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N°726 AVRIL 2020

McCoy Tyner 1938-2020 Hommage à un pianiste de feu

David Linx A fleur de peau

Jon Christensen Peaux de chagrin

ET... Sophie Alour Wattstax Antoine Berjeaut No Tongues

CHET’S ROMANCE L’histoire d’un film pas comme les autres qui ressort enfin

L 11092 - 726 H - F: 6,90 - RD N° ISSN : 2425-7869 - F : 6.90 € - DOM/S : 7.9 € - BEL/LUX : 7.9 € - CH : 12.40 FS CAN : 12.50 $CA - ESP/ITA/GR/PORT CONT : 7.9 € - D : 8.4 € - MAR 78 MAD - POL/A : 1800 CFP L 11092 - 726 H - F: 6,90 - RD

001-011_JazzMag726_Sortir.indd 1 17/03/2020 19:35 AVISHAI COHEN LA FNAC BIG VICIOUS AIME NOUVEL : BIG VICIOUS Une fusion détonante de sons rock, psychédéliques, groove et .

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En concert En concert 18 juin Duc des Lombards, Paris 23 avril Studio de L’Ermitage, Paris www.ecmrecords.com

001-011_JazzMag726_Sortir.indd 2 17/03/2020 19:35

Frédéric Goaty Directeur de la rédaction Sommaire N° 726 PHOTO : SYLVAIN GRIPOIX Édito Avril 2020

Une fusion détonante de sons rock, La vie, le jazz N°726 AVRIL 2020

McCoy Tyner e 1938-2020 Au moment où nous bouclons ce 726 numéro de Jazz Magazine Hommage à un pianiste – le mardi 17 mars –, l’angoisse est chaque jour un peu plus grande. de feu Sonny Rollins Le portfolio La pandémie du Coronavirus bouleverse notre quotidien, provoque des 90 ans David Linx des réactions en chaîne dont la gravité n’échappe à personne. A fleur de peau Jon Christensen Peaux de chagrin Dans les heures qui ont précédé l’envoi des dernières pages de votre ET... Sophie Alour Wattstax Antoine Berjeaut magazine à l’imprimerie, les courriels affluaient, annonçant l’annulation No Tongues d’une conférence de presse, d’un concert, d’un festival... CHET’S ROMANCE Musiciens, organisateurs, producteurs, techniciens, attaché.e.s L’histoire d’un film pas comme les autres qui ressort enfin

L 11092 - 726 - F: 6,90 - RD N° ISSN : 2425-7869 - F : 6.90 € - DOM/S : 7.9 € - BEL/LUX : 7.9 € - CH : 12.40 FS de presse... : il va sans dire que nous sommes solidaires de tous CAN : 12.50 $CA - ESP/ITA/GR/PORT CONT : 7.9 € - D : 8.4 € - MAR 78 MAD - POL/A : 1800 CFP ceux qui se battent pour faire vivre la musique qui nous est chère, Chet Baker photographié par Ariane une musique porteuse de vie et de valeurs essentielles. Smolderen lors du tournage de Chet’s Romance de Bertrand Fèvre en La majeure partie, si ce n’est l’intégralité des événements d’avril 1987. McCoy Tyner (© X/DR) annoncés dans nos pages Sortir et notre agenda n’auront pas lieu. (Écrire une telle phrase a quelque chose d’irréel...) Mais ne serait-ce que symboliquement, et parce qu’il nous a été impossible de bouleverser 4 Sortir la présence de tel ou tel article dans notre “chemin de fer” au dernier Sophie Alour, Jean-Michel Davis, moment, vous les retrouverez malgré tout, parce que la vie du jazz, Joel Ross, Mark Guiliana et et la vie tout court, doivent être plus fortes que tout. nos coups de cœur du mois L’immense et regretté McCoy Tyner est à l’honneur dans ce numéro, ainsi 12 [Re]découvrir que le magnifique court-métrage du cinéaste Bertrand Fèvre, qui avait Antoine Berjeaut immortalisé Chet Baker dans un studio parisien à la fin des années 1980. Geri Allen Merci pour votre soutien indéfectible, depuis plusieurs décennies No Tongues pour certains. Jazz Magazine, c’est promis, sera là fin avril Wattstax pour son numéro 727, daté mai. Bon courage à toutes et à tous. Jon Christensen Stéphane Grappelli Charlie Parker La Playlist 22 yStor Chet Baker par Bertrand Fèvre 28 Dossier Feu McCoy Tyner, mort d’un géant LA RÉDACTION Ours administratif en page 82 Directeur de la Best man Jaillet, Félix Marciano, Ils ont également 44 Entretien publication Philippe Carles Louis Michaud, Philippe contribué à David Linx Edouard Rencker Chairman emeritus Michel, Jean-Baptiste jazzmagazine.com 49 Les Chocs Directeur de la Daniel Filipacchi Millot, Jean-François Xavier Prévost, Yazid rédaction Mondot, Stéphane Ollivier, Kouloughli, Jean-François Choisis par les journalistes Pervulgateur inamovible Giuseppe Pino, Pascal Frédéric Goaty Frank Ténot Mondot, Annie-Claire de la rédaction (fredericgoaty Rozat, François-René Alvoet... @jazzmagazine.com) Responsable Simon, Alfred Sordoillet, 54 Les disques du mois diffusion kiosques Jean-Pierre Vidal, Philippe Nouveautés, rééditions et Rédacteur Maureen Richy-Dureteste Vincent. Yazid Kouloughli (01 60 39 69 13, inédits. (yazid.kouloughli maureen.boisguerin@ 71 En images @jazzmagazine.com) lva.fr) Sonny Rollins Communication, Ils ont contribué partenariat et publicité à ce numéro 77 Céline Breugnon Les concerts Jacques Aboucaya, Service abonnement Concerts, clubs, festivals, radios (01 56 88 16 69, Noadya Arnoux, Philippe celinebreugnon Bas-Rabérin, Franck et commande d’anciens numéros @jazzmagazine.com) Bergerot, Pierre de Renseignements, réclamations, changement d’adresse Administration Chocqueuse, Vincent TÉL. : 01 60 39 69 59 – LE PROCHAIN Fatima Drut Jasic Cotro, David Cristol, Guy Email : [email protected] NUMÉRO DE Tél. : 01 56 88 17 62 Darol, Doc Sillon, Étienne JAZZ MAGAZINE Dorsay, Lionel Eskenazi, Jazz Magazine – Service Abonnement – BP 50420 – Directrice artistique 77309 Fontainebleau Cedex SERA EN KIOSQUE Claude Gentiletti Pierrick Favennec, Julien LE 30 AVRIL Ferté, Ludovic Florin, Paul

JAZZ MAGAZINE - N° 726 - AVRIL 2020 >>>I 3

001-011_JazzMag726_Sortir.indd 3 17/03/2020 19:35 SOPHIE Sortir

ALOURBucolique

La saxophoniste et compositrice Sophie Alour n’est jamais où on l’attend. Après un disque de ballades dorées à l’or fin, “A Time for Love”, la voici qui dialogue avec le oudiste Mohamed Abozekry dans “Joy”. Rencontre , avant ses concerts à Millau et à Bagneux.

par Jean-François Mondot / photo Julien Alour

“Joy” est un album qui incite à la promenade autant qu’à la contemplation. Dans un café du côté de La Tour-Maubourg, Sophie Alour, de retour d’un concert avec Rhoda Scott, raconte son nouveau projet – déjà son septième disque – avec des mots aussi précis que ses . En commençant par ses envies de oud : « C’est un instrument qui plus qu’un autre m’emmène vers un ailleurs. J’en ai beaucoup écouté, que ce soit sur les disques de David El-Malek ou de Hamza El Din. Le oud, par ailleurs, représentait un défi stimulant. Comme il ne possède pas la même souplesse harmonique que la guitare, il m’a obligée à trouver

CLUBS • CONCERTS FESTIVALS LES COUPS DE CŒUR LA RÉDACTION des mélodies fortes, rythmiquement intéressantes. Cela m’a amenée dans des directions modales que je n’avais pas explorées jusqu’alors… ».

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001-011_JazzMag726_Sortir.indd 4 17/03/2020 19:35 Malgré son apparente spontanéité, le disque est extrêmement tenu : « J’ai écrit moi-même les parties de basse et de . J’ai demandé aux musiciens de respecter un certain nombre d’obligés, et de ne pas jouer out. Mais sur scène, ce sera différent, ils auront le droit de lâcher les chiens… » s’amuse la leader. “Joy” dose de manière équilibrée les morceaux allègres illuminés par la derbouka de Wassim Halal et ces ballades quintessenciées qui portent la signature de la compositrice, dans le droit fil deComptine , Nos LOUIS cendres, ou En ton absence sur ses disques précédents : « J’aime les ballades parce qu’elles sont le

contexte idéal pour entendre le son WINSBERG PHOTO : JEAN-BAPTISTE MILLOT d’un instrument. Et parce qu’elles Jaleo permettent de dire beaucoup avec peu ». Dans Hydrate et adoucit les Louis Winsberg célèbrera le vingtième mœurs, un des sommets de l’album, anniversaire de son groupe flamenco Vendredi 17 avril qui comporte un délicieux interlude jazz Jaleo en réunissant sur scène tous 21h de piano debussyste interprété par ceux qui ont participé à cette belle Paris, Studio de Damien Argentieri, la saxophoniste aventure et en reprenant le répertoire L’ermitage semble chanter à mi-voix avec une des trois albums “Jaleo”, “Le Bal des bouleversante douceur. Suds” et “For Paco” (à noter aussi, onze jours plus tard au cinéma Le Balzac, Depuis le début de sa carrière, Paris, ciné-concert pour la sortie du film Sophie Alour a toujours préféré Musica ! coréalisé par Winsberg). l’intériorité à la volubilité : « Je pense que cela est lié à une forme de pudeur. C’est une qualité que j’aime rencontrer chez un musicien, un écrivain, ou un être humain en ROBIN général. J’entends cette pudeur chez , que j’adore. Je l’entends aussi chez , McKELLE même quand il produit un déluge de notes… ». Un certain nombre de Grandeur dames morceaux du disque (le magnifique Songe en forme de palmiers, mais Mercredi 15 avril aussi Fleurette égyptienne où l’on 20h30 entend chanter des oiseaux) semble Comar, Musique & Culture, attester une inspiration champêtre. Salle des Catherinettes A certains moments, le disque donne envie de se promener dans C’est dans le cadre du festival les bois, et de faire une sieste au Musique & Culture de Colmar que creux d’une souche : « J’ai fui la ville la chanteuse viendra présenter car je ne voulais plus être happée l’album “Alterations”, qui signe son par sa frénésie. Depuis quelques retour au jazz acoustique et rend années, j’habite à la campagne, à hommage aux grandes voix qui l’ont 90 kilomètres de Paris. Là-bas, on JOEL ROSS inspirée, de Billie Holiday à Adele en ne peut échapper à la confrontation passant par Joni Mitchell. avec soi-même. C’est difficile mais Good vibrations fécond. Parfois, des amis viennent et trouvent qu’il n’y a rien. Mais ce Du vendredi 10 rien, il faut en faire un tout. Pour moi au dimanche 12 avril ce rien est un plein… » Bucolique 21h Sophie Alour ? Elle acquiesce. Paris, Duc des Lombards

CONCERTS Avec Mohamed Abozekry, “Révélation !” Jazz Magazine

Damien Argentieri, Philippe Aerts et Donald PHOTO : X/DR grâce à son premier opus, la Kontomanou) le 3 avril à Millau (Millau Jazz musique d’obédience post- festival), le 21 à Bagneux (Théâtre). bop de ce jeune vibraphoniste CD “Joy” (Music From Source / L’Autre chicagoan de 23 ans « est Distribution, [****] Jazz Magazine). traversée par une émotion somme toute assez rare de nos jours ». Dans le cadre intimiste du club de la rue des Lombards, il jouera en avant-première des morceaux de son prochain album pour Blue Note avec sa “Good Vibes Team”. PHOTO : FRANCK BULLIT

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001-011_JazzMag726_Sortir.indd 5 17/03/2020 19:36 FRANÇOIS CORNELOUP PHOTO : PIERRE WETZEL Révolution ère Mercredi 22 avril « Plaisir intense que de 21h retrouver ce saxophoniste Lyon, Périscope baryton à la tête d’un nouveau groupe transgénérationnel qui réinvente avec gourmandise et disque de François Corneloup, jubilation la fusion des genres “Révolution”. Un disque si pour revitaliser celui qui est à réussi qu’il n'y a aucune raison la base de tout : le jazz », lisait- que les concerts ne soient pas on récemment dans nos pages au diapason. JEAN-MICHEL Chocs lors de la sortie du PHOTO : X/DR DAVISLames de bonheur Jeudi 2 avril JON BOUTELLIER 20h Mets au Bemol Vaires-Sur-Marne, Cinéma Les Variétés Avant de “monter à Paris” et de jouer le 3 et le 4 Sortir

Le combo Etheral Vibes de Jean-Michel au Duc des Lombards, Davis (, ) jouera son celui qui vient de sortir répertoire habituel mais aussi plusieurs son premier CD sous son nom (lire nos pages “Les morceaux dédiés à Art Van Damme, Disques”) fera une halte

Pete Jolly ou Terry Gibbs. Avec Frédéric au restaurant/jazz club le Loiseau à la guitare, Raphaël Schwab à la Bemol 5 en compagnie Jeudi 2 avril du pianiste Kirk Lightsey 20h30 contrebasse, Julien Charlet à la batterie et (également présent sur Lyon, Bemol 5 Francis Varis à l’accordéon, la musicalité son disque). atteindra les hautes sphères. PHOTO : PHILIPPE LEVY-STAB (GAYA MUSIC)

LAURENT DE WILDE NEW MONK TRIO SYLVAIN RIFFLET TROUBADOURS éclatement des harmonies, Samedi 9 mai COMMUNIQUÉ fusion de plusieurs mélodies : 20h30 - Maison de la radio Studio 104 pour relire l’univers monkien Sylvain Rifflet en trio, le pianiste Laurent de Wilde s’appuie bien sûr sur Une soirée d’insatiables la boîte à outils de l’analyste, chercheurs. En investissant signataire d’un remarquable le chant des troubadours, Monk en 1996. mâtiné de bourdons indiens, www.maisondelaradio.fr/evenement/ Sylvain Rifflet remonte aux concert-jazz/laurent-de-wilde-new- sources de la musique monk-trio modale. Modifications de Tarifs de 12 € à 26 €

PHOTO : SYLVAIN GRIPOIX tempo, altération des formes,

6 I<<< AVRIL 2020 - N° 726 - JAZZ MAGAZINE

001-011_JazzMag726_Sortir.indd 6 17/03/2020 19:36 EUROPAJAZZ IN TOUR toute l’année A l’attention du centre éducatif fermé Montjoie, Allonnes 33e REGIONAL TOUR Thomas de Pourquery dans tous ses états ! 9 concerts en Sarthe, Mayenne, Orne et Maine-et-Loire > Drôles de Dames le 5 mars au Mans (Université) > Thomas de Pourquery/Tatiana Paris le 6 mars à Saint-Berthevin > Thomas de Pourquery/Tatiana Paris le 7 mars à Bessé-sur-Braye > Thomas de Pourquery/ Tatiana Paris le 8 mars à Malicorne > Thomas de Pourquery/Sylvain Daniel le 12 mars à La Flèche > Thomas de Pourquery/Sylvain Daniel le 17 mars au Mans (chorus) > Thomas de Pourquery/Sylvain Daniel le 18 mars à Montval-sur-Loir > Thomas de Pourquery/Sylvain Daniel/ David Aknin le 19 mars à Alençon > Thomas de Pourquery/Sylvain Daniel/David Aknin le 20 mars à Trélazé EUROPAJAZZ AU LYCÉE du 17 au 31 mars Emilie Lesbros/Leïla Soldevila 9 concerts et ateliers dans les lycées et CFA de Saint-Nazaire, Angers, la Ferté-Bernard, Le Mans, Montval-sur-Loir, Mayenne, Ruillé-sur-Loir, La Flèche CONCERTS IN/OUT Michel Portal/Baptiste Trotignon le 28 mars au Mans > Jazz & Wine #3 les jeudis 23 avril, 28 mai, 18 juin, 16 juillet et 6 septembre au Domaine de l’Épau, Yvré-l’Évêque > You le 2 avril au Mans > Sarah McKenzie le 8 avril au Mans MUSIQUES AUX SABLONS d’avril à juin Daphné Ménard Ateliers, rencontres, concerts pour les 0-20 ans dans le quartier des Sablons, Le Mans > Daphné Ménard Duo dans le cadre de Mans’Art le 24 avril à la cathédrale du Mans NUITS THÉMATIQUES 10e nuit des Fanfares avec Fanfare Big Joanna/Mandé Brass Band/Les Grooms le 4 avril à Arnage > 8e nuit du Jazz Manouche avec Daniel Givone/Gwen Cahue le 28 avril à Yvré-l’Évêque TÊTES BLANCHES TOUR du 14 au 17 avril Dame de Caro/Mona Faruel 4 concerts dans les EHPAD de Parcé-sur-Sarthe, Fresnay-sur-Sarthe, Marolles-les-Braults et Saint-Saturnin 22e EUROPAJAZZ EN BALADE Swing Swing en cœur de ville le 25 avril au Mans CYCLE CINÉMA Louis Sclavis et le cinéma du 25 mai au 7 juin aux Cinéastes, Le Mans

CHORUS - SCÈNE DE JAZZ+, site de La Visitation, place de la République, Le Mans de mars à juillet Programmation prévisionnelle et évolutive > Régional Tour : Thomas de Pourquery & Sylvain Daniel le 17 mars > Emilie Lesbros & Leïla Soldevila le 25 mars > Session danse le 29 mars > Stage pour les enfants avec spectacle - Clarissa Borba du 14 au 16 avril > Céline Bonacina Duo le 22 avril > Europajazz en Balade le 25 avril > Exposition photographique Louis Sclavis « artistes » du 6 mai au 6 juin > Le Final, concerts les 6 et 7 mai, ouverture et temps forts les 8 et 9 mai > Louis Sclavis/Jean-Paul Delore/Sébastien Boisseau le 6 juin

EUROPAJAZZ - LE FINAL du 6 au 10 mai au Mans (Chorus - scène de jazz+, Collégiale St-Pierre-La-Cour, Abbaye Royale de l’Épau) Exposition photographique Louis Sclavis « artistes » > NoSax NoClar > Francesco Bearzatti & Federico Casagrande« lost songs » > Renaud Garcia-Fons & Claire Antonini « farangi » > Sélène Saint-Aimé & Irving Acao > Peter Corser & Thibault Gomez « glass wind » création > Des Lions Pour Des Lions > Ana Carla Maza Trio > Christian Vander Trio > Louise Jallu Solo « francesita » > Eric Le Lann & Paul Lay « thanks a million » > Gangstar Fanfare > Simon Mary « krystal mundi » > Rabih Abou-Khalil Quartet création spéciale Europajazz ! > Back Beat Brass Band > Yann Cléry Solo > Des Lions Pour Des Lions > Back Beat Brass Band > Paul Lay Trio « deep rivers » > Mélissa Laveaux « radyo siwèl »

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Diego Imbert:Contrebasse Adrien Moignard:Guitare Anne Ducros:Chant du XX de sagénérationtransfigurelespluschansons entre élégance etvirtuosité,lameilleurevocaliste des Beatles, YourSongd’EltonJohn...: Nuages deDjangoReinhardt,Something de jazz Anne Ducros, chanteuse PHOTO : JEAN-BAPTISTE MILLOT 20h30 2020 e mai 21 siècle.

Mathieu Edward:batterie Erwan Loeffel:percussions Florian Pellissier:claviers,piano Virgile Raffaelli:leader,basseélectrique interstellaire ? funk etdelafusionstylée.Parépourunvoyage quatre étoilesincarnelerenouveaudujazz- Aldorande, cebandmadeinFranceaucasting à Aldorande -Hommage du BalBlomet la programmation rythme en2020 Jazz Magazine 20h30 2020 juin 25 17/03/2020 19:36

PHOTO : JORIAN LAFLEURIEL Sortir

BECCA

STEVENS CHET Let’s dance ! BAKER

PHOTO : ARIANE SMOLDEREN Le grand soir

En 1988, Chet Baker jouait court-métrage Chet’s Romance Jeudi 16 avril pour la toute dernière fois en présence de son réalisateur, 21h au New Morning. Trente- Bertrand Fèvre, Stéphane Paris, New Morning deux ans plus tard, il sera à Belmondo (trompette, bugle), l’honneur sur la même scène David Linx (chant), Alain pour la sortie du livre-DVD- Jean-Marie (piano) et Géraud vinyle My Romance With Chet, Portal (contrebasse) feront l’un des collectors événement revivre l’esprit et la musique du dixième Disquaire Day. Après du trompettiste disparu.

la projection du magnifique PHOTO : DAVID GODDARD

Jeudi 2 avril 20h30 Paris, Café de la Danse

La salle parisienne qui lui ouvrira ses portes porte bien son nom, car on ne doute pas une seule seconde que la chanteuse américaine, qui vient de signer avec “Wonderbloom” un album transgenre dont le jazz est le cœur battant fera

PHOTO : X/DR danser son public. La tournée française du grand batteur Non sans l’émouvoir. américain (Avishai Cohen, Donny McCaslin, MARK GUILIANA David Bowie...) en mode “Beat Music” Gimme a beat ! et electro-jazz débutera à Nice pour se prolonger le 3 à Montpellier (Le Jam), Jeudi 2 avril 20h30 le 4 à Marciac (L’Astrada), le 8 à Cenon Nice, Théâtre Lino Ventura (Le Rocher de Palmer), le 9 à Clermont- Ferrand (La Coopérative de Mai) et le 10 à Nantes (Panonica).

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001-011_JazzMag726_Sortir.indd 9 17/03/2020 19:36 Chaque mois, l’histoire et l’actualité de tous les jazz ! ABONNEZ-VOUS ET PAYEZ VOTRE MAGAZINE

1. 5€SEULEMENT LE NUMÉRO N°726 AVRIL 2020 2.

McCoy Tyner 1938-2020 Hommage 3.

N°724 fevrier 2020 à un pianiste de feu dossier

N°718 juillet 2019 Sonny Rollins Le portfolio D’Angelo des 90 ans les enfants voodoo Laurent Don Was MagMa 50 ans ! Coulondre Rencontre Christian Vander se David Linxavec le boss souvient Yonathan Avishai Blue Note de Ashley Henry… A fleur de peau

Jon Christensen DossiEr Piano, contrebasse, batterie Peaux de chagrin Les maîtres du trio Les ET... De Nat King Cole à Sophie Alour Story, analyses, anecdotes... + 150 disques Wattstax essentiels ! RétRo 2019Antoine Berjeaut Et aussi No Tongues Jacques Thollot Dr. John Makaya le retour McCraven Et… de l’année Ses concerts événement Charles Mingus à la Fondation Louis Vuitton • Les musiciens qui comptent Grégory Privat Santana Son nouvelToku album Flying Lotus avant-première • Les disques essentiels François Ed Motta version inédite de Poincianaécoutez sa Theo Croker • Les concerts marquants (voir à l’intérieur) Corneloup L 11092 - 718 - F: � Lou Tavano CHET’S ROMANCE 6,90 - RD jazz magazINe N° 718 N° ISSN : 2425-7869 Les coups de cœur de la rédaction - F : 6.00 € - DOM : 7 € - BEL/LUX : 7 € - D : 7.50 € - CH : 12 FS CAN : 10.99 $CA - ESP/GR/ITA/PORTManfred CONT : 7 € -Eicher MAR : 70 DH - TOM : 1790 XPF L’histoire d’un film pas comme les autres The Meters L 11092 - 724 - F: 6,90 � - RD Django : la BD N° ISSN : 2425-7869 - F : 6.90 € - DOM/S : 7.9 € - BEL/LUX : 7.9 € - CH : 12.40 FS CAN : 12.50 $CA - ESP/ITA/GR/PORT CONT : 7.9 € - D : 8.4 € - MAR 78 MAD - POL/A : 1800 CFP qui ressort enfin L 11092 - 724 - F: � - RD 6,90

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L 11092 - 726 - F: 6,90 - RD 20/01/2020 16:08 N° ISSN : 2425-7869 - F : 6.90 € - DOM/S : 7.9 € - BEL/LUX : 7.9 € - CH : 12.40 FS CAN : 12.50 $CA - ESP/ITA/GR/PORT CONT : 7.9 € - D : 8.4 € - MAR 78 MAD - POL/A : 1800 CFP 1 ANAN -- 1111 NUMÉROSNUMÉROS 54.90€54.90€ AU LIEULIEU DEDE 75.90€75.90€ (SOIT 5€5€ LELE N°N° AUAU LIEULIEU 6.90€6.90€ ))

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Alors qu’il vient de sortir un album ambitieux en collaboration avec le batteur et producteur chicagoan Makaya McCraven, “Moving Cities”, Antoine Berjeaut jette une oreille experte sur quelques trompettistes. Blindtest !

par Stéphane Ollivier / photos Jean-Baptiste Millot ANTOINE BERJEAUT Carrefour d’influences

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 12 17/03/2020 19:37 HENRY KAISER & WADADA LEO ROY HARGROVE SMITH PRESENTS THE Go Ahead John RH FACTOR “Yo Miles ! Upriver” (Cuneiform HardGroove Records, 2005) “Hard Groove” ••• C’est Miles Davis, 1972 ! Non ? J’avais (Verve, 2003) un doute sur la prise de son de la batterie. Et ••• Pour notre génération ce disque a le solo de guitare très rock, presque metal, été un choc, au même titre que “Voodoo” vient me le confirmer. C’est quelque chose de D’Angelo. Roy Hargrove apportait une de beaucoup plus récent. Mais c’est très touche novatrice dans la manière de réussi : ils ont vraiment retrouvé l’énergie poser la trompette derrière les chanteurs de l’époque, ce côté live très incarné. Le avec des harmonies très simples, très trompettiste est un peu plus barré que légères, qui rompaient avec la logique Miles en fait… Ce ne serait pas Wadada des sections de cuivre. Ce côté novateur Leo Smith ? J’adore. C’est un trompettiste est peut-être encore plus sensible important, qui a fait école. Beaucoup de dans ses collaborations avec Common, musiciens qui gravitent autour du label Erikah Badu ou D’Angelo, mais là c’est International Anthem, comme Ben Lamar Gay magnifique, il phrase avec une virtuosité ou Jaimie Branch, le citent comme référence. extraordinaire. En écoutant ça, on s’est Là, c’est un hommage mais ce n’est pas de dit qu’il y avait moyen de toucher un la copie. Tout en étant très respectueux de public plus large et plus jeune sans son modèle, il arrive avec son propre son, sa rien abandonner d’une haute exigence propre histoire. musicale. C’était le genre de jazz qu’on voulait faire. Celui qu’on sentait le plus en DON CHERRY phase avec notre époque. Rhumba Multikulti “Multikulti” (A&M, 1990) SLY & ROBBIE ••• Don Cherry ! J’adore MEETS NILS la couleur africaine du PETTER morceau, cette façon de jouer avec les rythmes MOLVAER de la rumba. C’est très bien produit. Mais If I Gave You My ce que j’aime par-dessus tout chez lui c’est Love cette impression qu’il n’y a pas la vie d’un “Nordub” (Okeh, 2018) côté et la musique de l’autre. Chacune de ••• C’est Sly avec Molvaer ! “Khmer” et ses phrases rend pleinement compte de ce “Solid Ether” ont été des disques très qu’il est dans l’instant. C’est un visionnaire importants mais là je trouve que Nils de la trompette. Sa manière de phraser Petter Molvaer se répète un peu. J’adore comme son approche du timbre sont vraiment sa trompette, il a un son magnifique, singulières et il se donne toujours les moyens l’espace est bien utilisé, mais je préfère techniques d’exprimer ce qu’il sent. Et puis écouter “Power Spot” de Jon Hassell. esthétiquement c’est un pionnier en matière Ceci dit j’adore l’idée de croiser différents de métissage. Je suis récemment tombé types de production. Ce que fait Sly sur une vidéo qui le montre dans les années Dunbar est très fin, et je trouve que 1970 dans une sorte de happening avec c’est primordial de travailler avec un des circassiens : exactement ce qu’on fait producteur. Ça manque dans le jazz. aujourd’hui avec le Surnatural Orchestra ! On est encore trop souvent dans une esthétique naturaliste. Sur mon dernier disque, “Moving Cities” on a beaucoup VERNERI POHJOLA travaillé avec Makaya McCraven aussi The Dragon Of bien au niveau de la conception que Kätkävaara de la post-production. Je pense que “Pekka” (Edition Records, 2017) c’est important de franchir ce cap pour ••• C’est le Finlandais replacer le jazz dans le concert des qui bosse avec Sylvain musiques actuelles. Rifflet. C’est un musicien très intéressant. Il phrase magnifiquement. LP/DIGITAL “Moving Cities” (I See Color / Big Wax). La composition est très belle aussi. Il y a un usage de l’électronique très discret, bien dosé. Ce que j’aime, c’est qu’on sent à la fois cette culture du son typiquement nordique héritée de Jon Hassell et un rapport à l’instrument plus direct et énergique, avec une volubilité et une imagination dans le phrasé qui m’évoquent Christian Scott sous certains aspects. C’est le propre des musiciens de notre génération d’être ainsi au carrefour d’influences très diverses, accessibles en un clic. L’important c’est de savoir les incorporer pour être en mesure Selon Antoine Berjeaut (photo), le regretté Roy de les oublier au moment de faire sa Hargrove, avec son groupe RH Factor, avait propre musique. Ce à quoi Pohjola parvient touché « un public plus large et plus jeune sans rien abandonner d’une haute exigence parfaitement dans ce titre. musicale ».

