Jean-Philippe Billarant président du conseil d’administration Laurent Bayle directeur général Célèbre dans le monde entier pour ses rôles lyriques, ses interprétations de mélo- mercredi dies et de lieder, se consacre avec la même ferveur à la créa- 20 mars - 20h Alban Berg tion et au répertoire. Elle est ce soir l’interprète et la dédicataire d’une œuvre salle des concerts Sieben frühe Lieder (voir trad. p. 13) nouvelle de Bruno Mantovani, commande de l’Ensemble Intercontemporain : Das Nacht, Schilflied, Die Nachtigall, Traumgekrönt, Im Zimmer, erschafft der Dichter nicht, sur des poèmes de Heinrich Heine, en prélude à l’ex- Liebesode, Sommertage durée : 17 minutes position et à la série de concerts intitulées L’invention du sentiment - Aux sources du romantisme (du 2 avril au 30 juin 2002). György Ligeti Trois œuvres poursuivent la référence au romantisme : les Sept lieder de jeu- Trio, pour violon, cor et piano nesse d’Alban Berg, les Récits de contes (Märchenerzählungen) de Schumann – andantino con tenerezza, vivacissimo molto ritmico, alla l’une de ses toutes dernières pages – , et le Trio pour violon, cor et piano, hom- marcia, lamento (adagio) mage explicite, quoique sans citation directe, de Ligeti à Brahms. Les Trois durée : 22 minutes Chansons de Bilitis de Debussy, sur des poèmes de Pierre Louÿs, complètent ce programme. Claude Debussy Trois Chansons de Bilitis, pour soprano et piano La Flûte de Pan, La Chevelure, Le Tombeau des Naïades durée : 9 minutes

entracte

Robert Schumann Märchenerzählungen, op. 132, pour clarinette, alto et piano Lebhaft nicht zu schnell, Lebhaft und sehr markirt, Ruhiges Tempo mit zartem Ausdruck, Lebhaft sehr markirt durée : 15 minutes

Bruno Mantovani Das erschafft der Dichter nicht (commande de l'Ensemble Intercontemporain, création mondiale) (voir trad. p. 17) Le Retour (XLIII), Le Retour (LIX), Intermezzo lyrique (IX), Nocturnes (II), Le Retour (XIX), Le Retour (XLIII), Intermezzo lyrique (XVI) durée : 24 minutes

Barbara Hendricks, soprano solistes de l'Ensemble Intercontemporain : Alain Billard, clarinette basse Jean-Christophe Vervoitte, cor Samuel Favre, percussion Michael Wendeberg, piano Les artistes vous remercient de ne pas interrompre un groupe de mélodies par des Jeanne-Marie Conquer, violon applaudissements. Odile Auboin, alto Pierre Strauch, violoncelle Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Alban Berg composition avec piano : 1905-1908 ; création : trois des tendus vers l’exclamation finale de la cadence en ut Sieben frühe Lieder lieder (3,4 et 6) furent donnés le 7 novembre 1907 dans leur majeur, immédiatement minorisée. version avec piano par Elsa Paceller au sein d’un concert Au centre est placée la vision transfigurée du d’élèves de Schönberg ; création de la version révisée avec Traumgekrönt de Rilke, que Berg tenait pour un de ses orchestre : 1928 ; l’œuvre est dédiée à sa femme Hélène ; effectif : voix et piano ; éditeur : Universal Edition. meilleurs lieder ; c’est en tout cas l’un des plus singu- liers du cycle. Les plus anciens, Die Nachtigall et Im Berg compose, dans ses années de jeunesse, près Zimmer, placés de part et d’autre de ce centre, ainsi d’une centaine de lieder avec piano, restés pour la que Schilflied plus tardif, s’inscrivent plus étroitement plupart inédits du vivant du compositeur – ce dernier dans la tradition brahmsienne. Ils sont respectivement en ayant interdit l’exécution ou la publication. Firent orchestrés par les cordes seules et par les vents exception, avec deux autres, sept lieder qu’il choisit accompagnés de la harpe et du célesta, alors que le d’orchestrer en 1928 pour former les Sieben frühe dernier reprend la configuration soliste de la Symphonie Lieder. Composés alors que Berg a entre vingt et de chambre de Schönberg. Liebesode enfin, à l’image vingt-trois ans, au cœur de la période cruciale d’ap- du cycle entier, célèbre, dans des accents wolfiens, la prentissage avec Schönberg, ces sept lieder présen- fusion de la nature apaisée et des êtres amoureux, por- tent, dans une veine post-romantique et de manière tés par leurs « rêves éperdus d’ivresse et de ferveur ». condensée, les facettes d’un style en gestation. S’y affirme également la présence d’une subjectivité entiè- György Ligeti composition : 1982 ; l’œuvre est sous-titrée « hommage à rement tournée vers le lyrisme : la voix est ici le médium Trio, pour violon, Brahms » (en référence à l’effectif du Waldhorn-Trio op. 40) et d’une prise de parole volontaire et intense, mais aussi cor et piano est dédiée à Saschko Gawriloff, Hermann Baumann et Eckart Besch ; création : le 7 août 1982 à Hambourg-Bergedorf par le lieu où le sujet lyrique, naissant, « se concentre et se Saschko Gawriloff (violon), Hermann Baumann (cor) et Eckart vaporise », comme le disait Baudelaire. Besch (piano) ; effectif : violon, cor et piano ; éditeur : Schott. Bouleversant l’ordre chronologique de composition, Berg agence l’ensemble de manière à estomper toute Écrit après une période de réflexion de quatre ans progression stylistique trop évidente. Le cycle est pendant laquelle Ligeti ne livre aucun opus, ce Trio encadré par deux des derniers lieder, parmi les plus est une œuvre de transition qui doit être située dans accomplis (Nacht et Sommertage) : les seuls accom- le sillage de l’opéra Le Grand Macabre (1974-1977) pagnés par l’orchestre au complet. Le premier, de et des deux pièces pour clavecin, Passacaglia unghe- coupe tripartite (comme le suggère le texte), s’ouvre rese et Hungarian Rock (1978). L’écriture de Ligeti par un passage à l’allure statique et indécise – fondé s’éloigne alors des textures polyphoniques très denses sur la gamme par tons – et s’éclaire, en sa partie cen- et des processus formels continus au profit d’une trale, d’un la majeur rayonnant, servant de point de harmonie plus claire, à base de consonances et de départ à de lumineuses modulations. Le retour de couleurs modales fortement polarisées. L’idée de l’univers initial se teinte d’inquiétude et se délite dans répétition se fait également plus présente, aussi bien des sonorités proches de Debussy – dont Berg dans l’organisation formelle (formes ternaires à reprises connaissait parfaitement la musique. Le dernier lied, de l’andantino initial et du troisième mouvement alla Sommertage, fait montre d’une rigueur de dévelop- marcia) que comme procédé d’écriture (formules en pement thématique portant la marque de l’appren- ostinato du deuxième mouvement vivacissimo molto tissage schönbergien, non moins que l’empreinte ritmico, et principe de passacaille qui régit le qua- expressive de Strauss. Il se déploie en trois gestes, trième, lamento). D’un point de vue stylistique, cette

