l’organisation exigé par de nombreux pays membres. L’ONUDI doit en particulier améliorer sa direction et s’atteler à sa tâche essentielle, négligée jusqu’ici, de proposer des stratégies globales pour le développement industriel.

310 Au sein de l’organisation, il s’agirait de réduire de cinq à trois le nombre des départements et des directeurs généraux qui les président. La décision relative à cette restructuration a cependant été reportée à la cinquième Conférence générale et le Conseil de l’ONUDI a été chargé de réunir toutes les données nécessaires pour qu’elle puisse être prise en connaissance de cause.

311 Dans une résolution soumise à la Conférence, la Suisse a entre autres recommandé que l’ordre du jour de la prochaine Conférence générale ne compte plus que les cinq principaux thèmes du plan à moyen terme et que les résultats de la Conférence soient consignés dans un document final. Cette façon de procéder permettrait, selon la délégation suisse, de travailler plus efficacement dans des domaines prioritaires clairement définis.

Autres thèmes/Résolutions

• Il importe d’améliorer la représentation des femmes au sein de l’ONUDI. En effet, sur 129 haut fonctionnaires, seuls 7 sont des femmes (5,4 %). La proportion de femmes dans les postes impliquant un pouvoir de décision devrait passer à 30 % jusqu’en 1995. Conformément au plan d’action adoptée par la troisième Conférence générale, la participation des femmes doit être encouragée à tous les échelons des projets et des programmes. • L’ONUDI accorde un soutien technique au peuple palestinien pour encourager son développement industriel, même dans les territoires occupés par Israël. Une résolution demande par ailleurs la levée des restrictions israéliennes envers la Palestine. • Pour ce qui est de la promotion des ressources humaines, il importe de favoriser l’échange Sud-Sud de connaissances et d’expériences dans le cadre du processus d’industrialisation.

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Secrétariat de la FAO.

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Office fédéral des affaires économiques extérieures.

NZZ, 19.11.1991.

NOTES

1. Les chiffres de ce chapitre sont tirés – sauf indication contraire – des renseignements donnés par la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son 62ème rapport annuel, Bâle, 15 juin 1992. 2. Les chiffres de ce chapitre sont tirés – sauf indication contraire – des renseignements donnés par la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son 62ème rapport annuel, Bâle, 15 juin 1992. 3. Le message et le débat parlementaire relatifs au crédit de programme ont été présentés en détail dans l’Annuaire 1992. 4. Kurswechsel (« Changement de cap »), publié avant la CNUED sous la direction de l’industriel suisse Stephan Schmidheiny. 5. Conférence de presse à Washington et discours d’Otto Stich présentés dans le Tages-Anzeiger du 25.9.1992. 6. Strukturreforrnen für die Schweiz (Réformes structurelles pour la Suisse), par Ebenezer Mireku, Ghana, publié par la Communauté de travail Swissaid/ Action de Carême/ Pain pour le Prochain/ Helvetas/ Caritas, Berne/Washington, document i3m, septembre 1992. 7. Le message du Conseil fédéral sur l’adhésion de la Suisse au FMI et au groupe de la Banque mondiale, ainsi que les arguments des comités référendaires, ont été discutés dans l’Annuaire 1992, chapitre 2.6 de la revue. Les institutions de Bretton Woods ainsi que les positions adoptées par la Confédération, les organisations de développement, les banques et l’économie, font l’objet d’une série d’articles dans l’Annuaire 1991. 8. Voir aussi les arguments du groupe de travail « Ajustement structurel et femmes » publiés dans : Von der Vernicht(s)ung der Frauen – Zur Wirtschaftspolitik und -théorie von IWF und Weltbank, Berne, 1992. Cette étude témoigne du rôle essentiel que joue la femme dans le développement économique et démontre que ce rôle a longtemps été ignoré par le FMI et la Banque mondiale. 9. Rapport sur la politique économique extérieure 91/1+2, 15 janvier 1992, p. 70. 10. Chiffres tirés de : Marchés tropicaux, 21 août 1992 11. CNUCED, Rapport du Conseil du commerce et du développement, 21 avril au 7 mai 1992, p. 11.

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12. Marchés tropicaux 10.7.1992, p. 1861, 4.9.1992. 13. Max Havelaar était le nom d’un hollandais fonctionnaire en Indonésie, qui avait dénoncé au 19ème siècle l’oppression dans la colonie de Java. La Fondation suisse portant ce nom a été créée à Bâle par Action de carême, Caritas, l’Entraide Protestante, Helvetas, Pain pour le prochain, Swissaid, avec l’appui des Magasins du Monde. 14. Les mesures de sauvegardes permettent à un Etat de limiter temporairement ses importations (par des droits de douanes ou des restrictions quantitatives) pour préserver un secteur d’activité national face à une hausse inattendue des importations qui serait provoquée par le processus de libéralisation. 15. Page 27 du Projet d’Acte final, résumé pour la presse. 16. Page 21 du Projet d’Acte final, résumé pour la presse. 17. Voir aussi le dossier de l’Annuaire Suisse Tiers Monde 1992 sur les enjeux et la préparation de la Conférence de Rio. 18. Brundtland G. H., Notre avenir à tous, 1988, Commission Mondiale sur l’Environnement, Ed. du Fleuve, Montréal, p. XX. 19. Les chiffres sont tirés de : CNUED, Guide de l’Agenda 21, Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1992. 20. Principe 2 de la Déclaration de Rio, dans : Marchés tropicaux du 26.6.1992. 21. Changer de cap, par Stephan Schmidheiny, en collaboration avec le BCSD, Paris, Dunod, 1992. 22. UNICEF, La situation des enfants dans le monde 1992, New York, Genève, 1991, p. 39 et 42. Les parts sont calculées sur la base des données de l’OCDE, de la Banque Mondiale et du PNUD. 23. Tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite et rougeole.

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II. Politique intérieure et extérieure

3.1. Politique d’asile

1 En réaction à l’accroissement – continuel depuis le début des années quatre-vingt – des flux de réfugiés et d’émigrés qui quittent les pays du Tiers Monde et d’Europe de l’Est pour rejoindre les pays occidentaux industrialisés, la politique d’asile et son application se font toujours plus restrictives dans les pays d’accueil. La loi fédérale de 1979 sur l’asile a déjà fait l’objet de trois révisions et une quatrième version est en préparation. En Suisse comme ailleurs, la xénophobie devient toujours plus manifeste et ses causes ne relèvent pas de la seule augmentation du nombre de requérants d’asile, mais aussi du climat d’insécurité qu’engendre la récession qui frappe le pays. En 1991, le nombre des demandeurs d’asile a une fois de plus enregistré une forte hausse, mais au cours du premier semestre 1992, les demandes ont sensiblement diminué par rapport à la même période de l’année précédente. La Commission de recours en matière d’asile, mise sur pied pour décharger le DFJP, a commencé ses travaux en avril 1992.

2 En 1991, 41’629 demandes d’asile – un nouveau record – ont été déposées en Suisse, soit 16 % de plus que l’année précédente. Comme le montre le tableau, le taux d’accroissement du nombre de demandes a cependant sensiblement diminué (de 50 % par rapport à 1990). Un tiers environ de toutes les requêtes proviennent de réfugiés de l’ancienne Yougoslavie ; par ordre décroissant du nombre de requérants viennent ensuite le Sri Lanka (17,7 %), la Turquie (10,4 %) et la Roumanie (6,4 %). Sur les 29’468 procédures d’asile traitées, 25’810 ont débouché sur une décision de renvoi. 17’492 personnes ont obtenu une autorisation de séjour ou alors leur présence est toléré. L’asile a été accordé à 1’158 personnes, ce qui correspond à un taux d’acceptation de 3 %. Afin 1991, 108’029 personnes jouissaient d’une autorisation de séjour à titre de requérant d’asile. A la même période, 61’691 requêtes étaient encore pendantes. Le nombre des requêtes a toutefois commencé à diminuer au cours du premier semestre de 1992. De janvier à fin août 1992, 12’739 personnes ont ainsi déposé une demande d’asile en Suisse, contre 28’530 pour la même période de l’année précédente. Pendant cette période-là, les réfugiés en provenance de l’ex-Yougoslavie ont également représenté environ un tiers de toutes les demandes.

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3 En 1991, le taux moyen d’acceptation est tombé de 4,9 à 3 %. Voici ses valeurs pour les principaux pays d’origine des requérants : Yougoslavie 2,1 % (6,5 %), Roumanie 0,3 (5,7), Sri Lanka 3,5 (5,7), Turquie 7,2 (4,1).

Tableau No 10. Demandes d’asile 1981-1991

Sources : Office fédéral des réfugiés.

4 Par rapport aux proportions enregistrées dans d’autres pays européens, la part des requérants d’asile au sein de la population suisse (690 pour 100’000 habitants en 1991) est relativement élevée. En 1991, cette part était de 346 en Autriche, de 332 en Allemagne, de 88 en France et de 47 en Italie. La révision de la loi sur l’asile a sensiblement accéléré la procédure en première instance. Dans la grande majorité des cas traités, elle n’a pas dépassé six mois.

5 Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’en 1992 quelque 18 millions de personnes ont fui vers un pays étranger. A celles-ci viennent s’ajouter 20 millions de personnes environ qui ont cherché refuge à l’intérieur de leur propre pays. Seule une minorité des habitants du Sud tentent de se rendre dans les pays industrialisés, car le voyage coûte très cher. La majeure partie des migrations – plus de 80 % selon le DFAE, plus de 90 % selon le HCR – ont lieu dans les pays du Tiers Monde. Ce sont donc avant tout les pays en développement qui accueillent les foules de réfugiés provenant de pays voisins et qui leur offrent un abri à long terme dans des grands camps qui fonctionnent grâce à l’aide internationale.

Réfugiés de guerre de l’ancienne Yougoslavie

6 La guerre qui a éclaté en Yougoslavie a généré d’importants flux de réfugiés vers les autres pays d’Europe. Cette guerre a également surpris nombre de travailleurs

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yougoslaves en Suisse ; ne pouvant plus retourner dans les zones en conflit, nombre d’entre eux ont déposé une demande d’asile. De plus, la Suisse a accueilli 2’000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, qui sont venus avec les « trains de réfugiés ». Les chiffres officiels ne tiennent pas compte des quelque 70’000 personnes provenant des régions en guerre, qui sont venues en Suisse en tant que touristes et vivent chez des proches. La situation ne s’améliorant pas et le nombre de ces personnes allant croissant, il devenait urgent de réglementer le statut de tous les réfugiés yougoslaves en prolongeant leur autorisation de séjour. Une requête allant dans ce sens a été adressée au Gouvernement par diverses personnalités dans un « Appel public en faveur des victimes de la guerre dans l’ex-Yougoslavie » (30 juin 1992). Les auteurs de l’appel reprochent en particulier à la Suisse d’avoir introduit l’obligation de visa au moment où la guerre civile avait éclaté et prient le Conseil fédéral de supprimer cette exigence pour les réfugiés en provenance des zones de conflit en Yougoslavie.

7 Pour juger de la sécurité d’un pays, le Conseil fédéral se fonde sur le Pacte international sur les droits civils et politiques de 1966. La sécurité n’a pas besoin d’être absolue, mais doit être « suffisante », ce qui signifie concrètement que les ressortissants d’un pays disposent, en cas de persécution, de « possibilités de fuite à l’intérieur du pays ». L’article 16,2ème alinéa, de la loi sur l’asile prévoit que même les personnes provenant d’un « pays sûr » peuvent demander l’asile lorsque des indices de persécution apparaissent au cours de la – très brève – audition1. Malgré la situation explosive qui règne au Pendjab et au Cachemire, le Conseil fédéral considère ainsi l’Inde comme un « pays sûr », car les troubles ne secouent que des régions géographiquement limitées et que les personnes persécutées peuvent trouver refuge à l’intérieur du pays.

Les « pays sûrs » La troisième révision de la loi sur l’asile (1990) autorise le Conseil fédéral à tenir une liste des pays dont les habitants ne risquent pas – selon lui – d’être victimes de persécutions, c’est ce que l’on appelle les « pays sûrs » (« safe countries »). Les demandes d’asile présentées par les ressortissants de ces pays ne sont en général pas prises en considération et les requérants peuvent être renvoyés directement dans leur pays après une brève audition. Cette liste comprend les pays suivants : Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie (Décision du Conseil fédéral du 31.10.1990) Inde, Bulgarie (Décision du Conseil fédéral du 18.3.1991) Algérie (Décision du Conseil fédéral du 18.3.1991 ; en raison des troubles qui l’ont agitée, elle a été rayée de la liste par une décision du 19.2.1992) Angola, Roumanie (Décision du Conseil fédéral du 25.11.1991).

8 L’Office central suisse d’aide aux réfugiés et Amnesty International contestent cette distinction entre pays « sûrs » et « moins sûrs », car elle conduit à des décisions lapidaires. Dans le cas de l’Inde par exemple, l’appréciation du Conseil fédéral est en contradiction avec les rapports des organisations de défense des droits de l’homme. Selon Amnesty International, les droits de l’homme sont bafoués dans tout le pays (torture et décès en détention ; l’Inde n’a pas signé la Convention de l’ONU contre la torture ; en décembre 1966, le gouvernement indien a émis des réserves au sujet du Pacte international des droits civils et politiques et n’a pas signé son protocole additionnel). Depuis 1978, Amnesty International n’a plus obtenu l’autorisation de se rendre dans le pays et l’organisation fonde son rapport sur la situation des droits de

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l’homme dans ce pays sur des recherches menées par des privés en Inde, ainsi que sur les informations fournies dans les médias. Entre 1985 et 1991, l’organisation a ainsi dénombré 400 cas de décès causés par la torture, dont deux seulement font l’objet d’une enquête officielle. En mars 1992, Amnesty International a lancé une grande campagne contre la torture en Inde. A cette occasion, la section suisse de l’organisation a prié le Conseil fédéral de rayer l’Inde de la liste des « pays sûrs ».

Commission de recours en matière d’asile

9 Depuis avril 1992, c’est un tribunal spécial et indépendant de l’administration qui examine les recours déposés par les requérants d’asile contre des décisions de l’Office fédéral des réfugiés. Jusqu’alors ces actions étaient traitées par le Service des recours du DFJP. Lorsque la Commission de recours en matière d’asile a commencé ses travaux, 6’248 recours étaient en suspens. Pendant les cinq premiers mois de son existence, 8’174 nouveaux recours ont été déposés, dont la moitié par des ressortissants de l’ancienne Yougoslavie et de Turquie. La Commission a accepté 5 recours et elle en a rejeté 2’847. En 1991, le Service des recours du DFJP avait examiné un total de 18’159 recours, dont 73 ont été admis et 18’159 rejetés. Dans une première prise de position concernant les activités de la Commission de recours, l’Office central suisse d’aide aux réfugiés constate avec amertume que la Commission semble encore moins clémente que le service du DFJP.

Violence envers les étrangers/xénophobie

10 Au cours des années 1991 et 1992, les actes de violence perpétrés par des groupes d’extrême droite contre les foyers de requérants d’asile se sont multipliés en Suisse ; dans la plupart des cas il s’est agi d’incendies volontaires, de coups de feu tirés en direction des foyers, de dommages matériels et de menaces. Bilan de ces actes : nombre de blessés et un mort. En mars 1992, un inconnu a bouté le feu à un immeuble d’habitation à Bienne où logeaient plusieurs requérants d’asile ; six personnes ont été blessées et un ressortissant pakistanais est décédé des suites de ses blessures. Dans un rapport sur l’extrémisme en Suisse publié en mars 1992, le Conseil fédéral constate que les attentats qui visent principalement les requérants d’asile sont devenus plus ciblés et plus dangereux2.

11 En septembre 1992, le Conseil fédéral s’est déclaré prêt à mettre immédiatement sur pied une Commission fédérale contre le racisme. Il répondait ainsi à une requête présentée sous forme de postulat par la Commission des questions juridiques du Conseil national.

Politique migratoire intégrée

12 Le Mouvement pour une Suisse ouverte, démocratique et solidaire (MODS) a élaboré un projet de politique étrangère, d’asile et d’immigration intégrée. Sa publication a pour objectif de susciter un vaste débat sur les devoirs et l’attitude de la Suisse face aux mouvements migratoires mondiaux. Selon les auteurs du projet, la montée de la xénophobie au sein de la population résulte notamment d’un manque d’information et d’explication concernant les causes des migrations mondiales. « Il est aujourd’hui notoire que quand répression et conflits politiques s’associent à la pauvreté économique, il naît alors des flux migratoires incontrôlés. C’est pour cette raison que la

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distinction faite entre « vrais réfugiés », « réfugiés économiques » et « réfugiés de la violence » devient de plus en plus contestable. Une politique s’impose qui part du processus migratoire considéré dans son ensemble… » (Propositions, p. 14) Le MODS estime qu’il faut mettre en place une autre politique intérieure de l’asile (comprenant notamment la reconnaissance du statut de réfugié de la violence), une politique extérieure de l’asile (pour combattre les causes de fuite) et une nouvelle politique migratoire et des étrangers. Dans ce cadre, le MODS propose de considérer quatre catégories de candidats à l’immigration : les personnes souhaitant suivre une formation, les personnes à la recherche d’un emploi, les réfugiés de la violence et les requérants d’asile. Des réglementations spécifiques devraient régir chacune de ces catégories d’étrangers.

Femmes réfugiées

13 Une étude sur les problèmes des femmes réfugiées3 révèle que les motifs d’émigration avancés par les femmes sont moins reconnus que ceux des hommes et que les femmes se voient de ce fait très rapidement refuser le statut de réfugié. On ne tient suffisamment compte ni des rapports particuliers que les femmes entretiennent avec l’opinion publique et l’Etat ni des formes de résistance politique qui leur sont propres. De plus, la recherche scientifique concernant les femmes réfugiées est encore très lacunaire. Par ailleurs, la Convention internationale sur les réfugiés et la Loi suisse sur l’asile n’accordent ni l’une ni l’autre une place particulière aux problèmes spécifiques des femmes. Il est vrai que femmes et hommes sont égaux devant les persécutions et la torture ; il n’en reste pas moins que les femmes sont en plus très souvent victimes d’abus sexuels, qui peuvent, selon la culture du pays, se traduire par une exclusion sociale. L’étude montre aussi que les femmes trouvent particulièrement pénible d’évoquer les mauvais traitements subis. Les auteures de cet ouvrage demandent qu’au stade de l’audition déjà, on tienne compte de l’environnement culturel des femmes, ainsi que de leur niveau de formation.

Une nouvelle révision de la loi sur l’asile en vue

14 La Commission politique du Conseil des Etats a présenté une motion demandant une nouvelle révision de la loi sur l’asile, notamment pour régir plus efficacement l’accueil provisoire des réfugiés de la violence. La Commission demande par ailleurs la mise en place d’un groupe de travail interdépartemental qui devra définir les objectifs et les instruments d’une politique extérieure des réfugiés.

15 L’Union démocratique du centre (UDC) réclame aussi une révision de la loi sur l’asile et elle a lancé en avril 1992 une « Initiative populaire contre l’immigration clandestine » dans cet objectif. Cette initiative souhaite enrayer l’immigration illégale – soit l’immense majorité des requérants – et adopter des mesures économiques pour dissuader les réfugiés de déposer une demande d’asile.

16 Les « Démocrates suisses » ont déposé en juillet 1992 l’initiative populaire « pour une politique d’asile raisonnable ». Elle exige notamment que la Suisse renonce à respecter l’interdiction de renvoyer des requérants (principe du non-refoulement) et qu’elle dénonce les accords de droit international public comprenant une telle clause. Le but est de refouler immédiatement les requérants d’asile entrés illégalement en Suisse et ceux dont la demande d’asile a été rejetée.

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17 Dans des propositions communes relatives à l’asile, les partis gouvernementaux renoncent à une nouvelle révision de la loi sur l’asile, mais préconisent une applications plus conséquente du texte en vigueur. Dans un premier rapport publié en mars 1992, le groupe de travail commun « Asile » conclut que la durée de la procédure d’asile pourrait encore être raccourcie sans que sa qualité ne s’en ressente. Les cantons devraient en particulier procéder à la première audition dans le délai légal de 20 jours, que seul le canton d’Uri est parvenu à respecter en 1991. Tous les autres cantons ont eu besoin de plus de temps ; le Valais détient le record avec une moyenne de 128 jours pour la première audition. Pour sanctionner les cantons retardataires, les partis proposent que la Confédération suspende ses versements à titre d’aide aux réfugiés.

Recherche en matière de migration

18 Les mouvements migratoires internationaux, leurs causes et leurs conséquences pour les pays d’origine et d’accueil constituent des domaines de recherche peu explorés et l’expérience acquise n’offre pas des bases suffisantes pour définir une politique migratoire et d’asile. Au cours de la période considérée, le Conseil suisse de la science, un organe consultatif du Conseil fédéral en matière scientifique et de recherche, a commandé trois recherches sur le sujet « migration et la Suisse en tant que société d’immigration multiculturelle ». Les études présentées4 constatent notamment que la Suisse ne dispose d’aucune véritable politique d’immigration, mais qu’elle essaie de résoudre les problèmes d’immigration au moyen de la politique d’asile, ce qui se révèle de plus en plus insatisfaisant. Les stratégies futures en matière de migration devraient faire une meilleure distinction entre les différents motifs de fuite. Il s’agit en particulier de distinguer les séjours à long terme et à court terme et d’élaborer des politiques d’intégration appropriées. Les réfugiés de la violence qui constituent une part croissante des requérants d’asile devraient bénéficier d’un statut spécial et on devrait envisager de les accueillir par groupes. Ce type d’accueil permettrait d’accorder une autorisation de séjour provisoire à des groupes entiers de réfugiés ayant fui des régions en crise ou en conflit, sans qu’ils ne viennent surcharger la procédure d’asile fort longue et coûteuse.

Pétition pour les requérants d’asile venus de Turquie

19 La Coordination suisse pour l’asile, un groupement de diverses organisations œuvrant dans le domaine de l’asile, a adressé une pétition au Conseil fédéral en mai 1992 pour qu’il suspende le renvoi en Turquie des requérants kurdes n’ayant pas obtenu l’asile. La pétition demandait par ailleurs au Conseil fédéral de condamner officiellement la Turquie pour ses violations répétées des droits de l’homme et pour le massacre perpétré contre la population civile. Elle exigeait également l’arrêt immédiat des exportations d’armes vers la Turquie.

3.2. Fuites de capitaux

20 Certaines procédures d’entraide judiciaire concernant la fortune d’anciens chefs d’Etats placée en Suisse se sont révélées lentes et complexes. La campagne « pour une Suisse sans capitaux en fuite » demande une accélération de la procédure, l’élargissement de l’entraide et

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l’intensification de la lutte préventive contre les fuites de capitaux. Suite à la modification de la loi sur le blanchissage d’argent intervenue en 1990, d’autres mesures sont envisagées pour lutter contre le crime organisé, le blanchissage d’argent et accélérer les procédures d’entraide judiciaire internationale. La Suisse prend aussi une part active aux travaux se déroulant au niveau international : Groupe d’action financière du Groupe des 7, groupes d’experts de l’OCDE sur la corruption, Conseil de l’Europe.

21 Depuis le début des années 80, plusieurs affaires de fuites de capitaux vers la Suisse ont été mises en lumière. Des dirigeants de pays en développement (anciens ou actuels) ont été accusés d’avoir placés en Suisse des sommes d’argent importantes prélevées sur le patrimoine public de leur pays, dont Jean-Claude Duvalier (Haïti), Ferdinand Marcos (Philippines), Manuel Antonio Noriega (Panama), Mobutu Sese Seko (Zaïre), Alfredo Stroessner (Paraguay) et Moussa Traoré (Mali). Suite à la demande d’entraide judiciaire du nouveau gouvernement malien et pour la première fois en Suisse, c’est la DDA qui prend en charge les frais de la défense des intérêts du Mali dans l’affaire des détournements de fonds de Moussa Traoré.

22 Le dépôt d’une demande d’entraide judiciaire pour qu’un pays puisse récupérer les fonds déposés illégalement en Suisse marque le début d’un processus long et complexe. L’argent déposé en Suisse peut l’avoir été sous le cou vert de pseudonymes, d’intermédiaires complices ou de société écrans. Les avocats des personnes incriminées peuvent déposer des recours à chaque étape de la procédure, soit la levée du secret bancaire, la transmission de documents bancaires à la justice du pays tiers et la restitution des avoirs. Les recours sont déposés dans chacun des cantons concernés, puis auprès du Tribunal fédéral.

Affaire Bofors

23 Ce scandale politico-financier secoue l’Inde depuis 1987. La firme suédoise Bofors a vendu en 1986 des armements à l’Inde pour un montant dépassant 1,5 milliard de dollars. Les pots-de-vin versés par la firme à des intermédiaires indiens pour faire avancer ce contrat aux dépends de firmes concurrentes auraient été déposés dans des établissements bancaires de Genève. La demande d’entraide judiciaire a été adressée à la Suisse en décembre 1989. La justice genevoise a bloqué une série de comptes bancaires, mais n’a en 1992 toujours pas décidé si la requête est admissible ou non.

Affaire Marcos

24 En mars 1986, 500 millions de dollars détournés par la famille Marcos et ses proches vers la Suisse avaient été bloqués sur des comptes bancaires. Les procédures dues aux nombreux recours n’étaient toujours pas terminées fin 1992. Des négociations ont été entamées entre le gouvernement philippin et la veuve Imelda Marcos pour permettre aux Philippines d’enfin récupérer les fonds placés en Suisse. Imelda Marcos pourrait ainsi renoncer à ses prétentions sur cet argent et donc abandonner les recours déposés en Suisse. En échange, le gouvernement renoncerait à la procédure pénale engagée contre elle et l’argent une fois récupéré serait attribué à une fondation gérant des projets de bienfaisance en faveur des enfants philippins.

25 Les mouvements d’entraide suisses et certains mouvements politiques jugent le cas de la procédure Marcos comme étant un exemple révélateur de la nécessité de changer la loi suisse d’entraide judiciaire. Ce cas est aussi pour certain révélateur des

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contradictions qui existent dans les relations extérieures de la Suisse. « Aussi longtemps que l’ordre juridique suisse (du fait des défauts de l’entraide judicaire) avantagera la fuite de capitaux venant de pays en développement, il s’opposera directement au but de la coopération au développement internationale, qui est pratiquée au nom de la responsabilité commune et de la solidarité, et notamment aux mesures prises en vue du désendettement »5.

26 La Déclaration de Berne relève que les intérêts sur les sommes bloquées en Suisse depuis plus de six ans sont dix fois plus élevés que l’Aide publique au développement destinée à ce pays.

Campagne « pour une Suisse sans capitaux en fuite »

27 Cette campagne a été lancée par l’Action Place financière suisse et la Déclaration de Berne. Un Manifeste a été signé par environ 200 organisations de développement, mouvements politiques, milieux d’églises et syndicats, en Suisse et dans les pays du Sud. Une semaine d’action a eu lieu du 19 au 25 octobre 1992 en Suisse pour informer le public sur ce thème. Le manifeste contient cinq revendications précises. Les deux premières visent à accélérer et étendre l’entraide judiciaire. Les deux suivantes sont des mesures de prévention des fuites de capitaux : 1. « L’évasion fiscale et les violations de prescriptions économiques, commerciales et monétaires devraient à l’avenir être soumises aux procédures d’entraide judiciaire »6. La loi actuelle ne prévoit pas l’entraide judiciaire pour l’évasion fiscale, l’exportation illégale de devises et certains délits économiques qui ne sont pas condamnés dans le droit suisse. 2. Une procédure d’entraide judiciaire ne devrait pas durer plus de six mois et les recours ne devraient être autorisés qu’à une seule occasion et uniquement par les personnes directement touchées. « Le Conseil fédéral devrait décider directement en matière d’entraide judiciaire pour les fortunes de chefs d’Etat déchus ». 3. La Convention de diligence de l’Association suisse des banquiers devrait être ancrée dans la législation et il faudrait punir non seulement l’assistance active lors du transfert de capitaux « sales » (ce qui est déjà punissable actuellement), mais aussi l’assistance passive. 4. Le Conseil fédéral doit se mobiliser pour une harmonisation internationale des dispositions juridiques et éviter ainsi que les capitaux se réfugient sur d’autres places financières. 5. Les banques devraient à l’avenir publier des statistiques sur les dépôts de titres (actions et obligations) et la gestion de fortunes, ainsi que sur la provenance par pays des fortunes gérées.

Modifications des lois suisses

28 La Suisse a débuté depuis quelques années un processus de renforcement des lois visant à réprimer plus durement le blanchissage d’argent. Une modification du code pénal était entrée en vigueur en 1990, pour punir ceux qui entravent l’identification, la découverte ou la confiscation de valeurs patrimoniales d’origine criminelle (loi sur le blanchissage d’argent et le défaut de vigilance en matière d’opérations financières). Un deuxième paquet de mesures est à l’étude pour permettre de confisquer plus largement les sommes d’argent d’origine douteuse et de punir l’appartenance aux (ou le soutien des) organisations criminelles. Ce projet a été cependant très largement critiqué lors de la procédure de consultation terminée en été 1992. Certaines réactions portent sur la difficulté de fixer la limite de ce qui serait un soutien à des organisations criminelles (cas des sympathisants ou des avocats défendant ces organisations). Les partis de

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gauche craigne que cette loi puisse être utilisée à rencontre de ceux qui soutiennent certaines opinions politiques. D’autres réactions relèvent la difficulté dans certains cas de prouver que de l’argent est « sale ». Ces questions doivent être réexaminées avant la publication du Message aux Chambres fédérales prévue pour mi-1993. Le Conseil fédéral doit abandonner pour l’instant l’idée de responsabilité criminelle d’une entreprise, ceci devant la forte opposition du Vorort et de l’Association des banquiers. Seuls des particuliers peuvent jusqu’à maintenant être poursuivis pour des activités criminelles et non une entreprise en tant que tel (alors que certaines entreprises peuvent avoir été créées dans le but essentiel de blanchir l’argent, par exemple, avec un Conseil d’administration au courant de ce but). La seule mesure qui n’a pas été contestée lors de la procédure de consultation est le droit des employés d’institutions financières ou d’avocats d’affaire d’attirer l’attention de la justice sur des activités qui leur paraissent douteuses. Ils ne pourront pas être poursuivis pour violation du secret de fonction. Il n’y a cependant pas d’obligation de dénoncer les cas douteux (comme cela est prévu dans les directives de la CE).

29 Une commission fédérale d’experts prépare une révision de la loi sur l’entraide judiciaire internationale. Elle prévoit une accélération de la procédure, mais pas une extension à l’évasion fiscale.

Harmonisation internationale des lois

30 La Suisse est membre du « Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux » (GAFI). Elle en a assuré la présidence de 1991 à juin 1992. Ce groupe d’experts a été créé en 1989 par le G-7, Groupe des 7 pays les plus industrialises. Tous les pays de l’OCDE en font actuellement partie, ainsi que Singapour et Hong-Kong. Le GAFI avait tout d’abord analysé le processus de blanchiment de capitaux, son ampleur et ses méthodes. Il a ensuite étudié les instrument internationaux et les dispositifs nationaux de lutte existants. Le Groupe a en 1990 dressé un catalogue de 40 recommandations (non contraignantes) pour améliorer les législations nationales en matière de droit pénal, renforcer les moyens permettant de déceler et de prévenir les actions de blanchiment, ainsi que pour améliorer la coopération internationale et favoriser l’entraide judiciaire pénale. La mise en œuvre des recommandations dans les pays membres est examinée sur la base de rapports d’évaluation par pays sur les progrès et difficultés rencontrées en la matière.

31 Le GAFI fait actuellement un travail important pour faire connaître les recommandations auprès des Etats du Pacifique, des Caraïbes et de l’Asie du Sud-Est. Une Conférence a eu lieu dans ce but, avec la participation de la Suisse, en septembre 1992 pour les pays de l’Est (qui deviennent d’importantes plaques tournantes pour le blanchiment d’argent). Ces efforts visent à empêcher certains pays d’accueillir plus de capitaux en fuite lorsqu’un pays tiers renforce sa législation. Des moyens de pression pourraient être envisages à l’avenir pour forcer certains pays à modifier leur législation : les mettre sur une « liste noire », interdire les flux financiers en provenance de ces pays…

Adoption d’une Convention pour lutter contre le blanchissage

32 La main-mise sur la base financière des organisations criminelles est un maillon important de la lutte contre celles-ci. La Suisse envisage la ratification de la Convention

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du Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime. La Convention définit un standard minimum européen du droit national dans cette matière. Elle règle la collaboration internationale pour le dépistage, la saisie provisoire et la confiscation définitive des produits du crime. Le droit national satisfait aux exigences de cette convention.

33 La Suisse se refuse par contre encore à ratifier le Protocole additionnel à la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale. Celui-ci étend l’entraide judiciaire aux infractions fiscales et complète l’échange de renseignements relatifs au casier judiciaire.

Lutte contre la corruption

34 L’OCDE s’occupe depuis quelques années des questions liées à la corruption (corruption et développement, multinationales et corruption). Le Suisse Mark Pieth (Département fédéral de Justice et Police) préside depuis 1991 une commission d’experts de l’OCDE pour la lutte contre la corruption. Cette commission a en premier lieu analysé les dispositifs nationaux existants dans ce domaine et étudié les mesures qui pourraient être prises dans le droit pénal, le droit administratif et les règlements fiscaux. Elle va maintenant formuler des recommandations dans ce domaine.

35 Comme dans beaucoup de pays, la Suisse condamne la corruption de fonctionnaires nationaux, la corruption de fonctionnaires à l’étranger n’étant pas considéré comme un délit. Les sommes d’argent versées à l’étranger pour corruption sont même déductibles des impôts en Suisse.

Argent provenant du trafic de drogue

36 Au niveau cantonal, la Fédération genevoise de coopération et des députés de tous les partis ont proposé au Grand Conseil genevois de modifier le code de procédure pénale. Les sommes d’argent saisies lors d’une infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants devraient selon les termes de cette proposition être attribuées pour un tiers à des organismes locaux publics ou prives travaillant à la prévention de la toxicomanie, et pour deux tiers à la coopération au développement : soutien de programmes visant à la prévention de la toxicomanie dans les pays en développement et soutien de programmes de production et d’activités alternatives dans les pays où l’on cultive ou transforme des plantes à drogue. Jusqu’à maintenant, l’argent confisqué aux trafiquants de drogue entraient dans les recettes du Département de justice et police.

