Tomexxii-Academie De Stanislas 2007-2008.Pdf
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L’Académie de Stanislas, fondée à Nancy, le 28 décembre 1750 par le roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, a été reconnue d’utilité publique par le décret impérial du 21 juin 1864. L’Académie ne prend point la responsabilité des doctrines et théories contenues dans les Mémoires dont elle vote l’impression. Mémoires de L’ACADÉMIE de STANIslas Année 2007/2008 8ème Série Tome XXII Siège de l’Académie 43, rue Stanislas - Nancy Nancy : Imprimerie municipale, 2010 4 PRIX DU CONCOURS 2001 Année 2007 - 2008 Composition du bureau Monsieur Michel LAXENAIRE, Président Monsieur Jean-Louis RIVAIL, Vice-Président Monsieur Jean-Claude BONNEFONT, Secrétaire Perpétuel Monsieur François LE TACON, Questeur Monsieur Louis CHATELLIER, Secrétaire Annuel Monsieur Guy VAUCEL, Bibliothécaire Archiviste 6 ÉLOGES FUNÈBRES DES MEMBRES DÉCÉDÉS EN 2007-2008 ÉLOGES FUNÈBRES DES MEMBRES DÉCÉDÉS EN 2007-2008 7 Éloges funèbres des membres décédés en 2007-2008 Eloge funèbre de Monsieur Gilles Fabre prononcé par Monsieur Michel Vicq le 26 octobre 2007 Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Mes chers Confrères, Parmi les éminents confrères qui composent notre Compagnie, l’un d’eux se distinguait par sa sensibilité artistique, son urbanité et par la constance la plus honorable de son amitié : c’était Gilles Fabre. Il nous a quittés le 19 août 2007. Il s’est retiré de la vie avec la discrétion et la délicatesse qu’il a toujours manifestées à ceux qui l’ont côtoyé. Vrai lorrain - il était né le 7 octobre 1933 à Blâmont - il fut élève des Beaux- Arts de Nancy avant de suivre les cours des Arts décoratifs de Paris. Les exigences de la vie familiale l’amenèrent à mettre ses compétences au service d’un bureau d’études du bâtiment à Paris. Mais déjà la peinture le tentait. Il s’y essaya avec un tel bonheur qu’elle fut remarquée par un expert, proprié- taire d’une galerie d’Art à Paris, qui lui proposa l’exposition d’une de ses toiles. Ce fut le vrai départ d’une carrière tout entière consacrée à la peinture. Pressentant le succès qui l’attendait, il quitta ses fonctions pour s’adonner définitivement à sa passion artistique. Rapidement, sa réputation fut établie. Ses expositions se multiplièrent en France à Nancy, Paris, Versailles, Vichy, Metz, Besançon, Honfleur,R ouen, Cannes, Juan-les-Pins, Strasbourg, Conflans, Monte-Carlo, Deauville, mais également dans le monde - au Luxembourg, en Belgique, au Japon, en Russie, au Koweit, en Suisse et en Egypte. 8 ÉLOGES FUNÈBRES DES MEMBRES DÉCÉDÉS EN 2007-2008 Chacun de nous retiendra avec quelle admirable aisance il savait, en respi- rant les quatre saisons de la Lorraine, peindre la ruralité à travers ses pierres, ses maisons, ses jardins, ses champs, ses neiges, ses fleurs, ses fenêtres chaudes et accueillantes, ses chemins tortueux au bout desquels se cachait l’espérance. D’un trait sûr et unique, il affirmait la voussure d’une porte, accompagnait la souplesse d’un rameau printanier, faisait surgir l’éclat d’un pétale. Dans ses toiles, point de raideur dans l’élan, mais de la vie dans chaque branche même dépouillée et un murmure dans le ruisseau le plus mince et le plus abandonné. Il avait le don de faire apparaître l’harmonieuse musicalité des choses et de laisser flotter des humeurs nées de la rencontre de beautés simples. Ses tableaux, modestes dans l’excellence, ne pouvaient qu’ouvrir le cœur de ceux qui aiment la Lorraine, mais aussi l’Orient qui l’inspirait. La Maison du Peintre, ouverte par ses soins en 1993 à Repaix, était devenue un carrefour de la joie et des émotions, celle que l’on éprouvait en sa présence comme celles que suscitait sa peinture parlante, vraie, lumineuse. La notoriété de Gilles Fabre, faite de son talent mais aussi de la totale abné- gation de son épouse Christiane à la cause artistique de son mari, ne pouvait pas rester sans reconnaissance publique. Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Officier des Arts et des Lettres, titulaire de la Médaille d’Or des Villes de Nancy et de Conflans, Gilles Fabre se flattait d’avoir été fait citoyen d’honneur de Briey, de Conflans-en-Jarnisy mais surtout de son village de Repaix, ce qui, à ses yeux, était une distinction sans égale. Admis au Salon des Indépendants, il devint, en 1968, Sociétaire des Artistes Français et plus récemment de la Nationale des Beaux Arts. Il avait légitime- ment rejoint l’Académie de Stanislas en 1987 comme associé-correspondant. Devenu membre titulaire en 1993, il avait présidé notre Compagnie durant l’année 1999-2000. Ses communications témoignaient de sa riche culture artistique : - Evolution