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 13 17/03/2020 19:37 > Mixtape GERI ALLEN PHOTO : X/DR [Re]découvrir Avec les plus prestigieuses NO TONGUES sections rythmiques (Charlie La voix est libre Haden et Paul Motian, Dave Holland et Jack DeJohnette, Deux ans après son premier album, le quartette nantais et Tony Williams...), aux côtés d’Ornette Coleman, revient encore plus ambitieux avec un disque inspiré des en solo, au piano acoustique musiques traditionnelles de Guyane et du Brésil. ou aux synthétiseurs, la re- grettée Geri Allen (1957-2017) a mené une carrière exem- plaire d’éclectisme et d’ouver- C’est en 2018, grâce au dispositif une attention particulière, on joue tous ture. En voici un bref aperçu, à Jazz Migration, que se faisait connaître No tout le temps mais il n’y a pas vraiment écouter en boucle. Tongues. Avec leur esthétique bigarrée, de solo, on propose une immersion Aux platines : Doc Sillon entre jazz et musiques traditionnelles, sonore. Les gens traversent quelque A Celebration Of All Life ils font alors figure d’outsider parmi les chose de fort mais on pense au confort “The Printmakers” outsiders. Mais les aventures musicales d’écoute, on explique ce qu’on fait entre Minor Music, 1984 de ces amis de longue ne commencent les morceaux. On ne peut pas faire de pas avec ce tremplin pour jeunes talents. musique que pour soi, surtout quand on Black Man... M.O.P.E. Au conservatoire à la même époque touche des subventions » En attendant leur “Home Grown” mais « chacun dans son truc », ils se concert parisien du 21 avril, le quartette Minor Music, 1985 retrouvent pour leur premier album, “Les prépare déjà la suite de ce projet hors- Voies Du Monde”, clin d’œil au recueil normes : « Après l’enregistrement, on est Feed The Fire ethnomusicologique “Les Voix Du Monde retourné montrer aux musiciens le fruit “Twenty One With Ron Carter (Une Anthologie Des Expressions Vocales)”, de notre travail et constitué avec eux un Tony Williams” disque de chevet du saxophoniste, répertoire commun qu'ils joueront avec Somethin’ Else, 1994 Matthieu Prual. « On voulait retrouver le nous en métropole » L’aventure continue. Macho Woman côté fonctionnel de ces musiques, et le Yazid Kouloughli Avec Ornette Coleman timbre de ces voix avec nos instruments, [“sans langues”, CD/ 2 LP “Les Voies De L’Oyapock” (Ormo Records/ “Sound Museum” d’où “No Tongues” L’Autre Distribution, [CHOC] Jazz Magazine). Harmolodic Verve, 1996 NDR]. » Le succès inattendu de ce premier essai leur permet de rêver plus grand. A CONCERT Le 21 avril au Studio de l’Ermitage (Paris). Wanna Be Startin’ Somethin’ la frontière de la Guyane et du Brésil et “Grand River Crossings auprès des tribus Wayampi et Teko, ils - Motown & Motor City vont collecter chansons traditionnelles et Inspirations” sons du quotidien pour leur nouvel album, Motéma, 2013 “Les Voies de L’Oyapock” [CHOC], du nom du fleuve qui sépare ces deux régions, Ray créant une musique unique et usant de “The Gathering” modes de jeux atypiques : « Pour copier Verve, 1998 les sons de la jungle, des pirogues et de la voix, on a détourné nos instruments LWB’s House (The Remix) et même emprunté des techniques au fil Avec Dave Holland et Jack DeJohnette de nos rencontres, comme la clarinette à “The Life Of A Song” double anche qu’utilise Matthieu (Prual, le Telarc, 2004 saxophoniste NDR), leur système d’appel et réponse, certains accordages...» Open On All Sides / The Glide PHOTOS : X/DR Was In The Ride... Une démarche qui ne va pas de soi, De gauche à droite et de haut en bas : Alan leur pose des questions éthiques et les Regardin, Matthieu Prual, Ronan Courty, Ronan “Open On All Sides - Prual In The Middle” 1987 expose même à des critiques : « On prend beaucoup de libertés avec ces sons et Oblivion musiques, les masques ethniques qui Avec et Paul décorent la scène, mais on le fait parce Motian que c’est vital, qu’on en ressent le besoin. On ne peut pas faire “The Year Of The Dragon” C’est d’abord une démarche artistique, de musique que Black Saint, 1989 un peu égoïste mais elle nous préserve de la posture de pseudo-anthropologue pour soi, surtout We Three Kings venu sauver les musiques traditionnelles. » quand on touche “A Child Is Born” La leur est toute autre, qu’ils veulent Motéma, 2011 des subventions.” accessible : « Notre musique demande

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 14 17/03/2020 19:37 Tigran Hamasyan Trio WATTSTAX eT l’orcHesTre Black sunday de l’opéra Rarement les liens entre musique et politique se de rouen normandie seront illustrés de façon Direction : Pierre Bertrand plus flamboyante que lors rassemblement musical b sam. 16 mai - 18H, salle marcel-Hélie de Wattstax. La dimanche 20 août 1972, le concert caritatif, commémorant la révolte des habitants du quartier de Watts de 1965, vit défiler tous les artistes du désormais mythique label travail de documentation Stax qui l’avait organisé dans et de synthèse, dit avec l’enceinte du Los Angeles une même poésie l’horreur Memorial Coliseum sous la des violences raciales et la magie d’une des époques bannière du Black Power. C’est la folle histoire du les plus fécondes de “Woodstock noir”, qui reste l’histoire de la musique, de bien moins connu que le la création du label Stax à ce célèbre festival de 1969, jour fatidique d’août 1972, que raconte Guy Darol dans et jusqu’au mouvement “Wattstax, 20 août 1972, une Black Lives Matter en fierté noire” (Le Castor Astral, 2013. En complément du 192 pages, 15,90 €). Plus documentaire réalisé sur facile à dire qu’à faire : point le festival ou pour le plaisir culminant de décennies de de la lecture, ce guide violences mais aussi de lutte d’écoute doublé d’un récit et d’espoir déçus, Wattstax historique passionnant est un événement tant est à mettre entre toutes musical qu’historique. Le style les mains. limpide tout en métaphores Yazid Kouloughli éloquentes de Guy Darol, au service d’un remarquable

La Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE pour la vitalité artistique soutient la nouvelle création de Tigran Hamasyan à l’occasion du 39e festival Jazz sous les pommiers. Ce mécénat illustre parfaitement l’un des Lu trois champs d’intervention privilégiés de la Fondation, > celui dédié à la création contemporaine. Parallèlement, Entendu elle œuvre aussi en faveur de la préservation du patrimoine culturel et de la promotion des métiers d’art. Blue Rondo à la Chick Depuis 2017, année de sa création, la Fondation a « Les mots sont simplement insuffisants pour décrire la musique et l’art – ou Dave accompagné 52 projets, tous incarnant la vitalité Brubeck –, à mois que vous ne soyez un poète. artistique des territoires. Le monde de la musique et moi seront à jamais reconnaissants pour la révérence de Dave pour

la créativité et son irrévence pour les catégories. » PHOTO : X/DR Chick Corea, dans sa préface de Dave Brubeck, A Life In Time de Philip Clark (éd. Headline), qui vient de paraître aux Etats-Unis.

infos & billetterie www.jazzsouslespommiers.com

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JON CHRISTENSEN Peaux de chagrin

Ce grand batteur norvégien Il faudra bien s’y faire. La mort conception de coloriste, dont le jeu dont le nom est intimement se passe sur Facebook. Entre un se caractérisait par des mouvements selfie et une vidéo de chat. Dans continus, des « vagues » disait associé au label ECM est mort le cas de Jon Christensen, c’est le Christensen lui même. Une conception le 18 février à Oslo à l’âge de pianiste Yaron Herman qui nous a qui a dessiné les grandes lignes du 76 ans. Avec Jan Garbarek, donné l’alerte. Sa passion pour ECM son européen. Pourtant, c’est à l’école et Masqualero, il a et pour Keith Jarrett, forcément. « Il du bebop et du hard-bop que le était l’un des meilleurs représentants jeune Jon entame sa carrière. Batteur donné ses lettres de noblesse de la très créative scène scandinave de l’orchestre maison du Metropol au jazz européen. des années 1960 et 1970, témoigne Jazz Club d’Oslo, il rencontre les par Louis Michaud / photo Roberto Masotti Yaron, avec une conception très américains de passage : Bud Powell, personnelle du time [de la pulsation, Dexter Gordon ou encore Kenny du tempo, NDLR], fluide, libre ». Une Dorham avec lequel il enregistre

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 16 17/03/2020 19:37 C’est l’un des chapitres les plus riches et les plus excitants de l’histoire du jazz moderne que Jon Christensen laisse en héritage.”

son jeu. Manfred Eicher en n’est jamais mis en avant, fera presque une règle dans apparaît comme coleader l’établissement du son ECM. avec Arild Andersen, et fait Il y aussi cette approche du émerger Nils Petter Molvaer groove toute particulière, et Tore Brunborg au sein binaire : là encore une chose de ce qui reste aujourd’hui bien européenne. Pour le encore l’un des groupes pianiste Ethan Iverson, Jon scandinaves les plus Christensen était un véritable emblématiques. avant-gardiste, au point de En 1991, Masqualero publie devancer Paul Motian dans son dernier album. C’est l’exploration de l’instrument : à ce moment que Michel « [il] a certainement été le Benita, sous la houlette de premier batteur européen la pianiste Rita Marcotulli, à influencer les musiciens rencontre le batteur lors de new-yorkais » écrivait tout l’enregistrement du disque récemment l’ex-membre “Night Caller” : « C’était de The Bad Plus sur son un peu comme un rêve, se blog Do The Math. Pour le souvient-il, une expérience contrebassiste Michel Benita, fantastique surtout avec mon la chose semble évidente : rôle de contrebassiste et « Des batteurs comme Jack cette connexion de la section DeJohnette se sont mis à rythmique. Nous avons eu jouer dans la direction de Jon deux jours de répétitions. Ca lorsqu’ils ont commencé à a marché tout de suite. C’était enregistrer pour ECM. C’est un mec adorable, drôle, plein un personnage discret dont le d’humilité, très ouvert et style a fait école. Pour Peter investi. Pas du genre à faire Erskine, il n’y a pas que Tony “la prise est bonne, ciao” Williams ou Elvin Jones. Il y comme cela peut arriver aussi Christensen ». quand on engage des stars ». Les années 1990 signent Une vie chez ECM aussi son grand retour en Retour en Norvège au début compagnie du suédois Bobo des années 1970. Une belle Stenson pour trois disques histoire de pianistes : Bobo d’un raffinement inouï : Stenson, Ketil Bjornstad, puis “Reflections”, “War Orphans” Keith Jarrett, qui leur vole et “Serenity”. Puis les rapidement la vedette. En premières collaborations avec 1974, il engage Christensen, (feu) Tomasz Stanko. Bref, la Garbarek et le contrebassiste vie de famille chez ECM, et Palle Danielsson avec ce jusqu’à la fin, ou presque, lesquels il enregistrera cinq avec la nouvelle génération en 1960, du haut de ses 17 ans. Le son européen disques et sillonnera le des Jacob et Jakob (Young et Quelques années plus tard c’est Le spectre du free américain est monde jusqu’à la fin de la Bro). Incontestablement, c’est aux côtés de George Russell qu’il précisément celui qui marque décennie. De quoi imposer le l’un des chapitres les plus entame réellement ce qui sera l’une les débuts de la nouvelle scène nom de son batteur comme riches et les plus excitants des plus brillantes discographies scandinave avant une véritable une référence absolue. de l’histoire du jazz moderne européennes avec “The Essence émancipation stylistique. “Afric Les années 1980 démarrent que Jon Christensen laisse en Of George Russell”. Un album Pepperbird” du même Garbarek, l’une avec un disque – fraîchement héritage. hors-norme, empreint de jazz-rock, des premières productions ECM, réédité par ECM – aux cotés d’expérimentations sonores aux en est l’incarnation. Néanmoins, du pianiste Mike Nock : A ÉCOUTER : “Ondas”, collection ECM Touch Stones accents de musique concrète, avec on entend chez Christensen une “Ondas”, un répertoire qui lui un Jan Garbarek sous influence approche de la batterie déjà bien sied à merveille. Puis arrive Albert Ayler. différente. Une affaire de cymbales : l’aventure Masqualero. Jon la caractéristique la plus prégnante de Christensen, dont le nom

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Ces cordes, ce sont celles arrangées par le pianiste Gérard Gustin qui habilla ces jolies faces tellement oubliées qu’elles étaient restées inédites. Merci à Max Robin de les avoir retrouvées et complétées d’autres sources en un coffret de deux CD. STÉPHANE GRAPPELLI Dans les cordes PHOTO : X/DR (ARCHIVES JAZZ MAGAZINE)

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 18 17/03/2020 19:37 F in des années 1960, le jazz français submergé par la vague yé-yé semble sur le LE NOUVEL ALBUM ÉVÉNEMENT DU déclin. Stéphane Grappelli a choisi en 1967 la sécurité d’un engagement au restaurant de CO-FONDATEUR DE L’AFROBEAT ET DU l’hôtel Hilton à Paris. Outre Yehudi Menuhin qui MAÎTRE DU JAZZ SUD-AFRICAIN l’invitera à croiser l’archet devant un public élargi, Sacha Distel l’extrait de cette routine pour l’amener sur de grandes scènes comme le Palladium de Londres ou l’Olympia de Paris. Les 21 et 22 septembre, il le confie à son chef d’orchestre et compositeur, Gérard Gustin, pour deux séances avec cordes et rythmique de stu- dio anonyme. Les paisibles symphonies dont ce dernier nappe discrètement un répertoire origi- nal cosigné par lui-même et son invité, amène tout en douceur le violoniste à se désintoxiquer de l’engourdissement où avait pu le plonger le coup de fourchette des dîneurs de l’Hilton, et à redynamiser ce mélange d’élégance sou- riante et de gouaille qui traverse son œuvre, l’interprète de Scoubidou et L’Incendie à Rio, ici producteur, rappelant sur deux titres qu’il fut le disciple de Jimmy Raney.

Le coffret couple ce “Grappelli With Strings” à un second CD “Grappelli & Friends” réu- nissant trois autres séances inédites. Sur la première de 1973, alors que la carrière du violoniste connaît un second souffle qui ne s’éteindra qu’à sa mort en 1997, il interprète ses compositions avec Gérard Gustin et une rythmique toujours anonyme. Sur la deuxième de 1980, le pianiste – et signataire du réper- toire – est de retour, mais cette fois-ci, le bassiste électrique masqué cède la place au contrebassiste habituel de Stéphane Grappelli, Jack Sewing, auprès du roboratif Armand Ca- vallaro à la batterie, pour huit nouvelles plages qui compléteront les vingt-et-un morceaux déjà TONY ALLEN publiés à l’époque sur l’album “Dedications”. Enfin, cerise sur le gâteau en forme de bonus, HUGH MASEKELA les quatre derniers morceaux, tous standards, nous feront remonter le temps jusqu’en 1961 pour entendre le violoniste en compagnie du trop rare Pierre Cullaz à la guitare, du jeune Daniel Humair en tandem avec son partenaire de l’époque, le contrebassiste Guy Pedersen, plus la discrète rythmique du guitariste Léo Petit. Alfred Sordoillet CD “Stéphane Grappelli With Strings” (Label Ouest / L’Autre Distribution). DISPONIBLE LE 20 MARS EN CD / VINYLE / DIGITAL EN CONERT LE 3 AVRIL A PARIS FESTIVAL BANLIEUE BLEUES

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012-021_JazzMag726_[Re]découvrir.indd 19 17/03/2020 19:37 FACE CACHÉE > Par Julien Ferté OÙ EST CHARLIE ? Parker pas par cœur Quand un pigiste de Jazz Magazine partage avec vous un morceau vrai- ment à part dans la discographie d’un.e jazz(wo)man. Ce mois-ci, With Plutôt habitué aux livres- Respect To John Coltrane de Larry Carlton par Julien Ferté. compilations de témoi- gnages, Frank Médioni vient de sortir Charlie Parker chez Fayard, une

[Re]découvrir biographie qui ne tient pas

toutes ses promesses.

Soutenu par la Bourse Stendhal de l’Institut Français, édité chez Fayard, Franck Médioni a lu les bons auteurs

– Alain Tercinet, Alain Gerber, André Hodeir, Bob Reisner, Leonard Feather, – et mène sa quête du personnage intérieur aux lueurs de Flaubert, Virginia Woolf, Antonin Artaud et Francis Bacon. À le feuilleter, ce parcours plus détaillé que celui pro- posé par Tercinet respire d’emblée le PHOTO : X/DR sérieux (même s’il manque un index). With Respect To John Coltrane Mais on se frotte vite les yeux en lisant fut d’abord enregistré par son dès la page 12 que Parker a influencé compositeur, le saxophoniste Tom « les saxophonistes ténors de la West PHOTO : X/DR Scott, dans son album “Rural Coast (Bud Shank, Charlie Mariano, Still Life” publié par Impulse Herb Geller, Joe Maini, Art Pepper) ». voire d’un paragraphe à l’autre : « Dizzy en 1968. Cinq ans plus tard, Tous des altistes, comme le savent que Parker présente ironiquement avant de devenir le guitariste nos lecteurs ! Personne n’est parfait, comme la moitié de son cœur » page du L.A. Express de Tom Scott mais d’autres coquilles interrogent : 256, puis, page d’en face, Parker à puis, dans la foulée, celui des WDR pour WOR Studio, Ziegflid pour propos de Dizzy : « Celui qui représente Crusaders, Larry Carlton, lui- Ziegfeld, Warming Up A Riff pour Thir- la partie la plus respectable de moi- même grand admirateur de John ving On A Riff, Lady Baird pour Lady même ». Le sommet est atteint par la Coltrane, grava à son tour ce Bird, etc., etc. Et cela commence à double transcription d’une passionnante morceau sensuel et groovy lors faire beaucoup lorsque s’y ajoutent le analyse d’Antonin-Tri Hoang (orthogra- d’une séance d’enregistrement signalement de Fats Navarro, Dexter phié Antonin Tri-Huang) en pages 162 supervisée par Stewart Levine, Gordon et Art Blakey chez Earl Hines et 163. producteur des Crusaders, dont en 1943, la classification du Savoy À se demander si ce désolant Charlie on retrouve ici trois membres Ballroom et de l’Apollo Theater comme Parker n’est pas un grossier agglomérat historiques : Joe Sample au des « jazz clubs », l’attribution à Dizzy de versions de travail éparses livrées à Fender Rhodes, Wilton Felder à la Gillespie de l’analogie faite par Langs- l’éditeur et publiées telles quelles ! Et basse électrique et Stix Hooper à ton Hughes entre le mot bebop et le dire que le Parker’s Mood d’Alain Terci- la batterie. son de la matraque, cette affirmation net, apparemment toujours disponible Juste avant que Joe Sample ne se selon laquelle Charlie Parker ne com- chez Parenthèses, est quasi absent lance dans une brève et élégante pose que des blues (p. 106, contredite des rayonnages des grands libraires... improvisation, le leader du jour plus loin). Dès lors, on comprend que Franck Bergerot signe un solo remarquablement l’auteur barbotte en eau profonde sans savoir nager. LIVRE Charlie Parker, par Franck Médioni pensé et construit, usant des (éd. Fayard, 308 pages, 22 €). effets électroniques avec beaucoup de goût. Dans les Passons sur les explications tech- années qui suivront, Larry Carlton niques à la Gaston Lagaffe, les for- deviendra l’un des guitaristes mules façon “maire de Champignac” les plus demandés de la planète et les ahurissants préjugés (« Louis (ses contributions aux albums Armstrong faire valoir de l’orchestre », de Joni Mitchell et de Steely Dan définition des mots “sweet” et l’ont fait entrer au panthéon des “swing”...). Sans parler des confusions guitaristes), tout en menant une et approximations chronologiques qui carrière personnelle constellée lui font énumérer parmi les grands d’albums cultes (tel “Sleepwalk”) orchestres noirs en vogue à la fin que même ses confrères les des années 1930 Fletcher Henderson plus avant-gardistes – ils se (1922-1934), Charlie Johnson (1925- reconnaîtront s’ils nous lisent – 1929) et l’obscur Billy Fowler ! Franck connaissent par cœur. Médioni emprunte à tour de bras, With Respect To John Coltrane est le souvent aux meilleures sources (mais quatrième morceau de “Singing / Playing” de non sans erreur de transcription et Larry Carlton (Blue Thumb Records, 1973). traduction), tire à la ligne, multiplie les redondances, se répétant ou se para- phrasant d’un chapitre, d’une page,

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PHOTO : ANNA WEBBER (EDITION RECORDS) PHOTO : X/DR > des momentsfortsdecet Jacob Collierpourl’un se métamorphoseetinvite chanteuse BeccaStevens placement millimétrique : la voix parlée-chantéeau synthé sinueuseet cocottes funky, basse- Caisse claire explosive, Slow Burn Becca Stevens 3 avril). Records /UVM, sortiele The BestStories” (Edition Où Ça?“SecretsAre Quel Choc: lirep. 50. deDaniloPérez.compagnie Pastorius, Continuum, en révolutionnaire deJaco chef-d’œuvre lyriqueet thèmes inattendus. Ici, le mettre enparoledes alechicpour Chicago Le grandjazzvocalistde Continuum A Certain Kurt Elling bacs). Import USA, déjàdansles Coltranes” (Ropeadope/ :Où Ça?“PursuanceThe Magazine.) prochain numérodeJazz Horn. (Chroniquedansle deJazzmeia scatté avec, enprime, unsolo enlevé etpresquedansant Coltrane, suruntempo une balladedeJohn que l’onaimeredécouvrir Oui, c’estaussicommeça Central ParkWest Lakecia Benjamin Playlist Postma Tineke The Orchard). (Groundup Music/ Où Ça?“Wonderbloom” album hautencouleurs. Où Ça?“WhoSent You ?” Camae Ayewa.de autant d’impact, lesmots cuivres répondent, avec des la fureursalvatrice d’un quartd’heure: à sans concessiondeprès dans cemorceau-épopée Beaucoup d’idéesfortes Ritual Who SentYou- Entanglements Irreversible les bacs). Note /Universal, déjà dans Où Ça?“Frenchy” (Blue l’honneur. Django estencoreà Thomas Dutronc: notre ex-rédacteurenchef et comme... de nuageuse Gresset, lavoixcotonneuse “voltigeuse” deRocky d’Eric Legnini, laguitare Le Fender Rhodesbleunuit (Nuages) All ForYou Thomas Dutronc le 24avril). au violon” (JMS/Pias, sortie Où Ça?“Lejeunehomme prochain. révélera lessecretslemois vous dont JazzMagazine à cecoffret-événement doute leurjugementgrâce en 1986réviserontsans enthousiaste deL’Olympia devant lepublicjeuneet ce jazzenfusionjoué Ceux quisnobaient Format Uzeb-Lockwood PHOTO : X/DR 10 morceaux qui tournent sur les platines delarédaction morceaux quitournentsurlesplatines

PHOTO : COBRA PARMENTIER (PARIS 11 e) les bacs). Giovanni /Bigwax, déjàdans Don (International Anthem déjà danslesbacs). (Nato /L’Autre Distribution, Où Ça?“Vol pourSidney” François Corneloup. Hymas, GregoSimmonset Stokley Williams, Tony de SidneyBechetavec classique millésime1938 pétillante d’inventiond’un et production Nato) (logique, c’estune Relecture inattendue Viper Mad Ursus Minor Ampli Audiolab6000A Lecteur réseauAudiolab6000NPlay Lecteur CDAudiolab6000CDT Paire d’enceintesDynaudioEvoke50 DISPONIBLE UNE COMPOSITIONHI-FI MORCEAUX ÉCOUTÉSSUR

PHOTO : X/DR bacs). Universal, déjàdansles Raised Me” (BlueNote/ Où Ça?“TheWomen Who en grandeforme. côtés unChristianMcBride ce standard, àses avec une versionmémorablede dePrincesigne l’admiration Diana Krall, cellequifit Inspirée parlaversionde Devil MayCare Kandace Springs Irreversible Entanglements

CHEZCOBRA JAZZ MAGAZINE-N°726

Distrart, déjàdanslesbacs). (Challenge Records/ Citizen”Où Ça?“World originalité. en sonavec en douceurlyriqueetmis morceau d’ouverturetout installé auxPays-Bas, un de ceguitaristeisraélien Extrait dupremieralbum Collective Memory Eran HarEven Où Ça?“Woven Dreams” c’est unebonnechose. Hersch. Celas’entend. Et àFredgrande admiration américaine quivoueune par unepianistefranco- standard de Vernon Duke Superbe relecturedu York Autumn InNew Lara Driscoll les bacs). bandcamp.com, déjàdans (Firm RootsMusic/ - AVRIL 2020 17/03/2020 19:37 >>> I 21

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AVRIL 2020-N°726JAZZMAGAZINE Portrait BAKER CHET CHET Comme aucinéma 17/03/2020 19:40 En février 1987, le cinéaste Bertrand Fèvre fait la connaissance de Chet Baker. Quelques mois plus tard, il filme le trompettiste- chanteur en état de grâce dans un studio parisien. Ce “documentaire-fiction” unique en so n genre ressort enfin en DVD, accompagné d’un livre magnifique,My Romance With Chet, qui sortira le 18 avril à l’occasion du Disquaire Day. « C’est l’histoire d’un faisceau de lumière qui tombe amoureux d’une note de musique... » : retour sur une belle aventure en cinémascope. par Stéphane Ollivier / photos Ariane Smolderen et José Madani Bertrand Fèvre et Chet Baker sur le tournage de Chet’s Romance.

D ans votre livre, My Romance tant. Cette attraction indéfinissable s’est trouver le sujet, la forme, la production… With Chet, vous expliquez que vous ne renforcée toute la soirée par la beauté Mais ce qui était primordial, c’est que connaissiez pas la musique de Chet envoûtante de sa musique. Je n’ai pas j’avais l’accord, sympathique mais indis- Baker avant de vous engager dans votre pu quitter la salle sans aller dans sa loge pensable, de mon “acteur”. Un rapport projet de film... lui rendre visite – chose que là encore je humain de qualité s’est alors créé, dans ••• Oui, c’est vrai. Curieusement, alors que n’avais jamais fait de ma vie... J’ai frappé le respect et la compréhension mutuelle. je baignais dans le jazz depuis des années, à la porte, j’ai entendu une petite voix – « j’étais totalement passé à côté de lui. Pour- Come in ! » – et je suis entré. Chet m’a Quelles ont été les étapes de la genèse tant, si je l’avais entendu ne serait-ce que regardé de haut en bas, je me suis présen- de Chet’s Romance ? quelques secondes... J’ai donc vécu ma té comme réalisateur, en lui précisant que ••• J’ai tout de suite eu envie de concevoir passion du jazz sans soupçonner l’exis- ma maison de production s’appelait Full ce film comme un double hommage. A un tence de Chet Baker, jusqu’à ce qu’un soir, Moon Films. Il a souri et m’a fait remarquer certain cinéma d’abord, en noir et blanc, au hasard d’une programmation de Jazz à que c’était la pleine lune ce soir-là... Il m’a avec une lumière travaillée, et le recours FIP, j’ai un coup de foudre en découvrant donné rendez-vous le lendemain matin au Scope, ce format très allongé typique de The Touch Of Your Lips. J’ai aussitôt acheté pour un petit-déjeuner, afin qu’on parle l’esthétique de films commeL’arnaqueur , des disques, cherché à en savoir plus. Fas- plus en détail. de Robert Rossen. Et au jazz, bien sûr, et ciné par son visage sur les pochettes, j’ai plus précisément à la poésie crépusculaire commencé de m’intéresser au personnage. Vous aviez déjà en tête l’idée d’un film ? de la musique de Chet Baker. C’est en tra- Je venais de réaliser mon premier court ••• Oui, confusément. Si j’étais allé au vaillant simultanément ces deux axes que métrage, Bleeding Star, qui mettait en concert avec un magnétophone et un le film a peu à peu trouvé sa forme et sa scène Samuel Fuller et Hugh Cornwell, le appareil photo, c’était déjà, en quelque vérité. Sans tricher. On y voit un musicien chanteur des Stranglers, et je travaillais en sorte, dans une logique de repérage et qui arrive sur scène, se prépare, s’assoit et tant qu’assistant sur Le Grand Bleu de Luc d’imprégnation. Mais à cet instant, je improvise sur un standard de jazz légen- Besson, pour me renflouer financièrement n’avais aucune idée du genre de film que daire devant mes deux caméras, sans rien et acquérir de l’expérience. J’avais alors je voulais faire. Un long documentaire, faire d’autre que livrer sa vérité à travers 29 ans, et l’ambition de devenir réalisateur une fiction, tout était ouvert. La seule sa musique. La vérité du dispositif sert la de fiction. J’ai vite ressenti le désir de ren- chose dont j’étais sûr, c’est que je vou- vérité de Chet, et sa propre vérité nourrit contrer Chet, et l’occasion s’est présentée lais filmer son univers. C’est d’ailleurs ce celle de mon film. C’est du donnant-don- le vendredi 13 février 1987, lorsqu’il est que je lui ai dit d’emblée, le lendemain nant. Son émotion est réelle, palpable, il y a venu jouer au New Morning, à Paris. Je suis matin, lorsque je l’ai retrouvé à son hôtel. une sincérité bouleversante dans sa façon allé l’écouter muni d’un appareil photo et On s’est parlé librement, il a perçu ma de se livrer à la musique, face au regard d’un magnétophone, chose que je n’avais détermination, et j’ai senti dès cet instant des caméras. Il n’est pas là pour faire le jusqu’alors faite pour aucun concert… Je qu’il me faisait confiance. On s’est re- beau, pour “faire croire que”. Cette mise à pressentais que le moment serait impor- trouvé dans l’idée d’un film dont je devais nue est au cœur du film.

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022_027_JazzMag726_Sujet Chet Baker RELU.indd 23 17/03/2020 19:40 Comment avez-vous articulé cette “épreuve de vérité” propre au docu- MY ROMANCE WITH CHET mentaire, cette esthétique du film noir L’indispensable collector et l’“imagerie jazz” emblématisée par les photos d’Herman Leonard ? ••• Cette tension, voire cette contradic- parisien avec trois Fèvre sur DVD, tion, je la reconnais aujourd’hui, même si à partenaires de haut ainsi qu’un second l’époque je ne me la suis pas formulée en vol : Alain Jean-Marie documentaire, Chet

Portrait ces termes. Ce film est d’abord un docu- au piano, Riccardo Del By Claxton (2003), où ment sur Chet Baker, d’autant plus – et ça Fra à la contrebasse le grand photographe je ne pouvais pas le deviner en le réalisant et George Brown à américain William – qu’il allait mourir quelques mois plus tard. la batterie. Chet’s Claxton raconte sa De par sa mise en scène en studio, Chet’s Romance (1987), le rencontre avec le Romance est un documentaire-fiction. J’ai court métrage qui musicien dans les

ressenti une forme d’urgence tout au long en résulta, obtint années 1950. Ces de ce projet, comme si j’étais en mission. Et la palme du de nombreux prix, deux courts-métrages Chet était quelqu’un de très attachant. Plus plus beau collector dont le César du sont réunis pour ses improvisations distillaient ce sentiment du Disquaire Day court-métrage la première fois, à diffus de désespoir, plus on avait envie de 2020 revient... au documentaire en l’occasion du dixième l’aimer, de le prendre dans ses bras, de le livre-disque My 1989. Les heureux anniversaire du réconforter. Mon film avait aussi cette fonc- Romance With Chet possesseurs de My Disquaire Day. Mais tion : je voulais que d’une façon ou d’une bien sûr, l’ouvrage Romance With Chet ce n’est pas tout : un autre il lui soit utile ! Je voulais l’aider, en indispensable pour pourront découvrir vinyle contenant une traduisant en image le choc émotionnel tout savoir sur le journal de bord prise alternative de que me procurait sa musique, pour en par- l’aventure de Bertrand du réalisateur, de I’m A Fool To Want tager les effets avec le plus grand nombre Fèvre avec Chet Baker nombreuses photos You et un extrait d’une et, ainsi, peut-être lui procurer une recon- à Paris, les secrets du inédites du tournage interview inédite naissance plus large qui lui apporterait un tournage du film où le superbement de Chet Baker est meilleur confort de vie. Je me devais de trompettiste chanteur mises en page par aussi inclu dans My faire passer l’universalité de ce mélange de joua une version à François Plassat, Romance With Chet. souffrance et de beauté qu’il incarnait. J’ai couper le souffle de mais aussi voir ou Attention, édition toujours eu l’impression en l’écoutant qu’il I’m A Fool To Want revoir le film – très limitée ! savait harmoniser mes propres moments de You dans un studio rare – de Bertrand Noadya Arnoux désespoir, me les rendre supportables. Je voulais saisir cette sensibilité portée à son paroxysme pour œuvrer à sa postérité. Té- moigner auprès des générations futures que cette façon d’exprimer avec une telle grâce mon sujet dans le temps et le budget qui teurs, le calage des travellings, le réglage les douleurs de l’existence avait un jour été m’étaient impartis. J’avais probablement en des micros, et cette mise en abîme du film possible. Au-delà d’une image quintessen- tête, de façon assez lointaine, la référence en train de se faire participait, selon moi, de tielle du jazz, c’est cette humanité que j’ai du film de Gjon Mili,Jammin’ The Blues, et cette esthétique de vérité que je cherchais cherché à capter dans ce film. aussi – je m’en souviens – le film d’Henri- à imposer. On est dans l’improvisation d’un Georges Clouzot, Le Mystère Picasso, qui jour, on partage tous le même projet dans Esthétiquement, on n’est pas dans un est aussi filmé en studio, et où on voit le le même espace-temps, et j’avais envie que cinéma de l’instant et de l’improvisation génie à l’œuvre. Je savais que la mise en ce soit non seulement sensible, mais visible mais dans un dispositif de studio très place de dispositifs très précis n’était pas à l’écran. précis, avec des mouvements de caméra incompatible avec le surgissement du réel. réfléchis... Ensuite, j’avais conscience que je risquais Au moment où vous réalisez Chet’s ••• Absolument. J’avais fait le choix de de flirter avec une esthétique “clip”, et Romance en novembre 1987, Chet vient l’écrin d’un studio dans le 11e arrondis- c’est pour ça que j’avais prévu de filmer juste de terminer un autre film avec le sement, que j’avais fait repeindre en noir, les à-côtés, l’avant et l’après de la perfor- cinéaste et photographe américain Bruce pour filmer sous toutes ses facettes un bijou mance, et d’intégrer dans le film des extraits Weber qui sortira après le vôtre, Let’s Get immobile. Je n’avais qu’un jour de tour- d’une interview. On voit à l’écran toute la Lost. Vous étiez au courant ? nage, et je trouvais que c’était la meilleure mécanique du cinéma se mettre en place, ••• Oui, Chet m’en avait parlé ! Et j’ai ren- solution pour avoir un peu de contrôle sur les électriciens en train de fixer les projec- contré Bruce Weber à New York quelques mois plus tard, lorsque mon film a été pré- senté au Lincoln Center. Il m’a invité à dé- jeuner chez lui, et il a tenu à visionner mon film dans sa salle de projection personnelle. Il n’a finalisé son montage qu’après avoir pris connaissance de Chet’s Romance. Ceci dit, nos films sont très différents. Il y a beau- coup de qualités dans le sien, beaucoup d’archives passionnantes, mais c’est aussi une image de Chet totalement façonnée par le regard et le fantasme de Weber. Là où j’ai l’impression d’être dans la captation la plus authentique possible de ce qu’était Chet et sa musique, Weber en a fait un personnage exposé dans des situations artificielles, des clichés californiens. Ayant monté son film après le décès de Chet, j’ai regretté qu’il n’ait pas été un peu plus pudique sur sa vie privée. Il y a beaucoup d’interviews des

PHOTOS : X/DR femmes de Chet qui règlent leurs comptes Le Mystère Picasso (1956) d’Henri-Georges Clouzot et Jammin The Blues (1944) de Gjon Mili ont eu une influence majeure sur à travers ce film, et ce n’est pas ma concep- Chet’s Romance de Bertrand Fèvre tion du cinéma.

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022_027_JazzMag726_Sujet Chet Baker RELU.indd 24 17/03/2020 19:40 Chet Baker et Riccardo Del Fra à la contrebasse.

Je voulais traduire en images le choc émotionnel que me procurait la musique de Chet.

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022_027_JazzMag726_Sujet Chet Baker RELU.indd 25 17/03/2020 19:40 Votre film a effectivement cette vertu de se concentrer sur un musicien à l’œuvre, en faisant le pari que son intimité se transmettra à travers la performance. Vous avez par la suite réalisé de nom- breux clips, mais sauf erreur, c’était la première fois que vous filmiez la mu- sique, non ?

