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DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT

FORMATION DOCTORALE

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du :

Diplôme d’Etudesd’Etude s Approfondies

eeenennn

Agro-Agro ---ManagementManagement

Genre et developpement rural dans le district de

Region Atsimo Atsinanana

Présenté par : RAMILISOA Maminirina Julien Promotion W.I.N.N.E.R.S

Président de Jury : Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY

Rapporteur : Professeur Romaine RAMANANARIVO

Examinateurs : Professeur Sylvain RAMANANARIVO

Docteur Andriamaromasina RANDIMBIMAHENINA

Docteur Rolland RAZAFINDRAIBE

Date de soutenance : 26 Mai 2006 Année : 2004 -2005

REMERCIEMENTS

Nombreux sont ceux à qui je suis redevable avant que ces lignes ne soient lues. Votre générosité, votre dévouement et l’aide volontaire que vous m’avez apportés méritent d ’être soulignés.

J’adresse respectivement mes remerciements et sentiments affectueux pleins de gratitude à :

• Professeur Jean de Neupomuscène RAKOTOZANDRINY qui m’a fait le grand honneur de présider le jury de ce mémoire. Vous n’y avez pas trouvé d’inconvénients et vous m’avez reçu avec bonté. Soyez assuré de ma profonde gratitude. Je vous remercie.

• Professeur Romaine RAMANANARIVO qui, malgré ses multiples fonctions n’a pas cessé de me conseiller dans la conception de ce mémoire. Je remercie de tout cœur.

• ProfesseProfesseurur Sylvain RAMANANARIVO , qui a bien voulu résider parmi les jury. Veuillez croire en ma profonde reconnaissance avec mes sincères remerciements.

• Docteur Rolland RAZAFINDRAIBERAZAFINDRAIBE, qui m’a fait bénéficier de ses précieux enseignements, de son savoir-faire et non seulement pour avoir accepté de participer à mon jury, mais aussi pour toutes les remarques utiles dont il m’a fait part.

• Tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

Nos vifs remerciements

RAMILISOA Maminirina Julien

SOMMAIRE

RESUME LISTE DES ABREVIATIONS LISTE DES TABLEAUX LISTE DES ANNEXES LISTES DES FIGURES INTRODUCTION I- METHODOLOGIE 1-1- Choix de la zone d’étude 1-2- La bibliographie 1-3- L’enquête II- RESULTATS 2-1- L’organisation patrilignagère : base des rapports sociaux de genre 2-2- La situation socio-économique des femmes et des hommes 2-3- Les actions d’auto-amélioration de leur situation par les femmes III- DISCUSSIONS 3-1- Organisation des activités selon les besoins de villageois 3-2- Les opportunités pour l’intégration du genre dans les activités 3-3- Les contraintes pour l’intégration du genre dans les activités à faire CONCLUSIONS BIBLIOGRAPHIE ANNEXES Annexe I : Présentation de la zone d’étude. Annexe II : Approche des femmes dans le village. Annexe III : Fiche d’évaluation d’enquête. Annexe IV : Status des femmes et des hommes au sein du foyer. Annexe V : Fiche d’évaluation pré-formation ( PISAF ). Annexe VI : Argumentation intégration de genre dans les activités PISAF Annexe VII : Stratégies d’introduction d’activités sensibles au genre dans les communautés TABLE DES MATIERES

RESUME

Beaucoup des facteurs bloquants inhibent le développement rural. Mais dans la Région du Sud-Est, on veut répondre au problème d’insécurité alimentaire prévalant dans cette région et son appui dans ( i ) l’augmentation de la production agricole, y compris certaines cultures de rente, ( ii ) la réhabilitation et la construction d’infrastructures économiques ou sociales telles que les pistes, les périmètres irrigués, puits, captages de sources et latrines et la structuration du milieu paysan. Genre et développement rural sont liés dans le district de Farafangana. La méthodologie a été basée sur le concept genre et des enquêtes menées dans les villages choisis. Les résultats ont permis de connaitre la base des rapports sociaux de genre c'est-à-dire l’organisation patrilignagère, la situation socio-économique des femmes et des hommes ainsi que les actions d’auto-amélioration de leur situation par les femmes. A cet égard, le genre intègre dans ses domaines d’intervention les activités qui veulent se prêter aux avantages et aux capacités des femmes dans la région du Sud-Est.

Mots clés :

Région du Sud-Est, Farafangana, Foko, Développement rural, Empowerment, approche genre.

Liste des abréviations

A.A.A : Agro Action Allemande

A.G.R : Activités Génératrices de Revenu

A.U.P : Association des Usagers de la Piste

C.L.S : Comité Local de Sécurité

C.S.B : Centre de Santé de Base

E.V.F : Education à la Vie Familiale

G.D.D : Groupe de Discussion Dirigée

I.E.C : Information-Education-Communication

N.G.D.O : Non Governmental Organization for Development co-operation

P.A.M : Programme Alimentaire Mondial

P.I.S.A.F : Projet Intégré de Sécurité Alimentaire dans la région de Farafangana

PRODOC : Document de Projet

P.P.N : Produit de Première Nécessité

R.O.R : Réseau des Observatoires Ruraux

U.N.F.P.A : United Nations Population Fund

V.C.T : Vivres Contre Travail LISTE DES TABLEAUX

Tableau N°1 : Répartition des milieux d’étude...... 7

Tableau N°2 : Emploi du temps type des femmes et hommes en union dans les villages...... 20

Tableau N°3 : La situation familiale des femmes et des hommes...... 22

Tableau N°4 : Niveau d’instruction par foko...... 24

Tableau N°5 : Répartition de foko dans une classe...... 25

Tableau N°6 : Répartition des activités économiques par foko...... 35

Tableau N°7 : Type d’activités secondaires pratiquées par des individus………………………..... 36

LISTE DES ANNEXES

Annexe I : Présentation de la zone d’étude...... 1

Annexe II : Approche de femmes dans le village...... 5

Annexe III : Statuts des femmes et des hommes au sein du foyer...... 6

Annexe IV : Fiche d’évaluation pré-formation...... 7

Annexe V : Fiche d’évaluation finale...... 8

Annexe VI : Argumentation intégration de genre dans les activités PISAF...... 9

Annexe VII : Stratégies d’introduction d’activités sensibles au genre dans les communautés…….. 10

LISTE DES FIGURES

Figure N°1 : La hiérarchie sociale dans la communauté………………………………… 12

Figure N°2 : Représentation de la région de Sud-Est dans l’Ile de ...... Annexe I

Figure N °3 : Carte de localisation de la Region Atsimo Atsinanana………………… …. Annexe I

Figure N°2 : Carte d’observatoire de Farafangana...... Annexe 1 1

INTRODUCTION

Dans le Tiers Monde, on a toujours tendance à négliger les femmes dans les différents domaines de la vie. Cette situation persiste dans certaines régions notamment à Madagascar, et plus particulièrement dans les zones rurales.

Les femmes font partie intégrante de la société et elles participent au développement. Dans la plupart des cas, l’homme est le chef de famille et est le premier responsable au niveau du ménage ; il joue un rôle important dans l’amélioration de la vie familiale et dans le développement en général. Il y a cependant des femmes chefs de ménage qui jouent les mêmes rôles dans le développement. Parfois, des ménages dirigés par des femmes fonctionnent bien mais certaines difficultés existent et sont souvent liées à des problèmes de l’environnement, aux us et coutume de la région.

C’est ainsi que plusieurs concepts ont été donnés par l’approche « Genre ». Certains insistent sur les références sociales : « Le terme de genre se réfère aux différences sociales et aux relations sociales entre les hommes et les femmes. Celles-ci sont apprises et varient considérablement d’une société, d’une culture et d’une époque à l’autre. Le mot « genre » ne saurait remplacer celui de sexe, qui se rapporte exclusivement aux différences biologiques entre hommes et femmes. Les données statistiques, par exemple, sont ventilées par sexe. L’analyse des rôles, des responsabilités, des contraintes, des chances et des besoins des hommes et des femmes dans tous les domaines, et dans un contexte social donné, fait appel au genre » ( F.A.O, 2002 ).

D’autres évoquent la notion de < rôles > : « Les rôles liés au genre sont des comportements appris au sein d’une société, d’une communauté ou d’un groupe social. Ils conditionnent les activités, les tâches et les responsabilités de chaque sexe, et sont perçus comme masculins ou féminins. Ils sont subordonnés à l’âge, à la catégorie sociale, à la race, à l’appartenance ethnique et religieuse,ainsi qu’à l’environnement géographique et économique.» (F.A.O,2002 ).

L’égalité au niveau des genres lève souvent le nœud du problème : « L’égalité des genres, ou l’égalité entre hommes et femmes, recouvre la notion selon laquelle tous les êtres humains, hommes et femmes, sont libres de développer leurs aptitudes personnelles et de faire leurs propres choix, sans qu’ils ne soient bridés par des stéréotypes, la division rigide des rôles et les préjugés. L’égalité des genres signifie que les comportements, les aspirations et les besoins différents des hommes et des femmes sont, de manière égale, pris en compte, valorisés et encouragés. L’équité des genres signifie qu’un traitement impartial doit être accordé aux hommes et aux femmes, en fonction de leurs besoins respectifs. » ( F.A.O, 2002 ) 2

Le concept central de l’approche genre repose généralement sur « l’Empowerment » : « Cela inclue la force de la position de la femme et l’importance du pouvoir de décisions sur toutes les ressources disponibles. Le but de l’empowerment est la réduction ou l’élimination des disparités entre les deux Sexes. Il est important que le pouvoir soit utilisé dans le sens de ‘pouvoir à’ c’est-à-dire la force de l’action des femmes de décider soi même, et non dans le sens de ‘pouvoir sur’ les autres personnes. » ( P.I.S.A.F, 2002 ).

Et « l’approche genre » est toujours évoqué : « elle suppose que l’égalité des femmes dans la société peut être atteinte effectivement si l’on évite de concentrer uniquement sur le changement de la situation des femmes, mais plutôt en changeant les relations de genre. Le but de l’empowerment des femmes est une condition inaliénable pour un développement efficient et durable. » ( P.I.S.A.F, 2003).

Sur le « Gender needs », des études ont montré que : « A cause de leurs différents rôles dans la société et leur position par la subordination des hommes, les femmes et les hommes ont des besoins différents. Les besoins pratiques des femmes sont ceux qui sont directement nécessaires, besoins pratiques dans un contexte spécifique. L’accomplissement de ces besoins ne pose pas la question sur la division du travail orientée sur le genre ou la description dans la société, et leur réalisation est accompagnée à long terme par l’empowerment des femmes » ( P.I.S.A.F, 2003-2005).

Ces quelques concepts conduisent à se focaliser dans la région Atsimo Atsinanana où les conditions de vie de la population restent difficiles malgré les nombreuses potentialités que la région recèle comme l’agriculture de rente, pêche, etc. L’insuffisance d’encadrement idoine et le niveau d’éducation trop bas des paysans figurent par les raisons. De ce fait, la production agricole est devenue faible entraînant ainsi une diminution du pouvoir d’achat de la population.

On dénombre actuellement plus de 500 000 habitants dans le District de Farafangana. Les statistiques ont montré que dans toutes les communes, le nombre de femmes est fortement supérieur à celui des hommes, aux environs de 54% ( P.C.D, 2004 ).

Il a été par ailleurs prouvé que c’est une région à vocation agricole. Ces deux facteurs ont conduit à formuler la problématique du développement rural dans cette région. A priori, une sous exploitation des ressources humaines, notamment la place des femmes dans le développement économique de la région se pose.

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Cette situation justifie l’objet de la présente étude : « genre et Développement rural dans le District de Farafangana : région d’Atsimo Atsinanana » qui se fixe comme objectif global d’établir un état des lieux sur les relations de genre dans la région afin d’éclairer davantage les décideurs sur les programmes et projets de développement rural à réaliser dans cette région.

Les objectifs spécifiques sont :

• de pouvoir mettre en exergue le rôle des femmes dans la société rurale, • de recueillir les aspirations des femmes et des hommes relatives aux relations de genre, et • de pouvoir identifier les problèmes spécifiques des femmes dans la région.

Ce qui conduit à la formulation des hypothèses suivantes :

• Les considérations sociales liées à la culture de leur société font des femmes des êtres qui se résignent ; • Les femmes jouent un rôle moteur dans le développement de la région ; • Les problèmes des femmes au niveau de la société peuvent être identifiés et résolus.

Ainsi, les résultats attendus sont :

• La position sociale et les rôles des femmes dans le Sud- Est seront bien identifiés, • La situation économique des femmes et des hommes sera déterminée ; • Les actions d’auto- amélioration de la situation des femmes dans la zone d’étude seront formulées,

Pour atteindre l’objectif et les résultats ci – dessus, cette étude se divise en trois parties :

La méthodologie a été basée sur l’importance de quatre tribus ou Foko, supposés facteurs déterminants dans le développement de chaque zone d’étude ; et les résultats mettant en exergue l’organisation lignagère, la situation socio-économique des acteurs et l’empowerment des femmes ; enfin les discussions et les recommandations sont axées sur l’organisation des activités selon ces besoins de chaque acteurs, d’animer des actions de sensibilisation auprès des villageois eux- mêmes, de rechercher et de négocier les partenariats dans le développement rural. 4

I-METHODOLOGIE

La méthodologie repose sur le choix de la zone d’étude et la définition des critères à considérer.

Elle a comporté trois phases : la bibliographie, l’enquête et l’exploitation des résultats.

1-1- Choix de la zone d’étude

Zone très sensible à l’insuffisance alimentaire et classée parmi les régions les plus pauvres, le District de Farafangana a été choisi comme zone d’étude en tant que Chef-lieu de la région d’Atsimo Atsinanana. Il occupe une superficie estimée à 4 763 km 2 avec plus de 350 000 habitants, et se trouve entre la longitude Est 47°46 et 47°52, et la latitude Sud 22°35 et 22°47.

( Cf Carte N°1 et N°2 Annexe I )

Huit groupes ethniques dominent dans cette région : Antefasy, Zafisoro, Antevato, Sahavoay, Rabakara, Zaramanampy, Zarafanileha et Bara qui sont réputés cloisonnés entre eux.

L’existence de ce clivage a conduit à considérer dans la présente étude les quatre tribus les plus dominantes dans la région, à savoir Antevato, Sahavoay, Antefasy et Zafisoro . Les us et coutumes de ces quatre tribus sont des facteurs déterminants dans le développement de la zone d’études. L’approche genre appliquée à ces tribus ou « foko » facilite la compréhension de leur place au sein de leurs sociétés respectives. Elle permet par ailleurs de mieux expliquer les relations de genre dans les villages ou les communes rurales d’un district. ( PISAF,2002 )

1-2- La bibliographie

Les travaux bibliographiques ont porté sur :

• L’approche genre permettant d’avoir des renseignements d’ordre général comme les notions de base concernant le genre ou le profil de genre, les politiques et stratégies nationales pour le développement rural. • Les travaux menés par le Projet Intégré de sécurité Alimentaire dans la région de Farafangana ou PISAF, permettant de bénéficier des acquis sur les projets antérieurs à l’étude. Des documents internes du Projet ont été alors exploités : étude de base, rapports semestriels, rapports d’évaluation. L’utilisation des tables de référence ou « abaque de référence homme/femme » a aidé dans l’élaboration du guide d’enquête.

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• Des documents traitant plus spécifiquement des parties de la région d’intervention comme les Plans Communaux de Développement, les rapports des Réseaux d’Observatoires Ruraux, les données statistiques comme la monographie et les résultats des enquêtes antérieures.

1-3- L’enquête

1-3-1- Objectifs de l’enquête

Les objectifs de l’enquête ont consisté à :

• Etudier les différentes activités dans la région, • Etudier les différentes catégories de revenu, • Déterminer les rôles de femmes dans chacune des activités et selon leur source de revenu, • Identifier des besoins de villageois dans les Communes Rurales, • Pouvoir émettre des propositions et recommandations répondant aux besoins réels des femmes pour mieux valoriser leur participation dans le développement rural.

1-3-2- Le guide d’enquête

Le guide d’enquête a permis d’axer le questionnaire selon les thèmes généraux suivants :

• La démographie afin de cerner les caractéristiques de la population, • Le travail d’approche des femmes dans les villages.

Ce qui a conduit à considérer dans les enquêtes les principaux points suivants : a) la vision de la place de la femme dans la région et pour toutes catégories sociales confondues :

• répartition des rôles et responsabilités dans le ménage et dans la communauté, • opportunités ou contraintes liées aux règles coutumières déterminant l’accès aux ressources, le contrôle des bénéficiaires des activités de production, • différences entre catégories de femmes : mariées, femme en union libre, femmes chef de ménage, femmes instruites, femmes analphabètes, femmes artisanes, femmes agricultrices, • différences des femmes selon les ethnies et les sous régions, b) Recueil des problèmes spécifiques aux femmes par village :

• la réalité de leur vie quotidienne, 6

• les femmes par rapport aux projets éventuels dans la région : accessibilité aux informations, et la participation aux activités du projet. • Taux d’analphabétisme chez les femmes, • Femmes vivant seules avec ou sans enfants, • Femmes ayant des enfants malnutris, • Problèmes de santé/hygiène. c) La position des femmes dans la hiérarchie sociale d) Les relations entre hommes et femmes

• Le comportement des hommes dans le village, • Les femmes pour l’amélioration de leur situation, • Identification et description des mécanismes et outils d’auto-amélioration de la situation des femmes :  Identification de partenaires féminins relais au niveau communautaire  Appuis techniques, méthodologiques fournis aux femmes pour qu’elles puissent se prendre en charge après toute aide. • Les besoins des hommes et des femmes, leurs intérêts et leurs problèmes par rapport aux domaines d’activités d’un groupement quelconque. • Les solutions souhaitées par les femmes, • Les solutions souhaitées par les hommes.