et révolution de la Peinture au XXème siècle ; - L’influence de la Renaissance italienne sur la peinture contemporaine fran- çaise ; - Jules Bastien-Lepage, peintre lorrain ; - Robert Laverny, prince de la rue. Il entendait bien, à la rentrée, témoigner l’admiration qu’il avait eue comme nous tous pour la carrière de Jacqueline Brumaire, notre confrère, à laquelle il voulait rendre hommage. Son texte était prêt, sur sa table, au moment où la mort est venue le ravir. Il appartiendra au Bureau de l’Académie de statuer sur l’opportunité d’entendre cette communication posthume. Si c’est le cas, nous l’écouterons avec émotion. ÉLOGES FUNÈBRES DES MEMBRES DÉCÉDÉS EN 2007-2008 9 Nombreux ont été ceux qui, dans une belle journée de fin d’été, ont accom- pagné Gilles Fabre dans le cimetière de Repaix où il repose désormais avec son fils aimé, à l’ombre d’un clocher qui tant de fois inspira ses pinceaux. Ses lettres, ses confidences, dans ce qu’elles peuvent avoir aujourd’hui d’aca- démiques ou de futiles, vivifient de façon singulière nos souvenirs car elles sont empreintes de l’amabilité qu’il réservait à chacun, y compris aux plus humbles, ceux auxquels la vie n’a pas réservé son plus beau sourire. Personnalité chaleureuse, on le croyait hussard mais on le devinait fragile. Il avait la simplicité de celui qui est habité par la passion, vertu qu’il mettait au service de son talent pour décrire son attachement à la terre. Son amour de la vie et sa communion avec le monde étaient à l’unisson de son sourire toujours épanoui. Sur la fin de ses jours, tout son corps était sillonné par la marque de ses longs travaux et par de rudes douleurs qu’il surmontait en silence, ajoutant ainsi à son courage sa grandeur d’artiste et d’homme. Il se taisait sur lui sans oublier les autres. Et si on lui avait demandé quelle musique il préférait, il aurait sans doute répondu : celle des pas de mes amis quand ils viennent à ma rencontre. Il nous attend pour toujours. Eloge de Pierre Messmer prononcé par Monsieur Alain Larcan le 9 novembre 2007 Pierre Messmer était, lorsqu’il a disparu, le 28 août 2007, le plus grand des Français Libres ; la France a perdu en lui un des plus nobles de ses fils, il était la statue du commandeur du gaullisme, et sa disparition laisse un vide immense. Il était aussi notre confrère, et il me revient, au nom d’une amitié dont il m’honorait depuis plus de 35 ans, de reprendre en le complétant, l’éloge que je fis devant nos confrères et par lequel je sollicitais en sa faveur les suffrages de l’Académie de Stanislas, en 1979. Il était né le 20 mars 1916 à Vincennes d’une famille alsacienne et lorraine, originaire de Mulhouse et de Marmoutier, ayant choisi comme tant d’autres de vivre en France après le Traité de Francfort. 10 ÉLOGES FUNÈBRES DES MEMBRES DÉCÉDÉS EN 2007-2008 Pierre Messmer fait des études de droit et s’oriente vers la grande et belle École nationale de la France d’Outre-Mer qui fut une préfiguration de l’ENA, sans doute plus réussie, car plus proche des faits et des hommes. Il en sort en 1937, il est alors docteur en droit sur un sujet austère et un peu rébarbatif : «Le régime administratif des emprunts coloniaux», publié par la Librairie ju- ridique et administrative en 1939. Il est aussi diplômé de l’École des Langues orientales, et son premier poste est au Cameroun. Officier de réserve, il est mobilisé comme sous-lieutenant au 12ème Régiment de Tirailleurs sénégalais ; il combat dans un corps franc dans la forêt de Warndt et fait un stage d’observateurs aériens à Tours. C’est lors de ce stage qu’il fait la connaissance du lieutenant Jean Simon qui deviendra son ami et qui fut également notre confrère. Ils entendent le maréchal Pétain le 17 juin 1940. Simon écrit dans La Saga d’un Français Libre : «Messmer me regarda, nous nous levâmes d’un seul mouvement, nous prîmes chacun notre képi et nous nous rejoignîmes sur le trottoir. Nous n’avions pas échangé un mot ; d’un commun accord, nous décidâmes qu’il fallait continuer le combat». S’emparant d’une motocyclette, et Messmer ayant rédigé un ordre sur papier à en-tête de l’armée de l’Air, signé Canrobert... et les affectant tous les deux à un dépôt des isolés coloniaux, ils gagnent Marseille, n’entendent pas l’Appel le 18 juin, mais en prennent connaissance le 19 dans Le Petit Provençal. Avec la complicité du commandant Vuillemin, ils gagnent le Capo d’Olmo, qui charge au dernier moment du matériel de guerre et qui devait gagner Oran, mais qu’ils réussirent à détourner vers Gibraltar et dont l’apport pour la France Libre, démunie de tout, sera déterminant. Ayant réussi à gagner Londres, le général de Gaulle leur dit simplement : «C’est bien Messmer, c’est bien Simon.