Barbara Hendricks Se Consacre Avec La Même Ferveur À La Créa- 20 Mars - 20H Alban Berg Tion Et Au Répertoire
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Jean-Philippe Billarant président du conseil d’administration Laurent Bayle directeur général Célèbre dans le monde entier pour ses rôles lyriques, ses interprétations de mélo- mercredi dies et de lieder, Barbara Hendricks se consacre avec la même ferveur à la créa- 20 mars - 20h Alban Berg tion et au répertoire. Elle est ce soir l’interprète et la dédicataire d’une œuvre salle des concerts Sieben frühe Lieder (voir trad. p. 13) nouvelle de Bruno Mantovani, commande de l’Ensemble Intercontemporain : Das Nacht, Schilflied, Die Nachtigall, Traumgekrönt, Im Zimmer, erschafft der Dichter nicht, sur des poèmes de Heinrich Heine, en prélude à l’ex- Liebesode, Sommertage durée : 17 minutes position et à la série de concerts intitulées L’invention du sentiment - Aux sources du romantisme (du 2 avril au 30 juin 2002). György Ligeti Trois œuvres poursuivent la référence au romantisme : les Sept lieder de jeu- Trio, pour violon, cor et piano nesse d’Alban Berg, les Récits de contes (Märchenerzählungen) de Schumann – andantino con tenerezza, vivacissimo molto ritmico, alla l’une de ses toutes dernières pages – , et le Trio pour violon, cor et piano, hom- marcia, lamento (adagio) mage explicite, quoique sans citation directe, de Ligeti à Brahms. Les Trois durée : 22 minutes Chansons de Bilitis de Debussy, sur des poèmes de Pierre Louÿs, complètent ce programme. Claude Debussy Trois Chansons de Bilitis, pour soprano et piano La Flûte de Pan, La Chevelure, Le Tombeau des Naïades durée : 9 minutes entracte Robert Schumann Märchenerzählungen, op. 132, pour clarinette, alto et piano Lebhaft nicht zu schnell, Lebhaft und sehr markirt, Ruhiges Tempo mit zartem Ausdruck, Lebhaft sehr markirt durée : 15 minutes Bruno Mantovani Das erschafft der Dichter nicht (commande de l'Ensemble Intercontemporain, création mondiale) (voir trad. p. 17) Le Retour (XLIII), Le Retour (LIX), Intermezzo lyrique (IX), Nocturnes (II), Le Retour (XIX), Le Retour (XLIII), Intermezzo lyrique (XVI) durée : 24 minutes Barbara Hendricks, soprano solistes de l'Ensemble Intercontemporain : Alain Billard, clarinette basse Jean-Christophe Vervoitte, cor Samuel Favre, percussion Michael Wendeberg, piano Les artistes vous remercient de ne pas interrompre un groupe de mélodies par des Jeanne-Marie Conquer, violon applaudissements. Odile Auboin, alto Pierre Strauch, violoncelle Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Alban Berg composition avec piano : 1905-1908 ; création : trois des tendus vers l’exclamation finale de la cadence en ut Sieben frühe Lieder lieder (3,4 et 6) furent donnés le 7 novembre 1907 dans leur majeur, immédiatement minorisée. version avec piano par Elsa Paceller au sein d’un concert Au centre est placée la vision transfigurée du d’élèves de Schönberg ; création de la version révisée avec Traumgekrönt de Rilke, que Berg tenait pour un de ses orchestre : 1928 ; l’œuvre est dédiée à sa femme Hélène ; effectif : voix et piano ; éditeur : Universal Edition. meilleurs lieder ; c’est en tout cas l’un des plus singu- liers du cycle. Les plus anciens, Die Nachtigall et Im Berg compose, dans ses années de jeunesse, près Zimmer, placés de part et d’autre de ce centre, ainsi d’une centaine de lieder avec piano, restés pour la que Schilflied plus tardif, s’inscrivent plus étroitement plupart inédits du vivant du compositeur – ce dernier dans la tradition brahmsienne. Ils sont respectivement en ayant interdit l’exécution ou la publication. Firent orchestrés par les cordes seules et par les vents exception, avec deux autres, sept lieder qu’il choisit accompagnés de la harpe et du célesta, alors que le d’orchestrer en 1928 pour former les Sieben frühe dernier reprend la configuration soliste de la Symphonie Lieder. Composés alors que Berg a entre vingt et de chambre de Schönberg. Liebesode enfin, à l’image vingt-trois ans, au cœur de la période cruciale d’ap- du cycle entier, célèbre, dans des accents wolfiens, la prentissage avec Schönberg, ces sept lieder présen- fusion de la nature apaisée et des êtres amoureux, por- tent, dans une veine post-romantique et de manière tés par leurs « rêves éperdus d’ivresse et de ferveur ». condensée, les facettes d’un style en gestation. S’y affirme également la présence d’une subjectivité entiè- György Ligeti composition : 1982 ; l’œuvre est sous-titrée « hommage à rement tournée vers le lyrisme : la voix est ici le médium Trio, pour violon, Brahms » (en référence à l’effectif du Waldhorn-Trio op. 40) et d’une prise de parole volontaire et intense, mais aussi cor et piano est dédiée à Saschko Gawriloff, Hermann Baumann et Eckart Besch ; création : le 7 août 1982 à Hambourg-Bergedorf par le lieu où le sujet lyrique, naissant, « se concentre et se Saschko Gawriloff (violon), Hermann Baumann (cor) et Eckart vaporise », comme le disait Baudelaire. Besch (piano) ; effectif : violon, cor et piano ; éditeur : Schott. Bouleversant l’ordre chronologique de