Quelle est ta route? C'est la route du saint, la route du fou, la route d'arr.-ell-ciel. la route idiote

C'est Ulle route de n'importe où pour n'importe qui n'importe comment

Bulletin du Club Jack Kérouac yol. 1 no 1

Club -

MARS 1987

129, Côte de la Montagne, Québec, Qc, G1K 4E6. . Téléphone: (418) 692-5177 "Que l que chose de bon va ven i r de toutes choses. Et un bon­ heur éternel m'attend. Nul besoin de dire un mot de plus."

Origine de toute écriture, à quoi elle puise et se renouvelle, le silence en traduit aussi l'accomplissement, comme abandon, reconnais­ sance contemplative de la plénitude de ce qui est, de son impossible représentation.

Mais Jack Kérouac écrivit encore après Big Sur.

Si sa lecture nous reconduit en nous-même, à la vanité de cette vie, elle affirme aussi, et célèbre sans mesure, l'Autre comme condition lyrique du salut, Dean Moriarty, Maggie Cassidy, et le Monde comme fascination aimantée, sa beauté première retrouvée, dans la can­ deur et l'étonnement extatique de celui qui aime; la nécessité de le dire, de tout dire et tout de suite, en prose de néon convulsif jazzé, en fioretti franciscains séraphiques.

Après quelques années de lectures recluses, de voeux télépa­ thiques, nous partageons. Le texte, dans ses interstices, parle en sous-entendus, propose des questionnements, suscite des réponses. Il faut mettre au jour ce dialogue intime, divers et multiple.

Cette invitation, le premier numéro du Bulletin du Club Jack Kérouac la formule pour de vrai, pour de bon. Comme amorces, mais plus encore car non négligeables, des comptes rendus, des informations, des rêves et des réalités.

Rémi Ferland

3. KÉROUAC À QUÉBEC LES 1, 2, 3 ET 4 OCTOBRE PROCHAIN!

C'est confirmé! Il y aura une grande Rencontre interna­ tionale Jack Kérouac à Québec en octobre prochain. Le projet longuement mûri par les divers membres du Club, a été inspiré à l'origine par la constatation que le côté franco-américain (et donc québécois) de Jack avait été mal compris par ses bio­ graphes, même par ses compagnons de route, et par ses " aficiona­ dos" en général ... et qu'il fallait en discuter. Toutefois, la Rencontre, telle qu'elle est conçue aujourd'hui, déborde de loin cette préoccupation pour s'adresser à toute la vie et l'oeu­ vre de l'écrivain et à son impact sur la culture occidentale de l'Après-Guerre.

À vrai dire, c'est un remarquable concours de circons­ tances qui nous a amenés à entreprendre cette grande aventure: visionnement de la fameuse entrevue avec Jack au Sel de la Semaine (Radio-Canada) en 1967, la rencontre de deu x membres du Club avec Allen Ginsberg au Naropa Institute l'été dernier, la création très rapide d'un réseau d'au delà d'une centaine de membres du Club, au Québec, au Canada anglais, aux États-Unis, en France, en Angleterre, en Allemagne et même en Inde, sans oublier l'encou­ ragement constant du Secrétariat permanent des peuples francopho­ nes.

En chantier depuis l'été dernier, les grandes lignes de l a Rencontre sont déjà cl ai rement étab lies . Il Y aura, d' a­ bord, un colloque littéraire comprenant une brochette de grands conférenciers (Victor Lévy-Beaul ieu, Roger Brunelle et le Père Morissette, Allen Ginsberg, John Clellon Holmes, Gérald Nicosia, François Ricard, Pierre Vallières, ... ) ainsi qu'une série de tables rondes animées par des écrivains et des chercheurs d'ici et d'ailleurs (Bernard Agostini, Pierre Bouillon et Gilles Farcet, Luci en Francoeur, Louise Péloquin, Robert Perreault, Josée Yvon, Denis Vanier, Joy Walsh ... ).

Ensuite, il Y aura des présentations de films et de vidéos sur Kérouac et l es Beats. Robert Fran k nous a assuré de sa présence, et une partie de son oeuvre photographique sera présentée en collaboration avec la Galerie Vu. La Rencontre servira, fort probablement, de tremplin pour lancer le nouveau film de Herménégilde Chiasson. Intitulé "Le grand Jack", ce film est actuellement à l' étape de montage à l'Office national du film (Montréal).

5. Et tout cela sans oublier la fameuse entrevue Jack Kérouac/Fernand Séguin, le diaporama de Robert Perreault intitulé "Au delà de la route: le côté franco-américain de Jack Kérouac" et un vidéo de Denis Vanier.

Plusieurs autres expositions sont projetées: des photo­ graph i es d'Allen Gi nsberg, des documents inédits de Joy Walsh (Moody Street Irregulars), une présentation de livres et d'autres documents organisée autour du thème des "Lowell books" de Rod Anstee et de Dave Moore (The Kerouac Connection), des photogra­ phies de Georges Durette de Manchester (New Hampshire) et , peut­ être, une exposition d'art contemporain montée en collaboration avec le Musée du Québec.

Finalement, il est question de plusieurs manifestations artistiques dont une nouvelle pièce de théâtre de l'écrivain québéco i s Marc Chabot - présentée en primeur, bi en sûr - et une soirée de poésie et jazz avec la participation de Herménégilde Chiasson, Patrice Desbiens, Lucien Francoeur, Allen Ginsberg, Alan Lord, Denis Vanier, Joy Walsh, Josée Yvon et bien d' au tres. De plus, certains auteurs-compos iteurs-i nterprètes , do nt Youenn Gwernig, Sylvain Lelièvre et Richard Séguin, ont manifesté leur intérêt à participer à un grand spectacle ... Un dossier à suivre!

Pour réaliser ce grand événement le Comité organisateur compte déjà sur le concours d'un éventail d'organismes; le Secré­ tariat permanent des peuples francophones, bi en sûr, mais égale­ ment le Conseil des Arts du Canada, le Ministère des Relations internationales du Québec, l'Université Laval et la SIDAC du Vi eux-Québec, sans mentionner un grand nombre de coll ab orateurs enthousiastes - et bénévoles - d'ici et d'ailleurs.

Il reste que la Rencontre est née de l'imagination et de l'enthou­ siasme de l'ensemble des membres du Club et, à mesure que la date fatidique approche le Comité organisateur aura besoin de votre collaboration. Évidemment, on compte sur votre présence en octobre, les membres en règle du Club auront droit à un escomp­ te de 10,00$ sur les frais d'inscription. Mais d'ici là on aime­ rait connaître vos idées et vos propositions sur le contenu de l a Rencontre. On aura besoi n de bénévoles et on aimerait bien proposer l' hébergement chez l es membres québécoi s du Club aux participants venant de . l'extérieur de la ville. N'hésitez pas à faire part de vos idées et de vos disponibilités en appelant ou en écri vant au Comité organ i sateur au 129, Côte de l a Monta­ gne, Québec (Québec) G1K 4E6 - Téléphone: (418) 692-5177.

Éri c Wadde 11 Comité organisateur RENCONTRE INTERNATIONALE

Québec, 1-2-3-4 octobre 1987

7. Bertrand Marotte, journaliste au Globe and Mail, signait dans l'édition du 21 octobre dernier, un article intitulé «Pilgrims trek to the land ofKérouac». Il nous donne ici un autre compte rendu de cette mémorable expédition du Club Jack Kérouac à Lowell. Pour accompagner son propos, un extrait de l'allocution du Père Morissette au Club des Citoyens américains, à paraître en entier dans un numéro prochain des Avant-dIre,et le poème, fable historique aussi bien, que lut Roger Brunelle lors de notre hommage à Kérouac au cimetière Edson.

R.F.

UNE EXCURSION A LDWELL

Le vendredi matin 17 octobre, bien installés dans leur mini-bus volant, les treize pé1erins explorent l'univers kérouackien. Sur la grand-route, en passant par Saint-Georges­ de-Beauce vers la frontière, des échanges d'anecdotes et de faits divers. Louis Dupont, étudiant à l'Université d'Ottawa, parle du monde imaginaire, d'un Canada français mythique qu'habitait la mère de Jack. Rémi Ferland, étudiant à l'Université Laval, mentionne que le hors-d'oeuvre préféré de Jack était les asperges avec mayonnaise et olives noires. Son dessert préféré: un morceau de tarte aux pommes avec une boule de crème glacée.

Passage aux douanes à Jaclanan, au Maine. Un petit douanier avec le grand sens de l'humour ironise quand on lui dit que nous sommes du Club Jack Kérouac: «Oh, ça explique tout.» Gros sourire. On l'informe que Jack Kérouac fut un grand écrivain. «Au Canada, cependant», dit-iL «Non, aux Etats-Unis.» Connaît pas. Il rentre au bureau montrer une copie de On the Road à ses confrères. Haussement d'épaules collectif. Dans le bus, c'est le rire fou. Au jeune universitaire de la Louisiane, John Landry, un concitoyen américain qui étudie le français à Trois-Rivières, il demande: «Comment tu t'es mêlé de tout ça?» Et hop, il lance un dernier essai de comprendre le but de notre pélerinage: «O.K. Vous descendez (aux E.U.) voir quelqu'un qui est mort.»

Dans le Maine, juste en dehors du village de Sl1owhegan: une vieille maison de ferme, grise et abandonnée. En plein milieu de la cour, une luisante roulotte trailmobile. Bienvenue aux glorieux Etats-Unis, l'autre pays mythique de Jack.

On pointe du doigt les noms canadiens-français qui apparaissent sur les commerces: Plourde, Benoît, Bowden, corruption de Beaudoin. M. Jacques Kirouac, administrateur à l'Université Laval, se fait une joie de remarquer les traces du peuple québécois dans ce monstrueux melting pot.

Enfin, c'est Lowell Mass., en banlieue de Boston. De l'autoroute, on aperçoit ses anciennes usines de textile en briques rouges, quelques-unes mises à neuf, mais aussi un panorama de vitres cassées et de panneaux-réclames sur les toits de ces «factories» abandonnées où, il n'y a pas si longtemps que ça, des milliers de Canadiens français gagnèrent leur petite croûte de pain quotidien ... La rivière Merrimack, et ce qui reste, pas grand-chose, du «Petit Canada». .

A l'hôtel, dans l'ombre de la manufacture d'ordinateurs Wang, deux hôtes incomparables, Roger Brunelle et Réginald Ouellette, nous reçoivent comme des cousines et cousins retrouvés après une longue, trop longue absence. «Je suis Franco-Américain de deuxième génération» (ses grands-parents sont nés au Québec), nous raconte M. Brunelle après nous avoir présenté un diaporama sur les coins canadiens-français de Lowell. «Je suis Québécois de première génération» (il est arrivé ici en 1961), dit fièrement Eric Waddell. «Mes grands-parents ont perdu la moitié de leurs enfants aux Etats-Unis», affIrme Yvan Fortin, fonctionnaire au gouvernement du Québec.

