LIBAN MISSION D’ENQUÊTE LIBAN « Je Suis Déjà Mort Un Million De Fois
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VIVANTS, SANS L’ÊTRE MISSION D’ENQUÊTE VIVANTS, SANS L’ÊTRE LIBAN MISSION D’ENQUÊTE LIBAN « Je suis déjà mort un million de fois. » Bilal, condamné à mort pour meurtre en 1997, détenu à la prison de Roumieh. « On voit bien l’incertitude dans laquelle vivent les condamnés à mort. On n’applique CAROLE BERRIH pas la peine de mort, mais on ne l’annule pas non plus. Est-ce qu’on va les réveiller KARIM EL MUFTI un jour et leur dire que la peine va être exécutée ? C’est le plus horrible à vivre. Ça donne lieu à une anxiété, à des symptômes dépressifs, à un stress parfois incontrôlable. Ils sont vivants, sans l’être. » Psychologue intervenant en prison. Ce rapport est issu d’une mission d’enquête réalisée au Liban de juin à septembre 2018 par les travailleurs sociaux, juristes et avocats œuvrant avec l’AJEM. Il se fonde sur les entretiens réalisés avec 53 condamnés à mort dont LIBAN quatre femmes dans familles prisons, mais aussi avec des membres de leurs familles, des codétenus, des agents pénitentiaires, des magistrats, des avocats et des anciens condamnés à mort. L’anonymat des détenus rencontrés a été préservé. La LACR a largement contribué, de par son expertise, à la réalisation de ce rapport. Carole Berrih, directrice de Synergies Coopération et rédactrice de ce rapport, MISSION D’ENQUÊTE et son co-rédacteur Karim El Mufti ont très justement repris les témoignages recueillis par les enquêteurs pour les intégrer dans une analyse historique, juridique et politique de l’application de la peine de mort au Liban. Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la collection « Missions d’enquête dans les couloirs de la mort » d’ECPM, qui dresse un état des lieux des conditions de vie dans les couloirs de la mort de différents pays du monde. L’objectif est de VIVANTS, SANS L’ÊTRE rendre compte de la réalité de l’application de la peine de mort, pour interpeller l’opinion publique et appuyer le plaidoyer auprès des autorités nationales et de la communauté internationale. ECPM En partenariat avec : 62 bis, avenue Parmentier 75011 Paris www.ecpm.org © ECPM, 2020 Prix : 20 euros ISBN : 978-2-491354-16-9 Ce document a été réalisé entre 2018 et 2020 avec l’aide financière de la Suisse et de la Norvège. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas 9 782491 354169 être considéré comme reflétant la position de la Suisse ou de la Norvège. couv mission enquett-LIBAN-2020-FR.indd 1 18/12/2020 09:45 Rédactrice Juriste spécialisée en droit public international, également titulaire d’un master de sociologie, Carole Berrih a été cheffe de mission et coordinatrice de projets pour des ONG internationales avant de fonder et diriger « Synergies Coopération », VIVANTS, SANS L’ÊTRE bureau d’études et institut de formation dont l’objectif est la promotion et la protection des droits humains. Carole Berrih conduit en particulier des études et évaluations pour des ONG et agences internationales des Nations unies dans MISSION D’ENQUÊTE le domaine de la justice pénale et de la lutte contre la torture et les mauvais traitements en milieu carcéral. Elle est auditrice de l’Institut des hautes études LIBAN de la Défense nationale (France). Co-rédacteur Enseignant-chercheur, Karim El Mufti dirige la Clinique juridique des droits de CAROLE BERRIH l’homme à la faculté de droit de l’université La Sagesse à Beyrouth. Diplômé KARIM EL MUFTI de l’Institut des études politiques d’Aix-en-Provence, il a obtenu son doctorat en sciences politiques à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Spécialiste de la dialectique de l’État et des sociétés plurielles, il a longtemps travaillé sur les processus de reconstruction étatique au Liban et en Bosnie-Herzégovine, et se concentre aujourd’hui sur les dynamiques institutionnelles dans la protection des libertés. Expert en droit international, en particulier sur les droits de l’homme et le droit de la guerre, il milite au Liban dans de nombreuses associations et collabore avec de multiples organisations locales et internationales sur les questions libanaises et moyen-orientales. Toutes les opinions des auteurs n’engagent pas nécessairement les organisations partenaires du rapport. Directeur de la publication : Raphaël Chenuil-Hazan Coordinatrice : Julia Bourbon Fernandez Rédactrice : Carole Berrih Co-rédacteur : Karim El Mufti Relecteurs : Ogarit Younan, Lina Chamoun, Emmanuel Maistre, Nicolas Perron, Mathilde Millier Maquette : Olivier Déchaud Secrétaire de rédaction : Caroline Izoret-About Illustratrice : Jeanne Hirschberger Photo de couverture : ©Haitham Moussawi En partenariat avec ECPM 62 bis, avenue Parmentier 75011 Paris www.ecpm.org © ECPM, 2020 ISBN : 978-2-491354-16-9 Liste des abréviations présentation