Des Macles Des Rohan Au Bonnet Républicain. Nantes, Blain, Le Gavre
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Du même auteur : déjà paru : Au pays des Namnètes en préparation : En pays Nantais. Deux siècles d'histoire DES MACLES DES ROHAN AU BONNET RÉPUBLICAIN Francis LEGOUAIS Membre de la Société Archéologique et de la Société Académique de Nantes DES MACLES DES ROHAN AU BONNET RÉPUBLICAIN (NANTES, BLAIN, LE GAVRE) Préface par Monsieur Michel Mollat du Jourdin 1974 MARCEL BUFFÉ, ÉDITEUR 30, Rue du Frère-Louis - 44200 NANTES Il a été tiré de cet ouvrage 100 exemplaires numérotés de 1 à 100 Copyright by Marcel Buffé 1974 Tous droits réservés pour tous pays LETTRE DE MONSEIGNEUR VILLEPELET Après votre volume "Au pays des Namnètes ", si parfaitement présenté par Monsieur le duc de Rohan, voici que vous offrez au public un nouvel ouvrage. Historien infa- tigable et très méritant, vous faites revivre dans votre ouvrage "Des mâcles des Rohan au bonnet républicain ", en prenant comme centres Blain et le Gâvre. Blinois d'adoption, vous vous deviez d'écrire cette histoire avec amour. Cependant, de nombreuses difficultés se dressaient sous vos pas, surtout la carence de docu- ments et d'archives détruits par les brûleurs. en 1793. La destruction du chartrier de Blain aurait fait reculer plus d'un écrivain tenté de reconstituer une période si mou- vementée. Vous avez su triompher de cette lacune. Patiemment, vous avez mis en valeur et avec un vrai sens critique, les travaux de vos devanciers, et vous avez su, grâce à des recherches minutieuses, leur apporter des complèments inédits. Votre érudition se lit avec un grand plaisir, car la clarté dans l'enchaînement des événe- ments est l'un de vos dons. Loin de vous perdre dans des détails, vous savez tracer des portraits plein de vie. Vous débordez les frontières des districts que vous avez davantage étudiés. C'est une histoire générale de la Révolution au pays nantais que vous offrez aux lecteurs de vos pages. Chacun y trouvera des noms connus, peut-être des ancêtres, des pa- rents, et admirera quels rôles ils ont joué au milieu d'une époque si bouleversée. Ces exemples qui viennent de loin aideront leurs descendants à entretenir sur eux la flamme et l'idéal qu 'ils ne devraient jamais abandonner. Le plaisir que j'ai eu à vous lire sera partagé, j'en suis sûr, par tous ceux qui profite- ront de votre talent. C'est pourquoi je vous offre, mon cher Frère, avec mes félici- tations, des voeux très ardents pour le succès de cet ouvrage et de ceux qui le suivront. Jean-Joseph Villepelet, ancien évêque de Nantes PRÉFACE L'Histoire, a-t-on dit, est mesure et mesures. Mesure, elle est modération, sérénité, sagesse. Mesures, elle cherche les dimensions exactes des faits et leur rap- port à un ensemble. Or, l'auteur de ce livre a parfaitement atteint ces deux objec- tifs. Il a fait oeuvre d'historien avec le mérite de l'homme qui travaille seul, exempt des conventions qui rendent l'oeuvre formelle. Mesuré, Francis Legouais l'est en la sincérité de son information. On aurait pu croire qu'àprès le gros ouvrage de Louis Bizeul, l'histoire de Blain n'avait plus de secret. Erreur : Francis Legouais a trouvé et publié des lettres inédites, et sa compréhension de l'Histoire l'élève bien au-dessus d'une chronique locale minu- tieuse, sans négliger, fort heureusement, de citer les détails et les noms. Mesuré, l'auteur l'est surtout par la sérénité de ses jugements. Dieu sait pourtant si la période révolutionnaire, si proche encore grâce à la tradition orale, demeure l'objet de jugements affectifs, en un sens et dans l'autre. Francis Legouais n'a pas à se justifier d'un "ton parfois humoristique, un peu railleur, mais ni méchant, ni orienté". L'humour ne blesse que les consciences troubles et les esprits dépour- vus de finesse. La mesure, en ce livre, vient aussi du souci méritoire et constant de donner, à la région blinoise sa place, ni excessive, ni étriquée, dans l'histoire nantaise de la période révolutionnaire. Blain n'est pas située en "Vendée militaire"; elle ne s'est pas non plus signalée par un "sans-culottisme" exalté. Un grand nombre de ses habitants a traversé les troubles sans être inquiétés : les noms de certains de ses notables se retrouvent à la fin de la Révolution comme à son début. L'ouvrage apporte d'intéressantes précisions sur les actions des "brûleurs" de châteaux; à l'inverse, la "nostalgie des fleurs de lys" persiste dans le pays jusque sous l'Empire. Pourtant, à travers la mise en place d'une administration révolutionnaire, les vicissi- tudes d'une fidélité religieuse réelle et, finalement, les élections de 1797, la coexis- tence d'éléments révolutionnaires et royalistes est constante. L'opinion était trop partagée pour entraîner