Plaquette ADRC
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Les films de Mon Oncle L’Agence du court métrage L’Agence pour le développement régional du cinéma présentent UneUne mémoiremémoirecinq films courts autourenen decourtscourts Jacques Tati © CEPEC / Les films de Mon Oncle Jacques Tati pour mémoire “Têtu, Tati avait ses idées sur tout et des plans sur la comète. Des idées sur le cinéma (il était prêt à se battre pour le court métrage, il ne voulait pas que le cinéma perde son côté artisanal) et des plans pour des films à venir.” , 1936. Serge Daney (Ciné journal, Cahiers du cinéma, 1986) Cours du soir, 1967. Soigne ton gauche il vous est arrivé dans les années Tati court toujours soixante-dix d’entendre quelqu’un sif- S’fler et conspuer le passage des publi- Il est rare que des témoignages se cristallisent autour cités dans une salle de cinéma, peut-être alors “des courts métrages, juste mentionnés comme premiers l’avez-vous rencontré. Jacques Tati, conscient essais sans guère d’autres précisions. Demeurent qu’il était de la dérive du système de distri- les hypothèses : si René Clément a signé Soigne ton gauche, bution, ne comprenait pas qu’on ne se mani- nul besoin d’être grand clerc pour constater que Jacques Tati festât pas, qu’on ne contestât pas l’absence en fut en bonne part le metteur en scène et qu’il savait des courts métrages dans les salles. Faut-il alors assez clairement vers quoi il voulait tendre. le rappeler ? À cette époque, le scandale est, On retrouve ainsi dans L’école des facteurs la même comme les cinémas, permanent. De courriers silhouette, incarnée cette fois par Tati. Et l’on y voit bien en entretiens et jusqu’à sa déclaration lors que cet effet de reconnaissance qui nous a saisi dès de la cérémonie des Césars en 1977, Tati fut les premières images de Soigne ton gauche, ne repose pas un ardent défenseur du court métrage. Mais uniquement sur le personnage, mais tient aussi à un type il ne le fut pas seulement par nostalgie des “premières parties” (comme il les a connues de cadrage, une façon de filmer les déplacements au music-hall), ni pour le seul renouvellement dans l’espace, à une vitesse, bref à une mise en scène, du cinéma : il avait une idée intransigeante conduite cette fois de bout en bout par Tati et que nous de la création cinématographique et regrettait percevons aujourd’hui comme une ultime répétition toute forme de standardisation. Son exigence avant Jour de fête. On pourrait même croire qu’il a repris de cinéaste le conduisit d’ailleurs à ne pas dans le long des plans tournés pour le court. On sait diffuser certains courts métrages auxquels il que ce n’est pas le cas, le tournage de Jour de fête a été participa, les jugeant trop faibles. souvent conté. Ce possible soupçon confirme la précision Il s’inquiétait aussi des problèmes de dont faisait preuve Tati dans sa mise en scène. Le projection en salles (le passage des films sentiment d’authenticité de son cinéma se bâtit loin de tout au bon format, l’équipement des cabines de projection), du vedettariat des acteurs ou des naturalisme, il puise sa source dans le talent qu’il avait personnages (son dernier projet Confusion ne de croquer un monde qui ressemblait à la réalité sans devait-il pas faire disparaître Hulot ?), du peu jamais en être la copie servile. d’invention dans le domaine de la distribution Bien au contraire, après la vision d’un film de Tati, des films (de nombreux films dont les siens c’est la vie qui prend un autre ton, les événements les auraient gagné à sortir différemment). Il a laissé plus anodins tournent au comique. Car Tati a transformé ces questions ouvertes. Elles ricochent jusqu’à notre perception du monde.” nous sans perdre de leur évidence. Jacques Kermabon, extrait du dossier spécial, BREF n° 54 De Soigne ton gauche (1936) à Forza Bastia (1978-2000) en passant par Playtime (1967) et Parade (1974), c’est à une aventure du regard que Tati nous convie. Une aventure qui nous requiert et nous mobilise tout entier. Car si nous emboîtons son pas et son regard, c’est au risque de nous perdre et de devoir retrouver le fil par nous-mêmes. Autrement dit, , 1947. Tati nous apprend à ouvrir les yeux et à faire l’épreuve du regard. Son artisanat ne laissait rien au hasard mais tout à la fantaisie. Y.G. L’école des facteurs Conception graphique : Anabelle Chapô Une mémoire en courts Une mémoire en courts est un regard sur celles et ceux qui ont œuvré pour que soit faite sa juste place au film court. Depuis sa création, l’Agence du court métrage n’a cessé de mesurer l’héritage laissé par les Braunberger, Dauman, Tati ou le Groupe des Trente dont le manifeste de 1953 contre la disparition du court (il était alors question de supprimer