Portrait ••• C’était la première fois, oui, et j’ai tenté beaucoup de choses sur ce film, expéri- menté au niveau des surimpressions par exemple, et énormément travaillé au mon- tage pour que ce que l’on voit soit toujours en lien avec la musique. C’était très impor-

tant pour moi que ma caméra devienne un instrument de musique à part entière ! Et au niveau du montage, que les coupes, les temps et les contretemps signifient quelque chose par rapport à la musique filmée. C’est insupportable de voir des concerts filmés ou des clips dont la mise en forme n’obéit à aucune justification musicale. Il faut aussi filmer avec les oreilles ! On peut choisir de se caler sur le temps en plans courts, ou prendre le parti d’un découpage plus so- phistiqué pour installer une séquence plus longue. Mais dans tous les cas, il faut que ça reste en résonance directe avec la musique. Riccardo Del Fra, George Brown, Alain Jean-Marie (de dos), Bertrand Fèvre et Chet Lorsque j’ai dû écrire une brève présenta- Baker : Smoke Gets In Your Eyes ? Non, toujours Chet’s Romance. tion de Chet’s Romance à sa sortie, je l’avais ainsi formulée : « C’est l’histoire d’un fais- ceau de lumière qui tombe amoureux d’une note de musique... » Quel a été l’accueil réservé à votre film dans les mondes du jazz et du cinéma ? ••• Le premier à l’avoir vu a été Chet. Pour moi c’était une condition essentielle à sa validation. Un film de ce genre, c’est une œuvre partagée, basée sur la confiance. Il faut qu’il corresponde à mes choix esthé- tiques mais aussi que le principal intéressé s’y retrouve. Il l’a beaucoup aimé, ce qui a définitivement scellé notre amitié. Par la suite, le film a été sélectionné au Festival de Cannes dans la catégorie court-métrage, et très bien accueilli ce qui lui a permis d’être sélectionné partout dans le monde, dans un nombre considérable de festivals. Le monde du jazz aussi l’a beaucoup aimé, ce qui m’a poussé à me lancer dans un autre projet, très ambitieux, mais qui malheureusement n’a pas vu le jour...

De quoi s’agissait-il ? ••• Mon idée était de faire une série de portraits des grands noms du jazz encore vivants – , Dizzy Gillespie, Max Roach, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Mi- chel Petrucciani, Ron Carter, Toots Thiele- mans, Lee Konitz, Joao Gilberto. Le principe était de réaliser onze films de dix minutes avec chacun un angle et un scénario diffé- rents, pour les réunir dans un long métrage qui se serait appelé Memories Of You, et qui aurait été destiné au cinéma. Miles Davis, bien sûr, faisait aussi partie du casting, c’était même la star indispensable sur qui tout le financement du projet reposait. Avant même d’aller plus loin, j’ai donc cherché à le rencontrer. J’ai réussi à lui faire pas- ser Chet’s Romance et, après visionnage, il a accepté de me recevoir, la veille d’un concert, au 33e étage de l’Hôtel Concorde- La Fayette, Porte Maillot. J’avais mon Nikon sur moi, et quand je suis entré dans sa suite, Miles était à l’autre bout de la pièce, la tête sur le bras, appuyé contre la vitre à regar- Chet Baker et Alain Jean-Marie sur le tournage de Chet’s Romance. der la ville. Il a laissé passer un temps et il

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022_027_JazzMag726_Sujet Chet Baker RELU.indd 26 17/03/2020 19:40 s’est retourné vers moi, tout doucement, en enlevant ses lunettes au ralenti. J’ai compris que j’avais gagné : il me faisait déjà son cinéma ! Pour moi, cela signifiait qu’il avait d’ores et déjà accepté le principe du film. Il a demandé néanmoins à ce qu’on regarde le film sur Chet ensemble, il a fait semblant de le découvrir alors que je savais de source sûre qu’il l’avait déjà regardé, et le deal s’est conclu comme ça. Puis il a accepté que je le prenne en photo, c’était pour moi une preuve supplémentaire de son engage- ment. Nous nous sommes revus chez lui, à New York, et il a finalement accepté l’idée de jouer My Funny Valentine en acoustique, dans un studio de Los Angeles, et de réaliser une toile, puisqu’il peignait beaucoup dans ses dernières années. Suite à ça, j’ai com- mencé à rencontrer la plupart des grands musiciens figurant sur ma liste, imaginé un scénario pour chacun d’entre eux. Le projet a commencé à véritablement prendre forme. Mais Miles est mort subitement, mettant un terme définitif à mon projet, que je ne voyais plus sans lui...

Votre histoire avec le jazz s’est terminée là ? ••• Par la suite j’ai fait des teasers pour Stéphane Belmondo et Riccardo Del Fra. J’ai filmé Tom Harrell en concert, réalisé le clip de Precious Thing pour Ray Charles et Dee Dee Bridgewater, ainsi qu’un autre de Dee Dee, sur un titre d’Horace Silver. Mais j’ai été plus sollicité par la pop et la chan- son – Barbara, , Étienne Daho, Art Mengo... Aujourd’hui, j’ai le désir de revenir Chet a beaucoup au jazz. J’adorerais faire quelque chose avec Melody Gardot ! C’est une artiste qui aimé le film, ce qui parvient à me saisir émotionnellement de la même façon que pouvait le faire Chet. a définitivement scellé Et puis j’ai envie de réaliser un autre film sur Chet. Un road movie, qui partirait de sa notre amitié. ville natale, Yale, en Oklahoma, et qui irait jusqu’à Los Angeles, filmé entièrementsous addiction de la musique de Chet Baker. Un film totalement improvisé qui prendrait le parti de filmer l’Amérique d’aujourd’hui à Pause maquillage pour travers les rythmes et harmonies inimitables un artiste qui avait de sa voix et de sa trompette ! Tenter de pourtant l’habitude de regarder les choses, de suspendre le temps, se livrer sans fard. à travers le regard de Chet. LIVRE/DVD/45-TOURS My Romance With Chet, par Bertrand Fèvre (Jazz & Cie, 29,90 €, sortie le 20 juin pour le 10e anniversaire du Disquaire Day).

DERNIÈRE MINUTE LE DISQUAIRE DAY ET LA PARUTION DU LIVRE “MY ROMANCE WITH CHET” SONT REPOUSSÉS AU SAMEDI 20 JUIN.

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022_027_JazzMag726_Sujet Chet Baker RELU.indd 27 17/03/2020 19:40 MORT D’UN GÉANT FEU MCCOY Dossier

TYNER

SOMMAIRE « Le magnifique chant pianistique de McCoy Tyner a le pouvoir de rendre HOMMAGE ENTRETIEN Pianiste “Quelqu’un heureux les gens qui l’écoutent », disait de feu doit montrer récemment Paul Jaillet dans ces colonnes. PAR PHILIPPE MICHEL le chemin” PAGE 30 PAR LAURENT DE WILDE Ce n’est hélas plus sur scène que l’on PAGE 36 ENTRETIEN pourra goûter les folles improvisations de “Les catégories SÉLECTION CD ce pianiste d’exception qui nous a quittés sont sans Les vrais importance” McCoy le 6 mars dernier à l’âge de 81 ans. Nous PAR JEAN-PIERRE PAR NOADYA ARNOUX, reste cependant sa musique, immortalisée BINCHET ET LUDOVIC FLORIN, PHILIPPE CARLES FRÉDÉRIC GOATY ET sur disque. Aux côtés de John Coltrane PAGE 32 DOC SILLON bien sûr, mais aussi à la tête de ses PAGE 41 ENTRETIEN propres formations. Au fil des ans, McCoy “Le son est l’expression Tyner s’est confié plusieurs fois dans les profonde de la pages de Jazz Magazine. Des entretiens personnalité” PAR MAURICE GOURGUES qui disaient toute sa noblesse d’âme et sa PAGE 34 grande humilité. PHOTOS : CHRISTIAN ROSE

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 28 17/03/2020 19:41 JAZZ MAGAZINE - N° 726 - AVRIL 2019 >>>I 29

028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 29 17/03/2020 19:41 028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 30 30 I <<< AVRIL 2020-N°726JAZZMAGAZINE Dossier de Pianiste

feu 17/03/2020 19:41

PHOTO : ??????? Dans les heures et les jours qui ont suivi sa disparition, on a souvent lu, à juste titre, que McCoy Tyner était l’un des pianistes les plus influents de l’histoire du jazz. Explication, démonstration, hommage : Jazz Magazine revient sur l’apport effectivement essentiel du natif de Philadelphie.

par Philippe Michel / photo Christian Rose

Une main gauche puissante, comme peut l’être celle d’un gaucher affirmé, faite d’accords rudes, mobiles et omniprésents, en quartes, ponctués de basses progressivement devenues de véritables claques dans les graves du piano ; un phrasé de main droite, le plus souvent à la limite du staccato, zigzaguant comme le dribble d’un buteur, quand elle ne prolonge pas le jeu de main gauche pour se faire orchestrale ; un accompagnement rythmique puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’en était fait très tôt une spécialité, des solistes en block-chords des deux mains, là aussi majoritaire- ponctuant son jeu ancré dans la tradition ellingtonienne d’enchaî- ment en quartes. C’est, c’est ?… Impossible de perdre au blindfold nements alors inusités d’accords en quartes. test tant le style est caractéristique. McCoy Tyner, c’est avant tout un jeu de piano unique, une couleur Feu McCoy harmonique reconnaissable entre mille, un son d’une puissance McCoy sut s’en souvenir lorsqu’à partir de 1961, embarqué dans phénoménale mais jamais agressif, avec cette force tranquille l’aventure du quartette de Coltrane, il se mit à développer un lan- très monkienne qui vous prend aux tripes et vous emporte dans la gage harmonique complexe et révolutionnaire en tous points, fait danse. Une danse du feu, assurément : comment pourrait-il d’ail- de suites d’accords en quartes et de gammes pentatoniques (les leurs en être autrement lorsqu’on se prénomme McCoy, littérale- secondes n’étant ni plus ni moins que la projection mélodique des ment “le fils du Feu” en vieux gaélique ? premiers), selon un système de permutations et de renversements très évocateur de l’enseignement reçu auprès de Dennis Sandole à Le vrai truc la Granoff School de Philadelphie, quelques années après que John Le feu, d’accord, mais encore faut-il l’étincelle. Le milieu familial Coltrane eût lui même fréquenté les lieux. était propice, sans plus. Un piano droit dans le salon de beauté Eternel chercheur, convaincu que les musiques du monde entier maternel, à Philadelphie – sa mère était pianiste à ses heures... pouvaient se retrouver sur le terrain commun des modes penta- En revanche, discuter et jouer avec les voisins, Bud Powell et son toniques, John Coltrane venait d’embarquer McCoy Tyner dans jeune frère Richie, voilà l’étincelle [lire aussi p. 33]. La première l’aventure modale, polymodale pour être précis. Souvenons-nous du moins. Car c’est par l’entremise de Richie Powell que McCoy que Miles Davis appréciait déjà la capacité de “Trane” à jouer « trois commença vraisemblablement la quête de ce qui allait se révéler accords en un », ce qu’intégra très rapidement Tyner. Au contact décisif pour sa marque de fabrique. Celle que tous les pianistes de John Coltrane, le jeu tynerien s’embrasa pour ne plus jamais de jazz lui ont empruntée depuis pour jouer “moderne”. Celle qui s’éteindre. révolutionna l’approche du piano jazz et pour laquelle il restera à En 1962, McCoy enregistre sous son nom un album manifeste au jamais dans les mémoires : le jeu en quartes. Sans McCoy, peu titre polysémique, comme souvent chez les musiciens de jazz : de chance en effet que Chick soit devenu Chick [Corea], Kenny “”. Quelques mois plus tôt, avec “Inception”, il fai- Kenny [aussi bien Barron que Kirkland] et Mulgrew Mulgrew [Miller], sait signe à , qui avec les accords en quartes inoubliables entre autres pianistes “quartals”. Peut-être même jusqu’à Herbie... (les amen chords) de So What – le morceau d’ouverture de “Kind [Hancock bien sûr.] Of Blue” de Miles Davis – avait contribué sans le savoir à allumer Aujourd’hui, les “tutos” fleurissent sur le Net. Des méthodes sont le feu tynerien. PHOTO : ??????? imprimées ici et là, qui toutes tentent de percer le secret de ce La fin des années 1970 constitue l’acmée de l’explorationquartale , son si caractéristique. Mais il résiste le plus souvent. À Laurent De que ce soit en trio, en quartette ou en grand orchestre, parfois Wilde, qui lui posa carrément la question de pianiste à pianiste, même avec chœurs. Puis le jeu tynerien s’ouvrit progressivement cas précis à l’appui [lire p. 36], McCoy se contenta de répondre de pour accueillir finalement toute l’histoire du piano jazz, des pia- manière évasive, sans cracher le morceau. Parce que les voicings nistes vieux-style à... McCoy lui-même, devenu archétype du jeu alla McCoy ne font pas tout. Encore faut-il entendre et chanter avec. “moderne”. Et ça, McCoy le faisait mieux que personne puisque c’était son truc, Ces dernières années, son jeu s’était épuré pour ne garder que le vrai truc, “The Real McCoy” en argot. l’essentiel, comme c’est le cas chez tout grand artiste une fois En réalité, Richie Powell employait assez peu ce type de voicings en atteint l’âge de la maturité : c’était d’ailleurs touchant d’entendre quartes. Il ne fut donc sans doute qu’un passeur vers la source pre- le vieux maître esquisser quelque envolée pentatonique de main mière, la professeure de McCoy probablement. Mary Lou Williams, droite, comme un écho de ces folles années avec celui qui l’avait révélé au monde, John Coltrane. Et puis cette main gauche, restée insensible à la fatigue des ans et des tournées harassantes. Elle résonnera dans nos mémoires et par les disques incandescents, où elle reste gravée à jamais.

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 31 17/03/2020 19:41 028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 32 32 I <<< AVRIL 2020-N°726JAZZMAGAZINE Dossier “ importance” sont sans catégories Les 17/03/2020 19:41 Le lendemain du concert désormais historique donné par John Coltrane et son quartette – McCoy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la contrebasse, Elvin Jones à la batterie – au festival d’Antibes Juan-les-Pins le 27 juillet 1965, les envoyés spéciaux de Jazz Magazine tendaient le micro de leur magnétophone au pianiste, alors âgé de 26 ans.

par Jean-Pierre Binchet et Philippe Carles / photo Veryl Oakland (Archives Jazz Magazine)

McCoy Tyner, voici bientôt six ans que vous ne pas s’en souvenir, mais cela s’ajoute et forme Vous intéressez-vous d’une manière quel- jouez avec John Coltrane... ce que l’on est maintenant. Dans la musique, conque à la politique ? ••• Oui, depuis 1959. Ça a été une expérience c’est la même chose. Vous n’êtes pas forcément ••• Non. Je sens que c’est une chose importante merveilleuse musicalement. J’ai aimé jouer avec obligé de penser à quelque chose de spécial... pour le sort du monde mais je ne parviens pas à Coltrane et en jouant avec lui, j’ai appris beaucoup Ou peut-être y êtes-vous obligé. Tout ce que je m’y intéresser vraiment. sur moi, sur la musique, et j’ai compris combien sais, c’est que je veux jouer de mon mieux. C’est il est beau de communiquer avec des musiciens. sans doute à ça que je pense lorsque je joue. Comprendre et communiquer semblent être Après toutes ces années, je suis persuadé que les vos préoccupations majeures. Quel est le rôle quatre musiciens du quartette éprouvent les mêmes Qu’attend de vous John Coltrane en tant que de la technique instrumentale dans le proces- sentiments envers la musique. D’ailleurs, nous pianiste du quartette ? sus de communication ? n’avons pratiquement rien qui soit écrit. Le thème ••• Il ne demande rien de spécial. Je pense ••• La technique est importante mais elle n’est se développe au fur et à mesure que nous jouons. qu’il veut que nous fassions de notre mieux... pas le plus important. J’ai vu des musiciens qui ne Et cela suffit à démontrer que nous éprouvons et Parfois il nous fait des critiques qui sont plutôt possédaient pas de technique (ou plus exactement ressentons les mêmes choses. des suggestions constructives. la technique que l’en enseigne dans les écoles de musique), mais qui pouvaient communiquer par le Vous ne répétez jamais ? Qu’avez-vous ressenti lorsque moyen d’un système technique à eux. Erroll Garner ••• Non. Nous jouons les thèmes dans les night- a remplacé Elvin Jones pendant quelques n’a pas étudié du tout et pourtant, il communique, clubs et ça se développe au fur et à mesure. Durant mois ? Thelonious Monk est dans le même cas. De très ces six années, nous avons répété trois fois pour ••• Roy est très bon. J’ai beaucoup aimé jouer nombreux musiciens sont dans ce cas, qui ont un mettre au point quelques mélodies et structures. avec lui. D’ailleurs, ensemble, nous avons fait un langage compréhensible. C’est tout. album en trio. C’était bon. Au sein du quartette, je pense qu’il jouait très bien. Vous savez, ce Vous avez déjà enregistré cinq albums sous Lorsque John Coltrane improvise, êtes-vous groupe est composé musicalement de quatre in- votre nom. Etes-vous satisfait des ventes qu’ils inspiré par ce qu’il joue ? dividualités. Aussi la contribution de chacun est- ont réalisés ? ••• Absolument. Il est le leader et je pense qu’il elle très importante : chaque membre possède ••• Je pense qu’elles pourraient être très nette- exerce la plus grande influence sur le son ou la un son personnel. Si Roy avait joué avec nous ment meilleures. direction dans laquelle le groupe va. En tant que pendant assez longtemps, il se serait parfaite- leader, il établit le rythme et la direction. Nous voya- ment intégré, mais pour ce que nous faisons, Certains prétendent que le quartette de John geons sur la même route mais c’est lui qui choisit la Elvin est meilleur. Coltrane est un groupe d’avant-garde. Qu’en direction à prendre. Cependant, la façon dont nous pensez-vous ? voyageons sur cette route est notre propre affaire. Quelles influences avez-vous subies au cours ••• Je suis désolé qu’ils emploient le mot avant- de votre adolescence ? garde car je n’aime pas les catégories : elles sont Sentez-vous parfois que vous exercez vous- ••• Celles de Bud Powell, Thelonious Monk et Art sans importance. Il y a des gens qui, à l’écoute de même une influence sur le jeu de votre leader ? Tatum. Mais je n’ai entendu Tatum que plus tard. notre musique, entendent de la tradition. D’autres ••• Nous jouons tous en fonction de ce qui se passe J’ai rencontré Bud Powell quand j’avais 15 ou y entendent de l’avant-garde. Ça dépend de l’indi- autour de nous. Nous sommes tous influencés les 16 ans. Il habitait juste à côté de chez moi avec vidu, ce qu’il comprend et ce qu’il entend. D’ail- uns par les autres. On est devenus extrêmement son frère Richie, et il n’avait pas de piano. Aussi, leurs, tout est lié. Je vois de l’importance dans réceptifs à ce que les autres font. Aussi réagissons- un jour, est-il venu chez moi pour jouer. Je ne tout : être d’avant-garde et être traditionnel. nous tous selon la réaction des autres. Pour moi, savais pas qui était Bud Powell à cette époque... c’est très beau comme ça. Cela vient aussi du fait J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour lui Le quartette de Coltrane est l’un des plus cé- que nous avons tous de bonnes relations dans le parce qu’il a contribué d’une manière étonnante lèbres du monde avec celui de Dave Brubeck. groupe, d’excellents rapports, des contacts humains à l’évolution du piano moderne et de la musique Pensez-vous qu’il soit juste que celui de Dave étroits, de la compréhension. Nous parlons parfois en général. J’ai été navré d’apprendre que son Brubeck gagne beaucoup plus d’argent ? de problèmes personnels, nous partageons nos pro- état de santé est critique. ••• Je n’ai rien contre Dave Brubeck, Il a le droit blèmes en quelque sorte. de jouer comme il veut. Mais quand je considère la Sonny Rollins a parlé de vous en termes élo- musique qu’il joue et celle que John joue ! Non pas Hier soir, vous avez joué A Love Supreme pen- gieux. Le saviez-vous ? qu’il soit mauvais, il est bon, mais j’estime que John dant 48 minutes. Comment vous sentiez-vous ? ••• Oui. Venant de lui, c’est un sacré compli- a apporté davantage. Brubeck a plus de publicité, Nerveux, relax, inspiré ? ment ! La première fois que j’ai joué avec Rol- il gagne plus d’argent et cela me fait penser à une ••• C’est une question difficile. La seule chose que lins, j’avais 18 ans. Il était avec Max Roach à ce seule chose : il a tout ça parce qu’il est blanc. je puisse répondre, c’est : « Comment cela sonnait-il moment-là. Il y avait également Kenny Dorham, pour vous ? » Ou encore : « Que ressentiez-vous George Morrow. J’ai joué avec eux pendant une Interview parue dans le n° 122 (septembre 1965) en l’écoutant ? » En fait, l’important pour moi n’est semaine et Max voulait que je fasse partie du de Jazz Magazine. pas tellement de savoir ce que je ressens mais de groupe mais, à l’époque, je n’étais pas prêt. Ce savoir ce que ressent le public. Non pas que je ne fut une semaine très agréable. m’intéresse pas à ce que je ressens, mais ce que je veux par dessus tout, c’est communiquer... Quelle est votre religion ? ••• Je suis musulman comme toute ma famille. Donc, hier soir, en jouant, vous ne savez pas Je suis pratiquant. Dans tout ce que l’on entre- à quoi vous pensiez... prend, il faut avoir de bonnes relations avec Dieu, ••• Vous savez, dans la vie, tout ce dont on fait avec le Créateur. C’est très important. Cela m’a l’expérience, on en retient quelque chose men- aidé à me comprendre moi-même, à comprendre talement, même lorsqu’on est un enfant. On peut les gens, la vie, tout.

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 33 17/03/2020 19:41 028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 34 34 I <<< AVRIL 2020-N°726JAZZMAGAZINE Dossier de lapersonnalité” l’expression profonde “Le sonest 34 I <<< AVRIL 2020 - N° 726 - JAZZ MAGAZINE 17/03/2020 19:41 Neuf ans après avoir quitté le quartette de John Coltrane, McCoy Tyner se retrouvait face à un journaliste de Jazz Magazine, tandis qu’au festival d’Antibes Juan-les-Pins venaient de jouer trois anciens sidemen du saxophoniste : Jimmy Garrison, Elvin Jones, et lui...

par Maurice Gourgues / photo Giuseppe Pino

McCoy Tyner, vous avez quitté John Coltrane Les conditions de vie imposées aux musiciens tous les musiciens de l’orchestre d’ailleurs, doit en 1966. Quel souvenir avez-vous de l’époque vous semblent-elles acceptables ? être attentif aux moindres événements de la mu- qui a suivi ? ••• C’est souvent très dur, mais on est récom- sique. Ecouter et répondre, c’est tout ce que je ••• Ce fut une période très dure. Survivre était pensé. On rend service aux gens, on leur offre la demande... Le batteur, qui constitue la charpente problématique. Ma vie s’est considérablement lumière et la joie. La musique est, au moins pour de l’orchestre, doit être particulièrement sensible transformée, et j’ai acquis une meilleure connais- un moment, une délivrance. Elle a dans la vie un aux variations dynamiques. S’il joue trop fort, il sance de moi même. Du point de vue musical, je rôle très important. Et comme la vie elle comporte risque de couvrir le reste de l’orchestre. Mais n’ai fait que développer ce qui a toujours existé des périodes difficiles. parfois, s’il ne joue pas assez fort, il coupe tout en moi. Mais les occasions de jouer étant rares, il l’effet dynamique nécessaire. Chaque instrument m’était difficile de me rendre compte d’un déve- Comment organisez-vous votre vie par rapport doit être sensible au travail des autres. Ce type de loppement. C’est seulement quand j’avais une à votre travail ? rapports très intimes est essentiel pour moi. C’est possibilité de jouer que je constatais que quelque ••• J’essaie d’obtenir un équilibre entre ma vie pourquoi je préfère travailler en petite formation. chose de nouveau avait mûri dans ma musique. familiale et mes voyages. Je joue à peu près au- J’aime écrire pour un grand orchestre, mais ça ne tant en concert qu’en club. Mais depuis quelque peut pas être aussi personnel qu’un petit groupe. Avec qui jouiez-vous ? temps les possibilités de travail dans les clubs ••• Je travaillais avec divers musiciens freelance. ont tendance à diminuer. Je préfère la formule du Avez-vous souvent travaillé en grand or- Le batteur Freddie Waits, le bassiste Herbie Lewis, concert. Encore qu’il y ait certains clubs, comme le chestre ? les saxophonistes , , Keystone Korner, où j’aime bien travailler. ••• Il y a longtemps, à Philadelphie, et aussi à ... l’occasion de séances d’enregistrement. J’ai écrit Quel est selon vous le rôle du piano dans un pour un grand orchestre. Quelles avaient été vos expériences musicales orchestre ? Mais j’ai peu d’expérience dans ce domaine. avant le quartette de John Coltrane ? ••• Le piano peut remplir plusieurs fonctions, ••• Adolescent, j’avais formé un petit groupe à c’est un instrument-orchestre. C’est pourquoi Que pensez-vous de la production actuelle de Philadelphie. Puis j’ai fait partie de l’orchestre du sans doute des saxophonistes, des bassistes ou Herbie Hancock ? trompettiste Cal Massey. Jimmy Garrison en était, des batteurs se mettent au piano, parce qu’il y a ••• Si c’est bien pour lui... Je ne veux pas être ainsi qu’Albert Heath à la batterie et le saxopho- beaucoup à découvrir sur cet instrument. Accom- critique. C’est son affaire... niste Clarence Sharp. J’ai ensuite formé un autre pagnateur, soliste, le piano agit en profondeur groupe – nous accompagnions les solistes de sur le mood d’un orchestre et peut le transfor- Vous intéressez-vous à ce que l’on appelle le passage, des gens comme Kenny Dorham, Jackie mer complètement. Il peut aussi être percussif. Et jazz-rock ? McLean, Benny Golson... C’est ce qui m’a permis toutes ces possibilités sont importantes sans qu’on ••• Je ne comprends pas ces catégories. Sans de connaître Benny Golson et de travailler pen- puisse en privilégier une. Quand j’étais jeune, je doute ont-elles un but commercial. dant six mois dans son Jazztet. Puis, en 1955, ou me concentrais sur un aspect particulier, parce 1956, j’ai rencontré John Coltrane. Très vite, nous que c’était ce que j’étais capable d’entendre et de Pensez-vous que cela ait eu une influence sommes devenus amis. Il a rejoint Miles [Davis], reproduire à ce moment-là. En évoluant, j’ai appris considérable? mais m’a demandé de jouer avec lui, dès qu’il à utiliser conjointement ces divers éléments. ••• Pour certains, c’est vraisemblable. Quant serait prêt. C’est pour travailler avec lui que j’ai à moi, ma direction est ailleurs. Je n’utilise pas quitté le Jazztet. Comment vous avez développé votre style ? d’instruments électroniques. Ce qui ne veut pas ••• Le son est l’expression profonde de la person- dire que je ne m’y intéresse pas. Mais je ne vois Quels pianistes écoutiez-vous quand vous étiez nalité. Quelque chose qu’on a en soi. J’ai entendu rien de commun entre ma musique et celle-là. Je jeune ? un certain son et je l’ai aimé. J’ai continué à l’en- dirais plutôt que cette musique a peut-être été ••• C’est après avoir entendu jouer mon frère, et tendre et il a commencé à se manifester. On de- influencée par certaines choses que j’ai faites. Une aussi parce que beaucoup de gosses du voisinage vient soi-même de la même façon que se construit partie de cette musique a été inspirée par John prenaient des leçons de piano, que je me suis inté- un puzzle. Je pense avoir toujours eu ma propre [Coltrane], le saxophone soprano y est très souvent ressé à cet instrument. Sans avoir jamais entendu manière de m’exprimer, mais il faut du temps pour utilisé dans un esprit modal. John McLaughlin, qui de pianistes célèbres, j’y ai très tôt consacré beau- que les choses se réalisent. Jouer avec Coltrane est venu m’écouter récemment, m’a dit d’ailleurs coup de temps. Plus tard, j’ai entendu Bud Powell, m’a certainement aidé à développer mon son. qu’il aimait beaucoup ma musique. George Shearing et Dave Brubeck. Mais Bud, je l’ai découvert en dernier, car ses disques ne passaient Dans votre pratique du piano, comment conce- Interview parue dans le n° 234 (juillet 1975) de pas souvent à la radio ... vez-vous le rapport entre la main gauche et la Jazz Magazine. main droite ? Vous étiez plus attiré par Bud Powell que par ••• Les deux mains peuvent fonctionner comme Thelonious Monk ? un tout, produire plusieurs voix simultanées. Ac- ••• Non, j’aimais les deux. Monk pour ses concep- tuellement, je les considère comme deux amies tions harmoniques, sa sonorité... Pour un pianiste, engagées dans une conversation. Parfois l’une se tous deux sont de grands maîtres. Il m’arrivait tait pendant que l’autre parle, ou l’une souligne souvent de jouer comme l’un ou comme l’autre ou interroge l’autre. Il arrive aussi que les deux parlent ensemble. Que pensez-vous de Cecil Taylor ? ••• J’aime Cecil. Il est non seulement rigoureux dans Quel travail attendez-vous de la basse ? son travail, mais aussi très dévoué et gentil. C’est un ••• La basse ne doit pas seulement soutenir. Elle exemple. Un homme qui a subi autant de choses pour doit compléter tout ce qui se passe, harmoni- pouvoir jouer sa musique mérite le respect. quement et rythmiquement. Le bassiste, comme

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- JAZZ MAGAZINE 028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 35 17/03/2020 19:41 “Quelqu’un doit montrer le chemin” Dossier

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 36 17/03/2020 19:41 Pour ce qui restera son ultime entretien dans Jazz Magazine, nous avions McCOY TYNER demandé à notre grand intervieweur de pianistes Laurent de Wilde de passer un coup de fil à son prestigieux confrère, au moment où venait de EN 10 DATES paraître son dernier album, “Solo – Live From San Francisco”. 1938 Naissance, le 11 décembre par Laurent de Wilde / photos X/DR 1938 à Philadelphie (Pennsylvanie), d’Alfred McCoy Tyner. 1953 Il dirige sa première propre formation. 1956 Il fait la cCoy Tyner est sans aucun doute un monstre J’ai remarqué qu’à vos concerts, vous montez sur connaissance de John M Coltrane. sacré. Pour avoir participé tout jeune à l’éblouissante aven- scène et commencez immédiatement à jouer... ture du quartette de John Coltrane, bien sûr, mais surtout ••• Eh bien oui, c’est pour ça que je suis là ! 1959 Premier disque pour avoir apporté au piano jazz moderne une contribution en sideman avec le absolument unique. Par son articulation, ses phrases éton- Ce que je veux dire, c’est que la plupart des pianistes Jazztet d’ namment mélodiques et percussives, son énergie communi- s’assoient, bougent le tabouret, font deux trois ins- et de Benny Golson. cative à tous les membres de l’orchestre, ses compositions, pirations, appuient sur les pédales, gigotent un petit 1960 Formation du il a tout simplement inventé une nouvelle façon de jouer du peu. Vous, vous allez direct à la musique... quartette avec John piano. C’est également un musicien prolifique qui depuis ••• C’est pour ça qu’il y a les balances, pour voir si Coltrane. son premier disque en 1962 en a enregistré soixante-quinze tout marche bien ! Je fais toujours une balance avant le sous son nom ! Toujours sur la brèche, en tournée constam- concert, pour voir comment le piano et la salle sonnent, 1965 Il quitte John ment, il a bien voulu répondre à mes questions au téléphone si le piano est dans la bonne position, s’il est bien ac- Coltrane. depuis un hôtel à Seattle. J’ai eu au bout du fil un homme cordé... Ainsi, quand je monte sur scène, je sais que tout 1970 Il accompagne très simple, très cordial, au rire fréquent et communicatif. marche comme il faut. J’aime jouer tout de suite, parce en tournée Ike et Tina que j’adore jouer du piano. J’ai un rapport très personnel Turner. Y a-t-il un lien entre vos trois derniers albums ? avec mon instrument, mais j’imagine que c’est comme 1985 Il recommence ••• En fait, j’ai lancé ma propre compagnie, McCoy Tyner ça pour tous les artistes. En ce qui concerne mon état à enregistrer pour le Music, et je voulais vraiment publier quelque chose. Bon, d’esprit au moment de monter sur scène, ça dépend de label Blue Note, qui ce n’est pas comme si je créais un label pour enregistrer la formation avec laquelle je me produis. Quand je joue vient d’être réactivé. d’autres artistes, c’est, comment dire, à usage personnel, en trio, les deux autres musiciens savent en fonction de mais j’ai vu des musiciens dans le passé faire comme ça, et mon introduction dans quel état d’esprit je suis. Quand je 1994 “Journey”, son ça m’a toujours tenté. Il est bon que des musiciens prennent suis en solo, je prépare une liste de standards, ou alors je disque en grande formation, reçoit un leurs affaires en main – les compagnies de disques ne sont me jette dans une improvisation. Grammy Award. pas les organisations les plus honnêtes qui soient ! Je n’ex- clue pas de travailler à l’avenir avec un autre label mais, Quelles sont les bonnes conditions pour enregistrer 2004 La firme aujourd’hui, j’ai envie d’essayer, pour voir si ça marche ! un album en solo ? Steinway And Sons ••• Un bon piano ! J’ai besoin qu’il soit accordé plusieurs lui attribue une médaille d’or pour Dans les notes du livret de votre dernier disque live en fois, c’est un instrument très délicat, sensible à la tempé- ses cinquante ans de piano solo, Jeff Levenson laisse entendre que vous ne rature, l’humidité, et j’ai besoin que les gens l’entendent carrière. saviez pas ce que vous alliez jouer avant de monter sur comme il faut. scène. C’est vrai ? 2006 Création de son ••• Pas exactement... D’habitude, je choisis dans un en- Comment ressentez-vous la différence entre les enre- label, McCoy Tyner semble de compositions et de standards que je connais gistrements live et le studio ? Music. bien, même si parfois je joue quelque chose de nouveau, ••• Les deux sont importants. Live, bien sûr, il y a le 2020 Il meurt le ou de complètement improvisé, pour voir où ça m’emmène. public, ce n’est pas qu’on va jouer mieux parce qu’il est 6 mars, chez lui, dans Mais le plus souvent ce sont des standards que tout le là, mais on aime bien communiquer... D’un autre côté, un le New Jersey. monde connaît, comme I Should Care ou What Is This Thing enregistrement studio, grâce aux réseaux de distribution Called Love. des labels, pourra être entendu dans le monde entier. En studio, tout dépend de l’ingénieur du son. J’ai eu la Vous souvenez-vous de ce que vous aviez en tête juste chance de travailler avec Rudy Van Gelder pour mon pre- avant de monter sur scène pour l’enregistrement de mier enregistrement, “Inception”. On se connaissait parce ce disque ? qu’il travaillait pour Impulse!, avec qui John Coltrane avait ••• Je ne peux pas vous le dire, parce que c’est fini, ah ah signé. Il connaissait mon son à travers d’autres enre- ah ! Mais je sais qu’il est important d’être bien détendu, de gistrements. Un jour, il m’a dit : « Pourquoi ne ferais-tu bien entrer dans le feeling de la situation. En fait, je ne sais pas ton propre album ? » Rudy était comme un ami, il pas très bien à quoi je pense à ce moment-là... adorait la musique, on pouvait débarquer au studio quand on voulait, il était très relax. J’ai vraiment eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec quelqu’un d’aussi talentueux.

