Les Mégalithes Et Leur Insertion Sémantique Dans Le Paysage
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Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et Denis Vialou (dir.) Signes et communication dans les civilisations de la parole Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques Les mégalithes et leur insertion sémantique dans le paysage. Langage d’ancêtres Primitiva Bueno Ramírez, Rodrigo de Balbín Behrmann et Rosa Barroso Bermejo DOI : 10.4000/books.cths.1793 Éditeur : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques Lieu d'édition : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques Année d'édition : 2016 Date de mise en ligne : 13 novembre 2018 Collection : Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques ISBN électronique : 9782735508709 http://books.openedition.org Référence électronique BUENO RAMÍREZ, Primitiva ; DE BALBÍN BEHRMANN, Rodrigo ; et BARROSO BERMEJO, Rosa. Les mégalithes et leur insertion sémantique dans le paysage. Langage d’ancêtres In : Signes et communication dans les civilisations de la parole [en ligne]. Paris : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2016 (généré le 05 mars 2021). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ cths/1793>. ISBN : 9782735508709. DOI : https://doi.org/10.4000/books.cths.1793. Les mégalithes et leur insertion sémantique dans le paysage. Langage d’ancêtres Primitiva BUENO RAMÍREZ, Professeur de Préhistoire, Université de Alcalá, Espagne Rodrigo de BALBÍN BEHRMANN, Professeur de Préhistoire, Université de Alcalá, Espagne Rosa BARROSO BERMEJO Maître de Conférences de Préhistoire, Université de Alcalá. Espagne Extrait de : Olivier BUCHSENSCHUTZ, Christian JEUNESSE, Claude MORDANT et Denis VIALOU (dir.), Signes et communication dans les civilisations de la parole, Paris, Édition électronique du CTHS (Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques), 2016. Cet article a été validé par le comité de lecture des Éditions du CTHS dans le cadre de la publication des actes du 139e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques tenu à Nîmes en 2014. Résumé La présence de grandes pierres dans le paysage des constructeurs de mégalithes a été vérifiée archéologiquement en Bretagne française. Les recherches ont porté sur un noyau très important qui peut se dater au cours du Ve millénaire avant notre ère. Récemment, les travaux archéologiques développés dans la péninsule Ibérique ont montré une richesse inédite qui permet de réfléchir sur le rôle des grandes pierres par rapport aux mégalithes. L’inventaire des grandes pierres dans la péninsule Ibérique se rapproche chaque fois davantage des inventaires mieux connus de Bretagne. Diverses situations existent : cercles ou alignements qui se transforment en dolmens, menhirs solitaires ou stèles-menhirs qui sont la première pierre d’un dolmen représentent toute une série de preuves qui nous parlent de la complexité et de la variabilité de situations dans lesquelles les vieilles grandes pierres ont été les précurseurs ; pas seulement dans une première phase de construction des mégalithes, mais pendant tout le développement du mégalithisme. Ces marques gravées et peintes sur les roches et grandes pierres représentent les témoignages de marquages de territoires occupés dès le Paléolithique supérieur dans la péninsule Ibérique. Mots-clés : Mégalithisme. Menhirs. Stèles. Art mégalithique. Bretagne. péninsule Ibérique. Europe. Paléolithique supérieur. Néolithique. Abstract Large stones have been identified in the Megalithic landscape of Brittany. J. L’Hegouach and S. Cassen’s research has focalised on an important core of these monuments dating from the 5th millennium BC. More recent studies carried out in the Iberian Peninsula have highlighted the unprecedented wealth of data from this area which allows us to reflect on the function of these large stones in relation to the megalithic structures. This inventory underlines the similarities between the Iberian Peninsula and Brittany. Stone circles or lines can transform into dolmens, isolated menhirs or steles become the founding stone of a dolmen. This represents proof of the complexity and the varying situations in which these ancient stones are the forerunners of megalithic construction into which they are integrated for the duration of the megalithic phase. The engravings and paintings on the rocks and large stones constitute markers of territories populated since the Late Palaeolithic in the Iberian Peninsula. (traduction Rebecca Peake) Les mégalithes et leur insertion sémantique 71 C’est une notion commune que de présenter l’élévation de grandes pierres qui caractérisent les paysages de la façade atlantique durant la préhistoire récente comme la première preuve de la domestication du paysage (Bradley 2000, Bueno et al. 2003). Personne