Après le dîner, une visite au Centralville Social Club, en plein dans le coeur de la Kérouacité. Un bar qui n'a pas changé depuis la guerre. Table de pool, jeux de cartes. Yeux de bière. Sur le t-shirt d'un des habitués: STOLEN FROM MABEL'S WHOREHOUSE, LAS VEGAS. Des vétérans de la guerre du Vietnam qui trébuchent à travers un français caricatural. Y a Francis Dalphond et Robert Mousseau. Y a de la tristesse, y a du fun. Et on fête, l'esprit de Jack tout près.

Le lendemain, M. Brunelle et M. Ouellette nous mènent à travers les rues et les quartiers qu'a connus le jeune Kérouac: Lily Street, «la matière première de ses rêves pour son Book of Dreams». Le 9 Lupine Street, où il y a possibilité de transformer la maison en Musée Kérouac, de dire M. Brunelle. La maison sur Burnaby Street, et le 320 Hildreth A venue, quelques-unes parmi tant. Devant chaque habitation, nos deux guides nous lisent des morceaux choisis des souvenirs lowellois dans l'oeuvre de Kérouac. Avec quelle joie M. Brunelle nous transmet l'effet libérateur des mots intoxicants de Kérouac!

On se rend voir l'horloge devant le Lowell High School, où le jeune Jack attendait Pauline Cole, dans Maggie Cassidy. Et on fait le tour des stations du chemin de croix, dans la cour de l'ancien orphelinat franco-américain. Ce sont ces scènes lugubres, qu'il croyait voir bouger, baignées dans leur lumière, qui ont tant marqué le jeune Jack.

Plus tard, nous nous retrouvons au Club des Citoyens américains dans un secteur très pauvre de Lowell. Inscrit sur une plaque avec image de castor et d'aigle; «Fraternité, Unité, Charité». Sur un mur extérieur, une peinture murale d'une ville de Québec féerique, arc-en-ciel inclus. A l'intérieur, un repas-rencontre avec les gens du coin. Le Père Armand Morissette, le fameux «Spike» qui encouragea un jeune Jack incertain à persévérer dans la vocation difficile qu'est l'écriture. Il nous présente sa carte: «Absolution facile pour seulement 1,98$», dit-il. «Funérailles gratuites.»

Une soirée littéraire consacrée à Kérouac, commanditée par la «Corporation for the Celebration of Jack Kerouac». Claire Quintal, directrice de l'Institut français au Collège Assumption à Worcester, raconte que «les Jack Kérouacs muets sont nombreux ici en Nouvelle-Angleterre. Il faudrait étudier ces individus pour apprendre d'eux ce que vous auriez pu être si vous aviez vécu entre l'usine et l'église, et vouliez vivre "on the road".» Un poète local, Normand Dubé, évoque un Québec «plus frère que père, plus soeur que mère». Dans son allocution de remerciement, M . Waddell propose Kérouac comme «l'archétype pan-américain».

Auparavant dans la journée, il y eut, bien sûr la visite à la sépulture de Kérouac. Une petite cérémonie pas trop solennelle. Jack riait avec nous.

Bertrand Marotte

9. EXTRAIT DE L'ALLOCUTION DU PERE ARMAND «SPIKE » MORISSETIE AU CLUB DES CITOYENS AMERICAINS

Je l'ai rencontré la première fois, il était au lycée, Lowell High School, et il était découragé, vraiment désemparé. Alors je lui ai demandé qu'est-ce qu'il voulait, je connaissais ses parents, puis son oncle, sa tante, mais lui, je le connaissais pas. «Tout le monde risent de ~!», il parlait comme ça. «Pourquoi?» «Parce que j'écris des poèmes. Pis parce que je veux être un écrivain. Pis je veux écrire des livres!» Bien je lui dis: «C'est pas drôle, qu'est-ce qu'ils ont de rire? C'est une bonne affaire.» Il dit: «Vous riez pas?» «Non, je vais t'encourager, c'est beau écrire, mais tu feras pas de l'argent du jour au lendemain, tu feras pas fortune avec ça, faut que tu gagnes ta vie, et aussi que tu aies une bonne éducation.» Je lui ai expliqué qu'il lui fallait aller à l'Université probablement, à New York surtout. <

Son premier livre, , est un très beau livre, très bien écrit, mais trop gentil. Je lui avais dit à ce moment-là: «Oh! félicitations!» «Je vous l'avais dit que j'écrirais un livre!» «Tu feras pas fortune avec ce livre-là! Il faut que tu mettes un peu plus d'épices dans tes livres, si tu veux écrire.» De fait, il a mis de l'épice!! /rires de l'auditoire/ il me disait: «Faut que je commette le péché pour faire du bien!» /rires du Père Morissette et de l'auditoire/

Il a toujours été très religieux. Il était absolument convaincu des choses spirituelles, et il aimait beaucoup Jésus-Christ. Il était sincère. Il voulait imiter Jésus­ Christ, dans le sens d'aimer tout le monde, de faire du bien à tout le monde, dans le sens des Béatitudes. Il voulait la libération, et toute sa philosophie, c'était la libération de l'individu. C'est ça qu'il voulait exprimer.

La Mémoire et l'Imprimeur

Que d'histoires détaillées et nombreuses, Que d'anecdotes délicieuses et malicieuses, Que de petites révélations que nul autre ne sait, Que de renseignement innombrables, Peut-on gratter, creuser et arracher De la mémoire-esprit non-machine!

Et dans le cas de la Madame-Mémoire, TI faudrait insister très fermement Qu'elle veuille bien nous raconter des faits Bien fondés sur la précision de la réalité Et de résister fortement aux tantales D'une imagination loyale et féroce.

TI s'agit d'un gros bonhomme farouche qui parle souvent mal et surtout fort: TI s'appelle Léo et c'est un imprimeur Qui a suivi les étoiles de ses ambitions En quittant Lacoshua pour Galloway Afm de faire tourner les machines à papier

Quel travail de muscles et de brute; Pas besoin de penser, de réfléchir, de créer: Alors, pourquoi Léo veut-il plus d'argent, Même à l'occasion d'une fête anniversaire? Le patron dit: «Je t'envoie une louange écrite, Mais tu ne pourras pas la toucher comme chèque.»

Alors, après cinq ans comme pressier-vendeur De réclames pour un journal franco-gallowais, TI fonda son propre tabloïde luminaire Pour imprimer ses propres annonces: Pour plus de vingt ans où il fut son maître à lui, TI ne fléchit le genou aux étoiles que deux ans.

Mais que d'histoires pourrait-on apprendre Des années où Léo a bossé comme un fou Lorsqu'il engueulait souvent les patrons! Mais laissons tomber le désir des révélations Qui ne seraient sûrement que des commérages Issus de l'imagination, putain de la mémoire.

Un cinéaste a dit que bien des mots ont changé: Oui, il ne reste que de légers souffles gaulois Et de très faibles notes aux muses françaises De la langue de mon père et ma mère! Mais l'esprit y sera encore très longtemps Car l'âme, les racines, le soi profond: ça ne meurt pas! Si la mémoire refuse de parler en détails Des temps où Léo a travaillé à la machine TI faut lui faire comprendre une fois pour toutes Que le garçon de Léo est notre étoile littéraire Et qu'il est infanticide de le considérer bâtard, Car les éclats français de son oeuvre sont très légitimes!

Roger Brunelle

NOTE: Les photos (de Jacques Nadeau) en pages 11 et 14 sont encore disponibles sur papier glacé, en impression beaucoup moins foncée et mieux contrastée. On peut les obtenir au prix de dix (10,00$) l'unité en s'adressant à Madame Nicole Paquin au Secrétariat permanent des peuples francophones.

KEROUAC SUR LES iCHANS MONTR~ALA1S

Octobre 1986. Pendant oue queloues chanceux étaient sur les traces dE Ti-Jean dans son pays natal, il restait un prix de consolation pour ceux Qui étaient encore au Québec: les traces filmiques de Kérouac réunies dans trois documents présentés dans le cadre du Festival du nouveau cinéma et de la vidéo de Montréal. Dans le volet "hommage spécial à Kérouac" du Festival, les films "What Happened to Kerouac", "Pull my Daisy", et la copie vidéo de l'entrevue du "Sel de la semaine" avec Fernand Séguin étaient ~ l'affiche. J'y étais et, pas de doute, ça valait le voyage. "What Happened to KeroUac" est un documentaire réalisé en 1985 par Richard Lerner et Lewis MacAdams. Ce film touffu d'au-delà de deux heurps nous propose une multitude de témoignages qui reflètent de nombreuses facettes du puzzle Kérouac. Gregory Corso, Allen Ginsberg, William Burroughs, Gary Snyder, Ann Charters, Joyce Glassman, sa fille Jan reviennent par intermittences et ~squissent les grandeurs et mis~res de l'écrivain selon divers angles d'attaque. C'est Corso qui semble avoir la vision la plus personnelle de l'homme, mais sa diction plut6t rel§chée nuit à la bonne compréhension de son témoignage. A cela s'ajoutent les rares apparitions de Kérouac à la télé américaine, soit l'émission "Steve Allen Show" où il lit, accompagnement musical à l'appui, des extraits de "On the Road": Kérouac à son meilleur. L'autre extrait vient du "Firing Line" animé par l'exécrable William Buckley o~

15. Kérouac, bouffi et balbutiant, déverse son amertume sur Ginsberg, les hippies, les communistes et tutti ouanti. Quant ~ "Pull mY Daisy" (tourné en I959) de Robert Frank, C'est un documentaire qualifié de "spontané", un film-entre­ copains Qui saisit sur le vif les joyeuses insolences des Ginsberg, Corso, Orlovsky et cie. Si Kérouac y est à peu près invisible, on entend sa voix (la bande sonore ayant été enregistrée séparément) par la "voie" d'un commentaire lyrique, très près du "rap", dont ie propos ne colle que par moments aux images. Peu importe, ça s'écoute aussi les yeux fermés ..• Si le contenu de l'émission du "Sel de la semaine" est familier ~ la plupart des membres du Club, le plus grand intérêt (lire: plaisir) de ce document d'archives a été,' pour moi, auditif (encore une fois). Authentiouement bâtarde, tendrement bourrue, la langue de Kérouac est à la fois toute proche et ~ des années-lumière des questions de Séguin et des gloussements du public. Cette langue erratique et vraie éclaire Kérouac sous un jour nouveau, révèle de lui tout un pan oui était occult~ par l'image de l'"écrivain américain à succès". Les sons et images de Lowell intégrés aux vingt-trois minutes nous le montrent là-bas tel ou'en studio, incapable de jouer devant la caméra un autre rôle Que le sien •.•