Votre son et votre style sont absolument uniques. Vous rappelez-vous à quelle époque vous avez réalisé que vous aviez ça en vous ? ••• Je pense que j’ai eu... un bon départ. Avec un bon professeur de piano qui m’a éveillé à la musique, et puis avec mon premier album “Inception”, qui m’a permis de PHOTO : ??????? m’exprimer au piano. Mais je ne pourrais pas vraiment expliquer. Vous savez, c’est comme l’opposition live/stu- dio : finalement, peu importe tant que votre intégrité soit toujours là. Vous êtes un individu. C’est très important d’en avoir conscience. J’ai commencé par jouer dans un groupe de rhythm’n’blues, puis j’ai joué avec des musi-

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ciens de jazz plus agés que moi, et ils m’ont tous appris beaucoup de choses. Un concept individuel met un certain temps avant de se développer. Cela dit, parler de la musicalité des gens est un sujet très sensible. Les gens jouent différemment pour une raison. Et puis j’avais quand même Bud Powell dans mon quartier ! Son frère Richie avait un appartement au coin de chez moi, il tournait à Et Monk ? l’époque avec Clifford Brown et Max Roach, et Bud habitait chez lui. ••• Oh, Monk, c’était autre chose. J’adorais le son qu’il avait. On Il y avait aussi des jam sessions au salon de beauté de ma mère, savait que c’était lui. Pas juste les harmonies, la façon générale et Bud venait souvent nous rendre visite. Il jouait sur mon piano ! dont il approchait l’instrument produisait un son à lui. C’est très J’étais adolescent à l’époque... important, le son. Quand tu joues du sax, de la batterie ou du piano, ce son, c’est toi. Monk, je regardais comment il faisait, il avait une Vous vous souvenez des morceaux qu’il jouait ? façon pas du tout orthodoxe de jouer. Et il y avait ses chapeaux ••• Non, mais il jouait, ça c’est sûr ! Je ne me souviens pas de ce aussi... quel homme merveilleux ! Il m’a beaucoup encouragé. qu’il jouait... Vous vous rendez compte ? C’était il y a tellement long- temps... Quand on jouait, il écoutait le groupe, il y avait ma mère Vous dites ne pas avoir théorisé ce que vous jouez. Mais quand qui était là dans son salon de coiffure à côté, elle entendait aussi, par exemple vous êtes sur quatre mesures de sol avant d’aller et elle disait : « Allez-y les gars, jouez, c’est tellement beau ce que sur un do mineur, en quels termes pensez-vous ce genre de vous faites ! » J’ai eu beaucoup de chance d’avoir une mère aussi résolution ? adorable qui aimait autant la musique. Elle m’a tellement aidé... ••• Vous me posez une drôle de question ! Mon esprit change tous les jours... Je peux jouer ces deux accords de telle façon Quand Thelonious Monk et Bud traînaient tout le temps en- aujourd’hui, mais demain je jouerai quelque chose d’autre, ou un semble, c’était à cette époque ? embellissement dessus. Ou je changerai des notes. On devient un ••• Non, mais je sais qu’ils s’aimaient beaucoup. Ils étaient de la architecte de la musique, mais ce n’est pas réfléchi à l’avance. même génération, avec Dizzy Gillespie, Bird, Miles [Davis]... John Même quand tu joues les mêmes morceaux dans deux sets qui se Coltrane a joué avec Monk pendant un moment et, du coup, il avait suivent, tu trouveras une façon différente de les jouer, et c’est ça du respect pour moi. Tous les musiciens de cette génération m’ont qui les rend intéressants. beaucoup encouragé, Sonny Rollins aussi, je me souviens avoir joué une fois avec lui. Il était venu tout seul à Philadelphie et je Que considérez-vous comme essentiel dans un concert ? l’avais accompagné. A l’époque, quand des musiciens un peu plus ••• Si je joue avec un groupe, qu’on s’écoute les uns les autres. agés écoutaient des jeunes et qu’ils entendaient quelque chose qui Et qu’ils m’écoutent moi, parce que le leadership est important leur plaisait, ils t’encourageaient. Ils voulaient que le jazz continue aussi. C’est quelque chose que j’ai appris en regardant Monk jouer. à vivre. Les gens le trouvaient un peu excentrique, mais il avait un fort caractère. Il était toujours tiré à quatre épingles, on sentait bien Qu’est-ce qui vous a frappé le plus dans le jeu de Bud quand que son orchestre le respectait. Avec moi, c’est pareil, mes gars vous l’avez entendu tout jeune ? me respectent et je les respecte aussi. Mais il faut quelqu’un qui ••• Le fait qu’il soit dans son monde à lui. Parfois, il quittait la pièce dirige, c’est capital. Ce qui ne veux pas dire être là toutes les deux sans rien dire à personne. Alors on le suivait, et là il se retournait et minutes à exiger ceci ou cela, parce que la liberté d’expression est disait : « Mais les gars, pourquoi vous me suivez ? » très importante – un musicien peut faire ce qu’il veut quand il prend un solo –, mais quelqu’un doit montrer le chemin : il faut un leader.

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 38 17/03/2020 19:41 Et quand vous jouez en solo ? ••• Vous me posez des questions vraiment difficiles... Il n’y a pas d’approche théorique pour tout. Quand on se réveille, peut-être va-t-on manger des céréales, aller se promener, revenir déjeuner, J’essaie chaque fois que je je ne sais pas, la vie est une aventure quotidienne ! Je ne pense pas la même chose à chaque fois que je joue : je veux que ce soit le peux d’encourager les jeunes différent. La vie est pleine de changements, d’alternatives et c’est musiciens que je rencontre. ce qui la rend si belle. Chaque journée est unique, c’est comme ça que ça doit être, et c’est comme ça qu’on apprend ! Il faut vraiment garder la foi. Vous jouez avec beaucoup d’énergie. Aimeriez-vous parfois que le piano ait plus de son ? ••• Non, pas vraiment. Je connaissais Jimmy Smith, il jouait du piano aussi mais adorait l’orgue. Il jouait avec beaucoup de puis- sance. Il était comme ça dans la vie aussi. Mais je ne voudrais pas que le piano soit plus puissant, je prends les choses telles qu’elles sont, je suis un improvisateur. Ce que j’ai joué il y a un mois me poussera peut être à jouer quelque chose d’autre demain. le bord du tambour, j’avais les doigts qui enflaient. J’adorais jouer des congas mais j’ai été obligé d’arrêter. Je n’étais pas vraiment Dans votre disque “Trident”, vous jouez du clavecin. Avez-vous bon, mais je prenais beaucoup de plaisir à apprendre à jouer tous déjà enregistré sur un Fender Rhodes ? ces rythmes, comment jouer les 6/8, les 5/4... Mais c’était pendant ••• Non. Vous savez, je ne suis pas un gars très électronique... mon adolescence...

Pourtant le Rhodes possède une vraie mécanique, un toucher Vous avez dit qu’après avoir quitté le groupe de Coltrane, vous réellement dynamique... avez eu un passage à vide professionnel de plusieurs années. ••• Peut-être, mais je n’aime pas ce genre de son. C’est le piano Aujourd’hui les temps deviennent très durs pour des jeunes acoustique que j’aime. Oui, je préfère le piano. Je n’ai jamais été musiciens de jazz, quel conseil leur donneriez-vous pour tra- attiré par l’électronique, contrairement à Herbie Hancock ou des verser ces périodes difficiles ? gens comme lui. ••• Persévérez. N’arrêtez pas de jouer. Et gardez des pensées posi- tives. Et à la moindre chance que vous avez de voyager, faites-le. Pour jouer, vous préférez un Steinway B [demi-queue] ou D J’essaie chaque fois que je le peux d’encourager les jeunes musi- [queue complète] ? ciens que je rencontre. Il faut vraiment garder la foi. Mais bien ••• Je préfère un bon instrument ! Mais c’est vrai que j’aime bien sûr il faut pouvoir gagner sa vie pendant ce temps-là ! Parfois, le grand Steinway de neuf pieds, le modèle D. Mais le vrai critère, on se retrouve à jouer de la musique qu’on n’a pas trop envie de c’est que le piano soit bon, bien accordé et bien entretenu. Mais jouer, mais il faut se dire que c’est passager, que c’est une façon pour être honnête, j’ai eu un clavier électronique à une époque, de ne pas rester immobile. Alors comment on s’en sort de cette mais c’était parce que j’habitais en appartement. Quand j’avais interview ? une session d’enregistrement, j’en avais besoin si je voulais jouer quelque chose à quatre heures du matin. Avec un vrai piano j’aurais Très bien. Vous voulez qu’on arrête ? réveillé tout l’immeuble ! Alors je mettais un casque et je pouvais ••• Eh bien, c’est un peu comme si on jouait un morceau : j’ai composer toute la nuit sans embêter personne. C’était très pratique. fait une dizaine de grilles, c’est peut-être le moment de jouer la mélodie... Quand je vivais à New York, j’habitais un appartement dans un immeuble de l’Upper East Side où je ne pouvais faire aucun Dernière question : si le président Obama vous appelait et vous bruit, même pendant la journée. J’avais un clavier électrique et disait : « M. Tyner, nous sommes sur le point d’envoyer dans je jouais au casque, mais malgré ça la voisine du dessous se l’espace une capsule qui diffusera à l’attention d’extra-ter- plaignait du bruit de mes doigts sur les touches ! Elle m’appe- restres une sélection des plus beaux morceaux de jazz jamais lait tous les jours pour se plaindre... enregistrés, et nous aimerions qu’un de vos titres y figurent. » ••• Non ? Je ne le crois pas ! Ce n’est vraiment pas très gentil... Lequel choisiriez-vous ? Quand ce genre d’histoires arrivait à des amis, je leur conseillais de ••• Je ne sais pas... , ce serait bien, et puis ce déménager dans un loft où on peut jouer tranquillement... serait approprié ! Obama a dit qu’il aimait beaucoup le jazz et la musique en général. J’espère que j’aurai l’occasion de jouer pour Ben, c’est ce que j’ai fait... lui. Bill Clinton jouait du ténor, et Jimmy Carter avait organisé un ••• Ça c’est drôle ! J’adore New York. J’aime aussi Paris bien sûr, festival à La Maison Blanche : j’y ai joué, avec beaucoup d’autres une si belle ville. Je connais beaucoup de villes dans le monde, musiciens, c’était formidable ! Enfin bref, ça me ferait plaisir de mais à New York il y a quelque chose de tellement unique, la vie jouer pour Barack Obama. Si ça arrive, je vous tiendrai au courant, culturelle est tellement bouillonnante, les restaurants de toutes les ha ha ha ! cuisines du monde, la musique... Je voyage beaucoup, et je suis toujours content de revenir. Interview parue dans le n° 608 (novembre 2009) de Jazz Magazine.

Le premier titre de votre album solo s’intitule African Village. Avez-vous songé à enregistrer avec un groupe de musiciens traditionnels africains ? ••• Peu de gens le savent, mais j’ai étudié le ballet africain. Il y avait une école juste côté de chez moi, et un percussionniste ghanéen qui venait jouer et organiser des chorégraphies sur les séquences rythmiques. C’était une très bonne expérience. De temps en temps, je jouais pour les accompagner, mais il y avait un pianiste régulier qui jouait toutes les chansons des différents ballets. Je vais vous raconter une histoire : quand j’étais au lycée, la directrice des cours de musique, c’était la femme de Jimmy Smith. Ils habitaient la banlieue de Philadelphie, et elle m’a parlé de lui avant même que je le rencontre. Avec elle, j’ai fait du chant choral, puis j’ai commencé à jouer des congas, mais comme je tapais fort avec la main sur

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 39 17/03/2020 19:41 LES WEEK-ENDS DE LA PHILHARMONIE

CONCERTS - ACTIVITÉS EN FAMILLE - EXPOSITIONS

13 & 14 juin MISSOURI SKIES AND MORE ORCHESTRE NATIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE PAT METHENY PAT METHENY TRIO PAT METHENY, DAREK OLESZKIEWICZ, JONATHAN BARBER DE STEVE REICH À ORNETTE COLEMAN BRYCE DESSNER

Licences E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547. n°2-1041546, n°1-1041550, E.S. n°1-1083294, E.S. Imprimeur : PND Licences graphiqueSignatures Réalisation Gurry : Neil Conception graphique Photo : Bernard : BETC Plossu / JEAN-PAUL CELEA, JOACHIM KÜHN…

PHILHARMONIEDEPARIS.FR 01 44 84 44 84 PORTE DE PANTIN

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 40 17/03/2020 19:41 PUB Pat Metheny JAZZMAG 285x220.indd 1 10/01/2020 17:26 Les vrais McCoy Seize disques à (re)découvrir d’urgence, par un pianiste qui considérait que l’important était d’être un vrai leader. Ce

qui ne l’a pas empêché d’être Dossier

l’un des accompagnateurs historiques de John Coltrane, ou de partager le leadership avec Stéphane Grappelli.

par Noadya Arnoux, Ludovic Florin, Frédéric Goaty et Doc Sillon

INCEPTION ONE DOWN, ONE UP EXTENSIONS Impulse! AVEC JOHN COLTRANE Blue Note 1962 Impulse 1970 Après avoir inauguré sa 1965 Hanté – mais pas de discographie en 1959 Poussé dans ses retran- façon lugubre – par aux côtés de Curtis chements par l’explora- l’esprit de la musique Fuller, alors qu’il officie tion toujours plus entre- de John Coltrane, cet auprès de John Coltrane depuis deux ans, prenante de son leader, le futur ex-pianiste album fut enregistré le 9 février 1970 en Tyner réalise enfin un premier disque sous de Coltrane doit puiser au fond de ses res- compagnie d’un groupe d’un jour composé son nom. Tout McCoy s’y révèle : ses pro- sources pour tenir la dragée haute à ses de Wayne Shorter, Gary Bartz, Ron Carter, fondes racines blues et swing, son amour partenaires. Il s’aventure ainsi en des terri- Elvin Jones et Alice Coltrane. Les deux mor- des standards, le hard-bop avec le titre épo- toires qu’il ne soupçonnait peut-être même ceaux au long cours, Message From The Nile nyme (dont Chick Corea tirera le meilleur pas lui-même. Jamais plus il ne rejouera (formidable solo de Tyner) et Survival Blues, profit). Enfin, par l’usage si particulier de la comme sur Song of Praise : rythme hale- ouvraient chaque face du 33-tours d’ori- modalité et des accords de quartes, il pose tant, flot sonore enivrant, harmonies zigza- gine. Hypnotiques, mélodiques, étirés mais ce qui sera désormais un canon du piano gantes, ligne mélodique surprenante... tout certainement pas démesurés, ils ouvraient jazz moderne. LF y est magnifié. LF déjà la voie pour ce jazz labélisé spiritual, qui aujourd’hui encore nourrit les visions d’un CRESCENT THE REAL MCCOY Kamasi Washington. NA AVEC JOHN COLTRANE Blue Note Impulse 1967 ASANTE 1964 Peut-être LE meilleur Blue Note Si “Crescent” est un disque paru sous son 1970 des albums de Trane nom. Hormis Four By Six mois seulement Légende les plus appréciés des Five, tous les thèmes après les séances jazzmen, c’est à bien des égards pour le sont à présent des standards. Escorté par d’“Extensions”, McCoy son de groupe. Rouage essentiel d’une une rythmique superlative (Ron Carter et Tyner se retrouve à la des plus belles mécaniques qui n’aient Elvin Jones au sommet), McCoy distille de tête d’un groupe totalement différent, mar- jamais été, McCoy Tyner plane de surcroît splendides solos: puissant et nerveux, son quant une rupture avec son passé récent. La sur les cimes de l’inspiration. Son solo toucher conserve une étonnante souplesse ; guitare électrique fait son apparition (celle de sur Lonnie’s Lament, fin et plein de déli- sa ligne mélodique pourtant très ornemen- Ted Dunbar), le chant aussi, dans la lignée catesse, est définitif. De la même façon, tale ne tombe jamais dans le verbiage. Sans des disques contemporains de Jean et Doug on ne pourra jamais se lasser de son intro oublier la voix unique, mâle et déchirée, de Carn (que Tyner appréciait). Andrew White, au toucher de perle sur Wise One. Incon- Joe Henderson qui participe pleinement à la qui venait de collaborer avec Weather Report,

PHOTO : X/DR () tournable. LF cristallisation de ce chef-d’œuvre. LF joue un rôle majeur. Goin’ Home est étonna-

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 41 17/03/2020 19:41 10/01/2020 17:26 ment funky-bluesy (Tyner préférait le terme “earthiness”, quelque chose de plus terrien), inspiré par les sons du Deep South étatsunien. signe l’une de ses performances majeures, notamement dans le coltranien Fullfillment. NA

SAMA LAYUCA Milestone 1974 Au cours des années 1970, Tyner prend la tan- gente d’un exotisme plus ou moins bien adapté. Ici, c’est le versant afro avec un brin de moyen- PHOTO : XDR orientalisme qui domine. L’extraordinaire vita- lité du groupe, et celle de son leader en parti- culier, font de cet album l’un des meilleurs de IT’S ABOUT TIME IN NEW YORK

Dossier cette période. est en grande AVEC JACKIE MCLEAN AVEC STEVE GROSSMAN

forme. Sans doute moins concentré que la 1985 Dreyfus Jazz, 1991 boule d’énergie des “Supertrios” (1977), mais Blue Note Quand Steve Grossman avec quelques pépites inoxydables. LF Quand en 1985 Blue Note invite McCoy pour ces est relancé, quelques gigs, on se dit que le SUPERTRIOS jeunes lions sont signés, pianiste aura décidément Milestone mais il faut bien avouer que ce sont les vété- joué avec le haut du panier des saxopho- 1977 rans qui font l’événement. En une journée, nistes ténor. Malgré la présence d’Avery C’était la mode au mitan comme au bon vieux temps, McCoy Tyner et Sharp (mais pourquoi s’est-il entiché de ce des années 1970, quand Jackie McLean se rappellent au bon souvenir contrebassiste si longtemps ?!), il y avait de le jazz-rock submergeait des nostalgiques des sixties en signant un l’électricité dans l’air ces soirs-là. Grossman le jazz acoustique, faire disque d’une fraîcheur enivrante. Derrière ses décolle (hallucinant Softly As In A Morning jouer des grands pianistes “nés” dans les fûts, Al Foster swingue aussi bien en faisant la Sunrise), se sentant pousser des ailes par sixties avec des section rythmiques all stars. paire avec Ron Carter qu’avec Marcus Miller. l’alliage du drive explosif de Taylor et du Comment refuser d’écouter McCoy Tyner Spur Of The Moment, You Taught My Heart To souffle tellurique de McCoy Tyner, qui sait y jouer des standards (et quelques originaux, Sing sont des grands moment de swing post- faire en ce domaine. LF dont l’étourdissant Consensus) avec, sur le bop, et No Flowers Please nous offre para- premier volume de ce double album, Ron Car- doxalement un bouquet de notes inouïes. DS INFINITY - FEATURING ter et Tony Williams, et sur le second Eddie Gomez et Jack DeJohnette ? Ici, pas de révo- THINGS AIN’T WHAT Impulse lution ni même de percée esthétique. Juste le THEY USED TO BE 1995 plaisir de jouer des songs qui font aussi partie Blue Note On imagine l’émotion, du langage de ces titans du jazz. DS 1989 voire, qui sait, le trac À côté de ses pérégrina- quand Michael Brecker 4 X 4 tions latinos ou électriques réalisa qu’il était en train d’enregistrer avec le Milestone pas toujours heureuses, pianiste de son idole absolue, John Coltrane. 1980 outre ses albums en big band (“”, A sa sortie, “Infinity” ne combla pas ceux qui Dès le milieu des seven- 1981), c’est peut-être du côté du solo qu’il espéraient peut-être un peu trop de cette ties, l’activité discogra- faudra se tourner pour cette décennie. Si rencontre. Mais vingt-cinq ans après, il est phique du pianiste est Tyner n’est pas moins introverti, l’intimité du permis d’en reconsidérer les qualités, et elles assez inégale. Quelques format lui fait perdre cette frénésie parfois sont nombreuses : le son de Brecker, délec- albums sortent cependant du lot : “Trident” encombrante qui l’emporte souvent en petite table (écoutez Fyling High), le drive du batteur (1975), “13th House” (1980), “Revelations” formation. Appréciez alors quel merveilleux Aaron Scott, Tyner en solo dans Blues Stride (1988) ou ce “4 x 4”. Emporté par une ryth- harmoniste il est (la réharmonisation de Here’s et, tout de même, un formidable Impressions mique au taquet et grâce à des invités en That Rainy Day par exemple). En prime, trois en hommage à J.C. FG pleine forme (Freddie Hubbard !), McCoy y superbes duos avec .LF retrouve le feu sacré. Autre intérêt, les inter- MCCOY TYNER QUARTET prétations ne se cantonnent pas au seul hard- ONE ON ONE McCoy Tyner Music bop modal. LF AVEC STÉPHANE GRAPPELLI 2006 Milestone, 1990 Alors qu’il se perdait un Le mariage de la carpe et peu dans des productions 1982 du lapin ? Loin de là ! Car moins réussies, Tyner Columbia ce disque ne se résume plonge dans un bain de Celui-là, les puristes du pas à une simple idée de jouvence en compagnie de , Chris- jazz acoustique vous producteur. Les deux musiciens sont vraiment tian McBride et Jeff Watts. Car associé à un conseillerons sans doute en communion et parlent le même langage. tandem rythmique de choc et à un saxopho- de l’éviter. « Vade retro, Avec des accents différents certes – Grap- niste tout terrain très inspiré (quelle entrée de c’est de la fusion ! » Ne les écoutez pas. Écou- pelli, mal à l’aise pour interpréter Mr. P.C., joue solo sur le premier titre !), voilà un groupe qui tez plutôt Love Surrounds Us Everywhere – “dedans”, et McCoy plutôt “autour” –, mais fait des étincelles. Sans ses doigts de vingt écrite et composée par McCoy Tyner – et I’ll avec un même profond sens du swing. Attentif ans, c’est malgré tout le pianiste quasi sep- Be Around – signée –, magni- à ne pas couvrir le violon, le pianiste retrouve tuagénaire qui ne cesse de relancer la ten- fiques chansons interprétées par la soul wo- ici une clarté de propos jubilatoire. LF sion. Une heureuse surprise qu’on n’espérait man Phyllis Hyman. Quant à , plus. LF il est en feu dans Senor Carlos (ce qui est la moindre des choses quand l’ancien pianiste La sélection de disques choisis par de John Coltrane vous écrit un morceau sur Ludovic Florin a paru dans le n° 608

mesure). Un Must. FG (novembre 2009) de Jazz Magazine. PHOTO : XDR (MILESTONE RECORDS)

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028-043_JazzMag726_Dossier McCoy Tyner RELU.indd 43 17/03/2020 19:41 044_047_JazzMag726_Sujet David LinxRELU.indd 44 44 I <<<

AVRIL 2020-N°726JAZZMAGAZINE Portrait 17/03/2020 19:40 DAVID LINX A fleur de peau Après trente-deux ans de carrière et vingt-quatre albums, le chanteur belge David Linx n’a pas fini de nous surprendre. Il célèbre ses 55 ans avec “Skin In The Game” autour de textes poétiques fortement autobiographiques, entouré d’un groupe de musiciens de haut vol. par Lionel Eskenazi / photos Shelomo Sadak

Jazz Magazine Sur la pochette de votre reusement mort en 2010 à 45 ans. Prophet nouvel album, vous êtes torse nu, l’air Birds est dédiée à Toni Morrison, disparue en méchant et vous hurlez. Que signifie pour août dernier. J’ai écrit la chanson quelques vous cette photo et que veut dire exacte- mois avant sa mort, quand elle était malade, ment ce titre, “Skin In The Game” ? et je la décris comme un oiseau prophétique. David Linx Sur mes disques précédents, je J’ai eu la chance de la rencontrer plusieurs suis plutôt souriant et toujours habillé, mais fois, c’était quelqu’un de tout à fait excep- là je voulais exprimer autre chose. Je désirais tionnel. Avec On The Other Side Of Time, j’ai en quelque sorte me mettre à nu, car je viens voulu rendre hommage à une autre femme d’avoir 55 ans et il me semblait important de exceptionnelle, Marcia de Labbey, ancienne dresser un bilan de ma vie, dire des choses compagne de Baden Powell puis mariée à sur moi-même. Je pense qu’il est temps Claude Nougaro. C’est une femme sublime maintenant de prendre les choses sérieuse- que j’aime décrire comme un ange. Elle aussi ment, d’avoir un regard serein sur mon par- a été importante dans ma vie. Je l’ai rencon- cours, d’être capable de regarder en arrière. trée en 2004, le jour de l’enterrement de Je remercie le photographe Shelomo Sadak Claude Nougaro où j’ai chanté, à Notre Dame. d’avoir compris l’état d’esprit qui était le mien pour la pochette de ce disque. J’ai réalisé cet Dans Skin In The Game, qui est certaine- album comme si ça allait être le dernier, et ment la chanson-phare de l’album, il n’y j’y ai donc mis des choses qui me tenaient a pas de dédicace particulière, mais vous particulièrement à cœur. “Skin In The Game” évoquez clairement dans le texte James veut simplement dire : s’impliquer, prendre Baldwin, Toni Morrison et Kenny Clarke... des positions, être sincère, et dire la vérité. Ce qui est vraiment étonnant dans cette chan- son, c’est que j’ai écrit le texte il y a près Trois chansons de cet album sont dédiées de huit ans, et que j’y parle de mes 55 ans, à des personnalités qui ont compté dans c’était donc le moment idéal pour l’enregis- votre vie... trer ! Dans les paroles, j’évoque beaucoup de Azadi, qui veut dire liberté en kurde, est dédiée personnes importantes dont, effectivement, à Aisha Karefa-Smart, la nièce de l’écrivain James Baldwin, sa sœur Gloria, que je consi- James Baldwin. Aisha a une forte personnali- dérai comme ma mère, Aisha qui est donc té, elle travaille principalement sur l’œuvre de la fille de Gloria, ainsi que Toni Morrison et son oncle, et je la considère comme ma sœur. son fils Slade. J’ai quitté la Belgique et ma Elle a eu un enfant avec Slade, le fils de Toni famille à 17 ans et je suis venu habiter chez Morrison, qui était l’un de mes meilleurs amis, James Baldwin à Saint-Paul-de-Vence, puis il avait le même âge que moi. Il est malheu- à Paris, chez Kenny Clarke. On peut dire que

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j’ai reconstitué une autre famille à travers Baldwin, c’était un peu un mode d’emploi sans jamais le nommer, c’est bien lui le ces deux grandes personnalités. Cette de survie. A Saint-Paul-de-Vence, il a eu fauteur de troubles. L’écrivain George Orwell chanson évoque tout cela, et je voulais la gentillesse de m’héberger. J’avais une n’était pas seulement un visionnaire lorsqu’il qu’il y ait deux voix différentes, avec une chambre dans sa grande maison, que j’ai a écrit 1984, mais aussi avec son livre La partie slamée, j’ai donc contacté mon ami habitée par intermittence jusqu’à sa mort, Ferme des animaux. Ce livre n’a jamais été de Philadelphie Marlon Moore, qui a donné en 1987. J’ai toujours rêvé d’être écrivain, autant d’actualité car nous sommes effecti- une belle et profonde interprétation de mon et lorsque je vivais chez Baldwin, je me vement gouvernés par des animaux et nous, texte. Je l’ai aussi invité à écrire un texte comportais comme si j’en étais un, j’étais le peuple, nous comportons comme du bé- et à slammer sur ma chanson Night Wind, assez solitaire. Baldwin écoutait beaucoup tail. Nous subissons tout ça sans réagir, nous autour d’une musique particulièrement de disques, principalement de la musique ne sommes pas assez dans la rue pour nous mélodieuse signée par Thierry Lang. afro-américaine : Robert Johnson, Ray révolter, car tout le monde somnole devant Charles, Miles Davis ou Aretha Franklin… son écran ! Vous entretenez un rapport important Quand on est jeune, on a du culot, et assez avec la littérature depuis toujours, et naturellement, je lui ai proposé que l’on A l’écoute de votre disque, on est d’em- notamment avec des écrivains afro-amé- fasse un disque ensemble, pour qu’il récite blée frappé par la cohésion sonore du ricains engagés. Comment avez-vous ses textes, et il a accepté. “A Lover’s Ques- groupe qui vous entoure. Il s’agit d’un rencontré James Baldwin ? tion” est sorti en 1987 juste avant sa mort. nouveau groupe et d’une première colla- Tout d’abord, je l’ai lu lorsque j’avais 12 ans, boration, mais on a l’impression que vous je ne comprenais pas tout, mais il y avait Sur votre dernier album, la chanson Trou- jouez ensemble depuis des années... une grande force dans ses mots qui me fas- blemakers semble être assez politique... C’est vrai que je suis très fier de ce groupe, cinait. A l’époque où j’étais adolescent, lire Effectivement, ça parle de Donald Trump et j’espère continuer à jouer avec eux un

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044_047_JazzMag726_Sujet David Linx RELU.indd 46 17/03/2020 19:40 certain temps. Tout est facile avec ces musiciens extrêmement doués qui s’impliquent beaucoup dans la musique et qui en comprennent tout de suite l’es- sence. Dès la première prise, ils sont excellents et la mise en place est parfaite ! C’est en avril 2016, lors d’un concert pour les Nuits du Jazz à Caen, que j’ai rencontré le pianiste Grégory Privat et le batteur Arnaud Dolmen, qui jouaient dans l’orchestre du saxo- phoniste Jacques Schwarz-Bart. Moi, je chantais mon hommage à Brel avec le Brussels Jazz Orchestra, et nous partagions le même plateau pour le Jazz Club de France Musique. Grégory et Arnaud m’ont terriblement impressionné, et je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose avec eux. J’avais déjà repéré le talent du contrebassiste Chris Jennings, notamment aux côtés de Joachim Kühn ; quant à Manu Codjia, je le connais depuis longtemps et j’apprécie beaucoup son langage harmonique et rythmique. Sur l’album, il est invité sur cinq titres, mais il sera bien sûr avec nous sur scène. Le groupe fonctionne très bien, et j’appré- cie la façon dont ils gèrent l’indépendance du rythme sur le tempo, ça me donne une grande liberté. J’ai l’impression d’ouvrir un nouveau chapitre et d’être à Je désirais en un tournant important de ma carrière.

quelque sorte me Lorsque vous viviez chez James Baldwin, vous avez eu l’occasion de rencontrer Miles Davis et mettre à nu, vous avez dit de lui : « Miles, c’est le plus grand chanteur… » et il me semblait Miles était très ami avec James Baldwin, et il venait le voir à chaque fois qu’il était en tournée dans le sud important de de la France. Il se débrouillait pour rester quelques jours. Il peignait beaucoup chez Baldwin, c’était pour dresser un bilan lui un havre de paix où il se reposait et profitait de ce moment de détente. Un jour, il m’a offert la photo de de ma vie. sa carte d’identité quand il avait 19 ans alors qu’il venait de quitter Saint-Louis pour venir à New York. Je la garde précieusement et la regarde souvent. Miles a transformé la façon dont on joue de la trompette dans le jazz. Avec lui, c’est devenu un instrument roman- tique et feutré. Il l’utilisait comme la voix d’un crooner, avec son sens du phrasé et sa science des silences ; il cherchait à s’approcher de la voix humaine, et c’est pour ça que j’ai pu dire que c’était le plus grand des chanteurs ! C’est l’une de mes principales influences en tant que chanteur, sans oublier Betty Carter bien sûr. Elle improvisait avec sa voix là où un instrument ne saurait aller. Elle a utilisé le scat en restant toujours très mélodique, et en ne partant pas des onomatopées préétablies.