4| cité de la musique notes de programme | 5 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

nouvelle période dans l’œuvre de Ligeti, si elle entend Claude Debussy composition : 1897-98 ; création : le 17 mars 1900 par se démarquer aussi bien des avant-gardes musicales Trois Chansons de Bilitis Blanche Marot (voix) et Claude Debussy (piano), lors d’un des années 50-60 que de tout esprit « rétro » de récu- concert de la Société nationale de musique ; effectif : voix et piano ; éditeur : Jobert. pération de la musique tonale, s’appuie sur une démarche syncrétique à la croisée de différentes tra- Le 27 juillet 1897, Debussy terminait la première des ditions européenne ou extra-européenne dont les trois Chansons de Bilitis, la plus suave, La Flûte de traces sont aisément perceptibles. Pan. La deuxième, La Chevelure (notée « assez lent, Le premier mouvement, noté « avec tendresse », que très expressif et passionnément concentré »), sera Ligeti décrit comme « la vision d’une musique très loin- achevée fin août, dédiée à Madame Alice Peter et taine, douce et mélancolique, qui nous parviendrait publiée dans le numéro d’octobre de L’Image. Quant comme à travers des écrans de cristaux de fumée », au Tombeau des Naïades, Debussy en achève la repose sur le développement de deux « couches » indé- composition en mars 1898, écrivant à Pierre Louÿs, pendantes : l’une, harmonique, est donnée par le violon parti raccompagner son amie Zohra en Algérie : « J’ai à la manière d’un choral, et ponctuée à chaque fin de été très malheureux depuis ton départ, malheureux phrase par le piano ; l’autre, mélodique, se déploie au cor de la façon la plus passionnée, et j’ai beaucoup à partir des mêmes intervalles, mais selon une logique pleuré. » Avant d’ajouter en avril : « Je me sens seul propre. Les deuxième et troisième mouvements sont et désemparé. Rien n’a changé dans le ciel noir qui fait caractéristiques des multiples influences qui nourris- le fond de ma vie, et je ne sais guère où je vais, si ce sent le travail rythmique du Ligeti des années 80. Le n’est vers le suicide, dénouement bête à quelque vivacissimo molto ritmico est une danse coulante et chose qui méritait peut-être mieux, et cela surtout très rapide – jouant des différentes divisions de la mesure par lassitude de lutter contre d’imbéciles impossibili- en 3+3+2 ou 3+2+3, etc. – qui crée une sorte de folk- tés, en outre méprisables. » lore imaginaire où les ascendances hongroises du com- Derrière ces mélodies tout en litote qui tracent l’ara- positeur seraient comme transposées quelque part besque amoureuse allant de la séduction à la séparation, entre l’Afrique centrale et les Caraïbes. La complexité en passant par la consommation, se profile l’ombre du croissante dans l’élaboration et l’autonomie acquise langage de Pelléas et Mélisande, jusque dans ses par les différentes voix renvoie également aux recherches images de chevelure et de glace brisée. L’opéra a enfin polymétriques du compositeur américain Conlon reçu une « acceptation de principe » à l’Opéra-Comique Nancarrow. De même, le troisième mouvement repose, au mois de mai, sans que Debussy ne parvienne à trou- de part et d’autre d’une section centrale plus homo- ver une chanteuse pour créer ses Chansons. Elles atten- phone, sur la déconstruction graduelle d’une marche, dront, pour leur première audition, jusqu’au 17 mars par décalages successifs d’une cellule rythmique et par 1900 à la Société nationale de musique, la bonne jeu sur la vitesse de déroulement entre les instruments. volonté de Blanche Marot. Et dans la poésie de Louÿs, Le lamento final est fondé sur un schéma harmonique Debussy sera particulièrement sensible aux sonorités répété, peu à peu enseveli par les lignes chromatiques. prolongées (« hyacinthies »), à l’emploi de désinences Cette progression dramatique va de pair avec un écar- féminines et à une morbidité « fin-de-siècle » que le tèlement des registres, et un étirement du temps qui piano conduit dans le registre de la discrétion elliptique. donne à cette fin le caractère d’un paysage désolé. Publiant en décembre 1894 ces Chansons de Bilitis, Traduites du grec pour la première fois par P. L., Pierre Cyril Béros Louÿs reprenait le flambeau d’une tradition consis-

6| cité de la musique notes de programme | 7 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

tant à utiliser le masque de l’antiquité pour mieux dis- Tieck, Kleist ou bien sûr Novalis. L’Homme au sable simuler des arrière-pensées d’ordre érotique, jusqu’à représentait, selon Freud, l’archétype de ce qu’il nom- inventer ici la biographie fantaisiste de l’auteur sup- mait l’Unheimlich, traduit en français par « inquiétante posé, la poétesse Bilitis, amie de Sappho. La muse en étrangeté » – « cette variété particulière de l’effrayant fut d’abord une jeune fille de Biskra en Algérie, Meyrem qui remonte au depuis longtemps connu, depuis long- bent Ali, rencontrée en 1894. D’autres suivront dans temps familier ». les éditions augmentées, telle Zohra qui l’accompa- Les Phantasiestücke (Morceaux de fantaisie) op. 73, gnera lors de son retour à en mai 1897, ou pour clarinette et piano (1849), et les trois Märchenbilder encore Marie de Régnier, la sœur de sa future femme, (Tableaux de contes) pour alto et piano (1851), ont en qui lui inspirera La Chevelure. commun de recourir aux timbres moirés de deux ins- Pierre Louÿs est l’ami des années des débuts de la truments rares dans la musique de chambre roman- carrière de Claude Debussy. Il avait huit ans de moins tique allemande. Les demi-teintes voilées de l’alto et que le musicien, une vie libre et indépendante, une de la clarinette s’y joignent au piano, l’éternel confi- générosité prodigue et une inlassable curiosité entre dent de Schumann. Ces trois instruments sont réunis érudition et érotisme. Les Chansons de Bilitis, pro- en 1853 dans les quatre Märchenerzählungen (Récits longées par la musique de scène écrite pour une réci- de contes), derniers sursauts d’un esprit en train de tation mimée de poèmes, sera leur seule collaboration chavirer, jaillis dans l’un des rares moments de lucidité menée à terme ; et leur amitié se distendra ultérieu- que laissait à Schumann la maladie (9-11 octobre) : rement dans ces « fêlures » évoquées par Debussy quelques mois plus tard, le 27 février, il tentera de se sui- dans une lettre du 19 juin 1903. cider en se jetant dans le Rhin. Le compositeur opte ici pour la clarinette en si bémol, Martine Kaufmann plus lumineuse que celle en la requise dans les Phantasiestücke. Le ton des quatre pièces se veut Robert Schumann Exercice favori des romantiques allemands, le enjoué, robuste, charmeur, voire humoristique. Mais les Märchenerzählungen, Märchen (conte), était, selon Novalis, « complètement espiègleries qui contrecarrent sans cesse la suavité op. 132 musical ». Dans ses écrits théoriques, le poète souli- générale sonnent surtout comme la marque d’un esprit gna longuement la portée de ce genre en lequel il désordonné, tentant en vain de croire à sa bonne voyait à la fois le « canon de la poésie », le véhicule de humeur. À ce titre, la deuxième pièce est la plus carac- « l’esprit universel » et le moyen idéal de s’écarter de téristique : l’alto et la clarinette se livrent à une parade la pensée rationnelle pour plonger dans le fantastique bizarre, presque grotesque, sollicitant leurs tessitures et dans l’intimité de l’âme. Au siècle suivant, la psy- extrêmes au sein d’un discours disloqué. Après cela, chanalyse s’empara de ces textes racontant déjà l’in- le tendre troisième mouvement sonne comme la rêve- conscient humain, du traditionnel conte de fée au rie d’un esprit échappant au réel. Quant au panache récit submergé par la Phantasie, cette faculté propre du finale, il n’est que feint. Les puissants rythmes du aux romantiques allemands de s’abandonner à toutes piano semblent figés, pathétiquement englués dans un les productions de l’esprit, de la nostalgie aux plus périmètre clos : celui d’une âme livrée à ses souvenirs saisissantes hallucinations. refoulés, à cet « effrayant familier » dont se repaît la folie. Dès 1919, Freud scruta l’Homme au sable d’E. T. A. Hoffmann, avant que ses disciples et suc- Claire Delamarche cesseurs ne s’emparent à leur tour des textes de