1-3-3- Le travail sur terrain

1-3-3-1. Détermination des milieux d’étude

L’étude n’a pas pu toucher toutes les Communes du District de Farafangana du fait de l’éloignement et des problèmes d’accessibilité. En effet, il existe trente deux Communes dans le District qui sont représentées respectivement par une ethnie majoritaire. Nous avons travaillé dans 8 villages dans 4 communes pour mener les enquêtes. Le choix des communes a été dicté par la représentation de 4 tribus ou foko les plus dominantes et les plus reconnues par la société formant le District. ( UPDR, 2001)

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Repérés par rapport à la localisation de Farafangana, ces espaces « ethniques » se situent :

• au sud : la tribu « Antevato » qui occupe 4 communes, • à l’ouest : la tribu « Sahavoay » avec 5 communes, • au centre, c’est-à-dire dans les périphéries atour de Farafangana : la tribu « Antefasy » avec 10 communes, • au nord : la tribu « Zafisoro » avec 6 communes.

Ainsi, les résultats obtenus illustrent 78% des réalités existantes dans la région car 25 sur les 32 communes ont été étudiées à travers les villages enquêtés. En effet, ces villages reflètent les situations socio-culturelles et économiques des tribus respectives.

Les villages ont été choisis suivant les observations retenues dans le tableau ci-après :

Tableau n°1 : Répartition des milieux d’étude

N° Villages Communes Zone Tribu Observations

1 Soanierana Antsiranambe Sud Antevato 2 Ambohigogo Ouest Sahavoay Peuplement ancien 3 Esatra Ambohigogo Ouest Sahavoay Peuplement récent 4 Vohimasy Vohimasy Centre Antefasy Existence d’actions positives ‘femmes’ selon PISAF 5 Vohilava Centre Antefasy Rural ; difficile dynamique « femmes » selon PISAF 6 Sahafoza Anosy – Centre Antefasy Suburbain ; Difficile dynamique Tsarafara « femmes » selon PISAF 7 Ankarimbary Vohilengo Nord Zafisoro Peuplement ancien ; « Résidence royale » 8 Betaikomby Vohilengo Nord Zafisoro Peuplement récent : extension de campement

Source : Enquête dans les huit villages

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1-3-3-2. Conduite de l’étude

L’étude a fait appel exclusivement à des techniques de recherche de type qualitatif : revue documentaire, interviews approfondies, observations directes, immersion dans les villages.

Les interviews approfondies ont ciblé plus particulièrement :

• le Staff du Projet PISAF, • des personnes bien informées sur les us et coutumes dans la zone étudiée, • des personnes influentes au sein de chaque foko concerné par les enquêtes, • des autorités techniques et administratives ;...

Au total, l’étude a réalisé 42 interviews approfondies dont :

• 24 autorités traditionnelles, • 07 autorités administratives, • 11 informateurs-clés sur les coutumes et sur la situation dans les villages, par exemple : personnel de santé,...

Des investigations auprès des femmes et des hommes des sites d’enquête ont été plus poussées pour insister sur l’approche Genre. Des groupes de discussion dirigée ou GDD ont été constitués, et les participants ont été pris au hasard. Les critères retenus ont été :

• le statut matrimonial, • le niveau d’instruction.

Ainsi, pour les femmes chef de ménage et les femmes en union libre ont constitué deux groupes différents dans chaque site. Les hommes mariés, les jeunes hommes célibataires et les filles célibataires ont été retenus pour en faire des groupes indépendants. Au total, 25 G.D.D. ont été formés dans les villages auprès des groupes suivants :

• 13 groupes femmes dont :  6 groupes femmes en union libre,  7 groupes de femmes chef de ménage ; • 6 groupes hommes, pouvant avoir 12 ou 15 hommes par groupe • 3 groupes jeunes filles, formé de 12 ou 18 femmes par groupe • 3 groupes jeunes hommes, 10 à 15 jeunes par groupe. Par ailleurs, des observations directes combinées avec des interviews à domicile, ont été effectuées dans les villages.

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1-3-4- Méthodes d’exploitation des résultats

1-3-4-1- Dépouillement des questionnaires

Le dépouillement manuel des questionnaires consistait à convertir les unités de mesures locales mentionnées par les mères de familles en unité de système international. Toutes les questions posées sont marquées dans le questionnaire suivant la réponse.

1-3-4-2- Saisie, traitement et exploitation des résultats

La saisie et le traitement des données ont été faits par classement de la réponse des questions à poser pendant l’enquête ; elles ont pu être regroupées suivant les thèmes ci-après :

• L’organisation patrilignagère, • La situation socio-économique des femmes et des hommes • Les actions d’auto-amélioration de la situation des femmes.

Afin de mieux identifier les différentes contraintes et les besoins d’orientation dans les recommandations de développement, une typologie définie par l’auteur a pu être faite en étudiant les critères suivants dans chaque foko :

• Situation familiale pouvant apporter des explications sur la sociologie vécue au niveau des différents foko :  Célibataire,  marié suivant la tradition,  séparé,  veuf ou veuve, n’ayant plus contracté d’autres actes de mariage même traditionnel. • Taux d’instruction du ménage en fonction de leur niveau scolaire ou de leur diplôme :  non scolarisé,  niveau inférieur à T 4,  Diplômes :  CEPE  BEPC  Baccalauréat • Activité principale par foko  Agriculture,  Commerce,  Artisanat,  pêche. 10

II- RESULTATS

De manière générale, trois principaux points ressortent des investigations menées dans les villages Antefasy, Zafisoro, Antevato et Sahavoay retenus par l’étude :

• Les relations de genre dans l’ensemble des sites présentent globalement des caractéristiques communes, les démarcations relevées s’apparentant plus à des modulations dans les formes que dans le fond : l’ethnie ne se constitue pas en facteur déterminant de différenciation dans ce domaine ; • Les coutumes et règles traditionnelles régissant les rapports sociaux entre femmes et hommes sont encore vivaces quoique des mutations semblent s’être infiltrées de façon insidieuse, parfois au détriment des femmes ; • Les impacts des règles coutumières sur les conditions de vie des femmes ainsi que les capacités de celles-ci pour améliorer leur situation présentent des variations selon leur statut matrimonial.

A travers les trois sections du présent chapitre, les rapports sociaux de genre seront traités avec leurs implications sur les conditions de vie des femmes et des hommes sur le plan social, économique et politique. L’analyse veillera à dégager les valeurs qui sous-tendent les relations de genre ainsi établies et à déceler le potentiel de changement au sein des différents groupes d’étude, susceptible de contribuer à un développement équilibré entre femmes et hommes des communautés concernées, dans le contexte actuel.

2.1. L’organisation patrilignagère : base des rapports sociaux de genre

Dans tous les sites de l’étude, l’organisation sociale traditionnelle basée sur le lignage 1, la patrilinéarité 2 et la patrilocalité 3 demeure la toile de fond régissant les rapports sociaux entre les membres de la communauté. Il s’ensuit une structure sociale hiérarchisée attribuant aux femmes et aux hommes des places et rôles bien distincts au sein de la communauté et au sein de la famille.

1 Groupe de filiation unilinéaire dont tous les membres se considèrent comme descendants d’un même ancêtre. 2 Le fait de ne prendre en compte que l’ascendance paternelle dans le mode d’organisation sociale. 3 Mode de résidence dans lequel la femme vient habiter dans le village / la famille du mari. 11

2.1.1. Places et rôles des femmes et des hommes au sein de la communauté

Tous les villages et même les hameaux représentent des lignages, dont la reconnaissance est symbolisée par l’appartenance au ‘Tranobe’ 4 . Les hommes sont les gardiens officiels des coutumes et détenteurs de la ‘terre ancestrale’ 5 et de ce fait, sont les seuls à pouvoir diriger les lignages. Par contre, la considération des femmes varie selon leur matrimonial :

• les femmes mariées ou ayant des relations avec des étrangers non malgaches sont très estimées par l’intégralité de la communauté ; • lorsqu’elles sont seules c'est-à-dire célibataires ou séparées, elles sont considérées comme des femmes toujours disponibles et libres de tout acte conjugal. Elles peuvent partir d’un moment à l’autre pour rejoindre leur ex-homme.

2-1-1-1- Les femmes et les hommes dans la hiérarchie sociale

Au sommet de la hiérarchie se trouvent les ‘Ampanjaka’ 6 qui sont les chefs traditionnels. Généralement, ils sont au nombre de trois, représentant les ‘Troky’ 7. Cependant, c’est l’aîné qui est intronisé ‘Ampanjaka’, les deux autres restant des conseillers pouvant assurer l’intérim. Les décisions seraient prises de manière collégiale même si le dernier mot revient au Ampanjaka.

Les pouvoirs des Ampanjaka investis vont de la régulation de la vie de la communauté 8 à l’application et à la ‘mise à jour’ des sanctions relatives aux infractions des règles coutumières.

Pour ce faire, ils sont conseillés et assistés par la communauté des hommes adultes du village : descendants de rois ou Anakandria, anciens ‘Ampanjaka’ ou Banoa, Garage 9, notables ou olobe, ou Ray aman-dReny . Ceux-ci sont au deuxième niveau de la hiérarchie. Il faut noter que dans la conception des femmes et des hommes des villages de l’étude, cette communauté d’hommes adultes est désignée ‘Fokonolona’ 10 .

A la base de la hiérarchie se trouvent les ‘vahoaka’ qui regroupent les femmes, les jeunes filles et jeunes hommes et les enfants.

4 Le ‘Tranobe’ (traduction libre : grande maison) est le lieu de conseil / réunion des chefs traditionnels et de leurs conseillers, et souvent la résidence du Ampanjaka. Au-delà du matériel, le Tranobe désigne une représentation de la communauté des membres du même lignage. 5 Traduction littérale de ‘tanin-drazana’, mais l’expression est ici utilisée aux sens propre et figuré. 6 Traduction littérale : Roi. 7 Le terme ‘troky’ dont la traduction libre est ‘ventre’ désigne les subdivisions à l’intérieur du lignage. Originellement, il s’agit de trois collatéraux descendants directs du Ampanjaka. 8 Celle-ci est considérée comme l’union des grandes familles issues des mêmes ancêtres. 9 Lire ‘garagué’. 10 Dans sa conception administrative, ‘Fokonolona’ désigne l’ensemble de la communauté d’un village. 12

Figure 1 : La hiérarchie sociale dans la communauté

Toutefois, selon l’expression utilisée à récurrence par les dirigeants traditionnels des villages, « Une hiérarchie parallèle existe chez les femmes ». L’épouse de l’‘Ampanjaka’ est généralement désignée ‘présidente’ des femmes ou renim-biavy 11 . Elle détient des pouvoirs qui seraient ‘équivalents’ à ceux de son conjoint auprès de la communauté des femmes : pouvoir de convocation des femmes, pouvoir de sanction… Le cas échéant, elle s’en remettrait au ‘Ampanjaka’ pour faire appliquer la sanction.

Sauf chez les Antefasy de Sahafoza, la ‘présidente’ est assistée des femmes des ‘anakandria’ et de ‘chefs des femmes’ ou sefom-biavy. Généralement, les ‘chefs des femmes’ sont des femmes relativement âgées, ‘influentes’ et qui ont la capacité/l’audace de parler en public. Il est à noter que des hommes peuvent éventuellement assumer cette fonction de ‘chef des femmes’ ; le cas inverse n’est pas accepte. Cette situation a pu etre relevee chez les Antefasy de Vohilava. Les ‘chefs des femmes’ sont désigné(e)s par le ‘Ampanjaka’ et ses conseillers. Chez les Zafisoro d’Ankarimbary, les ‘chefs des femmes’ se trouveraient au deuxième niveau de la hiérarchie du lignage, au même titre que les conseillers de l’ ‘Ampanjaka’.

Cette hiérarchie ‘parallèle’ des femmes veille au respect des règles coutumières concernant l’union du couple : « Nous sommes là pour intervenir si la femme ou l’homme ne respecte pas ses devoirs conjugaux » [Chef des femmes, Antefasy-Vohilava].

11 Traduction libre : mère des femmes. 13

2-1-1-2-Mécanisme d’accès au trône

L’accès au trône est d’ascendance ‘royale’. Les ‘Ampanjaka’ sont généralement élus par les descendants de roi ou anakandria, les hommes adultes et notables au sein de la communauté. L’exception a été retrouvée chez les Zafisoro où les femmes peuvent voter afin de choisir l’‘Ampanjaka’ parmi les candidats proposés par les descendants de rois.

A cet égard, des propagandes, incluant le monnayage des votes, seraient même pratiquées, les fonctions des chefs traditionnels étant convoitées pour les avantages qui y sont attachés :

• octroi de rizières et de certains matériels au Ampanjaka élu ; c’est le cas relevé chez les Zafisoro • fourniture de main d’œuvre gratuite par les femmes et hommes du village pour les travaux des champs de l’Ampanjaka selon une périodicité convenue c’est le cas relevé chez les Antefasy.

Les critères communs d’éligibilité au trône sont :

• être un homme ; • d’un certain âge ; • et de bonne moralité.

A Sahafoza, la méfiance serait de mise envers les instruits. Un ‘Ampanjaka’ peut être détrôné pour ses comportements immoraux par exemple : ivrognerie ou pour incapacité physique. Il peut également démissionner.

2-1-1-3-La division de travail selon le genre au sein de la communauté

En termes de répartition des tâches et responsabilités au niveau communautaire, il appartient à la communauté des hommes adultes, y compris les ‘Ampanjaka’ d’assurer les missions suivantes:

• convoquer la population à la réunion libre, • désigner des responsables tels que les ‘chefs de femmes’, • fixer des dates des événements traditionnels et des montants des cotisations y afférentes ; • organiser la sécurité du village ; • élaborer des ‘dina’/sanctions ; • examiner ‘en conseil’ les infractions ; • collecter / suivre les versements des cotisations et des sanctions à payer ; 14

• assurer l’accueil des visiteurs dans les villages et le cas échéant, la passation d’accord avec des intervenants dans leur ‘territoire’…

Par ailleurs, les hommes en général, incluant les jeunes hommes, assurent les travaux d’intérêt communautaire requérant de la force physique par exemple transport et/ou batelage des matériaux et équipements pour la construction de maisons/écoles, poursuite des voleurs de zébus et assument les devoirs et obligations envers les tombeaux 12

Comme mentionné précédemment, la ‘présidente’ des femmes traite les ‘différends conjugaux’ en concertation avec les ‘chefs des femmes’ et/ou le cas échéant, avec le ‘Ampanjaka’ et ses conseillers. A cet effet, elle peut infliger des sanctions et les faire appliquer. Sur convocation de la ‘renim-biavy’, les femmes peuvent assister aux ‘discours’ menés à l’encontre des ‘coupables’ en cas d’application de sanction : « La ‘renim-biavy’ convoque les femmes et elles vont ensemble dans le hameau pour sanctionner l’homme fautif » [Groupe hommes en union libre, Antefasy-Vohimasy].

Sinon, de manière générale, les femmes assistent aux réunions libres publiques d’information sur les décisions prises par les ‘Ampanjaka’ et ses conseillers. Lors des travaux communautaires et des évènements traditionnels par exemple la circoncision, l’intronisation de l’Ampanjaka, décès…, elles assurent les corvées d’eau, la préparation des repas et les services y afférents. De manière exclusive, les femmes entretiennent la propreté et les chemins d’accès aux sources d’eau, quand celles-ci ne sont pas des rivières.

Enfin, des rôles spécifiques reviennent aux femmes :

• lors de l’intronisation de l’‘Ampanjaka’, elles font des animations et donnent des encouragements au roi élu par des cris et des chants à l’extérieur du Tranobe ; • lors des propagandes électorales, les femmes, chefs de ménage en l’occurrence, donnent des représentations folkloriques d’animation ; • et lors des décès, elles ont le rôle de ‘pleureuses’. Lors des décès, au même titre que les hommes, elles s’acquittent également des obligations funéraires si elles sont en hors union libre, sauf chez les Antevato de Soanierana.

2-1-1-4- Les femmes et les décisions prises par les hommes

Bien que de façon non formelle et non systématique, les femmes peuvent parfois faire entendre leur voix, et par conséquent, s’opposer aux décisions des hommes. Quelques cas ont pu être relevés.

12 Il faut noter que le tombeau (‘kibory’) est sacré et l’exclusion du ‘Kibory’ est la sanction capitale redoutée par les femmes et par les hommes. 15

2-1-1-4-1-Les femmes, estimées dans le Foko Antevato, village de Soanierana

Lors des dernières élections communales, les dirigeants traditionnels du village ont exigé de chaque candidat le sacrifice d’un zébu. Quelque peu outrées, les femmes se sont prononcées : « Ces candidats sont tous nos enfants … Pourquoi les inciterions-nous à dépenser autant, alors qu’un seul sera élu ? Attendons les résultats … que celui qui gagne nous offre un zébu ! ». Et il en fut ainsi. [ Groupe Jeunes Filles, Antevato – Soanierana]

2-1-1-4-2-Une participation des femmes au processus de prise de décision à Ambohigogo

Comme à l’accoutumée, l’ « Ampanjaka » et la « communauté des hommes adultes »ont tenu leur réunion libre entre eux et ont informé la population des décisions prises. Mais cette fois-ci, les femmes n’ont pas apprécié les décisions des hommes et ont décidé de tenir leur propre réunion libre sur le problème dont il était question, sous la présidence de la « Renim-biavy ». Les résolutions prises à l’issue de la réunion des femmes ont été soumises au « Ampanjaka »et à ses conseillers. Les « propositions » des femmes ont été examinées et discutées par les hommes en les comparant avec les leurs avant que l’ «Ampanjaka » ne prenne la décision finale. A la question posée par l’équipe d’enquête : « pourquoi les femmes et les hommes ne se réunissent-ils pas ensemble ? », la réponse était : « les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes points de vue … alors les réunions n’aboutissent jamais … » [Groupe Jeunes Hommes, Sahavoay – Ambohigogo]

2-1-1-5- L’appartenance des hommes et des femmes au « Tranobe »

De manière générale, cette organisation sociale donne aux membres de la communauté, femmes et hommes, les avantages liés à l’appartenance au « Tranobe » :

• droit de résider en paix et en convivialité avec ses co-habitants dans le village ; • droit de bénéficier de la solidarité du village lors des événements heureux ou malheureux ; • droit d’accès au ‘kibory’ ou tombeau en cas de décès ; a ce niveau, une situation d’égalité est relevée. Mais lorsqu’il s’agit de la répartition et/ou du contrôle des ‘gains’ matériels obtenus à travers cette organisation sociale, des disparités apparaissent. Généralement, les femmes et les jeunes 16 sont exclus de la gestion des produits issus de l’acquittement des sanctions 13 , des cotisations et des ‘services’ 14 fournis par la hiérarchie : « On nous fait danser tout l’après-midi pendant les ‘propagandes’ (sic) et ce sont ‘eux’ (allusion aux chefs traditionnels et à leurs conseillers) qui se partagent l’argent que les ‘autres’ donnent » [Groupe Femmes, Antefasy - Sahafoza].

