Les Sept Matriclans Et La Tradition Alimentaire Chez Des Nzéma : Essai D’Interprêtations Historique
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RÉFÉRENCE DE CET ARTICLE : ALLOU Kouamé René (2011). Les sept matriclans et la tradition alimentaire chez des nzéma : essai d’interprêtations historique. REV. HIST. ARCHÉOL. AFR., GODO GODO, N° 21 - 2011 LES SEPT MATRICLANS ET LA TRADITION ALIMENTAIRE DES NZEMA : ESSAIS D’INTERPRETATIONS HISTORIQUE Pr. ALLOU Kouamé René Maître de Conférences. Université de Cocody-Abidjan. UFR des Sciences de l’Homme et de la Société. F ilière des Sciences Historiques Email : [email protected] RÉSUMÉ La tradition orale des Nzema raconte l’histoire des sept matriclans et dit comment chacun d’eux a découvert un aliment ou même simplement contribué par son action à améliorer le patrimoine culinaire du peuple. La présente communication veut interpréter le contenu de ces traditions qui parlent des découvertes des matriclans nzema en matière d’alimentation. L’honnêteté scientifi que nous amène à reconnaître que ces essais d’interprétations histo- riques sont forcément relatifs, partiaux et partiels. Mots clés : Les sept matriclans nzema-les découvertes alimentaires. ABSTRACT The oral traditions of the Nzema talk about the history of the seven matrilineal clans and say how each of them discovered a nutriment or simply by his action contribute to improve the culin patrimony of the people. This dissertation want elucidate that oral traditions which talk about the discoveries of nzema matrilineal clans in matter of feeding. The scientifi c uprightness make us recognize that those historical explanations trials, are perforce, relatives, partials and unfi nished. 108 © EDUCI 2011. Rev. hist. archéol. afr., GODO GODO, ISSN 18417-5597, N° 21 - 2011 INTRODUCTION L’histoire et le récit des hauts faits des matriclans nzema, sont rappelés par la tradition au moment de la célébration de l’Abissa/Koundoum, festivités qui marquent l’année nouvelle. Cela est aussi fait au moment des obsèques d’un défunt mais alors, il ne concerne que le matriclan de ce dernier. Les Nzema ont sept matriclans qui chacun ont des symboles qui les caractérisent. Ces matriclans existent chez d’autres peuples Akan comme les Ashanti ou/et les Ebrié (Tchaman) de la région d’Abidjan en Côte d’Ivoire1. Notre communication comporte deux parties. La première concerne les découvertes alimentaires par les matriclans d’après la tradition orale et la deuxième concerne l’essai d’interprétation des données de la tradition orale sur les découvertes alimentaires des matriclans. 1- LES DECOUVERTES ALIMENTAIRES PAR LES MATRICLANS D’APRES LA TRADITION ORALE. Le matriclan Ndweafo est celui qui a apprivoisé le chien et domestiqué le feu. Il a donc pour symboles le chien et le feu. La racine de son nom tient du terme qui nomme le chien à savoir twea. Nous verrons les interprétations que l’on peut faire de ces deux actions sur le plan alimentaire. Le matriclan Ezohile est celui qui a découvert le riz et introduit sa culture en pays nzema. Il a aussi découvert plusieurs sources d’eaux et avait un souci quasi obsessionnel de la propreté et de l’hygiène. Aussi l’eau est-elle son second symbole. Il a apprivoisé le chat qui est son troisième symbole. Les membres de ce matriclan aimaient prendre grand soin de leur toilette corporelle. Ils aimaient les parures dont certaines provenaient d’ossements de gibiers abattus, de peaux d’éléphants, de griffes de panthères etc. les Ezohile possédaient un fétiche dont le rite se faisait avec des œufs de serpent boa ou de python2. Le matriclan Nvavile a pour symbole principal le maïs et aussi le grand tambour qui est utilisé dans la célébration des festivités de l’Abissa/Koundoum. Ce matriclan a aussi fait la découverte du palmier dattier quand au cours de ses déplacements, il a traversé une région où il y avait cette plante. Les membres de ce matriclan ont aussi découvert le palmier à huile à Aboade, une localité près de Shama en pays Ahanta, non loin de l’embouchure du fl euve Pra3. Quand les graines des palmiers à huile d’Aboade parviennent à maturité, cela annonce le début des festivités de l’Abissa/Koundoum qui marquent le commence- ment du nouvel an. La tradition précise que les Nvavile ont testé la comestibilité du maïs et des graines du palmier en les faisant manger d’abord par leurs enfants. Les Nvavile ont aussi découvert le palmier dattier. 1 Voir notre article : ALLOU (Kouamé René) « Culture et histoire : les matriclans exogamiques, une institution quasi universelle du monde Akan » in Histoire et politique, Mélanges offerts au Professeur Joachim BONY. Editions FHB. 2010 pp.13-24. 2 A propos de ces informations et pour les usuels de traditions concernant les matriclans nzema, voir QUARM (P.K.K.) Ezunle nu awoleyele. University of Ghana Legon. 1982. 