Vous avez assez peu chanté de standards, car vous aimez chanter vos propres textes. Vous avez notamment dit qu’il ne fallait pas subir le texte, mais “être le texte”, ou bien le devenir… Oui, j’y tiens, car je ne crois pas à l’interprétation. L’interprétation, c’est ce que le public reçoit, mais pas ce que le chanteur donne. Il faut savoir dominer la REPÈRES chanson, car si c’est la chanson qui domine, il n’y a 1965 Naissance le 1992 Premier album 2010 “Follow The plus rien qui sort. C’est une histoire de positionne- 22 mars à Bruxelles. avec Diederik Wissels, Song Lines” avec ment, c’est comme l’espoir, il ne faut pas avoir de 1982 Quitte Bruxelles “Kamook ”. Diederik Wissels, Maria l’espoir, mais être l’espoir ! C’est la meilleure façon pour s’installer à Saint- 1997 “Up Close” avec Joao, Mario Laginha, de continuer à exister. Paul-de-Vence chez Diederik Wissels. et l’Orchestre National de Porto. James Baldwin. Prend 1998 des cours de batterie “Bandarkâh” avec 2013 “Winds Of CD “SKIN “Skin In The Game” (Cristal Records / avec Kenny Clarke. Diederik Wissels. Change” avec Diederik Sony Music, [CHOC] Jazz Magazine). Wissels. 1986 “A Lover’s 2001 “Heartland” Question” avec 2016 “Brel” avec CONCERTS Du 2 au 4 avril à Dunkerque (Jazz Club), avec Diederik Wissels le 22 à Paris (New Morning) et le 24 à Auxerre James Baldwin, et Paolo Fresu. le Brussels Jazz Steve Coleman, Toots Orchestra. (Silex). 2007 Première Thielmans et Pierre 2018 “7000 Vandermael. collaboration avec le Brussels Jazz Miles” avec 1988 Abandonne la Orchestra : “Changing André Ceccarelli, batterie pour le chant Faces” Pierre-Alain Goualch et et enregistre “Hungry Diego Imbert. Voices”.

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044_047_JazzMag726_Sujet David Linx RELU.indd 47 17/03/2020 19:40 Roy Hargrove photographié par Jean-François Labérine

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 48 17/03/2020 19:31 >>> NOUVEAUTÉS • RÉÉDITIONS • COFFRETS • LABELS • DVD les disques LES CHOCS >>>

LES CHOCS D’AVRIL P.14 Shabaka & The No Tongues Ancestors P. 49 P. 52 Charles Lloyd Claudia Solal / Benoît Delbecq 8 - Kindred Spirits Live From The Lobero Kandace Springs Theatre The Brecker Brothers P. 50 David S. Ware New Albert Ayler Quartet Jean-Pierre Como P. 64 Kurt Elling Gil Scott-Heron Charles Lloyd P. 51 Jean-Marc Foltz 8 - Kindred Spirits Tineke Postma Reverso Live From The Lobero Theatre Abréviations utilisées dans les pages suivantes acc accordéon comp composition perc percussions 1 CD/DVD ou 2LP/DVD Blue Note / Universal afl flûte alto cor cor plt platines arr arrangements dir direction prod production as saxophone alto dm batterie prog programmation b contrebasse elb basse électrique ss saxophone NOUVEAUTÉ. Le 15 mars 2018, Vous en connaissez beaucoup, vous, bars saxophone elg guitare soprano des musiciens, et qui plus est des baryton électrique ssn saxophone Charles Lloyd fêtait son 80ème bcl clarinette basse elp piano électrique sopranino anniversaire sur la scène du souffleurs, qui se bonifient à ce point bjo banjo elec effets tb Lobero Theatre de Santa Barbara. avec l’âge, tels un grand Bordeaux bs saxophone basse électroniques tp trompette Un moment de grâce et de ou un Bas-Armagnac ? Nous non bsn basson fl flûte ts saxophone ténor btb trombone basse g guitare tu spiritualité qui confirme, si besoin plus. Mais contrairement aux divins bu bugle htb hautbois vib vibraphone était, ce qu’il affirmait récemment breuvages qu’il faut malgré tout violoncelle hca harmonica vln violon à Stéphane Ollivier dans les consommer avec certaine modération, cl clarinette hp harpe voc chant la musique de Charles Lloyd peut, cla claviers, mar marimba vtb trombone à colonnes de Jazz Magazine : « Je synthétiseurs org orgue pistons joue mieux aujourd’hui ! ». doit se déguster sans limite. Car si cnt cornet p piano ses derniers opus Blue Note avec The

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Marvels, pourtant forts délectables eux aussi, ont pu dérouter les jazzfans un rien puristes et plus ou moins rétifs à leurs accents “countrysants”, ce CD (ou double 33-tours) assorti d’un DVD qui reprend exactement les mêmes titres se situe dans la grande tradition des albums live historiques du natif de Memphis, Tennessee. On retrouve ainsi tout ce qui jadis nous fascinait dans “Forest Flower”, cette nonchalance assumée, le côté merveilleusement Albert Ayler Jean-Pierre Como Kurt Elling chantant de tout ce que Charles Lloyd joue. A ses côtés, (qui 1964 Prophecy My Little Italy Secrets Are The Best fit sa première apparitionlive aux Revisited 1 CD Bonsaï / L’Autre Distribution Stories côtés de Lloyd à... 12 ans !), Gerald NOUVEAUTÉ. Plus lyrique et plus 1 CD Ezz-thetics / Distrijazz 1 CD ou 1 LP Edition Records / UVM Clayton (l’autre pianiste d’élection du sensible que jamais, Jean-Pierre vénérable ténor avec ), RÉÉDITION. Publié initialement Como signe un album tendre et NOUVEAUTÉ. Vingt-cinq ans après Reuben Rogers et Eric Harland forment par ESP Records sous le titre solaire gorgé de parfums italiens, et ses débuts discographiques, salués un quartette idéal, dont la vigueur “Prophecy” après la mort tragique illuminé par la voix délicieusement en leur temps par Jazz Magazine, créative – Lage est particulièrement d’Albert Ayler survenue le 25 sensuelle de Walter Ricci. cet authentique jazz vocalist revient en verve – est le parfait contrepoint de novembre 1970, ce concert du 14 Jean-Pierre Como ne cesse de nous avec un nouvel album coréalisé ses improvisations oniriques, soulful et juin 1964 est immédiatement entré étonner. Et de nous émerveiller. Tout avec Danilo Pérez. Certainement habitées. Les vingt et une minutes de dans la légende du jazz. en continuant à faire évoluer son l’un de ses plus réussis. Dream Waver (le premier morceau de D’abord pour être la première trace formidable quartette Infinite, déjà salué Du grand art. C’est ainsi qu’on pourrait son premier album Atlantic de 1966) ne enregistrée de l’association géniale dans ces colonnes, il livre un disque résumer le style Kurt Elling. Longtemps laisseront personne indifférent. « Avec du saxophoniste avec aussi émouvant que surprenant qui fait associé au pianiste Laurence Hobgood, le recul, j’ai tendance à penser que la et Sunny Murray – sans aucun doute mouche dès les premières secondes le voilà qui se mesure à l’un des plupart du temps, la jeunesse, faute l’une des “sections rythmiques” les et qui devrait logiquement toucher un membres du plus fantastique quartette d’en avoir une conscience précise, ne plus emblématiques du free jazz très large public. Et pour cause : dans acoustique de ces vingt dernières sait pas quoi faire de ses qualités et dans ses parti-pris autant gestuels le bien nommé “My Little Italy”, le années, celui de Wayne Shorter (dont les gaspille, disait-il aussi à Stéphane et chorégraphiques que purement pianiste revisite ses racines italiennes la musique est à l’honneur dans Stays). Ollivier en juillet 2018, trois mois pulsatifs. Mais aussi pour être le premier en mélangeant compositions originales En Danilo Pérez, le natif de Chicago après ce concert historique. Quand document qui donne à entendre l’un des et chansons traditionnelles pour mettre a trouvé un interlocuteur rompu à je joue aujourd’hui, je le fais dans thèmes fétiches d’Albert Ayler, Ghosts, en valeur la voix incroyable de Walter l’accompagnement le plus sensitif le prolongement de tout ce que j’ai sorte d’hymne joyeux et doux-amer, Ricci – déjà mise à profit dans “Express qui soit (écoutez les duos Stage I et vécu, avec ce savoir et cette sagesse revisitant la tradition du gospel dans Europa”. Car si le pianiste s’autorise Stages II, III), mais aussi un maître de qu’apportent la maturité. Je sens une fureur spiritualiste proprement deux instrumentaux, c’est bien la l’“orchestration spontanée”, qui a su toujours en moi quelque chose d’une bouleversante. Dans les années 1990, chanson qui est en vedette ici, avec des mettre en valeur la moindre de ses vitalité constamment renaissante, une Sunny Murray, qui s’était toujours senti mélodies d’une indicible beauté et des intonations, épouser, et comme illuminer sorte de printemps éternel, mais j’en fais floué par la parution de ce disque pour paroles essentiellement en italien, une son phrasé – goûtez l’incroyable Song un nouvel usage, moins dispendieux, des questions de droit d’auteur mais langue qui s’accorde à merveille avec Of The Rio Grande, où Kurt Elling use à en parvenant à en dire beaucoup plus aussi parce que le document, de piètre le jazz, sur les balades comme sur les merveille du re-recording, démultipliant avec beaucoup moins de moyens » : on qualité sonore, ne rendait pas compte à pièces plus enlevées. Impossible de ne sa voix pour le plus bel effet. Notre jurerait qu’il était déjà en train rédiger la son goût de son interaction télépathique pas fondre devant la douceur infinie de quinqua + 2, homme de grande culture chronique de cet album à notre place. avec Gary Peacock et de leur apport Doje Stelle, de ne pas sourire devant ouvert à tous les mondes musicaux, Pour info, “8 - Kindred Spirits Live From décisif à la musique du trio, publia sur la légèreté joyeuse de Mania ou de ne se permet même de chanter en The Lobero Theatre” est aussi disponible le label allemand InRespect “Albert pas rêver devant la tendre mélancolie espagnol (Rabo de Nube du chanteur en version Super Deluxe avec huit Smiles With Sunny”, une autre bande de Quando. Et que dire de These Four cubain Sylvio Rodriguez), touche latine morceaux supplémentaires, dont des du même concert, mieux enregistrée, Walls, qui, chantée en anglais, possède encore plus soulignée dans A Certain versions mémorables de Forest Flower, qu’il agrémenta du second set, alors tous les atouts d’un tube ensoleillé ? Continuum, somptueuse adaptation Sombrero Sam et Green Onions, le totalement inédit. C’est cet album que Impeccablement secondé par ses du Continuum de Jaco Pastorius, sur standard soul de Booker T. & The M.G.’s. le label Ezz-thtics réédite aujourd’hui, complices, notamment “Dédé” Ceccarelli laquelle Kurt Elling pose ses mots Étienne Dorsay dans une version remixée offrant encore qui se régale, Jean-Pierre Como fait choisis. Fin lettré, il n’oublie pas de rendre hommage à Toni Morrison dans Charles Lloyd (ts, fl), Julian Lage (elg), plus de clarté et de présence à la preuve d’un bon goût et d’une retenue Geral Clayton (p), Reuben Rogers (b), section rythmique et notamment à Gary exemplaires en ne jouant que l’essentiel Beloved, auréolé par la présence du Eric Harland (dm). Santa Barbara, Peacock qui se révèle tout du long d’une pour laisser parler son cœur à travers Portorician Miguel Zenón au saxophone Lobero Theatre, 15 mars 2018. inventivité et d’une liberté confondante, ces mélopées gorgées d’émotion. Bien alto, qui brillant autant que le guitariste aiguillonné par la batterie vibratile et plus qu’un simple disque, une véritable brésilien Chico Pinheiro, lui-même invité Gerald Clayton, Julian Lage, Charles ultra-sensorielle de Sunny Murray. leçon de musique. Félix Marciano dans Esperanto. Oui, les “Secrets” sont Lloyd, Reuben Rogers et Eric Harland Dans ce contexte collectif et égalitaire, bien “Les Meilleures Histoires”, et Kurt au Lobero Theatre le 15 mars 2018. Jean-Pierre Como (p), Walter Ricci le saxophoniste, impressionnant de (voc), Felipe Cabrera, Rémi Vignolo Elling nous les révèle avec une classe candeur et de vitalité brute, déchiquette (b), André Ceccarelli (dm), Minino folle. Noadya Arnoux son chant d’amour fou en lambeaux Garay (perc) + Louis Winsberg (elg), Kurt Elling (voc), Danilo Pérez (p, elp), de douleur et de joie inextricablement Christophe Lampidecchia (acc). Clark Sommers (b), Jonathan Blake confondus. Des faces historiques, à Pompignan, Studio Recall, 2019. (dm), Rogério Boccato, Róman Díaz connaître absolument. Stéphane Ollivier (perc) + Chico Pinheiro (elg), Miguel Zenón (as). New York, Sear Sound. Albert Ayler (ts), Gary Peacock (b), Sunny Murray (dm). New York, Cellar, 14 juin 1964. PHOTO : DOROTHY DARR

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 50 17/03/2020 19:31 Jean-Marc Foltz Tineke Postma Reverso Shabaka & Wild Beasts Freya The Melodic Line The Ancestors 1 CD Vision fugitive / L’Autre Distribution 1 CD ou 1 LP Edition Records / UVM 1 CD Out Note Records / Outhere Music We Are Sent Here NOUVEAUTÉ. Comment dessine- NOUVEAUTÉ. Divinité germano- NOUVEAUTÉ. Reconfiguré en trio, t-on un lion, un hippopotame, ou un scandinave, Freya est la déesse de le groupe Reverso avait fait forte By History singe avec des notes de musique ? la création et de la fertilité. Pour impression avec “Suite Ravel” 1 CD Impulse / Universal C’est à ce défi que répondent son retour en studio après cinq (2017), une libre exploration dans NOUVEAUTÉ. Suite logique de magnifiquement Jean-Marc Foltz et ans d’absence, la saxophoniste l’univers du compositeur qui “Wisdom Of Elders”, “We Are Sent ses complices. hollandaise se montre à la hauteur aimait le jazz. En se rapprochant Here By History”, deuxième album de Confrontés à ces grands animaux de l’hommage qu’elle lui rend et d’un propos de Jean Cocteau Shabaka & The Ancestors, enregistré africains (photographiés par Nicolas de l’équipe new-yorkaise dont elle (« En musique la ligne c’est la en Afrique du Sud, est conçu comme Bruant dans un très beau livret), nos s’entoure. mélodie ») extrait d’un recueil de un poème sonore. quatre musiciens, Jean-Marc Foltz, Certes, Tineke Postma s’était déjà miscellanées où le poète prenait la Sur des textes écrits et chantés par le Christophe Marguet, Sébastien Boisseau montrée capable du meilleur sur ses défense de Stravinsky et de Satie, poète-performer sud-africain Siyabonga et Philippe Mouratoglou sont allés puiser six premiers disques, les trois premiers Reverso confirme son goût pour Mthembu – trame dramatique de ce au plus profond de leur art pour inventer avec à la les enlacements entre la musique black oratorio – la musique, composée des musiques évocatrices des hôtes de batterie (et Geri Allen au clavier sur le que l’on dit classique et le jazz par le prolifique et cultivé saxophoniste la savane. Il en découle un disque qui troisième), le sixième avec , acoustique. britanno-barbadien Shabaka Hutchings désoriente d’abord, avant d’accrocher Matt Mitchell, Linda Oh et Dan Weiss, Ce trio dessine en effet des lignes se déploie en une série de thèmes par sa poésie et son mystère. Bien sûr, témoignages d’une fréquentation douces et raffinées, formant des s’enchaînant logiquement, au long les raucités de Jean-Marc Foltz à la assidue de la scène new-yorkaise. chemins de flânerie dans un paysage des onze plages de ce concept- clarinette basse ont d’emblée quelque Son absence aura néanmoins été baigné de sons et de silences album. L’interpénétration des paroles chose de fauve (ce dont il joue par l’occasion d’une maturation marquée ensorcelants. Cette singulière incantatoires de Siyabonga Mthembu avec exemple dans Peaceful Majesty). Un peu par l’expérience de la maternité et la promenade commence dans les le tissu sonore aux couleurs flamboyantes plus loin, dans le très réussi Monkey Rag révélation au North Sea Jazz 2015 environs du Groupe des Six (Auric, élaboré par Shabaka Hutchings, où Suite, véritable petit court-métrage, on a du quintette “Made In Chicago” de Durey, Honegger, Milhaud, Poulenc, s’entremêlent influences afro-futuristes l’impression que sa clarinette se balance Jack DeJohnette avec trois figures Tailleferre) constitué autour de Cocteau (Sun Ra Arkestra, version Marshall Allen), avec souplesse dans les lianes. Mais de l’AACM, Muhal Richard Abrams, qui appelait à « une musique de tous spiritual jazz façon Pharoah Sanders et au-delà de ces évocations, qui ne versent Roscoe Mitchell, Henry Threadgill. Une les jours », de celle que « l’on habite polyrythmies afro-caribbéennes impose jamais dans le mimétisme, la réussite leçon d’ouverture et d’apesanteur. comme une maison ». Il fallait à cette avec vigueur dès les premières mesures du disque est de suggérer une vie D’où une musique ouverte où l’écriture échappée des guides buissonniers, de (They Who Must Die) une démarche grouillante, mystérieuse, impénétrable, est une somme d’éléments offerts ces instrumentistes esthètes capables politico-mystique : “We Are Sent Here par exemple dans le déroulé haletant de à la libre initiative des interprètes d’opérer certaines ligatures entres By History”, comme l’explique le qui s’arrête, repart, et s’arrête Betty Devil dans une interdépendance fluctuante les mondes d’hier et d’aujourd’hui. saxophoniste, est « une méditation sur à nouveau. Chaque morceau a sa logique que résument les petites réactions Le pianiste Frank Woeste nourri de l’espèce humaine en voie d’extinction…» propre, la mélodie surgit souvent où l’on spumescentes de l’alto dans le sillage Chopin, de Bill Evans et de Radiohead Nous voilà prévenus ! Il n’empêche, au ne l’attend pas, trompant nos attentes. En d’une trompette virevoltante lors du ; le tromboniste Ryan Keberle ayant delà du constat alarmant de la fin d’une définitive ce royaume des grands fauves duo conclusif et miniature d’Interlude. évolué auprès de David Bowie et civilisation, la musique jouée par Shabaka s’avère celui de l’imprévisibilité poétique Sur les autres morceaux, cette d’Alicia Keys ; le violoncelliste Vincent and The Ancestors est passionnante, et de l’intensité (écoutez dans le premier apesanteur s’étend aux rapports que Courtois dont on sait l’immense culture combinant un phrasé rythmique et les morceau la course poursuite effrénée contrebasse et à batterie entretiennent et l’exceptionnelle plasticité composent stridences d’un lyrisme exacerbé (Run de que Christophe Marguet Run To Live entre elles et avec ce quartette. Car un puissant triangle lumineux pour The Darkness Will Pass) avec des touches anime de toute son énergie crépitante). c’est pour un quartette sans piano orienter ce voyage sans roulis dont impressionnistes d’une lumineuse beauté Comme si ces grands animaux avaient ni guitare que Tineke Postma a cet album parfait, zéro déchet, est le (Behold. The Deceiver, Teach Me How To poussé Jean-Marc Foltz et ses complices composé ce répertoire pour éviter principe et le moteur. Sans beaucoup Be Vulnerable). Ce nouvel opus confirme à aller toujours plus loin sur les chemins toute pesanteur harmonique, autorisant nous avancer, tant l’œuvre est de toute la vivacité d’inspiration et la créativité de de la liberté. Jean-François Mondot néanmoins Kris Davis à y intervenir beauté, disons que nous touchons là à la South East London Jazz Scene, dont Jean-Marc Foltz (cl, bcl), Philippe ici et là d’un clavier, non en fond de un sommet. Guy Darol Shabaka Hutchings est l’incontournable Mouratoglou (g), Sébastien Boisseau sauce, mais en touche finale d’huile Frank Woeste (p), Ryan Keberle (tb), animateur. Thierry P. Benizeau (b), Christophe Marguet (dm), Pernes les d’olive ardemment épicée. Dix titres, Vincent Courtois (cello). Antony, Shabaka Hutchings (ts, as, cl, comp), Fontaines, décembre 2018 Studio Libretto, avril 2019. cinquante minutes de musique en une Mandla Mlangeni (tp), Mthunzi Mvubu séance. Du bio première pression à (as), Nduduzo Makhathini (elp), Thandi froid. Franck Bergerot Ntuli (p), Ariel Zamonsky (b), Tumi (tp), Tineke Postma (as), Mogorosi (dm), Gontse Makhene Kris Davis (p), Matthew Brewer (b), (perc), Siyabonga Mthembu (voc). Dan Weiss (dm). Mount Vernon (NY), Johannesburg, Cape Town, 2019. Oktaven Audio, 22 décembre 2018.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 51 17/03/2020 19:31 LES CHOCS

Claudia Solal Kandace Springs The Brecker Brothers David S. Ware Benoît Delbecq The Women Who Live And Unreleased New Quartet Hopetown Raised Me 1 CD ou 2 LP Leopard / Socadisc Théâtre Garonne Si vous aimez le jazz 1 CD RogueArt / dist. Rogueart.com 1 CD Blue Note / Universal NOUVEAUTÉ. électrique des Brecker Brothers et 2008 NOUVEAUTÉ. Après un projet NOUVEAUTÉ. Après un album que leur légendaire “Heavy Metal 1 CD AUM Fidelity / Orkhêstra en quartette avec Tomeka Reid funky produit par le batteur Be-Bop” figure dans votre panthéon NOUVEAUTÉ. Ce cinquième extrait au violoncelle et Katie Young au Karriem Riggins, cette chanteuse personnel, ce double live inédit (et des archives de l’éphémère New basson en 2015, ce premier disque de Nashville repérée par Prince en officiel) enregistré à Hambourg en Quartet de l’indomptable David S. en duo de la chanteuse et du 2016 retrouve Larry Klein et sort 1980 doit impérativement figurer Ware nous entraîne, au printemps pianiste est une réussite totale. un disque 100% jazz, hommage dans votre discothèque. 2008, sur les bords de la Garonne À l’image des vers qui ouvrent l’album enthousiasmant aux chanteuses qui Dans la foulée de leur quatrième album pour (re)découvrir un lumineux (Inner Otherness), entièrement ont marqué sa jeunesse. studio, “Detente”, Randy et Michael concert toulousain. composés en anglais, la poésie de Difficile de rester insensible à la voix Brecker étaient donc parti en tournée Après dix-sept années de collaboration Claudia Solal couvre d’un voile onirique chaude et puissante de Kandace européenne. Exit Terry Bozzio, place à fertile, le percussif pianiste Matthew l’exploration toujours renouvelée Springs, surtout accompagnée par Richie Morales (moins fou, mais plus Shipp a quitté le groupe pour développer d’elle-même, en étonnante symbiose une section rythmique comprenant ancré dans une salvatrice culture R&B). ses projets personnels. Depuis quelques avec les éléments et la nature (Winter Steve Cardenas (guitare), Scott Colley Aux claviers, Mark Gray enrichissait la mois, le singulier guitariste Joe Morris Garden). Les oscillations de l’intonation (contrebasse), Clarence Penn (batterie) palette sonique du groupe, tandis que et sa Gibson Les Paul branchée du parlé au chanté décrivent autant de et quelques invités prestigieux, Barry Finnerty et Neil Jason continuaient directement sur l’ampli le remplace gradations d’une expression personnelle elle-même installée au piano. Les d’électriser ce « band of brothers » avec originalité. William Parker, l’homme qui ne craint pas le sombre, dominée thèmes qu’elle interprète ici, elle les a (dixit Randy), ces frères pas seulement contrebasse est toujours là, fidèle au par le doute, la contradiction, l’exigence découverts magnifiés par Ella Fitzgerald, liés par le sang, mais aussi par le son. poste, solide comme un roc. Il forme de liberté. Liquide ou percussif, mobile Billie Holiday, Nina Simone, Carmen Un son unique, puissant, flamboyant, une efficace paire propulsive avec le ou plus statique, semblant de chaque McRae. Plus près de nous, Diana Krall, mélange savamment dosé de culture batteur vétéran Warren Smith, ancien poème vouloir retenir la quintessence Sade, Roberta Flack, Dusty Springfield, be/hard bop et de grooves à la James partenaire de Gil Evans, Max Roach, dans un simple geste sonore, le piano Bonnie Raitt qui ne sont pas toutes Brown. Le répertoire s’équilibrait entre Sam Rivers et Richard Abrams. Bien que préparé de Benoît Delbecq dessine des voix du jazz, les ont aussi célébrés. les déjà classiques (Sponge, Inside Out, diminué physiquement par d’importants la géographie et souligne les climats C’est en chantant I Can’t Make You Love le fantastique Some Skunk Funk, le proto problèmes de santé, David S. Ware, changeants de cet imaginaire. Le duo Me que Kandace Springs signa avec jazz-rap East River), les futurs classiques assis sur une chaise, souffle avec une s’émancipe de toute hiérarchie voix/ Blue Note. Elle le reprend ainsi que The (Straphangin’) et les nouveaux morceaux fabuleuse énergie herculéenne. Ces accompagnement, comme il s’éloigne Nearness Of You, la version qu’en donna extraits de “Detente” (Tee’d Off, I Don’t quatre fantastiques rejouent sur scène, de toute préoccupation de style. décidant de sa carrière. Know Either, le groovy-drôlatique Don’t tout en puissance, le matériau de L’économie du silence et de l’intime que Cette dernière se partage les couplets Get Funny With My Money chanté par l’album “Shakti” enregistré en studio dégagent les textes et qu’amplifie la de Angel Eyes avec elle. Avishai Cohen Randy). Ce document exceptionnel quelques jours plus tôt. Cela démarre performance encourage une écoute fine (le trompettiste), Christian McBride, Chris est livré dans sa splendeur brute de très fort avec , une et exigeante. Au centre de Low Voltage, Potter, Elena Pinderhughes et David Crossing Samsara décoffrage, sans coups de bistouris : pièce nerveuse enracinée dans le la voix et le souffle s’instrumentalisent Sanborn sont aussi conviés à la fête. les (rares) pains sont là, qui font sourire, blues et le bop. Le profond discours du pour se muer en environnement sonore McBride s’offre un solo dans Devil May et les solistes déploient leurs trésors leader est impressionnant de fureur et et bruitiste de la mélodie, distillée Care et impressionne d’invention sur le vif. Sans surprise, c’est de lyrisme. Suit une seconde version au piano par touches gracieusement par l’attaque de ses notes dans I Put Michael Brecker qui créé l’événement. avec une incandescente intervention désarticulées. Dans Euphoria, le travail A Spell On You, Kandace au piano y En état de grâce d’un bout à l’autre, il solitaire de David S. Ware. Durga sonne sur le silence et sur l’écho souligne incorporant la mélodie de la Sonate au est, comme le rappelle son grand-frère comme une fanfare aylérienne. Les le questionnement crucial de Claudia clair de lune. Produit par Larry Klein dans les excellentes liner notes de Bill brillants solos de Joe Morris regorgent Solal : « Have I already become dont les arrangements élégants mettent Milkowski, « at the top of his game ». de notes cristallines et tordues. Sur myself ? When will I know I’m finally constamment la chanteuse en valeur, cet Si inventif, inspiré, swingant et funky la belle ballade Reflection la musique myself ? » Après “Butter In My Brain” album est une grande réussite. Pierre de qu’il finit, tout simplement, par nous est merveilleusement aérienne. Pour avec Benjamin Moussay (2017), Claudia Chocqueuse émouvoir. Frédéric Goaty clore en beauté cet intense concert, Solal confirme avec Benoît Delbecq Kandace Springs (voc, p, elp), Steve que le duo peut la conduire au meilleur Randy Brecker (tp, voc), Michael une courte reprise pyrotechnique Cardenas (g), Scott Colley (b), Clarence Brecker (ts), Barry Finnerty (elg), Mark de qui grave ce thème d’elle-même. Vincent Cotro Penn (dm) + Norah Jones (voc), Samsara Gray (cla), Neil Jason (elb), Richie obsédant dans notre mémoire auditive. Claudia Solal (voc, comp), Benoît Avishai Cohen (tp), David Sanborn (as), Morales (dm). Hambourg, Onkel Pö’s Diabolique ! Paul Jaillet Delbecq (p, comp). Paris, PLushSpace/ Chris Potter (ts), Elena Pinderhughes Carnegie Hall, 2 juillet 1980. Bureau de Son, mars 2018. (fl), Christian McBride (b). Brooklyn David S. Ware (ts), Joe Morris (g), Recording Studio (N.Y.) & Strange William Parker (b) et Warren Smith Cargo Studio, Los Angeles. (dm). Toulouse, Théâtre Garonne, le 24 mai 2008.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 52 17/03/2020 19:31 Chaque mois Jazz Magazine s’invite chez LA SÉLECTION DES AMOUREUX DU SON Cobra et vous propose ses coups de cœur. KLIPSCH HERESY IV LINE-MAGNETIC-LM-211IA Le meilleur amplificateur à lampes de sa catégorie !

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 53 17/03/2020 19:31 NOUVEAUTÉS & RÉÉDITIONS

Tony Allen & Hugh Marc Benham Jean-Pierre Jon Boutellier Caravaggio Masekela Biotope Bertrand On Both Sides Of The Tempus Fugit Rejoice 1 CD SteepleChase/ Sodadisc Mosaïc Atlantic 1 CD Eole / Distrart 1 CD World Circuit / BMG ✪ ✪ ✪ ✪ 1 CD Black & Blue / Socadisc 1 CD Gaya / L’Autre Distribution ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. L’histoire est Nouveauté. La tradition Nouveauté. Jon-là Boutellier Nouveauté. Depuis 2004, du boogie woogie, cette Nouveauté. Cet album est le belle. Marc Benham entre en semble s’être fait une règle Bruno Chevillon, Eric fruit d’une longue histoire. contact avec John Hebert, manière particulière de jouer du vers de Verlaine, « De la Echampard, Benjamin de la Celle d’une rencontre, au et Eric McPherson, c’est- le blues, reste vivace dans musique avant toute chose ». Fuente et Samuel Sighicelli cœur des années 1970, à-dire rien moins que la notre pays. Celui-ci compte Et puisque nous sommes développent une discographie entre deux musiciens rythmique du grand Fred à l’heure actuelle plusieurs déjà en musique, mettons à la frontière du rock, légendaires, via l’afrobeat Hersch. Quelques jours pianistes spécialistes douceur et suavité. Voilà en du jazz et des musiques de Fela Kuti, dont Tony Allen plus tard, ils ont un jour de d’un genre qui connaît deux mots (insuffisants), le électroniques. Amoureux est l’incontournable batteur. libre. Marc Benham respire toujours la faveur du grand style de ce saxophoniste. de cinéma – ils signaient la Figure emblématique du jazz un grand coup : Et si on public aussi bien que des Et là, il ne s’agit que de bande originale de L’Amour sud-africain, le trompettiste enregistrait ? Hmm, oui, petit amateurs de jazz “classique”. sonorité, parce que si l’on est un crime parfait, réalisé Hugh Masekela est fasciné frenchie, mais montre-nous Parmi ces virtuoses, voulait parler généralité, on par les frères Larrieu, par ce groove aussi d’abord tes compositions. Jean-Pierre Bertrand pourrait ajouter éloquence, en 2014 – ils ont puisé énergique qu’irrésistible. Les Et voilà comment le pianiste est considéré comme vocabulaire et surtout swing, dans leurs films préférés deux musiciens envisagent s’est retrouvé au volant de l’un des meilleurs. Ses ce vieux machin toujours l’inspiration de ce nouvel alors d’enregistrer ensemble, la plus belle des Ferrari. Le nombreux enregistrements jeune. « Des deux côtés de opus qu’ils décrivent comme attestent, depuis 1989, affirme le titre. d’élaborer « une sorte résultat ? Ça roule, et même l’Atlantique » leur plus cinématographique. de sa technique, de son L’idée n’est pas neuve : la de cocktail de swing-jazz ça carbure ! La pression Le résultat est semblable à talent d’improvisateur et passerelle fonctionne depuis sud-africain et nigérian » de la situation (enregistrer un film sans images, sorte de comme le définira plus tard douze morceaux en un jour) de son sens du swing. cent ans. Ces deux côtés, on thriller qui serait lui-même sa Tony Allen. Le projet naît rejaillit sur la musique : Ce disque en fournit un peut les entendre figurés ici propre bande-son. La palette finalement en 2010, les une énergie irrépressible nouveau témoignage. Le par l’identité des musiciens sonore, enrichie de samples deux hommes se retrouvent innerve tous les morceaux titre évoquera, pour les originaires de part et d’autre qui ajoutent à l’immersion, en studio pour des sessions du disque, à commencer connaisseurs chevronnés, du vieil océan, mais aussi va des textures électroniques de libres échanges où par le vif et accrocheur le nom d’un label spécialisé par cette confluence des minimalistes jusqu’au rythmes et harmonies sont Pablo, composé par le Marc dans la réédition des “grands registres, flottant au gré hard-rock, au service d’une prétextes à de longues et Benham. Stimulé, poussé ancêtres” à l’écoute desquels de l’inspiration du moment dramaturgie travaillée de superbes improvisations dans ses retranchements, il Jean-Pierre Bertrand a dans une sorte d’entre-deux. mains de maîtres par quatre au bugle de Masekela. montre d’autres facettes que forgé son propre style. Ainsi La majorité des thèmes musiciens parfaitement Mais ce n’est qu’après la celles qu’on avait appréciées Albert Ammons, compositeur appartient au répertoire complémentaires. Car si disparition du trompettiste, et distinguées dans “Fats prolifique, dont est repris américain avec, en particulier, “Tempus Fugit” frappe par sa en 2018, que Tony Allen Food” (en solo) ou dans The Boogie Rocks. Des un 1974 Blues saccadé à puissance évocatrice, il met et le producteur Nick Gold “Gonam City” (avec Quentin compositions originales du souhait et un Blues On The aussi en valeur les grandes finaliseront le projet. Ils Ghomari). Par exemple dans leader et des standards Corner qu’on attribuerait qualités instrumentales de colorent la trame existante Year Of The Monkey, plein de signés George Gershwin, volontiers à Monk Coy Tyner ce quartette soudé par les Les Brown, Ray Bryant, W.C. – s’il existait. Pourtant, c’est de discrets overdubs à base sinuosités fascinantes, où il années d’expériences, auquel de claviers, de vibraphone se livre à une introspection Handy (le fameux Boogie Quiet Sides, signé du leader, se greffe avec beaucoup de et de percussions, et qui ne cache rien de ses Woogie On Saint Louis Blues), qui nous paraît justement le réussite le guitariste Serge invitent pour quelques doutes. Et dans un Moonlight autant d’éléments de cette plus (et le seul) original de Teyssot-Gay. Un disque-film interventions opportunes In Vermont, pris à un tempo mosaïque bigarrée. Elle est l’album. François-René Simon de référence pour ceux le brillant saxophoniste très lent, illuminé par les servie par un trio aussi soudé Jon Boutellier (ts), Jean-Paul qui aiment les expériences britannique Steve Williamson. balais d’Eric McPherson, il qu’expérimenté. Enzo Mucci Estievenart (tp), Kirk Lightsey sonores. Yazid Kouloughli (qui troque sa contrebasse (p), Alexander Claffy (b), Kyle Les structures rythmiques se montre à la hauteur des Benjamin de la Fuente (vln, deux Américains. Martial Solal pour la guitare dans In A Poole (dm) + Célia Kaméni perc, elec), Samuel Sighicelli tentaculaires de Tony Allen (voc). Meudon, décembre 2018. et la verve initiale de Hugh va être content : ce jeune Little Spanish Town) et Michel (org, cla, elec), Bruno Chevillon Masekela gardent néanmoins et fin pianiste dont il avait Denis se sont illustrés à (elb, b, elec), Eric Echampard (dm, perc, elec) + Serge toute leur spontanéité. fait l’éloge il y a quelques maintes reprises dans des années est en train de tenir contextes plus ou moins Teyssot-Gay (elg). Studio Inspiré, minimaliste et aérien, Besco, juin 2019. “Rejoice” s’apprécie avec ses promesses. Jean-François similaires. C’est dire leur émotion comme l’unique Mondot contribution à la réussite de témoignage d’une rencontre Marc Benham (p), John Hébert cet album revigorant. Jacques Aboucaya magique. Jean-Pierre Vidal (b), Eric McPherson (dm). Rueil- Malmaison, novembre 2018. Jean-Pierre Bertrand (p), Enzo Tony Allen (dm, voc), Hugh Mucci (b, g), Michel Denis (dm). Masekela (tp, bu, voc), + Tom Artdam, Longvic Studio, 19-20 Herbert, Mutale Chashi (b), septembre 2019. Steve Williamson (as), Joe Armon-Jones, Elliot Galvin (elp), Lewis Wright (vb), Lekan Babalola (perc). Londres, Livingston studios, 2010.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 54 17/03/2020 19:31 Gros plan Corbett vs. Dempsey Cinq nouvelles références dont quatre nouveautés pour ce label américain à la ligne éditoriale conséquente et aux étuis pimpants. Deux impliquent Mats Gustafsson, deux autres Joe McPhee, et le dernier ressuscite les premiers pas de l’improvisation libre.