Cet exemple, d’apparence anodine, donne une idée des rapports de genre inégaux dans les villages, au détriment des femmes. Cette situation est plus visible au sein du ménage / de la famille.

2.1.2. Places et rôles des femmes et hommes au sein du ménage

L’homme est chef de famille : c’est un point commun entre le droit coutumier et le droit positif malgache. Les communautés des villages de l’étude étant de type patrilocal, l’homme décide seul de la résidence du couple. D’un autre côté, il faut noter la fréquence élevée de ménages monoparentaux dirigés par les femmes dans les villages. Dans ce cas, la quasi-totalité des femmes chef de ménage assument seules les devoirs et obligations dévolus au couple.

2.1.2.1- Statuts respectifs de l’homme et de la femme au sein du ménage

La suprématie de l’homme au sein du ménage est admise à l’unanimité : « L’homme a un statut supérieur à celui de la femme ». Cette assertion retrouvée dans toutes les discussions auprès des membres de la communauté et des personnes bien informées, dénote l’enracinement de cette conception des rapports femmes-hommes dans la région. Conception qu’hommes et femmes utilisent de manière récurrente, pour ‘justifier’ des disparités de genre au sein du foyer qu’ils reconnaissent même parfois ‘injustes’.

Vécus et conceptions sont alors avancés par les participant(e)s aux discussions pour soutenir de manière convergente qu’au sein du ménage, l’homme est « chef », « décideur » et « tuteur de la femme » tandis que cette dernière est « procréatrice », « corvéable » et « exécutante ». Toutefois, il est noté que les femmes sont moins éloquentes sur leur propre statut qu’elles ne le sont sur celui des hommes.

Des rapports de domination découlent ainsi des statuts attribués aux hommes et aux femmes où l’homme aurait « un pouvoir fort » au sein du ménage et envers qui la femme doit respect et soumission. Suivant leur prévalence décroissante, les principales raisons énoncées qui expliqueraient cette situation sont d’ordre économique puis structurel.

13 Les sanctions se règlent en numéraires ou en zébus accompagnés d’alcool ; les zébus sont abattus et distribués à la communauté tandis que lorsqu’il s’agit de numéraires, leur utilisation relève du pouvoir du ‘Mpanjaka’. 14 Les services demandés auprès de la hiérarchie seraient payants. 17

En effet, les répondant(e)s invoquent spontanément le fait que l’homme est « chef »,« décideur », et « tuteur de la femme » tandis que cette dernière est « procréatrice »,« corvéable »et « exécutante ». A cet égard, la crainte d’une répudiation par le mari amènerait la femme à accepter ces conditions de vie commune à son désavantage et ce, dans la limite du ‘supportable’. Car, comme le confirment les hommes : « C’est uniquement parce qu’elle est ton épouse à la maison que les biens que tu as chez toi lui appartiennent. Dès qu’elle part, tout te revient » [Groupe Hommes en Union, Antefasy – Vohilava].

Viennent ensuite les règles coutumières, qui, de toutes les façons, auraient érigé l’homme à son statut de supériorité : « On a mis la place de l’homme à l’Est de la maison, c’est qu’il a la place des honneurs, celle des plus grands » [Groupe Femmes en Union, Antefasy – Vohimasy] : « L’homme ne s’est pas intronisé ‘supérieur’ mais c’est sa ‘place’ à la maison (sous-entendu à l’Est) qui le rend supérieur » [Groupe Hommes en Union, Antevato – Soanierana].

Et de manière concomitante, c’est la transmission de l’héritage par les hommes selon les règles traditionnelles qui renforce cette croyance en la supériorité des hommes. Il convient de signaler que chez les Sahavoay d’Ambohigogo, les femmes peuvent néanmoins hériter dans le cas où :

• les enfants issus de l’union sont tous des filles ; • les femmes sont co-épouses d’un polygame. Il appartient alors à celles-ci de donner ou non les biens à leurs filles et/ou à leurs garçons.

Et bien que relevée de manière isolée, la bible est invoquée dans un groupe masculin de Soanierana pour confirmer cette suprématie de l’homme au sein du ménage : « Tant que la femme est en union libre, quelle que soit sa place, ou les droits qu’elle veut avoir, peu importe sa capacité à travailler ou les revenus qu’elle peut rapporter, tant qu’elle est encore dans la maison de son mari, c’est toujours l’homme qui est supérieur. C’est Dieu qui lui a donné ce droit » [Groupe Hommes en Union, Antevato – Soanierana].

2-1-2-2- Le processus de prise de décision au sein du ménage

De manière subséquente, le processus de prise de décision au sein du ménage donne une grande marge de manœuvre à l’homme. Généralement, les ‘grandes’ décisions lui reviennent, lesquelles sont prises de façon unilatérale. Il s’agit notamment des investissements, du choix des techniques culturales ou des semences, de l’achat des moyens de production, de la diversification des activités économiques de marché par exemple : l’élevage, et de l’instruction des enfants. 18

Les domaines où les femmes peuvent décidé seules se limitent à l’achat des produits de première nécessité et des petits ustensiles de cuisine ainsi qu’aux vaccinations et à la santé des enfants. Le principe de ‘décision convenue’ existe mais où le dernier mot reviendrait toujours à l’homme. Il s’agit, entre autres, de la décision à pratiquer la planification familiale à laquelle la majorité d’hommes s’opposeraient, de l’acquisition d’habits notamment pour la femme, de l’achat des équipements pour la maison, et des petites actions d’entraide et de recours : « Si l’homme n’est pas là, il n’y a rien qui puisse être fait … Si ton voisin veut emprunter du riz ou de l’argent à la maison, on doit avoir l’accord de l’homme avant d’agir » [Groupe Jeunes filles Antefasy – Vohilava].

Les femmes chef de ménage quant à elles, ont leur latitude pour décider de leur vie. Ce qui constituent un des avantages qu’elles ressentent dans leur statut de femme chef de ménage. Et vis-à-vis de leur statut au sein de la communauté et de la famille, des démarcations se dégagent entre les sites. Si chez les Sahavoay d’Ambohigogo elles seraient considérées comme toutes les femmes de la communauté, elles feraient par contre l’objet de peu d’estime de la part de la société chez les Antefasy et les Antevato : « On nous classe comme les petits enfants … Nous n’avons aucune valeur » [Groupe Femmes chef de ménage, Antefasy – Sahafoza].

2-1-2-3- La répartition des tâches au sein du ménage

La division traditionnelle du travail entre femmes et hommes repose sur la différence en besoin de force physique ainsi que sur les droits et obligations attachés aux positions respectives de l’homme et de la femme.

Les hommes assurent :

• le travail de la terre qui requiert force physique et énergie par exemple labours, piétinage ; • le sarclage et le transport des récoltes dans la riziculture ; • tous les travaux liés à la culture du manioc et le cas échéant du taro; • et la recherche du bois de chauffe.

Il revient aux femmes de faire :

• le repiquage et la récolte du riz ; • la plantation et la récolte des patates douces ; • la récolte de brèdes et le cas échéant, les travaux liés aux cultures maraîchères et légumineuses; 19

• toutes les tâches domestiques par exemple pilage du riz, préparation des repas, corvée d’eau, travaux de vannerie pour les besoins du ménage ainsi que la prise en charge des soins donnés aux enfants, incluant la santé par exemple suivi vaccinations et consultations médicales.

Cette division sexuelle du travail est reproduite chez les jeunes garçons et les jeunes filles qui aident respectivement leur père et mère quand ils ne sont pas / plus à l’école. A ce sujet, les jeunes filles dénoncent que les responsabilités domestiques retombent en grande majorité sur elles. Ce qui engendrerait des impacts négatifs sur leurs résultats scolaires dans le cas où elles poursuivent encore leurs études. Dans leur jeune âge, à l’exception de la corvée d’eau qui est attribuée spécifiquement aux petites filles et de la garde de zébus et/ou la recherche de bois de chauffe spécifiquement aux garçons, les tâches des garçons et fillettes sont identiques.

Sinon, il appartient à l’heure actuelle à l’homme et à la femme de ‘nourrir’ la famille alors que dans le temps, cette fonction était du ressort ‘officiel’ de l’homme. Dans le cas des femmes chef de ménage, une inversion des rôles est d’ailleurs notée : les femmes assument seules tous les devoirs liés à la ‘survie’ des enfants issus d’une séparation du couple. Quand ceux-ci sont grands, leur père les reprend sans que leur mère s’y oppose : le père biologique est selon les termes des femmes « le véritable propriétaire des enfants » leur donnant droit au tombeau ou kibory du lignage ( PISAF ,2002 ).

2-1-2-4- L’emploi du temps type des femmes et des hommes

A Madagascar, « Les femmes adultes travaillent en moyenne une heure de plus que les hommes, aussi bien en ville qu’à la campagne » et « Les femmes adultes consacrent quatre fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques »15 .

Les tendances qui se dégagent de l’emploi du temps des femmes et des hommes dans la région de Farafangana confirment cette situation. Le tableau N°2 ci-après présente l’emploi du temps type des femmes et hommes en union selon trois cas de figure vécus dans les villages de l’étude.

15 Source : Enquête Emploi du temps 2001 – INSTAT –DSM /PNUD – MAG /97/007 : EPM 2001 20

Tableau N° 2 : Emplois du temps type des femmes et hommes en union libre dans les villages.

Heures F et H participants aux VCT F participante aux VCT Sans VCT approximati pendant ‘saison morte’ pendant période culturale ves Femme Homme Femme Homme Femme Homme 5h – 5h30 Réveil, Pilage du Réveil, Pilage du Réveil, Pilage du riz riz riz 6h Corvée d’eau Réveil Corvée d’eau, Réveil, Petit Corvée d’eau, Réveil, Petit Hygiène Travaux des Hygiène déjeuner Hygiène corporelle, déjeuner corporelle champs corporelle, Vaisselle, Préparation Vaisselle Vaisselle, petit déjeuner, Préparation petit Préparation petit Services petit déjeuner déjeuner, déjeuner, Petit Services petit déjeuner déjeuner, Petit déjeuner 7h Services petit Petit déjeuner Travaux dans les Travaux dans Travaux dans les Travaux des déjeuner, Petit Travaux des VCT les VCT VCT champs déjeuner, champs Préparation des enfants 8h Lessive, Travaux des champs 13h Corvée d’eau Repos Recherche de bois Préparation de chauffe déjeuner 14h Services Déjeuner déjeuner, Sieste Déjeuner, Vaisselle 15h Cueillette de Travaux des Corvée d’eau , Déjeuner Corvée d’eau , Déjeuner fruits ou de champs Rech Préparation Sieste Préparation déjeuner, Sieste brèdes, Vente erche de bois déjeuner, Services- déjeuner , Suivi travaux des des produits de chauffe Services- Recherche de Déjeuner , Vaisselle champs trouvés déjeuner , bois de Déjeuner , chauffe Vaisselle 16h Cueillette de fruits Travaux dans les ou des brèdes, champs Vente des produits récoltés/cueillis 18h Pilage du riz, Pilage du riz, Pilage du riz Corvée d’eau Corvée d’eau Corvée d’eau 19h Préparation Loisirs, Préparation dîner Loisirs, Préparation dîner Loisirs, Activités dîner Activités Activités sociales sociales sociales (discussions/vision (discussions/v (discussions/ nage projection isionnage visionnage vidéo, …) projection projection vidéo, …) vidéo, …) 20h Service- dîner, Dîner Service- dîner, Dîner Service- dîner, Dîner, Dîner Dîner, Vaisselle Dîner, Vaisselle Vaisselle 21h Fin de journée Fin de journée Fin de journée Fin de Fin de journée Fin de journée journée Source : Groupes de discussions dirigés / interviews / observations dans les 8 villages d’enquête 21

Il faut noter que l’étude a voulu donner une idée ‘approximative’ des activités types qui sont menées par les femmes et hommes en union libre de tous les sites retenus. Ce qui exclut les activités particulières relevées dans certains villages telles que les mères qui accompagnent systématiquement leurs enfants en bas âge à l’école, le cas relevé pour le foko Sahavoay d’Ambohigogo, les femmes qui consacrent une partie de leur temps à des petites activités ponctuelles rémunératrices de revenu.

Il se dégage du tableau 2 que globalement, les femmes ont peu de temps alloué aux activités économiques marchandes alors qu’elles ont une journée pleine. D’autre part, en cas d’activité complémentaire par exemple VCT , leurs activités domestiques demeurent inchangées. Ceci reflète par ailleurs la réalité de la plupart des femmes chef de ménage amenées à s’activer dans des activités rémunératrices pour répondre aux besoins quotidiens de la maisonnée.

Pour confronter les résultats précédents, il est important de voir la situation familiale des femmes et des hommes au sein du ménage.

2.1.3. Les femmes et les hommes par rapport à la situation familiale.

La situation familiale des deux sexes parait influencer comportement au niveau de la communauté’ Le tableau quatre met en exergue que :

• Dans les quatre Foko, la majorité des hommes, tournant autour de 88%, sont mariés suivant la tradition, la polygamie faisant partie de la coutume. Rares sont les hommes qui sont séparés de leurs femmes ; d’où le taux relativement faible des hommes séparés ; ce taux varie de un à deux pour cent.

• Contrairement au constat précédent, le taux des femmes mariées traditionnelles est faible et varie entre 11 et 12 % ; ceci s’explique par le fait que peu de femmes supportent la polygamie, et elles préfèrent quitter leur mari après le mariage, d’où le taux de séparation élève entre 22 et 25% ; en complètement de cette analyse, le taux des femmes qui préfèrent le célibat est aussi élève et varie de 48 a 52% ; cette importance est notable chez le foko Antefasy et cela pourrait entrainer une certaine émancipation des femmes dans ce foko.

22

• Le taux de veuvage est accentué chez les femmes, pouvant atteindre 17 à 20% ; autrement dit, le taux de décès chez les hommes parait élevé. Ces décès sont liés soit à la participation aux événements de 1947 soit à la résistance affaiblie par rapport aux différentes maladies.

Tableau N°3 : La situation familiale des femmes et des hommes

Le Foko du Zone Antevato – Sud Sahavoay –Ouest Antefasy – Centre Zafisoro – Nord

( Commune Rurale ) (Antsiranambe ) (Ambohigogo ) ( ) ( Vohilengo )

Situation familiale Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Célibataire 3,5 49,7 3,9 48,7 2,4 52,6 3,2 51,7 ( % )

Marié traditionnel 87,7 11 88,5 11,9 88 12,1 88,1 11,4 % )

Séparation ( % ) 2 23,3 1,9 21,9 1 35,5 2,5 25,7

20,4 Veuve ou veuf ( % ) 3,1 19,7 3,3 17,1 2,5 3,4 20,7

Source : PISAF , 2003

Les villages de l’étude comptent approximativement entre 500 à 1.200 habitants 16 . Les quelques données désagrégées par sexe disponibles dans certains villages donnent un nombre équivalent de femmes et d’hommes.

L’étude des situations socio-économique des femmes et des hommes dans les villages en mettant l’accent sur les implications des pratiques coutumières et/ou sociales en termes d’opportunités et contraintes par rapport à l’accès et contrôle des ressources et bénéfices. L’analyse veillera à relever les convergences et démarcations entre les différents groupes d’étude.

16 Dans certains villages, le Fokontany ne disposait pas de bureau et/ou de registre sur la population mais les données disponibles donnent les chiffres ci-après : la population totale est de 1158 à Ambohigogo, de 953 à Vohimasy , de 529 à Soanierana, aux environs de 1000 habitants à Vohilava et de 1050 à Sahafoza. 23

2.2. La situation socio-économique des femmes et des hommes

2.2.1. L’accès à l’instruction

Il convient de faire la distinction entre le niveau d’instruction des adultes et l’instruction des enfants, filles et garçons.