8| cité de la musique notes de programme | 9 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Bruno Mantovani composition : entre avril et mai 2001 ; commande de inhabituelle des textes (pour une œuvre d’à peu près Das erschafft l’Ensemble Intercontemporain ; effectif : soprano solo, clari- vingt-cinq minutes), l’absence de mélismes sont der Dichter nicht nette basse/clarinette en si bémol, cor en fa, percussion, autant d’éléments qui contribuent à faire de cette piano, alto, violoncelle ; l’œuvre est dédiée à Barbara pièce un récit chanté, reposant sur des dramaturgies Hendricks ; éditeur : Lemoine. imaginaires, dans un style vocal proche du récita- Composée en avril et mai 2001, cette œuvre marque tif, et donc de l’opéra. pour moi le retour à l’écriture vocale, un an et demi après La Morte meditata, pour mezzo-soprano et Bruno Mantovani ensemble. Si dans cette précédente pièce, je m’étais © InSit’ n° 19 (mars 2002) tourné vers le poète italien Giuseppe Ungaretti, c’est Heinrich Heine qui est ici mis à l’honneur, à travers six poèmes choisis dans Le Livre des chants. Bien qu’appartenant à des cycles différents (et plus pré- cisément à l’Intermezzo lyrique, au Retour et aux Nocturnes), ces textes forment ici un tout : l’œuvre musicale est d’un seul tenant, la récurrence du pre- mier poème, avant la section finale, contribuant à donner un caractère unitaire à la forme. Rompant avec l’atmosphère joyeuse et virtuose de Troisième round ou des Danses interrompues, cette œuvre témoigne de ma volonté de revenir à une écriture lyrique, éloignée des références aux musiques popu- laires (bien qu’une fausse comptine rythme la section centrale, la plus longue de la pièce). Après avoir (momentanément, je pense) épuisé le champ des emprunts au jazz ou à la techno, j’ai éprouvé le besoin d’élaborer un univers musical plus ascétique. Ce désir de créer de sombres couleurs sonores a été déterminant dans le choix de l’effectif qui, per- cussion mise à part, pourrait reposer sur le principe d’une transposition vers le registre grave de l’ins- trumentation du Pierrot lunaire (puisque, par rapport à Schönberg, j’ai remplacé ici la flûte par le cor, la clarinette par la clarinette basse, et le violon par l’alto). Les six instruments fonctionnent comme un écrin, à l’intérieur duquel la voix se déploie avec le plus de liberté possible (la complexité de l’écriture rythmique pour la soprano visant paradoxalement à recréer un sentiment de naturel dans la prosodie). Les nombreux changements de tempi, la longueur

10 | cité de la musique notes de programme | 11 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Alban Berg Alban Berg 3. Die Nachtigall 3. Le Rossignol Sieben frühe Lieder Sept lieder de jeunesse Das macht, es hat die Nachtigall C’est l’œuvre du rossignol, Die ganze Nacht gesungen; qui a chanté toute la nuit 1. Nacht 1. Nuit Da sind von ihrem süßen Schall, et qui, de son doux chant Da sind in Hall und Widerhall renvoyé par l’écho, Dämmern Wolken über Nacht und Tal, Des nuages somnolents s’étendent au-dessus Die Rosen aufgesprungen. a fait éclore les roses. Nebel schweben, Wasser rauschen sacht. [de la nuit et de la vallée, Nun entschleiert sich's mit einemmal: des nappes de brouillard flottent dans les airs, Sie war doch sonst ein wildes Blut, Elle n’était pourtant que fougue O gib Acht! Gib Acht! [l’eau murmure doucement. Nun geht sie tief in Sinnen, et la voilà profondément recueillie, Weites Wunderland ist aufgetan. Et soudain tout se révèle au regard : Trägt in der Hand den Sommerhut tenant à la main son chapeau d’été Silbern ragen Berge, traumhaft groß, Oh, prends garde ! Prends garde ! Und duldet still der Sonne Glut endurant en silence l’ardeur du soleil Stille Pfade silberlicht talen Un vaste et merveilleux pays s’ouvre à nous ; Und weiß nicht, was beginnen. et ne sachant qu’entreprendre. Aus verborg'nem Schoß; des montagnes argentées se dressent, d’une Und die hehre Welt so traumhaft rein. [hauteur fabuleuse ; Das macht, es hat die Nachtigall C’est l’œuvre du rossignol, Stummer Buchenbaum am Wege steht nés de l’ombre, des sentier solitaires aux reflets Die ganze Nacht gesungen; qui a chanté toute la nuit Schattenschwarz, ein Hauch vom fernen Hain [d’argent Da sind von ihrem süßen Schall, et qui, de son doux chant Einsam leise weht. descendent vers la vallée ; Da sind in Hall und Widerhall renvoyé par l’écho, Und aus tiefen Grundes Düsterheit majestueux, l’univers resplendit dans une Die Rosen aufgesprungen. a fait éclore les roses. Blinken Lichter auf in stummer Nacht. [pureté de rêve. Trinke Seele! Trinke Einsamkeit! Au bord du chemin s’élève un hêtre muet, Theodor Storm (1817-1888) O gib Acht! Gib Acht! d’un noir d’ombre ; venue du lointain bosquet, [une douce exhalaison répand son souffle Carl (Ferdinand Max) Hauptmann (1858-1921) solitaire. 4. Traumgekrönt 4. Dans une auréole de rêve Et, montant de l’obscurité des profondeurs, [des lueurs scintillent dans la nuit silencieuse. Das war der Tag der weißen Chrysanthemem, C’était le jour des blancs chrysanthèmes, Abreuve-toi, mon âme ! Abreuve-toi de solitude ! Mir bangte fast vor seiner Pracht... j’en redoutais presque la splendeur… Oh, prends garde ! Prends garde ! Und dann, dann kamst du mir die Seele nehmen Et puis tu vins, au plus profond de la nuit, Tief in der Nacht. prendre mon âme. Mir war so bang, und du kamst lieb und leise, J’avais tellement peur et tu vins, tendrement 2. Schilflied 2. Chanson du roseau Ich hatte grad im Traum an dich gedacht. [et doucement, Du kamst, und leis' wie eine Märchenweise alors qu’en rêve je venais de penser à toi ; Auf geheimem Waldespfade Par des sentiers secrets au clair de lune, Erklang die Nacht. tu vins et doucement, comme une mélodie Schleich' ich gern im Abendschein j’aime traverser furtivement la forêt [féerique, An das öde Schilfgestade, jusqu’à la rive déserte bordée de roseaux Rainer Maria Rilke (1875-1926) la nuit fit entendre son chant. Mädchen, und gedenke dein! et penser à toi, bien-aimée !