les courts dans les salles) nous apprend beau- coup sur le difficile accès des courts métrages au public tout au long de l’histoire du cinéma. Dans cette déclaration signée entre autres par Georges Franju, Alain Resnais et Forza Bastia 78, 1978-2000. Fred Orain (producteur de L’école des facteurs, de Jour de fête et des Vacances de Monsieur Hulot) on pouvait lire ceci : “Personne n’aurait l’idée de mesurer l’importance d’une œuvre littéraire au nombre de ses pages, un tableau es cinq films proposent cinq regards sur Jacques Tati. à son format.” L Avec Soigne ton gauche et L’école des facteurs, au-delà Après neuf films courts produits par Pierre Braunberger de la naissance du facteur c’est à celle du génie burlesque réunissant des cinéastes tels que Resnais, Marker, Pialat et que nous assistons. Réalisé sur le tournage de Playtime en Godard, c’est autour de Jacques Tati que nous poursuivons 1967, Cours du soir, contrairement à son titre, nous invite notre travail de mémoire. L’Agence pour le développement à une récréation où Jacques Tati en dilettante revient sur régional du cinéma, Les films de Mon Oncle et l’Agence son passé, du music-hall à Hulot en passant par L’école du court métrage conjuguent leurs efforts afin de proposer des facteurs. Autre film évoquant Playtime, Au-delà de aux salles de cinéma dans les meilleures conditions (copies Playtime est un montage d’archives où l’on découvre neuves, document d’accompagnement, interventions) ces furtivement ce que fut l’aventure inouïe du film. films qui font partie de notre expérience imagée comme on Quant à Forza Bastia 78, même si l’entreprise technique parle d’expérience lettrée à propos des livres. ne correspondit pas aux attentes de Tati (il aurait souhaité Une mémoire en courts est aussi l’occasion de déjouer mettre des micros sur les joueurs, la pluie fut contraignante nos habitudes langagières et de redire avec force que nous pour expérimenter des prises de sons), il atteste ce qu’un ne défendons pas le court métrage pour le court métrage enfant écrivit dans une lettre à Tati à propos de Playtime mais pour ce qu’il est parfois : une œuvre avec sa part de et que ce dernier aimait raconter : “Ce que j’ai trouvé création, de proposition cinématographique mais aussi de agréable, c’est que à la fin du film, en me retrouvant dans témoignage constituant des traces de ce qui a été. la rue, le film continuait.” Cours du soir L’ADRC 1967, 35 mm, couleur, 27mn L’Agence pour le développement régional Réalisation : Nicolas Ribowski. Photo : Jean Badal. Musique : Léo Petit. Son : Jacques Maumont. Montage : Nicole Gauduchon. Interprétation : Jacques Tati. du cinéma, créée sur l’initiative du ministère de la Production : Specta Films. Culture en 1983, intervient en concertation avec tous Dans les décors de Playtime, Jacques Tati essaie d’apprendre quelques rudiments ses partenaires (collectivités territoriales, exploitants, de son art à des élèves gauches et zélés. distributeurs, producteurs, réalisateurs) afin de favori- ser la desserte cinématographique de l’ensemble du territoire dans un objectif d’aménagement culturel. Soigne ton gauche Ses interventions consistent à la fois en des études, 1936, 35 mm, noir et blanc, 13mn Réalisation : René Clément. Scénario et dialogues : Jacques Tati. Photo : René une assistance et un conseil relatifs aux projets de Clément. Musique : Jean Yatove. Interprétation : Jacques Tati, Max Martel, Clinville. modernisation et de création de salles de cinéma, Production : Cady Films. et en une aide directe, par le financement de copies Un garçon de ferme assiste aux séances d’entraînement d’un boxeur et finit supplémentaires, pour le meilleur accès des salles par se retrouver sur le ring dans un combat aux multiples rebondissements. à une réelle diversité de films. L’accès aux films comprend notamment les films destinés au jeune public, les œuvres du répertoire cinématographique L’école des facteurs 1947, 35 mm, noir et blanc, 15mn et les courts métrages. Depuis maintenant trois ans, Réalisation, scénario, dialogues : Jacques Tati. Photo : Louis Félix. l’ADRC a notamment permis de faire circuler des films Montage : Marcel Moreau. Musique : Jean Yatove. Interprétation : Jacques Tati, en copies neuves de Bresson, Buñuel, Kubrick, Ozu Paul Demange. Production : Cady Films. ou Truffaut dans près de 250 villes. Une mémoire Prix Max Linder du court métrage comique. en courts s’inscrit dans cette nouvelle mission de Afin de réduire le temps de sa tournée, un facteur invente pour chaque destinataire une façon de remettre le courrier. diffusion qui complète ainsi l’action menée sur les longs métrages. Au-delà de Playtime L’Agence du court métrage 2002, 35 mm, noir et blanc/couleur, 6mn.