BIBLIOGRAPHIE

Sources de la partie 3.1.

Office fédéral des réfugiés, Statistique en matière d’asile 1991, Berne, février 1992.

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Weiersmüller Rudolf, Weisshaupt Kurt : Les flux migratoires internationaux et leurs répercussions en suisse, dans le « bulletin » du CS, mai/juin 1992.

Mouvement pour une Suisse ouverte, démocratique et solidaire (MODS) (éditeur) : Propositions pour une politique étrangère, d’asile et d’immigration intégrée, Berne, mars 1992. ai-magazin, 4/92, 6/92.

MODS, Pétition adressée au Conseil fédéral, Brennpunkt Türkei – Niemand kann sagen wir hätten es nicht gewusst, Berne, mai 1992.

NZZ, 8.5., 3.7., 26.8., 11.9.1992.

Tages-Anzeiger, 19.9., 2.11.1992.

Sources de la partie 3.2.

Communiqué de presse du Département fédéral des affaires étrangères, Berne, 4 juin 1991.

Déclaration de Berne, Vers un développement solidaire, no 114, octobre 1992.

Manifeste « pour une Suisse sans capitaux en fuite », Berne, Lausanne, Zurich.

Déclaration de Berne, Action place financière Suisse – Tiers Monde, septembre 1991.

La Suisse, 21 juin 1992.

Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 20 octobre 1992.

Tages-Anzeiger, 24.8, 9.11.1991, 22.6, 8.7, 20.7, 5.10, 6.11, 30.12.1992.

NZZ, 22.6, 26.6, 8.7, 20.10.

NOTES

1. Die Sicherheit der sicheren Länder – Kriterien und Erfahrungen der Asylbehörden de Ignaz Civelli, Section d’information sur les pays et analyses de situation de l’Office fédéral des réfugiés, in : NZZ, 25.3.1992. 2. Rapport du Conseil fédéral sur l’extrémisme en Suisse, Berne, mars 1992. 3. « Les femmes victimes de persécutions et la notion de réfugié », Bureau de l’égalité entre femmes et hommes (éditeur), Berne, 1992, Les auteures sont des représentantes de l’Office fédéral des réfugiés, de la Commission de recours en matière d’asile, des œuvres d’entraide et du réseau « Femmes réfugiées ». 4. Le Conseil suisse de la science a soumis les études sur la « Migration et la Suisse en tant que société d’immigration multiculturelle » aux spécialistes et politiciens intéressés au cours d’une conférence tenue le 8 juillet 1992. Les directeurs des trois projets sont Hans-Joachim Hoffmann- Nowotny (sociologue, Université de Zurich), Walter Kälin (Professeur de droit public, Université de Berne) et Pierre Dasen (pédagogue, Université de Genève). La conférence a été commentée dans la NZZ et dans le Tages-Anzeiger du 10.7.1992. 5. Extrait d’une prise de position de l’Institut d’éthique sociale et de la Commission nationale Justifia et Pax, mars 1992. 6. Texte du Manifeste « pour une Suisse sans capitaux en fuite », Déclaration de borne et Action place financière Suisse – Tiers Monde.

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III. Culture et Science

3.1. Echanges culturels : Importation des films du Tiers Monde

1 La part des pays en développement dans les importations totales de films est très faible. Sur 339 films importés en 1991, seuls 17 provenaient de pays en développement (soit le 5 % des importations). La statistique du tableau no 11 sur les importations de copies de films révèle un déséquilibre encore plus grand (seuls 1,5 % des copies sont en provenance des pays en développement en 1991). Ceci s’explique par le fait que les films à plus grand succès commercial sont importés avec un nombre plus important de copies que les films en provenance du Tiers Monde (copies en version originale, copies sous-titrées ou doublées en français, allemand ou/et italien). Un film en provenance des USA était importé en 1991 avec en moyenne 9 ou 10 copies, alors qu’un film des pays en développement l’était en moyenne avec deux copies seulement. Les données du tableau montrent qu’en 1991, 95,1 %des copies de films importés provenaient des pays limitrophes de la Suisse, des USA ou de la Grande-Bretagne. Le système de contingentement à l’importation qui existait en Suisse a été supprimé dès le 1er janvier 1993.

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Tableau No 11. Importation de films en Suisse (nombres de copies de films 16 et 35 mm importées)

Remarques : Cette statistique ne comprend pas les films importés pour les ciné-clubs ou lors d’un festival de film. Si un film d’un réalisateur d’un pays en développement est coproduit par un pays industrialisé, il est enregistré dans les films du pays industrialisé. Sources : Tableau élaboré à partir des données publiées dans l’« Aide fédérale au cinéma », suppléments du Cinébulletin, Zurich, Centre suisse du cinéma, juin 1990, mai-juin 1991, mai 1992.

3.2. Recherche et coopération scientifique

Programme national de recherche « Economie extérieure et politique du développement »

2 Au cours de la période considérée, des études préliminaires et des premières conclusions de recherches ont été publiées dans le cadre du Programme national de recherche (PNR) 28, qui est en cours de réalisation. Certains projets de recherche ont fait l’objet de feuillets de discussion et de rapports de synthèse qui sont accessibles à un public plus large. Les divers thèmes ainsi que les résultats des recherches entreprises dans le cadre du PNR 28 ont été discutés à l’occasion de diverses conférences et de divers séminaires publics1. Le programme devrait s’achever à fin 1993. Ses résultats doivent permettre à l’économie suisse et aux acteurs de la coopération au développement de se doter de stratégies efficaces dans leurs rapports avec le Tiers Monde.

Coopération scientifique avec les pays en développement

3 En collaboration avec l’Académie des sciences naturelles (qui représente les quatre académies scientifiques suisses), la Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DDA) a mis en place à fin 1990 le groupe de travail « Encouragement de la recherche dans les pays en développement » (il compte 19 membres, réunis sous la direction de Thierry A. Freyvogel, Université de Bâle). Ce groupe est chargé de définir une conception générale pour une promotion durable de la recherche dans les pays en développement. Il a commencé par attribuer un mandat pour la création d’une banque de données qui recense tous les projets scientifiques ayant un lien avec le

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Tiers Monde2. En août 1992, le groupe de travail a résumé dans un manifeste les arguments qui militent en faveur de la création d’un « Programme spécial Partenaires dans la recherche scientifique avec les pays en développement » (pour plus de détails, voir l’article « Wissenschaftliche Zusammenarbeit mit den Entwicklungsländern » de Thierry A. Freyvogel dans la deuxième partie du présent Annuaire).

Recherche sur l’environnement et les conflits

4 L’aggravation des problèmes écologiques renferme en elle un potentiel conflictuel mondial qui peut déboucher sur des guerres, mais aussi sur un accroissement des flux migratoires et sur une détérioration de la qualité de vie, en ignorant bien sûr les frontières nationales. Dans le cadre d’un programme international de recherche sur la paix étalé sur trois ans, la communauté de recherche « Oekoko » de la Fondation suisse pour la paix et du Service de l’EPFZ pour la politique de sécurité et l’analyse des conflits examine la problématique des conflits dont les causes ont un lien avec l’environnement. Pour 1991, 43 conflits ont été recensés, dont la majorité (80 %) étaient des guerres civiles. L’origine de nombre de conflits régionaux ou locaux est totalement ou partiellement liée à des facteurs socio-écologiques. Les trois analyses de cas concrets comprennent une étude sur les conflits causés par le stress écologique au Bangladesh, une étude sur les conflits soudanais et nigérien, ainsi que des études sur le potentiel conflictuel de l’exploitation des eaux au Proche et au Moyen-Orient (Euphrate et Jourdain). La recherche sur les conflits soulève par ailleurs des questions relatives à la coopération régionale et globale permettant de maîtriser les problèmes provoqués par des crises écologiques3.

BIBLIOGRAPHIE

PNR 28, Economie extérieure et politique du développement, Communications, no 1-4, 1991/1992 ; Publications du PNR ; Liste des séminaires du PNR 28, Einsiedeln, 1992.

Scientific Cooperation with Developing Countries – Who does what in Switzerland, éd. IUED/ DDA/Académie suisse des sciences naturelles, Berne, 1992.

Manifest August 1992 – Forschungs-Partnerschaft mit Entwicklungsländern (« Partenaires dans la recherche avec les pays en développement »), Groupe de travail « Encouragement de la recherche dans les pays en développement », Berne.

Service de presse de la DDA, Recherche sur les conflits, Berne, 1992.

Die Oekokrise als neue Ursache von Konflikten, Stefan Hartmann, Tages-Anzeiger, 26.5.1992.

NOTES

1. La liste des publications, ainsi que la liste des séminaires du PNR 28 peuvent être commandées auprès de la direction du PNR 28, Klaus Korner, à Einsiedeln.

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2. Scientific Cooperation with Developing Countries – Who does what in Switzerland. A preliminary Survey of Institutions, Research Projects, Researchers, éd. Institut universitaire d’études du développement (IUED), Genève, Académie suisse des sciences naturelles (ASSN/ SANW), Berne, Coopération suisse au développement (DDA/DEH), Berne, août 1992. 3. La communauté de recherche « Oekoko » a lancé le projet de recherche « Violence and conflicts caused by ecological dégradation and peaceful conflict resolution » (Violence et conflits causés par la dégradation de l’environnement et résolution pacifique des conflits) en coopération avec trois instituts partenaires à l’étranger (Bangladesh, Nigeria, Soudan). Le financement du projet est assuré par la DDA, l’OFEFP, le Service de la politique de paix du DFAE, l’EPF Zurich, ainsi que par la Fondation suisse pour la paix.

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IV. Politique économique extérieure

4.1. Garantie contre les risques à l’exportation

1 En 1991, la garantie contre les risques à l’exportation a été moins mise à contribution que l’année précédente. Une fois de plus, elle a bouclé ses comptes avec un déficit qui a été couvert par un prêt de la Confédération. Les avances ainsi consenties atteignent désormais 2 266 millions de francs. Parmi les nouvelles garanties, plus de la moitié couvrent des exportations vers l’Asie et un tiers environ des exportations destinées aux 67 pays les plus pauvres du monde. Depuis mars 1992, la Commission de la GRE compte deux membres supplémentaires : un représentant des travailleurs et un représentant de l’aide publique au développement.

2 La garantie contre les risques à l’exportation (GRE) est un instrument mis en place en 1934 par la Confédération pour créer et maintenir des postes de travail, ainsi que pour favoriser les exportations. Elle assure les risques inhérents aux contrats d’exportation. Depuis 1978, chaque clôture des comptes éloigne la GRE toujours plus de son objectif d’autofinancement ; chaque année, la Confédération est en effet obligée d’avancer des fonds pour couvrir le déficit enregistré. Le prêt total a ainsi atteint 2 266 millions en 1991. Le dernier assainissement des comptes de la GRE remonte à un arrêté fédéral de décembre 1990. Depuis lors, la Confédération renonce à percevoir des intérêts sur les 900 millions de francs des anciens prêts consentis à la GRE pour couvrir des pertes dues à la variation des taux de change1. Pour alléger encore les comptes de la GRE, la Confédération lui fait cadeau de ses avances correspondant au montant des crédits de consolidation que la GRE cède à la Confédération pour effectuer des opération de désendettement. La crise de l’endettement étant loin de se terminer, le nombre des accords de rééchelonnement devrait s’accroître.

Bilan de la GRE pour 1991

3 Le compte global de la GRE pour 1991 se solde à nouveau par un déficit, qui se monte à 197 millions de francs (contre 96,5 millions l’année précédente). L’état des liquidités enregistre, quant à lui, un déficit de 332,9 millions de francs (contre 151,6 millions en 1990). Pour couvrir ces déficits, la Confédération a accordé en 1991 un prêt de 335 millions de francs à la GRE. Le nombre des demandes acceptées s’établit pour 1991

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à 1’513 (1’614 l’année précédente) et ces demandes représentent un total de 2’048 millions de francs (2’286 millions). La valeur moyenne couverte par demande se monte donc en 1991 à 1,3 million de francs (1,4 million). Tout comme les années précédentes, 1991 a vu augmenter le nombre des demandes concernant des échéances à court terme. Environ 50 % des nouvelles garanties ont été accordées pour une période inférieure ou égale à une année. Cet état de fait reflète les risques estimés dans les pays importateurs, la demande de garantie et la politique d’attribution de la GRE. En 1991, aucune garantie n’a été accordée pour 31 pays et seules des garanties à court terme étaient octroyées pour 44 autres pays. Notons qu’aucune garantie n’a été accordée pour les exportations vers l’Union soviétique et vers les pays nés de son éclatement.

4 La répartition des garanties par branches demeure quasiment inchangée depuis des années : l’industrie des machines vient en tête (71 % des nouvelles garanties en 1991 et 83 % du total des engagements) et elle est suivie par l’industrie chimique (22 % et 9,3 % respectivement).

Prépondérance des pays en développement

5 Une grande partie des contrats couverts par la GRE sont des exportations suisses vers les pays du Tiers Monde. On a parfois reproché à la Confédération d’accorder la GRE pour certains projets menés dans des pays en développement, car ces projets s’opposent, selon les organisations d’entraide, aux objectifs de la coopération suisse au développement. C’est le cas par exemple de la construction centrale hydro-électrique en Iran (Karun III), à laquelle participent deux entreprises suisses auxquelles la Confédération a promis le soutien de la GRE en décembre 1991. De leur côté, les milieux de la coopération au développement mettent en doute l’utilité de cette centrale en raison de sa taille et de son impact sur l’environnement. Selon l’organisation « Déclaration de Berne », cette garantie pourrait se traduire dans les faits par un soutien accordé aux régime répressif de l’Iran, qui bafoue les droits de l’homme.

6 Depuis sa révision en 1981, la loi prévoit que dans le cadre de contrats passés avec les pays en développement les plus pauvres, la GRE doit tenir compte des principes de l’aide au développement. La Communauté de travail des œuvres d’entraide réclame depuis 1978 que la Confédération lui accorde un siège au sein de la Commission de la GRE chargée d’examiner les demandes de garantie. En 1990, lorsque le Parlement a examiné le projet d’assainissement de la GRE, il a adopté un postulat demandant que des représentants des travailleurs et de la coopération au développement siègent au sein de cette commission. En décembre 1991, le Conseil fédéral a décidé d’augmenter de deux le nombre des membres de la Commission. Depuis le 1er mars 1992, elle comprend donc, en plus des 3 délégués de l’économie et des 3 représentants de l’Etat, une représentante des syndicats (Margrit Meier, USS) et un représentant de l’aide publique au développement (Henri-Philippe Cart, DDA). Dans une lettre adressée au Conseil fédéral, les œuvres d’entraide privées ont déploré de n’avoir toujours pas obtenu le droit de siéger au sein de cette commission.

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Tableau No 12. Répartition géographique des nouvelles garanties

Source : Rapport annuel 1991 de la GRE, Berne/Zurich, mai 1992.

Tableau No 13. Répartition géographique du total des engagements

Source : Rapport annuel 1991 de la GRE, Berne/Zurich, mai 1992.

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Répartition régionale

7 L’attribution des garanties reflète chaque année la situation économique et politique des différentes régions (voir les tableaux no 12 et no 13). En 1991, 55 % des nouvelles garanties couvraient des contrats passés avec l’Asie où la croissance économique demeure vigoureuse. La part de l’Asie dans le total des engagements de la GRE est ainsi passée à plus de 30 %. La part de l’Europe centrale et de l’Est a chuté de 31 % en 1991 à 4,5 %. Quant à l’Amérique du Sud, sa part s’est pour ainsi dire désagrégée. Le rapport annuel de la GRE pour 1991 explique cette situation par le fait qu’aucun calendrier satisfaisant pour le remboursement des dettes de l’Argentine et du Brésil n’a pu être fixé au cours de la période considérée. Ainsi, le quatrième accord bilatéral de rééchelonnement entre l’Argentine et la Suisse n’a pas encore pu être signé en 1991. Cette même année, les négociations entre le Brésil et ses créanciers dans le cadre du Club de Paris n’avaient toujours pas commencé. La part de l’Amérique centrale s’est accrue grâce aux échanges avec le Mexique, qui est parvenu à réduire sensiblement sa dette extérieure. En 1991, la part de l’Afrique se montait à 15 % environ. Ces garanties concernent avant tout les pays d’Afrique du Nord, notamment l’Egypte. La part de l’Afrique dans le total des engagements de la GRE a cependant diminué pour se situer en-deçà de 20 %.

La part des pays en développement les plus pauvres

8 Les trois quarts des contrats d’exportation suisses assurés par la GRE sont passés avec des pays en développement. Les données publiées ne permettent malheureusement pas de déterminer cette part avec exactitude, car elles ne spécifient que les garanties concernant les 67 pays en développement les plus pauvres (selon la classification de l’OCDE). En 1991, les exportateurs suisses ont conclu 32,6 % (21,7 % en 1990) des contrats assurés par la GRE avec ce groupe de pays. Leur part dans le total des engagements de la GRE représente 20 % environ. En 1991, la majeure partie de ces garanties couvraient des contrats à court terme. Les garanties à long terme sont accordées avant tout aux parts bancaires de crédits mixtes.

9 La répartition du total des engagements, d’un montant de 1752 millions de francs, se concentre sur les quatre pays que sont la Chine, l’Egypte, l’Inde et l’Indonésie, qui s’arrogent les 75 % de cette somme.

La part de la GRE dans les consolidations de dettes

10 Nombre d’accords de rééchelonnement passés avec des pays en développement touchent aussi les comptes de la GRE, puisque celle-ci couvre principalement les contrats passés entre les exportateurs suisses et les institutions publiques de ces pays. Durant la crise de l’endettement, un nombre toujours croissant de pays en développement se sont déclarés insolvables et ont du rééchelonner leurs arriérés. En 1991, la part de la GRE dans les 11 accords bilatéraux de rééchelonnement se montait à 614 millions de francs. Ce montant comprend la part de la GRE et la franchise de l’économie privée (exportateurs et banques). De plus, la majeure partie des dettes déjà rééchelonnées a à nouveau été consolidée (471 millions de francs), les autres ont été rééchelonnées pour la première fois2.

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11 Les crédits de remboursement de la GRE découlant des accords de rééchelonnement se montaient au total à 2’462 millions de francs, les crédits des exportateurs atteignant 817 millions de francs. A ces montants viennent encore s’ajouter les créances relevant du non-paiement des intérêts sur un total de 189 millions de francs.

Garantie contre les pertes

12 L’instrument qu’est la garantie contre les pertes a été créé pour assurer des risques élevés liés à des exportations mais qui ne sont pas d’origine purement économique, notamment dans le cadre de la politique de développement et de l’aide aux pays de l’Est. En cas de besoin, la GRE peut imputer ces sommes aux crédits-cadres consacrés à la coopération au développement et à l’aide aux pays de l’Est. Le crédit-cadre pour les mesures économiques et commerciales (février 1990) et le premier crédit-cadre pour l’aide à l’Est (novembre 1989) prévoient tous deux un montant de 100 millions de francs à cet effet. Dans le second de ces crédits, l’argent a été utilisé en faveur de la Pologne. Le nouveau crédit-cadre pour l’aide à l’Est (1992) prévoit d’autres fonds en particulier pour les économies d’Europe de l’Est et de la CEI.

4.2. Préférences douanières

13 Au cours de ces dernières années, nombre de pays en développement ont libéralisé leurs structures économiques et ouvert leurs marchés aux importations, répondant ainsi aux vœux exprimés dans le cadre des négociations du GATT et à ceux du FMI et de la Banque mondiale. Les droits de douane, et surtout les obstacles non tarifaires, n’en continuent pas moins de freiner l’intégration de ces pays dans le commerce mondial. Les négociations multilatérales du GATT ayant conduit à une diminution sensible des droits de douane, ces derniers jouent un rôle toujours plus faible face à l’augmentation des obstacles commerciaux non tarifaires (suppléments de prix, restrictions quantitatives).

14 Le système généralisé de préférences (SGP) a été adopté en 1968 par la deuxième Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED II). Sur le plan multilatéral, la réduction des droits de douane est négociée dans le cadre du GATT, tandis que le Comité spécial des préférences de la CNUCED élabore des propositions et des recommandations concernant l’application du SGP. Dans ce système, les pays industrialisés accordent de façon autonome et unilatérale des préférences aux pays en développement, ce qui signifie que les avantages ne sont pas négociés, mais octroyés sans que les pays industrialisés puissent exiger la réciprocité de la part des pays en développement. A l’heure actuelle, 17 schémas de préférences nationaux du SGP sont en vigueur. Le SGP a pour objectif « d’accroître les revenus des exportations des pays en développement, d’encourager leur industrialisation et d’accélérer leur croissance économique » (Message du 20.2.1991).

15 La Suisse a adopté un schéma de préférences pour les importations en provenance des pays en développement en 1972. Depuis lors, ce schéma a été renouvelé à deux reprises : le 9 octobre 1981 pour dix ans (1982-1992) et le 4 octobre 1991 pour cinq nouvelles années (1992-1997). Ces préférences ne cessent cependant de perdre de leur importance, car les droits de douane diminuent sans cesse. Le schéma suisse prévoit la libre importation pour la plupart des biens industriels provenant des pays en

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développement, sauf pour les textiles, l’habillement, les chaussures, les parapluies, l’aluminium brut et les piles électriques. Quelques pays en développement se montrant particulièrement compétitifs dans ces domaines, la Suisse ne leur accorde qu’une réduction de 50 % des droits de douane. La majorité des produits agricoles importés en Suisse sont soumis à des droits de douane. Depuis 1982, la Suisse accorde toutefois un traitement différencié et préférentiel aux pays les moins avancés : ils bénéficient d’une franchise douanière pour tous les produits industriels et pour quelque 90 produits agricoles. (Pour ce qui est des produits agricoles, voir l’article « Auswirkungen einer Liberalisierung im Agrarsektor auf Entwicklungsländer und die Schweiz » de Heidi Bravo, dans la deuxième partie du présent Annuaire).

16 Le SGP prévoit que les pays les plus avancés ou les plus compétitifs peuvent être exclus du schéma de préférences, il s’agit là de la « clause de gradation » dont certains pays industrialisés ont d’ores et déjà fait usage. Jusqu’à présent, la Suisse n’a exclu aucun des pays concernés de son schéma national. Il faut noter cependant que les économies réalisées par les pays en développement grâce au schéma suisse demeurent modestes. Pour 1984, la marge préférentielle réelle a été estimée à 2 % ad valorem (Message du 20.2.1991). Pour 1991, ce taux équivaudrait à une perte de recettes douanières de 40 millions de francs environ (voir tableau no 14,2 % de 2 milliards de francs).

17 Ces dernières années, la part des pays en développement dans les importations totales de la Suisse n’a cessé de régresser et se montait à 7,8 % en 1991 (7,4 milliards de francs). En 1991, le traitement préférentiel aurait pu s’appliquer à des exportations d’un montant de 5,1 milliards de francs, mais il ne l’a effectivement été que pour 2 milliards de francs. Ce qui correspond à un taux d’utilisation de 40 %. La faiblesse de ce taux s’explique notamment par le fait que les pierres et métaux précieux ne sont soumis qu’à un droit de douane minime à leur entrée en Suisse et que leurs importateurs renoncent à demander un traitement préférentiel. Si l’on ne tient pas compte des pierres précieuses (provenant surtout des Bermudes et du Panama) et des métaux, létaux d’utilisation atteint 60 %. Environ 90 % des traitements préférentiels bénéficient à 20 pays et près de la moitié à cinq pays seulement (1989 : Corée du Sud, Inde, Thaïlande, Chine et Turquie).

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Tableau No 14. Importations suisses et préférences tarifaires 1989-1991

Source : OFAEE

18 Tous les six mois, l’OFAEE établit un rapport à l’intention du Parlement sur les mesures prises dans le cadre du schéma de préférences suisse. Le Libéria, qui a été admis en 1990 parmi les pays les plus pauvres, bénéficie depuis janvier 1992 du traitement spécial accordé au sein du système de préférences. Depuis janvier 1992, l’Albanie a été admise parmi les pays bénéficiant de préférences douanières, et la Bulgarie et la Roumanie – dont les importations faisaient jusque-là l’objet de certaines restrictions dans le schéma de préférences suisse – bénéficient désormais de tous ses avantages. Un accord de libre-échange ayant été conclu entre l’AELE et la Turquie, ce dernier pays a été exclu du schéma de préférence suisse dès le 1er avril 1992. D’autres pays ont été admis sur la liste des pays en développement les plus pauvres depuis septembre 1992 ; ce sont le Cambodge, Madagascar, les Iles Salomon, la Zambie et le Zaïre.

4.3. Entretiens économiques

19 Les relations économiques de la Suisse avec les pays en développement n’occupent qu’une part relativement faible du commerce extérieur (16,2 % des exportations et 7,7 % des importations en 1991). La répartition géographique de ces relations reflète par ailleurs la force économique des différents pays et régions : l’Asie se place en tête (56 % des importations suisses en provenance des pays en développement en 1991, 70 % des exportations de la Suisse vers ces pays), l’Amérique latine occupe une place relativement importante (26 % des importations et 17 % des exportations) et les échanges demeurent limités avec les pays d’Afrique (15 % des importations et moins de 10 % des exportations). Exprimé par le nombre de voyages de délégations mixtes comprenant des représentants de l’économie privée et de l’administration, ainsi que par la participation à des foires commerciales et à des symposiums économiques, les contacts économiques suivent le même schéma. Nous ne mentionnons ci-après que les entretiens économiques les plus importants de la période considérée (juillet 1991 à septembre 1992). Outre les questions relatives à l’organisation des relations

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commerciales, ces entretiens portent également sur des thèmes politiques et sur des aspects de la coopération bilatérale au développement.

Asie

20 En octobre 1991, une délégation emmenée par le Conseiller fédéral René Felber et composée de représentant de l’économie et de l’administration a séjourné en Inde. Les entretiens ont porté avant tout sur les échanges économiques bilatéraux et, plus en général, sur la situation politique dans la région. Ce fut également le thème de la Conférence régionale des ambassadeurs tenue à New Delhi, que Monsieur Felber a présidée au cours de la semaine qu’il a passée en Inde. Pendant son séjour, la délégation a également visité des projets de coopération au développement financés par la DDA. Monsieur Felber a promis à ses interlocuteurs indiens que les dépenses consacrées à l’aide au développement n’allaient pas – comme le craignent la plupart des pays en développement – être réorientée vers les pays de l’Europe de l’Est et de l’ex-Union soviétique. Aucun contrat commercial n’a été signé dans le domaine économique. Les deux pays mènent depuis des années des négociations portant sur une convention de double imposition et sur un accord de protection des investissements. La délégation a à nouveau exprimé le désir de la Suisse de voir se conclure ces accords, qui inciteraient les investisseurs suisses, notamment les petites et moyennes entreprises, à se montrer plus actifs en Inde. Leur réticence se fonde en effet sur la crainte d’interventions de la part de l’Etat. En menant sa nouvelle politique de libéralisation économique, l’Inde souhaite ouvrir plus largement ses marchés aux investissements étrangers, ce qui devrait accélérer la conclusion des accords en question. Une convention de double imposition a été paraphée dans le courant du premier semestre de 1992.

21 Une délégation gouvernementale, avec le Conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz à sa tête et accompagnée par un grand nombre d’entrepreneurs suisses, s’est rendue en Chine en juillet 1992. Les questions économiques furent au centre des discussions. Les deux pays ont signé un « Mémorandum sur la protection de la propriété intellectuelle ». Aux termes de ce document qui a un effet rétroactif, les produits pharmacologiques suisses sont protégés par des brevets dès 1986 et dans toute la Chine. Ces dernières années, la Chine a progressivement ouvert ses marchés aux investisseurs étrangers. La délégation suisse cependant a déploré le fait que les produits suisses sont encore toujours soumis à des taxes d’importation jugées très élevées. De leur côté, les interlocuteurs chinois ont souligné que les investissements suisses seront les bienvenus en Chine – notamment les accords d’exploitation conjointe (joint-ventures). Un accord de protection des investissements passé entre les deux pays est en vigueur depuis 1987. Une convention de double imposition entre la Suisse et la Chine a été paraphée en mai 1989, mais sa ratification a été retardée par le massacre perpétré en juin de l’année suivante. Cette convention n’a été ratifiée qu’en août 1991.

22 Pour ce qui est des violations des droits de l’homme par le gouvernement chinois, Monsieur Delamuraz a déclaré que l’embargo sur les exportations d’armes décrété à rencontre de la Chine en 1989 suite au massacre de la place de Tien an Men resterait en vigueur tant que la Chine ne respectera pas les droits de l’homme. Ces violations avaient déjà été évoquées lors de la visite officielle du Premier ministre chinois, Li Peng, à Berne en janvier 1992. A cette occasion, le Conseiller fédéral René Felber avait remis à son interlocuteur une liste non exhaustive de noms de personnes dont les

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droits avaient été bafoués. Cette liste avait été établie par une délégation officielle de juristes suisses qui s’étaient rendus en Chine en décembre 1991.

Amérique latine

23 Au cours de la période précédente, la Suisse a entretenu des contacts économiques intensifs avec divers pays d’Amérique latine et divers accords commerciaux ont été signés (cf. Annuaire 1992). Au cours de la période considérée ici, aucune négociation économique bilatérale ne s’est tenue au niveau ministériel. Notons cependant qu’en juin 1992, des entreprises suisses ont participé à une exposition internationale des techniques modernes de l’environnement, « Eco Brasil 92 », qui s’est tenue à Rio de Janeiro parallèlement au Sommet de la Terre.

Afrique

24 Le 15 avril 1991, l’ONU a décrété un embargo économique contre la Libye. La Suisse s’est joint à cette décision et a interrompu son trafic aérien avec ce pays, sans suspendre pour autant les échanges commerciaux. Une grande part du pétrole importé en Suisse provient en effet de Libye.

25 En octobre 1991, une importante délégation économique suisse s’est rendue au Ghana. Elle était composée de nombreux représentants de la Confédération, de l’industrie des machines, des banques, du secteur des transports, ainsi que de l’Office suisse d’expansion commerciale. Le chef de la délégation, Rolf Jeker de l’OFAEE, a signé au Ghana un accord de protection des investissements et un nouvel accord sur une aide à la balance des paiements portant sur 15 millions de francs. L’aide à la balance des paiements est accordée à titre de cofinancement d’un crédit de la Banque mondiale pour l’ajustement du secteur financier. Le Ghana applique depuis 1983 un programme d’ajustement structurel de grande envergure. Contrairement à ses relations avec les autres continents, la Suisse n’entretient pas des contacts économiques permanents avec les pays d’Afrique noire – à quelques exceptions près comme le montre le cas du Ghana – et les discussions qui ont lieu à l’occasion de visites réciproques de délégations gouvernementales traitent essentiellement de la coopération bilatérale au développement. Ce fut le cas lors de la visite à Berne, en avril 1992, du Ministre des affaires étrangères du Kenya. En juin 1992, c’est le Président de la République du Bénin qui fut accueilli à Berne. Dans ce cas aussi, les entretiens ont porté sur l’élargissement de la coopération bilatérale au développement. En juillet 1992, le Premier ministre de Sao Tomé e Principe a séjourné à Berne avec une délégation. Les discussions ont alors porté sur l’extension de l’aide au développement particulièrement souhaitée dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé et dans le secteur des services.

4.4. Accords de protection des investissements et conventions de double imposition

26 La Suisse souhaite conclure des accords commerciaux visant à protéger et à encourager les investissements suisses dans les pays en développement. Les accords de protection des investissements régissent le cadre juridique des investissements directs internationaux et ont pour but d’améliorer les conditions économiques pour les investisseurs et de favoriser le transfert

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de ressources vers les pays en développement. Les conventions de double imposition règlent la taxation des revenus et de la fortune ; elles évitent la double imposition des revenus de capitaux et de salaires, c’est-à-dire que des impôts soient prélevés dans deux pays sur ces revenus.

Protection des investissements

27 Les accords de protection des investissements devraient contribuer à créer des conditions favorables aux investissements dans un pays déterminé. De tels accords de droit international garantissent en règle générale à l’investisseur étranger le même traitement qu’aux investisseurs nationaux ou, lorsque c’est plus avantageux, les conditions dont bénéficient les investisseurs de la nation la plus favorisée. Ces accords réservent aussi une large place à la réglementation des procédures d’expropriation et de procédures similaires, ainsi qu’aux possibilités de transférer les capitaux et les revenus. On prévoit en général que les éventuels litiges seront soumis à un tribunal arbitral international. Ces accords sont réciproques, c’est-à-dire qu’ils s’appliquent dans les deux Etats signataires.

28 La Suisse a signé sont premier accord de protection des investissements avec la Tunisie en 1961 ; il était lié à un accord sur la coopération technique et scientifique. Cet accord a été approuvé par le Parlement. Dans les années septante et quatre-vingt, la Suisse a ensuite conclu de tels accords avec nombre de pays en développement. Depuis une vingtaine d’années, la promotion des investissements fait l’objet de négociations internationales, sans que l’on soit pour autant parvenu à fixer des normes internationales et contraignantes pour définir les droits des investisseurs. La diminution des flux des investissements dans les années quatre-vingt a engendré un regain d’intérêt en faveur des accords bilatéraux. Ces dernières années, les pays d’Europe centrale et de l’Est se sont également lancés dans la conclusion d’accords de protection des investissements.

29 En 1963, le Parlement a délégué au Conseil fédéral la compétence de conclure de tels accords. Depuis lors cette délégation de compétence est renouvelée tous les dix ans ; le dernier vote a donc eu lieu en 1983. L’octroi d’une garantie contre les risques de l’investissement peut dépendre de l’existence d’un accord de protection des investissements. La négociation de ces accords incombe à l’Office fédéral des affaires économiques extérieures.