composition, Berg agence l’ensemble de manière à estomper toute Écrit après une période de réflexion de quatre ans progression stylistique trop évidente. Le cycle est pendant laquelle Ligeti ne livre aucun opus, ce Trio encadré par deux des derniers lieder, parmi les plus est une œuvre de transition qui doit être située dans accomplis (Nacht et Sommertage) : les seuls accom- le sillage de l’opéra Le Grand Macabre (1974-1977) pagnés par l’orchestre au complet. Le premier, de et des deux pièces pour clavecin, Passacaglia unghe- coupe tripartite (comme le suggère le texte), s’ouvre rese et Hungarian Rock (1978). L’écriture de Ligeti par un passage à l’allure statique et indécise – fondé s’éloigne alors des textures polyphoniques très denses sur la gamme par tons – et s’éclaire, en sa partie cen- et des processus formels continus au profit d’une trale, d’un la majeur rayonnant, servant de point de harmonie plus claire, à base de consonances et de départ à de lumineuses modulations. Le retour de couleurs modales fortement polarisées. L’idée de l’univers initial se teinte d’inquiétude et se délite dans répétition se fait également plus présente, aussi bien des sonorités proches de Debussy – dont Berg dans l’organisation formelle (formes ternaires à reprises connaissait parfaitement la musique. Le dernier lied, de l’andantino initial et du troisième mouvement alla Sommertage, fait montre d’une rigueur de dévelop- marcia) que comme procédé d’écriture (formules en pement thématique portant la marque de l’appren- ostinato du deuxième mouvement vivacissimo molto tissage schönbergien, non moins que l’empreinte ritmico, et principe de passacaille qui régit le qua- expressive de Strauss. Il se déploie en trois gestes, trième, lamento). D’un point de vue stylistique, cette 4| cité de la musique notes de programme | 5 Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain Barbara Hendricks - Ensemble Intercontemporain nouvelle période dans l’œuvre de Ligeti, si elle entend Claude Debussy composition : 1897-98 ; création : le 17 mars 1900 par se démarquer aussi bien des avant-gardes musicales Trois Chansons de Bilitis Blanche Marot (voix) et Claude Debussy (piano), lors d’un des années 50-60 que de tout esprit « rétro » de récu- concert de la Société nationale de musique ; effectif : voix et piano ; éditeur : Jobert. pération de la musique tonale, s’appuie sur une démarche syncrétique à la croisée de différentes tra- Le 27 juillet 1897, Debussy terminait la première des ditions européenne ou extra-européenne dont les trois Chansons de Bilitis, la plus suave, La Flûte de traces sont aisément perceptibles. Pan. La deuxième, La Chevelure (notée « assez lent, Le premier mouvement, noté « avec tendresse », que très expressif et passionnément concentré »), sera Ligeti décrit comme « la vision d’une musique très loin- achevée fin août, dédiée à Madame Alice Peter et taine, douce et mélancolique, qui nous parviendrait publiée dans le numéro d’octobre de L’Image. Quant comme à travers des écrans de cristaux de fumée », au Tombeau des Naïades, Debussy en achève la repose sur le développement de deux « couches » indé- composition en mars 1898, écrivant à Pierre Louÿs, pendantes : l’une, harmonique, est donnée par le violon parti raccompagner son amie Zohra en Algérie : « J’ai à la manière d’un choral, et ponctuée à chaque fin de été très malheureux depuis ton départ, malheureux phrase par le piano ; l’autre, mélodique, se déploie au cor de la façon la plus passionnée, et j’ai beaucoup à partir des mêmes intervalles, mais selon une logique pleuré. » Avant d’ajouter en avril : « Je me sens seul propre. Les deuxième et troisième mouvements sont et désemparé. Rien n’a changé dans le ciel noir qui fait caractéristiques des multiples influences qui nourris- le fond de ma vie, et je ne sais guère où je vais, si ce sent le travail rythmique du Ligeti des années 80. Le n’est vers le suicide, dénouement bête à quelque vivacissimo molto ritmico est une danse coulante et chose qui méritait peut-être mieux, et cela surtout très rapide – jouant des différentes divisions de la mesure par lassitude de lutter contre d’imbéciles impossibili- en 3+3+2 ou 3+2+3, etc. – qui crée une sorte de folk- tés, en outre méprisables. » lore imaginaire où les ascendances hongroises du com- Derrière ces mélodies tout en litote qui tracent l’ara- positeur seraient comme transposées quelque part besque amoureuse allant de la séduction à la séparation, entre l’Afrique centrale et les Caraïbes. La complexité en passant par la consommation, se profile l’ombre du croissante dans l’élaboration et l’autonomie acquise langage de Pelléas et Mélisande, jusque dans ses par les différentes voix renvoie également aux recherches images de chevelure et de glace brisée. L’opéra a enfin polymétriques du compositeur américain Conlon reçu une « acceptation de principe » à l’Opéra-Comique Nancarrow. De même, le troisième mouvement repose, au mois de mai, sans que Debussy ne parvienne à trou- de part et d’autre d’une section centrale plus homo- ver une chanteuse pour créer ses Chansons.