Jean Poulin VU Rt~CEl\'iJvIENT A MONTRÉAL: "Kerouac, the Hovif,tt de John Antonelli. Ce do cu-drame de soixante-treize minutes recoupe en partie le contenu de "What Happened to Kerouac". Les témoignages sont toutefois plus clairsemés et le r~alisateur a cru bon d'y juxtaposer des reconstitutions historioues des principaux moments de la vie de Kérouac jouées par des acteurs simili-ressemblants. Ce ttjeu tt documentairejdocumenteur a une pertinence discutable et m'est apparu comme un fade ersatz cinématographique. La principale qualité du film réside dans les nombreux passages de livres lus par Peter Coyote dont le grain de voix est très près de celui de Kérouac. Les extraits télévises déjà mentionnés sont intégrés au montage et l'émi$sion du ttSteve Allen Showtt termine le film en beauté. Voilà, il ne reste ou'à espérer que tous ces films (et les ouelques autres qui ne se sont pas encore rendus au Québec) seront au rendez-vous en octobre 1987 •••

Jean Poulin

17. Qn s'était arrêté à un restaurant routier de la Beauce, ce vendredi matin 17 octobre. Lowell hypothétique et encore imaginaire nous aiguillonnait, point invisible dans l'azur, et le soleil chaste et impérieux d'automne, trompettes de Jéricho après un sommeil trop court, concourait à notre fébrilité quasi juvénile, bien kérouackienne en tout cas. Louis Dupont devisait sur l'usage de l'apomorphine dans The Soft Machine de Burroughs et proposait d'inviter Madonna à la Rencontre internationale Jack Kérouac, comme fille de Canadienne française. Quoique plus pondéré, Yvan Fortin avait cependant retenu notre attention à tous en affirmant avoir vu aux Archives nationales à Québec la description d'un legs littéraire contenant des lettres d'écrivains plus ou moins connus, parmi qui Jean-Louis Kérouac. L'énigme pourtant en resta là. En janvier, Francine Adam prit enfin connaissance de ce fonds mystérieux, celui de l'écrivain Alice Lemieux-Lévesque, conjointe de Rosaire Dion­ Lévesque, et y trouva cette lettre inédite de Kérouac que nous reproduisons ici.

Rosaire Dion-Lévesque, peut-être le plus connu des poètes franco-américains (En égrenant le chapelet des ;ours,Vita, Solitudes, Quête), signait à l'époque une chronique hebdomadaire, «Silhouettesfranco-américaines», dans La Patrie. Edition dominicale, une lithographie religieuse d'une pleine page, la Crucifuion ou l'Ascension, quelque scène du calendrier liturgique. Des commerciaux conventionnés et normatifs, angoissants à l'extrême pour qui se dit que le même code social agit encore, mais autre, imperceptible, parce que, déterminés par lui, nous ne nous en différencions pas. A travers tout cela, des figures franco-américaines tout àfait obscures défilent, huissiers, médecins, institutrices, membres de la Société de tempérance ou de la ligue du Sacré-Coeur, un passé vraiment défini, révolu, figé à jamais sur le microfilm comme une mouche dans l'ambre. Puis tout à coup un jeune romancier, Jean-Louis Kérouac.

Kérouac venait de publier The Town and the City. Ce /ivre a souvent été mis à part dans la légende des Duluoz. Certes, c'est véritablement le seul roman qu'ait écrit Kérouac; les suivants ne seront rien de moins que des chroniques, au sens où Froissart et Commynes, au Moyen Age, écrivaient des chroniques. Déjà pourtant, les thèmes spécifique de la geste kérouackienne apparaissent: l'impossible identité (<

1 Jack Kérouac, The Town and the City, éd. HarvestlHBJ (1983 J, p. 14. 2 Ibid., pp. 126-127. 3 Ibid., p. 27. 4 Ibid., p. 40. 5 lb.i.d.., p. 71.

19 isolément: on reconnaît ainsi Maggie Cassidy (<

L'écriture reste sage, mais sensuelle, capiteuse, d'une volupté contenue. On sent inévitable l'éclatement de ces patientes et puissantes volutes, leur dispersion en couleurs de l'alphabet, en syllabes saxophoniques; laforce comme à regret canalisée va s'épandre en méandres tortueux, éclabousser et dévaster, tout embrasser et tout ressasser dans son débordement. Herbert Huncke, dans Kérouac de Antonelli, affirme voir cette orientation future à la transition décisive qui sefait, dans une description de The Town and the City , d'un monde régulier et policé à un monde marginal et nouveau. Le point de vue du personnage, Peter, à un moment en effet glisse de l'arrière-plan de son époque, le Times Square des touristes et des amoureux, à un avant-plan jusqu'alors caché, baroque, monstrueux, les bars décadents de «hipsters» et de «hoodlums». 13 D'un contexte jusqu'alors plat et totalisant, peu à peu se sont détachés certains personnages, à l'exclusion de tous les autres. Kérouac a isolé ce qui deviendra sa spécialité, les individus à la suite desquels il se mettra désormais, ceux pour qui «la folie constitue la seule clef à un bonheur sans limites et sans fin» (<

Pour écrire sa chronique de lA Patrie. Rosaire Dion-Lévesque avait, semble-t-il, demandé à Kérouac quelques renseignements d'ordre biographique. Nous n'avons pas trouvé copie de cette lettre, mais l'essentiel est bien sûr que nous possédions la réponse de Kérouac. Nous publions aussi l'article de Rosaire-Dion Lévesque. Quelques incorrections, biographiques, grammaticales, peut-être simplement typographiques, le parsèment çà et là, mais nous n'avons pas cru bon les relever par de méprisants ~. Pour compléter ce dossier The Town and the City. nous donnons une critique d'Yvonne Lemaître parue, peu après la publication, dans Le Travailleur de Worcester, et une lettre de Kérouac à l'auteur.

Rémi F erland 6 Ibid., p. 45. 7 Ibid., p. 99; cf. p. 120, p. 178, p. 188. 8 Ibid., p. 55. 9 Ibid., p. 296. 10 Ibid., p. 313. 11 Ibid., p. 92. 12 Ibid., p. 251. 13 Ibid., pp. 354-364. 14 Ibid., p. 322. 15li1., On the Road, éd. Signet (1982), p. 9. 94-31 l34th St. Ri ohmond Hill, N. Y • D6o.38,f50 R.Dion-LevoBEiue Lund Road Naahua, N.H. Dear Mr. L·eveaque, l'm vory glad and honorad that you wish to write an article about me for La Patrle, eapepially as i twill be wri tton by a man whose name ia the Bane 8.B my· motherfa maiden name and who.oomes from the town of my alloeBtors. It' 6 somewhat sad and unfortunate that.l. oan l t aay all this to you in Frenoh---but l roally oannot spell or write oorrootly in Frenoh. Publio schoole in ~well and aoon l forgot how to write Frenoh, although l etil.l. spoak the patoi.!l with my t;lothor, Gabriolle.LeVesque (born in St.Pacombe.) ··8he sende you her warmeat wiahea and also ta your little Jean who muet be a eweet chl1d.

Ta fit thia ~loeey ph9to into an envelope l out it eom~hat with the aoiasore; hope it will be satiafaotory. Haroourt,Braco aent me a braoe of tuem; they too are pleaaed. For the sake of what might be necoaaary for the record, the photographer waa ARNI, aa l took oare to note in ink. (The pioture ie not.a realiatio one and l've never liked lt, but we Uso lt beoauee lt'e on the jacket of the booJc# ~lke ~ emblom.) The publiehlng date wae M&roh 2, ~950.

l don' t know wba t tind of short bi ography you need, but here goea. My father waa :Leô ~rouao of Naahua (born in 8t.Hubert and of the RivlereduLoup KeroWl08 way baok.) He was a '.printer and publieh­ er in Lowell---the old~T LITE theatrl cal paper, ·and J.ater other perio.d1oalQ and .ree;ular p~i'nti~. l wae bom March l.2, 1922; 1'1'ent to St·.·Loù1.a parbohial achonl and la ter St. Joseph paroohial for boya. Nos o&118e8 ••• 8t.LoUis, Ste.Jeanno d'Aic. Then l went to publio Qchoola and Lowell Hi, where l be~an playing football; won a eoholar­ Qhi"p to Oolumbia U., ,. first a year in prep school, Horaoe Mann School for Boya in K. Y. Then l ser-ved in the Merohant Marine dur1ng the wa~; was. on tho f8t!loua S.S.Dorcheeter the tr1p before 1 t sank wl th the !amoua ohaplaina 1n the North Atlantio 1943. (Why dG l eay this1) l doo' tlc:now OX8.otly what you oo~ use. l bogan "ri ting The Town & tho City in 1946 and finished lt 1949. It's not my own family, but a fam11y oreatsd out of tho compoeite of friends and poople (includin~ my owo parents)- l knelf and loved mOet. There ie no att~pt to cover the Frenoh-Canadian etory in America; thie l am now doing in my 2nd book. 10 my' ohildhood l took mo tripo to 1{ontr~al.,wi th the folks, aa all tho New England French do, eaoh t1me on the Fourth of July; ln an old '29 Ford, tho wholo fe.nily (one eiater,Carolino.) My lifo haa beon ~eneral1y a lot of wandering ••• not only st sea, ·but hitah-hiking eeyeral timee around U.S.A. (47 statos.) l worked nt al1 kinds of jobs, and have bean writ1ng ainoo l wae elovon, when l wroto my fir8t little book in a nickel notobook on the epur of reading Huokl~berry Finn. At 19 1 was writing aSaroyan n short etories in Hartford, Conn. and working in a • ~arae4j at 22 l wae in Manhattan reading Rimbaud & haunting the ço1~bia campus; at 24 l was in 'Friseo writlng Carlyle-llke eesaya. Nothing l di,duft do. My ahief inf1uono~l3 are LoUia Ferdinand. Celine, the great oontemporary Frenoh noy;oliat now 1n eXilo in Derunarlej Dostoev.akY· James Joyoe and of course Melvill~ and Thomae Wolfe. l ~ae marriod oni y 8. month a~o, Nov. 17, to Joan HaYorty of Albany, N.Y If you ean make anything out of thia. < • .or if yeu oan't, please lot me know and 1'11 try tQ sond you ~xactly what you nood.

21 l hopo l ha ven' t bden to verb08~ 3.nd u8dle 8S. } hope to m'jet you soroeday. Do you h~PPen to kno~ a ~~e.Louiae Michaud in Naahua7---aho ls my aunt l my father' ssieter, a droeslDaker of many yearsJ and my favori te and ~ost lovod aunt. To my aurpri~e l learned 90v~ral years a~o, in a· talk w1tn ner, that ahe had read everything---not only Rimbaud but

Stendhal, not only Villon but LaRochofoucauld l eto. She'a my laat con­ taot with the lifd l knew in Franco-Americana ••• l~ vie Franco-Americain?