30 A fin juillet 1992, la Suisse avait signé des accords de protection des investissements avec 53 pays ; dont 44 étaient en vigueur. Tous ces accords avaient été conclus avec des pays en développement, des pays d’Europe de l’Est, ainsi qu’en août 1991 avec l’Union soviétique (avant que celle-ci ne fût dissoute à la fin de cette même année). En 1991, la Suisse a signé six nouveaux accords avec les pays suivants : Argentine, Ghana, Bulgarie, Cap-Vert, Chili et Pérou ; et au cours du premier semestre de 1992 avec le Paraguay et le Vietnam. L’accord avec l’Argentine a fait l’objet de longues négociations. Comme nombre d’autres pays d’Amérique latine, l’Argentine refusait en effet – conformément à la doctrine dite de Calvo –d’admettre une juridiction internationale. Cette doctrine prévoit en résumé que les étrangers jouissent des mêmes droits que les nationaux, mais n’ont pas de privilèges. La signature de l’accord helvético-argentin a quelque peu assoupli cette position et montrera sans doute la voie à d’autres pays latino-américains. La Suisse souhaiterait notamment conclure des accords de ce type avec les grands pays que sont le Brésil et le Mexique, mais aucun projet concret n’est encore en vue.

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Double imposition

31 Une convention de double imposition assure une protection fiscale aux entreprises et aux personnes étrangères ; elle sert ainsi à attirer les investissements étrangers. Nombre de ces conventions ont été conclues de par le monde et elles correspondent en règle générale à la convention type rédigée en 1977 par l’OCDE.

32 A fin juin 1992, la Suisse comptait 34 conventions de double imposition en vigueur (deux autres, conclues avec la Bulgarie et la Pologne, étaient déjà signées, mais pas encore en vigueur). Parmi ces conventions, notons celles qui ont été conclues avec les pays en développement suivants : Chine, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Egypte, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Singapour, Sri Lanka et Trinité et Tobago. La Suisse a par ailleurs entamé des négociations avec divers autres pays en développement ; au milieu de 1992, des projets de convention ont ainsi pu être paraphés (Inde, Mexique, Tunisie et Maroc), tandis que d’autres négociations étaient encore en cours (Thaïlande, Venezuela). Les conventions de double imposition sont élaborées par l’Administration fédérale des contributions et soumises à l’approbation du Parlement dans le cadre d’un message.

4.5. Exportations d’armes vers les pays en développement

33 Les exportations suisses d’armement sont relativement faibles et dénotent une tendance à la baisse depuis quelques années. L’interprétation de la loi sur le matériel de guerre n’en suscite pas moins des critiques lorsqu’il s’agit de livraisons à des pays en développement, à des pays industrialisés en guerre ou encore vers des zones de conflit. En septembre 1992, une initiative a été déposée visant à interdire toute exportation d’armes. En Suisse, tout comme dans le monde entier, l’industrie de l’armement doit relever le défi que constitue sa reconversion.

34 En 1991, la Suisse a exporté des armes pour un montant total de 327 millions de francs, ce qui représente un nouveau recul par rapport aux années précédentes (330 millions en 1990, 390 en 1989, 504 en 1988). La part des pays en développement dans l’ensemble des exportations d’armement enregistre également une tendance à la baisse ces dernières années. Elle s’est montée à 23 % en 1991 (16 % en 1990 et 34 % en 1989).

35 Les statistiques sur l’exportation d’armes établies pour 1991 ne font pas état de la vente à l’étranger de 25 « avions d’entraînement » du type PC-7 et PC-9, ainsi que du « Porters » PC-6, ces avions étant enregistrés comme « matériel civil ». 14 de ces appareils ont été livrés à la Thaïlande et 2 au Mexique (6 autres à la France et 3 aux Etats-Unis). Depuis des années, l’exportation des avions du type PC vers des zones de conflit a souvent soulevé des protestations au sein du public et au parlement. En effet, ce type d’appareil pouvant aisément être transformé en bombardier, il est souvent utilisé à des fins militaires comme on l’a démontré en maintes occasions.

Zones de conflit

36 Parmi les pays en développement, la Malaisie est le principal acheteur de matériel de guerre suisse (elle en a importé pour 54 millions de francs, tout comme en 1989 déjà), suivie par Singapour. Dans son journal3, le Comité pour le désarmement et l’arrêt des exportations d’armes (ARW) reproche au Conseil fédéral d’autoriser les exportations

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d’armes vers la Malaisie et vers Singapour et d’encourager ainsi la course à l’armement en Asie du Sud-Est, une région politiquement instable. Si elle était appliquée à la lettre, la loi fédérale sur le matériel de guerre devrait en fait interdire les exportations d’armes vers la Malaisie, car il s’agit là d’une zone de conflit. En septembre 1991, la Malaisie a en effet occupé trois îles isolées (l’archipel des Spratley). La Chine, les Philippines, Taïwan et le Vietnam revendiquent également ces trois îles. La Malaisie désire y construire un aéroport destiné au tourisme et à des fins militaires.

Tableau No 15. Exportations suisses de matériel de guerre 1990/91 Les 15 principaux pays en développement clients de la Suisse

1) Pays de destination finale. Source : Calculé à partir des chiffres fournis par l’Administration militaire fédérale.

37 Le Conseil de sécurité de l’ONU a chargé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de dresser une liste des installations nucléaires existantes en Irak dans le but de les démanteler et d’empêcher ainsi ce pays de se doter de l’arme atomique. Selon un rapport d’inspection établi par l’agence, le programme nucléaire irakien repose pour l’essentiel sur la construction d’une installation d’enrichissement de l’uranium. Le rapport mentionne entre autres des entreprises suisses, ainsi que certaines de leurs filiales à l’étranger, qui auraient fourni des composantes pour cette installation.

Embargo sur les exportations

38 Un embargo sur les exportations d’armes devant être décrété dans des délais très brefs, cette compétence relève du Conseil fédéral. Au cours de la période considéré, ce dernier a fait plusieurs fois usage de cette prérogative. En janvier 1991, il a ainsi interdit les exportations d’armes vers la Turquie. Cette décision fut cependant prise beaucoup plus tard que celle instituant le même embargo contre les autres pays de la région du Golfe

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en novembre 1990. En 1992, le Conseil fédéral a assoupli les restrictions imposées à l’occasion de la crise du Golfe aux exportations de matériel de guerre vers les pays de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Bahrein et tes Emirats arabes unis), ainsi que vers la Turquie. L’embargo a continué à s’appliquer pour les autres pays de la région. Dans le cas de la Turquie, la décision concernait la livraison de systèmes de défense antiaérienne qui devaient être installés sur des bateaux de guerre. Le DMF a affirmé que ces appareils ne seraient pas utilisés pour opprimer la minorité kurde. Ces arguments ont fait l’objet de critiques de la part du PSS et de l’ARW ; selon ces derniers, la Turquie bafoue les droits de l’homme et devrait, en raison de la guerre civile qui y règne, être classée parmi les zones de conflit.

39 Tenant compte des tensions croissantes en Yougoslavie, le Conseil fédéral a décrété en mars 1991 un embargo sur les exportations de matériel de guerre vers ce pays. En avril 1992, il a décidé d’appliquer les sanctions appliquées par l’ONU contre la Libye qui comprennent également un embargo sur l’armement.

Interdiction d’exporter des technologies ABC

40 La Suisse ne voulant pas contribuer à la production d’armes atomiques, biologiques et chimiques (armes ABC), le Conseil fédéral a édicté en février 1992 une ordonnance selon laquelle l’exportation de biens et de technologies qui sont en principe utilisés à des fins civiles, mais qui peuvent également servir à la fabrication d’armes ABC et de missile pouvant les transporter, sera soumise à un contrôle. L’ordonnance se fonde directement sur la Constitution et elle est entrée en vigueur au terme d’une procédure d’urgence. Elle sera appliquée jusqu’à l’entrée en vigueur d’une loi régissant ce domaine – aujourd’hui en préparât ion – mais au plus tard jusqu’à fin 1995. Cette ordonnance s’applique à 1500 exportateurs. Si elle a été mise en place si rapidement, c’est que des entreprises suisses avaient livré à l’Irak du matériel ayant servi à la fabrication de gaz de combat biologiques ou chimiques. En novembre 1991, l’ONU avait remis à la Suisse une liste des entreprises suisses concernées, liste établie par un groupe d’experts que l’organisation avait envoyé en Irak.

Interdiction d’exporter des armes

41 Au cours de la session de décembre 1991, trois initiatives parlementaires (Groupe socialiste, Rolf Seiler/PDC, Jean Spielmann/PdA) demandant l’interdiction d’exporter des armes étaient à l’ordre du jour. Toutes trois ont été rejetées. Les initiants soulignaient l’importance d’un désarmement mondial pour le maintien de la paix et de la démocratie. Selon eux, la Suisse pourrait y apporter sa part en interdisant les exportations d’armes. Ils estiment par ailleurs que les ventes d’armes aux pays en développement sont particulièrement choquantes et sont souvent contraires aux objectifs de la coopération au développement.

42 Le Parti socialiste, appuyé par le Mouvement pour la paix et les milieux religieux, a lancé en mai 1991 l’« Initiative populaire pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre », qui a été déposée en septembre 1992. Cette initiative vise non seulement à interdire l’exportation directe d’armes et d’autres matériels de guerre, mais aussi le commerce d’armes indirect qui se pratique en contournant la loi4.

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Contrôles internationaux des exportations d’armes

43 En octobre 1991, les Etats-Unis, l’ex-URSS, la Chine, la France et la Grande-Bretagne ont fixé des lignes directrices communes visant à réduire leurs exportations d’armes. (Il faut savoir que les cinq puissances nucléaires dominent 85 % du commerce international de l’armement.) Cet accord – volontaire – devrait empêcher qu’un pays ou une région puisse se doter d’un potentiel militaire offensif, que des exportations d’armes aggravent ou prolongent un conflit armé, qu’elles exacerbent ou créent des tensions dans une région ou qu’elles renforcent le terrorisme international. L’accord concerne les armes conventionnelles.

44 Par une résolution adoptée en décembre 1991, l’Assemblée générale de l’ONU a décidé de tenir un registre international sur le commerce d’armes lourdes conventionnelles (chars et avions de combat). Bien qu’elle n’exporte essentiellement que du matériel de guerre léger (fusils, munitions), qui ne sera pas répertorié, la Suisse souhaite participer à la tenue de ce registre. Notre pays est en fait importateur de matériel de guerre lourd. C’est en 1992 que le registre recensera pour la première fois le commerce des armes.

BIBLIOGRAPHIE

Sources de la partie 4.1.

Rapports annuels de la GRE 1990 et 1991.

Rapport sur la politique économique extérieure 1991.

Office fédéral des affaires économiques extérieures.

Prises de position de la Communauté de travail Swissaid/ Action de Carême/ Pain pour le Prochain/ Helvetas concernant la politique de développement (1990).

Tages-Anzeiger, 3.12., 10.12.1991.

Sources de la partie 4.2.

Rapport concernant les mesures tarifaires prises durant le 2ème semestre 1991, Berne, 15.1.1992.

Message du Conseil fédéral concernant la prolongation de l’arrêté fédéral du 9 octobre 1981 sur l’octroi de préférences tarifaires en faveur des pays en développement (arrêté sur les préférences tarifaires), Berne, 20.2.1991.

Office fédéral des affaires économiques extérieures.

Sources de la partie 4.3.

Rapport sur la politique économique extérieure 1991.

DFAE, Communiqués de presse, 26.9.1991, 7.4., 12.6., 20.7.1992.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 122

DFED, Communiqué de presse du 7.10.1991.

NZZ, 9.10.1991 ; 30.1., 9.6.1992.

Tages-Anzeiger, 15.10.1991 ; 10.7.1992.

Sources de la partie 4.4.

OFAEE, Liste des accords concernant la protection et l’encouragement des investissements conclus à ce jour par la Suisse, état en juillet 1992.

Administration fédérale des contributions, Conventions suisses de double imposition, état au 1.1.1992.

Rapport sur la politique économique extérieure 1991.

Message concernant la conclusion d’accords sur la protection et l’encouragement des investissements de capitaux, 17.11.1982 (82.076).

Baldi Marino, Völkerrechtlicher Schutz fur internationale Direktinvestitionen, in : Recht 1990, cahier 1.

Sources de la partie 4.5.

DMF, Exportation de matériel de guerre 1991.

Comité pour le désarmement et l’arrêt des exportations d’armes (éd.), Friedenspolitik, no 61/ février 1992, no 62/avril 1992, no 63/juin 1992 et no 64/août 1992.

Communiqué de presse du DFAE du 8.11.1991.

Tages-Anzeiger, 21.10., 13.12.1991 ; 18.2., 3.3.1992.

NZZ, 3.3.1992.

NOTES

1. Pour plus de détails sur l’assainissement de la GRE de 1990, voir l’Annuaire Suisse-Tiers Monde 1991. 2. Voir le chapitre « Rééchelonnements et remises de dettes ». 3. Friedenspolitik, no 61, février 1992. 4. L’Initiative populaire pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre est présentée en détail et figure en toutes lettres dans l’Annuaire 1992.

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V. Coopération au développement

Généralités

1 En 1991 et 1992, les débats relatifs à la politique de développement ont principalement porté sur l’adhésion de la Suisse au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, ainsi que sur la préparation de la Conférence de Rio sur l’environnement (CNUED), qui s’est tenue en juin 1992. (La Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, CNUED, est traitée en détail dans le chapitre « Négociations internationales ».) Par ailleurs, les organisations d’aide au développement ainsi que le Parlement se sont notamment penchés sur le fonctionnement et le volume de l’aide de la Confédération aux pays de l’Est. Tout le monde s’accorde pour souligner que l’aide aux pays d’Europe de l’Est et de la CEI ne doit pas se faire aux dépens du Sud. Dans le domaine du désendettement, la collaboration entre la Confédération et les organismes d’entraide s’est concrétisée par la création d’un service commun chargé de la question. Pendant la période considérée, la coopération suisse au développement a pris des mesures pour soutenir le processus de démocratisation, ce qui est relativement nouveau. Du point de vue financier, les dépenses de la Confédération à titre d’aide au développement ont à nouveau augmenté par rapport à l’année précédente pour atteindre 1’156 millions de francs. Pour 1991, la part de ces dépenses dans le PNB se situe à 0,34 % (0,36 % selon l’OCDE), ce qui correspond à la moyenne des pays du CAD (Comité d’aide au développement de l’OCDE). Les dépenses des œuvres d’entraide privées se sont élevées en 1991 à 192’202 millions de francs. Cependant, les restrictions budgétaires fédérales frapperont à l’avenir aussi les dépenses consacrées à l’aide au développement. Dans les mesures d’assainissement du budget fédéral qu’il a adoptées, le Parlement prévoit de réduire de plus de 100 millions de francs chaque année les dépenses prévues à titre d’aide au développement entre 1993 et 1995. Les œuvres d’entraide privées ont vivement critiqué cette décision.

2 Dans le cadre de la coopération au développement, nous passons ici en revue les données chiffrées pour l’année 1991, mais aussi les événements et débats qui ont marqué la politique du développement en 1992 (jusqu’en septembre). Les principaux chiffres sont indiqués dans le texte et repris dans des tableaux, qui offrent une meilleure compréhension. La partie statistique (pages jaunes) du présent Annuaire comprend des données détaillées sur les dépenses des aides publique et privée au développement, ainsi qu’un commentaire.

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5.1. Aide publique au développement

3 L’aide publique au développement comprend des mesures dans les domaines de la coopération technique et de l’aide financière, des mesures de politique économique et commerciale, l’aide humanitaire et alimentaire. Ces diverses mesures sont financées par des crédits-cadres, dont chacun est approuvé pour quatre ans par le Parlement1. L’application de ces mesures incombe à la Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DDA) du Département fédéral des affaires étrangères (coopération technique et aide financière, aide humanitaire), ainsi qu’à l’Office fédéral des affaires économiques extérieures (OFAEE) du Département fédéral de l’économie publique (mesures de politique économique et commerciale), qui publient chaque année un rapport commun. Leur rapport annuel pour 1991 a pour thème l’ajustement structurel et le développement.

Ajustement structurel

4 Pour diverses raisons, pays industrialisés et pays en développement se voient aujourd’hui dans l’obligation d’adapter leurs structures économiques et sociales aux changements du contexte international, mais leur situation de départ est loin d’être comparable. La coopération suisse au développement participe à des programmes d’ajustement structurel dans les pays en développement. Selon le rapport annuel de la DDA et de l’OFAEE, ces programmes constituent « une stratégie appropriée pour surmonter la crise économique dans les pays en développement » (p. 2). Ce même rapport regrette cependant que les différentes mesures ont jusqu’à présent visé à limiter les importations, tandis que d’importantes mesures prises pour stimuler les exportations des pays en développement se heurtent au protectionnisme qui prévaut sur les marchés des pays industrialisés (par ex. l’« Accord multifibres », qui permet de contrôler les importations de textiles, et tout le système de subventionnement du secteur agricole). « Situation absurde si l’aide au développement ne sert qu’à compenser, et encore que partiellement, les effets pervers du protectionnisme des pays industrialisés ! » (Rapport annuel DDA/OFAEE, p. 4) Le rapport annuel passe en revue les programmes d’ajustement structurel lancés dans les pays auxquels la Suisse accorde son soutien, notamment sous forme d’aide à la balance des paiements : Ghana, Bénin, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Rwanda, Ouganda, Tanzanie, Mozambique, Madagascar, Bolivie, Pérou et Nicaragua.

Adhésion au Groupe de la Banque mondiale

5 A la Conférence annuelle de septembre 1992 des Institutions de Bretton-Woods, la Suisse est devenue membre du FMI et du Groupe de la Banque mondiale qui contribue à financer les mesures en faveur du développement. Outre la Banque mondiale elle- même, le Groupe de celle-ci comprend la Société financière internationale (SFI), l’Association internationale pour le développement (AID) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI). Les frais d’adhésion de même que les contributions annuelles à ces institutions seront financés par le crédit-cadre de 4’986 millions de francs destiné à financer les prestations de subventionnement versées par la Suisse à la Banque mondiale, à l’AID et à la SFI.

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Comité d’aide au développement de l’OCDE (CAD)

6 En 1991, le Comité d’aide au développement de l’OCDE, dont la Suisse fait partie, a adopté des directives en matière d’aide aux programmes. Elles visent à accroître la qualité et la coordination de l’aide et à uniformiser les procédures d’octroi de cet instrument toujours plus important de l’APD. Le Comité s’est par ailleurs penché sur la question de savoir comment intégrer plus encore toutes les couches de la population au processus de développement. Les mesures allant dans ce sens comprennent, outre nombre d’autres facteurs, l’encouragement du secteur privé et notamment du secteur informel, mais aussi la volonté de mettre en place des formes de gouvernement assurant la participation de la population. L’attribution d’une aide au développement repose ainsi de plus en plus sur des critères dits de « bonne gestion » (good governance) et vise surtout à lutter contre la corruption et à réduire les dépenses militaires excessives. La notion de « bonne gestion » comprend en particulier l’encouragement du processus de démocratisation. Dans ce domaine, la Suisse a appuyé la tenue d’élections – surtout par l’envoi d’observateurs et d’un soutien logistique – en Namibie, en Ethiopie, au Congo et, en septembre 1992, en Angola. La DDA a mis à la disposition du Mozambique des moyens pour démobiliser des soldats et elle a financé le travail d’experts qui ont participé à la rédaction d’une nouvelle constitution des Iles du Cap-Vert.

7 En avril 1992, le Comité d’aide au développement de l’OCDE a renforcé les critères déterminant l’octroi d’une aide liée (crédits mixtes). Selon ces nouvelles mesures, l’aide liée ne doit pas servir uniquement à encourager les exportations des pays donateurs. A l’avenir, elle ne doit au contraire bénéficier qu’aux projets et aux pays pour lesquels aucun financement commercial n’est possible. Exception faite des pays les moins avancés. Les crédits de plus de 50 millions de DTS doivent être soumis à l’examen préalable d’une instance indépendante. Ces nouveaux critères ont pour objectif de réorienter le financement mixte et les crédits liés vers les pays les plus pauvres et d’uniformiser la mise en œuvre de cet instrument dans les pays industrialisés. Des lignes directrices analogues avaient été édictées en décembre 1991 dans le domaine des crédits à l’exportation bénéficiant d’une garantie publique.

Image directrice de la DDA

8 En septembre 1991, la DDA a publié sa nouvelle image directrice pour les années 90. Dans ce document, la Direction évoque explicitement la double responsabilité de la Suisse en tant que pays du Nord : d’une part, l’aide au développement doit permettre d’atténuer la pauvreté dans le Sud et, d’autre part, la Suisse doit réduire tout autant chez elle le gaspillage des ressources, tant dans la production que dans la consommation. La DDA a participé à l’élaboration d’une politique globale cohérente de la Suisse face au Sud. Elle souhaite ainsi aborder de front les inévitables conflits d’intérêts. (Image directrice de la DDA, 1991).

9 La Conférence annuelle de la DDA de 1991 avait eu pour thème la recherche appliquée dans l’encouragement du développement, ainsi que la coopération scientifique et technologique. A la Conférence annelle de 1992, des hôtes africains du Zimbabwe, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ont été invités pour présenter leur point de vue sur la question à l’ordre du jour : « L’Afrique : quel avenir ? » Un développement durable et librement choisi passe nécessairement selon eux par un sentiment de responsabilité

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accrue chez les partenaires dans les pays en développement et par une moins grande indifférence de la part des pays donateurs envers la planification de l’avenir de chaque pays en développement concerné, ainsi que par le soutien de l’initiative privée des très petites, petites et moyennes entreprises. Les représentantes des pays africains ont souligné qu’une telle attitude permettrait aux donateurs et aux bénéficiaires de mieux se comprendre et de devenir véritablement partenaires dans la coopération. Ils ont également plaidé en faveur du respect des anciennes valeurs africaines et de l’identité des populations et ils souhaitent donc que les pays africains s’écartent quelque peu de l’exemple des pays riches (qui a lui aussi ses aspects négatifs) pour baser leur développement sur leurs propres valeurs. Parallèlement, les pays africains devront s’efforcera l’avenir d’accroître et d’améliorer leur coopération régionale.

Coopération au développement avec l’Afrique du Sud

10 L’Afrique du Sud est un cas particulier dans l’aide suisse au développement. Les cinq millions de membres de la minorité blanche de ce pays connaissent le niveau de vie d’un pays industrialisé, alors que la grande majorité que forment les 28 millions d’habitants noirs vivent dans la pauvreté et le sous-développement. Depuis 1986, la DDA appuie des organisations indépendantes en Afrique du Sud, qui œuvrent pour le respect des droits de l’homme et en faveur de l’entraide juridique, et offre son soutien à des programmes sociaux, à des activités culturelles, ainsi qu’à la formation d’étudiants et d’artisans noirs.

11 Depuis 1992, la DDA appuie également un programme pour la réintégration des rapatriés noirs. Jusqu’à fin 1991, la DDA a dépensé un total de 41 millions de francs pour l’aide au développement à l’Afrique du Sud.

Réduction de l’aide au développement

12 L’assainissement du budget fédéral a par deux fois coupé dans les dépenses de l’aide au développement : en décembre 1991 et en automne 1992. En décembre 1991, le budget de l’aide au développement pour 1992 a été réduit de 19 %, soit de 276 millions de francs, par rapport au plan financier. En octobre 1992, le Parlement a voté d’autres réductions de 10 % pour les années 1993 à 1995. L’objectif est d’économiser au total quelque 500 millions de francs sur les dépenses d’aide au développement prévues pour les années concernées. « Aucun autre domaine n’est à ce point touché par des restrictions à la fois ponctuelles et linéaires. Aucun autre domaine que l’aide au développement ne se voit obligé de réduire dans une telle mesure son taux de croissance suite aux mesures d’assainissement »2. Les coupes pratiquées sont en effet aussi bien sélectives que linéaires. Sont particulièrement touchées les mesures de désendettement et de protection de l’environnement. « Pour équilibrer le budget, on coupe visiblement dans les postes où l’opposition politique est la moindre. L’aide au développement, entant qu’expression de notre bon sens dans la politique extérieure à long terme, ne dispose-t- elle donc d’aucun lobby au Conseil fédéral et au Parlement ? » s’interroge le coordinateur de la Communauté de travail des œuvres d’entraide (Gerster, p. 15).

13 Les réductions touchent directement les onze grandes œuvres privées d’entraide dont les programmes sont cofinancés par la Confédération. Ces organismes devront prévoir une diminution en chiffres réels des contributions fédérales. En 1991 déjà, la DDA a réduit l’attribution de projets en régie à certaines de ces organisations. Les réductions

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adoptées contredisent complètement les nombreuses déclarations d’intention faites par le Conseil fédéral d’accroître l’aide au développement suisse pour la porter à 0,40 % du PNB. Le budget de l’aide aux pays d’Europe centrale et orientale pour 1992 est quant à lui demeuré inchangé. « La politique extérieure s’oriente visiblement, et c’est compréhensible, vers la reconstruction de l’Europe de l’Est et des pays de la CEI, bien que l’affectation réelle des moyens investis soit moins bien connue que dans la coopération au développement. L’aide au développement est-elle le parent pauvre de l’aide à l’Est ? La réorientation de l’aide internationale du Tiers Monde en faveur du « Deuxième Monde » – que tout le monde redoute – ne peut être que fatale. » (Gerster, p. 15).

14 Les œuvres d’entraide privées invitent la Confédération à soumettre plus souvent ses stratégies et lignes directrices de la politique du développement au débat public, afin de mettre en place une politique plus transparente qui bénéficiera d’un meilleur appui au sein de la population. Les œuvres d’entraide estiment notamment que la Confédération doit accroître d’urgence ses capacités conceptrices « pour élaborer enfin une politique suisse du développement plus cohérente » (Gerster, p. 12).

5.1.1. Dépenses de l’aide publique au développement en 1991

15 En 1991, la Confédération, les cantons et les communes ont consacré à l’aide publique au développement des dépenses d’un total de 1’156 millions de francs, par rapport à 1’006 millions l’année précédente. Grâce à cette augmentation, l’APD a atteint pour la première fois 0,34 % du PNB, contre 0,31 % en 1990. Cette part du PNB correspond à la moyenne des pays du Comité d’aide au développement de l’OCDE (CAD), mais se situe en deçà de la moyenne de la CE de 0,42 % et demeure très loin de l’objectif de 0,7 % fixé par l’ONU. La Communauté de travail des œuvres suisses d’entraide ne cesse de demander une augmentation massive des dépenses d’APD de la Confédération et a vivement critiqué la décision du Parlement de réduire de plus de 100 millions de francs les dépenses annuelles d’APD prévues pour la période allant de 1993 à 1996.

16 Le tableau No 16 montre la répartition des dépenses dans les différents secteurs. On remarque un recul des mesures dans le domaine technique en faveur des mesures de la politique économique et commerciale, recul qui s’explique par le financement des premières actions de désendettement. Il importe de savoir que les variations enregistrées entre les divers domaines ou au sein d’un même domaine peuvent être d’origine aléatoire, car les versements de crédits mixtes et d’aide à la balance des paiements peuvent par exemple s’accumuler au cours d’une période donnée ou bien des catastrophes requièrent un accroissement momentané de l’aide humanitaire.

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Tableau No 16. Dépense de l’aide publique au développement (APD)

Source : Rapport annuel de la DDA et de l’OFAEE 1991, Berne 1992.

17 Les comptes de la Confédération indiquent que ces dernières années un quart environ de l’aide publique au développement était attribué à titre d’aide multilatérale et les trois quarts à titre d’aide bilatérale. En 1991, les dépenses bilatérales représentaient 912 millions de francs, ou 79 % de l’APD, et les dépenses multilatérales 244 millions, ou 21 %. Il faut savoir cependant que toutes les mesures de politique économique et commerciale sont inscrites parmi les dépenses bilatérales, qui comprennent donc aussi des mesures de désendettement faisant partie d’actions internationales, telles que la contribution à la facilité de désendettement de l’AID (20 millions de francs) ou le financement des retards de paiement du Nicaragua et du Pérou auprès d’institutions financières (25 millions de francs).

18 Selon la Communauté de travail des œuvres d’entraide, ne devraient être comptabilisées dans l’aide bilatérale que les dépenses dont la Suisse détermine et contrôle totalement l’affectation. Si ce principe était appliqué à la lettre, les dépenses multilatérales occuperaient une place beaucoup plus grande dans les dépenses d’APD de la Confédération. La bonne image dont jouit l’aide bilatérale auprès de l’opinion publique, pourrait expliquer pourquoi la Confédération tend à inscrire dans l’aide bilatérale une partie des dépenses multilatérales.

19 Les projets de la coopération technique drainent depuis toujours la majeure partie des dépenses d’APD (41 %). Conjugué avec l’aide financière (15 %), ce domaine de coopération représente plus de la moitié de l’aide au développement. Les mesures de politiques économique et commerciale ont enregistré la plus forte croissance ; celle-ci s’explique par l’utilisation du nouvel instrument que sont les mesures de désendettement (plus de 80 millions de francs pour 1991).

Flux financiers entre la Suisse et les pays en développement

20 On tend à croire que l’aide au développement publique et privée joue un rôle important dans le financement du développement, mais elle apparaît au contraire extrêmement modeste en regard du transfert net de capitaux. Celui-ci est en effet très important

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pour l’économie d’un pays, car il comprend les investissements étrangers directs et le rapatriement de capitaux en fuite, qui sont déterminants pour le développement national. En 1990, le flux net de capitaux de la Suisse vers les pays en développement s’élevait à 3,8 milliards de francs, selon les données officielles, contre 1 milliard de francs environ pour l’aide publique au développement. En 1991, on a enregistré 2,9 milliards de francs de capitaux privés, contre 1,15 milliard de francs de dépenses d’APD. Le plus grand courant de ce flux est constitué par les investissements directs suisses qui s’adressent avant tout à des pays d’Amérique latine (86 % en 1990), puis aux pays d’Asie (11 %) et à l’Afrique (0 %, –4 millions de francs). (Voir à ce sujet les chiffres et les commentaires dans la partie statistique, sous « Flux financiers »).

5.1.2. Coopération au développement bilatérale

21 Selon les sondages, les citoyennes et citoyens suisses préfèrent l’aide bilatérale à l’aide multilatérale, car le donateur a un droit de regard direct sur l’affectation des fonds qu’il investit dans un projet. Les œuvres d’entraide privées partagent également cette opinion, car elles s’efforcent toujours de suivre de près les projets qu’elles financent et d’y faire participer la population concernée. Dans sa coopération au développement, la Confédération met, elle aussi, l’accent sur les mesures bilatérales.

22 Les statistiques fédérales classent toutefois dans l’aide bilatérale les contributions versées à des organisations internationales pour des actions précises, tels les cofinancements de l’AID, qui représentent chaque année une somme considérable (50,9 millions de francs en 1990). La Confédération soutient les cofinancements de l’AID par des versements comptabilisés comme bilatéraux depuis 1976, car cette année-là le peuple a refusé que la Suisse participe au capital de l’AID – participation devant être inscrite dans les dépenses multilatérales. En règle générale, la Suisse sélectionne, prépare et supervises les projets de cofinancement de l’AID auxquels elle participe, c’est pourquoi elle inscrit leur financement dans l’aide bilatérale, bien qu’ils impliquent des obligations multilatérales. La Suisse étant désormais membre de la Banque mondiale et de l’AID, elle participera à leur capital et à son augmentation. Il est évident que ces dépenses devront être comptabilisées dans l’aide multilatérale.

Les principaux pays bénéficiaires

23 Une part importante de l’aide bilatérale suisse s’adresse aux 19 principaux pays bénéficiaires. Des programmes nationaux sont élaborés en coopération avec ces pays et les projets sont souvent coordonnés par un bureau sur place. Les principaux pays bénéficiaires du continent africain sont les suivants : Mozambique, Tanzanie, Madagascar, Mali, Kenya, Rwanda, Bénin, Burkina Faso, Niger et Tchad. En Amérique latine il s’agit du Pérou, du Honduras et de la Bolivie ; en Asie ils comprennent le Bhoutan, l’Indonésie, le Népal, l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan. Par le passé, pour mener à bien ses projets, la Confédération collaborait en règle générale avec des services gouvernementaux du pays partenaire. A l’avenir, elle s’efforcera d’encourager plus l’initiative privée et de coopérer directement avec les populations concernées, comme le fait par exemple la DDA depuis 1983 en Bolivie, où elle finance un programme d’aide aux organisations non gouvernementales boliviennes.

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Répartition de l’aide bilatérale

24 En 1991, les dépenses consacrées aux mesures bilatérales se montaient au total à 912 millions de francs. Ces dépenses se répartissent comme suit :

25 Par revenu : 320 millions de francs (35 %) ont été attribués aux pays les moins avancés (liste de l’ONU des 47 pays les plus pauvres), 224 millions de francs (25 %) au groupe des pays à bas revenu (PNB par habitant inférieur à 750 dollars) et 114 millions de francs (12 %) au groupe des pays à revenu moyen. Les 254 millions de francs restants ont servi à financer des projets régionaux ou n’ont pas été attribués.

26 Par régions : Sur les 912 millions de francs des dépenses d’aide bilatérale, 344 millions, soit 38 %, ont été attribués à des pays d’Afrique. Les principaux bénéficiaires ont été le Mozambique (42 millions de francs), le Rwanda (24,4), Madagascar (21,9), la Tanzanie (19,9) et le Mali (19,2). Les pays en développement d’Asie ont reçu 234 millions de francs (26 %), dont 40,7 millions étaient destinées à l’Inde, 28,4 millions à la Chine, 20,8 millions au Bangladesh, 20,4 millions au Pakistan, 19,8 à l’Indonésie. Avec un montant de 123 millions de francs, la part des pays d’Amérique latine représentait 13 % du total. Les principaux bénéficiaires ont été le Nicaragua (28,7 millions de francs), le Pérou (28,4) et la Bolivie (24,7).

Dépenses bilatérales de la DDA

27 En 1991, la DDA a consacré 432 millions de francs au financement de projets bilatéraux de la coopération technique et de l’aide financière. Les principaux secteurs concernés sont l’agriculture (21 %), les projets intersectoriels (21 %), les projets d’infrastructure (16 %) et les services (12 %). Les dépenses servent avant tout à financer des projets en Afrique (42 %), puis en Asie (28 %) et en Amérique latine (12 %). La DDA attribue la majeure partie (67 %) des dépenses bilatérales à des institutions privées – entreprises et œuvres d’entraide – à titre de mandats de régie ou de contributions destinées à des actions spécifiques menées par des organisations internationales. La DDA gère elle- même une partie des actions bilatérales ; en 1991, celles-ci ont représenté 140 millions de francs (33 %). Les dépenses bilatérales comprennent également le financement de la formation et de stages pour des étudiants de pays en développement ; en 1991, 481 étudiants ont ainsi bénéficié de bourses.