Wendy Gondeln (vln, elec) et Mats Gustafsson (saxes, p, elec) signent avec “The Shithole Country & Boogie Band” un disque hors-normes résultant de plusieurs sessions réalisées en 2016-2017. Cette sculpture sonore à huit mains, du funky Crowdfunding en passant par un Jazz abstrakt 1.3 évoque l’ambiance vénéneuse et feutrée des œuvres de David Lynch. Guère sérieux, mais on s’amuse bien. Mats Gustaffson (fl, bs, elec) rejoint David Grubbs (g) et Rob Mazurek (tp, fl, elc, perc, voc) pour“The Underflow” enregistré à Athènes en mai 2019. L’électronique domine cet album aux tableaux alternativement lumineux et brouillés, réflexifs et exaltés, qui doivent autant à la musique concrète qu’au free jazz (écoles Sun Ra et George Lewis), jusque dans la répartition inhabituelle des sources sonores dans l’espace.

La palme du line-up le plus inattendu revient à “Largest Afternoon” [✪ ✪ ✪ ✪] (Chicago, février 2019) d’Arto Lindsay (g), Ken Vandermark (ts, bs, cl), Joe McPhee (as, ts, tp) et Phil Sudderberg (dm). Neuf de ces quinze improvisations engagent la guitare hérissée du guitariste brésilien dont les racines punk-rock remontent à la surface. Truffé de vifs échanges, cet album ravigote l’ouïe et pique l’intellection. Le mois précédent, Joe McPhee entrait en studio avec Fred Lonberg-Holm (cello, elec), pour “No Time Left For Sadness”, premier face à face pour les deux artistes déjà partenaires aux côtés Michael Zerang. La musique est acerbe, le violoncelle mis à rude épreuve par un jeu d’archet cherchant constamment le point de rupture, tandis que Joe McPhee tente d’apaiser l’humeur atrabilaire de son comparse, ou explore les aigus à la manière d’un Ivo Perelman. La beauté peut prendre bien des formes, et se trouve au cœur de ce dialogue sans concession, à réserver aux plus téméraires.

Seule réédition du lot, “New Acoustic Swing Duo” (I.C.P. 001) [✪ ✪ ✪ ✪] de Han Bennink (dm, perc) et Willem Breuker (ss, as, ts, cl, bcl) dont la sonorité abrasive n’a rien à envier à celle de Peter Brötzmann, est historique : c’est la première manifestation du label et collectif hollandais ICP (Instant Composers Pool, aux racines de l’euro-impro) fixée en 1967 et doublée d’un live inédit à Essen en Allemagne en juin 1968. Urgentes et ludiques, ces six improvisations, du titre d’ouverture dédié à John Tchicai à l’épique Gamut, avec Bennink aux tablas, voient le duo recourir à une multiplicité d’instruments, mais opter pour un équipement limité pour le live. On ne peut qu’imaginer l’étonnement du public face à cette radicalité, à une époque ou ni “Machine Gun” de Brötzmann (1968) ni le duo John Coltrane-Rashied Ali “Interstellar Space” (enregistré en 1967 mais publié en 1974) n’avaient encore frappé les esprits. David Cristol

Distribution Orkhêstra.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 55 17/03/2020 19:31 NOUVEAUTÉS & RÉÉDITIONS

Al Casey Avishai Cohen Ronnie Cuber David Jeff Davis Billy Butler Big Vicious Four Schollmeyer The Fastness Jackie Williams 1 CD ECM / Universal 1 CD SteepleChase / Socadisc Bill Evans On The 1 CD Fresh Sound New Talent / Guitar Odyssey ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. Le baryton n’est Distrijazz Organ Nouveauté. Natif de Greeley Avouons-le, en certes pas le saxophone le 1 CD Frémeaux & Associés / Nouveauté. plus “médiatique” mais il a 1 CD MDG Scene / Socadisc dans le Colorado, le batteur Socadisc découvrant les premières Nouveauté. Comment ?! Une Jeff Davis, qui a été l’élève vidéos de Big Vicious, son histoire dans le jazz, et ✪ ✪ ✪ ✪ ses hérauts : Serge Chaloff, bande inédite de Bill Evans du pianiste Art Lande et Réédition. La réunion, en on n’avait pas été plus jouant de l’orgue d’église ?! du cornettiste Ron Miles, a enthousiasmé que ça à la Gerry Mulligan, Pepper 1974, sous l’égide d’Hugues Adams, et à n’en pas douter C’est ce qu’on pense établi son camp de base à et Louis Panassié pour le perspective de ce nouveau d’emblée, en découvrant New York il y a près de vingt projet “rock” du trompettiste Ronnie Cuber, qui depuis filmL’Aventure du Jazz, soixante ans, quoiqu’un peu la pochette où la photo et ans. C’est dans ce creuset de deux grands guitaristes Avishai Cohen, l’associant à le nom du pianiste sautent musical qu’il a noué de deux guitaristes électriques dans l’ombre de ses illustres accompagnés par le batteur modèles, porte haut les aux yeux. Que nenni : “Bill solides amitiés jazzistiques. Jackie Williams prend (l’un doublant à la basse) Evans On The Organ” n’est “The Fastness” est son et deux batteurs pour un couleurs du baryton sur tous d’emblée un caractère les fronts. Jazz, latino, soul que le titre d’un album de troisième album publié sur d’évidence. Naturel, résultat qu’on craignait par David Schollmeyer, qui a eu le label catalan indépendant trop rentre-dedans. Autant ou rock : George Benson, décontraction, limpidité, Eddie Palmieri, le Mingus l’idée un rien baroque de New Talent. Pour ce projet inspiration et émulation, de réserves aussitôt balayées rejouer ainsi des originaux électroacoustique, il a réuni par ce premier album du Big Band, Lee Konitz, Aretha connivence, tout semble Franklin, , Steely du génial pianiste (Waltz For quatre véritables potes, aller de soi pour faire de groupe pour ECM. Car si Debby, Peace Piece, Very jamais à court d’idées, pour certains titres se nourrissent Dan ou encore Frank Zappa. cette session une réussite. À 77 ans, il retrouve avec Early...) ou des standards enregistrer un matériau La rencontre tenait pourtant en effet d’une énergie brute immortalisés par lui (On original inspiré par le venue du punk, de la new une évidente délectation la de la gageure : différence configuration instrumentale Green Dolphin Street, You classique de la littérature d’âge, influences et parcours wave ou de l’électro, on est Must Believe In Spring, My d’anticipation La main surtout frappé par la richesse qui lança définitivement sa contrastés, tout aurait pu carrière au sein du premier Foolish Heart...). Résultat ? gauche de la nuit, publié séparer les partenaires qui, des nuances, le sens de la Soixante-dix minutes d’ennui en 1969 par l’écrivaine dramaturgie et l’amour du quartette de George Benson. au demeurant, n’avaient Si “Four” ne brille pas par profond. Manque total, de américaine Ursula K. Le Guin jamais enregistré ensemble. détail dont témoigne une swing. (Mais ça, on pouvait (lecture recommandée), le production exemplaire (merci l’originalité de son répertoire Al Casey (1915-2005) a bâti uniquement composé de le craindre, et l’on était bouillonnant Tony Williams sa carrière et sa réputation Manfred Eicher !), faisant son prêt à en faire son deuil Lifetime, le groupe de rock miel du mariage de sonorités standards, ni par leur forme, sur des collaborations avec tenant plus de la jam session, d’emblée pour espérer autre alternatif anglais Radiohead Fats Waller, Louis Armstrong, acoustiques, électriques et chose, un peu de grandeur, et le pianiste contemporain électroniques. Dans cette c’est la musicalité des soli Billie Holiday, Coleman qui séduit et confère à de folie, d’invention...) Morton Feldman. Propulsé Hawkins et autres étoiles musique se développant de Manque de respect, aussi, par l’énergie générée par manière organique à partir cette date toute sa saveur. de première grandeur. Pour Ronnie Cuber y rivalise de aux compositeurs de ces le leader et soutenu par la sa part, Billy Butler (1924- de compositions souvent perles rares des song books structurante contrebasse collectives, la trompette virtuosité et d’inventivité, 1991) s’est fait connaître avec un souffle et un son à jazz : leur nom n’apparaît chantante du Norvégien auprès de vedettes de la officie à la manière d’un nulle part dans le livret, dont Eivind Opsvik, le claviériste chanteur, les autres membres rendre envieux nombre de soul et du rhythm’n’blues, ses contemporains. Mention les 28 pages sont pourtant Russ Lossing colore de Bill Doggett dont il fut du groupe s’attachant avant tartinées de liner notes généreusement l’espace. Les tout à créer un contexte, une spéciale pour Ed Cherry dont un sideman assidu, mais le phrasé n’est qu’élégance indigestes. Jouer avec autant solos de guitare de Jonathan aussi aux côtés de Dizzy atmosphère propice à son de lourdeur que de prétention Goldberger sont brûlants expression. Et au lieu de la et légèreté. Résolument Gillespie, Sonny Stitt ou ancré (un peu trop ?) dans ce répertoire jadis incarné et comme d’habitude Tony Dinah Washington. Quant au déflagration annoncée, c’est par un maître de l’harmonie Malaby est sinueux au finalement plutôt l’esprit la tradition,“Four” n’en benjamin du groupe, Jackie comblera pas moins les doublé d’un amoureux de soprano et robuste au ténor. Williams, il a collaboré aussi d’un spleen délicatement la belle mélodie confine Bel exemple de la vitalité mélancolique qui domine cet aficionados du baryton. bien avec Junior Mance Pierrick Favennec presque au ridicule. (B Minor du jazz actuel de la Grosse opus, à l’instar de la reprise Waltz ou l’intro de My Foolish qu’avec Dan Barrett ou Ronnie Cuber (bars), Ed Cherry Pomme. Paul Jaillet Howard Alden. Ce qui réunit de la célèbre Sonate Au Heart sonnent comme une de Beethoven, (g), Brian Charette (org), Adam Jeff Davis (dm, vib), Tony les protagonistes, ce sont les clair de lune Nussbaum (dm). Copenhague, mauvaise plaisanterie.) Ça Malaby (ts, ss) Jonathan fondamentaux, en particulier exercice périlleux dont le février 2018. ne se fait pas de balancer Goldberger (g), Russ Lossing quintette se tire avec les le blues et le swing. Al & des tomates dans une église, (p, cla, org), Eivind Opsvik (b). honneurs. Pascal Rozat Billy Blues en offre la parfaite mais pourtant... Frédéric Goaty Brooklyn, Systems Two Records illustration, de même que Avishai Cohen (tp, elec), Uzi David Schollmeyer (orgue Studios, 31 mai 2019. les standards constituant Ramirez (g), Jonatan Albalak beckerath). Bremerhaven, (elb, g), Aviv Cohen (dm), Ziv 23-25 septembre 2019. l’essentiel du corpus. Ravitz (dm, elec). Studios Jacques Aboucaya La Buissonne, Pernes-les- Al Casey (g), Billy Butler (g), Fontaines, septembre 2019. Jackie Williams (dm). New York, 11 et 12 juillet 1974.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 56 17/03/2020 19:31 NOUS AVONS AUSSI ÉCOUTÉ

Miles Davis Alabaster DePlume Music From And Inspired To Cy & Lee : by Miles Davis : Birth Of Instrumentals Vol. 1 The Cool 1 CD International 1 CD ou 1 LP Columbia Anthem Total Legacy / Sony Music Refreshment Centre / Compilation/inédit. Miles Lost Map Davis a enregistré il y a peu RÉVÉLATION ! avec Marcus Miller, Vince Nouveauté. International Wilburn, Jr., John Scofield Anthem, le label dont on et Lenny White un morceau parle en ville et qui monte, intitulé Hail To The Real Chief. qui monte, a le mérite de Fake news ? Non, séance donner leur chance à des post mortem du Prince artistes hors norme (Angel (revenu) des Ténèbres. Drôle Bat Dawid, Jeff Parker...). d’idée ? Oui. Résultat ? Plutôt « digne, presque funky, qui Quand on arrive à traduire aurait sans doute bien sonné des sentiments par la en 1986. Mais nous musique, c’est une libération live », dit Alabaster DePlume, sommes en 2020. Ceci posé, dont le patronyme est aussi rien que pour cet étrange singulier que sa musique, inédit, les milesophiles et sorte de jazz fragile, hésitant, autres milesolâtres ajouteront intimiste, comme hanté cette énième compile/ par un spleen contagieux, BO (celle du documentaire sombre et lumineux à la publié par la bonne maison fois, que souligne son Eagle Vision) de leur héros à jeu de saxophone jamais leur collection. #miles4ever, démonstratif, toujours comme on dit sur les réseaux en quête d’émotion. “To sociaux. Frédéric Goaty Cy & Lee : Instrumentals Vol. 1” traduit donc bien des sentiments, et on se demande déjà à quoi pourra bien ressembler le second volume. A suivre. Noadya Arnoux

Max Hartock Quartet Michaël Vigneron West Indies Nebula 1 CD La Nouvelle Musique 1 CD Hostel Records / Promised Land / Socadisc Wiseband RÉVÉLATION ! RÉVÉLATION ! Nouveauté. Premier album Nouveauté. Pour son pour ce déjà fort expérimenté premier album, le pianiste batteur parisien d’origine Michaël Vigneron décline martiniquaise qui mène de sur neuf morceaux aux main – et de baguettes... – titres célestes une invitation de maître un quartette au au voyage à l’image de sa sein duquel le saxophoniste pochette colorée et onirique. Virgile Lefèbvre tire son Et si le thème de la berceuse épingle du jeu sans tirer et du retour à l’enfance est la couverture à lui. “West au cœur de “Nebula”, le trio Indies” est un recueil de sait aussi conjurer des étoiles jazz moderne subtilement une chaleureuse énergie que teinté d’influences caraïbes, Benjamin Clément (basse) et et dont la qualité principale, Simon Prudhomme (batterie) outre un joli son d’ensemble, canalisent toujours avec réside dans le soin apporté justesse et sobriété. Une au songwriting, ce mot belle surprise. Yazid Kouloughli anglais que l’on emploie ici volontairement pour signifier les qualités chantantes des compositions, toutes de la plume de Max Hartock. Recommandé. Julien Ferté

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comme on peut s’y attendre, chez Sergueï Prokofiev dans le monde entier, des aussi bien été mis en valeur par un respect de la tradition (March From Ten Pieces plus vénérables (La Mer, sur disque. Flirter léger avec qui peine encore à laisser For Piano) et le sensible Petite fleur, Les Feuilles chanson-jazz sans tomber s’épanouir entièrement hommage à Philip Glass mortes...) aux plus récents dans l’ornière du crouneur une personnalité pourtant (Piano Etude n°16) que ceux (Get Lucky de Daft Punk). djaze en charentaises n’est indiscutable. L’entrée en rendus trop classiquement à Pour l’occasion, notre (déjà) pas si facile, et “Frenchy”, demi-teinte, aux effluves Roland Hanna et John Lewis. ex-rédacteur en chef invité enregistré par l’un des parfois ravéliennes, évoque Vincent Cotro s’est entouré d’un quartette meilleurs ingénieurs du son Aaron Diehl une maîtrise du toucher, du Aaron Diehl (p), Paul Sikivie de pointures habituées à du monde (Jay Newland), The Vagabond silence et de la polyphonie (b), Gregory Hutchinson (d). accompagner avec le même est une grande réussite, qui combineraient celles New York, Sear Sound Studios, talent les meilleurs solistes auréolée par la présence de 1 CD Mack Avenue / Pias de John Lewis et de Fred 4-6 février 2019. et vocalistes de la planète guest stars de renom. Nos Nouveauté. Accompagnateur, Hersch (Polaris, Lamia). jazz (ou soul, ou pop...). préférées ? Diana Krall et avec son trio, de Cécile Magnanimous Disguise A ses côtés, le toujours Iggy Pop dans C’est si bon, McLorin-Salvant entre 2014 étonne et désoriente, par remarquable Rocky Gresset la guitare de Billy Gibbons et 2018, Aaron Diehl publie sa matière ductile et les ajoute l’indispensable touche de ZZ Top dans La vie en son cinquième album, qui incessants changements swing manouche, tandis rose et la délicieuse Stacey fait suite à “Space, Time, de direction pris par un trio qu’Eric Legnini déroule Kent dans Un homme et une Continuum”. Gregory entièrement soudé. La pièce son phrasé sensuel et son femme. Noadya Arnoux Hutchinson remplace le éponyme, bref bijou de timing sans faille (écoutez Thomas Dutronc (voc, elg), batteur Lawrence Leathers, lyrisme contenu, partage dès leurs entrechats dans Plus Rocky Gresset (elg), Eric disparu en juin dernier. Le l’entrée sa mélodie et son Thomas Dutronc je t’embrasse, chanson qui Legnini (p, elp), Thomas raffinement et la magnifique beau parcours harmonique Frenchy fait chaud au cœur en ces Bramerie (b), Denis Benarrosh précision technique du (dm) + Stéphane Belmondo avec le contrechant improvisé 1 CD Blue Note / Universal temps où les bisous sont jeu de Diehl, virtuose actif par Paul Sikivie. Mais le prohibés, saleté de virus). (tp), Michel Portal (bandonéon), également dans l’univers ✪ ✪ ✪ ✪ Jérôme Ciosi (acc), Marc registre de la nostalgie Thomas Dutronc lui-même Berthoummieux (acc), Billy classique, rappellent qu’il a s’englue hélas dans la Nouveauté. “Frenchy”, c’est est un modèle de retenue, travaillé avec Kenny Barron et Gibbons (voc, elg), Iggy Pop, lenteur extrême de Treasure’s d’abord une très bonne et jamais, sans doute, son Diana Krall, Youn Sun Nah, . L’ancien protégé Past. De la dernière partie idée, celle de reprendre phrasé et son timbre hérités Stacey Kent, Haley Reinhardt, et membre du septette de de l’album, on retient plutôt des standards made in de Jacques D. et sa douceur Jeff Goldblum (voc). Wynton Marsalis est animé, l’énergie roborative puisée France connus et appréciés héritée de Françoise H. n’ont

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 58 17/03/2020 19:31 The Don Elliott Eran Har Even & Bob Corwin World Citizen Quartet 1 CD Challenge Records / Distrart The Don Elliott & Bob RÉVÉLATION ! Corwin Quartet Nouveauté. John 1 CD Fresh Sound Records / Abercrombie, Pat Metheny, Socadisc John Scofield, Mike Stern, ✪ ✪ ✪ ✪ : le rayonnement Nouveauté. Jordi Pujol, le influentiel de cette quinte fondateur de Fresh Sound, majeure de la guitare jazz a le flair pour nous faire est toujours aussi fort. On redécouvrir des musiciens peut y ajouter les noms oubliés. C’est encore le cas de Marc Ducret, Kurt avec ce CD qui regroupe “The Rosenwinkel, Ben Monder, Bob Corwin Quartet Featuring Oz Noy, The Of Don Elliott” ou Julian Lage (liste non (Riverside) et “Don Elliott exhaustive), mais force At The Modern Jazz Room” est de constater que pour (ABC Paramount), deux diverses raisons, leur nom albums de 1956 enregistrés n’occupe pas (encore) une par un quartette qui fut place aussi décisive dans considéré à l’époque comme la psyché collective (ce qui la réponse de la Côte Est à évidemment n’enlève rien à celui de Chet Baker et Russ leurs talents respectifs). Eran Freeman. Si Bob Corwin est Har Even est un guitariste un pianiste qui ne manquait israélien très actif sur la pas de qualités, c’est Don scène jazz néerlandaise. Elliott qui était le plus original Son nom sera-t-il un jour SA BIOGRAPHIE OFFICIELLE PRÉSENTÉE à maints égards. Il fut un cité parmi les stylistes pionnier du re-recording (il importants des années eut même son propre studio 2020 ? On lui souhaite, car AUX FESTIVALS DE SUNDANCE ET DEAUVILLE à New York) et du human outre ses qualités de soliste beat box, technique reprise fluide et inspiré, passant plus près de nous par les MC avec élégance à travers hip-hop. Il était aussi multi- les mailles tissées par les instrumentiste, jouait de la cinq guitar heroes cités trompette, du mellophone plus haut – tout juste nous (sorte de cor d’harmonie), semblerait-il avoir entraperçu mais aussi du vibraphone et l’ombre bienveillante des percussions. Miles Davis, d’Abercrombie et, dans ces Bill Evans ou Paul Desmond entrelacs guitare/piano, ne s’y trompèrent pas en celle de l’insécable duo l’invitant à certaines de leurs Metheny/Mays –, il prouve sessions. On retrouve son avec ce premier album style original à la trompette sous son nom sa volonté dont il adoucissait souvent de dessiner les contours le son en lui mettant une de sa propre esthétique, embouchure de mellophone, de cultiver un vrai son de ce qui lui permettait d’allier groupe, où l’électronique a dans son jeu la délicatesse à sa place, active, où les voix DISPONIBLE DÈS LE 10 AVRIL 2020 la fougue. Ainsi, cet orchestre samplées font sens (celles de EN BLU-RAY, DVD & DIGITAL sonne merveilleusement west Severn Cullis-Suzuki et Neil coast sans en être vraiment. deGrasse Tyson). Julien Ferté Philippe Vincent Eran Har Even (elg), Xavi Torres Également en version limitée digibook (p), Haggai Cohen Milo (b), Don Elliott (tp, vb, voc), Bob Ivars Arutyunyan (dm) + Anton avec livret 16 pages et un DVD BONUS Corwin (p), Ernie Furtado (b), Jakimenko (cl, bcl), Soledad Jim Campbell (dm). New York, Brondino (basson), Milo Maestri de 7 titres fi lmés au festival de Montreux juin 1956 et Chicago, juillet (cor). Wedgeview Studios, 1956. février 2019.

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Frédéric Favarel Jasper Høiby Ludivine Jazz Libre du Lee Konitz Nonet Trio Planet B Issambourg Québec Old Songs New Fred & (New) Friends 1 CD Edition Records / UVM Outlaws Anthologie 1971 / 1974 1 CD Sunnyside Records / 1 CD We See Music Records / ✪ ✪ ✪ ✪ 1 CD Heavenly Sweetness / L’Autre 4 CD Tour de Bras / Souffle Socadisc Nouveauté. C’est le Konitz Socadisc Nouveauté. En marge Distribution Continu / Metamkine ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ de la fin. D’une fin qui n’en de son trio Phronesis, le Nouveauté. Au début des finit pas. Où les moyens Nouveauté. Après “Jazz contrebassiste danois Jasper Nouveauté. Remarquée à années 1970, le changement s’amenuisent mais où l’esprit Pop”, un album électrique Høiby propose avec “Planet juste titre pour son groupe- de formes parcourait la reste vif. Où la vivacité résolument tourné vers B” un premier album solo, projet Antiloops, Ludivine planète rebelle. C’était le du bop tristanien s’est le rock et la pop, Frédéric manifeste d’une œuvre qu’il Issambourg a décidé, pour temps des radicalités et, progressivement diluée dans Favarel a décidé de revenir à souhaite développer sur son troisième album, de au Québec, celui du jazz l’intensité d’une pensée une formule plus acoustique les cinq années à venir. En rendre hommage à l’un étroitement mêlé à l’action mélodique qui prend son afin d’explorer à sa façon compagnie de l’intrépide de ses maîtres, l’immense politique. Fondé en 1967 temps. Peut-être s’y montre- la dimension orchestrale saxophoniste Josh Arcoleo – d’où le par quatre musiciens t-il plus ferme, en termes des trios de piano jazz et du talentueux batteur titre en clin d’œil. La jeune désireux de révolution, le de timbre et de phrasé, que et, plus particulièrement, français Marc Michel, il et talentueuse flûtiste Jazz Libre du Québec ne dans ses récents duos avec l’héritage de Bill Evans, ambitionne de réveiller les a ainsi abandonné – jouait pas dans des clubs Dan Tepfer où il se livrait maître incontesté en la consciences sur le devenir de temporairement ? – l’electro mais partout où l’on pouvait à une sorte de mise à nu, matière. Entouré de deux l’humanité, sous l’angle de déchaînée qui a fait sa agir avec des spectateurs comme le Voltaire sculpté compagnons au diapason l’inéluctable déliquescence réputation pour un jazz- dès lors qu’on les munissait par Jean-Baptiste Pigalle. à la rythmique et d’une de notre planète. Le trio tente funk soyeux dans la grande d’instruments, dans des Ohad Talmor, avec qui il pianiste invitée sur quelques de traduire et de réimaginer tradition des années 1970, campings ou des auberges collabore depuis vingt-cinq titres, le guitariste alterne en musique des thématiques avec un son inspiré par de jeunesse. Le désordre ans, le rhabille de lignes standards et compositions aussi essentielles que le les fameuses productions savant des jazzlibristes inspirées de l’art konitzien originales pour proposer changement climatique, CTI. Pour l’occasion, elle fut repéré par Robert orchestrées pour ensemble une vision personnelle qui l’écologie ou encore a remanié son équipe Charlebois. L’admirateur de de chambre. L’altiste s’y marie à merveille tradition l’intelligence artificielle. Pour en s’entourant à la fois Frank Zappa en avait fait pose comme bon lui semble, et modernité. Sophistiqué, renforcer l’impact de cette de solides vétérans (Éric ses Mères de l’Invention exposant sur l’ mais toujours sensible, le démarche, Høiby injecte dans Legnini, impérial au Fender pour enregistrer “Lindberg” puis intervenant ici et jeu limpide du guitariste sa musique des extraits de Rhodes comme à la direction avec Louise Forestier. Leur là sur la trame continue séduit par sa fluidité et sa discours, d’entrevues de musicale, et Stéphane musique suivait des chemins des développements. Le vivacité, conservant toujours penseurs et de philosophes Huchard, d’une assise royale) tellement sinueux, cherchant recours à des standards une grande clarté, même qui s’intègrent avec fluidité et de représentants de la l’opportunité d’une révolte rares voire absents de son dans ses traits rapides. aux méandres harmoniques nouvelle garde (Laurent créatrice, qu’elle n’était pas œuvre enregistrée magnifie Surtout, on apprécie sa du trio. Pour autant, “Planet Coulondre, formidable à miscible dans le free jazz ce tramage de l’inouï et science harmonique très B” n’est pas seulement la l’orgue et au clavinet, et afro-américain. Cent neuf du déjà entendu qui fait développée, d’autant qu’elle bande-son de ces narrations. Julien Herné, félin à la basse rubans audio ont récemment la grandeur de ce célèbre est servie par des complices Bien au contraire, les brillants électrique). Le résultat est à été publiés, accompagnés “interprète” des standards. en écoute permanente. Sous échanges et improvisations la hauteur des ambitions de d’un copieux livret qui Si le pari orchestral une forme en apparence instrumentales de ces trois Ludivine Issambourg, avec s’ouvre sur les mots de inspire le “concertiste”, le classique, Frédéric Favarel musiciens en interaction des pièces ciselées sur une Patrick Straram, authentique langage d’Ohad Talmor, réussit en outre à injecter de permanente offrent une rythmique de velours, des situationniste et amoureux aux langueurs parfois délicates saveurs modernes matière sonore lyrique à thèmes mélodieux et des de jazz, quand celui-ci dignes du Moondreams qui donnent à l’ensemble la tonalité mélancolique, chorus inspirés. Un ensemble décrit une « pyrotechnie de Gil Evans, peut agacer, une touche tout à fait porteuse d’une intense posé et soigné, presque sage instrumentale ». Une dizaine avec une rythmique dont la actuelle, sans aucune dérive beauté illustrant la nature quand on le compare aux de forum-concerts sont tâche de faire swinguer ces “savante” ou “intellectuelle”, brute et fondamentale des envolées sauvages et au jeu rendus aux oreilles curieuses orchestrations semble vécue même dans les passages sujets abordés. Profondément out d’Antiloops. Mais avec de jazz musicopolitique comme une vaine servitude. épurés. Un disque qui révèle onirique, ce jazz libre et son groove omniprésent, ses et d’un passé que l’on Franck Bergerot toute sa beauté au fil des crépusculaire, souvent éthéré arrangements sophistiqués voudrait présent. « Avant et parfois impétueux nous Lee Konitz (as), Ohad Talmor écoutes, mais aussi une belle et son côté sucré, “Outllaws” d’être musicien, je suis (arr, dir, ts), Caroline Davis (fl, prouesse qui prouve que interpelle. Sa beauté sans dégage une indéniable révolutionnaire. Au lieu afl), Christof Knoche (cl), Denis l’on peut conjuguer passé fard, comme l’originalité du sensation de bien-être. d’avoir une mitraillette, Lee (bcl), Judith Insell (alto et présent tout en regardant concept est une invitation Le disque de la maturité ? j’ai une trompette ». Ces vln), Mariel Roberts, Dimos l’avenir. Félix Marciano intimiste à la réflexion Félix Marciano mots du musicien d’Yves Goudaroulis (cello), Christopher Tordini (b), George Schuller Frédéric Favarel (elg), Nicolas collective. Jean-Pierre Vidal Ludivine Issambourg (fl), Éric Charbonneau, il y a jolie (dm). Brooklyn, Big Orange Moreaux (b), Gautier Garrigue Jasper Høiby (b, elec), Josh Legnini (dir, elp), Laurent lurette qu’on ne les entend Sheep Studio, 21 et 22 octobre (dm) + Carine Bonnefoy (p). Arcoleo (ts, as), Marc Michel Coulondre (org, cla), Julien plus. Guy Darol 2017. Studio Libretto, 21-23 février (dm). Copenhague, Tornado Herné (elb), Stéphane Huchard Personnels détaillés dans le 2019. Studios, 2019. (dm) + Christophe Chassol livret. Québec libre, 10 mars (elp). Studio Onetwopassit, avril 1971 - 9 février 1974. 2019.

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Danzas est le disque issu de la passion 13 mélodies du chef d'oeuvre de Schubert Dans leur deuxième album, consacré du Cuareim Quartet pour les musiques s'envolent dans l’univers onirique entièrement à Gustavo Beytelmann, le traditionnelles et de ce qu'elles ont de la chanteuse Noëmi Waysfeld et Quinteto Respiro célèbre le tango dans toutes en commun, la danse. du pianiste Guillaume de Chassy. ses grandes largeurs spatio-temporelles.

