Introduction
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Introduction La mobilité ou la migration de la main-d’œuvre est un phénomène commun au cours du développement économique. Dans la plupart des pays en voie de développement, la main- d’œuvre se déplace normalement de la région rurale vers la région urbaine et du secteur agricole vers le secteur non agricole, ce qui définit l’exode rural. L’exode rural dans les pays en voie de développement accompagne leur décollage économique. Dans les années 60-70, le miracle du développement économique des « quatre dragons asiatiques » a confirmé pratiquement la théorie des « stades du développement économique » de Rostow. En Chine, « Depuis la reforme et l’ouverture, la trajectoire réelle du développement économique rapide montre la cohérence étonnante avec la théorie de Rostow »1. Le développement économique et la croissance économique constituent les sujets essentiels des recherches des économistes du développement. Considérant de fait qu’il existe de manière générale un « dualisme » de la structure socio-économique dans les pays en voie de développement, ce qui consiste en un contexte théorique de la recherche de l’économie du développement sur la relation entre le déplacement de la main-d’œuvre rurale et le développement économique. 1 .Dongtao Zou (2009), Chine : 30 ans de réforme et ouverture (1978-2008) , Social Sciences Academic Press (Beijing). 1 Selon Lewis (1954), dans les pays en voie de développement, il y a une coexistence d’un secteur de l’industrie moderne et un secteur de l’agriculture traditionnelle, dont la productivité et les revenus moyens de ce premier sont supérieurs à ce dernier, cela causse la main-d’œuvre rurale excédentaire à se déplacer vers le secteur non agricole. La surpopulation est déjà devenue un problème majeur pour la plupart des nations et, pour les pays en voie de développement comme la Chine, le problème est encore plus dramatique. Le problème de la main-d’œuvre rurale excédentaire constitue un fardeau très lourd ralentissant le décollage économique agricole chinois 2 Les causes en sont très diverses. Certaines sont presque les mêmes que dans tous les pays en développement, comme l'insuffisance de l'épargne, de l'investissement, et une productivité qui n'est pas assez élevée pour fournir des quantités de céréales en surplus. D'autres sont particulières à la Chine. Par exemple, en matière de politique économique et sociale, le manque de prévoyance du plan d'ensemble du gouvernement est évident : - Il a privilégié l'industrialisation et les succès ont été nombreux, mais la Chine subit un grand retard dans le domaine de l’urbanisation ; - Pendant une longue période (de 1949 jusqu'à la fin des années 1960), ont été encouragées les naissances. Les résultats obtenus ont été bons, mais le taux d'analphabétisation à la campagne reste encore très élevé aujourd'hui ; - L’accent a été mis sur la mécanisation agricole, mais l'économie diversifiée en milieu rural a été limitée de façon stricte pendant longtemps. Depuis 1949, en Chine, la superficie totale des terres arables n'a pas beaucoup augmenté, tandis que la population en milieu rural s'est accrue rapidement 3. Jusqu'à fin 1978, on n'a pas pris conscience de la pression de l'importante main-d’œuvre rurale excédentaire, 2. Hongcun Wang (2009), Le transfert de la main d’œuvre rurale excédentaire en Chine, Revue académique de l’Institue de gestion agricole de Shandong , N°2. 3. Document de P.C.C (1983). N° 1. 2 parce que l'on travaillait encore en collectivité, en payant peu les paysans, et parce que l'on a limité sévèrement l'exode rural. A cette époque, la main-d’œuvre rurale excédentaire présentait les caractéristiques du " chômage déguisé " : il y avait des paysans qui travaillaient dans les champs collectifs, ne contribuant virtuellement à aucune production. En termes techniques, la productivité marginale du travail, sur une grande étendue est nulle, voire négative 4. A partir de la fin de 1978, on a commencé à appliquer le système de responsabilité forfaitaire au niveau des foyers paysans en milieu rural. Le travail collectif a été remplacé par le travail en famille ou individuel, et les paysans ont retrouvé le droit, dans une certaine mesure, de disposer de leur temps de travail. Dans les champs, il n’y avait pas assez de travail pour toutes les familles. Ainsi, le problème de l'exode rural est apparu brusquement. Pour limiter les effets déstabilisateurs de l'exode rural, les autorités ont encouragé la diversification des activités agricoles et le développement d'entreprises dans les villages, les cantons et les bourgs 5. L'expression de "main-d’œuvre rurale excédentaire" a commencé également à être citée dans les documents gouvernementaux et dans les articles et ouvrages des économistes chinois. Pour trouver des solutions au problème d'excédent de population rurale, les économistes du monde entier ont fait beaucoup de recherches. Lewis a souligné qu'il fallait augmenter l’investissement et la production dans les zones urbaines 6, Myint a indiqué qu’il ne fallait pas négliger l'utilisation de techniques efficaces pour élever la productivité agricole 7 . Parmi les diverses théories, le modèle Fei-Ranis est considéré, par beaucoup d’économistes occidentaux, comme la vérité universelle. 