5.1.3. Coopération technique et aide financière

28 La coopération technique occupe une place prépondérante dans la coopération suisse au développement. Avec l’aide financière, elle a absorbé 56 % des dépenses d’APD en 1991. Comme l’indique le tableau no 16, 379 millions de francs ont été consacrés à des projets bilatéraux de la coopération technique et 100 millions de francs à des projets multilatéraux ; respectivement 86 et 88 millions de francs dans le domaine de l’aide financière. Coopération technique et aide financière se conjuguent souvent pour appuyer un même projet ou programme. L’aide financière sert par exemple à soutenir le processus d’ajustement structurel dans un pays, tandis que la coopération technique tente, dans le même temps, d’améliorer les conditions de travail et les capacités de production. A l’avenir, la DDA prévoit de renforcer son engagement dans les domaines de l’environnement, de la coopération dans la formation et la recherche, ainsi que du soutien aux processus de démocratisation.

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29 Ce domaine de la coopération est géré par la DDA et il est financé par le crédit de programme pour la continuation de la coopération technique et de l’aide financière, fixé à 3,3 milliards de francs pour quatre ans à partir de 1991.

5.1.4. Mesures de politique économique et commerciale

30 C’est le service du développement de l’Office fédéral des affaires économiques extérieures qui est compétent pour appliquer les mesures de la politique économique et commerciale. Ces mesures comprennent les cinq domaines « classiques » que sont les financements mixtes, l’aide à la balance des paiements, les matières premières, la promotion commerciale et la promotion des investissements privés en faveur de l’industrialisation. En 1991, le montant le plus important a toutefois été consacré au « nouvel » instrument de l’aide commerciale que sont les mesures de désendettement. Le tableau no 517 indique la répartition des dépenses en 1991. Les mesures prises sont financées par le quatrième crédit de programme de 840 millions de francs pour la période 1991-19943.

Tableau No 17. Dépenses consacrées aux mesures de politique économique et commerciale 1990/91

Source : Rapport annuel 1991 DDA et OFAEE, Berne 1992.

Mesures de désendettement

31 Le succès d’un ajustement structurel entrepris par un pays dépend pour beaucoup de la possibilité de réduire la charge qu’une forte dette extérieure fait peser sur son économie. En 1991, le Parlement a voté un crédit-cadre pour le financement de mesures de désendettement en faveur de pays en développement démunis d’un montant de 400 millions de francs. Les actions de désendettement financées par ce crédit-cadre, ainsi que par le quatrième crédit de programme pour les mesures de politique économique et commerciale, comprennent jusqu’ici les domaines suivants : • Rachat de créances commerciales au prix du marché : la Suisse a pris part à deux actions de désendettement internationales en faveur du Mozambique et du Niger, à hauteur de 10,7 millions de francs au total. Le prix de rachat équivalait à 18 et 10 % respectivement de la valeur nominale. La Suisse a en outre versé une contribution de 20 millions de francs à la

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facilité de désendettement de l’AID. Dans ce domaine, la Confédération rachète également au prix du marché des créances de la GRE auprès de divers pays. • Financement de retards de paiement accumulés envers des institutions financières internationales : la Confédération a participé pour un montant de 25 millions de francs à deux actions de désendettement internationales en faveur du Nicaragua et du Pérou. Ces actions ont permis d’éponger des arriérés – d’un montant total de 2,6 milliards de dollars – auprès de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement. Ces mesures devraient faciliter le redressement économique des pays bénéficiaires et leur ouvrir l’accès à de nouveaux crédits auprès des instituts financiers internationaux. • Mesures complémentaires de la facilité suisse de désendettement : ce domaine comprend notamment l’aide à la balance des paiements. En 1991, le Ghana a reçu une aide de 15 millions de francs à ce titre. Elle a permis de cofinancer un programme de l’AID visant une réforme du secteur financier. « Parce soutien, la Suisse tient à démontrer qu’elle est prête, en principe, à apporter son aide aux pays en développement qui, grâce aune politique delà dette prudente et à de gros efforts de leur part, ne sont pas confrontés à d’insolubles problèmes dans ce domaine et peuvent payer le service de leur dette », argumente le Rapport sur la politique économique extérieure 1991 (p. 79).

32 Dans sa pétition « Le désendettement : une question de survie », la Communauté de travail des œuvres d’entraide suisses avait exigé que les mesures de désendettement comprennent la création de « fonds de contrepartie ». La Suisse peut donc exiger la création d’un fonds en monnaie local destiné à financer des projets de développement. La Confédération s’est montrée sceptique face à cette exigence, car pour créer un fonds de projet en monnaie locale le pays concerné doit trouver des moyens supplémentaires. Pour cela, il est nécessaire d’augmenter les impôts ou de prélever des fonds affectés à d’autres domaines, puisqu’une remise de dettes ne libère pas directement du capital. De plus, la création et la gestion de tels fonds engendreraient de grosses dépenses administratives. Les œuvres d’entraide souhaitent pouvoir collaborer aux mesures de désendettement et donner leur avis sur leur application, notamment en ce qui concerne la création des fonds de contrepartie. En 1991, l’OFAEE et la DDA ont conclu des contrats séparés de collaboration avec la Communauté de travail portant sur la création et l’affectation des fonds de contrepartie locaux. Sur la base des contrats signés, la Communauté de travail a mis sur pied un service de désendettement, dont le volume de travail a été estimé à un poste et demi, qui a commencé ses travaux en octobre 1991. Sa tâche consiste à proposer des projets et des programmes qui pourraient être financés par des fonds de contrepartie en monnaie locale, à choisir les partenaires, à répartir les responsabilités et à superviser la gestion des fonds. La préparation et l’identification des projets financés par les fonds de contrepartie incombe au Service de développement de l’OFAEE, tandis que la DDA est chargée de la réalisation pratique.

33 La Commission consultative pour la coopération internationale au développement et l’aide humanitaire a mis sur pied un sous-groupe chargé de conseiller l’administration en matière de désendettement.

Financement mixte

34 Le financement mixte est la seule forme d’aide liée accordée par la Suisse. Le bénéficiaire d’un crédit accordé conjointement par la Confédération et les banques commerciales s’engage à acheter du matériel et des produits en Suisse. A l’origine, la

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part fédérale de ces crédits était un prêt sans intérêts, tandis que la part bancaire était octroyée aux conditions du marché. Depuis 1988, la part fédérale, qui a été relevée conformément aux recommandations de l’OCDE, constitue un don. En 1991, la Confédération a décidé de transformer en don la part fédérale (accordée alors sous forme de crédit sans intérêts et se montant au total à 295 millions de francs) d’anciens crédits mixtes dont bénéficiaient 13 pays en développement et une organisation régionale de développement. Les bénéficiaires sont les suivants : Egypte, Cameroun, Colombie, Honduras, Inde, Jordanie, Kenya, Maroc, Sénégal, Sri Lanka, Thaïlande, Tunisie, Zimbabwe et la Banque ouest-africaine de développement.

35 Les conditions matérielles du financement mixte en faveur des pays en développement ont d’une part été améliorées, d’autre part, l’OCDE a adopté des règles plus strictes sur l’octroi de crédits mixtes. « A l’avenir, de tels financements ne seront plus accordés aux pays en développement mieux dotés. » … « De plus, les crédits d’aide liée ou partiellement déliée ne doivent pas financer des projets qui pourraient bénéficier de crédits commerciaux et qui, s’ils étaient financés aux conditions du marché et si les structures de prix internes étaient conformes aux mécanismes du marché, seraient financièrement viables. » … « Font exception à la règle les crédits accordés aux pays en développement les plus défavorisés ainsi que les crédits avec un degré de concessionnalité très élevé ou inférieurs à 2 millions de DTS. » (Rapport sur la politique économique extérieure, 1991, p. 109).

36 Ces dernières années, la demande de crédits mixtes de la part des pays en développement a augmentée, car les conditions appliquées aux financements mixtes se sont améliorées et que nombre de pays en développement n’ont pas encore accès aux marchés internationaux des capitaux et dépendent donc de l’octroi de crédits à des conditions favorables.

37 En 1991, la Suisse a conclu des accords portant sur des financements mixtes avec les six pays suivants : Chine (110 millions de francs), Côte d’Ivoire (34 millions de francs), Egypte (60 millions de francs), Inde (100 millions de francs), Indonésie (112 millions de francs) et Zimbabwe (50 millions de francs). La part de la Confédération dans ces financements mixtes, de 466 millions de francs au total, s’élève à 200,5 millions de francs (43 %).

38 La conversion de la tranche publique des crédits mixtes en dons, qu’il était tout d’abord prévu de réserver aux seuls pays avec lesquels la Confédération a conclu des accords de consolidation de dettes, a été étendue en 1991 aux pays gravement affectés par la crise du Golfe, ainsi qu’aux pays faisant partie du Programme spécial d’assistance à l’Afrique sub-saharienne de la Banque mondiale.

Aide à la balance des paiements

39 L’aide à la balance des paiements est en principe constituée de capitaux rapidement disponibles servant à financer des réformes économiques. Elle sert souvent à importer des biens. Comme le mentionne le message relatif au quatrième crédit-cadre. Une moyenne de 75 % environ de l’aide à la balance des paiements octroyée sur une base bilatérale a été utilisée pour financer des importations de biens produits en Suisse. La Suisse contribue par ailleurs à cofinancer l’aide à la balance des paiements, le plus souvent en versant une participation aux prêts consentis par l’AID pour financer des programmes d’ajustement structurel. Outre deux exceptions (Bolivie et Bangladesh),

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tous les bénéficiaires de l’aide suisse à la balance des paiements ont jusqu’ici été des pays africains.

40 Des aides à la balance des paiements pour un montant total de 40 millions de francs ont été accordés en 1991 : la Bolivie a reçu une aide de 10 millions de francs, à titre de cofinancement avec l’AID ; le Mozambique s’est vu accorder 8 millions de francs ; l’aide octroyée au Nicaragua est composée, d’une part, d’un cofinancement (8 millions de francs) avec l’AID et, d’autre part, d’un soutien bilatéral (4 millions de francs) ; une contribution de 10 millions de francs, sous forme d’un cofinancement avec l’AID, a été versée au Rwanda. L’aide à la balance des paiements de 15 millions de francs accordée au Ghana dans le cadre d’un cofinancement avec l’AID a été comptabilisée parmi les mesures de désendettement.

Pertes de recettes d’exportation sur les produits de base

41 Depuis des années, voire des décennies, les prix des produits de base – à l’exception du pétrole – sont à la baisse sur les marchés mondiaux. Les pertes de recettes d’exportation ainsi engendrées ont détérioré les termes de l’échange, notamment pour les pays les plus pauvres, qui dépendent souvent de l’exportation d’un seul produit de base (ou d’un petit nombre de produits). La Suisse a évalué les pertes de recettes d’exportation que l’effondrement des prix fait subir à quelques-uns de ses partenaires commerciaux pendant la période 1986-1990 et son quatrième crédit-cadre prévoit un montant de 90 millions de francs pour les compenser (le crédit précédent en prévoyait 40 millions). Les paiements compensatoires sont similaires aux aides à la balance des paiements, car les montants attribués sont en général destinés à financer les ajustements structurels du secteur concerné.

42 Les différents versements ne représentant qu’un montant relativement modeste, la Suisse participe en principe à des actions d’autres partenaires, tels que la Banque mondiale, la CE ou le pays concerné lui-même. En 1991, la Suisse a versé un total de 21,1 millions de francs à six pays africains (Ethiopie, Gambie, République centrafricaine, Soudan, Tanzanie et Togo) ainsi qu’à Haïti. Avec les trois séries précédentes de versements (13,3 millions de francs en 1990, 24 millions en 1989 et 15,8 millions en 1988), « toutes les pertes substantielles des pays les moins développés ont ainsi pu être entièrement compensées pour la période allant de 1986 à 1990 » (Rapport sur la politique économique extérieure 1991, p. 80). Outre les versements destinés à Vanuatu et à Haïti, ces compensations se sont adressé aux pays d’Afrique noire.

Promotion commerciale

43 Pour encourager les importations suisses en provenance des pays en développement, la Confédération accorde un appui financier au Service de promotion des importations de l’OSEC à Lausanne. Ce service conseille les importateurs suisses, ainsi que les exportateurs dans les pays en développement, quant aux possibilités de conclure des affaires. Les services offerts comprennent également des conseils quant à la participation à des foires et la mise à disposition de consultants. Une évaluation de ce service préconise toutefois une rationalisation et une meilleure coordination des activités de l’OSEC. Au niveau multilatéral, la promotion du commerce sert à accroître les possibilités d’exportation des pays en développement. En 1991, la Suisse a versé 4,5 millions de francs au Centre du commerce international CNUCED/ GATT pour

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soutenir les efforts consentis par ces pays en matière de promotion de leurs exportations.

Investissements privés pour la promotion de l’industrialisation

44 Le premier des deux principaux projets dans ce domaine consiste en un soutien que la Confédération accorde au Bureau de l’ONUDI à Zurich, qui encourage les investissements suisses dans les pays en développement. Depuis 1990, ce bureau a étendu ses activités aux pays d’Europe centrale et orientale (elles sont financées par des contributions prélevées sur les crédits d’aide à l’Europe de l’Est). Par le biais du second projet, la Suisse soutient le Service de promotion technologique (« Technology for the people ») installé à Genève. Celui-ci a pour tâche d’assurer le transfert de technologies spécialement adaptées aux pays en développement de petites et moyennes entreprises suisses vers les pays asiatiques.

5.1.5. Aide multilatérale

45 L’aide multilatérale au développement adopte la forme de contributions versées à des organisations internationales ainsi qu’à des banques régionales de développement et à leurs fonds. Les organisations l’utilisent en principe pour financer des programmes de développement généraux. Sur les 188,5 millions de francs de dépenses consacrés à l’APD multilatérale en 1991, 101,9 millions ont été versés à des organisations des Nations Unies et 71,1 millions à des banques régionales et à leurs fonds. Le tableau no 18 indique les différentes dépenses d’APD multilatérale. Nous présentons ci-après quelques-uns des principaux partenaires de la Suisse dans le cadre de l’aide multilatérale.

Organisations des Nations Unies

46 PNUD : Le Programme des Nations unies pour le développement est le principal partenaire de la coopération suisse au développement, puisqu’il reçoit le tiers environ du total des contributions fédérales versées à titre d’aide multilatérale (60 millions de francs). Le PNUD attribue un crédit-cadre à chaque pays en développement, que ce dernier utilise pour financer des projets et des programmes selon ses besoins prioritaires. Les 80 % des crédits du PNUD sont alloués aux pays les plus pauvres (revenu par habitant inférieur à 750 dollars).

47 UNICEF : La Suisse soutien le Fonds des Nations unies pour l’enfance en lui versant chaque année une contribution fédérale (18 millions de francs en 1991) et en lui transférant les fonds récoltés par le Comité suisse pour l’UNICEF, dont le financement est assuré par des dons privés.

48 FNUAP : En 1991, la Suisse a versé 8,2 millions de francs au Fonds des Nations unies pour les activités en matière de population. Ce fonds a été créé à l’occasion de la première Conférence mondiale sur la population (1967) et il est la principale institution internationale à œuvrer dans ce domaine.

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Banques régionales de développement

49 Etant membre des trois banques régionales de développement, ainsi que de leurs fonds spéciaux, la Confédération leur accorde son soutien dans le cadre de sa coopération multilatérale au développement. En 1991, elle leur a ainsi versé 71,1 millions de francs. Les fonds de développement administrent l’aide publique au développement et prêtent cet argent à des conditions préférentielles aux pays en développement les plus pauvres. Quant aux banques de développement, elles mettent à disposition des moyens financiers d’origine privée qui sont placés sur les marchés financiers internationaux avec la garantie des pays membres. La Suisse participe au capital de ces banques et alimente régulièrement leurs fonds spéciaux. Selon les augmentations de capital en cours, les montants versés varient considérablement d’une année à l’autre. La Suisse est représentée au sein des conseils exécutifs de ces institutions selon le principe de rotation.

Tableau No 18. Coopération multilatérale de la DDA Contributions annuelles à des institutions internationales 1991/1990

* Les contributions effectuées sous forme de « notes » (effets payables à vue) ne sont comptabilisées qu’au fur et à mesure de leur tirage. Source : Rapport annuel 1991 DDA et OFAEE, Berne 1992.

50 BAD/FAD (Banque et Fonds africains de développement) : La sixième reconstitution du fonds a été décidée en 1991. La part de la Suisse à cette reconstitution atteint 3,4 %, soit un montant total de 151,4 millions de francs pour la période allant de 1992 à 1994. En 1991, la Suisse a mis 44 millions de francs à disposition du fonds, dont divers engagements sous forme de « notes », qui sont des créances dont le FAD peut faire usage au moment le plus propice.

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51 ADB/ADF (Banque et Fonds asiatiques de développement) : La sixième reconstitution du Fonds asiatique de développement a été retardée, retard que le Rapport sur la politique économique extérieure attribue, d’une part, à la place moins importante qu’occupe actuellement l’Asie dans la répartition des fonds publics, qui sont limités et, d’autre part, à la réserve exprimée par les Etats-Unis quant à un éventuel accès de la Chine et de l’Inde aux ressources du fonds. La contribution de la Suisse à la sixième reconstitution restera de 1,23 %.

52 BID/FSO (Banque interaméricaine de développement et Fonds des opérations spéciales) : La reconstitution des ressources de ces deux organismes a eu lieu en 1990, ce qui a engendré une forte progression de l’octroi de crédits.

Autres institutions multilatérales

53 FIDA : Le Fonds international de développement agricole (FIDA) offre des crédits à des conditions avantageuses dans le domaine agricole aux groupes de population défavorisés. Ces groupes comprennent notamment les familles de petits paysans et les ouvriers agricoles ne possédant pas de terres, en particulier aussi les femmes. Fondé en 1977, le fonds collabore étroitement avec la FAO. En janvier 1992, le Conseil du FIDA a décidé d’augmenter son capital. Les deux augmentations précédentes ont rencontré nombre de difficultés et leurs montants sont demeurés nettement inférieurs à la première dotation (1 milliard de dollars en 1977) et à la première augmentation de capital de 1,1 milliards de dollars en 1982 :488 millions de dollars en 1987 et 566 millions de dollars en 1989. La Suisse est membre du FIDA depuis sa création et lui verse des contributions annuelles (celle de 1991 s’est montée à 3,9 millions de francs). Elle participe au capital du fonds et alimente le Programme spécial d’assistance à l’Afrique sub-saharienne (SPA) du FIDA, auquel elle a versé 15 millions de francs en 1987 et 10 millions en 1988. C’est la DDA (par l’intermédiaire de son vice-directeur Jean-François Giovannini) qui occupe le siège de la Suisse au Conseil du FIDA.

Redéfinition de l’aide multilatérale de la Suisse

54 La Commission nationale suisse Justice et Paix a soumis la coopération multilatérale au développement de la Suisse à une analyse fouillée et en a conclu qu’il est nécessaire de redéfinir l’aide multilatérale. Le débat portant sur le mode de comptabilisation de certaines dépenses d’APD. Comptabilisation souvent controversée pour sa délimitation peu claire, resurgit en effet régulièrement depuis que la coopération existe. Jusqu’en 1986, la Confédération a par exemple inscrit sous l’aide multilatérale les contributions versées au CICR et elles les a comptabilisées dans l’aide bilatérale dès 1987. Les cofinancements de l’AID, à caractère essentiellement multilatéral, apparaissent dans la comptabilité au titre d’aide bilatérale. Le problème de la limite entre aide bilatérale et multilatérale se pose aussi dans le cas de la participation de la Suisse au financement de retards de paiements d’un pays envers des institutions financières internationales (une participation qui est également comptabilisée dans l’aide bilatérale).

55 Au total, 40 % environ des dépenses suisses d’APD transitent par les organisations internationales sous forme de contributions, de cofinancements ou d’aide associée. Si toutes ces contributions étaient comptabilisées dans l’aide multilatérale, ce n’est pas le

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PNUD mais la Banque mondiale qui occuperait depuis 1987 le rôle de principal partenaire de la Suisse dans la coopération multilatérale.

56 L’étude de la Commission nationale suisse Justice et Paix4 plaide pour une nouvelle définition et délimitation de l’aide multilatérale. « Toute coopération technique, toute aide financière ou humanitaire fournie directement ou administrée par une organisation internationale doit être considérée comme aide multilatérale. » (Partenaires du monde, p. 62). L’aide multilatérale devrait ainsi être répartie dans deux catégories : • contributions à des organisations internationales et • contributions à des projets ou programmes administrés par des organisations internationales (cofinancements et aide associée).

57 « De cette manière, la Confédération n’aurait que peu de difficultés à présenter ses statistiques selon les directives du CAD… Elle rendrait néanmoins son aide au développement beaucoup plus transparente aux yeux de ses citoyens » (p. 63).

5.1.6. Aide humanitaire

58 L’aide humanitaire (235 millions de francs en 1991) comprend les mesures de l’aide en cas de catastrophes (17,1), l’aide alimentaire (75,6) et les contributions aux organisations internationales et aux œuvres suisses d’entraide (140,8). Le poste le plus important des dépenses humanitaires est occupé par le Comité international de la Croix-Rouge (82,3 millions de francs). La majeure partie de l’aide humanitaire se déroule dans un cadre bilatéral (192 millions de francs sur un total de 235). C’est la DDA qui est compétente pour l’attribution de l’aide humanitaire et les mesures sont financées par le crédit-cadre pour 1989-1991 de 530 millions de francs et par celui pour 1992-1996 de 1’050 millions de francs. L’aide humanitaire est destinée au monde entier et elle peut notamment aussi s’adresser aux pays d’Europe centrale et orientale, auxquels la Suisse a accordé en 1991 un soutien de 4,8 millions prélevé sur le crédit- cadre pour l’aide humanitaire.

Aide alimentaire

59 L’aide alimentaire comprend avant tout des livraisons de céréales, qui sont achetées sur place ou dans des pays en développement où la production est excédentaire. Cette aide ne devrait intervenir que lorsqu’elle constitue la forme d’aide la plus appropriée, comme l’explique le Conseil fédéral dans son message relatif au nouveau crédit-cadre (commenté dans l’Annuaire 1992). Ce concept remplace l’ancienne formule très controversée, qui accordait une trop grande place à l’écoulement des excédents de l’agriculture suisse. Aujourd’hui, l’aide alimentaire consiste parfois à distribuer des semences pour soutenir les agriculteurs dans leurs efforts pour accéder à l’autonomie. Le principal partenaire de l’aide alimentaire suisse est le PAM (Programme alimentaire mondial de l’ONU), auquel la Suisse a versé au total 29,5 millions de francs en 1991.

Aide aux réfugiés

60 On recense actuellement plus de 315 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde, dont la grande majorité séjournent dans les pays en développement. Le principal organisme d’aide aux réfugiés est le Haut commissariat des Nations unies

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pour les réfugiés (HCR), auquel la Suisse a alloué une contribution de 39,4 millions de francs en 1991. La Suisse participe désormais activement à un groupe de travail du HCR qui cherche à trouver des solutions durables au problème des réfugiés.

5.2. Aide privée au développement

5.2.1. Généralités

61 L’aide au développement fournie par les œuvres d’entraide privées provient des moyens récoltés lors des campagnes de collecte annuelles et des contributions de la Confédération, des cantons et des communes. En 1991, les dépenses privées se chiffraient à 192,2 millions de francs, auxquels s’ajoutent les contributions publiques de 178,2 millions de francs. Près de trois quarts des dépenses sont allouées à des projets et des programmes de la coopération technique et un quart est destiné à l’aide humanitaire. L’aide privée au développement jouit en Suisse d’une longue tradition. La plupart des quelque 130 œuvres d’entraide ont une base confessionnelle ou politique. Environ 40 de ces organismes fournissent la majeure partie de l’aide privée au développement (80 % environ). Les œuvres d’entraide administrent leurs propres projets ou acceptent des mandats de la Confédération. Celle-ci confie le plus souvent ses projets en régie à Inter coopération, à Helvetas et à Swisscontact, ainsi qu’à l’Organisation Reconstruction Travail (ORT). (Des données détaillées sur les dépenses de l’aide privée au développement figurent dans la partie statistique du présent Annuaire).

5.2.2. Thèmes prioritaires

62 Les œuvres d’entraide privées sont profondément ancrées dans la population. Il suffit en effet d’en être membre pour bénéficier d’une information régulière – diffusée par l’intermédiaire d’un périodique interne ou de lettres circulaires – sur le travail accompli. La population apprécie également le fait que l’aide est le plus souvent accordée par des privés à des privés et qu’il est donc possible d’en évaluer directement la portée et de mieux la contrôler. Outre le travail d’entraide concret, la diffusion d’informations en Suisse ainsi que le travail de sensibilisation du public concernant l’enjeu de la coopération au développement de la Confédération occupent une place croissante dans les activités de nombre d’œuvres d’entraide.

Travail d’information

63 Quelques organisations d’aide au développement se consacrent exclusivement au travail d’information ; les principales d’entre elles sont la Déclaration de Berne (sise à Zurich pour la Suisse alémanique et à Lausanne pour la Romandie), l’Action place financière Suisse – Tiers Monde, ainsi que la Communauté de travail Swissaid/ Action de Carême/ Pain pour le Prochain/ Helvetas/ Caritas (ces deux dernières étant sises à Berne). Parallèlement aux projets concrets menés dans le Tiers Monde, d’autres œuvres d’entraide « classiques » s’efforcent toujours plus de sensibiliser la population suisse aux conditions et au contexte dans lesquels prend place l’aide au développement. Grâce à une information – qui offre notamment la possibilité aux habitants des pays en développement de présenter leur avis sur les relations Nord-Sud – ces organisations

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tentent de faire aussi évoluer les mentalités occidentales. Diverses œuvres d’entraide collaborent souvent avec d’autres organisations – de protection de l’environnement ou de défense des droits de l’homme, par exemple – pour mener des campagnes d’information plus globales.

Environnement et développement : protection du climat

64 Une grande coalition est née pour préparer et participer au Sommet de la Terre à Rio en juin 1992, ainsi que pour propager les revendications de T’« après Rio ». En automne 1992 a ainsi été fondée T’« Action climat ». Dans ses revendications, elle exige notamment que la Suisse prélève une taxe sur l’énergie et que dix pourcent au moins de cette taxe servent à alimenter un fonds pour le climat en faveur des pays en développement. Cette contribution ne devrait avoir aucun lien avec la coopération traditionnelle au développement. Le fonds créé devrait être administré conjointement par l’Etat, les organisations de protection de l’environnement et les organismes d’entraide. (Encart dans « Vers un développement solidaire », octobre 1992, no 114).

Campagne sur l’adhésion au FMI et à la Banque mondiale

65 S’alliant avec d’autres associations, la section alémanique de la Déclaration de Berne (la section romande n’ayant pas soutenu le référendum) et l’Action place financière ont lancé en octobre 1991 un référendum contre l’adhésion de la Suisse au FMI et à la Banque mondiale. Au cours de la période considérée, la campagne qui a précédé la votation (mai 1992) a représenté la majeure partie de leurs activités. Le groupe référendaire est parvenu à susciter et à mener un vaste débat sur le sens et l’orientation de la coopération au développement, dans lequel la politique du FMI et de la Banque mondiale ont en particulier essuyé de vives critiques. A l’occasion des nombreuses conférences organisées, des représentants du Sud sont en effet venus témoigner en direct des effets négatifs engendrés par les programmes d’ajustement structurel. La question de l’adhésion de la Suisse au FMI et à la Banque mondiale a même séparé les organisations de développement en partisans et opposants. Les opposants de l’adhésion considèrent que la politique des deux institutions est foncièrement fausse car exclusivement basée sur la rentabilité, tandis que les partisans soutiennent que le FMI et la Banque mondiale sont prêts à s’instruire et à adapter leur politique aux besoins des populations, notamment aux besoins des groupes les plus pauvres.

Construction d’une centrale hydraulique en Inde – Un projet controversé de la Banque mondiale

66 Par le passé déjà, certains projets de la Banque mondiale ont fait l’objet de critiques en raison de leur gigantisme et de l’absence d’une évaluation précise de leurs coûts sociaux et écologiques. Parmi ces projets controversés, on trouve la correction des eaux de la vallée du Narmada dans l’Ouest de l’Inde, commencé en 1985 et cofinancée par la Banque mondiale. Fortes de l’expérience qu’elles ont acquise en Inde et du soutien de milieux écologistes et de défense des droits de l’homme indiens, les œuvres suisses d’entraide Swissaid et EPER ont, dès le départ, formulé des réserves au sujet de ce projet et, en 1991, elles ont lancé une campagne d’information à son sujet en Suisse. Selon ces organisations, le déplacement de plus de 100’000 personnes appartenant au

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peuple Adivasi, formé de groupes tribaux, détruira des structures sociales vitales et ne pourra peut-être même pas être mené à bien, car les terres disponibles font défaut. De plus, les conséquences écologiques de cette correction des eaux – la plus importante du monde avec ses 75’000 kilomètres de canaux – n’ont tait l’objet d’aucune étude. C’est ce qui est ressorti d’un rapport indépendant commande par la Banque mondiale en raison de la levée de boucliers provoquée parce projet. Conclusion du rapport : la Banque mondiale devrait cesser de cofinancer ce projet.

67 La Communauté de travail des œuvres suisses d’entraide et la Déclaration de Berne exigent que le représentant de la Suisse au sein du Conseil d’administration de la Banque mondiale soutienne la position de la commission d’enquête et qu’il fasse valoir les principes et les objectifs de la politique suisse de développement tels qu’ils sont inscrits dans la loi. La Suisse devrait par ailleurs exiger que tous les projets de déplacement de population de la Banque mondiale soient soumis à une nouvelle évaluation.

68 Tout comme elles l’ont fait pour ce projet de la Banque mondiale sur le Narmada, les organisations d’aide au développement souhaitent à l’avenir accorder une attention particulière aux activités de la Banque mondiale et du FMI. Pour ce faire, la Communauté de travail a créé un service spécial sis à Washington. La Déclaration de Berne édite en collaboration avec Greenpeace une publication périodique intitulée « Inside Out », qui traite de la politique du FMI et de la Banque mondiale.

69 Le problème de la fuite des capitaux a été l’un des thèmes prioritaires des campagnes d’information menées pendant la période en revue. La campagne « Pour une Suisse sans capitaux en fuite » a pour but de soulever une discussion approfondie au Parlement et au sein de la population sur le rôle de la Suisse dans l’hébergement et la restitution de capitaux en fuite. (Voir à ce sujet le chapitre « Fuite de capitaux ».)

Collectes de fonds

70 Dans leurs collectes de fonds de 1992, les œuvres d’entraide ont lancé un appel à la population pour qu’elle se mobilise afin de compenser la diminution des budgets imposée par les restrictions financières de la Confédération. Les slogans des campagnes de collecte ont rappelé que l’aide au développement doit aller de pair avec un commerce équitable. On considère en général que l’objectif de l’aide est de permettre aux populations de retrouver leur autonomie. Helvetas soutient par exemple des projets agricoles, d’infrastructure et de formation dans 19 pays, mais ne collabore avec des partenaires publics que dans 5 pays. La coopération fait de moins en moins appel à des spécialistes suisses, mais plutôt à des spécialistes locaux. La plupart des œuvres d’entraide sont également actives en Suisse où elles portent avant tout secours aux réfugiés, aux nouveaux pauvres et aux chômeurs.

Thèses en faveur d’une autre coopération au développement

71 En 1991, la Déclaration de Berne a publié dix thèses pour une autre coopération au développement, thèses qu’elle avait rédigées après une conférence et un sondage mené auprès de vingt œuvres d’entraide. Ces thèses sont « nouvelles » dans la mesure où elles placent un développement holistique dans une double perspective. Les ajustements doivent ainsi s’opérer aussi bien dans les pays du Tiers Monde que dans les pays riches, de façon simultanée et selon des rapports de réciprocité. L’APD, qui a une orientation

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avant tout économique, devrait s’enrichir d’aspects culturels, sociaux, émotionnels et symboliques. Le pouvoir et les différences de pouvoir devraient aussi être élucidées et mises en cause. Redistribution et corrélation sont d’autres mots-clés de ces thèses, que les diverses œuvres d’entraide ont fait parvenir aux différents partenaires de la coopération. Dans leurs premières réactions, les partenaires des pays en développement constatent amèrement qu’une redistribution – involontaire et non concertée – est d’ores et déjà en train de s’opérer, c’est le déplacement des dépenses d’aide au développement vers les pays d’Europe centrale et orientale aux dépens des pays du Tiers Monde5.

Elargissement de la Communauté de travail/Café équitable

72 En 1992, Caritas Suisse est venu agrandir la Communauté de travail des quatre principales œuvres suisses d’entraide Swissaid/ Helvetas/ Pain pour le Prochain/ Action de Carême, qui a été fondée en 1971. En mars 1992, ces cinq œuvres d’entraide ont créé avec l’EPER la Fondation Max Havelaar Suisse. Cette fondation distribue des licences aux revendeurs de café et aux torréfacteurs suisses qui peuvent, en s’acquittant du versement d’une taxe, afficher le label Max Havelaar. Le café qui porte ce label de qualité en faveur d’un commerce équitable et d’une surtaxe de solidarité a été depuis lors également mis en vente dans les grandes surfaces. Les petits paysans qui produisent ce café en obtiennent un prix de 80 % environ plus élevé que s’ils devaient le vendre aux prix du marché mondial, qui n’a jamais été aussi bas.

BIBLIOGRAPHIE

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NZZ, 29.1., 23.4., 19.5., 17.9.1992.

NOTES

1. Un aperçu des crédits-cadres en vigueur se trouve dans l’Annuaire Suisse – Tiers Monde 1992, p. 122s. 2. Richard Gerster, Erhöhung der Entwicklungshilfe : Mehr als Lippenbekenntnisse ?, i3w- Dokument No 2, 25.6.1992, p. 13. 3. Les données concernant les mesures de politique économique et commerciale sont tirées du Rapport sur la politique économique extérieure 1991. 4. Partenaires du monde – La coopération multilatérale suisse au développement, publié par la Commission nationale suisse Justice et Paix, Berne/Fribourg, 1991, sous la direction de JeanClaude Huot, Berne. 5. Thèses pour une autre coopération au développement, Déclaration de Berne, documentation 1991/5.