Wenn sich dann der Busch verdüstert, Puis, lorsque le bois s’obscurcit, Rauscht das Rohr geheimnisvoll, le roseau se met à frémir mystérieusement 5. Im Zimmer 5. Dans la chambre Und es klaget und es flüstert, et, en entendant sa plainte et son murmure, Daß ich weinen, weinen soll. je ne puis m’empêcher de pleurer, de pleurer. Herbstsonnenschein. Soleil d’automne. Der liebe Abend blickt so still herein. L’aimable couchant pénètre la fenêtre de ses Und ich mein', ich höre wehen Je crois alors entendre le son de ta voix Ein Feuerlein rot [rayons. Leise deiner Stimme Klang, résonner doucement Knistert im Ofenloch und loht. Un modeste feu aux rouges reflets Und im Weiher untergehen et les suaves accents de ton chant So, mein Kopf auf deinen Knien, crépite et flambe dans le poêle. Deinen lieblichen Gesang. se perdre dans l’étang. So ist mir gut. Comme je me sens bien ainsi, Wenn mein Auge so in deinem ruht, la tête posée sur tes genoux ! Nikolaus Lenau (1802-1850) Wie leise die Minuten ziehn. Quand mes yeux ainsi se fixent sur les tiens, comme les minutes passent sans bruit ! Johannes Schlaf (1862-1941)

12 | cité de la musique notes de programme | 13 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

6. Liebesode 6. Ode amoureuse Claude Debussy III. Le Tombeau des Naïades Trois Chansons de Bilitis Im Arm der Liebe schliefen wir selig ein, Nous nous étions endormis, bienheureux, dans Le long du bois couvert de givre, Am offnen Fenster lauschte der Sommerwind, [les bras de l’amour ; je marchais ; I. La Flûte de Pan Und unsrer Atemzüge Frieden trug er hinaus par la fenêtre ouverte, la brise prêtait l’oreille, mes cheveux devant ma bouche in die helle Mondnacht. emportant dans le clair de lune notre souffle se fleurissaient de petits glaçons, Pour le jour des Hyacinthies, Und aus dem Garten tastete zagend sich ein [paisible, et mes sandales étaient lourdes il m’a donné une syrinx Rosenduft an unserer Liebe Bett et, montant du jardin, un parfum de rose se de neige fangeuse et tassée. faite de roseaux bien taillés, Und gab uns wundervolle Träume, [hasardait Il me dit : « Que cherches-tu ? unis avec la blance cire Träume des Rausches, so reich an Sehnsucht. et nous donnait des rêves merveilleux, – Je suis la trace du satyre. qui est douce à mes lèvres des rêves éperdus d’ivresse et de ferveur. Ses petits pas fourchus alternent comme des comme le miel Otto Erich Hartleben (1864-1905) [trous Il m’apprend à jouer, dans un manteau blanc. » assise sur ses genoux ; Il me dit : « Les satyres sont morts. mais je suis un peu tremblante. 7. Sommertage 7. Jours d’été Les satyres et les nymphes aussi. Il en joue après moi, Depuis trente ans il n’a pas fait un hiver si doucement Nun ziehen Tage über die Welt, Venus de l’azur éternel, aussi terrible. que je l’entends à peine. Gesandt aus blauer Ewigkeit, les jours s’en vont de par le monde, La trace que tu vois est celle d’un bouc. Nous n’avons rien à nous dire, Im Sommerwind verweht die Zeit. le temps s’évanouit, emporté par la brise. Mais restons ici, où est leur tombeau. tant nous sommes près l’un de l’autre ; Nun windet nächtens der Herr Voilà que, de nuit, le Seigneur Et avec le fer de sa houe mais nos chansons veulent se répondre, Sternenkränze mit seliger Hand tresse de sa main bénie des couronnes d’étoiles il cassa la glace de la source et tour à tour nos bouches s’unissent sur la flûte. Über Wander- und Wunderland. au-dessus de ce pays d’errances et de merveilles. où jadis riaient les naïades. Il est tard ; O Herz, was kann in diesen Tagen Ô, mon âme, que pourrait dire en ces jours Il prenait de grands morceaux froids, voici le chant des grenouilles vertes Dein hellstes Wanderlied denn sagen ton plus vif chant de marche et les soulevant vers le ciel pâle, qui commence avec la nuit. Von deiner tiefen, tiefen Lust: de ton profond, si profond désir ? il regardait au travers. Ma mère ne croira jamais Im Wiesensang verstummt die Brust, Dans le chant des prairies le cœur garde le silence, que je suis restée si longtemps Nun schweigt das Wort, wo Bild um Bild la parole devient muette lorsque les images une à chercher ma ceinture perdue. Zu dir zieht und dich ganz erfüllt. [à une Pierre Louÿs vers toi affluent et t’emplissent toute entière. Paul Hohenberg II. La Chevelure traduction française © Deutsche Grammophon Il m’a dit : « Cette nuit ; j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine. « Je les caressais, et c’étaient les miens ; et nous étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine. « Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres étaient confondus, que je devenais toi-même ou que tu entrais en moi comme mon songe. » Quand il eut achevé il mit doucement ses mains sur mes épaules, et il me regarda d’un regard si tendre, que je baissai les yeux avec un frisson.

14 | cité de la musique notes de programme | 15 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Dort wollen wir niedersinken C’est là que nous nous poserons ; Bruno Mantovani Bruno Mantovani Unter dem Palmenbaum, Et là, allongés sous la palme, Das erschafft der Dichter nicht Quel poète t’inventerait Und Liebe und Ruhe trinken, Abreuvés d’amour et de calme, Und träumen seligen Traum. Célestement nous rêverons. Le retour (XLIII) Le retour (XLIII)