It wae intdre8tin~ to me to learn that you tranalatod Leavoa of Grass' Whitman waa my·firet real influence; it wae on the epur of reading Whitm~n that l deoidad to oroas the oountry. There ia 80mething in Whit­ man that brings togetl}.dx al1 the oontendi ng old:!len'ta and na t1 ona11 t1 ea in U.S.A.; something too that beapeaka the vaat·trded~m of Canada, the St.Lawrenoe, the West IOf J Canada, the Gaapo. The taot t-œt you made no money doesn' t aurpri s~ mo. 1 made no money ei the!:' :on my nove~ and expoct never to make anything writin~, oepeoially·if l write exaotly what 1 neod to ",rite, whioh ta the truth about what l kno~." Thie hae to be. ·

l hope yeu canmake a few bucka with your ploee. If you write storios you ehould get youraelf an a{;ont in N.Y. l.have a: ver;/" good agent called Henry Volkannin~, 522 Fifth Avo. Thele ehould bc)· a trom­ ondous amount,of matérial you have about French Cana~iana; why don't you try a seriee of etories about Now England Canad1ane.

Hoping al1 gOde weIl, and that you Bond me the article boforé i t f 8 pub li Bhed# if yeu evor do it, 1 remain youre ainoerely,

Un compatriote, Rosaire Dion-Lévesque, «Jean-Louis Kérouac - romancier», dans La Patrie, Il février 1951, p. 26.

A 28 ans, ce jeune homme, épris de wanderlust, s'est créé d'emblée une niche enviable parmi les romanciers américains avec son premier livre, «The Town and the City». - Né de parents originaires de St-Pac.ôme et de la Rivière-du-Loup, il habite maintenant New York où il est à écrire un second roman dont le thème sera «Le fait franco-américain». *** Très peu de nos compatriotes se sont imposés dans les lettres anglo-américaines. Pour la majorité de nos écrivains férus presque exclusivement de langue française, la langue américaine est un instrument peu flexible et trop étranger à leur mentalité latine. D'autres qui possédaient l'anglais suffisarrirnent pour pouvoir se l'assujettir, ont hésité à l'employer croyant sans doute être accusés de transfuges par leurs confrères.

Nos concitoyens américains nous demandent souvent pourquoi les franco­ américains n'écrivent pas davantage en anglais, la langue naturelle qui les entoure comme un fleuve? Je répondrais par une autre question: Est-il possible de posséder le génie de deuX' langues? Les polyglottes peuvent s'exprimer facilement en plusieurs langues, mais seulement dans leur langue maternelle seront-ils à l'aise et donneront-ils leur pleine m~sure et la sensation du naturel. TI est facile, par exemple, pour un écrivain français de traduire un texte anglais dans sa langue maternelle. Mais qu'il tente le procédé contraire et sa transposition aura perdu spontanéité et naturel. Il y manquera ce quelque chose d'indéfinissable par lequel se ·révèle la création authentique.

Jadis M. Burton·· Ledoux se créa une enviable réputation de journaliste et de polémiste, voir même d'historien, à New York. Il y a aussi eu quelques livres publiés en anglais par M. Edouard Fecteau, M. le juge Eno,M. le professeur Alexandre Goulet, Mlle Liane Tétreault, etc. Mais ces publications d'essence purement documentaire n'entrent pas dalls le domaine de la création littéraire.

Nous avons bien le cas flamboyant de Will DURANT, cet extraordinaire philosophe-historien de North Adams, Massachussetts, dont les livres «The Story of . Philosophy», «The Story of Civilization», «Our oriental Heritage», «The Life of Greece», «Ceasar and Chris!», et le récent volume «The Age of Faith», passeront sûrement à l'immortalité. Mais Will DURANT n'est pas généralement connu en qualité de franco­ américain bien qu'étant «une des plus grandes gloires de la race française en Amérique».

li y a quelques années un autre compatriote, M. Jacques Ducharme, d'Holyoke, Massachusetts, fit passer un frisson esthétique dans les lettres américaines par la publication de son roman «The Delusson Family» - histoire romancée de sa famille. Ce livre fut suivi d'un documentaire trop hâtivement écrit, élémentaire et incomplet, intitulé «The Shadow of the Trees» qu'il échafauda à la faveur d'une bourseGug~enheim~Mais à part ces rares exemples, peu des nôtres ont fait des incursions dans les lettres américaines . .

L'an dernier cependant, se révélait un autre jeune talent de grande promesse, dans la personne de Jean-Louis Kérouac, de Lowell, Massachusetts, dont le premier roman «The Town aÏld the City» fut louangé par les grands critiques du New York Times et du New

23_ York Herald-Tribune, et signalé avec non moins d'enthousiasme par notre argus franco­ américaine, Mlle Yvonne Lemaître, critique littéraire du «Travailleur» de Worcester, Mass.

Comme le fit.M. Jacques Ducharme,. M. Jean Louis Kérouaé s'est inspiré, en partie, de l'histoire et des avatars de sa propre famille pour éc1iÏre son livre. Cependant, l,a situation franco-américaine y fut maintenue à l'arrière-plan, pour des raisons personnelles de l'auteur. M. Kérouac qui est à écrire un deuxième livre, me dit: «The Town and the City» fut écrit de 1946 à 1949. Ce n'est pas exclusivement l'histoire de ma famille, mais un composé des traits caractéristiques de nombreuses familles de mon entourage et de personnes qui m'étaient chères». «Je n'ai pas tenté d'y élaborer «le fait franco­ américain» ... chos~

Jean-Louis Kérouac est le fils de Léo Kérouac, de Nashua, New Hampshire et de Gabrielle Lévesque, de St-Pacôme, Canada. Les ancêtres du père étaient originaires de la Rivière-du-Loup. Le jeune Louis naquit à St-Hubert, au Canada, le 12 mars, 1922. Sa famille étant venue se fixer à Nashua, il fit ses études primaires en l'école Saint-Louis-de­ Gonzague de cette ville, pour passer ensuite en l'école St Joseph de Lowell, Massachusetts où sa famille s'installa par la suite. Au Lowell High School il se distingua en qualité d'athlète, étant membre de l'équipe de football. Il obtint alors une bourse qui lui permit de poursuivre ses études au Horace Mann School for Boys, et en l'Université Columbia de New York.

Durant la dernière guerre mondiale, il s'enrôla dans la Marine Marchande du pays et fit partie 'de l'équipage du vaisseau S. S. Dorchester. Le d,estin voulut qu'il ne fut à bord de ce vaisseau lorsque ce dernier sombra dans les eaux de lYl.tJantiqœ .du Nord engloutissant avec lui les cinq chapelains catholiques; tragédie maintenant passée à l'histoire.

Son père était imprimeur, à Lowell, Mass. li était aussi éditeur de plusieurs périodiques de l'endroit C'est sans doute dans l'atelier de son père que le jeune Jean-Louis acquit le goût «des écritures», fasciné qu'il dut être par la magie de la page imprimée sortant toute sanglante encore des presses.

Jean-Louis Kérouac a connu jusqu'ici une vie pleine d'aventures et de vagabondages. Il raconte comment deux voyages au Canada, durant deux années, consécutives, à l'occasion du congé du Quatre Juillet, lui sont restés bien vivants dans la mémoire. Les voyages se lrrent dans un vieux Ford 1939, où toute la famille, comprenant le père et la mère et une soeur, Caroline, et Jean-Louis, prenait place parmi les bagages.

Depuis il me semble avoir cessé de répondre aux appels du wanderlust. Il a visité quarante-sept Etats du pays, souvent «sur le pouce». Il a travaillé à une multitude de besognes pour gagner son pain tout en voyageant et en amassant des impressions sur le vif pour ses romans futurs.

Il écrit depuis l'âge de onze ans, nous dit-il. A cet âge, sur un carnet de cinq sous, acheté au «five-and-ten», il écrivait des aventures inspirées de Huckleberry Finn. A 19 ans, nous le retrouvons à Hartford, Connecticut, où il écrit, pour lui seul, des nouvelles à la «Saroyan», alors qu'il est garagiste en cette dernière ville .

. A 22 ans, il est à Manhattan, en l'Université Columbia, faisant la découverte pleine d'illuminations du grand Rimbaud, cet enfant terrible de la poésie française et mauvais ange du grand Verlaine. A 24 ans, il est à San. Francisco où, déjà mûri par de multiples expériences il délaisse les «enfantillages littéraires» pour composer des essais inspirés par l'Anglais Carlyle. Rentré à New-York depuis quatre ans, où habite encore sa famille, le jeune écrivain consacra tout son temps au parachèvement de son premier roman «The Town and the City». Il mit trois ans à l'écrire, soit de 1946 à 1949.

Dans ce roman qui fut publié par Harcourt Brace, le 2 mars 1950, le jeune romancier trace 1'histoire de la famille imaginaire Martin - famille franco-américaine, comptant cinq garçons et trois filles. La ville de Lowell devient la ville des «moulins à coton» de Galloway qu'on ne trouve pas sur la carte géographique et où les enfants grandissent avant que les garçons ne partent pour la guerre. A ce temps, les parents et les fillettes déménagent à New-Yorle. La guerre terminée, la mort du père réunit la famille dans son village natal du New Hampshire.

Il Y a dans ce livre des scènes de grand réalisme. L'intrigue tourne autour des efforts constants du père Georges martin pÔur s'entendre avec son fils, Peter. Ces deux personnages dominent le récit Mais le jeune romancier a su insuffler aussi beaucoup de vie et de réalismê à d'autres personnages moins importants de son livre: Joe Martin, le vagabond; Francis, 1'intellectuel; Alex Panos, le poète; Kenny Wood, «le maudit»; Liz Martin, 1'épouse amère, et Léon Levinsky~ le «hipstef».

Voici ce que dit de ce livre un critique de New-York: «Un style puissant allié à une grande précision de la langue, un dialogue vivant, un sens dramatique des détails sont quelques-unes des qualités de ce livre. Il sera évident, à la lecture de «The Town and the City» que Jean-Louis Kérouac a des idées bien personnelles».

Nous avons demandé à M. Kérouac quels étaient ses auteurs préférés. Il nous a répondu qu'il avait fortement subi l'influence de Louis Ferdinand Céline, 1'auteur de ce gigantesque cauchemar apocalyptique qu'èst «Un voyage au bout de la Nuit», de James Joyce, de Melville et de Thomas Wolfe, et de Dostoièvsky. Il nous déclare aussi avoir une grande admiration pour 1'auteur de «Brins d'Herbe», WaltWhitman. De fait, Whitman, ce vagabond mystique, fut 1'être qui incita Jean-Lo'lis Kérouac au Wanderlust et le décida à faire cette randonnée à travers tous les Etats-Unis. n dit de Whitman: «Il y a en lui quelque .chose qui réunit, qui cimente, tous les éléments et les nationalités de notre pays ... quelque chose qui fait penser·aux vastes étendues du C~ada, du gigantesque saint-Laurent, des plaines de 1'ouest, de la Gaspésie».

En novembre dernier, soit le 1.7, Jean-Louis Kérouac épousait Mlle Joan Haverty, d'Alb.any, N.Y. Ses connaissances du français ayant été succinctement acquises en quelques années d'école paroissiale, à Nashua et à Lowell, il n'est pas surprenant que notre jeune compatriote ne puisse s'exprimer aussi facilement qu'il désirerait le faire dans la langue de ses ancêtres. Ayant presque toujours évolué dans une atmosphère exclusivement anglo-saxonne, il dit déplorer ne pouvoir écrire parfaitement le français, mais il lit encore tous les auteurs français dans le texte. Une de ses joies présentes est celle de causer en français avec sa mère, Gabrielle Uvesque, avec laquelle il s'entretient encore de ses «voyages au Canada».