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VI. Aide aux pays de l’Est

1 L’aide aux pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) et aux pays d’Europe centrale et orientale comprend avant tout des mesures économiques (promotion des investissements, politique commerciale, aide financière) ainsi qu’un appui technique (infrastructures, protection de l’environnement, approvisionnement en denrées alimentaires, formation). Le message relatif au premier crédit-cadre prévoit par ailleurs des mesures dans les domaines suivants : politique, culture, santé, science, recherche et aide humanitaire. Quand au deuxième crédit-cadre, il vise à renforcer l’aide accordée dans les domaines de l’énergie, du secteur social et de la santé.

2 L’aide aux pays de l’Est est financée par des crédits-cadres d’un montant total de 1,65 milliard de francs. Le premier crédit de programme pour le renforcement de la coopération avec des Etats d’Europe de l’Est et les mesures d’aide immédiate correspondantes a été adopté en mars 1990. Il se monte à 250 millions de francs et doit s’étendre sur trois ans. En septembre 1991, le Conseil fédéral a demandé au Parlement d’accepter un autre crédit-cadre de 800 millions de francs pour trois ans, applicable dès 1992. Le Parlement l’a voté sans aucune opposition (le Conseil national en décembre 1991 et le Conseil des Etats en janvier 1992). Dans le cadre des restrictions budgétaires de la Confédération, la durée de ce crédit à été étendue à cinq ans ; l’ordonnance correspondante est entrée en vigueur en mai 1992. En juillet 1992, le Conseil fédéral a toutefois demandé une augmentation de ce crédit-cadre à 1,4 milliard de francs pour qu’il puisse également financer la coopération avec les pays de la CEI, née de la dissolution de l’Union soviétique.

6.1. Premier crédit-cadre de 250 millions de francs

3 Depuis le lancement de ce crédit au printemps 1990, et en 1991 encore, le principal bénéficiaire de cette aide est la Pologne, à laquelle la Suisse a alloué une aide financière de 160 millions de francs. De cette somme, 100 millions de francs ont servi à garantir des crédits pour des exportations vers la Pologne (en 1991, l’entier de cette somme a été affecté) et les 60 millions restants ont été utilisés pour financer divers projets, notamment des mesures de soutien technique à la mise en place de nouvelles structures de transformation et de distribution de la production agricole. En Pologne, ces mesures comprennent la construction d’un marché en gros couvert à Poznan, la

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collaboration à l’élaboration de la politique laitière polonaise, un soutien pour la création de structures industrielles et d’un système de crédit agricole dans les villages.

4 En 1991, la coopération a été entamée avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie, et ce dans le domaine de la protection de l’environnement. Jusqu’à présent, la Suisse a conclu avec ces pays des accords bilatéraux sur le traitement de déchets toxiques et sur la préservation des forêts. La Confédération a en outre attribué des mandats au Bureau de l’ONUDI à Zurich et à l’Office suisse d’expansion commerciale à Lausanne pour encourager les investissements et le commerce avec les pays d’Europe centrale et orientale.

5 Lorsque la Suisse a décidé d’accorder une aide aux pays de l’Est, les compétences en matière de coordination et de réalisation n’ont pas été définies avec précision : « L’exécution des mesures est confiée aux services compétents de l’administration fédérale sous la coordination de la Direction politique du DFAE. Après épuisement des compétences techniques disponibles au sein de l’administration, les services en question délégueront des tâches spécifiques à des opérateurs extérieurs. » (premier message, 1989, p. 3).

6 Les mesures et les dépenses de l’aide aux pays de l’Est financées par le premier crédit de programme ne sont pas détaillées dans le Rapport annuel de la DDA et de l’OFAEE, mais elles sont présentées dans le Rapport sur la politique économique extérieure (mesures économiques) et dans le message concernant le deuxième crédit).

6.2. Deuxième crédit-cadre de 800 millions de francs

7 Alors que le premier crédit de programme se limitait essentiellement à la Pologne, à la Hongrie et à la Tchécoslovaquie, le deuxième crédit vise à étendre la coopération à toute la région d’Europe centrale et orientale. L’Albanie, la Bulgarie, l’ex-Yougoslavie, la Roumanie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et l’ex-URSS viennent ainsi s’ajouter aux trois pays mentionnés ci-dessus. Au vu de la situation politique qui régnait alors, le message considère l’Union soviétique et la Yougoslavie comme des cas particuliers et prévoit de ne leur accorder que des contributions ponctuelles sous forme d’aide technique, mais aucune aide financière.

8 L’augmentation substantielle des moyens à disposition s’explique par les besoins énormes des pays concernés en matière de développement. Dans son message, le Conseil fédéral souligne en outre que la Suisse a un intérêt direct, tant du point de vue économique que de sa politique de sécurité, à contribuer à la stabilité politique en Europe centrale et orientale. Le message rappelle aussi le danger de voir naître un grand flux migratoire provenant de l’Est (p. 50 et 51).

9 Les mesures prévues concernent les mêmes domaines que dans le premier crédit-cadre, mais elles accordent une importance prépondérante au secteur social, à la santé et à l’énergie. Ce crédit financera également des mesures de l’« aide de bon voisinage », qui est un nouvel instrument de coopération. « Ce nouvel instrument permettra de fournir une aide même modeste dans des situations critiques lorsqu’une aide humanitaire n’entre pas en ligne de compte. L’aide de bon voisinage devrait permettre d’atténuer les conséquences sociales douloureuses des réformes. » (message de 1991, p. 2). L’aide de bon voisinage peut aussi alimenter des fonds d’aide sociale dont la création est actuellement envisagée dans divers pays où le taux de chômage est élevé. La Banque

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mondiale approuve elle aussi ce type de mesures destinées à parer aux cas sociaux les plus graves.

10 Ce crédit-cadre est à nouveau placé sous la responsabilité de la Direction politique du DFAE, ainsi que de l’OFAEE/DFEP. L’exécution des projets sera en général confiée sous forme de mandats à des tiers. Pour bénéficier de l’aide suisse à l’Est, les pays partenaires doivent respecter les principes suivants (message de 1991, p. 22) : • l’Etat de droit, • le respect des droits de l’homme, • le pluralisme politique (entre autres des élections libres et à bulletin secret), • la mise en œuvre de mesures concrètes pour l’introduction de l’économie de marché.

11 La répartition du crédit-cadre est prévue comme suit : 600 millions de francs pour l’aide financière et 200 millions pour l’aide technique et l’aide de bon voisinage.

Augmentation du deuxième crédit-cadre à 1,4 milliard de francs

12 Suite à la dissolution de l’Union soviétique à fin 1991 et à la fondation de la Communauté des Etats indépendants – Etats de la CEI – il devenait urgent d’étendre ce crédit-cadre à ces onze pays ainsi qu’à la Géorgie. Pour financer cet engagement supplémentaire le Conseil fédéral a demandé en juillet 1992 une augmentation de 600 millions de francs de ce crédit, valable dès 1993. Les domaines visés dans le cadre de l’aide aux pays de la CEI demeurent les mêmes, mais les mesures se concentreront d’avantage encore sur les besoins prioritaires.

L’aide bilatérale est prioritaire

13 Tout comme pour la coopération avec les pays en développement, la majeure partie de l’aide aux pays de l’Est se déroule sur une base bilatérale. La Suisse n’en envisage pas moins de prendre également part à des actions multilatérales (désendettement, coopération avec des organisations internationales, CE, Banque européenne de reconstruction et de développement). La Suisse participe à la coordination de l’aide à l’Est dans le cadre de l’OCDE.

Critiques

14 Nul ne remet en question les fondements de l’aide à l’Est. Les organismes de développement demandent toutefois avec insistance qu’elle ne soit pas accordée aux dépens de la coopération avec les pays pauvres du Tiers Monde. En termes relatifs, l’aide qui a été octroyée aux quelque vingt pays d’Europe de l’Est et de la CEI dépasse d’ores et déjà celle mise à disposition des 122 pays du Tiers Monde (Ziegler, PSS/GE, au cours du débat parlementaire de mars 1992). Ce que l’on reproche à l’aide à l’Est, c’est avant tout sa stratégie, ou plutôt son manque de stratégie et de conception globale. L’administration fédérale se contenterait ainsi de jouer le rôle de bureau-conseil pour experts privés. L’expérience acquise au cours de quatre décennies de coopération au développement ne profiterait donc pas à l’aide à l’Est. « La conception de l’aide est mal définie, les perspectives à long terme font défaut, la structure organisationnelle est trop lourde et les mécanismes de coordination insuffisants. L’échange d’expérience ne semble donc guère possible. » (4). La Commission des affaires étrangères du Conseil national souhaite que l’on achemine plutôt une aide pratique à la base, afin de réduire

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le nombre de services gouvernementaux qui interviennent entre donateurs et destinataires de l’aide. La Commission désire également que le DFAE s’attache plus à coordonner et à soutenir des projets d’entraide privés. Dans une lettre adressée aux membres de la Commission des affaires étrangères du Conseil national avant sa réunion concernant l’augmentation de l’aide à l’Est de 600 millions de francs, la Communauté de travail des œuvres suisse d’entraide plaide en faveur d’un développement de la coopération technique non remboursable par rapport à l’aide financière. Le message du Conseil fédéral prévoit quant à lui la répartition suivante des 600 millions de francs : 450 millions pour l’aide financière et 150 millions pour la coopération technique.

Financement des frais d’adhésion à la Banque mondiale

15 La Suisse se charge de financer les frais d’adhésion au FMI et à la Banque mondiale de certains pays de la CEI, qui sont membres du groupe de vote représenté par la Suisse. Ces frais se situent entre 0,8 et 1,5 million de francs par pays et se montent au total à 2,5 millions de francs environ, accordés sous forme de prêt1.

BIBLIOGRAPHIE

Message concernant le renforcement de la coopération avec des Etats d’Europe de l’Est et aux mesures d’aide immédiate correspondantes, Berne, 22.11.1989.

Message concernant la poursuite de la coopération renforcée avec les Etats d’Europe centrale et orientale, Berne, 23.9.1991.

Message complémentaire sur la poursuite de la coopération renforcée avec les Etats d’Europe centrale et orientale, Berne, 1.7.1992.

Communauté de travail Swissaid, Action de Carême, Pain pour le Prochain, Helvetas, Caritas : Zusatzbotschaft Zusammenarbeit mit GUS-Staaten, lettre adressée aux membres de la Commission des affaires étrangères du Conseil national, 8 octobre 1992.

NOTES

1. Rolf Kappel et Klaus Korner, Mit der Giesskanne durch Osteuropa ? – Zweite Tranche der Schweizer Hilfe mit alten Fehlern, in : NZZ, 19.5.1992.

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VII. Chronologie Suisse et internationale

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Analyses et positions

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Les conséquences d’une libéralisation du secteur agricole pour les pays en développement et la Suisse Auswirkungen einer Liberalisierung im Agrarsektor auf Entwicklungsländer und die Schweiz

Heidi Bravo-Baumann

NOTE DE L’ÉDITEUR

En français, résumé seulement. Lire l’article original en allemand dans Schweizerisches Jahrbuch für Entwicklungspolitik : « Auswirkungen einer Liberalisierung im Agrarsektor auf Entwicklungsländer und die Schweiz », http://sjep.revues.org/1242.

RÉSUMÉS

Cet article présente l’évolution du commerce international de produits agricoles au cours des trente dernières années ainsi que les intérêts en jeu dans ce domaine. La libéralisation de ce commerce est un enjeu central de l’Uruguay Round. En ce qui concerne la Suisse, une telle libéralisation assouplirait le système fondé sur le protectionnisme et les contingents de production ; les prix au producteur baisseraient et le marché exercerait un peu mieux sa fonction régulatrice. Les pertes de revenus des paysans devraient être en partie compensées par des paiements directs de façon à ce que l’agriculture suisse puisse continuer à assumer son rôle dans

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l’économie et la société. Les effets d’une libéralisation pour les pays en développement dépendent de la situation de chaque pays, de son agriculture et de sa politique économique. Ces effets dépendent en outre de l’ampleur de la libéralisation et des pays qui poursuivent cette politique. D’une manière générale, on peut attendre d’une libéralisation qu’elle modifie les prix relatifs des matières premières agricoles et des produits alimentaires en faveur de ces derniers. Dans des conditions favorables, la production d’aliments, le degré d’autosuffisance et la sécurité alimentaire augmenteraient. La possibilité pour les pays en développement d’accroître leurs exportations de produits agricoles dépendra beaucoup de l’évolution de l’agriculture des pays d’Europe de l’Est. Une libéralisation du commerce agricole de la Suisse pourrait avoir un impact positif pour les pays en développement, bien que très limité en raison de la faible dimension du marché helvétique.

AUTEUR

HEIDI BRAVO-BAUMANN Dr. Agrarökonomin, Institut fur Agrarwirtscnaft, ETH-Zentrum

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La Suisse et les pratiques commerciales restrictives Die Schweiz und die wettbewerbsbeschränkenden Geschäftspraktiken

Philippe Brusick

NOTE DE L’ÉDITEUR

L’auteur est responsable du Groupe des Pratiques commerciales restrictives à la CNUCED, Genève. Toutefois, les opinions contenues dans cet article sont celles de l’auteur, et ne reflètent pas forcément celles de la CNUCED ou des Nations Unies.

1 La position de la Suisse dans le domaine de la concurrence peut paraître paradoxale à plus d’un titre. Petit pays extrêmement intégré dans le commerce mondial – plus de 60 % de son PNB est tributaire des échanges avec l’étranger – la Suisse est aussi le pays du protectionnisme le plus élevé dans le domaine agricole, dont les prix sont majorés de plus de 75 % en moyenne, contre 38 % pour la politique agricole commune de la Communauté européenne, pourtant si vivement critiquée ! Pays du libéralisme économique – la liberté de commerce et d’industrie est garantie par la Constitution – la Suisse est aussi le siège de multinationales très puissantes, dont les pratiques commerciales restrictives sont tombées sous le coup des lois antitrust dans plusieurs pays étrangers. Félicitée par les experts du GATT pour sa politique commerciale libérale, elle n’en est pas moins critiquée par les mêmes experts du GATT pour les multiples ententes cartellaires qui caractérisent son marché intérieur et pour le manque de transparence des marchés publics au niveau des cantons et des communes, notamment. Ces mêmes critiques sur la politique de la concurrence de la Suisse sont reprises en force par l’OCDE dans son dernier rapport sur l’économie de la Suisse, qui va jusqu’à rendre les entraves à la concurrence sur le marché intérieur de la Suisse en partie responsables de l’excessive chèreté du pays (40 % de plus que la moyenne des prix de l’OCDE pour ce qui est de la consommation privée, et 30 % de plus pour les dépenses d’équipement).

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2 La nouvelle Loi fédérale sur les cartels et organisations analogues du 20 décembre 1985 a déjà eu des incidences favorables sur le démantèlement de nombreuses entraves à la concurrence, dans des domaines aussi variés que les banques, les assurances, la bière ou le ciment. Il n’en reste pas moins que les pressions conjuguées de la déréglementation dans les pays développés, la globalisation des marchés mondiaux et les négociations commerciales multilatérales de l’Uruguay Round du GATT, ainsi que les changements fondamentaux en cours dans les pays à économie planifiée en transition vers l’économie de marché, et les réformes structurelles adoptées dans la plupart des pays en développement, ne peuvent qu’inciter la Suisse à s’ouvrir encore plus à la concurrence. L’accord sur l’Espace économique européen (EEE), s’il avait été accepté par la Suisse, aurait entraîné l’adoption pure et simple de l’« acquis communautaire » en matière de droit de la concurrence. Mais il ne faudra vraisemblablement pas attendre pour cela une adhésion de la Suisse à la Communauté. Les pressions sont telles que l’on parle déjà d’une nouvelle révision de la Loi fédérale sur les cartels.

Les pratiques commerciales restrictives ou pratiques anticoncurrentielles

3 En premier lieu, essayons de définir ce que l’on entend par pratiques commerciales restrictives (PCR). Il s’agit d’accords ou d’ententes entre entreprises ayant pour objet de limiter ou de restreindre la concurrence. Peu importe que les entreprises en question soient publiques ou privées ; ce qui compte, c’est qu’elles aient une activité commerciale, c’est à dire qu’elles soient engagées dans la production, la distribution ou la vente, dans un but lucratif.

4 Deux cas de figure peuvent se présenter. Dans le premier, on se trouve en présence de plusieurs offrants de produits identiques ou similaires qui sont naturellement concurrents sur un marché déterminé, que l’on appelle le « marché de référence ». Plutôt que de se mesurer entre eux en faisant tout leur possible pour s’attirer les bonnes grâces de la clientèle – ce qui les contraindrait à abaisser leurs prix le plus possible, à améliorer leur service de vente et après vente, et même à investir lourdement dans la recherche et le développement pour innover et lancer de nouveaux produits répondant aux besoins et aux souhaits de leur clientèle – les offrants essaieront de s’entendre, justement pour éviter d’entrer en concurrence. Pour cela ils fixeront un prix de monopole, se répartiront les marchés et mettront leurs efforts en commun pour empêcher de nouveaux offrants de pénétrer sur « leur » marché. Il s’agit là de ce que l’on appelle une « entente » ou « cartel ». A noter que l’on peut classer les cartels selon le territoire qu’ils entendent couvrir ; il existe donc des cartels nationaux, des cartels à l’importation, des cartels à l’exportation et des cartels internationaux. Dans ce dernier cas les membres du cartel proviennent de pays différents, et se partagent généralement des marchés tiers.

5 Une pratique courante de tous les types de cartels ainsi décrits est la pratique des « soumissions collusoires », c’est-à-dire les soumissions truquées en réponse à un appel d’offres. Dans ce cas les membres du cartel se concertent secrètement lorsqu’ils sont en présence d’un appel d’offres, pour décider lequel d’entre eux sera désigné par le cartel pour faire l’offre la plus intéressante, et donc susceptible d’être choisie par le maître- d’œuvre. Souvent le tour de chacun des membres est soigneusement précisé dans

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l’accord cartellaire. Par exemple, dans le cas du célèbre cartel des « phases de la lune » dans les années cinquante aux Etats-Unis, les fabricants de matériel électrique membres du cartel se partageaient les contrats suivant les phases de la lune.

6 L’entreprise à qui revenait le tour préparait une offre de monopoleur, sachant que les autres membres n’allaient pas la concurrencer. Pour sauver les apparences, les autres soumettaient des offres, mais bien-entendu, il s’agissait d’offres volontairement moins intéressantes, que le maître-d’œuvre n’allait de ce fait pas retenir. Pour être sûrs de leur affaire, les membres dont ce n’était pas le tour, se basaient sur les calculs du gagnant présumé pour reconstruire leur propre offre, en majorant, par exemple tous les coûts d’un certain pourcentage. Et c’est ainsi que, dans de nombreux cas, l’existence de cartels a pu être prouvée, les fautes de calcul chez l’entreprise ayant fait la meilleure offre se retrouvant malencontreusement dans les soumissions des autres sociétés !

7 Il faut encore préciser que tant que le cartel n’est pas découvert, les membres se partagent le « butin », c’est-à-dire la plus-value de monopole. Parfois même, le cartel prélève une part du butin pour mettre-de-côté des « réserves de guerre ». Ces dernières seront utiles en cas d’entrée sur le marché d’un outsider, (non membre du cartel), qui essaierait de s’approprier une part du marché au détriment du cartel, dont les prix exagérément élevés sont faciles à concurrencer. Dans un tel cas, la « réserve de guerre » serait mise à contribution par le cartel, afin d’abaisser les offres jusqu’à vendre à perte si nécessaire, aussi longtemps qu’il faudra pour éliminer le gêneur soit en lui faisant faire faillite, soit en le convainquant de devenir membre du cartel.

8 Dans le deuxième cas de figure, on se trouve en présence d’une entreprise qui est soit en situation de monopole, c’est-à-dire en position de seul offrant sur le marché de référence, soit elle n’est pas seule, mais les autres offrants sont beaucoup plus petits, à tel point qu’ils sont incapables d’exercer une influence décisive sur les prix. La grande entreprise joue le rôle de leader en matière de prix, et les autres se bornent à adapter leurs offres à celles du leader. On dit d’une telle entreprise qu’elle est « en position dominante » sur le marché en question.

9 Les monopoles et les entreprises dominantes ont ceci de particulier qu’ils sont en mesure d’imposer des clauses restrictives sur leurs distributeurs (en aval) ou leurs fournisseurs (en amont). C’est pour cela que l’on appelle ce type de PCR des pratiques « verticales », par opposition aux cartels que l’on appelle des PCR « horizontales ».

10 Une PCR verticale très courante est la pratique des « prix imposés ». Par prix imposés on entend l’obligation pour le grossiste, et surtout pour le détaillant, de vendre les produits (de gros et surtout de détail) au prix fixé par le producteur. Ce dernier interdit toute vente au rabais de sa marchandise. En cas de refus d’obtempérer de la part du commerçant, le producteur peut menacer de refuser de le fournir à l’avenir. Cette pratique de « refus de vente », ou « boycottage », est une menace à prendre au sérieux lorsque l’on est en présence d’un fournisseur (producteur ou grossiste) en position dominante, car en cas de refus de vente, le détaillant aura de la peine à trouver un produit similaire ou identique, et son négoce se trouvera ainsi pénalisé.

11 Le refus de vente à la concurrence est implicite dans le contrat d’exclusivité. Il s’agit bien là d’une PCR, mais dans de nombreux cas, il est admis que le producteur monte un réseau de distribution exclusif, surtout si le représentant doit investir des montants considérables pour être à la hauteur de représenter la marque en question, qu’il s’agisse de parfums ou d’automobiles. Au contrat d’exclusivité simple vient souvent

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s’ajouter l’« exclusivité réciproque », où le distributeur s’engage à son tour à ne pas vendre de produits concurrents.

12 Bien que souvent considérés comme des pratiques commerciales usuelles, les contrats d’exclusivité, ou les efforts tendant à convaincre les distributeurs de ne pas s’approvisionner chez les concurrents, lorsqu’ils proviennent de sociétés en « position dominante » sur le marché de référence, tombent sous le coup des lois de la concurrence dans certains pays. Ce fut le cas notamment, de la société pharmaceutique Hoffmann – La Roche, qui fut sévèrement sanctionnée en Allemagne, pour avoir appliqué un système de bonus de fin d’année en faveur des pharmacies qui ne s’approvisionnaient pas chez les concurrents. Hoffmann – La Roche fut considéré comme « entreprise dominante » par l’Office fédéral des cartels allemand.

13 La vente liée est une autre PCR qui peut avoir des effets néfastes sur les consommateurs, surtout si l’entreprise qui l’applique est en position dominante, car le consommateur ne pourra que difficilement s’adresser ailleurs. Il en va de même du détaillant voulant approvisionner son magasin d’un certain produit, et que le fabricant oblige à acheter toute une gamme de produits qu’il a de la peine à vendre, et qu’il ne désire pas tenir en rayon.

14 La discrimination injustifiée des prix et la fixation de prix « prédateurs » sont deux autres PCR dont les motivations sont souvent proches. Dans le premier cas, le fournisseur facture des prix différents à deux clients sans raison apparente telle que rabais de quantité ou prix de transport plus élevé à cause de la distance de livraison. Dans le deuxième, le prix est tellement bas, qu’il nuit à la concurrence, car les plus faibles ne peuvent pas suivre, et seule l’entreprise dominante restera présente sur le marché une fois les concurrents éliminés. On constate même des ventes à perte dans ce type de PCR, qui sont appelées « dumping » dans le commerce international.

15 Selon le GATT, il y a dumping lorsqu’un fabricant exporte moins cher qu’il ne vend dans son propre pays. Le caractère « prédateur » de cette pratique est reconnu, puisque les règles du GATT autorisent le pays importateur à lever des droits antidumping si l’industrie nationale de biens similaires ou identiques subit un préjudice grave. De la même manière, les subventions étatiques, qui faussent la concurrence sur les marchés internationaux, donnent lieu, au titre des règles du GATT, à des droits compensateurs. Quant à la Communauté européenne, son droit de la concurrence donne pleins pouvoirs à la Commission, qui est son organe exécutif, d’interdire les subventions lorsqu’elles faussent le jeu de la concurrence.

16 Une autre stratégie de prix anormalement bas est celle dite des « prix d’appel ». Telle grande surface annoncera à grands frais de publicité une offre exceptionnelle sur tel ou tel produit jusqu’à épuisement du stock. Manque de chance, lorsque vous arrivez, le stock est épuisé. Afin de ne pas repartir les mains vides, vous vous rabattez sur un produit similaire, mais au prix fort ! Les prix d’appel sont interdits par exemple en France.

17 La sous-facturation est un cas de figure qui fait partie de ce que l’on appelle aussi la pratique des « prix de transfert », et qui peut cacher une PCR visant à éliminer un concurrent. Le prix de transfert est le prix auquel une multinationale vend ses produits intermédiaires (les intrants) à une de ses filiales de production à l’étranger. Puisque maison mère et filiale font partie du même groupe, peut importe à la multinationale si le prix facturé à sa filiale correspond au prix (ou coût) réel de l’intrant en question. Cependant, si elle exagère ce prix, la filiale aura une structure des coûts plus élevée, et

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si la hausse n’est pas répercutée sur le prix de vente du produit fini, elle déclarera moins de profit, ou même une perte. Une pratique courante pour l’évasion fiscale ou la fuite des capitaux. Mais ce cas n’a pas d’incidence directe sur la concurrence, et n’est pas considéré à proprement parler comme une PCR. Par contre, la sous-facturation, c’est-à-dire lorsque le « prix de transfert » est inférieur à la réalité, permet à la filiale de vendre moins cher que ses concurrents et, en définitive, d’éliminer ces derniers, par application de prix prédateurs.

18 Un cas intéressant fut étudié en Argentine il y a quelques années par l’autorité chargée du respect de la concurrence dans ce pays. Il s’agissait d’une multinationale étrangère qui fournissait des transistors à un fabricant de radios domestique. Tout alla pour le mieux jusqu’à ce que la multinationale décide d’installer sa propre filiale de production de radios en Argentine. A partir de ce moment, elle refusa de fournir le fabricant local aux mêmes conditions, et ce dernier se trouva en difficulté. C’est alors que la multinationale en question racheta les parts de la société, devenant ainsi un monopole.

19 Le phénomène de fusions et de rachats de sociétés est donc susceptible de créer des monopoles ou, tout au moins, des positions dominantes. C’est pourquoi, dans la plupart des pays ayant une loi sur la concurrence, l’état se donne également les moyens de contrôler la « concentration des marchés » et d’interdire, le cas échéant, les fusions- acquisitions jugées anticoncurrentielles.

Le droit de la concurrence dans le monde et en Suisse

20 C’est en Amérique du Nord, plus précisément au Canada que la première loi sur les cartels – la Combines Law – fut adoptée, à la fin du siècle dernier. Quelques années plus tard, en 1890, le fameux Sherman Antitrust Act fut adopté aux Etats-Unis.

21 Le principe fondamental sur lequel s’appuie cette législation est celui de l’économie néo-classique selon lequel la concurrence assure une allocation optimale des ressources, pour le bien de l’économie en général, et des consommateurs en particulier.

22 Il s’agissait d’éviter que les grands trusts de l’époque, de véritables conglomérats aux mains des grandes familles, ne monopolisent le pouvoir économique, et par là le pouvoir tout court. C’est pourquoi peu de temps après, le Congrès des Etats-Unis adopta une loi antitrust de plus, le Clayton Act, qui contient des dispositions permettant de contrôler les fusions et même, si nécessaire, de démanteler (to divest) les conglomérats.

23 Ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que d’autres pays développés à économie de marché adoptèrent des lois similaires.

24 A noter toutefois que ces lois, adoptées en Angleterre, en France, dans les pays Scandinaves, de même qu’en Allemagne et au Japon sous l’impulsion des Etats-Unis, étaient très loin d’être harmonisées ; en fait, bien que partant des mêmes principes généraux se rapportant à la concurrence, elles étaient très différentes les unes des autres. Ce sont les lois allemandes et japonaises qui étaient les plus proches des lois américaines, puisque directement inspirées parle pays vainqueur et encore, les systèmes juridiques étant différents, les lois avaient leur couleur locale.

25 Sans trop nous étaler sur un sujet par ailleurs très complexe, il convient de souligner quelques points majeurs. Aux Etats-Unis, les cartels ou ententes (les pratiques horizontales) sont interdites sans possibilité de recours. On dit qu’elles sont prohibées « per se ». Par contre, les pratiques verticales à l’exception des prix imposés, peuvent

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trouver justification, le cas échéant : c’est la « règle de raison » qui s’applique. A noter aussi que les Etats-Unis appliquent le droit pénal pour les infractions à l’interdiction des PCR horizontales.

26 Dans les autres pays, les PCR horizontales sont interdites en principe. C’est-à-dire que la loi admet des dérogations à l’interdiction, après avoir pesé le pour et le contre des pratiques en question. La loi exige une notification des PCR, qui dans plusieurs pays sont alors inscrites dans un registre normalement disponible au public. Une exception de marque : les cartels à l’exportation, enregistrés dans certains pays, ne sont pas partout publics. Dans de nombreux pays l’organisme qui se charge de l’application de la loi sur la concurrence peut interdire les PCR ainsi notifiées, elle peut aussi se borner à les enregistrer, laissant le soin aux parties éventuellement lésées d’intenter une action juridique, ou de déposer plainte auprès de l’organe de contrôle qui pourra alors se saisir du dossier, ouvrir une enquête et, le cas échéant, sévir.

27 Au départ, les lois européennes étaient relativement laxistes, en ce sens que l’organisme de contrôle n’avait que des pouvoirs limités, se bornant le plus souvent à faire des recommandations, l’état (habituellement le ministère de l’économie) ou les tribunaux étant seuls habilités à interdire certaines pratiques. Et encore, aux termes des lois les plus laxistes, l’organisme de contrôle devait peser les avantages et les inconvénients des PCR en question par rapport à l’intérêt public, une notion très vague de l’intérêt bien compris de la nation. Tel était dans les grandes lignes notre droit de la concurrence avant l’adoption de la Loi fédérale sur les cartels et organisations analogues du 20 décembre 1985.

La Loi fédérale sur les cartels et le droit de la concurrence de la Communauté européenne

28 La Loi du 20 décembre 1985 (entrée en vigueur le 1er juillet 1986) comporte une partie de droit civil en son chapitre 2, qui donne aux parties lésées par des atteintes à la concurrence les moyens de faire appel aux tribunaux pour défendre leurs droits, et une partie de droit administratif en son chapitre 3, dont la responsabilité d’application incombe à la commission des cartels. La commission des cartels peut adresser au Conseil fédéral des recommandations sur la politique de la concurrence, et en particulier elle est appelée à donner préavis sur tout projet de loi, d’arrêté ou d’ordonnance fédéraux susceptibles de restreindre la concurrence. Par ailleurs, elle établit, à la demande des tribunaux et d’autorités administratives, des avis sur des questions de concurrence. Mais sa fonction principale est quand même celle de gardien de la concurrence sur le territoire de la Confédération, en ouvrant des enquêtes. La commission peut ouvrir une enquête à sa propre initiative, à la demande du Département fédéral d’économie publique (DFEP), ou après enquête préalable, lorsqu’une limitation présumée de la concurrence lui est signalée par un tiers.

29 Au cours de l’enquête, la commission examine si un cartel ou une organisation analogue aux termes de la Loi a des conséquences nuisibles d’ordre économique ou social. Pour cela, elle met en balance les effets utiles et les effets nuisibles du cartel. A la requête de la commission, les cartels ainsi que les tiers concernés sont tenus de fournir tous renseignements et de produire toutes pièces propres à permettre à la commission

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de mener à bien son enquête. Si l’obligation de renseigner est contestée, la commission a le pouvoir de statuer par décision.

30 Lorsqu’en conclusion de son enquête, la commission constate qu’un cartel ou une organisation analogue a des conséquences nuisibles d’ordre économique ou social, elle recommande aux intéressés de modifier ou d’annuler certaines clauses cartellaires ou certaines conventions tombant sous le coup de la loi, ou de renoncer à certains comportements de marché. Elle fixe alors un délai aux intéressés pour qu’ils déclarent par écrit s’ils acceptent la recommandation.

31 Lorsque les intéressés n’acceptent pas les recommandations, le DFEP peut rendre, dans les trois mois à compter de la réception du refus, une décision ordonnant les mesures nécessaires. Les intéressés ont un droit de recours auprès du Tribunal fédéral. L’inobservation de recommandations et de décisions administratives peut être punie d’une amende jusqu’à 100’000.– francs, et le refus de renseigner ou de produire des pièces suite à une mise en demeure de la commission, de même qu’un manquement aux règles de confidentialité sont passibles d’une amende jusqu’à 20’000.– francs.

32 Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi fédérale, la commission des cartels n’a pas chômé. Forte des pouvoirs accrus qui lui ont été conférés, elle s’est engagée dans un bras de fer important avec les banques, notamment, pour faire cesser les « gentlemen’s agreements » qui entravaient trop nettement la concurrence dans ce secteur. Bien que les banques aient accepté certaines de ses recommandations, elle a dû recourir au DFEP pour en faire appliquer d’autres, au grand dam de l’industrie bancaire. Peu à peu, cependant, grâce à l’action de la commission, et peut-être aussi en raison des développements à l’étranger concernant la libéralisation des marchés, la déréglementation fait son chemin en Suisse. Les cartels du tabac, (longtemps en guerre avec la maison Denner S.A.), de la bière, des assurances, et du ciment disparaissent, ou sont en voie de disparition. La commission lance des enquêtes tout- azimuts : banque, assurance-vie et non-vie, marché du ciment, marché du sable, gravier et béton prêt à l’emploi, branche sanitaire, articles de ski, produits diététiques, marché du lait, statuts des caisses-maladie et conventions tarifaires, marché de l’automobile, marché des appareils auditifs, marché de la farine panifiable, etc. Dans le domaine des fusions, elle s’est pour le moment limitée à des enquêtes préalables, se réservant le droit d’intervenir ultérieurement en cas d’abus de position dominante. C’est le cas, par exemple, du rachat de Konsumverein Zurich (KVZ) par Coop Suisse, de la fusion Feldschlösschen/Sibra et de la prise de participation majoritaire de Swissair dans le capital de la Crossair.