Werdet nur nicht ungeduldig, Mes amis, soyez indulgents Nocturnes (II) Nocturnes (II) Wenn von alten Leidensklängen Si de mes vieilles élégies Manche noch vernehmlich tönen Ont persisté quelques accents Ein Traum, gar seltsam schauerlich, Un rêve étrange et oppressant In den neuesten Gesängen. Parmi mes chants les plus récents. Ergötzte und erschreckte mich. M’a ravi, puis saisi d’effroi. Noch schwebt mir vor manch grausig Bild, J’y songe encore et ces visions Wartet nur, es wild verhallen Patience, un jour ils se perdront, Und in dem Herzen wogt es wild. Font battre mon cœur emballé. Diese Echo meiner Schmerzen, Ces longs échos de ma souffrance, Und ein neuer Liederfrühling Puis un nouveau printemps lyrique Das war ein Garten, wunderschön, C’était un jardin merveilleux Sprießt aus dem geheilten Herzen. Fleurira sur mon cœur guéri. Da wollt ich lustig mich ergehn; Où tout m’invitait à la joie Viel schöne Blumen sahn mich an, Et mille fleurs, pour m’égayer, Ich hatte meine Freude dran. Tournaient vers moi leurs jolis yeux. Le retour (LIX) Le retour (LIX) Es zwitscherten die Vögelein Les tendres oiseaux gazouillaient Ich hab mir lang den Kopf zerbrochen, J’ai tout retourné dans ma tête, Viel muntre Liebesmelodein; Leurs gaies amours mélodieuses ; Mit Denken und Sinnen, Tag und Nacht, Songé, réfléchi jour et nuit : Die Sonne rot, von Gold umstrahlt, Un soleil rouge à l’aura d’or Doch deine liebenswürdigen Augen Puis enfin tes yeux adorables Gie Blumen lustig bunt bemalt. Peignait les fleurs en mille teintes. Sie haben mich zum Entschluß gebracht. M’ont fait prendre ma décision ; Viel Balsamduft aus Kräutern rinnt, L’herbe exhale un air embaumé, Jetzt bleib ich, wo deine Augen leuchten, Je veux rester où tes yeux brillent Die Lüfte wehen lieb und lind; Sous la brise légère et douce. In ihrer süßen klugen Pracht – De leur doux et splendide éclat – Und alles schimmert, alles lacht, Devant moi, tout rit, tout chatoie, Daß ich noch einmal würde lieben, Voici qu’à nouveau mon cœur aime Und zeigt mir freundlich seine Pracht. Déploie sous mes yeux sa splendeur. Ich hätt es nimmermehr gedacht. Comment l’aurais-je jamais cru ? Inmitten in dem Blumenland Au milieu de ces champs fleuris, Ein klarer Marmorbrunnen stand; Une fontaine au marbre clair : Intermezzo Iyrique (IX) Intermezzo lyrique (IX) Da schaut ich eine schöne Maid, Je vis là une belle enfant Die emsig wusch ein weißes Kleid. Qui lavait un blanc vêtement. Auf Flügein des Gesanges, Et sur les ailes de mon chant, Herzliebchen, trag ich dich fort, Mignonne je t’emporterai : Die Wänglein süß, die Äuglein mild, Joue délicate et beaux yeux sages, Fort nach den Fluren des Ganges, Là-bas dans les contrées du Gange Ein blondgelocktes Heilgenbild; Aux cheveux blonds de pieuse image ; Dort weiß ich den schönsten Ort. Je sais un endroit des plus beaux. Und wie ich schau, die Maid ich fand Mais à ce visage étranger So fremd und doch so wohlbekannt. Je trouvai un air familier. Dort liegt ein rotblühender Garten Un jardin plein de fleurs ardentes Im stillen Mondenschein; S’étend là-bas au clair de lune ; Die schöne Maid, die sputet sich, La belle toute à sa besogne Die Lotosblumen erwarten Les fleurs de lotus attendent Sie summt ein Lied gar wunderlich: Chante une étrange ritournelle : Ihr trautes Schwesterlein. Leur chère petite âme sœur. « Rinne, rinne, Wässerlein, « Sans trêve cours, ma pure eau vive, Wasche mir das Linnen rein. » Lave mon linge, lave bien ! » Die Veilchen kichern und kosen, Les timides violettes rient Und schaun nach den Sternen empor; Levant leurs yeux vers les étoiles Ich ging und nahete mich ihr, J’approchai d’elle et me penchant Heimlich erzähien die Rosen Les roses se disent tout bas Und flüsterte: O sage mir, Lui dis tout bas : « Dis-moi, ma mie, Sich duftende Märchen ins Ohr. Des contes aux mille parfums. Du wunder schöne, süße Maid, Dis-moi donc, ma toute jolie : Für wen ist dieses weiße Kleid? Pour qui est ce blanc vêtement ? » Es hüpfen herbei und lauschen Curieuses, d’un bond accourues, Die frommen, klugen Gazelln; Écoutent les douces gazelles Da sprach sie schnell: Sei bald bereit, « Prépare-toi, me répond-elle, Und in der Ferne rauschen Cependant que murmure au loin Ich wasche dir dein Totenkleid! Ce que je lave est ton linceul ! » Des heiligen Stromes Welln. L’eau bénie du fleuve sacré. Und als sie dies gesprochen kaum, Dès que ces mots ont retenti

16 | cité de la musique notes de programme | 17 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Zerfloß das ganze Bild, wie Schaum. – Tout disparut comme un mirage.– Ich ging und nahete mich ihr J’approchai d’elle et me penchant Und flüsterte: O sage mir, Lui dis tout bas : « Dis-moi, ma mie, Und fortgezaubert stand ich bald Un charme alors m’emporta vers Du wunderschöne, süße Maid, Dis-moi donc, ma toute jolie, In einem düstern, wilden Wald. Une obscure forêt sauvage Was diese Grube hier bedeu't? À qui ce trou est destiné ? » Die Bäume ragten himmelan; Où les arbres touchaient le ciel Ich stand erstaunt und sann und sann. J’arrivai là tout étourdi. Da sprach sie schnell: Sei still, ich hab «Tu vas le savoir, me dit-elle : Geschaufelt dir ein kühles Grab. C’est ta tombe que j’ai creusée. » Und horch ! welch dumpfer Widerhall! Comme un bruit sourd, j’entends au loin Und als so sprach die schöne Maid, Et quand la belle eut dit ces mots Wie ferner Äxtenschläge Schall. Les coups répétés d’une hache ! Da öffnet sich die Grube weit; Je vis tout grand s’ouvrir la fosse ; Ich eil durch Busch und Wildnis fort, Courant par fourrés et taillis Und komm an einen freien Ort. J’arrive enfin sur la clairière. Und als ich in die Grube schaut, Et quand pour voir je m’y penchai Ein kalter Schauer mich durchgraut; Un effroi glacé m’envahit ; Inmitten in dem grünen Raum, Au beau milieu de la prairie Und in die dunkle Grabenacht Dans la nuit noire du tombeau Da stand ein großer Eichenbaum; Se dresse un chêne de haut fût : Stürzt ich hinein, – und bin erwacht. Je basculai – et m’éveillai. Und sieh ! mein Mägdiein wundersam Qui vois-je alors ? L’étrange enfant Haut mit dem Beil den Eichenstamm. Qui frappe le tronc de sa hache. Le retour (XIX) Le retour (XIX) Und Schlag auf Schlag, und sonder Weil, À chaque coup de sa cognée – Summt sie ein Lied und schwingt das Beil: Elle fredonne une chanson : Ich trat in jene Hallen, Je suis passé sous ces arcades, «Eisen blink, Eisen blank, « Lame vive, lame nue, Wo sie mir Treue versprochen; Où elle me donna sa foi ; Zimmre hurtig Eichenschrank. » Tranche mes planches de bahut ! » Wo einst ihre Tränen gefallen, À l’endroit mouillé de ses larmes, Sind Schlangen hervorgekrochen. Grouillait un gros nœud de vipères. Ich ging und nahete mich ihr, J’approchai d’elle et me penchant Und flüsterte: O sage mir, Lui dis tout bas : « Dis-moi, ma mie, Du wundersüßes Mägdelein, Dis-moi mignonne, ma jolie : Le retour (XLIII, bis) Le retour (XLIII, bis) Wem zimmerst du den Eichenschrein? Pour qui ce coffre en bois de chêne ? »