la ville résolument dans un camp ou dans l'autre. Les précieuses archives de Rohan ont bénéficié d'un délai, jusqu'en mars 1793, avant d'être incendiées; elles l'ont été tout-de-même, et les tombes de la maison ducale violées peu après. Le château, bien que dégradé au rang de prison, a été sauvé. Il devait servir de bastion aux "bleus", mais l'humour de Francis Legouais observe qu 'à chaque incursion, proche ou lointaine, des Vendéens, la garnison révolutionnai- re se repliait prudemment à Redon pour y attendre la fin de l'alerte. Que de nuances et de contrastes ! La situation de Blain était complexe. Voisine de la fôrêt du Gâvre, foyer de "maquis" chouans, la région blinoise aurait pu, et a failli, devenir la charnière entre ceux-ci et l'Armée catholique et royale. Blain a accueilli les Vendéens, avant et après Savenay, en des circonstances qu'on ne peut sans émotion relire dans les témoignages recueillis par l'auteur. Elle n'a pas pu les garder. Tout aurait changé à Blain si les Vendéens s'étaient installés à Nantes. Francis Legouais a très bien su dégager l'originalité du rôle joué par la région blinoise dans les avatars de la Révolution en pays nantais. La complexité des faits et l'inconstance des hommes ne lui rendaient pas la tâche aisée. Celle-ci l'était d'autant moins que les conditions de son travail ne l'étaient pas non plus. Je tiens à rendre hommage à ses qualités d'intelligence et de mémoire, autant qu 'à sa ténaci- té dans la réalisation méritoire d'une oeuvre d'historien qui fait honneur à lui-même et à son Institut. Michel Mollat du Jourdin Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris. INTRODUCTION Nombreux sont les auteurs qui ont écrit des ouvrages sur la Vendée au XVIIIe siècle et, particulièrement, sur la période révolutionnaire dans cette région. Le nombre des auteurs intéressés par l'histoire de la Basse-Bretagne et, plus préci- sément, du nord du département de Loire-Atlantique pendant le même siècle et pendant la Révolution, est plus restreint. Il existe pourtant, dans les Archives départementales ou chez des particuliers, des documents qui peuvent nous informer sur ce sujet. Ayant ainsi pris connaissance de plusieurs dossiers et surtout de manuscrits ignorés du public, nous voudrions essayer d'apporter un éclairage complémentaire, sinon nouveau, à l'histoire du département de la Loire-Atlantique, mais, cette fois, rive droite du fleuve. La "ville" du Gâvre, ancienne seigneurie inaliénable des ducs bretons, puis des rois de France, et surtout Blain, principal fief des Rohan, seront au centre de cet ouvrage. Partant de ces points centraux, le déroulement des faits historiques nous conduira à parler de toute une contrée et, justement, de toute cette contrée au nord de Nantes. Tels les derniers rayons de soleil couchant, les derniers rayons du Roi-Soleil, en ce début du XVIIIe siècle, s'éteignent lentement, laissant pré- sager le déclin de la monarchie française. A la fin du XVIIIe siècle, minée par les crises financières, lassée par les guerres trop nombreuses, la France sera prête pour affronter cette grande secousse historique qu'est la Révolution française. Ayant goûté une fois à la République, les Français n'en perdront plus le goût, même après des retours passagers à des régimes monarchiques. Dans cette région de Blain, à une trentaine de kilomètres seulement au nord de Nantes, terre érigée en marquisat par Louis XIV en 1660, la population rurale au début du XVIIIe siècle, vivait pourtant tranquille et sans grave sujet de plainte, même si l'instruction ne profitait encore qu'à la classe aisée, même si les passages et les séjours nombreux de la troupe entraînaient des surcroits de taxes, même si les hobereaux, vassaux du grand seigneur, étaient plus exigeants et plus durs que leur suzerain. C'est que le Duc de Rohan, Marquis de Blain, non seulement entretenait avec le peuple des relations presque amicales, mais encore il comprenait les besoins profonds de la classe pauvre et c'est de ses deniers qu'il participait à toute oeuvre philanthropique, qu'il s'agisse de l'entretien d'un maître d'école, de la fondation d'un hospice ou de la création d'un tribunal local de conciliation pour mettre un terme aux procès ruineux. Il n'empêche certes qu'il en fallait bien davantage au plan national pour apporter de manière efficace une amélioration au sort qui était fait à la classe populaire. La Révolution y pourvoira en partie, mais à quel prix ! Que d'innocents paieront pour les coupables, que d'hommes justes et droits de toutes tendances verseront leur sang ou seront contraints de s'exiler pour échapper à des rigueurs extrêmes ! C'est ainsi que notre Duc de Rohan, Marquis de Blain, devra s'éloigner définitivement de sa terre de Blain, Marquisat sans Marquis.