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Découvrir le patrimoine bâti Taravo CRDP de Corse Sommaire Circuit pédagogique n°1 - Richesses archéologiques . p. 05 Circuit pédagogique n°2 - Les édifices fortifiés . .p. 11 Circuit pédagogique n°3 - Les édifices religieux . p. 19 Circuit pédagogique n°4 - Le patrimoine rural . p. 25 Nous remercions vivement pour leurs conseils, la documentation et les photographies mises à notre disposition : La Direction Régionale des Affaires Culturelles de Corse Service régional de l’archéologie et Conservation régionale des monuments historiques ; les Archives départementales de la Corse-du-Sud ; le Musée départemental de Préhistoire corse de Sartène. et particulièrement Messieurs Joseph CESARI, Laurent CHABOT, Alain GAUTHIER, Franck LEANDRI. Dans la même collection : l’Alta Rocca - Sartenais et Valinco Imprimé en France © CNDP–CRDP de Corse - 2008 Dépôt légal : décembre 2008 Éditeur nº 86 620 Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS CUBELLS Nº ISBN : 978 2 86 620 223 1 Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Louis Jean - 05000 - GAP Découvrir le patrimoine bâti Taravo Ouvrage publié avec le concours du Conseil général de la Corse-du-Sud AUTEURS PHILIPPE COLOMBANI Professeur d’Histoire et Géographie Lycée Lætitia Bonaparte - Ajaccio MATHIEU HARNÉQUAUX Chef de Projet au CRDP de Corse avec la collaboration de MARIE-LAURE MARQUELET Doctorante en archéologie à l’Université de Corse DANIEL ISTRIA Chargé de recherche CNRS UMR LISA Université de Corse SERVICES CULTURE ÉDITIONS RESSOURCES POUR L’ÉDUCATION NATIONALE CRDP de CORSE Édité par le Centre Régional de Documentation Pédagogique Oriu. I Calanchi-Sapar’Alta Les premiers habitants de la Corse ont su tirer parti et aménager les abris que leur offrait la nature. Progressivement transformés, les plus grands ont été utilisés jusqu’il y a peu, comme cet oriu, dont le mur est de construction moderne. Statue-menhir Filitosa IX. Lorsqu’elles cessent d’être objets de culte ou de respect, les statues-menhirs deviennent matériau de construction : de nombreux fragments ont fait l’objet d’un remploi lors des remaniements du parement externe de la torra centrale de Filitosa. Vue aérienne du site de Filitosa. Sur la butte de “Turrichju” s’élèvent les principaux monuments de l’âge du bronze et les ruines d’une enceinte : les populations exploitent le potentiel défensif du chaos rocheux. Circuit pédagogique 1 Richesses archéologiques La basse et moyenne vallée du Taravo présente une densité exceptionnelle d’habitats préhistoriques et de monuments mégalithiques, dont plusieurs sont d’un grand intérêt. Elle est ainsi étroitement associée à l’histoire des recherches archéologiques qui se sont tardivement développées en Corse. Les premiers monuments - un dolmen, des menhirs - ayant fait l’objet d’une description détaillée, en 1810, en sont issus. Mais c’est la découverte, en 1956, du premier grand ensemble préhistorique, à Filitosa, qui sert de point de départ aux grandes campagnes de fouilles qui ont révélé l’immense richesse archéologique et fait avancer notre connaissance de la Préhistoire de la Corse. insulaire, depuis le Néolithique 100 m2. Correspondant au début UNE CONCENTRATION ancien jusqu’à l’âge du bronze de la phase d’occupation IMPORTANTE D’HABITATS (IIe millénaire av. J.-C.). principale, au Chalcolithique PRÉHISTORIQUES Néanmoins, si de nombreux sites (début du IIIe millénaire av. J.-C.) ont pu être identifiés lors de elles constituent « les vestiges des Les recherches ont jusqu’à présent fouilles archéologiques, peu plus anciennes maisons décou- permis d’établir une présence de d’entre eux conservent des vertes sur l’île » (J. Cesari, Corse l’homme dans la vallée du Taravo vestiges assez visibles et des origines, p. 90). depuis le Néolithique ancien (VIe accessibles pour être visitables. Le mobilier céramique et lithique millénaire av. J.-C.). Le relief, la retrouvé, correspondant aux rites présence de dépôts sédimentaires LE SITE D’I CALANCHI-SAPAR’ALTA funéraires des populations à cette fertiles sur le pourtour du fleuve période, a permis d’établir qu’au et d’étangs d’eau douce sur le Le site d’I Calanchi-Sapar’Alta, cours de cette phase d’occupation, littoral, constituent un ensemble propriété privée sur la commune les taffoni de plus petites d’éléments favorables au de Sollacaro, en est l’illustration. dimensions ont été réutilisés en développement des activités Classé monument historique et sépultures. agricoles et pastorales dans la retenu parmi les « trente sites L’existence d’un artisanat textile basse et moyenne vallée. archéologiques les plus signi- est attestée, quant à elle, par la Caractéristique du Néolithique, ficatifs de France », il n’offre plus présence de fusaïoles qui servent ce développement s’accompagne à voir que des cavités (taffonu, de volant au fuseau lors de sa d’une sédentarisation progressive sapara ou oriu selon la taille) rotation. des populations, qui vont former ayant servi d’abris, pour certaines Ainsi, bien que ne pouvant plus de petites communautés vivant en depuis le Néolithique moyen faire l’objet d’une « visite », ce hameaux. (IVe millénaire av. J.