Et quoique s'exprimant presqu'exclusivement dans la langue de Shakespeare, il a gardé pour les beautés supérieures de la langue de Molière, une grande et sincère admiration. Tel que, Jean-Louis Kérouac nous fait grandement honneur. Il était juste que nous 1'honorions.

25 , Dans tout l'ouvrage, une seule phrasi de fran,'ais, et pronon· ~ par un .. , Viennois! Cet oiseau de pa:;.sage à Lowell·Gal1o\\ay. ë:.c pool.l~ 19S, WOf'COItu 1. Mauach,-une Vt&. Xl. No 12 ------~.()wellOlS - M, Kerouac même, n'en doutez point - se choisir d('$ livre:> français à la bibliothèque publique et s'exclame: ..comment: -- On lit le français dans les petites pro\;nœs des Etats·L'nis? . . ,Un seul livre français - Les faUJ: momuzyeurs d'André Gide - figure dans The Town and the City. et cela non comme lecture ''The City" plausl,b1e ~hez un Franro-Antéricain, mais comme lecture propre ' Town and the a un etudiant d'Harvard soignant ses cJasses, D'où œtte irréalité. toute particulière - l'absence d'affiliation ethnique - qui hante lA IIINI6&tion Iit~rair~ da jour dan.... "la M~rrima~'k" , :', 1..(1\\ .. 1\ ' le fond de l'ouvrage malgré sOn réalisme expert d'autre part. Car • ~ pour son portrait ~t ~ parle plus d'aulr~ ch~ , , , The Town and the City est clairement autobiographique, basé sur DQlat solide d'un ~~ romanck-r (ra.nco-amirkain dans It"s ' l'histoire de la nombreuse fanùlle de J'auteur même, et les Kerouac ~ ~rica.iM8 ••• Et UM ..cu~use lacullt" anc~tral(' de Lowell sOnt non œ génération spontanée américaine mais dé· finitivement francos. par Yt,IOMe LE MAITRE ...... , John Kerouac habite maintenant New York, ainsi que sa '.TM Tou," and tIuJ City. me~, Mme Gabrielle Kerouac, mais plusieurs membres du clan habitent toujourn Lowell. D'origine purement française, bretonne ,al , .. t;.~"uac - _ . ~ _ .---- comme le nom l'indique, ce sont des SUTvit'antsprononcés, parlant Un livre curieux, '. En ce sens.. Qu'il plante un arbre rnhll",t., français comme des bons, et le jeune romancier lui·même parle t'f ~lIl1t de !lève. san..:; lui preter de radn<'S ni parll'r de !l'm.' ~ français châtié. TI fréquenta l'école paroissiale Sainte-J~anne­ nourrid<-n.', John Kerouac est un ,animateur dt, pn'mi':'rP fom': d An: avant ses cours au Lowell High School et à l'Université C0- il Bail J!C'lIPI{'r un milieu d'une vie agissante, trépidante. f["{·mi!'· . lumbIa. Une tante, Mme Léontine Kerouac, est l'un des piliers sanœ et drue, C'est là le Cort d'un talent comàciiorable. qlli attd_nl de l'Association Educatrice Franco-Américaine, plus connue sous déjà Ct1 re premier essai une couleur et un reli('f peu ordinail'(~.­ l~ ~ œ Danles Educatrices, groupe féminin qui se dévouait par- . Le jrune auteur de The Tou'1l and tJu: City. dont ("~t il :27 an" 1(' ticuI.ierement autrefois à la naturalisation des Canadiens français premier roman, a réussi l'exploit de faire \;VIT' il l~ f"n"t am"ri· et s'occupe enéore-activernent de l'avancement politique des Fran­ caiœ un arbre vigoureux répandant autour de lui tlTlt' S;'\"· (''\1:1 ... ·•• co-AmériCains., Des .cousins de l'auteur, Hervé et Armand Ke­ rante, bI!!lS nous parler une fois du· vielL~ sang où Cl'! ;l rh l'.' ;t ;'u i",', . rouac.. habitent Lowell et sont affiliés à ses groupements francos: vie ct YÎgUe\lr, Réalisme fort acclL-;ë dans tout.' I""t'll\l'(,. !'i \'OII!' SoLon pere, ~ Kerouac, longtemps propriétaire d'une imprimerie à \'oulC'Z, mais auquel s'accroche toutefois unt:> certaine m<,>,ul'l' d'i,· weU. émigra à New York après des revers de fortune et la rœ.lItl>. Au sol initial, l'hurilUs ethniqll.~ Jl1ultipll' ('t rii\'\'r,.; où ~ de son atelier \ID peu avant la dernière guerre, et y mourut, croit f,(ln arbre, qûi est Lowell. John Kerouac !l'a pa" pIanI:' rie Son fils quitta l'université Colwnbia avant d'v finir ses cours et racint.'S .. . humaines, Pen..<;('Z à: un Hamkt où ma:l,pwr;lil 1.' ~: •• ,', ·.1IeIVit durant la guerre dans la marinè marchande, Toute la trame tI'!'duJ.'('TC . .. i:.~_Town aM the City est autobiographique, et la chaleur . ~Yl1Ilte cie. la :--':OI"\'':'!:I', Lowen, une survivances la Grt>œ, l'Arménie, la Syrie et le Liban: la PologJlt' {'t la Lithll;j. dans: c'est sa comPrehension, son amitié Pour un jeune poète grec. nie, Israël et quoi encore~ Je Il(? fais qu'('fncun'r les -17 \·,1r!,··!';" ~ PCl1t08, tué pluS tard à la guerre, et dont l'éthos, le et leurs ~7 sun;vances, . ~_ beIIénlque particulier à lui et sa famille méditerranéenne • ~~ l'écrivain. Mais aucune caractérisation' raciale de œ genre M. Kerouac ,voulut-il sciemment é\'it('r 1(' g('nn' 1 l'Op culti\· ..· du ~ effleure même . en passant \ID personnage franco-américain de TOI'1la'H immigrant.? Ne pas donIl(?r dans le roman italo-om,;rieilin l~, TI ne faudra donc pour personne chercher dans The où résonnent 0 Sole mio et Per Bacco.' à chaque clli1ll;r~c de mille!;· ~ aM the City un croman franco-américain. â cause de l'ori­ tr'Ofle a\'alée à chaque ligne? Ou dans le roman [::l'Imano-améri· g1en de l'auteur. L'QtlVI"8'ge n'a rien d'un roman franco-américain. cain où le Ke7men Sie e.in Eiscnbau7ll, Ei.~<'7Ibau1ll, Eisnll>a11ll11 de ...... l'éœle de chant tudesque rivalise ê.\' C 1('$ .4('11.' Sd,.X'n! q~1Ï ;;'1luent C'est ~nc un portrait social et topographique et non ethnique 'chaque tour gymnastique au '.J ((l"lIl'1'f11I1t De i'ao""'lICl' Illlaj~ dt' que nous dessine John Kerouac œ sa ville natale, bien·aimée même œt1e ca.melote, de son évasion de la banalité {'nfant ine C't de la s'ilIa ~.provindaIe et arlérée au point de v:ue intellectuek D'un pn'(ffidue couleur de nombreuses phra,;{'S ét ram:i'l'I'o' dans un te,,\(' lWen! de main, 1.1 écarte le Lowell fumeux des filatures, pour re­ angIai'i, à tout prendre félicitons· le, Et pourtant . et lXl\1l1ant tnluver intacte la poésie d'un site doué de grâce par la nature, les les gens de LoweJl~GalJo\\'ay savent que l'klip'''-' lo!;!lc du \'it'lI' envfroœ du Oreater Lowei:l dont les eaux et les arbres,les grandes temps n'('St pas tout à fait cela: qUf' l'omul'(' tenace de J';tnc(ot l't' ~~ les ~~ munnurent de doux chants à so? âme de ~te, enseveli hante toujours les \;{'ux logb-. Quand .lohn K,'rou:1C 1l1!· ~'. ~. .ont . ~ œs pages trop idylliques, trop bien même appel1e l'Enfant-Dieu the Lit tic .!os aux prises avec la métropole perte de l'atelier de maitre-imprimeur, l'abandon forçé de la vieille monstmelLc;e d'apft?s-gueITt' inspire maints tableaux. rt>p;'titifs t't et vaste demeure si confortable, le déménagement au piètre ap­ ('(lngén ('~, que le:- \'iellx de la vieil1e de ""ew York estiment ou­ parteinent à Brooklyn, OÙ le père vieilli George Martin tombe au t~ et d'lm démonisme naif. l':lIn deS· fils ~tartin tombe là en une rang d'ouvrier imprimeur, rongé d'ennui et de regrets, Décaden­ équh'oque socit;t!; de ~'gre ou de demi-p(>gre. en une Casba de ce. dissolution, dispersion du vieux nid. .. La guerre est venue, morphinoman('S et de vendeurs de dope, homose;o.;uels, dévoyés, semant aux quatre vents cette fanùlle où battait autrefois un seul dés..1.x~ et déséquilibrés de tout poil. voire de voyous avoués en coeur pour tous, à la fois grave et doux. Des sept enfants de quête du -bon coup.. de la bonne job en ce qu'ils appellent travail­ GeOrge et Marguerite Martin, cinq sont partis, trois fils aux ar- ler. Bu\"€urs à J'excès. ils \'ont, mâles et femelles. de bar en bar, · mées, deux filles dans les WACS. Et pour tous ces Martin jeunes de soûlerie en soûlerie, comme si tout le secret. le mystère, la clef et vieux, autrefois si heureux, s'est levé un spectre dissolvant, aus­ de la \;e résidait dans le seul alcool. pour retrouver vaille que si malfaisant, sous son traître aspect d'inertie, de néant et d'absen- vaille, ivres morts, leur couchette à l'aube. Et recommencer le · ce, qu'\metnitranleuse en plein jeu: l'ennui, . lendemain, en même triste bande, leurs mêmes mornes excursions The TOWK mcd tke City n'est pas à proprement dire un roman, nocturnes. Ces scènes new-yorkaLc:es \'OliS semblent bien exagé­ avec tntroduction. bain d'catmosphère>, intrigue, épisodes, péripé- rées. Je le confie à tme jeune femme qui avait trois frères aux · lies, analyses et dénouement bien amenés et agencés, chacun bien armées dont deux seuls re\;nrelit. Elle secoue la tête a\'ec éner­ enclos en son petit tiroir, comme ça s'écrit suivant les règles, C'est gie, .Mais c'était comme ça~ •. me dit-elle. .C'était bien comme de la vie, de la vie enfiévrée, pressante et imprévisible telle que ça. Cela prit des mois à mes frères à revenir à une \;e normale. John Kerouac la sentit en soi-même, chez ses parents, ses frères et Les fil1('S, le jeu, la boisson, c'était tout~ Chaque nuit, c'était la 8OeW'S, ses amis, ses C3.Q18.1"8des d'école, de collège, de travail, de ronde des bu\~ ettes . Pour oublier, toujours pour oublier. Et ils service à la guerre, de pàrtout, de tout temps. La fécondité, l'a­ revenaient chaque fois plus tristes et plus abrutis.. .. boodanœ, la richesse, l'étendue du tableau, que Kerouac par une . Tous les Martin, déracinés à jamais de leur \ielLX Lowell. dis­ périétra.tloo aiguë et \me grande fidélité de dialogue anIme d'un persés maintenant de New York à la Californie, se retrouvent en­ core une fois en d'éphémères contacts, alLX funérailles du père dans le New Hampshire, d'où il était venu à Lowell. Là, Joe Martin., le plus errant des fils, en face de la dignité, de la fidélité des vieux fermiers qui avaient connu et estimé son père, se prend d'amour pour la terre. Il y re\iendra, il en sera, il veut des ra~ cines. Il s'achètera une ferme au moyen d'un G-I Loan, système de prêts aux vétérans. Mais le fils intellectuel reprend le train pour New York, pour aller y terminer The Tou:n imd ,the City, sa chronique des Martin sur lesquels sont passés le temps, la guer­ re, la \;e en les moulant, les poussant sans relâche à des fins im­ prévues. Yoonne LE MAITRE