2-2-1-1- L’accès de l’éducation en général a Madagascar

En 1994, alors que 56,6% des femmes et 37,3% des hommes âgés de 50 à 59 ans n’ont jamais fréquenté l’école, chez les 10-19 ans, ces proportions tombent respectivement à 23,0% et 23,2%. En milieu rural, 61,4% des femmes et 43,2% des hommes âgés de 50-59 ans n’avaient jamais mis les pieds à l’école, alors que ces proportions se réduisent à 27,0% et 27,5% respectivement pour les filles et les garçons de 10 à 19 ans. ( PNUD /INSTAT – Genre et Education – 2003 )

2-2-1-2- Le profil de la communauté en matière d’éducation

Selon différentes sources 17 , la proportion de femmes et hommes alphabétisés est relativement faible. Toutefois, dans tous les villages, les femmes qui n’ont jamais fréquenté l’école sont toujours plus nombreuses allant parfois jusqu’à trois femmes sur quatre cas a Soanierana et a Betaikomby 18 contre approximativement deux hommes sur quatre chez les hommes dans ces deux villages. Sinon, dans les autres villages, les estimations varient entre 50 à 60% de femmes qui n’ont pas fréquenté l’école contre 40 à 50% chez les hommes.

D’autre part, des nuances ressortent selon les types de groupe :

• Les femmes chef de ménage semblent compter plus d’alphabétisées que les femmes en union. Au cours de l’enquête, le ‘recrutement’ de femmes alphabétisées pour les groupes de discussion a été moins ardu chez les femmes chef de ménage qu’il ne l’était pour les femmes en union. L’étude n’est pas en mesure d’établir des relations directes entre les deux situations. Toutefois, le niveau d’indépendance d’esprit et de leadership relativement élevé (par rapport à l’ensemble des femmes des villages) noté chez une partie des concernées, amène à penser que leur niveau d’instruction les a aidées à franchir d’elles-mêmes plus facilement le pas de la séparation, ou bien, était source de problèmes pour leur conjoint qui finissait par les répudier. Par raisonnement à contrario, les femmes moins alphabétisées s’accommoderaient plus aux conditions de leur union ou accommoderaient davantage les hommes.

17 Il s’agit notamment des Maires, Chefs quartiers, Instituteurs et responsables de CSB . 18 L’enclavement de ces deux villages en constitue un facteur explicatif ; Betaikomby est un village de peuplement récent provenant d’une région encore plus enclavée. 24

• Il y a plus d’alphabétisés dans les groupes ‘jeunes’ que dans les groupes ‘adultes’, révélant une meilleure scolarisation des dernières générations par rapport aux générations antérieures. Cependant, les jeunes filles ont fait en moyenne trois années d’études primaires si une proportion non négligeable des jeunes garçons en a fait plus de cinq ans. Ce qui dénote un problème de déscolarisation des filles et des garçons mais qui semble plus précoce chez les filles. Généralement, les jeunes célibataires qui ont fini leur premier cycle du secondaire ne resteraient pas dans les villages.

D’une manière générale, les femmes ayant participé aux discussions déplorent que leur bas niveau d’instruction limite leur accès aux opportunités de développement : « Nous sommes vraiment pénalisées par le fait de ne pas savoir écrire même notre nom… C’est toujours mieux d’avoir été à l’école car dans notre cas, on est vraiment ignare . Même si on nous donne un papier qui peut nous tuer, nous ne pourrons pas le savoir. Quel travail pourrions-nous faire avec ça ? » [Groupes jeunes filles, Antefasy-Vohilava].

Ces différents résultats sont synthétisés dans le tableau N °4. On note toujours que le Foko Antefasy connait le taux le plus élevé en matière d’éducation.

Tableau N°4 : Niveau d’instruction par Foko

Le Foko du Zone Antevato – Sud Sahavoay – Ouest Antefasy – Centre Zafisoro – Nord

( Commune Rurale ) (Antsiranambe ) (Ambohigogo ) (Anosy Tsararafa ) ( Vohilengo )

Niveau Scolaire Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Non scolaris é 40 60 41,1 58,7 38,6 47,6 42 57 ( % ) Pas de diplôme 67 87 67,1 87 53,3 68,7 65 80 ( % ) Niveau CEPE 38 11 44 20 48,5 29,7 35 13 ( % ) Niveau BEPC 21,6 6,5 15,8 5,8 25 8 19,9 7,6 ( % ) Niveau BACC 2,6 0 3 0 8,5 2 3,5 0,5 ( % ) Source : PISAF , 2003

25

2-2-1-3-Quelques réalités dans les villages concernant l’instruction des filles et des garçons

• Selon un ‘dina’ ou convention convenue entre les membres de la communauté du foko Zafisoro, village de Betaikomby, les parents sont frappés d’une sanction de 5 000 Ariary s’ils n’envoient pas leurs enfants à l’école. • Pour le cas particulier du foko Sahavoay du village d’Ambohigogo, on enregistre 466 enfants de 3 à 14 ans : - 436 enfants sont scolarisés dont 220 garçons et 216 filles, représentant 51% et 49% - Sur les 30 enfants non scolarisés, 17 sont des garçons et 13 des filles soit respectivement 57% et 43%. • Le problème de déscolarisation semble relever de multiples facteurs mais pas uniquement et toujours du fait d’être fille ou garçon. Le cas d’un jeune garçon d’Ambohigogo, qui, après un an de ‘vagabondage’, a repris les chemins de l’école en est un exemple-type. • Pour le cas de Lycée à Farafangana, année scolaire 2005-2006, dans une classe d’effectif a peu près de 50 élèves, on note les différentes proportions suivantes de foko et on conclut que le Foko Antefasy est le plus dominant.

Tableau N°5 : Répartition de Foko dans une classe

Foko Antefasy Zafisoro Antevato Sahavoay Effectif 30 8 6 6 Pourcentage ( % ) 60 16 12 12

Source : Lycée Farafangana

2-2-1-4-L’instruction des enfants

En dépit du bas niveau d’instruction général des adultes, ceux-ci semblent globalement attacher une importance à la scolarisation des enfants, même si parfois, l’objectif n’est pas toujours d’avoir une scolarisation complète mais plutôt d’éviter l’analphabétisme. De la même manière, les parents semblent traiter filles et garçons sur le même pied d’égalité en matière de scolarisation. 26

A la question « En cas d’insuffisance de ressources, lequel de vos enfants, votre fille ou votre garçon, sera envoyé(e) à l’école » 19 , les réponses émises laissent dégager deux grandes tendances.

La tendance dominante ne lie pas le choix avec le sexe de l’enfant mais plutôt à ses capacités, prestance et performances. Ce qui reflète l’absence d’attitude particulièrement discriminatoire de la part des parents actuels. « A mon avis, c’est en fonction de la capacité de l’enfant. Par exemple, même si l’aîné est un garçon et que c’est sa cadette qui est plus douée, alors je retirerai le garçon de l’école pour envoyer la fille ». [Groupes hommes en union, Antevato- Soanierana] ; « On ne peut pas prendre la décision en se basant sur le fait que c’est un garçon ou une fille. Même si c’est une fille, elle peut très bien battre les garçons si elle est plus intelligente. Si c’est le garçon qui est le plus performant, alors je retirerai la fille ». [Groupe hommes en union, Zafisoro-Ankarimbary].

De moindre prévalence, la tendance opposée, c'est-à-dire dont le choix est influencé par le sexe de l’enfant, a été soutenue diversement selon les types de groupe concernés.

La préférence d’envoyer les filles à l’école plutôt que les garçons a été défendue surtout dans des groupes femmes chef de ménage et de manière isolée dans un groupe d’hommes en union. Les raisons évoquées par les deux types se rejoignent mais procèdent d’une logique quelque peu différente :

• Pour les femmes chef de ménage, la raison énoncée de manière convergente est la compensation de l’inégalité de genre au détriment des filles en matière d’accès à l’héritage : « Déjà elle n’hérite pas de son père, alors c’est elle que j’enverrai à l’école … » [Groupe Femmes chef de ménage, Antefasy – Sahafoza] ; « C’est parce que le garçon a déjà les terres de son père. Alors, si la fille est instruite, c’est son héritage » [Groupe femmes chef de ménage, Zafisoro-Betaikomby]. • Dans le groupe d’hommes, la projection du futur rôle des garçons en leur qualité d’héritiers en constitue la motivation : « C’est le garçon que je retirerai de l’école. Comme ça, il apprendra à garder mes zébus dont il sera plus tard le propriétaire » [Groupe hommes en union, Antevato-Soanierana].

La préférence d’envoyer le garçon à l’école plutôt que la fille a été recueillie dans les groupes femmes de Soanierana et auprès d’hommes en union, instruits et ‘non pauvres’, de Vohilava. Les

19 Cette question a déjà été utilisée dans l’étude sur ‘Vécus et perceptions des relations de genre par les femmes et les hommes’, Focus Development Association / PNUD – RNDH 2003 27 motivations avancées sont fortement imprégnées des rapports sociaux de genre qui prévalent dans les villages :

• Pour les hommes, ce choix est l’effet des croyances en la supériorité de l’homme : « Je ne vois pas pourquoi j’hésiterai à maintenir le garçon à l’école ? Bien sûr que c’est le garçon qui sera ma priorité ! » [Groupe hommes en union, Antefasy-Vohilava] ; • Pour les femmes c’est l’acceptation du caractère corvéable de la femme : « C’est la fille que je retirerai de l’école pour s’occuper des enfants. Ce sont les filles qui savent faire ça. Si je vais aller chercher de quoi manger pour la maison, c’est la fille que j’aurai retirée de l’école qui s’occupera de ses cadets… C’est même à cause de ça qu’il y beaucoup d’illettrés chez nous… » [Groupe femmes chef de ménage, Antevato-Soanierana].

La conviction des femmes chef de ménage à investir dans l’éducation des filles peut être expliquée par les conditions éprouvantes qu’elles vivraient elles-mêmes pour assurer leur propre survie et celle de leurs enfants. A l’inverse, les motifs évoqués par les femmes en union pour justifier le choix de retirer les filles de l’école, dénotent une faible prise de conscience des inégalités de genre qu’elles vivent quotidiennement. L’accès aux autres services sociaux, dans une perspective de genre, sera examiné dans ce qui suit selon leur pertinence par rapport aux objectifs de l’étude.

2.2.2. Les conditions de vie des femmes et des hommes

L’ampleur des ménages monoparentaux dirigés par des femmes est frappante : dans certains villages il y a plus de femmes chef de ménage que de femmes en union. Les mariages sont également précoces et pendant l’immersion de l’équipe d’enquête dans les villages, il n’était pas rare de rencontrer une jeune femme de 15 ans qui a déjà vécu plus d’une union. Enfin, les femmes ont en moyenne entre 5 et 6 enfants vivants.

2-2-2-1-L’accès aux services de santé

En matière de santé, les principales préoccupations des communautés villageoises recueillies dans leurs propos se focalisent sur la santé des enfants 20 et les questions liées à la santé reproductive des femmes par exemple : accouchement, planification familiale. Par contre, tous les groupes sont moins éloquents sur les problèmes de santé reproductive des hommes.

Comme mentionné précédemment, la santé des enfants relève de la compétence de la femme : elle est de ce fait amenée à fréquenter les centres de santé plus que les hommes. A cet égard, il est à signaler qu’à l’exception d’Ambohigogo qui est doté de deux dispensaires 21 , les centres de

20 La province de Fianarantsoa présente le taux le plus élevé de mortalité infanto-juvénile dans tout le pays (203,8). Source : EDS 97/ Instat 21 Un CSB II est un dispensaire catholique 28 santé sont situés entre 3 à 7 Km des villages. Ce qui alourdit davantage le temps alloué par la femme aux soins des enfants.

Mais quoiqu’il en soit, la question d’accès des femmes aux soins de santé ne semble pas relever uniquement du problème d’accessibilité des centres de santé. A titre illustratif, dans le village d’Ambohigogo, le taux de prévalence contraceptive est très faible avec un taux de déperdition 22 élevé. Alors que paradoxalement, les avortements clandestins y seraient très fréquents. Par ailleurs, dans tous les villages, les femmes en union se plaignent d’ « être fatiguées d’avoir trop d’enfants » et déclarent vouloir arrêter de procréer.

Cependant, l’étude relève que dans les sites d’enquête, ce sont des femmes chef de ménage qui pratiquent la contraception, les femmes mariées restant tributaires de la décision de leur mari sur la question : « Je n’ai plus envie d’avoir des enfants car nous avons vraiment des problèmes pécuniaires. Mais mon mari ne veut pas que je fasse la planification familiale ». [Groupe femmes en union, Antevato-Soanierana]. Une éventuelle obstination des femmes à pratiquer la planification familiale serait même parfois source de séparation. Ce qui dénote une faible capacité de négociation de femmes sur des questions qui touchent leur propre corps.

Dans tous les cas, les données disponibles indiquent qu’après Mahajanga, c’est dans la province de Fianarantsoa que les femmes sont les moins informées des méthodes de planification familiale par exemple 47,3% des femmes connaissent une méthode de planification familiale contre 71,6% à Antananarivo23 . La sensibilisation des femmes sur la question serait qualifiée par les hommes d’ « Incitation de leurs femmes au vagabondage sexuel » selon les informateurs-clés dans les villages.

Enfin, les responsables des CSB interviewés confirment que les femmes commencent à suivre les consultations prénatales. Malgré tout, pour les accouchements, le recours aux accoucheuses traditionnelles est encore très fréquent tels que les ‘chefs des femmes’ sont souvent des ‘accoucheuses’. C’est seulement lors des complications liées à l’accouchement que les femmes sont emmenées dans les centres de santé/maternité par leur famille 24 .

Pour le cas des femmes chef de ménage mais qui tombent en dépit de tout enceintes, la prise en charge des coûts des langes du bébé et des frais d’accouchement par le père biologique de leur enfant constituerait une source de satisfaction. Pour le reste, elles assument seules les joies et déconvenues d’avoir un enfant de plus dans leur maisonnée.

22 En février 2004, le cas d’Ambohigogo a enregistré 24 utilisatrices régulières et entre 5 à 7 ‘perdues de vue’ par mois. 23 Source : EDS 97/Instat 24 Pendant son séjour dans les villages, l’équipe d’enquête a relevé des cas de mortalité maternelle dus à des complications d’accouchement. 29

Enfin, en matière d’hygiène, l’accès à l’eau potable est soulevé de manière prépondérante par les femmes comme problème prédominant. Souvent, la même source d’eau par exemple : rivière, lac, étang sert à la fois pour l’hygiène corporelle et pour l’usage domestique. Ce qui contribue largement à augmenter la morbidité infantile sinon celle de l’ensemble de la communauté

2-2-2-2- La ration des femmes enceintes

A une question posée dans un groupe d’hommes en union : « Si la sage femme conseillait à votre femme de doubler sa ration à cause de sa grossesse, que feriez-vous ? », la réponse était : « Aucune sage-femme sensée ne ferait ça ! De toute façon, nous donnons à notre femme le reste de notre part. Ce n’est pas forcément que nous sommes rassasiés mais nous voulons leur offrir une part de notre ration. C’est un geste d’attention de notre part ! » [Groupe hommes en union, Antefasy-Vohilava]

2-2-2-3- L’accès à l’alimentation

L’étude s’attachera à analyser la question d’accès à l’alimentation dans une perspective de genre.

Dans les villages, femmes et hommes, garçons et filles semblent touchés par la malnutrition. Mais quelque soit la capacité du ménage à assurer ou non les trois repas habituels de la journée, la discrimination à l’encontre des femmes et des enfants est réelle. Découlant des règles coutumières statuant la place de la femme et de l’homme au sein du ménage, les pratiques toujours d’actualité donnent la priorité aux hommes.

Dans beaucoup de ménages visités 25 , le repas était servi dans deux plats de contenance équivalente où l’un revient au père de famille et l’autre à la mère et aux enfants. Dans les jours ‘fastes’ où le riz est servi avec des mets plus consistants, l’habitude serait de donner les meilleures portions à l’homme, en termes qualitatifs et quantitatifs, et le reste aux autres membres du ménage : « Les ailes, le foie et ‘toute la partie postérieure du poulet’ 26 sont données à l’homme » [Groupe femmes en union, Sahavoay-Esatra].

Outre les règles coutumières, les raisons de cette répartition inégale dans l’alimentation résident dans la conviction, partagée par femmes et hommes en union, que « Les hommes travaillent plus dur que les femmes ; de ce fait, ils ont besoin de plus de nourriture pour leur donner l’énergie nécessaire » [Groupe hommes en union, Antefasy-Vohilava].

25 A Betaikomby cependant, il serait indécent de servir le repas de plus de trois personnes dans une même assiette. 26 En malgache, ‘Vody akoho’. A Madagascar, suivant les régions, cette portion revient à celui/celle qui est au sommet de la hiérarchie sociale. Sur les hauts plateaux, elle revient aux plus âgé(s), femmes ou hommes. 30

Cette répartition traditionnelle de la nourriture reste valable pendant la période de grossesse de la femme et au cours de l’allaitement.

De telles pratiques constituent des inégalités de genre qui ont inévitablement des impacts sur la santé physique de la femme surtout lorsque celle-ci est enceinte ou allaitante. Ces pratiques sont encore plus ‘inéquitables’ quand elles sont comparées avec la répartition des tâches au sein du foyer. Pratiquement dans tous les villages, les tâches liées à l’alimentation de la famille sont du ressort de la femme : trouver de quoi cuire, piler le riz, chercher de l’eau, préparer le repas, le servir.

D’autre part, les priorités des femmes et des hommes paraissent également différentes en matière d’alimentation où la consommation d’alcool semble faire partie intégrante des ‘habitudes alimentaires’ des hommes dans les villages visités. Ce qui engendrerait des conflits fréquents au sein du ménage dans la mesure où les hommes sont amenés à ‘puiser’ dans le grenier familial pour satisfaire leurs besoins en alcool. D’ailleurs, cette situation constitue une des sources fréquentes de séparation des unions : « Nous sommes séparés parce que nous étions fatiguées des injustices que nous vivions tous les jours. Nous devions assurer tout à la maison et trouver la nourriture pour la famille. Lui, il ne pensait qu’à son alcool ou à ses femmes. Il vendait même le riz du grenier ou tranambo pour faire ‘la vie’ (sic) et tout le temps c’était la guerre… » [Groupe femmes chef de ménage, Sahavoay-Ambohigogo].

