Hommes & Migrations, 1320
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Hommes & migrations Revue française de référence sur les dynamiques migratoires 1320 | 2018 Au prisme de la consommation Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/4033 DOI : 10.4000/hommesmigrations.4033 ISSN : 2262-3353 Éditeur Musée national de l'histoire de l'immigration Édition imprimée Date de publication : 1 janvier 2018 ISBN : 978-2-919040-40-7 ISSN : 1142-852X Référence électronique Hommes & migrations, 1320 | 2018, « Au prisme de la consommation » [En ligne], mis en ligne le 01 janvier 2020, consulté le 09 février 2021. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/ 4033 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.4033 Ce document a été généré automatiquement le 9 février 2021. Tous droits réservés 1 Dans le cadre d’une comparaison entre l’Allemagne et la France, la revue explore les consommations des migrants dans les domaines alimentaires et des soins du corps notamment et analyse le sens que ces pratiques revêtent. Ce thème est abordé également par le prisme de l’offre commerciale et de l’entrepreneuriat qui se spécialisent sur des produits consommés par les migrants, leurs enfants et par la société d’accueil plus largement. Hommes & migrations, 1320 | 2018 2 SOMMAIRE Ce que consommer autrement veut dire Marie Poinsot Dossier La migration au prisme de la consommation Virginie Silhouette-Dercourt et Maren Möhring La « prairie thaï » dans le Preußenpark à Berlin Une communauté de pique-nique en marge du règlement intérieur des parcs allemands Noa K. Ha Générations de femmes franco-maghrébines La consommation comme marqueur des dynamiques intergénérationnelles Ranam Alkayyali et Virginie Silhouette-Dercourt La construction sociale de « l’en commun » par la consommation Les sociétés réunionnaise et malaisienne Laurence Tibère L’inclusion par la consommation ? Les salons de coiffure afro en Allemagne comme lieu de transformation socioculturelle Caroline Schmitt Aubervilliers sur Wenzhou, ou la transformation du Grand Paris par les entrepreneurs chinois Ya - Han Chuang Multiculturelle et « postmigrante » L’épicerie du coin Jonathan Everts La mise en scène de l’authenticité Stratégies de distinction de restaurants arabe et vietnamien dans le processus de gentrification de la ville de Berlin Miriam Stock et Antonie Schmiz La culture culinaire en Allemagne de l’Ouest s’est-elle « migrantisée » ? Maren Möhring Black Beauty Jeux de frontières, mises en scène de soi et cosmopolitisme par le bas à Paris et Berlin Virginie Silhouette-Dercourt Vers de nouvelles formes d’institutionnalisation des cultures matérielles immigrées ? Le cas de la Galerie des dons du Musée national de l’histoire de l’immigration (Paris) Muriel Flicoteaux Hommes & migrations, 1320 | 2018 3 Chroniques Lieux saints partagés Jérusalem, ville partagée ? Entretien avec Vincent Lemire, historien, université Paris-Est/Marne-la-Vallée Marie Poinsot et Nicolas Treiber Les chantiers de la recherche Les migrations internationales et leurs effets Amal Miftah Initiatives Les étrangers et les Italiens en Seine-Saint-Denis Un recueil de données par les archivistes du département sur le recensement de 1931 Pierre-Jacques Derainne Le concours Miss et Mister Sénégal-Mali aux Docks de Paris Entre fête culturelle et réinvention des canons de beauté Ousseynou Saidou Sy et Virginie Silhouette-Dercourt Mémoires Italiennes : un film documentaire sur l'immigration au féminin Silvia Staderoli Kiosque Vive le modèle allemand Mustapha Harzoune Théâtre « Je raconte mon histoire… et c’est l’histoire de tout le monde » Entretien avec Matias Chebel de la Compagnie Zumbó Marie Poinsot Hommes & migrations, 1320 | 2018 4 E-passeur.com, spectacle d’anticipation sur les migrations Entretien avec Sedef Ecer, auteure et metteuse en scène de la pièce Marie Poinsot Musique Tatiana Lambolez, Altan Art François Bensignor Films Des figues en Avril Film français, 2017, de Nadir Dendoune Anaïs Vincent Yves promise Film allemand, 2017, de Melanie Gärtner Anaïs Vincent Littérature Littérature, exil et migration Alexis Nous Livres Slimane Zeghidour, Sors, la route t’attend. Mon village en Kabylie, 1954-1962 Paris, Les Arènes, 2017, 290 p., 20 €. Mustapha Harzoune Alice Zeniter, L’Art de perdre Paris, Flammarion 2017, 506 p., 22 €. Mustapha Harzoune Tassadit Imache, Des cœurs lents Marseille, Agone 2017, 183 p., 16 €. Mustapha Harzoune Victor Schœlcher, Journal de voyage en Égypte (1844) Paris, Mercure de France, 2017, 442 p., 8,90 €. Mustapha Harzoune Hommes & migrations, 1320 | 2018 5 Ce que consommer autrement veut dire Marie Poinsot 1 La migration ne semblait pas rentrer dans les études de marketing, aux côtés des critères d’âge, de classe sociale, de socio-styles. Et pourtant, la revue Hommes et Migrations pouvait légitimement s’interroger sur la manière dont les migrants consomment. C’est ce qu’elle a tenté de faire en publiant les contributions d’un cycle de séminaires franco-allemands, sous le talentueux pilotage de Virginie Silhouette- Dercourt et Maren Möhring que la rédaction remercie chaleureusement pour avoir tenté cette aventure. 