Le Rôle Du Confessionnalisme Dans La Vie Institutionnelle Libanaise
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Université Jean Moulin (Lyon 3) Faculté de Droit, 15 Quai Claude Bernard, 69007 Lyon Thèse pour l’obtention du titre de Docteur en Droit Arrêté ministériel du 30 mars 1992, modifié par l’arrêté du 25 avril 2002 et par l’arrêté du 7 août 2006 relatif à la formation doctorale. Discipline : Droit Public Titre : Le rôle du confessionnalisme dans la vie institutionnelle libanaise Présentée et soutenue publiquement par : Dani Ghoussoub Le 9 juillet 2007 Monsieur Thierry DEBARD Professeur de Droit à l’Université Jean Moulin (Lyon 3) Directeur de la recherche Jury : Monsieur Guy GUILLERMIN Professeur de Droit à l’Université Pierre Mendès France (Grenoble) ; Rapporteur extérieur Monsieur Michel CLAPIÉ Professeur de Droit à l’Université Montpellier I ; Rapporteur extérieur Monsieur Emile François CALLOT Professeur de Droit à l’Université Jean Moulin Lyon 3 Remerciements Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à Monsieur le Professeur Thierry DEBARD qui a accepté de diriger mon travail de recherche. Nos discussions et ses remarques avisées ont toujours été des plus constructives. Qu'il trouve à travers cette réflexion toute ma gratitude. Je tiens également à témoigner toute ma reconnaissance au Professeur Stéphane Doumbé- Billé pour sa contribution providentielle. Je remercie mes parents pour leur soutien inconditionnel dans les moments les plus difficiles. Leurs encouragements m’ont permis de rêver l’impossible, eux qui n’ont pas eu la chance de poursuivre leurs études au-delà du certificat d’études et qui ont toujours rêvé un autre destin pour leurs enfants. Du plus profond de mon être, je voudrais qu’ils sachent qu’ils ont été mes meilleurs professeurs pour m’avoir appris ce qu’aucune école ne pouvait m’apprendre ; le sens du sacrifice, l’abnégation, la valeur du travail, l’honnêteté, le dévouement, la droiture, la fidélité, la franchise, la probité et la sincérité. Je remercie enfin ma famille, au sens le plus large du terme, et plus spécialement mon cousin Issam RICHA auprès duquel j’ai beaucoup appris. A mes parents, Mes frères et sœur, Mon épouse Edita, Et notre enfant à venir … Avant-propos 1 - Le Liban, pays du Levant (Proche-Orient), est une étroite bande de terre bordée par la mer Méditerranée sur 240 km de côtes. Long de 250 km et large de 25 à 60 km, il est frontalier avec la Syrie sur 376 km et Israël au Sud sur 79 km. Sa superficie est de 10 452 km². Bien qu’il soit d’un relief très varié, la montagne occupe la plus grande partie de son territoire. On distingue 4 zones successives, orientées parallèlement au rivage : l'étroite plaine côtière alluviale, limitée par une côte coupée de promontoires rocheux favorables, depuis les Phéniciens, à l'installation de ports. le massif du Mont Liban 1 s'incline lentement vers le sud jusqu'aux monts Galilée et culmine à 3 090 mètres au Qurnat al-Saouda. Des rivières creusent des gorges profondes dans la montagne. Le versant occidental est couvert de forêts de pins et de cèdres. 1 Jabal Loubnan. la haute plaine intérieure de la Bekaa2 bien irriguée est le grenier de la région depuis l'antiquité, elle est prolongée par Akkar au nord. Le fleuve Oronte se dirige vers le nord et le Litani y coule en direction du sud. Enfin, le massif de l’Anti-Liban, plateau désertique installé à 2 300 mètres d'altitude, est prolongé au sud par le mont Hermon et constitue une frontière naturelle avec la Syrie. Son emplacement géographique, sa richesse en eau, ses montagnes dominant le Proche- Orient, son ouverture sur la Méditerranée et son climat tempéré, lui donnent une haute importance stratégique, économique, politique et militaire. C’est pour cela qu’il a été le lieu de brassage d’une multitude de civilisations et de cultures. 2 - On estime que le Liban compte une population de 3,8 millions d'habitants répartis sur une base confessionnelle. Les chiffres qui figurent ci-dessous ne sont toutefois pas officiels3. On retrouve approximativement 40% de chrétiens répartis comme suit : 800 000 maronites4 2 900 mètres d'altitude. 3 Il n'y a pas eu de recensement depuis le protectorat français. 