2-2-2-4-L’alcoolisme et ses méfaits : les violences à l’égard des femmes

Dans les villages visités, la consommation d’alcool est quasi-quotidienne et accompagne tous les rites, évènements et réunions de l’ ‘Ampanjaka’ avec ses conseillers, quelque soit leur nature. Une dure journée de travail dans les champs est ‘compensée’ par une ‘dose’ d’alcool et le moindre fait par exemple, visite d’un parent, est une occasion pour faire couler l’alcool. L’union d’un couple est même ‘négociée’ et appréciée sur la base de la quantité d’alcool offerte par le futur gendre.

La conjugaison de telles pratiques avec les conditions de pauvreté et les relations de pouvoir entre femmes et hommes prévalant dans les villages engendre une situation propice à des violences, morales et physiques, dont les femmes sont souvent victimes. Sont notamment dénoncés par les femmes et confortés également par les hommes : les abandons de femmes enceintes, les adultères, les violences verbales, la répudiation de la femme sans motif consistant par exemple lassitude de l’homme, la démission du père des obligations parentales vis-à-vis des enfants, et même parfois des cas où la femme est brutalisée. 31

Il est toutefois signalé que les violences physiques par exemple coups et blessures volontaires sont répréhensibles par les autorités traditionnelles. Encore faut-il que la femme y fasse recours, démarche qu’elle ferait rarement pour plusieurs raisons dont :

• la crainte d’une plus forte ‘répression’ du mari ou le cas échéant, celle d’une séparation ; • et le principe selon lequel ‘le linge sale se lave en famille’, sa famille la conseillant le mutisme tant qu’elle reste en union libre.

En outre, l’adultère de la femme donne au mari le droit de la violenter alors que l’inverse c'est- à-dire adultère de l’homme est ‘permis’ ou toléré.

Quoiqu’il en soit, les séparations dont celles à cause de l’alcoolisme ou de l’adultère sont très fréquentes et selon les affirmations recueillies dans un groupe d’hommes en union d’Ambohigogo : « Au cours de sa vie, un homme peut changer entre trois à quinze femmes incluant les unions de courte durée … ». Il n’est pas non plus rare pour les femmes d’avoir eu trois à quatre maris successifs avant d’y rester ou de devenir femme chef de ménage.

2-2-2-5-Un témoignage de violence à l’égard des femmes

« Les hommes ont un ‘pouvoir fort’ ou mahery didy » . C’est en ces termes que des jeunes filles de Vohilava dénoncent des cas de violence à leur égard perpétrés par leurs propres frères.

« Si nous en parlons à nos parents, nos frères se mettront à nous battre davantage. En fait, ils nous contraignent à verser la quasi-totalité de nos salaires journaliers auprès de nos parents alors qu’eux mêmes en gardent plus de la moitié des leurs pour leurs plaisirs et leur consommation d’alcool … Si nous n’acceptons pas, ils nous battent. Que nous ayons raison ou qu’ils aient tort, nous préférons nous taire car nous n’aurons jamais gain de cause auprès de nos parents ». [Groupe Jeunes Filles, Antefasy – Vohilava]

2.2.3. Les activités économiques

A l’instar des régions rurales de l’île, l’agriculture constitue la principale activité des sites de l’étude. Les cultures vivrières constituent des activités complémentaires pour les femmes et les hommes 27 . Elles sont en grande partie destinées à l’auto-consommation. Pour leur part, les cultures de rente par exemple : café, poivre, sont attribuées aux hommes bien que certaines tâches y afférentes peuvent être assurées de manière auxiliaire par les femmes par exemple : transport, stockage ou vente des produits …

27 Fiche signalétique de l’observation, 2002 32

Cette participation des femmes dans l’agriculture, ce domaine est conçu par les communautés comme la propriété des hommes pour trois principales raisons :

• l’accès des femmes à la propriété foncière demeure problématique ; • le mode d’exploitation traditionnel de la terre requérant force et énergie pénalise la femme de facto ; • et l’importance du travail non rémunéré fourni par la femme, en termes d’allocation de temps, limite de toutes les façons son accès aux opportunités économiques agricoles et/ou non agricoles.

A cet égard, ce sont les femmes chef de ménage qui semblent s’adonner le plus à des activités non agricoles, souvent parce qu’elles y sont contraintes : il s’agit de ‘femmes sans terre’.

2-2-3-1-L’accès à la propriété foncière

La propriété foncière recèle des problèmes des plus aigus dans les villages. Le mode d’acquisition des terres prédominant demeure l’héritage. Ce qui réduit de génération en génération les surfaces cultivables par famille. A ce niveau, des disparités se dégagent entre paysans ‘non pauvres’ et paysans ‘pauvres’, ces derniers étant parfois amenés à vendre leurs terres aux premiers pendant les périodes de grande disette 28 .

Cette situation pénalise la femme de plein fouet. Il est un fait qu’elle n’hérite pas du patrimoine familial : terres, maisons, zébus et autres moyens de production sauf chez les Sahavoay dans le cas où il n’y a pas de garçon dans la fratrie. Cependant les règles coutumières préconisent de lui donner un lopin de terre dans le cas où, après une rupture d’union, elle est de retour dans son village natal. Or, dans les conditions actuelles, le frère héritier ou les parents, appelé à lui octroyer une part des terres ancestrales, est lui-même confronté à des problèmes d’exiguïté des surfaces cultivables. Comme conséquences subséquentes, la femme ne peut plus actuellement compter sur les règles qui, jadis, lui donnaient une protection minimale : elle n’a plus la possibilité de disposer de terre sauf si elle a les moyens d’en acheter.

28 Il faut aussi noter que la vente de terres se fait généralement entre personnes de même lignage. 33

2-2-3-2-Les activités économiques des femmes chef de ménage

Au préalable, il faut noter que lors d’une séparation, les biens communs du couple sont retenus par le mari tels que récoltes, maison, moyens de production, ustensiles de cuisine : « Nous sommes parties de chez lui sans rien … Même pas avec une ‘cuillère’ (sic) » [Groupe Femmes chef de ménage, Antefasy - Vohilava] ; « Quand le couple se sépare, la femme quitte le domicile conjugal tout au plus avec le ‘moustiquaire’ (sic) et les couvertures que nous avons payés pour elle lors du mariage ou fiboahana 29 » [Discussions, Chefs traditionnels, Sahavoay – Ambohigogo]. De retour dans le village de leur père, elles se logent dans des cases vides au sein du village et sont contraintes à assurer seules leur propre survie et celle de leurs enfants. Les veuves, par contre, peuvent continuer à vivre avec leurs enfants dans le village de leur époux décédé 30 .

Pour la plupart, les femmes chef de ménage restent agricultrices. A cet effet, elles sont appelées à négocier des locations de terres 31 pour pouvoir cultiver. Ces terres leur sont cédées, à titre temporaire sans métayage, par des membres de la communauté qui compatissent avec elles. Dans cette optique, il leur arrive d’être carrément sans terre à cultiver au cours d’une saison culturale ou même pendant plus d’une année lorsque personne ne veut leur concéder un lopin de terrain. Si les femmes disposent de terres à cultiver, les travaux y afférents requérant des ‘forces de bras’ sont confiés à des journaliers au taux journalier de 700 Ariary/personne après que les femmes elles-mêmes aient servi comme journalières agricoles (au taux journalier de 500Ariary/personne ou aient entrepris une activité rémunérée.

Dans certains villages par exemple Soanierana, Ambohigogo, elles peuvent recourir au système d’entraide mais pour lequel elle doivent fournir repas et boissons alcooliques d’usage : « Je dépense plus de 25000 Fmg car il leur faut un bon mets, du riz et de l’alcool … Ce qui grève mon budget alors qu’il n’y a pas beaucoup à espérer dans l’agriculture » [Groupe Femmes chef de ménage, Antevato – Soanierana]. Les activités agricoles constituent ainsi un ‘pis-aller’ pour les femmes, compte tenu du faible rendement de celles-ci et de la taille réduite de leurs champs de culture.

Des activités parallèles et/ou alternatives sont alors entreprises lesquelles varient suivant les sites :

29 C’est dire le caractère éphémère des unions : les moustiquaires et les couvertures n’ont pas eu le temps d’être usés 30 Les veuves habitent alors dans la maison de leurs enfants. Dans le cas où le couple n’a pas eu d’enfants, la femme retourne dans son village de provenance à la mort du mari. 31 Il s’agit de petit lopin de terre dont les récoltes suffisent à couvrir les besoins d’un mois, dans les meilleurs des cas. 34

• La pêche traditionnelle utilisant des ‘filets d’osier’ est entreprise par les femmes de Soanierana et de Vohilava mais se heurterait à des problèmes d’épuisement des ressources halieutiques : « Il n’y a plus assez de bichiques ni de poisson ; la pêche ne peut plus nourrir » [Groupe Femmes chef de ménage, Antevato – Soanierana] ; • L’artisanat ou la vannerie est l’activité des femmes de Betaikomby et de Sahafoza où, dans ce dernier village, la production est couplée avec l’achat et revente de produits artisanaux ; dans les autres villages, la vannerie attire de moins en moins les femmes pour quatre raisons :

- le manque de matières premières dû à l’épuisement des ressources végétales à proximité des villages par exemple Vohimasy, Soanierana ;

- la vente à crédit des produits à des collecteurs qui grèverait leur trésorerie ;

- la faible rentabilité de l’activité ;

- et le manque de débouchés dissuadant les femmes à continuer dans la filière par exemple : Vohimasy, Ambohigogo,Ankarimbary;

• Le petit commerce 32 par contre est le domaine de prédilection de la grande majorité des femmes chef de ménage où dans certains sites, toute occasion est mise à profit pour vendre des produits appropriés à la circonstance par exemple alcool lors des funérailles, sucreries lors des festivités.

Ce type d’activité comme le petit commerce serait par contre plus difficilement accessible aux femmes en union du fait de la mobilité qu’elle requiert et de ce fait, de la réticence de leur mari.

2-2-3-3-Les activités économiques des femmes en union libre

Outre leur participation aux travaux des champs sus-décrite, la grande majorité du travail fourni par les femmes en union libre est non rémunéré. Officiellement détentrice du grenier, elle semble tirer peu d’avantages de cette fonction pour deux principales raisons :

• elle a peu de pouvoir pour décider de l’utilisation des récoltes, sauf pour la consommation familiale ; • la quantité réduite des récoltes la contraint à trouver elle-même les solutions pour pallier le déficit.

Le plus souvent, elles s’activent davantage à trouver des produits directement comestibles par exemple : cueillette de fruits / brèdes, pêche que des activités génératrices de revenus. Les principaux motifs avancés résident dans le manque de temps par exemple surcharge de travail

32 Dans le langage parlé local : ‘faire le client’ [manao ‘client’ (sic)]. Soanierana et ‘mivadi-kata’ dans les autres villages. 35

et urgence du problème à traiter et de latitude d’action. Sur ce point, des pointes d’amertume sont décelées dans leurs propos où les femmes chef de ménage constituent leur référence : « Les femmes qui ne sont pas mariées sont vraiment libres. Les femmes mariées travaillent tout le temps, elles sarclent les rizières, et travaillent dans les champs. Les femmes qui ne sont pas mariées n’ont pas d’homme qui les dirige. C’est pour ça que leurs ‘programmes’ (sic) 33 réussissent toujours … » [Groupe Femmes en Union, Sahavoay – Ambohigogo].

Les femmes en union libre qui entreprennent des activités génératrices de revenus sont généralement celles qui n’ont plus d’enfants en bas âge, voire qui sont d’un certain âge. Sinon, les activités exécutées à domicile par exemple : vannerie et l’agriculture semblent attirer de fait les femmes en union libre.

2-2-3-4- La répartition des activités économiques par foko

2-2-3-4-1- Activités principales

La lecture du tableau N°6 suivant montre que l’agriculture constitue la principale activité dans tous les foko. Elle est la moins élevée chez les Antefasy qui se penchent plutôt vers l’activité pêche du fait de l’espace en bord de mer qu’elle occupe.

Tableau N°6 : Répartition des activités économiques par Foko en ( % )

Activités Agriculture Commerce Artisanat Pêche Total ( % )

Foko Antevato dans la zone Sud de la Commune rurale Antsiranambe 86,00 10,00 30,00 01,00 100

Sahavoay dans la zone Ouest de la Commune rurale Ambohigogo 85,50 11,50 02,50 01,50 100

Antefasy dans la zone Centre de la Commune rurale Anosy Tsararafa 66,70 10,50 04,30 18,50 100

Zafisoro dans la zone Nord de la Commune rurale Vohilengo 84,00 11,50 03,00 01.50 100

Source : PISAF ,2003

33 Allusion aux activités génératrices de revenus entreprises par les femmes chef de ménage.

36

2-2-3-4-2- Activités secondaires

L’artisanat par exemple la vannerie, tissage, charpenterie, menuiserie, forge ou d’autres activités de transformation de petite envergure occupent également quelques individus ( 12% ). Quelques individus ( 18,5 % ), en particulier des hommes pratiquent la pêche. Il n’est pas rare de trouver deux ou trois activités complémentaires dans un même ménage. En fonction des calendriers agricoles, des ménages sont à la fois offreurs et demandeurs de main-d’œuvre ; c’est la raison pour laquelle l’agriculture et en particulier le salariat agricole constituent la plus importante catégorie d’activités secondaires. Un tiers des actifs ayant une activité complémentaire exercent dans le secteur tertiaire.

Tableau N°7 : Type d’activités secondaires pratiquées par des individus ( % )

Activités Ambohigogo Vohimasy Antseranambe Vohilengo Vohitromby

Secteur primaire 46,8 62,96 38,66 51,10 60,90 Main d’œuvre agricole 27,8 36,0 21,00 28,60 29,90 Agriculture 4,80 03,20 04,20 01,80 06,90 Pêche 11,90 22,20 09,20 19,40 21,80 Elevage 00,80 00,00 00,00 00,40 00,00 Secteur secondaire ( artisanat) 07,10 08,50 18,50 17,20 11,50 Secteur tertiaire 46,00 28,60 42,90 31,70 27,60 Commerce 04,80 02,20 01,70 01,80 02,30

Source : Source PISAF , 2003

2.3.Les actions d’auto-amélioration de leur situation par les femmes

Les initiatives prises par les femmes ou qu’elles peuvent prendre sont tributaires de leur prise de conscience de :

• la situation de subordination dans laquelle elles se trouvent par rapport aux hommes d’une part ; • et de leurs propres capacités à faire changer leur situation. L’évolution des rapports sociaux de genre reste liée aux prédispositions des hommes à impulser ou à faciliter les changements requis.

Il est judicieux d’aborder les perceptions des femmes, et celles des hommes, relatives aux relations de genre ainsi que leurs aspirations sur la question. Les positions et expériences des femmes par rapport aux actions d’auto-amélioration aussi qu’aux mouvements associatifs seront par la suite examinées. 37

2-3-1-Perceptions et aspirations des femmes relatives aux relations de genre

Le point de sensibilité de la majorité des femmes, quelque soit leur statut, converge sur l’accès des femmes aux revenus du ménage et leur utilisation. Il faut noter que si une part des récoltes sont vendues, dans la plupart des cas c’est l’homme qui en assure le contrôle même si la femme peut en être la détentrice. Mais tant que les revenus sont affectés aux besoins du ménage et le cas échéant, aux besoins vestimentaires de la femme et des enfants, alors les femmes jugent la situation satisfaisante : « Les hommes chez nous ont tous leurs droits… Certains ont leurs droits mais passent leur temps avec leur bouteille. Ils oublient leur femme et leurs enfants… C’est de là que vient le problème, autrement il n’y a pas de problème…» [Groupe femmes en union, Sahavoay-Esatra] . Dans cet ordre d’idée, c’est lorsque les besoins jugés ‘vitaux’ par les femmes sont insatisfaits qu’elles ressentent leur manque de temps et/ou de latitude à agir pour combler les ‘trous’ au foyer.

2-3-1-1-La répartition des tâches au sein du ménage

La tendance majoritaire qualifie de ‘satisfaisante’ la division traditionnelle du travail entre femmes et hommes : les tâches des femmes sont jugées ‘légères’ et celles des hommes ‘ardues’ et seraient respectivement adaptées aux unes et aux autres. Les principales motivations citées à récurrence pour soutenir les points de vue émis se réfèrent en effet :

• Au caractère indispensable du travail de la terre qui ne peut être assuré que par l’homme compte tenu de la fragilité de la femme : « La femme n’est pas faite pour tenir la bêche car celle-ci appartient à l’homme. S’il y a des femmes qui le font, c’est juste par entêtement… C’est pour ça que nous faisons toutes les tâches domestiques car le travail de l’homme est ardu. Il mérite son repos » [Groupe femmes en union, Zafisoro-Ankarimbary] ; « Le travail de l’homme est très dur ; la femme est incapable de le faire car elle est fatiguée des grossesses qui se succèdent. Les tâches domestiques sont à leur portée ». [Femmes chef de ménage, Antefasy- Vohilava]. • Au caractère immuable des traditions que les femmes énoncent tantôt sans état d’âme, tantôt avec résignation et/ou défaitisme: « C’est le destin de la femme, c’est la tradition de toute femme Zafisoro » [Groupe femmes chef de ménage, Zafisoro-Betaikomby] ; « Ce sont les ancêtres qui étaient avant nous qui ont établi ces traditions. Nous sommes arrivées après eux… 38

Qu’est-ce qu’on peut bien faire maintenant puisqu’ils les ont faites comme ça ? » [Groupe femmes en union, Antefasy-Vohilava].

Autrement, les autres aspects des relations de genre sont diversement perçus suivant les types de groupe.

