Brigands Les "Brigands

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Brigands Les U jA y l ' t/é 'i- vu.'C'iO? ' / Les Brigands Les "Brigands BRIGANDS ET ROUTIERS BARBE-BLEUE GU1LLER] FLIBUSTIERS CARTOUCHE MANDRIN LA G°= PEUR CHAUFFEURS LE MAQUIS Ouvrage illustré de 12 planches en couleurs d’après les aquarelles d’Alfred VA IflS DEUXIÈME ÉDITION L1 B RA I RI E , 9,3 — HACHETTE ET O* — PARIS Traqué par les archers, Cartouche, sautant d'un toit sur l’autre, s'élait, Droits de traduction et de reproduotion réservés. d’un suprême effort, hissé jusqu’au faîte d'une haute cheminée. <S3sii J se e te u /^ ne confondra pas an brigand avec un voleur, un bandit avec un (J vulgaire assassin. Des assassins et des voleurs il n’eût pas été utile de s’occuper. La vie des brigands offre un tout autre intérêt : elle a eu son importance dans l’histoire de tous les peuples. Les brigands exercent le pillage en armes, ouvertement. Ils forment un État dans l’État, une société qui a son organisation particulière et qui vit en hostilité déclarée au sein d'une société ennemie. On verra qu’à côte d'êtres cupides et cruels il a paru parmi eux des héros, presque de grands hommes: Roger de Flor, qui devint César de Constantinople ; Rodriguede Villandrando et l’Archiprêtre, capitaines qui balancèrent la renommée d’un Du Guesclin. Les Flibustiers faillirent donner l'Amérique à la France ; Mandrin, esprit exalté, aux aspirations généreuses, rêva de faire régner, par la puissance de sa carabine, la justice et l'égalité. _ _ Dans les origines de l’histoire de France, le brigandage a joué un rôle prépondérant. C’est pour se défendre contre lui que se sont constituées les seigneuries, que se sont formées les villes et que le peuple a favorisé l'accrois­ sement du pouvoir rogal. Alors se bâtirent les châteaux forts, sur les hau- AU LECTEUR. m n LES BRIGANDS. ramènent l'ordre et l’harmonie; mais, à nouveau, lasse d'un trop grand effort, leurs difficiles à surprendre et qui dominaient le pays. Le seigneur y veillait la France se désorganise sous la vieillesse du Roi-Soleil : les soldats, licencies en armes, dans les grandes salles voûtées où les panoplies brillaient aux à la fin des longues guerres, se répandent sur les grandes routes. Ils devien­ murs ; il passait des nuits à la crête des bastions ou sur le haut des touis, nent d’abord faux sauniers et contrebandiers ; puis ce sont les Collingris, dans les échauguettes. « En ce temps-là, dit un chroniqueur, on pouvait voiries puis les Cartouchiens, puis les Mandrins, qui sillonnent le royaume. Enfin, salles et les chambres décorées, non point de tapisseries, mais de boucliei s et quand approche la chute de l’ancien régime, les forces sociales s'altèrent de cuirasses, et aussi de larges lits, sans draps, dans lesquels dormaient entièrement, et cesl alors le plus terrible flot de brigandage que la France pêle-mêle, en troupe, ceux delà famille, en harnais de guerre. » A u premier ait connu depuis la guerre de Cent ans : il inonde la province pendant toute signal d’alarme, les ponts-levis se baissent, on lève les lourdes herses, et le la durée de la Révolution, et laisse dans l'histoire, comme un sombre sillon, peuple des campagnes se réfugie en masse dans les vastes cours, avec bétail le sinistre souvenir des Chauffeurs. Pour triompher du mal, il fallut le génie et instruments de culture. C'est la formation du fief, protection armée du de Bonaparte. Celui-ci donna à la France cette administration fortement travail agricole. constituée qui, tant qu'elle subsistera, rendra impossible le retour du fléau Autour de l’abri commun, au pied du château, vinrent ensuite résider a d'autrefois. demeure ceux que leur industrie n appelait pas dans les champs et qui Prenons garde cependant. Les nations, qui se laissent endormir aux dou­ travaillaient pour tous : les artisans, qui faisaient les étoffes, les armes, les ceurs de la paix et d'une prospérité tranquille, n ont-elles rien à craindre ? ustensiles de ménage ou de labour ; puis ceux qui les echangeainl d un lieu N'oublions l’histoire ni d e! éblouissante Romanie byzantine’ ni des florissantes à un autre, les commerçants. C est la formation des villes, des bourgs (burg, colonies espagnoles, organisées après les découvertes et les conquêtes des forteresse). Les habitants du château sont alors les bourgeois. Colomb et des Cortez. Elles ont fourni de remarquables exemples de cet étal Quand le brigandage prit des proportions plus grandes encore avec le idéal où l'humanité doit, dit-on, parvenir : mais on est confondu de voir avec développement et les désordres des guerres generales, on sentit le besoin de quelle facilité une poignée