4 L'Église maronite est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l'Église porte le titre de Patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient. Il a sa résidence à Bkerké au Liban. Le titulaire actuel est Son Éminence le cardinal Mar Nasrallah Boutros Sfeir. Le titre "Mar" veut dire "Monsieur" en syriaque. Dans la tradition maronite ce titre est également donné aux saints. Les patriarches Maronites portent toujours le nom "Boutros" en second prénom, voulant dire Pierre, par référence à Pierre, le fondateur de l'église d'Antioche. Le titre de Patriarche d'Antioche est très disputé et est actuellement porté également par quatre autres chefs d'Église. Les maronites sont des chrétiens qui se sont groupés autour du monastère Saint Maron, qui porte le nom de Maron et qui a été fondé par ses disciples qui conservaient son mode de vie ainsi que ses enseignements. L'influence de ce monastère sur d'autres monastères ainsi que sur les évêchés et les populations chrétiennes de la région n'était pas négligeable. Maron, l'ermite, vécut près d'Antioche vers la fin du IVe siècle. L'Église était alors divisée sur la nature de Jésus. Certains chrétiens affirmaient que l'homme était aussi Dieu ; d'autres, monophysites, ne reconnaissaient que sa nature divine. Maron s'installa alors en montagne pour être à l'écart de ces controverses théologiques et adorer Dieu. Dans sa retraite, Maron découvrit que sa vocation était de vivre avec le peuple. Il quitta donc son ermitage pour dispenser un enseignement spirituel. Ses disciples augmentèrent en nombre. Ils prirent son nom et se nommèrent « les moines maronites ». Maron est mort en 410 (ou en 435 selon les sources). Ses disciples continuèrent sa mission. Sa foi a été confirmée par le concile de Chalcédoine. En 451, au concile de 350 000 grecs orthodoxes5 250 000 grecs catholiques6 80 000 arméniens orthodoxes7 20 000 arméniens catholiques8 Chalcédoine, les maronites se tiennent à des positions claires et, avec le concile, soutiennent que le Christ est Dieu et homme à la fois, ayant deux natures : divine et humaine. Ils agissent en défenseurs intraitables du concile et de leur alliance avec le pape. C'est alors que les ennemis du concile de Chalcédoine devinrent les ennemis des maronites qui donnèrent 350 martyrs en 517 et commencèrent à gagner le territoire de ce qui allait, par la suite, devenir le Liban par groupes. Historiquement ce fut après cet événement que le terme "maronite" a été employé pour désigner particulièrement les disciples de Maron et plus généralement les personnes qui suivaient la foi de ses disciples. Les habitants du Mont-Liban se sont convertis vers la fin du Ve siècle au christianisme, grâce à quelques disciples de Maron, et devinrent maronites. Le plus connu parmi ces disciples était Abraham de Cyrrhus dont le nom fut donné au fleuve au bord duquel il habita et enseigna au nord de Beyrouth, le fleuve d'Abraham anciennement nommé le fleuve d'Adonis. Les maronites de la montagne libanaise accueillirent leurs frères qui venaient des alentours d'Antioche et ensemble, ils poursuivirent leur mission. 5 L'Église orthodoxe d'Antioche ou Église orthodoxe melkite est une Église orthodoxe autocéphale. Le chef de l'Église porte le titre de Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, avec résidence à Damas en Syrie (titulaire actuel : Ignace IV Hazim depuis le 2 juillet 1979). Le titre de Patriarche d'Antioche est très disputé et est actuellement porté également par quatre autres chefs d'Église. Le chef de l'Église porte toujours le titre de Patriarche d'Antioche même s'il n'y réside plus. Pendant le VIIe siècle, après la conquête arabo-musulmane, le patriarche résida à Constantinople. En 742, le calife omeyyade al-Hisham autorisa la réinstallation du patriarche à Antioche. En 1185, à l'époque des Croisades, le patriarche orthodoxe dut s'exiler à nouveau à Constantinople. Le retour d'un patriarche orthodoxe à Antioche ne sera possible qu'en 1269, après la prise de la ville par les Mamelouks égyptiens en 1268. En 1342, le patriarche s'installa à Damas. L'Église est organisée en plusieurs archidiocèses dont cinq au Liban. 6 Contrairement aux autres églises orientales, l'Église melchite n'est pas une Église nationale. C'est une Église particulière, dans le sens canonique du mot, répandue dans tout le Proche-Orient arabe et dans une diaspora qui prend de l'ampleur de plus en plus. Elle est l'héritière légitime des trois sièges apostoliques d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. Ses origines se confondent avec la prédication de l’Évangile dans le monde gréco- romain de la Méditerranée orientale et l'extension du Christianisme au-delà des limites de l'Empire. La formation des patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, les premiers au concile de Nicée (en 325), le troisième à Chalcédoine (en 451), l'ont façonnée et en ont fait une entité territoriale et juridique. L’Église melchite doit son caractère d'Église particulière à deux fidélités, celle à l' Empire de Byzance et celle aux sept premiers conciles œcuméniques. Elle ne prît son nom de Melchite cependant qu'à la fin du Ve siècle. Ce sobriquet avait été inventé par ses détracteurs, les Monophysites, pour stigmatiser sa fidélité à l'empereur Marcien (malka en syriaque) qui avait réuni le concile de Chalcédoine. De nos jours, au point de vue sociologique, I'Église melchite offre une homogénéité ethnique étonnante: son patriarche, son épiscopat, son clergé tant régulier que séculier, ses fidèles sont (surtout) arabes.