ne doute que ces grandes pierres soient des symboles créés par les groupes humains, puisque ce sont des manifestations totalement artificielles situées dans des espaces choisis par leurs constructeurs. Leur caractère le plus significatif porte sur la volonté de visibilité ; leur présence dans le paysage évoque l’intérêt de ceux qui les ont transportées, décorées (si c’est le cas) et levées, pour marquer ces territoires à partir de signaux faciles à percevoir. On accepte aussi le fait que les pierres en plein air représentent des figures humaines, comme une matérialisation des ancêtres (Bueno et al. 2008, Pearson et Ramilosonina 1998, L’Helgouach 1983). Les études menées dans d’autres régions, ainsi que sur les données péninsulaires, confirment la relation des décors géométriques de certains menhirs avec ceux des supports mégalithiques et des restes mobiliers contemporains à caractère anthropomorphe (Bueno 1992, 1995 ; Bueno et Balbín 1994 ; Bueno et al. 2005). Les symboles gravés, peints et sculptés sur les structures funéraires et les installations en plein air, offrent un répertoire visible de référence étudié par les chercheurs européens. L’inventaire de E. Shee Twohig (1981) résume les points fondamentaux de ce type d’analyse jusqu’à la fin du XXe siècle et il signale les similitudes et les différences, les relations entre les différentes aires de l’Europe atlantique. L’épanouissement du système serait lié aux groupes mésolithiques côtiers et il se localise tout spécialement sur la façade nord occidentale de la France, plus particulièrement en Bretagne (Migdley 2013). La transition ou la relation entre les grandes pierres de plein air et leur inclusion dans des structures fermées à finalité funéraire constituent des paramètres significatifs pour valoriser les liens symboliques entre les plus anciens systèmes de signalisation des groupes humains et ceux qui s’associent au mégalithisme atlantique. Les menhirs furent assimilés, à l’origine des mégalithes, à la première étape de construction (Calado 1997). En Bretagne, cette première phase a été décrite comme une authentique damnatio (L’Helgouach 1983), ou au moins, en admettant cette idée d’une antiquité originelle des menhirs (Cassen 2005), comme un processus d’actions consécutives : en premier, les menhirs en plein air, ensuite les dolmens. Dans ce texte, on développera la présentation des données relatives à la présence de grandes pierres dans le mégalithisme de la péninsule Ibérique. Cette approche prend un intérêt majeur avec la reconnaissance du rôle du mégalithisme dans des territoires où une utilisation très ancienne est attestée par des roches ornées dès le Paléolithique supérieur. Dans ce contexte, cette lecture est une hypothèse, applicable à d’autres territoires du mégalithisme européen où l’on commence à percevoir la possibilité d’identifier d’amples séquences chronologiques d’occupations antérieures aux mégalithes (Loveday 2012, Moullec et al.1996). Actuellement, de nombreux éléments ont changé dans la péninsule Ibérique. Des projets de prospection intensive ont été menés dans toute la partie occidentale avec d’excellents résultats, notamment pour la localisation des roches décorées du Paléolithique supérieur (Balbin 2009). On peut confirmer que la définition de paysages humanisés grâce aux signes visibles sur les roches fait partie des systèmes culturels des groupes des anciens chasseurs-cueilleurs. Leur continuité chronologique est un fait tant pour les roches en plein air que pour les contextes souterrains, ou sur l’art mobilier. Les sites marqués par les chasseurs du Paléolithique supérieur sont ensuite reconnus et signalés comme particuliers par des groupes mésolithiques, néolithiques et chalcolithiques (Balbin et Bueno 2009, Bueno 2009, Bueno et Balbín 2009, Bueno et al. 2007a). Les ensembles du Douro, du Taje et du Guadiana représentent d’excellents cas d’étude. Un autre ensemble de nouveautés est propre au mégalithisme ; il concerne en particulier la diversité des architectures mégalithiques, leur chronologie similaire dans différents secteurs géographiques, leur ample développement jusqu’au-delà du IIIe millénaire cal 72 Signes et communication dans les civilisations de la parole BC et leur notable extension dans les territoires intérieurs européens (Bueno et al. 2013a, p. 490 ; Furholt et Muller 2011 ; Laporte 2010). Avec le renouvellement des systèmes de datation C14 des mégalithes ibériques, à partir de datations directes sur des peintures mégalithiques ou sur ossements humains par AMS, la péninsule Ibérique se place en position centrale pour réfléchir à certaines questions développées dans ce texte (Steellman et al. 2005, Carrera et Fábregas 2002, Bueno et al. 2007, Scarre et al. 2003). Le renouveau méthodologique dans l’étude des mégalithes péninsulaires a produit des