27. le fAROG forum, m~t

l'l\PPORT fRANCO-AMERICAIN Une lettre inédite de Jack KerQuac

Il' A 11 my knowledge rests ln my 'French-Canadianness' and nowhere else." -Jack Kerouac , prkenution p,u Michel upierre The Town and the City, le premier de ses livreS à ètre l'amitié lui était chère. Ce religieux. né comme lui dans publié. le "petit Canada" de Lowell, a é

Sept. 8 '50 time 1 will; in another medium, another level. In Lowell 1 few personal dues 1 wanted ta establish. 6ecause 1 94-21 134th Street never acted like a f rancis. 1 was always with the gang. wanted a universal American story, 1couiC! not make the Richmond Hill, NY My solitudes were romantic -like the solitudes of Panos - who le family Catholie. It was an American story. As 1 and not misanthropie. 1 defend m~lf strongly on this say, the French-<:anadian story l've yet to attempL But Dear Miss (Mrs.l) le Maitre ... point because 1 want you to like me. Francis was my you were absolutely right in your few complaints on this villain. score. Isn't it true chat French-<:anadians everywhere ·Excuse me for writing in English, when it would be so tend to hide their real sources. They can dQ it because much better to address you in French; but 1 have no What amazed me most about your review - which 1 they look Anglo-Saxon, when the lews, the ltalians, the proficiency at ail in my native language, and chat is the read and reread in Mexico City ail sommer - is the othetl cannoL .. the other -minority" races. Be~eve me, lame truth, beautiful and elegant French tone chat made it ~m as l'II never hide it again; as once 1 did, say in high school, though a very aun! of mine had reviewed my book. 1 felt when 1 first begàn "Englishizing m~1f' to coin i. term No review touched me more !han )'Qurs. 1 think it humble. Your mention of my mother and father (Me (aire un Anglais), My mother laughed and enjoye O'"mN",' important things. Just to prove it: look doser, when you is a tool 'lately found ... so late Q oever spoke English about il. l, persooally, {eel ail the reward 1 really need have lime, and you11 flfld chat "Will Dennison"(2) the before 1 was ~ix or seven). At 21 1 was still 5Omewha't when someone lil:.e vou answers a good wprd. Hoping dope addict in the "City" part of the book is the exact awkward and illiterate-sounding in my speech and you11 write, and give my best to Father MorTÎsette, prototype of Francis. In the original me, this wou Id have writings. What a mixup. The reason 1 handle English been more manifest. but we eut it. Francis is, in lact, the words 50 easily is because it is not my own language. 1 prototype of the man Will Dennison was drawn from- a re-fashioo it to fit French images. Do )'Qu ~ chatl Yours, wealthy Middlewestern Harvard esthete who became a drug addict. Francis is the weakest character in the Incidentally, 1 called the family Martin because that book. because 1 never dared draining him out full. Next can also be a French name ... Norman. It was one of the Jack Kerouac

(1) En fait. c'est plutôt Peter Martin, le frère (2) l'écrivain William Burroughs aurait servi de modèle à tard (/kmory awe pp. 425 - 426). le biographe ne de Francis, qui ressemblerait à Kerouac.· Comme Kerouac pour le personnage de Will Oennisoo. pré

29. POUR QUOI JE SUIS ICI ET INSTAMlftENT AILLEURS

. Je suis un individualiste e nragé. C'est une affirmation vra iment pas gratuite m@me s i elle ne signifie qu~ ce Que cha cun veut bien en supposer. Je m'exerce assez dangereusement à provo~uer l'ecart par refus visct::ral de tout ce oui est convenu socialement, normatif et sclérosant à même le confort apparent. Je me cabre dans l'instant, je regArde presque directement le soleil oui crible l'espace entier, et je ressens l'impulsion urgente de partir, d'avancer comme un forcené parce nue la vie ne s'accomplit que de brûler et ne se renouvelle que par bouleversement. Il n'y a rien d'abstrait. Les mots se ré percutent en leurs vibrations parfois distordues alors oue le sens semble confiner à l'absurde. Tout se découvre dans l'instant, ~ force d ' être evoqué plus ou moins impérativement. La littérature doit prétendre atteindre l'absolu, sinon elle se dilue frileusement dans le divertissement. C'est à ce niveau ~ ue je revendi~ue l'influence de Jack Kérouac, l'invention de soi plus mythioue encore oue légendaire, oui se vérifie par la tentative radicale de parvenir à une fusion de sa vie et de son oeuvre. J'écris tout ceci qui ne remplace pas le silence, je n'elabore 0;ue ce oui me concerne directement, j'ai seulement fait allu~ion à Kérouac de biais, je connais son oeuvre de façon incompl~te et à travers la distorsion pris~atioue de ma pensee, je comprends tout, je ne comprends rien, à la limite je s u is un idiot. Pourtant c'est toujours la vie intégrale dont il est ouestion, alors oue Gu oi que ce soit répond de tout puisque rien n'est indissociable dAns la ramification indéfinie des choses élémentaires.

Alain Quimper

31. RENCONTRE AVEC ALLEN GINSBERG

Allen Ginsberg. vous connaissez?

Un peu, pas du tout, vous en avez entendu parler! Pour ma part, en juillet dernier, je le connaissais très peu, sinon que mon ami et compère. de voyage, Louis Dupont, mien avait touché quelques mots à l'occasion d'un voyage à Boulder, Colorado.

Il m'avait situé Ginsberg surtout en rapport avec ses prises de posi ti on et son engagement contre l a guerre du Vi etnam. De plus, Louis me l'avait décrit comme étant, avec Burroughs, Corso et Kerouac, l es poètes maudi ts de 11 Améri que des années 50-60 ainsi que les pères de la "".

Plus personnellement, je voudrais vous parler de Ginsberg; l'homme, et non pas de son oeuvre en tant que telle et essayer, par ces lignes, de vous communiq~er les émotions, le "feeling" que nous avons ressenti lors de nos rencontres avec Allen. Allen Ginsberg est avant tout un homme de coeur, sensible et ouvert aux autres. Je me souviens de notre première rencontre au Naropa Institute où, très gentiment il avait accepté de nous rencontrer sans rendez-vous et de façon très informelle, mais avec une certaine retenue et un tant soit peu de scepticisme.

Il avait commencé par nous laisser nous présenter, ensuite il avait attentivement écouté Louis lui expliquer le but de notre vi site. Pui s, au moment préci s où Loui s 1 ui parl a de Jack

Kerouac, les yeux de Ginsberg slilluminèrent, son visage se détendit et nous sentîmes comme un souffle paisible planer sur nous; clétait gagné, la confiance était installée et Allen se mi t à nous parl er de Kerouac avec beaucoup dl enthousi asme et dlamitié.

Cette première rencontre eut 11 effet de nous plonger dans une sorte de bonheur indescriptible. Nous nous sentions très tthigh tt et avions la certitude intérieure de vivre à Boulder des moments dlune grande intensité. Il faut toutefois préciser que nous nlavions formulé aucune attente précise face à Ginsberg et que de ce fait, nous étions très ouverts à cette rencontre. Notre attitude était de laisser Allen nous donner ce qulil voulait, sans compromis; clétait peut-être un gros risque, mais ce com­ portement nous servit. Ginsberg fut très généreux, très acces­ sible, très près de nous.

33. On dit souvent de Ginsberg qu'il est un mystique, un adepte des civilisations et philosophies orientales. Pourtant, il reste en lui quelque chose de très américain comme une emprise culturelle -- ou contre-culturelle dans son cas --- qui se traduit chez lui sous la forme d'une très grande attention et sensibilisation aux choses de l'humanité. Cela fait de lui un universaliste, un citoyen du monde. C'est cette facette de sa personnalité qu'il me fi t découvri r lors d'une autre rencontre . Alors que Loui s était en entretien avec William Burroughs, Allen Ginsberg m'in­ vita à assister à une de ses méditations. Très gentiment il m'installa confortablement dans un des coins de la pièce ou

était installé son petit autel boudhiste et il se mit à psal­ modier des mantras et à chanter un texte anglais et tibétain. Sa voix était douce et pleine. Je ne puis vous dire si d'avoir pu assister à ce rituel était une faveur exceptionnelle, mais en tous les cas, je puis vous assurer que j'avais pleinement appré­ cié le geste, d'autant plus qu'après la cérémonie, Ginsberg me fit deux cadeaux. Le premier était le texte intégral de la cérémonie et le deuxième était un autre texte, sorte de recueil de pensées et maximes, qu'il avait rédigé la nuit précédente à l'intention d'amis intimes vivant outre le Rideau de fer. Ce manuscrit, Allen avait pris la peine de nous le dédicacer et surtout de m'en faire une longue explication philosophique. C'était, je crois, pouvoir le dire, sa façon à lui de nous signi fier qu'il nOlis appréciait. Suite à cela, je vous laisse imaginer mon excitation, car je crois qu'il me serait difficile d'en exprimer la pleine mesure par des mots.

Depui s ces brèves rencontres, pl usi eurs semai nes se sont écou-

1 ées et je sui s encore sous 11 i nfl uence du magnéti sme que

Gi nsberg nous prodi gua. De ces moments privilégiés, jlen ai surtout retenu la très grande disponibilité de l 1 homme, sa sim-

plicité, sa constance dans ses idéaux. J'ai lu, depuis mon retour du Colorado, plusieurs biographies qui lui sont consacrées et je mesure dans plusieurs cas, meme après 20 ans, à quel point l'homme est resté convaincu et conséquent dans ses

idéaux de fraterni té envers 1 es hommes . Allen Ginsberg est

toujours un homme attachant, indulgent, respectueux des idées et

des tendances de chacun.

