Dossier-Pedagogique-Opera Boheme PUCCINI
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La politique éducative et culturelle de l’académie d’Aix-Marseille Domaine musique – Chorégies d’Orange Document pédagogique associé 2011-2012 La Bohème de Giacomo Puccini, livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa Dossier pédagogique réalisé par Françoise CARRET, professeur d’Education Musicale, responsable du service éducatif associé au Chorégies d’Orange. SOMMAIRE 1 - OUVERTURE 1.1 Présentation 1.2 Puccini : Eléments biographiques 2 – DES SOURCES A L’ECRITURE DU LIVRET 2.1 Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger 2.2 Les librettistes 2.3 L’écriture du livret 3 – L’ŒUVRE ET LE SENS 3.1 Synopsis 3.2 Thématiques 4 - CONTEXTE ESTHETIQUE 4.1 Bohème & Scapigliatura 4.2 Du réel à la fiction ou le Réalisme de La Bohème 4.3 Le Naturalisme dans l’air du temps 4.4 La Bohème, opéra vériste ? 5 - APPROCHE MUSICIENNE DE L’OEUVRE 5.1 La production de 1896 5.2 Les voix de La Bohème 5.3 L’Orchestre de La Bohème Document pédagogique / La Bohème, G. Puccini 6 - GUIDE D’ECOUTE 6.1 Premier tableau : Dans la mansarde 6.2 Deuxième tableau : Au quartier latin 6.3 Troisième tableau : La barrière d’Enfer 6.4 Quatrième tableau : Dans la mansarde 7-SOURCES 7.1 Sources bibliographiques 7.2 Sources discographiques Giacomo Puccini (1712 – 1781) ancêtre du compositeur de La Bohème 2 Page Académie d’Aix-Marseille La politique éducative et culturelle Septembre 2011 de l’académie d’Aix-Marseille Isabelle TOURTET Domaine Musique- Dispositifs partenariaux Document pédagogique Document pédagogique / La Bohème, G. Puccini 1- OUVERTURE 1.1 Présentation A la fin du XIXème siècle en Europe, le monde de l’opéra s’est diversifié : de nombreux courants esthétiques s’opposent, se croisent ou se mélangent, romantisme, vérisme, symbolisme, naturalisme, en dépit des incompatibilités théoriques. L’opéra à numéros et son système d’organisation (alternance d’air et récitatif, d’ensembles et de chœurs ou de ballets) ne satisfait plus les compositeurs. Le leitmotiv apparait comme une alternative séduisante et efficace pour garantir l’unité musicale. Sa fonction, plus que de représenter de façon préétablie un personnage un objet ou un sentiment, est d’induire une atmosphère musicale. Comme nous le verrons dans le guide d’écoute, Giacomo Puccini utilise cette technique. La Bohème est un opéra en quatre tableaux composé sur un livret en italien de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, d’après le roman d’Henri Murger Scènes de la vie de Bohème et son adaptation théâtrale La vie de Bohème. L’œuvre est créée à Milan au Teatro Regio le 1er Février 1896, sous la baguette d’Arturo Toscanini. A l’image des Scènes de Murger, le livret raconte une tranche de vie de quatre jeunes artistes dans le Paris des années 1830. L’histoire est centrée autour de la relation amoureuse du couple Mimi-Rodolphe. 1.2 Puccini : Eléments biographiques Giacomo Puccini nait à Lucca en Toscane en 1858 d’une famille de musiciens de père en fils, depuis son trisaïeul homonyme, Giacomo Puccini (1712 – 1781). D’abord soprano à la maîtrise de San Martino, il étudie l’orgue et la composition. Lorsqu’il assiste à la représentation d’Aïda à Pise en 1876, il reçoit la révélation de sa vocation et décide de devenir compositeur d’opéra, déclinant même un poste tant envié comme celui de maître de chapelle. Admis à l’Instituto musicale de Lucca grâce à sa Messa di Gloria, il intègre le Conservatoire de Milan trois ans plus tard et devient l’élève d'Amilcare Ponchielli et d'Antonio Bazzini. En 1882 il participe à un concours de composition avec son premier opéra, Le Villi qui ne remportera pas le prix, mais sera représenté en 1884 au Teatro Dal Verme de Milan, grâce à l'aide de Ponchielli. Il contribuera à attirer l'attention de l'éditeur Ricordi qui lui commandera un nouvel opéra, Edgar. C’est le même Ricordi qui sera le conseiller artistique et financeur de la Bohème. En 1893 Manon Lescaut vaut la célébrité à G.Puccini. Elle marque aussi le début d’une collaboration avec les librettistes Giacoma et Illica avec qui il créera les trois opéras suivants : La Bohème représentée en 1896, qui eu un succès mondial en dépit d’un accueil plutôt tiède lors de la première, Tosca en 1900 et Madame Butterfly en 1904. Avec La fanciulla del West, (La Fille du Far-West) Puccini crée le premier opéra au Metropolitan Opera de New York en 1910. Le compositeur s’éteint à Bruxelles en 1924 d’une crise cardiaque, peu après avoir été hospitalisé pour un cancer de la gorge, laissant son dernier chef d’œuvre Turandot inachevé. Les deux dernières scènes finales complétées par Franco Alfano sont encore aujourd’hui très contestées. Luciano Berio a lui aussi tenté une version