40p. ANZA (Eboyi F.K.) Benlea maamela. Bureau of Ghana Languages. Accra 1979.63p. 3 Dans la région de Sekondi/Takoradi au Ghana. ALLOU Kouamé René (2011). Les sept matriclans et la tradition alimentaire chez des nzéma : essai d’interprêtations historique. 109 Le matriclan Adahonle est reconnu comme celui qui a découvert et introduit beaucoup de plantes alimentaires en pays nzema. Les Adahonle sont donc qualifi és d’agriculteurs excellents (Eyasovoma). Leurs symboles sont la banane plantain et la graine du palmier à huile, ils ont introduit en pays nzema la culture de plusieurs épices, de nombreux condiments, la patate douce et le taro. Les Adahonle sont aussi qualifi és d’Adanedivoma parce qu’ils possèdent tous les aliments qui permettent de bien nourrir les enfants. Le matriclan Alonwoba a pour symboles le palmier raphia et la calebasse de végé- tal. Les Alonwoba sont qualifi és de tireurs de vin excellents (Nzankavoma). En effet, ils ont découvert les premiers le palmier raphia et la technique pour extraire son vin. Ils ont cheminé au cours de leurs migrations avec les Adahonle qui sont leurs oncles utérins (wofa/Awouvanyi). Aussi ont-ils très tôt bénéfi cié des vivriers découverts par ces derniers. Au cours de leurs nombreuses pérégrinations, ils sont arrivés en un lieu où il y avait un vaste marécage. C’est là qu’ils ont découvert le palmier raphia. Comme ils se déplaçaient beaucoup, ils furent qualifi és de Kolanwolanma, et c’est pendant un de leurs déplacements, qu’ils ont découvert une rivière dont le culte du génie se faisait avec le sang des caprins. Le matriclan Azanwule a pour symbole l’igname. Ses membres ne se séparaient jamais du coq qu’ils voyaient comme symbole d’un esprit protecteur. Ce matriclan a découvert l’igname (Eloué en langue nzema). Il formait anciennement un même grand matriclan avec les Adahonle et les Alonwoba. Les Azanwule ont bénéfi cié de la découverte du palmier à huile et savaient extraire l’huile rouge des graines de palmier, mais aussi l’huile des palmistes. D’après la tradition orale, les Azanwule produisaient des quantités énormes d’ignames au point où ils en faisaient des cases, des cases d’igname (Eloué Sua). Les Azanwule en dehors de l’igname domestique, connaissaient l’igname sauvage appelée en nzema Boloué (littéralement igname de la brousse) dont ils faisaient la cueillette en période de disette. Le septième matriclan nzema est le matriclan Mafolè appelé aussi Asamanguèma. Les membres de ce matriclan sont qualifi és d’orpailleurs excellents (Ezukoakpondèvoma). Ils ont été les compagnons de migrations des Nvavile et ont donc été les témoins des découvertes faites en matières de vivriers par ces derniers. Examinons à présent quelles interprétations l’on peut faire de toutes ces informa- tions livrées par la tradition orale à propos des découvertes alimentaires faites par les matriclans nzema. 2- ESSAIS D’INTERPRETATIONS DES DONNEES DE LA TRADITION ORALE SUR LES DECOUVERTES ALIMENTAIRES DES MATRICLANS NZEMA. Le matriclan Ndweafo est reconnu comme le plus ancien de tous les matriclans, celui qui le premier a peuplé la terre. C’est lui qui a introduit la technique d’apprivoise- ment des animaux, mais c’est le chien qu’il a apprivoisé en premier. Cette technique a permis d’apprivoiser les volailles, ovins, caprins etc. 110 © EDUCI 2011. Rev. hist. archéol. afr., GODO GODO, ISSN 18417-5597, N° 21 - 2011 Grâce à sa découverte du feu qu’il a aussi domestiqué, il a introduit la cuisson des aliments dans le pays nzema. La domestication du chien s’est faite à la fi n du néoli- thique supérieur, période de domestication des premiers canidés, soit vers 400000 ans avant J.C4. Cette innovation va marquer le néolithique et est liée aux activités des chasseur-cueilleurs au cours du paléolithique supérieur5. La domestication du chien par les Ndweafo est sans doute liée au fait qu’ils ont été d’abord des chasseurs qui aussi pratiquaient la cueillette. La tradition orle affi rme qu’ils ont été les premiers à peupler les terres nzema, les terres du monde Akan voire les terres de toute la terre entière. Grâce au chien et à la chasse, ils se nourrissaient de gibiers et de toutes sortes de fruits et légumes obtenus par la cueillette. Ayant la maitrise du feu, ils savaient faire cuire leurs aliments. Leurs connaissances vont profi ter à l’ensemble des futurs Nzema. Les Ezohile ont découvert le riz appelé Awoulé en langue nzema. Il s’agit du riz oryza, céréale de la famille des poacées, graminées cultivées dans les régions tro- picales. Pour pratiquer la culture de cette plante, cela suppose une sédentarisation. Le riz aurait été domestiqué il y a 3000 ans avant J.C6. Les Ezohile ont développé la riziculture dans le pays nzema. Mais, ils n’ont pas abandonné la chasse car leurs besoins de parures et de protéines animales les amenaient à chasser. Pour disposer d’œufs de python et de serpents boa pour le culte de leur fétiche, ils ont dû élever ces reptiles, dont ils consommaient la chaire et les œufs.