cl aventuriers robustes et vaillants purent faire grouper les éléments de défense entre les mains d une autorité commune . irruption dans ces civilisations charmantes, les sillonner en conquérants, ainsi grandit le pouvoir du roi. égorger, piller, brûler, massacrer, et ramener finalement le jardin si bien Notre civilisation est donc née, en quelque sorte, de la nécessité où l on cultivé à un lamentable étal de sauvagerie. Un corps de nation n’a pas moins s’est trouvé de se défendre contre le brigandage, devenu endémique depuis besoin que le corps humain d'un constant régime d efforts et de virilité. les troubles effroyables qu’avaient produits les invasions incessamment répétées du v° au ixe siècle. ¥ Enfin l’ordre s’établit et fit la prospérité d u X IW siècle, sous le gouver­ nement de saint Louis. Puis, quand les formes organiques que la On s'est borné ici à l'histoire des brigands français, afin que le tableau, société s’était données s'altérèrent et que l anarchie reparut, le brigan­ plus restreint, fût aussi plus net. On n'a cependant pas prétendu dresser dage reparut aussi, inévitable conséquence : paillards, gautiers, bra­ une table chronologique ni un répertoire. On a tracé, d'une part, une bançons, châteauverds, chemises-blanches, trente-mille diables, rodrigais, peinture générale des principales catégories de brigands qui ont paru dans ècorcheurs, retondeurs, tard-venus, désolèrent la France à l époque de la notre histoire : rouliers et gens des Grandes Compagnies, flibustiers, guerre de Cent Ans. chauffeurs ; d’autre part, on a essayé de caractériser quelques individualités Le calme se rétablit sous l'action des « petites gens » du Conseil de susceptibles d'arrêter plus particulièrement l'attention: Barbe-Bleue, Guilleri, Charles V il, sous l'influence aussi de la noblesse campagnarde, qui reprend Cartouche, Mandrin, Schinderhannes. contact avec la classe agricole : et, devant la coalition de ces efforts orga­ Ce livre a été composé d'éléments empruntés, en partie, aux documents nisateurs, le brigandage se dissipe comme la brume à la chaleur du soleil. inédits conservés dans nos archives et dans nos bibliothèques, en plus grande Surgissent les troubles amenés par l’introduction de la Réforme religieuse partie, aux documents publiés et aux travaux des historiens. Nous avons en France au xvu siècle : les bandes brigandes renaissent, carabins et toujours indiqué nos sources dans des notes placées au début de chacun de picoreurs, gueux et coquillards, rougets et grisons. nos chapitres : le lecteur est prié de vouloir bien prendre connaissance de La bonté de Henri IV , l'énergie de Richelieu, la majesté de Louis X IV IV LES BRIGANDS. ces notes et, dans le cas où il aurait trouvé quelque intérêt au récit, d'en reporter le mérite aux noms qu'il y verra cités. Nous devons particulièrement notre hommage à l'admirable livre que M. Gustave Schlumberger a consacré à la prodigieuse campagne des Almu- gavares ; aux savantes recherches d'Eugène Bossard sur Gilles de Rais; et à l'inappréciable complaisance de M. Octave Chenavaz, député de l'Isère, qui, après avoir publié sur Mandrin les meilleurs travaux dont le célébré contrebandier ait été l'objet, a mis à notre disposition les résultats de ses investigations ultérieures avec une générosité et une bienveillance dont nous conserverons un ineffaçable souvenir. Fr. F.-B. PÉNÉTRANT DANS LES MAISONS, LES BRIGANDS BRISAIENT COFFRES, BAHUTS, ARMOIRES, VOLAIENT ET PILLAIENT SANS MERCI. I. — La B r ig a n d in e . a n s l’origine on n’appliquait le nom de brigands qu’à certaines troupes D de mercenaires. On le trouve dès le xme siècle désignant un soldat de pied, armé à la légère. C’était un soudoyer, se battant pour la paie et se distinguant par là de ceux qui devaient le service militaire en vertu de l’obligation féodale. Chroniques de G e o f f r o i de Y ig e o is , de M u n ta n er, de G e o f f r o i de P a r is , de G u il ­ laum e G u ia r t, de F r o is s a r t , les Grandes Chroniques. — Dom Cl. D evic et dom J. Va is- sè t e , Histoire gêrlérale du Languedoc, nouv. édit., t. IX; Toulouse, 1885. — A im é C h é r e s t , VArchiprêlre, épisodes de la guerre de Cent Ans au X IV e siècle; Paris, 1879. — E. de F r é v il l e , Des Grandes Compagnies au X IV e siècle, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. II et V. •— H ercule Géraud, les Routiers au X IIe siècle, dans la Bibl. de l'École des Chartes, t. III. — Du même, Mercadier, ibid. — Georges G uigue, les Tard-Venus en Lyonnais, Forez et Beau­ jolais ; Lyon, 1886. — S iméon L uce, Histoire de Bertrand Duguesclin ; 3e éd.
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