Da sprach sie schnell: Die zeit ist karg, « Le temps t’est compté, me dit-elle, Intermezzo Iyrique (XVI) Intermezzo lyrique (XVI) Ich zimmre deinen Totensarg ! Vois ce cercueil, il est pour toi ! » Und als sie dies gesprochen kaum, Dès que ces mots ont retenti Liebste, sollst mir heute sagen: Mon doux cœur, dis-moi donc un peu : Zerfloß des ganze Bild, wie Schaum. – Tout disparut comme un mirage. – Bist du nicht ein Traumgebild, Ne serais-tu de ces chimères Wie's in schwülen Sommertagen Qui l’été, aux jours de moiteur, Es lag so bleich, es lag so weit Partout s’étendait grise et nue Aus dem Hirn des Dichters quillt? Surgissent du front du poète ? Ringsum nur kahle, kahle Heid; La lande jusqu’à l’horizon ; Ich wußte nicht wie mir geschah, J’étais là, je ne sais comment, Aber nein, ein solches Mündchen, Mais non, une bouche pareille, Und heimlich schaudernd stand ich da. Et transi d’un secret frisson. Solcher Augen Zauberlicht, Des prunelles aussi magiques, Solch ein liebes, süßes Kindchen, Une enfant si délicieuse Doch als ich eben fürder schweif, Et mes pas me portant plus loin Das erschaffl der Dichter nicht. Ne sont créations de poète. Gewahr ich einen weißen Streif; J’aperçus une forme blanche ; Ich eilt drauf zu, und eilt und stand, J’y courus vite et quand j’y fus Basiliken und Vampire, Le basilic et le vampire Und sieh! die schöne Maid ich fand. Qui vois-je encor ? La belle enfant. Lindenwürm und Ungeheur, Et les monstres et les dragons, Solche schlimme Fabeltiere, Tous ces animaux fabuleux, Auf weiter Heid die weiße Maid La blanche enfant sur cette lande Die erschaffl des Dichters Feuer. Eux, sont créations de poète. Grub tief die erd mit Grabescheit. Creusait dans la terre un grand trou. Kaum wagt ich noch sie anzuschaun, Mes yeux n’osaient la regarder, Aber dich und deine Tücke, Mais toi, avec tes perfidies, Sie war so schön und doch ein Graun. De frayeur malgré sa beauté. Und dein holdes Angesicht, Et ton doux visage angélique, Und die falschen frommen Blicke – Tes yeux de fausse chasteté : Die schöne Maid, die sputer sich, La belle toute à sa besogne Das erschafft der Dichter nicht. Quel poète t’inventerait ! Sie summt ein Lied gar wunderlich: Creuse et fredonne un air étrange : « Spaten, Spaten, scharf und breit, «Creuse, ma bêche, et mords la terre Heinrich Heine traduction Nicole Taubes © Livre des chants, Schaufle Grube tief und weit. » Large et profonde soit la fosse ! » Livre des chants (Le retour XLIII, LIX, XIX ; Bibliothèque franco-allemande (avec l’aimable Intermezzo lyrique IX, XVI ; Nocturnes II) autorisation des Éditions du Cerf)

18 | cité de la musique notes de programme | 19 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Alban Berg Macabre (1974-1977, nouvelle ver- dont il mettra en musique nombre de Bruno Mantovani Compositeur autrichien né à Vienne sion créée en 1997), Concerto pour poèmes. Le langage musical de Né en 1974 à Châtillon, il entre en en 1885, mort en 1935. Il forme avec piano (1985-1988), Concerto pour Debussy, qui se révèle dans les mélo- 1993 au Conservatoire de Paris où il Schönberg et Webern la Nouvelle violon (1990-1992), Études pour dies et les pièces pour piano, s’épa- remporte les premiers prix d'analyse, École de Vienne qui provoqua un piano (1985-2001), Nonsense nouit dans les œuvres symphoniques. d'esthétique, d'orchestration, d'his- bouleversement du langage musical Madrigals (1988-1993), Sonate pour En 1893, il s’enthousiasme pour le toire de la musique, et de composi- de l’époque. Abandonnant progressi- alto solo (1991-1994), drame de Maeterlinck Pelléas et tion (3e cycle dans la classe de Guy vement le système tonal, il adhéra au Hamburgisches Konzert pour cor et Mélisande, qui inspirera son opéra Reibel). Il complète sa formation à la dodécaphonisme schönbergien, orchestre de chambre (1998-1999) et créé en 1902. Après un voyage à session de composition de l'abbaye avant de réintégrer, d’une manière Sifflet, tambours, violons-roseaux sur Budapest, en 1910, qui lui vaut un de Royaumont en 1995 (auprès de très personnelle, certains principes des poèmes de Sándor Weöres, grand succès, il accepte, en 1911, Brian Ferneyhough et de Michael de la tonalité (Concerto pour violon pour quatre percussions et mezzo- d’écrire pour Mme Ida Rubinstein la Jarrell), à l'université de Rouen (maî- « À la mémoire d’un ange »). Il est soprano (2000). musique du Martyre de saint trise de musicologie en 1996), et à notamment l’auteur des Altenberg- Sébastien, d’après d’Annunzio. Le l'Ircam (cursus de composition et Lieder, de la Suite Lyrique pour qua- Claude Debussy ballet Jeux est créé en 1912 par les d'informatique musicale en 1998- tuor à cordes et de deux opéras, Né à Saint-Germain-en-Laye en Ballets russes, sur une chorégraphie 1999). Bruno Mantovani a reçu plu- Wozzeck et Lulu. 1862, Claude Debussy entre à onze de Nijinski. En 1914, peu avant que sieurs prix : bourse de composition ans au Conservatoire de Paris où il n’éclate la Première Guerre mondiale, de l'Académie des Beaux-Arts en György Ligeti étudie successivement le piano, l’har- un voyage en Russie lui apporte la 1997, bourse de la fondation Nadia et Compositeur d'origine hongroise (né monie et la composition. Son profes- consécration. Claude Debussy meurt Lili Boulanger en 1999, premier prix en 1923), il est naturalisé autrichien. seur de piano, le célèbre Marmontel, à Paris en 1918. au concours international de compo- Élève de l'Académie Franz-Liszt de le fait agréer comme pianiste par sition de Stuttgart en 1999, Prix Budapest (1945-1949), il quitte son Mme de Meck, égérie de Robert Schumann Hervé-Dugardin de la Sacem en pays à la suite des événements de Tchaïkovski ; avec elle, il voyage à tra- Né à Zwickau (Saxe) en 1810, il 2000. Il a reçu des commandes de 1956. Il travaille alors avec vers l’Europe jusqu’en Russie. En commence d’abord par étudier le l'État, de Radio France, de plusieurs Stockhausen au Studio de musique 1884, il obtient le Premier Grand Prix droit avant de ressentier un « appel organismes (comme Musique électronique de Cologne et com- de Rome avec la cantate L’Enfant littéraire puis, en 1830, un autre Nouvelle en Liberté) et de divers festi- mence à écrire ses premières œuvres prodigue. Il part pour Rome où il « pour la musique » – ce qui l’incitera vals, et a été joué par de nombreux micro-polyphoniques. Titulaire de découvre la polyphonie des maîtres plus tard à se définir comme « poète ensembles et orchestres en France et nombreux prix, il a notamment ensei- de la Renaissance, tout en dédai- des sons ». Il donne son premier et à l'étranger, notamment en Italie et en gné à Darmstadt à partir de 1959, et gnant l’opéra italien et les effets unique récital de piano l’année de la Allemagne, où la SWR lui a consacré a occupé, de 1972 à 1999, une faciles du bel canto. En 1899, après publication de son premier opus, les un concert monographique. À l'invita- chaire de composition à l'École supé- son retour en France, l’Exposition uni- Variations Abegg. Il mène ensuite tion de Péter Eötvös, il réside d’août à rieure de musique de Hambourg, verselle lui révèle les rythmes et les une carrière de compositeur, de cri- décembre 1999 à la maison des Parmi ses œuvres marquantes : gammes de l’Orient ; puis, deux tique musical (à la Neue Zeitschrift artistes d'Edenkoben (Allemagne). Atmosphères (1961), Aventures et voyages à Bayreuth le conduisent de für Musik), de chef de chœur et de Pour la saison 2000-2001, il est Nouvelles Aventures (1962-1965), l’enthousiasme le plus grand à la directeur de la musique à nommé « compositeur en résidence » Requiem (1963-1965), Lontano déception la plus profonde. À Paris, il Düsseldorf. Il meurt à Endenich, près au festival Octobre en Normandie. (1967), Concerto de chambre (1969- se lie d’amitié avec les poètes Henri de Bonn en 1856. Ses œuvres sont publiées aux édi- 1970), l'opéra Le Grand de Régnier, Mallarmé, Pierre Louÿs, tions Henry Lemoine.