2-3-1-2-Les relations de pouvoir entre femmes et hommes

Les relations de pouvoir entre femmes et hommes au sein du ménage sont estimées satisfaisantes ou acceptables par les femmes en union et les jeunes filles en général et la majorité des femmes chef de ménage de Soanierana. Les raisons évoquées à cet effet convergent sur leur dépendance économique vis à vis de l’homme :

• Pour les femmes en union libre, c’est la crainte/l’appréhension d’une séparation qui les mettrait dans une situation de précarité. • Pour les femmes chef de ménage de Soanierana, les conditions des relations dans l’union seraient plus supportables que la précarité vécue dans la séparation : les hommes représenteraient leur unique planche de salut. • Pour les jeunes filles, c’est l’espérance d’avoir un homme qui subviendrait à leurs besoins, notamment par le biais des activités agricoles dont l’homme en serait le garant : « Il a ses terres et sa force physique pour me nourrir car maintenant je dois travailler mais tout verser à la maison pour aider mes parents » [Groupe jeunes filles, Antevato-Soanierana].

Ces relations de pouvoir sont par contre décriées injustes par la grande majorité des femmes chef de ménage, excluant celles de Soanierana, et par des minorités au sein des groupes des femmes en union : « C’est pour ça qu’il y a beaucoup de femmes qui ne sont pas mariées chez nous, c’est parce qu’on se sous-estime. Lui il veut toujours être supérieur et de ce fait, il ne se soucie pas du tout des autres. Il dépense tout dans ses boissons alcooliques. Et il te dit : ‘Accepte que je suis supérieur à toi parce que je suis un homme’ » [Groupe femmes chef de ménage, Sahavoay-Ambohigogo].

Si les femmes en union libre concernées affichent des attitudes d’impuissance face à cette situation, les femmes chef de ménage semblent faire montre de plus de détermination. Ces deux attitudes divergentes peuvent être expliquées par les différences en termes de confiance en soi et ‘pouvoir économique’ entre les deux types de groupe : « Les hommes et les femmes ont maintenant les mêmes droits parce que tous les deux s’activent actuellement à chercher de quoi manger. Lui il travaille pour gagner de quoi nourrir sa femme. Moi c’est la même chose, je 39 travaille en faisant mon petit commerce. Nous avons maintenant les mêmes droits ! » [Groupe femmes chef de ménage, Sahavoay-Ambohigogo].

Concernant l’organisation sociale au niveau de la communauté, la grande majorité des femmes semble s’y désintéresser et s’en remettre à l’ordre établi.

2-3-1-3-Les réactions des femmes face aux inégalités de genre ressenties

Pour les femmes en union libre :

« C’est injuste mais il n’y a rien à faire car tout ce que l’homme dit est vérité » [Groupe femmes en union, Zafisoro-Ankarimbary].

« Nous savons que tout ce que nous faisons est peine perdue ou herimpo very maina ! Mais on n’y peut rien… » [Groupe femmes en union, Antefasy-Vohilava].

Pour les femmes chef de ménage :

« Je lui ai carrément dit : ‘ Nous avons des responsabilités équivalentes’, donc ‘ne me sous- estimes pas’. Alors j’ai préféré m’en aller. Actuellement, ma vie est plus paisible que celle des femmes mariées » [Groupe Femmes chef de ménage, Sahavoay-Ambohigogo]

2-3-1-4-Les aspirations pour le futur

En termes d’aspirations pour elles-mêmes, la reproduction de la situation actuelle est énoncée de manière générale par les femmes. Les exceptions ont été surtout relevées chez les femmes chef de ménage qui aspirent à une meilleure égalité entre femmes et hommes sur le plan social et économique. Les questions politiques semblent peu les intéresser.

Mais en projetant sur leurs enfants les relations de genre souhaitées, des images différentes de leurs vécus transparaissent. Bien qu’il y ait des nuances entre les différents types de groupe, la tendance dominante converge vers des aspirations de voir leurs filles et leurs garçons dans des rôles économiques équivalents.

Ainsi, la quasi-totalité des femmes chef de ménage et des jeunes filles ainsi qu’une partie faiblement importante de femmes en union libre aspirent à ce que leurs filles aient un emploi dans le secteur formel tel que : enseignante, sage-femme, ou tout simplement ‘fonctionnaire’. C’est surtout chez les femmes en union ainsi que pour une faible minorité chez les jeunes filles que peu de changement est évoqué : elles aspirent à ce que leurs filles se maintiennent dans les rôles traditionnels des femmes, c'est-à-dire agricultrices ou femmes au foyer, ‘bonnes’ épouses 40 de leurs maris respectifs. Des opinions isolées chez les femmes hors union aspirent pour leurs garçons une profession religieuse.

Avec les mêmes tendances suivant les types de groupe, les femmes chefs de ménage et les jeunes filles ainsi qu’une partie faiblement importante des femmes en union semblent les plus ‘progressistes’ en aspirant pour leurs garçons les métiers ‘modernes’ tels que enseignant, gendarme, fonctionnaire. Les femmes en union en majorité tendent au maintien des métiers traditionnels des garçons par exemple agriculteur. Des opinions isolées chez les jeunes hommes aspirent pour leurs enfants des professions religieuses pour leurs enfants filles et garçons.

2-3-2-Perceptions et aspirations des hommes relatives aux relations de genre

2-3-2-1-Perception de la situation actuelle

Paradoxalement, ce sont les hommes, plus que les femmes qui soulèvent davantage la situation problématique pénalisant la femme, engendrée par les relations de genre prévalant dans les villages. Bien que non partagés à l’unanimité, ces points de vue ont été émis dans tous les groupes d’hommes en union et au cours des discussions avec les chefs traditionnels.

Les opinions exprimées sont cependant mitigées. Tout en soulignant le caractère ‘injuste’ notamment de l’inégale répartition des tâches, des rapports de domination entre hommes et femmes au détriment de ces dernières et du partage inéquitable de l’héritage, les répondants évoquent différents obstacles à un éventuel changement. Sont évoqués à cet effet.

• Les pressions de l’entourage, qui dans les réalités, tolèrerait cette situation : « Nous voulons bien aider nos femmes mais dès que tu fais quelque chose tu vas être qualifié d’‘esprit de femme’. Même les autres femmes t’ironisent … Et tu seras déshonoré » [Groupe Hommes en Union, Antevato-Soanierana] ; • Et les habitudes induites des pratiques traditionnelles : « Nous sommes modelés par la tradition si bien que nous n’avons plus l’habitude d’appeler les femmes aux réunions … Si on va changer on peut le faire mais on a besoin d’une loi émanant de l’Etat » [Groupe Hommes en Union, Antefasy-Vohimasy].

En outre, la tendance des répondants était de s’exclure d’un processus éventuel de changement des pratiques sociales / coutumières en renvoyant les responsabilités aux ‘autres’ : « Pour les 41

Antefasy, les femmes pourront peut être accéder à l’héritage si une loi qui l’autorise est décrétée par l’‘Etat traditionnel’ Antefasy » [Groupe Hommes en Union, Antefasy-Vohimasy].

Toujours est-il que dans tous les groupes, des participants se sont montrés intransigeants sur la question ou parfois, ont opté pour l’‘abstention’ . Mais de manière générale, les groupes hommes Antefasy ont été relativement plus radicaux que les autres groupes sur la question : « Les femmes et les hommes n’auront jamais les mêmes droits ! » [Groupe Hommes en Union, Antefasy-Vohimasy]. Par contre, les Sahavoay et dans une moindre mesure, les Zafisoro ont été plus progressistes.

2-3-2-2-Les aspirations pour le futur

Au niveau des aspirations relatives aux relations de genre, peu de changement est souhaité par la majorité des hommes en ce qui concerne leurs propres cas car « Il est difficile de changer les choses alors il vaut mieux maintenir la situation en son état actuel » [Groupe Jeunes Hommes, Sahavoay-Ambohigogo]. C’est chez les Zafisoro qu’une vision positive du futur a été exprimée : « La femme aura droit à son ‘rayon de soleil’ou anjara masoandro, elle aura la possibilité de s’épanouir et pourra avoir la possibilité d’échanger ses points de vue avec l’homme qui est son égal » [Interview Chefs traditionnels, Zafisoro-Ankarimbary]. Sinon, peu de changement est souhaité.

Quant aux jeunes hommes, leurs préoccupations se focalisent plus sur les relations de pouvoir entre les hommes, ‘tenants du pouvoir traditionnel - jeunes hommes’, que sur les relations femmes-hommes.

Les situations désirées par les hommes pour leurs filles et leurs garçons tendent à suivre cette réticence au changement.

Ainsi, selon la prévalence décroissante des réponses, les hommes et les jeunes hommes souhaitent pour le futur que leurs filles deviennent femme au foyer et généralement agricultrice, enseignante, sage-femme, fonctionnaire et pour des opinions isolées, épicière, procureur ou religieuse.

C’est pour les garçons que des différences sont relevées entre les opinions des jeunes hommes et des hommes en union. Si ces derniers aspirent majoritairement que leurs garçons restent agriculteurs, les jeunes hommes optent ce métier en troisième position. Ils aspirent plus à des métiers ‘modernes’ tels que médecin, fonctionnaire ou pour une minorité après agriculteur, ingénieur ou prêtre. Enfin, dans une moindre prévalence, et par ordre décroissant, les hommes 42 en union aspirent que leurs garçons exercent le métier d’enseignant, de fonctionnaire, de médecin ou de gendarme.

2-3-2-3-Le renforcement du pouvoir d’action ou l’empowerment des femmes

Le renforcement du pouvoir d’action des femmes comprend :

• L’acquisition de connaissances sur les relations entre les deux sexes et d’une compréhension de ces relations et des différentes manières dont elles peuvent être modifiées ; • Le développement d’un sentiment d’estime de soi, la conviction qu’on est capable d’obtenir les changements qu’on souhaite et qu’on a le droit de contrôler sa propre vie ; • L’acquisition de la capacité de générer des choix et d’exercer des pouvoirs de négociation ; et • Le développement de la capacité d’organiser et d’influencer l’orientation des changements sociaux afin de créer un ordre social et économique plus équitable, à l’échelle nationale comme à l’échelle internationale. ( UNIFEM , 2000 )

2-3-3-L’«empowerment» des femmes

Les paragraphes précédents dénotent une faible prise de conscience des femmes en général et des femmes en union et jeunes filles en particulier de leur situation de subordination par rapport aux hommes et sur leur capacité à influer sur leur propre situation.

2-3-3-1-Le cas des jeunes filles et des femmes en union libre

Les exceptions relevées dans certains villages, dont celui de Vohimasy, résulteraient des actions de sensibilisation 34 menées notamment par le Projet. Toutefois, les messages qu’elles semblent avoir capté se limitent à l’interchangeabilité des rôles et à l’entraide au sein du ménage au niveau des tâches domestiques.

Sinon, peu d’initiatives individuelles et collectives ont été trouvées par l’étude : les jeunes filles et les femmes en union en général semblent faire montre de passivité.

34 Source : Equipe de terrain PISAF 43

2-3-3-2-Le cas des femmes chef de ménage

Chez les femmes chef de ménage, différentes attitudes sont observées suivant les types de groupe. Les grandes tendances ressorties sont les suivantes :

• Les femmes chef de ménage ‘jeunes’ moins de 25 ans, particulièrement celles de Soanierana et d’Esatra semblent rester dans l’expectative et espèrent trouver un mari pour les aider financièrement 35 : « Notre problème est le suivant. Les femmes sont faibles et fragiles . Si elle va chercher du travail, elle se fatiguera pour rien. Il n’y a rien qui puisse générer des revenus ici. Ce n’est pas comme chez vous où on peut faire vendre les achards de légumes ou les beignets, ou être lavandière… Tout ça n’existe pas chez nous. Il n’y a que la bêche. C’est pour ça que nous devons nous appuyer sur un homme. Si tu ne peux pas tenir la bêche, tu dois dépendre d’un homme ! » [Groupe femmes chef de ménage, Sahavoay-Esatra] ; • A l’inverse, les moins jeunes, à l’exception des femmes chef de ménage de Soanierana, semblent être déterminées à ‘se défendre’ et à s’auto-prendre en charge : « Nos conditions de vie sont très dures … les femmes mariées ont leur mari pour les aider à subvenir aux besoins du ménage. Mais rien que pour acheter leur paréo ou salova, elles doivent encore leur demander la permission ! … Nous avons une vie paisible par rapport à la leur et nous nous en sortons mieux. » [Groupe Femmes chef de ménage, Antefasy – Sahafoza] ; • Enfin, à l’intérieur de tous les groupes de femmes chef de ménage, celles qui sont les plus instruites semblent montrer davantage de confiance en elles et en leur avenir.

En définitive, parmi les groupes de femmes ayant participé aux discussions, les femmes chef de ménage semblent les plus ‘pro actives’. Bien que non partagées à l’unanimité, leurs opinions et attitudes affichées dénotent une volonté de changement pour aller vers une ‘autonomisation’. Toutefois, les actions collectives sont encore peu courantes réduisant la visibilité de leurs problèmes et des efforts qu’elles investissent dans ce sens et de leurs impacts.

2-3-3-3-Les femmes et les mouvements associatifs ‘modernes’

La capacité des femmes à s’organiser en groupement reste faible. Dans tous les villages visités, Soanierana du foko d’Antevato est le seul village où une association ‘moderne’ opérationnelle et fonctionnelle a pu être trouvée. Sinon, des embryons et/ou des vestiges de groupements initiés par des projets antérieurs sont les seules formes d’associations présentes.

35 Des données recueillies en marge de l’étude indiquent que les transactions sexuelles sont également courantes et constituent des sources de revenus pour certaines femmes chef de ménage. 44

Cette situation tient de plusieurs facteurs interdépendants dont :

• les échecs des associations mises en place dans le passé par d’autres intervenants dus à plusieurs raisons, entre autres le manque d’appropriation de celles-ci par les femmes par exemple le cas Vohimasy ; • le manque de ‘culture d’association’ notamment pour les activités économiques qui créeraient suspicion et méfiance entre les membres ; • l’absence de base solide ayant amené au regroupement des membres, celui-ci venant dans la majorité des cas d’une initiative extérieure ; • l’absence d’idéaux ayant amené au regroupement des membres aurait fragilisé les associations mises en place pour des objectifs ponctuels ; • l’habitude des femmes d’être subordonnées aux décisions et initiatives des hommes ; • l’inégale répartition des intérêts et avantages au désavantage des femmes ...

Dans ce contexte, le contre-exemple de l’association ‘Avotra’ à Soanierana, mérite d’être cité dans la mesure où elle a su surmonter les contraintes sus décrites. Ses facteurs clés de succès sont :

• les réponses qu’elle a pu donner aux problèmes vécus et ressentis par les femmes par exemple chambre d’accueil pour les accouchées à la maternité d’Antseranambe, caisse de secours et d’entraide ; • l’existence de femme ‘leader’ qui serait motivée à diriger l’association ; • la transparence ressentie par les membres dans la gestion de l’association ; • et les réalisations concrètes qui animeraient davantage les motivations des membres. Il faut signaler que l’association a reçu l’appui du Projet au niveau de sa structuration.

Néanmoins, l’étude a relevé dans certains villages, des ‘embryons d’association’ qui germent des idées / idéaux d’‘auto amélioration’ des femmes :

• à Ambohigogo où des femmes chef de ménage ont explicitement exprimé des besoins d’appui de structuration allant dans ce sens par exemple associations au sein desquelles elles pourraient faire des activités d’alphabétisation d’échanges pour améliorer leur situation, d’activités génératrices de revenus communes ;

45

• et à Antefasy de Sahafoza, où les femmes chef de ménage ont émis les mêmes besoins mais plus pour des objectifs économiques et apparemment ponctuels (?) qu’idéologiquement profonds. Des diagnostics plus approfondis mériteraient d’être menés dans ces deux sites pour préciser davantage les appuis requis.

2-3-3-4-Les structures traditionnelles

Dans tous les villages, le recours des femmes aux ‘chefs des femmes’ semble relativement faible. Questionnées sur ce point, les femmes avancent des raisons qui se rapportent :

• à l’inutilité du recours dans la mesure où une telle démarche équivaudrait à une rupture, pour les femmes en union, et que de toutes les façons la sanction qui sera payée par le ‘coupable’ reviendrait aux autorités traditionnelles et/ou à la communauté et non à la ‘victime’ ;

• et parfois, au caractère payant des prestations qui leur sont fournies : « Je dois payer 5.000 à 6.000Ariary. Pourquoi je leur donnerai ça alors que moi-même je n’en ai pas ? Je préfère régler moi-même mes problèmes » [Groupe Femmes chef de ménage, Antefasy- Sahafoza].

Par ailleurs, les discussions avec les ‘chefs des femmes’ indiquent que les plaintes les plus fréquentes qui leur sont soumises concernent les cas où les femmes sont ‘coupables’ dans la mesure où elles auraient quitté le domicile conjugal dans une période inférieure à l’équivalent du montant payé par l’homme lors du mariage. Les ‘chefs des femmes’ confirment également que le recours à ces structures équivaudrait à une rupture de l’union et non à une réconciliation du couple.

Autrement, les associations traditionnelles existantes sont des groupements folkloriques dont les membres sont généralement des femmes chef de ménage. Elles seraient actives lors des festivités et/ou propagandes électorales et agissent le plus souvent sans contrepartie.