Merci monsieur Ginsberg. Vous mlavez beaucoup appris.

Serge Wicht

Suggestions de lecture

GINSBERG, Jane Kramer, éd. 10-18. BEAT, HIPPIE, YIPPIE, Fernanda Pivano, éd. Christian Bourgois o OM ... ENTRETIENS ET TÉMOIGNAGES (1963-1978), Alain Jaubert et Susan Sacks, éd . Du Seuil.

35. UNE CONSTANTE PAR SOUPLESSE

A travers son oeuvre, Jack Kérouac fait preuve sans

ostentation d'une qualité humaine rare, la générosit~, une capacité d'accepter autrui en ce qu'il a d'original, d'unique, d'irréductible. Kérouac ne préjuge pas de la valeur de quelqu'un selon une bizarrerie d'apparence ou de comportement. Il cherche plut6t ~ déceler la dimension spirituelle de l'expérience de vie qu'il poursuit, quelle que soit sa route, celle du "fou", celle du "saint", celle de l'idiot m@me, l'idiot pouvant @tre quelou'un accul~ ~ la stupeur parce que trop honn@te pour en remettre dans les attitudes expectées par son entourage. Kérouac revendique son individualité en toutes circonstances (sauf pendant ses méditations intensives imprégnées de bouddhisme), refuse de piétiner comme un pion engoncé dans le carcan des normalités sociales et des technicalités légales. "Les Clochards célestes" et "Les Anges vagabonds" foisonnent de critiques. d'une société qui instaure l'uniformisation autant dans les loisirs que dans le travail. Kérouac ne se tro·uve à l'aise que seul ou dans les groupes les plus hétéroclites. Un tel individualisme se confond parfois, pas si paradoxalement qU'on pourrait croire, avec une conscience universaliste, une vraie générosité justement, englobant les expériences les plus variées, les sentiments religieux souvent synchrétiques àans le cas de Kérouac. Au-del~ des pseudo-impératifs politico-flico-économiques et àes tendances fascisantes qU'ils autorisent, Kérouac appréhende l'@tre humain. Ainsi, en pleine guerre, en pleine Mer du Nord, il éprouve de la compassion pour le cuistot d'un névire allemand qu'il imagine en train de sombrer. Je trouve très révélatrice la narration de cet épisode dans llVanité de Duluozl! (écrit en 1968) parce que je retrouve un Jack Kérouac familier, l'individu fondamentalement anti-fasciste. Les déclarations réactionnaires qU'on lui reproche à cette âpoque relèvent, selon moi, d'une propension à la boutade de ouelou'un abruti par l!alcool et surtout de la volonté èésesp~rée de se démarquer radicalement d'un courant social (les épigon~s de la Beat Generation) oui l'a grugé inconsidérément. Le fait qu'il se soit exprimé de façon brouillonne sur des Questions politiques prouve simplement qu'il était trop honn@te et trop spontané pour articuler sa pensée dans un système. Je n'ai évidemment pas connu Jack Kérouac mais j'aime lire et relire son oeuvre. Le meilleur de ce que je suis et que je m'efforce sans cesse de développer m'incite à penser ~ue j'aurais pu être un de ses véritables amis. En affirmant cela, je suis à la fois réaliste et très exigeant envers moi.

Alain Quimper

37. {)JAND ~ PENSE À TOI f'{)N FRÈRE

J: SAIS QUE IW{S NOS VEINES

CI RCULE LA r-ôE PISSE

OOE NOUS PI SSOOS LE r-Êf.E SANG

J' Y SENS C

L'OŒUR DU VIN BLANC, LA COULEUR DES COINS DE RUES;

.E SAIS MON 'FRÈRE QUE POUR NOUS

C'EST CCH-E SI NOUS ÉJACULIONS DE LA VIE.

SERGE HICHT tTÉ 1986 ------~

Québec, vendredi 1er février 1985.

UN VENDREDI SOIR CO~~E LES AUTRES ••• ou Deux instantanés d'une certaine realité québécoise.

8hpm- Rue du Sault-au-Matelot; une vieille maison historique, avec l'avancée du Vieux Séminaire de Québec sur la falaise à pic, en face (ça me rappelle Gilles Vigneault). Ambiance mi-"décontract", mi-"culturelle" de bon ton. L'hôte, Maurice, prof. d'espagnol (chez les jésuites), spécialiste des Catalans, est une ancienne connaissance du Chantauteuil-Biarritz il y a une douzaine d'années, et connaît bien la Bretagne. Il y a là également deux Americaines du Minnesota, un grand Américain "relax", et une Québécoise. La soirée s'étire après le souper, excellent par ailleurs, arrosé de "gwin-ruz". No more houblon ... Malédiction! On splitte les oueloues bières survivantes à deux ou trois. je reste un peu sur ma soif, ce qui est rare! Rencontré en sortant sur la rue, près du Saint-Malo fermé, Bertrand le "Bougnat". Je lui demande: "as-tu soif?". Il me réplique qu'il se ramasse chez-eux, mais il m'indique les coordonnées d'un bar à promiscuité des lieux. Et c'est alors oue ma soirée bascule.

Une heure du matin, Café "L' Acropole tt , rue Saint-Paul: pas de Grecs à l'horizon, tables de billard, serveuses affriolantes, ambiance typique mi-prolos, mi-chômeurs. Ca "fume" en crime! Un copain de Jon"ui~re, Robin est l~. On jase quelques minutes. Apr~s son départ, je m'assois ~ une table, o~ se tient un Amérindien assez jeune, grand et bilingue, peut-être un Cri. L'Amérindien engage la conversation moitié anglais-français, sympathise avec moi et se met ~ me payer traite sur traite. A un moment donné, j'ai devant moi un cognac, deux doubles scotches et une grosse Miller. J'hallucine quasiment. Je ne sais par quel bout co~nencer. Pour remercier le Grand Chef, je lui refile ma vieille pipe "Triskell" en cadeau (mieux vaut un autochtone emboucanné 0ue saoul, me dis-je in petto). Il la met dans sa poche arrière sans piper mot. Finalempnt, mon ami d'un soir s'écroule ivre-mort sur la banQuette, vers les trois heures, dans l'indifférence générale. Je finis mes verres, et sors avec la Miller (C'est l'heure d'y aller!). Rentré ~ pied, vers mon vieux Limoilou, et failli m'écarter sur la rivi~re Saint-Charles gelée.

Une belle soirée .•• Mais quelle "petite Vie"! Moralité(s): "On est toujours l'Indien de quelqU'un". L'Indien est-il notre mauvaise conscience ou notre double?

Louis Briand tbmICITÉ

I-brft:.: 00 tt>RD,

.x TE VOIS cOURBÉ

SUR LES MISÈRES 00 ~,

TU VouœAIS CHANGER LE NoRD

POUR LE Sun, TU VOUOOAI S

REFONffiE L'ESPACE ET LE "f81>S,

~TOOC~S~,~SPffiŒ

PAR CE FROID GLACIM.. QUI PÉNÈTRE

TES VEINES, LES FAISANT CU\QUER C

LE FOOET DES TRAÎNEAUX.

LEs CHIENS HURLENT TA PEINE QUE

TA VOIX EXTÉNlÉE DE FATIGUE NE PEUT

PLUS CRlffi, CRIER TON ESPOIR, CRIER

TA · FAIM DE JUSTICE, CRIER TON

BESOIN n'ÊTRE BIEN, AU Noon, AU Sun, À L'EsT ET L' CÀJEST •

SERGE HICHT ËTÉ 1986

41. (une note de journal) (28-IO-86)

En fin de nuit, il y a les coulées chaudes du sax ténor de David S. Ware doublées subtilement par la trompette de Ted Daniel ("Fate" sur l'album "Celebration" de Andrew Cyrille) et même une égratignure très perceptible n'altère pas la fascination oue j'éprouve, encore que je maintipnne comme toujours une distance critique par rapport ~ toute r~alité, ce qui n'est pas incompatible, je sais ce oui se passe ~ tous les niveaux en adoptant une telle démarche, et maintenant ça devient plus syncopé, plus criard, plus rébarbatif à toute harmonie, c'est la lutte qui s'exalte en fracas télescopés mais non adverses par antithèse destructrice, alors oue soudain le calme survient dans la cascade lente des notes de piano de Donald Smith, puis Ware et Daniel reprennent le thème initial avec toujours autant de souplesse, et ça chuinte sans heurt et ça palpite généreusement comme l'évidence la plus irradiante quand vivre brûle vraiment--

Alain Quimper

*****

Amateurs, fervents ou passionnés de jazz, Quelle que soit l'activit~ à laquelle il vous incite, vous pouvez écouter WNEW (am eleven-three-o). L'animation y est meilleure qu'excellente. Ca provient de New York, ce qui occasionne parfois une réception complètement brouill~e, ça ne peut que galvaniser le sens de l'espace entier.

A. ~. AVIS DIVERS

Le Club Jack Kérouac met à la disposit ion de ses membres les li­ vres dont l a nomenclature est établie à la page suivante. Il suffit de faire prendre en note le prêt par Nicole Paquin ou par toute autre personne responsable au Secrétariat permanent des peuples francophones.

Parution récente: Jack Kérouac, Maggie Cassidy (traduction de Béatrice Gartenberg), coll. "Points-Roman", édition du Seuil.