ADDL Association de défense des droits de l’homme et des libertés AJEM Association justice et miséricorde CAT Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants CICR Comité international de la Croix-Rouge CNDH Commission nationale des droits de l’homme Ensemble contre la peine de mort (ECPM) a été créée en ECPM Ensemble contre la peine de mort 2000 et lutte contre la peine capitale partout dans le monde en EPU Examen périodique universel fédérant et mobilisant les forces abolitionnistes du monde entier. FL Forces libanaises ECPM organise depuis 2001 les Congrès mondiaux contre la peine FSI Forces de sécurité intérieure de mort et a fondé la Coalition mondiale contre la peine de mort LACR Association libanaise pour les droits civils – en 2002. À travers ses programmes et ses campagnes, l’association Lebanese Association for Civil Rights plaide auprès des instances nationales et internationales, renforce MNP Mécanisme national de prévention de la torture les capacités des acteurs abolitionnistes sur le terrain et mène des OPCAT Protocole facultatif à la Convention contre la torture actions d’éducation et de sensibilisation. et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants PIDCP Pacte international relatif aux droits civils et politiques PSNS Parti social nationaliste syrien L’Association justice et miséricorde (AJEM), créée en RAU République arabe unie 1998, s’engage pour la défense des droits de l’homme dans les prisons TSL Tribunal spécial pour le Liban libanaises et contre la peine capitale depuis plus de vingt ans. Les projets de l’AJEM visent à parvenir à un consensus sur l’abolition de la peine capitale à travers la mise en place de réseaux d’échange et de revendication de droits ; le renforcement de l’intervention des organisations de la société civile dans ce domaine ; l’application et le respect des droits communs pour chaque citoyen libanais et étranger au Liban. L’AJEM est co-fondatrice de la Campagne liba- naise pour l’abolition de la peine de mort. L’Association libanaise pour les droits civils (The Lebanese Association for Civil Rights – LACR) a été fondée en 2003 comme continuité d’une action vécue depuis 1983 par deux pionniers de la culture de non-violence au Liban et dans le monde arabe, Walid Slaybi et Ogarit Younan. Écrivains, chercheurs, sociolo- gues, pionniers de la formation active au Liban et militants, Younan et Slaybi sont également les cofondateurs de la Campagne libanaise pour l’abolition de la peine de mort depuis 1997. Vivants, sans l’être Mission d’enquête ECPM 4 Liban 2020 5 TABLE DES MATIÈRES • Avant-propos 11 • Préface 13 • Propos préliminaires 14 introduction 17 • Contexte général 18 • Présentation du Liban 18 • Quelques données sur la peine de mort au Liban 21 • Méthodologie 29 • Technique d’échantillonnage 29 • Méthode de recueil et d’analyse des données 31 • Profil des personnes condamnées à mort interrogées 31 Histoire de la peine de mort au Liban 37 • Introduction 38 • Les exécutions, réponse de la justice impériale ottomane aux violences commises contre la communauté chrétienne 39 • Les soubresauts de l’indépendance du Liban (1914-1946) 41 • Les accords de Sykes-Picot et la création de l’État du Grand Liban (1914-1920) 41 • Indépendance du Liban et Pacte National (1920-1943) 42 • L’utilisation de la peine de mort après l’indépendance du pays (1943-1964) 44 • Les premières années de l’indépendance (1943-1959) : le Liban face au Parti social nationaliste syrien d’Antoun Saadé 44 • Extension du champ d’application de la peine de mort par la loi de 1958 46 • L’imposition obligatoire de la peine de mort pour les homicides volontaires : la loi Eddé de 1959 47 • Le coup d’État du 31 décembre 1961 49 • Les prémices de la guerre civile (1964-1975) 50 • Une exécution et des massacres de milliers de civils pendant la guerre (1975-1990) 51 ECPM 2020 7 • Condamnations à mort et exécutions après la guerre (1990-1998) 54 • Occupations 104 • L’ère des potences : élargissement du champ d’application • Alimentation 105 de la peine de mort et exécutions publiques de civils 54 • Accès à l’eau et à l’hygiène 106 • Condamnations à mort commuées pour Samir Geagea, • Santé physique et santé mentale 107 chef des FL 57 • Liens avec les autres hommes et femmes détenus 110 • Un répit avant une reprise des exécutions • Sanctions disciplinaires 111 (1998-2004) 59 • Contact avec le monde extérieur 112 • Les premiers succès de la Campagne nationale contre • Un Mécanisme national de prévention en cours la peine de mort au Liban 59 de mise en place 115 • 2004 : la reprise des exécutions 60 • Une route vers l’abolition semée d’embûches (2005-2020) 62 Un mouvement abolitionniste pionnier et novateur 117 • La révolution du Cèdre et le Tribunal spécial pour le Liban 62 • 16 ans de moratoire, entre abolition et hésitations