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9 / 25 JUILLET

Christophe Frank Minion Marguet Complete Recordings Happy Hours 1954-1959 1 CD Mélodie en sous-sol / L’Autre 1 CD Fresh Sound Records / Distribution Socadisc ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. Tous les Réédition. Frank Minion, musiciens et les amateurs le chanteur-parolier modelé savent : Christophe Marguet par le bop et versé dans le est l’un des batteurs les style vocalese mais aussi plus fins que l’on puisse à l’aise dans les genres entendre sur la scène jazz. populaires de son temps, a On le connaît moins comme gravé en tout et pour tout compositeur. Faisons le deux 78-tours et deux LP pari qu’avec cet album plus que voici regroupés dans personne ne pourra ignorer un mystère tenace. Car ce cette facette de son talent. vocaliste au métier précoce, “Happy Hours” se présente qui exerça sa diction dans un comme un hommage à cours de théâtre new-yorkais, tout ce qui inspire la joie semble s’être éclipsé après et la beauté. L’enfance, la 1960. Un chercheur s’en peinture, la photographie, soucie-t-il ? Rien de moins et bien sûr la musique avec sûr. Après avoir adroitement trois hommages (Paul Motian, bopisé deux standards chez Don Cherry, Eddy Louiss) Apollo avec la formation de qui sont les sommets du Lou Bennett, il met sa voix disque, avec la composition de ténor tirant sur le baryton qui lui donne son titre, Happy au service d’un R&B théâtral Hours. Les compositions de ou comico-social chez Vik, Christophe Marguet révèlent ainsi How Much Land (Does une identité sonore marquée : A Man Need). Son premier lisibilité mélodique, vivacité, album sur le label Bethlehem, allégresse. Elles sont servies “The Forward Sound”, où par une rythmique en état de l’entourent Jimmy Jones, grâce associant à Christophe Kenny Burrell ou Ed Thigpen, 2o Marguet la contrebassiste le voit alterner les phrasés Hélène Labarrière (admirable sobres et expansifs, répartir notamment dans L’enfant les effets d’accélération, 20 éveillé) et le pianiste Julien passer du scat au vocalese Touéry. Tous trois créent un et d’un phrasé de crooner ANS tapis roulant enchanté qui à une parodie pop. La pièce propulse Yoann Loustalot vers maîtresse est toutefois “The les étoiles. Le trompettiste- Soft Land Of Make Believe”, bugliste, qui semble gagner dominée par une suite quasi en profondeur et en densité mingusienne où le chanteur- MARSEILLE JAZZ à chaque album, se fait narrateur décrit le cruel entendre dans un registre bouillon de culture urbain où DES CINQ CONTINENTS plus incisif que d’habitude. mijote le jazz (Black Opium Julien Touéry, son complice Street). Frank Minion y a pour www.marseillejazz.com de “Slow”, son disque partenaires Roland Alexander, précédent, révèle au piano Tommy Flanagan ou Dannie / Licence n° 2 1024 997 / Licence n° 3 145 696 / Licence 997 n° 2 1024 / Licence Piquet • Laurent Traquandi Gérard des vagues d’un lyrisme Richmond. Et pour All Blues irrésistible en particulier sur et So What, il est servi par Mémoire vive. “Happy Hours”, les “davisiens” Bill Evans, décidément, le titre ne ment Paul Chambers et Jimmy pas. Jean-François Mondot Cobb. Pourquoi tout arrêter Christophe Marguet (dm), ensuite ? Philippe Bas-Rabérin Hélène Labarrière (b), Julien Personnel détaillé dans le livret. Touéry (p), Yoann Loustalot (tp, New York, 1954-1958. bu). Rochefort-sur-mer, octobre 2019.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 62 17/03/2020 19:31 John Abercrombie, dont de Hüttengriffe), “Angular est à présent un musicien respire, pleine d’espaces et l’influence se fait sentir Blues” suscite l’adhésion. accompli, développant de résonances, l’autre plus ici où là (Camino). Mais à Ludovic Florin une musique sensible et haletante, le tout construit l’écoute de son débit de Wolfgang Muthspiel (g, elg), fine, grâce notamment aux à partir de matériaux croches en up tempo sur Scott Colley (b), Brian Blade fidèles Marco Müller et Cyril parfois très élaborés (les Ride, on se dit que Wolfgang (dm). Tokyo, Studio Dede, août Regamey depuis 2007. A la vingt-cinq temps de Twenty Muthspiel connaît bien 2018. première écoute, on se dit Five Ghosts). L’ensemble l’histoire de son instrument d’abord que les musiciens est traversé par un certain Wolfgang et qu’il a dû aussi écouter ont intégré le meilleur des sentiment de mélancolie, Muthspiel Tal Farlow. Fort de toutes trios contemporains et qui porte à la méditation. ses sources d’inspiration, il retenu les leçons de Marc Ludovic Florin Angular Blues s’est forgé une personnalité Copland, Brad Mehldau, The Marc Perrenoud (p), Marco 1 CD ECM / Universal bien trempée, qui explique Bad Plus, E.S.T., etc. Puis Müller (b), Cyril Regamey (dm). ✪ ✪ ✪ ✪ la présence de deux on réécoute, en premier lieu Paris, Studio de Meudon, 28-30 novembre 2019. Nouveauté. Après deux rythmiciens aussi importants parce que la musique est tout disques très remarqués que Scott Colley et Brian Marc Perrenoud simplement remarquable. en quintette, le guitariste Blade. Et c’est sans doute On commence alors à mieux autrichien revient au trio sur l’élaboré Kanon In 6/8 Trio percevoir la spécificité du pour son quatrième album que leur contemporanéité Morphée trio, et la singularité du chez ECM. Une formule déjà s’exprime le mieux, en 1 CD NeuKlang / Pias pianiste en particulier. Il explorée sur “Driftwood” s’appuyant pourtant sur ✪ ✪ ✪ ✪ règne dans cette musique en 2014 et dont le label un procédé musical déjà imaginée pendant les nuits allemand avait contribué à ancien. Innervé par une Nouveauté. Que de chemin de l’étouffant été 2019 une redéfinir l’esthétique dans les esthétique de la sobriété parcouru par ce trio depuis belle poésie, y compris sur années 1970 avec “Bright intense et un positionnement 2009, lorsqu’était chroniqué tempo enlevé, chose somme Size Life” de Pat Metheny historique flottant (voir par “Logo” ! (Jazz Magazine toute assez rare. Musique ou encore “Gateway” de exemple le “folk-médiéval” n° 600.) Marc Perrenoud à deux faces, l’une qui

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 63 17/03/2020 19:31 NOUVEAUTÉS & RÉÉDITIONS

Jure Pukl Markus Reuter Broken Circles Truce 1 CD Whirlwind Recordings / 1 CD Moonjune / Moonjune.com Bertus Nouveauté. Grand spécialiste A 42 ans, ce Nouveauté. de la touch guitar – saxophoniste slovène ancien technique consistant à jouer élève de Joe Lovano (un de la guitare avec les deux maître) et de George Garzone mains sur le manche, en (une référence) signe son frappant les cordes au lieu de quatrième album pour les pincer –, Markus Reuter Jazz mais pas que Whirlwind Recordings, label n’est pas un “pur” jazzman. À anglais indépendant basé l’instar de nombreux artistes à Londres qui continue de du label Moonjune, ce Un roi, un King faire honneur à la production musicien atypique joue hors phonographique “physique”. des sentiers battus, évoluant “I’m New Here”, l’ultime album du grand Gil Scott-Heron Les onze thèmes – tous dans le vaste univers de des originaux – de “Broken réédité et revisité par Makaya McCraven dix ans après la progressive music, aux sa parution. Le retour du chanteur et guitariste Marcus Circles” n’ont rien de confins du rock expérimental King avec “El Dorado”. Le passé, le présent et le futur se spécialement mémorable, et du contemporain, dans la mais si l’on apprécie ce lignée de King Crimson – il confondent, mais on ne se retrouve pas forcément là où disque, c’est avant tout grâce on croyait... a d’ailleurs participé à Stick au son d’ensemble, aux Men et au Crimson ProjeKCt, arrangements inventifs et, deux formations comprenant Confession : quand en 2010 paru “I’m New Here”, un an avant que surtout, à l’excellence des la mort ne rattrape Gil Scott-Heron, je n’avais pas aimé ce disque. des membres du groupe solistes. Et principalement mythique. Un héritage Le son d’ensemble m’avait déplu, et la voix fatiguée de ce poète, deux d’entre eux : le fluide activiste, chanteur et compositeur qu’il est impossible de ne pas aimer esthétique qui transparaît et subtil guitariste Charles clairement dans “Truce”, passionnément m’avait destabilisé, sans doute plus que de raison. Altura, déjà fort apprécié aux Et puis seize ans plus tôt, il y avait eu le magnifique “Spirits”, qui enregistré avec deux autres côtés de Chick Corea (entre musiciens tout-terrain – dont curieusement avait reçu moins d’échos favorables qu’“I’m New Here”. autres), et le vibraphoniste Mais le temps passe, qui peut faire sonner autrement la musique, l’excellent batteur Asaf Sirkis, soulful Joel Ross, dont on qui apporte une touche jazz même celle fixée sur disque. Aujourd’hui, la version originale “I’md attend avec impatience le New Here” (XL Recordings) [CHOC] n’est pas loin de me bouleverser. avec son jeu libre et raffiné. second opus sur Blue Note. Mais si les compositions La force minimaliste des arrangements Leur (trop ?) irréprochable électroniques de Richard Russell (me) semble de Markus Reuter laissent leader n’est certes pas en une place certaine à bien plus profonde et juste qu’en 2010. Et reste, mais ce sont bien il y a des trésors parmi les dix bonus tracks l’improvisation, on est très eux qui apportent le fameux loin des traditionnelles du second CD de cette “10th Anniversary “supplément d’âme” qui Edition” : ces relectures de Winter In America et alternances thème-chorus fait sortir de l’anonymat les sur des grilles balisées. Home Is Where The Hatred Is (Gil Scott-Heron innombrables recueils de seul face à son piano), Jazz (Interlude), cette L’ambiance est austère post-bop post-modernes et sombre, l’Allemand déclaration d’amour à la musique de son cœur, d’élèves studieux qui My Cloud, réalisé avec le producteur Malcolm privilégiant les formes continuent de fleurir dans les dures, les atmosphères Cecil. Effet collatéral ? “We’re New Again : bacs, et que “Broken Circles” A Reimagining By Makaya McCraven” (XL énigmatiques et les textures aurait pu rejoindre sans leur impressionnistes aux lignes Recordings), paru en même temps que la version dixième anniversaire, présence décisive. PS : l’intro me semble moins captivant, privé de sa troublante nudité originale, claires et mélodieuses, son MERCI D’ÉCRIRE EN LETTRES MAJUSCULES de Kids est très amusante. jeu déchiré et son langage paré de nouveaux arrangements certes subtils et riches, mais un rien Julien Ferté superfétatoires, et qui n’apportent en tout cas rien de décisif. Ai-je abstrait évoquant à la fois encore tout faux ? Changerai-je d’avis en 2030 ? Allez savoir... Jure Purkl (ts, ss, bcl), Charles les recherches extrêmes de Altura (elg), Joel Ross (vib), Robert Fripp – le “maître” Matt Brewer (b), Kweku Sumbry Nom Aux alentours des années 2130, les historiens de la musique se (dm, perc). New York, Samurai de King Crimson – et les réalisations évanescentes demanderont sans doute si “El Dorado” [✪ ✪ ✪ ✪] de Marcus Recording Studio, 10 mai 2019. Prénom King était vraiment un disque de blues-rock mâtiné de soul paru en de David Torn. Une musique 2020. Car ce jeune chanteur et guitariste qui fait se déplacer des bouillonnante, parfois Adresse foules toujours plus grandes en manque d’authenticité musicale est incandescente, mais emblématique de cette génération qui donne l’impression d’avoir zappé dérangeante et exigeante, à les années 1980, 1990 et 2000 pour faire comme si tout était à rebâtir réserver à des oreilles très en partant de 1974. Pour autant, ses chansons bien construites, sa voix averties. Félix Marciano Code Postal presque androgyne et ses soli de guitare gorgés de feeling emportent Markus Reuter (g, elec), Fabio Téléphone l’adhésion, sans qu’on subisse cette odeur persistante de naphtaline Trentini (elb), Asaf Sirkis (dm). qui émane si souvent des disques enregistrés “à l’ancienne”, avec Tarragone, La Casa Murada, Email des vrais musiciens dedans. Chapeau (qu’il porte d’ailleurs fièrement). 15 mai 2019. Frédéric Goaty Date de naissance

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 64 17/03/2020 19:31 Catalogue Jazz 2020.indd 1 Chaque mois, l’histoire et l’actualité de tous les jazz ! OFFRE EXCEPTIONNELLE – STOCK LIMITÉ ABONNEZ-VOUS !

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048-069_JazzMag726_Disques.inddCatalogue Jazz 2020.indd 1 65 17/03/202017/03/2020 19:3110:17 PUB:pub herbin 14/03/20 11:40 Page1 Space Time Records présente NOUVEAUTÉS & RÉÉDITIONS

Mátyás Szandai Claude Quartet Tchamitchian Sadahana Poetic Power 1 CD BMC / UVM 1 CD Émouvance / Socadisc ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. Outre Nouveauté. Après une l’expérience accumulée par exploration du continent Mátyás Szandai au fil de Mémoire (“Traces”) et les ses collaborations, d’Archie trois suites orchestrales de Shepp à Chris Potter, cet “Need Eden” qui parcouraient album est le fruit d’un travail en tentette les forêts de sur l’écriture, l’improvisation la métaphysique, Claude le 24 Avril à 20h30 BAL BLOMET et la répartition des rôles qui Tchamitchian invite de s’est épanoui lors d’une série nouveau au voyage en réservations : 01 40 26 46 60 de concerts donnés par une suivant cette fois les pistes petite galaxie de musiciens du sensible, celles qui https://www.billetweb.fr/baptiste-herbin sous la halle de “Musique au empruntent les ondulations Comptoir” à Fontenay-sous- du rêve pour décrire en www.sunset-sunside.com Bois, ainsi qu’au Sunside musique et de façon www.fnacspectacles.com en 2016-2017. On y vit improvisée ces visages sa contrebasse succéder du réel que sont l’eau et Baptiste Herbin est tombé sous les charmes à celle de Mauro Gargano le vent, les collines et leur au sein d’orchestres à manteau d’arbres. Une du Brésil et nous livre un album remarquable géométries variables dont baguenaude onirique qui ont déjà témoigné l’album appelle « les mille sens » imprégné de bossa nova, de choro, ou de frevo. “Ants” du trio ainsi nommé que l’écrivain Joseph Delteil partenaires de la soirée (avec Mauro Gargano) et avait naguère dénombré au “Double Portrait” du Fabrice lieu des cinq que la science Moreau Quintet (avec Mátyás attribue à nos capacités de Szandai). C’est au tour du perception. La poétique du contrebassiste hongrois contrebassiste sollicite en de prendre l’initiative. premier lieu l’acuité auditive Préfaçant son album par au moyen des sons du jazz un sextuor de cordes et qui sont les créateurs de bois titré Le Frontalier, il mille (au moins) sensations réagence le puzzle de son internes et autant d’images. identité transfrontalière, En dix pièces liquides ou des métriques impaires minérales, végétales comme d’Europe Centrale, auxquelles des effleurements d’écorces il ne voudrait pas se laisser et de feuilles, et dans réduire, aux vertiges lesquelles soufflent des alizés gnawas de Dig In The Mud, de cymbales et de cuivres, revendiquant les influences tandis que l’on baigne sous implicites de Wayne Shorter un rideau de cordes drues, (l’original Nine Pines) ou le trio recompose un monde explicites de Warne Marsh foisonnant d’événements (reprise de Background tactiles, de sentiers pour Music). Il en résulte des l’imagination qui consent partitions orchestrales d’où à L’Envolée Belle et aux l’improvisation s’échappe caresses de l’ombre comme les lignes de fuite (Shadow’s breath). L’agilité d’un tableau invitent à de Tom Rainey, l’expressive voir s’animer son sujet faconde de Christophe et ses arrière-plans par- Monniot, la pulse aventurière delà la surface de la toile. de Tchamitchian définissent Franck Bergerot une ode au sensible pleine Ricardo Izquierdo (sax alto), de toutes ces nuances qui Darryl Hall, le gentleman du swing (Le Monde) Nelson Veras (elg), Mátyás mobilisent l’attention à Szandai (b), Fabrice Moreau d’autres couleurs, à d’autres (dm). Budapest, BMC Studio, vibrations. Guy Darol 14-16 juillet 2018. Orchestre Claude Tchamitchian (b), www.spacetimerecords.com de chambre. Lausanne, BCV Christophe Monniot (as), Tom distribué en France par Concert Hall, 1er février 2018. Rainey (dm). Pernes-les-Fontaines, Studios La Buissonne, 2019.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 66 17/03/2020 19:31 Will Vinson Christian Four Forty One Wallumrød 1 CD Whirlwind Recordings / Ensemble Bertus Many Nouveauté. “Four Forty One” est un disque en 5.1. Rien à ✪ ✪ ✪ ✪ voir avec le système surround 1 CD Hubro / Outhere de votre home cinema, le Nouveauté. Révélé chez ECM, “1” personnifiant Will Vinson, avec six albums enregistrés GRÉGORY honorable sinon follement de 1996 à 2012, Christian original saxophoniste alto Wallumrød développe une PRIVAT anglais installé à New York œuvre paradoxale dont les depuis la fin des années capacités de renouvellement NOUVEL ALBUM 1990, et le “5” le nombre résultent d’une fidélité de pianistes avec lesquels farouche à elle-même et dont il a choisi d’enregistrer, l’originalité repose sur l’art SOLEY faisant de son septième du “déjà vu”. Cette continuité recueil personnel une sorte tient à la batterie de Per de quintuple album, ou plus Oddvar Johansen depuis deux précisément une suite de décennies, à une couleur cinq mini albums d’une orchestrale où la trompette quinzaines de minutes d’Eivind Lønning succéda à chacun, soit près de soixante- celle d’Arve Henriksen après quinze minutes au total, ce 2006 et où le saxophone qui est long, très long, trop d’Espen Reinertsen long. On est impressionné constitue, depuis 2012, par sa complicité active avec une constante auprès des tous ces brillants solistes, cordes frottées. Combinés mais il faut bien avouer aux dérèglements atonaux, qu’on ne sait pas trop par les accents liturgiques hors quelle porte entrer, et surtout d’âge de l’harmonium, les dans quel espace sonore ritournelles aux atmosphères s’attarder. On aurait préféré miserere et les harmonies que Will Vinson nous raconte pré-baroques évoquent une seule histoire à la fois, Morton Feldman ou le John voire deux – celles avec Cage du quatuor à cordes de CONCERT DE SORTIE Sullivan Fortner et Gonzalo 1936. À quoi s’ajoute l’usage Rubalcaba par exemple –, car de l’électronique auquel les E E A V R I L si formellement son post-bop cinq instrumentistes ont moderne est d’un goût très désormais recours, selon un NEW MORNING (trop ?) sûr, aucun thème usage comme fondu dans n’accroche l’oreille, problème l’acoustique de l’ensemble, récurrent dans nombre de mais extraordinairement ..... LE MUR DU SON | LA CHAUXXDEEFOND CHH disques actuels. Frédéric Goaty insidieux. Avec une nette ..... APPALOOSA | LE FRANÇOIS MQ Q Will Vinson (as) avec, selon les accentuation du côté plages, Sullivan Fortner, Tigran minimaliste, dans les ..... L E M OOD S | ZURICH CHH Hamasyan, Gerald Clayton, Fred deux sens – miniaturiste ..... J A Z Z C L U B | LUSTENAU AT T Hersch, Gonzalo Rubalcaba (p), et répétitif – qui peut Matt Brewer, Matt Penman, virer au spectral, par la ..... TACHKENT UZ Z Matt Brewer, Rick Rosato, Larry Grenadier (b), Obed Calvaire, superposition de couches ..... JAZZ CLUB ESSE | M OS C OW R U U Billy Hart, Clarence Penn, et de boucles aux vitesses Jochen Rueckert, Eric Harland distinctes et variables, ...... JAZZJ CLUB ESSE | M OS C OW R U U (dm). Mount Vernon, Oktaven soumises à d’infimes ..... NEW MORNING | PA R I S F R R Audio, 15 et 16 octobre 2017, glissandos. Fascinant, mais 16 septembre, 3 avril et 25 les inconditionnels du jazz ..... BONDS ROSARY | K YOTO J P P octobre 2018 ; Avatar, New hot et du bop passeront leur York, 31 janvier 2015...... MISTER KELLY’S | OS A K A J P P chemin. Franck Bergerot Christian Wallumrød (p, ..... INRYOJI TEMPLE | OKAYAMA JP P harmonium, elec), Eivind ..... COTTON CLUB | TOK YO J P P Lønning (tp, elec), Espen Einertsen (saxes, flageolet, elec), Rove Törngren Brun (cello, elec), Per Oddvar WWW.GREGORYPRIVAT.COM Johansen (dm, vib, elec). Août 2019.

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 67 17/03/2020 19:31 NOUS AVONS AUSSI ÉCOUTÉ Présente

enZO CArnIeL HOUse OF eCHO

WAL Ls DOWn sortie prévue le 3 avril 2020 Lynne Arriale Trio Jason Miles Kind Chimes Of Freedom Of New 1 CD Challenge Records / Black Magic Distrart 1 CD Ropeadope / Nouveauté. Vingt-cinq L’Autre Distribution ans de carrière pour Nouveauté. Sorcier des cette pianiste américaine, claviers et orfèvre des EnZo CaRnIEl qui signe son deuxième studios, Jason Miles a R H o DES fIEl D - album pour Challenge collaboré avec les plus tExtS Records. En trio, comme grands, de Miles Davis MaRC antoInE PERRIo WallS souvent, avec Jasper D ESIgn à en DoW n Somsen à la contrebasse passant par Marcus Miller SIMon taIllEu DoublE b a SS (comme dans “Give Us et Chaka Khan. Cet album These Days”, en 2018) et, reflète son amour du jazz aRIEl tESSIER pour la première fois, le électrique soft, mélodique . StonES toujours remarquable et et surtout funky. Et puissamment swinguant comme il est impossible E.J. Strickland à la d’oublier son plus célèbre batterie. Toucher subtil, boss, Miles, il rejoue raffinement harmonique, Jean-Pierre, et laisse il n’y a rien à reprocher sa superbe rythmique – à Lynne Arriale, malgré Reggie Washington à la une esthétique globale basse, Gene Lake à la est un peu lisse, un rien batterie – s’épancher sur embourgeoisée. En fin le milesdavissien Street de CD, la chanteuse Vibe. Julien Ferté KJ Denhert, invitée sur deux titres, nous fait furieusement songer à Joni Mitchell. Noadya Arnoux Véritable ovni du jazz hexagonal, enzo Carniel et House of echo imaginent une musique venue d’un monde qui n’existe pas encore... teintée d’ambient, d’électronique et de sons purs de la nature, la force Jay Migliori And Jeremy Pelt de ce jazz d’anticipation pourrait Dick Twardzik The Art Of Intimacy, Jazz Workshop Vol. 1 faire tomber tous les murs — visibles et Quintet 1 CD HighNote Records / 1 CD Fresh Sound Socadisc invisibles — qui nous entourent. Records / Socadisc ✪ ✪ ✪ ✪ Inédit. Elle est si mince, la discographie Nouveauté. Jeremy du légendaire pianiste Pelt à la trompette, le Richard “Dick” Twardzik grand George Cables au (mort à Paris à cause piano, Peter Washington d’une surdose d’héroïne à la contrebasse : ces à l’âge de 24 ans), trois élégantissimes qu’on imagine que stylistes s’entendent ses admirateurs ne à faire perdurer tout manqueront pas de ce qu’on aime dans le jeter une oreille à cette jazz, et principalement broadcast – en français, l’art de la conversation un enregistrement intimiste, dont les thèmes radio – de mai 1954. principaux, c’est selon, Le son, quoique tout à sont ici des standards fait correct, n’est pas inoxydables (Little Girl des plus hi-fi, mais ce Blue, I’ll Never Stop Loving bebop aux saveurs west You, mais aussi Ebony coast emmené par Jay Moonbeams de Cables), Migliori, connu pour des raretés choisies ses collaborations avec, (While You Are Gone de entre autres, Miles Davis, Lucky Thompson) ou des en COnCert : Supersax, Frank Zappa originaux grand style et les Beach Boys vaut (Love Is Simple de Pelt). le 17 avril au Café de la Danse, Paris largement le détour. On attend déjà le second “For connoisseurs only”, volume. Étienne Dorsay comme on dit au pays du jazz. Bonus : un livret savant. Étienne Dorsay

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048-069_JazzMag726_Disques.indd 68 17/03/2020 19:32 20 24 MAI 2020

Moses Boyd Becca Stevens Dark Matter Wonderbloom 1 CD / 2 LP Exodus 1 CD Groundup Music / The / Bandcamp Orchard RÉVÉLATION ! ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. Si c’est d’abord Nouveauté. Entendue comme batteur qu’il se récemment dans “Finding fait connaître auprès de la Gabriel”, le dernier projet jazz du monde chanteuse Zara MacFarlane tangentiel de Brad Mehldau, et surtout en duo avec le et ces dernières années aux saxophoniste Binker Golding, côtés d’Ambrose Akinmusire, Moses Boyd signe un premier Snkarky Puppy, album qui fait la part belle ou David Crosby, cette à ses talents de producteur chanteuse-musicienne et d’arrangeur : un collage sembler peiner – du moins qui mêle afrobeat, grime, en France – à se faire un jazz électrique et chill out, nom au-delà du cercle des servi par un aréopage initiés. C’est rageant. Car d’instrumentistes issu ce nouvel opus a tout pour de la scène londonienne plaire aux amateurs de jazz (Joe Armon Jones, Theon qui trouvent leur bonheur Cross, Artie Zaitz, Michael dans la pop funky sensuelle et Underwood…). A la baguette sophistiquée. Becca Stevens comme aux baguettes donc, est une auteure-compositrice le britannique est décidément de premier plan, dont les à surveiller de près. fréquentations – Michael Yazid Kouloughli League, Laura Perrudin, Jacob Collier, Cory Wong, Jason Lindner et Bobby Sparks jouent sur ce disque – reflètent le haut niveau de musicalité. Frédéric Goaty

Sarah Lancman Eric Alexander Parisienne With Strings Quintet 1 CD Jazz Eleven / 1 CD High Note Records L’Autre Distribution / Socadisc > Sarah McKENZIE ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ ✪ Nouveauté. Dotée d’un Nouveauté. Sur Gently, > BIG BAND BRASS timbre de voix qui ne superbe ballade, les s’oublie pas et riche d’un premières notes de ténor Feat Ben l’ONCLE SOUL phrasé d’authentique jazz chaleureux sont soutenues vocalist, Sarah Lancman par les cordes soyeuses de écrit et compose ses David Rivello. Saxophoniste > Jean-Luc PONTY propres chansons, passant mainstream incontournable et Clara PONTY Quartet tout naturellement de la des labels indépendants Criss langue de Molière à celle de Cross, Venus et High Note, Shakespeare, tout de force Eric Alexander revient avec > KOKOROKO s’il en est. Accompagnée un album de haute tenue, Quartet par Giovanni Mirabassi magnifiquement soutenu par (piano), Laurent Vernerey ses habituels compagnons > Eric BIBB (contrebasse) et Stéphane et un orchestre de chambre LUC Huchard (batterie), auxquels subtil, sans surcharges > Lucky PETERSON /Sylvain se joignent au gré des invasives. Six titres, 37 BELMONDO chansons Pierrick Pédron (sax minutes… Trop court ? Pas Stéphane alto) et Marc Berthoumieux sûr, juste la durée idéale >

(accordéon), elle signe un qui vous laisse cette petite Cadène - Affiche Bernard 40 21 79 68 poche ] 06 de [ Studio Design album très attachant, joliment étincelle de lucidité vous habité par la mémoire des permettant de savourer les > ANTIBALAS grands mélodistes d’ici – arrangements à leur juste Respect to Aretha (Franklin) Michel Legrand semble être valeur. Pierrick Favennec une influence majeure. Et quand elle reprend Parce Que d’Aznavour et L’hymne à l’amour de Piaf, elle se les approprie avec une rare élégance. Recommandé. Noadya Arnoux www.jazzencomminges.com

jazzencomminges2020-JAZZmagazine 92x252-v1.indd 1 JAZZ MAGAZINE - N° 726 - AVRIL 2020 >>>04/03/2020I 69 18:02

048-069_JazzMag726_Disques.indd 69 17/03/2020 19:32 PHOTO : JAKE ARMOUR (SONY MUSIC) PHOTO

The Rainbow Children et One Nite Alone de Prince réédités le 17 avril...

La vie continue sur muziq.fr Le site qui aime les mêmes musiques que vous

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>>> SONNY ROLLINS

L e 30 septembre prochain, Theodore Walter “Sonny” Rollins fêtera ses 90 printemps. Avec quelques mois d’avance, Jazz Ma- gazine a puisé dans ses archives pour rendre hommage en images à ce géant dont on ne se lassera ja- mais d’écouter les disques – car il y a hélas peu de chances pour qu’on puisse le revoir un jour se produire sur scène, lui qui l’a désertée il y a déjà plusieurs années.

#livinglegend #sonnyrollins4ever #saxophonecolossus #giantofthetenor PHOTO : X/DR (ARCHIVES JAZZ MAGAZINE)

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SONNY ROLLINS PHOTO : GIUSEPPE PINO

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070-075 JazzMag726 En images Rollins.indd 73 17/03/2020 19:41 En images

SONNY ROLLINS PHOTO : X/DR (ARCHIVES JAZZ MAGAZINE) PHOTO : JOHN ABBOTT

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19h

20h

Chaque soir un moment unique avec des invités, des titres inédits, des sessions live… Entre grands standards et artistes émergents, le meilleur du jazz a son adresse : le club Jazzaip

ip.fr

FIP_JazzMag_220x285.indd076-084_JazzMag726_Concerts.indd 1 76 09/08/201917/03/2020 11:4519:50 >>> FESTIVALS • CLUBS • CONCERTS • RADIO • INTERNET • TÉLÉVISION

Agenda réalisé par Franck Bergerot et développé en partenariat avec Paris Jazz Club (parisjazzclub.net) lesNOUVEAU Tous les détails (renseignementsconcerts sur les artistes, lieux, tarifs, réservations, etc.) concernant chacun des lieux de concert adhérents de Paris Jazz Club (Paris et Ile de France) sont consultables sur parisjazzclub.net (également accessible à partir de jazzmagazine.com). D’ici 2021, Jazz Magazine étendra aux autres régions ce dispositif mis en place par notre partenaire l’association Paris Jazz Club.

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MESSAGE DE LA RÉDACTION

Suite à la fermeture des lieux publics pour lutter contre la propagation du virus Covid 19, tous les concerts sont annulés jusqu’au 15 avril inclus. Nous ne publions dont dans les pages qui suivent que les dates ultérieures. Néanmoins, au regard des incertitudes quant PHOTO : THOMAS DORN à la longévité de l’épidémie en cours, Aldo Romano nous recommandons BATTEUR RENAISSANCE à nos lecteurs de Samedi 4 avril s’assurer du maintien 20h30 des concerts annoncés Les Lilas, Le Triton dans ces pages. « Merci aux Pour cette soirée dédiée à la sortie de mon nouvel album, explique Aldo programmateurs de Romano sur le site du Triton, j’ai repris des thèmes dans un esprit très nous signaler le plus contemporain avec quelques-uns de mes plus chers compagnons. clairement possible Le vécu partagé depuis plusieurs années permet d’affiner les harmonies, » Ainsi, le premier les annulations et les palettes sonores et l’écoute, toujours plus fine ! set mettra en lumière Henri Texier, « reports dans leurs contrebasse faite homme, » plannings de mai-juin, partenaire de tant d’aventures autour du monde, l’Afrique, l’Asie... Et pour aller toujours plus loin dans la notion, dans l’idée de partage, indépendamment des la « » Géraldine Laurent sera au saxophone. Lors programmes qui nous toujours aussi brillante du second set, on pourra entendre Enrico Rava, son « frère d’âme de sont déjà parvenus et toujours », Baptiste Trotignon au piano (« superlatif ! ») et Darryl Hall à que nous avons déjà la contrebasse, qui apportera « ». Autant de saisis. sa rondeur et sa vélocité musiciens – ainsi que Michel Benita, Glenn Ferris, Yoann Loustalot, Mauro Negri et Jasper van’t Hof – que l’on retrouvera dans le nouvel album du batteur, “Reborn”, qu’il sera possible de se procurer sur place.