46

III- DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

3-1- Discussions

Pour pouvoir faire le développement rural selon le profil de genre dans la région de Sud-Est , il importe de considérer les discussions suivantes :

3-1- 1- Les femmes et les hommes par rapport a la situation de l’éducation

Du point de vue de l’étude, d’autres freins relevant à la fois des femmes et des hommes et sur lesquels le Projet pourrait agir, contribuent à expliquer cette situation :

• Concernant les femmes

Elles restent embrigadées par des stéréotypes qui inhibent leurs propres capacités et potentiel de changement,

 elles contribuent à perpétuer les sources d’inégalités en reproduisant les modèles traditionnels discriminatoires sur leurs propres filles et garçons ;  elles ont une faible prise de conscience des sources des situations d’inégalités, et parfois de ces dernières, favorisant la ‘pérennité’ de pratiques inéquitables en leur défaveur ;  elles ont une vision plus individualiste que collectiviste pour la défense de leurs intérêts et manquent de capacité d’organisation. Ce qui réduit leur pouvoir d’action et la portée de leurs initiatives.

Il convient toutefois de noter que les femmes chefs de ménage, particulièrement les plus instruites, semblent émerger en ‘groupe locomotive’ chez les femmes pour aller dans le sens aune mobilisation collective pour le renforcement de leur pouvoir d’action.

47

• Concernant les hommes

Bien qu’ils soient conscients pour la plupart des situations d’inégalités, engendrées par les relations de genre prévalant dans les villages, la tendance dominante converge vers le maintien du statu quo.

De manière générale, les hommes Antefasy semblent plus radicaux que les hommes des autres foko. Les progressistes se retrouvent plus chez les Sahavoay et dans une moindre mesure chez les Zafisoro.

3-1-2- Une initiative des femmes pour répondre à leurs besoins spécifiques de santé

La maternité du foko Antevato d’Antseranambe se trouve à quelques kilomètres du village de Soianierana… Situation qui s’érige en contrainte pour les femmes du village qui veulent y accoucher… L’association des femmes ’Avotra’ a pris les choses en main. Avec les cotisations des membres qui comptent quelque 130 femmes, elle a construit une ‘chambre d’accueil’ des accouchées, une case à proximité de la maternité. Depuis, les femmes, membres de l’association qui viennent accoucher à la maternité, séjournent gratuitement dans la case d’accueil de l’Association. Celle-ci est ‘payante’ pour les femmes non-membres qui peuvent aussi y avoir accès quand elle est libre. Un exemple d’initiative qui a contribué à augmenter les accouchements assistés par un personnel médical tout en devenant une source de revenus pour l’association. [Source : Discussions avec la Présidente et les membres de l’Association Avotra.]

3-1-3- Les opportunités pour l’intégration du genre dans les activités

Certaines de ces opportunités se trouvent dans les mécanismes de l’organisation sociale existante elle-même ainsi que dans les attitudes des autorités traditionnelles et des femmes. La recherche a identifié les suivantes :

48

• La capacité d’écoute des autorités traditionnelles et la réceptivité de ces dernières aux doléances justes et pertinentes soutenues par les femmes, dénotent une prédisposition certaine au dialogue de la part de ceux qui détiennent les pouvoirs. • L’existence d’hommes, dont des autorités traditionnelles, qui reconnaissent les caractères défavorables aux femmes de certains aspects de l’organisation sociale en place, constitue les prémisses d’une prise de conscience collective des problèmes de genre. • L’absence de contraintes imposées aux réunions libres séparées par catégorie de population favorise la participation de celle-ci aux discussions spécifiques à elle, ainsi que la connaissance et la prise en compte de ses réelles préoccupations et ses besoins. • L’existence de femmes de caractère, soucieuse de se battre pour améliorer par elles mêmes leurs conditions de vie, indique la possibilité d’émergence de modèles positifs qui peuvent servir de référence de conscientisation au sein de la communauté.

3- 1-4- Les contraintes pour l’intégration du genre dans les activités à faire

Des contraintes aussi ont été relevées et méritent d’être prises en considération par le Projet estimé dans sa démarche d’intégration du genre dans ses activités.

• Le taux élevé d’analphabètes et de pauvres parmi les femmes dans les villages enquêtés réduit les capacités des femmes à agir pour améliorer par elles mêmes situations. • L’existence d’hommes influents favorables au maintien de l’ordre social établi, présage de la résistance à des actions de promotion du statut de la femme. • L’emploi du temps très chargé des femmes leur donne peut d’empressement pour participer à des discussions dont les apports sur leur survie immédiate sont imperceptibles. • L’inexistence d’alternatives à l’agriculture, qui demande des forces physiques et est peu rémunératrice, confine les femmes en zones enclavées à trouver leur seule planche de salut dans la dépendance envers les hommes.

49

3-2- Recommandations

Pour pouvoir faire le développement rural selon le profil de genre dans la région de Sud-Est ,

il importe de considérer les recommandations suivantes :

• Identification des besoins des villageois dans chaque commune, • Conception du projet qui répond les besoins des villageois, • Mobilisation de la population pour faire les activités du projet.

La prise en considération des paramètres suivants a guidé l’élaboration des points de recommandations de recherche :

D’une part, les préoccupations du Projet d’offrir des appuis réalisables dans un délai rapide, touchant le plus grand nombre possible de population affectant avantageusement les conditions de vie des femmes et des hommes.

D’autre part les leçons tirées des résultats de la recherche font état :

• d'une reconnaissance par les femmes et les hommes d’une situation d’injustice au détriment des femmes dans le système des pratiques sociales en vigueur ; • d’un sentiment d’impuissance exprimé par les femmes et les hommes à pouvoir ou à vouloir impulser des changements dans le système établi, • de l’identification par les femmes de besoins d’ordre pratique et d’ordre stratégique non couverts par les interventions actuelles du Projet.

Les organisations des activités selon les besoins des villageois :

Les activités y afférentes sont présentées sous perspectives, les considèrent comme interventions futures ou nouvelles tels que :

• Organiser à l’intention des femmes et des hommes compris les autorités traditionnelles des sessions séparées ou mixtes dont le but est de les sensibiliser sur les liens entre les relations de genre et les conditions de vie des femmes et des hommes. Les thèmes abordés couvriront divers domaines qui devraient pouvoir être élargis selon les intérêts et desiderata des participants.

Néanmoins, ils pourront consister au démarrage à discuter :

• des règles coutumières et du droit positif malgache, • des moyens de sécuriser l’avenir des femmes, 50

• des moyens de sécuriser l’accès des femmes chef de ménage à des terrains, cultivables.

Pour permettre au plus grand nombre de femmes d’y participer, les sessions seront assorties de distribution de vivres et organisées aux heures pendant lesquelles elles cueilleraient les brèdes ou fruits destinés à la revente.

• Appuyer les groupements informels ou formels de femmes, existants ou à l’état embryonnaire, par la mise à disposition de leurs membres, ou de leurs leaders potentiels, d’un certain nombre de services dont : encouragement, formation, dotation en outils de gestion simples, dotation en matériels I.E.C. • Appuyer les activités de développement réalisées ou souhaitées par les femmes, en mettant à leur disposition des produits tels que : semences, engrais, fonds d’appui ou de crédit, petits outillages.

L’identification des besoins réels et des modalités de mise en œuvre devraient être réfléchies, discutées et définies entre et avec les femmes concernées :

• Appuyer l’alphabétisation des femmes et des hommes. • Appuyer la scolarisation des filles en aidant les écoles à mettre en place et entretenir des activités susceptibles de contribuer à l’allègement des charges financières des parents par exemple : pépinière de plants ; aire de loisir.

Certaines de ces activités peuvent rentrer dans le cadre des interventions d’autres dont le partenariat devrait être recherché.

Cette dépendance économique tient de plusieurs facteurs, notamment :

• la vivacité des règles coutumières discriminatoires qui réduit leur accès à la terre, ressource principale dans un milieu exclusivement agricole, • le mode d’exploitation traditionnel de la terre requérant force physique qui les pénaliserait de facto, • leur bas niveau d’instruction, dont une proportion importante est analphabète, limitant leur accès aux opportunités économiques.

On remarque que : la considération et l’application des résultats de cette recherche doivent progressivement améliorer les capacités de groupement de femmes bénéficiaires de tout projet de développement à s’assumer dans leur développement.

51

CONCLUSION

Les relations de genre dans la région Atsimo Atsinanana étudiés répondent à des caractéristiques communes qui se retrouvent dans tous les foko concernés par l’étude. Les nuances relevées résultent plus de modulations dans l’application des règles sociales établies que de différences fondamentales dans ces dernières. En effet, c’est le système patrilinéaire et patrilocal qui prévaut dans la région, privant les femmes à la fois de l’héritage des actifs de leur père et du droit de propriété sur les biens immeubles chez leur conjoint.

La recherche a vu juste en relevant dans la région la situation d’exclusion des femmes et des jeunes aux prises de décisions et à la propriété foncière d’une part, et la concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit groupe d’hommes peu représentatif, empêchant tout changement proposé par les femmes ou les jeunes.

Il convient de préciser également que le statut martial ainsi que la situation économique constituent pour les femmes des facteurs qui peuvent différencier la considération sociale dont elles font l’objet. Ainsi, la femme chef de ménage avec ou sans enfants sera moins considérée que la femme mariée, tandis qu’une femme chef de ménage pourra avoir la même considération qu’une femme mariée si elle a une situation économique appréciée, étant donné que les plus instruites y sont arrivées plus que les moins instruites.La dépendance économique vis-à-vis de l’homme constitue le principal frein identifié par les femmes expliquant leur place dans la hiérarchie sociale.

En matière d’éducation, l’étude relève que la génération compte plus de jeunes filles et jeunes hommes alphabétisés que leurs aînés/parents. Les attitudes de ces derniers semblent attacher une importance relative à l’instruction, sans discrimination entre filles et garçons. Toutefois, le problème de déscolarisation des enfants subsiste toujours où celle-ci semble plus précoce chez les filles que chez les garçons.

52

BIBLIOGRAPHIE

1- Anonyme, Document du projet, annexe1 : Le projet, Deutsch Welthungerhilfe, Farafangana, 2002 2- Commission Européenne, Office de coopération EUROPAID, Agro action Allemande, Rapport du diagnostic d’Ambohigogo réalise du 17 au 19 mars 2003 ; commission des communautés européennes, PISAF, Farafangana, Décembre 2003 3- ECOSOC, Conclusions concertées sur la généralisation de l’analyse selon le genre, 1997 4- FAO:Genre et sécurité alimentaire, OIT, Genève, ABC of Women Worker’s Rights and Gender Equality, http//www.foo.org/.htm, 2002 5- Fiche signalétique de l’observatoire de Farafangana,2002 6- Focus Development Association/PNUD-RNDH, Etude sur ‘Vécus et perceptions des relations de genre par les femmes et des hommes’, Kopile Pierre, Ny fafy Sahavoay , 2003 7- INSTAT, Enquête démographique et de santé – Madagascar 1997 8- INSTAT-DSM/PNUD-MAG/97/007, Enquête Emploi du temps 2001, EPM ,2001 9- Ministère de l’Agriculture UPDR Monographie de la région du Sud-Est, Association Hardi , 2001 10- PISAF, Document de base, 2002 11- PISAF, Document de projet PRODOC, 2002 12- PISAF, Evaluation des réalisations, 2003 13- PISAF, Identification des villages cibles et des groupes cibles, Notre interne,2002 14- PISAF, Plan d’Opération de la phase 2003-2005, 15- PISDT , situation de base, Farafangana,2000 16- Plan communal de développement Commune rurale Ambohigogo (PCD/CR Ambohigogo), juillet 2002 17- Plan de travail annuel année 2004, Novembre 2004 18- PRIORI, Rapport effectué par l’équipe de la PRIORI mandatée par la DWHH, Projet Intégré de Sécurité Alimentatire Farafangana, Décembre 1998 19- RAKOTOMAHANINA V.F, RATOLONJANAHARY J.E, Analyse de l’observatoire Rural de Farafangana Campagne 1999-2000 20- Réseau des Observations Ruraux Madagascar, Les ménages ruraux durant la campagne 2002. Les cahiers du ROR N°4, Septembre 2003 21- Réseau des Observations Ruraux Farafangana (R.O.R), 2001 22- UNIFEM, Rapport biennal, « Le progrès des femmes à travers le monde », 2000

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ANNEXES

Annexe I : Présentation de la zone d’étude

1. Localisation géographique et délimitation administrative

La zone où notre étude a été entreprise longe le littoral Sud-Est de Madagascar, dans la province de FIANARANTSOA. La région Atsimo Atsinanana est constituée de 5 districts à savoir : Farafangana, , , Midongy Atsimo et .

En général, elle est limitée par les régions suivantes :

− au Nord par la Région Vatovavy Fitovinany ; − au Sud par la Région d’Anosy ; − à l’Ouest par la Région d’Ihorombe et de Haute Matsiatra ; − à l’Est par l’Océan Indien.

Elle est comprise entre les latitudes 22°08 -23 °OT Sud et les longitudes 47°30’48°10’Est. Le chef lieu de la Région est Farafangana qui se trouve à environ 780 km de la Capitale Antananarivo.[ 4]

Carte n°1 : Représentation de la région Atsimo Atsinanana dans l’Ile de Madagascar

Carte n°2 : Carte de localisation de la Région Atsimo Atsinanana [ 8 ]

RÉGION DE VATOVAVY ... Manakara FITOVINANY Vohipeno ...

... Ivohibe

RÉGION DE L'IHOROMBE Vondrozo ...... Farafangana

... Iakora RÉGION DE L'ATSIMO ATSINANANA

... Vangaindrano

Midongy Atsimo ...

... Befotaka

RÉGION DE L'ANOSY

Carte n°3 : Carte de l’observatoire de Farafangana

2- Milieu Physique

Les caractéristiques physiques sont relativement homogènes pour les 4 districts formant le Sud-Est

2-1- Climat

La région jouit d’un climat tropical, chaud et perhumide. Il y a cependant une différence notable la région côtière et les falaises. L’humidité relative moyenne de l’air s’élève à 76%. Les températures mensuelles varient de 20,4°C en juin à 26,1°C en février. Le tableau suivant donne les températures moyennes normales (moyenne mensuelle des 30 dernières années).

Les données pluviométriques de Farafangana en 2005 est représenté dans le tableau suivant

Mois Juil Août Sept Oct Nov Déc Jan Févr Mars Avr Mai Juin Total Pluviométrie 203,4 52,7 72,2 23,2 151,2 82,9 173,4 541 600,3 305,1 246,2 141,2 2592,8 Nbr de jours de 19 16 18 10 15 16 17 18 28 19 25 18 219 pluies Nbr de jours 31 31 30 31 30 31 31 28 31 30 31 30 365 calendaires (Source : Station météorologique de Farafangana)

A Farafangana, le mois le plus chaud est le mois de Février (29,4°C) et le plus froid en Juillet (15°C), avec une température moyenne annuelle de 23°C.

2-2- Dépression et tropicale

La région Sud-Est se trouve dans la trajectoire normale de la plupart des cyclones touchant Madagascar par la côte Est. Des cyclones et tornades touchent périodiquement cette région. Par contre, les cyclones peuvent apporter une forte pluviosité et des ventes ravageurs causant ainsi des dégâts importants (destruction des ressources naturelles, aggravation des érosions des sols dénudés, pertes économiques).

Le récent cyclone le plus dévastateur dans la Région fût le cyclone Tropical Gretelle en 1997 dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau ci-après :

CYCLONE ELEMENTS METEOROLOGIQUES

C.T. GRETELLE Vitesse du vent>220km/h le 24/01/97

Quantité maximale de pluies en 24h = 206 mm)

(Source : Station météorologique de Farafangana )

3- Population et mode de vie

La Région Atsimo Atsinanana abrite de nombreuses ethnies. Les principaux habitants sont composés en majeure partie des Antemoro, des Betsileo, des Merina et des commerçants chinois.

La côté Sud-Est est la deuxième zone la plus peuplée de la province de Fianarantsoa après les hautes terres avec une densité moyenne de 102 hab/km2 (S.P.G.M.P., 1999).

Concernant les activités de la population, la majorité s’adonne principalement à l’agriculture. Il s’agit notamment de la culture de rente destinée à l’exportation comme le café, le poivre et le girofle. A part ces produits d’exportation, la région dispose également de diverses potentialités notamment dans le domaine de la pêche (ressources halieutiques : langouste, etc) et de la forêt (exploitation forestière telles que l’ébène et le bois de rose).

La culture du riz n’y est pas très développée et est essentiellement destinée à la consommation locale. Elle se répartit sur toute l’année, en deux saisons : le « vary vatomandry » récolté au mois de Mai- Juillet et le « vary hosy », au mois de Décembre Janvier. Ainsi, la période de soudure ou période difficile se situe généralement au mois d’Octobre-Novembre (avant le récolte de « vary hosy ») et au mois de Mars- Avril (avant la récolte de « vary vatomandry »).

En outre, elle pratique aussi le « tavy » (culture sur brûlis) pour les produits de substitution du riz tels que les maniocs, les patates douces, ainsi que certaines plantations fruitières tels que les bananiers, les ananas, les jacquiers, les litchis (exportés). Ces cultures sont destinées à couvrir plus particulièrement la période de soudure.

L’élevage reste peu développé dans la région à cause de l’inadéquation aux microclimats. L’artisanat, notamment la pratique de la vannerie, occupe une place non négligeable au niveau de l’économie familiale du Sud-Est. Elle assure une activité génératrice de revenu surtout pendant la période de soudure pour subvenir aux besoins. D’ailleurs, elle est pratiquée par l’ensemble de la population car ce savoir-faire est lié à la culture de la région.

D’une façon générale, notons que malgré ces nombreuses potentialités, le niveau de vie moyen de la population du Sud-Est reste relativement bas du fait de l’insuffisance de la production (agricole, élevage, pêche, artisanat), de la dégration et de l’insuffisance des infrastructures.