de ses deux scènes en 2001. Le langage théâtral de G. Puccini est unanimement apprécié pour son originalité. Le compositeur possède une maîtrise de l'orchestration hors du commun et ses audaces 3 harmoniques révèlent l’esprit novateur de son écriture. Page Académie d’Aix-Marseille La politique éducative et culturelle Septembre 2011 de l’académie d’Aix-Marseille Isabelle TOURTET Domaine Musique- Dispositifs partenariaux Document pédagogique Document pédagogique / La Bohème, G. Puccini Puccini revenant de la chasse, l’une de ses occupations favorites Puccini et son chien Giacomo Puccini / Reprod.photomec d’un cliché du Studio Bertierl, Turin, en couverture De la revue « Musica » - 1903 en couverture De la revue « Musica » - 190 4 Puccini conduisant sa voiture - 1903 Page Académie d’Aix-Marseille La politique éducative et culturelle Septembre 2011 de l’académie d’Aix-Marseille Isabelle TOURTET Domaine Musique- Dispositifs partenariaux Document pédagogique Document pédagogique / La Bohème, G. Puccini 2 – DES SOURCES A L’ECRITURE DU LIVRET 2.1 Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger Henry Murger (1822 – 1861) écrit Les scènes de la vie de Bohème qu’il publie d’abord sous forme de feuilleton entre 1845 et 1848 dans le journal parisien Le Corsaire. Il en tire ensuite une pièce de théâtre en 1849 qui connait un brillant succès au Théâtre des Variétés, puis un roman salué par Victor Hugo et publié chez l’éditeur Michel Lévy en 1851. Le sujet traite de la vie de jeunes artistes dans le Paris de 1830. Joies, peines, frasques, amours et amourettes y sont évoqués sur un ton cocasse et pittoresque. Du début à la fin de l’ouvrage, l’esprit et la fantaisie du langage jouent un rôle fondamental. Les scènes connaissent un succès phénoménal en France et en Italie où une traduction parait chez Sonzogno en 1872. Cet engouement inspire le compositeur Ruggero Leoncavallo qui entreprend la composition d’une Bohème, sensiblement à la même époque où Puccini émet le projet de créer son opéra. L’œuvre de Leoncavallo sera mieux accueillie en Italie à son époque, que celle de G.Puccini. 5 Page Académie d’Aix-Marseille La politique éducative et culturelle Septembre 2011 de l’académie d’Aix-Marseille Isabelle TOURTET Domaine Musique- Dispositifs partenariaux Document pédagogique Document pédagogique / La Bohème, G. Puccini 2.2 Les librettistes Luigi Illica, dramaturge et polémiste, propose en mars 1893 une première trame assez proche de la version originale qu’il adresse à Giuseppe Giacosa, écrivain, ami de la Duse et de Sarah Bernhardt, tête pensante d’un groupe d’écrivains naturalistes. G.Puccini approuve cette coopération qui va durer deux bonnes années pour l’écriture du livret de La Bohème. Il prend une année pour écrire la partition, achève l’orchestration du premier acte le 10 Décembre 1895. C’est sous la férule d’un conseiller artistique et payeur, nommé Ricordi, que les trois artistes, malgré les divergences d’Illica et les exigences de G.Puccini, réussissent à collaborer. 2.3 L’écriture du livret Les Scènes initiales de Murger semblent avoir été une mosaïque d’épisodes très peu liés entre eux. Il fallait donc que les librettistes trouvent une cohérence, une logique dramatique. Et c’est bien ce qui semble leur avoir posé problème. Car il n’y a pas d’intrigue à proprement parler. L’œuvre représente à sa manière les scènes d’une vie de Bohème, dans le Paris de 1830, de Noël au printemps, une amourette passionnée, sa naissance et sa mort précoce. On peut se poser la question de savoir quel moyen les librettistes ont utilisé pour relier les scènes entre elles. Et comment ils ont adapté ces Scènes pour en faire une œuvre opératique. Le ton : De façon plus nuancée que chez Murger, les auteurs du livret de La Bohème ont gardé le ton fantasque et le pittoresque de la version originale, excepté dans les scènes les plus tragiques (actes 3 et 4). C’est justement la coexistence d’épisodes composites qui fait la richesse et l’originalité de l’œuvre. Tant du côté des librettistes qui juxtaposent style noble et lexique familier dans une versification extrêmement souple, que du côté du compositeur qui passe d’un registre à l’autre, du fantasque au pathétique avec beaucoup d’élégance, la construction de l’œuvre témoigne de cette recherche d’équilibre. Le dénouement : Alors que le dénouement des Scènes de Murger montrait les deux héros (Rodolphe et son ami Marcel) au terme d’une quête de réussite matérielle, parvenus dans l’âge mûr, à l’aisance de la vie bourgeoise, l’opéra s’achève sur la mort de Mimi dans l’intimité de la mansarde. L’unité de temps : La durée du récit étant beaucoup plus extensible pour le romancier que pour le librettiste il était nécessaire pour Murger de faire « durer » ses personnages.