4. NURKSE R. (1968), Les problèmes de la formation du capital dans les pays sous-développés , Editions CUJAS, p. 38. 5. FABRE G. (1992), Chine : La mutation urbaine 1949 - 2000, Le courrier des pays de l'Est , N° 374, novembre, p.19. 6. Lewis, A. (1954), Economic development with unlimited supplies of labour, The Manchester school of economic and social studies , vol. 22. 7. Myint, H. (1973), The economics of the developing countries , Fourth (revised) edition, London, chapter 6. 3 En Chine, dans les années 50, un sociologue a voulu attirer l'attention du gouvernement sur le problème de la main-d'œuvre rurale excédentaire, mais, étant donné la situation politique et économique de l'époque, rien n'a été fait. Au début des années 80, les solutions suivantes concernant le problème de la main-d’œuvre rurale excédentaire ont été avancées par les économistes chinois: - augmenter les rendements et diversifier les activités agricoles pour résoudre ce problème de main-d’œuvre. - encourager les gens à entreprendre des activités économiques non agricoles, comme par exemple, créer des entreprises au niveau des villages, des cantons et des bourgs. C'est ce que l'on appelle en Chine 离土不离乡(" quitter la terre sans quitter le pays "). - chercher des occasions de travailler dans des villes de grande et moyenne importance. Ce modèle est appelé 离土又离乡 (« quitter la terre et village ») et s’est reflété ces dernières années sur le 农民工 (ouvriers ruraux). La Chine est un pays en voie de développement dont la situation actuelle est très particulière. D'abord, la population rurale constitue à peu près 60 % de la population totale et, qui plus est, son niveau d'instruction est très bas. D'autre part, en milieu urbain, il y a beaucoup de " jeunes en attente d'emploi " et de chômage déguisé. De plus, les conditions de logement, les réseaux de transport, et les équipements de base concernant la vie quotidienne des citadins sont très insatisfaisants. Pour résoudre le problème de la main-d’œuvre rurale excédentaire, il ne faut donc pas négliger les aspects suivants : En premier lieu, l'urbanisation et l'industrialisation sont les voies normales du développement des sociétés. La Chine ne peut pas faire exception à ce principe. En ce qui 4 concerne les voies de l'urbanisation, en même temps que des mesures seraient prises pour élargir les espaces de l'emploi dans les grandes villes et les villes moyennes, il faudrait s'appuyer sur les bourgs et les petites villes déjà existants en milieu rural. Il serait intéressant de créer peu à peu de nouvelles villes dans les régions où la densité de l'habitat rural est relativement élevée en vue d'y transférer la population rurale. En ce qui concerne l'industrialisation, il faut prendre en considération le rôle des entreprises rurales qui ont employé en 2009 155.88 millions de personnes 8. En second lieu, maintenant à l'échelle mondiale, il y des pays, comme les Etats-Unis, le Japon, la France et l'Allemagne, par exemple, qui ont déjà complètement réalisé l'industrialisation et l'urbanisation dans leur pays. Egalement, il y a beaucoup de pays comme la Corée du sud, Singapour et le Mexique, qui ont presque atteint la phase finale de développement. En ce cas, nous trouvons qu'il est important d'étudier leurs réalisations. En troisième lieu, pour résoudre le problème de l'excédent de main-d'œuvre rurale, il faut d'abord réformer le système économique en milieu rural afin de centraliser autant que possible les terres, tirer avantage de la modernisation de l'agriculture et augmenter la productivité agricole. En quatrième lieu, il faut mettre l’accent sur l’éducation et la formation de la main- d’œuvre rurale afin d’améliorer leur qualité professionnelle et qualité globale. Il y des éléments différents qui empêchent le déplacement de la main-d’œuvre rurale excédentaire dans le domaine non agricole et le transfert de main-d’œuvre rurale dans les villes. Cependant, nous pensons que le faible niveau éducatif et professionnel constitue le problème essentiel. A la campagne, l’agriculture biologique et le développement durable représentent l’avenir du développement rural. Le problème auquel nous devons faire attention est que si la 8 . Ministère de l’agriculture de Chine (2010) : Rapport du développement agricole en Chine. 5 qualité de la main-d’œuvre rurale excédentaire est suffisante pour se déplacer dans les entreprises rurales ou pour se conduire dans le secteur agricole de manière plus intensive et plus diversifiée.