POPULATION ET DEMOGRAPHIE DE LA REGION ATSIMO ATSINANANA (Monographie des Communes existantes en 2001) COMMUNE POPULATION Vohimasy 4 584 16 850 Anosy Tsarafara 19 817 Vohitromby 5 242 8 510 88 857 11 584 Tangaiony 12 200 Beretra Bevoay 10 300 Ambohigogo 8 494 2 424 9 998 Ambohimandroso 9 884

Evato 13 267 Ankarana Maraihina 9 297

Erotroka Sud 16 964

Ambalavato 21 492

Efatsy Anandrotsy 10 750

Sahamadio 20 544

Fenoarivo 1 600

Antseranambe 3 131

Ihorombe 12 906

Vohilengo 16 425 Farafangana 57 000 Total 449 757

Annexe II : Approche des femmes dans le village

- Quelle est la vision de la femme pour sa place dans la région (la plus basse de la hiérarchie sociale ; répartition des rôles et responsabilités dans le ménage et dans la communauté ; opportunités ou contraintes liées aux règles coutumières déterminant l’accès aux et le contrôle des ressources et des bénéficiaires des activités de production) est-il vrai ? - Y-a-t-il des différences entre « catégories de femmes (femmes mariées, femme en union libre, femmes chef de ménage, femmes instruites, femmes analphabètes, femmes artisanes, femmes agricultures, etc.) » selon les ethnies et les sous région ? Si oui, pour quelle raison ? o En discutant et vivant la réalité de leur vie quotidienne, recueil des problèmes spécifiques aux femmes/village-si les informations existent dans le projet (volet nutrition), vérification des informations et intensification avec les femmes dans les villages. o Taux d’analphabétisme chez les femmes o Femmes vivant seules avec ou sans enfants − Quels sont les opinions des femmes existant par rapport à leur position dans l’hiérarchie sociale ? o Relations entre hommes et femmes : − Comment sont les hommes dans leur village ; progressistes, radicaux ? Y a-t-il un potentiel de changement des coutumes à court, moyen ou long terme ? − Quels en sont les piliers (du changement) ? Existe-t-il des mécanismes ? − Que font déjà les femmes elles-mêmes pour améliorer leur situation ? − Identification et description des mécanismes et outils d’auto-amélioration de la situation.

Identification de partenaires féminins relais au niveau communautaire.

− Quels appuis techniques, méthodologiques fournir aux femmes pour qu’elles puissent prendre en charge l’après projet ?  Que demandent-elles pour améliorer leur situation ?  Quelles solutions sont envisageables et comment mettre en pratique (activités du projet pour et avec femmes) pour obtenir le plus de résultats ? Avec quelle équipe ? Quelles personnes/femmes sont les meilleurs vecteurs du changement ? Par où commencer ?  Comment renforcer ou améliorer les interventions actuelles et quelles interventions futures pour donner les mêmes chances aux hommes, aux femmes, et aux jeunes hommes et jeunes filles ?  Quels sont les besoins des hommes et des femmes, leurs intérêts et leurs problèmes par rapport aux domaines d’activités du projet estimé. Les rôles et le mode de participation de l’homme et de la femme aux activités et au fonctionnement des groupements/associations modernes ; les facteurs de motivation de l’homme et de la femme intégrer ou à quitter un groupement.

Annexe III : Fiche d’évaluation d’enquête[21]

Fiche d’évaluation

Groupe : ......

Sexe : ...... Questions Réponses (écrites) Non ׀_׀ Oui _׀ ׀ Est-ce que notre vision de la place de la femme .1 dans la village/commune / région ; est-elle vrai ? Si ‘oui’ : Quelles en sont les essentielles ? (donner 3 1. réponses par ordre de priorité) 2. 3. 2. Quels sont de l'avis de femme pour le développement rural ? 1. 2. 3.

Non ׀_׀ Oui ׀_׀ Y-a-t-il des diff érences entre les catégories de .3 femmes selon les ethnies et sous-région ? Si oui, pour quelles raisons ? raisons :

Non ׀_׀ Oui ׀_׀ ; Relations entre homme et femmes comment sont les hommes dans leur village ; Potentiel de changements ( à court, moyen ou long progressistes..., radicaux... ; y a-t-il un potentiel terme) : de changement des coutumes à court, moyen ou long terme ? 5. Selon vous, quels sont les points forts et les points Points forts Points à améliorer faibles de la femme dans la responsabilité d’un 1. 1. ménage ? 2. 2. 3. 3. 4. 4. 5. 5.

Annexe IV : Statuts des femmes et des hommes au sein du foyer Les hommes ayant participé aux discussions soutiennent que : « L'homme est fait pour dicter des ordres » [Groupe hommes, Antefasy-Sahafoza]. « C'est l'homme qui a le pouvoir à la maison... Si je prends la femme comme épouse, c'est moi qui la dirigerai » [Groupe Jeunes hommes ; Sahavoay-Ambohigogo]. «C'est l'homme qui conçoit et planifie tout (mamolavola) et les questions économiques lui appartiennent »1 [Groupe hommes en union libre, Zafisoro-Ankarimbary], « C'est toi, l'homme, qui ‘élève’) la femme, c'est pour ça qu'elle n'exécute que ce qui te sied » [Groupe hommes en union libre, Antevato-Soanierana], Tandis que : « La femme doit servir l'homme » [Groupes hommes en Union libre, Zafîsoro - Betaikomby « Les femmes ont été prises pour épouse pour faire la cuisine et procréer » [Groupe hommes en non union libre, Antefasy-Sahafoza] « La femme a un statut inférieur dès sa naissance car elle est étrangère et émigre facilement » [Hommes en union libre, Zafisoro-Betaikomby]

Et selon les femmes : « Quand on a un homme à la maison, on accouchera d'un bébé qui aura son propriétaire et l'enfant aura un père » [Groupe femmes chef de ménage, Antevato-Soanierana] « L'époux est l'équivalent de ton père car tout lui appartient » [Groupe femmes en union libre, Sahavoay- Ambohigogo] Tandis que : « Si tu as un enfant et que c'est un garçon, tu lui dois respect car il s'appelle ‘Homme’ » [Groupe Femmes en Union libre, Zafisoro - Ankarimbary] « La femme doit accepter tout ce que l'homme désire car à la maison, il est aussi le 'Ampanjaka' (roi) et a tous les honneurs » [Groupe Femmes en Union libre, Antefasy - Sahafoza]

Le statut conféré à l'homme découle de son droit d'héritier... « L'homme a un statut vraiment supérieur. C'est parce qu 'il a des droits en tant qu'homme. Il a les terres de son père ! C'est comme ça chez nous. Tout revient à l'homme : la terre, les moyens de production qui appartenaient aux parents. Je remercie Dieu car je n'ai qu'une fille qui jouit maintenant de biens de son père étant donné qu'elle n'a pas de frère ! » [Femme Chef de ménage (veuve), Sahavoay — Ambohigogo]

Description de l'Association des femmes ‘AVOTRA’

• Sa dénomination 'AVOTRA ' signifie 'secours'. Créée dans le contexte du projet 'Nutrition à Assise Communautaire', son objectif est de «porter secours aux femmes en cas de problèmes ... ». • Elle compte 130 femmes membres sans distinction de statut et fonctionne sur la base de cotisations à raison de 500 Fmg par semaine par femme. • Parmi ses réalisations figure la mise en place d'un 'mini-micro-crédit', à raison de 10000 à 25000 Fmg par prêt (pendant la période de soudure) et qui sont remboursés avec une majoration d'intérêts (5000 Fmg environ). En cas de maladie le remboursement se fait une semaine après le prêt.

Annexe V : Fiche d’évaluation pré-formation ( PISAF ) Fiche d'évaluation en début de l'enquête Groupe : ...... Sexe : ...... Codes ( ׀_׀ Questions Réponses (mettre X dans

׀_׀ Sexe 1. Homme .1 ׀_׀ ׀_׀ Femme 2- ׀_׀ C'est quoi le 'genre' selon vos connaissances .2 ׀_׀ O ù/Comment avez -vous entendu parler du 'Genre' ? 1. Je n'ai jamais entendu parler .3 ׀_׀ En participant à une formation .2 ׀_׀ Par des documentations .3 ׀_׀ Dans mon lieu de travail .4

׀ ׀ ׀ ׀ 5. En dehors de mon lieu de travail _ _ ׀_׀ A la radio ou à la télé .6 ׀_׀ Dans le journal .7 8. Autre ׀_׀ (Préciser) 4. Selon vous, à qui reviennent les tâches/responsabilités V L V+L suivantes ? ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ a) Qui doit prendre les grandes décisions à la maison ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? b) A qui doit-on servir le repas ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? c) Qui sait bien exprimer ses sentiments ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? d) Qui parle souvent sans réfléchir ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? e) Qui est bavard à la maison ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? f) Qui doit conseiller les enfants ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? g) Qui doit suivre les actualités politiques du pays ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ h) Qui doit suivre et contrôler l'éducation des enfants 9 ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? i) Qui doit cacher ses sentiments pour ne pas paraître faible ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ j) Qui peut et doit travailler en dehors du foyer pour subvenir aux besoins de la famille ? ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? k) Sur qui repose l'harmonie et le bonheur du foyer ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? I) Qui doit inspirer la crainte aux enfants ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? m) De qui doit-on avoir peur au sein du ménage ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? n) Qui doit se faire beau pour paraître bien ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? o) Qui réfléchit ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? p) Qui allaite ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? q) Qui doit garder, s'occuper d'un enfant malade ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? r) Qui fait souvent des gestes sans réfléchir ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? s) Qui doit punir les enfants ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? t) Qui doit et peut gérer les revenus du ménage ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? u) Qui doit participer lors des réunion libres de famille ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? v) Qui peut donner de la tendresse aux enfants ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ׀_׀ ? w) Qui doit se protéger contre la grosses à risque ׀_ ׀ ׀_׀ ׀_ ׀ ׀_ ׀ ׀_ ׀ ׀_ ׀ ׀_ ׀ ׀_׀

Annexe VI : Argumentation intégration de genre dans les activités PISAF ( Hypothèses )

1. Les femmes constituent la moitié de la population dans notre région 2. Seulement 1 /10 e des revenus au village reviennent à la femme 3. Seulement 1/100 e des femmes sont propriétaires fonciers 4. 70% des produits proviennent du travail des femmes. Pourtant si elle exerce 3 activités, une seule sera rémunérée. 5. 60% des produits alimentaires à Madagascar sont produites par les femmes. 6. Dans le domaine de l'agriculture, les femmes sont de plus en plus responsables en matière de productions et d'exploitation des aliments de base, la culture maraîchère, l'élevage de volaille, l'approvisionnement en eau potable dans les périodes de récoltes, la femme travail plus de 12 heures. 7. 60-80% de ceux qui font des activités autres que l'agriculture (petits commerces, artisanat, tâches ménagères). Pourtant, à peine si elles y gagnent de l'argent, et même la plupart n'y gagnent rien du tout. Les résultats de leur travail sont à peine pris en compte dans l'économie du village. 8. 7 déshérités sur 10 sont toutes des femmes à Madagascar. 9. 2/3 des femmes à Farafangana assurent seules la survie et l'éducation de leurs enfants 10. 2/3 des analphabètes sont des femmes 11. 2/3 des enfants ne fréquentant pas l'école sont des filles 12. Selon les statistiques, les filles instruites se marient en générale assez tard et n'ont pas beaucoup d'enfants. 13. 20 à 45% des femmes de 18 à 40 ans, même enceintes ont une ration inférieure à 2250 calories par jour. En plus leur volume de travail ne diminue pas. 14. Dans les pays pauvres, l'espérance de vie des femmes se situe entre 55 et 60 ans si dans les pays développés elle remonte à 80 ans. 608 femmes sur 100 000 meurent au cours de l'accouchement (7/100 000 en Europe). 15. Dans le monde, plus d'un milliard de femmes meurent à la suite de grossesses nombreuses ou d'accouchement hors d'un centre hospitalier

Annexe VII : Stratégies d'introduction d'activités sensibles au genre dans les communautés

Objet de discussion Approche Outils pour faciliter la discussion Autorités traditionnelles

Information sur les Marque de respect : Bonne relations raisons de la venue du Exemple boissons Ententes PISAF alcooliques réciproques Traditions, us et Motivation : VCT coutumes Historiques intéressants FEMMES Questions au sujet de leur vie de famille Sketch Réunion libres Rappel objectifs caractère Une grande salle pour Entretiens intégré PISAF, sujets de mieux se concentrer individuels : genre Mégaphone Solutions et attentes certains n’osent Opportunités, atouts des pas parler femmes HOMMES

Gestion de temps Sujets susceptibles Boissons alcooliques Règles de conduites au de les interpeller Ballons sein du foyer Sport Support, sketch Réunion libres FEMMES ET HOMMES Flip chart, Marker Sketchs ; réunion Mariage civil Média libres Genre et développement Illustrations Questions sur la valeur du couple

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS SOMMAIRE RESUME LISTE DES ABREVIATIONS LISTE DES TABLEAUX LISTE DES ANNEXES LISTES DES FIGURES INTRODUCTION...... 1 I- METHODOLOGIE...... 4 1-1- Choix de la zone d’étude...... 4 1-2- La bibliographie...... 4 1-3- L’enquête...... 5 1-3-1- Objectifs de l’enquête...... 5 1-3-2- Le guide d’enquête...... 5 1-3-3- Le travail sur terrain...... 6 1-3-3-1. Détermination des milieux d’étude...... 6 1-3-3-2. Conduite de l’étude...... 8 1-3-4- Méthodes d’exploitation des résultats...... 9 1- 3-4-1- Dépouillement des questionnaires...... 9 1-3-4-2- Saisie, traitement et exploitation des résultats...... 9 II. RESULTATS...... 10 2-1- L’organisation patrilignagère : base des rapports sociaux de genre...... 10 2-1-1- Places et rôles des femmes et des hommes au sein de la communauté...... 11 2-1-1-1- Les femmes et les hommes dans la hiérarchie sociale...... 11 2-1-1-2- Mécanisme d’accès au trône...... 13 2-1-1-3- La division de travail selon le genre au sein de la communauté...... 13 2-1-1-4- Les femmes et les décisions prises par les hommes...... 14 2-1-1-4-1- Les femmes, estimées dans le Foko Antevato, village de Soanierana...... 15 2-1-1-4-2- Une participation des femmes au processus de prise de décision à Ambohigogo 15 2-1-1-5- L’appartenance des hommes et des femmes au « Tranobe »...... 15 2-1-2- Places et rôles des femmes et hommes au sein du ménage...... 16

2-1-2-1- Statuts respectifs de l’homme et de la femme au sein du ménage...... 16 2-1-2-2- Le processus de prise de décision au sein du ménage...... 17 2-1-2-3- La répartition des tâches au sein du ménage...... 18 2-1-2-4- L’emploi du temps type des femmes et des hommes...... 19 2-1-3-Les femmes et les hommes par rapport à la situation familiale……………………….. 21

2-2- La situation socio-économique des femmes et des hommes...... 23

2-2-1- L’accès à l’instruction...... 23

2-2-1-1- L’accès de l’éducation en général à Madagascar...... 23

2-2-1-2- Le profil de la communauté en matière d’éducation...... 23

2-2-1-3- Quelques réalités dans les villages concernant l’instruction des filles et des garcons 25

2-2-1-4- L’instruction des enfants...... 24

2-2-2- Les conditions de vie des femmes et des hommes...... 27

2-2-2-1- L’accès aux services de santé...... 27

2-2-2-2- La ration des femmes enceintes...... 29

2-2-2-3- L’accès à l’alimentation...... 29

2-2-2-4- L’alcoolisme et ses méfaits : les violences à l’égard des femmes...... 30 2-2-2-5- Un témoignage de violence de violence à l’égard des femmes...... 30

2-2-3- Les activités économiques...... 31

2-2-3-1- L’accès à la propriété foncière...... 32

2-2-3-2- Les activités économiques des femmes chef de ménage...... 33

2-2-3-3- Les activités économiques des femmes en union libre...... 34

2-2-3-4- La répartition des activités économiques principales par Foko...... 35 2-2-3-4-1- Activités principales……………………………………………………… 35 2-2-3-4-2-Activités secondaires……………………………………………………… 36

2-3- Les actions d’auto-amélioration de leur situation par les femmes...... 36 2-3-1- Perceptions et aspirations des femmes relatives aux relations de genre...... 37

2-3-1-1- La répartition des tâches au sein du ménage...... 37

2-3-1-2- Les relations de pouvoir entre femmes et hommes...... 38

2-3-1-3- Les réactions des femmes face aux inégalités de genre ressenties...... 39

2-3-1-4- Les aspirations pour le futur...... 39

2-3-2- Perceptions et aspirations des hommes relatives aux relations de genre...... 40

2-3-2-1- Perception de la situation actuelle...... 40

2-3-2-2- Les aspirations pour le futur...... 41

2-3-2-3- Le renforcement du pouvoir d’action ou l’empowerment des femmes...... 42

2-3-3- L’’empowerment’ des femmes...... 42

2-3-3-1- Le cas des jeunes filles et des femmes en union libre...... 42

2-3-3-2- Le cas des femmes chef de ménage...... 43

2-3-3-3- Les femmes et les mouvements associatifs ‘modernes’...... 43

2-3-3-4- Les structures traditionnelles...... 45

III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS……...... 46 3-1- Discussions……………………………………………………………………………………. 46 3-1-1- Les femmes et les hommes par rapport à la situation de l’éducation…………………………… 46 3-1-2- Une initiative des femmes pour répondre à leurs besoins spécifiques de sante ...... 47

3-1-3- Les opportunités pour l’intégration du genre dans les activités...... 47

3-1-4- Les contraintes pour l’intégration du genre dans les activités à faire...... 48

3-2-Recommandations ……………………………………………………………………… 49

CONCLUSIONS...... 51 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………...... 52 ANNEXE ………………………………………………………………………………………………… 53