Le droit de la concurrence de la Communauté européenne (CE)

33 Pour sa part, le droit de la concurrence de la Communauté européenne (CE), tel qu’il est inscrit aux articles 85 et 86 du Traité de Rome, instituant la CEE, interdit tous accords horizontaux et verticaux et toutes pratiques concertées entre entreprises, susceptibles d’affecter le commerce entre Etats membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché commun. Il s’agit là d’une prohibition de principe, à laquelle peuvent s’appliquer un certain nombre de dérogations, sous forme d’exemptions ou d’exceptions à condition toutefois que les PCR en question aient été notifiées au

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préalable à la Commission. Tout d’abord, les accords dont les effets sur la concurrence sont négligeables, (dont le chiffre d’affaires combiné est inférieur à 5 % du marché communautaire ou ne dépasse pas 200 millions d’écus, soit environ 400 millions de nos francs) sont exemptés « en bloc ». Ensuite, certains accords de distribution exclusive, de spécialisation, de licence, de savoir-faire, de recherche et de développement et de franchise sont exemptés, à condition que ces ententes procurent des avantages objectifs suffisants pour contrebalancer les effets restrictifs sur la concurrence. Dans certains cas, des règlements spécifiques de la Commission spécifient les conditions d’exemption de certains accords de distribution exclusive ou sélective. Il en est ainsi des réseaux de distribution exclusifs dans le domaine des parfums, de l’automobile, etc.

34 L’article 86 du Traité concerne particulièrement les restrictions verticales imposées par des entreprises en position dominante. L’abus de position dominante, surtout s’il porte atteinte à la libre circulation des biens et des services dans la communauté, est très sévèrement réprimé. Ces dernières années, ce sont surtout les entraves aux « importations parallèles » qui sont tombées sous le coup de la Commission de Bruxelles. Ainsi des sociétés comme BMW, Volkswagen (dans l’automobile), Pioneer (articles Hi-fi), Toshiba (ordinateurs et photocopieurs), Distillers (whisky, alcools), et bien d’autres se sont vu infliger de lourdes amendes pour avoir interdit ou tenté d’empêcher leurs distributeurs affiliés ou indépendants de fournir des importateurs parallèles, là où les différences de prix incitaient à importer du pays membre où le prix était plus bas.

35 Le niveau des amendes, ainsi que les moyens tant juridiques que matériels dont dispose la Commission pour faire respecter les règles de la concurrence au sein de la CE n’ont rien à voir avec ceux – fort limités – dont dispose la commission Suisse des cartels. La méthode, tout d’abord, permet à la Commission de Bruxelles d’enquêter par surprise en perquisitionnant les locaux des entreprises incriminées, à la recherche de preuves. L’effectif dont dispose la DG-IV, division générale chargée des questions de concurrence – pour contrôler un espace beaucoup plus grand, il est vrai – est beaucoup plus important.

36 Mais surtout, c’est le niveau des amendes qu’elle peut infliger qui est impressionnant. Pour les infractions commises « de propos délibéré ou par négligence », la Commission peut pousser la peine jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires réalisé au cours de l’exercice précédent par chacune des entreprises ayant participé à l’infraction. Toshiba s’est ainsi vu infliger une amende de 2 millions d’écus pour avoir tenté d’empêcher les importations parallèles de photocopieurs en interdisant à ses distributeurs exclusifs dans le marché commun de vendre à l’extérieur de leur territoire exclusif à des importateurs parallèles. Tetra Pak, le fabricant suédois de produits d’emballage pour boissons, qui est installé en Suisse, s’est vu infliger une amende record de quelques 140 millions de francs suisses, pour abus de position dominante !

37 Au niveau du contrôle des fusions, la Commission de Bruxelles est responsable du contrôle des concentrations dont le chiffre d’affaires combiné est de 5 milliards d’écus ou plus ; montant gigantesque qui lui donne quand même l’occasion de faire parler d’elle. L’interdiction faite à l’Aérospatiale de reprendre le constructeur d’avions canadien De Havilland en octobre dernier, tout comme les conditions posées à Nestlé pour la prise de contrôle de Perrier, ont déjà bien défrayé la chronique.

38 Pour les fusions-acquisitions qui n’atteignent pas la barre des 5 milliards d’écus, c’est le droit de la concurrence national qui entre en jeu, avec la grande diversité qui le

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caractérise, même au niveau des pays membres de la CE. Pour ce qui est du contrôle des PCR en général, la DG-IV se charge plus particulièrement des cas ayant des effets intra- communautaires, et le droit national se charge des atteintes à la concurrence de caractère purement national. A ce propos, le « principe de subsidiarité » dont on parle beaucoup dernièrement, veut que la Commission limite autant que faire se peut le domaine de ses compétences en faveur des administrations des pays membres. Il n’empêche qu’en cas de contradiction, et ceci est important pour les candidats à une possible adhésion que nous sommes, c’est le droit communautaire qui prime. Ainsi une entente ou une fusion autorisée par l’organisme national de la concurrence (la commission Suisse des cartels, par exemple) parce qu’elle est jugée conforme à l’intérêt national, mais interdite par la Commission de Bruxelles, devrait être abandonnée.

Evolution du droit de la concurrence dans le monde et négociations multilatérales : influence sur la Suisse

39 Sous l’impulsion de la déréglementation à l’échelle planétaire à laquelle nous faisions allusion plus haut, on constate actuellement bon gré, mal gré, une tendance à l’harmonisation graduelle des divers droits de la concurrence. La plupart des pays ayant adopté de telles lois après la guerre en sont à leur quatrième ou cinquième révision. La plupart interdisent « per se » les soumissions collusoires et les prix imposés (à quelques exceptions près, comme les produits pharmaceutiques ou les publications). De même, de plus en plus de pays contrôlent les services (y compris les professions libérales) en même temps que les biens, et ils sont de plus en plus nombreux à contrôler les fusions. Une autre tendance consiste à surveiller les atteintes à la concurrence des entreprises publiques (lorsqu’elles ne sont pas privatisées), et même des monopoles naturels, dont la justification est de plus en plus remise en question. Ces tendances ne manqueront pas d’influencer la politique de la concurrence en Suisse, et déjà, nombreux sont ceux qui préconisent une nouvelle révision de la Loi fédérale sur les cartels de 1985, pour la rendre plus stricte dans son application.

40 Actuellement tous les pays développés ont une loi sur la concurrence. De plus, les pays du centre et de l’est de l’Europe, en transition vers l’économie de marché adoptent, l’un après l’autre, des lois antitrust. C’est le cas notamment de la Hongrie, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie, qui sont fermement engagés dans l’économie de marché.

Les pratiques commerciales restrictives et les pays en développement

41 Les pays en développement sont aussi nombreux à s’intéresser à la politique de la concurrence et à passer des lois pour contrôler les PCR. L’un des principaux objectifs du Groupe d’experts des PCR de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) est justement d’aider les pays en voie de développement à passer de telles lois pour encourager la concurrence et se protéger des abus dans le domaine des PCR. A l’heure actuelle, environ treize pays en développement ont de telles lois : il s’agit de l’Argentine, du Brésil, du Chili, du Pérou et du Venezuela en Amérique latine, du Gabon, du Kenya et de la Tunisie en Afrique, et de la Corée du Sud, de l’Inde, du Pakistan, du Sri-Lanka et de la Thaïlande. De plus, la Colombie, la Chine, le

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Ghana, l’Indonésie, les Philippines le Zaïre et la Zambie préparent activement des projets de loi sur la concurrence.

42 Au niveau multilatéral, des négociations ont été menées de longue date pour essayer de combler le vide juridique qui existe lorsque l’on est confronté aux divers intérêts nationaux. En premier lieu, il faut savoir que rares sont les législations de la concurrence ayant une application extraterritoriale. Les lois antitrust américaines constituent une des rares exceptions en la matière. Pour les autres droits, les PCR dont les effets ne sont pas ressentis sur le territoire national ne sont pas couverts par la loi. Il en découle des conséquences très importantes au niveau du commerce international. Les cartels à l’exportation, par exemple, dont les effets néfastes sont ressentis à l’étranger, mais pas dans le pays d’origine, sont soit ignorés par la loi – c’est le cas de la Loi fédérale sur les cartels –, soit autorisés sous réserve de notification préalable, comme c’est le cas dans de nombreux pays : Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, notamment. Il en va de même pour les cartels internationaux : seule la législation antitrust des Etats-Unis interdit explicitement aux sociétés américaines de participer à de telles ententes. Les autres droits nationaux de la concurrence sont muets à ce sujet. Il est intéressant de noter à ce propos que de nombreux cartels internationaux ont leur siège en Suisse, d’où ils peuvent prospérer en toute légalité, sans aucun risque d’être inquiétés.

43 Dans le cas des multinationales, l’obtention de preuves peut être très difficile, surtout si celles-ci sont détenues par la maison mère ou une filiale à l’étranger. A noter aussi que de nombreux pays, pour protéger leurs entreprises contre l’action extraterritoriale du Département de la justice américaine, se sont dotés de lois visant à bloquer le transfert d’informations à l’usage des tribunaux étrangers. Tout cela n’est pas fait pour faciliter les relations internationales dans le domaine de la concurrence.

44 C’est pourquoi la question du contrôle des PCR au niveau multilatéral est une préoccupation de longue date des organismes internationaux. Déjà la Charte de la Havane, dont est issu le GATT, en 1947, comportait tout un chapitre dédié au contrôle des PCR, qui ne fut jamais adopté. Après nombre de réunions infructueuses sur le sujet à la Commission économique et sociale (ECOSOC) des Nations Unies et au GATT dans les années 50 et 60, le thème fut repris en 1972 par la CNUCED, afin d’étudier les effets néfastes des PCR sur le commerce et le développement des pays en développement. Depuis, un code de conduite en matière de concurrence, l’« Ensemble de principes et de règles » sur les PCR a été adopté à l’unanimité par tous les pays membres des Nations Unies en 1980. Il comporte, en particulier, des règles de conduite à l’usage des entreprises privées et publiques qui doivent s’abstenir de passer des accords cartellaires et autres PCR constituant un abus de position dominante, des incitations à l’usage des Etats, pour qu’ils adoptent des lois sur la concurrence, et qu’ils coopèrent activement en matière d’échange d’informations et de consultations visant à renforcer le contrôle des PCR néfastes au commerce international, y compris au commerce et au développement des pays en développement.

45 Cet « Ensemble », qui fut adopté sous forme de recommandation dans une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, n’a pas de force contraignante, si ce n’est la force morale d’un accord adopté à l’unanimité dans une telle résolution. Il n’en demeure pas moins que l’ONU continue régulièrement ses travaux en la matière au sein du Groupe d’experts des PCR qui se réunit annuellement à la CNUCED, l’objectif actuel étant d’assister les pays en développement et les autres (sous-entendu, également les

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pays en transition vers l’économie de marché), à adopter une législation nationale sur la concurrence. A plus long terme, il faudra une réforme du système du commerce international comportant des règles et disciplines sur la concurrence, tels que l’ont appelée de leurs vœux des personnalités comme M. Arthur Dunkel, Directeur-général du GATT et Sir Léon Brittan, Commissaire à la concurrence de la CEE.

46 L’Organisation pour le commerce et de développement (OCDE) à Paris, a également constitué une commission, chargée d’étudier et de rapprocher les vues des états membres (la plupart des pays développés à économie de marché y compris la Suisse) dans le domaine de la concurrence.

47 A part de très importantes études sur des PCR spécifiques, comme les « soumissions collusoires », « les ventes liées », ou « les obstacles au commerce international et la concurrence : leur interaction », ils ont également adopté, en 1986, une recommandation sur l’échange d’informations, une procédure de consultations et de conciliation pour aider à régler les différends qui pourraient survenir entre les pays membres de l’OCDE dans le domaine de la concurrence, et sont très actifs dans le domaine de l’assistance technique surtout pour les pays en transition.

48 Enfin, bien que le thème de la concurrence ne figure pas à proprement parler à l’ordre du jour des négociations de l’Uruguay Round du GATT, il est indéniable qu’une conclusion favorable de ces négociations dans le courant de 1993 aurait des répercussions importantes dans le domaine de la concurrence.

49 Dans le domaine de l’agriculture, la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de la CE, récemment adoptée par les pays membres, où il est question d’une réduction importante des subventions à la production, de la résorption d’une partie des excédents et des subventions à l’exportation, va dans le sens des demandes américaines et du « Groupe de Cairns » pour une ouverture des marchés agricoles à la concurrence mondiale.

50 Dans le domaine des marchés publics, le code existant devrait être amélioré et l’ouverture à la concurrence renforcée. La Suisse, avec ou sans EEE et adhésion à la CE, se trouve confrontée à une pression énorme au niveau de l’Uruguay Round.

51 Autre domaine d’importance capitale dans ces négociations : les services. Suivant la tendance à la déréglementation en vogue déjà au cours des années 80, l’Uruguay Round vise à libéraliser les échanges dans un domaine où la Suisse est déjà fortement intégrée dans le marché mondial et aurait beaucoup à gagner d’une ouverture progressive des marchés voisins, mais aussi des pays du Tiers-monde. Il est fort probable qu’en ce domaine, notre pays, à l’instar des autres pays développés européens, doive faire des choix difficiles, dans la mesure où l’on devrait céder du terrain dans le domaine agricole et les marchés publics, par exemple, pour gagner énormément dans l’ensemble, dans le domaine des services.

52 A ce propos, l’accord sur l’EEE prévoyait de donner un délai d’un an à la Confédération, aux cantons et aux communes pour ouvrir à la concurrence communautaire leurs contrats de fournitures excédents 200 mille écus (environ 400 mille francs) et les contrats de travaux publics excédant les 5 millions d’écus (9 à 10 millions de francs suisses). Le rejet de l’EEE pourrait bien n’être qu’un répit de courte durée car le code sur les marchés publics, accepté par la Suisse lors du Tokyo Round devrait sortir considérablement renforcé de l’Uruguay Round. Il faudra donc très probablement s’attendre à une concurrence accrue et à des temps plus rudes pour nos PME locales du

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domaine du bâtiment, notamment, protégées qu’elles étaient de la concurrence et donc mal préparées à se lancer à l’assaut de nouveaux marchés. Toutefois, vu les montants minimes fixés généralement dans ce type d’accords, ce sont surtout nos grandes entreprises ainsi que les PME déjà bien aguerries par la concurrence internationale qui auront tout à gagner, alors que les autres devront se préparer graduellement à affronter plus de concurrence.

53 Il en va de même des négociations sur les mesures d’investissement liées au commerce, les « TRIM » et celles concernant la protection intellectuelle, les « TRIP »qui se poursuivent sous l’égide de l’Uruguay Round. La Suisse est un des principaux exportateurs de capitaux et de savoir-faire (know-how) par l’intermédiaire de licences de brevets, dessins de fabrique et marques. Un assouplissement des règles relatives aux investissements directs à l’étranger et dans les pays en développement, ainsi qu’une meilleure application et une harmonisation des droits de propriété intellectuelle ne peuvent qu’être favorables à notre pays.

Bilan pour la Suisse et pour les pays du Tiers Monde

54 Dans l’ensemble, comme nous l’avons vu plus haut, les développements internationaux, négociations multilatérales diverses, et en particulier une conclusion favorable de l’Uruguay Round au début de 1993 devraient avoir des conséquences favorables à moyen et long terme pour la Suisse. Mais comme on ne peut, malheureusement, pas faire d’omelette sans casser des œufs, les avantages conséquents obtenus sur le front des services, des investissements et de la propriété intellectuelle, risquent de se faire au détriment de l’agriculture et des PME de certains secteurs trop protégés jusqu’à présent, et qui devront, tôt ou tard, opérer un ajustement de structure en fonction d’une plus forte concurrence. Pour l’économie nationale, et en particulier pour le « panier de la ménagère », à terme, plus de concurrence devrait être synonyme de baisse des prix.

55 Pour les pays du Tiers Monde, une Suisse plus ouverte et plus compétitive devrait également comporter des avantages. Dans la mesure où les investissements et les transferts de technologie en direction des pays en développement s’intensifient, même de la part d’un petit pays comme la Suisse, la tendance devrait être favorable au progrès et au développement. Toutefois, il faut souligner que tant que des progrès déterminants n’auront pas été accomplis au niveau multilatéral pour un contrôle efficace des PCR – et avant cela, bien d’eau risque encore de couler sous les ponts – il incombera à chaque pays de se défendre soi-même contre les PCR. Et dans ce domaine, l’adoption d’un droit national de la concurrence et des moyens de l’appliquer avec efficacité est essentiel. Une révision de la loi sur les cartels donnant à la Commission des pouvoirs accrus pour démanteler les cartels à l’importation et autres entraves dans la distribution ne pourrait qu’améliorer l’accès des produits des pays du Tiers Monde au marché suisse.

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BIBLIOGRAPHIE

1. Loi fédérale sur les cartels et organisations analogues. (Loi sur les cartels, LCart) du 20 décembre 1985.

2. Rapport annuel 1991 de la Commission des cartels : Enquêtes, Prises de position, Jugement. (1a 1992, Publication de la Commission suisse des cartels et du préposé à la surveillance des prix).

3. Vingtième rapport sur la politique de la concurrence. Commission des communautés européennes, Bruxelles 1991.

4. Bulletin des Communautés européennes, Volumes 24 (1-12) et 25 (1).

5. Guide de la législation sur les pratiques commerciales restrictives, Volumes I-IV, OCDE, Paris.

6. Politique de la concurrence dans les pays de l’OCDE, 1988-89, 1989-90 ; OCDE, Paris 1991 et 1992.

7. Trade Policy Review, Switzerland, Vol I & II, GATT, Geneva, December 1991.

8. Marché intérieur communautaire. Défi et chance pour la Suisse. Publication No 109, de l’Union de Banques Suisses, Zurich, novembre 1989.

9. Où va l’agriculture? dans Le Mois économique et financier, Juin 1991, publication de la Société de Banque Suisse.

10. Banque & Finance, Spécial Europe. No. 1, Juin 1992.

11. Les soumissions collusoires, étude du secrétariat de la CNUCED, Nations Unies, New York, 1985.

12. Rapports annuels 1980, 81, … 1990 de la CNUCED, sur les faits nouveaux d’ordre législatif et autre intervenus dans les pays développés et en développement en matière de contrôle des pratiques commerciales restrictives. Nations Unies, Genève.

13. Etudes économiques de l’OCDE : Suisse 1991/92, OCDE, Paris, 1992.

RÉSUMÉS

Im Bereich des Wettbewerbs weist die Schweiz paradoxe Züge aus. Einerseits hat sie eines der liberalsten Systeme was den internationalen Handel anbelangt, und andererseits weist sie den höchsten Grad an Protektionismus im Agrarbereich aus. Die Binnenwirtschaft ist geprägt durch Kartellabsprachen und eine wenig transparente Politik der öffentlichen Ausschreibungen. Weiter ist die Schweiz Geschäftssitz zahlreicher multinationaler Gesellschaften mit Vorrangstellung auf den internationalen Märkten. Deren wettbewerbsbeschränkenden Geschäftspraktiken sind durch Antitrustgesetzgebungen in zahlreichen Ländern im Ausland stark eingeschränkt worden. In der Schweiz wacht eine Kartellkommission über die Einhaltung des Kartellgesetzes von 1985 (in Kraft seit dem 1. Juli 1986), dies allerdings mit bescheidenen Befugnissen im Verhältnis zur Kommission der EG beispielsweise. Der Autor untersucht die wettbewerbsbeschränkenden Geschäftspraktiken, welche die freie Konkurrenz in der Schweiz und weltweit einschränken. Es sind dies Verträge oder Absprachen zwischen Unternehmen mit dem Ziel, den Wettbewerb einzuschränken oder gar zu verhindern ; die gängigste Form sind die verschiedenen Arten von Kartellen. Ausser der Kartellgesetzgebung in den USA, welche für das In- und Ausland gilt, betreffen die meisten Kartellgesetze nur das Inland. für die Entwickungsländer steht im Rahmen der UNCTAD eine Expertengruppe zur

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Verfügung, welche diese Länder bei der Einführung einer Kartellgesetzgebung unterstützt, und sie darin berät, wie sie den negativen Auswirkungen von internationalen Kartellen auf ihrem Gebiet entgegentreten können. Der 1980 einstimmig von der UNO-Generalversammlung verabschiedete Verhaltenskodex über wettbewerbsbeschränkende Geschäftspraktiken bietet dazu die Basis ; er ist allerdings freiwillig und somit lediglich moralisch verpflichtend. Die OECD hat ebenfalls eine entsprechende Kommission für die Beratung ihrer Mitglieder (Industrieländer) in Fragen des Wettbewerbs ins Leben gerufen. Grundsätzlich bieten offene Märkte ohne wettbewerbsbeschränkende Praktiken allen Ländern, inbesondere auch den Entwicklungsländern, mehr Chancen für wirtschaftliche Entwicklung, dies die Schlussfolgerung des Autors. Doch braucht es dazu griffige, international gültige Instrumente, deren Ausarbeitung noch viel Zeit in Anspruch nehmen wird.

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Le développement durable : l’utopie nécessaire Nachhaltige Entwicklung – die notwendige Utopie

Ernst A. Brugger

NOTE DE L’ÉDITEUR

En français, résumé seulement. Lire l’article original en allemand dans Schweizerisches Jahrbuch für Entwicklungspolitik : « Nachhaltige Entwicklung – die notwendige Utopie », http://sjep.revues.org/1246.

RÉSUMÉS

Après avoir dressé un bilan de la Conférence sur l’environnement et le développement, l’auteur définit le concept de « développement durable » et précise les conditions de sa mise en œuvre. Pour la Suisse, des adaptations des politiques économique et écologique s’imposent ainsi qu’une réorientation de la coopération au développement pour assurer un développement durable des pays du Tiers Monde. La Conférence de Rio n’a pas été un plein succès. Elle a notamment manqué de résultats dans les domaines du développement, de la croissance démographique, de l’énergie et des ressources du développement. Mais ses débats ont contribué à préciser le concept de développement durable et à provoquer une prise de conscience. Sur le plan international, la Suisse possède des avantages importants pour soutenir le développement durable (neutralité, bons offices). Sur le plan intérieur, il faudra des réformes

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dans les domaines économique et écologique et une plus grande ouverture des marchés. Pour assurer un développement durable, la coopération au développement doit définir une réorientation générale concernant les objectifs, adopter une meilleure utilisation des ressources ainsi qu’une mise en valeur des domaines de spécialisation (écologie, formation, tourisme…).

AUTEUR

ERNST A. BRUGGER Professor Dr., FUNDES, ECOS

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Partenaires dans la recherche avec les pays en développement Forschungs-Partnerschaft mit Entwicklungsländern

Thierry A. Freyvogel

NOTE DE L’ÉDITEUR

En français, résumé seulement. Lire l’article original en allemand dans Schweizerisches Jahrbuch für Entwicklungspolitik : « Forschungs-Partnerschaft mit Entwicklungsländern », http://sjep.revues.org/1248.

RÉSUMÉS

Dans un grand nombre de pays en développement, il n’existe toujours pas de réelles capacités de recherche, en dépit des initiatives de toute nature prises au cours des dernières décennies. Or, dans la perspective du développement, et pour résoudre les problèmes planétaires cruciaux qui sont les nôtres, ces capacités de recherche sont indispensables. A l’heure actuelle, la situation n’est propice ni dans les pays en développement, ni dans les pays industriels. Dans les premiers, il n’existe souvent pas de politique durable et cohérente de la recherche et, par voie de conséquence, il n’y a pas non plus de débouchés professionnels convenables pour les rares chercheurs indigènes ; dans les seconds, la communauté scientifique marque peu d’intérêt pour les projets de recherche axés sur le développement et réalisés au profit des pays en développement. Par ailleurs, la capacité de travailler de manière interdisciplinaire fait défaut partout. Pays industriel parmi d’autres, la Suisse voudrait apporter sa pierre à la mise en place du

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potentiel de recherche dont les pays en développement ont besoin. Pour ce faire, elle doit se doter d’une conception, en d’autres termes d’une « stratégie ». Sans doute les actions menées par la Suisse en faveur de la recherche dans les pays en développement ont-elles parfois produit des résultats remarquables. Elles ont cependant été réalisées sans but concerté, en ordre dispersé et souvent sans aucun suivi ; par conséquent, elles n’ont en général pas eu d’effet durable. La stratégie en préparation doit donc consister d’abord à évaluer le travail accompli et, le cas échéant, à le poursuivre après en avoir amélioré les modalités ; elle doit cependant viser à mieux coordonner les travaux et à les mettre à exécution de manière concertée. Cette stratégie comprendra de plus un programme spécial à long terme. Celui-ci devrait porter sur l’utilisation des ressources naturelles, être réalisé entre partenaires suisses et des pays en développement intéressés au projet. De la sorte, il est probable que bon nombre d’obstacles majeurs qui entravent une recherche indépendante dans les pays en développement pourraient être surmontés.

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Les investissements directs de la Suisse à l’étranger Die schweizerischen Direktinvestitionen im Ausland

Catherine Marrel

NOTE DE L’ÉDITEUR

En français, résumé seulement. Lire l’article original en allemand dans Schweizerisches Jahrbuch für Entwicklungspolitik : « Die schweizerischen Direktinvestitionen im Ausland », http://sjep.revues.org/1251.

RÉSUMÉS

Die Entwicklung der schweizerischen Direktinvestitionen folgte im Grossen und Ganzen den internationalen Tendenzen. Zwischen 1985 und 1991 verdoppelte sich das Direktinvestitionskapital im Ausland. Dabei gewannen die Investitionen der Dienstleistungsunternehmen immer mehr an Gewicht. Die Direktinvestitionsflüsse siedelten sich grösstenteils in den Industrieländern an, wo sich auch die wichtigsten Handelspartner der Schweiz befinden. In der ersten Hälfte der 80er Jahre erfuhren die Kapitalexporte in die USA einen grossen Aufschwung. Seit 1987 verlagerten die Unternehmen das Schwergewicht ihrer Direktinvestitionen nach Europa. Die Direktinvestitionsflüsse in die Entwicklungsländer verloren an Bedeutung. Die durch Schulden und stagnierende Rohstoffpreise aber auch durch politische Instabilität geprägten Binnenmärkte der Entwicklungsländer vermochten immer weniger ausländische Unternehmen anziehen. Erst in der jüngsten Zeit scheinen die schwersten politischen und wirtschaftlichen Hypotheken überwunden. Seit 1990 scheinen die strukturellen Reformen einschliesslich

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Handelsliberalisierung, Privatisierung und Deregulierung der Märkte sowie die verstärkte Öffnung zum Aussenhandel sich in einer Belebung der Direktinvestitionsflüsse in die Entwicklungsländer auszuwirken.

Une statistique des investissements directs de la Suisse existe depuis 1985. L’auteur présente d’abord le contenu du relevé, sa méthode et la définition d’investissement direct sur laquelle elle se fonde. Elle passe ensuite à une description des principales tendances révélées par l’évolution des données recueillies. On constate notamment que, dans la période 1985-1991, le montant des investissements directs totaux a presque doublé, en passant à environ 100 milliards de francs, la part destinée au Tiers Monde (Caraïbes et Panama exclus) ayant glissé en-dessous de 10 %. Les deux tiers de cette part sont par ailleurs concentrés sur un petit nombre de « nouveaux pays industrialisés ». Dans le flux d’investissements vers les pays riches, l’Europe a relayé les Etats- Unis en tant que principal pôle d’attraction. Quant à la répartition selon les secteurs, la tendance générale a été de privilégier les services plutôt que l’industrie. Dès 1991, on dispose pour la première fois de la ventilation selon les régions des revenus réinvestis : dans le Tiers Monde, cette source de financement couvrait environ la moitié du total des investissements tandis que dans le reste du monde la proportion correspondante ne représentait que 10 %. En 1991, l’ensemble des entreprises suisses à l’étranger occupait environ un million de personnes, soit 17 % dans le Tiers Monde dont les deux tiers dans les « nouveaux pays industrialisés ». Le détail des chiffres est réuni dans le tableau 1 (flux des investissements), le tableau 2 (source des flux des investissements pour 1991), le tableau 3 (montant des investissements) et le tableau 4 (nombre de personnes occupées).

AUTEUR

CATHERINE MARREL Wissenschaftliche Mitarbeiterin, Schweizerische Nationalbank.

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Le mécanisme suisse de désendettement – un bilan intermédiaire Die schweizerische Entschuldungsfazilität – eine Zwischenbilanz

Rolf Kappel

NOTE DE L’ÉDITEUR

En français, résumé seulement. Lire l’article original en allemand dans Schweizerisches Jahrbuch für Entwicklungspolitik : « Die schweizerische Entschuldungsfazilität – eine Zwischenbilanz », http://sjep.revues.org/1253.

RÉSUMÉS

En juin 1990, six œuvres d’entraide avaient présenté une pétition demandant à la Confédération d’effectuer une remise de dettes aux pays les plus démunis à l’occasion de son 700e anniversaire. En mars 1991, les Chambres fédérales acceptaient l’ouverture d’un crédit-cadre de 400 millions de francs destiné au financement de telles mesures. L’auteur compare brièvement le mécanisme mis en place par la Confédération et les opérations de désendettement menées en 1991-92 aux objectifs de la pétition des œuvres d’entraide. Se référant aux critères de la politique de développement et à la situation des pays à faibles revenus lourdement endettés, il analyse ensuite de façon approfondie trois grandes catégories de mesures : la réduction de la dette extérieure de pays s’engageant sur la voie des réformes, le rachat de créances privées par des institutions publiques et la création de fonds de contrepartie

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en monnaie locale destinés à financer la lutte contre la pauvreté. Il apparaît finalement que la politique de réduction de la dette se justifie seulement dans une perspective à long terme. Les conditions pour la création de fonds de contrepartie sont rarement réunies, mais la lutte contre la pauvreté n’en est pas moins nécessaire.

AUTEUR

ROLF KAPPEL Professor Dr., ETH, NADEL

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Bibliographie

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Bibliographie

René Barbey et Viviane Maislisch

NOTE DE L’ÉDITEUR

La distinction entre les trois sections de la 1ère partie a pour but de simplifier la présentation. Les publications de la Confédération et des institutions privées, signées par des personnes, figurent dans la section 1 de la partie I et dans la partie II.

Introduction

1 La présente bibliographie contient les références d’octobre 1991 à octobre 1992. Elles concernent principalement les Relations Suisse–Tiers Monde (Partie I, subdivisée en 3 sections), mais nous avons également signalé une Sélection de textes (parus en Suisse ou publiés par des Suisses) sur le Tiers Monde et le développement (Partie II).

2 Pour les publications périodiques des institutions privées auteurs, veuillez consulter la « Bibliographie Suisse – Tiers Monde = Bibliographie Schweiz – Dritte Welt : 1980-1990 ».

Abréviations

3 (All.) – Document disponible également en allemand DDA – Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire FF – Feuille fédérale RO – Recueil des lois fédérales

4 Dans les autres cas, nous avons mis les intitulés complets.

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Partie I – Relations Suisse – Tiers Monde

Section 1 : auteurs et titres anonymes

5 1. A qui cette terre ? : Amérique latine, 1492-1992 / Campagne 1992 Action de Carême, Pain pour le prochain. – Lausanne : Action de Carême ; Pain pour le prochain, 1992. – [64] p.

6 2. A qui cette terre ? : Amérique latine, 1492-1992 / Campagne œcuménique 1992 Action de Carême, Pain pour le prochain. – Lausanne : Action de Carême ; Pain pour le prochain, 1992. – 74 p. – (Cahier d’animation / Action de Carême, Pain pour le prochain ; [92]).

7 3. ACHERMANN, Alberto ; HAUSAMMANN, Christina. – Handbuch des Asylrechts / hrsg. von der Schweizerischen Zentralstelle fur Flüchtlingshilfe (SFH). – 2. vollst. überarb. Aufl. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1991. – 471 p.

8 4. Adoption d’enfants de cultures étrangères : des réponses aux questions que se posent les futurs parents / [trad. : Micheline Huguelet]. – Zurich ; Trogen : Fondation Village d’enfants Pestalozzi ; Institut pour l’enfant Marie Meierhof, [1991]. – 71 p.

9 5. Afrika in Winterthur, Winterthur in Afrika / [Veranstaltungsreihe der] Stadtbibliothek Winterthur, in Zusammenarbeit mit der Sektion Kultur der Nationalen Schweizerischen Unesco-Kommission. – [Winterthur] : [Stadtbibliothek], [1991]. – 15 p.

10 6. Agroecologia en America Latina : una guía. – Langenbruck : AGRECOL, Ökozentrum [etc.], 1990. – 144 p.

11 7. AMBERG, Verena. – Africana-Sammlung und Africana-Katalog in der Stadtbibliothek Winterthur. – Basel : Basler Afrika-Bibliographien, 1991. – 319 p., 3. Bd : 1982-1990.

12 8. ARIOLI, Silvio. – Die schweizerisch-israelischen Wirtschaftsbeziehungen in einem verànderten Umfeld : Vortrag gehalten an der Generalversammlung der Handels- kammer Schweiz-lsrael am 23. Juni 1992 in Zurich. – Bern : BAWI, 1992. – 17 p.

13 9. Asile en Europe : guide à l’intention des associations de protection des réfugiés / European Consultation on refugees and exiles = Consultation européenne sur les réfugiés et les exilés. – Paris : France-Terre d’asile, 1990, Chapitre sur la Suisse.

14 10. Atti del Seminario Ecologia e rapporti Nord-Sud : punti di conflitto e forme di resistenza, aprile-maggio 1991, [Lugano-Russo]. – Cugnasco : Université verdeticinese, 1991. – 105 p. – (Quaderni dell’Università verde ticinese ; 1).

15 11. BARBEY, René ; MAISLISCH, Viviane „Bibliographie [des relations Suisse– Tiers Monde] = Lirteraturverzeichnis”, In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 243-271.

16 12. BARBIER, Mireille ; KAISER, Claude Albert. – Sexisme ?, racisme ? : encore un effort à faire. – Genève : Service de l’enseignement : Centre de recherches psychopédagogiques, 1992. – 97 p.