20 | cité de la musique notes de programme | 21 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain biographies Barbara Hendricks 1994, elle a chanté Anne ment à des festivals de confiées. En 1991 et bution artistique à l’héri- est née aux États-Unis, Truelove dans la produc- jazz de renommée inter- 1993, elle donne, en ex- tage culturel de dans l’Arkansas. Elle a tion internationalement nationale. Depuis ses Yougoslavie alors l’humanité ainsi que pour fait ses études musicales primée de The Rake’s années d’études à la dévastée par la guerre, ses activités dans le et obtenu ses diplômes Progress (dirigée par , elle n’a deux concerts de solida- domaine du travail huma- d’études à la Juilliard Esa-Pekka Salonen). jamais cessé d’être un rité (à Dubrovnik et à nitaire. Citoyenne School of Music de New Barbara Hendricks est fervent supporteur de la Sarajevo). En 1998, elle suédoise, elle vit en York, où elle a été l’élève considérée comme l’une musique contemporaine ; crée la Fondation Europe depuis 1977 et de la mezzo-soprano des plus éminentes et et dans cet esprit, elle a Barbara Hendricks pour est aussi l’heureuse mère Jennie Tourel. des plus actives concer- chanté la première de la Paix et la Réconciliation d’un fils et d’une fille Auparavant, à l’âge de tistes de sa génération D’un espace déployé de afin de personnaliser sa adolescents. vingt ans, elle avait depuis ses débuts en Gilbert Amy avec Georg lutte pour la prévention www.barbarahendricks.com obtenu sa licence de 1974. Outre son vaste Solti et l’Orchestre sym- des conflits dans le mathématique et chimie à répertoire de lieder alle- phonique de Chicago, monde et de faciliter la Alain Billard l’université de Nebraska. mands, elle s’emploie à ainsi que la première réconciliation et encoura- Né en 1971, Alain Billard En 1974, Barbara promouvoir la musique mondiale de Final Alice ger la paix. Elle a reçu de commence ses études de Hendricks a fait ses française, américaine et de David Del Tredici nombreuses distinctions clarinette dès l’âge de débuts sur scène aux scandinave. Elle est œuvre commandée à américaines et euro- cinq ans avec Nino États-Unis à l’Opéra de accompagnée en l’occasion du péennes pour ses mérites Chiarelli à l’École de San Francisco et en concert, comme lors Bicentenaire des États- artistiques et son enga- musique de Chartres. Très Europe au Glyndebourne d’enregistrements, par Unis. En été 2000, elle gement pour les causes rapidement, il intègre l’en- Festival, pour ensuite se les plus grands pianistes chante Mölna Elegy de humanitaires. Membre de semble musical que produire sur toutes les de notre temps et se pro- Sven-David Sandström, l’Académie royale de dirigent ses parents. Le scènes les plus impor- duit régulièrement en une pièce pour voix et musique de Suède groupe de musiciens très tantes à travers le compagnie d’amis parta- trio avec piano comman- depuis 1990, elle reçoit, divers qu’il fréquente ins- monde. Elle a plus de geant sa passion dans dée par le festival de de la Juilliard School of pireront sa carrière : il joue vingt rôles allant de des concerts de musique musique de chambre de Music de New York, le aussi bien de la clarinette, Mozart aux classiques de chambre. Elle est une Gotland. Après quinze titre de Docteur honoris de la clarinette basse, du français et aux chefs- des artistes lyriques dont années de dévouement à causa en 2000. tuba, du saxophone ou d’œuvre italien à son actif les ventes de disques la cause des réfugiés et Commandeur des Arts et encore de la guitare dont douze qu’elle a déjà sont les plus importantes, d’infatigable soutien au des Lettres depuis 1986, basse. Il poursuit ses enregistrés. Son réper- avec près de quatre- Haut Commissariat pour elle est nommée chevalier études au Conservatoire toire à été récemment vingts titres à son actif. les Réfugiés, elle a été de la Légion d’honneur de Paris avec Richard complété par le rôle de Depuis vingt ans, elle nommée « ambassadrice par le président François Vieille. Il obtient la Médaille Tatiana d’Eugène enregistre des récitals en honorifique à vie pour le Mitterrand en 1992. Elle d’or en 1990 puis le Prix Onégine. Elle a fait ses exclusivité pour EMI HCR ». Des tâches spéci- reçoit le prix des Arts d’excellence en 1992. En débuts cinématogra- Classics. En 1994, elle a fiques à son 2000 attribué par la fon- 1996, au Conservatoire phiques avec Mimi dans fait ses débuts au Festival incomparable engage- dation Principe de de Lyon, il obtient le La Bohême dirigé par de jazz de Montreux, et ment et à sa longue Asturias (Espagne) pour Diplôme d’étude supé- Luigi Comencini et, en participe depuis régulière- expérience lui seront son exceptionnelle contri- rieure dans la classe de

22 | cité de la musique notes de programme | 23 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain

Jacques Di Donato. d'orchestre avec Jean- musique et a ainsi pu sort en 1996 avec une Depuis octobre 2000, radiotélévision. Il se pro- Parallèlement, il rejoint le Sébastien Béreau. enseigner les nouvelles Médaille d’or. La même Samuel Favre est duit également comme quintette à vent Nocturne Membre de la Fondation techniques d'exécution à année, il entre au membre de la compagnie soliste aux côtés de avec lequel il obtient un Mozart de Prague en des étudiants venus du Conservatoire national ARCOSM avec laquelle il l’Orchestre symphonique Premier prix de musique 1993, il est alors soliste monde entier. En 1999, supérieur de musique de explore les interactions du Portugal et des de chambre au de l'Orchestre national du dans le cadre de la tour- Lyon dans la classe de musique-danse. Samuel orchestres de Radio SW Conservatoire de Lyon et Capitole de Toulouse. La née de l’Ensemble Georges Van Gucht, puis Favre est membre de Fribourg, de Radio Hesse le Deuxième prix du même année, il devient Intercontemporain avec de Jean Geoffroy, où il l'Ensemble et du Festival d’Aix-en- Concours international de membre de l'Ensemble Pierre Boulez aux États- obtient en juin 2000 un Intercontemporain depuis Provence ; il collabore l’ARD de Munich. En Intercontemporain. C'est Unis, il a donné des DNESM mention « très bien avril 2001. aussi avec des artistes 1995, Alain Billard entre à sous la direction de Pierre master classes au à l’unanimité avec les féli- tels que Salome Kammer, l’Ensemble Boulez qu'il fait, en 1994, Carnegie Hall de New citations du jury ». Michael Wendeberg Claudia Barainsky et Intercontemporain. ses débuts au Théâtre de York. Ses activités au Parallèlement à ses Né en 1974, Michael Christophe Prégardien. Parallèlement à sa carrière la Scala de Milan, dans la sein de l'Ensemble études, il a été stagiaire Wendeberg débute Après avoir remporté le de musicien soliste, il par- pièce pour deux cors et Intercontemporain en font de l’Académie du festival l’étude du piano à l’âge Deuxième prix et le Prix ticipe aux actions ensemble d'Ivan Fedele, un des témoins privilégiés d’Aix-en-Provence ainsi de cinq ans et a comme spécial de musique pédagogiques de Duo en résonance. du travail des grands que du Centre Acanthes, professeurs Jürgen Uhde, contemporaine au l’Ensemble en direction du L'intérêt qu'il porte à la compositeurs de la et a effectué des presta- Bernd Glemser et Concours international jeune public et des futurs musique du XXe siècle l'a seconde moitié du XXe tions au sein de Benedetto Lupo. De Schubert de Graz, en professionnels de la amené à se produire avec siècle avec lesquels il a l’Orchestre national de 1990 à 1993, il reçoit le mars 2000, il rentre à musique. l'Ensemble travaillé : Pierre Boulez, Lyon et de l’Orchestre du Premier prix d’interpréta- l’Ensemble Intercontemporain sur les Luciano Berio, Karlheinz Capitole de Toulouse qui tion au concours fédéral Intercontemporain en Jean-Christophe scènes prestigieuses du Stockhausen, Elliott lui a accordé une bourse allemand Jugend septembre, puis est dési- Vervoitte Carnegie Hall de New Carter, György Ligeti, en 1999. Il privilégie le Musiziert dans les caté- gné lauréat du Forum Né en 1970 à Lens, York, du Teatro Colón de ainsi que les composi- travail avec les composi- gories musique de international des jeunes Jean-Christophe Vervoitte Buenos Aires, du teurs de la nouvelle teurs contemporains en chambre, accompagna- interprètes de l’Union débute ses études musi- Konzerthaus de Vienne, génération pour lesquels collaborant activement à teur et soliste. Lauréat européenne de radiodiffu- cales au Conservatoire du Suntory Hall de Tokyo, il a participé à de nom- l’Atelier instrumental du d’une bourse d’étude sion. de Douai. Admis en 1988 mais aussi à Los breuses créations : XXe siècle rattaché au allemande en 1995, il au Conservatoire de Paris Angeles, San Francisco, Dusapin, Tanguy, Fedele, Conservatoire national obtient, en 1997, le Jeanne-Marie Conquer dans les classes de cor Santiago du Chili, Sao Grisey, Rihm, Hurel... supérieur de musique de Premier prix du Concours obtient en 1980 le et de musique de Paulo, Rio de Janeiro, Lyon (sous la direction de Gieseking de Sarrebruck, Premier prix de violon au chambre de Georges ainsi que dans les princi- Samuel Favre Fabrice Pierre) et à puis le Grand Prix du Conservatoire de Paris. Barboteu et Maurice pales capitales Né en 1979 à Lyon, l’Ensemble Concours international de Après avoir suivi le cycle Bourgue, il y obtient trois européennes. Dans le Samuel Favre commence Transparences (dirigé par musique Classica Nova de perfectionnement, elle premiers prix en 1991. Il domaine de la pédago- l’étude de la percussion à Sylvain Blassel, avec qui il de Hanovre. Depuis entre à l'Ensemble étudie parallèlement gie, il a participé à deux l’âge de huit ans dans la a enregistré un disque 1994, il participe à de Intercontemporain en l'analyse et l'harmonie reprises, en tant que pro- classe d’Alain Londeix au consacré à Jacques multiples enregistrements 1985. Elle a enregistré la avec Jean-Claude fesseur, à l’Académie du Conservatoire national de Lenot : Charmes chez et productions pour Sequenza VIII de Luciano Raynaud et la direction XXe siècle de la cité de la région de Lyon, d’où il Étoile Productions). diverses chaînes de Berio, le Pierrot Lunaire

24 | cité de la musique notes de programme | 25 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain et l’Ode à Napoléon Pierre Strauch d’Arnold Schönberg sous Né en 1958, élève de la direction de Pierre Jean Deplace, Pierre Boulez (Deutsche Strauch est lauréat du Grammophon). Concours Rostropovitch Elle a fait partie du de La Rochelle en 1977. Quatuor de l’Ensemble En 1978, il entre à Intercontemporain. l'Ensemble Intercontemporain. Son Odile Auboin répertoire soliste com- obtient un Premier prix prend entre autres des d'alto et un Premier prix œuvres de Zoltán Kodály, de musique de chambre Bernd Alois Zimmermann au Conservatoire de Paris et Iannis Xenakis. Il crée à en 1991. Lauréate de Paris Time and Motion bourses de recherche Study II de Brian Lavoisier du ministère Ferneyhough et Ritorno des Affaires étrangères et degli Snovidenia de d'une bourse de perfec- Luciano Berio. Intéressé tionnement du ministère par la pédagogie et l'ana- de la Culture, elle étudie à lyse musicale, Pierre l'université de Yale (États- Strauch est également Unis) sous la direction de compositeur. Il a notam- technique Jesse Levine, puis elle se ment écrit La Folie de perfectionne avec Bruno Jocelin, commande de cité de la musique Giuranna à la Fondation l'Ensemble régie générale Stauffer de Crémone Intercontemporain (1983), Olivier Fioravanti (Italie). Elle rejoint Preludio imaginario régie plateau l'Ensemble (1988), Allende los mares Eric Briault Intercontemporain en (1989), une série de régie lumières 1995. Elle crée pièces solo pour violon, Joël Boscher L’horizzonte di Elettra violoncelle, contrebasse, pour alto et ensemble piano (1986-1992), Siete Ensemble d’Ivan Fedele et ...Some poemas pour clarinette Intercontemporain leaves II... de Michael seule (1988), et Faute régie générale Jarrell. Elle est lauréate d’un royaume pour violon Jean Radel du concours international et sept instruments régie plateau de Rome (Bucchi). Elle (1998). Damien Rochette joue sur un alto Stephan Philippe Jacquin Von Baehr. Nicolas Berteloot

26 | cité de la musique