Dave Christy, de Montréal, nous informe de la parution au prin­ temps prochain d'une revue de création littéraire, Beat Soup, dans l'esprit de la beat eneration et des années soixantes . Adresse: 5110, rue Adam, Montréal Québec) H1V 1W8

43. CLUB JACK KEROUAC

CENTRE DE DOCUMENTATION

BURROUGHS, William S. (1966) Naked Lunch. CHASSE, Paul P. (1976) Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre. FERLINGHETTI, Lawrence (1976) Who are we now? GIFFORD, Barry (1977) Kerouac's town. JARVIS, Charles E. (1974)Vlslons of Kerouac. KEROUAC-HARVEY, Raymonde (1980) L'album: Pensées des descendants de Mau- rice-Louis-Alexandre le Brice de Kéroack depuls 1730. KEROUAC, Jack (1966) Blq Sur. KEROUAC, Jack (1966) Desolation Angels. KEROUAC, Jack (1962) Docteur Sax. KEROUAC, Jack (1977) Heaven & Other Poems. KEROUAC, Jack (1968) Les arges vagabonds. KEROUAC, Jack (1963) Les clochards célestes. KEROUAC, Jack (1969) Lonesome Traveller. KEROUAC, Jack (1978) Maggle Cassidy. KEROUAC, Jack (1976) Mexico Clty blues/1. KEROUAC, Jack (1984) Pull My Dalsy. KEROUAC, Jack (1971) Satorl à Paris. KEROUAC, Jack (1960) '$Lw la route. KEROUAC, Jack (1978) The Town and the City. KEROUAC, Jack (1983) Trlstessa. KEROUAC, Jack (1979) Vanlté de Dùluoz. KEROUAC, Jack (1976) Vlslons of Gerard. KEROUAC, Jan (1981) Baby Drlver. McNALLY, Dennis (1980) Desolate Angel. Jack Kerouac, the Beat Generation, and America. MONTGOMERY, John et al (1982) The Kerouac we knew. MOODY STREET IRREGULARS, a Jack Kerouac Newletter: Numéros 6/7, 9, 10, Il, 12, 13, 15, 16 & 17. NICOSIA, Gerald (1983) Memory Babe: A critical biography of Jack Kerouac. ODIER, Daniel (1969) Entretlens avec Wllllam Burroughs. PELIEU, Claude (1972) Jukeboxes. PELIEU, Claude (1973) Tatouages mentholés et Cartouches d'Aube. PLANtTE PLUS (1971) "Bob Dylan et la Beat Generation, changer la vie. SRrPARD, Sam (1978) Bob Dylan starring in Rolling Thunder Logbook. STARER, Jacqueline (1977) Chronologie des écrivains Beats Jusqu'en 1969. THE KEROUAC CONNECTION: numéros 7, 8, 9, 10, Il, 12. WALSH, Joy (1984) Jack Kerouac: Statement in brown. Franco-American litcralUre: writers and their lVritings La littérature franco-américaine écrivains et écritures PROGRAMME

VEl'DREDI, 13 MARS SAMEDI, 14 MARS I:JO p.m. Présiden!: Eric Waddell. CAMPUS CO,TER UnÎversité Laval. Or~anis.ateur de CAMPUS CE:-iTER la Rencontre internationa.le Jack Kerouac 1:30 p.rn. tns{'riplion / R~gistra(ion 9:00 a.m . Inscription/R~giJtra(ion Slide-tape show. Bl'yond thl' Rocd: The Franco­ 1:00 p.m. 9:30 a.m. American Side of Jock A·aouoc. Bicn\'C:nuC' : Louis· F. Dion. a.a., VicC'-("h3.ncclicr. Bienyenue: Joseph H . Hagan. Roben Pc:rreault. Collc~(' de r A~somrli0n President of Assumption Collc:ge Manch~ter. Ne .... Ha~pshire C!Jirc QUin131. DifC\."tr;('C' . Inst itut français :":aming a5 0 Translation of ~/f: The Ca~ of 9:45 a.m. 1:15 p.m. Jock };erouoc. Pr6idcnle: Oaire Quinlal. ~1aurîce PotC"Ct. Prcsidmt: rierre Anet il. In~litut Quebecois de Directrice de l'lmtitut français Uni\ersité du Qud)ec 3 :-'1onlrta.! recherche sur la cuhurc David Plante. author of the Francoeur trilogy: Discussion Louis Dont'" ('1 /(os hrh'ains frcnco·amhicoins. Th~ Famil)'. Th~ Woods. The Country. )'\'('$ Garon. a.a., Born in Providcnce, Rhode Island, he now lives ancien professeur à rUni\'c:rsitt La\"al in London. Ll.'s Fronco·Amhicains ('f l'institution fiuhoirt' 3:00 p.rn. Pau$< cdi qll(I"~cui... {': ft- ('n~ dc Htmf rr,·mhh.JY. Discussion J:JS p.rn. Ré:~is Normandc3u, Un;\'crsité du QU(l;!cc à !\10ntréal Présidmte: Charlone Bordes LeBlanc. Boston Colkge Cornille Lessard-Bisson.nettl' .. . à la rechl'rchl' Discussion 10:30 a.m. Moderator: ~1ichad Truc, d'un jtminisml' franco·am/ricain.. Assumption College J3n(1 Shideler. Uni\"enity of ~1assachul.Ctts al Amherst Bill Tremblay, editor of the Colorado Revic'W. 3:30 p.m. Pause caf< Born in Southbridge, MassachuSC"tts, he is Chair JacQuie Gi~n FuUer, Dative of Lcwiston. 3:45 p.m. of the Creative Writing Program at Colorado Main<:, readjng (rom a work in progress. Slalc UniverS"ity. He .... ill read from his rCC(ntly Gérard Robichaud. author of The App/l.' of his Franco-Amerù:an Lill'rCful"( in. a Lütll' Canada of published volume of poet!)' entitled: Duhamel; Eye, rcading an c,;crrpt from his ncw novd. A Se"'" England - Holyoke. J.fa.ssach~{(J. Id('as of Order in Little Canada. Pearl of G,{'Cf Pria. Ernest-B. Guillet. Ph.D. Wil( Jaml.'s. nt Err:cst Du/ouft: romancù:r du Far­ OU('Sf. Oiscussion Discussion Florence Tormey Dlouin. CEGeP SI-Laurenl. ~1onlréal 11:15 a.m. Pause caf< Richard L. BelaÎr, author or Double Tak~ . CHAPELLE DU SAI:-iT-ESPRlT rcading rrom a worle in progress. II:JO a.m. 5:30 p . rn. Mt"Sse Présiden;: Armand-B. Chartitr. Cé!tbranl C1 homëlislc: \\ïlfrid-J. Dufault. a.a. Uni\'enÎlé du Rhode Island Conctlëbrants: Richard· P. Brunellc. a .a. Rosoire Dion-Lb'('squ~ ~( l';d~n.lill franco­ Louis·F. Dion. a .a . amtricaÎne. Michel Lapierre. PAVILlO:-; TAYLOR Université de Montrézl 7:00 p.m. Normand Du~, auteur de plusieurs fecuCÙS de Dina-gala en l'honneur de Claire Quintal. directrice L 1"Slil,1( !n'''(tlu /~C rr"l'f'rks ~ l''u ,.,od.qt..f' qo..,,~, YI"#'! _fl~ k ~t>II"qlH' . P,... " d, ", ","",", /_, .. , d·,",..,.".",...,", ",..d4"1 J.-J William-E. Aubuchon. flh. OI("\o·a.1icr de !v1alte. Vice:­ ('Q"/t","~rl Il:30 p.m. O

.\:ous ror.(r(wns \'i\'cmcnl /('s gou\'rrn('men{s de la Frana n du Canada. la ~lIga{ion du QU(~ ~n ...... ou\·~IIe-·Angln~rr(. oirui quc le Conse;I dc la \·ù: fran(ais~ ~n AmhiQuC'. d~ kur glnlrositl d nOlr~ Ixard.

FORMULAIRE d'INSCRIPTION Registratien Ferm

Tous remeignemena sur l'htt;.crgement e:t le tramport I:lsctiption seronl fournis sur demande. COII/rrt:flu /~ 'd~jnlna inclus/ Information "garding lodging and transportation Soll.lrdoy 11.lf1(h i"rll.ld~) _SIS.OO _SIl.}() Gl'ailabl( upon rt'çuNt.

VllLf {TAY. PkOVtNC"t roOE P'OSTAl Otna-Gala/ Testimonial Dinncr _tlS.OO

J( fI( p<"ulo p&$ UlU:fa. mats Mt1o.t .n

Toul

·Voir le formulaÎfc d·.dhésion d( membre .u ~$O. ~ rrW"r~ Inr /«rmbuJhip af>pli~all o ll . r UNIVERSITE DU MAINE à Orol1o

CENTRE I· RANCO· A\ltRICAIN ~ 1ais<.1f1 F raIKtl-AI11éric J. i n<..~ FAROe ct Lt- F.A.R .O .G. FORUM 12<13'·enucdll Colkgc T':kphollc: (2

"OesolBtion Angel": JBck K érouB c Bnd the Fra nco-Am erican Iraditio n

Co-sponsored by the Oepartment of English and The Franco-American Center of the Uniuersity of Maine

April 2, 1987 11 :00 Arriual of guests (Presenters,Panelists,Modemtors)) a t the Fmnco-American Center 126 College Auenue 12:00 lunch/tour of Performing Arts Center 2:00 Welcome by President licl< and Prof. Burton Hatlen 1ntroduction of Presenter Roger Brunelle of lowell, Ma. by Prof. Kail "The Birth Place," North Bangor lounge, Memorial Union 2:30 1ntroduction of Or. Claire Quintal, Assumption College, Worcester by Prof. Kail "Kérouac: A Bibliographical History/His Place in Ethnic literature" North Bangor lounge, Memorial Union 3:30 Panel discussion introduced/moderated by Prof. Bishop "Sources of Creatiuity: Kérouac and Franco-American Au thors Today" Oiscussants: ...... , ...... , ...... , ...... , , ...... North Bangor lounge, Memorial Union

7:30 Readings-I ntroduced by Prof. Bishop Uniuersity Club, Memorial Union

April 3, 1 9 87 9:00 Video tapes/films/slide productions introduced by Prof. Waddell of Uniuersity laual, Québec

North Bangor lounge, Memorial Union Class uisits by authors arranged through English Oepartment 1 :30 Introduction of Presenter Prof. Eric Waddell by Prof. Claire Quintal "Kérouac: The Uniuersal Man" North Bangor lounge, Memorial Union 3:00 Panel discussion introduced by Prof. Kai! and moderated by M. Paul Paré ,EHecutiue Oirector of ActFANE (Action for Franco-Americans in the North East) "The Place of Franco-American Authors in American litcraturc" Oiscussants: Professors Waddell, Quintal, Bishop •...... ,

4:30 Closurc-Profcssor Burton Hattcn, Chfiirpcrson of Uniuersity of Mfiine Oepfirtmcnt of English

MERC 1 À TOUS UNE PRECISION ET UN HAPPEL

Le titre du bulletin et le sous-titre qui l ' encadre consistent en une citation de "Sur la route" (selon la traduction de Jacques Houbard, Folio, Gallimard, p . 356) qui résume symboliquement la vie de Kérouac en faisant implicitement allusion à ses diverses évolutions (ou régressions) ulterieures. Cela sugg~re aussi la dimension ouverte du Club, en ce sens que n'importe qui manifestant un intérêt pour Kérouac peut s'intégrer au groupe assez hétéroclite oui le compose.

Ce premier numéro substantiel constitue un témoignage , probant par sa diversité même, de la vitalité du Club. Considérant de plus l'effet concentré de tremplin du collo0ue international et l'éventualité de collaborations prestigieuses, on peut envisager, avec un enthousiasme de bon aloi présentement, de conférer à ce bulletin l'envergure et la qualité matérielle d'une revue. C'est pourquoi tous les membres du Club sont plus que jamais sollicités à y participer, les prochains numéros (paraissant sur une base ouadrimestrielle) n'excluant surtout pas l'inaliénable voix au chapitre du lecteur.

Alain Quimper

47. N(IMPORTE QUELLE ROUTE

BULLETIN DU CLUB JACK KÉROUAC

Comité de rédaction: Louis Briand

Rém i Fer l and Jean Po ulin

Alain Quimper

Ont également collaboré: Roger Brunelle Bertrand Marotte Jacques Nadeau, photographe Ér i c I-Jadde 11 Serge Wicht