17 13. BAUMANN, Miges. – Patentgesetz, Biotechnologie und Dritte Welt. – Genève : Secret, de la Société suisse pour l’éthique biomédicale, Fondation Louis Jean, cop. 1991. – 12 p. – (Folia bioethica ; 3).

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18 14. BERNET, Toni et al. – Nein zum IWF- und Weltbank-Beitritt der Schweiz : Alternativen zu einem System der Ungerechtigkeit. – Zurich : Schweizerischer Friedensrat, 1991. – 32 p.

19 15. BERNHARD, Thomas. – Amnesty International : une organisation de défense des droits de l’homme, ses objectifs et ses moyens d’action : portrait. – Bern : Amnesty International, Section suisse, 1991. – 28 p.

20 16. BERSIER, Roland. – Droit d’asile et statut du réfugié en Suisse. – Lausanne : Ed. La Passerelle ; Centre social protestant Vaud, 1991. – 230 p.

21 17. BICHSEL, Anne „Entwicklungspolitische Gedanken zum Problemkreis Umwelt und Entwicklung im Vorfeld der UNCED”, In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 189-197.

22 18. BLANKART, Franz. – L’adhésion de la Suisse aux institutions de Bretton Woods : conférence présentée lors du débat contradictoire, organisé par InfoSud (Action de Carême – Helvetas – Pain pour le prochain) et le Nouveau Quotidien, à Lausanne, le 5 mai 1992. – Berne : Office fédéral des affaires économiques extérieures, 1992. – 16 p.

23 19. BLANKART, Franz. – Das Interesse der Schweiz an den Institutionen von Bretton Woods : Vortrag gehalten im Rahmen der Vortragsreihe „Swisscontact-Forum” an der ETH Zurich, am 12. Mai 1992. – Bern : BAWI, 1992. – 19 p.

24 20. BLANKART, Franz. – The Nineties – a decade of big challenges for Swiss foreign economic policy : address at the “Swiss Brazilian Chamber of Commerce”, Sao Paulo, 11th June, 1992. – Bern : BAWI, 1992.– 17 p.

25 21. BLANKART, Franz. – The Nineties – a decade of big challenges for Swiss foreign economie policy : address on the occasion of the “Swiss Businessmen Luncheon”, Johannesburg, 3rd June, 1992. – Bern : BAWI, 1992. – 14 p.

26 22. BLARDONE, Gilbert et al. – Stratégies de développement et ajustements structurels : étude de l’appui de la Suisse au Programme d’Ajustement Structurel (PAS) de deux de ses partenaires africains : Madagascar et Tanzanie. – Genève : Institut universitaire d’études du développement, [1992]. – 12 vol. – (Fonds national de la recherche scientifique, Programme national de recherche PNR 28 « La Suisse dans un monde en mutation »).

27 23. BLUNDO, Giorgio. – Potentiel scientifique et de recherche sur l’Afrique de l’Ouest : inventaire des institutions : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Niger, Togo. – Genève : ASSN ; IUED ; DDA, 1992. – 142 p.

28 24. BOEHLEN, Bruno ; CLEMENCON, Raymond „Die internationale Umweltschutzpolitik der Schweiz”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 1015-1026.

29 25. BOLLIGER, Ernst ; REINHARD, Peter ; ZELLWEGER, Tonino. – Vulgarisation agricole : un guide pour vulgarisatrices et vulgarisateurs / [éd. : LBL, Centrale de vulgarisation agricole Lindau ; Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, Berne], – St. Gallen : SKAT, 1991. – Pag. mult.

30 26. BORLE, Marcel. – Avec la mission scientifique suisse en Angola : journal de voyage. – La Chaux-de-Fonds : Ed. de la Girafe, Musée d’histoire naturelle, 1992-. – Vol. 1 : 53 f.

31 27. BOSSHARD, Peter. – Die [ EG zwei und neunzig] EG 92, die Schweiz und die Dritte Welt. – Zurich : Erklärung von Bern, 1991. – 15 p.

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32 28. BRAWAND, Antoine ; CANCELLIERI, Pierre-Georges ; PERROULAZ, Gérard. – « Statistiques [du commerce, des flux financiers et de l’aide publique au développement] », In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 275-361.

33 29. Die Bretton-Woods-Institutionen : Internationaler Währungsfonds (IWF) und Welt- bank : Dokumentation = Les institutions de Bretton Woods : le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale : documentation / Hrsg. : Parlaments- dienste. – Bern : Parlamentsdienste, 1991. – 383 p.

34 30. BRUGGER, Ernst A. „Entwicklungszusammenarbeit der Privatwirtschaft”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 717-726.

35 31. BRUNNER, Hugo Urs. – Gesundheitsprobleme von Langzeitaufenthaltern in den Tropen und Subtropen : (Mitarbeiter/lnnen der DEH und ihre Familien). – Basel : Universrtät Basel, [ 1991]. – 1161., Diss. med.

36 32. BUESCHER, Martin ; HAUFF, Michael von. – Entwicklungshilfe zwischen Kultur- begegnung und wirtschaftspolitischen Rahmenbedingungen : Problemfelder und wirtschaftliche Ansatzpunkte. – St. Gallen : Institut fur Wirtschaftsethik an der Hochschule St. Gallen, 1991. – V, 38 p. – (Beiträge und Berichte/IWE ; Nr. 46).

37 33. BUOMBERGER, Peter. – Die Schweiz und die Bretton Woods-lnstitutionen : Vortrag an der 4. Mitgliederversammlung der Aktion fur eine unabhàngige und neutrale Schweiz (AUNS) vom 12. Mai 1990 in Bern. – Bern : AUNS, [ 1990]. – 11 p.

38 34. CALOZ-TSCHOPP, Marie-Claire. – Parole d’usagère : la prise de parole d’une requérante d’asile : cours sur la politique d’asile et d’assistance 1988-89. – Genève : Institut d’études sociales, 1991. – 33 p. – (Cahier I.E.S. ; no. 7).

39 35. CALUORI, Marco ; SCHIPS, Bernd. – Internationalisierung der Forschungs- und EntwicklungsaktivftÄten schweizerischer Unternehmen : empirische Befunde und volkswirtschaftliche Konsequenzen. – Chur/Zürich : Rüegger, 1991. – 165 p. – (Beiträge zur empirischen Wirtschaftsforschung ; 9).

40 36. [China neunzehnhundertneunzig] China 1990 : technologisches Potential, vergangene und zukünftige Entwicklung, Möglichkeiten zur Zusammenarbeit mit der Schweiz / [Arbeitsgruppe der SATW : Adrian Roth., et al.]. – Zurich : Schweizerische Akademie dertechnischen Wissenschaften (SATW), [ 1991]. – 43 p. – (SATW ; 13).

41 37. CLEMENCON, Dominique et al. – Nord-Süd. – Bern : Schweiz. Jungsozialistlnnen, 1992.– 11 f.

42 38. CLERC, Alain. – « La CNUED, les enjeux pour la Suisse », In : Annuaire Suisse– Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 205-212.

43 39. Contre les exportations d’armes et pour le désarmement / Symposium 92, 3-4 avril 1992, Université de Genève, Uni II ; org. : Comité d’organisation du Symposium 92 ; éd. resp. : Régis de Battista, J.-C. Lüthi. – Genève : Comité d’organisation du Symposium 92, [1992]. – [72] p.

44 40. CRABBE, Carole ; PELLET, Thierry ; RABOUD, Grégoire et al. – Privé de planète ? : pour un développement durable, au Nord et au Sud / préf. de Jacques Decornoy. – Lausanne [etc.l : Déclaration de Berne [etc.], 1992. – 205 p.

45 41. CrossCult Consulting Dr. H. Furrer, Zurich. – Intercoopération : planification, gestion de projets : [séminaire de gestion de projets]. – [Berne] : [Intercooperation,

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Organisation suisse pour le développement et la coopération, [1991]. – Pag. mult., Classeur.

46 42. DANNECKER, Ruedi ; BERWEGER, Göpf ; KUELLING, Werner et al. – Experten in der Entwicklungszusammenarbeit – aber welche ?. – Morges : AgriSwiss, 1991. – 56 p. – (Les cahiers verts d’AgriSwiss ; no. 4).

47 43. DEBRUNNER, Hans Werner. – Schweizer im kolonialen Afrika : unsere Alpen schauen weit in die Ferne, und so auch ihre Söhne… – Basel : Basler Afrika- Bibliographien, 1991. – 245 p.

48 44. DELUCCHI, Vittorio « Agrochimie, Suisse et Tiers Monde », In : Annuaire Suisse– Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 213-233.

49 45. DHIMA, Giorgio. – Politische Ökonomie der schweizerischen Ausländerregelung : eine empirische Untersuchung über die schweizerische Migrationspolitik und Vorschläge fur ihre künftige Gestaltung. – Basel : Universität Basel, 1991. – 246 p., Diss. Staatswiss.

50 46. Dis-moi comment ils vivent. : sélection de 200 livres pour la jeunesse sur le monde et le Tiers Monde/[réal. : Anne Bovet-Chatelanat., et al.]. – Zurich ; Lausanne : Comité suisse pour l’UNICEF ; Déclaration de Berne ; Service Ecole Tiers Monde, cop. 1991. – 104 p.

51 47. District health management : report on the seminar / organized jointly by Medicus Mundi Switzerland, Swiss Tropical Institute, Institut universitaire d’études du développement, Basle, 15 September 1990. – Basel : Medicus Mundi Schweiz, 1991. – 47 p.

52 48. Droit des réfugiés : enseignement de 3e cycle de droit 1990 [à Bienne], Universités de Berne, Fribourg, Genève, Lausanne et Neuchâtel / publ. sous la dir. de Walter Kälin. – Fribourg : Ed. universitaires, 1991. – XIII, 324 p. – (Enseignements du 3e cycle de droit ; vol. 11).

53 49. DURAND, Roger et al. – La Croix-Rouge en Suisse romande. – Fribourg : Commission régionale des sections romandes de la Croix-Rouge suisse, 1992. – VIII, 144 p.

54 50. Ecopop, Zollikofen – Thesen zur schweizerischen Migrationspolitik / [Hrsg. :] Ecopop, Vereinigung „Umwelt und Bevölkerung”. – Zollikofen : Ecopop, 1992. – 30 p.

55 51. EGGER, Monika ; PERROULAZ, Gérard « Revue [des événements concernant les négociations internationales, la politique intérieure et extérieure, la culture et la science, la politique économique extérieure et la coopération au développement », In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 3-156.

56 52. [Eighth] 8th Sino-European conférence, Geneva, 30 September–2 October 1991. – Geneva : Modem Asia Research Centre = Centre de recherche sur l’Asie moderne, 1991. – Pag. mult.

57 53. Ethnofilm : Katalog, Beiträge, Interviews : cataloque, réflexions, entretiens. – Bern : Schweizerische ethnologische Gesellschaft = Société suisse d’ethnologie, 1991. – (Ethnologica Helvetica ; no. 15).

58 54. ETIENNE, Gilbert ; MAURER, Jean-Luc ; RENAUDIN, Christine. – Suisse-Asie : pourun nouveau partenariat : Inde, Pakistan, Chine, Indonésie/Centre de recherche sur l’Asie moderne (CRAM). – Genève : Olizane, 1992. – 330 p. – (Etudes orientales ; 1).

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59 55. Europe et droit d’asile : 1992 : actes des Troisièmes assises sur le droit d’asile, Genève : textes réunis / par le CETIM et l’Association pour les Troisièmes assises. – Genève : Centre Europe–Tiers Monde, 1991. – 228 p.

60 56. FAVRE, Marie-Laurence. – L’aide au développement en faveur des réfugiés : alternative aux secours d’urgence ou nécessité économique ?. – Genève : Institut universitaire d’études du développement, 1992. – 51 p. + annexes.

61 57. FELBER, René. – Politique étrangère : prise de conscience dans un Etat neutre : discours fait lors du symposium international de l’Association suisse de politique étrangère, à Berne, le 18 avril 1991. – Berne : Département fédéral des affaires étrangères, 1991. – 11 p.

62 58. FELLAY, Gerda ; ARLETTAZ, Albert. – L’étranger et nous : vers une approche de relation interpersonnelle et interculturelle humaniste. – Lausanne : Ed. Entraide, cop. 1991. – 47 p. – (Les nouveaux humanistes ; no. 1).

63 59. Das Flüchtlingsproblem, eine Zeitbombe ? / Schweizerisches Institut fur Ausland- forschung ; Beitr. von Bernd Knabe, , Wenceslas de Lobkowicz., [et al.]. – Chur : Rüegger, 1991. – 130 p. – (Sozialwissenschaftliche Studien des Schweizerischen Instituts fur Auslandforschung ; Bd. 20).

64 60. FONTANA, Philippe. – Fonds monétaire international et Banque mondiale : les raisons d’adhérer : conférence présentée à l’Université de Lausanne, Ecole des H.E.C. le 13 mai 1992, dans le cadre du cours d’économie nationale de Monsieur le Professeur J. Ch. Lambelet. – Berne : Office fédéral des affaires économiques extérieures, 1992. – 12 p.

65 61. Foreign trade in the présent and a new international économie order / Detlev Chr. Dicke, éd. ; Ernst-Ulrich Petersmann in coopération with the International Law Association Committee on legal aspects of a new international economic order. – Fribourg : University Press, 1988. – 426 p. – (PUPIL Progress and undercurrents in public international law ; 4).

66 62. FORSTER, Jacques. – Les relations Suisse–Tiers Monde : vers la fin d’un paradoxe ?. – P. 115-125. – Tiré de « Sonderfall » : la Suisse entre le réduit national et l’Europe / éd. Walter Leimgruber et Gabriela Christen. – Zurich : Musée national suisse, 1992.

67 63. FORSTER, Jacques « La Suisse et les pays en développement », In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 389-406.

68 64. Frauenverfolgung und Flüchtlingsbegriff : Studie zur Auslegung des Flüchtlings- begriffs in der Flüchtlingskonvention und im Asylgesetz/hrsg. vom Eidg. Büro für die Gleichstellungvon Frau und Mann. – Bern : Eidg. BürofürdieGleichstellungvon Frau und Mann, 1992. – 49 p.

69 65. Fremde Welten : Kinder- und Jugendbücher zum Thema Dritte Welt und ethnische Minderheiten / empfohlen von den Lesegruppen der Erklärung von Bern ; [Red. : Hélène Schär]. – 10. Ausg. – Zurich : Erklärung von Bern, 1991. – 154 p.

70 66. Fremdenf eindlichkeit, Rassismus, Antisemitismus / mit Beitr. von Jacques Picard., [et al.] ; Einl. von Gaby Rosenstein. – Konstanz : Hartung-Gorre, 1991. – 73 p.

71 67. FUCHS, Werner. – Kommunikation in der Entwicklungszusammenarbeit : Bericht über den 7. Gersauer Workshop der AGUASAN (1.7.-5.7.1991) / Auftraggeber : AGUASAN. – St. Gallen : SKAT, 1991. – 54 p.

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72 68. GABATHULER, Ernst. – Contribution à la méthodologie et à la didactique de vulgarisation / publ. réal. avec l’appui d’Intercoopération (IC) ; financement de la Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DDA) ; programme d’appui au reboisement villageois, Madagascar. – Berne : Intercooperation, 1991.– 154 p.

73 69. GABATHULER, Ernst. – Evaluation im Spannungsfeldvon „Genauem” und „Mächtigem” : eingebaute Evaluation am Beispiel eines Projektes zur Unterstützung dörflicher Aufforstung in Madagaskar. – Bern : DEH, 1991. – 61 p. – (Hintergrund- dokument in der Reihe Arbeitshilfen zu Planung, Evaluation, Monitoring und Umsetzung (PEMU)).

74 70. GERSTER, Richard „Entwicklungszusammenarbeit der privaten Hilfswerke”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 705-715.

75 71. GIOVANNINI, Jean-François « La coopération publique au développement », In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 693-703.

76 72. GIRARD, Pierre-Louis « La politique économique extérieure de la Suisse à l’égard des pays en voie de développement », In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 839-850.

77 73. GODET, François « La politique suisse en matière d’exportation de matériel de guerre », In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 973-987.

78 74. GRESCH, Peter „Umwelt und Entwicklung : Beiträge der Privatwirtschaft insbesondere im Bereich der Umwelt- und Raumplanung”, In : Annuaire Suisse– Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 199-204.

79 75. GUILLAUMIN, Colette ; AIT-AHMED, Hocine ; BOIS, Philippe. – Droits de l’homme et problèmes sociaux : utopies historiques, pratiques actuelles / présentation : Marie- Claire Caloz-Tschopp ; organisation : Véréna Clausen, Yves Jan et Alain Sauvin. – Genève : Institut d’études sociales, IES, 1989. – [19] f. – (Cahiers IES ; no. 6), Reprod xérogr. : Berne : Bibliothèque nationale suisse, 1992.

80 76. GYAWALI, D. ; MAUCH, S. ; THAPPA, I. et al. – Rural-urban linkages : a challenge for Swiss development cooperation : methodological concept and results of appraisal analysis. – Einsiedeln : NFP, 1991. – 88 p.

81 77. HARTMANN, Peter. – Road projects Manggarai : labour-based road construction : handbook for instruction courses / [éd.] SKAT, Swiss Center for Appropriate Technology ; Intercooperation, Swiss Organisation for Development and Coopération. – St. Gallen : SKAT, 1991. – [52] p.

82 78. HECHLER, Nannette. – Surendettement et investissement privé : application à la Côte d’Ivoire. – Lausanne : Université de Lausanne, Ecole des HEC/DEEP, 1991. – 126, [28] p. – (Cahiers de recherches économiques. Mémoire de diplôme ; no. 33).

83 79. HEER, Jean. – Nestlé, hundertfünfundzwanzig Jahre von 1866 bis 1991. – Vevey : Nestlé SA, 1991. – 562 p.

84 80. HOEGGER, Rudolf ; MESSERLI, Bruno ; STONE, Peter “Mountain agenda – UNCED 1992”, In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 235-242.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 182

85 81. HOFFMANN, Klaus. – Psychiatrie in Afrika : eine Einführung fur Entwicklungshelfer. – Bern [etc.] : P. Lang, 1992. – VII, 75 p. – (Medizin in Entwicklungsländern ; Bd. 33).

86 82. HUG, Klaus „Ausländische Arbeitskräfte”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 943-955.

87 83. JACOB, Jean-Pierre ; MARGOT, François ; SAUVAIN, Paul et al. – Rôle des collectivités publiques locales (local governments) dans le développement rural : la situation dans le Tiers Monde en référence au cas suisse : problématique, concepts et plan de recherche. – Bern : Fonds national suisse, Programme national de recherche 28, 1991. – 28 p. – (Feuille de discussion ; no. 2).

88 84. JACOBI, Klaus. – An emerging new world order : Swiss responses : speech […] on the occasion of a joint luncheon of the Swiss Society of New York, the American-Swiss association and the Swiss-American chamber of commerce, New York Chapter, in New York, March 7, 1991. – Bern : EDA, 1991. – 14 p.

89 85. JAEGGI, Christian J., – Musulmans turcs en Suisse : défis de la rencontre culturelle et religieuse. – Lucerne : Caritas Suisse, 1991. – 60 p. – (Documentation / Caritas Suisse ; 2/91).

90 86. JAEGGI, Christian J., – Peur des étrangers et xénophobie : expériences, causes, propositions. – Lucerne : Caritas Suisse, Service d’information, cop. 1991. – 59 p. – (Documentation/Caritas Suisse ; 1/91).

91 87. JAEGGI, Christian J., – Rassismus : ein globales Problem. – Zurich [etc.] : Orell Füssli Verlag, cop. 1992. – 221 p. – (Report aktuell).

92 88. JAGMETTI, Carlo „Bilatérale und multilatérale Zusammenarbeit der Schweiz”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 2111-220.

93 89. JEKER, Rolf M. – The economic challenges of the Nineties : opening lecture at the Seminar on international security at the Graduate Institute of international studies, Geneva, July 15th, 1991. – Bern : BAWI, 1991. – 32 p.

94 90. JEKER, Rolf M. „Die schweizerische Exportförderung”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 889-904.

95 91. JEKER, Rolf M. – Die schweizerische Politik im Bereich strategischer Export- kontrollen : Référät gehalten an der VSM Informationstagung Exportkontrollen vom 12. November 1991. – Bern : BAWI, 1991. – 15 p.

96 92. Jeux et enjeux de l’auto-promotion : vers d’autres formes de coopération au développement / sous la dir. de Kwan Kaï Hong, avec Jean-Pierre Jacob, Bernard Lecomte, Koenraad Verhagen., [et al.]. – Paris ; Genève : Presses universitaires de France ; Institut univ. d’études du développement, 1991. – 204 p. – (Cahiers de l’Institut universitaire d’études du développement ; no. 20).

97 93. JORDI, Beat. – Biotechnologies et Tiers Monde / [version française : Jacques Duméril]. – Zurich : WWF Suisse, 1991. – 31 p.

98 94. JORDI, Beat. – Demnächst in Rio : die Zukunft unserer Erde. – Zurich : WWF Schweiz, 1992. – 15 p.

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101 97. KEITA, Anne. – Inventaire des activités « Femmes et développement » (FeD) auprès des organismes au Mali (31.10.1990-1.12.1990)/ Ed. DDA. – Bamako : Coopération suisse, bureau de coordination : Service allemand de développement, 1990. – 120 p.

102 98. KELLEY, Ninette. – Working with refugee women : a practical guide. – Geneva : United Nations High Commissionerfor Refugees ; International NGO working group, 1989. – 174 p.

103 99. KISSLING, Fridolin „Humanitäre Hilfe der privaten Hilfswerke”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 741 -749.

104 100. KLAEY, Andréas ; HUGUENIN, Albert. – Umweltverträglichkeit : Hilfsmlttel und Arbeitsabläufe in der Projektplanung verschiedener Agenturen. – Bern : Universität Bern, Geographisches Institut, Gruppe fur Entwicklung und Umwelt, 1990. – IV, 45 p. – (Berichte zu Entwicklung und Umwelt ; 1).

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107 103. KRABBE, Gunter ; MAYER, Hans-Peter. – Die schwarze Familie : wie Entwicklungshirfe die schwarzafrikanische Familie und die Rollen ihrer Mitglieder verändert hat : eine Untersuchung am Beispiel des kenianischen Volkes der Kikuyu. – Bern [etc.] : P. Lang, 1991. – 359 p. – (Europäische Hochschulschriften. Reihe 22, Soziologie ; Bd. 225).

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115 111. LEISINGER, Klaus M., – Gentechnik fur die Dritte Welt ? : Hunger, Krankheit und Umweltkrise – eine moderne Technologie auf dem Prüfstand entwicklungspolitischer Tatsachen. – Basel [etc.] : Birkhäuser, 1991. – 174 p.

116 112. LITSCHER, Thomas „Vorbereitung und Schwerpunkte der Schweiz zu den Traktanden der UNCED”, In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 183-187.

117 113. MAERKI, Peter. – Die schweizerische Landwirtschaftspolitik im Kontext einer zunehmenden internationalen Herausforderung. – Einsiedeln : NFP, 1991. – 7 p.

118 114. MAMARBACHI, Esther. – Aide, politiques et cohérence : rapport entre la politique de coopération au développement et la politique économique extérieure de la Suisse en Turquie. – Genève : Institut universitaire d’études du développement, 1992. – 71 p.

119 115. MATZINGER, Albert. – Die Anfànge der schweizerischen Entwicklungshilfe 1948-1961. – Bern : P. Haupt, 1991. – 337 p.

120 116. MAUCHLE, Elisabeth. – Tierra, terra, Land : Dossier zur Bodenproblematik in Lateinamerika/[Hrsg. :] Fastenopfer, Brot fur aile ; [Red. Toni Bernet-Strahm, Urs A. Jaeggi]. – Luzern : Fastenopfer ; Brot fur aile, 1992. – 42 p.

121 117. MAURER, Mechtild. – Tourisme, prostitution, SIDA. – Genève : Centre Europe- Tiers Monde, 1992.

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123 119. MIREKU, Ebenezer. – Strukturreforrnen fur die Schweiz. – Bern : Informationsdienst 3. Welt, 1992. – 26 p. – (Dokument).

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127 123. N’GUESSAN, Assandé Gilbert. – Mécanismes d’apprentissage de l’AWELE : l’apprentissage d’un jeu de stratégies typiquement africain (l’AWELE) chez les adolescents et les joueurs d’échecs suisses. – Fribourg : Ed. universitaires, cop. 1992. – XII, 311 p. – (Contributions fribourgeoises en psychologie ; vol. 1).

128 124. Die Nachhaltigkeit von Entwicklungsprojekten : Erfahrungen aus Projektplanung und Projektevaluation : Referate und Materialien zur Tagung vom 1.-3. Dezember 1988 in der Universität Basel / [Organisation :] Interdisziplinärer Arbeitskreis fur Entwicklungsländer-Forschung. – Bochum-Querenburg : Institut fur

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Entwicklungsforschung und Entwickiungspolitik der Ruhr-Universität, [ 1989]. – 188 f. – (lAfEf Texte ; 1/88).

129 125. Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik = Nouveau manuel de la politique extérieure suisse / hrsg. von Alois Riklin, Hans Haug, Raymond Probst. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – 1125 p. – (Schriftenreihe der schweizerischen Gesellschaft fur Aussenpolitik ; 11).

130 126. [Nineteen ninety-one] 1991 annual report of Helvetas assisted projects in Bhutan / Helvetas Bhutan ; Swiss Association for development and coopération. – Thimphu, Bhutan : Helvetas, SDC Coordination Office, 1992. – 107 p.

131 127. NOVEMBER, Andràs ; GRINEVALD, Jacques ; PORTAS, Pierre et al. « Origines, thèmes et enjeux de la CNUED », In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz– Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 159-175.

132 128. NYDEGGER, Alfred – Welthorizonte – und die Schweiz ?. – Chur : Rüegger, 1991. – 286 p. – (Schweizerisches Institut fur Aussenwirtschafts-, Struktur- und Regionalforschung an der Hochschule St. Gallen ; 27).

133 129. PASSY, Florence. – Le mouvement de solidarité en Suisse : analyse de la mobilisation dans une perspective organisationnelle. – Genève : Université de Genève, Département de science politique, 1992. – 195 p. – (Travaux et communications ; no. 3).

134 130. « Pauvreté, développement, survie collective : le rôle des ONG » : séminaire de la SID Suisse, Berne, le 27 novembre 1987. – Le Grand-Saconnex/Ge : Société internationale pour le développement, Section suisse, [1987]. – 33 f., Reprod. xérogr. Berne : Bibliothèque nationale suisse, 1992.

135 131. Permettre à tous de vivre dignement : intégration de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe de l’Est et du Tiers Monde : chances et défis pour la Suisse / [membres du groupe de travail : Werner Good., [et al.]. – Lucerne : Caritas Suisse, Service d’information, 1991. – 28, 4 p. – (Document de discussion/Caritas Suisse).

136 132. La peur de l’autre : rejet et racisme : les causes profondes de la xénophobie : y’a-t-il quelque chose à faire ? / [exposés de] Barbary Fülgraff, Gerhard Schmidtchen, UN Windisch [à l’]Assemblée générale de la SKAF, Communauté catholique suisse de travail pour les étrangers et leurs problèmes, 30 mai 1990. – Lucerne : SKAF, Commission de la Conférence des évêques suisses, 1990. – 27 p. – (Documentation/SKAF ; 1990/2).

137 133. PFISTER, Gerhard ; GUGLER, Alf red. – Wege der Entschuldung : Möglichkeiten für die Schweiz : Vorschlàge zu Handen des Bundesamts fur Aussenwirtschaft (BAWI) und der Direktion fur Entwicklungszusammenarbeit und humanitäre Hilfe (DEH) / Arbeitsgemeinschaft Swissaid, Fastenopfer, Brot fur aile, Helvetas. – Bern : Swiss Aid Agencies Coalition, 1992. – Pag. mult.

138 134. Problems and prospects of refugee law : papers presented at the colloquium organized by the Graduate Institute of International Studies in collaboration with the Office of the United Nations High Commissioner for Refugees, Geneva, 23 and 24 May, 1991 / ed. by Vera Gowlland and Klaus Samson. – Geneva : Graduate Institute of international studies, cop. 1992. – XXIX, 145 p.

139 135. PURY, David de. – Les années quatre-vingt-dix, une décennie de grands défis pour la politique économique extérieure de la Suisse : conférence présentée à l’occasion de la réunion annuelle des directeurs de l’Union de banques suisses, le 2 mars 1991, à Lausanne. – Berne : OFAEE, 1991. – 36 p.

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140 136. RAEDERSDORF, Charles „Humanitäre Hilfe der öffentlichen Hand”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 727-739.

141 137. La réalisation du droit au développement : Consultation mondiale sur la jouissance effective du droit au développement en tant que droit de l’homme, [tenue à l’Office des Nations Unies à Genève du 8 au 12 janvier 1990 ; rapport/établi par le Secrétaire général conformément à la résolution 1989-45 de la Commission des droits de l’homme ; [éd.] Centre pour les droits de l’homme, Genève. – New York : Nations Unies, 1991. – IV, 77 p. – (Droits de l’homme).

142 138. REDING, Jorg Al. – Rahmenkredit 700-Jahrfeier. Entwicklungsmassnahmen : Kurzreferat, gehalten vor der Parlamentariergruppe Schweiz–Dritte Welt, in Bern am 5.3.1991.–Bern : BAWI. 1991.–9p.

143 139. Réfugiés qui êtes-vous ? : comprendre et mieux accueillir : documents et activités pour la classe. – Paris : France Terre d’Asile, 1989, Diffusion : Service Ecole Tiers Monde, Lausanne.

144 140. REINHARDT, Jûrgen. – Dienstleistungssektor und Dienstleistungspolitik in Entwicklungsländern : einetheoretische und empirische Analyse mit einer Fallstudie der ASEAN-Staaten. – Bern [etc.] : P. Lang, 1992. – XVIII, 347 p. – (Bochumer Schriften zur Entwicklungsforschung und Entwickiungspolitik ; Bd. 30), Diss. Bochum 1991.

145 141. ROHNER, Kurt. – Main d’œuvre et population étrangère : politique suisse des étrangers des années ’90 : rapprochement de l’Europe-espace économique européen. – Lausanne : Institut de hautes études en administration publique, 1991. – 17, 4 p. – (Cahiers de l’IDHEAP ; no. 82. Recherches et analyses).

146 142. ROLLE, Jean-Daniel. – Un modèle de défaut d’épargne pour l’analyse de l’endettement de 41 pays pauvres débiteurs de la Suisse. – Fribourg : Université de Fribourg, Institut des sciences économiques et sociales, 1990. – 64 f. – (Working papers/ lnstitut des sciences économiques et sociales de l’Université de Fribourg ; no. 200).

147 143. ROULIN-PERRIARD, Anne. – Les fonds de contrepartie du service de la dette extérieure des pays en voie de développement : aspects macro- et microéconomiques. – Fribourg : Université de Fribourg, Institut des sciences économiques et sociales, 1992. – 61 p. – (Working papers/lnstitut des sciences économiques et sociales, Université de Fribourg ; no. 205).

148 144. RUTZ, Ernst ; TOCHTERMANN, Daniel. – Helvetas und ihre Basis : eine empirische Untersuchung(Querschnittanalyse, April 1988). – Adliswil : E. Rutz, 1989. – 92, 11 p.

149 145. RUTZ-IMHOOF, Aschi ; TOCHTERMANN-PEDIO, Daniel. – Private und öffentliche Entwicklungshilfe der Schweiz : Helvetas und ihre Basis. Die Einbettung der Entwicklungshilfe in gesamtwirtschaftliche Zusammenhànge aus evolutionstheoretischer Perpektive. – Zurich : [s.n.], 1989. – 420 p.

150 146. SALAZAR J., Alonso. – Des enfants tueurs à gages : les bandes d’adolescents de Medellin. – Genève : Centre Europe–Tiers Monde ; Ramsey, 1992.

151 147. SCHALLER, André. – Die Teilnahme der Schweiz an den gegen Irak gerichteten wirtschaftlichen Massnahmen der UNO. – St. Gallen : Hochschule St. Gallen, Institut für Politikwissenschaft, 1992. – 21, 4 p. – (Beitrage und Berichte des Instituts für Politikwissenschaft ; 181).

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152 148. SCHERER, Léo ; SCHMID, Ingrid ; TIMMEL, Katherine. – Nachhaltige Entwicklung : welche Bereitschaft zur praktischen Umsetzung besteht in der Schweiz im Hinblick auf UNCED 92 ? : eine Untersuchung mit qualitativer Befragung. – Zurich : Universität Zurich, 1991. – 148 p.

153 149. Schliisselindikatoren fur die Beurteilung der Entwicklung von Kleinbetrieben am Beispiel von Swisscontact-Projekten in Lateinamerika : Schlussbericht/ im Auftrag der Direktion fur Entwicklungszusammenarbeit und Humanitäre Hilfe (DEH) : Studienleiter : Werner Roos. – Königstein : Projekt-Consult, Beratung in Entwicklungsländern GmbH, 1990. – 74 p.

154 150. SCHMID, Herbert « La coopération au développement de la Suisse au début des années 90 », In : La Vie économique 1991, vol. 64, no. 11, p. 40-44.

155 151. SCHMID-HOLZ, Daniel. – Schuld und Schulden : die Perspektive des Leidens unter der Schuldenkrise im Konflikt mit dem courant normal des Schuldenmanagements. – Bern : Institut fur Sozialethik des SEK, cop. 1991. – 62, XXIV p. – (ISE- DiskussionsBeiträge ; 31).

156 152. SCHMIDHEINY, Stephan. – Kurswechsel : globale unternehmerische Perspektiven fur Entwicklung und Umwelt / mit dem Business Council for sustainable development. – München : Artemis und Winkler, 1992. – 448 p.

157 153. SCHNEITER, Fritz. – Medikamente und die Dritte Welt – genügen 200 ?. – Basel : Ciba-Geigy, 1984. – 14 p. – („Inpharmation” ; Nr. 10).