2 Le croisement entre des modèles théoriques opérant au sein des sciences sociales – celui d’une société multiculturelle devenue post-migratoire en Allemagne, celui d’une société d’intégration républicaine en France –, nous montre que les questionnements scientifiques sont fortement corrélés aux enjeux et aux modalités de débats publics sur l’immigration, dans des contextes différents. Étudier comment les sociétés, plus précisément les espaces urbains, se transforment sous l’influence des migrations, permet d’interpréter autrement les activités commerciales, entrepreneuriales et les pratiques de consommation de ceux qui s’installent et qui, malgré les années, restent perçus comme étrangers aux sociétés d’accueil. Pour se dégager des approches « ethniques » ou culturalistes qui ont longtemps imprégné les études sur ces problématiques, ce dossier souligne combien la reconnaissance des compétences, des stratégies, des investissements dans des niches économiques singulières doit s’articuler avec la prise en compte des expériences migratoires et des ressources liées aux filières internationales et aux réseaux diasporiques. 3 Se poser la question de la consommation des migrants et de leurs descendants nous oblige ainsi à aborder la question de l’offre commerciale et à étudier la manière dont elle se spécialise sur des produits consommés par les migrants, qui structurent le marché des biens et des services et, plus généralement, le marché du travail de certains quartiers des métropoles européennes. Loin de l’entre soi et de l’enfermement ethnique, cette offre multiple et multiforme crée des « centralités commerciales » engendrant des expertises, des expérimentations, des créativités, des brassages Hommes & migrations, 1320 | 2018 6 culturels, des relations sociales qui inventent la ville de demain. Ce dossier n’évite pas l’analyse des effets de l’exclusion, des mobilités économiques bloquées, des discriminations qui refusent l’accès des migrants à certains secteurs économiques : les commerces et les services s’inscrivent dans un schéma d’ascension sociale propre, parfois producteur d’auto-exploitation, et participent au développement économique des villes par la fabrication, voire la marchandisation, d’authenticités mises en scène selon les attentes d’une clientèle qui dépasse de loin les seules populations immigrées. 4 Ce dossier aborde l’étude des pratiques alimentaires, des pratiques de beauté et d’entretien du corps des migrants en s’interrogeant sur la dynamique de transmission intergénérationnelle de ces habitudes quotidiennes, devenues, grâce aux mobilités, transnationales et cosmopolites. On comprend alors que les savoir-faire deviennent marqueurs identitaires, teintés de l’urgence de la survie pour les populations réfugiées, symboles de « success-stories » pour les entrepreneurs migrants, mais aussi de contre- culture ou de résistance pour les générations suivantes. Elles fabriquent ainsi d’autres modèles de consommation, à mi-chemin entre l’hybridation et l’adaptation à ceux qui dominent dans les sociétés allemandes et françaises. Ces dynamiques de consommation véhiculées par les migrations constituent des leviers actifs pour l’entrée des sociétés européennes dans les cultures mondialisées par la diffusion de standards de beauté, de saveurs, de sociabilités ouverts sur le monde. 5 Mais la mondialisation par la consommation suscite en contrepoint des mouvements de rejet et des violences physiques et symboliques de la part de populations heurtées par ce qu’elles perçoivent comme un exotisme agressif, pétri de références culturelles et religieuses étrangères. Elle révèle leur propre exclusion d’une existence sociale de plus en plus signifiée par la capacité à consommer et à participer à ce capitalisme global. AUTEUR MARIE POINSOT Rédactrice en chef de la revue Hommes & migrations, 1320 | 2018 7 Dossier Hommes & migrations, 1320 | 2018 8 La migration au prisme de la consommation Virginie Silhouette-Dercourt et Maren Möhring 1 Les migrations sont encore trop rarement abordées sous l’angle de la consommation et de la culture matérielle. Pourtant, les migrants n’arrivent pas dans leur nouvelle vie sans passé ou habitudes. Ils apportent avec eux des plats et des ingrédients culinaires, des rituels de beauté, des codes vestimentaires, des normes corporelles... qui se diffusent et modifient les pratiques de consommation de la société « dominante », souvent par le biais d’entrepreneurs migrants. 2 À travers la publication