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09/08/2019 11:45 076-084_JazzMag726_Concerts.indd 77 17/03/2020 19:50 FESTIVAL >>> PARIS >>>

DÉTOURS DE BABEL, Thierry Ollé / Sébastien Beliah / Joe JEUDI 16 Jazz Café MERCREDI 22 Grenoble métropole, Le 17 Gead Mulheran & Grip / Antonin Gerbal) 38 Riv Voir au 2 Montparnasse Les 38 Riv Jab Quartet jusqu’au 19 avril Co + Dominique Rieux Le 25 Donkey Monkey L'Apostrophe Rooftop Rapetous Baiser Salé Mario (musiques-nomades.fr) Le 18 Philippe Laudet (Eve Risser / Yuko Barbershop Le Laurier Olinka Canonge & Michel Jazz et musiques 7tet Oshima), Musæum Baiser Salé Nora Kamm Mitroshina Trio Zenino, Jeanne Michard du monde avec entre Clausum (Louis Laurain Café Laurent Christian Petite Halle Paris 4tet autres : Brenner & Blaise Kinshasa Express BAIN DE BLUES, / Sébastien Beliah Bal Blomet Protest And Le 16 (Meylan) Erik Bain-de-Bretagne, Chevallier Petit Journal St-Michel Gospel Songs Truffaz & Chœur les 24 et 25 avril / Hannes Lingens), Caveau de la Huchette André Villéger 4tet Café Laurent Laurent Émelthée “La Voce (baindeblues.fr) Brique (Bianca Ianuzzi Patricia Bonner Sunset Urban Groove Maur / Christian Brenner Della Luna” Le 24 Mô’ti Teï, Flying / Eve Risser / Lux Ex / Caveau des Oubliettes Unit / Jean-Pierre Rebillard Le 18 (Grenoble) Saucers Gumbo Francesco Pastacaldi) Concert et Jam de Daniel Sunside Yonathan Caveau de la Huchette Gnawa Diffusion invite Special, Gemma Gassin Avishai Trio Voir au 20 Souad Asla and the Travellers, JAZZ Ô CHÂTEAU, Cinéma Le Balzac Caveau des Oubliettes Le 19 (Grenoble) The Mississippi Juke Saint-Quay-Portrieux “Hommage à Ray DIMANCHE 19 Concert et Jam “soul François Raullin Ambassadors, Kirs et environ, du 21 avril Charles” avec Eric Legnini 38 Riv Duo : Ramona Funk” avec Stefan Filey Barras Band au 3 mai (jazzochateau. / Jeff Ballard + film “Ray” Horvath & Nicolas Rageau Duc des Lombards Le 25 Trio Iku, Solar fr de Taylor Hackford L'Apostrophe Samuel Hussam Aliwat JAZZ OR JAZZ, Project, The Limboos, Le 21 (Binic) Dock In Deux Magots Larry Lerner Faitout Voir au 1er Orléans, du 14 au 18 Chantal Ruel & Sweet Browne Trio Jam Absolute Baiser Salé Gay Lussac Jazz Café avril (jazzorjazz.fr) Emma Band, Aki Kumar Duc des Lombards Dan “Hommage à Anne Marie Voir au 1er Le 16 Nosax Noclar, West Coast Rhythm and Le 23 Cinéma Roméo Nzié” Grand Comptoir Joëlle Léandre Tentet, Bues Revue, Blue Cat “Amazing Grace” avec Jazz Café Caveau de la Huchette d'Anvers Fabien Mary Cheick Tidiane Seck Bones, Back Door men Aretha Franklin Montparnasse Mourad Jean Paul Amouroux / Guillaume Naud / “Tribute to Randy Le 24 (Guingamp) Four Benhammou Jazzworkers Caveau des Oubliettes Stéphane Chandelier Weston + Archie FESTIVAL UMLAUT, on Six Petite Halle Chip Concert et jam blues avec Jazz Café Shepp Paris (Lavoir Moderne), Le 30 Stomp Stop, Wickham Amar Sundy Montparnasse Sinne Le 17 Nefertiti 4tet, les 24 et 25 avril Hurluberlu, CC Petit Journal St-Michel Paul et Rimbaud Ellesjazz Eeg 4tet Brad Mehldau Trio (umlautrecords.com) Workshop Jelly Bump Sunside Sunset Jam New Morning David (Larry Grenadier / Jeff Le 24 Peeping Tom Sunset Noëmi Saint- blues avec Big Dez Linx 6tet Ballard) (Pierre-Antoine LES CARIBÉENNES Aime Péniche Le Marcounet Le 18 Tremplin Jazz, Badaroux / Joel Grip / DE MAI, Paris, du Sunside Pierre De LUNDI 20 Fleurs Rebelles Brug 4tet, Line Kruse Antoni Gerbal), Griffure Bethmann Invite... Concert + Jam Petit Journal St-Michel 25 avril au 10 juin 38 Riv 6tet + cordes, Kassav (Amaryllis Billet / Taverne de Cluny Baiser Salé Jam Tjb Orchestra Leonore Grollemund), (lebaisersale.com) Opus 4 “spéciale chansons Studio de l'Ermitage TERRE DE JAZZ Spellling the Alphabet- Programme détaillé Tsuba Hotel Laurent françaises” Marie Mifsud Poucharramet, Ornette Coleman au Baiser salé dans la Marode Café Laurent Robin Sunside Louis Matute du 15 au 19 avril Songbook (Louis rubrique Paris de notre Mansanti & Dexter 4tet, François Bourassa (lamaisondelaterre.fr) Laurain / Pierre-Antoine agenda. VENDREDI 17 Goldberg 4tet, Samuel Lercher Trio Le 15 Nicolas Gardel & Badaroux / Pierre Borel 38 Riv Dmitry Noskov Caveau de la Huchette avec Lou Tavano Jazz Quartet+ jam Dany Doriz + Sax Gordon L'Apostrophe Voir au 3 & Jeff Hoffman JEUDI 23 Baiser Salé Alexis Valet Duc des Lombards 38 Riv Voir au 2 Trio Connie Han Trio L'Apostrophe Trio Café de la Danse Enzo Jazz Café Manetti / Reinhardt / Carniel House of Echo Montparnasse Marx Caserus 5tet Sisters Atelier du Plateau La Café Laurent Café New Morning Ishkero Vague Laurent 4tet + Stéphane Pan Piper Foehn Trio Baiser Salé Sylvain Beuf ÉTÉ 2020 Mercier Sunside Hommage à Power Trio Café Universel Noneme Bill Evans + jam Café Laurent Christian Festivals et stages Jazz Trio Brenner / Bruno Schorp / Caveau de la Huchette MARDI 21 Pier Paolo Pozzi Panama Swing 38 Riv Voir au 7 Café Universel Tina Et Caveau des Oubliettes Au Port du Salut Olinka Enéas Blues Mitroshina Caveau de la Huchette Duc des Lombards Dan Baiser Salé Magic Malik Voir au 20 VOUS VOULEZ Roméo 5tet Caveau des Oubliettes Jazz Café Café Laurent Marion Concert et Jam avec Montparnasse Jan Chrétien & Daniel Gassin Thomas Racine FIGURER Harbeck 4tet Caveau de la Huchette Deux Magots Gabrielle Péniche Le Marcounet Voir au 20 Sandman Trio Brasileirinho & invité Duc des Lombards Génie sous les Étoiles DANS NOTRE Petit Journal St-Michel Connie Han Trio Lionel Boccara invite Alain Valverde Trio Jazz Café Kicca & The Soul Mate Studio de l'Ermitage Montparnasse Kicca Jazz Café PROCHAIN Louis Winsberg Mairie du XVIIIe Montparnasse Eric Sunset Joel Frahm Trio Conférence “Les Femmes Luter French Project Sunside Cecile Verny et le jazz” par Clotilde New Morning Delvon GUIDE DES 4tet, Yonathan Avishai Trio Rullaud & Alexandre Lamarr Organ Trio Saada Péniche Le Marcounet SAMEDI 18 New Morning Grégory Meajam 38 Riv Shems Bendali Privat Trio Petite Halle Papatef FESTIVALS ? 5tet, Vicente & Marianna Péniche Le Marcounet Petit Journal St-Michel + jam Peaks Didier Desbois Swingbox Envoyez-nous dès maintenant L'Apostrophe Clover Trio Petit Journal St-Michel Studio de l'Ermitage Baiser Salé Stéphane Crocodiles Dandies Jean-louis Matinier & vos programmes ! Manga 4tet + Denise Pop-Up du Label Kevin Seddiki King Stéphane Chandelier Sunset Mario Bakuna Café Laurent Café invite Fabien Mary & Sunside Atacama FESTIVALS Laurent 4tet + Stéphane Guillaume Naud Taverne de Cluny Kamlo Mercier Studio de l'Ermitage No & Simba Baumgartner [email protected] Café Universel Vezzoso Tongues Tsuba Hotel Fady Farah & Collina Sunset Yaala Ballin & Caveau de la Huchette Stefan Melovski Trio VENDREDI 24 STAGES Panama Swing Sunside Pierre-yves 38 Riv Alexis Valet Organ [email protected] Caveau des Oubliettes Plat, Laurent Katz 5tet 4tet , jam Blues L'Apostrophe Voir au 3 Duc des Lombards Dan Atelier du Plateau Roméo Contrebasses

78 I<<< MARS 2020 - N° 725 - JAZZ MAGAZINE

076-084_JazzMag726_Concerts.indd 78 17/03/2020 19:50 Bal Blomet Sunset Sonny Rollins Faitout Voir au 1er Hors Les Murs : Baptiste Gay Lussac Jazz Café Herbin LUNDI 27 Voir au 1er Café Laurent Christian 38 Riv Concert + jam Grand Comptoir Brenner / Jean-Pierre Baiser Salé Jam d'Anvers Voir au 1er Rebillard / Pier Paolo “Spéciale Tania Maria” Jazz Café Pozzi Café Laurent Chloé Montparnasse Pierre Café Universel Iris Alter Cailleton & Leïla Olivesi Christophe 4tet Chaque mois, l’histoire et Caveau de la Huchette Caveau de la Huchette Machine du Moulin Ellen Birath & Shadow Voir au 26 Rouge Guillaume Perret l’actualité de tous les jazz ! Cats Jazz Café Nouveau Casino Caveau des Oubliettes Montparnasse Alissa Alexandre Saada Groov'bones Wenz et Invités Péniche Le Marcounet Duc des Lombards New Morning Camille Michael Felberbaum Trio Denise King & Tony Beratault Petite Halle Samba Match Trio Mairie du XVIIIe Atelier Touré Jazz Café “Comment jouer le jazz !” Petit Journal St-Michel Montparnasse James avec Arnault Cuisinier Bénédicte Lecroart 4tet Brown Tribute Show yy et ses élèves, concert La Scala Paul Lay Allan Adote “Charlie Parker” avec Sunside Maher Beauroy Lavoir Moderne Parisien Jean-Charles Richard voir notre rubrique / Juliette Renard / JEUDI 30 festivals Benjamin Moussay / 38 Riv Voir au 2 Mairie du XVIIIe Arrnault Cuisinier / Joe Baiser Salé Tom Olivier- Conférence “Jazz et Quitzke Beuf 4tet cinéma” par Yvan Amar & Pan Piper Ellinoa Bal Blomet Jean-Luc Mario Canonge Sunside Hommage à Lee Oboman Fillon & Aquarela Petit Journal St-Michel Morgan + jam Trio High Society Jazz Band Café Laurent Laurent Sunset Jeremy Pelt MARDI 28 Fradelizi & Emilie Calvez Quintet 38 Riv Voir au 7 Café Universel Kristina Au Port du Salut Olinka Ray 4tet SAMEDI 25 Mitroshina Caveau de la Huchette 38 Riv Speleo, Bernard Baiser Salé Lucile Pablo Campos Trio Fines 4tet + Jam Chriqui, Liv Monaghan Caveau des Oubliettes L'Apostrophe William Café Laurent Bianca Benjamin Petit Brunard Invite Angelo Gallice & Thomas Deux Magots La Clouee Debarre Duvigneau Duc des Lombards Voir Baiser Salé Eddy Caveau de la Huchette au 29 Rabeson Group Voir au 26 Génie sous les Étoiles Bal Blomet Isabelle Cinéma Le Balzac Saraha Miette Georges 20ème anniversaire Jazz Café Café Laurent Le Quartet de Jaleo avec Louis Montparnasse Nirek invite Aldo Farias Winsberg et ses invités Mokar & His Boogie Café Universel Yves + film “Musica” de Louis Messengers Roux Winsberg Catherine Pello- Le Laurier Olinka Caveau de la Huchette Guerrier Mitroshina Trio Voir au 24 Duc des Lombards Eran Péniche Le Marcounet Duc des Lombards Voir Har Even Lionel Patrix 4tet au 24 Jazz Café Petit Journal St-Michel Jazz Café Montparnasse Larry San Francisco Jazz Band Montparnasse Browne Sunset Martin Cazals 4te Rock'n'roll Night Mairie du XVIIIe Sunside Michaël Lavoir Moderne Parisien Conférence dansée Vigneron voir notre rubrique “Quand la danse se Taverne de Cluny Jim festivals joue du jazz” avec Grandcamp & Yoann Maison de la Radio Claude Sorin, Vanessa Kempst Steve Coleman Five Leprince et les élèves du Elements, Antoine Pierre conservatoire Urbex 5tet New Morning Laurent Péniche Le Marcounet Bardainne & Tigre d’eau Dino Massa douce Petit Journal St-Michel Petite Halle Martha High Southern Stompers & The Italian Royal Family Shinjuku Pigalle Tullia Petit Journal St-Michel Morand 4tet Three Blind Mice Studio de l'Ermitage Pop-Up du Label Akalé Wubé Chandelier invite Frédéric Sunset Jeremy Pelt 5tet Perréard & Marcus Retrouvez chaque mois Sunside Broadway Studio de l'Ermitage Ensemble Youpi 4tet Sunset Aliénor 5tet l’édition digitale de votre DIMANCHE 26 L'Apostrophe Samuel MERCREDI 29 magazine sur votre Lerner 38 Riv Yamas Baiser Salé Jam avec Baiser Salé Mario Caloé (péciale Grégory Canonge & Michel smartphone, votre ordinateur Porter) Zenino, Hugo Corbin Caveau de la Huchette Bal Blomet “Night Bus” ou votre tablette. Boogie Phil and the Swing Café Laurent Hélène Devils Makki & Rémy Caveau des Oubliettes Decormeille Concert et jam blues avec Caveau de la Huchette Jeff Hoffman Voir au 26 JAZZ MAGAZINE Péniche Le Marcounet Caveau des Oubliettes Phil Bonin & Phi Rubio, Concert et jam “soul Dora Tan funk” avec Tom Ibarra Reid Hall Conférence Duc des Lombards Duke & Monk David Tixier & Lada Sunside Hommage à Obradovic

JAZZ MAGAZINE - N° 726 - AVRIL 2020 >>>I 79

076-084_JazzMag726_Concerts.indd 79 17/03/2020 19:50 ILE DE FRANCE >>>

BAGNEUX, Théâtre Victor Le 22 Thibault Florent + Hugo Think Big! MER 22 AVR  20H30_14€ I 10€ I 8€ LUN 27 AVR I 20H30_14€ I 10€ I 8€ Le 21 Airelle Besson & Le 24 Joce Mienniel Lionel Suarez, Sophie Electro-Fooding Party THIBAULT FLORENT CLÉMENT JANINET Alour Exils Le 27 Clément Janinet / SO-LO-LO#3 : BASA-BASI LA LITANIE DES CIMES Élodie Pasquier / Bruno I FRANCE CRÉATION I FRANCE CRÉATION BOISSY-LE-CUTTÉ, Au Ducret, Ikui Doki trio + Basa-basi ? Amabilités, palabres Une musique très ouverte, une écriture Sud du Nord Sofia Jernberg et petits échanges du quotidien en délicate régulièrement secouée Le 24 Yacine Malek Trio langue indonésienne. Un nouveau d’énergie free ardente et de vastes SAINT-CLOUD, ECLA répertoire, délicat et ensorcelant. paysages imaginaires. BOULOGNE Le 25 Avec notamment le BILLANCOURT, Carré Petit Bal de Luxe de Louis + THINK BIG! + IKUI DOKI invite Belle Feuille Winsberg I FRANCE, ÉTATS UNIS INÉDIT SOFIA JERNBERG Le 28 Aurore Voilqué Trio Un trio inédit aux allures + Angelo Debarre SAINT-DENIS, Jazz Club de manifeste libertaire. « SUZANNE UN JOUR » / Théâtre Gérard Philippe I FRANCE, SUÈDE BRETIGNY-SUR-ORGE, (saint-denisjazz.fr) Fruit de la rencontre entre le trio Théâtre (theatre-bretigny.fr) Le 27 Théo Ceccaldi VEN 24 AVR I 20H30 et la chanteuse, une exploration des Les 24 et 25 Sacre du “Django” (Valentin CONCERT DEBOUT DANS LA NEF liens intimes entre jazz contemporain Tympan “Cartoons” Ceccaldi / Guillaume + REPAS_TARIF UNIQUE 26€ et musique de la Renaissance Aknine) JOCE MIENNIEL (Monteverdi, Cipriano da Rore, BRIE COMTE ROBERT, Eustache du Corroy…). Fabrique SAINT-GERMAIN-EN- LA GRANDE TABLE Le 24 Bloom LAYE, Cazaudehore ÉLECTRO-FOODING- Le 24 Three Blind Mice I FRANCE BURES-SUR-YVETTE, Vs Guillaume Nouaux Trio PARTY Centre culturel Marcel Le 30 Wonderful Un « concert gastronomique » Pagnol Gershwin qui associe en direct composition Le 24 Franck Tortiller culinaire et musicale. “Shut Up’n Sing Yer TOUSSON, La Tête de Zappa” Trains Le 18 Scam Time 4tet PASS DYNAMO I 4 CONCERTS POUR 20 € OU 24 € CHALO SAINT MARS, Le 25 Bordelophone Chalo saint Mars 20€ : - de 18 ans, étudiants, demandeurs d’emploi, RSA I 24€ : TP Le 26 For Travellers Only VERRIÈRES-LE- BUISSON, Espace banlieuesbleues.org CHATENAY MALABRY, Bernard Mantienne 01 49 22 10 10 Conservatoire Le 16 Pee Bee Le 23 Pee Bee

CHEVILLY-LA-RUE, Maison Léo Ferré Le 24 Collectif Paris Swing

CONFLANS- 1576_LADYNAMO_20_AP_96x126mm_JAZZMAG_AVR.indd 1 12/03/2020 16:22 SAINTE-HONORINE, Conservatoire (jazzauconfluent.fr) Le 25 Meajam 4tet

COURBEVOIE, Cabaret Jazz Club Le 20 Mansfarroll & Campana Project

COURBEVOIE, Espace Carpeaux Le 28 Vincent Peirani

EAUBONNE, Salle de l'Orangerie Le 21 Marc Longchampt 4tet Le 28 Meta

FONTENAY-SOUS-BOIS, Le Comptoir Le 21 Norig & No Gypsy Orchestra Le 23 Austin Walkin Cane Le 24 Mathias Lévy / Vincent Ségal / Lionel Suarez

IVRY-SUR-SEINE, Salle Saint Just Le 24 Barend Middelhoff

MONTREUIL, Table d'Emile Le 24 Hélène Makki Trio

PALAISEAU, Caveau Jazz Le 24 Philippe Audibert 5tet

PANTIN, La Dynamo de Banlieues Bleues

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076-084_JazzMag726_Concerts.indd 80 17/03/2020 19:50 RÉGIONS / ÉTRANGER RADIO / TV

ALÈS, Le Cratère Joachim Florent / Vincent SOUILLAC, Salle du Bellay RADIO Jauniaux / Xavier Charles TV (lecratère.fr) Tortiller) (05 65 38 28 08) 24 HEURES SUR 24 / Sébastien Bouhaba, Le 21 Rhizomes autour Le 25 Tatanka Trio Bertrant Gauguet / John MEZZO d’Egberto Gismonti MARCIAC L’Astrada (Emmanuelle Legros / TSF Jazz (98.1 Amiens Tilbury, Isabelle Duthoit / (les temps forts du mois, (09 64 47 32 29, lastrada- Guillaume Lavergne / / 98.1 Antibes / 107.5 Franz Hautzinger / Hamid programmes complets BREST, Vauban (plages- marciac.fr) Corentin Quemener) Arcachon / 98.5 Bourg- Drake / Michel Zerang, sur mezzo.tv) magnetiques.org) Le 25 Théo Ceccaldi en-Bresse / 98.1 Cannes Kaze 4tet / Ikue Mori, Nate Le 26 No Tongues Django (Guillaume Aknine / STRASBOURG, Fossé des / 91.4 Chambéry / 97.7 Wooley Columbia Icefield, JAZZ PIANO & ORGAN Valentin Ceccaldi) Treize (jazzdor.com) Laval / 90.2 Nevers / 98.1 témoignages, reportages, Le 9 à 20h30 Earl Hines BREST-GUIPAVAS, l’Alisé Le 30 Kamilya Jubran / Nice / 106.7 Orléans / 89.9 classe d’improvisation Trio, Comblain-la-Tour 1966 (plages-magnetiques.org) MARSEILLE, Le Cri du Sarah Murcia, Trio Ixi Paris / 96.6 Poitiers / 106.9 générative avec Vincent Le 16 à 20h30 Fred Le 25 Lipaszz Trio), Cécile Port (criduport.fr) Saint-Brieuc / 89.5 Valence) Lê Quang et Alexandros Hersch Trio, Jazz sous les Capozzo 5tet (Jean-Luc Le 30 Julie Campiche 4tet TOURS, le Petit Faucheux (tsfjazz.com) Markeas, masterclass de pommiers 2017, par Thierry Capozzo / Guillaume (petitfaucheux.fr) MATINS JAZZ, de 6h à Joëlle Léancre au CNSM Villeneuve Belanger / Patrice Grente / METZ, Arsenal (03 87 Le 16 Healing Orchestra + 9h30, par Laure Albernhe et Le 16 à 21h30 Christian Etienne Ziemniak) 74 16 16, citemusicale- Sylvain Kassap Mathieu Baudou BANZZAÏ, du lundi au Sands Trio “Tribute to Erroll metz.fr) Le 29 Nyx (Isabelle Duthoit DELI EXPRESS, du lundi vendredi de 19h à 20h, par Garner”, Jazz à la Villette CAEN, Auditorium Le 30 Emile Parisien / Angelica Castello / Sophie au vendredi de 12h à 13h, Nathalie Piolé 2019, par Samuel Thiebaut Jean-Pierre Dautel 4tet (Julien Touéry / Ivan Agnel) actualités du jazz par Jean- Le 16 à 22h35 Brad (orchestredecaen.fr) Gélugne / Julien Loutelier), Charles Doukhan JAZZ CLUB, le samedi de Mehldau “Three Pieces Le 28 Tante Yvonne Big Bibacoha + nOx.3 TOURCOING, Maison COUP DE PROJECTEUR, du 19h à 20h, par Yvan Amar after Bach”, par Samuel Band + David Chevallier folie hospice d’Havré lundi au vendredi à 13h30 Thiebaut MILLAU, Théâtre de (tourcoing-jazz-festival.om) JAZZLIVE, du lundi LES LÉGENDES DU JAZZ, Le 19 à 23h40, Delvon CAEN, Auditorium du la Maison du Peuple Le 29 Adam Ben Ezra au vendredi de 21h à les samedi et dimanche Lamarr Organ Trio,Montréal Château (collectifpan.fr) (millaujazz.fr) minuit, jazz sur scène par de 18h à 19h, par Jérôme 2018, par Mathieu Mastin Le 10 Hand Five (, Pipon Le 18 Sacre du Tympan TOURS, Petit Faucheux Sébastien Doviane Badini Le 27 à 23h30 Nital Garcia Trio 2.0 (Aymeric “L’Odyssée” (02 47 38 67 62, CHATEAU GARDOT, le lundi Les 4 et 5 Miles Davis, Hershkovits, Sarajevo 2016, Avice / Thibaud Soulas) petitfaucheux.fr) à 19h à 20h, par Melody Paris-Bercy 1984 par Yvan Schreck MONCEAU-LES-MINES, Le 16 Paul Wacrenier Gardot Le 11 Joachim Kühn, La Le 30 à 20h30 Dave CAEN, Café Côté Cour L’Embarcadère Healing Orchestra LES LUNDIS DU DUC, le Cigale 1988. Brubeck 4tet, Studio 1965, (theatre.caen.fr) Le 16 Franck Tortiller Le 29 Nyx (Isabelle Duthoit lundi à 18h, en direct du Le 12 Joachim Kühn, par Paul Roland Le 28 Black Pantone Collectiv / Angelica Castello / Sophie Duc des Lombards, par Jean-François Jenny-Clark Le 30 à 21h05 Jamie Agnel) Sébastien Vidal et Laurent / Daniel Humair, Cannes Cullum / Orchestra national CENON, Rocher de Palmer NANCY, Théâtre Sapir 1990 de la Radio polonaise, (lerocherdepalmer.fr) de la Manufacture YVRÉ-L’ÉVÊQUE, Salle BON TEMPS ROULER, Les 18 et 19 Pharoah Katowice 2017, par Samuel Le 30 André Minvielle / (nancyjazzpulsations.com) Georges Brassens le mardi de 19h à 20h Shanders 4tet, Maison de la Thiebaut Albert Marcœur / Antoine Le 28 Shai Maestro Trio (europajazz.fr) (rediffusion le samedi Radio 1975 Berland Le 28 Daniel Givone / à19h), par Jean-Jacques Les 25 et 26 Dianne Le 23 AVISHAI COHEN, NÎMES, Théâtre Christian Gween Cahue Trio Milteau et Johan Dalgaard) Reeves, Jazz in Marciac 50ème anniversaire EU, Théâtre du Château Liger (jazz70.fr) PORTRAIT IN JAZZ, les 1998 20h30 avec Eichin Shirnov Le 18 “Il était une fois Le 23 Rymden (Bugge BELGIQUE mercredis de 19h à 20h / Noam David / Orchestre Saint-Germain-des-Près” Wesseltoft / Dan Berglund (voir jazzinbelgium. (rediffusion le dimanche à OPEN JAZZ, du lundi au Philharmonique d’Israël, Tel avec Marion Rampal, / Magus Öström), Thibaud com) 19h), par Laurent de Wilde vendredi de 18h à 19h, par Aviv 2020 Vincent Lê Quang et Dufoy Trio MADE IN CHINA, le jeudi Alex Dutilh 22h05 Interview 2019 l’Ensemble Contraste SUISSE de 19h à 20h (rediffusion Le 1er Nduduzo Makhatini 23h05 Avec Shai Maestro NIORT, Moulin du Ro le samedi à 11h), par China Le 2 David Tixier & Lada / Noam David, Jazz à La EYMET, Maquizart (moulinduroc.asso.fr) GENÈVE, Victoria Hall Moses Obradovic Villette 2018, par Samuel (maquizart.com) Le 16 Jean-Marie (prestigeartists.ch) JAMIE CULLUM SHOW, Le 3 Kurt Elling Thiébault Le 18 Roberto Negro Machado / Aïcha M’Barek Le 28 Avishai Cohen Trio le vendredi de 19h à 20h Le 6 Omer Avital / Hafiz Dhaou “L’Amour (Shai Maestro / Mark (rediffusion le dimanche à Le 7 Quatuor Ebène FIGEAC, L’Astrolabe sorcier”) Guilliana), Becca Stevens 11h), par Jamie Cullum Le 8 Jimmy Greene MEZZO LIVE HD (astrolabe-grand-figeac. (Chris Tordini / Jordan 59 RUE DES ARCHIVES, Le 9 Baptiste Herbin (les temps forts du mois, com) NANCY, Théâtre de la Perlson / Michele Williams le dimanche de 12h à 13h Le 13 Brecker Brothers programmes complets Le 24 ‘NDiaz Manufacture / Jan Esbra) par David Koperhant, Bruno Le 14 Gregory Porter sur mezzo.tv) (03 83 37 42 42, Guermonprez et Rebecca Le 15 Maria Schneider LA FORÊT-FOUESNANT, nancyjazzpulsations.com) FRIBOURG, La Spirale Zissman Le 16 Camille Bertault Le 8 JAZZ À VIENNE Le Nautile (apremjazz.com) Le 18 Elisabeth (laspirale.ch) NOUVEAU : TSF Jazz Le 17 Special Disquaire 2016-2017 Le 27 Renaud Garcia-Fons Kontomanou / Laurent Le 18 Alfredo Rodriguez / Premium “sans pub”, Day : Dexter Gordon et 21h Robin McKelle, par Eric Trio (Stéphan Caracci / Courthaliac Pedrito Martinez par abonnement sur Barney Wilen Michaud David Venitucci) Le 24 tsfjazz.com. Le 20 Dedication Big Band 22h15 Emile Parisien / NANTES, Pannonica / Peter Bernstein / Bill Le 21 Ray Lema Vincent Peirani “File Under GRENOBLE, Salle Stendhal (pannonica.com) Stewart SWING FM (101.2 Limoges Le 22 Thierry Maillard Zawinul”, par Fabien (jazzclubdegrenoble.fr) Le 24 Sidnony Box, Le 26 Orchestre des / swingfm.asso.fr) Le 23 Laurent Bardaine & Reymond Le 19 Christophe Chrones jeunes jazzistes de Tigre d’eau douce 23h10 Rémi Fox / Matthieu Wallemme Ôm Project Le 29 (Salle Paul Fort) Fribourg avec Joan JAZZ RADIO (97.3 Lyon / Le 24 En direc de Naulleau / Nicolas Fox, par Steve Coleman & Five Chamorro jazzradio.fr) Jazzahead à Brême Eric Michaud LANGONNET, Grande Elements Le 27 Benjamin Moussay Boutique (02 97 23 83 83, ZURICH, Moods RADIOS NATIONALES Le 28 Grégoire Maret, Le 15 EUROPA JAZZ, leplancher.com) NIORT, Moulin du Roc (moods.club) Romain Colin, Bill Frisell 2017-2018 Le 25 No Tongues Le 16 Jean-Marie Le 28 Julie Champiche FRANCE INFO Le 29 Jean-Louis Matinier / 21h Michel Portal 5tet, par Machado Danzas 4tet TENDANCES JAZZ, le Kevin Sedicki Josselin Carré LYON, Bémol 5 (bemol5- dimanche plusieurs fois par Le 30 Birgit Lindberg 21h55 Jowee Omicil 4tet, jazz.com ROUEN, Chapelle jour, par Anne Chépeau par Samuel Thiebaut Le 25 Foehn Trio Corneille (02 35 98 45 05, RFI 22h50 Emile Parisien / letincelle-rouen.fr) FIP L'ÉPOPÉE DES MUSIQUES Roberto Negro / Michele LYON, Hot Club de Lyon Le 28 Adnan Joubran 5tet CLUB JAZZAFIP, tous les NOIRES, le dimanche à Rabbia, par Jossellin Carré (hotclubjazzlyon.com) (Jesse Banister / Valentin jours de 19h à 20h 21h30, par Joe Farmer Le 16 Magic Malik 5tet Mussou / Prabhu Edouard Le 29 JAZZ À LA VILLETTE, Le 17 Vladimir Torres Trio / Habib Meftah) FRANCE MUSIQUE 2018 Le 18 What’s Up Docs À L’IMPROVISTE, le 21h Portico, par Celidja Le 23 Rémy Gauche 4tet SAINT-GEORGES-DE- dimanche de 22h à 23h, Pornon Le 24 Captain Flapscat DIVONNE, Crea (crea-sgd. par Anne Montaron 22h05 3 Cohen 6tet, par Le 25 Big Chiefs org) Le 19 Catherine Jauniaux / Samuel Thiebaut Le 29 6tet and the City Les 17 et 18 Antoine Xavier Charles / Sébastien 23h05 Avishai Cohen Trio, Boyer / Samuelito Bouhana, Festival Umlaut Samuel Thiebaut LYON, Le Périscope Nuit du 25 au 26, de minuit (periscope-lyon.fr SAINT-MALO, Théâtre à 6h, “Jusqu’au bout de la Le 22 François Corneloup Chateaubriand nuit” avec retransmissions Revolut¡on (Simon Girard Le 25 Michel Portal / de concerts de Catherine / Sophia Domancich / Baptiste Trotignon

JAZZ MAGAZINE - N° 726 - AVRIL 2020 >>>I 81

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Des secrets pour tout le monde Ils arrivent ! Kurt Elling, à droite, vient d’enregistrer avec le pianiste Danilo Pérez, à gauche, le magnifique “Secrets Are The Best Stories” (Edition Records), l’un de nos disques [CHOCS] du mois (lire p. 50). Vous pourrez lire le mois prochain un entretien exclusif avec ce chanteur décidément exemplaire.

Photo : Anna Weber (Edition Records)

Jazz Magazine N° 726 - Avril 2020 Ptot : 0,003 kg/tonne en bundle au prix de vente de 9,90 € TTC est édité par Jazz & Cie, Prix de vente au numéro : 6,90€ Le pays de production : Allemagne ensemble avec un livre au choix et selon 15, rue Duphot, Jazz Magazine est une publication Taux de fibre recyclé : 100 % les quantités suivantes : 453 exemplaires 75001 Paris mensuelle Jazz & Cie Ce produit est issu de forêt gérées durablement, avec le livre Muziq-Paul McCartney, Principaux associés SAS au capital de 350 000 euros de source recyclées et contrôlées PEFC. 471 exemplaires avec le livre Muziq-David Pierre Bastid, Laurent R. C. S. Paris B 802 298 588. Bowie, 263 exemplaires avec le livre Muziq- Représentant légal : Edouard Rencker Kate Bush, 363 exemplaires avec le livre Guillemain, Christophe e Dépôt légal : 2 trimestre 2020 Muziq-Pink Floyd, 397 exemplaires avec le Gouju, Edouard Rencker, os ML Sylvain Diffusion MLP – N de commission paritaire : livre Les Légendes du jazz et 490 exemplaires Magazine : 1121 K 90618 Ce numéro comporte : avec le livre Le Guide des voyageurs qui Administration Site internet : 0423 W 93658 - un CD « Duke Ellington – Take The CD aiment le jazz. Fatima Drut Jasic N° ISSN : 2425-7869 © 2020 Jazz & Cie Train ! » dans les exemplaires destinés aux JAZZMAGAZINE.COM Tél. : 01 56 88 17 62 Imprimé en France. abonnés avec option CD. Suivez-nous Imprimeries Léonce Déprez, Z. I. Le Moulin, - 2437 exemplaires de ce numéro destinés à plus 130 rue de Houchin, 62620 RUITZ. la diffusion kiosque France seront distribués d’infos

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076-084_JazzMag726_Concerts.indd 82 17/03/2020 19:51 076-084_JazzMag726_Concerts.indd 83 17/03/2020 19:51 Chet Baker sur le tournage de Chet’s Romance, avec Alain Jean-Marie au piano. Photo : Ariane Smolderen.

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