158 154. Die Schweiz und die Bretton Woods-Institute : Seminaran der Universität Bern 1991 / Organisation : Volkswirtschaftliches Institut ; mit Beitr. von Otto Stich, Richard Gerster, Hans Ith, Jean-Daniel Gerber, Thomas Straubhaar, Jörg A. Reding., [et al.] ; [wiss. Leitung : E. Baltensperger] = La Suisse et les institutions de Bretton Woods : séminaire à l’Université de Berne 1991 / [org. par l’Institut de sciences économiques] ; [sous la dir. de E. Baltensperger]. – Bern : EDMZ, 1991. – 189 p. – (Unterlagen zu Bildungsveranstaltungen des Eidg. Personalamtes = Documentation concernant les colloques organisés par l’Office fédéral du personnel).

159 155. SENTI, Richard. – Die Stellung der Entwicklungsländer im GATT. – Zurich : Institut fur Wirtschaftsforschung der ETH, [ 1990]. – P. 20-38. – (Schriften des Instituts fur Wirtschaftsforschung der Eidgenossischen Technischen Hochschule Zurich ; Nr. 96).

160 156. STEINAUER, Jean. – Glasnest ou l’auto-subversion d’un empire alimentaire. – Lausanne : Editions d’En Bas, 1991. – 106 p.

161 157. STICH, Otto. – Les motifs plaidant pour une adhésion de la Suisse aux institutions de Bretton Woods : allocution prononcée lors de la rencontre organisée par l’Association suisse de la presse radicale-démocratique, le 31 mars 1992, à l’hôtel Schweizerhof, à Berne. – Berne : DFF, 1992. – 9 p.

162 158. STRAUBHAAR, Thomas ; DHIMA, Giorgio. – Von der Migrationsinnenpolitik zur Migrationsaussenpolitik : Analyse der Auswirkungen der heutigen Auslànderpolitik : Perspektiven und Vorschläge fur ihre kûnftige Weiterentwicklung. – Basel : Universität Basel, Wirtschaftswissenschaftliches Zentrum, 1991. – 75 p. – (WZZ-Forschungsbericht ; 1/91).

163 159. « La Suisse et l’Afrique », In : Marchés tropicaux et méditerranéens 48e année, no. 2431, 12.6.1992. – P. 1505-1519.

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164 160. Sustainability of development projects : basic principles and application in practice / elaborated jointly by KEK/SDC consultants and the Evaluation Service of SDC. – Berne : Swiss directorate for development coopération and humanitarian aid, 1991. – 29 p. – (Documentation in the séries Working instruments for planning, évaluation, monitoring and transference into action (PEMT)).

165 161. THUERER, Daniel „Die Schweiz und die Vereinten Nationen”, In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P.307-337.

166 162. TOURE, Kadiatou ; SCHLECHTEN-RAUBER, Marguerite. – Atelier « Femmes et développement » : les femmes hier, aujourd’hui, demain, 14 et 15 janvier 1991. – Berne ; Bamako : DDA ; Coopération suisse, bureau de coordination, 1991. – 65 p.

167 163. Überleben im Sahel : eine ökologische und entwicklungspolitische Herausforderung / Klaus M. Leisinger, Karin Schmitt (Hrsg.). – Basel [etc.] : Birkhäuser, 1992. – 202, [32] p.

168 164. Un seul monde 92 / Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe ; trad. franc. Service Ecole Tiers Monde. – Lisbonne : Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe, 1992. – Non pag.

169 165. Unheimliche Geschäfte : Schweizer Kriegsmaterialexporte nach Lateinamerika im 20. Jahrhundert / Walther L. Bernecker, Thomas Fischer, hrsg. – Zurich : Chronos, 1991. – 334 p.

170 166. UVIN, Peter. – The international organization of hunger. – Genève : Université de Genève, 1991. – XXXVI, 258 p., Thèse se. pol.

171 167. VENTURA ROBLES, Ana Cristina ; SIBAJA AMADOR, Patricia. – Emigracién suiza a Costa Rica. – [Bern] : Eidg. Département fur auswärtige Angelegenherten, Koordinationskommission., 1992. – 49 p.

172 168. Vive la différence avec des droits égaux ! : une décennie au service du développement et de la solidarité internationale, 1980-1990. – Genève : Fédération genevoise de coopération ; Ville de Genève, 1992. – (56 p.).

173 169. VOECKING, Hans. – Le dialogue entre chrétiens et musulmans est-il possible ? : exposé de Hans Vöcking [à l’]Assemblé générale de la SKAF, 28 mai 1991. – Lucerne : Communauté catholique suisse de travail pour les étrangers et leurs problèmes, 1991. – 39 p. – (Documentation/SKAF ; 1991/3).

174 170. Von der Vernicht(s)ung der Frauen : zur Wirtschaftpolitik und -théorie von IWF und Weltbank / Arbeitsgruppe Strukturanpassung und Frauen (Hrsg.). – Bern : Arbeitsgruppe SAPF ; Bezug : Büro Hekate [etc.], cop. 1992. – 95 p.

175 171. Von nachholender zu nachhaltiger Entwicklung : Beiträge zur Entwicklungsforschung/S. Wälty, Th. Knecht, G. Seitz, Hrsg. – Zurich : Geographisches Institut der UniversitÄt Zürich-Irchel, Abt. Anthropogeographi, 1990. – 215 p. – (Vol. 10).

176 172. WASESCHA, Luzius. – Multilatérale Aspekte des GATT und Generelles zum Textilabkommen : Referät gehalten an der Generalversammlung 1991 des Gesamtverbandes der Schweizerischen Bekleidungsindustrie in Zurich, am 20. Juni 1991. – Bern : BAWI, 1991. – 23, 1 p.

177 173. WASESCHA, Luzius. – Die Bedeutung des multilateralen Handelssystems (GATT) fur mittlere und kleinere Staaten mit besonderer Würdigung der Uruguay-Runde :

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 189

Zusammenfassung des Referats gehalten in Vaduz am 28. Februar 1992. – Bern : BAWI, 1992. – 12 p.

178 174. WECK, Philippe de « Le rôle de la Suisse comme place financière internationale », In : Neues Handbuch der schweizerischen Aussenpolitik. – Bern [etc.] : P. Haupt, 1992. – P. 877-888.

179 175. WEDER, Rolf. – Schweiz–Dritte Welt : Impulse fur eine kunftige Entwickiungspolitik. – Zurich [etc.] : Orell Füssli Verlag, 1992. – 112 p.

180 176. WIDER, Markus – Die Rolle der Sozialarbeit in der schweizerischen Entwicklungszusammenarbeit – (DEH). – Zurich : Schule fur soziale Arbeit, 1989. – 47, VIII p.

181 177. WIEDERKEHR, Théo „Die schweizerische Entwicklungszusammenarbeit und die Umweltproblematik : Rahmenkredit fur Umweltprogramme von globaler Bedeutung in Entwicklungsländern”, In : Annuaire Suisse–Tiers Monde = Jahrbuch Schweiz–Dritte Welt (Genève, IUED) 1992, no. 11, p. 177-182.

182 178. WILL, Michael R., – Un institut africain vient au jour : structure juridique, régime des biens. – Genève [etc.] : Université de Genève, Faculté de droit, Droit allemand [etc.], 1991. – 357 p.

183 179. WINTER, Matthias. – Vor- und Nachteile der Nahrungsmittelhilfe fur die Entwicklungsländer : eine Ökonomische Analyse unter besonderer Berücksichtigung des disincentive. – Bern [etc.] : P. Lang, 1992. – IV, 197 p. – (Europäische Hochschulschriften. Reihe 5, Volks- und Betriebswirtschaft ; Bd. 1301).

184 180. WohinwürdenSiefliehen ? : eine Aktion der Schweizerischen Flüchtlingshilfe(SFH). – Zurich : Schweiz. [Zentralstelle fur] Flüchtlingshilfe, [1992]. – [26] p.

185 181. ZHANG, Qifeng. – Les conventions de double imposition entre pays développés et pays en voie de développement, avec référence à la R.P. de Chine. – Genève : Université de Genève, 1991. – 345 p., Thèse se. pol.

Section 2 : Institutions privées auteurs

186 Remarque : Dans cette section sont regroupées les publications occasionnelles des ONG suisses. Pour trouver les coordonnées de ces institutions, veuillez vous référer à l’ouvrage « Suisse–Tiers Monde : répertoire d’institutions », publié par le Centre de documentation de l’Institut universitaire d’études du développement, Genève. Les publications périodiques des ONG suisses sont recensées dans la publication « Bibliographie Suisse–Tiers Monde : 1980-1990 », également éditée par le Centre de documentation de l’IUED.

187 182. Action interconfessionnelle solidarité Tiers Monde, Vevey. – Interkonfessionnelle Aktion Solidarität Dritte Welt, 1971-1990. – Vevey : Solidarität Dritte Welt, [1991]. – 31 p.

188 183. Amis du Village suisse d’enfants Kiriath Yearim, Zurich. – [Quarante] 40 ans Amis du Village suisse d’enfants Kiriath Yearim en Israël. – [Zurich] : [Amis du Village suisse d’enfants Kiriath Yearim], [1991]. – 25 p. + annexe.

189 184. Association suisse des banquiers, Bâle. – Les banques suisses et les problèmes des pays en développement. – Bâle : Association suisse des banquiers, 1982. – [33] f., Reprod. xérogr. Berne : Bibliothèque nationale suisse, 1991.

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190 185. Association suisse des ingénieurs-agronomes et des ingénieurs en technologie alimentaire, ASIAT, Zollikofen. – Registre des ingénieurs agronomes, ingénieurs en technologie alimentaire, agro-ingénieurs, pour missions et travaux outremer : état au 31.12.91 / établi par la commission « Agriculture internationale–Tiers Monde » de l’Association suisse des ingénieurs-agronomes et des ingénieurs en technologie alimentaire (ASIAT) = Schweizerischer Verband der Ingenieur-Agronomen und der Lebensmittel-Ingenieure (SVIAL) = Associazione svizzera degli ingegneri agronomi e degli ingegneri in tecnologia alimentare (ASIAT). – Zollikofen : ASIAT, 1991. – Non pag.

191 186. Bureau interconfessionnel d’information « Foi et économie », Fribourg. – Ecueils sur la voie de la solution de la crise internationale de l’endettement. – Fribourg : Bureau interconfessionnel d’information « Foi et économie », [ 1991]. – 24 p.

192 187. Caritas Suisse, Lucerne. – La faim est la pire forme de violence : projets, expériences et perspectives : l’aide alimentaire/[photos : Karl Gähwyler ; collab. de Caritas Suisse]. – Lucerne : Caritas Suisse, Service d’information, 1991. – 66 p.

193 188. Commission nationale suisse Justifia et Pax, Berne. – Partenaires du monde : la coopération multilatérale suisse au développement / publ. par la Commission nationale suisse Justice et Paix ; [réd. : Jean-Claude Huot]. – Berne : Commission nationale suisse Justice et Paix, cop. 1991. – 161 p. – (Série des publications de la Commission nationale suisse Justice et Paix ; vol. 22).

194 189. Commission nationale suisse Justifia et Pax, Berne. – Weltweite Partnerschaft : die multilatérale Entwicklungszusammenarbeit der Schweiz. – Bern : Schweiz. Nationalkommission Justifia et Pax, 1991. – 171 p. – (Publikationsreihe der Schweizerischen Nationalkommission Justifia et Pax ; Bd. 22).

195 190. Fédération genevoise de coopération, FGC, Genève. – Communes genevoises et Tiers–Monde 1990 : effort des collectivités publiques genevoises pour la coopération au développement et l’aide humanitaire / préf. de Jean-Pierre Gontard. – Genève : Fédération genevoise de coopération, 1991. – 80 p.

196 191. Helvetas, Zurich. – Développer des idées pour une Suisse solidaire / Helvetas, Association suisse pour le développement et la coopération. – Zurich : Helvetas, [1991]. – 18 p.

197 192. Institut universitaire d’études du développement, IUED, Genève. – Perspectives de la recherche en Suisse sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord : première conférence de la Société Suisse Moyen-Orient et culture islamique : organisée à Genève / Institut universitaire d’études du développement, 15-16 octobre 1992. – Genève : Institut universitaire d’études du développement, 1992. – 68 p.

198 193. Institut universitaire d’études du développement, IUED, Genève ; Académie suisse des sciences naturelles, ASSN, Berne. – Scientific coopération with developing countries : Who does what in Switzerland : a preliminary survey of institutions, research projects, researchers / Institute of Development Studies (IUED), Swiss Academy of Science (ASSN/SANW), Swiss Development Coopération (DDA/DEH) ; supervised by Christian Corminboeuf. – Geneva ; Bern : Institute of Development Studies ; Swiss Academy of Science ; Swiss Development Cooperation, 1992. – XXVII, 397 p.

199 194. Intercooperation, Bern. – Intercoopération et la promotion et l’organisation populaires. – Berne : Intercooperation, Organisation suisse pour le développement et la coopération, [1991]. – 16 p.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 191

200 195. Intercooperation, Bern. – Priorités pour les activités d’Intercoopération de 1986-1990. – Berne : Intercooperation, Organisation suisse pour le développement et la coopération, [1991]. – 14 p.

201 196. Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT), Berne ; Office fédéral des étrangers. – Rapport sur la conception et les priorités de la politique suisse des étrangers pour les années 90. – Berne : OFIAMT ; Office fédéral des étrangers, 1991. – XIII, 123 p.

202 197. Pain pour le prochain, Bâle. – IWF/Weltbank ? : BFA-Dokumentation zur Abstimmung über einen Beitritt der Schweiz zu den „Bretton Woods-lnstitutionen” / [Hrsg.] Brot für alle ; [Red. : Stephan Schmidlin, Martin Brauen]. – Basel : Brot für alle, [ 1992]. – 23 p.

203 198. Parti socialiste suisse, Berne. – Asylland Schweiz oder Festung gegen Flüchtlinge ? : Thesen der SP zur Asylpolitik / [Hrsg. : Zentralsekretariat der SP Schweiz] ; [Red. : André Daguet]. – Bern : Sozialdemokratische Partei der Schweiz, 1991. – 27 p.

204 199. Parti socialiste suisse, Berne. – La Suisse terre d’asile ou forteresse contre les réfuiés : scénarios du PSS pour la politique de l’asile. – Berne : Secrétariat central du PSS, 1991. –17 p.

205 200. Schweizerische Afrika-Gesellschaft, SAG, Bern. – Who’s who : die Afrika-Forschung in der Schweiz = les recherches africaines en Suisse / Charlotte von Graffenried (Hrsg.) im Auftrag der Schweizerischen Afrika-Gesellschaft = sous les auspices de la Société suisse d’études africaines. – Neuaufl. – Bern : Schweizerische Afrika-Gesellschaft, cop. 1991. – 188 p.

206 201. Schweizerische Zentralstelle fur Flûchtlingshilfe, Zurich. –„Asylanten sind doch ailes…” : Argumentenkatalog Flüchtlingshilfe / [Red. : Heinz Haab, Martin Schott]. – Zurich : Schweiz. [Zentralstelle fur] Flüchtlingshilfe, 1992. – [16] p.

Section 3 : Publications gouvernementales

A. Confédération suisse : arrêtés, rapports, messages, ordonnances, …

207 Toutes les références sont disponibles également en allemand.

208 202. « Loi fédérale concernant la participation de la Suisse aux institutions de Bretton Woods du 4 octobre 1991 », in FF 1991, vol. 3, no. 40, p. 1543.

209 203. « Arrêté fédéral concernant l’octroi de préférences tarifaires en faveur des pays en développement (arrêté sur les préférences tarifaires) : modification du 4 octobre 1991 », in FF 1991, vol. 3, no. 40, p. 1567.

210 204. « Arrêté fédéral concernant l’adhésion de la Suisse aux institutions de Bretton Woods du 4 octobre 1991 », in FF 1991, vol. 3, no. 40, p. 1569.

211 205. « Arrêté fédéral approuvant une convention de double imposition avec la République populaire de Chine du 18 juin 1991 », in RO 1991, vol. 3, no. 40, p. 2174.

212 206. « Convention entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de la République populaire de Chine en vue d’éviter les doubles impositions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune : conclue le 6 juillet 1990, approuvé par l’Assemblée fédérale le 18 juin 1991, entrée en vigueur par échange de notes le 27 septembre 1991 », in RO 1991, vol. 3, no. 40, p. 2175.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 192

213 207. « Arrêté fédéral ouvrant un crédit-cadre destiné à financer les prestations de subventionnement versées par la Suisse à la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, à l’Association internationale de développement, à la Société financière internationale du 4 octobre 1991 », in FF 1991, vol. 4, no. 41, p. 204.

214 208. « Protocole de prorogation de l’Accord commercial entre le Gouvernement de la Confédération suisse et le Gouvernement de la République de Cuba : conclu le 20 décembre 1991, entré en vigueur le 1er janvier 1992 », in RO 1992, vol. 1, no. 6, p. 446.

215 209. « Rapport sur la politique économique extérieure 91/1+2 et Messages concernant des accords économiques internationaux du 15 janvier 1992 », in FF 1992, vol. 1, no. 8, p. 1016.

216 210. « Demande de référendum contre la loi fédérale du 4 octobre 1991 concernant la participation de la Suisse aux institutions de Bretton Woods : aboutissement », in FF 1992, vol. 1, no. 8, p. 1266.

217 211. « Demande de référendum contre l’arrêté fédéral du 4 octobre 1991 concernant l’adhésion de la Suisse aux institutions de Bretton Woods : aboutissement », in FF 1992, vol. 1, no. 8, p. 1268.

218 212. « Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, du 4 novembre 1950 : champ d’application de la convention le 15 mars 1992, complément », in RO 1992, vol. 2, no. 12, p. 657.

219 213. « Convention du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants : champ d’application de la convention le 15 mars 1992, complément », in RO 1992, vol. 2, no. 12, p. 660.

220 214. « Ordonnance sur les droits de douane applicables aux marchandises dans le trafic avec la Turquie du 25 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 15, p. 823.

221 215. « Echange de lettres du 11 juin 1954 entre la Suisse et Turquie concernant la suppression réciproque du visa », in RO 1992, vol. 2, no. 15, p. 918.

222 216. « Convention sur le commerce du blé de 1986 », in RO 1992, vol. 2, no. 16, p. 984.

223 217. « Accord international de 1987 sur le sucre », in RO 1992, vol. 2, no. 16, p. 985.

224 218. « Accord du 27 juin 1980 portant création du Fonds commun pour les produits de base : champ d’application de l’accord le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 992.

225 219. « Accord international de 1987 sur le caoutchouc naturel : champ d’application de l’accord le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 993.

226 220. « Accord du 7 mai 1982 portant création de la Banque africaine de développement : champ d’application de l’accord le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 994.

227 221. « Acte constitutif de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, du 8 avril 1979 : champ d’application de l’Acte constitutif le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 995.

228 222. « Convention du 11 octobre 1985 portant création de l’Agence multilatérale de garantie des investissements : champ d’application de la convention le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 996.

229 223. « Convention du 18 mars 1965 pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants d’autres Etats : champ d’application de la convention le 15 mars 1992 », in RO 1992, vol. 2, no. 17, p. 997.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 193

230 224. « Extrémisme en Suisse : rapport du Conseil fédéral sur l’extrémisme en Suisse du 16 mars 1992 », in RO 1992, vol. 3, no. 19, p. 202.

231 225. « Ordonnance concernant la coopération au développement et l’aide humanitaire internationales : modification du 6 mai 1992 », in RO 1992, vol. 3, no. 20, p. 1122.

232 226. « Message concernant l’adhésion de la Suisse à la Convention internationale de 1965 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la révision y relative du droit pénal, du 2 mars 1992 », in FF 1992, vol. 3, no. 20, p. 265.

233 227. « Ordonnance fixant les droits de douane préférentiels en faveur des pays en développement : modification du 19 août 1992 », in RO 1992, vol. 3, no. 33, p. 1594.

234 228. initiative populaire fédérale « pour une politique d’asile raisonnable » : aboutissement », in FF 1992, vol. 5, no. 36, p. 835.

235 229. « Accord du 19 octobre 1959 relatif aux services aériens entre la Suisse et la République d’Afrique du Sud : modification de l’annexe », in RO 1992, vol. 3, no. 35, p. 1709.

236 230. « Accord international de 1986 sur le cacao : prorogation de l’accord », in RO 1992, vol. 3, no. 35, p. 1711.

237 231. « Appel aux ressortissants et ressortissantes suisses qui ont cotisé aux régimes coloniaux de sécurité sociale du Congo belge et du Ruanda-Urundi : du 1er septembre 1992 », in FF 1992, vol. 5, no. 37, p. 874.

238 232. « Accord entre la Confédération suisse et les Emirats arabes unis concernant l’imposition d’entreprises exploitant des aéronefs en trafic international : conclu le 8 janvier 1992 : entré en vigueur par échange de notes le 5 mai 1992 », in RO 1992, vol. 3, no. 37, p. 1767

239 233. « Accord entre la Confédération suisse et la République orientale de l’Uruguay concernant la promotion et la protection réciproques des investissements : conclu le 7 octobre 1988, entré en vigueur par échange de notes le 22 avril 1991 », in ROvol. 3, no. 39, 1992, p. 1810.

B. Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, D.D.A.

240 N.B. : Ne comprend pas les publications périodiques.

241 234. Aus- und Weiterbildungskonzept : Grundsätze. – Bern : Direktion fur Entwicklungszusammenarbeit und Humanitäre Hilfe, 1991. – 17 p.

242 235. Estado y ONG’s : ide la competencia a la complementariedad ? / COTESU Bolivia. – La Paz : COTESU, 1991. – 32 p.

243 236. La evaluación exferna en lacooperación al desarrollo / Dirección de la cooperación al desarrollo y de la ayuda humanitaria (COSUDE), Servicio de evaluaciôn. – Berna : COSUDE, 1992. – 35 p. – (Série de medidas de apoyo para planificaciôn, monitoreo, evaluación y realizaciôn (PMER)).

244 237. Evaluation externe des projets de développement. – Berne : DDA, Service de l’évaluation, 1991. – 33 p. – (Cahier thématique de la série Instruments de travail pour la Planification, l’Evaluation, le Suivi et l’Application (PESA)).

245 238. Evaluation im Spannungsfeld von „Genauem” und „Mächtigem” : eingebaute Evaluation am Beispiel eines Projektes zur Unterstützung dörtlicher Aufforstung in

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Madagaskar. – Bern : DEH, 1991. – 61 p. – (Arbeitshilfen zu Planung, Evaluation, Monitoring und Umsetzung (PEMU)).

246 239. Foresterie paysanne et communautaire : aperçu d’une décennie et perspectives opérationnelle. – Berne : DDA ; Intercooperation, 1991. – 127 p.

247 240. Fotograf ie in der Projektarbeit : Nutzen und Grenzen der Fotobeobachtung. – Bern : Direktion fur Entwicklungszusammenarbeit und Humanitäre Hilfe, 1991. – 49 p. – (Reihe Arbeitshilfen zu Planung, Evaluation, Monitoring und Umsetzung (PEMU)).

248 241. Fruit de l’Indus / texte : Dino Betti ; adaptation française : Frédéric Terrier. – Berne : Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, cop. 1992. – 40 p.

249 242. Image directrice de la DDA. – Berne : Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, cop. 1991. – 53 p. – (Cahiers de la DDA ; 1).

250 243. LIEBERHERR-GARDIOL, Françoise. – Femmes et environnement : nouvelles évidences, nouveaux défis pour le développement. – Bern : Direktion fur Entwicklungszusammenarbeit und Humanitäre Hilfe, 1990. – 41 p. – (Femmes et développement ; 1).

251 244. Miroir, mon beau miroir, dis-moi. : l’auto-évaluation (AE) dans la coopération au développement. – Berne : DDA, Service de l’évaluation, 1991. – 70 p. – (Cahier thématique de la série Instruments de travail pour la Planification, l’Evaluation, le Suivi et l’Application (PESA)).

252 245. Muzungu oder Schweizer Entwicklungszusammenarbeit am Beispiel Ruanda = Muzungu ou La coopération suisse au développement à l’exemple du Rwanda = Muzungu o Lacooperazione svizzera allo sviluppo nell’exemplio del Ruanda/DEH. – Bern : Tschannen Productions, 1991. – 24 min.

253 246. Projets de coopération technique en Afrique occidentale. – Berne : DDA, 1991. – Non pag.

254 247. Protection intégrée en rizières à Madagascar : possibilités et limites / Ministère de la recherche scientifique et technologique pour le développement (MRSTD), Ministère de la production agricole et du patrimoine foncier (Min-Agri), Madagascar ; Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DDA). –Berne ; Antananarivo : DDA ; MRSTD, Min-Agri, 1990. – 31 p.

255 248. Swiss government coopération with the Republic of Indonesia : projects data sheets (stand January 1992) / Swiss Development Coopération (SDC). – Bern : DEH, 1992. – 27 p.

256 249. Training in agriculture for development : a guide to selected courses and institutions / Swiss development coopération (SDC), Agricuftural service = Formation en agriculture pour le développement : une sélection de cours et institutions / Service sectoriel de l’agriculture. – Berne : DDA, 1991. – Pag. mult.

257 250. Viabilité des projets de développement : fondements et applications possibles. – Berne : DDA, Service de l’évaluation, 1991. – 32 p. – (Document de base de la série Instruments de travail pour la Planification, l’Evaluation, le Suivi et l’Application (PESA)).

258 251. WAAS, Eveline. – Quels emplois et revenus pour les citadins dans les pays en développement ?. – Berne : Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, cop. 1992. – 251 p. – (Cahiers de la DDA ; 2).

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 195

259 252. ZWAHLEN, Anne ; EGGER, Ruth. – Femmes, épargne, crédit : entre le social et l’économie / avec la collab. de Françoise Lieberherr-Gardiol. – Berne : Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, 1991. – 69 p. – (Femmes et développement ; 2).

Partie II : Sélection de textes sur le Tiers Monde / Développement

260 Parus en Suisse ou publiés par des Suisses concernant d’autres sujets que les relations Suisse-Tiers Monde.

261 253. ABDEL-NASSER, Walid Mahmoud. – Religious movements and international relations : the case of the Islamic movement of Egypt (1967-1981). – Genève : Université de Genève, 1991. – XI, 385 p., Thèse se. pol.

262 254. Africa’s agricultural development in the 1990’s : can it be sustained ? : proceedings of a workshop, 14-18 May 1991, Arusha, Tanzania / organized by : Centre for Applied Studies in International Negotiations (CASIN), Geneva, Sasakawa Africa Association (SAA), c/o Sasakawa Peace Foundation, Tokyo ; ed. Nathan C. Russell and Christopher R. Dowswell. – Geneva : Centre for Applied studies in international negotiations (CASIN) [etc.], 1992. – VI, 208 p.

263 255. African Research Group, Zurich ; Höhere Wirtschafts- und Verwaltungsschule, Zurich. – Afrikanische Eisenbahnen : Geschichtliches und Bahnbau, Auswirkung der Entkolonisation, heutige Situation, Zukunftsaussichten. – Zurich : African Research Group, cop. 1992. – [19] f., Reprod. xérogr. Berne : Bibliothèque nationale suisse.

264 256. AHMAR, Moonis. – Confidence-building measures in South Asia. – Geneva : Graduate Institute of international studies, cop. 1991. – 45 p. – (PSIS occasional papers ; no. 3/1991).

265 257. AKE ASSI, Laurent ; GUINKO, Sita. – Plants used in traditional medicine in West Africa = Plantes utilisées dans la médecine traditionnelle en Afrique de l’Ouest / [Engl. éd. : Liliane Ortega, Louis Haller] ; NI. Amon Aya Lazare. – Basel : Ed. Roche, cop. 1991. – 151 p.

266 258. ASLAN, Günay. – Die Abf allgrube : kurdische Landschaften / [übers. aus dem Türk. von der Gruppe Wergêran]. – Zurich : Wergeran, cop. 1992. – 104 p.

267 259. AUROI, Claude. – Chili : essai de croissance vers l’extérieur. – Genève : Centre de recherche sur l’Asie moderne (IUHEI/IUED), 1992. – 20 p. – (Colloque « Réformes économiques en Asie et en Amérique latine », Genève, le 14 mai 1992).

268 260. AUROI, Claude. – La diversité biologique : la vie en péril. – Genève : Georg Editeur : SPE, 1992. – 126 p. – (Dossiers de l’environnement ; 7), SPE = Société suisse pour la protection de l’environnement.

269 261. AWAMBENG, Christopher M., – Evolution and growth of urban centres in the North-West Province (Cameroon) : case studies (Bamenda, Kumbo, Mbengwi, Nkambe, Wum). – Bern [etc.] : P. Lang, 1991. – XV, 129 p. – (European university studies. Series 4, Geography ; vol. 10).

270 262. BASTIAN, Jean-Pierre. – Amérique latine, 1492-1992 : conquête, résistance et émancipation. – Genève : Ed. Labor et Fides, cop. 1991. – 95 p. – (Entrée libre ; no. 17).

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 196

271 263. BATISTA GUERRA, Israël. – Cuba at the crossroads / [transi, form the Spanish : Language Service, WCC]. – Geneva : World Council of Churches, Commission on Churches’ Participation in Developme, 1991. – 31 p. – (Occasionalstudy pamphlet / World Council on Churches, Commission on Churches’ participation in development ; 6).

272 264. BATTEGAY, Raymond. – The hungerdiseases / forew. by Otto F. Kernberg. – Bern [etc.] : Hogrefe & Huber, cop. 1991. – IX, 157 p.

273 265. Bäuerinnen und Bauern erhalten die biologische Vielfalt : Beispiele aus dem Süden : ein Swissaid / GRAIN-Buch über Gen-Erosion, Biotechnologie und die Erhaltung der Sortenvielfalt / hrsg. von Miges Baumann. – Bern : Swissaid, cop. 1991. – 174 p.

274 266. BELL-KRANNHALS, Ingrid. – Haben um zu geben : Eigentum und Besitz auf den Trobriand-Inseln, Papua New Guinea. – Basel : Universität Basel, 1990. – 331, 2 p., Diss. phil. Basel.

275 267. BERES, Louis René. – Punishing génocide and crimes against humanity afterthe Gulf War : Iraqi crimes and international law. – Geneva : Graduate Institute of international studies, cop. 1992. – 41 p. – (PSIS occasional papers ; no. 1/1992), PSIS = Programme for stratégie & international security studies.

276 268. BERNA, Marianne. – Paris wie die Wilden : Atrika – seine Musik – ihre Métropole / Bill AkwaBetote, Fotogr. ; hrsg. von Verena Stettler. – Zurich : Eco-Verlag,cop. 1991. – 208 p.

277 269. BOLLINGER, Armin. – Indios, Indios, Indios. : gesammelte Schriften zum Wirken der Indios, zur Verfolgung der Indianer, zum Problem der indianischen Identität. – Zurich [etc.] : Rüegger, 1992. – 148 p. – (Schriftenreihe des Instituts fur Latein- amerikaforschung und Entwicklungszusammenarbeit an der Hochschule St. Gallen ; Bd. 4).

278 270. BOUSQUET, Bernard. – Guide des parcs nationaux d’Afrique : Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Algérie. / préf. de Mohamed Skouri ; planches de Jean-Luc Temporal. – Lausanne [etc.] : Delachaux et Niestlé, 1992. – 368 p.

279 271. Brasilien : Entdeckung und Selbstentdeckung / [Konzept des Katalogbuchs : Guido Magnaguagno, Martin Schaub]. – Bern : Benteli, 1992. – 527 p.

280 272. BREINING-KAUFMANN, Christine. – Hunger als Rechtsproblem : völkerrechtliche Aspekte eines Rechtes auf Nahrung. – Zurich : Universität Zurich, 1991. – LUI, 264 p., Diss. jur.

281 273. BUFFET, Jacky. – Brésil : les réformes structurelles au Brésil : quatrième étape du modèle de développement. – Genève : Centre de recherche sur l’Asie moderne (IUHEI/ IUED), 1992. – 33 p. – (Colloque « Réformes économiques en Asie et en Amérique latine », Genève, le 14 mai 1992).

282 274. Bureau international du travail, B.I.T., Genève. – Teachers in developing countries : a survey of employment conditions. – Geneva : International Labour Office, 1991.–VIII, 167 p.

283 275. BURNIER, Mary-José. – Le secret de l’unité de santé : les agents de santé de base et les matrones en Guinée-Bissau. – Genève : Institut universitaire d’études du développement, 1991. – 147 p., Mémoire de diplôme de recherche.

Annuaire suisse de politique de développement, 12 | 1993 197

284 276. BUTARE, Théopiste. – Secteurs traditionnel et moderne dans un processus de développement : un modèle d’équilibre général. – Genève : Université de Genève, 1991. – 280 p., Thèse se. écon. et soc.

285 277. BYRON, Jessica Mary. – Régional security arrangements in Southern Africa and Central America : the roles of the Front Line States and the Contadora Group 1976-1984. – Genève : Université de Genève, 1990. – IV, 313 p., Thèse se. pol.

286 278. CAR AS ALES, Julio C. – Conceptions et politiques de la République argentine en matière de sécurité / [éd. :] UNIDIR, Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, Genève. – New York : Nations Unies, 1992. – IX, 136 p.

287 279. CHIVA, Isac ; THIREAU, Isabelle ; KONG, Mak et al. – De village en village : espaces communautaires et développement. – Paris : Genève : Presses universitaires de France : Institut universitaire d’études du développement, 1992. – 236 p. – (Cahiers de l’I.U.E.D. ; 21).

288 280. CHUNG, Goog-Heon. – Zur regulationstheoretischen Analyse der kapitalistischen Entwicklung Südkoreas. – Bern [etc.] : P. Lang, 1991. – 179 p. – (Europäische Hochschulschriften. Reihe 31, Politikwissenschaft ; Bd. 189).

289 281. COTTERELL, Peter. – Schrei, Äthiopien/ übers. Silvia Gass. – 2. Aufl. – Uhldingen ; Kreuzlingen : Stephanus-Edition ; Litera Print, 1991. – 179 p., Trad. de : Cry Ethiopia.

290 282. DIETERLEN, Germaine ; SYLLA, Diarra. – L’ empire de Ghana : le Wagadou et les traditions de Yéréré / avec la collab. de Mamadou Soumaré. – Paris : Ed. Karthala : Association Arsan, cop. 1992. – 257, [8] p.

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Antoine Brawand, Pierre-Georges Cancellieri et Gérard Perroulaz (dir.) Statistiques

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1. Commerce

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2. Flux financiers

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3. Aide publique au développement

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4. Appendice

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