-C.). Les site nous a apporté un témoignage Ceci explique sans doute la forte fouilles opérées sur le site ont remarquable sur l’implantation concentration d’habitats préhis- néanmoins révélé la base de des communautés humaines dans toriques qu’on y trouve, à partir structures d’habitation de plan l’île à cette période, et sur la place de laquelle on a pu déterminer rectangulaire, dont certaines prépondérante qu’y prennent les différentes phases du peuplement pouvaient atteindre environ cultures et l’élevage. 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 Mésolithique Néolithique Cuivre Bronze Fer Dame de Bonifacio Fondation d’Aléria -7923 -7105 MÉGALITHISME -565 gabarit débordant progressivement Une question de méthode : la stratigraphie vers le centre et enveloppées dans Les chaos granitiques offrent, grâce à un une terre argileuse (ce qui phénomène d’érosion, des abris naturels qui correspond à la technique dite du ont pu être utilisés comme habitat, faux encorbellement). Cette pièce temporaire ou permanent, jusqu’à l’époque centrale est flanquée de petites contemporaine. Comment, dans ce cas, loges qui, elles, pouvaient être distinguer les différentes étapes de leur recouvertes d’un plafond de dalles. utilisation ? Si l’archéologue peut s’appuyer La torra de Foce présente le sur des objets retrouvés, sur d’éventuels diamètre le plus grand (18 m) ; elle fragments d’ossements ou de céramique, sur est aussi la mieux conservée et la des restes d’ustensiles ou d’armes, ou sur plus facilement accessible. L’entrée d’autres éléments dégagés lors des fouilles, se fait par un couloir, duquel c’est la possibilité de situer ces éléments dans partent deux branches s’enfonçant un contexte archéologique précis qui pourra dans l’épaisseur du mur. Celle de apporter les renseignements les plus gauche est une rampe qui significatifs sur leur position chronologique. permettait d’accéder à un étage. En géologie, la stratigraphie permet On peut alors imaginer un édifice d’analyser la superposition des différentes de type tronconique, visible depuis strates constituées dans le sol au cours du les alentours et offrant une large temps. En règle générale, les couches les plus profondes sont plus anciennes vue sur ceux-ci, et comparable à que celles qui les recouvrent. Il s’agit alors de couches en place, et dans ce certains nuraghe sardes. Cette cas, l’ensemble des documents recueillis est homogène. Mais en archéologie, comparaison permet aujourd’hui on a souvent affaire à des couches bouleversées par la présence humaine, d’opérer un rapprochement à des strates plutôt combinées que superposées : il peut y avoir des fonctionnel entre ces différents inversions lorsque le sédiment a été creusé en profondeur, lors de mises en types d’édifices. Ces constructions culture par exemple, des éléments de couches A ou B peuvent se retrouver fortifiées permettaient tout à la mélangés à des éléments d’une couche C. On parle alors de couches fois à une communauté de remaniées. Pour établir la position des différentes strates les unes par contrôler le territoire qu’elle rapport aux autres, on aura alors recours à une méthode de fouilles par exploitait et de mettre à l’abri unités stratigraphiques (ex : un foyer, un aménagement pour le stockage ou d’éventuels rivaux les richesses l’artisanat), tenant davantage compte des éventuels bouleversements ayant produites, même si toute pu être produits. On comprendra donc aussi pourquoi la collecte d’objets signification religieuse associée lors de fouilles « sauvages » peut constituer un perte irrémédiable pour la n’est pas à exclure. connaissance. LES TORRE DE FOCE ET DE agro-pastorales et des voies BALESTRA naturelles de communication. Tous Les monuments en forme de tour deux sont représentatifs de la de Foce (Argiusta-Moriccio) et de « culture des torre » qui se met en Balestra (Moca Croce) ont fait place au cours de l’âge du bronze partie des premières campagnes pour culminer au Bronze moyen d’investigation initiées par (vers 1500 av. J.-C.). l’archéologue Roger Grosjean dans Ce sont des édifices de plan les années cinquante. Implantés au circulaire comprenant une sommet de petites éminences chambre principale qui devait être (477 m et 502 m), ils dominent des voûtée en coupole, par terrains aux bonnes potentialités l’accumulation de pierres de petit Torre de Foce, pièce centrale (cella). - 6- Circuit pédagogique 1 LA STATUE-MENHIR « UCANTONU » LE MÉGALITHISME À la sortie du village de Pila Le mégalithisme n’est pas un Canale se dresse une statue- stade d’évolution, mais un menhir restaurée, « U Cantonu », phénomène culturel universel qui, présentant une silhouette en Corse, débute au Néolithique humaine, et associée à un menhir moyen pour s’achever dans le plus petit (en Corse, menhirs et courant de l’âge du bronze. statues-menhirs sont généra- Ce phénomène s’exprime par la lement regroupés en alignements, construction de sépultures, coffres et le plus souvent en lien avec une (bancali) et dolmens (tole ou tombe, ou tout au moins situés stazzone), et par l’érection de sur un axe de passage).